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    University of Ottawa

    http://www.arcliive.org/details/bibliotliquedel156ecol

  • BIBLIOTHQUEDE L ECOLE

    DES HAUTES TUDESPUBLIEE SOUS LKS AUSPICES

    DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

    SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES

    CENT CINQUANTE-SIXIME FASCICULE

    LES LOMBARDS DANS LES DEUX-BOURUOGNES, PAR LEON GAUTHIER.

    PARIS ' "2.

    LIBRAIRIE HONORE CHAMPION, DITEUR5, QUAI MALAQUAIS

    1907Tous droits rservs.

  • LES LOMBARDS

    LES DEUX-BOURGOGNES

  • LES LOMBARDSDA.NS

    LES DEUX-BOURGOGNES

    Lon GAUTHIERARCHIVISTE AUX ARCHIVES NATIONALES

    LVE DIPLM DE l'COLE PRATIQUE DES HAUTES TUDES

    PARISLIBRAIRIE HONOR CHAMPION, DITEUR

    o, QUAI MALAQUAIS

    ino^Tous droits rservs.

  • Sur 1 avis de M. G. ]\Ioi>od. directeur des confrences

    d'histoire, et de MM. Jules Roy et Auguste Longnon,

    commissaires responsables, le prsent mmoire a valu

    M. Lon Gauthier le titre cVElve diplm de la

    section d'histoire et de philologie de lEcole pratique des

    Hautes Etudes.

    Paris, le 5 novembre 1906.

    Le Directeur de la Confrence,

    Sign: J. Roy.

    Les Commissaires responsables,

    Sign: J. Roy, A. Lokgnon.

    Le Prsiileni de la Section,

    Sign: G. Monod.

  • INDEX

    SOURCES MAM SCRITES ET IMPRIMEES UTILISEES l'OUR CE TRAVAIL

    Annuaire de Jlra pour 1844, par Dsir Monnier. Lons-le-.Saunier,F. Gauthier. 1844. in-12.

    Arbois DE Jlbainville (H. d"). Histoire des ducs et des coQites deChampagne. Paris, A. Durand, 1859-1869, 7 vol. in-8: t. I.1859, xvi-520 pages; t. II, 1860, 432-c\\\vni pages; t. III.1861.484-50 pages; t. lY. 1865. 931 pages; t. V. 1863, 515pages; t. VI. 1866. 457 pages; t. VU. 1869. iii-416 pages.

    Archives Nationales, sries .1, J.J. K. KK.

    Archives dpartement \les de la Cte-d'Or. sries B et E.

    Archives dpartementales dl Dolbs. sries B et G.

    Archives dpartementales de Jlra. srie H.

    Archives dpartementales dl Nord, srie B.

    Archives dp\rtementales dl Pas-de-Calais, srie A.

    Archives municipales dWrbois.

    Archives municipales de Besanon, srie BB.

    Archives municipales de Polignv.

    Archives de l'hpital Saint-Jacoues de Besancon.

    Archives cantonales de Neuchatel (Suisse).

    Archives royales de Turin, Fonds dAsti. Traits.

    Archives de M. le prince duc de Bauffremont.

  • Barante (de), Histoire des ducs de Bourgogne de la maison deValois, 1364-1477, enrichiedenotes parM. Gachard. Bruxelles,

    1838, A. Wahlen, 2 vol. de texte et 1 voi. de planches, gr. in-8.

    BiANCHi (Nie), Le carte degli archivi Piemontesi. Roma-Torino-Firenze, Fratelli Bocca, 1881, in-8, \\\i\-o68 pages.

    BiANCHi (Nie). Materie politiche relative ail' estero degli archivi distato Piemontesi. Homa-Torino-Firenze, Fratelli Bocca ; Bolo-gna e Mo(len;i, >. Zanichelli, 1876. in-8, x\iv-750 pages.

    BiRMOTiitiHi-: MiMi'.iPALi- Dii BESANON, Manuscrts.

    BiBLiOTiii^:QUE Nationale, Dpartement des Manuscrits : Fonds fran-ais, collection Fiourgogne, collection Moreau.

    BiiiLioTHK

  • Besanon, Ch. Marion, 1870-1846, 2 vol. gr. in-8 de iv-565, mi-S44 pages.

    CoLRTPE et BGLiLLET, Description gnrale et particulire duduch de Bourgogne, prcde de l'abrg historique de cetteprovince. Dijon, V. Lagier, 1847-1848, 2'^ d., 4 vol. in-8.

    Delisle (Lopold), Mmoire sur les oprations lnancires des Tem-pliers, publ. dans mmoires de l'Institut national de France,Acad. des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXXIII, 2" partie. Paris, Imprimerie Nationale, 1889, in-4, 250 pages.

    Dr Chesne (Andr), Histoire gnalogique de la maison de Vergy,justifie par chartes, titres, arrts et autres bonnes et certainespreuves... Paris, S. Cramoisy, 1623, in-folio.

    Duvernoy (Clment), phmrides du comt de Montbliard pr-sentant pour chacun des jours de Tanne un tableau des faitspolitiques, religieux et littraires les plus remarquables de l'his-toire de ce comt et dos seigneuries qui en dpendaient, ds lexui" sicle jusqu'en 1793, avec une introduction historique et lasrie des comtes de Montbliard. Besanon, 1832, in-8,520 pages.

    Garnier (Joseph), Chartes de communes et dafi'ranchissements euBourgogne. Dijon, Habutot, 1867-1868, 2 vol. in-4.

    (AUTHiER (Jules), Les inscriptions des glises et chapelles de Besan-on, publ. dans Bulletin de rAcadmie de Besanon, 1881,p. 281. Besanon, Dodivers, 1882, in-8.

    Gauthier (Jules) et DE Sainte-Agathe (Joseph), Obituaire du cha-pitre mtropolitain de Besanon (\i--\vni'' sicles). Besancon,Paul Jacquin, 1901, in-8, 192 pages.

    Gauthier (Lon), Les Juifs dans les Deux-Bourgognes, dans Bvuedes tudes juives , 1904, n"^ 96 et suiv.

    Geokfroi de Paris, Chronique rime attribue GeotlVoi de Paris,publ. dans Becueil des Historiens des Gaules et de la France,XXII, 103, par MM. N. de Wailly et L. Delisle. Paris, Impri-merie Impriale, 1865, in- fol.

    GoLi.UT (Louis), Les Mmoires hist()ri(|uos de la rpublique squa-noise et des princes de la Franche-Comt de Bourgongne. Mouv. d. corrige sur les documents contem|)orains... pnr M. C.Duvernoy..., accompagne de tables mthodiques..., dun glos-

  • saire et prcde d'une notice sur l'auteur par Emm. Boussonde Mairet... Arbois, I84G, A. Javel. gr. in-S.

    Grassi (Serafino), Storia della citt d'Asti. Asti, 1817, 2 vol.

    in-4, 281 et 262 pages. IhuL, 18'J0, t. I, in-8, 272 pages,2 planches.

    (jlillal ME (L'abb J.-B.), Histoire gnalogique des sires de Salinsau comt de Bourgogne, 2 vol. in-4: t. I, Besanon, J.-A.Vieille, 1737; t. II, Besanon, C.-J. Daclin, 1758.

    (jini.LAUME (Labb), Mmoires manuscrits pour servir l'histoiredu comt de Bourgogne, t. XV (Coll. de M. le comte de Lau-bespin, Paris).

    Hamv (Le D''), Un naufrage en 13.32, publ. dans Congrs archolog.de Bruxelles, 1891.

    Inventaire sommaire des Arciiixes dpartementales de la Cte-d'Or,srie B : t. I, n' 1-3632, rdig par M. Rossignol. Paris, P.Dupont, 1863,12-4.32 pages, in-4; t. II, n"^ 3633-7264, parMM. RossHiNOL et Garmer. Paris, P. Dupont, 1864, 440 pages,in-4; t. III, n'' 7265-9499, par J. Garnier. Dijon, Darantire,1873, 439 pages, in-4; t. IV, n^ 9500-11264, par le mme.Dijon, Darantire, 1876, 440 pages, pet. in-4; t. V, n"' 11265-12067, par le mme. Dijon, Darantire, 1878, 261 pages, in-4t. VI, n"^ 12068-12269. parle mme. Dijon, Darantire, 1894,377 |)ages, in 4.

    Inventaire SOMMAIRE des Archives dpartementales di Doirs, srie B:t. I, n"* 1-540, par Jules Gaithier. Besanon, Jacquin, 1883,in-4, viii-247 pages ; t. II, n"* 541-1710, par le mme. Besancon,Jacquin, 1887, in-4, 364 pages; t. III, n- 1711-3228, parlemme. Besanon, Jaccpiin, 1895, 389 pages.

    LoER (Isidore). Deux livres de commerce au xiV sicle, puhl. dansRevue des ludes juives, VIII, p. 161-196; IX, p. 21-50 et 187-213.

    Matile (Georges-.\uguste), Monuments de l'histoire de Xeuchtel.

    .Ncuciitel, J. .\llingcr, 1844, in-fol. (\c i\-l244 pages.

    (JdERiiis Alferii, Chronicon Aslcnse exlractuni c chronicis Asten-sibus editis per Ogerium Alferium, publ. par Mirvtori, dans lesScriplores rcrum Ilahcnrum, t. XI, col. 142'.

    Peri/./.i (S. L.), Storia del commercio c dei baucliieri di Firenze intutio il mondo conosciulo dal 1200 al 1345. compilata sui docu-meidi iirgraii |)arlt' im-dili. l'Iorcncc. 1868, iii-8.

  • ^XIII

    Petit (Ernest). Histoire des ducs de Bourgogne de la race Cap-tienne : t. I. Paris. 1835. in-8. 6-320 pages^: t. II. Paris, 1888.in-8, xxiv-4yi pages ; t. III. Paris. i889,"in-8. 324 pages ; t. IV.Paris. 1891. in-8. vi-490 pages: t. V. Paris, 1894. in-8.

    xviii-314 pages: t. YI. Paris. ^1898. in-8. 358 pages: t. Vil.Paris. 1901. in-8. viii-341 pages : t. VIII. Dijon, 1903. in-S.\iii-311 pages: t. IX. Dijon, 1903. in-8. xn-327 pages.

    Piton (Camille), Les Lombards en France et Paris. Paris. II.Champion. 1892-1893. 2 vol. in-8 de xvii-2d9 et \i-129 pages.

    Plancher (Dom Urbain). Histoire gnrale et particulire de Bour-gogne, avec des notes, des dissertations et les preuves justifica-tives, compose sur les auteurs, les titres originaux et enrichiede vignettes, de cartes gographiques, de divers plans, de plu-sieurs figures... Dijon. A. de Fay. 1739-1781, 4 vol. in-fol.

    Pr.osT (B.) et Bol(jenot (S.). Cartulaire de Hugues de Chalon(1220-1319) ; introduction historique et table par Jules Galthier. Lons-le-Saunier. Declunie. 1904, gr. in-8 de xxxi-019 pages.

    Richard (Jules-Marie). Une petite nice de saint Louis. Mahaut,comtesse dArtois et de Bourgogne (1302-1329J. tude sur lavie prive. les arts et Findustrie en Artois et Paris au commen-cement du xiv^ sicle. Paris. H. Champion. 1889, in-8. xni-436 pages.

    Robert (Ulysse). Philibert de Chalon. prince d'Orange, vice-roide Naples (18 mars 1302-3 aot 1530). Paris. Plon-Nourrit.1902. 2 vol. gr. in-8 de iv-482 et 616 pages.

    Simonnet. Le Clerg, les Juifs et les Lombards en Bourgogne, publ.dans Mmoires de l'Acadmie de Dijon, 2" srie, t. XIII, 1863.p. 1-273.

    Stoiff (Louis), Les comtes de Bourgogne et leurs villes doma-niales... (Extr. de la Revue Bourguignonne de l'Enseignementsuprieur {[SdS). Paris, P. Larose, 1899. in-8. 219 pages.

    VuiTRV (Ad.). tudes sur le rgime financier de la France avant laRvolution de 1789. Paris, Guillaumin et C'% 1878, 5 vol.in-8 de xn-o40, x-331, 690 pages.

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    Photolypie Bartluiud, Paris

    1340-1341Marques commerciales apposes sur les balles de laine apportes au page de

    Saim-Jean-de-Losne par les marchands lombards. Le receveur du page, Jacquot

    Garnier, a reproduit chacune de ces marques en regard du paragraphe concernant

    le commerant dont elle tait le signe caractristique. (Arch. Cte-d'Or, B. 11689).

  • LES LOMBARDSDANS LES DEUX-BOURGOGNES

    (XIIP-XIV SICLES)

    CHAPITRE PREMIER

    Origines de la ville impriale d'Asti, centre commercialDE la Halte-Italie. Commerce et banque a Asti.

    Grandes familles patriciennes et commerantes dirigeantles casANE d'Asti et crant au dehors, surtout enFrance, des colonies et des comptoirs. Relations dela maison de Savoie avec les compagnies commeranteslombardes et gnoises et avec leurs banques.

    Aux temps mrovingiens et carolingiens, le commercemaritime (le l'Italie, reste traditionnellement le griin cmpo-'iiim (les produits de l'Orient, continuait chercher commesous l'empire romain le dboucii de ses marchandises versles rgions du Nord. Trieste expdiait ses chargements travers les Alpes de Styrie dans l'archiduch d'Autriche

    ;

    les commerants de Venise et de Vrone par les dfils duBrenner gagnaient le Tyrol, la Bavire, la haute Allemagne

    ;

    les armateurs gnois transportaient directement leurs car-gaisons par mer Marseille et Aigues-Mortes ou lesexpdiaient par le col de Tende, les dfils du Montferratet la valle de l'Isre, Marseille, Avignon, Beaucaire,Nimes et Vienne, d'oi la navigation du Rli(')ne et de laSane les conduisaient Lyon, en Bourgogne, dans l'Ile-de-France et jusqu'aux Flandres.A ct de ces chemins trs frquents, les routes antiques

    du Simplon et du Mont-Cenis, la premire par Sesto-Calende, Pallanza, Domo d'Ossola, Brigg, Sion-en-Valais,Saint-Gingolph et le Pays de Vaud, la seconde par Turin,

    L. Gauthier, Les Lombards dans les DeuxUouryoynes. 1

  • la Novalaiso, Lans-le-Bourg- et Moiifior-cn-Tarcnlaise. ser-vaient de passage des caravanes formes Gnes, Asti ouMilan.

    Blie douze lieues de Turin, vingt-cinq lieues deGnes, tout prs de Chieri, son allie tidle. Asti, villeimpriale comble de privilges, tait destine un rleconsidrable dans le commerce d'outre les monts. Ds lex'' sicle, les habitants d'Asti (Astif/iani) avaient reu del'empereur Otbon 111 le droit de ngocier partout : Queles ngociants de la cit d'Asti aient partout oii ils voudrontle droit de commercer sans contradiction . dit le diplmedu 17 juillet 992 *. A ce premier privilge, Conrad 11, le18 juin 1037, joignit la demande de l'vque Aubert,l'exemption de tout page, droit de passage ou port danstous les Etats de l'Empire en faveur des citoyens d'Asti ".

    Ainsi favorise, la ville se dveloppe. En 1140, Conrad IIIlui concde le droit de monnaie (zecca)\ en lloO, FrdricBarberousse lui accorde les villes de son territoire et lesdroits rgaliens ; en 1194, Henri VI, en 1210, Othon II,confirment ses privilges et ses biens; en 1219, Frdric IIlui accorde pleine juridiction civile et criminelle avec tousles droits dont jouissent les nobles cits de Lombardie^ Ettout ce faisceau prcieux de concessions impriales, ren-forc encore par des confirmations en bloc de Frdric IIen 1220, d'Henri VII en l'IlO, fit d'Asti sinon l'gale, dumoins la rivale heureuse des vieilles cits de Milan, Pavieet Monza.On coimat le tempra nu'ut de ces villes impriales, de

    ces rpubliques italiennes o fermentaient sans cesse lesambitions et les rivalits de personnes, transformes lapremire occasion en guerres intestines de faction faction,ou en luttes extrieures de ville ville. Autour d'Asti, le

    1. VI npfjociatores snc civitotis (Asfensis) tibicumquc vrjinthnhcdnl licrnliatnnef/ollandi aine contradietione... ITjuiltel 992.Diplinc. fl'OI lion III eu laveur de la vitle d'Asti, (^jhuark, Storie diChicri, I, 'i79.

    2. Allro |di[)loiiia] d(dr Iinpcratoie C-oiuado a suppticaziouc dcdvescovo Olx'ihi, pci' (jual concde a cilladini dAsIi di |oU'r Iransilareper JAitli f^li stali dclt' linpcro seiiza paf^'aincnlo dalcun pedaggio e|torl( . 18 juin l(:i7. (Aivh. royales de 't'nrin, niazzo 2'i, reg. \^.)

    3. Aicliives royales de 1 nrin, fonds des ville el coniU' d'Asli. V.Nie. IJiANcin, Le rarlc dcc//i (/ir/iivi l'ienwnle.si, 342-343.

    ,Le diplme de Frdric II de 1219 concde Asli l'galit de privi-lges secundum inorcnt aliavum nobiliiini civitaluvi Lonibardie .

  • 3

    commerco multipliait lesconcurroncps, partant les jalousieset les combats, les surprises main arme, les enlvementsou arrestations de marchandises, tels par exemple que laprise des convois d'Alba parles gens d'Asti en 1181. prise(}ui fut restitue grce linlerventiou du marquis Manlredide Salures et expie par une amende de 300 livres et 300sous de monnaie d'Asti '.En 12.j2, Thomas de Savoie, comte dv Flandi-c, traite

    avec la commune d'Asti et reconnat tenir d'elle tout ce qu'ilpossde au pir'd des Monts, except Turin, son pont et sonchteau (motta pressa questo); il reoit le 28 juillet l'inves-titure de la commune ^ Des difticults surviennent, le comtecapitule et accepte les conditions de ses vainqueurs. Iltiendra d'eux commandement certains lieux et chteaux.en reprendra certains autres qu'il serait trop long d'nu-mrer, mais par-dessus tout il devra s'employer auprsdu roi de France, du duc de Bourgogne et d'autres ce queles citoyens d'Asti soient rintgrs en France et ailleurset dans leur libert et dans leurs biens . 11 renonce en outre ses droits sur Turin et autres lieux, fait la communediverses autres promesses et lui donne en otages ses propresfils, le 3! mai \'2^u \ En novembre de la mme anne,des trves sont conclues entre Thomas de Savoie, tant enson nom (ju'en celui d'Emmanuel, comte de Biaudrate. etles podestats d'Asti, de Turin et les seigneurs de Piossasco.Ces trves sont suivies le 17 dcembre 12o7 d'une paixentre Thomas et les citoyens d'Asti, conclue par les soinsde l'abb de Suze, de Philippe de Savoie, archevque deLyon, et de son frre, Pierre de Savoie*.

    1. Convenzioiip tia il 0011111110 d'Alba, il iiiarcliese Manfredi diSaluzzo per la ([uale qiiesti, inedianle lo sborso di 300 lire e 300 soldiastesi, reslituisre ai nieicalaiiti d'Alba le niercanzie ch' egli aveva sal-vatn dalle iiiani de^rli Asligiani |7 juglio 1381] . (Arcb. royales deTurin. Bianchi. Materic poli/iche, 132.)

    2. Arcb. royales de Turin, fonds d'Asti.3. Trattato di pare Ira Tomniaso di Savoia ed il coinune d'Asti,

    per cui il dette conte si obli^a di lenere ad ceiino di dette coiniinc variluoghi a castelli, e di rironoscerne altri dal inedesinio: simpegna diadoperarsi presso il re di Traneia, il dura di liorgogna ed altri oiide-gli Astigiani siano resi in l'rancia ed altrove la libeit gli averi ;rinuncia al suoi diritti su Toriuo e su allri luogiii ; t'avarie altro pro-messe, e d al dettocomune in ostaggio i propri ligii [31 niaggio 1257].(Arcb. royales de Turin, fonds d'.\sti.)

    . .Arcb. royales de Turin, fonds d'.Asti.

  • D'ennemie de la commune d'Asti, la maison de Savoiedevint son allie et sa protectrice. Amde V, le 25 avril1290. convient avec elle et ses ambassadeurs de tenir sonservice, durant trois mois au moins, 400 cavaliers, outre laquantit de gens de guerre pralablement convenue,moyennant le subside de 1 000 livres viennoises par mois,de 10 sous viennois par homme d'armes, du double parbanneret et plus par baron, le tout fixer d'accord entre lecomte et le podestat d'Asti *. La solde des barons fut aug-mente le 43 septembre 1290, d'accord entre le comte etOdelin. podestat d'Asti" et, le 2 octobre, la commune d'Astiratifia toutes les conventions passes entre ses reprsentantset le comte de Savoie pour la solde des mercenaires con-duits par lui son service ^Une volution considrable se produisait cette poque

    dans l'existence des principales rpubliques italiennes mrespour la servitude, grce aux dissensions de leurs chefs. Astine tarda gure, apis avoir t l'objet de maintes convoi-tises*, de tomber entre les mains de la maison de Savoiedont l'un des membres. Philippe, prince d'Achae, mditaitds 1306, de la runira ses Etats. Sous la pression du roide Sicile, Charles II d'Anjou qui, par l'intermdiaire deRobert, duc de Calabre, son fils et son lieutenant gnral,et de Renaud de Lato, son snchal en Pimont, favorisait

    1. Convenzione Ira il conte Amedeo di Savoia e gli anibascialoridel comiine dAsli, per ciii il detto conle promette di condurre e tenereal servizio del dello comune. durante alnieno tre niesi, 400 cavalieri,oUreiiucir allia (luanlitadi annali i;iaslataprinsaconvenuta, niediantelu stipendie di lire 1 000 \ iennesi niensili per se ; di soldi 10 viennesial giorno per ogni uonio darine : del doppio se banderesi, e pin sebaroni, da stabilirsi ad arbitrio del detto conle Amedeo di Savoia e delpodesla d'Asti 125 aprile 1290] . (Arch. rovales de Turin, fondsd'Asli.)

    2. Arbitramento del conte Amedeo di Savoia e di Otlolino podestad'.Vsti, per aumentare il soldo dei baroni venuli col detto conte al ser-vizio del detto comune [15 agosto 1290] . (Arch. royales de Turin,fonds dAsli.)

    3. Confermazione latta dal comune d"Asli dlia convenzione Ira isuoi ambasciatciri cd il conte Auieden di Savoia, con promessa di tenereindenne il detto conle verso gli stijtendiaii da lui condolli al serviziodel ( une (2 ollobre 1290] . (Arcii. royales de Tiuin, fonds d'Asli.)

    4. uartli, de (".aslello e con tulla la parle foran-zila d'Asli [l" agoslo 130iJ ... (Arch. royales de Turin, n" 14, niazzo2, reg. 18.)

  • les menos du prtendant, les villes d'Asti et de Chieri nedevaient pas demeurer longtemps sans passer sous sa dpen-dance '.

    Les prliminaires de cette annexion une fois rgls surles bases d'une sentence arbitrale du 17 novembre I30o,mentionne dans b' trait du 11 mai 1307 que Charles IIde Sicile ratifia le 24 juillet suivant, l'annexion elle-mmene tarda gure. Le 8 avril 1309, la commune d'Astis'oblige payer Philippe de Savoie, prince d'Achae,4o00 livres d'Asti, chaque anne, en compensation de cequi lui tait d comme capitaine, avec confirmation d'unelieue offensive et dfensive conclue antricumnent '. Leo aot suivant, nouveau compromis avec Amde, comtede Savoie et Philippe, prince d'Achae, pour traiter de la paixavec les bannis de la commune ^ Le 31 octobre, arbitraged'Amde de Savoie tablissant la commune d'Asti reliqua-taire de 3 000 livres annuelles envers Philippe, princed'Achae, sa vie durant, outre la pension qui lui tait ver-se pour ses services'; le 18 dcembre 1309, autre sen-

    1. Sentenza arbitralmente profferta da Corrado da Braida e daZaberto di Liicerna sopra le differenze insoi te fra il re Carlo di Siciliae Filippo di Savoia. principe di Acaia. circa l'esecuziune dlie conven-zioni tra il medesimi faite per l'acquisto e la divisione dlie citta d'Astie Chieri. e dlie ville e castelli da dette citta dipinidenfi (17 novembre1307]. Approvazione per parte di Carlo, re di Sicilia, dlie conven-zioni fatte da Rinaldo de Lato, siniscalco di detto Carlo in Piemonte.con Filippo di Savoia. circa l'acquisto e la divisione da larsi tra lorodlie citta e distretti dAsti e di Chieri [25 aprile 1306]. Lettere diCarlo II. re di Sicilia. di deputazione dei plenipotenziari per conchiu-dere il Irattato gia iiiiziato tra i suoi agenti e Filip[to di Savoia circala divisione dlie citta d'Asti e di Chieri [16 aprile 1307]. Trattatorelativo sulle base dlia sentenza arbitralmente del 17 novembre 1305,ivitenorizzata [11 maggio 1307]. Ratifica di Carlo 11. re di Sicilia.del trattato .sovra-indicalo [24 juslio 1307] . TArch. rovales de Turin,fonds dAsti.)

    2. Patti e convenzioni tra Filippo di Savoia. principe di Achaia.e il comune d'Asti per cui il detto comune si obbliga a pagar gli. suavita natural durante, lire 4 500 annue Astesi in compenso di quantoda detto comune eragli dovuto per capilanato. con conferma di legaolfensiva e difensiva, secondo i palti anteriormente fatti [8 aprile1309] . (Arch. royales de Turin, fonds d'Asti.)

    3. Compromesso fatto dal comune dAsti nelle pei-sone di Amedeoconte di Savoia e di Filijjpo di Savoia. principe di Acaia, per trattarela pace coi fuorusciti [5 atrosto 1309] . (.\rch. rovales de Tuiin. fondsd'Asti.)

    4. Arbitramento del conte Amedeo, conte di Savoia et di Filippodi Savoia, principe di Acaia, lire 3 mila annue Astesi. vita sua naturaldurante, oltre quanto gia gli oborsava per i servizi dal medesimo resi-gli [31 oltobre 1309] . (Arch. royales de Turin, fonds d'Asti.)

  • tence du mme arbitre rendue entre mmes parties sur lapossession de certains lieux et chteaux*.

    Vicaire imprial en Lombardie, Amde V de Savoietravaillait la russite du prince d'Achae; la communed'Asti continuait recevoir ses troupes et lui verser dessubsides". En 1311, Philippe de Savoie traite avec Guil-laume Isnard, du chteau d'Asti, qui convient de devenir sonvassal, de lui prter serment pour tous ses domaines et pr-pare ainsi la runion finale du comt d'Asti lui-mme ses Etats \ Le 22 fvrier 1313, l'empereur Henri VII, beau-frre d'Amde V de Savoie, lui donnait, movennant200 000 florins d'or le comt d'Asti, charge bien entendude retrait fodal *, le 16 juin, il ordonnait l'vque d'Astide prter la main cette prise de possession '. Celle-ci nese lit pas sans lullo, car m 1324 Pbilippe d'Achae parle-mentait 't traitait encore avec les habitants d'Asti, maisen 1325, le comte Amde mandait au marquis de Saluesde prter serment de fidlit au prince d'Achae, Philippe,

    1. Sentenza arbitralinente profTerta dal conte Ainedeo di Savoiae da Filippo di Savoia, sopra le differenze tra il coniune d'Asti da unaparle, e la parte estrinseca di detta citta, datt' altra. circa il possessodi alcuni luoghi e cai^telli [18 dcembre 1809] . (Arch. royales deTurin, fonds d'Asti.)

    2. Procura dlia citta d'Asti per portarsi avauli rimperatore Enricoed il conte Amedeo di Savoia suo vicario in Lonibardia per passareobbligazione dlie somme addiniandate pril ])agamento dlie trappe[28 gennaio 1311] . (Arch. royales de Turin, n" 26, mazzo 2, reg. 18.)

    3. Nie. liiANCin, dans ses Materie politiche, va plus loin que le exiemme de la reprise de fief de ("ruillaume Isnard et fait pi'omellre par cedernier de procurer Philip|)e la possession et la seignemie de la citd'Asli et de son district (Si ohliuano di procurargli il possesso e lasignoria dlie citta d'Asti ( del suo dislritlo. (Malcrie jtolilifhe. 128.)

    'i. Patti e conM'nzioiii tra Filij)po di Savoia, principe d'Achia e(".uglielmo Isnardi de (lastello a suo nome, e di tutti gli altri delospizio de (-astello d'Asti, per forma de quali fra gl' altri capi estato

  • pour tout ce (|ui dpendait de la donation impriale quenous venons de mentionner'.En 133o, le prince frAchae meurt, laissant pour hritier

    Jacques de Savoie, qui devient seigneur d'Asti. Mais sessujets sont bientt las d'un pareil matre et, afin d "tremieux gouverns et dfendus contre leurs ennemis, se sou-mettent, le 9 aot 1342, Luquin Yisconti de Milan, qu'ilsavaient lu dj pour protecteur et dfenseur, sa vie durant' .Les ditTrends survenus la suite de cet vnement entreLucjuin Yisconti, le comte de Savoie et le prince d'Achaene furent rgls que le 29 avril 1348 dans un trait de paixg-nral mnag par le nonce apostolique, l'vque de Forli,envoy du pape Clment VP.Le 10 septembre l3oU, Galas Yisconti, lils de Luquin et

    neveu de larchevque de Milan, pousait Bonne de Savoieet restait dsormais paisible possesseur du comt d'Asti*,qualit qui lui fut confirme le 1 1 juin l3oo par un diplmede l'empereur Charles lY le dclarant vicaire d'Empirepour les cits d'Asti, d'Alba, de Cherasco et autres lieux''.Au milieu des troubles, des guerres prives, des comp-

    1. Oi'dinedel conte Amedeo di Savoiaper cui manda al niarchese.di Saluzzo di prestare fedelta a Filippo di Savoia e di prendere dalmedesimo l'investiira dlie terre che teneva in feiido dal cnntadod'Asti, in dipendenza delta donazione fatta dall' iinperatore Enrico alconte Amedeo di Savoia di detlo contado [25 ottobre 1325] . (Arch.royales de Turin, fonds d'Asti.)

    2. Il comune d'Asti, affine di essere meglio governato e difesodaisLioi nemici. con suo distretto e Luctiino Yisconti di Milano, cui giaaveva elelto per suo protettore e difensore sua vita duranto [9 agosto13'i2] . (Arch. royales de Turin, fonds d'Asti. Cianchi, Materiepolitlche, 145.)En acceptant la seigneurie dAsti, Luquin Visconti mconnaissait

    l'engagement formel pris vis--vis de Philippe, prince d'Achae. parMathieu Visconti, son pre, de ne jamais s'entremettre ni par lui nipar un de ses descendants dans le comt d'Asti, le 9 aot 1318. (Mmesarchives.)

    3. Trattato di pace tra il conte Amedeo di Savoia, Giacomo diSavoia. principe di Acaia. Lodovico di Savoia. Amedeo. conte diGenevi-a. dall' una parte, e Giovanni, arcivesco di Milano. e LuchinoVisconti. signore di Milano, unitamente. al maichesi di Monferrato edi Saluzzo (29 aprile 1348] . (Arch. royales de Turin, fonds d'Asti.)

    4. Trattato di matrimonio tra Galeazzo Visconti e Bianca di Savoia[19 settembre 1350] . (Arch. royales de Turin )

    5. Diploma dell' lm|)eratore Garlo IV. in cui questi, oitre al con-formare in favore di C'ialeazzo Visconti tutti i privilegi stali Liia almedesimo conressi. dichiara to stesso Galeazzo Vicario imperialtMlellacitt d"Asli. d'Alba. Gherasco. ed altre terre net diploma specificate.non ostante qiialcunque concessione gia potesse a ver fatfo in favored'allri [11 giugno 1355] . (.\rch. royales de Turin, fonds d'Asti.)

  • tilions ardentes qui agitaient ce moment les grands vas-saux du Pimont, cette dcision impriale resta lettre morteet quoique ratifie iuiplicitement par le principal intress,Jacques, prince d"Achae\ souleva dans la commune d'Astiune violente rpulsion. Aide par de puissantes compli-cits, secrtement secourue par Amde YI de Savoie,dfendue par le marquis de Montferrat son vassal, la com-mune rsista, soutint grands frais siges et guerre contrele nouveau vicaire imprial. C'est ainsi qu'en aot 1372,elle fut rduite aliner une de ses terres, Poirino, au comte

    de Savoie pour supporter les frais dune rsistance prolon-g-e^ En 1375, Galas Yisconti commence traiter avec lemarquis de Montferrat; le 11 fvrier 1378, Othon, marquisde Montferrat, investit dfinitivement Galas des gouverne-ment, rectorie et protection de la cit d'Asti et de son comt;en retour ce dernier s'oblige lui restituer la ville elle-

    mme le jour o ses nobles et citoyens l'exigeront ^ Le27 mars 1379, la commune d'Asti prtait serment de fidlit

    Jean Galas Yisconti*. Ainsi se termina la lutte et finitl'indpendance de la petite rpublique.

    1. Une ligue fut conclue entre les Visconti de Milan et Jacques deSavoie, prince d'Actiae, le 27 juin 1356 et renouvele entre GalasVisconti et Jean, son lits aine et le mme prince, le 16 fvrier 1366(Arch. royales de Turin, Traits.)

    2. Vente de Poirino au comte Amde de Savoie par la commune atteso la strettezza a cui si trova ridotto per la guerra e l'assedio chesostiene contro i Visconti [19-23 agoslo 1372] . (Arch. royales deTurin, fonds d'Asti.)

    3. Polere dalo da Galeazzo Visconti al conte Amedeo di Savoia disciogliere e teriiiinaie in nome suo ogni vertenza col marchese diMonfcirato (22 sctlnnbro 1375] . Atto con cui Secundo Ottone,niaiclicsc di .Monfei lato, costituisce in modo irrevocabile GiovanniGaleazzo, conte di N'itli, guvernatore, reltore e proleltore dlia citfad'Asti e suocontado, colla piena arnministrazione, etc.. e promessa di(Ici lu Giovanni Galeazzo di restituire dlia cift al detto marcheseognigualvidie sia cio creduto conveniente dai Nobili e ciltadini dcUemedesiiiia |11 febhraio 1378) . (Arch. royales de Turin, fonds d'Asti.)

    4. Dfclizione e soltomissione del comune d'Asti col suodislretlo efeudi (la! medcsinio dipendenti a Giovanni Galeazzo N'isconti, con giu-rann'uto di fedella prestato dal detto comune al detto N'isconli [27maizo 137'.). Patti seguiti tra il detto couume ed il sopradelto Gio-vanni Galeazzo, corne Vicario impriale, [ter cui fu convenulo che iluoglii ('- terre ad esso couume apparlenenli dovessero per semjtrerimaK're al medesimo (27 marzo 1379( . (Arch. royales de Tiuin,fonds d'Asti.)

    Kti 1382. le paili guelfe d'Asli avait reconnu pour comte d'.\sti (M deson disl^ict Amde, comte de Savoie (23 mars 1382), mais un dijdmeimprial de Wencesjas concda Jean Galas Visconti le vicaiial

  • On sait la suite. Galas Yisconti maria en 1386 sa filleValentine Louis de France, duc d'Orlans \ fils duroi Charles Y. Ce prince, aprs avoir cr en 1394 uneligue avec Guillaume et Thodore, marquis de Montferrat,comme consquence du rglement de tous leurs ditTrends ^,mourut tragiquement le 24 novembre 1407 Paris, assas-sin par ordre du duc de Bourgogne. Son fils, Charlesd'Orlans, reut de l'empereur Sigismond une solennelleinvestiture d'Asti et de son comt en 1413 ', fut fait pri-sonnier par les Anglais et dtenu en Angleterre en 1422.Les habitants d'Asti, durant sa captivit, dfrrent largence du comt au duc Philippe-Marie Yisconti*. Pos-sd par Charles d'Orlans et par ses descendants jusqueset y compris les rois Louis XII et Franois P"', Asti futremis en vertu des traits de Cambrai et de Madrid Charles-Quint le 10 dcembre lo2^^ L'empereur v installa-un gouverneur imprial en L'iSO, en l."531 revendit la citau duc Charles III de Savoie (jui lu runit dfinitivement ses Etats.

    II. Le commerce Asti. Si nous avons reconstituau moyen des archives de Turin et d'Asti les grandes lignesdes annales de cette cit, c'est que dans le mouvementcommercial dont nous cherchons prciser les origines,

    imprial dans le mme comt le 8 mai 1382. (Arch. royales de Turin,fonds d'Asti.)

    1. Contralto di matrimonio di Valentina figlia di Giovanni Ga-leazzo \'isconti, con Lodovico d'Orlans, tiglio di Carlo V, re di Fran-cia, in ciii, oltre a 450 milia liorini doro. vengono ass

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    Asti joua durant longtemps, au del et en de desmonts, particulirement aux Deux-Bourg-og-nes, un rleconsidrable, souvent prpondrant. Les diplmes del'empereur Conrad II 1037) et de ses successeurs (1140-13i0y, mentionns au dbut de cette tude, suffisent prou-ver que le dveloppement du ng-Qce fut la proccupationinitiale de la commune naissante d'Asti et de ses protec-teurs

    ;quant la date premire de la pntration des mar-

    chands d'Asti au royaume de France et dans les provincesavoisinantes, elle remonterait seulement 1226. Voici ce sujet le tmoignage d'une chronique recueillie parMuratori : X< an du Seigneur 1226, les citoyens d'Asticommencrent prter et faire l'usure en France et dansles pays d'Outre-Monts o ils gagnrent beaucoup d'argent;cependant ils y soutTrirent bien des attentats contre leurspersonnes et contre leurs biens* .

    Les commerants d'Asti ou de Chieri commettaient lesusures les plus criantes tant dans la cit qu'ailleurs, maissurtout en France et en Flandre, o la majeure partie desfamilles, surtout des nobles, envoyaient chaque anne lesplus jeunes de leurs fils pour se li\rer ce commercecheux. De l sortirent d'immenses fortunes. Quoi qu'ilen soit, en Flandre ce que je sais, l'heure prsente, onappelle encore b's usuriei's Lombards ou bal)itants d'Asti.J'entends rpter partout encore ce proverbe : Qui veutdes usuriers n'a (fu' s'adresser des gens d'Asti ou deChieri - .

    Dans son Histoire de (chieri Me chevalier Cibrario raconte(jue les citoyens d'Asti et de Chieri, sous le nom de Lom-bards, tablirent des banques de prt sur gages appeles casane dans pres(jue toutes les provinces de France,achetant d'ordinaire la jnolection du ])rince par le paiementd'un tribut annind. Parmi les familles d'Asti, les Scarampi,les Malabaila, les Pellette, les Asinari,les Garetti, les Solari,les Roveri et tant d'auti'es (|ui jloiissaieiit surtout ]tar lapuissance et la noblesse, s'adonnaient ce genre de li'aficet envoyaient leurs fils appi'endre dans les casane d'ou-

    1. (hiKRns Ai.FKRii, Chronicon Asicnsr, puljl. jiai- Mchatori, Scrip-tores vcrum italiraruin, t. \l, col. I''2'.

    2. (liituARiu (Luigi), Di'Uc storie cli chieri libri quallro. I, 493,note 1.

    3. Ibid., j). 402- 'i93.

  • li-tre-monts un si profitable mtier' . Cette invasion auroyaume de France, ou plus exactement dans les Deux-Bour
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    sait tait d'acquitter les pag-es franc-comtois de Gevrey,Dole, Aiigerans, Belmont, Salins, Chalamont, PontarlieretLa Loye et de solder ces pages en espces d'or ou d'ar-gent ayant cours aux foires de Brie et de Champagne \ Dece document si prcieux pour nos recherches, il rsulte enoutre que les commerants d'Asti taient englobs la fin duxni" sicle dans cette compagnie de marchands lombardsqui groupaient en ralit tout le commerce italien et quibnficiaient de la protection collective de tous les piincesd'Italie malgr leurs divisions intestines et leurs querellessanglantes de tous les instants.

    Au duch de Bourgogne les Lombards furent introduitssous le duc Robert II (1272-1303) qui, dansson testament, enmanifesta quelque remords^ Seurre, Chalon, Saint-Laurent-lez-Chalon sont leurs premiers tablissements; ds 127o,lesLombards paient au duc 700 livres de cens annuel'. Ce futla maison de Vienne qui, obre de dettes envers les pr-teui-s italiens, obtint de Robert, en lui vendant sa terre dePagny, d'auloriser les Asinier d'Asti s'tablira Seurre*.

    Au XIV* sicle, le commerce gnral traversant le duchde Bourgogne est considrable : nous n'en voulons pourtmoin que le prcieux compte du page de Saint-,lean-de-Losne rendu en 1341 au duc de Bourgogne par JacquesGarnier, oii l'on peut embrasser d'un coup d'il le tableaudu double commerce d'importation ou d'exportation desmarchands lombards. L'importation porte sur les chevauxde guerre, les armures, les draps, les soies, l'picerie, la

    mercerie, les fourrures ; l'exportation tire des Deux-Bour-

    gognes des laines que transformci-ont en toffes les mtiersd'Asti, de Cme, de Milan, de Florence, de Ci'mone et deVenise. Dj, cette date recule, les balles de marcbaii-dises sont revt^dues de mai'(jues commerciales, armoiries,mouogi'ammes, (|ui l'endent les frauiles et les \()ls ])lusdifficiles et assurent le contrle des transports. N'insistons

    ]as ici sur un dociiinent caracti'ist i(|ue cet gard, que

    1. V. ce trait important aux Pices justificalives , n 21, anne 1295.2. |{o})erl 11, dans son testament du 25 mais 1298, aulttiise ses ex-

    cuteurs amender tes Idils qu'il peut avoir eus envers ses sujets, enmaintenant. en ses terres .luifs et Lombords (t)()M IM.vnciieii, Hisl. deliourffOf/nc, il, XVI et li:

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    nous avons dcouvert et qu'on trouvera reproduit dans nosPices justificatives '.

    Banquiers, prteurs sur gages comme ils l'taient dansleur propre pays', spculateurs sur les grains, les cuirs, lebtail, inonnayeurs, receveurs de terres, gardiens depages, les Lombards d'Asli, de Chieri, de Plaisance oud'Alexandrie font fortune sur les bords de la Sane. Nombrede terres domaniales leur sont abandonnes long termepar des seigneurs obrs. Nous ne traiterons pas ici toutes cesquestions sur lesquelles les archives pimontaisessont mal-heureusement trop silencieuses; elles en disent cependantassezpourclairer les relations commerciales d'un singulierjour en montrant les princes, les rpubliques, la papautelle-mme unanimes et d'accord, malgr leurs dissentimentsjournaliers, pour soutenir, dfendre et protger les coloniescommerantes qui travers la France pntraient jusquedans les Flandres, le pays de Lige et le Brabant, excitantpar leur succs les convoitises dj allumes de la nationqui de nos jours encore lutte avec le plus d'acharnementet le moins de scrupule pour l'empire universeP.Avant de parler de ces relations diplomatiques, de ces

    traits, de ces correspondances multiples qui appuient etdveloppent en France et particulirment en Bourgogneet en Champagne, sous couleur d'intrts conmierciauxitaliens, les intrts politiques de la maison de Savoie etde ses rivales, nous devons grouper ici quelques renseigne-ments recueillis sur les grandes familles commerantesd'Asti ou d

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    Chieri entretenaient leur fortune et leur noblesse par lesproduits du commerce et de la banque, soit sur place, soit l'tranger. Dans nos recherches nous avons constat, pourles deux villes qui ont fourni aux Ijanques lombardes decette rgion les colonies les plus importantes, les noms defamilles qui suivent: dnns Asti, les Asinier (exceptionnel-lement nombreux du xm* au xiv^ sicle), les Solari, lesBadra, les Berardi, les Bouche (Bucca), les Boule, les Car-bon, les Cassin, les de Cassignole, les Ceque, les Bondra-g-on de Goire. les Du Pont, les Gavard, les Gauvain, lesGorzano, les Guttueri, les Kacquin, les Isnardi (trs nom-breux), les La Cour, les Layheul, les de L'Eglise, les Mala-baila, les Muti de Felizano, les Navone, les Paanin ouPaganini. les Palette ou Pelletta. les Patenet, lesPauli. lesRabbie, les Ravelin, les Rolarii (Rouhier). les Sacqua, lesTaquerant, les Turchi, les Zepulle ; dans Chieri, les Banciou Bensi, les Bernieri. les Narre des Merlains, etc.

    Voici les renseignements fournis par les archives royalesde Turin et les archives locales d'Asti ou de Chieri surqiu'l(ju's-unes de ces familles.Une des plus considrables par son rle politique dans sa

    ville natale comme par son commerce fort tendu au deldes monts, est la clbre maison de Salins, illustre audbut du xiv^ sicle par Dimanche Asinier cr chevalierpar le duc Eudes IV de Bourgogne en 1336'. Le 27 avril1341 la seigneurie de Costigliole est vendue par la villed'Asti Georges, lils d'Alexandre, Boniface, son oncle,Perrin et Antoine, lils de Secondino. petit-fils d'Alexandre.ses cousins Conrad. Mathieu et Raisonin Asinier, pour6 000 tlorins d'or ^ ; les acqureurs en prennent possessionle 7 mai^ et prtent serment le lendemain la cit d'Asti.Le mme jour la commune de Costigliole prte son tourserment de fidlit k ses nouveaux seigneurs. Le IS avril1369, rem|)ereur Conrad confirme Raisonin et Guillaume.Vsinari des privilges |our la teri'e de (';uuerano ' queSigismond confirme le 27 dcembre 1414 '. Le 12 avril 1382le comte Amde \\ de Savoie investit Antoine. Secondin

    1. V. chapitre iii.2. Arch. royales de Turin, fonds d'Asli, niazzo 15 (rcg. 18). ir^ 1,3. Ibidem.4. Ibid., n" 2.5. /ftirf.. luazzo 10, n" 5.

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    et Alexandre Asinier, pre et iils, des chteau et lievi deCostigliole, possds dj par leurs pre et aeul ^ Le 20fvrier 1423 les frres Raisonin, Guillaume, Georges etConrad Asinari traitent avec Louis de Savoie, princed'Achae et le duc Charles dOrlans, comte d'AsIi, et s'ohli-gent ne jamais aliner le chteau de Camerano, Osasco,Dusino, Val de Chiesa, Yerle, Banna, des maisons Asti,des terres Scalenghe, Costigrliole et Cerij^^nano -. Le 17octobre 1477, Louis Asinari ratifie un trait pass entreles officiers du duc d'Orlans et les frres Sigismond etValrien Asinari pour les limites du fief de Camerano '\

    Jusqu' la runion du comt d'Asti ls Asinari restent pos-sesseurs tranquilles de leurs fiefs hrditaires : en lo39Isabelle, fille de Gabriel Asinari, plaidait contre ses filsMathieu et Franois pour obtenir le paiement de 1 oOO ducatsd'or que lui avait lais;>s son poux ^.La famille Guttuari, l'une des trois branches sorties de

    celle des Castelli, fu fut la plus puissante. Ruffin Guattarioqui fut en 1282 podestat de Milan, tait en 1261, un desprincipaux fauteurs de la faction gibeline des Bacchineinere.Ses descendants furent chasss quatre fois de la cit ; dansla dernire de ces expulsions, Olivier Guattario fut tu. Laplace actuelle du march d'Asti (piazza dlie Erbe) taitjadis appele la place Guttuari; on y voyait une tour superbedtruite en 1304 parles Solari \La famille des Isnardi eut avec les races dont nous

    venons de parler une origine commune et sortit commeelles des mmes rvolutions politiques. Parmi les hommesdistingus quelle produisit, il faut citer Guillaume Isnardoqui, en 1227, fut envoy comme ambassadeur aux Mila-nais choisis pour trancher les ditfrends entre la communed'Asti et celle d'Alexandrie : Manfred et Guillaume, qui,ainsi que leurs partisans, furent compris par le marquisde Salues dans la paix faite entre ce dernier et Philippede Savoie, prince d'Achae, en 1308. Vers cette poque,quelques-uns des Isnardi avaient acquis Valfenera, Maglia-

    1. Arch. royales de Turin, fonds d'Asti, mazzo 15. n" 1.2. Ibid., mazzo 10, n" 6.3. Ibid., Il" :.4. Ibid.. n"- 8-10.5. Gr.\ssi, Storia dlia cifl d'Asfi. H, 218. Celle leur esl peut-

    lre celle demi Ironque qui se voit encore dans la maison Nogaro, l'angle de la place des Herbes et de la rue du .Mont-de-Pit.

  • bruna et Ternavasso avec (.rautres petits tefs appartenantaudit marquis. La cit ayant pass aux mains de Proven-aux, ennemis des Gibelins, les Isnardi furent rduits habiter Salues oii ils devinrent conseillers du podestatet fonctionnaires*.Nous publions dans nos Pices justificatives un docu-

    ment curieux du 12 juin 1377 ; c'est une procuration don-ne Asti par Guillaume Isnardo Georges et Biaxon, sesfils, Michelon Isnardo, fils de Secondin Isnardo, matre JeanIsnardo. Manfredon Symeon de Tong-o, de Montferrat. etAnselme Navone dlia Parochia, pour g-rer et administrerses l)iens de et del les Monts, c'est--dire ses comptoirsdes Deux-Bourg-ognes comme ses terres de Pimont .

    Les Malabaila qui.au milieu des factions, s'attachrent auparti guelfe, sont de trs ancienne noblesse, ayant possdentre autres les fiefs d'Antignano, Castellinaldo et partie deMonale. De leur prog:nilure sont sortis nombre d'hommesillustres, parmi lesquels Bondraccono qui en 1164 fut arrtpar ordre de l'empereur Frdric Barberousse avec d'autresgentilsliommes pour avoir rejet des propositions injustes

    ;

    BaUlracco qui, au milieu du xiv' sicle, fut vquc d'Astiet continuant la construction de la cathdrale, ht faire lepreshyterium et la chapelle de l'Epiphanie ; Jean, qui suc-cda immdiatement comme vqne Baldracco ; Vanno,investi de la mme dignit

  • sadf'ur Lucqucs en 1314; Daniel, un de ceux quiapprouvrent en 1339 les nouveaux statuts de la nouvellesocit noble ; Louis Pellette, qui pronona l'oraison funbrede Philibert de Chalon, prince d'Orange, quand on trans-porta sa dpouille mortelle, de Pistoie, o il avait t tu,aux Cordeliers de Lons-le-Saunier en Bourgogne*. Cettefamille Pellette avait t investie le 6 mars 13o6 de la sei-gneurie de Cortanze par Tvque d'Asti, en la personne desfrres Rigaudon, Galvagnon et Dieudonn Pellette-. Cetteterre fut tenue par Thomas Pellette et Jean Odon, MichelGuidetto et Raphal Pellette, ses neveux, en 1440, Grasse-lino Pellette en 1446. Le 24 novembre 1S20, l'vque AFala-baila d'Asti en donnait l'investiture Gabriel Pellette \La famille des Rotari, gibeline en majeure part, compta

    parmi ses membres Aleranno qui fut ano])li (nobile d'ospi-zio) en 1198 pour sa belle conduite dans une bataille contrele marquis de Montferrat ; son tils Csar fut dclar rebellepour sa lchet dans la mme action ; Gonradin, en 1339, futun des notables ou sages qui approuvrent les statuts dela nouvelle noblesse '\

    Les Solari, nombreux et puissants, ont eu une existencesi brillante et si fastueuse que de leurs hauts faits on pour-rait crire un volume. Ils furent les chefs du parti guelfependant un demi-sicle, en jouant un rle quivalent celui des Visconti, des Torriani, des Scaliger, des Mdicis,qui, de particuliers devinrent princes. S'ils n'en firent pasautant, ce fut par dfaut d'occasion, plus (jue de prudenceet de hardiesse. Si parmi eux il et surgi quelque person-nage de la taille de Galas Yisconti, de Can dlia Scala oude Laurent de Mdicis, aussi bien qu'eux il ft parvenu aupouvoir suprme".

    Les Turchi, dj seigneurs (b- Tonco, Mombeialli, Mon-temagno, Prineo et autres lieux, sortaient des Castelli

    ;

    comme les Isnardi et les Guttueri, ils furent les chefs de lafaction gibelin*-. Leur origine tait trs ancienne : ils ontdonn des chevaliers et des prieurs Tordre de Saint-Jeande Jrusalem. L'un d'eux. Jean, tait seigneur ds 1280

    ;

    1. Grassi, Storia d'Asti, 11, 225 : Ulysse Hkbert. Philibert de Cha-lon, prince d'Orange, vice-roi de JWaples, p. 439 ef note.

    2. Arrh. royales de Turin, mazzo 3, n" 1, reg. 18, (>ortanze.'. Ibid., mazzo 3, n"* 2-7.4. Grassi, Storia d'AsIi, II, 227.5. Ibid., 11, 230.

    L. (JAL'THiER. Les Ltnbdidi dans les Ueux-Bourf/of/nes. 2

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    Guillauinr tua fn 1300 Manuel Solaco ; Yaloian. son frre,suivit Manfred de Salues dans Ventreprise de Montferrat.Condamn en 1309 par Amde de Savoie se retirer avecson fils dans 1 le de Chypre, il rsista et suscita de nou-veaux troubles. La race des Turclii existe encore Asti oiiil lui reste quelque part de juridiction fodale'.A Chieri vivaient, comme Asti, des familles fodales

    mles activement au commerce au del des monts. ]\ousciterons celle des Balbi qui tenaient. (>n 1297. banque Vienne en Dauphin, en 13o0, Montlimar ; celle desBensi, seigneurs de Ponticelli, associs de banque Mon-tlimar en 1356. Rappelons qu'un Bensi. ou Guidetto Banci.de Chiei'i, tait en 1380 facteur des Asinari dans leur comp-toir de Saint-Laurent-lez-Chalon ^De ces renseignements puiss bonne source, il rsulte

    bien des considrations utiles formuler. Et d'abord lasupriorit singulire qu'au point de vue de leur originechrtieime et noble acquraient les marchands et banquiersd'Asti venant commercer en France sur leurs rivaux juifsgnralement mpriss quoique tolrs. Ensuite ce faitqu'au xiv'^ sicle et plus tard encore dans les villes imp-riales d'Italie, le commerce n'entranait pas drogeance, cequi resta traditionnel en Italie, Venise, et Cnes mmejus(ju'aux temps modernes. Aux xvi^-xvii'' sicles, les ver-rieis venus d'Ilalie apportent avec leui's proc('d(''s industrielscette tradition (jui tit fortune et multiplia en France, parmiles nuitres (h/ forges ou les verriers, les familles prten-tions nobiliaires.

    IV. Relations de la Maison de Savoie avec les com-pagnies commerantes lombardes et gnoises et avec leursbanques. La maison de Savoie dont les destines bril-lantes s'bauchent et se prparent ds le xni sicle, futpour le commerce italien une prot

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    d'Asti, de Milan ot d'ailleurs, est de pntrer au cur duroyaume de France et de conduire par le Rhne, la Bour-gogne, la Champagne et les Flandres, leurs marchandisesjusqu'aux ports des Pays-Bas o les navires anglais vien-dront les prendre.Nous avons cit plus haut, dans nos notes sur l'histoire

    d'Asti, ce trait pass par la commune avec Thomas deSavoie, comte de Flandre, par lequel celui-ci s'engage obte-nir du roi de France et d'autres que les citoyens d'Asti soientprotgs eux et leurs biens dans leur trafic au royaume deFrance (12o7). Les comtes, dans leurs relations avec l'ext-rieur, ont constamment en vue, sous couleur de protectiondu commerce, leurs propres intrts et des auihitions maldissimules. Avec la Bourgogne, les traits se multiplient,ligues politiques, dfensives, qui joignent en 1271 Thomasde Savoie et son frre Amde Othon lY, comte de Bour-gogne, et son frre Renaud, futur comte de Moiilhliard'.Autre trait qui unit le mme Othon IV Louis de Savoie,en 1288, puis au comte Amde de Savoie en 1289 ^ En1347, Amde VI de Savoie conclut son tour avec le ducEudes IV et Jeanne de France sa femme, un trait d'al-liance offensive et dfensive ^ et ces relations, qui lient lamaison de Savoie avec les matres des passages de la Sane,profitent en mme temps au commerce italien.

    Ce commerce avait pour dbouch ordinaire la valle del'Isre, le Viennois, et les chemins des Alpes, difficiles entout temps, impraticables pendant les longs hivers, n'taient,au xni" sicle, que rarement utiliss. A la suite de longuesguerres entre Ilumbert, dauphin de Viennois,

  • io-de leur chemin habituel pour leur faire adopter le passagedu Mont-Cenis et abandonner les chemins du Dauphin etdu Viennois. En fvrier 1302, son secrtaire, Jean Bertrand,dj employ dans des ngociations prcdentes avec ledauphin de Viennois \ fit le voyage de France muni de sesinstructions. Il se rendait Lagny-sur-Marne et l, s'adres-sant tour tour, aprs avoir prsent ses lettres de crance,au capitaine des Lombards commerant aux foires franaisesde Brie et de Champagne et aux gardes des mmes foires,il leur proposa au nom de son matre de renoncer aux che-mins du Viennois sems de dangers et de prils pourprendre exclusivement le chemin de Suze, du Mont-Onis,de Morgex et de Sion -. On trouvera dans nos documents letexte complet de ces curieuses ngociations accomplies le

    14 fvrier 1302 ''. Le 18 fvrier 1302, mmes propositionstaient faites aux compagnies de marchands gnois, en leurindiquant leur itinraire depuis la France, la Bresse, le

    chteau des Cles et le pays de Vaud \ Le succs de cesdmarches vis--vis des compagnies milanaises et de toutela rgion d'Asti, Ghieri, Albe, Cme, Venise, semble con-firm par des traits ultrieurs dans lesquels le comteAimon de Savoie accorde FUnivei'sit des marchands deMilan et du comt, pour le trafic de leurs marchandises enallant en France par Morgex (entre Contge et Sion) et parGenve et Seyssel jusqu' la Sane, pleine sauvegarde et

    di Sassate, capitano (ii Milano e rettore dell' Universita dei inercantilombanli sui danni anecati ai mcdisimi val detlo conte [3 marzo 1288]. Lctti'ra di pace e di concordia fra i proruralori del conte di Savoiae il capitaneo dlie societa dei mercanti loinbardi [1288. senza ilata digiorno) . (Bianthi, Materie polilidie, 139). Proinessa di tenersicnie le sti-ade pei merradanti. seguita tra il comte di Savoia ed il(OMiune (l'Asti (23 niaggio 1265] . (.Arch. royales de Turin, fondsd'Asti.)

    1. Le 3 dcembre 1301. (Biwcin, Malcrie poUhdie.)2. Les chemins de Sion lui appartenaient en vertu de traits anciens

    avec les \(pies du lieu ses vassaux cricolo di quella di \iemiese e Dellinato>laiitf la gut-rra csislcnte in (picdla paili delli |lo02) 18 l'ebbraio .(.\rcli. .royales de Turin, fonds dAsti, mazzo t, n" 2 (reg. 73), cat-gorie 3.)

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    garantie contre les voleurs et malfaileurs, charge de

    solder les pages, 14 juin 1336 '. Ces privilges furentconfirms et renforcs encore en 1347, 1399, 1448, 1487,1465, 1470 et 1 i73, et le march du Viennois, partiellementabandonn, ne fut plus aliment en gnral que par lescommerants de Gnes et d'Alexandrie ou du Montferrat.Les comtes de Savoie, tout en favorisant l'extension du

    commerce au dehors ^ l'encourageaient chez eux commeclients des banques d'Asti ou de Chieri l Eux et leur maisonpuisaient dans la caisse des casane ou banques italiennescomme les princes de France ou des Deux-Bourgognes,mais nous dpasserions le but de ces recherches en essayantde tracer ici l'histoire financire de la maison de Savoieaux xm^ et xiv^ sicles.

    1. Transsonto autentico de' privilegi accordati dal conte Aimonedi Savoia a favore dell' t^niversila de" inercanti dlia eitte e confado diMilano per il trafflco dlie loro mercanzie ne' suovi slati andando inFrancia dall' acqua di Morgex, clie si trova Ira Conleja e Syon tantoper terra che ])er acqua, e per la r.itta di (leneva verso Seyssel sino alfiume Saona, quale strada prometlere di tenere sicura e libra da'malfattori e ladri, con obbligo di risorcire li derobafi pagando pero lipedaggi ed altri drittri stabiliti per taie scala... 14 giugno 1336. l'nila-niente aile confirmazioni di delli privileggi obtenute da' sovrani diSavoia sotto li 23 maggio 1347, 12 marzo 1399. e 27 agoslo 14'i8. 13Xbre 1487^ 27 agosto 1465, 20 Xi"--^ 1470, e 2 gennaio 1473 . (Arch.royales de Turin, fonds d'Asli, mazzo 1, n" 3 (reg. 73), catg. 3.)

    2. ijixMAu, Materie politiche, 47. Le comte Philippe de Savoieavait acquis un fief Saint-Brancher (Yonne ou Sane-et-Loire ?). l'nebanque de Lombards s'y tait tablie et les archives de Turin possdentsous la date du 16 juillet 13i7 un inventaire des biens meubles etimmeubles de cette casana . {Ibid., 76.)

    3. Pices just., n 99.

  • CHAPITRE II

    Introduction des Lombards au Comt de Bourgogne.Leurs relations avec les comtes. Leur dpart.

    Si ds les premires annes du sicle de saint Louis, lesmarchands et banquiers italiens se pressent nombreux auxfoires de Champagne et de Brie S si les princes et les hautsbarons des Deux-Bourgognes sont, depuis les croisades, lesclients attitrs de mainte banque d'au del les monts,l'installation des banquiers lombards, de ces citoyens d'Astien particulier, dous de cette nergie montagnarde qui saittriompher de tous obstacles, ne s'accomplit au duch et aucomt que dans la seconde moiti du xm^ sicle, au momentmme o les Juifs y pntraient en grand nombre.

    Ce fut par le comt, o les besoins d'argent devenaientimprieux, que commena cette migration, tant pour y sou-tenir des guerres intestines ou lointaines, que pour y acheterle concours et la fidlit de fodaux habitus l'indpen-dance. Dans l'volution pnible qui devait enlever dliniti-vement l'Empire toute ralit d'intluence sur une terrequ'il et voulu rattacher sa suzerainet, et faire prdo-miner les ides franaises en alteiulant une prochaineannexion, la maison de Chalon venait d'acqurir une auto-rit prpondrante par le mariage d'Hugues de Chah)n avecAlix (h' ^h-ranie, bi-itire du comt de Bourgogne. Lessalines (b- Siilins, trsoi' inpuisabk' mais mal administi-,avaiiMi! pt'iiiiis Jean de Chalon rAnli(|U(', de l'aire cnti-erdans sa maison une couronne longtemps rve, mais pourniellre en valeur les leveiuis

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    tte (le pont d'une invasion, rvait de runir son vasteduch le petit Etat indpendant que la barrire del Sanetait impuissante protger', il fallait de l'argent, beau-coup d'argent, dans un pays o il fut toujours rare. C'estaux Lombards qu'Hugues et Alix de Mranie s'adressrent,aussi bien que leurs grands barons. Quand Hugues futmort en 1266 et qu'Alix se fut remarie J^hilippc, comtede Savoie, ce nouveau matre attira, employa nombre deses compatriotes, et l'installation des Lombards dans toutesles terres domaniales fut l'uvre certaine d'un rgne quis'ouvrit en 1248 pour se clore la mort d'Alix de Mranieen 1279 -.

    Si quelques Lombards apparaissent dj au xu sicle etdans la premire moiti du xni", c'est titre accidentel, etquelquefois mme dans des mtiers tout autres que la ban-que ou le commerce -^ A partir de 12o0. le Lombard, lecitoyen d'Asti sui'tout, envahit en quelque sorte avecmthode et discipline un pavs o il va bientt rgner\ 11 varrive en auxiliaire indispensable, appel tirer du sol, enle transformant en argent, tout ce que le comte de Bour-gogne peut exiger des sujets de son domaine, et fourniren revanche au prince, soit sous forme de revenus rgulari-ss, soit surtout sous forme de prts, souvent considrables,les fonds ncessaires sa dpense ou au paiement de ses

    1. Pour accorder la paix Philippe de Savoie et Alix, comtes del>oiirgogne, Hugues IV. duc de Bourgogne, exigea le paiement de1 1 000 livres viennoises. Lettres de Hugues, dur de Bourgogne,avril 1270, d'aprs lesquelles l'abb de Cluny devait livrer Philippe,comte de Savoie et de Bourgogne, certains titres qui lui avaient tronlis : mais avant d'en faire la remise, l'abb devait sassurer quePhilij)pe aurait pay au duc 5 500 livres, et loucher lui-mme pour lecompte du duc une autre somme de 5 500 livres . (Bibl. nal. CoU.Morean, \9'. fol. 212). L. Delisle, Oprations financires desTempliers, 239.

    2. Ed. Clerc, Essai sur l'hisloire de la Franche-Comt, 1. pp. 469,512-513 ; mais, surtout dans le conte.xte, M. Clerc n'a pas compris lerle des Lombards et les confond gnralement avec les Juifs, Jescroyant eux-mmes Juifs de naissance.

    S. Longobardus , Theuley, 1170 (Bibl, nat. Coll. Moreau. 873,fol. 255 v"): Longobardus cocus . 1170, P. -F. Ciukflet, Lettresur Balrix, 134: 1225-1311, Bibl. nat. Coll. Moreau, 873. fol. 354,369, etc.

    4. Anno Domini M CC XXVL cives Astenses cperunt prstareet facere usuras in Francia et ultramontanis partibus, ubi multampecuniam lucrati sunt: tamen ihi malapassi sunl in pei'soniset rbus.MiRATOR[. Scriptores rerum liai.. XI, col. \\1 c. (Chronicon Astensed'OcERius Alferu).

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    flottes. Ce qui tait vrai sous les comtes Hugues et Alix,sous Alix et Philippe de Savoie, le devient davantage encoresous Othon IV, le dernier comte indigne, que son gotpour les aventures entrane dans mainte expdition hasar-deuse ovi il dpense sans compter, pour des intrts inditl'-rents, dune part son humeur belliqueuse et sa vaillance,d'autre part tout ce qu'il possde et davantage encore. Decaractre trs franais, habitu frquenter Paris ds letemps du fils de saint Louis dont il pousa plus tard lanice. Mahaut d'Artois, il y prit des gots de luxe qu'ilfallut satisfaire en mme temps qu'il fallait solder destroupes pour dfendre le comt de Bourgogne contre maintassaillant et acheter diplomatiquement la paix avec les uns,avec les autres. En 1284. il suit Uohert d'Artois dans lacampagne d'Italie pour venger les Vpres siciliennes ; en1285 il marche avec son frre Hugues dans l'expditiond'Aragon la suite de Philippe le Hardi : autant d'occasionsqui h' livrent de plus en plus aux Juifs et aux Lombards deson domaine, des pays voisins, de la France entire, etprparent, au prolit de cette dernire, une prochaineabsorption '.

    Sous l'empire de ce besoin d'argent qui fut le tourmentdu xni* sicle, les Lombards pntrent dans les terresdomaniales qu'Hugues de Chalon et Alix de Mranie vien-nent de lenforcer par des acquisitions nombreuses habile-ment faites et par une organisation administrative quijusque-l leur avait fait dfaut. Dans chacune d'elles se trou-vent runis dsoimais b' Juif qui est considr, aux termesmmes de ses engagements, comme la proprit du comte,et le Lombaivl qui, en sa qualit de chrtien et d'hommelibre, tiendra un plus haut degr dans la hirarchie socialeel jouira d'uiu' libei-|('' l't'elle grce l'appui des puissantessocits financires (h- Milan, de l''lorence, de Venise, dontles comptoirs cou\reiit l'Europe, el. sous la protectionjjoiilificale. font la loi aux ])rinces leurs (b'bileurs el leursol)lig('s.

    A ct' des lerres douiaulales. noinlire des lei'i'es desseigneurs bWjdaux du couili'. des (llialoii-Arlav el Auxonne,

    1. V'. Eit. (li.r.RC, Essai, I, ^Tl-WH; A. (^\STA^, Le blocus deBcsanron en 1-JH9-1-J90. {M)n. do la Soc. d'mnlalion du Doubs,1868, PI. 329- 'i20.)

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    des Vienne, des Montbliard reoivent aussi des banquesde prt ou des comptoirs de Lombards. Ils en ont aussi Besanon, ville imp''riale, ds 1268 \ Belfort, Conflans, Faverney, Fresne-Saint-Mamms, Granges, Gy dansle domaine de l'archevque, Ilricourt, Jonvelle, Lons-le-Saunier, Luxeuil, Marnay, Montaigu-lez-Lons, Montbliard, Montmorot, Pesmes, Sainte-Marie-en-Chaux. Saint-Loup, Traves, Vercel ^Toutes ces villes, toutes ces bourgades, jointes aux chtel-lenies domaniales, reprsentent plus d'une trentaine debanques ou comptoirs exploitant la fois aux xni^ et xiv^sicles le territoire franc-comtois. Pour les chtelleniesdomaniales, l'ensemble des prts lombards est group dansle dnombrement d'Othon IV, que nous donnons l'appuide ce mmoire ^. Ce cadre officiel ne variera pas jusqu' ladisparition des marchands et banquiers italiens.

    C'est Seurre, Arbois, Salins, Dole, Besanon, Grayet Apremont que les oprations financires des Lombardsau diocse de Besanon sont le plus actives ; l que sontsignes la plupart des obligations, garanties et transactionsde leurs banques. Les Asinier, les Guttueri, les Scaglia,les Tomasini, les Isnard sont les titulaires de ces banques,oprant vraisemblablement au dbut, moins pour leurcompte que pour les grandes compagnies des Baldi, des Scali,des Peruzzi ou autres, auxquelles plusieurs de nos documents

    1. ibl. de Besanon, Coll. Chifflet, vol. 12, fot. 10. Charte de 1270,tire des arcliives de l'abbaye de Saint-Paul, souscrite par des civesnostri et Astenses : Ubertin et Gualete Gutlueri, Jean Isnard,Gavard et Brard. (Pices jus t., n" 3.)

    2. Belfort, 1302 (Pices just., n 31 ; Conflans, 1329-1359 (Bibl.nat.. Coll. Moreau, 869, fol. 467; 874, foi. 470 v, 545 v; Arcfi.du Nord, B 3252); l^'averney, 1295 (Bibl. nat.. Coll. Moreaii, 871,fol. 650 vo): Fresne-Saint Mamms, 1331-1359 (Arch. (te-d"Or,B 1388, fol. 22 v; B 1389, fol. 38; B 5616, fol. 15): Granges,1312 (Bil)l. nal.. Coll. Bourgogne, 52, fol. 42): Gy, 1293 (Ms. Gnil-laune, XV, 11, Bibl. de M. le comte de Laubespirii, Paris): Hri-co'irt, 15 octobre 1303 (Pices Jusl., n" 31): Jonveife, 1354 (Bibl.nat. Coll. Moreau, 887, fol. 387 v): Lons-le-Saunier. 1313-1375(Annuaire du Jura pour 1844, 271) : Luxeuil. 1292-1293 (Ms. Guil-lmime,\\\ 374i>i): Marnay, 1338-1360 (Bibl. nat., Coll. Moreau,865, 286; Arch. de l'Hpital de Besanon); Montbliard, 1336-1351(M.\Tn.E, Monianents de Neuchdiel, 428; Arch. nat., K 2027); Pesmes, 1311 (Arch. du Doubs, B 76) ; Sainte-Marie-en-Chaux,1337-1338 (Bibl. nat.. Coll. Moreau, 900, fol. 35 v) : Saint-Loup,1336 (Arch. Cte-d'Or, B 1389): Vercel, 1285 (Pices Just., n 14).

    3. Pices jusL, n 23.

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    les montrent affilis*. En 1265, Revelin et Gauvaintiennent une banque Seurre, et sous la garantie descomtes Hugues et Alix, prtent Hugues de Neublans. Ds1270, Obertin Guttueri et Brard Isnard fondent une ban-que Besaneon o ils sont admis moyennant 2 00 livresestevenantes de redevance pour 7 annes de rsidence^.Ds 1273, Boniface et Bonhomme Asinier, citoyens d'Asti,prtent argent et vendent des immeubles Arbois ^, enattendant qu'ils y laissent leurs mandataires Reynon etDimanche Asinier, pour crer ailleurs, soit au Comt, Polignv et Chissev. soit au Duch, d'autres tablissementsde prt, et ti'ansporter linalem'nt Seurre, en juin 1280,sur la demande de Philippe de Vienne, seigneur de Pagny,b'ur principal comptoir, le centre de leurs oprations*.En 1274, le prt de Dole est dirig par Ardeon d'ivrequisemble le mandataire habituel de Philippe de Savoie S'tque remplacera bientt une socit dirige par Lion d'Asti*^.En 1290. h'S citoyens de Besanon, la denumde d'Huguesde Bouigogne et en rrtour de son alliance, autorisent lelombard Perrin Gandulphc. qui v sjourne (h'j sans auto-risation rgulire des 1290 au moins, v tenir banquedurant six annes '.

    Ces exemples que nous pourrions nmltiplier suthsent dmontrer que les Lombards gagnent partout du terrain etsont utiliss partout, concurremment a\'ec les Juifs, et deprfrence rux, sur tous les points du comt de Bour-gogne, ds le temps d'Alix de MManie et sous le rgned'Othon IV, son (ils.

    Les premiers documents montrant ce juince en contactavec les Lombards, sont un cautionnement ilorni en juin127o Manfroi et Gros do Castaillon. d'Asti, en faveur Ac

    1. Ibid., Il"-" 1. 2, 20. \". poui' les iJaldi et Peru/.zi. Picea JH.sl.,Il" :!8 et Arcli. du Doul)s. 15 352.

    2. I5ibl. (le Ik-saneon, Coll. Chi/flel,\o]. 12, 10: Ed. Clerc, Exsai,I, '69. V. une (piillaiice de 300 livres donnt'e le 11 janvier 1272 ces Loml)ards par les citoyensde Hesanruii (Pices Jti st., n 5) el leuradmission (avec trois associs) en mai 1270 {Pices jusl.. n 3).

    3. Ibid., n" 6, 17, 27.4. Ibid., n" il.5. Ibid.. n"" 7, 8.6. Ibid., n" 10.7. Ibid.. n" 2'i. Sur le sjour antiieur de Perrin. v. A. Cast.w,

    op. cit., dans Mthn. Soc. Emul. du Doubs, 1868, 413-il5 et Arch.iriiiriicipiile'- (le Resaiicoii. lil! 1. loi. 21-23 \.

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    Simon de Longwy, seigneur de Bellevesvre* et le rembour-sement de 327 livres 16 sous tournois donns par les Lom-bards de Dole son compte des Lombards de Troyesauxquels il avaLt achet la foire de la Saint-Jean, de lavaisselle d'argent, des toffes de couleur bleue (perse), etdes cotfrets^ A Yalenciennes, le 23 avril 1278, il engage Guillaume Turchi, d'Asti, des joyaux (un aigle d'or, deuxcoupes d'or et d'argent) pour se procurer 200 livres parisis^Dans l'expdition d'Italie, en novembre 1283, il est tombentre les mains de la compagnie des Spina de Florence et ylaisse engage une partie de son train*. En 128P), lors del'expdition de Fouille, Othon puise dans l'escai-celle de sesLombards et de ses Juifs et au dpart et au i'etour\ sansprjudice d'emprunts contracts au Temple de Paris ^Citons en particulier l'emprunt qu'il contracte avec lagarantie de Jean de Chalon, son oncle, de Renaud, comtede Montbliard, son frre, et de Philippe de V^ienne, sei-gneur de Pagny, auprs des Lom])ar(ls d'Arbois, Poligny etChissey, c'est--dire de Bonhomme et Boniface Asinier etde h'urs associs en dcembre 1286 '. Mari la lille du comted'Artois depuis le mois de janvier 128o, Othon IV a trouvdans cette union l'occasion de nouvelles dpenses, mais ausside nouvelles ressoui'ces ; si on le voit emprunter, on h' voitaussi quelquefois acquitter partie de ses dettes \ Philippele Bel l'aide d'ailleurs sortir de ses embarras pcuniairespar des prcMs ou des dons intresss ; car, obr par desdettes criardes, serr de prs par des cranciers qu'il nepeut satisfaire, le comte prend, l'insu de la plupartde ses vassaux, vis--vis du roi de France, l'engagementformel de lui livrer le comt de Bouigogne en mme tempsqu'il s'engage donner en mariage sa lille Jeanne l'undes fils du roi, qui rgnera un jour sous le nom de Philippe Vou Philippe le Long^ Otte... fut trs mauvais mesnagier

    1. Pices just., n 9.2. Pices just., n 10.3. A. Castan, op. cil., Mm. Soc. rnul. dti Doubs, 1868, 367.4. Pices just., n 12.5. A. Castan. op. cit., Mm. Soc. mul. du Doubs, 1868, 271-281.6. Ibid., 379.7. V. deux contrats complmenlaircs de cet emprunt, Pices Just.,

    ns 16, 17.8. Pices just., 18. Quittance du 19 juillet 1287.9. Le 18 juin 1288, Pliitippt' le Del remet Othon IV 3 500 1. l. qu'il

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    et se treuva chargi de grandes dettes, en telle faon quepour mettre reigle, estt et conduite en ses affaires, il fit destraits avec Philippe le Bel ,

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    bavo comtoise le Chcrlicii o tait rnarqu-*' sa srpultuic,tant les colres de la petite nation livre Philippe le Beldemeuraient vi^ aces. Dans la haine amasse contre le comtedchu, se confondait la haine contre les Lombards et lesusuriers que le populaire crut, tort pensons-nous, les au-teurs de sa chute et de son abdication. Nous disons tort ,car Othon IV fut victime des ambitions souleves contrelui : aml)itions allemandes, qui se traduisent en 1289-1290par le sige de Besanon par Rodolphe de Habsbourg, en1293 par les menaces d'invasion de l'empereur Adolphe

    ;

    ambitions bourguignonnes, qui essavrent d'entamer l'int-grit de son domaine, laJK^rieusement form par Hugues deChalon et Alix de Mranie, mais encore et surtout victimede l'habilet sans grand scrupule de Philippe le Bel quisavait employer l'argent et assouplir les consciences, et futpar excellence l'artisan de la ruine du comte de Bourgognedont il crut runir jamais l'apanage sa couronne.Dans la croyance populaire, les Lombards et les Juifs qui

    avaient montr quelque pret prohter des embarras dela victime de Philippe le Bel, restrent jamais respon-sables de la dcadenc*' et du dpart d'Othon IV, et un chro-niqueur d'Arbois recueillit en ces termes laconiques l'ex-pression de cette croyance : Fneratores destruxeruntcomitem Ottoneni et vocabuntur lumbardi nomine, passimper Burgundiam adeoque per Europam recepti pro usurariispublicis S). Si ce jugement est trop svre, il faut l'accepterdu moins dans ce sens que l'occupation franaise du comtde Bourgogne par Piiilippe le Bel et le dpart d'Othon IVconcordrent avec le plus haut dvidoppement de la fortuneet du crdit des Lombards installs, depuis trente ans peine, dans les villes domaniales du comt.

    Les libraliti's charitabh's que nombre de Lombardssemrent de Salins Vesoul ou Faverney, d

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    enfin, la confession quasi publique de Jacques Scaglia,avouant avoir drob ses matres 20 000 livres '. ont con-tribu cette svrit exagre de l'opinion publique. Unfait bien certain d'ailleurs est l'tat prcaire des financespubliques ou prives au moment de l'annexion franaise etle tlau sans cesse croissant de la capitalisation d'intrtsau moyen desquels des prteurs habiles faisaient passeradroitement la fortune d'autrui dans leurs propres mains.On trouvera sous le n" 163 de nos Pices Justificatives,l'extrait trs suggestif sur ce point, de chartes cisterciennesfranc-comtoises de 129H 12911 '.

    Les derniers actes administratifs d'Othon lY au comt deBourgogne avaient t la plupart destins satisfaire ledsir de ses banquiers soit en leur donnant sa garantie pourles emprunts des siens ^, soit en leur ouvrant les terres deses grands vassaux ou le passage libre dans son territoire \Quand il livre le comt, le dtail de son dnombrementmontre ct du groupe de Juifs qui paient une redevanceannuelle de 875 livres tournois, 13 prts de Lombardsinstall's Arbois, Baume. Ghissey, Clerval, Dole, Fon-dremand, Gray,Jussey,Ornans, Poligny, Pontarlier, Salins,Vesoul, payant ensemble un cens annuel de 880 1 070livres '. Sous le gouvernement dv Philippe le Bel et de sesbaillis, aussi bien dans les terres du douaire de Mahaut quedans celles du roi, ces prts dont les plus importants taientceux d'Arbois et Salins, tenus par les Asinier, de Dole etde Vesoul, continurent fonctionner dans les mmes con-ditions que par le pass. Dans l'tat d'effroyable pauvretqu(! rvlent nos documents, avec les variations de la valeur

    1. 27 mai 1292 (Pices just., n" 20).2. Charles des abbayes de la Charit, janv. 1296; de Montariot,

    7 avril 1296; et de la Grce-Dieu, octobre 1299. Pices just.,n" 16:!.

    3. Garantie donne par Othon IV et .lean de Chalon. frre et oncled'lln!.Mies de toiiriroune, ses cranciers; Chain-.nillo llonaguise,Cantino Aniadoiii' de Boiique et V\. tV^rnzzi de l'torence, lui ayantprle 2 000 livres tournois (Arrh. du DouIjs. l 352.)

    '..lean (le Ver^ry, snchal de lourgogne, reeoit en mars 1291 et

    fait recevoir en la sauvegarde d'Ollion IV les l^ombards Perret etAlexandre .\inier, Andr de I.a Place, Valace Alfeit, d'Asti, pour 17 ansdans les (hiilelleiiies de Champlitle et .\ulrey, o ils commercerontavec exemption de champ de bataille, pages, ventes, minages, che-vauchi-es, etc. A. DrciiKSNE, Hist. de Veviy, Preuves. 211. V.aussi le trait de 1295 avec les marchands italiens. Pices just., n" 156.

    5. {hid., n" 23.

  • 31

    (les monnaies dont nn de nos texles donne l'aperu de 12lo 1306 \ et auquel fait allusion un document de 1308 - porla raison don ehang^enient de nienoies que depireai ai esteyfaiz ou l't'aunie de Franee, en Bourgoigne el autre part...maintenant soent rcdracies et remises en la premire vai-lenee , ils sont les auxiliaires des trsoriers du eomtquand il s'agit de faire quelque op''ration de change telle({ue de pourchacier petiz tornois en Bourgoingne pour este-venans qui furent cliaingiez pour cest paiement faire ^ .A chaque instant les ofFiciers du Roi ou de Mahaut sont enpourparlers avec les prteurs pour accommoder empi'unts oupaiements^; chaque instant un document rvle destransactions considrahles passes entre des grands sei-gneurs et des Lombards de la rgion ', et quelques testa-ments de Lombards montrent sous un jour curieux lesmurs et le milieu social de quelques-uns des principauxd'entre eux ^Vers 1316, les Lombards furent expulss de quelques

    localits, notamment d'Arbois ' ; ils rentrent dans cette ville15 ans plus tard, grce l'influence de Dimanche de Salins.La reine Jeanne fit poursuivre en 1327 par l'abb de Cher-lieu et Hugues d'Arbois, ses commissaires, quelques casd'usure ^ mais, somme toute, quand en 1330 sa fille Jeannede France apporta par britage son comt de Bourgogneau duc Eudes 1\ de Bourgogne, son mari, la situation desLombards tait reste peu prs la mme qu'au temps dePhilippe le Bel ou d'Othon IV.

    1. lUd., n 22.2. Confirmation d'une donation faite Jacques Scaglia, 20 avril

    1308. (Arch. de l'hpital de Besanon, Boite 54.)3. 1311. (Bibl. nat., v. 85.51, foi. 42.)4. Ibid., fol. 29.5. V^ un acte du 2 dcembre 1309 par lequel compte est rgl entre

    les I^ombards Bonhomme Asinier, Alexandre et Boniface xXsinier etJean de Chaton: lensembb; des dettes de ce dernier contractes dansles prts d'.Arbois, Poligny, Montmorot, Arlay et Btetterans, s'lve 12 000 1. (B. Prost et S. Boccenot, CaHuL d'Hugues de Chalon.n 567, p. 431); Pices jiist.. n"* 38, 43.

    6. Pices just., nos 35^ 45, gi.7. Stocff, Les Coniles de Bourgogne, p. 25 et suiv.8. Pices JKsI .. \" 55.

  • CHAPITRE III

    Les conseillers Lombards d'Othon IV

    ... Mes le l'iiy, cIkisciui si le triclie,En sa court avoit Moiu-lie et BicheQui durement l'ont esmoiichi :Si lor a le roy tout couchi

    ;

    Si en (lemoura sans argent... '

    On connat par de rcents travaux, rinllucncc considt'ia-]lr prise m nialirc financire la cour el dans les conseilsde Philippe le l}(d, de 1283 1308, par deux frres floren-tins, Mouche et Biche (Mosciato etBiccio Guidi, deFiglino),de la compagnie des Frescohaldi et des Franzesi, receveursroyaux, Ions deux chevaliers. Leur succession, grossiepeut-tre au dtriment du trsor, fut confisque par ordredu roi, el il n'en resta qu'une mdiocre part leur frreet unique hritier '^ Le comt de Bourgogne, o prva-laient, hien avant qu'il ft annex au royaume en 129o, lapolitique, la langue et les institutions de la France, eutaussi ses financiers de premier ordre, insinus fort avantdans la confiance et les honnes grces du fail)le comteOthon IV ou de sa famille. L'un d'eux, un Florentin,.lacijues Scaglia. de la famille des Tiffis. peut-tre affili la fameuse coiiij)agiiie

  • as-

    ile Bourgogne et de Mahaut d'Aitois sa veuve. Pour biencomprendre le rle des Lombards fortement installs aucomt de Bourgogne dans le dernier tiers du xiii*' sicle, lecursus vit de ces trois personnages et de quelques-uns deleurs subalternes est intressant reconstituer.

    Jacques Scaglia ou l'Escaigle . tait fils de Goni deTiffis. citoyen de Florence '. Venu en France commeemploy (facteur ou procureur) de quelqu'une des opu-lentes maisons de commerce et de banque de sa ville natale,peut-tre de la socit de TEscale, ainsi que nous le suppo-sions plus haut, il dut dbuter Paris, o la colonie de sescompatriotes tait nombreuse et influente. Ce fut l sansdoute qu'Hugues de Bourgogne et Renaud son frre, ce der-nier devenu comte de Montbliard en 1282. l'attachrent leur personne et leur domaine en qualit de receveuret de trsorier. Ses dbuts fui-ent malheureux : au boutd'un certain temps, pris en tlagrant dlit de dtournementsconsidrables, il dut reconnatre par devant notaire, en lacathdrale Notre-Dame de Paris, le 27 mai 1292. qu'ils'tait appropri 20 000 livres tournois, et s'engager lesrembourser par annuits de 1 000 livres sous la cautiond'un autre Lombard, Archange Bonaguisa. associ de Pepolet Bouque Bonapresse -. Cette restitution annuelle devaitse faire au gr des cranciers, soit au comt de Bourgogne,soit aux foires de Brie, soit Paris, et l'obligation qui enfut dresse tait munie de toutes les clauses qui pouvaientla rendre inviolable. Bien loin de quitter le service de sesmatres, Jacques Scaglia eut assez de souplesse pour s'vfaire maintenir, et ce patronage le fit accepter par Othon IVcomme receveur du comt de Bourgogne, la veille desvnements qui allaient le faire passer entre les mains dePhilippe le B( 1 2 mars 129o). Aux ngociations qui prc-drent ce coup de thtre, soit pour arrter l'invasion desAllemands, conduits par l'empereur Adolphe, (jui mena-aient le comt prt chapper leur intluence. soit pourprparer l'annexion franaise, aux expdients financiersindispensables pour payer les dettes effroyables du comtepalatin, l'esprit dli et sans scrupules de Jacques Scagliadut briller et se faire valoir, et ses services furent tels que

    1. Pices just., n" 20.2. /6id., n 20.

    L. Gauthier. Les Lombanh (laiii les Denu-Bourr/ognes.

  • 34

    le 21 jainirr 1294, Otlion IV et llii^iics IJt'saiiron, rxiilc 't'\. La (Imialinii esttuile: ... pour les yranz servisos ([iif il loiii' lia l'ail laiil iiiic jour(le Iniy...

    2. Pices jusl., \v> 25.3. Arcli. de l'ilopilal di' lcsanron, UoKc 54.'.. Arcli. du Douhs, l 'MW.5. Airh.de rilpitai de liesanon ; Pices JiisL, u" 31.6." Arcti. Pas-dc (lalais. A 244. QuiHaticc de 200 1. dotiut^ par Sca-

    glia sur le |ta^M' dAuj^ciaiis. iMoiil jusiiu. 12 uovend)re 1308.7. .\rcli. de l'ilpilal de ricsaucoii. rioilr'i.

  • - 35

    g-cnt . On clioisit pour arbitres Hug'iif'S de BoiirgO|nf' etSimon, abh de liaunie-les-Moines. La sentence rendue Saint-Ferjeux-lez-Besaneon, le 6 juillet 1318, Scaglia dutrestituer au comte Renaud une rente de 300 livres sur lasaunerie qui lui avait appartenu nagure, et quittance int-grale lui fut donne de son ancienne trsorerie'. Hugues deBourgogne resta fidle son vieux serviteur qui demeurale familier de sa maison. A la mort du comte Renaud, sur-venue en 1324, Scaglia fut ml au rglement de la succes-sion ; le dfunt avait choisi pour excuteur testamentaireson frre, Hugues de Bourgogne", dont Scaglia fut, tantqu'il vcut \ lami et le commensal au chteau d'Apremont,sa rsidence favorite '\ 11 se retira enfin Besanon o ilavait dpos entre les mains du recteur de l'hpital du Saint-Esprit ses titres les plus prcieux : le 16 mai 1330. il dictases dernires volonts un notaire de l'ofTicialit'. laissanttoute sa fortune en de des monts ses deux neveux.Meroux et Nicolet Scaglia ; la prsence d'un parent, Toma-sino Tiffi, de Florence, fait supposer qu'un second testa-ment disposait en faveur de ce dernier et d'autres prochesrests en Italie, de ce qu'il possdait au del des monts. Unlegs de 9o livres de rente sur le page d'Augerans l'h-pital du Saint-Esprit, o il fondait un anniversaire et unechapelle et o il choisissait sa spulture, quelques legs des amis et des couvents compltaient ce testament *

    qu'avait prcd une donation de 190 livres de rente sur lepage d'Augerans en faveur le Meroux et Nicolas ses ne-veux*^. Le o avril 1331, le duc de Bourgogne rduisit 50 livres la fondation de Jacques Scaglia, en conservantpour droit d'amortissement le surplus de la somme \Peu de jours avant sa mort qui survint le 25 janvier 1332,

    Jacques Scaglia se fit porter dans l'glise du Saint-Espritde Besanon o il mourut aprs avoir difi tous les reli-

    1. Arch. de l'Hpital de Besaneon, Boite 5.2. Matilk. Mon. de -Vei

  • 36

    gieux prsents par sa pit' et son repentir'. On l'enterradevant le matre-autel sous une pierre qui portait sesarmes : une tte de blier vue de face, et cette inscriptionpartiellement restitue :

    ANNO.DOMINI :M:CCC:XXXI: OBIIT JACOBUS DICTUSESCAILLE DE TYFIS DE FLORENTIA -

    Au lendemain de ses oljsques, il se produisit contre sammoire, et cela dans son pays natal o ses hritiers natu-rels Jacopo de Ricci et Agnolo son fils, Tomasino de Bardiet Yera (le Yolog-ano rsistrent vigoureusement l'accusa-tion, une singulire tentative. L'inquisiteur de la foi enToscane, le cordelier Mino de San Quirice. avait n-cu unednonciation en rgle, accusant le dfunt de toutes sortesde crimes contre la foi. Voici les principaux griefs retenuspar l'inquisiteur florentin :

    Sentinu'nts mauvais sur la foi et les sacrenu'iits.Incrdulit sur les mrites ou dmrites de l'homme ici-

    bas.L'homme est gouvern par la nature.Le monde est rgi par les constellations.L'homme n'est qu'une bte et l'me chez lui meurt avec

    le corps.

    Il n'y a ni paradis ni enfer.Il est aussi bon pour Thorame d'tre enterr dans un

    champ que dans un cimetire consacr.Il n'y a pas d'inceste (Unis les ndations avec cousine, lille

    ou sur.

    Le mariage est l'uvre du dmon et non de Dieu.Absence de frquentation de l'glise et des sacrements.Dfaut de charit envers les pauvres.Prt usure dans plusieurs provinces.Refus s accusations fantastiques (jui tombrentdevant les di-clarai ions lelles que celles-ci :

    1. En(|iitR (1(> janvier 1333, di^ cite.2. Jri.Ks CiM iiiiKR, Rcrueii des Inscriptions des principales glises

    de Bcsanrnn. w' 72, dans Jii/llelin de l'Acjtd. de Besanron, 1881,[>. 302 ; libl. de Uesauron, Coll. Chi/fleL vot. 1, 98.

  • 37

    Lf (it''fLinl n'avait jamais reu aucun mossagc de rin((ui-silion

    ;

    Il s'tait approch des sacrements ses derniers momentsavec grande pit

    ;

    S'tait fait inhumer en terre sainte;

    Avait donn aux pauvres du Saint-Espril de Besanonune partie de son Ijien, etc.Ce qui donna grand poids cette rfutation, c'tait la

    prsence d'un ancien inquisiteur du diocse, frre Hugues,prieur des Dominicains de Besanon '.Aux tmoignages de gens d'glise vinrent s'ajouter ceux

    des familiers d'Hugues de lourgogne, affirmant (jue son an-cien serviteur avait t un bon et fidle justicier, de con-versation honnte , et bonne renomme, ayant la foi, piati-quant les u'uvres de misricorde avec largesse, et vivantdans la plus complte orthodoxie ^ Le procs-verl)al del'enqute ainsi dress fut envoy Florence et JacquesScaglia demeura dsormais tranquille dans sa tombe.

    Si la fortune laisse au del des monts avait un instantsduit l'Inquisition locale, celle qui restait en de tenta leduc Eudes IV de Bourgogne. Il se fit rendre par les neveuxdu dfunt le titre de 400 livres

  • 38

    de Florence, il devint gruyer de Bourgogne de 1338 1349et fit souche de gentilshommes.En mme temps que Jacques Scaglia, un de ses cousins

    (il portait mmes armoiries), Landuche Moreti, de Florence,tait arriv au comt de Bourgogne aprs avoir frquentParis et pratiqu commerce et banque. Ds 1279, associd'Abb Tomasini. de Florence, il venait Besanon cher-cher un dpt de numraire laiss l'abbye Saint-Paul *

    de la part du comte Othon IV au service duquel il sembletre constamment attach. Il rsida Besanon jusqu'en128o, date laquelle il vendit Abb Tomasini et Jac-quet, son fils, la maison qu'il y possdait -. Ce dut tre aprsla mort de sa femme, dont la tombe se voyait dans l'gliseSaint-Paul de Besanon et dont voici l'inscription mutilereleve par Jules Chifflet :

    ^ L'AT? t)e ?OSTRe SeiGROR MCCLX[XX..] iriLLGMeTTeGAnPORS FILLe SIRS PIORRe BePOIT GT peMMeiiLAPDBQHe LO LliMBARD GITOiePS GT MGRGbAPTilt>G FL0RGPG6 . RGQIilGSGAV IR PAGG . '

    En 1286, Landuche est charg par Othon lY de paverdiverses dettes contractes envers des commerants deBziers, lors de l'expdition d'Aragon ^, et de remettre100 livres estevenantes Hugues de Salins qui lui fait liom-mage d'un fief Poligny '\ Tandis que Scaglia restait atlaclien quelque sorte la personne des princes de la maisonde Bourgogne. Landuche, de 1296 1300. est Paris o ilconmierce, tabli, avec des compagnons ses associs dans larue au Cerf, sur le territoire de Saint-Ciermain-l'Auxerrois".Tour tour agent politique et financier d'Othon IV et de

    1. (Iastan, op. cit., Soc. cVniiil. du Doiibs, 1868, p. 368.2. Bibl. nat.. Coll. Moreau, 897, fol. 1 v.3. .1. (ACTiiiER, Inacriplions des principalea gliaca de Besancon,

    n 29. {Bulletin de l'Acad. de Besanon, 1882, p. 292.)4. 30 avril et 6 novembre 1286. Pices just., n 15. .\. Castan,

    op. cit., dans Mm. Soc. d'Eniul. du fJoufjs, 1868, p. 378.5. Arch. (lu Doubs. P, 38'i.6. .\rcli. nal.. KK liH;!. loi. 33. Klals des Lombards publis par Piton.

    Lomf)a)-(ls, I, I2'j cl suiv. Le nom de Landucbe esl suivi du \uo[ Macet(au lieu de Morel), mais nous nlit-silons pas le recounaiire. surtoutaprs avoir lu celle mention du 13 juin 1298: pro denariis per paitemtradilis Landucliino Lomhardo, pro vadiis (ast(dlanoruni eomitalusl]urgundie. 500 I. I. . P.ibl. l\at. Lai. 9783: Piton, op. cit., l, 183.

  • 39

    Philippe le Bol, Landuclio s'intilulo en 1302 valet de eliam-bie de l'un et de l'autre, et, jusqu' la mort du premier,s'entremet activement la direction financire de son htel.Olhon IV mort, Landuche rentr Paris reste au servicede Mahaut d'Artois ; nous donnons plus loin le texte d'uncurieux mandement de la princesse ordonnant son rece-veur d'Artois, Colard de Hennin, de lui payer 200 livrestournois jour fixe, sans quoi ces 200 livres pourraient luien coter plus de 300. Mahaut ajoute cette phrase sugges-tive : quar saichoiz que nos en smes si grant dfat quenunsne le porroit pensier' . Un acte du 2o septembre 1303,qui le qualifie encore de valet Madame d'Arthois , est ledernier document que nous possdions sur la carrire deLanduche qui dut mourir peu aprs ^Un troisime personnage qui vcut dans rintimilt"'

    d'Othon IV et y parvint en lui fournissant d'abord de l'ar-gent, ensuite des conseils, fut un Lombard d'Ivre, en Pi-mont, nomm Ardeon (Ai^diicius). Amen sans doute parPhilippe de Savoie, second mari de la comtesse Alix, Dolequi tendait devenir la capitale du comt de Bourgogne, ily commerce ds avril 1274 et est le bailleur de fonds de sesmatres ^ Ce rle de pn^teur combin avec certaines con-naissances spciales de clergie et de droit, prparait Ardeon un plus haut emploi sous le rgne du fils d'Alix deMranie.En 1287, nous le retrouvons a seigneur en lois ,revtant de toutes les formules juridiques une quittance dfi-nitive qu'un marchand d'Asti donne Othon IV Paris ^ ;en 1203 il est ses cts quand le comte marche au-devantde l'empereur Adolphe qui va envahir la Franche-Comt '.En 1296, au moment o Philippe le Bel, mis en possessiondu comt, en fit estimer les revenus'', ceux du domaine deDolefl 786 livres 12 sols) taient engags pour une priodeindfinie sire Herdeon . Ces bienfaits d'Othon IV secontinurent sous un autre rgime : Philippe le Bel donneen 1312 mille livres tournois Ardeon pour acqurir imhritage au comt de Bourgogne ; Philippe le Long, encore

    1. 25 mai 1303. Pices jusl.. n" 33.2. Arch. Pas-de-Calais, A 195.3. Pices; jusl., \\ 1 : novembre 1274, Iblcl., n 8.4. 19 juillet 1287, Pices ju st., n" 18.5. Eu. Clerc, Essai, 1, 494.6. Pices just., n 23.

  • 40

    comte de Poitiers, lui confirme ce don en 131o*. C'est lecouronnement de sa carrire.Parmi les Lombards installs en Franche-Comt sous

    Othon IV, deux frres vivaient Salins : Dimanche et Rey-non Asinier. Venus d'Asti, ils avaient t appels etemplovs dans leurs comptoirs d'Arhois et de Salins tablispar leurs parents Bonhomme et Boniface Asinier ds 1273".(Juand Boniface fut mort, laissant deux lils. Boniface etAlexandre, l'association persista, mais se transporta Seurre, laissant Revnon et son friT Dimanclie administrerla banque d'Arbois. Il la gra jusqu' sa mort, tandis queDimanche, son frre et associ, allait fonder Salins uneseconde bcinque qui trouva son compte au manit'iiitMit desfonds des salines, et, s'il faut en croire la tradition, lareconstruction des souterrains et des Jjtiments oii se fai-saient la rcolte et l'exploitation drs 'aux ^

    Les oprations financires auxquelles se livraient les deuxfrres, tantt seuls, tantt en socit avec quelque richecollgue tel que Perrin Gandulphe, de Besanon, dit Gantde fer. leur donnent pour clients tons les grands seigneursdu pays commencer par la famille du comte, continuerpar les Clialon-Arlay et Chalon-Auxerre, les Montfaucon,les Montbliard, les Neuchtel (Suisse), les de Vienne, lesOiselav. La banque d'Arbois dii'igc par eux tenait le pre-mier rang parmi les banques lombardes de la rgion etreprsentait comme niveau et influence, la clbre banquejuive d'IIi'lit de Vesoul, dont M. Isicb^re Loel a fait con-natre lingnieux mcanisme^.

    Arbois, avoisinant Salins, dont les soui'ccssah'es faisainil

    1. Ed. Clerc, Essai, 11, 20.2. Pices Jiist., n" 6.3. GoLLir, Mmoires des Bourgougnons, liv. 11. cli. xxiv, nom.

    '(t.. col. r2 : Ctillalmk, Hist. des Sit-es de Salins. 11, 48. Oninoiilie encore Salins une maison gothiqnc de la preniiro moiti(lu xiv= sit'cle. dite la maison des Lombards . hciccaii possible dela l'orlune de Uimancbe Asinier