Madame Leslie-F. Manigat

La crise dominicaineIn: Revue française de science politique, 15e année, n°6, 1965. pp. 1170-1187.

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Manigat Leslie-F. La crise dominicaine . In: Revue française de science politique, 15e année, n°6, 1965. pp. 1170-1187.

doi : 10.3406/rfsp.1965.392905

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1965_num_15_6_392905

Les Conflits Internationaux

LA CRISE DOMINICAINE

Le fait est loin être inédit dans la vie internationale de ces dix dernières années de intervention armée une grande puissance en vue empêcher un changement de situation politique intérieur un petit Etat elle considère comme situé dans sa sphère influence emploi de la force exprime alors la volonté de la puissance dominante de ne pas permettre la mise en cause un régime politique ami et derrière celui-ci un système économique et social jusque-là favorable ses intérêts ou conforme ordre dont elle se juge garante On rappelé

propos de la crise dominicaine les interventions des parachutistes fran ais au Gabon et surtout des troupes soviétiques en Hongrie Comme elles en effet intervention américaine en République dominicaine se présente comme une action conservatoire est-à-dire une entreprise de consolidation des forces du statu quo contre les forces du mouvement soup onnées ici de servir écran au développement de la subversion communiste

En général ce type ingérence militaire de la grande puissance tutélaire sur appel ou non du régime menacé dont elle se sent solidaire est révélé payant sans doute cause du poids de la puissance intervention qui crée une disproportion décisive dans le rapport des forces mais surtout cause de la rapidité avec laquelle intervention dissuade neutralise ou écrase la subversion mettant chancelleries étrangères et opinion mondiale devant le fait accompli Cette rapidité de intervention armée est la condition de son efûcacité surtout lorsque le droit international cette occasion connaît quelque entorse et que la morale internationale trouve point son compte

originalité de la crise dominicaine est que intervention armée de la plus grande puissance militaire du monde malgré les moyens impression nants mis en uvre est laissé paralyser sous la pression de facteurs extramilitaires liés la structure interne de la République dominicaine et

la tonalité nouvelle de la conJoncture internationale De ce fait elle manifestement pas eu efficacité rapide et totale des précédents de

Hongrie et du Gabon Sa durée permis des développements qui ont rendu impossible le retour au statu quo ante mais action des Etats-Unis

quand même freiné allure au départ pour eux incontrôlable de la révolution

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En reconstituant le film des événements est toute une évolution il convient de saisir et de comprendre En tentant ensuite une analyse des facteurs et des forces oeuvre est une explication on essaiera de proposer Enfin en dégageant la le on de cette crise on tendra achever de clarifier dans la mesure du possible une situation complexe fertile en péripéties et en rebondissements sur laquelle toute la vérité est loin être connue

SAISIR UNE EVOLUTION

Le point de départ est la découverte de ce on appelé un complot pieuvre le samedi 24 avril 1965 Santo Domingo capitale de la République dominicaine Après quatre mois de crise aboutissement actuel est établissement précaire semble-t-il le septembre 19 un compromis politique sous la forme un gouvernement provisoire de réconciliation chargé de préparer les élections générales dans un délai de neuf mois Entre les deux dates un déroulement sinueux fertile en volte- faces en alourdissement et en diversification de intervention étrangère un chasse-croisé de missions et de négociations rivales ou contradictoires avec pour toile de fond une guerre civile complexe atroce qui pris tour

tour ou simultanément quatre visages celui un antagonisme violent entre factions militaires celui un conflit décisif entre libéralisme et autoritarisme celui une lutte sans merci entre classes sociales et fina lement celui une opposition passionnée entre le camp de appel étranger et le camp de indépendance nationale

La crise dominicaine été intensivement couverte par la grande presse quotidienne On utilisé principalement ici le New York Times notam ment les reportages de Tad Szulc et les analyses de Max Frankel) le New York Herald Tribune notamment les reportages de Bernard Collier) les journaux parisiens Le Monde notamment les reportages de Marcel Niedergang et Le Figaro notamment les reportages de Max Clos) avec un contrôle occa sionnel aide du Times et du Financial Times de Londres du Guardian du Neu World Telegram du Wal Streef Journal et du Washington Post La presse périodique fran aise dans sa diversité idéologique été également utilisée de même que certaines revues américaines notamment The New Republic Newsweek le United States News and World Report et Lite Magazine Pour la presse dominicaine ont été consultés quelques numéros de La Naci Epoca constifucionalista porte-parole du camp Bosch- Caamano) Pueblo organe du Partido revolucionario social cristiano P.R.S.C. et Patria vocero de la Dominicanidad où sont publiés notamment les textes concernant le Movimiento popular dominicano M.P.D.) tous trois édités pen dant la crise Santo Domingo

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Les Conflits Internatiwiaux

Pour voir clair distinguons trois étapes dans le déroulement de la crise

PREMI RE TAPE DES COMPLOTS MILITAIRES INTERVENTION ARM DES ETATS-UNIS AM RIQUE 24-28 avril 1965

La crise se déclenche occasion de la révocation pour motifs politiques le 24 avril 1965 de trois officiers supérieurs de armée domi nicaine que la découverte de leur complot amène se démasquer préma turément En fait autres militaires conspiraient également la faveur une crise économique et financière due principalement la chute du prix mondial du sucre une crise politique due impatience populaire devant la lenteur des réformes une crise sociale que le nonce apostolique considère comme aspect fondamental de la situation malgré les 160 millions de dollars de aide américaine depuis 1962 enfin une crise morale due la corruption des hautes sphères gouvernementales est le mélange explosif classique des conjonctures de révolution

On pu recenser au moins trois complots représentant trois tendances dilïérentes au sein de armée la tendance dure conservatrice autoritaire catholique et anticommuniste la tendance libérale des Jeunes Turcs plus ou moins liés au Parti révolutionnaire dominicain de ex-président Bosch ou partisans de -4 Constitution de 1963 que celui-ci avait pro mulguée enfin un groupe officiers partisans de appel Joaquim Balaguer créature de ancien dictateur Trujillo mais son successeur habile sinon heureux après assassinat de ce dernier en 196l

De ces trois tendances est celle des Jeunes Turcs qui prend dans après-midi de cette journée des dupes initiative capitale par son appel radiophonique au peuple et la révolution partir de ce moment tout change Ce est plus une simple dissension militaire un pronun ciamiento classique est une révolution populaire la disposition de laquelle la prise de la forteresse Ozama met un important arsenal armes Le peuple insurgé maître de Santo Domingo réclame aussitôt le retour du président qui avait recueilli 62 des voix aux élections de décembre 1962 mais que les militaires de la tendance dure avaient déposé huit mois après sa prestation de serment Juan Bosch

La guerre civile commence avec le bombardement aérien de Santo Domingo suivi de offensive des forces de ordre sous le commande ment du général Wessin Wessin contre la capitale Le nouveau président provisoire Murena croyant perdue la cause de la révolution se réfugie ambassade de Colombie créant ainsi un vide politique

La tragedia dominicana Visi 29 2) 28 mai 1965 pp 11-17

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Les Conflits Internationaux

Oc contre attente de ambassade américaine connante dans le succès des forces de ordre les constitutionnalistes après une résistance acharnée renversent la situation et conduits par le colonel Francisco Caamano no mettent en déroute le 28 avril les troupes de Wessin dont les Caamanistes apprêtent achever la défaite jusque dans leurs retranchements la base militaire de San Isidro où elles étaient parties

attaque est alors que se produit intervention militaire des Etats- Unis

DEUXI ME TAPE DE INTERVENTION AM RICAINE CHEC DES TENTATIVES DE COMPROMIS POLITIQUE 28 avril-17 mai 1965)

La crise dominicaine allait prendre une autre dimension avec le débar quement des forces militaires nord-américaines Elle devenait une crise internationale une crise du Tiers Monde dans sa partie sinon la plus chaude du moins la plus sensible depuis la révolution cubaine

La decision intervention 28 avril

La décision intervention fut prise le mercredi 28 avril dans après- midi par le président Johnson sur avis de ses conseillers politiques et militaires et après réception 17 14 un télégramme alarmiste de ambassadeur américain en République dominicaine Bien sûr dès ses débuts la crise était suivie de très près par Washington et très tôt les appréhensions des dirigeants américains exprimaient sans fard Il est

noter que déjà le 25 avril Thomas Mann Texan comme le président Johnson son homme de confiance et son véritable spécialiste pour les affaires Amérique latine bien il ne fût plus en charge de cette section au Département Etat estimait que le retour de Bosch dans de telles circonstances amènerait le triomphe du communisme en moins de six mois en République dominicaine Déjà une intervention armée massive était envisagée En tout cas ce 28 avril heures du soir des hélicoptères débarquaient les premiers marines Tout était passé en moins de deux heures Etait-ce un nouveau Gabon

Le déroulement de intervention chan.gemeni échelle de durée et objectifs ordre initial affecta le 28 au soir quatre cents marines du SS Boxer

mais le nombre et la puissance des nuques de cuir devaient rapidement augmenter par la suite Le 30 était le tour des troupes aéroportées de

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la 82e division qui arrivaient grâce établissement spectaculaire un pont aérien au rythme un avion toutes les sept minutes Une semaine plus tard les Etats-Unis avaient plus de 30 000 hommes engagés dans

opération République dominicaine avec tout le matériel militaire et les blindés pour enrayer la victoire de la rébellion Etait-ce une nou velle Hongrie

Entre temps le caractère et les objectifs déclarés de intervention avaient cessé de changer et de élargir les Etats-Unis cumulant pro gressivement le rôle de sauveteur de pompier de gendarme de bienfai teur arbitre et finalement de tuteur obligé Distinguons trois phases dans les déclarations intentions américaines

Iré phase est abord une opération urgente de secours emergency action face une situation anarchique chaotic condi

tions en vue évacuer les citoyens américains et les ressortissant étrangers toutes garanties de sécurité ayant cessé exister est donc une simple opération humanitaire annonce le président Johnson le 28 avril O.E.A est avertie après coup

2e phase Officiellement opération est devenue une opération politique avouée Le ler mai le secrétaire Etat Dean Rusk disait au Congrès insurrection dominicaine revêt certains aspects un mou vement communiste Mais est le président Johnson qui le lendemain

défini le plus nettement le caractère politique de intervention militaire Des conspirateurs communistes ont pris le contrôle du mouvement et

réussi saisir réellement la direction de la révolte déclare-t-il la télévision Les forces américaines ont re mission empêcher établis sement du communisme en République dominicaine est alors élar gissant le débat et explicitant sa pensée le président américain derini ce on appelé la doctrine Johnson Les nations américaines ne peu vent pas ne doivent pas ne veulent pas permettre établissement un autre gouvernement communiste dans hémisphère occidental

phase Elle découle de la précédente intervention militaire américaine est amenée par la logique des intérêts en cause et par la force des choses poursuivre une mission polyvalente tout en essayant de se couvrir de autorité de O.E.A sollicitée accorder une approbation

posteriori et sa caution

objectif politique est élargi intervention vise rendre impossible une victoire communiste dans un proche avenir Les marines resteront

pied uvre tant que la constitution un gouvernement anticommu niste ne sera pas assurée Prévenir déclare un porte-parole du gouver-

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nement américain le mai est plus simple que guérir En outre intervention pour mérite de distribuer nourriture et médicaments la population

Il mieux les Etats-Unis prennent en charge certains aspects- clefs de la vie administrative dominicaine remplissant en fait les fonc tions un gouvernement civil Anthony Salomon assistant-secrétaire pour les Affaires économiques est dépêché sur place et entouré une équipe de soixante spécialistes pour les finances les travaux publics et le ravitaillement des industries en matières premières et en énergie tandis que le F.B.I et autorité militaire américaine enquêtent interrogent les

suspects comme il agissait un territoire américain Cette prise en charge abord directe se fera de plus en plus par

entremise de O.E.A. dont le Conseil acceptera de multilatéraliser la force intervention devenue force collective interaméricaine de paix en rempla ant une partie des troupes américaines par des contingents brésiliens et centro-américains Le Conseil enverra plusieurs missions de conciliation abord avec le secrétaire général de organisation régionale José Mora puis avec une délégation de cinq membres au sein de laquelle le délégué des Etats-Unis Ellsworth Bunker jouera le rôle principal

Enfin le couronnement de intervention américaine est la définition par Washington du genre de gouvernement que doit vouloir le peuple dominicain Le mai Thomas Mann précise que ce gouvernement ne sera ni une tirannie communiste ni une dictature extrême-droite Mais le jeu subtil des priorités établies par le président Johnson est plus signi ficatif Le gouvernement américain ne permettra pas will not allow une dictature communiste ni appuiera will not support une dicta ture militaire La nuance est importance

Les tentatives de compromis politique La situation intérieure en République dominicaine du 28 avril au

17 mai était relativement clarifiée Deux camps étaient face face séparés par un corridor de sécurité tenu par les forces intervention qui par ailleurs contrôlaient le quadrilatère des ambassades et des grands hôtels dénommé zone internationale

Le camp révolutionnaire comprenait une coalition difficilement défi nissable de démocrates libéraux de nationalistes de réformistes et de radicaux fraternisaient les amis et partisans de Bosch Parti révolution naire dominicain) des militants de tendance social-chrétienne et aussi bien sûr des marxisants et des marxistes-léninistes notamment les membres

The New York Times mai 1965

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du Mouvement du 14 juin de type castriste ceux du Parti socialiste domi nicain communiste en fait et ceux du Mouvement populaire dominicain réputé pro-chinois On trouvait pêle-mêle des officiers et soldats quelques bourgeois et propriétaires des membres des professions libérales des intellectuels et des étudiants aussi bien que le gros des travailleurs et la masse des chômeurs de Santo Domingo un échantillon avoue le New York Times de la société dominicaine On remarquait même une légion étrangère miniature avec des Fran ais dont André Rivière) des Italiens des Yougoslaves et surtout des Haïtiens anti-Duvalier Etait-ce une petite révolution Espagne

Le camp des militaires et de oligarchie abord pris en main par le général Wessin Wessin fut ensuite dirigé par une junte militaire anticommuniste de trois membres dont le colonel Pedro Benoît qui relégua Wessin Wessin dans son bastion de San Isidro Ayant appui de la bourgeoisie dominicaine détenant le contrôle militaire des provinces disposant de la représentation diplomatique extérieur il bénéficiait du soutien de ambassade américaine et des forces intervention des Etats-Unis Ces dernières en effet avaient rééquipé son armée contrô laient conjointement avec lui la base de San Isidro qui servait ainsi de quartier général commun permettaient utilisation du corridor de sécu rité par ses troupes et collaboraient avec la junte militaire aussi bien au pont Duarte que dans la zone internationale Il pas eu au départ de neutralité américaine Tous les efforts américains au contraire ont tendu une part renforcer ce camp après avoir fait écarter Wessin

Wessin trop impopulaire depuis les bombardements de la capitale et autre part affaiblir le camp des rebelles pour les amener composition

Il fallait toutefois trouver des formules de compromis Les Américains employèrent Une première consistait remplacer la junte militaire au

pouvoir par une junte civilo-militaire dite Gouvernement de reconstruc tion nationale dont la présidence fut confiée au général Imbert Bar reras un des deux survivants parmi les assassins du dictateur Trujillo et qui comptait personnellement des amitiés dans le camp caamaniste Devant échec du ralliement cette formule par suite du refus obstiné des constitutionnalistes le président Johnson sous la pression de sa propre opinion publique et celle de opinion internationale dépêcha plusieurs de ses collaborateurs en mission en République dominicaine pour essayer de trouver une solution politique

cross-section of Dominican society The news of the week in rrview The New York Times 16 mai 1965

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La confusion en fut abord que plus grande car les envoyés du président Johnson se contrariaient les uns les autres Thomas Mann et ambassadeur Bennet étaient favorables aux militaires dominicains de même que Jack Hood Vaughn secrétaire Etat adjoint pour les questions Amérique latine lui aussi partisan de la ligne dure Pour sa part le commandant des forces américaines le général Palmer ne pensait faire ou laisser écraser Caamano même au prix un nettoyage sanglant rue par rue maison par maison De autre côté John Bard Martin ancien ambassadeur américain Santo Domingo du temps de Bosch ami dont Bosch avait pu écrire il était un Dominicain soucieux de faire impossible pour nous penchait pour la conciliation avec le camp caamaniste de même que ancien recteur de Université de Porto- Rico Jaime Benitez Tous ces tiraillements expliquent en partie la reprise périodique des combats par les forces de la junte avec soutien logistique des forces américaines comme lors de attaque du 15 au 19 mai du quartier nord de la ville jusque-là tenu par les caamanistes malgré le cessez-le-feu du 30 avril négocié par le nonce apostolique Ils expliquent également le coup arrêt donné la junte et le refus américain de per mettre la reprise des bombardements aériens du camp caamaniste et écra sement de ce camp

Finalement Mc George Bundy élabora une formule de compromis sur une suggestion initiale de Juan Bosch Un président de conciliation et de réconciliation formerait un gouvernement démocratique et constitution nel On retint alors le nom Antonio Guzman riche propriétaire mais ancien ministre de Bosch Le gouvernement comprendrait des personnalités agréées par les Américains et sympathiques aux groupes politiques en pré sence ou en tout cas acceptables pour eux cette occasion furent cités les noms de Garcia Godoy riche propriétaire et industriel de Santiago bien vu de la bourgeoisie et ancien ministre des Relations extérieures de Bosch et celui de César Brach ami de Balaguer comme Godoy et ancien ministre de Industrie de Bosch Mais Imbert encouragé en sous-main par les Américains de la tendance dure refusa de démissionner en invo quant la nocivité des demi-mesures et la facilité une restauration la baïonnette Il tenait ainsi en échec la formule laquelle semblait vouloir se rallier administration Johnson Dès le 17 mai le plan Mc George Bundy tombait en panne cependant que la trêve négociée par la Croix- Rouge et les médiateurs internationaux demeurait précaire

BOSCH Juan) Crisis de la democracia de América en la Rep blica Dominicana Mexico Centro de Estudios Documentaci 1964 155

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TROISI ME TAPE DU POURRISSEMENT DE LA CRISE AU LABO RIEUX ENFANTEMENT UN GOUVERNEMENT PROVISOIRE UNIQUE 17 mai-3 septembre 19 5)

partir du 17 mai le jeu international se compliqua avec interven tion des Nations Unies saisies leur tour de affaire la délégation nord- américaine fut alors soumise aux critiques de pays aussi différents que la France Uruguay et la Jordanie Le Conseil de sécurité dépêcha comme envoyé spécial Antonio Mayobre dont les activités et le rapport de mission mirent un moment les Etats-Unis en difficulté dans embarras et la Junte en accusation Le conflit de compétence O.N.U.-O.E.A illustre la mise en échec du principe défendu par Washington selon lequel hémisphère occidental constitue la chasse gardée de O.E.A sans con currence ni double emploi Etats-Unis même une partie de opinion publique alertée par la ferme protestation des spécialistes universitaires des questions latino-américaines et impressionnée par un remarquable effort élucidation de la vérité par la presse grand tirage interrogea un moment sur le bien-fondé de opération République dominicaine

Sur place était impasse devant trois exigences difficilement conci liables les garanties anticommunistes et le désarmement des civils exigés par les Américains le retour la Constitution de 1963 et effacement de la junte Imbert exigés par Caamano et écrasement des rebelles et extir pation eradication du communisme exigés par le Gouvernement de Reconstruction nationale La République dominicaine devenait un guêpier où enlisait la politique américaine intervention

Entre temps les luttes influence se poursuivaient au sein de admi nistration américaine laquelle tour tour étaient proposées les formules Antonio Guzrnan Garcia Godoy et même Joaquim Balaguer Ce dernier en effet était soutenu par certains intérêts américains investis dans île et un groupe de pression actif dans les milieux texans et administratifs proches de administration Johnson attitude officielle de celle-ci devint alors une solution politique ne semblait pas possible dans immédiat et il fallait laisser le temps faire son uvre Autrement dit les Etats- Unis comptaient laisser pourrir la crise et surtout voulaient la reléguer arrière-plan de actualité pour lui appliquer un traitement froid

En réalité Washington entendait gagner usure les deux parties

O.N.U Chronique mensuelle 7) juil 1965 pp 6-7 Rapports du secrétaire général sur les renseignements il re us

de son représentant en République dominicaine concernant la période allant du 19 mai au 18 juin S/6 369 S/6378 S/6371 S./6 380 386 S/6408 S/6 420 S/6432 S/6 447 S/6459

ins

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surtout le camp Caamano retranché dans le réduit de la vieille ville et contre lequel le temps semblait travailler pour mieux faire accepter ensuite une solution de son cru car il escomptait bien par des pressions appro priées gagner la junte Imbert ses raisons En attendant il employait

paralyser les Nations Unies pour permettre la commission de de mener les tractations en vue un compromis acceptable pour les deux parties

est dans ce contexte que fut laborieusement préparé et âprement discuté Acte de réconciliation Le texte finalement ratifié par Caamano mais boudé par la Junte Imbert permit entrée en fonction un gouver nement impartial sous la présidence de Garcia Godoy le vendredi sep tembre 1965 chargé de diriger les destinées de la République domini caine aux élections de mai 1966

était une demi-victoire pour les constitutionnalistes qui gagnaient un second souffle et rentraient dans les rangs sans trop baisser la tête était une apparente défaite pour les forces de la Junte qui conservaient cepen dant leurs positions de force après être simplement effacées du pouvoir en inclinant devant la pression américaine Les Américains de leur côté non seulement sauvaient la face au prix il est vrai un retournement spectaculaire et dramatique de leur position mais encore avaient réussi briser élan de la révolution et en empêcher pour combien de temps la radicalisation au profit de extrême-gauche

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explication de intervention américaine semble devoir être recherchée dans plusieurs directions abord dans la nature et orientation de la crise interne dominicaine avec les intérêts elle mettait en jeu ensuite dans le lieu et le moment où cette crise survenait et enfin dans le nou veau cours de la politique étrangère des Etats-Unis

LE PROBL ME DE LA NATURE ET DE ORIENTATION DE LA CRISE DOMINICAINE

Le soulèvement du 24 avril 1965 représente le type même de mouve ment dont les Etats-Unis se méfient en Amérique latine Son caractère populaire spontané en rendait difficile le contrôle par des éléments res ponsables aux yeux des Américains Le risque anarchie populaire mob était selon eux autant plus redouter que le soulève-

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ment était dirigé contre armée de Trujillo encore intacte Or armée est une institution que les Etats-Unis considèrent comme un facteur de stabilité et ordre sans lequel le moindre trouble peut mener la violence populaire mob violence et au chaos Un tel type de crise dans sa complexité même leur paraissait comme un bouillon de culture pour le virus communiste

En réalité cette crise prend place dans un processus de détruJ lli- sation freiné jusque-là tant bien que mal par crainte un débordement de type castriste Lors de assassinat de Trujillo en 1961 Balaguer avec appui américain avait voulu appliquer un plan de démocratisation par étapes Après son renvoi action de armée avait empêché toute explo sion populaire post-truj liiste La succession de huit gouvernements en quatre ans illustre les difficultés de cette détrujillisation élimination de Bosch huit mois après son élection comme président constitutionnel de la République avait une fois de plus frustré le peuple de sa victoire est le 24 avril que explosion populaire se donne libre cours est donc une crise politique retardement dont explication réside dans les trente ans de dictature de Rafaël Trujillo Le régime du Benefactor avait bâillonné et comprimé le peuple dominicain peine libéré de occu pation américaine Or pour la première fois le 24 avril le peuple des armes et peut affirmer sa souveraineté Est significative cet égard inscription sur les véhicules officiels du camp caamaniste El Pueblo ambassade américaine ne reconnaît pas ses partenaires habituels dans le camp du romantisme révolutionnaire qui veut enivrer de la liberté reconquise Il voit plutôt se profiler la silhouette des adversaires de ses amis traditionnels est ainsi sans doute il faut comprendre la réaction hostile de ambassadeur Bennet devant le déchaînement de cette crise de la liberté Mme Bosch pas été la seule soup onner ambassadeur avoir vu la réalité travers les lunettes des riches conservateurs

est une crise sociale dont explication réside dans la structure écono mique et sociale de la République dominicaine que quelques chiffres suf fisent décrire 60; analphabètes 35 de chômeurs totaux partiels ou déguisés 65 des paysans sans terre travaillant comme fermiers ou titre ouvriers agricoles dans les champs de canne sucre autrefois pour la plupart propriété de Trujillo hui celle des deux cents familles moins de de la population possédant 54 des terres 14 des familles disposant de 75 du revenu nationals quatre puis santes compagnies américaines maîtresses de économie du pays la united Fruit et surtout pour la bauxite Alcoa et pour le sucre la West

Tipologia socio-econ mica de los paises latino-americanos Revista interamericana de ciencias sociales numéro spécial

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Indies Sugar Corporation et la South Porto-Rico Sugar Trading Company Dans un tel contexte la capitale Santo Domingo ne peut que servir de belle fa ade monumentale commer ante et industrielle un arrière- pays sous-alimenté et agriculture primitive est la tête sur-déve- loppée un pays qui consacre 30 des dépenses publiques armée et la police lesquelles par ailleurs sont exonérées de certaines taxes

Le cri de justice sociale explique donc par la réalité économique et sociale du pays Il exprime dans le slogan du retour la Constitution de 1963 promulguée par Juan Bosch et dont les prescriptions portaient témoignage de la volonté de redressement social de élu du peuple domi nicain Bien sûr ces prescriptions en prenaient aux privilèges de oli garchie qui les trouvaient exorbitantes Elles lésaient les intérêts établis des tutumpotes les opulents les nantis En eiïet les grands pro priétaires terriens se sentaient menacés dans leurs biens par article 23 qui déclarait contraire intérêt collectif la propriété une quantité exces sive de terres et article 28 qui posait le principe une réforme agraire par le partage des latifundia Les industriels et commer ants émou vaient des articles 30 34 qui outre la reconnaissance du droit de parti cipation des travailleurs aux bénéfices apportaient des restrictions la liberté action et la hausse des pronts Le clergé considérait comme une atteinte sa position sociale et morale article 37 qui considérait la science comme fondement de éducation et article 48 qui légalisait le divorce et proclamait égalité des enfants naturels et légitimes Les étrangers se voyaient exclus par les articles 23 et 25 du droit de propriété foncière tant titre individuel titre de sociétaire Enfin les militaires considéraient comme lettre morte interdiction de toute activité politique et refusaient de se laisser confiner dans le rôle du maintien de ordre et de la paix On comprend que attachement ou hostilité la Consti tution de 1963 ait servi de critère de démarcation sociale Aux yeux du nonce apostolique Mgr Emmanuel Clarizio qui eut faire office de média teur entre les deux camps le problème de base dans la crise dominicaine est le problème social Or la conjonction des intérêts étrangers avec les privilèges de oligarchie rendait solidaires les conservateurs locaux et les investisseurs étrangers contre le danger commun

Enfin était une crise nationale une protestation confuse contre la forte domination politique et économique des Etats-Unis caractère déjà implicite dans le choix de la Constitution de 1963 mais auquel inter vention américaine donné un relief considérable IO Or autorité des

Questions et réponses dominicaines Perspectives 934 29 mai 1965 lu Las essências de la revoluci editorial de La Naci organe de

la révolution constitutionnaliste 21 août 1965

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missions américaines avait toujours été très forte auprès des chers de armée dominicaine La collusion fut donc toute naturelle et la mission militaire américaine devint un centre de décision et influence sur le cours des choses Evoquant son bref passage au pouvoir Juan Bosch de la terre exil écrit Je suis sûr que si un capitaine de la mission militaire nord-américaine Santo Domingo avait dit que le gouvernement devait être renversé il aurait été dans une heure parce un tel capitaine

plus autorité sur le haut commandement militaire dominicain que le peuple la Constitution et le président

LE LIEU ET LE MOMENT DE LA CRISE

Le soulèvement populaire est produit un moment de vigilance accrue des Etats-Unis consécutive la profession de foi socialiste de Fidel Castro partir une révolution qui au départ annon ait simple ment libérale populaire sociale et nationale Le précédent de la révolution cubaine renfor ait la ménance américaine vis-à-vis des mouvements popu laires spontanés Précisément la République dominicaine appartenait cette région des Caraïbes devenue une 2one sensible par la présence de Cuba La crainte une exportation de la révolution cubaine hantait les esprits Washington En fait dans état actuel de la documentation publiée il semble que Cuba se soit gardée intervenir mais les Améri cains ne lui ont su aucun gré de sa prudence puisque dès le début ils ont accusée avoir envoyé des éléments entraînés chez elle pour orga niser la subversion en République dominicaine De la le thème de inter vention anti-interventionniste lancé par les dirigeants de Washington

De toute fa on avec ou sans Castro la zone des Caraïbes été par excellence la zone intérêts stratégiques des Etats-Unis De Jefferson Walter Lippmann la littérature politique américaine développé ce thème que le golfe du Mexique et la mer des Antilles constituaient la zone in fluence privilégiée des Etats-Unis Tout un passé interventions créé une tradition et comme une propension historique des Etats-Unis im miscer dans les affaires des petits Etats de la région décidément trop loin de Dieu et trop près des Etats-Unis Diplomatie de la canonnière poli tique du gros bâton diplomatie du dollar ont eu pour banc essai cette région des Caraïbes

Géographie politique et histoire ont ainsi fait de la mer des Antilles le théâtre tout désigné du drame sans cesse renouvelé du requin et de la sardine 11 En ce sens la politique américaine intervention armée

11 Titre un livre très connu en Amérique latine de Juan José AREVALO sur les relations entre les Etats-Unis et Amérique latine

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en République dominicaine est la résurgence du vieil impérialisme que symbolise le nom de Théodore Roosevelt La constance de cette politique malgré les épisodes du Bon Voisinage de Franklin Delano Roosevelt et de Alliance pour le Progrès de John Fitzgerald Kennedy demeure frappante et exprime jusque dans la manière annoncer intervention est avec la plus grande répugnance que je me suis vu obligé de faire

le premier pas pour intervenir dans cette île déclarait Théodore Roose velt Ce est pas sans répugnance que ai dû donner ordre inter venir en République dominicaine répond en écho soixante ans plus tard le président Lyndon Johnson

LL NOUVEAU COURS DE LA POLITIQUE TRANG RE AM RICAINE

Mais intervention militaire nord-américaine Santo Domingo demeure malgré les constantes et les similitudes historiques qualitativement diffé rente de celles du début du siècle Elle inscrit dans le cadre de la stra tégie mondiale née de équilibre nucléaire Cette stratégie dénnie par le service de recherche et de planification du Département Etat Board of Policy Planning vise maintenir le statu quo mondial en empêchant les mouvements dits de libération nationale de faire basculer équilibre idéo logique en faveur du camp communiste est en vertu de cette stratégie générale que la politique dite du verrou été appliquée contre le Front de libération nationale au Vietnam et contre la révolte du 25 avril en République dominicaine Cette liaison Vietnam République domini caine été ailleurs soulignée par administration américaine elle-même quand elle fait voter le mai un crédit global de 700 millions de dollars pour les deux interventions

Le nouveau cours été poursuivi avec plus de vigueur depuis J.F Kennedy succédé L.B Johnson Celui-ci craint sans doute être éclipsé par ombre de son grand prédécesseur et là réside probablement explication profonde de la pointe anti-Kennedy décochée dans allusion

immobilisme néfaste de la diplomatie du rocking-chair Le pré sident Johnson veut se montrer plus ferme Ils ne connaissent pas le président des Etats-Unis il ne cédera pas déclare-t-il de lui-même occasion des deux crises dominicaine et vietnamienne

Il fait volontiers état de la puissance et de la richesse américaines et excessive confiance avec laquelle il lance le thème de la Grande Société se change parfois insensiblement en volonté de domination Est significative cet égard improvisation présidentielle une réunion le

mai 1965 de A.F.L.-C.I.O Le chef de Etat américain récita devant son auditoire syndical un texte appris école âge de huit ans

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occasion un concours ai vu les chefs-d uvre de art et de archi tecture les chefs-d uvre de la nature rivières et montagnes ai con templé le coucher du soleil sur la Jungfrau et la pleine lune sur le mont Blanc Mais le plus beau spectacle il ait été donné mes yeux de voir ce fut le drapeau de mon pays ilottani sur un territoire étranger Le symbole du drapeau rend saisissant le rapprochement avec une autre évocation de souvenirs enfance mais cette fois par Juan Bosch Dans mon enfance ai vu ramener des édifices publics le drapeau dominicain pour hisser sa place celui des Etats-Unis Amérique et personne ne pourra imaginer ce que cela signiné pour mon âme enfant de sept ans

travers ces deux textes opposent déjà sans avoir recherché les deux protagonistes échelon supérieur du drame dominicain

Le nouveau maître de la politique américaine est servi souhait par une équipe de durs fermement décidés combattre le communisme éventuellement par intervention et prêts voir et dénoncer les crypto communistes dans expression des critiques ou un ressentiment égard des Etats-Unis On se souvient des déclarations de George Ball sous-secrétaire Etat au Département Etat et de Douglas Mc Arthur II ancien ambassadeur américain Tokyo selon lesquelles la raison des critiques japonaises contre les vues américaines au sujet de la guerre du Vietnam était que les communistes avaient réussi infiltrer dans les postes de responsabilité de la presse japonaise Mac amara le dyna mique et Thomas Mann le réaliste sont les champions de la fermeté qui paie Les plans intervention sont préparés longtemps avance et exercice Lance argent par exemple en mars 1965 Pendieton Californie se déroule sur le thème un débarquement dans un pays ami sur appel du gouvernement de ce pays

Juan Bosch de Porto Rico avait vu juste en rendant la psychose du communisme responsable une intervention américaine trop rapide et trop massive sur la base informations trop faibles Or est au nom de anti communisme il avait été renversé du pouvoir en 1963 intervention de 1965 est donc pas le premier exemple une justification une politique hostile Juan Bosch par le souci empêcher un second Cuba Certes dans le camp constitutionnaliste se retrouvaient côté des membres du Parti révolutionnaire dominicain de Bosch libéral et réformiste et du Parti social chrétien de tendance progressiste l2 les militants des trois partis inspiration marxiste le Mouvement du 14 juin de type castriste 13

12 Le Parti révolutionnaire social chrétien se déclare anticapitaliste anti impérialiste et communautaire mais non communiste Cf Pueblo organe du P.R.S.C. 31 juil 1965

13 Agrupaci pol tica del 14 de Junio est le seul mouvement com muniste auquel le rapport de Intelligence Service du Département Etat

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le Parti socialiste dominicain communiste cbssique et le Mouvement popu laire dominicain communiste radical pro-chinois 14 Mais étaient-ils en position et en mesure de contrôler la révolution On attribue aux services secrets américains de avoir estimé et fait croire en haut lieu malgré les dénégations de Clamano et de ses hommes Le tait que le peuple de la capitale ait émergé de la passivité politique où avait plongé le long régime de Truj ilio pour réaliser les armes la main une révolution muni cipale dans la détermination et abnégation mêlant des revendications diverses qui avaient pour points de convergence le patriotisme la démo cratie et la justice sociale offrait selon les Américains une occasion excep tionnelle aux communistes pour orienter cette pulsion créatrice vers une Commune de Santo Domingo instar de la Commune de Paris de 1871 Instruits par expérience de Fidel Castro les Américains en tendaient pas tolérer éventualité une telle bifurcation de la révolte populaire Le complexe un second Cuba est la motivation fonda mentale de intervention américaine 15

Enfin le nouveau cours de la politique américaine était pas sans rapport avec le retour en faveur auprès de administration du monde des afF aires qui se reconnaissait plus volontiers dans entourage de Johnson que dans celui de Kennedy Question de nuances dira-t-on Certes mais en pareille matière les nuances ont valeur explicative En effet le big business soutenait plus aisément Johnson que Kennedy dont la manière de résoudre la question de acier ne lui avait pas valu un gros capital de sympathie auprès du grand patronat américain Celui-ci estimait que ses intérêts étaient mieux représentés auprès du pouvoir avec les Texans avec équipe de la Nouvelle Frontière l6 Or ce monde des affaires ne pouvait pas ne pas être sensible aux appréhensions des compagnies

The world strength the communist party organizations reconnaît des assises et un appui populaire véritables édition 1964 du rapport)

14 Dans un message public au P.S.D. le Mouvement populaire dominicain se dét nit comme marxiste-léniniste et déclare se ranger aux côtés du Parti communiste chinois contre le révisionnisme moderne Cf Patria 21 août 1965

15 Le Wall Street journal dans son édition du 25 juin 1965 juge que les pressions en vue empêcher un second Cuba exer aient de fa on presque irrésistible sur les dirigeants nord-américains

16 Un cas illustre bien cette conjonction milieux affaires milieux admi nistratifs dans la question dominicaine animateur notoirement connu un lobby multiforme et tentaculaire qui représenté Washington les intérêts militaires israéliens aussi bien indonésiens servi le dictateur nicaraguayen Somoza aussi bien que le tyran haïtien Duvalier défendu les intérêts étrangers et la politique truj illiste en République dominicaine aussi bien que les intérêts généraux du groupe Murchison au Texas pu dire sans être immédiatement démenti pour refuser de justifier ses activités aux Etats-Unis en faveur de Joaqu Balaguer il avait été chargé une mission auprès de ex-président dominicain par le Département Etat lui-même Sur ses activités avant la

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américaines installées dans île et dont les sympathies allaient pas Bosch ancien ami de Kennedy homme de la révolution par la loi contre la dictature des possédants

ailleurs les courants opinion ont approuvé la politique nouvelle vis-à-vis du monde extérieur intervention en République dominicaine

bénéficié du soutien de la population malgré influence contraire de certains secteurs de 1ë presse malgré sa condamnation publique par les spécialistes universitaires et par American for Democratic Action malgré les réticences du sénateur Robert Kennedy et les critiques plus ouvertes du sénateur Fulbright malgré embarras dans lequel elle jeté aile libérale du Parti démocrate avec Adiai Stevenson Le président Eisenhower aussi bien que Richard Nixon ont approuvée Le sénateur Barry Gold- water en est déclaré enchanté Le président de la confédération syndicale A.F.L.-C.I.O lui donné sa caution tandis que Walter Lipmann lui trouvé une justification désabusée Les sondages opinion montrent que la presque unanimité de opinion américaine est rangée somme toute derrière son président Amérique admire confusément dans la politique intervention image de la puissance inégalée de la Grande Société Elle est plus âge de innocence et du respect humain elle est

âge de la conscience de puissance

TIRER UNE LE ON

Aussi la le on de cette crise est-elle donnée en langage clair dans la doctrine Johnson les relations entre les Etats-Unis et Amérique

latine sont entrées dans une nouvelle phase impliquant la volonté inter vention américaine contre toute révolution démocratique nationale dont la couleur sociale serait susceptible de frayer la voie la victoire des forces extrême-gauche Le gouvernement des Etats-Unis opposera par la force toute révolution dans un pays du continent qui ferait élever le danger un contrôle communiste de la situation La crise dominicaine

valeur avertissement destiné décourager dissuader autres révo lutions Telle est illustration de la conclusion que le sociologue nord- américain Irwing Horowitz tirait en 1964 de la position nouvelle du problème de la révolution en Amérique latine heure de Fidel Castro

savoir que tout indice tout signe la moindre velléité de véritable indé-

crisc dominicaine voir Activities of non-diplomatic representatives of foreign principals in the United States Hearings before the Committee on Foreign Relations U.S Senate 88th Congress 1st session Part 11 Washinaton D.C 1963

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pendance sera en pas douter et sans hésitation immédiatement étouffé par les Etats-Unisv Le principe de non-intervention est devenu gênant et Washington malgré la charte de malgré la charte de O.N.U. affiche sa volonté de ne pas en tenir compte en matière de subversion communiste dans hémisphère Depuis la crise dominicaine la Chambre

autorisé explicitement le gouvernement intervenir militairement sur le continent pour enrayer toute nouvelle avance par la force du communisme international dans les avenues du pouvoir en Amérique latine

Le temps est déjà loin où Kennedy le 13 mars 1962 déclarait que ceux qui rendent impossible la révolution pacifique rendront inévitable

la révolution violente hui la crainte viscérale du communisme peut être utilisée par les forces conservatrices en Amérique latine non seulement pour écraser avec le concours américain toute entreprise armée émancipation sociale que Washington aurait pas en sympathie mais même pour interdire aux forces démocratiques et progressistes toute voie pacifique accès au pouvoir Tel est le risque nouveau de la conjoncture

Ce risque accule désormais les forces du mouvement élaborer une nouvelle stratégie révolutionnaire pour faire face dans leur grand duel contre les forces de ordre hostiles aux réformes 18 institutionnalisation de la Sainte-Alliance américaine qui pris un difficile mais sérieux départ avec la création de la Force interaméricaine de paix

évolution ultérieure de la situation en République dominicaine et en Amérique latine sera le meilleur test de la puissance de dissuasion de intervention militaire américaine Santo Domingo Le retour de Bosch et de Balaguer dans leur pays et surtout la tenue des élections pour mai 1966 indiquent que la crise pas encore eu son épilogue En attendant si Caamano exprime modérément sa satisfaction une non-défaite

Nous ne pouvions pas vaincre mais nous avons pas été vaincus Washington affiche librement son contentement une solution laquelle son retournement spectaculaire et dramatique permis aboutir par le retrait de son appui la junte Imbert sans oublier la victoire de approbation post laetum de son action par O.E.A- avec la création de la Force interaméricaine de paix Nous avons appris en République dominicaine que nous pouvions agir de concert de fa on décisive déclaré le président Johnson dans son discours du 28 mai 1965 devant Université Baylor Waco Texas Le poids de la grande puissance pesé sur la solution provisoire de la crise tout comme elle continue de peser lourdement dans la balance du destin de Amérique latine

F.M Septembre 1965

17 Supplément de la revue mexicaine Siempre 597 1964 18 FouGEROLLES de) Républicaine dominicaine quatre années de

crisi Revue de defense nationale 21 juil 1965 pp 236-1