diez (frédéric), anciens glossaires romans corrigés et expliqués, traduction par a. bauer, 1870

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Diez (Frédéric), Anciens glossaires romans corrigés et expliqués, traduction par A. Bauer, 1870.http://www.archive.org/details/bibliothquedel05ecol

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    in 2010 with funding fromUniversity of Ottawa

    http://www.archive.org/details/bibliothquedel05ecol

  • COLLECTION PHILOLOGIQUE

    RECUEILDE TRAVAUX ORIGINAUX OU TRADUITS

    RELATIFS A LA

    PHILOLOGIE & A L'HISTOIRE LITTRAIRE

    NOUVELLE SERIE

    TROISIME FASCICULEANCIENS GLOSSAIRES ROMANS, CORRIGS ET EXPLIQUS PAR FRDRIC DIEZ,

    TRADUIT PAR ALFRED BAUER,

    LVE DE l'cole DES HAUTES TUDES.

    PARIS

    LIBRAIRIE A. FRANCKF. VIEWEG, PROPRITAIRE

    RUE RICHELIEU, 67

    1S70

  • ANCIENS GLOSSAIRES

    ROMANS

    CORRIGS ET EXPLIQUS

    FREDERIC DIEZ

    TRADUIT PAR

    ALFRED RAUERLVE DE l'cole des hautes tudes

    PARIS

    LIBRAIRIE A. FRANCKF. VIEWEG, PROPRITAIRE

    RUE RICHELIEU, fi7

    1870

  • AVANT-PROPOS.

    Le livre dont M. Bauer offre au public studieux une traduction

    faite avec le soin le plus consciencieux se recommandait tout

    particulirement pour la Bibliothque de l'Ecole des Hautes

    Etudes : il n'en est pas, dans le domaine de la philologie romane,qui contienne sous un si petit volume autant de faits importants,

    et surtout qui offre un modle aussi complet de la mthode appli-cable cette science . L'enseignement des mthodes scientifiques

    se fait par l'exemple bien plutt que par les prceptes : ce n'est

    qu'en voyant faire les autres qu'on apprend faire soi-mme,

    et je ne connais pas de cours thorique qui puisse rendre un

    tudiant intelligent et laborieux autant de services que ce petit

    livre. L'auteur, il est vrai, suppose toujours le lecteur au cou-rant des rgles gnrales, des rsultats assurs de la science ;mais ce sous-entendu perptuel, qui est de nature rebuter les

    esprits lgers, est prcisment un attrait pour le lecteur srieux.

    Les raisonnements qui ne lui paraissent pas clairs, parce qu'il

    n'en connat pas les bases, le contraignent pour ainsi dire

    s'claircir en allant chercher dans d'autres ouvrages un suppl-

    ment de lumires, et les renseignements qu'il recueille ainsi en

    vue de comprendre tel fait spcial entrent dans son esprit et se

    gravent dans son souvenir avec une bien autre force que s'il les

    avait simplement lus leur place dans les livres o ils se trou-vent. Pour suivre les explications, les discussions, les hsitations

    GLOSSES a

  • VI

    du matre, qui se montre ici dans son laboratoire, en face dela

    matire premire pour ainsi dire et oprant directement sur elle,

    il faut tre, sinon de sa force, au moins son niveau comme

    prparation gnrale; en d'autres termes il faut possder aussi

    compltement que possible le dernier tat de la science. A chaque

    difficult qui surgit, chaque problme qui se pose, il faut, si on

    veut se rendre compte de la marche suivie, connatre au juste

    quelles rgles et quelles limites sont imposes la solution qui va

    tre tente. La lecture srieuse et mdite d'un livre comme celui-

    ci est une vritable collaboration, et quand on a collabor pen-

    dant quelque temps avec un homme comme M. Diez, on a singu-

    lirement profit.

    Nulle part en effet les rares qualits du fondateur de la philo-

    logie romane ne se sont rencontres avec plus d'vidence que

    dans ces tudes d'tymologie et de phontique qu'il a groupes

    autour des deux plus anciens monuments lexicographiques

    romans. Il est impossible de ne pas prouver un vritable plaisir

    suivre ces dmonstrations la fois si sres et si dlicates, o

    une mthode inflexible dirige une rudition extraordinaire et

    s'claire chaque instant par les rapprochements les plus fins,

    les vues les plus ingnieuses. L'histoire des mots, sujet principal

    de ces recherches, offre des aspects bien divers : ct de l'his-

    toire de la forme, qui constitue la phontique d'une langue, l'his-

    toire du sens dpasse en maint endroit la linguistique propre-

    ment dite et appartient l'histoire de l'esprit humain dans ses

    manifestations les plus intressantes et les moins faciles obser-

    ^^voa"^ ver. Le perptuel travail par lequel les mtaphores se succdent

    les unes aux autres et perdent leur sens primitif pour passer

    l'tat de simples signes est un fait de philologie gnrale au

    moins autant que de grammaire. On en viendra quelque jour

    soumettre des lois rgulires cette activit presque inconsciente

    de l'esprit humain, h dterminer par exemple les raisons qui font

    qu'un objet frappe surtout par telle ou telle de ses qualits et doit

    cette qualit isole la dnomination sous laquelle il est reconnu

    de tous. On recherchera les phases successives qui se manifes-

    tent dans ces dnominations mtaphoriques, phases qui se rat-

  • \Il

    tachent videmment aux volutions diverses de la civilisationelle-mme. Un grand nombre de faits des plus intressants pourla philosophie sortiront des tudes tymologiques, pourvu qu'elles

    soient diriges avec la science et la mthode qu'elles exigent, etdont l'opuscule de M. Diez offre le modle.

    Il est un point, dans cet excellent travail, qui m'a laiss quel-

    ques doutes dont je crois devoir faire part au lecteur ; il s'agit du

    mode de formation du Glossaire de Cassel. On peut lire ci-des-sous, p. 72-78, la discussion approfondie laquelle s'est livr

    M. Diez : son argumentation ne m'a pas sembl convaincante.

    Le Glossaire (en laissant ici de ct le septime chapitre) est

    une liste de mots romans traduits par des mots allemands. Onpeut se le reprsenter : 1 comme entirement compos par unRoman ; 2 comme entirement compos par un Allemand ;3 comme tant le produit d'une collaboration entre un Allemand

    et un Roman. La premire hypothse n'a t mise par per-

    sonne : en efet le glossaire porte visiblement la marque de fautes

    de prononciation dans les mots romans, tandis que les mots alle-

    mands sont gnralement bien crits. La seconde hypothsea d'abord t soutenue par M. Diez, et ensuite, avec diverses

    modifications, par M. Holtzmann. La troisime est celle de

    Wilhelm Grimm, et M. Diez, abandonnant son opinion premire,l'adopte prsentement.

    Dans cette supposition, voici comment les choses se seraient

    passes : un Roman aurait crit une liste de mots de sa langue,puis un Allemand aurait crit ct de chacun de ces mots leurtraduction allemande. Ce qui favorise cette opinion, c'est que les

    deux listes sont videmment disposes de telle faon que le romanest pour ainsi dire la question et l'allemand la rponse (p. 71); en

    effet, non-seulement ce sont les mots romans qui occupent la pre-

    mire place, mais encore il y a quatre mots allemands, su, na-pulo, ahsla et ofan, qui sont rpts deux fois, traduisant

    chaque fois un mot roman diffrent. Ce fait semble prouver que

    le glossaire a eu pour point de dpart le dsir de savoir comment

    se rendaient en allemand certains mots romans, et non l'inverse.

    Or un tel dsir est bien plus naturel chez un Roman qui veut ap-

  • VIII

    prendre l'allemand que chez un Allemand qui veut apprendre le

    roman. Mais ce qui a surtout dtermin l'opinion de M. Diez,

    c'est qu'il y a suivant lui dans le glossaire deux contre-sens, la

    traduction de cinge par curti et celle de segradas par saga-rmH : or ces contre-sens ne s'expliquent que si on admet deuxauteurs et si on suppose que le traducteur allemand s'est trouv

    plac en face d'une liste de mots qu'il a traduits d'aprs sa con-

    naissance du roman, et qu'il a parfois traduits de travers.

    Il y a cette explication une objection grave, que le savantauteur ne me semble pas avoir carte. La forme des mots romans,

    je viens de le dire, est trs-souvent fautive, et les fautes sont de

    telle nature qu'elles ne peuvent tre attribues qu' un Allemand :

    telles sont les formes parba p. barba, uncla p. ungla, putelp. butel, pirpici p. birbici, fidelli p. videlli, ferrt p. ver-

    rat, callus p. gallus, etc., o on rencontre dj cette substitu-tion perptuelle de la forte la douce qui est reste le trait carac-

    tristique de la mauvaise prononciation du franais par les

    Allemands. Il est vrai que nous ne possdons du glossaire

    qu'une copie (voy. p. 72), et M. Diez attribue ces fautes au

    copiste, mais cette explication n'est gure admissible. Les fautes

    dont il s'agit ne sont pas de celles que commet un copiste inexp-

    riment : elles n'ont pas leur cause dans l'tourderie, l'inintelli-

    gence ou la mauvaise lecture ; elles proviennent videmment dela prononciation fautive de celui qui a le premier crit cesmo^5 ; un Allemand parlant le roman prononait naturellementpirpici, et ds lors l'crivait de la sorte, mais s'il avait copi un

    texte o il y et biy^bici, il est clair qu'il n'aurait eu aucune rai-son de remplacer les b par des ju. Je crois donc qu'il est absolu-ment impossible d'attribuer un Roman les mots romans duglossaire. Il y aurait bien un moyen dtourn : ce serait de sup-poser que ces mots, crits par un Allemand, lui taient dictspar un Roman, et, mal entendus par l'crivain, taient nots parlui d'aprs ses propres Imbitudes de prononciation ; mais l'hypo-thse est complique et en outre peu utile ; car il n'y a pas monsens de raisons invincibles pour contester un Allemand la com-position du glossaire tout enlier.

  • IX

    M. Diez en trouve, il est vrai, dans deux contre-sens qui au-

    raient t commis par le traducteur allemand; sont-ils bienprouvs? Le premier consiste avoir traduit cinge par ciirti;

    d'aprs Grimm, dont M. Diez adopte l'opinion (voy. p. 92),cinge doit tre regard comme un substantif ayant le sens de ceinture , et gurti, qui est l'impratif egurtan, ceindre ,est une mprise du glossateur allemand. Il ne me parat pas du

    tout impossible que cinge soit l'impratif de cingere : comparez

    les impratifs tout--fait analogues qui se trouvent au dbut

    {tundi, radi), intercals de mme entre les noms de parties ducorps. Quant au second contre-sens du glossateur, je puisencore moins partager l'opinion de M. Diez (voy. p. 97) : dans la

    glosse segradas sagarari le mot roman signifierait tout autrechose que le mot allemand ; mais les mots sacristia, scrta,

    sacrarium, secretarium se confondent perptuellement dans lelatin du moyen ge (voy. Ducange et Diefenbach), et il fautregarder notre segradas comme un mot sur lequel scrta etsacrata ont galement influ (quant 1'^ finale, je n'y voisqu'une faute du copiste, cause sans doute par 1'^ initiale de

    sagarari). Que vient faire ici une sacristie, ajoute M. Diez, propos d'une maison et non d'une glise, entre le pole et

    rtable? Mais il s'agit sans doute d'une chapelle domestique,

    d'un oratoire ; sacraHum, d'o sagarari, a ce sens, qui est

    trs-admissible ici ^

    .

    Les deux contre-sens attribus au glossateur par M. Diez tant

    les seuls motifs qui l'aient dtermin abandonner sa premire

    opinion, je crois qu'on peut y revenir, d'autant mieux qu'ellerend parfaitement compte de tous les caractres du glossaire.

    Elle est d'ailleurs singulirement fortifie par la glosse 47-48,

    dont M. Holtzmann a donn une interprtation si ingnieuse etsi simple; M. Diez, tout en lui rendant justice, la rejette, parce

    qu'elle contredit son opinion sur le glossaire en gnral (voy.

    p. 90, gl. 4'-^); pour moi, elle me semble un supplment de preuve

    1. Voy. aux Notes l'opinion analoguo pxprimpf par M. Rnsch sur lomot sagradas.

  • trs-important l'appui de la composition du glossaire par un

    Allemand.

    Maintenant pourquoi cet Allemand a-t-il crit d'abord les mots

    romans, et seulement en second lieu ceux de sa langue? C'est

    qu'il ne composait pas, sans doute, sa liste pour apprendre lesmots romans qu'il a crits, mais pour noter les mots. romans

    qu'il connaissait. Pour les retrouver dans sa mmoire, cet Alle-

    mand, qui tait un clerc, a suivi peu prs l'ordre mthodique

    qu'il avait remarqu dans des glossaires antrieurs ; car, quoiqu'en disent MM. Holtzmann et Diez, il y a dans l'ordonnance dece glossaire une identit avec celles d'autres travaux analogues

    qui rendent trs-vraisemblable l'utilisation de modles crits. Il

    y a mme des traits qu'on ne peut expliquer autrement : com-ment croire par exemple que dans un recueil de mots qui aurait

    une origine toute pratique, de mots emprunts la vie jour-nalire , on trouverait les noms spciaux de chacun des cinq

    doigts del main? Cette numration des cinq doigts, qui se re-

    trouve telle quelle, commele remarque M. Diez (p. 90, gl. 42), dansd'autres glossaires, est une de ces curiosits qui suffisent carac-

    triser un travail d'rudit; d'autant plus que, %di\xipollex, aucun

    de ces mots n'a pass dans les langues romanes : M. Diez ne croit

    certainement pas que index, mdius, auricidaris aient tdes mots roinans l'poque du glossateur : ils ont d'ailleurs

    conserv leur forme latine, parce qu'ils n'taient pas usits dans

    le peuple. D'autres mots, et souvent des mots vraiment popu-

    laires, comme homo, capiit, digiti, etc., ont dans le glos-

    saire une forme latine ; cela tient ce que le glossographe tait

    un clerc, comme je l'ai dit tout l'heure, et que les formes ro-

    manes et latines se mlangeaient perptuellement dans sa tte. Act de cela il a inscrit dans sa liste des mots et des locutions

    purement pratiques et rellement emprunts la vie journa-lire , comme les glosses 17-19 et, si je ne me trompe, la glosse

    59 : ce sont ou des souvenirs d'un voyage en Ronianie, ou des

    phrases utiles dont le glossographe s'tait muni en vue d'yaller.

    En rsum, je pense qu'on peut regarder les mots romans du

  • XI

    glossaire, aussi bien que les mots allemands, comme provenant

    d'une source germanique, et ce rsultat est important pour l'ap-

    prciation de ces mots, et particulirement de leur forme. Le

    glossaire, si prcieux pour l'histoire du sens, ne peut dans la

    plupart des cas inspirer pour la partie phontique qu'une m-diocre confiance, rdig comme il l'est par un Allemand

    latiniste , c'est--dire dans les plus mauvaises conditions

    possibles.

    L'dition franaise des Anciens Glossaires y^omans com-prend, en plus que l'dition allemande, un travail postrieur de

    M. Diez sur un autre glossaire latin-allemand ou roman-alle-

    mand, qui se trouve Vienne. Ce travail, dat de mai 1867, at publi dans le tome VIII du Jahrbuch fur romanische undenglische Literatur : il forme le complment naturel de l'ou-vrage prcdent. Les Notes que j'ai jointes la traduction

    de M. Bauer sont peu de chose; on lira avec intrt celles que

    M. Ronsch a insres dans le mme volume du Jahrbuch, etdont il a bien voulu permettre qu'on traduist quelques-unes pour

    cette dition.

    Je terminerai cet Avant-Propos par l'annonce d'une entre-

    prise qui rpondra un vu exprim par M. Diez. J'ai obtenu

    du Ministre de l'Instruction publique l'autorisation de publier,

    dans la collection des Documents indits, un Corpus des

    anciens glossaires franais manuscrits. Cette publication, pour

    laquelle M. Paul Meyer veut bien s'adjoindre moi, ralisera les

    esprances de notre savant matre et apportera rellement la

    connaissance de la langue franaise un gain considrable.

    M. Diez donne en ce moment la troisime dition de son admi-

    rable Dictionnaire ti/mologique ; puisse-t-il vivre assez pour

    nous en donner une quatrime et la faire profiter des richesses

    nouvelles qui vont tre mises au jour !G. Paris.

  • ABREVIATIONS.

    pr. ot prov. provenal. ^>^'^y^t^ c/ c~^Pa^M eU -^ t

    rom. roman, romane. ' --^^^ O. kULi.roum. roumanche. 'vse. scilicet.

    signif. signification.sing. singulier.subst. substantif, ft- t>T (>tv*\. f?

  • LES GLOSSES DE REICHENAU.

    Les glossaires et vocabulaires laims-franais qui nous ontt conservs ne paraissent pas, quelques exceptions prs

    ,

    remonter au-del du xiv" sicle, du moins dans leur rdactionactuelle. Les glossaires lams-alle/iiands , au contraire, accu-sent un ge beaucoup plus recul : quelques-uns appartiennent,mme dans la forme o ils nous ont t transmis, au viii* sicle.

    La cause d'un retard si frappant est facile entrevoir. Cen'est pas que les Franais aient eu moins d'intrt connatrela langue latine que les Allemands ; mais, aids de leur proprelangue, laquelle, dans les premiers sicles du moyen ge, se rap-prochait naturellement beaucoup plus du latin qu'aujourd'hui

    ,

    les Franais se voyaient beaucoup moins dans la ncessit derecourir de pareils auxiliaires que les Allemands, qui ne rencon-traient que par exception quelque ressemblance entre les motsallemands et les mots latins correspondants. J'ajouterai que latche du glossateur franais tait plus difficile, malgr la parentdes deux langues. L'Allemand avait dj sa disposition unelittrature dont il pouvait tirer parti, puisqu'elle lui offrait desformes dtermines et une orthographe quelque peu rgle,avantage que n'avait pas le glossateur roman : car l'avnementde la littrature franaise, abstraction faite de quelques spci-mens isols, ne se place que beaucoup plus tard. Il est vrai quele fameux article il" du concile de Tours de l'an 813 recom-mande aux ecclsiastiques de traduire l'interprtation des textesbibliques dans les deux idiomes populaires, en roman aussi bien

    GLOSSES ^

  • ABREVIATIONS.

    ace.

    adj.allm.allm. mod.anc.

    anc. fr.

    anc. h. allm.angl.-sax.bas-allm.Bibl. impr.c'.--d.

    catal.

    cfr.

    DG.d.esp.

    ex.

    fm.fr.

    fr. mod.goth.gl-

    ib.

    it.

    kymr.lat.

    lat. moyen.littr.

    maso.

    mod.nerland.p. ex.

    plur.

    pot.popul.port.

    pr. ou prov.rom.

    roum.

    se.

    signif.

    sing.subst.V. ou V.val.

    var.

    accusatif. '-t, /i/o*t^ U cO

  • LES GLOSSES DE REICHENAU.

    Les glossaires et vocabulaires laims-fi^ancais qui nous ontt conservs ne paraissent pas, quelques exceptions prs

    ,

    remonter au-del du xiv sicle, du moins dans leur rdactionactuelle. Les glossaires laims-aUernands , au contraire, accu-sent un ge beaucoup plus recul : quelques-uns appartiennent,mme dans la forme o ils nous ont t transmis, au viii* sicle.

    La cause d'un retard si frappant est facile entrevoir. Cen'est pas que les Franais aient eu moins d'intrt connatrela langue latine que les Allemands ; mais, aids de leur proprelangue, laquelle, dans les premiers sicles du moj^en ge, se rap-prochait naturellement beaucoup plus du latin qu'aujourd'hui,les Franais se voyaient beaucoup moins dans la ncessit derecourir de pareils auxiliaires que les Allemands, qui ne rencon-traient que par exception quelque ressemblance entre les motsallemands et les mots latins correspondants. J'ajouterai que latche du glossateur franais tait plus difficile, malgr la parentdes deux langues. L'Allemand avait dj sa disposition unelittrature dont il pouvait tirer parti, puisqu'elle lui offrait desformes dtermines et une orthographe quelque peu rgle,avantage que n'avait pas le glossateur roman : car l'avnementde la littrature franaise, abstraction faite de quelques spci-mens isols, ne se place que beaucoup plus tard. Il est vrai quele fameux article 17" du concile de Tours de l'an 813 recom-mande aux ecclsiastiques de traduire l'interprtation des textesbibliques dans les deux idiomes populaires, en roman aussi bien

    GLOSSES ^

  • qu'en allemand ; mais ces traductions se firent oralement et neformrent pas de littrature, ou du moins nous n'avons aucuneraison qui nous permette d'en supposer une. Mme au x^ siclel'orthographe est encore assez confuse, comme le montrent les

    deux pomes de cette poque publis par Champollion-Figeac.On sait combien sont difficiles les commencements de l'criture,surtout lorsqu'il s'agit de prsenter l'il de nouveaux phno-mnes et dveloppements phoniques. Mais lorsqu'une fois la langueet l'criture eurent atteint un certain degr de culture et de per-fection, quand la posie vulgaire obtint d'clatants succs, alorsil ne se trouva probablement gure d'amateurs pour la modestetche du lexicographe. Ceux qui taient obligs d'apprendre lelatin s'en tenaient aux lexiques qui expliquaient le latin par lelatin, comme par exemple l'ouvrage trs-rpandu de Papias ouJohannes de Janua. Quant des recueils de mots latins-franais pour tel ou tel texte, il est probable que les tudiantsse les faisaient eux-mmes, comme cela arrive encore aujourd'hui.Mais les glossaires gnraux, plus ou moins alphabtiques,avec traduction franaise, nous l'avons dj remarqu, n'ap-paraissent qu' partir du xiv'' sicle. La Bibliothque impriale Paris en possde plusieurs, cits dj par Ducange et ses conti-nuateurs, qui s'en sont servis. De nos jours un juge comptent,M. Littr, en a donn une analyse critique et des extraits dansVHistoire littraire de la France, T. XXII (1852) pp. 1-38*.

    1. 11 y a quelques glossaires o une partie des mots seulement sontaccompagns de traduction; parmi les autres il faut citer : Diclionariumlaiino-gallicum (Bibl. impr. TGQ) du commencement du xiv* sicle, v.Hist. lut. p. 24; un deuxime (7679 fonds lat.), dont l'criture n'appartientprobablement qu'au xv sicle; un troisime, de Pierre Roger (cot8426), l'criture du xv" sicle aussi, p. 32; un quatrime, Catholicon (auxArchives de l'Empire), de la mme poque, p. 33. Puis on y voit djun glossaire franais-latin (fonds lat. 7684), l'criture probablement duXY" sicle, p. 30, qui est loin de contenir tous les vocables remontantau del de cette poque, mais qui en renferme toutefois un certainnombre. Jl s'y trouve aussi quelques glossaires provenaux-latins,savoir : Floretus, c'est--dire Florilge (fonds lat. 7657), p. 27 : il contientbeaucoup de mots omis par Raynouard, et M. Littr en donne un cer-tain nombre d'exemples. Diclionarium provincialilatinum (fonds lat. 7685),criture du xvi sicle, p. 28. Je ferai une remarque propos du Flo-retus : Rochegude dclare que ce glossaire est une copie extraite d'untexte de la Bibl. Laurentienne; il s'en est beaucoup servi pour sonGlossaire occitanien, o sont la plupart des exemples omis par Raynouard;de plus, le Floretus est souvent cit dans la nouvelle dition de Ducange.Quant ce qui existe de cette littrature en dehors de Paris, l'auteur de

  • Leur publication pourra tre ajourne, mais ne saurait tre vite :car les extraits dj donns, ainsi que les glossaires publis jus-qu'ici, nous autorisent croire que ce sera un service importantrendu la Linguistique franaise.

    Ainsi au commencement du mo}'en ge, avant le triomphe d-finitif de l'idiome roman en France, avant son organisation gram-maticale et son avnement comme langue nationale, on hsitait introduire dans la lexicographie cet idiome populaire, appelofficiellement rustica romana lingua ; mais est-il permis decroire que personne n'eut jamais l'ide d'expliquer les vocableslatins devenus difficiles comprendre l'aide de vocables gale-ment latins, qui taient rests l'idiome populaire sous une formealtre, il est vrai, mais toujours reconnaissable? Un glossairerdig de la sorte devait tre certainement d'un usage plus prati-que que ceux qui n'employaient que des priphrases ou des syno-nymes, sans tenir compte du degr d'instruction du lecteur. Et enefit un glossaire de ce genre, trs-ancien, a t retrouv. Il pro-vient de l'abbaye de Reichenau (MS, CCXLVIII), et se trouveactuellement la Bibliothque grand-ducale de Karlsruhe (115).C'est M. Adolphe Holtzmann qui nous l'a fait connatre, et il en afort bien reconnu l'importance pour la linguistique romane, v. laGermania de Pfeiffer VIII (1863), pp. 404-413. Ce sont, vrai dire, deux glossaires : le premier, fol. 1-20, accompagne letexte de la Vulgate, depuis le commencement jusqu' la fin ; lesecond, fol. 20-39, est alphabtique et renferme des mots em-prunts tous les domaines de la pense, sans se rapporter aucun texte particulier. Cela n'est pas un fait isol : on connatd'autres glossaires, systmatiques ou servant interprter teltexte, auxquels est ajout un glossaire alphabtique ; le Voca-bularius S. Galli, par exemple, est arrang de cette manire.

    Je supposerai que le glossaire entier est d'un seul auteur, enfaisant remarquer toutefois que la deuxime partie, c'est--direle glossaire alphabtique, renferme maintes contradictions et estmoins correcte que la premire. Celui qui nous devons ce tr-sor nous en a communiqu des extraits considrables et bienchoisis. J'ai revu moi-mme le manuscrit Karlsruhe, en automne1864

    ;j'ai compar les extraits donns, et je n'ai trouv que peu

    cette tude ne s'en est pas occup. Un ouvrage plus ancien que les trai-ts cits jusqu'ici est le clbre Dictionnaire de rimes la fin du Donatusprovincialis, qui est assez prcieux pour ce qui concerne la significationdes mots.

  • d'observations faire; ensuite j'ai fait moi-mme quelques nou-veaux extraits. C'est un manuscrit sur parchemin, petit in-4 ;le glossaire biblique est crit sur deux colonnes. L'criture n'estpas toujours bien nette ; la partie alphabtique surtout est cou-verte de taches et souvent illisible. Cliaque glosse commence parune majuscule, sans passer la ligne. On prsume que le manus-crit a t crit au \uf sicle, probablement vers la fin. La Ge/-7nania (VIII, 1863) donne les renseignements ncessaires sur lereste du volume partir du fol. 40.

    Je me permets de reproduire ici la plus grande partie desglossesdonnes par la Germania, en y ajoutant un petit Appendice,qui contiendra mes propres extraits, et je les commenterai toutesplus bas. Celui qui aura compltement tudi les glosses dans lemanuscrit mme trouvera sans doute dans mon commentairebien des choses modifier ou mme corriger, et je souhaitequ'une pareille tude ne se fasse pas attendre trop longtemps.

    Les remarques entre parenthses appartiennent au premierditeur et ont t empruntes la Germania. J'y ai rencontrquelques fautes d'impression videntes, que je corrigerai soit ici,soit dans le commentaire.

    GLOSSES INTERPRETANT LE TEXTE BIBLIQUE.

    (fol. ^) Gallidior vitiosior. Gnes.

    Genaciila mansiunculas.Verendaverecundia leloco.Fmur coxa .1. cingolo.

    5 Ru fa sora.(foi. 21 Minatur manaliat.

    Tenloria Irauis.Turmas fulcos.Sepulla sepelila.

    ^0 Opilio cuslosovium .1. berbicarius.Terislrum genus ornamenti mulieris qui-

    dam dicunt quod sil cuPia vel vilta.(fol. 3) In orrei in spicario.

    In manipules redacte in garbas collecte.Sein il es cincellas. Exod.

    i5 Inteslinis inlraneis.

    (fol. 4) Golurnices quacoles.Usuris lueris (peu lisible).

  • Pignus uuadius.Scrabrones uuapces.

    20 lacinclinas persas [peu lisible).Inlerrasilem grinitam.Saga cortina.Sculpare intaliare.

    Uncinos hauos.25 Feminalia femoralia.

    Vitalia viscera intranea.

    Labium conca.Papilionis trauis.

    Aes eramen.

    30 Abgetarii carpentarii.(fol. 31 Vesiculam guLturis paparonem. Levitic.

    Mergulum corvum marinum.Pabula uisica.Sagma soma ,1. sella.

    3o Spalula rama palmarum.Nausiam crapuUam. Numer.

    (fol. 6) In cartallo in panario. Deuter.

    Stercora fmur. ludic.Poplile iuncture ianiculorum val reliquo-rum membrorum.

    40 Sindones linciolos.Gerule porlatricis baiole.Novacula rasorium. Reg. I.

    (fol. 7) Starciis [l. Sitarciisl bultiolis.

    Ocreas husas.

    45 Sarcina bisatia.Colliridam turtam. Reg. H.

    Laterum teiilarumOnerali carcati.Palate masse caricarum quae de recentis

    fiunl.

    Toi. 8' 50 Dficiente laxiscente.Area dansi [ou dansr ? le sens exige daneai.

    Trabem trasLrum. Reg. lll.Abenas relinacula iiimentorum.MulLio acceperam imprunlaliim babebam.

    55 Commenlariis (/. Caem.^i macionibus.Concidis taliavit.

    fol 91 Sulci rige. lob.

    Toiax brunia.\"cru spidus ferrcus. Hester.

  • 6

    60 lecore ficato. Tobias.

    Casidile bultiola.

    Rerum causarura.Discriminavit iiillavit. Judith.

    (fol. 10) Excidelurtalietur. Evang.

    65 Uenlilabrum uelecLorium vel uentilalo-rium.

    ifol. if; Ofendas abattas.Nent filant.

    Ad deludendum ad deganandum.Pallium drappam.

    70 Muluari prestari.Exterminant discolorant.Clibanus furnus vel mutile.

    Si vis si voles.

    Paraliticus octuatus.

    75 Fletur planctur.

    ^

    Cofmos banstas (peM/w/6/e).(fol. 12) Solveris disligaveris.

    Oportunitate gaforium.ColaOs colpis.

    80 Sindone linciolo.Exciderat taliaverat.

    Furent involent.

    Conquirebant eausabant. Ev. Marc.

    Utres foUi

    83 Remetietur remensurabit.Cervical capitale,

    ifol. i3i Teclum solarium.Arundine ros.Inluserunt deganaverunt.

    90 .Mutuum dare id est prestare. Ev. Luc.

    Gratia merces.

    Sublatum subportatum.Gommoda presta.

    (fol. 14) Solutis disligatis.

    95 Peribetperportat. Ev. loh.

    Instilis fasciolis .1. nasculis.

    Sudario fanonem.Supersticiosos superfluos. Act.

    (fol. io] Arlemon malus maslus navis.ifol.

  • Luto fecis.

    In commutatione in concambiis.^05 Anxiaretur angustiaretur.

    ifol. -18) Fex lias.

    Cibaria cibus vivendi.

    CoUirnix quaccola.(fol. ^9) Feneralor mutuator presLator.

    ^^0 Pruina gelala.Manipules segeles garbas,Bucellas Trustas panis.

    (fol. 201 Gymbalis cymblis.

    GLOSSAIRE ALPHABETIQUE.

    Axis ascialis.^'^5 Aper salualicus porcus.

    Aurire scabare.Arundo rosa.Angariaverunt compullerunt anetsauerunt.Arbusta arbriscellus.

    120 Armilla baucus.Arundo rosa vel gerlosa.Aldipem alaues [pas tout--falt sr).Anchro serricellus.Aculeus acullonis.

    ^25 Absintio aloxino.Area danea.

    (fol. 2^) Bracis bragas.

    (fol. 22) Compeliit anetset.

    Calamus ros.1 30 Cogor anetsor.

    Cimex cimcella.Caseum formaticuni.Crastro heribergo.

    Conpendium gaforium.135 Culmen spicus.

    Cementarii mationes.

    Grebro criuolus.Calx calcaneum.Culicet culcel.

    (fol. 23) 140 Denudare discoperire.fol. 241 Exaurire scauare.

    Ebitatum bulcatum.

  • (fol.

  • 9

    Turibulum incensarium.Tedio tepiditas.Transfretavit transalaret.

    Transilivit transalavit.

    ^90 TuLamenta defendamenla.Tugurium cmianna (les italiques ne sont

    pas bien lisibles dans le ms.].(fol. 39) Vespertiliones calves sorices.

    Vuespes scrabrones uuapces.Urguet adastel.

    495 Umanus omnici.Viscera intralia.Vecors esdarnatus.

    Vectum linalum.Uncinus hauus.

    APPENDICE ^

    Gnes.ifol.

  • _ ^^ _

    Grebro sepe.(fol. iSa) Repente subito.

    Sero vespera.

    fol. J3 6)270 Epulabatur manducabal. Luc.(fol. -14 6) Omni diligentia omni custodia. Act.

    Cesis tlagellatis.

    Vastabat desertum faciebat.Alerent pascerent.

    (fol. ^ 6 6)275 Pupillam nigrum in oculo. Psalm.Adeps caro pinguis.Exurge leva.Statuo starefacio.

    Thalamus domus maritalis.280 Rgit gubernat.

    (fol. il a) x\nnuant cinnant.Meridiem diem mdium.Mortificare mortuum facere.Transire transversare.

    283 Abeam uadam.Amplius ulterius.Nihilum nihil.

    (fol. n^ Gomplaceat placeat.Calamum pennam unde litteras scribunt.

    290 Transfrent transportent.Reliantes pugnantes.

    (fol. ^8a) Quotiensqd' uicibus.Exacerbauerunt exasperauerunt.Dilecta amata.

    ifol. ^ 8 6)293 Renignitate bonitate.Aspero amaro duro.

    (fol. -19 a) Rupem petram.Da dona.Adolescentia iuuenlus.

    (fol. -19 6)300 Odi in hodio habui.

    L'intention du glossateur a t de faciliter la lecture de la

    Bible latine ses compatriotes parlant roman. Il serait possible

    que les glossaires latins-allemands qu'il savait entre les mains

    t. Le rf porte une barre dans le manuscrit.

  • ^2

    des Francs lui eussent suggr l'ide de son entreprise. Mais iln'osa pas transcrire les vocables latins dans le vritable idiomepopulaire ; ce dernier devait paratre barbare un latiniste let-tr comme lui, et, vu l'tat des choses d'alors, il ne prsumait pasmme, peut-tre, qu'il serait jamais adopt par la nation entire,les lettrs et les illettrs, les Francs et les Romans. Il employa,comme nous l'avons dj indiqu plus haut, une autre mthode :les mots latins dont il ne croyait pas devoir supposer la connais-sance chez ses lecteurs, il les rendit soit par une priphrase, soitpar un autre mot latin rest dans la langue populaire, fut-ce sousune forme un peu altre.

    Les priphrases, le glossateur n'en fit qu'un emploi restreint,parce que l'autre procd tait plus sr; nous en rencontronsdans les glosses : opilio custos oviura, spatula rama palma-rum, laciis congregatio aquarura, grando pluvia mita,mergi sub aquam cadere, monumenta sepulcra rnortuo-rum, adeps caro pinguis, thalamus domus maritalis, etc.

    Beaucoup plus frquent est le deuxime mode, celui qui con-siste rendre le mot latin par un autre mot latin, c'est--direpar un synonyme. Ex. : fmur coxa, papula vesica, sterciisfiraus; iwre filare, metiri mensurare, mas mascidus (mle)ulna hracJdum, poculum calix, dense spisse (pais), jugi-ter assidMe

    ,jugulare occidere, itasic, alere pascere (patre),

    regere gubernare, dilectus amatus, taupes petra, etc., etc.Il est facile de reconnatre que tous les mots interprtants sontromans. Pour s'assurer de la vrit de cette assertion, il suffit decomparer l'interprtation d'autres lexiques, qui n'appartiennentpas cette catgorie : dans Papias, p. ex., callidus versutus indisputando, ingeniosus, subdolus (dans notre gloss. : calli-dus vitiosus); verenda pudenda (dans notre gloss. : ve?'endaverecundia) ; femora sunt ab inguinibus usque ad genua(d. notre gloss. : fmur coxa vel cingolo); scinipes culicuragenus (d. notre gloss. : scinifes cincellae). Parfois, il estATai, les mots interprtants ne correspondent pas, dans leursignification, au mot latin dont ils ont la forme extrieure, mais un mot roman emprunt au latin, qui apparat ici ramen sa forme primitive. Voici des exemples de ce genre : le mot djcit vitiosus pour callidus, del'anc. franc, voiseus, quia cettesignification

    ; ftcatum pour jecur, du franc, foie ; plangerepour fere, d'aprs l'ital. piangere (pleurer); formaticus pourcaseus, de fromage; berbex pour ovis, de brebis.

    Mais, dans un grand nombre de cas, les mots interprtants ne

  • 13

    sont pas latins : l'auteur ne pouvait pas toujours s'exprimerd'une manire intelligible au moyen de mots latins

    ; c'est pour-quoi il se servit aussi de mots non latins, fabriqus soit avec deslments latins, soit avec des lments trangers, p. ex. germa-niques, en avant soin de les munir d'une dsinence latine connue.Nous voyons des lments latins dans fruncetura, defen-damenta, manatiat, laxiscente, taliavit, sprendunt , etc.

    ;

    des lments germaniques dans gafonum, fulcos, garbas,

    fanonetn, deganaverunt, etc. Il a mme recours la formepassive, depuis longtemps teinte, pour en afifubler des mots queRome n'a jamais connus, comme p. ex. cmetsor pour cogor.En principe donc, pour ce qui concerne la dsinence, aucun

    mot n'est admis par lui sous sa vritable forme romane. Furnou intrange, qu'on lit dans le glossaire de Cassel, ne pouvaientse montrer ici que sous la forme furnus ou intranea. On em-ployait assez gnralement le mme procd au commencementdu moyen ge, lorsqu'on citait des mots de la langue populaire,p. ex. dans des diplmes de Louis le Dbonnaire: ^< viam regiam,quam stratam, sive calciatam (chausse) dicunt, ou vesti-tum lineum quod camisium (chemise) vulgo vocatur. En ex-ceptant les fminins en a, dont la finale ne peut pas tre regar-de avec certitude comme une dsinence franaise, on peut direque bien peu de mots de notre glossaire, comme p. ex. ros, pourlequel l'auteur aurait pu dire rosum ou rosus. ont chapp lalatinisation. L'intrieur du mot n'a pas perdu la couleur popu-laire, comme le montrent les formes manatiat pour minatiat(ou plutt 7ninatur), turta pour torta, teula pour tegula,trastrum pour transtrwn, planctur ^om" plangitur

    .

    11 va sans dire que la latinisation des dsinences ne fut pastoujours effectue d'une manire consquente : souvent ni ladclinaison, ni le genre, ni le cas, qui devaient tre attribus aumot refondu, ne furent observs. Le franais esteule, p. ex.,est rendu par stuliis, auquel on prfrerait le fminin stula,qui serait plus confprme l'tymologie stipida ; quacolES(cailles) on prfrerait qiiacolAS, qu'on trouve en effet une fois ;de mme, dans la conjugaison, anetSAT serait prfrable ane^SET, etc. Si ensuite le nominatif aculeus est traduit par legnitif acidionis (aiguillon), et de mme 2^ttliurus par cardo-nis (chardon), il serait possible que l'auteur et allong le motroman, pour indiquer le dplacement de l'accent, qui n'aurait putre remarqu dans les formes aclio et cdrdo : le glossaire deCassel aurait mis sans hsiter acidin, cardn en omettant

  • u

    toutefois les accents. Ou le glossateur aurait-il eu l'intention dedsigner par la dsinence is le suffixe du nominatif roman s,auquel il prposa un i, pour enlever la forme sa duret ? (V. surcette question les remarques sur pedis, n 167.)

    L'orthographe des vocables latins du glossaire biblique n'estpas toujours correcte, et doit tre corrige d'aprs le texte, cequi est souvent un travail ennuyeux, parce que la division en

    chapitres manque. Ces mmes vocables sont encore plus malcrits dans le glossaire alphabtique, pour lequel nous ne poss-dons pas de texte auxiliaire.

    Examinons maintenant, en faisant abstraction de la forme desglosses, leur signification et leur application. Nous voyons assezsouvent qu'un mot latin, usit aussi en roman, y est nanmoinsgratifi d'une interprtation, p. ex. dans les glosses usurislucris, papilionis b^avis, titres folli, absintio aloxino. Ilarrive mme que le mot interprtant n'est pas un mot roman,comme dans caminus clibaiius, 7'usticus tijrus , etc., et qu'iln'est expliqu que par le mot qui doit tre interprt, commedans area danea, talpas muli et quelques autres. Souventaussi il arrive que les mots des deux classes, ceux de l'originalcomme ceux de la traduction, ne se retrouvent pas autre part en

    roman ou du moins en franais, comme c'est le cas pour orreispicario, angariaverunt anetsaverunt, olfactoHola bismo-dis, cuncti omnes, crebro sepe, nihilum nihil. Il ne faudraitpas se hter de conclure, dans les cas o le mot interprtant nese retrouve ni en franais ni en provenal, pas mme dans lesplus anciens monuments, que ce mot n'a rellement pas existdans ces langues au moment o fut compos notre glossaire.Il pouvait bien arriver l'auteur de mettre un mot latin laplace d'un mot roman, l o ce dernier ne le satisfaisait pas ou nese trouvait pas sous sa plume. Il pouvait hsiter, p. ex,, traduireideo par l'expression romane jrro hoc (popul, jwr-uec), quirendait parfaitement ce mot, parce que cet emploi de la pr-position pro lui paraissait par trop contraire au latin ; il crivitdonc hardiment propterea. Les auteurs des anciens recueils deglosses latines-allemandes agissaient d'une manire analogue : la place de la traduction ils mettaient souvent un synonymelatin, mme lorsque l'expression allemande correspondante nefaisait pas dfaut. Quant notre recueil, il nous sera permis desupposer dans la plupart des cas que le mot en question a dis-paru plus tard ; on peut l'affirmer avec quelque certitude, lorsqueles autres langues romanes le possdent.

  • ^5

    .Les deux parties de notre glossaire appartiennent au domaine

    franais : nous le voyons par un certain nombre de motsqui sont connus dans ce dernier domaine, et compltementinconnus dans les domaines italien et espagnol; ex. : fulcus,macio, briinia, spiciis (comme mascal.), hlicta, intralia,invenire, sportella (avec le sens de perd). Mais une preuveirrcusable est la prsence de l'initiale h dans les mots d'originegermanique, tandis qu'elle tombe presque rgulirement au com-mencement des mots latins, parce qu'elle n'tait pas prononce.Cette initiale h aspire prouve aussi que l'ouvrage n'a pas tcompos au midi, mais qu'il appartient au nord de la Gaule.

    Mais quelle peut donc tre l'utilit d'un glossaire qui ne veutpas nous montrer l'idiome populaire sous sa vritable forme?Elle est toujours considrable ; elle nous fournit des renseigne-ments prcieux sur l'histoire de la langue, sur les mots qu'elle agagns ou perdus, sur lear signification, leur tymologie etmme sur leur orthographe.

    Il y a encore un autre glossaire biblique provenant de l'ab-baye de Reichenau (MS. IC), actuellement Karlsruhe (86,fol. 37-52), du VIII'' sicle, qui mrite l'attention des romanistes.Dj Graff s'est servi de ce glossaire, et M. Holtzmann nous lefait connatre par de nombreuses citations ; il le dsigne par Rz , notation que je conserverai. Il est sans doute aussid'origine franaise, car l'auteur dit une fois : collirida cibusquatn nos nebulam dicens {dicimus) ; or nebula avec cettesignification appartient au franais seul; v. le n" 46 du commen-taire. Ce glossaire n'observe pas non plus de rgle dtermine dansl'interprtation des mots. Il emploie des priphrases, des syno-nymes, tantt des mots anglo-saxons, tantt des mots romans,

    lesquels ont d prendre, comme dans le premier glossaire, uneenveloppe latine, ex. : vim foy^tiam, furvum brunus, pin-cerna buttilarius, noctua cavannus, iacinctina plawas.Nous voyons cependant dj apparatre quelques mots franaispurs, comme surtout dans les deux glosses : in cartallo inpaner (panier), v. n 37 du commentaire, et postica postic(anc. franc. : postis t^omv poslics, espag. : posiigd).

  • ^6

    COMMENTAIRE DES GLOSSES BIBLIQUES.

    1. Callidior vitiosior. La signification attribue ici vitiosus n'est pas latine, mais elle correspond exactement l'anc. fr. voiseus, dont elle confirme souhait l'identit avec lemot latin, v, Dict. tym. I. vizio. Cette mme signification estdonne par le Vocab. S. Galli, qui traduit viziosus parl'allem. arccustic (astucieux). L'ide de ^< vice et celle de ruse se trouvent encore runies dans le substant. moy. h.allm. unkust, qui traduit vitium et dolus; le prov. vici runitaussi les deux significations. Voiseus parait ne pas exister enprovenal, o il est remplac par le part, veziat= anc. fr. vezi,it. viziato.

    2. Genacula raansiunculas . Coenaculurn, Gen. 6,16,est pris ici dans le sens de petite chambre , c'est pourquoi ilest traduit par mansiuncula, lequel mot se trouve ne pas existeren latin classique : l'auteur l'a pris au verset 14*^ du mme cha-pitre. Il n'y a pas de mot provenal corrrespondant maizoncla,il y a seulement maizoneta = fr. maisonnette ; de mme enital. il n'y a pas de forme raagionchia, mais une forme yna-gioncella avec c drivatif. L'auteur tenait mettre une formediminutive latine et non trangre, mme s'il connaissait laforme maizo7ieia.

    3. Verenda verecundia leloco. Yerenda dans le sensqu'a ce mot. Gense, 9, 22 (cum vidisset verenda patris suiessenudata), est rendu en roman par verecundia (it. le vergogne^esp. las 'cerguenzas). Le synonyme ajout doit trelelat. locusou plutt loca, quoique les Romains n'employassent ce mot qu'enparlant de la femme (dans le Gloss. Keron.: loca verecundiosa,Hattemer, p. 179). Le le prpos n'est pas l'article, qui ne setrouve pas dans cet ouvrage (v. plus bas meliores 254) et quin'aurait pu tre le, mais c'est l'abrviation .1. c.--d. vel, quiest ordinairement prpose au deuxime mot interprtant.

    4. Fmur co^a tel cingolo. Fer/mr (cuisse) n'a pas passen franais; coxa, os de la hanche, hanche, a donn le fr.cuisse, pr. coissa; cingidum, cingula, d'o pr. cingla, anc.fr. cengle, fr. mod. sangle, est la ceinture, mais aussi, commele montre notre glosse, la rgion du corps o s'adapte la cein-ture. Les deux significations se trouvent runies dans le fr. cein-

  • 17

    ture, it. cintura et cintola, et aussi dans le gr, lojvy;. C'estainsi que le fr, jmirine semble avoir dsign d'abord une sortede baudrier. Mais le masc. cingolo permet aussi de supposer enanc. fr. une forme masc. cengle = it. cingolo, esp. cingulo.Sur cinge, v. les Glosses de CasseL 59.

    5. Rufa sera, =: fr. saure, pr. saur, jaune d'or. Glosseintressante, parce que le franc, au accuse ici dj la pronon-ciation

    ; V. plus bas les remarques sur la phontique.iMAS 8. Th.uvm3i.s fulcos . Dans un glossaire lat. -allemand de

    Reichenau on lit : thurmas folch (Graf). Le sens de foule qu'a le mot germanique folch, est presque tranger au pr. foie,anc. fr. foie, fouc, qui a servi de type notre fulcus ; foiesignifie troupeau. Cependant on lit dans un des plus anciensmonuments : eum foie en aut grand adunat = lorsqu'il eutrassembl une grande foule, St-Lger 22; cfr. gran foies,Passion de J.-C. 12.

    9. Sepulta sepelita. La seconde forme de ce participe,encore employe par Caton, est la seule usite en France : pr.sehelit, anc. fr. seveli.

    H. Teristrum (^p-.axpcv, voile pour couvrir la tte),genus ornamenti mulieris, quidam dicunt quod siteufa vel vitta. Cufia, pr, eofa (aussi coifa?), fr. coiffe, etc.dans Fortunat cofea. Vitta, pr. esp. veta, ruban, anc. h. allm.wita, bandeau pour les cheveux. Suivant le manuscrit de ParisPh la cufia, qui d'ailleurs a t porte par les hommes commepar les femmes, tait munie d'une vitta : tyaris (c.--d.tiara), vestis sacerdotalis ad similitudinem cufie habensvittam.

    12. In orrei in spicario; de mme : inhorreis in spi-cariis, Rz. Horreiim a pass en espagnol, qui cv'ii horreo; onne le trouve que trs-rarement en portugais, jamais en catalanni dans les autres langues romanes. Vowv horreum l'auteur donneun mot nouveau, spicariurn, qui apparat dj dans la L. Sali-que, dans la Loi des Alamayis, et dans les Form. de Pi-gnon, anc. h. allm. sphhari, allm. raod. speicher (grenier).Ce mot ne s'est maintenu nulle part, parce que le latin grana-rium suffisait. Mais d'aprs notre glosse il faut supposer qu'C(M de granier, grenier, un synonyme espiguier, espier taitusit en France.

    13. In manipulos redacte m garbas collecte; 111,manipulos segetes garbas. Le domaine franais connatmanipulus ; carie mot manoil paquet, tas , dans Roque-

    GLOSSES 2

  • 4S

    fort est incontestablement driv d'une forme maniipidiis, etconcorde avec l'esp. manojo; comparez, pour les lettres, cueilde scopulus. Mais pour le sens voulu ici, la vritable expres-sion est le mot gerbe, pr. garba, emprunt l'allemand. Aldhel-mus (vers 680) l'emploie le premier dans son pome

  • 19

    La traduction n'est pas exacte : le sens est frelon , et ce sensest strictement observ dans les anciens glossaires allemands.On attendrait donc ici frelon, ou sa forme primitive, un motcomme fragiloni, selon le style du traducteur; c'est ce nomd'insecte qui semble se cacher sous la forme dfigure furs-leones, mot par lequel le Gloss. Rz. traduit craprones. Cetteerreur revient dans le glossaire alphabtique : ivespes scrabro-nes loapces 193. Wapce est videmment d'origine allemande :cfr. dans le Vocab. S. Galli : loespa wafsa; de mme Diu-tisca II. 378^ : vespas wafse, angl, sax. vdps^; mais dans lefranc, moderne gupe pour guespe, il n'est pas possible dereconnatre autre chose que le mot latin, ayant subi, il est vrai,une influence germanique.

    20. lacinctinas persas. Hyacinctinas se trouve Exod.25, 5; on trouve encore la variante imithinas (violet). Nousavons peut-tre ici le plus ancien exemple de persus, pr., anc.fr. 2:)e)S, e persicum (pche). Les Glosses de Slestadt lOu-nent persu7n weitn (de couleur perse), un glossaire du x" ouXI sicle : iceiiiner ist iacinctus, Graff I. 773.

    21. Interrasilem grinitayn. Interymsilis (se. coronaExod. 25, 25), s'applique une ornementation en relief danslaquelle sont pratiques, comme la lime, des nappes plates.Les Gloss. Flor. Eccl. OSS'^ l'expliquent pour cette raison parinterlineatus et traduisent parwnc?er/ipz7o^(entre-lim).Papiaslui attribue la signif. anaglypha scidpta. Dans un autre glos-saire de Reichenau il est traduit par untarprarte, Diidiska I.494b, mois, prart signifie limbus, gabrortot = limbatus, flm-briatus, picturatus, ce qui donne un sens assez difi'rent. Trs-douteuse est la traduction romane grinitam, comme crit trs-lisiblement notre Ms. Ce mot serait-il peut-tre pour crinit,avec prononciation plus douce du c, en supposant que cette der-nire forme vienne du roman crena, anc. allm. krinna =entaille, entaillure, de sorte que grinit pourrait signifier entaill,incisiis ?

    22. Saga cortina. Le lat. saga ( ct de sagum, sagus)= sorte de manteau des guerriers, a pris dans le latin moyen le sensde couverture, dans Papias : sagulum {sagum DC.) stragulu7nvel coopertorium. C'est pourquoi il est interprt dans desglosses allemandes par lahhan (allm. mod. laken = drap,toile), ici par C07'tina, mot que les anciens glossaires allemands

    1. Wafsa, wafse, vseps, allm. moderne wespe, gupe. (Traduct.)

  • 20

    rendent aussi par lahhen^ quoique dans Jrme et Isidore djsa signification propre soit rideau.

    25. Feminalia femoralia (de mme dans le Gloss. Rz.)=vtement des cuisses. Femoralia apparat, ce qu'il semble,pour la premire lois dans Isidore : femoralia appellata eo quodfemora tegant ; il se trouve et l chez des crivains post-rieurs; mais ni l'italien ni l'espagnol ne le connaissent. Pour leprovenal et l'anc. franais il faut remarquer le synonymefemoraus, dans Roquefort et Honnorat; d'autre part un gloss.lat.

    -franc, cit par DG donne fetnorale comme un mot latin et letraduit par hraie homme. Le (jIoss. de Lille, p. 9 (Scheler,20), le cite aussi comme mot latin et le traduit par cuissir.

    26. Vitalia viscera intranea ; 15. intestinis intraneis;196. viscera intralia. Intranea, pour le lat. interanea,est commun toutes les langues romanes, p. ex. anc. fr. singul.entraigne, dans les (flosses de Cassel : intraiige, dans la L.Salique et dans Grg. de Tours intrania; cfr. les remarques deFr. Pithou au tit. XIX de la L. Salique. Mais un mot qui n'ap-partient qu'aux domaines franais et provenal, c'est intralia,c.--d. entrailles, pr. intralias ; le Gloss. Rz. donne aussivitalia intralia.

    27. Labium conca. Lamw? au lieu de La^rwm (bassin)est une petite mprise. Le lat. concha, un vase ayant la formed'un coquillage, dsigne en latin moyen et en roman diffrentessortes de vases, pr. conca, concha. anc. fr. conque, it. conca,esp. cuenca. Par syncope : coca, coque, cocca, qui dsigneaussi un petit esquif.

    29. Aes eramen. Les langues romanes n'ont pas conservaes, qui se serait rduit la forme trop peu sonore er. Elles leremplacent par son driv aeramen, d'o le fr. airain, pr.aram. L'initiale a dans aram ainsi que dans l'esp. arambres'explique par la tendance bien connue des langues romanes favoriser cette voyelle la syllabe initiale non accentue, etmme l'initiale franaise ai parat avoir pass par a.

    30. Abgetarii carpentarii. Opra abietarii se trouveExod. 35, 35; d'o Papias : abieiarius lignanus, et plustard Johannes de Janua : abietarius carpentarius, qui deabiele operatur. Le mot ne se retrouve pas autre part en latinet manque aussi en roman ; mais carpentarius est latin eta pass dans toutes les langues romanes : pr. carpentier,etc.

    31. Vesiculam Quttwvis paparonem. Dans le passage

  • de Levit., I, 16, auquel se rapporte cette glosse, les deuxpremiers mots dsignent la gorge, le jabot de la colombe, et onlit de mme dans les glossaires allemands : vesicula (colunibae)chroph (allem. mod. kropf = jabot, gorge) Graff IV. 598.On trouve en esp. papera, en port, papeira, du lat. pappa,papparius, avec la mme signification ; mais on ne trouve nullepart le driv au moyen du suffixe -on indiqu par notre glosse{paparoneni), qui aurait donn en anc. fr. pavron. Un motanalogue est papache gosier , Roquef.

    32. Mergulum corvum marinuin. Le diminutif mer-gulus ne se trouve pas dans les lexiques latins, mais il estemploy Levit. 11, 18: comedere non debetis... buhonemet mer-gidum. On le trouve assez souvent dans les recueils deglosses, ex.: mergus, mergulus corvus ynarinus tuchil (plongeur) Gloss. Zioetlenses, d. Hoffm. p. 48, 38. CorvumynarHnum se retrouve dans le pr. corp-mar, et c'est par cemot que Daudes de Prades interprte mergulus, d'accord avecnotre glosse ; de morgoill que hom apella corp-mari, Lex.rom., IL 479; en esp. ciiervo rnarino; en franc, on a lemot semi-celtique cormoran.

    33. Pabula visica. Lisez papida, d'aprs Levit., 14,56: erumpentium papularum. Je ne connais gure d'autreexemple de visica (pr. vesiga, fr. vessie) avec i la premiresjllabe, quoique la substitution de ia. e soit trs-frquente dansle latin moyen crit en France : ainsi dans fistuca pour fstuca(brin d'herbe ou de paille), timjoora. Un seul glossaire latin-allemand, de date plus rcente, s'gare une fois dans cetteorthographe vicieuse, v. Diefenbach, Gloss. lat. genn., p.615^

    34. Sagma soma vel sella. liYiJ.a (selle, bat, chargedes btes de somme) fut transform de trs-bonne heure ensalma (dj dans Isidore), lequel devint, conformment auxlois du dveloppement phonique des langues romanes, sauma,puis 50?/2, fr. somme (dans bte de somme), pour l'o duquelnous avons ici un ancien tmoignage; le provenal s'arrta sauma.

    35. Spatula rama palmarum, se rapporte Levit. 23,40: spatulasque palmarum ; de l dans les Formules alsa-tiques , d. Eccard, 16 : spatulas palmarum cum suisfructibus. Le mot roman est ici rama, it., esp., prov.; fr.rame, pour ramus. Dans un manuscrit de la Loi Ripuaire ontrouve dj : si quis ingenuus ingenuum interfecerit

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    et eum cum rama cooperuerit DC, sans parler d'autresexemples.

    36. Nausiam crapullam. Il faut remarquer que leglossateur n'avait pas de meilleur mot sa disposition, pourtraduire nausea, que crapula, mot plus latin que roman, quidsigne ncessairement ici le dgot qui vient la suite del'ivresse. C'est l le sens que donnent aussi les Glosses deKero : crapulla mnmazzi (intemprance), puis: nausiapost poium willidho after dranke (malaise aprs laboisson) ; de mme dans le glossaire de Rhaban Maure cra-pida est suivi de 7iausia. Il y a encore un autre point qu'ilfaut relever. Crapulla avec //, d'aprs les lois gnrales del'accentuation, doit avoir l'accent sur la deuxime syllabe;nous avons donc ici un exemple ancien de l'avancement del'accent qui a souvent lieu en franais (v. Gramm. romane);l'italien, au contraire, a crdpola. Il est vrai que l'auteur nes'assujettit pas des rgles bien fixes pour ce qui concerneles consonnes simples ou doubles ; mais dans ce cas-ci on peutse fier lui.

    37. Tn cartallo in panario. Cartallus (xapOaAAc)Deuter. 26, 2, se retrouve encore plus tard. En crivant pana-rium, qui est lui-mme un mot latin, l'auteur pensait au motpr. fr. panier, lequel se montre sous une forme toute romanedans le Ms. Rz., qui est de la mme poque : in cartalloin paner de virgis (en un autre endroit : fiscellum ponaerin modum nai'is); de mme dans un manuscrit de Paris duIX sicle environ : cartallum est vas qiiod nos vocamuspaner, v. Germania VIII, 398, 397, 394. Nous voyonsdonc le suffixe roman -er {-ier) existant dj cette poque;cfr. plus bas 179 sorcerus.

    38. Stercora femus. Femus pour le lat. flmus est uneformation essentiellement romane

    ,

    puisque doit devenir e,comme cela est aussi arriv dans le pr. fems, catal. fem,diphthongu en anc. fr. fiens ; l'ital. et esp. fimo est moins bienassimil. La glosse est bien venue.

    39. Poplite (l.-tes) juncture janiculormn vel reli-quorum membrorum. La forme barbare janiculums'appuie peut-tre sur un mot anc. fr. janoil pour genoil ougenou, parce qu'aprs la palatale j les deux voyelles i ou edgnrent facilement en a, comme p. ex. dans jabot pourgibot (?), dans jalon pour geloux, dans le mot x'ieWxjammepour gemme, jarle pour gerle (gerulus), jayant pour gant.

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    dans les noms propres Jaunes pour Gnes, Jarman pour Ger-main, Roq.

    41. Gerule portatricis (1. ces) bajole. Gerulaeporteuses; portatrix est maintenant cit comme mot latin dansForcellini (v. Quicherat, Add.), it. portatrice, en provenalon aurait portairis. Bajola = pr. bailla, nourrice, de mmeanc. fr. baille (traduit par obstetri dans le Gl .de Douai), etit. baila, bdlia. La signification primitive porteuse, qnenousrencontrons encore dans notre glosse, fut donc restreinte et nes'appliqua plus qu'aux personnes qui portent et soignent lesenfants, mais elle s'est conserve dans le verbe anc. fr. bailler= porter, apporter. Le masculin du pr. bailla est baile, anc.fr. bail {nommsii. balz, Lex. roi.) ^intendant, administrateur,it. bailo, hdlio = ducateur, tuteur. Papias embrasse tous lesmots de notre glosse lorsqu'il crit : bajidus portitor gerulusnutritor. L'ide de porter et celle de soigner se rencontrentp. ex. aussi dans y,osj.(^iv (soigner, lever,) et y,o\)XQ1r^, (celui quiporte, apporte).

    42, 158. Novacula rasoriura. Le premier mot ne s'estconserv que dans le domaine du sud-ouest, esp. navaja, port.navallia, catal. navaja. Rasorium se trouve dans Alcuin:superiores capitis partes rasorio renovaraus ; dans Papias:novacula rasorium dicta quod novuni facial, et dans desrecueils de glosses beaucoup plus anciens. Le provenal, quiabrge presque toujours la dsinence -ori en -or, dit: rasor;plus littrale est la forme franc, rasoir, ainsi que l'ital. rasojo.L'espagnol ne connat pas ce mot. Le glossaire alphabtiquecontient une glosse trange : scara parva novacula .Scara n'est pas latin, scara-sahs est allemand et a la significa-tion de novacula, mais non de parva novacula, et nousvenons de montrer que novacula n'est pas un mot franais.

    44. Ocreas husas. Husa est l'anc. fr. hose, heuse, pr.osa, anc. li. allem. hosa, et parat se rattacher la forme del'ancien franais house, d'oi le franais moderne houseaux.Osa est dj cit par Isidore parmi les calceamenta, plus tardp. ex. par Paul Diacre, 4, 23, qui attribue ce vtement auxLombards. Quelle que soit l'origine de ce mot, Vh aspire sembleindiquer avec assez de certitude qu'il a t emprunt l'alle-mand.

    45. Sarcina bisatia, Ir. besace, de bisaccium, chezPtrone. Besaza a en espagnol un quivalent : biaza, en prov,moderne biassa, Vs n'tant probablement pas tombe par

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    analogie avec via, chemin {Dict. tym. I. bisaccia), maispeut-tre par dissimilation, c'est--dire par euphonie.

    46. CoUiridam turtam. Le premier mot est pris dansRois, IL 6, 19, et suppose le nominatif collirida au lieu decollyris, dis (y.cXXyp) sorte de ptisserie. Le Gloss. Rz.prsente une autre traduction : colliridas cibus quem nosnehulam dicens (sic). Le lat. nebula pouvait dsigner quel-que chose de mince, p. ex. du fer-blanc mince, c'est ainsi qu'ildsigne dans le latin moyen crit en France un gteau minceDC; il s'est conserv avec la mme signification dans quelquespatois, p. ex. dans le Hainaut : nieule = oublies, v. dansHcart. Le Gloss. de Lille, p. 25 (Schel., 54) traduit colliridapar lesche de pain = tranche de pain. Turta = fr. tourte;l'orthographe u au lieu de o se rencontre trs-souvent dans lesplus anciens glossaires, surtout dans les gloss. latins-allemands.Il existe aussi une forme masc. tortus; v. Glossae Trei'irenses,d. Hoffm., p. 15,17.

    47. Laterum teularum. Teularum est calqu sur lepr. teula, de tegula, par syncope, forme qu'on peut supposersans hsiter, d'aprs le fminin fr. tvte, it. tegola, esp. teja,quoique l'on ne trouve que le masculin teule = it. tegolo, esp.tejo, lequel s'appuie peut-tre sur tegulum.

    49. Palate masse caricarum, quae de recentisfixmt. Cette glosse est facile corriger d'aprs St-Euchrede Lyon, DC: palatae massae quae de recentibus fiaiscompingi soient et graecum est (-xXibr,). D'anciens glossairesallemands donnent palata simplement la signification defigue {palatarum fgono, Diut. IL 48). Ni palata ni carican'ont pass dans les langues romanes. La glosse est toutelatine.

    50. Dficiente laiscente. Le mot interprtant, verbeinchoatif, n'est ni latin ni roman. Mais rien n'empche desupposer un verbe provenal perdu laissezir, puisque cetidiome abonde eu formations inchoatives romanes. Ce verbe seserait form sur laxus, pr. lasc, de mme que alegrezir,brunezir, carzir, frei'olzir, paubrezir, velhezii\ se sontforms sur alegre, brun, car, frei'ol, paubre, relh, quiaujourd'hui ont aussi disparu de la langue, c'est--dire ne seretrouvent plus dans les patois populaires.

    52. Trabem trastrum. Trastrum, par syncope detranstrura, se retrouve dans l'anc. fr. traste, qui a la mmesignification (traverse).

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    53. Abenas retinacula jumentorum. Retinaculumdoit tre le prov, -rgna, anc. fr. rgne, fr. mod. rne = it.rethia, du verbe retinere, les deux premiers idiomes ayantadouci t'n en in [gn)

    .

    56. Concidis taliavit; 64. e-s,ci.e>t\xr talietur ; 23. scul-pare intaliare, pr. talhar, entalhar, etc. Ce mot est com-mun tous les idiomes, y compris le valaque, et se trouvedj dans les plus anciens documents, v. Dict. Etijm. I.taglia.

    57. Sulci Hge, lat. moyen riga, rega, p. ex. rigavineae, terrae: pr. rega, arrega, anc. fr. roie, fr. mod.raie. Le g dans rige exprime une gutturale douce, v. plusbas les remarques sur la phontique. Il n'est gure permis defaire venir ce mot de l'allem. rga, rha (allem. mod. reihe)= range, file, explication qui se trouve dans Vossius, parceque i long ne devient jamais e, fr. oi, ai. Pour ce qui concernela forme, le verbe lat. rigare serait satisfaisant, en supposantque la premire signification de riga ait t sillon trac dansl'eau, signification que peut prendre sulcus. Mais rayer etrayon s'appuient la fois sur rigare et radius.

    58. Torax hrunia. Le deuxime mot se trouve souventdans les Leges Bay^barorum, et s'est parfaitement conservdans le pr. brunha, bronha, anc. fr. brunie, b^oigne; il n'apas pntr dans les autres langues romanes; tym.: l'anc. b.allem. briinja, cuirasse, qui traduit dans les glosses les motsthorax, lorica.

    59. Veru spiclus ferreus. Mieux xaMrsiiispitus, ortho-graphe qu'on trouve souvent dans le latin moyen, de l'anc. h.allem. spiz (allem. mod. spitz, pointe), p. ex.: veru spiz,Gloss. Flor. d. Ecc, p. OQO''. A ce mot correspond l'anc. fr.espoit, fr. mod. pois (plur.), esp. espeto; par contre le pr.espieut semble remonter l'allem. spioz (allem. mod. spiesz,dague, pique).

    60. Jecore ficato; 151. gecor ficatics. V. sur ficatus,pr. fetge, fr. foie, plus bas le commentaire des Glosses deCassel, n 52.

    63. Discriminavit vittavit, pris dans le passage discri-minavit crinem capitis, Judith, 10, 3; on trouve dans desglosses lat. allemandes: discriminare sceitilon (allem.mod. scheiteln = faire la raie) GraffVI. 440. Une chroniquecrite en Italie s'est permis d'employer vittare : matronaevittis latis tempora et gnas cum mento vittabant, v. DC.

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    Les cheveux des femmes taient maintenus de chaque ct de latte au moyen d'pingles {acus discriminales), mais aussiau mojen de rubans; voil pourquoi Isidore, 11, 1, dit: suntproprie discrirainalia, quibus crines dirisi rcdigantur;cfr. dans d'anciens glossaires allemands discriminale undir-hant, GrafflII. 137. C'est ainsi que vittare pouvait exprimerle sens de discriminare. Mais les langues romanes ne semblentpossder qu'un driv de l'adjectif lat. vittatus {capilli vittati,Ovide), l'esp. vetado, pr, vetat = raj, signification qui nerpond pas tout fait celle de l'original latin.

    65. Ventilabrum velectorium vel ventilatoriurn. Velectorhmi n'est pas latin et ne se trouve pas non plus dansles idiomes romans. Ve7itilatoriu7n peut tre regard commeroman, vu que le verbe anc. fr. veiitiller a la mme significa-tion que vanner : de mme la glosse ventoirs veniilabriun, Gloss. de Douai, s'appuie sur l'expression venter du bl.

    66. Offendas abattas. Offendere est commun toutesles langues romanes, mais le prov. et anc. fr. ofendre signifiegnralement offenser. On lit encore dans le Lit, de Nicot(1573) : offendre son enne^ni c'est Vendommager; le motavait donc besoin d'ti^e expliqu, il n'tait pas compris par toutle monde. Il parat qu'il importait au glossateur de donner lasignification physique, qu'il exprima par un mot populaire,abattre, quoique le sens de ce mot, qui se trouve dj dans laL. Salique {si quis hominem ingenuura de barco abbati-derit)y rende assez mal celui de offendere (= heurter contre).

    67. Nent fdant. Les verbes dont le radical forme unesyllabe ouverte, comme dans fle-re, ne-re, re-ri, disparaissentordinairement dans les langues romanes et sont remplacs pard'autres. Nere = fia trahere, et ainsi on rattacha l'ide filu7n, et on se mit dire flare, comme on driva en ancienh. allemand fadamon (filer) de fadam (allem. mod, faden =fil). Les trois mots se trouvent juxtaposs dans les Glossae Flo-rent. 989* : neo flo fadimo. Le valaque choisit un autre moyen:il tira de fia torquere son verbe toarce, dont il restreignit lesens filer.

    69. Pallium drappum. ~^ On sait qu'au commencement dumoyen ge palliu7n ne dsignait pas seulement un vtement,mais aussi une toffe. C'est l un changement de significationqui a eu lieu pour une srie d'autres mots. Drappus est un motroman trs-ancien qui remonte bien au del de l'poque d'odate notre glossaire; son origine est incertaine.

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    71. Exterminant discolorant (sic Ms.). Le mot disco-lorare n'est pas latin, mais il est commun toutes les languesromanes ; nanmoins il n'est pas satisfaisant ici cause de sasignification. Je propose donc de lire discolocant , car nousavons en provenal descologar = loigner, qui est aussi lesens de extej^miJiare ; il n'existe pas en ancien franais dformedcoucher.

    12. Glibanns furnus vel inutile. CUbanus signifie : 1" unvase dans lequel on cuit le pain ou des gteaux; 2" four. Ladeuxime signification, assez inexacte, est exprime ici par fur-71US, fr. fou)' (dans le Gloss. de Lille 24^ par fournaise),la premire par mutile, s'il est permis de reconnatre dans cemotTanc. fr. modle,'Ro({.,iv. mod. moide (modulus). D'aprsla glosse 255, in caminum zn clibanum , ce dernier motaurait aussi exist dans l'idiome populaire ; mais il n'y a aucunautre tmoignage l'appui de cette indication.

    73. Si vis si voles. Nous avons ici un petit spcimen deconjugaison romane, car voles ne peut tre autre chose que lepr. et anc. fr. tols = tu veux, et suppose aussi un infinitif vo^er.

    J'ai donn d'autres exemples anciens de la nouvelle forme voli^ourvel dans mon IHct. Etym. L volere.

    74. Paraliticus octuatus (ainsi crit le Ms.), peut-treune dformation de hecticatus, mot qu'on a le droit de supposer

    d'aprs l'esp. entecado (paralytique).75. Fletur planctur. Le roman ne savait que faire de

    f^ere, pas plus que de nere (v. plus haut: 67 nent). L'italienchoisit, pour exprimer l'action de pleurer, de verser des larmes,

    le verbe plangere, piagnere, le franais p^orare, pleurer, etil ne parat jamais avoir employ son verbe plaindre dans lesens italien. Mais notre glosse fait prsumer qu'il l'a ainsi employdans les premiers temps.

    76. Cofnos banstas, fr. banse, grande corbeille, cfr.Dict. Etym. I. be7ina.

    11. Solveris disligareris; 94. solutis disligatis. Lapremire glosse doit se rapporter Matth. 46, 19 : quodcum-que ligaveris super terrain, erit ligatum et in caelis, etquodcumque solveris super terram, eynt solutum et in cae-lis. Solvere est trs-connu dans le domaine franais, mme dansla signification impropre que lui donne notre glosse, p. ex. prov.:

    quen cel et in terra pogues solrer quascun de sos j^eccatz,Lexrom.Y. 254. Mais, dans cette phrase, ligare, appliqu la rmission des pchs, a appel son contraire dis-ligare, qui

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    n'est pas usit en latin, et il fut d'usage de dire pour ce cas liare desliar, fr. lier' et dlier.

    78. Oportunitate gaforium; 134. conpendium gafo-rium.Nous avons ici un mot purement allemand, que ne connataucune langue romane: anc. h. ail. gafri, gafuori (neutre)trad. ^av commodutn, C07npendium dans les glossaires; adj.gafdri=iopportunus ; il manque en anc. saxon et en ang,-saxon.Dans une charte provenant d'Aquile, de l'an 1027, on le trouveen compagnie de fodrum: per fodrum aut per ullum gafo-rium == fourrage ou un tribut quelconque ( livrer), et il y estexpliqu par exactio, tributum haud dehitum per vim et con-tra jus surreptum, v. DC. dit. H.: c'est l un sens restreintqui ne concorde pas avec le sens donn par.notre glosse.

    80. Sindone linciolo; 40. sindones linciolos. A cettepoque l'accentuation devait dj tre linciolo, et non linciolo,qui ne pouvait pas natre directement de lintolum; pr. lensol,fr. linceul.

    82. Furent (furentur) involent, dans Matth. 27, 64. Fu-rar, furer sont cits comme des verbes provenaux et ancienfranais, mais le mot propre pour exprimer cette ide est invo-lare, en roman : eynblar, embler. C'est ainsi qu'il sonnait pro-bablement dj cette poque, comme semble l'indiquer la vieilleforme embulare de la Z. Salique, imbolare dans les Form. deBaluze II, dont le b ne saurait tre justifi, si l'on n'avait pasdj prononc emblar (sans um o). Le verbe involare de notreglosse n'est donc autre chose qu'une forme emblar ramene son type latin.

    83. Gonqnirebant causabant, Marc. I, 27 (variante :conquirerent). Conquirere signifie ici examiner ensemble,discuter, cj^yjtv. C'est ce sens que doit aussi exprimer le motinterprtant causare, malgr le lat. causari, qui signifie pr-texter et aussi porter plainte. Si l'on consulte le domainede la langue franaise, on trouve : 1 causer =.ire la cause de,avec lequel concorde l'esp. et port, causar; 2" caw5er= parler,jaser, correspondant l'allem. kosen (= causer, caresser), quimontre cette signification dj dans l'anc. h. allem. koson. Ilfaut encore ajouter : 3 ancien fr. choser, pr. c/iaM,sar= accuser,blmer. Parmi ces trois verbes, le deuxime correspond auverbe causare de notre glosse : car discuter et causer serencontrent dans la signification tenir une conversation et dlibrer , mais le sens primitif est contenu dans notreglosse.

  • 29

    84. Utres folli. Uter est commun toutes les languesromanes : it. otre, esp. odre, fr. outre, pr. oire. Nanmoins leglossateur le remplace par le mot follis, qui n'est pas usit dansle domaine franais ; mais comme il se trouve assez frquemmentdans les autres langues romanes (it. folle, dans les dialectes esp.fuelle, port, folle, roum. foll, val. foale = soufflet vent),on peut prsumer qu'il tait aussi connu dans le nord-ouest.

    85. Remetietur remensurabit. Parmiles verbeslatinsquidisparurent se trouve aussi metiri, auquel on essaya de substituer

    meiisui^are (ne se trouve que d. Vgce, de re milit.). Le com-pos remensuy^are, dont il existe un exemple dans le latin dumoy. ge, de l'an 1199. DC, ne se retrouve que dans le franc.remesurer, qui n'est d'ailleurs pas admis par l'Acadmie.

    86. Cervical capitale ; cfr. dans Papias : jndvinar capi-tale. Les mots romans issus de ce dernier mot, comme le pr.

    captai, anc. fr. cheptal, esp. caudal, etc., n'ont pas ou n'ontplus cette signification. Ceux qui ont cette signification, savoir'anc. fr, chevecel, esp. cabezal, it. capezzale, comme aussile franc, mod. chevet (= it. capetto), sont dous d'autressuffixes.

    87. Tectum. solarium; pr.,anc. fr. 50^zer= plate-forme,anc. h. allm. solari, allm. mod. soller, avec la mme signifi-cation.

    88. Arundine ros; 117. arundo/'05; 121.arundo'ro5avel gerlosa ; et dans legloss. alphabtique : calamus ros. Leprovenal peut se vanter d'avoir conserv la forme toute gothiqueraus ; mais ici nous avons dj un mot franc, ros, qui s'est con-serv dans roseau. La deuxime des formes donnes, rosa,pourrait s'appuyer sur I'anc. h. allm. rora (allm. mod, rohr, ro-seau), mais cela n'est pas certain, caries dsinences donnes dansnotre glossaire ne permettentpas de dcider, et le roman n'a pas dadopter un mot qui se serait confondu avec le nom eeurrosa.Quant au mot gerlosa, il est probable qu'il doit exprimer une si-gnification accessoire de arundo; mais il serait difficile de direquelle est son origine. Il serait peut-tre permis de penser l'esp.garlocha, lequel a peut-tre aussi exist sous la ovme garloza,puisqu'il y a affinit entre ch et z dans cette langue. Garlochadsigne un javelot muni d'un crochet au bout, de mme arundodsigne aussi la verge laquelle est attache la ligne du pcheur.

    l. Le ms. semble donner arundx, on lit harundk rore dans les Glossesde Kero, Hattemer, p. 180.

  • 30

    Esprons qu'il se trouvera une explication plus satisfaisante.90. Mutuum dare id est presiare ; 70. vautudiriprestari;

    93. commoda j9re5^a. Il y a des tmoignages beaucoup plusanciens pour praestare avec sa signification romane, que nousavons ici. Notre glossaire donne encore les substantifs fenera-tor, mutuator (qui n'est ni latin ni roman), prestator 109 =fr. prteur, etc.

    91. Gratia merces. La traduction de gratta (grce =: re-

    connaissance) par merces, pr. merc, fr. merci est une nou-velle preuve que l'auteur est franais ; car pour exprimer cetteide, le mot propre est en italien grazia , et de mme en espagnolgracia, plus anciennement grado, d'o les verbes Hngraziare,agradecer, opposs au fr. remercier.

    91. Sublatum sub2)ortatum ; 202. subloitSiSuhportata.L'auteur regarde ici sublatum comme venant de l'infinitif suf-ferre, non de toUere, d'o la signification correspondante aufranc, support. Au contraire l'auteur du Gloss. vtus, Classiciauctores, tome VI, traduit sublatum, en partant de tliere,par le mot roman alors trs-usit tultum= ^o\}le\, enlev.

    95. Peribet perportat, dans Ev. Joli. I, 15 : testimo-nium perhibet de ipso ; dans le gloss. alphabtique : peribereperportare

    ;provectus perportatiis . Le provenal dit : por-

    tar testimoni, le franais : porter tmoignage, aucun idiomeroman ne possde le mot lat. assez rare perportare =.iv3ins-porter, mais il est employ dans le latin moyen, p. ex. au tempsde Charlemagne, quoiqu'avec un sens qui n'est pas clair, v. DG.d. des Bndict. Il est donc possible que ce mot ait exist enancien franais.

    96. Institis fasciolis vel nasculis. Fasciola, qui setrouve en latin, s'est conserv en ital. et en espagnol : fasciuola,faxuella, tandis que le provenal et l'anc. franais ne semblentconnatre que le primitif/hma, faisse. Nasculis avec un c n'estpas inadmissible, du moins rencontre-t-on le nomin. nasculadans des glossaires postrieurs, v. Dief., Gloss. lat. germ. Maisla forme nasTulis serait plus correcte; dans le latin moyen despremiers sicles on a nomin. nastidus, nastola, nastale, it.nastro (de l'allm. nestel = lacet, petite attache), wallon nle;ce dernier, ainsi que notre glosse, qui contient probablement leplus ancien tmoignage roman, nous permet d'affirmer l'existencede ce mot en a ne. franais.

    97. Sudario fanonem, anc. fr. fanon, avec la mme signi-fication, n'existe pas dans les autres idiomes; de l'anc. h. allm.

  • 3i

    fano, ace. fanun, lambeau d'toffe; ^onr siidayHmn, orarium,on a en allemand l'expression spciale oug-fano = sorte demouchoir pour s'essuyer les yeux {pug, allm. mod. auge= il).

    98. Supersticiosos {Act. 17, 2) superfluos, etplusbasdansnotre glossaire : su^erstitione^supey-fluitates. Supeistitiovient de superstes; entre ce dernier et superfliius ilya parentde signification. Isidore 8, 3, dit : superstitio dicta eo quod sit superflua aut superinstituta observatio, etc. 11 pr-sente aussi la signification abondance, excs dans les glossairesallemands, p. ex. superstitio ^< ubermezzichi >-> (excs, cfr.l'allm. mod. adj. bermciszig = qui dpasse la mesure), Hat-tem. I. 305, Graff" II. 900, Glossae Selest. 352. De super-

    fiuus il existe une forme romanise sobref^us, cite par leLex. rom., comme si l'on 2i\'2i\i superfiuosus, correspondantau driv continus de continuus. On trouve aussi en provenalla forme sujjerflu, qui ne s'est pas assimile, et qu'il faut comp-ter parmi les latinismes.

    99. Artemon malus mastus navis, pr. mast, fr. mt,d'ailleurs aussi en port, masto, mastro, esp. mdstil. Malusdans le sens de mt n'est pas roman. Maisar^6'20= pT[j.wvsignifie voile de perroquet : le glossateur a donc commis iciune mprise, qui ne semble pas se rencontrer dans les autresglossaires.

    100. Favum frata mellis ; 147. fravum fratamellis.Dans la deuxime glosse l'initiale fr de frata parat avoir amenla mme initiale pour le premier mot. Il est plus difficile d'inter-prter frata. Le franais a : raie de miel (raj^on de miel), cor-respondant littralement l'anc. saxon rata, v. Dict. Etym. I.raggio. L'f est-il tomb dans raie ou a-t-il t ajout dansfrata? Car il n'est gure possible de sparer ces deux mots, d'au-tant plus qu'ils ont encore ceci de commun, que le nom de la ma-

    tire leur est ajout tous les deux : raie de miel , frata mellis . Il est possible qu' ct du saxon rata il existt uneforme parallle aspire hrata, paralllisme dont on trouve desexemples autre part, et qu'ensuite l'initiale ^soitdevenue/"dans laforme romane de ce mot, comme cela doit avoir eu lieu pour quel-ques mots franais emprunts au norois, et surtout pour le mot lat.moyen ad-framire (v. Gramnaire rom. I. Lettres allemayi-des : HR.) Existe-t-il encore d'autres tmoignages pour la formefrata ? Il ne faut pas oublier qu'on trouve dans le Diction, derimes provenales, 44^, un mot fatz, traduit par favus\ maisce favus est probablement une faute pour fatuus.

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    101. Tereo {lisez tero) tribulo. Terere est un des nom-breux verbes de la troisime conjugaison qui n'ont pas passdans les idiomes romans. Il est remplac en partie par tribulare= pressurer, tourmenter, et plus tard aussi = craser, battrele bl (ainsi que terere) : it. tribolare, tribbiare, trebbiare,pr. trebolar, treblar, anc. fr. tribler, etc.

    102. Mutuare impruntare \ 54. mutuoacceperamz>/i-pruntatum habeo. Dans la deuxime glosse illaut remarquerle beau romanisrae de habeo avec le participe pass passif, qu'ontrouve employ et l au viir et auix*" sicle. I/upruntareestpeut-tre le tmoignage le plus ancien pour le fr. emprunter,qui n'apparat pas encore dans l'ancien provenal; il est formpar proclise de in-promutuwn, l'accent s'tant dplac en avantdans le verbe impromutuare, et le u ayant t effac par laflexion, com.me dans batuere et la plupart des autres verbes dece genre. Ici aussi, il faut le remarquer, o est remplac par u :impruntare pour improntare.

    103. Luto fecis. Nous avons ici le pr. fetz =: lie, port.fez, ce dernier plus usit au pluriel fezes (notre fecis pourraitaussi tre un pluriel, v. sur is pour es, Pott, surlaLoiSalique,p. 125), esp. hez, heces, it. feccia = lie, dpt, boue. Maislutum appartient aussi au domaine du nord-ouest : pr. lot, terreglaise, anc. fr. aussi lot, Roq.

    104. In commutatione inconcambiis. Le moiconcam-bium, souvent employ dans des Lois, Ordonnances, Formulesjuridiques, etc., n'a laiss que peu de traces dans la langue popu-laire : on ne rencontre ni forme pr. concambi, nifr. conchange,ni it. concambio. L'espagnol seul, mais non le portugais, s'estappropri la forme concambio, emprunte au latin moyen. Dansles autres langues il est remplac par un autre compos : pr. es-cam,bi, fr. change, it. scambio.

    105. Anxiaretur angustiaretur. Le mot latin inusit setrouve Psalm. tjO, 3 : diitn anxiaretur cor raeura; dans Pa-pias : anxior molestor; on le trouve d'ailleurs aussi dansApule. De anxius, anxia se forma le subst. anc. fr. ainse, pr.aissa = peur, mais on ne trouve pas les verbes ainser, aissar.A leur place on a angoissar, sur lequel est form le mot roman denotreglosse. Le Psautier d'Oxford (xf sicle), publi par M. Fr.Michel, traduit ainsi ce passage : esteit anguissiez H miens cuers.

    106. Fex lias. Lias est un pluriel; pr. Ihia, fr. lie : notreglosse prouve que ces formes sont trs-anciennes. L'tymologieest peut-tre levare, v. Dict. Etijm. I. lia.

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    107. Cih2iri3icibus Vivendi; 256. Escas cibos. Cibus apersist dans l'it. cibo et dans les formes mieux assimiles esp.cebo, port, cevo [Ve y venant rgulirement de i) : il est d'au-tant plus probable qu'il existait encore en France au \uf ou auix^ sicle, o cependant, comme le montre notre glosse, le motviande existait ct de lui ; ce dernier finit par le remplacerentirement. Un driv est le pr. civada= avoine (nourriturepour les chevaux). Une autre glosse (217) donne pulmentwn cibum . Pour le premier mot il y a quelques tmoignages :anc. fr. : et faite la tnatine il fist aporteir lo polment,S. Grgoire, d'aprs le latin facto autem mane fecit deferripulmentum, Roq. I. 373 ; pr. polmen Lex. rom.; pubnen-tum piwnens , Gloss. de Douai. Il est prsumer quepolment, qu'il ne faut pas confondre avecpiment, tait un motpeu usit.

    108. Coturnix quaccola; 16. Coturnices quacoles; pr.calha, fr. caille. Une forme qui se rapproche plus de celle don-ne par notre glosse est le roum. quacra, nerlandais mo,yenquakele, lat. moyen quaquila, quacara, etc. Ce mot se montresous un aspect tout roman dans un autre manuscrit du viif si-cle, provenant aussi de Reichenau, o il est dit : coturnices si-miles avibus, quas quidam quaylas vocant.

    110. Pruina gelata, se trouve aussi dans le gloss. alpha-btique; pr. gelada, fr. gele. Le t^voy

    .

    pruina dans YElucidarin'tait probablement pas un mot populaire, et il manque aussidans les dialectes actuels du provenal; le iv. bruine doit avoirune autre origine. La traduction par gelata est donc suffisam-ment justifie.

    112. Bucellas (buccellas) frustaspanis . L'anc. ir. fruste,avec le sens de restes , est donn par Roquefort. Le sens latina t exactement conserv par l'it. frusto.

    113. Cymbalis cymblis : anc. fr. cimble, cimbre, pr.catal. cYiibol. Ici encore c'est la forme franaise que le glossa-teur a eue en vue.

    COMMENTAIRE DU GLOSSAIRE ALPHABETIQUE

    114. Axis ascialis. A ascialis correspond, pour la formecomme pour le sens, le mot aissel, Livre des Rois p. 255, oil est dit : sur quatre roes et aissels de araim; mais le fr.mod. essieu doit tre rapport au diminutif axiculus.

    GLOSSES 3

  • S/i

    115. Aper salvaticus porcus, = fr. porc sauvage, sans dis-tinction de sexe, ce qui est aussi la signification de aper. Pourdsigner le mle on avait introduit le mot sanglier. Aper, aucontraire, n'a pas pass dans les langues romanes. A-t-il persistdans le sarde porcabru, ou bien ce mot contient-il le grecxaTcps ? il est difficile de le dcider. C'est la forme 5/rah'cM5, queconnat aussi la Lex Baiwariorwn, qui est surtout intressante :elle atteste la haute antiquit de a pour i la syllabe radicale,substitution qui se retrouve partout : it. salvaggio ct deselvaggio, esp. salvage, pr. salvatge, fr. sauvage. Est-ce cause de la prdilection qu'ont les langues romanes pour lavoyelle a la syllabe initiale atone? Ou bien faudrait-il y voirune influence du mot salius? La premire hypothse est plusprobable.

    117. Aurire (= haurire) scabare ; 141 . exaurire scavare.Scaxare, mieux que scaBare= \3it. ecavare, miner, exca-ver, et c'est cette signification seule qu'on rencontre en roman,

    jamais la signif. puiser ; it. scavare, esp. escavar, eca-var, wallon haver (forme qu'on peut supposer d'aprs le drivhavie, v. Grandgagnage). De l les substantifs lat. moyenscaba, scava, esp. escava, it. scavo=ioss, rigole. La signi-fication -< excaver est aussi celle du verbe simple : it. cavare,esp. pr. cavar, anc. fr. chaver Garin I. 105 (existe aujour-d'hui encore dans le Berry), chever, Renart, I. 276; cependantle mot italien exprime aussi le sens donn par notre glosse, p.ex. dans l'expression cavar C(/Ma= puiser de l'eau : peut-trece sens appartenait-il aussi autrefois un verbe anc. fr. escha-ver qu'on peut supposer d'aprs notre glosse.

    119. Arbusta arbriscellus , tmoignage bienvenu pourlefr. arbrisseau, tandis que Fit. arbuscello drive de arbus-cula. On peut rapprocher la glosse 155 lepusculus lepiscel-LUS , o il faut probablement lire lepRiscellus= esi^. liebre-cillo, d'o l'on peut supposer un diminutif franais levrisseau,correspondant arbrisseau.

    120. Armilla baucus. Il n'existe pas de forme prov. bauc ;en anc. franais il y a bou (fmin. L. Rois) = bracelet, del'ane.h. allm. boug, oM^a= a/'Wi^7/a dans les plus anciens glossairesanc. norois baugr. [Boug est le radical de l'allm. mod. biegen= courber, prtrit : bog.)

    122. Aldipem alaues. Il n'est gure possible de tirerquelque conclusion prcise de cette glosse, qui d'ailleurs n'est

    pas bien lisible dans le ms. Elle rappelle cependant vivement une

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    glosse toute semblable dans le Recueil de Kro, Hattemer, I.142'' : adeps alapi , sur laquelle Graff, I. 234 ne donneaucun claircissement.

    123. nchro serricellus. Si l'on veut voir dans anchro unefaute d'orthographe pour anchora, il est permis de prsumer quesericellus contient l'esp. sarcillo, prov. mod. sarcel (de sar-CM/Mm)= boyau, boue; car le boyau ressemble beaucoup uneancre. Le grec oYxupa du moins est susceptible de la signif.

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    latin moyen, parfaitement reprsente dans aloisne, rend cetteconjecture trs-douteuse.

    126. Area danea. Area est un mot constamment employdans les chartes du moyen ge et trs-usit dans tous les idiomesromans. Mais aucun de ces idiomes ne connat danea (c'est ainsiqu'on lit distinctement dans le ms.), dans lequel il faut recon-natre l'allem. mod. tenne^ anc. h. allem. tenni, denni, primi-tivement f/a?^;^^ (neutre), moyen h. allem. tenne (neutre et fm.)= aire o l'on bat le bl. On ajoute encore un la dsinencepour donner au mot un aspect plus latin. L'une des glossesbibliques du manuscrit donne area dansi ou dansr (51) ;dans ces derniers mots M. Holtzmann reconnat avec raison lemot danea.

    127. Bracis bragas; pr. bragas, brayas, anc. fr.raz>5; le datif est ici exprim parla forme commune du plu-riel.

    128. Gompellit anetset; 1J8. Angariaverunt com-pullerunt anetsaverunt ; 30. Cogor anetsor. Voil troistmoignages qui permettent d'affirmer d'une manire certainel'existence d'un verbe anetsare, avec le sens de pousser ,presser, sens qu'avait aussi angariare au moyen ge. Ts sem-ble indiquer un tz ou z allemand, ce qui fait penser l'anc. h.allm. na^^n = excitare, instigare, impellere. Cette tymologiesuppose d'ailleurs que le a primitif de la syllabe drivative s'estaffaibli en e, mais cela s'explique trs-facilement, parce que lesRomans entendaient, pour l'impratif dnazi, aussi les deux for-mes assimiles d^iizi et dnezi, v. Graffl. 339. Mais l'orthogra-phe ts n'est certainement pas romane ; elle n'est qu'un rappro-chement vers le type germanique et doit tre remplace par ss *.Ce mot anessar est un de ceux auxquels les idiomes romans re-noncrent ds avant l'avnement de la littrature romane, o iln'a du moins laiss aucune trace.

    132. Gaseum formaticum ; pr. formatge, fr. fromage.Foi'naticum est un mot lat. moyen qu'on trouve employ partir du viii'' sicle. Papias le dsigne comme un mot populaire:caseus vulgo formaticum.

    133. Grastro heribergo. C'est cas/ro qu'il faut lire, dansle sens de camp militaire , sens auquel l'anc. fr. herberge n'a

    1. L'orthographe ts, soit dit en passant, confirme l'opinion de Grimm,Grammaire, II. l?, qui veut que s dans le suffixe drivatif osah soit gal ts et non az.

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    pas renonc, v. Dict. tym. I. albergo. Le mot interprtant seprsente d'ailleurs sous sa forme allemande, sans aucune altra-tion, et par une concidence probablement fortuite, au mme casque le mot latin : au datif singul.

    135. Culmen spicus;plus loin : culmen spiciun. Dans

    le mot roman on ne peut voir autre chose que le pr. espic, fr.pi. Les autres idiomes, l'exception du valaque, qui dit spic,se servent du fminin spica. Il est vrai que cette traduction deculme7i n'est pas exacte; elle ne le serait gure plus, si l'on vou-lait lire culmus.

    136. Cementarii mationes; 55. caementariis macio-nibus. Macio =fr. maon, pr. mass, ne se trouve pasdans les autres idiomes. V. sur son origine probable i)zc^. ti/m.II. G. maon.

    137. Grebro (c.--d. cribro) crivolus. hsiiovmeaiCiueWede ce motenfranais est crible, dans lequel l est venu rempla-cer par dissimilation le deuxime r. La glosse nous apprendqu'il existait, une poque bien recule, une forme avec badouci, comme dans cliaile, cliaide, peut-tre criule en pro-venal, au lieu de crible, qui parat avoir t introduit du fran-ais. Une forme analogue nous est donne, pour le dialecte de laFlandre, par le Glossaire de Douai : crebrum (ici aussi e rem-place i) crieule.

    138. Galx calcaneum. De mme calcanea fersna dans leGl. de Cassel. Le roman donna la prfrence au second mot quiest galement latin, parce que le premier avait un sens double; delFit. calcagno, de mme l'anc. esp. calcano, esp. mod. calcanarroum. calcoign. En franais ce mot sonnerait chauchain, de lamme manire qu'on a eu chaucher de calcare : mais sa placeon a talon, qui, dans les Glosses de Cassel, a encore le sens de osselet, cheville , pr., catal. tal, esp. talon, de talus, cfr.legrec c^upiv pour talus et pour calx. Les deux mots sont aussitraduits dans le Gloss. de Lille par talon, p. 7^ (Schel. 15).

    139. Gulicet culcet. L'auteur s'est laiss tromper par leroman culcer, colcer, fr. mod. coucher, pr. colcar, et a em-ploy le verbe lat. barbare culicare. Cidcare pour collocarese trouve aussi dans les manuscrits del Loi Salique.

    140. Den