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Tuteur : Dr Sylvie Gaglione-‐Rolland
Soutenance : 24/25/26 Juin 2014
Créer un contexte d’auto-
guérison :
OSTEOPATHIE ET HYPNOSE
ERICKSONIENNE,
Thérapies synergiques?
NICOLAS HARRELL-‐BOND
Année Universitaire 2013 – 2014
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Sommaire
1. INTRODUCTION
2. RAPPELS THEORIQUES : Qu’est-ce que l’Hypnose Thérapeutique
Ericksonienne ?
2.1 Les définitions
2.2 Les bases
2.3 Les ondes cérébrales
2.4 Lien corps esprit
2.5 Les différentes phases de la séance d’hypnose
3. L’APPORT DE L’HYPNOSE pour le patient dans une consultation
ostéopathique
L’histoire de Milton Erickson 3.1.
La notion de globalité en ostéopathie 3.2.
L’apport de l’hypnose dans le domaine de la santé 3.3.
3.3.1 Les symptômes physiques liés au stress ou à un syndrome d'épuisement
3.3.2 Les troubles et symptômes inflammatoires
3.3.3 Les symptômes liés à une défaillance du système immunitaire
3.3.4 Les troubles émotionnels chroniques
La douleur 3.4.
4. L’APPORT A l’OSTEOPATHE d’une pratique de l’hypnose ou
autohypnose
La concentration et l’attention de l’ostéopathe 4.1.
L’Amélioration des sensations de l’ostéopathe 4.2.
La détente du patient 4.3.
La gestion de ses propres émotions et de son stress, l’augmentation de la 4.4.
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performance
Le développement de la relation patient-thérapeute 4.5.
5. LA MISE EN PLACE ET LES LIMITES d’une telle pratique notamment
dans la pratique ostéopathique de cabinet
Comment peut-on associer l’hypnose en complément dans une pratique 5.1.
ostéopathique de cabinet
5.2 Les limites à une mise en place au cabinet
6. CONCLUSION
7. BIBLIOGRAPHIE
8. RESUME/ABSTRACT
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1. Introduction
De plus en plus de thérapeutes (médecins, kinésithérapeutes, ostéopathes, etc.)
désirent améliorer leurs connaissances et leur pratique de tous les jours en cabinet.
Dans ce but ils décident de se former ou de participer à des stages parfois dans la
même discipline (master class, formations du Centre de Formation Professionnelle
Continue en Ostéopathie par exemple, etc.). Pour apporter un plus à la prise en charge
et au soin du patient les thérapeutes peuvent aussi faire des formations ou diplômes
dans des thérapies complémentaires comme le kinesio-taping, la médecine chinoise
(dans toute sa grande variété de domaines tels les massages chinois, l’aromathérapie
etc.), les fleurs de Bach etc.
Ce mémoire s’intéresse à une discipline assez méconnue, parfois
même stéréotypée et sujette à des préjugés: l’Hypnose Thérapeutique Ericksonienne.
L’hypnose thérapeutique est une discipline très ancienne mais sa forme
« moderne », principalement fondée par Milton Erickson, est une discipline un peu
plus jeune que l’ostéopathie. Cette dernière discipline, au même titre que l’hypnose,
attire de plus en plus de patients. L’hypnose est utilisée par certains médecins en
hôpital notamment par les anesthésistes et de plus en plus dans les cliniques de la
douleur. De nombreuses personnes découvrent l’hypnose pour arrêter de fumer,
guérir des phobies ou pour d’autres problèmes comportementaux et pour bien
d’autres problématiques encore. L’hypnose thérapeutique est aussi souvent
confondue avec l’hypnose spectacle même si ces deux disciplines sont bien
différentes. Le but de l’hypnose est, grâce à des techniques de communication, de
créer un contexte d’auto-guérison du corps où le patient pourra retrouver un mieux-
être
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L’ostéopathie, de son côté, est une discipline en pleine expansion qui attire
une multitude de nouveaux patients. C’est une pratique à visée globale reposant sur
des principes exposés par A.T. Still. Suite à un travail diagnostique, l’ostéopathe
travaille sur des restrictions de mobilité qui perturbent l’équilibre du patient pour
créer un contexte d’auto-guérison qui permettra au patient de retrouver un mieux-être.
En quoi ces disciplines peuvent-elles être complémentaires ou synergiques ?
La complémentarité de ces deux pratiques de soin permettrait-elle de créer un
contexte d’auto-guérison nécessaire à retrouver un mieux-être du patient ?
Pour répondre à ces questions je vais mener un travail de réflexion sur la
possible complémentarité de l'ostéopathie et de l'hypnose Eriksonienne dans un
traitement global du patient. La réflexion se posera sur trois optiques principales:
• L'apport de l'hypnose pour le patient (la réflexion se posera sur l’étude de
l’hypnose et sur ses applications)
• L'apport de la pratique de l'hypnose ou autohypnose pour l’ostéopathe lui-
même
• La mise en place et les limites d'une telle pratique notamment dans la pratique
ostéopathique de cabinet.
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2. Rappels théoriques : Qu’est-‐ce que
l’Hypnose Thérapeutique
Ericksonienne ?
Dans un premier temps, il est important d’expliquer ce qu’est exactement
l’Hypnose Thérapeutique Ericksonienne.
2.1 Les définitions :
Selon le dictionnaire Larousse (2000) : l’hypnose est « 1- État de conscience
particulier, entre la veille et le sommeil, provoqué par la suggestion. 2- Ensemble des
techniques permettant de provoquer un état d’hypnose, utilisées notamment au cours
de certaines psychothérapies. »
Pour Milton Erickson, fondateur de l’hypnose moderne Ericksonienne (1980),
l’hypnose est « Un état de conscience dans lequel vous présentez à votre sujet une
communication, avec une compréhension et des idées, pour lui permettre d’utiliser
cette compréhension et ces idées à l’intérieur de son propre répertoire
d’apprentissages. »
Pour Jean Godin, Médecin Psychiatre, Président du premier Institut Milton
Erickson à Paris (1991), « C’est un mode de fonctionnement psychologique dans
lequel un sujet, grâce à l’intervention d’une autre personne, parvient à faire
abstraction de la réalité environnante, tout en restant en relation avec
l’accompagnateur. Ce ”débranchement de la réaction d’orientation à la réalité
extérieure”, qui suppose un certain lâcher-prise, équivaut à une façon originale de
fonctionner à laquelle on se réfère comme à un état. Ce mode de fonctionnement
particulier fait apparaître des possibilités nouvelles : par exemple des possibilités
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supplémentaires d’action de l’esprit sur le corps, ou de travail psychologique à un
niveau inconscient.
Pour Léon Chertok, psychiatre français connu pour ses travaux sur l'hypnose
et la médecine psychosomatique (1979), l’état hypnotique apparaît donc comme un
état de conscience modifié, à la faveur duquel l’opérateur peut provoquer des
distorsions au niveau de la volition, de la mémoire et des perceptions sensorielles - en
l’occurrence dans le traitement des informations de la douleur. »
Pour Olivier Lockert, hypnothérapeute, écrivain et enseignant, cofondateur de
l'Institut Français d'Hypnose Eriksonienne, fondateur de l'Hypnose Humaniste
(2001): « c’est un “État Modifié de Conscience” naturel, connu depuis que l’être
humain existe. La “conscience” en question est en fait simplement notre esprit
conscient, la perception ordinaire que nous avons du monde, avec nos 5 sens. Les
techniques utilisées pour modifier l’état de conscience habituel sont multiples et
choisies en fonction de l’objectif global à atteindre. »
La définition de la British Medical Association (1955) est la suivante: « Un
état passager d’attention modifiée chez le sujet, état qui peut être produit par une
autre personne et dans lequel divers phénomènes peuvent apparaître spontanément,
ou en réponse à des stimuli verbaux ou autres. Ces phénomènes comprennent un
changement dans la conscience et la mémoire, une susceptibilité accrue à la
suggestion et l’apparition chez le sujet de réponses et d’idées qui ne lui sont pas
familières dans son état d’esprit habituel. En outre, des phénomènes comme
l’anesthésie, la paralysie, la rigidité musculaire et des modifications vasomotrices
peuvent être dans l’état hypnotique, produits et supprimés. »
L’Encyclopédie médicale de Russie (1982) : « État artificiel particulier de
l’homme, produit par la suggestion, qui se distingue par une sélectivité particulière
des réactions et se manifeste par une augmentation de la réceptivité à l’action
psychologique de l’hypnotiseur et la diminution de la sensibilité aux autres
influences. »
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2.2 Les bases :
Le plus important à savoir est que l’état de transe hypnotique ou état de
conscience modifiée est un état totalement naturel.
Avec le développement des nouvelles technologies et notamment au niveau de
l’imagerie médicale et des technologies neurologiques, nous sommes en mesure de
décrire ce qu’est un état hypnotique. Il subsiste encore des zones d’ombre et une
multitude de choses à découvrir.
Le mot “hypnose” suscite de nombreuses réactions. La majorité de la
population connaît ce mot mais quand on demande à ces mêmes personnes ce qu’est
réellement l’hypnose, on peut entendre mille et une réponses différentes. Depuis une
vingtaine d’années, on peut observer ce qui se passe dans le cerveau pendant qu’il est
en état hypnotique. Grace à cela, nous avons compris que cet état est un état
totalement naturel du cerveau, état que l’on atteint plusieurs fois tout au long de la
journée. Pour illustrer cela Michel Kérouac, psychothérapeute, membre de l’Ordre
professionnel des travailleurs sociaux du Québec, définit l’hypnose comme « Un état
et/ou un processus de conscience modifiée, produit par une induction directe,
indirecte ou contextuelle, ressemblant parfois au sommeil, mais physiologiquement
distinct, caractérisé par une élévation de la suggestibilité et qui produit à son tour
certains phénomènes sensoriels et perceptuels. Cet état, que certains auteurs appellent
“la transe”, est un état naturel que l’on peut vivre tous les jours : lorsqu’on rêve
éveillé, lorsqu’on regarde un feu attentivement, lorsqu’on perd temporairement la
notion du temps au volant d’une voiture ou, tout simplement, lorsqu’on est “dans la
lune”. »
On peut aussi évoquer ce « phénomène » lorsque l’on s’endort, allongé dans le
lit, et qu’arrive ce moment où l’on n’est pas encore endormi mais plus tout à fait
éveillé. On peut encore entendre les bruits alentours mais on ne sent plus nos jambes.
Ou encore quand on est au cinéma et nous sommes tellement captivé par le film que
l’on n’a plus la conscience des gens qui nous entourent. Il arrive de sourire avec les
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personnages ou de pleurer lors d’un moment triste, et soudain, c’est la fin du film.
Deux heures se sont écoulées et on n’a pas eu conscience que ce temps est passé. La
seule différence est que pendant une séance d’hypnose on tente de provoquer cet état
volontairement.
Le cerveau est, si on peut le réduire à cela, un appareil électronique. Et
comme tout appareil électronique il émet des longueurs d’ondes. Ondes que l’on peut
facilement mesurer avec les moyens dont nous disposons à l’heure actuelle. Quand on
est dans un état hypnotique on peut observer des fréquences ou tout du moins, une
catégorie d’ondes bien spécifique. On peut également observer que les perceptions
sensorielles sont altérées sans savoir pourquoi (au cinéma : on n’est pas conscient du
temps ou alors des gens autour de nous). La perte de la perception du temps est
caractéristique de l’état hypnotique (dans un sens ou dans l’autre). De plus, nous
pouvons aujourd’hui l’observer grâce à une imagerie IRM, une forme d’activité
neurologique qui apparaît dans le cerveau lorsque la personne entre dans l’état
hypnotique. Cette forme d’activité qui n’existe pas lorsque l’on est éveillé.
L’hypnose est donc une technique basée sur les capacités naturelles du
cerveau humain à modifier son état de conscience et grâce à cela, à modifier certaines
fonctions sensorielles, physiologiques ou psychologiques.
Le mot hypnose est souvent sujet à controverse. Bien que l’hypnose dite de
spectacle (cirque, cabaret, etc.) fonctionne selon les mêmes principes que ceux
utilisés en hypnothérapie, elle ne peut pas produire les mêmes effets bénéfiques car le
contexte dans lequel elle est utilisée est différent. Cet amalgame provoque une
mauvaise perception de ce qu’est l’hypnose et de ce qu’elle peut apporter au patient.
L’hypnose fait partie des états de transe, qui font eux-mêmes partie des états
modifiés de conscience. Il y a donc de multiples façons de vivre un état modifié de
conscience. Il n’est pas possible de décrire l’hypnose, comme l’autohypnose
d’ailleurs, sans décrire la notion d’état de conscience et ses différentes formes. À
chaque moment de notre vie, notre état de conscience varie.
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L’hypnose utilise cette capacité naturelle du cerveau à changer d’état de
conscience. Grâce aux découvertes scientifiques récentes dans le domaine des
neurosciences, on sait avec certitude que l’état de conscience a un impact
fondamental sur les facultés psycho-neurologiques et sur les capacités du corps à se
détendre, à se régénérer et à se guérir s’il est malade. Ainsi, on pourrait décrire
l'hypnose comme une technique permettant d'entrer dans un état de conscience
spécifique afin de réaliser le changement souhaité. Que ce soit pour libérer une peur,
une tension ou une angoisse, pour calmer une douleur ou un stress, pour modifier une
habitude néfaste ou pour développer une nouvelle ressource intérieure (confiance,
assurance, etc.), l'état de conscience joue un rôle essentiel et fondamental.
2.3 Les ondes cérébrales :
Médicalement parlant, le cerveau est constitué de milliards de neurones qui
utilisent des signaux électriques pour communiquer entre eux. Comme tout appareil
électrique, ces messages échangés produisent des ondes électriques, appelées
également ondes cérébrales, que l'on mesure lors d'un électroencéphalogramme.
Ainsi, l'état de conscience correspond, entre autres, à une certaine fréquence des
ondes cérébrales. Le tableau ci-dessous résume les différentes catégories d'ondes et
leur lien avec l'état de conscience.
Nom de fréquence Fréquence Description de l’état de conscience
Bêta 13-38 Hz Etat d’éveil actif
Alpha 8-13 Hz Eveillé mais bien relaxé (hypnose légère)
Thêta 3-8 Hz Sommeil léger, extrême relaxation (hypnose profonde)
Delta 0,2-3Hz Etat de sommeil
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Figure 1 classification des fréquences d’ondes cérébrales et les conditions mentales associées.
La première phase du travail hypnotique s'appelle l'induction. Grâce à des
moyens tels que la focalisation de l'attention sur la respiration ou la relaxation
progressive, l'induction permet une modification progressive de la fréquence des
ondes cérébrales et, ainsi, un changement de l'état de conscience. Lorsque la
fréquence des ondes cérébrales est comprise entre 3 Hz et 12 Hz, le cerveau se trouve
dans l'état de conscience le plus approprié pour recevoir les suggestions positives et
les images ou métaphores qui lui permettront de produire le changement intérieur
souhaité. Selon plusieurs études russes et plus réclament une recherche de l’INSERM
(institut de la santé et de la recherche médicale) à Toulouse et grâce à un appareil
comme l'IRM fonctionnelle (ou IRMf), il est possible d'observer finement la structure
du cerveau alors que ce dernier est en train de réaliser une tâche spécifique.
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L'utilisation de l'IRMf permet d'avoir le film de l'activité neurologique durant le
temps de l'examen. Ainsi, il est possible d'observer l'évolution de l'activité du cerveau
durant une transe hypnotique. De telles observations ont permis de démontrer que
l'état hypnotique engendrait une activation très intense de certaines zones du cerveau.
Cela confirmerait que, sous hypnose, le cerveau ne perdrait pas le contrôle du corps
mais aurait plutôt un contrôle beaucoup plus complet et subtil dessus. Ainsi, on
pourrait résumer le fonctionnement de l'hypnose comme un processus à travers lequel
le cerveau est en hyper-contrôle du corps et de l'esprit.
Grâce aux possibilités d'observation qu'offrent les appareils d'imagerie par
résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), il est possible d'observer le
fonctionnement du cerveau en temps réel. Ainsi, il est possible d'observer l'évolution
de l'activité neurologique d'une personne hypnotisée à qui sont adressées des
suggestions d'altération, des perceptions sensorielles comme par exemple une
anesthésie de la main. De telles expériences ont permis de démontrer que l'altération
de la perception sensorielle se situait à l'intérieur même du cerveau. Dans le cas d'une
anesthésie sélective de la main, il a pu être démontré que la zone du cerveau
responsable du contrôle de la main anesthésiée se mettait "hors service" de telle façon
que tous les signaux transmis, via les nerfs, par les capteurs sensoriels localisés dans
la main jusqu'au cerveau, n'étaient plus traités.
2.4 Lien corps-esprit :
Les liens corps-esprit existent même si nous ne disposons pas des moyens
techniques pour les observer et les mesurer. Toutes les grandes traditions de
médecine à travers le monde sont fondées sur le principe central que l'être humain est
multidimensionnel. C'est le XIXème siècle qui a marqué un tournant dans l'histoire de
la médecine dont l'impact est très fortement présent aujourd'hui. À cette période,
d'illustres scientifiques, tels Louis Pasteur et Claude Bernard, font des découvertes
très importantes dans le domaine de la bactériologie. Cette époque marque la
naissance de la médecine moderne basée uniquement sur les évidences observables.
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Progressivement s'est développée la croyance selon laquelle ce qui ne peut pas être
observé scientifiquement n'est pas réel et, par conséquent, n'est pas efficace pour
guérir.
Malheureusement, les moyens technologiques de l'époque étaient très limités
et n'offraient aucune possibilité d'observer le cerveau (siège de l'esprit) et les
échanges pouvant exister entre ce dernier et le corps. Cet état de fait a grandement
influencé le courant des recherches puisque la science médicale s'est concentrée de
plus en plus sur le corps jusqu'à décoder son élément constituant le plus petit qui est
le code génétique. Cela a également eu un impact important sur le développement des
moyens thérapeutiques puisque s'est ancré le principe selon lequel un
dysfonctionnement au niveau du corps ne peut être résolu qu'en agissant sur le corps.
L'hypnothérapie tout comme l’ostéopathie reprend les principes ancestraux des
diverses médecines traditionnelles, quelles que soient leurs origines géographiques,
selon lesquels le corps et l'esprit sont reliés et qu'ils communiquent dans une notion
de globalité.
Grâce à ce que l'on sait aujourd'hui des liens corps-esprit, il est possible
d'affirmer que les émotions et les pensées ont une influence, directe ou indirecte, sur
l'activité neuronale et que ces modifications au niveau de l'activité neuronale se
répercuteront dans le corps et dans la production, entre autres, de certaines hormones
et de certaines protéines. Lorsque l'on sait que les protéines jouent un rôle central
dans le processus de reproduction cellulaire, on peut mieux imaginer les potentialités
de la médecine corps-esprit. Dans le même temps, il est intéressant de noter que, à
l'inverse, l'activité physique peut avoir un impact sur l'humeur et les pensées. Qui ne
s'est jamais senti de meilleure humeur ou plein d'espoir après une bonne ballade
agréable ? Dans un premier temps, il faut savoir que c'est grâce à l'esprit (siège de la
psyché) que nous sommes capables de penser, d'analyser, d'imaginer et de ressentir
des émotions. Le siège de l'esprit se trouve au sein de la centrale de contrôle du
système nerveux qu'est le cerveau. C'est la raison pour laquelle, très souvent, on fait
l'amalgame entre l'esprit et le cerveau.
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Ce lien très étroit entre le corps et esprit nous indique parfaitement qu’en
travaillant avec l’esprit nous pourrons avoir un effet somatique et inversement.
2.5 les différentes phases de la séance d’hypnose
Le travail hypnotique est celui qui consiste l'utilisation à proprement parler de
la transe pour aider son patient à atteindre le but, la solution, désirés. Cette étape de la
séance se fait bien sur après avoir accueilli le patient, avoir établit la relation
thérapeutique et d’avoir pris connaissance de la situation actuelle du patient, de sa
problématique. Une séance d'hypnose, comme une séance d'autohypnose d'ailleurs,
se décompose en 3 parties distinctes qui, dans la pratique, se chevauchent et
s'entremêlent :
2.5.1. L'induction hypnotique (qui se caractérise surtout par de la relaxation.
L’hypnotherapeute cherche a mettre le patient dans un état de conscience modifié et a
diminuer la fréquence des longueurs d’ondes)
2.5.2. Les suggestions hypnotiques (le thérapeute emploie des métaphores, des
images et d’autres suggestions pour induire le changement souhaité. Par analogie à
l’ostéopathie se serait la phase de traitement ostéopathique)
2.5.3. La sortie de transe (dans cette phase le thérapeute va guider le patient de
nouveau vers un état d’éveil)
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3. L’apport de l’hypnose pour le patient
dans une consultation ostéopathique.
3.1 L’histoire de Milton Erickson, développeur de l’hypnose moderne
Milton Erikson. Né le 5 décembre 1901 au Nevada (Etats-Unis), Milton
Erickson a eu une enfance difficile marquée par de nombreux troubles et pathologies
qui ont façonné sa vie, sa mentalité et son futur métier. A l’âge de 17 ans il fut atteint
d’une crise de poliomyélite. Un soir, alité chez lui, Milton Erickson surprit une
conversation entre son médecin et sa mère ; celui-ci expliquait à la mère que le jeune
homme ne passerait sûrement pas la nuit. Milton Erickson fut pris d’une colère
immense face au manque de tact du médecin envers sa mère. Il décida qu’il passerait
la nuit. Il demanda donc à sa mère de déplacer sa commode sur laquelle était placé un
miroir pour qu’il puisse voir le lever du soleil. En effet, il survécut à la nuit, mais le
matin venu il sombra dans un coma de 3 jours qui le laissa paralysé quasiment
entièrement. Il pouvait bouger la bouche, cligner des yeux volontairement et avait
quelques degrés de rotation de tête. De nouveau il surprit une conversation entre sa
mère et le médecin. Celui-ci expliquait à la mère du jeune Milton qu’il resterait
paralysé toute sa vie, que sa condition était irréversible. Encore une fois le jeune
homme fut pris d’une colère et se promit qu’un jour, il marcherait de nouveau.
Cependant, marcher était un peu plus compliqué que de déplacer une commode. Il
passait ses journées alité. Et quand on passe ses journées dans un lit à ne plus pouvoir
bouger, on s’ennuie. Il occupait donc ses journées à jouer avec tout ce qu’il lui
restait : ses sens. Il est devenu très fin observateur et au bout d’un certain temps il
pouvait dire qui rentrait dans la maison simplement en écoutant le son des pas. Seul,
dans le silence, il lui arrivait souvent d’être à la limite du sommeil. Pas endormi et
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pas réveillé non plus. Et dans ces petits moments de « rêveries éveillées » il lui
arrivait souvent de se souvenir du temps où il pouvait marcher, courir, sentir ses bras
et ses jambes. Un jour, pendant ses rêveries, il sentit un petit picotement dans un
doigt. Au départ, il se dit que ce n’était que son imagination. Mais après quelques
temps, le picotement s’était propagé dans le poignet, puis dans le bras. Etonné de ce
changement il décida donc de s’entraîner à provoquer cet état de « conscience
modifiée ». À la même époque, la plus jeune de ses 7 sœurs et 1 frère apprenaient à
marcher. Il demanda à ses parents de mettre sa petite sœur toute nue dans la chambre
alors qu’elle faisait ses premières tentatives de pas. Fort de sa nouvelle capacité de fin
observateur, il observait chaque contraction, chaque mouvement qu’il enregistrait
pour qu’il puisse, pendant ses moments de rêveries, les imaginer et les reproduire
dans son corps, comme si il réapprenait à marcher. Au bout de quelques mois Milton
Erickson marchait avec des béquilles. A 17 ans, il entreprit un périple d’un mois en
kayak en solitaire dans les grands lacs du nord des Etats-Unis. A son retour il
marchait normalement. Comme souvent dans ce genre de situation, il décida de
consacrer sa vie à ce qui avait sauvé la sienne. Il se lança dans des études de
psychiatrie. Il resta très curieux et, lors de ses nombreuses lectures, il découvrit que
ce qu’il faisait dans son lit était de l’hypnose. Il fit donc fait des recherches, des essais
et reste aujourd’hui le père de l’hypnose moderne dite « Ericksonienne ». Plus tard
dans sa vie il eut une rechute de poliomyélite et finit sa vie en chaise roulante. Cette
histoire frappante de sens montre que l’on peut exploiter le lien entre le corps et
l’esprit et utiliser l’hypnose pour accélérer ou engager un processus de guérison du
corps.
Cette histoire nous permet aussi d’évoquer la loi de l’artère en ostéopathie :
Cette règle est en soi assez simple : elle consiste à affirmer que pour que toutes les
parties du corps soient saines et fonctionnelles, l’artère (lymphe et système nerveux)
doit permettre au nutriment de bien circuler pour être bien acheminé dans tout le
soma. Still utilise, dans son autobiographie, la métaphore d’un chariot contenant
toutes les vivres nécessaires à un groupe d’hommes campé aux confins de la
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Californie. Si, pour quelques raisons que ce soit, le chariot est retardé, les denrées se
gâtent. Les hommes qui dépendent de ses vivres ne mourront peut-être pas, mais ils
connaîtront la disette. Cependant la circulation des nutriments et des informations
dans le corps dépend du centre de commande qu’est le cerveau. L’histoire de Milton
Erickson montre bien ici l’importance qu’à la commande sur le reste du corps.
L’hypnose permet de recréer des interconnections nerveuses pour que les
informations puissent circuler et donc acheminer dans le corps les nutriments qui
servent a son auto-guérison.
3.2 La notion de globalité en ostéopathie
Un autre principe fondateur de l’ostéopathie est que l’on traite le patient en
utilisant une notion de globalité. Still, considère l'individu dans son intégralité. Pour
lui, une partie du corps affectée, veut dire un déséquilibre de l'harmonie du corps
entier. Le traitement doit être mis en place alors pour aider l'organisme à retrouver
non seulement la fonction de la partie affectée, mais aussi l'équilibre du corps entier.
Dans le diagnostic et plus tard, dans le traitement, on doit considérer l'homme
comme un "tout" mais aussi comme faisant partie du milieu ambiant (environnement,
conditions de vie et hygiène) dans lequel il évolue. Mais cette globalité ne s’arrête
pas à la réflexion corporelle grâce notamment aux antécédents et un examen du corps
dans son ensemble. Il est important d’investiguer et de traiter avec une notion de
psychosomatique et émotionnelle. Grâce à ce que l'on sait aujourd'hui il devient
possible d'agir de manière positive sur notre corps grâce à l’hypnose. Les symptômes
chroniques ayant une dimension inflammatoire tels que, par exemple, l'eczéma, la
migraine ou l'arthrite sont de bons exemples pour mieux comprendre la dynamique
des liens corps-esprit et la réponse inflammatoire. Les personnes qui souffrent de
symptômes chroniques observent souvent que l'apparition d'un événement stressant
engendre, immédiatement ou quelques temps plus tard, un accroissement de leurs
douleurs. Ce phénomène est dû au fait qu'il y a un lien direct entre le niveau de stress
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et le niveau d'inflammation dans le corps. Bien que, initialement, le stress soit un
phénomène spécifique à l'esprit et à sa manière d'interpréter, consciemment ou
inconsciemment, un événement, c'est dans le corps que les conséquences les plus
importantes du stress vont se manifester et ceci sous la forme d'un accroissement de
la réponse inflammatoire. Le fait d'entrer en transe hypnotique a un effet direct et
immédiat sur le corps. Cela a pour effet, entre autres, de ralentir la fréquence
cardiaque et diminuer la pression artérielle, augmenter les secrétions digestives et de
relaxer certains muscles.
Dans la notion de globalité ostéopathique du corps, il paraît donc important
d’inclure cette notion d’esprit et d’émotionnel dans la consultation ostéopathique et
cela peut se faire par le biais de l’hypnose.
3.3 L’apport de l’hypnose dans le domaine de la santé
Aujourd’hui l’hypnose est utilisée en complément de traitement dans de
nombreux domaines autres que les traitements de phobies et de changement
d’habitudes (cigarette, etc.).
L’hypnose peut avoir un effet bénéfique dans le traitement de :
3.3.1 Les symptômes physiques liés au stress ou à un syndrome d'épuisement
Insomnie
Hypertension
Troubles cardio-vasculaires
Migraines
Fibromyalgie
Troubles sexuels
Etc.
3.3.2 Les troubles et symptômes inflammatoires
Problèmes de peau (eczéma, psoriasis, etc.)
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Allergies (de toutes sortes)
Asthme
Douleurs chroniques (dos, jambes, etc.)
Sclérose en plaques
Douleurs dues à l'arthrose ou à d'autres formes d'arthrite
Etc.
3.3.3 Les symptômes liés à une défaillance du système immunitaire
Cancer
Diabète
Lupus
Maladie de Crohn
Colite ulcéreuse
Polyarthrite rhumatoïde
Etc.
3.3.4 Les troubles émotionnels chroniques
Anxiété / angoisse
Dépression
Peur
Difficultés de concentration
Etc.
3.4 La douleur
Comme un signal, un avertisseur, la douleur est un processus physiologique
tout à fait normal et naturel permettant au corps d'informer l'esprit que quelque chose
d'anormal est en train de se produire à un endroit particulier du corps. D'ailleurs, la
douleur va essentiellement se manifester à l'endroit même où un dysfonctionnement
est apparu.
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Pour illustrer, de manière globale, le fonctionnement de la douleur dans le
corps peut être comparé au mode de fonctionnement d'un système de protection
contre les incendies. De quoi se compose un système de sécurité anti-incendie? De
capteurs répartis dans tout le bâtiment, d'une centrale de commande et d'une
connexion directe avec la caserne de pompiers la plus proche.
Comme l'alarme, la douleur est un signal permettant de capter notre attention
afin de nous permettre de prendre les meilleures dispositions. Dès le moment où le
signal a été entendu la nécessite qu'il se prolonge est quasi nulle. Par conséquent, il
peut être très utile de disposer de moyens pour "éteindre" ces signaux, ce que
l'hypnose et l'autohypnose permettent sans avoir recours à des moyens chimiques
(antidouleurs). De façon simple et schématique, déclenché par une stimulation
mécanique, thermique ou chimique, le message douloureux est un influx nerveux
généré par des récepteurs répartis dans tout le corps. Ce message est ensuite transmis
et modulé tout au long de son trajet dans les fibres nerveuses avant d'arriver au
cerveau et d'être interprété par ce dernier. Avant toute autre chose, il est important de
savoir que la douleur, et par conséquent aussi l’inflammation, est une réponse du
corps dans le but de se protéger. La "réponse" inflammatoire est activée par le
système immunitaire à chaque fois que le corps considère quoi que ce soit comme
étant néfaste à sa santé.
Toutes les recherches menées dans le domaine de la gestion de la douleur le
confirment : l'hypnose et l'autohypnose constituent les techniques naturelles et sans
effets secondaires les plus efficaces pour gérer les douleurs et anesthésier une partie
du corps. Grâce aux progrès de l'imagerie médicale, il a pu être démontré que la
personne qui utilise l'état hypnotique pour gérer ses douleurs, voire anesthésier une
des parties de son corps, engendre une réelle modification au niveau neurologique. En
effet, l'état hypnotique "stoppe" les récepteurs neurologiques situés dans le cerveau et
chargés de réagir aux stimuli nerveux provenant des zones périphériques. Ce faisant,
c'est comme si les signaux provenant des capteurs étaient totalement oubliés ou
ignorés. Cette confirmation scientifique de l'efficacité de l'hypnose et de
21
l'autohypnose dans le domaine de la douleur a marqué le grand retour de l'hypnose
dans le milieu médical et hospitalier notamment dans le cadre des opérations
chirurgicales. Il arrive très souvent que les patients arrivent dans le cabinet
handicapés par une douleur, par exemple un lumbago aigu, ou alors torturés par une
douleur chronique résistant au traitement ostéopathique. Les techniques hypnotiques
de gestion de la douleur peuvent venir en complément du traitement ostéopathique
dans le but de pouvoir apaiser le patient le temps du traitement (dans le cas de
troubles aigus) ou bien alors de diminuer la douleur et la réaction inflammatoire pour
que le traitement ostéopathique ait un meilleur effet. En enseignant aux patients des
techniques d'autohypnose, ils peuvent développer la capacité à gérer eux-mêmes leurs
douleurs en utilisant les ressources de leur esprit. Cette proposition est
particulièrement pertinente dans le contexte des douleurs chroniques. En effet, le fait
de pouvoir, un peu chaque jour, calmer les douleurs et, si possible, apaiser
l'inflammation permettra de produire un changement plus profond et plus durable.
L'hypnose ne stoppe pas l'envoi des signaux de douleur de la part des capteurs
mais modifie la façon dont ils sont reçus et traités par le cerveau.
L’utilisation de l’autohypnose par le patient chez lui ou alors de l’hypnose
pendant la séance ostéopathique pourrait permettre au patient un meilleur
relâchement et permettre à l’ostéopathe de faire ses manipulations sans risque de
réveiller des douleurs chez le patient. Les douleurs chroniques chez les patients
peuvent être un frein au traitement ostéopathique provoquant le besoin de
l’ostéopathe d’augmenter la fréquence des séances pour pouvoir soigner un patient.
De part ses propriétés anti-inflammatoires et antidouleurs, l’utilisation de l’hypnose
peut permettre à l’ostéopathe de traiter des patients avec des douleurs plus aigues et
avoir un meilleur et plus rapide effet qui pourra durer sur le long terme.
22
4. L'apport à l'ostéopathe d'une
pratique de l'hypnose ou autohypnose
Une des situations m’ayant amené à une réflexion sur ce sujet a été le
traitement de ma grand-mère. Douloureuse chronique (prothèse de hanche et
d’épaule, prise de morphine régulière), suite au décès de mon grand-père, elle n’était
pas au mieux de sa forme. Souhaitant être soulagée de douleurs chroniques ma grand-
mère m’a demandé de la traiter. De la même manière elle a demandé à ma mère
(hypnothérapeute) une séance d’hypnose dans le but de retrouver un calme
émotionnel et physique. Pendant la séance d’ostéopathie j’ai investigué la sphère
crânienne. Devant ce crâne difficile à investiguer (de par l’absence de sensation de
mouvement de MRP). J’ai eu l’idée de proposer à ma mère qui observait dans la
pièce de faire la séance d’hypnose en même temps. Pendant cette séance
accompagnée de l’hypnose les sensations étaient amplifiées et le travail était plus
facile. Suite à cette expérience et lors d’une discussion plus tard avec ma mère elle
m’a expliqué qu’elle n’avait pas juste mis ma patiente en “transe” mais qu’elle
m’avait également mis dans un état de “conscience modifiée” par le biais de sa
séance avec le patient. J’ai donc compris qu’il y avait aussi une possibilité que
l’hypnose ait aussi un effet sur la concentration, l’attention et les sensations du
thérapeute.
4.1 La concentration et l’attention de l’ostéopathe
Comme expliqué précédemment pendant l’induction hypnotique l’activité du
cerveau change. Le simple fait d’entrer dans un état hypnotique permet d’augmenter
le niveau de concentration du patient mais aussi du thérapeute. L’attention au patient
et la concentration sont des choses très importantes lors d’une consultation
23
ostéopathique. L’attention aux détails lors de l’anamnèse ou alors pendant
l’observation du patient, la réflexion sur un schéma dysfonctionnel ou bien encore sur
le schéma thérapeutique est aussi important. Il a été prouvé que l’hypnose peut de
façon assez simple améliorer la concentration et donc de la même manière améliorer
l’attention au patient pour apporter une meilleure qualité au diagnostic et au
traitement global de ce patient.
Par des techniques d’autohypnose, le thérapeute peut travailler sa
concentration globale grâce à des techniques très simples de focalisation. Pendant une
consultation avec un patient en hypnose le thérapeute est aussi par effet de miroir
dans une transe hypnotique. Augmentant la focalisation et par conséquent la
concentration au moment de la séance. Sous hypnose, le cerveau ne perd pas le
contrôle du corps mais a un contrôle beaucoup plus complet et subtil.
4.2 L’amélioration des sensations de l’ostéopathe
Bien avant que les technologiques médicales ne le confirment d'une façon
évidente, les praticiens de l'hypnose avaient, depuis longtemps, pu observer les effets
de la transe hypnotique sur le système nerveux et ses capacités sensorielles. Pour
mieux comprendre l'impact de la transe sur la réceptivité neurologique, il faut tout
d'abord savoir que le système nerveux possède 5 portes ouvertes sur le monde. Ces
cinq portes sont représentées par les 5 sens que sont : La vue, l'ouïe, le toucher,
l'odorat, le goût.
L'expérience clinique, confirmée par les observations médicales a permis
d'observer que l'état de transe hypnotique engendrait des altérations importantes des
perceptions sensorielles. Cela pouvait autant être un accroissement qu'une diminution
de l'intensité de ces perceptions. Par exemple, l'hypno-anesthésie utilise la possibilité
qu'offre la transe hypnotique de diminuer la réceptivité sensorielle au niveau du
ressenti (toucher). De façon inverse, la transe hypnotique permet d’augmenter la
réceptivité sensorielle. Chose qui peut être très intéressante pour un ostéopathe
(notamment par exemple pour tester le MRP)
24
4.3 La détente du patient
Il arrive très souvent, pendant une consultation ostéopathique, que le patient
n’arrive pas à se détendre, ce qui peut rendre le travail, les tests et le traitement de
l’ostéopathe plus difficiles.
Le travail hypnotique se caractérise dans un premier temps par de la détente.
Une induction hypnotique permettrait à l’ostéopathe et au patient de se détendre
suffisamment pour que le traitement ostéopathique puisse se faire sans difficultés.
4.4 La gestion de ses propres émotions et de son stress, l’augmentation de
la performance
Le thérapeute n’est pas une personne imperméable aux effets du stress et aux
effets de ses propres émotions et son vécu. Tout comme les patients, les thérapeutes
sont sensibles à leurs émotions et à un grand nombre de mécanismes générateurs de
stress. Cela pourrait avoir un effet sur la pratique de l’ostéopathe et diminuer ses
capacités à être à l’écoute et à traiter le patient de la meilleure façon possible.
Le stress est généré par un ensemble d’éléments, intérieurs ou extérieurs vécus
comme étant contraignants. Que ces contraintes soient d’ordre physique ou
psychologique. La gestion de ces émotions et du stress sont importants pour garder
une efficacité et un niveau de performances optimaux. A ce titre, il est intéressant de
noter que les sportifs ou les artistes apprennent à utiliser le stress puisque, dans le
corps, il engendre une augmentation du niveau d’énergie. Le stress est utile et
important, mais comme toute chose, trop de stress engendre des perturbations
physiques et psychologiques qui, à leur tour deviennent une entrave à la performance.
Puisque l'état hypnotique engendre une altération des perceptions sensorielles,
il devient judicieux d'utiliser l'état hypnotique pour permettre au système nerveux
d'apprendre à réagir d'une façon différente aux stimuli générateurs de stress.
L’hypnose et les techniques hypnotiques tels que la pleine conscience (mindfulness)
paraissent donc une hypothèse valable pour la gestion du stress et des émotions pour
permettre à l’ostéopathe de garder et d’augmenter sa performance.
25
4.5 Le développement de la relation patient thérapeute
"… Je me demande parfois ce qu'est la psychothérapie – certainement pas la
théorisation complexe de la psychanalyse, certainement pas n'importe quel corps
organisé de pensées. C'est plutôt une relation humaine dans laquelle patient et
thérapeute, par un jeu complexe d'interactions, s'évertuent à atteindre un objectif
commun : le patient qui pense, ressent et agit dans son propre cadre de référence tel
qu'il le comprend à présent, et avec la liberté de modifier ses compréhensions
actuelles".
Extrait d'une lettre de Milton H. Erickson adressée à Jay Haley et datée du 7
décembre 1959.
Pour établir cette relation humaine et accompagner efficacement son patient,
le thérapeute a besoin d'être totalement et complètement présent à ce qui se passe
dans cette relation et d’y apporter toutes ses ressources et toute son attention. La
communication est une part très importante de la relation patient-thérapeute. C’est
créer une relation de confiance, de reconnaissance mutuelle et de sécurité, en
communiquant qui permet à la séance de se passer le mieux possible.
L’hypnose se base sur des techniques de communication pour, dans un
premier temps, créer un contexte où la relation patient-thérapeute peut se créer et
s’entretenir et dans un deuxième temps créer un contexte d’auto-guérison ce qui
permettra au thérapeute (ostéopathe ou bien hypno-thérapeute) de traiter le patient de
la meilleure façon possible.
26
5. La mise en place et les limites d'une
telle pratique notamment dans la pratique
ostéopathique de cabinet.
L’hypnose Ericksonienne est une pratique thérapeutique qui permet, par de la
communication, de créer un contexte d’auto-guérison. L’ostéopathie, par d’autres
moyens, permet aussi de créer un contexte d’auto-guérison. Nous avons démontré
que l’hypnose permettrait à l’ostéopathe d’augmenter ses performances, de détendre
le patient et d’améliorer la relation patient-thérapeute. De plus, l’hypnose peut venir
en complément à un traitement ostéopathique permettant de compléter ou même
d’accélérer le processus d’auto-guérison du patient et permettra de gérer plus
facilement des douleurs pour permettre à l’ostéopathe d’avoir une meilleure action.
5.1 Comment peut-on associer l’hypnose en complément dans une
pratique ostéopathique de cabinet ?
Faut-il faire une séance à part, avant ou après la consultation ostéopathique ?
Faut-il le faire en même temps que la consultation ostéopathique avec la présence
d’un autre thérapeute ou alors est-ce l’ostéopathe qui doit pratiquer lui-même
l’hypnose ?
Pour certaines choses telles que la confiance, la gestion du stress et la prise en
charge de la douleur, l’autohypnose est très intéressante. Et donc il n’y a pas besoin
de faire de l’hypnose pendant la séance ostéopathique. Cependant pour d’autres
choses notamment des exercices de détente l’utilité de le faire pendant la même
séance d’ostéopathie est beaucoup plus importante.
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La question qui se pose est : faut-il commencer par une séance d’hypnose,
finir par une séance d’hypnose, faire une séance d’hypnose un autre jour ou faut-il
l’incorporer avec un autre thérapeute pendant que l’ostéopathe traite.
5.2 Les limites à une mise en place au cabinet
Comme montré plus tôt l’hypnose à des propriétés antidouleur or en
ostéopathie la douleur est un très bon point de repère notamment pour voir l’efficacité
d’une prise en charge. L’hypnose pourrait donc biaiser ce repère.
Une autre question qui peut se poser est de son utilité. Dans certains cas,
l’hypnose peut apporter un intérêt en plus pour améliorer la pratique de l’ostéopathe.
Dans d’autres cas on peut se demander si c’est vraiment utile.
Un autre problème est le temps de consultation. Une consultation en
ostéopathie est généralement d’environ 45 minutes (certains ostéopathes préfèrent des
séances plus longues ou bien plus courtes). Pour incorporer l’hypnose à une séance
ostéopathique, il faudrait augmenter considérablement le temps de la consultation.
Il y a ensuite la question du consentement du patient. Comme dit
précédemment l’hypnose thérapeutique est encore une pratique méconnue du grand
public et parfois sujet à controverse et préjugés. Qui n’a pas vu un spectacle de
cabaret par exemple avec l’hypnotiseur Mesmer ? Lorsque l’on parle d’hypnose à une
personne, très souvent la peur s’installe. Il faudrait donc, si l’utilisation d’hypnose
pendant une séance d’ostéopathie se révèle nécessaire, une bonne explication au
patient pour un consentement éclairé.
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6. Conclusion
L’hypnose thérapeutique moderne dite Eriksonienne est une discipline encore
méconnue et sujette à préjugés mais la médecine actuelle lui ouvre de plus en plus de
portes notamment en hôpital car, tout comme l’ostéopathie, cette discipline fait de
plus en plus ses preuves. Alors que de plus en plus d’ostéopathes font des formations
complémentaires pour améliorer la pratique de cabinet, ce mémoire s’est intéressé à
la possibilité d’associer l’hypnose et l’ostéopathie.
L’hypnose entre parfaitement dans la notion de globalité ostéopathique
donnée par A.T. Still de l’ostéopathie. En effet l’hypnose montre l’importance du lien
corps-esprit. Aujourd’hui, il est possible d'affirmer que les émotions et les pensées
ont une influence sur le corps et la production, entre autres, de certaines hormones et
de certaines protéines. Dans le même temps, il est intéressant de noter que, à l'inverse,
l'activité physique peut avoir un impact sur l'humeur et les pensées. Donc l’hypnose
peut agir de façon parallèle à l’ostéopathie en respectant la globalité du patient. De
plus l’hypnose apportera un plus dans le soulagement de douleurs chroniques et dans
le traitement de certaines maladies.
L’hypnose aidera aussi le thérapeute dans sa pratique de cabinet notamment
dans la gestion de son propre stress, augmenter la concentration et les sensations qu’il
peut avoir, tout en détendant le patient pour faciliter le traitement de l’ostéopathe.
Il faut cependant noter que la mise en place de certaines techniques
ostéopathiques et hypnotiques en même temps pendant une séance peuvent s’avérer
être un challenge.
Pour compléter cette approche il serait intéressant de faire une étude de cas et
de faire des tests dans le but de savoir s’il est possible, et donc comment le faire, de
mettre en place cette association dans une pratique de tous les jours.
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7. Résumé /Abstract
De plus en plus de thérapeutes (médecins, kinésithérapeutes, ostéopathes, etc.)
désirent améliorer leurs connaissances et leur pratique de tous les jours en cabinet.
Dans ce but ils décident de se former et de participer à des stages pour apporter un
plus à la prise en charge et au soin du patient.
Ce mémoire s’intéresse à une discipline assez méconnue encore : l’hypnose
thérapeutique Ericksonienne et ce que cette discipline peut apporter à la pratique d’un
ostéopathe.
La réflexion s’est portée sur ce que l’hypnose peut apporter en plus au patient,
ce que l’hypnose peut apporter au soignant et finalement la réflexion s’est portée sur
la possibilité de la mise en place et les limites de cette pratique.
Pour approfondir ce sujet et répondre aux questions notamment de la mise en
place il serait intéressant de faire des essais cliniques pour tenter de mettre en place
des séances conjointes ostéopathie/hypnose.
Mots clefs : ostéopathie, hypnose, améliorer la prise en charge.
More and more therapists (doctors, physiotherapists, osteopaths, etc.) wish to
improve their knowledge and practice every day in practice. To do this, they decide to
study and participate in internships to provide better patient care.
This thesis focuses on a relatively unknown discipline: Therapeutic
Ericksonian hypnosis and what this discipline can do in the practice of osteopathy.
The reflection was focused on what hypnosis can do for the patient, what
hypnosis can do for therapist and finally the reflection was focused on the possibility
of the establishment and limitations of this practice.
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To answer these questions it would be interesting to do clinical trials to try to
develop joint sessions in osteopathy and hypnosis.
Key words: osteopathy, hypnosis, improuve patient care
31
9. Bibliographie
http://hypnose.therapie.var.free.fr/hypnose.php
http://www.hypnose-ericksonienne.com/sinformer/lhypnose/
http://www.felixia.fr/hypnose-ericksonienne
http://www.hypnose-ericksonienne.org/Interview-Dr-T-Servillat-explications-sur-l-
hypnose-et-la-formation_a640.html
http://fr.slideshare.net/Flobione/lhypnose-ricksonienne-comme-outil-thrapeutique
Extrait d'une lettre de Milton H. Erickson adressée à Jay Haley et datant du 7
décembre 1959.
Les cours du Docteur Sylvie GAGLIONE – ROLLAND, les cours de Cyril
Clouseau, ostéopathe DO à l’Institut Supérieur d’Ostéopathie à Lyon.
Livres :
Le Dr Milton Erickson, médecin et guérisseur américain (Erikson Betty Alice,
Keeney Bradford) Editions SATAS
Traité pratique de l’hypnose (Milton Erickson, E Rossi) Editions GRANCHER
AUTRES REFERENCES concernant les recherches hypnose par IRMf
• Derbyshire, S.W.,M.G.Whalley, et al. (2009). "Fibromyalgia pain and its
modulation by hypnotic and non-hypnotic suggestion: an fMRI analysis." Eur
J Pain 13(5): 542-550.
32
• Faymonville,M.,M. Boly, et al. (2006). "Functional neuroanatomy of the
hypnotic state." Journal of Physiology-Paris 99(4-6): 463-469.
• Hudson,A. J. (2000). "Pain perception and response: central nervous system
mechanisms." Can J Neurol Sci 27(1): 2-16.
• Maquet, P.,M. E. Faymonville, et al. (1999). "Functional neuroanatomy of
hypnotic state." Biol Psychiatry 45(3): 327-333.
• Rainville, P. (1997). "Pain Affect Encoded in HumanAnterior Cingulate But
Not Somatosensory Cortex." Science 277(5328): 968-971.