chaptre 2 nutrition et alimentation

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Le lapin 21 BASES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES Quelques notions d'anatomie Chez un lapin adulte (de 4 a 4,5 kg) ou subadulte (de 2,5 à 3 kg), le tube digestif a une longueur totale d'environ 4,5 a 5 m. Après un cesophage court, on trouve un estomac simple formant reservoir et contenant environ 90 a 100 g d'un mélange d'aliments plus ou moins pateux. L'in- testin grèle qui lui fait suite mesure environ 3 m de longueur pour un diamètre de 0,8 a 1 cm. Le contenu y est liquide, surtout dans la première partie. En outre, il est normal de trouver des portions d'une dizaine de centimetres, vides de tout contenu. L'intestin grèle débouche a la base du ccum. Ce second reservoir mesure de 40 a 45 cm de longueur pour un diamètre moyen de 3 a 4 cm. Il contient de 100 à 120 g d'une pate homogène ayant une teneur en matière sèche (MS) de 22 pour cent environ. A son extrémité, l'appendice ccal (de 10 a 12 cm) a un diamètre nettement plus faible. Sa paroi est constituée de tissus lymphoïdes. Tres près de l'abouchement de l'intestin grèle, c'est-a-dire de «l'entrée» du ccum, se trouve le depart du côlon, autrement dit la «sortie». De ce fait, le ccum apparat comme une impasse branchée en diverticule sur l'axe intestin grèle-côlon (figure 2). Les etu- des de physiologie montrent que cette impasse- reservoir est un lieu de passage oblige; le con- tenu circule de la base vers la pointe en passant au centre du cxcum, puis revient vers la base, le long de la paroi. Après le caecum, on trouve un côlon d'environ 1,5 m; il est plissé, bosselé sur a peu près 50 cm (côlon proximal) et lisse dans sa partie terminale (côlon distal). Ces différents organes sont schematises sur la figure 2, qui contient également quelques données sur l'importance et les caractéristiques du contenu. Relativement plus développé chez le jeune Chaptre 2 Nutrition et alimentation que chez l'adulte, le tube digestif a pratique- ment atteint sa taille definitive chez un lapin des 2,5 a 2,7 kg, alors que l'animal ne pese encore que de 60 a 70 pour cent au maximum de son poids adulte. Deux glandes importantes déversent leurs secretions dans l'intestin grèle: le foie et le pancreas. La bile, provenant du foie, contient des sels biliaires et de nombreuses substances organiques mais aucune enzyme: c'est une secretion qui aide a la digestion sans agir elle- mème. A l'inverse, le suc pancréatique contient une quantité importante d'enzymes digestives permettant la degradation des protéines (trypsine, chymotrypsine), de l'amidon (amylase) et des graisses (lipase). Tres globalement, il convient de retenir la longueur de l'intestin grèle (de 3 à 3,5 m), avec son faible contenu relatif, et l'importance des reservoirs que sont l'estomac et le ccum; de 70 a 80 pour cent du contenu sec total du tube digestif sont en effet concentrés dans ces deux segments. Enfin, la teneur en eau du contenu peut varier très sensiblement d'un segment l'autre, par suite des secretions de l'organisme ainsi que des absorptions d'eau. Transit digestif et ccecotrophie Les particules alimentaires consommées par le lapin arrivent rapidement dans l'estomac. Elles y trouvent un milieu très acide, y séjournent quelques heures (de trois a six environ), mais y subissent peu de transformations chimiques. En fait, il y a une forte acidification entrainant la solubilisation de nombreuses substances, ainsi qu'un début d'hydrolyse des protéines sous l'action de la pepsine. Le contenu de l'estomac est progressivement injecté dans l'intestin gréle par petites salves, grace aux puissantes con- tractions stomacales. Dès l'entrée dans l'intes-

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Page 1: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 21

BASES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES

Quelques notions d'anatomieChez un lapin adulte (de 4 a 4,5 kg) ou subadulte(de 2,5 à 3 kg), le tube digestif a une longueurtotale d'environ 4,5 a 5 m. Après un cesophagecourt, on trouve un estomac simple formantreservoir et contenant environ 90 a 100 g d'unmélange d'aliments plus ou moins pateux. L'in-testin grèle qui lui fait suite mesure environ 3 mde longueur pour un diamètre de 0,8 a 1 cm. Lecontenu y est liquide, surtout dans la premièrepartie. En outre, il est normal de trouver desportions d'une dizaine de centimetres, vides detout contenu. L'intestin grèle débouche a labase du ccum. Ce second reservoir mesure de40 a 45 cm de longueur pour un diamètre moyende 3 a 4 cm. Il contient de 100 à 120 g d'une patehomogène ayant une teneur en matière sèche(MS) de 22 pour cent environ. A son extrémité,l'appendice ccal (de 10 a 12 cm) a un diamètrenettement plus faible. Sa paroi est constituée detissus lymphoïdes. Tres près de l'abouchementde l'intestin grèle, c'est-a-dire de «l'entrée» duccum, se trouve le depart du côlon, autrementdit la «sortie». De ce fait, le ccum apparatcomme une impasse branchée en diverticulesur l'axe intestin grèle-côlon (figure 2). Les etu-des de physiologie montrent que cette impasse-reservoir est un lieu de passage oblige; le con-tenu circule de la base vers la pointe en passantau centre du cxcum, puis revient vers la base,le long de la paroi. Après le caecum, on trouveun côlon d'environ 1,5 m; il est plissé, bosselésur a peu près 50 cm (côlon proximal) et lissedans sa partie terminale (côlon distal).

Ces différents organes sont schematises surla figure 2, qui contient également quelquesdonnées sur l'importance et les caractéristiquesdu contenu.

Relativement plus développé chez le jeune

Chaptre 2

Nutrition et alimentation

que chez l'adulte, le tube digestif a pratique-ment atteint sa taille definitive chez un lapindes 2,5 a 2,7 kg, alors que l'animal ne peseencore que de 60 a 70 pour cent au maximumde son poids adulte.

Deux glandes importantes déversent leurssecretions dans l'intestin grèle: le foie et lepancreas. La bile, provenant du foie, contientdes sels biliaires et de nombreuses substancesorganiques mais aucune enzyme: c'est unesecretion qui aide a la digestion sans agir elle-mème. A l'inverse, le suc pancréatique contientune quantité importante d'enzymes digestivespermettant la degradation des protéines(trypsine, chymotrypsine), de l'amidon(amylase) et des graisses (lipase).

Tres globalement, il convient de retenir lalongueur de l'intestin grèle (de 3 à 3,5 m), avecson faible contenu relatif, et l'importance desreservoirs que sont l'estomac et le ccum; de 70a 80 pour cent du contenu sec total du tubedigestif sont en effet concentrés dans ces deuxsegments. Enfin, la teneur en eau du contenupeut varier très sensiblement d'un segmentl'autre, par suite des secretions de l'organismeainsi que des absorptions d'eau.

Transit digestif et ccecotrophieLes particules alimentaires consommées par lelapin arrivent rapidement dans l'estomac. Ellesy trouvent un milieu très acide, y séjournentquelques heures (de trois a six environ), mais ysubissent peu de transformations chimiques.En fait, il y a une forte acidification entrainantla solubilisation de nombreuses substances, ainsiqu'un début d'hydrolyse des protéines sousl'action de la pepsine. Le contenu de l'estomacest progressivement injecté dans l'intestin grélepar petites salves, grace aux puissantes con-tractions stomacales. Dès l'entrée dans l'intes-

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tin grêle, le contenu est dilué par l'afflux debile, par les premières sécrétions intestinales etenfin par le suc pancréatique. Sous l'action desenzymes contenues dans ces deux sécrétions,les éléments aisément dégradables sont libérés;ils franchissent la paroi de l'intestin et sontrépartis par le sang en direction des cellules del'organisme. Les particules non dégradées, aprèsun séjour total d'environ 1 heure 30 dans l'in-testin grae, entrent dans le c.xcum. Elles vontobligatoirement y séjourner un certain temps(de 2 à 12 heures). Pendant cette période, ellessubissent une attaque par les enzymes des bac-téries vivant dans le ccum. Les élémentsdegradables par cette nouvelle forme d'attaquesont libérés (acides gras volatils principalement)et franchissent à leur tour la paroi du tube

FIGURE 2Schéma des différents eléments de l'appareil digestif du

CEsophage

APPENDICE CfECAL 7.Pods 10gLongueur 13 cmContenu 1 g

CfECUMPods. 25 gLongueur. 40 cmContenu. 100-120gContenu (% MS) 20%Contenu (pH) 6,0

Fusus

FOIE Py,loreBile.'

DuodénumAntrum

-

Pancréas diffus

2./.)

I.0'06,1

Valvule déo-cwcale-

lléon

ESTOMACPoids 20 gContenu 90-100 gContenu (% MS) 17 %Contenu (pH) 1,5-2,0

Jéjunum

INTESTIN GRELEPods 60 gLongueur. 330 cmContenu. 20-40 gContenu (% MS) 7%Contenu (pH).7,2

1_________

CÒLON PROXIMALLongueur, 50 cmContenu (% MS). 20-25 %Contenu (pH). 6,5

C6LON DISTALLongueur 90 cmContenu (% MS) 20-40 %

Rectum Anus

' Valeurs numériques observées chez des sujets Néo-Zélandais ages de 12 semameset recevant un aliment gianulé complet équihbré

digestif, puis sont repris par le sang. Le contenudu ccum est alors évacué vers le côlon. Il estconstitué approximativement, pour moitié, pardes particules alimentaires grosses et petitesn'ayant pas été dégradées antérieurement et,pour l'autre moitié, par le corps des bactériesqui se sont développées dans le ccum auxdépens des éléments arrivant de l'intestin grêle.

Jusqu'à ce stade, le fonctionnement du tubedigestif du lapin n'est pas réellement différentde celui des autres monogastriques. Par contre,Foriginalité est située dans le fonctionnementdualiste du côlon proximal. En effet, si le con-tenu ccal s'engage dans le côlon au cours dudébut de la matinée, il y subit peu de transfor-mations biochimiques. La paroi colique sécrèteun mucus qui enrobe progressivement les bou-

22 Nutrition et alimentation

Page 3: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 23

les de contenu que les contractions de laparoi ont permis de former. Ces boules setrouvent réunies en grappes allongées. Onles nomme crottes molles ou, plus savam-ment, «caecotrophes». Si, par contre, le con-tenu cxcal s'engage dans le côlon a un autremoment dans la journée, son sort est diffe-rent. En effet, on observe alors dans le côlondes successions de contractions de sens al-terné, les unes tendant à évacuer normale-ment le contenu, les autres, à l'inverse, a lerefouler vers le cxcum. En raison des diffe-rences de puissance et de vitesse de déplace-ment de ces contractions, le contenu est enquelque sorte essoré comme une éponge quel'on presse. La fraction liquide, contenant lesproduits solubles et les petites particules(moins de 0,1 mm), est en grande partie re-foulée vers le ccum, tandis que la fractionsolide, renfermant surtout les grosses parti-cules (plus de 0,3 mm), forme les crottes duresqui seront evacuees dans les litières. En ef-fet, grâce à ce fonctionnement dualiste, lecôlon fabrique deux types de crottes: descrottes dures et des caecotrophes. Leur com-position chimique est fournie au tableau 14.Si les crottes dures sont evacuees dans leslitières, à l'inverse, les ccotrophes sont ré-cupérés par l'animal dès leur emission àl'anus. A cet effet, lors de l'émission, le lapinse retourne, aspire les crottes molles desqu'elles sortent de l'anus, puis les avale sansles macher. De ce fait, le lapin peut, sansaucun inconvenient, pratiquer la recu-peration des ccotrophes même s'il est surun sol grillage. En fin de matinée, on lesretrouve en grand nombre dans l'estomacils peuvent représenter jusqu'aux trois quartsdu contenu. A partir de ce moment, le con-tenu des ccotrophes suit une digestion iden-tique à celle des aliments normaux. Comptetenu des fractions éventuellement recyclées,une, deux, voire trois ou quatre fois, et de lanature des aliments, le transit digestif dulapin dure dc 18 à 30 hcures cnviron (20heures en moyenne).

Il convient de rappeler que le contenu des

cxcotrophes est constitué pour moitié envi-ron par des résidus alimentaires non totale-ment degrades et des restes des secretionsdu tube digestif, et pour moitié par des corpsbactériens. Ces derniers représentent un ap-port appreciable de protéines de bonne va-leur biologique et de vitamines hydro-solubles. La pratique de la ccotrophieprésente donc à priori un intérêt nutritionnelnon négligeable. Toutefois, le mode deregulation et les quantités emises en limitentl'impact quantitatif. En effet, la compositiondes ccotrophes est relativement indépen-dante de la nature de l'aliment ingéré(constance des corps bactériens); de plus, laquantité de ccotrophes érnis chaque journe semble guère influencée par la composi-tion de cet aliment. En particulier, la quan-tité de matière sèche recyclée chaque jourvia la cxcotrophie est indépendante de lateneur en cellulose de l'aliment (tableau 15).De ce fait, le transit digestif est d'autant plusrapide que la teneur en cellulose brute del'aliment est élevée et/ou que les particulessont grossières.

Par contre, ce mode de fonctionnementparticulier nécessite un apport de lest sousforme grossière. En effet, si l'aliment con-tient peu de particules grossières et/ou sicelles-ci sont hautement digestibles, le re-foulement vers le caecum fonctionne a sonmaximum et le contenu caecal s'appauvrit enelements capables de nourrir les bactériesnormales vivant dans le ccum. De ce fait, ilapparait un risque élevé de voir se develop-per des bactéries différentes dans ce milieuappauvri, une partie d'entre elles risquantd'être nocives. Il convient donc d'apporter,par voie alimentaire, un lest minimal quipermette aux animaux d'assurer un transitdigestif assez rapide. Classiquement, le lestalimentaire est appréhendé par la teneur encellulose brute de l'aliment, puisque cettedernière est normalement digérée avec unefaible efficacité. Toutefois, certaines sourcesde cellulose (pulpes de betteraves, pulpes defruits en general) sont hautement digestibles

Page 4: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

24 Nutrition et alimentation

' Aliments concentrés complets, fourrages verts et secs.Source: D'après Proto, 1980.

TABLEAU 15

Ingestion et excrétion de matière sèche chez des lapins en croissanceconsommant des aliments iso-azotés, ei un taux variable de paille

apportée en remplacement d'amidon de nnaTs

iMoyerme ± 1 &art type de la moyenne.Source: D'après Dehalle, 1979.

TABLEAU 14

Composition des crottes dures et des ccecotrophes:moyennes et valeurs extrèmes pour 10 aliments différentsi

(coefficient d'utilisation digestive de la cel-lulose brute de 60 à 80 pour cent) en raisonde leur faible degré de lignification. C'estpourquoi des recommandations sont parfoisproposées en cellulose brute indigestible. Atitre indicatif, quelques valeurs de composi-tion chimique sont données au tableau 16

Aliments expérimentaux

pour des matières premières classiques enEurope.

La regulation de la cxcotrophie est dépendantede l'intégrité de la flore digestive et soumise aurythme d'ingestion. En cffet, l'ingestion des caco-trophes est observée dans un délai de 8 à 12heures, soit après le repas chez les lapins ra-

Crottes dures Ccotrophes

2 Extremes 2 Extremes

( Pourcentage)

Humidité 41,7 34-52 72,9 63-82

Matière sèche 58,3 48-66 27,1 18-37

(Pourcentage de la matière sèche)

Protéines 13,1 9-25 29,5 21-37

Cellulose brute 37,8 22-54 22,0 14-33

Lipides 2,6 1,3-5,3 2,4 1,0-4,6

Minéraux 8,9 3,1-14,4 10,8 6,4-10,8

Extractif non azoté 37,7 28-49 35,1 29-43

Pauvres en cellulose Riches en cellulose

Taux de paille dans l'aliment (%) 5 20

Taux de cellulose brute de l'aliment (%) 10,8 16,8

Matière sèche consommée par jour (g) 60 ± 28' 67 ± 28

Matière sèche excrétée par jourCrottes dures (g) 20 ± 5 33±8Ccecotrophes (g) 10 ± 4 10 ± 5

Page 5: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 25

TABLEAU 16

Composition chimique de différentes matières premièresutilisables pour l'alimentation du lapin

(Suite à la page 26)

MS MG CB CBI MAT Lys AAS Mx Ca P ED

Avoine 86 5,3 10,2 9,8 10,0 0,40 0,50 2,70 0,08 0,34 2 800

Blé 86 1,9 2,3 1,0 11,3 0,32 0,47 1,65 0,06 0,33 3 100

Mafs 86 4,2 2,2 0,6 9,0 0,25 0,39 1,35 0,01 0,27 3 200

Orge 86 2,0 4,0 3,8 10,0 0,37 0,42 2,30 0,05 0,35 3 000

Sorgho 86 3,0 2,5 1,0 10,0 0,23 0,33 1,45 0,03 0,30 3 150

Riz paddy 87 2,1 8,6 6,5 8,0 0,28 0,35 4,53 0,05 0,26 2 850

Son fin de blé 87 4,0 9,6 6,8 15,0 0,56 0,50 5,60 0,13 1,20 2 300

Farine basse de blé 88 2,7 1,4 0,1 14,9 0,50 0,46 2,00 0,07 0,45 3 200

Drèches de brasserie 91 7,6 15,3 3,5 25,2 0,70 0,61 4,07 0,28 0,50 2 800

Son de mdis 89 6,3 9,0 3,8 10,1 0,27 0,36 2,69 0,03 0,23 2 750

Tourteau de soja 44 88 1,8 7,4 6,8 42,5 2,70 1,27 6,00 0,30 0,62 3 260

Tourteau de soja 48 88 2,0 5,6 4,8 45,8 2,91 1,37 6,30 0,30 0,69 3 310

Tourteau de tournesol 90 1,8 26,5 18,6 29,5 1,07 1,26 6,22 0,35 0,90 2 770

Tourteau de colza 89 1,8 11,7 7,4 35,2 1,93 1,73 7,00 0,75 1,10 2 800

Tourteau de coton 91 1,4 13,0 9,0 41,0 1,72 0,59 6,46 0,20 1,00 2 790

Féverole 87 1,3 7,5 5,0 26,4 1,66 0,53 3,38 0,11 0,61 2 800

Pois fourrager 86 1,6 5,5 4,0 22,0 1,60 0,59 3,40 0,08 0,45 2 800

Graine de soja extrudée 89 18,0 6,0 4,2 37,0 2,35 1,15 4,45 0,25 0,57 4 400

Farine d'herbe 91 3,7 21,0 14,3 17,1 0,75 0,44 12,7 0,70 0,42 1 730

Luzerne déshydratée A 90 3,0 27,0 22,0 15,5 0,68 0,42 9,00 1,40 0,25 1 800

Luzerne déshydratée B 90 2,9 25,0 20,5 16,6 0,73 0,45 9,45 1,50 0,25 1 850

Coques de soja 92 2,0 34,0 32,0 12,7 0,70 0,35 5,69 0,40 0,17 1 800

Coques de cacao 90 4,5 18,6 14,0 16,5 0,90 0,38 7,62 0,30 0,35 2 190

Paille de blé 88 1,3 42,0 39,0 4,0 0,20 0,12 8,30 0,47 0,09 700

Pulpes de betteraves 90 1,0 18,0 5,0 8,8 0,54 0,13 5,42 0,90 0,11 2 700

Pulpes d'agrumes 90 3,0 12,0 5,1 6,0 0,25 0,06 5,45 2,10 0,12 3 000

Gluten feed 90 3,0 8,3 4,6 21,0 0,69 0,97 7,10 0,28 0,70 2 770

Manioc 85 0,17 4,6 2,0 2,6 0,09 0,06 5,22 0,30 0,19 2 850

Caroube 86 2,4 7,8 7,0 5,0 0,18 0,16 3,43 0,65 0,10 2 390

Ivlélasse de betteraves 77 0,3 0,0 0,0 7,7 0,04 0,10 8,93 0,25 0,02 2 600

Graisse animale 99,5 99,5 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 8 000

Page 6: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

26 Nutrition et alimentation

Note: Matière sèche (MS), matières grasses (MG), cellulose brute (CB), cellulose brute indigestible (CBI), matières azotées totales(MAT), lysine (Lys), acides aminés soufrés (AAS), minéraux totaux (Mx), calcium (Ca) et phosphore (P) en pourcentage del'aliment tel quel. Energie digestible lapin (ED) en kilocalories par kilogramme d'aliment tel quel.Sources: D'après l'INRA, 1989, et Maertens et al., 1990.

tionnés, soit après le pic d'ingestion chez lesanimaux nourris a volonté. Chez ces derniers,le rythme d'ingestion, et par voie de cons&quence celui de la cxcotrophie, est le résultatdu rythme lumineux auquel ils sont soumis.

Il faut signaler par ailleurs que la caecotrophieest également sous la dépendance derégulations internes encore mal connues. Enparticulier, l'ablation des glandes surrénalesentraine un arrèt de la pratique de la caeco-trophie, et des injections de cortisone a cesanimaux surrénalectomisés permettent de res-tituer un comportement normal. Ainsi, le tran-sit digestif du lapin semble sous la dépen-dance étroite des sécrétions d'adrénaline. Unehypersécrétion associée a un stress entraine unralentissement de la motricité digestive et unrisque élevé de troubles digestifs.

Enfin, le comportement de cxcotrophieapparaît chez le jeune lapin (domestique ousauvage) aux environs de trois semaines d'âge,au moment où les animaux commencent a con-sommer des aliments solides en plus du laitmaternel.

COMPORTEMENT ALIMENTAIRE

Les études de comportement alimentaire ontprincipalement porté sur des lapins recevantdes aliments complets équilibrés ou, lors desétudes de préférence alimentaire, sur des ali-ments présentés secs, tels que grains, pailles,fourrages secs.

Rythme d'ingestionChez le lapereau nouveau-né, le rythme destétées est imposé par la mère. Celle-ci vient

allaiter ses petits une seule fois par 24 heures.La tétée proprement dite ne dure que 2 ou 3minutes. Parfois, quelques lapines donnenttéter deux fois par 24 heures. Eventuellement,lorsque la quantité de lait est insuffisante, deslapereaux essaient de téter leur mère chaquefois que celle-ci entre dans la boite à nid, maiscette dernière retient son lait. Ce comporte-ment est le signe d'une production laitière in-suffisante chez la mère.

Dès la troisième semaine de vie, les lape-reaux commencent a se mouvoir; ils ingèrentquelques grammes de l'aliment maternel et unpeu d'eau de boisson si celle-ci est disponible.Dans les jours qui suivent, l'ingestion d'ali-ments solides et d'eau devient rapidementprédominante par rapport a celle du lait. Du-rant cette période, les modifications du com-portement alimentaire sont extraordinaires:le jeune lapereau passe d'une seule tétée parjour a une multitude de repas solides et liqui-des plus ou moins alternés et répartis irrégu-lièrement le long de la journée: de 25 a 30 repassolides ou liquides par 24 heures.

Dans le tableau 17 figure un exemple del'évolution du comportement alimentaire chezdes lapins Néo-Zélandais Blancs, entre 6 et 18semaines d'age. Le nombre de repas solides,stable jusqu'à 12 semaines, tend a décroitrelégèrement ensuite. La durée totale consacréeaux repas toutes les 24 heures est, a. 6 semai-nes, supérieure a 3 heures; elle décroit ensuiterapidement et tombe en dessous de 2 heures.Quel que soit l'age des animaux, un alimentqui aurait plus de 70 pour cent d'eau (four-rage vert, par exemple) apporterait largement

MS MG CB CBI MAT Lys AAS Mx Ca P ED

Huile de soja 99,5 99,5 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 8 500

Farine de viande A 92 7,5 0,0 0,0 59,0 3,46 1,39 22,7 7,05 3,35 3 180

Farine de viande B 95 14,5 0,0 0,0 58,2 3,40 1,34 19,3 6,55 3,10 3 680

Farine de poisson 91 8,3 0,0 0,0 67,8 5,00 2,50 15,0 3,90 2,55 4 160

Page 7: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 27

TABLEAU 17

Evolution du comportement alimentaire de neuf lapins males Néo-Zélandais Blancsentre 6 et 18 semaines, recevant à volonté de l'eau et un aliment granulé complet

équilibré, dans une salle maintenue el 20 -± 1 °C

toute l'eau nécessaire aux lapins sous une tem-pérature de 20 °C. La répartition des repas etprises de boisson n'est pas homogène au coursdes 24 heures, comme l'indique la figure 3. Lapart de l'alimentation quotidienne consomméechaque heure en période d'obscurité estnettement plus importante que la part corres-pondante ingérée en période d'éclairement, tantpour l'aliment solide que pour l'eau de boisson.Il convient de remarquer la forte consommationprécédant l'extinction de la lumière dans le locald'expérimentation. Au fur et a mesure que leslapins vieillissent, le caractère nocturne du com-portement alimentaire s'accentue. Le nombre derepas pris en période d'éclairement diminue, etle «repos alimentaire» matinal tend à s'allonger.Le comportement alimentaire des lapins de ga-renne est encore plus nocturne que celui dessujets domestiques.

Evolution des quantités ingérées enfonction de rage et du stade physiologique

de l'animalLes quanta& de nourriture et d'eau consom-mées dépendent de la nature des aliments pré-sentés aux lapins (voir la rubrique sur la

nutrition). Mais ces quantités dépendent égale-ment du type d'animal, de son age et de sonstade de production. Pour un aliment donné, enprenant pour référence la consommation spon-tan& d'un adulte (de 140 a 150 g par jour de MS,par exemple pour des Néo-Zélandais Blancs de4 kg), on constate qu'a 4 semaines la consomma-tion quotidienne d'un jeune lapereau en repré-sente le quart, alors que son poids vif ne repré-sente que 14 pour cent du poids vif adulte. A 8semaines, les proportions équivalentes sont de62 et 42 pour cent et à 16 semaines de 100 a 110pour cent et 87 pour cent.

Au cours du cycle de reproduction, la con-sommation spontanée d'une lapine varie beau-coup (voir figure 4). La baisse de consomma-tion en fin de gestation est marquée chez toutesles mères et peut arriver à Yank complet del'ingestion d'aliment solide chez certaines fe-melles la veille de la mise bas. Par contre,l'ingestion d'eau ne devient jamais nulle. Aprèsla mise bas, la consommation alimentaire crofttrès rapidement et peut atteindre quo-tidiennemcnt plus de 100 g de matière sèche parkilogramme de poids vif. L'ingestion d'eau estalors également importante: de 200 a 250 g par

Age (semaines)

6 12 18

Aliment solide (89% MS)Quantité totale (g/jour) 98 194 160Nombre de repas par jour 39 40 34Quantité moyenne par repas (g) 2,6 4,9 4,9

Eau de boissonQuantité totale (g/jour) 153 320 297Nombre de prises par jour 31 28,5 36Poids moyen d'une prise (g) 5,1 11,5 9,1

Rapport eau/aliment (matière sèche) 1,75 1,85 2,09

Teneur en eau calculée pour l'ensemblede la consommation quotidienne«aliment solide + boisson» (%) 65,3 66,4 68,8

Source: D'après Prud'hon, 1975.

Page 8: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

jour et par kilogramme de poids vif. Enfin,lorsqu'une lapine est simultanément gestanteet allaitante, sa consommation alimentaire esttrès comparable à celle d'une lapine simple-ment allaitante, mais elle ne lui est pas sup&rieure.

Comportement alimentaireet environnement

Les dépenses énergétiques du lapin sontdépendantes de la température ambiante.L'ingestion d'aliments permettant de faire faceaux dépenses est donc elle-méme liée. à cettetempérature. Ainsi, différents travaux conduitsen laboratoire montrent qu'entre 5 et 30 °C laconsommation de lapins en croissance passepar excmple de 180 à 120 g par jour pourl'aliment granulé et de 330 à 390 g par jour pourl'eau (tableau 18). Une analyse plus précise du

FIGURE 3

Répartttion horaire de la CanS0111111ati011 quotidienne cl' eau et d'aliment complet granulé, au cours d'une période

de 24 lieures, chez un lapin iigé de 12 semaines

10

5

0- -0 Eau

Source D'après Prud'hon, 1975

411----41 Aliment

Nuit

o'o r-fLo

I I I L 4 1 1

7 9 11 13 15 17 19 21 23 1 3 5 7 9

Temps (heures)

comportement indique que, lorsque la temp&rature s'accroit, le nombre de repas (solides etliquides) par 24 heures décroît. Il passe de 37repas solides à 10 °C à 27 seulement à 30 °Cchez des jeunes lapines Néo-Zélandaises. Parcontre, si la quantité d'aliments consommée àchaque repas est réduite par les fortes tempéra-tures (5,7 g par repas à 10 et 20 °C contre 4,4 gà 30 °C), à l'inverse, la quantité d'eau consom-mée à chaque prise s'accroit avec la tempéra-ture (de 11,4 à 16,2 g par prise entre 10 e30 °C).

Une étude récente de Finzi, Valentini et FillipiBalestra (1992) montre que, lorsque latempérature s'élève (tests à 20 °C , à 26 °C et à32 °C), le rapport eau/aliment ingéré est sensi-blement accru, ce qui était con_nu, mais les dif-férents ratios concernant l'ingestioli et l'excrétionsont aussi modifiés (tableau 19). Les auteurs pro-posent méme d'utiliser ces ratios (les plus faciles à

28 Nutrition et alimentation

Page 9: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

mesurer localement) pour identifier l'edstence d'unstress thermique chez le lapin.

Si, dans l'environnement du lapin, l'eau deboisson vient à manquer totalement et que seulsdes aliments secs (moins de 14 pour cent d'ea u)sont à sa disposition, la consommation de ma-tière sèche s'annule en 24 heures. Dans les condi-

FIGURE 4Evolution de la consommation d'aliment concentre; équilibré (89% de MS) par une lapme au COW'S d'une

gestation et d'une lactation

tions d'un manque total d'eau et en fonction desconditions ambiantes (temperatures, hygro-métrie), un lapin adulte peut survivre de quatreà huit jours sans alteration irreversible des fonc-tions vitales; mais son poids peut être réduit de20 à 30 pour cent en moins d'une semaine. Si, parcontre, des lapins ont de l'eau de boisson (pro-

TABLEAU 18

Quantités d'alinnents et d'eau consommées par des lapinsen croissance, en fonction de la température ambiante

Temperature ambiante 5 °C 1800 30°C

Humidité relative (%) 80 70 60

Aliment granule consommé' (g/jour) 182 158 123

Eau consommée (g/jour) 328 271 386

Rapport eau/aliment 1,80 1,71 3,14

Gain de poids moyen (g/jour) 35,1 37,4 25,4

Source: D'après Eberhart, 1980.

500

400

Mise Ices Sevrage à 30 jours__1

o 1 Sevrage

0-)1

Nià42 jours

1 iE 300 1

11% I

1.12 1 iCD

200 \ \*C"a>

E

Ms O.

GESTATION LACTATIONst. ...

100

Le lapin 29

10 20 30 10 20 30 40

Sainte Mise bas Jours

Source D'après Lebas, 1975.

Page 10: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

30 Nutrition et alimentation

TABLEAU 19

Incidence de la température ambiante sur les différents ratiosrelatifs el l'ingestion et ei l'excrétion chez des lapins adultes

pre) à leur disposition, mais aucun aliment so-lide, ils peuvent survivre de trois à quatre semai-nes. Par rapport a la normale, l'ingestion d'eauest alors augmentée de quatre à six fois en quel-ques jours. La distribution de chlorure de so-dium dans l'eau (0,45 pour cent) réduit cettesurconsommation, mais le chlorure de potassiumest inefficace (perte de sodium par voie urinaire).Le lapin s'avere donc très resistant à la faim etrelativement resistant à la soif; mais il convientde retenir que toute limitation de la quantitéd'eau nécessaire, par rapport aux besoins, en-traine une reduction au moins proportionnellede la matière sèche ingérée et, en consequence,une alteration des performances.

Si une eau saumatre est distribuée aux lapins,leurs performances de croissance sontsignificativement réduites lorsque la teneur ensodium de l'eau de boisson dépasse 1 pour cent.

Un travail realise en Egypte par Ayyat et al.(1991) montre une reduction de la vitesse decroissance de 12 à 16 pour cent lorsque la te-neur en sodium dépasse 1,5 pour cent (tableau20). La consommation d'aliment solide (gra-nule) n'est pas altérée par la salinité de l'eau;par contre, la consommation d'eau s'accroitlégèrement avec la salinité: de 14 à 16 pourcent dans l'essai d'Ayyat et al. En complement,il convient de retenir que, même avec une te-neur en sodium de 2,4 g (6 g de sel Rashidajoute), aucun cas de mortalité n'est mentionnédans cet essai qui a duré huit semaines, et les

lapins avaient encore une croissance de 23 gpar jour (77 pour cent de celle du témoin).

Les préférences alimentaires du lapinLorsque le lapin se trouve face à plusieursaliments, il choisit en fonction de critères par-fois difficilement prévisibles. Ainsi, quand ondistribue en libre choix de la luzerne déshy-drat& et du maïs-grain sec, l'équilibre se placeà 65 pour cent de luzerne et 35 pour cent demaïs. Il serait par exemple 60/40 avec de laluzerne et de l'avoine. Mais, si les grains demais sont relativement humides (plus de 14 ou15 pour cent d'humidité, ce qui peut poser desproblèmes de conservation), la proportion demaYs monte à 45-50 pour cent d'humidité. Lors-qu'on présente aux lapins des aliments conte-nant des luzernes déshydratées ayant des tauxvariables de saponine, donc plus ou moinsamères, leur choix se fixe sur les aliments quiont un degré d'amertume relativement élevé.Ces mêmes aliments ont par exemple été dé-laissés par des rats ou des porcs lors des essaisrealises par Cheeke, Kinzell et Pedersen (1977)aux Etats-Unis.

L'alimentation des lapins avec des fourra-ges + un aliment concentré complémentairepose egalement quelques problèmes quandl'appétibilité des fourrages n'est pas bonne.Comme l'indiquent les résultats expérimen-taux figurant au tableau 21, les lapins dispo-sant à volonte d'un aliment concentré en éner-

Ratios

20°C 26°C 32°C

Moyeruie A Moyenne B B/A (%) Moyenne C C/A (%)

Eau/aliment 1,7 3,5 206 8,3 489

Urine/aliment 1,0 1,6 167 4,0 413

Eau/feces 1,9 5,5 287 11,2 583

Urine/feces 1,1 2,5 234 5,3 493

Sottrce: Finzi et al., 1992.

Page 11: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 31

'De 5 mm de diamètre.Sottrce: D'après Reyne et Salcedo-Miliani, 1981.

TABLEAU 20

Incidence de la salinité de reau de boissonsur les performances de lapins en croissance

TABLEAU 21

Ingestion d'aliments et croissance de lapins Néo-Zélandais entre cinq et neufsemaines d'age, recevant à volonté un aliment riche ou pauvre en lest

cellulosique, et éventuellement en plus de la paille de blé granuléei

gie et de lest (de la paille dans l'essai) ne sa-vent pas ajuster correctement leur consomma-tion et obtenir la croissance maximale. Lors-qu'un éleveur se trouve face à cette situation,il lui faut limiter la quantité d'aliment concen-tré distribué quotidiennement ou, plus genera-

lement, celle de l'aliment le plus appétible. Eneffet, cela peut etre parfois le cas de certainsfourrages verts de faible valeur nutritive.

Par contre, la situation est différente si lelapin se trouve face à deux aliments concentrésen énergie, comme Gidenne (1986) l'a teste avec

Sel ajouté à l'eau(g/litre) 0 1,5 3,0 4,5

Teneurs de l'eau(DPrn)

Ca 11 99 187 275Mg 11 21 31 41

8 143 278 413Na 399 901 1 403 1 905Cl 107 753 1 399 2 045Bicarbonates 320 395 470 545Minéraux totaux 906 2 409 3 912 5 415

Gain de poids vif 29,7 28,9 24,3 22,6(g/jour) ±1,4 ±0,9 ±1,0 ±1,1

Consommation d'aliment(g/jour) 125 139 126 124

Source: D'après Ayyat, Habeeb et Bassuny, 1991.

Aliment concentré Aliment concentrégranulé riche granulé pauvre

en lest en lest

Ingestion (g/jour)Aliment concentré granule (A) 94,7 88,3 63,4 63,3PaiIle de blé (P) 7,4 12,2Total A + P 94,7 95,7 63,4 75,5

Gain de poids vif (g/jour) 31,7 31,0 22,4 26,6

Mode de distribution Seul SeulPaiIle Paille

Composition de l'alimentTaux de paille (%) 20Teneur en protélnes (%) 16,1 15,6Teneur en cellulose brute (%) 11,7 4,1

Page 12: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

32 Nutrition et alimentation

un aliment granule complet et de la bananeverte, tous deux en libre choix. Dans ce cas, leslapins ayant le libre choix ont eu une croissanceéquivalente à celle du témoin et un ingéréd'énergie digestible identique. Toutefois, entrele sevrage (5 semaines) et la fin de l'essai (12semaines), la proportion de banane est passéede 40 pour cent à 28 pour cent de l'ingéré quo-tidien de matière sèche.

Il faut signaler enfin que des lapins en crois-sance, qui rewivent un aliment granule carencéen acides amines soufrés ou en lysine et dispo-sent, au choix pour boisson, d'eau pure ou d'unesolution de l'acide amine deficient, boivent lasolution d'acide amine de preference à l'eaupure. Ils réussissent ainsi à avoir une croissanceaussi bonne que celle des lapins temoins rece-vant un aliment équilibre.

LES BESOINS NUTRITIONNELS

Mode de calcul des besoinsDepuis une vingtaine d'années, différentstravaux expérimentaux conduits dans le monde,et en particulier en France, ont permis de définirdes recommandations fiables pour fabriquerdes aliments répondant aux besoins deproduction (lait, viande) des lapins dans lesconditions tempérées européennes.

La technique experimentale consistefabriquer des aliments de composition variéemais parfaitement connue, à les donner à con-sommer aux lapins et à mesurer ensuite la pro-duction (gain de poids, nombre et poids deslapereaux, etc.). On définit alors, parmi lesaliments, celui qui est le meilleur, et sacomposition est retenue; ainsi, les nutritionnis-tes ont pu définir des recommandations pourplusieurs categories d'animaux. Le plussouvent, pour les élevages intensifs europeens,on distingue les aliments destines aux lapinesreproductrices (femelles gestantes-allaitantes ouseulement allaitantes), aux lapereaux autourdu sevrage (aliments de post-sevrage ou deperi-sevrage, ce dernier étant aussi consommépar la mere), et aux lapins à l'engraissement.Dans la gamme des aliments fournis par lesfabricants d'aliments pour Mail figure aussi

un aliment «mixte» capable de couvrir de ma-nière acceptable les besoins de toutes les cate-gories de lapins, dans la mesure on l'éleveur necherche pas à obtenir de son cheptel la produc-tivité maximale.

Ces normes ont été établies en fonction desconditions ambiantes courantes en Europeet des codts relatifs des nutriments observesdans ces pays. Elles servent de reference, mais,dans certaines circonstances locales, des alimen-tations s'éloignant un peu de ces normes peu-vent conduire à des résultats économiques beau-coup plus satisfaisants. Les limites extremesqu'il convient de ne pas depasser sont fournies

la fin de ce chapitre.

Les besoins alimentairesCe sont les femelles allaitantes qui doiventrecevoir l'aliment le plus riche, le plus concentré.En effet, elles produisent chaque jour de 100 à300 g d'un lait trois fois plus riche que celuid'une vache et ne disposent que de peu dereserves comparativement à la demande. Puis,viennent les jeunes en croissance (ceux-ci ontd'ailleurs bénéficié d'un nombre beaucoup plusgrand de travaux de recherche que toutes lesautres categories). Suivent les femellessimplement gestantes, dont l'alimentation peutétre un peu moins riche que celle des jeunes encroissance. Viennent enfin les males qui n'ontpas besoin d'un aliment riche.

La composition chimique détaillée del'aliment théoriquement ideal pour chaquecatégorie de lapins figure au tableau 22. On ytrouve quatre grandes categories de normes.D'abord celles qui concernent les proteines etleur composition (repartition des acides amines);elles doivent fournir les elements de construc-tion ou de reconstruction de l'organisme deslapins. La cellulose, par sa fraction indigestible,doit assurer un encombrement minimal du tubedigestif, encombrement nécessaire au bon fonc-tionnement de ce dernier. L'apport de lest cor-respondant peut également etre estimé par lateneur en ADF (Acid Delergertt Fiber selon VanSoest) ou mieux en ADF indigestible. L'énergieest indispensable à la thermorégulation des

Page 13: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 33

TABLEAU 22

Composition chimique souhaitable pour les aliments destinésaux lapins de différentes catégories élevés en système intensif

animaux et aux dépenses de fonctionnementgénéral de l'organisme. Enfin, minéraux et vi-tamines sont des éléments constitutifs, soit decertaines parties de l'animal (squelette), soitdes enzymes qui permettent, moyennant une

certaine dépense d'énergie, de construire et derenouveler sans cesse les protéines de l'orga-nisme. Dans le tableau 22, figure également unecolonne correspondant à la composition chimi-que que devrait avoir un aliment mixte utilisable

Composants (par rapportl'aliment tel quel,

suppose contenir 89%de matière sèche)

Jeunes encroissance

(4-12semaines)

Lapineallaitante

AlimentPéri-

sevrage

Aliment«mixte»

(maternité +engrais)

Protéines brutes (%) 16 18 15 17

Protéines digestibles (%) 11,5 13,3 10,8 12,4

Acides aminésAcides aminés soufrés (%) 0,60 0,60 0,55 0,60Lysine (%) 0,70 0,90 0,65 0,70Arginine (%) 0,90 0,80 0,80 0,90Thréonine (%) 0,55 0,70 0,55 0,60Thyptophane (%) 0,13 0,20 0,12 0,13Histidine (%) 0,35 0,43 0,35 0,40Isoleucine (%) 0,60 0,70 0,67 0,65Phénylalanine + tyrosine (%) 1,20 1,40 1,10 1,25Valine (%) 0,70 0,85 0,68 0,80Leucine (%) 1,05 1,25 1,00 1,20

Energie et lestEnergie digestible (kcal/kg) 2 500 2 650 2 400 2 550Energie métabolisable (kcal/kg) 2 380 2 520 2 280 2 420Lipides (%) 3-5 4-5 3 3-4Cellulose brute(%) 14 12 16 14Cellulose brute indigestible (%) 12 10 14 12ADF (%) 18 14 20 18Rapport proteines digestibles/énergie digestible (g/7000 kcal) 45 51 46 48

MinérauxCalcium (%) 0,40 1,20 1,00 1,10Phosphore (%) 0,30 0,50 0,50 0,60Potassium (%) 0,60 0,90 0,60 0,90Sodium (%) 0,30 0,30 0,30 0,30Chlore (%) 0,30 0,30 0,30 0,30Magnesium (%) 0,25 0,25 0,25 0,25

VitaminesVitamine A (Ul/kg) 6 000 10 000 10 000 10 000Vitamine D (Ul/kg) 1 000 1 000 1 000 1 000Vitamine E (ppm) 50 50 50 50Vitamine K (ppm) 0 2 2 2Vitamine C (ppm) 0 0 0 0Vitamine B1 (ppm) 2 2 2Vitamine B2 (ppm) 6 6 4Vitamine B6 (ppm) 2 2 2Vitamine B12 (ppm) 0,01 0 0,01 0,01

Acide folique (ppm) 5 5 5Acide pantothénique (ppm) 20 20 20Niacine (ppm) 50 50 50Biotine (ppm) 0,2 0,2 0,2

Source: D'après Lebas, 1989.

Page 14: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

34 Nutrition et alimentation

dans un élevage pour la totalité des animaux.La composition est un compromis entre les exi-gences des jeunes en croissance et des femellesallaitantes. Les autres categories peuvent eneffet se satisfaire d'un aliment plus riche sansinconvenient majeur. Il sera precise plus loindans quelles circonstances il est souhaitabled'employer l'aliment mixte ou des aliments plusspecialises. Avant cela, il est nécessaire d'ana-lyser plus en profondeur les différents besoinsalimentaires.

Besoins azotés. La sensibilité du lapin à la qua-lité des protéines de sa ration, longtemps con-troversée, est maintenant certaine. Ainsi, leschercheurs ont montre que le lapin en crois-sance doit trouver dans son alimentation unecertaine quantité de 10 des 21 acides aminesconstituant les proteines. Ceux-ci sont désignéssous le nom d'acides amines indispensables ouessentiels. Par analogie avec les autres espèces,on considère en plus deux autres acides aminesqui peuvent partiellement remplacer deux aci-des amines indispensables, ce qui conduit .4 laliste suivante: arginine, histidine, leucine,isoleucine, lysine, phénylalanine + tyrosine,méthionine + cystine, thréonine, tryptophane,valine.

Les besoins n'ont pratiquement été étudiésque pour l'arginine, la lysine et les acides aminessoufrés (méthionine et cystine). Exprimés enpourcentage de la ration, les besoins en lysineet en acides amines soufrés sont respective-ment de 0,6 et 0,7 pour cent pour des lapins encroissance. Pour les lapines en reproduction,l'apport de lysine doit étre sensiblement pluséleve, si la production laitière est intensive (de9 à 12 lapereaux allaités). Pour l'arginine, l'ap-port doit étre d'au moins 0,8 pour cent, voire unpeu plus pour les lapins en croissance. En cequi concerne la lysine et l'arginine, le seuil detoxicité de l'acide amine considéré est éloignedu niveau jugé optimal. Par contre, pour lesacides amines soufrés, il n'y a qu'une faiblemarge entre la couverture du besoin et le ni-veau entrairtant une alteration des performan-ces par exces. Pour les autres acides amines

indispensables, les apports conseillés ont sim-plement été estimes par calcul 'a partir de ra-tions ordinaires donnant satisfaction. Dans lamesure oti les protéines alimentaires apportentces acides amines indispensables, la ration peutne contenir que de 15 à 16 pour cent de protéi-nes brutes pour les lapins à l'engraissement.

Il convient de remarquer également qu'unaliment equilibré en acides amines indispensa-bles est toujours consommé en plus grandequantité que le méme aliment carencé.

L'équilibre en acides amines peut fort bienétre realise uniquement avec des protéines vé-gétales. C'est d'ailleurs le cas dans la quasi-totalité des aliments complets européens. Si lesproteines d'origine animale peuvent étre valo-risées par le lapin, elles ne lui sont absolumentpas nécessaires; seul comp te l'apport d'acidesamines, pas le substrat qui les fournit.

Chez la lapine reproductrice, le taux optimalde protéines brutes semble être d'environ 17 ou18 pour cent. Une augmentation de la teneuren proteines (21 pour cent) permet une aug-mentation de la production laitière, mais réduitlégèrement le nombre de lapereaux sevrés parunite de temps.

Enfin, les différentes tentatives faites pourremplacer une partie des proteines vraies parde l'azote non protéique (urée et selsd'ammonium) ont presque toutes échouées auplan économique, en raison d'une degradationet d'une absorption trop précoces de ces sour-ces d'azote avant toute valorisation par les mi-cro-organismes du ccum. Toutefois, une cer-taine valorisation existe lorsque la ration esttrès déficiente en azote (de 30 à 50 pour cent endessous des besoins) ou lorsque la sourced'azote non protéique a une vitesse moyennede degradation dans l'intestin (cas du biuret).En tout état de cause, il est actuellement vive-ment recommandé d'apporter aux lapins leurration azotée sous forme de protéines vraies,équilibrées en acides amines.

Apport énergitique et lest. L'énergie nécessaireaux syntheses organiques est en general four-nie par les glucides et un peu par les lipides. En

Page 15: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 35

cas d'exces de protéines, ces dernières partici-pent également a la fourniture d'énergie aprèsdésamination.

Le lapin en croissance, ainsi que la lapine re-productrice, ajuste sa consommation alimentaireen fonction de la concentration énergétique desaliments qui lui sont présentés, dans la mesureoti les proteines et autres elements de la rationsont bien équilibres. Chez le jeune en croissancede souche Néo-Zélandaise ou Californienne,l'ingestion quotidiem-ie se régule aux environsde 220 a 240 kcal d'énergie digestible (ED) parkilogramme de poids métabolique (P\P'"). Chezla lapine allaitante, elle est en moyenne de 300kcal ED/kg PV''75 et atteint plus de 360 kcalquand la production laitière est a_ son maxim.um(du 15e au 20° jour del.actation). En consequence,il est difficile de fixer un besoin strict en énergie,mais on a pu montrer que l'ingestion n'est cor-rectement régulée qu'entre 2 200 et 3 200 kcalED/kg d'aliment.

De ce fait, un aliment concentré en énergiedevra également are concentré pour taus lesautres elements nutritifs, de manière que lesapports quantitatifs soient satisfaits parl'ingestion d'une masse plus faible d'aliment.

La regulation de l'ingéré énergétique fonc-tionne bien en climat tempéré tant que la causede variation de la teneur en énergie est liée à lapresence de glucides plus ou mains digestibles(substitution amidon-cellulose, par exemple). Parcontre, si la temperature est forte (de 28 a32 °C) et/ou si les lipides apportent plus de 10pour cent de l'énergie digestible, la regulationpeut etre mise en défaut et les animaux risquentd'ingerer davantage de l'aliment le plus riche enlipides, en raison de l'absence d'extra-chale-ur deconsommation de ces dernières.

On sait que le lapin présente un besoin spéci-fique en acides gra.s essentiels (acide linoléique),mais une ration classique comprenant 3 ou 4pour cent de lipides couvre en general ce besoin.Une augmentation de l'apport de lipides n'auraitdone comme seul but qu'un accroissement de laconcentration értergetique de la ration, puisqueles lipides apportent environ deux fois plusd'énergie que les glucides pour le meme poids.

En fonction de la nature de la ration de base(niveau énergétique de depart, teneur et qualitédes protéines, etc.), un tel apport de graisses peutetre plus ou mains bien valorise sur le plannutritionnel. Chez les lapines reproductrices ouchez les lapins en croissance-finition, une partieimportante de l'énergie alimentaire peut être ap-port& sous forme d'amidon. Par contre, avant40 jours rage, le lapereau digère mal l'amidoncar son équipement digestif n'a pas encore at-teint sa maturité fonctionnelle. C'est pourquoi,pour les aliments de post-sevrage et surtout depéri-sevrage (utilises entre les ages de 20 et 40jours), il est conseillé de ne pas dépasser uneteneur maximale de 12 a 13 pour cent d'amidon,afin d'éviter les troubles digestifs.

Dans les rations européennes, la faibledigestibilité des constituants membranaires, pro-venant de matières premières comme la luzemeou la paille (CUD de 10 a 30 po ur cent), leurconfère un ròle secondaire dans la couverturedes besoins énergétiques par rapport A l'amidonpar exemple. Par contre, lorsque ces constituantsmembranaires proviennent de plantes peulignifiées (en general jeunes), la digestibilité estnettement meilleure (CUD de 30 a 60 pour cent),et leur part dans la fourniture de l'apport é.nergé-tique total peut atteindre 10 a 30 pour cent dansles situations les plus favorables.

Les constituants membranaires ont égalementune autre fonction à remplir: celle de lest. Leurteneur est en general evaluée a partir de la teneuren cellulose brute, bien que cette technique ana-lytique soit tres imparfaite. Pour que le lest ne-cessaire soit apporté en quantité suffisante, uneteneur de 13 ä 14 pour cent de cellulose brutesemble satisfaisante pour les jeunes en crois-sauce. Pour les femelles allaitantes, une teneurUR peu plus faible est acceptable (de 10 A 1.1 pourcent). Plus les constituants membranaires appor-tés sont digestibles, plus ilfaut accroitre l'apporttotal, de manière a avoir au mains 10 pour centde cellulose brute indigestible.

Besoins en minéraux et en vitantines. Les etu-des sur les besoins en calcium et en phosphoredes lapins en croissance ant permis de demon-

Page 16: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

36 Nutrition et alimentation

trer que les exigences de ces animaux sontnettement inférieures à celles des lapinesallaitantes. Ces dernières, en effet, exportentdes quantités importantes de mineraux dansleur lait: de 7 à 8 g par jour en pleine lactation,dont près du quart sous forme de calcium.

Par ailleurs, un déséquilibre entre les apportsde sodium, potassium et chlore peut entrainerdes nephrites et des accidents de reproduction.Ce risque est particulièrement élevé dans le casde végétaux cultivés avec une forte fumurepotassique.

Certains auteurs mentionnent une ame-lioration des performances de croissance avecun apport de sulfate de cuivre dépassant large-ment les besoins: 200 ppm (parties par million)de cuivre. Il s'agirait alors, comme chez le porc,d'un effet de type facteur de croissance. Toute-fois, l'intérét du sulfate de cuivre comme fac-teur de croissance n'est pas admis par tous,certains auteurs ayant méme constaté des effetsnégatifs (mortalité accrue) associés a dessupplementations de l'ordre de 150 à 200 ppm.

Le lapin a besoin aussi bien de vitamineshydrosolubles (groupe B et vitamine C) que devitamines liposolubles (A, D, E, K). Les micro-organismes de sa flore digestive synthétisentdes quantités importantes de vitamineshydrosolubles qui sont valorisées par le lapingrace à la cxcotrophie. Cet apport est suffisantpour couvrir les besoins d'entretien et pour uneproduction moyenne en ce qui concerne l'en-semble du groupe B et la vitamine C. Cepen-dant, les animaux à croissance tres rapide re-pondent favorablement à l'addition de 1 a2 ppm de vitamines B1 et B6, à celle de 6 ppm devitamine B2, à celle de 30 à 60 ppm d'acidenicotinique (vitamine PP). Par contre, aucuneaddition de vitamine C n'améliore (ni ne dété-riore jusqu'à 1 pour cent de la ration) les perfor-mances de croissance des lapins dans les condi-tions tempérées d'élevage.

Pour les vitamines liposolubles, les travauxde recherche ont porté plus sur les cas de ca-rence ou d'exces que sur la determination pre-cise des besoins. De ce fait, les recommanda-tions proposées incluent une marge de securité.

Mais des apports excessifs de vitamine A(100 000 UI par kilogramme d'aliment) ou devitamine D (3 000 UI par kilogramme d'ali-ment) peuvent entrainer des troubles graves,notamment chez les femelles reproductrices.est donc raisonnable de ne pas cherchersuralimenter les lapins en matière vitaminique.

Que se passe-t-il quandon s'éloigne des normes ?

Les aliments recommandés pour respecter lesnormes fixées au tableau 22 donnent satisfac-tion pour un élevage intensif; d'autres alimentsne les suivant que de manière approximativepermettent aussi de produire du lapin, mais lesperformances absolues seront moins élevées.Elles ne seront pas nécessairement antiécono-miques. A titre d'information, quelques valeurssont indiquées au tableau 23 pour les conse-quences d'une baisse de certains apports azo-tés. Pour les lapines allaitantes, le taux de pro-téines ne devrait pas descendre en dessous de12 à 13 pour cent. Jusqu'à ce seuil, on n'observepas de diminution sensible de la productiviténumérique, mais une reduction régulière de laproduction laitière entrainant une diminutionparallèle du poids des lapereaux au sevrage.

En fait, plus que le taux protéiqueil est souhaitable de considérer le rapport pro-téines /énergie, en relation avec l'apport de lestcellulosique.

Certains travaux ont montré qu'un mini-mum de fibres est nécessaire aux lapins pourleur assurer un fonctionnement digestif nor-mal: de 9 à 10 pour cent de cellulose bruteindigestible. Dans le cas contraire, la mortalitépar diarrhée s'accroit. Toutefois, cette morta-lité associée a un faible taux de lest n'est passystématique. Elle peut frapper les lots experi-mentaux de manière aléatoire.

Pour l'alimentation pratique des lapins encroissance, une teneur en cellulose brute de 13

14 pour cent apparait comme suffisante. En-tre 12 et 16 pour cent de cellulose brute, aucunerelatioli fiable ne peut être établie entre l'apportde constituants membranaires et la mortalitédes lapins à l'engraissement.

Page 17: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 37

TABLEAU 23

Diminution des performances lors de l'abaissement du taux de protéinesou de certains acides aminés essentiels en dessous des valeurs

recommandées, et teneurs minimales acceptables pour les aliments

Enfin, comme indiqué plus haut, un apportexcessif de fibres altère le plus souvent la te-neur en énergie digestible de l'aliment et la faitpasser en dessous du seuil de régulation del'ingestion.

Si, dans le mème temps, le rapport protéinesdigestibles/énergie digestible s'accroit, les lapinssont simultanément en carence énergétique et ensurplus de proteines. Cela favorise à l'excès laflore digestive protéolytique génératrice d'am-moniaque et conduit a. un accroissement des ac-cidents digestifs (figure 5, courbe A).

Si l'accroissement de l'apport de constituantsmembranaires au-dessus de 16 pour cent estassocié a une reduction de l'apport de protéi-nes digestibles, entrainant un maintien ou unereduction du rapport proteines digestibles/energie digestible, aucun effet néfaste n'estobserve sur la viabilité des lapinsl'engraissement (figure 5, courbe B). Seules lesperformances de croissance sont altérées parmanque d'énergie.

Lorsqu'un apport élevé en constituantsmembranaires place l'aliment exactement auseuil minimal de regulation énergétique (de2 250 a 2 300 kcal ED) et que l'apport pro-téique est excessif, le risque de blocage digestifpar constipation cxcale est très élevé chez lelapin en croissance. Une situation similaire peut

étre provoquée par un apport de lest mineralréduisant la concentration énergétique.

Pour les mineraux, si l'apport de calcium etde phosphore est insuffisant dans la ration, lesfemelles allaitantes puisent dans leurs reservescorporelles, principalement dans les os, mais lareserve totale est modeste face aux exporta-tions. On ne pourra donc pas exploiter ceslapines selon un rythme intensif de production.A titre indicatif, les seuils minimaux à atteindreou à ne pas dépasser sont fournis au tableau 24pour differents minéraux, ainsi que pour quel-ques vitamines et acides amines indispensa-bles. Il nous parait important de souligner que,pour certaines categories d'animaux, le tauxalimentaire optimal est proche du taux maxi-mal tolerable. C'est le cas pour la vitamine D oule phosphore chez la lapine reproductrice, oupour les acides amines soufrés chez le lapin encroissance. Un apport trop généreux peut con-duire a des performances réduites, contrairementa. ce qui est attendu par l'éleveur. Le risque estparticulièrement élevé si ce dernier emploiedes «supplements» ajoutés à l'aliment ou à l'eaude boisson. Enfin, il faut rappeler que danscertains cas, comme celui de la vitamine A, lessymptômes de toxicité sont très voisins de ceuxde la carence.

Lorsque les déficiences sont multiples, il est

Reduction du tauxdans la ration

Diminutiondu gain de poids

Augmentationde l'indice

de consommation

Valeurabsolue(g/jour)

(%)Valeurabsolue(g/jour)

(%)

Protéines (1 point) -3 -8,5 +0,1 +3

Méthionine (0,1 point) -2 -6 +0,1 +3

Lysine (0,1 point) -5 -14 +0,1 +3

Arginine (0,1 point) -1,5 -4,5 +0,1 +3

Teneurminimab leacceptable

(%)

12

0,40

0,40

0,50

Page 18: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

difficile de prévoir la réaction des animaux.convient alors d'expérimenter directement pourmesurer sur place les conséquences réelles del'alimentation proposée disponible. On pourras'inspirer des normes proposées au tableau 22pour utiliser les complémentarités qui permet-traient de mieux respecter les besoins des ani-maux.

Présentation et fabrication des alimentsDans les conditions européennes, les lapins sontalimentés avec des matières premières sèchespermettant, par leur complémentarité, de cons-tituer des aliments complets équilibrés. Unefois déterminées les proportions souhaitables,les quantités nécessaires de matières premièressont pesées et introduites dans une mélangeuse.Au préalable, pour obtenir un mélange homo-gène, les matières sont, dans leur majorité,

FIGURE 5

R6le de l'apport de fibres sur la sauté des lapins à l'engraissement

MORTALITE ENENGRAISSEMENT

Causesalimen-

tai res

Source Lebas, 1992

1\/itMORTALITE

\ IC= Vitesse

de croissance

PD. protéines digestiblesED énergie digestible

OPTIMUM

OUI

Pas de relation entrecellulose et risque sanitaire

1

f, MORTALITE

T IC= Vitesse

de croissance

A

Si le rapportPD/ED s'accroTten mérne temps quele taux de cellulose

B = MORTALITE

ft ICVitesse

\ de croissance

Si le rapport PD/EDse maintient ou décroTt

broyées et transformées en farine. S'il s'agissaitd'alimenter des poulets ou des porcs, on pour-rait arrêter à ce stade le travail et distribuer lemélange aux animaux. Malheureusement, lelapin supporte très mal les poussièresinévitablement présentes dans les farines. Ontourne la difficulté en agglomérant le mélangeen le faisant passer en force dans les filièresd'une presse à granuler. Pour les aliments cou-rants, le diamètre idéal est situé entre 3 et 4mm. Il ne devrait jamais dépasser 5 mm si l'onveut éviter le gaspillage (tableau 25); la Ion-gueur ne doit pas éstre supérieure à 8 ou 10 mm.En outre, lors de l'agglomération, le produits'échauffe par suite des frottements, ce quiaméliore d'environ 5 6. 7 pour cent sa valeurnutritive par rapport á celle du mélange defarines. En effet, avec certaines formules, il estpossible de nourrir des lapins avec un aliment

38 Nutrition et alimentation

12 Zone neutre 15 Pourcentagede cellulose brute

dans l'aliment

AutresNON

causesDANGER

NON

DANGER

Page 19: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 39

Minéraux (ppm)

Calcium

Phosphore

Sodium

Potassium

Chlore

Magnésium

Manganèse

lode

Fluor

Cuivre

Zinc

Vitamines (/kg)

Vitamine A (U1)

Vitamine D (U1)

Vitamine E (mg)

Acides amines (g/16 gN)

Lysine

A.A.soufrés

Arginine

Tryptophane

TABLEAU 24

Recommandations et limites d'incorporation de différents minérauxet vitamines et de quelques acides aminés dans l'alimentation du lapin

700 3 0003 000 8 000

1 200 2 6004 000 4 500

2 000

3 000 6 000

1 700 2 500

200

0,6

sous forme de farine (tableau 26). Ce quill fautà tout prix éviter, c'est la fabrication d'une fa-rine très fine qui perturberait le fonctionnementnormal des voies respiratoires supérieures dulapin car, si elles forment un bon filtre à pous-sière, celui-ci s'encrasse vite.

4 00012 000

3 0006 000

3 000

6 0009 000

3 200

2 500

8,513,0

0,20,2

0,5

5

50

6 000 7 000 Croissance

16 000 Croissance16 000 20 000 Reproduction

4 200 Croissance

3 500 4 200 Croissance

50 CroissanceReproduction

10 000 Croissance100 Gestation

400 Croissance

150-200 200-300 Croissance

85 Croissance

D'autre part, il ne faut pas distribuer de l'ali-ment en farine si les lapins s'abreuvent dans unrecipient contenant de l'eau, car cette dernièreserait souillée en quelques heures et les lapinss'arrêteraient immédiatement de boire et demanger. L'abreuvement doit alors ètre assure

Carence Minimum Optimum Maximum Signes Stadeobservé observé de

sans sans toxicitétroubles troubles

25 000 40 000 Croissance19 000 25 000 Reproduction

8 000 Croissance8 000 10 000 Reproduction

3 000 10 000 20 000 75 000 Reproduction

600 1 000 2 000 3 000 Reproduction

17 50 Croissance17 25 50 Reproduction

2,50 3,75 4,40 7,5 9,4 Croissance

2,50 3,00 3,75 4,4 5,0 Croissance

3,00 3,75 5,60 12,5 Croissance

0,75 0,80 1,60 Croissance

2 3

2 7

Page 20: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

40 Nutrition et alimentation

TABLEAU 25

Influence du diamètre du granulé sur la croissancede lapins Californiens entre 5 et 12 semaines d'age

par un système automatique du type clapet.Enfin, les essais d'alimentation avec une pâtée(60 pour cent de farine + 40 pour cent d'eau)montrent que cela est possible à condition deveiller scrupuleusement a la propreté des man-geoires (tableau 26).

En Europe, suivant les conditions locales et ladimension de l'élevage, l'aliment est livré soit ensacs de 25 à 50 kg, soit en vrac. Dans le premiercas, un local annexe abrité des fortes chaleurs etde la pluie, situé à proximité immédiate des ani-maux mais hors de leur portée, doit étre prévu.Les sacs y sont stockés éventuellement empilés,hors d'atteinte des remontées d'humidité (sol oumur), le plus souvent grace a un faux plancher.La dimension du local est calculée pour contenirune quantité d'aliments correspondant a un moiset demi ou deux mois de consommation. Leslivraisons doivent en effet avoir lieu au mini-mum tous les mois pour que l'aliment soit effec-tivement consommé dans le mois et demi quisuit sa fabrication. Lors de chaque livraison, lereste de la livraison du mois précédent doit re-présenter environ 10 à 15 jours de consomma-tion. Dans le cas d'une livraison en vrac, l'ali-ment est stocké dans des silos spéciaux qui sontremplis par le haut et vidés par le bas. Ils doiventêtre totalement vidés puis désinfectés (bactéries,champignons, etc.) au moins une fois par an.

Pour des questions de call du transport desaliments, mais surtout de vitesse minimale derotation du stock, un aliment mixte (tableau 22)

Diamètre du granulé

'Sur une même ligne, deux valeurs ayant la même lettre en indice ne différent pas entre elles au seuil P = 0,05.Note: La surconsommation apparente avec les granulés de 7 mm de diamètre est due à un gaspillage partiel inévitable.Source: D'après Lebas, 1971b.

est conseillable tant que l'élevage comprendmoins de 200 femelles en reproduction. Pourplus de 300 femelles, il est préférable d'utiliserdeux a trois types d'aliments: l'un pour les fe-melles reproductrices (par exemple les lapinesallaitantes), un deuxième pour la période desevrage et le dernier pour toutes les autres cat&gories (par exemple les jeunes en croissance).

PRATIQUE DE L'ALIMENTATION

Dans les pays européens: utilisationd'aliments complets granulés

L'alimentation traditionnelle européenne consis-tait à nourrir les lapins avec des céréales, du sonet des fourrages, verts en été, secs en hiver. Enoutre, en hiver, les éleveurs utilisaient égalementdes betteraves fourragères ou des carottes. Ac-tuellement, ce mode d'alimentation est en trèsnette régression, particulièrement dans les paysfortement producteurs comme la France, l'Italieet l'Espagne.

Dans les élevages modernes, qui représententla plus grande part de la production, les lapinssont nourris avec des aliments complets équili-brés répondant aux normes indiquées précédem-ment. Dans la très grande majorité des cas, unseul aliment est utilisé pour toutes les catégories;il correspond alors aux spécifications de l'ali-ment mixte figurant au tableau 22. Dans ces éle-vages, lorsque le rythme de reproduction estintensif, tous les lapins sont nourris a volonté, àl'exception des mâles. Quand le rythme de re-

Consommation d'aliment (g/jour) 117° 122° 131°

Gain de poids (g/jour) 32,4° 33,7° 32,0°

Indice de consommation 3,7° 3,7° 4,1°

2,5 mm 5 mm 7 mm

Page 21: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 41

TABLEAU 26

Effet de la présentation de l'aliment sur les performancesde croissance des lapereaux, selon différents auteurs

production est plus lent, les femelles recoivent leméme aliment ratiormé, du sevrage d'une portéejusqu'à la naissance de la portée suivante. Leniveau de rationnement est généralement de 30à 35 g de matière sèche par kilogramme de poidsvif et par jour. Les jeunes en croissance sonttoujours nourris à volonté lorsque les lapereauxsont élevés en groupe. Un seul pointd'abreuvement est nécessaire pour 10 à 15 sujets,mais son mécanisme doit étre vérifié régulière-ment, afin que les animaux n'aient pas à souffrird'une absence d'eau due à un éventuel fonction-nement défectueux. De méme, un seul poste d'ali-mentation est suffisant pour 6 à 10 lapins, maisen est généralement prévu au moins deux pourle cas où l'un deux s'obstruerait par suite d'unmauvais écoulement du granulé. La longueurd'auge, par poste de consommation, est de 7 à 8 cm.

Pour une prévision des quantités d'alimentsconsommées chaque jour par l'ensemble desanimaux, les éleveurs prennent les valeurs sui-vantes:

jeune en engraissement (de 4 à 11 semaines):de 110 à 130 g par jour;.femelle allaitante accompagnée de sa portée(sevrage à 4 semaines): de 350 à380 g parjour;adulte à l'entretien: 120 g par jour;

'Ration composée de 58,8 pour cent de maYs + 25 pour cent de tourteau de soja + 15 pour cent de paille d'orge +0,2 pour cent de dl-méthionine + 4 pour cent de minéraux et vitamines.'Ration composée de 10 pour cent de farine de poisson + 20 pour cent de farine d'herbe + 40 pour cent de son de blé +12,5 pour cent d'avoine + 17,5 pour cent de weatings; en outre, 1,5 pour cent de mélasse a été ajouté au granulé.'Ration composée de 62 pour cent d'orge + 17,5 pour cent de tourteau de soja + 12,8 pour cent de paille d'orge + 5 pour centde mélasse + 0,25 pour cent de lysine + 0,05 pour cent de méthionine + 0,3 pour cent de minéraux.Note: L'essai a été réalisé à 25 °C.

ensemble de l'élevage: de 1 à 1,4 kg d'alimentpar cage mère et par jour.

Les bons élevages de lapins, en France ou enItalie par exemple, enregistrent une consom-mation de 3,8 kg d'aliment granulé par kilo-gramme de poids vif vendu, y compris l'ali-mentation des lapins reproducteurs. Lesmeilleurs élevages ne dépensent que 3,4 kgd'aliment pour obtenir 1 kg de lapin vivant.Cela correspond à une dépense alimentaire de5,9 à 6,7 kg d'aliment par kilogramme de car-casse produite. Compte tenu des teneurs enprotéines des aliments et des carcasses, celareprésente la fabrication de 190 à 220 g deprotéines animales de haute valeur biologiqueà partir de 1 kg de protéines végétales, soit unrendement de 19 à 22 pour cent pour les éleva-ges les plus performants.

Dans les pays en développement:utilisation des fourrages

Des essais pilotes conduits en Allemagne ontmontré que des lapins en croissance placésdans des enclos sur une prairie naturelle, sansaucun apport d'engrais, peuvent produire an-nuellement, sous forme de carcasses, 240 kg deprotéines par hectare (1,2 tonne de viande).

Auteurs Présentation Consommationd'aliment

MS/jottr)

Gain depoids vif(g/jour)

Indice deconsommation

(en MS)

f Farine 82 29,7 2,78Lebas, 1973, Granule

Farine

94

79

36,0

20,7

2,62

3,80King, 19742 Granule 85 22,9 3,70

Farine 102 26,5 3,80Machin et al., 1980, Pdtée (40% d'eau)

Granule78

10427,933,1

3,063,30

Page 22: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

42 Nutrition et alimentation

Ces observations donnent une idée des très gran-des possibilités de valorisation des fourrages parle lapin, bien que, dans l'experience allemande,les lapins n'aient eu qu'une vitesse de croissancemodeste (de 20 A 25 g par jour), par rapport auxanimaux élevés en cage (de 30 A 40 g par jour), etcorrélativement un indice de consommationélevé. Cependant, dans la grande majorité despays en développement, le climat et le sol sonttrès différents de ceux rencontrés en Allemagne.En outre, le pâturage direct par les lapins pose detels problèmes de clôture et de prédateurs qu'iln'est en aucun cas possible de conseiller actuel-lement l'emploi de cette technique. C'est pour-quoi il semble indispensable de passer en revueles différentes plantes spontanées ou cultivablesdont l'usage a été expérimenté dans différentesregions, tropicales ou non, pour alimenter leslapins en claustration. Les céréales serontvolontairement laissées de côté, car elles sontréservées en priorité à l'alimentation humainedans la plupart des pays en developpement.

Avant de passer en revue les différentes plan-tes utilisables pour le lapin, il nous parait indis-pensable de rappeler la très grande sensibilitédu lapin aux moisissures, en particulierl'aflatoxine. Il est donc indispensable que lesfourrages et les sous-produits employes soientd'une qualité hygiénique irréprochable, en par-ticulier qu'ils n'aient pas eu l'occasion de fer-menter de manière incontrôlée.

Fourrages utilisables pour l'alimentation deslapins. Les informations qui suivent concer-nent uniquement les plantes dont l'emploi pourle lapin a été effectif, au moins au niveau d'es-sais en station. Elles sont fournies par ordrealphabétique du nom latin, avec indication,lorsque cela est possible, des pays dans les-quels ces fourrages sont utilises. Une valeurélevée pour un nutriment signifie qu'il figuredans la matière sèche A un taux supérieur auxbesoins des lapins. Sauf indication contraire,les teneurs en elements nutritifs, lorsqu'ellessont indiquecs, sont exprimécs en pourccntagcde la matière sèche. Pour les compositions chi-miques détaillées, le lecteur pourra se reporter

aux documents généraux cites A la fin del'ouvrage, en particulier à celui publié par laFAO (Göhl, 1982) sur les fourrages tropicaux.En general, la digestibilité des nutriments n'apas été déterminée chez le lapin. A défaut,convient de prendre en consideration les coef-ficients d'utilisation digestive mesurés chez lesruminants pour comparer les fourrages entreeux, mais les valeurs absolues ne peuvent etretransposées, particulièrement pour la fractioncellulosique.

Alysicarpus vaginalis. Du trefle A une feuilledistribué à volonté, en complement d'unconcentré, a permis d'obtenir des performancesnon significativement differentes de celles dutémoin, chez des lapins en croissance. Cetteplante cultivée en Amérique du Sud constitueune source interessante de protéines.

Amaranthus spp. Ce fourrage, qui contient 20pour cent de proteines, a fait l'objet d'essais auMalawi en complementation d'un concentrécompose de 39,5 pour cent de ma:is-grain, de 26pour cent de son de mafs, de 34 pour cent detourteau d'arachide et de 0,5 pour cent dechlorure de sodium. Les résultats dereproduction et de croissance ont été jugés sa-tisfaisants: 20 lapereaux produits par femelle etpar an, et une croissance de 15 g par jour entreles Ages de 4 et 16 semaines. L'utilisationd' Amaranthus spp. est routinière au Colleged'agriculture de Bunda (Lilongwe, Malawi) pourla nourriture des lapins. Les variétés hybridesmodernes cultivées classiquement pour l'alimen-tation humaine peuvent egalement etre utiliséespour des lapins.

Arachis hypogaea. Le tourteau d'arachide est unaliment très riche en proteines (50 pour cent)facilement utilisable quand il n'est pas trop pol-lué par des aflatoxines. On peut egalement dis-tribuer les graines entières aux lapins, mais il y aalors concurrence directe avec l'homme. Il nefaut donc conserver cette possibilité que pour lessituations exceptionnelles. Cependant, cetteplante peut egalement fournir, par sa partie aé-ricnnc, un fourragc vcrt ct un foin intercssantspar leur forte teneur en protéines. Cet emploi estclassique, par exemple au Centre de Bobo-

Page 23: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

Le lapin 43

Dioulasso (Burkina Faso). On peut égalementemployer la partie aérienne après la recolte desgraines. Toutefois, alors que la teneur en protei-nes est d'environ 15 pour cent avant arrachagedes graines, elle tombe en dessous de 10 pourcent lorsque les parties aériennes sont collectéesaprès le battage des graines. Il faut égalementsignaler que les protéines de la partie aérienne,comme celles du tourteau, sont carencées en aci-des amines soufrés.

Azolla spp. Cette famille de fougères aquati-ques a la capacite de fixer l'azote atmosphéri-que. Des essais conduits en Italie ont montrequ'Azolla caroliniana peut étre incorporée dansl'alimentation des lapins malgre une faibledigestibilité des proteines. D'autres essais ita-liens conduits avec A. filiculoides arrivent a. uneconclusion similaire dans un essai où cette fou-gère sechée au soleil a été incorporée à 23 pourcent de la ration en remplacement total du tour-teau de soja. Toutefois, il faut mentionner quecette fougère aquatique a des protéines (de 30 à32 pour cent) moins riches en lysine que cellesdu soja (4,5 contre 5,9 pour cent des protéines)et une teneur élevée en lignine, element peufavorable à sa digestibilité. A. microphylla donnedes résultats equivalents à A. caroliniana; parcontre A. pinnata, moins riche en protéines (9pour cent) est peu appréciée des lapins.

Bauhinia variegata. Les feuilles de cet arbresont employees avec succès en Inde pour l'ali-mentation des lapins Angora, en complementd'un aliment concentre. Leur teneur en protéi-nes est de 16 pour cent.

Beta vulgaris. Les betteraves fourragères etdemi-sucrières fournissent une part importantede l'alimentation hivernale des élevages tradi-tionnels européens. La où elles sont cultivables,les betteraves peuvent apporter une part im-portante de l'énergie alimentaire. Il faut retenirla très bonne digestibilité (80 pour cent) de lafraction cellulosique. Les feuilles de betteravesont également bien consommées par les la-pins. Elles contiennent environ 17 ou 18 pourcent de proleines, mais sonl Lrès riches en min&raux, notamment en potassium, ce qui peutentrainer des troubles digestifs.

Brachiaria mutica. Distribuée aux Philippinesà des lapines reproductrices, l'herbe de Para adonne des résultats beaucoup plus satisfai-sants que l'herbe à elephant (Penisetumpurpureum) ou l'herbe de Guinée (Panicummaximum). Toutefois, sa teneur modeste enproteines (de 10 à 13 pour cent) nécessite unecomplementation azotee (légumineuses, ali-ment complémentaire, etc.).

Brachiaria ruziziensis. Ce fourrage fait partiede la ration de base produite sur place pourl'élevage de lapins a Bobo-Dioulasso (BurkinaFaso). Cependant, comme toutes les graminées,sa teneur en protéines reste modeste (de 8 à 13pour cent) et, pour une bonne valorisation, ildoit être complete par des aliments plus richesen protéines. Ce fourrage peut être cultivé parexemple en mélange avec Stylosanthes, l'en-semble étant mieux équilibré que chaque four-rage pris isolement.

Cajanus cajan. Le foin de cette légumineusearborescente («guandu» au Brésil) peut êtresans problème incorporé dans un aliment com-plet pour lapins en croissance, en remplace-ment du foin de luzerne. Le foin de pois cajanconstitue donc une source intéressante de pro-téines (de 15 à 25 pour cent, selon le stade derécolte) et de fibres (de 30 à 35 pour cent decellulose brute).

Celtis australis. Les feuilles de cet arbre ontété employees avec succès dans l'alimentationdes lapins Angora en Inde. Par rapport a lamatière seche, elles ont une teneur modeste enprotéines (12,4 pour cent) et en cellulose brute(14,6 pour cent), mais une teneur relativementélevée en lipides (5,7 pour cent) et surtout encendres (17,7 pour cent).

Chamaecrista aeschynomene. Cette légumineusetropicale est couramment employee pour l'ali-mentation dans les élevages de lapins créolesaux Antilles françaises.

Cocos nucifera. Les noix de coco jeunes, unefois que l'on en a consommé le lait, sont fortappréciées des lapins. Aux Antilles françaises,elles sont distribuées aux lapins en comple-ment de la ration comme source de lest. Uneexperimentation sur lapins en croissance con-

Page 24: Chaptre 2 Nutrition et alimentation

44 Nutrition et alimentation

duite à Sri Lanka a montré que, sous cette forme,la noix de coco peut représenter 20, voire 30pour cent de la ration.

Cucurbita foetidissima. Cette cucurbitacée, quipousse naturellement dans la partie sub-désertique du nord du Mexique, fournit uneracine de très grosse dimension, riche en ami-don (65 pour cent). La racine broyée peut étreséchée au soleil en deux ou trois jours. La farineainsi obtenue peut être incorporée au moinsjusqu'à 30 pour cent dans des aliments com-plets pour lapins reproducteurs oul'engraissement en remplacement du sorgho-grain. Les essais effectués à l'Université deChihuahua (Mexique) permettent d'affirmerqu'elle n'a pas d'effet toxique. La partie aé-rienne et surtout les fruits sont riches en protéi-nes (de 12 à 30 pour cent), mais les essais d'uti-lisation n'ont pas été réalisés avec des lapins.Leur forte amertume, génante pour les autresespèces, n'est pas nécessairement un obstacle àleur consommation par le lapin. Des expé-rimentations complémentaires sont donc né-cessaires pour mieux connaitre toutes lespossibilités d'emploi de cette plante sub-désertique, à priori très intéressante.

Daucus carota. Aliment traditionnel des la-pins fermiers européens, la carotte est cultivabledans de nombreux pays tropicaux. Elle est enparticulier utilisée pour nourrir les lapins enZambie. Les feuilles et les racines ont une te-neur comparable en protéines (de 12 à 13 pourcent), mais les feuilles, comme celles de la bet-terave, sont très riches en minéraux.

Dendrocalamus hamiltonii. Les feuilles de cetarbre ont été employées avec succès dans l'ali-mentation des lapins Angora en Inde, en com-plément d'un aliment concentré commercial.Par rapport à la matière sèche, les teneurs enprotéines et en cellulose brute sont relative-ment modestes (15,6 et 23,2 pour cent, respec-tivement), mais la teneur en cendres est parti-culièrement élevée (18,4 pour cent).

Eichhornia crassipes. Les lapins acceptent deconsommer les feuilles et les bulbes de la jacin-the d'eau, .mais l'utilisation digestive est mé-diocre: CUDa de l'énergie de 24 pour cent pour

la plante verte consommée en l'état. Incorporéeà 25 pour cent dans un aliment complet, lafarine de jacinthe d'eau permet de bonnes per-formances zootechniques; une incorporation à50 pour cent, ou davantage, est moins intéres-sante. Mais les teneurs en arsenic de la viande,et surtout du foie et des reins, observées lorsdes essais, laissent planer un doute sérieux surles possibilités d'utilisation de cette plante pouralimenter des lapins de chair, si les eaux danslesquelles poussent les jacinthes sont polluées.Au Zaire, les éleveurs de lapins utilisent lesjacinthes d'eau locales pour nourrir leurs ani-maux, qui en sont très friands (élevages situ&près du fleuve Congo). En Nouvelle-Calédonie,une jacinthe locale appelée «lys d'eau» est éga-lement un aliment traditionnel fort appréciédes lapins. Ceux-ci consomment la totalité de laplante: tiges, bulbes et racines.

Erythrina glauca. Les feuilles de cet arbre sontbien acceptées par le lapin. Dans un essai con-duit en Colombie, cette source de protéines (30pour cent) a permis une croissance de 11,5 g parjour en simple complémentation de jus de canne

sucre. La proportion de feuilles d'Erythrinaest même passée de 50 pour cent de la matièresèche consommée chaque jour en début d'essaià 65 pour cent huit semaines plus tard.

Grewia optiva. Les feuilles de cet arbre con-tiennent environ 17 pour cent de protéines.Distribuées à volonté en complément d'un ali-ment concentré, elles ont permis dans un essaiconduit en Jude d'obtenir une production depoil angora équivalente à celle du témoin nerecevant que le concentré.

Gynura cusimba. Ce fourrage, dont les feuillescontiennent 27 pour cent de protéines, poussede manière abondante au Népal durant la sai-son sèche. Les lapins le consomment volon-tiers, alors que les autres herbivores domesti-ques (bovins, ovins et caprins) le délaissent.Cette différence de comportement donne l'oc-casion de rappeler les risques qui existent àtransposer les observations faites sur une es-pèce à une autre espèce artimale.

Hibiscus rosa-sinensis. Les branchages de cesarbustes, qui constituent un certain nombre de

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Le lapin 45

haies vives dans les Caraibes, peuvent étredistribués avec bénéfice aux lapins. Cet em-ploi est courant en Ha1:ti par exemple. Les jeu-nes pousses contiennent environ 15 pour centde protéines et 16 pour cent de cellulose brute.Toutefois, un essai où les feuilles d'hibiscus etun aliment complet granulé étaient distribuésa volonté a montré une très mauvaise valo-risation nutritionnelle de ce fourrage.

Indigofera arrecta. Cette légumineuse sponta-née au Mozambique pousse naturellement du-rant la saison sèche sans irrigation. La culture estaisée a partir des graines sauvages récoltées aumoment approprié. Sa teneur élevée en protéi-nes (25 pour cent) en fait une source azotée ap-préciée pour les lapins au Mozambique, particu-lièrement en saison sèche.

Ipomoea batatas. Les tubercules de patatedouce, facilement cultivables dans un jardinfamilial, sont des sources intéressantes d'éner-gie (70 pour cent d'amidon) pour l'alimenta-tion humaine. Les éventuelles surproductions,ou une culture réservée, peuvent égalementservir a alimenter les lapins en énergie. Mais lapartie aérienne fortement développée doit éga-lement étre prise en considération en raison desa bonne teneur en protéines (de 16 a. 20 pourcent). Elle constitue un fourrage intéressantpour les lapins et est effectivement utiliséerile Maurice et dans les Antilles françaisespour nourrir ces animaux, principalement dansles élevages familiaux. Un essai conduit auMozambique a montré que les feuilles de pa-tate douce en complément de la ration permet-tent de bonnes performances, principalementen raison de leur bonne digestibilité. Des essaisconduits dans de nombreux pays tropicaux ontconfirmé l'intérét nutritiormel de la partie aériennede la patate douce.

Ipomoea tiliacea. Cette convolvulacée sponta-née aux Antilles françaises est la base de l'ali-mentation traditionnelle des lapins créoles. Ellen'est pas cultivée, mais simplement récoltéedans les haies où elle pousse naturellement.

Lathyrus sativus. La vesce est souvent culti-vée en Afrique du Nord en mélange avec del'avoine; l'ensemble, connu sous le nom de

vesce-avoine, est utilisé comme fourrage vertou ensilage pour le Mail. Le fourrage vert estapprécié par les lapins. Distribué à volonté enmôme temps qu'un aliment concentré, il per-met des vitesses de croissance ou une repro-duction acceptables. Par contre, la conservationpar ensilage représente une perte sensible de lavaleur alimentaire et le produit est peu appré-cié des lapins.

Les pedeza spp. Ces légumineuses sont suscep-tibles de fournir aux lapins un fourrage vert etéventuellement un foin riche en protéines.

Leucaena leucocephala. Cette légumineuse esttrès probablement celle qui a fait l'objet duplus grand nombre d'essais en station sur deslapins. Elle est en effet intéressante par sa forteteneur en protéines (28 pour cent) et par sespossibilités de croissance en saison sèche. Lesemis et la culture ne posent aucun problèmedans les sols où cette plante pousse naturelle-ment (ile Maurice, par exemple). Quand lesbactéries symbiotes ne sont pas présentes, unensemencement bactérien peut ôtre utile(Antilles françaises). Par contre, la présenced'un acide aminé particulier, la mimosine, an-tagoniste de compétition de la tyrosine et de laphénylalanine, apparait pour certains commeun facteur limitant à l'emploi de L. leucocephala.Les auteurs des essais, par prudence, con-seillent de ne pas &passer 25 pour cent de cetacacia dans la ration des lapins (Mozambique).Toutefois, des essais de croissance réalisésrile Maurice montrent que L. leucocephala peutremplacer 40, voire 60 pour cent de l'alimentcomplet équilibré sans poser de problème decroissance, ni de santé (figure 6). Dans cesessais, même uniquement avec de l'acacia, lesauteurs n'ont pas constaté d'accidents de diar-rhée ou de symptômes attribuables à lamimosine. Dans d'autres essais, réalisés auMalawi, cet acacia a donné de bons résultatscomme fourrage complémentaire d'un concen-tré (voir essais avec l'amarante), tant pour lacroissance que pour la reproduction. Essayé encomplémentation de son de maTs également auMalawi, il donne des résultats de croissanceacceptables (60 g par semaine) et meilleurs que

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ceux obtenus avec Tridax procumbens, et surtoutavec Pennisetum purpureum. Utilise encomplementation d'aliments «poulet de chair»,il permet une croissance de l'ordre de 100 à 110g par semaine. Malheureusement, dans beau-coup d'essais, la teneur en mimosine n'a pas étédéterminée, alors qu'il parait maintenant evi-dent que le taux maximal de Leucaena utilisabledans la ration des lapins depend de sa teneuren mimo sine. Il faut néanmoins savoir que cetteteneur est deux ou trois fois plus faible dans lesfeuilles dgées que dans les jeunes pousses.

Malgré ces résultats encourageants, le pro-blème de la mimosine reste encore pose. Eneffet, la toxicité est de type cumulatif; elle pour-rait ne pas avoir eu le temps de se manifesterdans les essais de croissance, bien que ces der-niers couvrent la totalité de la périoded'engraissement. Cependant, plusieurs essaisd'utilisation continue realises à l'ile Maurice,au Togo et au Malawi, avec des taux de 10 à 20pour cent de Leucaena, n'ont pas entraine d'ac-cidents de croissance, ni de reproduction. Ilfaut noter qu'en raison de la nature du com-pose, la mimosine étant un acide amine, le se-chage ne réduit pas sa toxicité vis-à-vis desanimaux. Toutefois, ce dernier point n'a pas ététesté sur le lapin. Enfin, un apport de sulfate defer chelate la mimosine et réduit considéra-blement sa toxicité chez le lapin, en raison d'unenette diminution de l'absorption intestinale dela mimosine sous forme chélatée. L'apport sou-haitable (de 2 à 3 pour cent de la ration) sembledevoir ètre de quatre fois la teneur en mimosine.

Manihot utilissima. Le programme de déve-loppement du lapin au Ghana inclut la culturede manioc pour l'alimentation des lapins. L'in-corporation de 15 à 45 pour cent de farine demanioc (87 pour cent d'amidon et de 2,5 à3 pour cent de proteines) dans des alimentséquilibrés complémentés par 200 g de fourra-ges verts chaque jour a donne des resultats decroissance et de reproduction comparables àceux obtenus avec l'aliment témoin sans ma-nioc. Cependant, l' utilisation du manioc pourla nourriture des lapins ne devrait étre envisa-gee que là où les populations humaines ont une

alimentation énergétique largement suffisante,ce qui est le cas par exemple en Egypte. Enoutre, l'emploi du manioc nécessite unecomplementation en protéines et en lestcellulosique. Par ailleurs, comme les épluchu-res de manioc ont une teneur de 6 pour cent enprotéines et de 10 pour cent en cellulose brute,et que les feuilles contiennent de 24 à 28 pourcent de protéines, l'emploi de ces deux sous-produits du manioc dans l'alimentation deslapins mériterait quelques essais comparatifs.Enfin, il convient de signaler le léger effetgoitrigène du manioc, sans consequence prati-que pour les lapins en croissance, maispotentiellement préoccupant pour les repro-ducteurs si le taux d'incorporation dépasse 30pour cent.

Marremia tuberosa. Ce fourrage, riche en pro-téines (24 pour cent), est utilise au Mozambiquepour alimenter les lapins. Il présente l'avantagede pousser dans ce pays en saison sèche.

Medicago sativa. La luzerne est certainementle fourrage type utilisable pour le lapin partoutoù sa culture est possible. Elle est cultivée surles terres irriguées tant au Mexique qu'auMozambique ou au Pakistan. Par contre, elle nepousse pas dans les zones tropicales humides(Caraibes). Il est possible d'alimenter des la-pins reproducteurs ou en croissance unique-ment avec de la luzerne verte. Sous forme defoin, son ingestibilité est moins bonne. La pre-sence d'une certaine quantité de saponines peutétre consider& comme un element plutôt favo-rable à l'appétibilité.

Mimosa pigra. Aucun effet néfaste n'a étéobserve lorsque, dans des essais conduits enThallande, cette plante épineuse a remplacéBrachiaria mutica dans l'alimentation des lapins.Sa teneur en protéines (22 pour cent) est com-parable à celle de Leucaena leucocephala.

Morus alba. Les feuilles de Ea-drier, quandelles ne sont pas utilisées pour l'élevage duvers à soie, peuvent ètre utilisées sans pro-blème pour l'alimentation des lapins. Des tra-vaux conduits en Inde ont mème démontréqu'il est possible d'assurer la ration d'entretiend'un lapin adulte exclusivement avec des

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e 6 et 14 semaines d'age de lapins Néo-Zélandais Blanes, o

I I I

100 80 60 40 20

Quantité d'aliment complet distribuée, en pourcentage du lot térnoin

Exprirné en pourcentage du lot térnoin et complérnenté, à partir d'un apport de 80 pour cent, par la distribution àvolonté, soit le euraena leucocephala( 0 0), soit de Saccharum officinanon(*----411).Source: ID'appl',5 Ramschurn, 1978.

Granulé + Saccharum officinarum

FIGURE 6

Evolution du gain de poids en

d'alinzent complet équilibre3

onction de 'apport

feuilles de marier. En complement d'un con-centre, elles sont utilisées aussi en Inde pourl'alimentation des lapirts Angora.

Musa spp. Les lapins peuvent être nourrisavec les bananes rejetées lors des tris commer-ciaux. Cet aliment, riche en énergie et pauvreen proteines (de 5 a 6 pour cent), doit obli-gatoirement etre complémente. Des éleveursutilisent les déchets de triage de bananes dansdifférents pays d'Afrique et aux Antilles fran-aises. D'autre part, les feuilles peuvent egale-

ment etre utilisées comme fourrage vert(Cameroun, Zambie, Antilles franqaises). Leurapport de protéines West pas négligeable: de 10á 11 pour cent de la matière sèche. Si des infor-mations sur l'emploi des feuilles ont pu etreobtenues, cela Ilia pas été possible en ce quiconcerne l'emploi de troncs de bananier pourFalimentation du lapin. Il convient seulementde rappeler leur très faible teneur en proteines(de 1,5 a 2 pour cent) et la forte teneur en

extractif non azoté (70 pour cent) susceptiblesd'en faire un aliment énergétique. De son côté,la peau de la banane peut également etre utili-see pour remplacer jusqu'a 35 pour cent duconcentre chez le lapin en croissance.

Nentonia wightii. Dans un essai conduit auBrésil, il a été moral-6 que le foin de soja pérennepeut remplacer totalement la luzerne dans uneration complete qui en contient 38 pour cent. Ily a meme eu une amelioration non significativede la vitesse de croissance (41,5 g par jour con-tre 37,1 g par jour avec le ternoin luzeme). Cettelégumineuse peut donc constituer une sourceintéressante de protéines et de fibres pour lelapin.

Opuntia ficus. Les raquettes du figuier deBarbarie peuvent etre données aux lapins. Ce-pendant, en grande proportion (plus de 40 pourcent de la ration), elles entrainent des risquesde diarrhée en raison de la forte digestibilité dela fraction cellulosique.

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Le lapin 47

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Oryza sativa. La paille ou le son de riz peu-vent étre bien valorisés par le lapin dans lamesure où ils sont bien conservés. Un travailfait en Chine a montré qu'une fermentationcontrôlée de la paille de riz, avec des souchesbactériennes de Trichode rma et d' Azotobacter,permet d'accroitre sa valeur alimentaire, quipeut ainsi remplacer du son de blé. Toutefois,le risque de fermentation incontrôlée pourraitvoir apparaitre une production de mycotoxines.

Panicum maximum. Dans les différents essaisoù l'herbe de Guinée figure A côté d'autresfourrages, les résultats ne lui sont guère favora-bles. Cela est dû en grande partie à la faiblessede sa teneur en protéines: de 5 A 10 pour cent dela matière sèche en fonction du stade végétatif.Cependant, elle figure dans la ration de baseaussi bien au Ghana qu'aux Antilles frangaises.Dans ce cadre, elle apporte surtout du lestcellulosique et un peu d'énergie. Un autre usagepeut lui étre trouvé: la plante sèche est parfoisutilisée comme litière ou comme garniture dela boite à nid, quand les reproductrices sontélevées sur grillage.

Pennisetumpurpureum. Plus encore que l'herbede Guinée, l'herbe à éléphant donne des résul-tats décevants dans les essais d'alimentationdes lapins reproducteurs ou en croissance, éga-lement en raison de la faiblesse de sa teneur enprotéines (de 6 A 8 pour cent). Par exemple,dans un essai réalisé au Malawi, encomplémentation de son de mais, la croissancen'a été que de 15 g par semaine, contre 60 gpour Leucaena leucocephala. On peut prévoir ce-pendant son utilisation comme source de lestpour les lapins, comme cela se pratique auxAntilles franqaises. Une culture mixte où l'herbe

éléphant sert de support A une légumineusegrimpante comme Pueraria est envisagée auZaire. Le mélange donne un fourrage nettementmieux équilibré. Comme pour l'herbe deGuinée, on peut également utiliser les tiges sé-ches de Pennisetum comme litière ou garniturede boite à nid.

Pistia stratiotes. Incorporée jusquiá 30 pourcent dans la ration de lapins en croissance, lafarine de laitue d'eau, séchée au soleil (Nigéria),

permet une croissance équivalente à celle dutémoin.

Populus spp. Les feuilles fraiches de peuplierpeuvent former une ressource fourragère pourle lapin en remplacement de foin de luzerne(feuilles séchées au soleil). Les feuilles issuesd'arbres adultes sont moins riches en protéines(15 pour cent de la matière sèche) que cellesprovenant de repousses de peupliers exploitésen taillis (de 20 A 22 pour cent de la matièresèche). Elles peuvent représenter jusqu'A 40 pourcent de la ration selon les essais conduits auxEtats-Unis.

Prosopsis chiliensis. Les fruits de cet arbre ori-ginaire d'Amérique du Sud et résistant A. lasécheresse ont été introduits au Chili dans desaliments complets pour lapins, de manièreremplacer jusqu'A 60 pour cent des protéinesde la ration de base. La croissance n'a pas étéaltérée méme avec l'aliment contenant 29,4 pourcent de fruits (séchés).

Psilotricumboivinianum. Ce fourrage présentel'avantage de pousser sans irrigation en saisonsèche (au Mozambique) et d'avoir une teneurélevée en protéines (de 20 A 21 pour cent). Celaen fait un fourrage intéressant pour les lapins.

Pueraria spp. L'utilisation des légumineusesde cette famille, comme Pueraria phaseoloides ouP. javanica, pour l'alimentation des lapins estconseillée dans différents pays africains, enparticulier au Ghana. P. javanica est l'alimentde base de nombreux élevages fermiers au Zaire.Les lapins le consomment très volontiers.Comme Stylosanthes, Pueraria reste vert mémedurant la saison sèche.

Robinia pseudoaccacia. Différents essais effec-tués aux Etats-Unis et en Inde sur des lapins encroissance ou sur des lapins Angora ont montréque les feuilles de robinier peuvent remplacersans difficulté la luzerne dans la ration deslapins, simplement au prix d'une éventuellelégère baisse de performance.

Saccharum officinarum. La canne à sucre,cultivable dans les pays A climat tropical hu-mide, peut é'tre ernployée avec succés dans rah-mentation des lapins, malgré la faiblesse de sateneur en protéines (de 1 A. 2 pour cent). Lors

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d'un premier essai réalisé à Vile Maurice, ladistribution de canne à sucre grossièrementhachée a permis de réduire de moitié l'apportd'aliment complet sans altération des perfor-mances de croissance. Dans un essai complé-mentaire, il a été montré que la distribution Avolonté de canne à sucre hachée permet deremplacer jusqu'A 40 pour cent de l'alimentcomplet équilibré distribué en méme temps(voir figure 6). Il convient de noter que, lorsd'un essai similaire, Leucaena leucocephala a per-mis d'économiser jusqu'A 60 pour cent du mémealiment complet. Dans un essai conduit enNouvelle-Calédonie, il a été montré que leslapins préfèrent consommer d'abord les feuillessèches, puis les feuilles vertes, et enfin la canneproprement dite (préalablement coupée enmorceaux).

Setaria spp. Les fourrages de ce genre sontutilisés à Vile Maurice, en complémentationd'aliments concentrés, pour nourrir les lapins.Comme toutes les graminées, ils sont pauvresen protéines.

Solanum tuberosum. L'utilisation destubercules de pommes de terre cuits est parfai-tement possible dans l'alimentation des lapinscomme source d'énergie, mais cela fait concur-rence A l'alimentation humaine. Par contre, dansde nombreux pays, les épluchures de pommesde terre figurent dans les déchets de cuisine.Outre le fait qu'il est préférable de les distribuercuites plutôt que crues, il faut signaler que desauks complets de croissance ont été obtenusen distribuant 20 g par jour et par animal depelures vertes de pommes de terre en sus de laration normale. Il faut donc absolument éviterde distribuer des épluchures de pommes deterre qui auraient verdi A la lumière.

Sorghum vulgare. Outre les grains de sorgho,la partie verte aérienne peut étre distribuée avecbénéfice aux lapins. Cela est pratiqué par exem-ple au Ghana et au Mexique.

Stylosanthes spp. Les légumineuses de cegenre sont cultivées sous les climats tropicauxsecs et humides. Wine si, en zone aride, ellesne poussent pratiquement pas durant la saisonsèche, elles ont l'avantage de rester vertes. Dif-

férentes espèces ont été utilisées pour les la-pins, par exemple Stylosanthes gracilis (Ghana,ZaYre, Burkina Faso) et S. hamata (Martinique).

Taraxacum officinale. Cette composée figureparmi les plantes sauvages employées pour lanourriture des lapins dans les systèmes tradi-tionnels européens. L'emploi du pissenlit aégalement été signalé pour l'alimentation deslapins au Togo.

Tridax procumbens. Considérée comme unemauvaise herbe dans les prairies au Malawi,cette plante présente l'avantage de pousser dansce pays en saison sèche. En outre, sa teneur enprotéines (de 12 A 13 pour cent) en fait un ali-ment intéressant pour le lapin. Son emploi encomplémentation d'aliments concentrés a étéjugé satisfaisant au Malawi. Par contre, encomplémentation de son de maïs, les résultatsde croissance sont moins intéressants qu'avecLeucaena leucocephala, mais sensiblementmeilleurs qu'avec Pennisetum purpureum (effetprobable de l'apport de protéines).

Trifolium alexandrinum. Le tréfle d'Alexandrie,typique des climats méditerranéens, sert de basealimentaire presque exclusive pour l'élevagedes lapins au Soudan. En Egypte, des essaisd'alimentation exclusive avec du trèfled'Alexandrie ont permis d'obtenir des lapinspesant 1,23 kg vif A 16 semaines, avec des sujetscroisés Baladi x Géant des Flandres (gain moyenhebdomadaire de 67 g). Ce trèfle, comme tou-tes les légumineuses, est intéressant par sateneur élevée en protéines.

Vicia spp. L'utilisation des vesces sauvages,cultivées seules ou en mélange avec desgraminées, peut fournir un fourrage riche enprotéines apprécié des lapins. Toutefois, la ra-pidité d'évolution de la plante incite A en fairede préférence du foin, à moins que l'on puisseéchelonner suffisamment les semis pour obte-nir une production étalée dans le temps.

Vigna sinensis. Dans les Antilles franqaises,les pois sauvages peuvent fournir des fourra-ges verts ou des graines, tous deux riches enmatières azotées. Vigna sinensis et V. unguiculatasont employés dans ces iles pour l'alimenta-tion des lapins.

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Zea mays. Bien que les grains de mais soientréservés à l'alimentation humaine dans la ma-jorité des pays en développement, l'emploi decette plante sous forme de fourrage peut êtreenvisagé dans certaines régions. La teneur enprotéines de ce fourrage reste modeste et il doitdonc étre complémenté en azote. Il est employépar exemple au Burkina Faso.

Cette longue liste de plantes utilisées dansl'alimentation des lapins n'est cependant pasexhaustive. On peut retenir d'autres plantesutilisables, par exemple des graminées commeles Digitaria de différentes espèces, même sielles manquent en général de protéines. Pourles pays où ils sont cultivables, il faut égale-ment ajouter les choux aliment traditionneldes lapins en France , qui foumissent un ap-port non négligeable de protéines (de 17 à 20pour cent). Des essais conduits au Camerounont montré qu'ils peuvent constituer avec bé-néfice jusqu'à 15 pour cent de la ration.

Sous-produits agricoles et industriels directe-ment utilisables. Les sous-produits agricoleset industriels, dont la liste et la compositionsont en général disponibles pour chaque ré-gion, ne seront pas passés en revue ici. Onsoulignera simplement l'intérêt de certains,notamment les différents tourteaux d'oléagi-neux tropicaux comme l'arachide, le palmisteet le coprah. Par contre, l'usage du tourteau decoton doit ôtre envisagé avec prudence, enraison de la sensibilité du lapin au gossypol(au moins égale à celle du porc). Toutefois, destourteaux de coton contenant jusqu'à 700 ppmde gossypol libre ont été employés sans incon-vénient chez le lapin en croissance. Dans denombreux pays où ce tourteau est disponible,il est préférable de l'employer, quitte à avoirdes performances réduites de 10 à 15 pour centpar rapport à une ration sans gossypol, plutôtque de vouloir à tout prix introduire à sa place(source de protéines) des farines animales coil-teuses ou de qualité bactériologique douteuse.Il faut également mentionner les sous-produitsdu maYs et du riz. On peut aussi envisagerl'utilisation des dréches de brasserie et des

pulpes d'agrumes quand les usines ne sontpas trop éloignées. Enfin, les lapins peuventêtre nourris avec les déchets des conserveriesd'ananas, comme cela est pratiqué en Côte-d'Ivoire, bien que ce sous-produit soit pauvreen protéines.

Les drôches de brasserie (résidus de la fabrica-tion de bière courante à base d'orge) ou lesdréches de dolo (résidus de la fabrication debière de mil) donnent de bons résultats. Ainsi,dans un essai réalisé au Burkina Faso, les dréchesde dolo ont été incorporées à 80 pour cent dansun aliment concentré (+10 pour cent de tourteaud'arachide + 6 pour cent de farine de sang et 4pour cent de farine d'os), distribué avec un com-plément de fourrage (Brachiaria vert ou fanesd'arachide sèches); avec ce type d'alimentation,la croissance a été plus satisfaisante (104 g parsemaine avec une souche locale) qu'avec un ali-ment complet importé (83 g par semaine). Lesdrêches de brasserie séchées au soleil sont aussisouvent incorporées comme source de protéinesdans les rations des lapins de la périphérie ur-baine d'un certain nombre de villes africaines.