convention d’étude : biodiversité du golf de vidauban et...
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Service du Patrimoine Naturel
Convention d’étude : Biodiversité du golf de Vidauban
et du Bois de Bouis
Synthèse du partenariat 2011-2016
Rapport SPN Mars 2016
ROUX Amélie, GOURDAIN Philippe, HERARD Katia
Direction de la Recherche, de l’Expertise et de la Valorisation
Direction Déléguée au Développement Durable, à la Conservation de la Nature et à l’Expertise
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Le Service du Patrimoine Naturel (SPN)
Inventorier - Gérer - Analyser - Diffuser
Au sein de la direction de la recherche, de l’expertise et de la valorisation (DIREV), le Service du Patrimoine Naturel développe la mission d'expertise confiée au Muséum national d'Histoire naturelle pour la connaissance et la conservation de la nature. Il a vocation à couvrir l'ensemble de la thématique biodiversité (faune/flore/habitat) et géodiversité au niveau français (terrestre, marine, métropolitaine et ultra-marine). Il est chargé de la mutualisation et de l'optimisation de la collecte, de la synthèse et de la diffusion d'informations sur le patrimoine naturel.
Placé à l'interface entre la recherche scientifique et les décideurs, il travaille de façon partenariale avec l'ensemble des acteurs de la biodiversité afin de pouvoir répondre à sa mission de coordination scientifique de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (code de l'environnement : L411-5).
Un objectif : contribuer à la conservation de la Nature en mettant les meilleures connaissances à disposition et en développant l'expertise.
En savoir plus : http://www.spn.mnhn.fr
Directeur : Jean-Philippe SIBLET Adjoint au directeur en charge des programmes de connaissance : Laurent PONCET Adjoint au directeur en charge des programmes de conservation : Julien TOUROULT
Porté par le SPN, cet inventaire est l'aboutissement d'une démarche qui associe scientifiques, collectivités territoriales, naturalistes et associations de protection de la nature en vue d'établir une synthèse sur le patrimoine naturel en France. Les données fournies par les partenaires sont organisées, gérées, validées et diffusées par le MNHN. Ce système est un dispositif clé du SINP et de l'Observatoire National de la Biodiversité.
Afin de gérer cette importante source d'informations, le Muséum a construit une base de données permettant d'unifier les données à l’aide de référentiels taxonomiques, géographiques et administratifs. Il est ainsi possible d'accéder à des listes d'espèces par commune, par espace protégé ou par maille de 10x10 km. Grâce à ces systèmes de référence, il est possible de produire des synthèses quelle que soit la source d'information.
Ce système d'information permet de mutualiser au niveau national ce qui était jusqu'à présent éparpillé à la fois en métropole comme en outre-mer et aussi bien pour la partie terrestre que pour la partie marine. C’est une contribution majeure pour la connaissance, l'expertise et l'élaboration de stratégies de conservation efficaces du patrimoine naturel.
En savoir plus : http://inpn.mnhn.fr
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Convention SPN‐MNHN/Fondation d’Entreprise du Golf de Vidauban pour l’Environnement (FEGVE) Présentation de l’étude
Ce rapport fait la synthèse des cinq années (2011 à 2016) du partenariat entre le SPN‐MNHN et la
Fondation d’Entreprise du Golf de Vidauban pour l’Environnement (FEGVE).
Etude réalisée pour La Fondation d’entreprise du golf de Vidauban pour l’Environnement (FEGVE)
Etude suivie par :
Catherine Fournil, FEGVE
Etude réalisée par
Muséum National d’Histoire Naturelle Service du Patrimoine Naturel MNHN ‐ Laboratoire d'écologie générale Service du Patrimoine Naturel 4 Avenue du Petit Château 91800 BRUNOY E‐mail: [email protected]; [email protected]; [email protected]. Auteurs :
Amélie ROUX, chargée de mission « Biodiversité »
Philippe GOURDAIN, responsable de la cellule Conventions d’études Biodiversité
Katia HÉRARD, responsable du pôle Espaces
Responsables scientifiques :
Katia HÉRARD et Philippe GOURDAIN
Référence du rapport conseillée :
Roux A., Gourdain P. et Herard K., 2016. Convention d’étude : Biodiversité du golf de Vidauban et du
bois de Bouis ‐ Synthèse du partenariat 2011‐2016. SPN‐MNHN. 42 p.
1ère de couverture : Mosaïque d’habitats typiques de la plaine des Maures sur la propriété du Bois
de Bouis (bandeau) et Parcours de Golf de Vidauban. © P. Gourdain
4ème de couverture : Mosaïque d’habitats de la plaine des Maures sur la propriété du Bois de Bouis
(bandeau) et Parcours de Golf de Vidauban © P. Gourdain.
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SOMMAIRE
Un partenariat engagé pour un site d’exception .................................................................................... 7
Un contexte naturel exceptionnel ......................................................................................................... 10
La Plaine des Maures ......................................................................................................................... 10
Le domaine du Bois du Bouis ............................................................................................................ 11
Objectifs 1 et 2 : comprendre le fonctionnement de l’écosystème « Plaine des Maures » et identifier
les enjeux de biodiversité ...................................................................................................................... 13
Les inventaires naturalistes ............................................................................................................... 13
Des milieux naturels remarquables ............................................................................................... 14
Une Flore et une Faune exceptionnelles ....................................................................................... 17
Des suivis écologiques ................................................................................................................... 25
Objectifs 3 et 4 : comprendre les effets du golf et de la gestion. Puis assurer la conservation des
enjeux et/ou restaurer certains milieux naturels/fonctions ................................................................. 28
Exemple d’actions réalisées (ou en cours) en faveur de la biodiversité : ......................................... 31
Autres actions importantes préconisées : ......................................................................................... 33
Objectif 5 : évaluer l’efficacité des mesures de gestion ........................................................................ 34
Objectif 6 : acquérir des connaissances sur des thématiques spécifiques (R&D) ................................. 35
Objectif 7 : communiquer, diffuser les connaissances, valoriser les résultats,… .................................. 37
Communication et diffusion des connaissances ............................................................................... 37
Valorisation des résultats .................................................................................................................. 38
Conclusion et perspectives .................................................................................................................... 39
Références bibliographiques .............................................................................................................. 40
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Tabledesclichés
Cliché 1. Illustration des mosaïques de milieux naturels d’une richesse exceptionnelle et bordant de
façon immédiate le parcours de golf : au premier plan, milieu humide temporaire caractérisé par la
présence massive de Pâquerette annuelle (Bellis annua) et affleurement de dalles rocheuses ; au
second plan, maquis haut à bruyère arborescente ; au dernier plan, peuplement à Pins mésogéens ©
Gourdain. P .............................................................................................................................................. 8
Cliché 2. Dalle rocheuse affleurante sur le domaine du Bois de Bouis © Gourdain. P ......................... 10
Clichés 3. Différentes configurations de mares et de ruisseaux temporaires sur le domaine de Bouis ©
Gourdain. P ............................................................................................................................................ 11
Cliché 4. Les prairies à Sérapias font parties des habitats d’intérêt communautaire recensés sur le
domaine du Bois de Bouis © Gourdain. P ............................................................................................. 14
Clichés 5. Mares temporaires sur le golf de Vidauban (à gauche) et Isoètes sp (à droite) © Gourdain. P
............................................................................................................................................................... 16
Cliché 6. Végétation des pelouses siliceuses méditerranéennes. Au centre, la Paronyque en cyme
(Chaetonychia cymosa) © Gourdain. P ................................................................................................. 17
Clichés 7. Quelques exemples d'espèces observées pendant les inventaires de 2011 à 2016 sur le
domaine du Bois de Bouis © Gourdain. P ............................................................................................. 23
Cliché 8. Clôture ceinturant le parcours de golf. Une Tortue coincée dans le grillage est visible sur ce
cliché. © Rault P‐A................................................................................................................................. 29
Cliché 9. Travaux de débroussaillages à vocation de Défense Forestière Contre les Incendies (DFCI) ©
Rault P‐A ................................................................................................................................................ 29
Cliché 10. Ecrevisse de Louisiane observée dans un plan d’eau sur la partie nord du parcours ©
Gourdain. P ............................................................................................................................................ 29
Cliché 11. Cistude d'Europe (Emys orbicularis) sur l'un des bassins du golf © Rault P‐A ..................... 30
Cliché 12. Test réussi de végétalisation des berges d'un bassin © Rault. P‐A ...................................... 31
Cliché 13. Vue sur une zone ressemée en fétuques (Fescue grass) en mars 2016 © Gourdain. P ....... 32
Cliché 14. Exemple de quadrat pour le suivi de la végétation © Rault P‐A .......................................... 32
Cliché 15. Travaux de modification des systèmes d’irrigation du parcours de golf. © Gourdain. P..... 35
Cliché 16. Installation d’un enregistreur acoustique ............................................................................ 36
Cliché 17. Poster sur la Tortue d'Hermann ........................................................................................... 37
Cliché 18. Cordulie méridionale (Somatochlora meridionalis) photographiée sur le Bois de Bouis ©
Gourdain. P ............................................................................................................................................ 38
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Tabledesfigures
Figure 1. Cartographie du domaine du Bois de Bouis et des principaux zonages réglementaires liés à
la biodiversité ........................................................................................................................................ 11
Figure 2. Cartographie localisant les habitats à enjeux de conservation du domaine du Bois de Bouis
............................................................................................................................................................... 15
Figure 3. Cartographie localisant les habitats à très fort enjeu de conservation ................................. 15
Figure 4. Carte de répartition des espèces floristiques protégées au sein du domaine du Bois de Bouis
............................................................................................................................................................... 18
Figure 5. Les principaux résultats des inventaires menés sur les groupes d’espèces habituellement
peu étudiés ............................................................................................................................................ 22
Figure 6. Evolution du nombre de taxons contactés entre 2011 et 2016, pour les six principaux
groupes faunistiques ............................................................................................................................. 23
Figure 7. Evolution du nombre de taxons contactés sur le domaine .................................................... 24
Figure 8. Carte des habitats préférentiels pour la Tortue d’Hermann .................................................. 26
Figure 9. Les 14 secteurs où ont été déployés l'IQE et l'IPE sur le domaine du Bois de Bouis ............. 27
Figure 10. Mosaïque alvéolaire préconisée lors des débroussaillements à objectifs DFCI ©CEN PACA,
2014 ....................................................................................................................................................... 33
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Unpartenariatengagepourunsited’exception
Au travers du partenariat engagé depuis 2011, pour une durée de cinq ans, avec le Service du
Patrimoine Naturel du MNHN, la fondation d’entreprise du golf de Vidauban pour l’environnement a
souhaité concrétiser les nombreuses actions initiées, dès 2007 en faveur de la biodiversité sur le
domaine de Bouis.
Ce partenariat répond à des besoins de la fondation tout en s’inscrivant dans une logique propre au
Muséum, que ce soit en matière de gestion du site et de sa biodiversité, en matière de valorisation
des avancées accomplies et en termes de production de données.
La convention d’étude a consisté à identifier et intégrer les enjeux de biodiversité sur le site, à les
prendre en compte dans l’usage du site pour le jeu et à orienter la gestion en faveur de la
biodiversité, que ce soit au niveau du parcours de golf ou en dehors (Cf. schéma : démarche de
travail mise en œuvre au cours de la convention FEGVE/SPN‐MNHN).
Afin de répondre à ces objectifs, une connaissance fine des enjeux écologiques a constitué un
préalable indispensable qui a permis par la suite au SPN d’élaborer des préconisations et
d’accompagner la fondation lors de la réalisation d’actions concrètes de gestion. La richesse naturelle
de ce site lui a permis également de se positionner comme un véritable laboratoire à ciel ouvert. La
qualité exceptionnelle du site a ainsi permis au Service du Patrimoine Naturel de tester des
indicateurs de biodiversité (Indice de Qualité Ecologique, etc.), d’élaborer des méthodologies
d’évaluation pour les mares temporaires et les habitats forestiers et de mener des études fines sur
des espèces ou des groupes d’espèces encore peu étudiés jusqu’à maintenant. L’ensemble de ces
travaux ont permis de mieux comprendre les interdépendances des espèces entre elles et avec leur
écosystème, mais aussi d‘identifier les paramètres qui jouent un rôle essentiel dans le
fonctionnement de certains habitats naturels.
Le site a ainsi contribué à faire progresser certaines démarches portées par la recherche dans le
domaine de la conservation du patrimoine naturel.
Comme toute activité humaine, la pratique du golf, la construction ou l’entretien des terrains
génèrent des impacts environnementaux. Même si les « parcours » en eux même sont peu
accueillants pour la biodiversité, ils s’insèrent dans des étendues plus vastes constituées de milieux
naturels en mosaïques qui révèlent des potentialités d’accueil importantes pour la biodiversité. Il
s’agit alors de gérer ces espaces en adoptant des pratiques favorables visant à éviter ou limiter les
impacts négatifs.
Le parcours du Bois de Bouis fut implanté à l’origine sur un espace de grande valeur écologique. Il a
pour cette raison fait l’objet de relations conflictuelles avec des riverains et des associations de
protection de la nature. Il n’est pas question ici de juger du passé, ni des relations entre acteurs sur le
territoire de la Plaine des Maures. Les travaux et les échanges initiés dans le cadre de la convention
entre le Muséum et la FEGVE ont néanmoins été l’occasion de nourrir des démarches entre acteurs
sur des bases différentes et constructives.
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La prise en compte de la biodiversité est l’affaire de tous et plus largement de la SARL Le Prince de
Provence, de son personnel, de l’association du Golf de Vidauban et de ses joueurs, en lien avec la
Réserve Naturelle Nationale de la Plaine des Maures. L’idée est désormais de structurer une action
cohérente et bénéfique à la nature en favorisant la collaboration des différentes parties prenantes,
que ce soit la FEGVE et plus largement la SARL le Prince de Provence, la réserve naturelle de la Plaine
des Maures et le SPN du Muséum.
Cliché 1. Illustration des mosaïques de milieux naturels d’une richesse exceptionnelle et bordant de façon immédiate le parcours de golf : au premier plan, milieu humide temporaire caractérisé par la présence massive de Pâquerette annuelle (Bellis annua) et affleurement de dalles rocheuses ; au second plan, maquis haut à bruyère arborescente ; au dernier plan, peuplement à Pins mésogéens © Gourdain. P
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Uncontextenaturelexceptionnel
LaPlainedesMaures
La Plaine des Maures se situe au sein du Bassin Méditerranéen, un des 34 points chauds de
biodiversité dans le monde (Conservation internationale (ONG), février 2015). Cette région concentre
une grande richesse d’espèces dont un grand nombre sont endémiques, d’où l’importance de
protéger cet espace.
La Plaine des Maures s’étend sur près de 13 000 hectares, cloisonnée entre au Nord et à l’Ouest, les
collines calcaires au pied desquelles les activités anthropiques et l’urbanisation se sont développées
et au Sud et à l’Est, le Massif des Maures, succession de petits reliefs de piémont.
Les paysages et les milieux naturels de cette plaine ont été façonnés par les conditions climatiques et
édaphiques particulières ainsi que par les activités humaines (agriculture, viticulture, pastoralisme,
etc.) et les incendies.
Le climat particulier de la région explique en partie la grande diversité d’habitats naturels, source de
l’exceptionnelle richesse floristique et faunistique. Ce climat est de type méditerranéen à tendance
semi‐aride.
Cliché 2. Dalle rocheuse affleurante sur le domaine du Bois de Bouis © Gourdain. P
Un autre élément expliquant la présence de cette biodiversité exceptionnelle est la structure
géologique et la nature des sols. La Plaine des Maures est une dépression alluviale datant de l’âge
Permien (299 à 251 millions d’années) dont la spécificité repose sur ses sols siliceux, compacts, de
faibles pentes favorisant un écoulement superficiel des eaux (cf. Cliché 2 et Clichés 3). Par endroit,
des dalles rocheuses affleurent (vestige du socle Permien) leur érosion donne des sables et des
argiles, support d’une biodiversité particulière.
Ce substrat très spécifique combiné au climat méditerranéen permet l’existence d’un réseau de
mares et de ruisselets temporaires, habitats à forts enjeux pour la biodiversité.
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Clichés 3. Différentes configurations de mares et de ruisseaux temporaires sur le domaine de Bouis © Gourdain. P
LedomaineduBoisduBouis
Le domaine du Bois de Bouis s’étend sur près de 830 hectares à l’Est de la Plaine des Maures,
sur les premiers contreforts du massif du même nom.
L’ensemble du domaine est concerné par divers zonages réglementaires et d’inventaires (Réserve
naturelle nationale, Natura 2000, ZNIEFF, etc.), qui sont liés à l’importance du site pour la
biodiversité locale et sa conservation.
Figure 1. Cartographie du domaine du Bois de Bouis et des principaux zonages réglementaires liés à la biodiversité
12
Au Nord de ce domaine, 126 hectares clôturés sont dédiés au parcours de golf. Sur ces 126 hectares,
45 hectares sont consacrés au jeu (green, fairway, rough et bunker) et 3.5 hectares aux
infrastructures (le hameau). Le reste du parcours, soit 77.5 hectares, constitue des espaces naturels
intégrés notamment au sein du périmètre Natura 2000 de la Plaine des Maures.
Ce parcours atypique n’est donc pas seulement un lieu pour pratiquer le golf, c’est également et
surtout un espace de nature présentant une haute valeur écologique que ce soit pour les paysages,
les animaux ou les plantes qu’il abrite. De ce fait, ce golf a un rôle important à jouer dans la
conservation de la biodiversité et la gestion des milieux naturels qu’il héberge.
La biodiversité exceptionnelle du site est également un véritable atout pour l’activité golfique. Sa
préservation et sa valorisation :
‐ Contribuent très largement à la qualité paysagère du lieu. La majorité des joueurs
recherchent un cadre agréable pour pratiquer leur loisir,
‐ Participent à l’évolution constante du lieu. En fonction des saisons, le parcours change. Les
joueurs ont le plaisir de découvrir un parcours différent à chaque saison. Cela fait perdurer le
plaisir de jouer en ce lieu.
‐ Constituent une source d’inspiration et confère une identité unique au golf. Le logo du club,
à l’effigie de la Tortue d’Hermann en est le témoin.
Ce golf est un site vitrine, pour le monde du golf au niveau national. En particulier, la relation que
peut entretenir un golf avec son environnement naturel intrinsèque et périphérique, est ici
largement considérée. Le Bois de Bouis pourrait devenir un modèle de référence sur la manière de
prendre en compte et de préserver la biodiversité.
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Objectifs 1et 2 : comprendre le fonctionnement del’ecosysteme «Plaine des Maures» et identifier lesenjeuxdebiodiversite
Les réponses à ces objectifs passent nécessairement par l’acquisition de connaissances sur la faune,
la flore, les habitats naturels et anthropisés, et les relations qu’ils entretiennent entre eux.
Cette démarche d’amélioration des connaissances a vocation à générer une meilleure
compréhension du fonctionnement écologique global du site. Ainsi, en disposant par exemple d’une
cartographie des milieux naturels (cf. Figure 2 et Figure 3), il est possible d’analyser les potentialités
de dispersion des espèces, la localisation des noyaux de populations et la viabilité ou non des
espèces à se maintenir sur le territoire (Cf. Rault, PA. et al. 2015). Ces analyses vont permettre
d’identifier les enjeux de biodiversité du site et de mieux comprendre les mécanismes qui sous‐
tendent leur maintien sur le long terme. Une fois les enjeux clairement identifiés, il sera possible de
répondre aux autres objectifs (Cf. schéma 1. Démarche de travail) :
Objectif 3 : comprendre les effets du golf et de la gestion globale du domaine de Bouis ;
Objectif 4 : assurer la conservation des enjeux et restaurer certains milieux naturels et/ou
fonctions si nécessaire ;
Objectif 5 : évaluer l’efficacité des mesures de gestion ;
Objectif 6 : mener des travaux de recherche et développement ;
Objectif 7 : communiquer (communications orientées vers les scientifiques et l’industrie du
golf), valoriser les résultats, diffuser les connaissances, etc.
L’acquisition des connaissances s’est organisée selon deux approches distinctes :
des inventaires naturalistes orientés,
des suivis écologiques ciblés.
Lesinventairesnaturalistes
Le contexte exceptionnel du site et les connaissances, considérées comme encore partielles, ont
poussé la fondation et le SPN à poursuivre les inventaires menés dès 2007 sur des groupes d’espèces
classiques : oiseaux, plantes vasculaires, amphibiens, reptiles, etc. Les partenaires ont souhaité aller
plus loin en réalisant des inventaires sur des groupes d’espèces pour lesquels il n’y avait que peu ou
pas de données disponibles sur le domaine du Bois de Bouis voire sur la Plaine des Maures :
hétéroptères, arachnides, collemboles, etc.
Quelques exemples de l’intérêt de ces inventaires peuvent être donnés ici :
la présence de certaines espèces rares et protégées par la loi, comme les Isoètes (cf. cliché
p.15), est dépendante de la qualité physico‐chimique des eaux de surfaces. La connaissance
de ces populations permet d’identifier s’il existe des incidences potentielles liées à la gestion
du parcours, et d’améliorer les pratiques le cas échéant ;
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65 habitats dominants
430 hectares recouverts de mosaïques d’habitats
Plusieurs habitats d’intérêt communautaire
les arachnides sont des prédateurs de nombreux invertébrés. Ils sont considérés à ce titre
comme des bio‐indicateurs et ils permettent de limiter le développement de certains
ravageurs (Marc P. et al., 1999). En menant un suivi de ce groupe, il est aussi possible de
démontrer l’effet positif de certaines mesures de gestion ou de restauration écologique ;
D’autres communautés renseignent sur les qualités du sol et jouent un rôle important dans
certains cycles biochimiques (dégradation de la matière organique, etc.). C’est le cas des
collemboles.
Desmilieuxnaturelsremarquables
La connaissance des milieux naturels, leur localisation mais aussi leur état écologique, sont des
éléments indispensables à l’aménagement, à la gestion et au suivi d’un site. Ils permettent de
comprendre l’organisation spatiale et l’évolution des habitats naturels (Dakki M. et al. 2005).
En outre, cela permet également de faciliter les prospections et d’orienter les inventaires
scientifiques et suivis à mettre en œuvre.
Au cours de ces 5 ans, un important travail de cartographie
des habitats naturels a été réalisé. Ce travail d’identification
des habitats naturels du domaine du Bois de Bouis a permis
d’identifier 65 habitats dominants et de constater que plus de
la moitié du site (430 hectares) est recouverte de mosaïques
d’habitats. Une mosaïque d’habitats correspond à une
superposition de plusieurs habitats sur une même surface. C’est une des caractéristiques de la Plaine
des Maures et une des sources de la grande diversité d’espèces que l’on peut y rencontrer.
Cliché 4. Les prairies à Sérapias font parties des habitats d’intérêt communautaire recensés sur le domaine du Bois de Bouis © Gourdain. P
15
Figure 2. Cartographie localisant les habitats à enjeux de conservation du domaine du Bois de Bouis
Figure 3. Cartographie localisant les habitats à très fort enjeu de conservation
16
Certains habitats identifiés présentent un grand intérêt patrimonial. C’est le cas notamment des
habitats liés au réseau de mares et de cours d’eau temporaires caractéristiques de la Plaine des
Maures. Plusieurs de ces habitats sont d’intérêt communautaire comme les pelouses à Sérapias (Cf.
Cliché 4) ou les mares temporaires méditerranéennes (Cf. Cliché 3 et 5).
Les mares temporaires méditerranéennes correspondent à des plans ou des écoulements d’eau très
peu profonds et de faible superficie (cf. photos ci‐après), alimentés par les eaux de ruissellement
issues des précipitations printanières et automnales (RNN de la Plaine des Maures. 2015). Ces milieux
sont soumis à de fortes contraintes environnementales résultant de l’alternance de périodes
inondées et exondées [hors d’eau] (Grillas et al. 2004), conduisant à l’installation d’espèces
spécifiques possédant des stratégies adaptatives complexes telles que : l’Isoète de Durieu (Isoetes
duriaei), l’Isoète voilé (Isoetes velata), la Renoncule de Revelière (Ranunculus revelieri), la Cicendie
filiforme (Cicendia filiformis), etc. La bonne qualité physico‐chimique de l’eau (eau faiblement
chargée en éléments organiques et autres éléments dissous : phosphates, nitrates, etc.) est une
composante indispensable pour le maintien de ces espèces.
Clichés 5. Mares temporaires sur le golf de Vidauban (à gauche) et Isoètes sp (à droite) © Gourdain. P
Les espèces patrimoniales que l’on peut rencontrer dans ces milieux ne sont pas toujours d’un aspect
« extravagant ». Certaines peuvent facilement passer inaperçues aux yeux des profanes comme
l’Isoète de Durieu typique des mares temporaires.
Ce sont des habitats à forts enjeux pour la région PACA de par leurs exceptionnelles richesses, leurs
localisations sur de faibles surfaces et leurs fortes sensibilités aux perturbations et modifications
anthropiques (urbanisation, déprise agricole, etc.) et/ou naturelles (modifications hydrologiques etc.)
(Salles et Coucoureux. 2012). En l’absence de gestion, ils sont également tributaires d’une
dynamique qui tend à favoriser la colonisation par les ligneux. Ils doivent donc faire l’objet d’une
attention toute particulière.
Certains habitats recensés représentent également un grand intérêt pour la faune. C’est le cas
notamment des pelouses siliceuses méditerranéennes (cf. Cliché 6) qui fournissent des ressources
assez importantes pour la faune herbivore, telle que la Tortue d’Hermann (Testudo hermanni), tout
en accueillant des espèces de plantes patrimoniales comme la Paronyque en cyme (Chaetonychia
cymosa) et la Canche de Provence (Aira provincialis).
17
709 espèces floristiques dont 29
espèces patrimoniales
1225 espèces faunistiques dont au
moins 4 espèces nouvelles pour la
science
Cliché 6. Végétation des pelouses siliceuses méditerranéennes. Au centre, la Paronyque en cyme (Chaetonychia cymosa) © Gourdain. P
La forte hétérogénéité des habitats présents, que ce soit en termes de diversité, mais aussi
d’organisation spatiale (mosaïque) et structurale (végétation herbacée, arbustive, arborée),
permet l’installation d’une biocénose (ensemble d’espèces de faune et de flore) très riche, variée
et spécifique du site.
UneFloreetuneFauneexceptionnelles
La convention d’étude a été l’occasion de mener un
inventaire d’envergure de la biodiversité en mobilisant les
compétences de nombreux experts naturalistes sur un site
bénéficiant d’un contexte riche mais ou les connaissances
apparaissent encore limitées. Ces inventaires ont ainsi
permis de révéler la présence d’espèces non référencées à
ce jour dans le Var, voire en France et pour certaines
considérées comme nouvelles pour la science.
Concernant la Flore, parmi les 709 espèces de plantes recensées sur le domaine du Bois de Bouis
durant les cinq années de convention, 29 sont des espèces patrimoniales c’est‐à‐dire des espèces
rares, menacées, remarquables, en limite d’aires de répartition ou à petites aires de répartition.
Certaines d’entre elles sont protégées par la législation au niveau national ou régional.
Beaucoup de ces espèces patrimoniales sont spécifiques des habitats liés au réseau de mares et de
cours d’eau temporaires et/ou intermittents. Ces espèces sont dites spécialistes c’est‐à‐dire qu’elles
n’utilisent que ce type d’habitat. Cette caractéristique fait qu’elles sont très sensibles à toute
altération ou disparition de leur habitat (Jeanmougin M et al. 2014). Si elles sont présentes cela
indique que leur habitat est fonctionnel et de bonne qualité. A l’inverse, si elles sont absentes cela
indique un potentiel dysfonctionnement au sein leur habitat. La conservation de ces espèces passe
18
par la conservation de leur habitat. Si l’habitat se trouve altéré, ces espèces disparaîtront au profit
d’espèces généralistes beaucoup plus banales (Jeanmougin M et al. 2014).
La Renoncule de Revelière (Ranunculus revelieri) est une petite FOCUS :
renoncule amphibie inféodée aux mares temporaires méditerranéennes.
Elle est extrêmement dépendante de cet habitat qui lui‐même est
extrêmement dépendant des précipitations. Si les pluies sont
insuffisantes, la phase de submersion des dépressions que forment ces
mares temporaires ne sera pas suffisamment longue pour permettre à la
renoncule de Revelière de se développer.
Préserver les habitats naturels c’est préserver les espèces patrimoniales qui en dépendent mais
aussi la qualité paysagère unique du lieu.
Figure 4. Carte de répartition des espèces floristiques protégées au sein du domaine du Bois de Bouis
19
Paronyque en cyme(Chaetonychia cymosa) Protégée au niveau
régional, Quasi‐menacée (NT) en France
Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora) Protégée au niveau
national, Vulnérable (VU) en France
Isoète de Durieu (Isoëtes duriei)
Protégée au niveau national
Sérapias méconnu (Serapias neglecta) Protégée au niveau
national, Quasi‐menacée (NT) en France
20
Le domaine du Bois de Bouis accueille une population importante d’Isoète de Durieu (Isoetes FOCUS :
duriei) (Cf. carte de répartition). Cette espèce est protégée au niveau national. Elle se rencontre
seulement dans neuf départements français. Le site est d’une importance majeure pour l’espèce.
Même si cela peut paraître étrange au vue de son abondance sur le site. C’est tout le paradoxe de
certaines espèces rares : elles peuvent être abondantes localement et extrêmement rares partout
ailleurs.
Concernant la Faune, le partenariat entre la FEGVE et le SPN‐MNHN a permis de mobiliser plusieurs
experts sur des groupes d’espèces encore peu étudiés et pour lesquels il existe peu voire aucune
donnée au sein de la Plaine des Maures, tels que :
Les arachnides : groupe d’espèces comprenant les araignées, les scorpions et les
pseudoscorpions ;
Les collemboles : organismes microscopiques vivants dans le sol ;
Les diptères de la famille des empididae : mouches prédatrices ou nectarivores ;
Les hyménoptères : groupe d’espèces comprenant les abeilles, les guêpes et les fourmis ;
Les coléoptères : insectes possédant des élytres dures formant une carapace (coccinelles,
scarabées, carabes, lucanes, etc.) ;
Les orthoptères : groupe d’espèces comprenant les sauterelles, les grillons et les criquets ;
Les hémiptères se divisant en deux sous‐ordres : les hétéroptères comprenant les punaises
et les homoptères comprenant les cigales et les pucerons.
21
les collemboles sont des décomposeurs. Ils consomment la matière organique morte FOCUS :
(végétaux et animaux morts, excréments). En consommant cette matière organique, ils participent à
la formation de l’humus des sols, source d’éléments nutritifs pour les plantes. Ils sont donc essentiels
au bon fonctionnement des écosystèmes et participent donc à donner à l’environnement local sa
spécificité.
Empididae Orthoptère
Arachnide Collemboles
22
Figure 5. Les principaux résultats des inventaires menés sur les groupes d’espèces habituellement peu étudiés
Exemple de résultats d’inventaires :
Camptorhinus statua (Rossi, 1790), un
charançon d’un centimètre qui ressemble à s’y
méprendre à un bout d’écorce colonisé par les
lichens, est une très rare espèce des boisements
matures de chêne. Un individu a été contacté
sur la station de piégeage du golf. Si l’on veut
conserver de telles espèces sur le site, la gestion
sylvicole doit être adaptée. Des chênes mâtures,
voire sénescents doivent être conservés. C’est
un élément à prendre en compte dans le plan
de gestion sylvicole de la propriété.
Les groupes d’espèces habituellement étudiés ont également fait l’objet d’inventaires dans l’optique
de compléter les connaissances déjà acquises avant 2011. Ces inventaires ont permis d’augmenter
d’environ un tiers le nombre de taxons contactés pour les oiseaux, les odonates (libellules), les
amphibiens et les rhopalocères (papillons de jour).
23
Rainette méridionale (Hyla meridionalis)
Cordulie méridionale (Somatochlora meridionalis)
Figure 6. Evolution du nombre de taxons contactés entre 2011 et 2016, pour les six principaux groupes faunistiques
Clichés 7. Quelques exemples d'espèces observées pendant les inventaires de 2011 à 2016 sur le domaine du Bois de Bouis © Gourdain. P
Diane (Zerynthia polyxena)
24
0
500
1000
1500
2000
2500
496
2104
2011
2016
La Diane et la Proserpine sont deux espèces de papillons protégées, dépendantes des FOCUS :
aristoloches (plantes) pour leur développement larvaire. Elles utilisent les substances toxiques de la
plante pour se prémunir contre les prédateurs. Pour protéger ces espèces, il faut protéger les
stations des plantes hôtes de la larve. Il faut recenser ces plantes pour savoir où elles se trouvent et
quelles sont les conditions dont elles ont besoin pour se maintenir.
Entre 2011 et 2016, le nombre de taxons
contactés sur le domaine du Bois de Bouis a
été multiplié par plus de 4, passant de 496
à 2104. Ces chiffres montrent que les
inventaires menés pendant cinq ans ont été
conséquents et efficaces. Ils ont permis :
‐ de répondre à un des objectifs du
partenariat entre la FEGVE et le SPN qui est
d’accroître les connaissances sur la faune et
la flore du site. Cet objectif correspond à un
des trois axes de missions de la fondation.
‐ de mieux comprendre le fonctionnement
des écosystèmes et d’identifier les secteurs
à enjeux de biodiversité. Ces éléments
participent à comprendre les effets du golf
et de la gestion (objectif 3) et à préconiser
des actions de gestion et d’aménagements
écologiques ciblées (objectif 4).
Ces inventaires ont également permis d’enrichir de 8900 données l’Inventaire National du Patrimoine
Naturel (INPN). 33 nouvelles mentions d’espèces ont été ajoutées à l’INPN et 241 pour le
département du Var (Montagne D et Rault PA. 2015).
Figure 7. Evolution du nombre de taxons contactés sur le domaine du Bois de Bouis au cours des cinq dernières années
25
Dessuivisécologiques
La réalisation d’un diagnostic initial de la biodiversité a constitué une première étape dans la prise en
compte de la biodiversité sur le parcours de golf de Vidauban et le site du Bois de Bouis. Les
inventaires déjà effectués ne permettent pas de mesurer tous les éléments de biodiversité mais sont
nécessaires pour nous permettre de mieux connaître :
La qualité écologique du site : Quelle est la qualité des habitats ? Quelle est la capacité
d’accueil du site (connectivité, fonctionnalité écologique, etc.) ?
Les pressions qui pèsent sur la biodiversité remarquable du site ;
Les interactions entre la gestion d’un parcours de golf et la dynamique de certaines
populations.
Le pas de temps relativement long de la convention (5 ans) a permis d’initier des travaux de suivis
écologiques pour aller plus loin et répondre à des questionnements complémentaires.
Une étude importante a ainsi été réalisée sur trois ans, portant sur l’évaluation de l’état de
conservation de la Tortue d’Hermann au sein du parcours de golf (cf. Rault P‐A., 2015).
Plusieurs mesures de l’Indicateur de Qualité Ecologique (IQE. Cf. Delzons et al. 2013) ont également
été réalisées sur différents secteurs du domaine dans le but d’évaluer la biodiversité et la
fonctionnalité écologique de ces secteurs, dans une optique de mise en œuvre et de suivi de mesures
de gestion et d’aménagements écologiques.
L’évaluation de l’état de conservation de la Tortue d’Hermann dans l’enceinte du parcours
de golf.
Le Service du Patrimoine Naturel a initié, dès 2012, une importante étude sur l’évaluation de l’état de
conservation des populations de tortues d’Hermann au sein du parcours, faisant suite à une première
étude menée par la Société d’Histoire Naturelle Alcide‐d’Orbigny visant à établir un état de
référence.
La Tortue d’Hermann (Testudo hermanni) se rencontre dans des formations semi‐ouvertes de type
mosaïques de maquis et milieux naturels ouverts. C’est une espèce protégée et classée vulnérable en
France métropolitaine (en danger (EN) dans le Var) (UICN. 2015).
L’étude avait pour objectif de caractériser le potentiel du site pour l’espèce afin de mieux
appréhender l’impact du parcours de golf et d’accompagner la structure dans ses choix de gestion en
faveur de l’espèce.
L’étude a permis :
‐ d’évaluer l’intérêt du site pour l’espèce (estimation des effectifs), ‐ de préciser la structure démographique des populations, ‐ d’évaluer la qualité des habitats et la capacité d'accueil du site (connectivité, fonctionnalité), ‐ d’identifier les pressions s'exerçant sur cette population et de définir des mesures appropriées pour
les réduire.
26
Au cours des trois années d’étude, 145 tortues ont ainsi été marquées. Les résultats ont permis de
montrer l’existence de deux populations viables malgré l’existence de la clôture isolant les deux
parties du parcours : une population dans la partie Sud du parcours dont l’effectif est estimé autour
de 56 individus et une population dans la partie Nord du parcours dont l’effectif est estimé autour de
103 individus.
L’étude a permis d’identifier les secteurs et habitats sélectionnés préférentiellement par les tortues
d’Hermann tel que le maquis haut dont le couvert végétal offre une protection aux individus et dont
les espèces végétales sont une source de nourriture essentielle.
Figure 8. Carte des habitats préférentiels pour la Tortue d’Hermann
27
L’évaluation de l’état écologique du site à partir de l’Indicateur de Qualité Ecologique (IQE)
L’Indicateur de Qualité Ecologique et sa version simplifiée l’Indicateur de Potentialité Ecologique (IQE
et IPE) ont été développés par le SPN. Cet outil permet d’évaluer la biodiversité et la fonctionnalité
écologique des sites dans une optique de mise en œuvre et de suivi de mesures de gestion et
d’aménagement écologique.
Il était donc intéressant de déployer cet outil sur le domaine de Bouis afin :
d’évaluer dans un premier temps la qualité écologique de différents secteurs du domaine.
14 secteurs ont été expertisés (parcours et hors parcours) dont un qui avait fait l’objet
d’importants travaux de débroussaillement en 2013,
de disposer d’un état initial en vue de la mise en place de suivis dans le temps,
d’alimenter les retours d’expériences sur cet outil en contexte de forte naturalité.
Figure 9. Les 14 secteurs où ont été déployés l'IQE et l'IPE sur le domaine du Bois de Bouis
Les résultats ont confirmés la haute valeur patrimoniale globale du site que ce soit pour les habitats
ou pour les espèces de faune et de flore qu’il abrite. Mais l’indicateur a aussi permis de révéler des
facteurs ayants des incidences directes ou indirectes sur ce patrimoine naturel tel qu’un phénomène
de « pollution lumineuse » localisé au niveau du hameau, l’artificialisation du site qui a un effet
« barrière » pour de nombreuses espèces, la mise en œuvre localement de forts travaux de
débroussaillages, etc. Des aménagements et des mesures de gestion ont donc été préconisés et
répertoriés dans les rapports d’expertises produits par le SPN (cf. Rault P‐A et Delzons O., 2014).
28
Objectifs 3et 4 : comprendre les effets du golf et de lagestion. Puis assurer la conservation des enjeux et/ourestaurercertainsmilieuxnaturels/fonctions
Les inventaires et les suivis mis en œuvre pour comprendre le fonctionnement de l’écosystème,
donnent également des clés de lectures pour identifier les éléments positifs et négatifs du golf et de
la gestion appliquée au sein du domaine. Cependant, des connaissances approfondies de la gestion
proprement dite du golf, sont aussi nécessaire pour atteindre les objectifs 3 et 4.
Le parcours de golf a sans nul doute des effets positifs et négatifs sur la biodiversité du site.
Historiquement, celui‐ci a été installé, au moins en partie, sur des milieux naturels remarquables. Les
résultats des inventaires et suivis engagés dès 2012 ont montrés que la partie close du Bois de Bouis
comprenait encore une large part d’habitats naturels. Sur les 126 ha du parcours de golf, 34 ha sont
recouverts d’une mosaïque de 29 habitats naturels différents. On y recense la présence des cortèges
d’espèces remarquables, rares et menacées, inféodées à ces milieux (Tortue d’Hermann, Gratiole
officinale, etc.).
En revanche, la partie close du domaine montre aussi une proportion plus importante que sur le
reste du site, d’espèces banales et d’espèces exotiques dont certaines sont invasives (Herbe de la
Pampa, Ecrevisse de Louisiane, etc.). Leur présence est souvent liée à des perturbations des milieux
(remaniement des sols, etc.). Par ailleurs, les effets diffus liés à la gestion du parcours (usage de
fongicides, d’intrants azotés, etc.) sont encore mal décrits.
Quelques exemples d’impacts constatés :
Plusieurs éléments fragmentant le paysage ont été recensés. C’est le cas de la clôture qui entoure le
parcours. Elle peut limiter les déplacements de certaines espèces mais aussi générer des mortalités
directes (cf. Cliché 8). Celle‐ci a cependant aussi un effet bénéfique vraisemblable pour les
populations de Tortues d’Hermann qui sont ainsi relativement isolées de certains prédateurs ;
Les surfaces artificialisées tel que le hameau, les zones de jeu, etc. sont globalement peu
accueillantes pour la biodiversité. La pollution lumineuse liée à l’éclairage du hameau perturbe
également les comportements de certaines espèces, notamment des espèces nocturnes (cf. par
exemple Siblet. 2008).
29
Cliché 8. Clôture ceinturant le parcours de golf. Une Tortue coincée dans le grillage est visible sur ce cliché. © Rault P‐A.
Le débroussaillement mécanique réalisé dans le cadre des opérations de Défense Forestière Contre
les Incendies (DFCI) a également eu des incidences globalement défavorables à la biodiversité en
supprimant des habitats accueillants certaines espèces remarquables. Le passage d’engins et la mise
à nu des sols (cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.) accentuent localement les risques
d’érosions, d’autant plus que les évènements de pluies orageuses peuvent s’avérer violents sur la
plaine des Maures.
Cliché 9. Travaux de débroussaillages à vocation de Défense Forestière Contre les Incendies (DFCI) © Rault P‐A
Cliché 10. Ecrevisse de Louisiane observée dans un plan d’eau sur la partie nord du parcours © Gourdain. P
D’autres éléments du parcours ont clairement des incidences positives pour la biodiversité.
Les zones de jeu entretenues quotidiennement ne présentent pas d’intérêt majeur pour la faune ou
la flore locale, contrairement aux étangs et lacs artificiels présents sur le parcours. En effet, l’eau est
un facteur limitant dans cet environnement à tendance semi‐aride. Dans la Plaine des Maures, il n’y a
que très peu de mares ou étangs en eau toute l’année. Sur le parcours, ces milieux représentent
30
donc une aubaine pour les espèces liées aux milieux aquatiques, telles que les odonates (libellules et
demoiselles), les amphibiens ou encore certains reptiles et notamment la Cistude d’Europe (Emys
orbicularis) (cf. Cliché 11). Les concentrations de cette dernière peuvent même être assez
impressionnantes compte‐tenu de la superficie de certains bassins qu’elles occupent.
Cliché 11. Cistude d'Europe (Emys orbicularis) sur l'un des bassins du golf © Rault P‐A
Suite au diagnostic écologique mené et à l’application de l’Indicateur de Qualité Ecologique sur le
parcours de golf (cf. Rault P‐A., et Delzons O., 2014), plusieurs recommandations ont été émises pour
limiter les effets négatifs observés.
Un des objectifs majeurs de la convention est d’assurer la conservation des enjeux de biodiversité
et/ou de restaurer certains milieux naturels ou fonctions écologiques quand cela semble possible.
Cet objectif se concrétise par la réalisation d’un plan de gestion écologique pour le domaine du Bois
de Bouis. Ce document structurant a vocation à constituer une interface entre le plan de gestion
écologique de la réserve naturelle de la Plaine des Maures et la gestion du parcours de golf
proprement dit. Il doit permettre d’orienter et d’accompagner le site dans la mise en œuvre
d’actions favorables à la biodiversité. Ce document se veut à la fois concordant et complémentaire
avec d’autres documents de gestion existants qui s’appliquent au site : le plan simple de
gestion sylvicole du Bois de Bouis (Monta Ch. ASL Subéraie Varoise, 2015), le plan de gestion de la
Réserve Naturelle Nationale de la plaine des Maures (cf. Guicheteau D., 2015), les contrats Natura
2000 (Guicheteau D., ONF Agence départementale du Var. 2005 et 2006) actuellement en place sur
le secteur « Plaine des Maures » site FR 930 1622 (Plaine et Massif des Maures) au titre de la
directive Habitats et le site« Plaine des Maures » site FR 931 0110 au titre de la directive Oiseaux.
De nombreuses préconisations (actions, suivis, …) ont ainsi pu être élaborées et hiérarchisées selon
l’importance des enjeux et le degré d’urgence à les mettre en œuvre. Certaines de ces
recommandations se sont traduites par des actions mises en œuvre (ou en cours) sur le site pendant
la période de la convention.
31
Exempled’actionsréalisées(ouencours)enfaveurdelabiodiversité:
Quelques exemples d’actions engagées en faveur de la biodiversité peuvent être cités ici :
Aménagement des points d’eau existants
Un test de végétalisation des berges a été réalisé par le jardinier référent en matière de biodiversité,
sur un des bassins du parcours (point n°12). Pour ce faire, un grillage avec une buté a été disposé
perpendiculairement au bord de l’étang afin de maintenir des pierres. Ces pierres servent de support
pour accueillir de la terre. Des pieds de Typha sp., prélevé à proximité, y ont été plantés. L’expérience
est concluante serait à généraliser dans la mesure du possible. Cela participe à renforcer la
fonctionnalité des bassins pour les espèces aquatiques (végétation constituant un habitat favorable
au développement des larves de libellules, etc.), et à constituer des échappatoires pour les espèces
terrestres qui pourraient y tomber (mammifères, reptiles, etc.).
Cliché 12. Test réussi de végétalisation des berges d'un bassin © Rault. P‐A
Remodelage des zones de jeu
Une partie des roughs a été semée en fétuques (Fescue grass). Ces zones seront fauchées
tardivement (septembre/octobre), une fois par an pour permettre aux espèces présentes de
terminer leur cycle de reproduction. Il s’agit d’une avancée positive en matière de prise en compte
de la biodiversité, facilitant la gestion, et qui peut comporter un intérêt à la fois golfique et paysager.
32
Cliché 13. Vue sur une zone ressemée en fétuques (Fescue grass) en mars 2016 © Gourdain. P
Préservation des habitats patrimoniaux
Un suivi de la dynamique de végétation de certains habitats patrimoniaux a été mis en œuvre dans le
but d’évaluer la vitesse d’embroussaillement. Les résultats de ce suivi vont permettre d’adapter au
mieux les mesures de conservation.
Cliché 14. Exemple de quadrat pour le suivi de la végétation © Rault P‐A
33
Autresactionsimportantespréconisées:
De nombreuses préconisations ont été consignées dans des rapports d’expertises en premier lieu
desquels le rapport IQE effectué sur le parcours (cf. Rault et Delzons., 2015).
Par ailleurs, depuis début 2016, un tableau de suivi des actions engagées sur le Bois de Bouis est mis
en œuvre en lien avec l’ensemble des acteurs du site. Il permet à la fois d’anticiper les interactions
avec la biodiversité et d’accompagner au mieux la gestion du site par des recommandations
adaptées.
D’autres préconisations ont portées sur la façon dont les
débroussaillements à objectifs DFCI sont menés sur le Bois de
Bouis (ces recommandations ont été incluses dans le plan
simple de gestion forestier de la propriété), sur la gestion et la
valorisation des déchets verts (déchets de tonte, etc.), sur la
réduction des traitements phytosanitaires, etc. Ces
recommandations appellent des questionnements et des
perspectives complémentaires pour aller plus loin dans les
recommandations favorables à la biodiversité. Ces éléments
sont proposés dans le chapitre « conclusion et perspectives »
figurant à la fin de la présente note.
Figure 10. Mosaïque alvéolaire préconisée lors des débroussaillements à objectifs DFCI ©CEN PACA, 2014
34
Objectif5:evaluerl’efficacitedesmesuresdegestion
Cet objectif d’évaluation de l’efficacité des mesures mises en œuvre s’inscrit dans une logique de
prolongement des actions engagées. A ce titre, il n’a pas fait l’objet de développement spécifique au
cours de cette convention mais revêt un caractère essentiel dans l’atteinte des objectifs globaux
visés.
La réalisation d’un diagnostic initial de la biodiversité constitue en effet une première étape dans la
prise en compte de la biodiversité pour des actions de gestion et de conservation ultérieures.
Cependant, le diagnostic initial ne permet pas de mesurer tous les éléments de biodiversité. Surtout,
les suivis de la biodiversité, basés sur des méthodologies standardisées, permettent d’identifier si les
mesures de gestion et de conservation appliquées sur la base du diagnostic initial, ont eu des
répercussions positives ou non. Ils permettent d’identifier les évolutions de biodiversité et les effets
des différentes actions induites sur le territoire d’étude.
Plus spécifiquement, un suivi complémentaire des populations de Tortue d’Hermann reconduit tous
les 5 à 10 ans permettrait de se rendre compte de l’efficacité des actions de gestion dans l’optique
de toujours mieux préserver cette espèce. Cette action pourrait être menée en partenariat avec la
Réserve Naturelle Nationale de la Plaine des Maures qui utilise déjà des techniques de pointe pour le
suivi des populations de cette Tortue.
35
Objectif 6: acquerir des connaissances sur desthematiquesspecifiques(R&D)
La convention prévoyait également que l’expertise du SPN puisse être mobilisée ponctuellement afin
d’accompagner la Fondation sur des questionnements ou projets en lien avec les thématiques
abordées au cours de ce partenariat.
AccompagnementpourlaDFCI
Le SPN‐MNHN accompagne la FEGVE dans le projet de suivi de l’action pastorale à vocation DFCI
(Défense de la Forêt Contre les Incendies) sur le domaine du Bois de Bouis en lien avec la
biodiversité.
En 2015, un projet d’étude mené conjointement entre le CBNMED et le SPN‐MNHN a débuté. Ce
projet a pour objectifs la caractérisation et l’évaluation de l’expression de la biodiversité en situation
de gestion sylvo‐pastorale par un troupeau ovin dans un contexte paysager hétérogène dans le but
d’optimiser l’efficacité de la gestion du site.
Ce projet vise à :
Construire une démarche d’évaluation des effets du pastoralisme, en identifiant les
variables les plus adaptées au suivi de ces effets en lien avec les enjeux de conservation de la
nature ;
Définir les types de gestion les plus favorables à la préservation de la biodiversité du
domaine, en réalisant un état initial et des suivis sur deux secteurs du domaine ayant fait
l’objet de traitement à vocation DFCI différents (mécanique et pastoral). Ce travail a débuté
l’année passée avec la réalisation de plusieurs quadrats de végétation.
Constituer une base de connaissances scientifiques permettant d’alimenter les orientations
de gestion.
C’est aussi un centre d’intérêt fort de la Réserve Naturelle qui suit ce projet avec attention.
Accompagnementlorsdetravaux
La démarche de modernisation du golf avec mise
en place d’un système de drainage et irrigation a
été suivie par le SPN‐MNHN afin d’assurer un
respect de la biodiversité en place, voire une
amélioration à venir des conditions d’accueil. Des
suivis sont envisagés par la suite pour confirmer
l’apport positif de certaines modifications, en
particulier pour les invertébrés (papillons, etc.) et
la flore. Une telle démarche pourrait constituer
Cliché 15. Travaux de modification des systèmes d’irrigation du parcours de golf. © Gourdain. P
36
une référence en matière d’aménagement et de gestion écologique d’un golf.
L’ampleur des travaux scientifiques menés sur le domaine de Bouis implique la mobilisation de
savoirs et de savoir‐faire très larges. Aussi, la mise en œuvre de ces travaux ne peut passer que par la
collaboration avec des experts de différents services du Muséum d’une part mais aussi d’autres
structures scientifiques.
Le SPN a voulu valoriser l’intérêt naturel du site en l’inscrivant dans une optique de « site
expérimental » visant à tester et à améliorer des méthodologies scientifiques qui vont répondre à
des enjeux et des objectifs de portée nationale voire internationale ou à contribuer à des projets de
recherche et développement.
Evaluationde l’étatdeconservationdeshabitatsd’intérêtcommunautaire(Travauxdupôle‘Conservation‘duSPN)
Le SPN‐MNHN est chargé par le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie
d’élaborer des méthodes pour évaluer l’état de conservation des habitats d’intérêt dans les sites
Natura 2000. Le domaine de Bouis a contribué à l’élaboration de la méthode d’évaluation de l’état
de conservation des mares temporaires méditerranéennes. Cette méthode sera diffusée et
généralisée sur l’ensemble du territoire métropolitain. La Plaine des Maures a été choisie comme site
pilote car c’est le berceau d’un réseau important de mares temporaires regroupées en réseau de
ruisseaux temporaires. (cf. Charles, M et Viry, D. 2015). Certaines mares temporaires du domaine ont
ainsi été suivies pour identifier les principaux facteurs nécessaires pour évaluer l’état de conservation
de cet habitat. La méthode produite servira de référence pour la conservation d’un milieu
emblématique de la Plaine des Maures.
Thèse sur l’exploration acoustique des communautés des maresméditerranéennes (Camille Desjonquères, ISYEB, UMR 7205 CNRSMNHNUPMCEPHE)
Les zones humides méditerranéennes sont des écosystèmes remarquables par leur richesse biologique. Leur hétérogénéité implique un dynamisme remarquable des communautés animales, notamment des insectes aquatiques. Mais quelle est la composition de ces communautés et comment varie‐t‐elle dans l'espace et le temps ?
Pour répondre à ces questions fondamentales, un échantillonnage acoustique a été réalisé sur deux mares du domaine de Bouis et 3 mares à proximité de ce domaine, dans le cadre de la thèse de Camille Desjonquères intitulée « Diversité et structure des communautés acoustiques subaquatiques des zones humides en milieu tempéré ».
Cette étude de terrain a permis d'obtenir une base de données unique et très volumineuse. L’analyse des données collectées est actuellement en cours. Cliché 16. Installation d’un enregistreur acoustique
sur une des mares du golf © Desjonquères. C
37
Objectif 7: communiquer, diffuser les connaissances,valoriserlesresultats,…
Communicationetdiffusiondesconnaissances
Différents types de communication ont été menés au cours de la convention, visant un public varié :
Des communications scientifiques (conseil scientifique de la réserve naturelle de la Plaine
des Maures, publications scientifiques, etc.) ;
Des communications vers les acteurs du territoire : élus, associations, etc. (dialogues de
Vidauban en 2013) ;
Des communications plus larges dans le monde du golf (séminaire « golf et
environnement » organisé par la Ligue de Golf d’Alsace en 2015, etc.) ;
Vers les Personnels du golf (poster de présentation des travaux, etc.) ;
Vers les membres du golf (panneaux d’information, site internet, etc.) ;
Communications orientées vers les scolaires et le grand public (site Internet).
Ces communications ont deux objectifs :
Présenter la démarche de travail mise en œuvre et les principaux résultats et actions
engagés ;
Sensibiliser les différentes parties prenantes sur les enjeux de biodiversité locaux.
Les moyens de communication utilisés sont multiples :
Des communications orales lors des assemblées générales de la FEGVE, du conseil
scientifique de la RNN et de la réunion plénière du Service du Patrimoine Naturel ;
Les dialogues de Vidauban ;
Un séminaire sur le thème « Golf et environnement » ;
Des ateliers d’éveil à l’environnement pour les scolaires ;
Deux formations pour le personnel du golf :
‐ Une première formation s’est déroulée le 29 juin 2012 et avait pour objectifs
d’apporter des éléments de compréhension de ce qu’est la biodiversité et de
présenter l’intérêt de la convention ;
‐ Une seconde formation plus technique, réalisée en
partenariat avec la LPO, s’est déroulée en deux
sessions : le 5 novembre 2013 et le 20 mars 2014 ;
Des panneaux d’informations :
‐ Deux panneaux d’information portant sur
« l’interaction et la cohérence entre la biodiversité
et l’activité golfique » ;
‐ Un panneau d’information à destination des
golfeurs installé à l’entrée du clubhouse ;
Cliché 17. Poster sur la Tortue d'Hermann
38
‐ Trois nouveaux panneaux d’information seront prochainement installés près du
cabanon.
Un poster sur la Tortue d’Hermann à destination des golfeurs ;
Des articles et des fiches espèces sur le site internet et dans la newsletter de la Fondation.
Les données récoltées au cours des 5 ans de convention ont FOCUS :
été diffusées sur l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
(Cf. page 23).
Valorisationdesrésultats Les travaux d’inventaires ont fait l’objet de valorisations par des publications scientifiques ou contributions à des travaux plus larges1.
Un article sur « Les Araignées du Golf de Vidauban et du Domaine du Bois de Bouis (Var‐France) » est en cours de rédaction. Une autre publication sur la découverte de nouvelles stations de Cordulie méridionale (Somatochlora meridionalis) dans le Var et les Alpes‐Maritimes est parue en octobre 20152 (cf. ci‐dessous).
Cliché 18. Cordulie méridionale (Somatochlora meridionalis) photographiée sur le Bois de Bouis © Gourdain. P
1 BOSMANS R., HERVE Ch. 2015. Tmarus horvathi Kulczyński, 1895, synonyme plus récent de Tmarus punctatissimus (Simon, 1870) (Araneae, Thomisidae), avec de nouvelles données sur la distribution de l’espèce. Revue arachnologique, série 2, n° 2, mai 2015 ‐ pp. 38‐40. 2 Rault, P.‐A., Gourdain, Ph., Guicheteau, D., George, G. & Braud, Y. 2015. Découverte de nouvelles stations de Cordulie méridionale Somatochlora meridionalis Nielsen, 1935 dans le Var et les Alpes‐Maritimes. Nature de Provence, publication web, octobre 2015, 1‐4. http://www.cen‐paca.org/index.php?rub=5&pag=5_01_1faune0
39
Conclusionetperspectives
Au terme de 5 années d’études, la convention entre la FEGVE et le SPN‐MNHN a permis d’engager de
nombreux travaux afin de favoriser la conservation de la biodiversité ou améliorer la capacité
d’accueil du site. Elle a fait émerger des pistes d’études et des questionnements complémentaires.
Elle a aussi et surtout permis de constituer une base scientifique solide pour comprendre la
biodiversité du site et mettre en œuvre des choix de gestion adaptés à la fois à la conservation des
enjeux et adaptés à la gestion du parcours de golf.
Cette première convention a permis également de favoriser le dialogue entre les différents acteurs
de ce territoire et de redonner au site une place essentielle dans la compréhension et le maintien des
enjeux de biodiversité de ce territoire.
A ce stade, les résultats scientifiques obtenus méritent d’être plus largement repris et poursuivis
dans le cadre de la gestion de l’activité golfique du site.
Afin de poursuivre l’engagement du site dans une politique globale de prise en compte des enjeux de
biodiversité, différents axes de réflexions peuvent d’ores et déjà être identifiés.
Ainsi la valorisation des acquis scientifiques et des données récoltées pourraient être engagées via
des restitutions in situ mais également plus largement vers les acteurs du territoire (associations,
collectivité…). Différents modes de restitution peuvent être envisagés, que ce soit sous forme de
plaquettes, d’expositions thématiques sur le site du golf, d’accueil d’un public scolaire, etc…
La gestion exemplaire du site doit se poursuivre en se basant sur une meilleure connaissance du
fonctionnement de compartiments biologiques peu étudiés au cours de ces premiers travaux, en
s’intéressant notamment au suivi de la qualité de l’eau en lien avec les nouveaux aménagements
réalisés sur le site, au fonctionnement du sol et des systèmes aquatiques.
L’inscription du site dans des domaines scientifiques innovants tel que l’utilisation de l’ADN
environnemental pour la détection d’espèces aquatiques pourrait ainsi être envisagé et permettre de
souligner un soutien à des thématiques de recherche.
La réussite d’une convention telle que celle passée entre la FEGVE et le MNHN passe bien sûr par une
appropriation des résultats par les acteurs directs du site, c’est à dire le personnel du golf et leur
implication quotidienne. Des démarches de sciences participatives pourraient ainsi être mise en
œuvre sur le golf. Plus globalement, des échanges réguliers entre personnels du site et Muséum, au
travers par exemple de participations à des réunions techniques, est un souhait exprimé de façon
bilatérale ; ceci pour œuvrer dans une direction commune qui conjugue les impératifs de gestion et
d’entretien d’un parcours de golf avec la conservation et la valorisation d’un site au patrimoine
naturel d’exception.
40
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Resume
Au travers du partenariat engagé depuis 2011, pour une durée de cinq ans,
avec le Service du Patrimoine Naturel du MNHN, la fondation d’entreprise du
golf de Vidauban pour l’environnement a souhaité concrétiser les nombreuses
actions initiées, dès 2007 en faveur de la biodiversité sur le domaine de Bouis.
Ce partenariat répond à des besoins de la fondation tout en s’inscrivant dans
une logique propre au Muséum, que ce soit en matière de gestion du site et de
sa biodiversité, en matière de valorisation des avancées accomplies et en
termes de production de données.
La convention d’étude a consisté à identifier et intégrer les enjeux de
biodiversité sur le site, à les prendre en compte dans l’usage du site pour le jeu
et à orienter la gestion en faveur de la biodiversité, que ce soit au niveau du
parcours de golf ou en dehors.
Le présent rapport est la synthèse de ces cinq années de partenariat. Il
présente la démarche de travail mise en œuvre au cours des cinq ans, les
principaux résultats et analyses des travaux menés et les perspectives qui en
découlent.