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EN TOUTE FIERTÉ POUR TOUS CEUX QUI ONT La PaSSION DES DROITS HUMaINS JUILLET/AOÛT 2013 VOLUME 43 N° 004

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En TOUTE FIERTÉ

POUR TOUS CEUX QUI OnT la PaSSIOn DES DROITS HUMaInSJUILLET/AOÛT 2013 VOLUME 43 N° 004

DANS CENUMÉRO DU FIL

© Amnesty International Ltdwww.amnesty.orgIndex : NWS 21/004/2013ISSN : 1472-443XAILRC-FR pour la version française47, rue de Paradis - 75010 Paris Imprimé sur papier recyclébanbury Litho - Oxon - Royaume-Uni.

tous droits de reproduction réservés.Cette publication ne peut faire l’objet,en tout ou en partie, d’aucune formede reproduction, d’archivage ou de transmission, quels que soient les moyens utilisés (électroniques,mécaniques, par photocopie, parenregistrement ou autres), sansl’accord préalable des éditeurs.

WIRE, Editorial and PublishingProgramme, Amnesty International,International Secretariat, Peterbenenson house, 1 Easton StreetLondon WC1X 0DW, Royaume-Uni

Photo de couverture : © Pete Muller

PhOtO DE COUvERtURE - EN tOUtE FIERtÉGeorge, 22 ans, est un militant gay du Kenya. Faites connaissanceavec lui et deux autres militants qui passent pour des criminels auregard de la loi. PAGE 4

UN ENDROIt MERvEILLEUXÀ l'heure où le Brésil se prépare à accueillir deux énormesévénements sportifs, Amnesty s'associe aux habitants des favelasde Rio de Janeiro pour empêcher qu'ils ne soient expulsés de chez eux.PAGE 6

UN PROCèS hIStORIqUE AU GUAtEMALA Le déroulement contrasté du procès pour génocide du généralEfraín Ríos Montt, et l'importance déterminante des épisodes quivont suivre.PAGE 8

GRANDIR SANS SON PèREQuand Nozanin était un bébé de quelques jours, son père a ététorturé puis incarcéré au Tadjikistan. Découvrez leur histoire etenvoyez un appel en faveur du père de cette fillette. PAGE 11

PIERRES tOMbALES Et LUNEttES NOIRESLe succès de notre campagne en faveur d'un traité sur lecommerce des armes, et la manière dont de petits actes derébellion à l'ONU ont contribué à faire passer le messaged'Amnesty. PAGE 12

« ILS M’ONt DIt qUE JE SERAIS LIbRE »Les migrants qui courent de grands risques pour démarrer une vienouvelle en Europe ne sont pas toujours accueillis les bras ouverts.Voyez comment nombre d'entre eux se retrouvent derrière lesbarreaux, et comment les habitants de l'île grecque de Lesbos fontde leur mieux pour les soutenir. PAGE 16

« J’AI MENÉ UN COMbAt POUR qUE LE SANG Et LESLARMES CESSENt DE COULER DANS MON PAyS »Une grand-mère kurde risque six mois d'emprisonnement enTurquie pour avoir pris la parole lors de rassemblements pour lapaix. Aidez-nous à faire annuler sa condamnation. PAGE 19

« PINOChEt ESt UNE SOUILLURE POUR LE PAyS Et POUR LE MONDE »Presque 40 ans après que le coup d'État au Chili a bouleversé lemonde, le juriste José Zalaquett, spécialiste des droits humains, serappelle les événements de cette époque, ses activités et l'exil quelui a imposé le régime Pinochet. Signez notre pétition pour que lebilan de ce pays en matière de droits humains soit assaini. PAGE 20

APPELS MONDIAUXÉcrire une lettre, changerune vie – toutes lesinformations nécessairespour agir. PAGE 22

ÉGALEMENt DANS CE NUMÉRONOtRE ACtUALItÉ et ENPREMIèRE LIGNE unreportage en Afrique duSud (PAGES 2-3), NOUSFêtONS 40 ANS D'ACtIONSURGENtES: « JE SAvAISqU’ILS NE POUvAIENt PLUSME tUER. » (PAGE 24)

Recevoir LE FILLE FIL peut être téléchargé à cetteadresse : www.amnesty.org/en/stay-informed/enewsletters/the-wire

Les particuliers peuvent recevoir 6 numérosannuels du FIL pour 15 £/24 $/17 €Pour les institutions, le tarif est de 35 £,54 $ ou 41 €. Les sections et structures d’AmnestyInternational peuvent acquérir desexemplaires à prix réduit.Contactez-nous par [email protected] ou partéléphone : + 44 207 413 5814/5507.

Pour rejoindre Amnesty Internationalrendez-vous surhttp://www.amnesty.org/en/join

© Amnesty International

LE FIL DE JUILLEt-AOÛt vOUS SOUhAItE LA bIENvENUE

LE FIL met en lumière celles et ceux qui se battent pour lesdroits humains. Cette fois-ci, nous avons rencontré troismilitants LGbtI du Kenya (page 4). Ils apportent leur soutien à d'autres personnes et font évoluer les mentalités, alors queleur gouvernement les traite comme des criminels.

Nous affirmons aussi que cette forme de résistance et depersévérance peut changer le monde, en célébrant laremarquable victoire que nous venons de remporter : à l'issuede 20 ans d'efforts, l'adoption par l'ONU d'un traité solide surle commerce des armes (page 12). Et nous rencontrons unjuriste chilien qui a commencé à militer lors du coup d'État dePinochet, il y a presque 40 ans (page 21).

À la grand-mère kurde menacée d'emprisonnement en turquiepour avoir lancé des slogans pacifistes (p. 19), à toutes celleset tous ceux qui figurent dans nos appels (p. 22) et à tantd'autres femmes et hommes courageux dans le monde entier,nous disons : vous n’êtes pas seuls. Nous sommes à vos côtés,et nous vaincrons.

Lisez les articles qui racontent leur histoire, inspirez-vousd'eux, et aidez-nous à agir en faveur des droits humains.

Pour lire LE FIL en ligne, ainsi que notre blog LIvEWIRE,rendez-vous sur livewire.amnesty.org

Des membres du personnel d'Amnesty manifestent devant l'ambassadedu Salvador à Londres (Royaume-Uni) pour soutenir Beatriz, 22 ans, un enfant. Elle a de graves problèmes de santé, qui l'auraient mise en danger de mort si elle avait poursuivi sa grossesse. Pendant dessemaines, Beatriz s'est vu interdire le recours à l'interruption de grossessequi pouvait lui sauver la vie. L'affaire ayant déclenché un tollé national et international, une césarienne a été pratiquée au mois de juin, avant la date prévue de l'accouchement. #Beatriz

NON, c'est NON !Dans le cadre de sa campagne visant àfaire de l'absence de consentement l'undes principes de base de la dispositiondu Code pénal norvégien relative auviol, Amnesty Norvège a produit uncourt film qui a permis de collecter prèsde 50 000 signatures pour une pétitiondestinée aux autorités. En février 2013,le ministère de la Justice a présentéune proposition de modification de la loiincluant le principe du non-consentementdans la disposition. En avril, le film aremporté le prix Clio (Or), qui rendhommage à l'excellence créative dansle domaine de la publicité, du design,de l'interactivité et des communications.Regardez le film ici : bit.ly/norway-no

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2lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

Mettre fin auxdisparitions au MexiqueAprès le lancement en juin du rapportConfronting a nightmare –Disappearances in Mexico, Amnestycélèbre le 30 août la Journéeinternationale des disparus. Noussouhaitons susciter une prise deconscience de l'escalade desdisparitions à une période où le Mexiqueconnaît parallèlement une explosion decriminalité violente. Consultez lerapport (en anglais ou en espagnol) surbit.ly/mexico-disappearances et informez-vous de tous les événements ultérieurs. Agissez dès maintenant au moyen de l'Appel mondial sur le Mexique, p. 23.

Amnesty Slovénie marchepour les droits des RomsAmnesty Slovénie a participé à lacélébration de la Journée de la libérationà Ljubljana, le 9 mai, pour sensibiliserl'opinion publique aux problèmes d'accèsà l'eau des communautés roms. Chaqueannée, une marche de 30 km dans lesrues de la ville rassemble près de 30 000personnes, auxquelles se sont joints leschargés de campagne, qui ont aussipréparé des ateliers pour les écolesprimaires et secondaires et distribué desbracelets à quelque 12 000 élèves. Lamarche a permis de recueillir des signaturespour une pétition destinée aux autorités.Des photos sont disponibles ici : bit.ly/slovenia-roma

Montez le son pourles droits des RomsLe CD Listen to Roma Rights peutmaintenant être téléchargé sur iTunes,et il y en a pour tout le monde. AmnestyPays-Bas a travaillé avec 23 artistesroms vivant à travers l'Europe et lesÉtats-Unis qui ont chacun offert unechanson pour la campagne. Toute larecette servira à soutenir les travauxd'Amnesty sur les droits humains. AI mène actuellement une action sur lesdroits des Roms qui est centrée surles expulsions forcées en Roumanie.Procurez-vous le CD sur bit.ly/roma-rights-cdet signez notre pétition en faveur des Roms sur amnesty.org/roma

Nouvelles de l’action et des campagnes d’Amnesty InternationalActualitéNotre

Bhupendra, travailleur migrantnépalais venu chercher du travailau Qatar. À la suite d'un accidentdu travail subi il y a deux ans, il est atteint d'un handicapdéfinitif et ne touche plus desalaire. Il se bat maintenant pour obtenir une indemnisation. Un rapport d'Amnesty qui serapublié cette année décrira lasituation de Bhupendra et desnombreux travailleurs migrantsexploités et maltraités au Qatar.

aGEnDa

3lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

Responsable régionaledes publications, Adi Drori-Avraham a séjourné en Afriqueaustrale pour enapprendre davantagesur la communicationet le militantisme aucontact des habitants.

C’est un week-end étouffant àDiepsloot, un township du nordde Johannesburg. Liseko, 15 ans,participe à un rassemblement dejeunes militants et parle avec sesamis de la nécessité de remédier

aux problèmes du quartier, qui manque d’installations sanitaireset d’un bon système d’enlèvement des ordures ménagères.

Je me joins à des collègues d’Amnesty Afrique du Sudpour distribuer des exemplaires de WIRE (LE FIL), que Lisekose met à lire avec intérêt. « Ça me plaît, confie-t-elle. Je ne medoutais pas que d’autres personnes dans le monde ont aussides problèmes de droits humains. »

L’Afrique du Sud est un pays doté d’un tissu militantdense. Comme le disait Karabo, une autre militante que j’airencontrée : « Ne sous-estimez jamais le pouvoir de votre voixdans la société où vous vivez. C’est le cœur du militantisme :oser défendre ses convictions. »

Mes rencontres avec ces militants me l’ont faitcomprendre : lorsque des gens se battent pour la justice auniveau local, ils doivent sentir qu’ils ne sont pas seuls. Lesdroits humains nous donnent un langage commun que nouspouvons partager. Mais cela ne renforcera notre capacitéd’agir que si le langage en question est adapté à notresituation, à notre contexte culturel, à nos styles de vie.

Les modes d’action, par exemple, peuvent différersensiblement. « Les Européens envoient souvent des cartespostales, m’explique un militant. Mais, en Afrique, ce n’estpas vraiment dans notre culture. » Tout le monde n’a pasaccès aux services postaux, et l’affranchissement des lettresest coûteux.

Enfin, si le cybermilitantisme se développe, beaucoup de gens n’ont pas accès à Internet, surtout dans les zonesrurales. Un militant s’inquiète de voir que les réfugiés sontsouvent exclus des réseaux sociaux : « Ils n’ont pas d’accès à Internet − il faut nouer le dialogue avec eux directement »,observe-t-il.

Ce ne sont là que quelques-uns des obstacles auxquelsnous nous heurtons aujourd’hui : parler le langage universeldes droits humains de manière pertinente, trouver un équilibreentre les grands enjeux mondiaux et les défis locaux, être àl’avant-garde sans laisser personne sur le bord de la route.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page Facebook d’Amnesty Afrique du Sud, bit.ly/amnesty-southafrica

En première ligneSavoir parler une langueuniverselle

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CourrierVous souhaitez

que vosopinions et

commentairessoient publiéssur cette page ?Adressez uncourriel àthewire

@amnesty.org

(« Celles et ceux qui vivent hors de leur pays, dansle dénuement et sans statut, sont les personnesles plus vulnérables du monde. Un avenir plus

juste est possible, si les États respectent les droitsfondamentaux de toutes les personnes, quelle quesoit leur nationalité. »

Salil Shetty, secrétaire générald’Amnesty International. )

Jeunes voix pour les droits humainsLors d'une cérémonie de remise des prixqui a eu lieu en avril, à Londres,Amnesty Royaume-Uni a annoncé lenom des gagnants de son concours dejeunes reporters pour les droits humainset de chansons engagées. Plus de 3 000jeunes participants à travers le pays ontrédigé des textes sur les droits humainsallant des brimades à la peine de mort,en passant par les droits des femmes enAfghanistan et les « prisonniersfantômes » en Corée du Nord. Pour connaître les lauréats de chaque groupe, lisez le blog sur bit.ly/protest-songs et écoutez les chansons sur bit.ly/our-voices

10 pas pour les droitshumains en UruguayAmnesty Uruguay et Loewe andPartners ont créé une nouvelle vidéodestinée à célébrer et à promouvoir lepouvoir des femmes et des hommes quise rassemblent pour défendre les droitshumains. Des personnes marchantdevant un écran vert, Place de la Libertéà Montevideo, ont été filmées une parune, puis superposées pour former unemanifestation géante virtuelle sur laprincipale avenue de la ville.

Regardez la vidéo ici : bit.ly/10-steps-uruguay

101 PAYS ONT RÉPRIMÉ LE DROIT DE LEUR PEUPLE À LA LIBERTÉ D'EXPRESSION

64%

112 PAYS

70%

ONT PRATIQUE LA TORTURE ENVERS LEURS CITOYENS EN 2012

3 PAYS SEULEMENT ONT VOTÉ CONTRE LE TRAITÉ

155 ÉTATS SE SONT PRONONCÉS EN FAVEUR DU TRAITÉ SUR LE COMMERCE DES ARMES À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'ONU, EN AVRIL 2013

DANS 50 PAYS LES FORCES DE SÉCURITÉ SE SONT RENDUES RESPONSABLES D'HOMICIDES ILLÉGAUX EN TEMPS DE PAIX

31%

Le rapport 2013 d'Amnesty International sur lasituation des droits humains dans le monde a étérendu public en mai. Pour le consulter en ligne,rendez-vous sur amnesty.org

Source

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Adi (à gauche), desemployés et des bénévolesd'Amnesty International,Diepsloot, Amérique duSud, 2012.

En COUvERTURE

4lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

En TOUTE FIERTÉ

F aites connaissance de Denis, George et Mary -autant de criminels, au regard de la loikényane. Ce sont en réalité des militants des

droits humains, ciblés pour ne pas avoir dissimuléleur orientation sexuelle.

Se faire attaquer par des inconnus parce qu'ontenait la main de son compagnon dans un bus. Êtreexclue de son école ou rouée de coups pour s'êtreconduite de façon « trop masculine ». Sortir d'une fêteet rencontrer des policiers qui vous disent : « Noussavons que vous êtes gay - donnez-nous de l'argent, ounous vous inculpons pour ivresse sur la voie publique. »

C'est la réalité quotidienne si, comme Denis,George et Mary (photographiés ici) vous vivez auKenya et que vous êtes lesbienne, ou gay, oubisexuel, ou transgenre, ou intersexué (LGBTI). Ou si quelqu'un pense que c'est le cas.

Au Kenya et dans d'autres pays de l'Afriquesubsaharienne, des gens sont harcelés, marginalisés,victimes de discriminations et agressés à cause de leurorientation sexuelle ou de leur identité de genre. Lespersonnes qui s'efforcent de protéger les droits desLGBTI s'exposent également à des risques permanents.

Le Kenya fait partie des 38 pays d'Afrique où lesrelations sexuelles entre personnes de même sexesont une infraction pénale. Cela revient à dire que ladiscrimination est acceptable, qu'il est justifié de fairepeur à quelqu'un ou de le harceler à cause de sonidentité, bref, que les droits humains ne s'appliquentpas aux LGBTI. Amnesty International fait campagnepour mettre fin à cette situation dans toute l'Afrique.

Pour en savoir plus, voir notre nouveau rapport, Quand aimer devient un crime, sur bit.ly/love-crime

MaRy, 30 ans, (à droite) est bénévole dans le groupede défense des droits des LGBTI Minority Women inAction. Un des buts du groupe est de renforcer lescapacités sociales et professionnelles des femmesLGBTI. En acquérant de nouvelles compétences,elles peuvent obtenir des moyens de subsistance,prendre en charge leur propre vie et aider d'autresfemmes qui vivent des problèmes similaires.

« Je suis lesbienne, j'ai un fils. Je vispositivement depuis onze ans. J'aime beaucoup l'art et l'artisanat. Avec l'aide de ma compagne, j'ai fabriqué une quantité de petits tapis, quiconstituent ma source de revenus. »minoritywomeninaction.co.ke

DEnIS, 26 ans,(à droite, assis) est un militant gay baséà Nairobi. Il est rédacteur en chef d'Identity Kenya,service d'information pour les minorités sexuelles etde genre, et il a été le porte-parole de Gay Kenya,organisation LGBTI.

« La presse parle souvent de moi. J'ai reçud'innombrables menaces de mort, par courriel, autéléphone ou sur Facebook. L’une d’elles disait : “On m'achargé de te tuer”. J'ai aussi été obligé de quitter monlogement à plusieurs reprises. Dans le premier cas, lesvoisins ont envoyé une lettre qui disait : “Nous soussignés,habitants de l'immeuble, parce que nous savons que vousêtes homosexuel et que vous allez vous en prendre à nosenfants, nous vous donnons trois jours pour partir, aprèsquoi nous appellerons des "boys" pour qu'ils vous chassent.”

Je ne savais pas où aller. C'était très compliqué. Je n'avais pas d'argent pour me loger ailleurs, et j'avaiscoupé les ponts avec ma famille.

J'ai été agressé deux fois par des inconnus - unefois dans un matatu [un bus] où je tenais la main demon compagnon. La deuxième fois, je marchais dans larue et quelqu'un m'a reconnu et m'a lancé des pierres.J'ai pris contact avec le Protection Desk du Kenya(protectioninternational.org), et ils m'ont donné uneformation accélérée en sécurité personnelle. La sécuritépersonnelle, c'est une zone grise. Comment peut-ondéfendre ses droits si on ne prend pas positionpubliquement ? » identitykenya.com

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PORTRaITS DE TROIS « CRIMInElS »

KEnya

5lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

GEORGE, 22 ans, (ci-dessous) milite au sein du groupeOut in Kenya.

« Je suis gay, et je vis positivement avec le VIH, à Nairobi. Les gens disent de moi que je suis un jeunehomme discret, mais je suis très franc et je m'exprimeclairement pour ce qui est de mes préférences sexuelles.Je suis un ancien chanteur de gospel et un mannequin.J'ai dû renoncer à ma carrière en 2011 après qu'unjournal local a révélé que j'étais gay. Ma famille n'a pas pu faire face à ce scandale et m'adésavoué. J'ai mis fin à mes études et je me suis enfuivers la grande ville.

J'avais à peine de quoi vivre, je me couchais le ventrevide et parfois je dormais dehors. J'avais l'impressiond'être déjà mort. En 2012, j'ai appris que j'étaisséropositif au VIH. Le monde s'effondrait pour moi.

Denis, du groupe Out (photo à gauche) m'a aidé, il a trouvé un conseiller pour s'occuper de moi, et j'aiobtenu un emploi chez Out in Kenya. Je suis chargé dela boutique, et je suis le porte-parole du groupe. Je nepense plus au passé.

Comme je dis toujours, on n'a pas besoin de toutavoir, on a seulement besoin de donner quelque chose.Je voudrais que le monde devienne meilleur, qu'il existeun traitement pour le sida, et je voudrais ne plus êtreforcé de me présenter en disant “Salut, je m'appelleGeorge et je suis gay”. »

aGISSEZJean-Claude Roger Mbede vit dans la clandestinité après sa condamnation à une peine d'emprisonnement pour homosexualité au Cameroun. Aidez-nous à faire annuler sa condamnation. Toutes les informations nécessaires se trouvent en pages 22-23.

bRÉSIl

6lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

«I ls le grignotent petit à petit. Plus tard, ilsenlèveront ce qui restera. » Alessandra Linsparle du quartier de Providência, où elle vit

avec son époux et leurs deux enfants.Édifié à la fin du XIXe siècle sur une colline

surplombant Rio de Janeiro, ce quartier est considérécomme la plus vieille favela (bidonville) du Brésil.Depuis, la colline s’est recouverte de petites maisons et de rues tortueuses avec vue sur le port.

Mais les 800 familles qui y vivent – dont celled’Alessandra – craignent aujourd’hui d’êtreprochainement obligées de partir. Comme des milliersd’autres familles à travers la ville, elles sont menacéesd’expulsion.

Pourquoi ? Parce que Rio se prépare à accueillir la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeuxolympiques de 2016. Or, dans le cadre du projetambitieux de la municipalité pour ces deux énormesévénements sportifs, des chantiers de vaste envergure –construction de routes et renouvellement urbain,notamment – ont été entrepris.

DES RETOMbÉES POSITIvES ?Une fois les trophées remportés, les médaillesdécernées et les spectateurs rentrés chez eux, de tels chantiers pourraient théoriquement avoir desretombées très positives pour Rio. Mais les gens quirisquent de voir leur maison démolie les voientdésormais comme des menaces.

Bon nombre d’habitants de Providência ont lesentiment d’être chassés parce que leur quartier necadre pas avec l’image de cité olympique que veulentdonner les autorités. « Providência est vue comme unpoint noir », déplore Alessandra.

Un EnDROITMERvEIllEUX

Elle a le sentiment que sa maison et celles deses voisins sont gênantes, situées comme elles sontà proximité du port et d’une des grandes artères dela ville, l’avenue du président Vargas. Le port faitl’objet d’un vaste projet de renouvellement urbainbaptisé « Port Merveille ». Son objectif est depromouvoir des investissements massifs dans larégion en modernisant le port, en construisant desmusées et des immeubles commerciaux et enfavorisant le tourisme.

Selon Alessandra, les autorités « voient lebidonville comme un obstacle au beau milieu de lazone portuaire ». Les expulsions y ont déjà débuté,ainsi que dans d’autres quartiers de la ville.

Les autorités municipales ont également lancé à Providência un chantier baptisé « Projet immobilierCarioca », comprenant la construction, de février2011 à janvier 2014, de lignes de tramway et defuniculaire qui « font partie des retombées positivesde l’accueil des Jeux olympiques par la municipalité ».

SOUS PRESSIOnMais beaucoup de gens jettent un regard sceptiquesur la mise en œuvre de ce projet et d’autreschantiers analogues. Lorsque les expulsions ontdébuté à Providência, en 2011, des dizaines defamilles ont quitté leur domicile en échange d’uneaide financière destinée à couvrir leurs frais delocation. On leur a dit qu’on leur construirait denouveaux appartements et qu’elles pourraientemménager en 2012. Pour l’instant, rien de tel nes’est produit. Elles redoutent désormais que cetteaide financière se tarisse sans que de nouveauxlogements leur aient été proposés.

Les familles qui sont restées sont obligées devivre au milieu des maisons en ruine de leurs voisinsexpulsés. Les amas de décombres et les flaquesstagnantes d’eaux usées attirent les insectes etrendent la vie de plus en plus morne dans le quartier.

Lors d’une enquête récente d’Amnesty sur lasituation sur place, des habitants nous ont égalementconfié qu’ils se sentaient menacés, intimidés etpressés de quitter leur maison et d’accepter l’offredes autorités d’être réinstallés ailleurs.

La situation s’est améliorée lorsqu'une poignéed’habitants a consulté des avocats de l’assistancejudiciaire publique. Un tribunal a ordonné aux autoritésde fournir des informations plus détaillées sur lesprojets d’urbanisme et de réinstallation des habitants.Il leur a également demandé d’effectuer une étuded’impact et de suspendre le chantier du projetCarioca ainsi que toutes les expulsions de Providênciaen attendant les conclusions de cette étude.

lE SEnTIMEnT D’êTRE aSSOCIÉ aU PROJETLe quartier bénéficie aujourd’hui du soutien denombreuses personnes et organisations, dont desONG locales et Amnesty. Toutes ont constaté avecpréoccupation le manque d’information concernantl’ensemble du projet en cours de réalisation àProvidência et dans la zone portuaire, notamment

À l’HEURE Où lE bRÉSIl S'aPPRêTE À aCCUEIllIR la COUPE DU MOnDE DE FOOTball ET lES JEUX OlyMPIQUES, aMnESTy S’aSSOCIE aUX HabITanTS DES FavElaS DE RIO DE JanEIRO POUR EMPêCHER lEUR EXPUlSIOn.

EXPUlSIOnS FORCÉES

son calendrier et ses délais de mise en œuvre. Les habitants n’ont pas été correctement consultésau sujet des projets, si bien que personne ne saitcombien de familles seront concernées ni où ellessont censées aller.

Amnesty travaille en collaboration avec deshabitants et des partenaires locaux pour s’assurerque les autorités garantissent le droit des habitants à un logement décent dans l’ensemble des quartiersconcernés par les préparatifs de ces événementssportifs. Si des expulsions s’avèrent nécessaires, noussouhaitons que des garanties juridiques soient misesen place pour protéger les habitants.

Au lieu de se réjouir à l’idée que Rio soit bientôtun haut lieu du football mondial et une citéolympique, des habitants comme Alessandraéprouvent de l’inquiétude et de la crainte.

Comme tout le monde, ils veulent que leur villesoit un endroit merveilleux pour ceux qui y vivent etpour les visiteurs. Mais ils demandent que leurs droitssoient respectés et veulent faire partie intégrante desprojets d’avenir établis pour leur ville.

aGISSEZNe manquez pas la publication de notre nouveau rapport sur le Brésil et de nouvelles occasions d’agir contre les expulsionsforcées – rendez-vous sur bit.ly/RRFENetwork

7lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

Le quartier de Providência, à Rio de Janeiro (Brésil), où 800 familles sont menacées d'expulsion.

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© Luiz Baltar

GUaTEMala

TOPIC

8lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

Un PROCèS HISTORIQUEaU GUaTEMala

C’était un jour que de nombreux Guatémaltèquesattendaient depuis des décennies. le 10 mai 2013,l’ancien président, le général Efraín Ríos Montt, a étécondamné à 80 ans de réclusion pour le génocide et lescrimes contre l’humanité commis pendant la guerre civilequi a ensanglanté le pays. amnesty a évoqué une avancéehistorique dans la longue lutte pour la justice menée parce pays. Mais une décision de justice choquante a annulésa condamnation, dix jours plus tard seulement.

Découvrez ici quelques raisonsde maintenir la pression pourobtenir la justice en faveur des victimes.

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9lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

De 1960 à 1996, un conflit interne sanglant a opposél’armée guatémaltèque à des bandes de guérilleros. Au cours de ces 36 années de guerre, plus de 200 000 HOMMES, FEMMES ET EnFanTS ont été tués ou ontdisparu. La plupart étaient des indigènes.

Le général José Efraín Ríos Montt a dirigé le

gouvernement militaire du pays de mars 1982 à août1983 – l’UnE DES PÉRIODES lES PlUS SanGlanTES duconflit. Il a engagé une campagne virulente ciblanttoutes les personnes soupçonnées de sympathie avecles guérilleros d’extrême-gauche.

Le conflit a pris fin en 1996 avec la signature d’un

accord de paix. L’État s’est engagé à dire la vérité sur cequi s’était passé pendant ces trois décennies deviolence. En 1999, un rapport de la Commission declarification historique, placée sous l’égide des Nations-Unies, a conclu que l’ÉTaT GUaTÉMalTèQUE ÉTaITRESPOnSablE DE 93 % DE l’EnSEMblE DES vIOlaTIOnSperpétrées. La Commission a également établi que l’Étatavait commis un génocide en 1981 et 1982 dans leterritoire ixil et dans les régions de Zacualpa, du nord du département de Huehuetenango et de Rabinal. Entre 70 et 90 % des populations de ces régions ont toutsimplement été rayées de la carte.

C’est la première fois qu’un ancien chef d’État

guatémaltèque est JUGÉ POUR GÉnOCIDE. Les poursuitesengagées contre Ríos Montt ont débuté en 2001, maisse sont depuis lors heurtées à de nombreux obstacles,notamment sous la forme de recours constitutionnelsmultiples déposés en sa faveur.

Ríos Montt était inculpé pour avoir été l’« InSTIGaTEUR »

de la mort de 1 771 personnes, du déplacement forcé de 29 000 personnes, de l’agression sexuelle dehuit femmes, et d’actes de torture sur au moins 14 personnes.

À gauche : L'aube à Quiché (Guatemala) dans les années 1980. La population comprend environ 50 % d'indigènes. C'est une des sociétés les plus inégales d'Amérique latine, avec un taux d'illettrismeélevé. Ici, les enfants meurent souvent en bas âge. La criminalité organisée et la violence sont répandues. Sur cette page, à partir du haut : Le général José EfraínRios Montt lors de sa première conférence de presse aprèsqu'il eut pris le pouvoir par un coup d'État, à Guatemala(23 mars 1982) ; L'armée occupe San Mateo Ixtatán,département de Huehuetenango (1983) ; Une fillettecapturée par l'armée après un bombardement à Quiché,dans les années 1980.

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10lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

En mars 2012, il a également été inculpé de la mortde 201 personnes à Dos Erres, dans le département duPetén, en décembre 1982. Aucune date n’a encore étéfixée pour l’audience consacrée à ces derniers chefsd’inculpation. Le PROCèS DE RíOS MOnTT et du généralMauricio Rodríguez Sánchez – son ancien chef durenseignement – s’est ouvert le 19 mars 2013.

Le 18 avril, après l’audition de plus de 100 témoins

et experts, un juge d’une autre juridiction a ORDOnnÉl’annUlaTIOn DU PROCèS et le retour à la phased’instruction. Refusant d’annuler le procès, le tribunalchargé de l’affaire a suspendu la procédure en attendantque des juridictions supérieures ne règlent la question.Le procès a finalement repris le 30 avril.

Le 10 mai 2013, Ríos Montt a été reconnu coupable

de génocide et de crimes contre l’humanité etCOnDaMnÉ À 80 anS DE RÉClUSIOn. Amnesty a évoqué un grand pas en avant vers l’établissement desresponsabilités pour les violations des droits humainscommises pendant les dictatures militaires dans lesAmériques. Les quelque 718 pages du jugementdétaillaient les responsabilités de Ríos Montt dans lescrimes commis en territoire ixil, à l’époque où il étaitprésident et commandant en chef des forces armées, en 1982 et 1983. Rodríguez Sánchez a été acquittépour ces deux chefs d’accusation.

Le 20 mai 2013, la Cour constitutionnelle du

Guatemala a porté Un COUP TERRIblE aux victimes enannulant la condamnation qui venait d’être prononcéecontre Ríos Montt. On ignore le fondement juridique decette décision. Amnesty a déclaré que le tribunal avaitdressé « des obstacles considérables sur la route de ceux qui veulent que la justice soit rendue et que lesresponsabilités soient établies concernant une périodeparticulièrement sombre de l’histoire récente duGuatemala ». Ríos Montt est sorti de prison et a étéreplacé en résidence surveillée en attendant la reprise duprocès et l’introduction de nouveaux recours juridiques.

L’armée guatémaltèque REFUSE TOUJOURS DE DOnnER

DES InFORMaTIOnS de quelque nature que ce soit sur leshomicides, les disparitions forcées, le recours au violcomme arme de guerre, et d’autres crimes perpétréspendant le conflit, faisant peser un immense fardeau sur lesépaules des familles et des victimes qui réclament la justiceou souhaitent simplement retrouver leurs proches disparus.

Nous continuerons à les soutenir en faisant campagnepour que la justice soit rendue.¶

Pour en savoir plus sur notre action concernant le Guatemala, rendez-vous à l’adresse amnesty.org/fr/region/guatemala

En haut : Des hommes capturés et maintenus en détentionpar l'armée à Quiché, au Guatemala (1984).Au centre : Un groupe qui soutient les familles despersonnes « disparues », le Grupo de Apoyo Mutuo (GAM),tient une conférence de presse à Guatemala (1985).En bas : Des policiers évacuent de force des manifestantsdevant l'université de San Carlos, à Guatemala (septembre1985). To

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11lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

n ozanin n’avait que quatre jourslorsque son père, NassimSalimzoda, a été arrêté. La police

l’a interpellé le 11 septembre 2011,visiblement au hasard, avec quatre autreshommes, dans leur village de Khojai Alo,dans la région reculée de Soghd, auTadjikistan. Ils étaient accusés del’homicide d’un militaire.

Deux jours plus tard, les cinqhommes, qui avaient tous entre 20 et30 ans, ont « avoué » l’homicide,semble-t-il après avoir été torturés parla police. Le père d’un des jeuneshommes, se trouvant au poste depolice, a dit qu’il entendait son filshurler. Un policier lui a rétorqué : « Cen’est pas votre fils – ce sont d’autrespersonnes qui crient. »

En ÉTaT DE CHOCLe père de Nassim a raconté àAmnesty sa première entrevue avecson fils : « Il semblait complètementailleurs. Je lui ai demandé : “Nassim,que s’est-il passé ?” Il n’a pas du toutréagi et paraissait en état de choc. »

Le premier avocat qui a pu voir lesaccusés, le 16 septembre 2011, a dûdétourner les yeux devant l’aspecthorrible des blessures. Il a confié plustard à leurs parents que les corps deleurs fils « n’étaient plus que des plaies »et leur a conseillé de contacter desorganisations de défense des droitshumains. Un juge qui était présent n’aprêté aucune attention aux blessuresde Nassim.

Alors que Nozanin avait six mois, le 7 mars 2012, son père et les quatreautres hommes ont été condamnés àdes peines allant de 10 à 12 annéesd’emprisonnement pour « coups etblessures ayant entraîné la mort ». La Cour suprême a confirmé leur

GRanDIR SanS SOn PèREAU TADJIKISTAN, LA PETITE NOZANIN GRANDIT SANS SONPÈRE. CELUI-CI A ÉTÉ ARRÊTÉ JUSTE APRÈS SA NAISSANCE ETSE TROUVE EN PRISON DEPUIS LORS. SA FAMILLE EST L’UNEDES RARES À PARLER HAUT ET FORT DE LA TORTURE ET DESPROCÈS INÉQUITABLES DANS LE PAYS.

condamnation en mai 2012, et les cinq hommes sont toujours en prison.Nassim souffre toujours des séquellesde son « interrogatoire » en septembre2011.

Un PROCèS InÉQUITablEAmnesty estime que l’enquête ouvertepour homicide était entachée de gravesirrégularités et que les preuvesretenues contre ces hommes étaienttrès insuffisantes. La police estsoupçonnée d’avoir maltraité deuxtémoins pour les forcer à incriminer lescinq hommes. Un témoin a égalementdéclaré qu’un fonctionnaire local luiavait offert un pot-de-vin pour qu’ilretire sa déposition contre desindividus qu’il pensait être lesvéritables auteurs de l’homicide.

Nous estimons également que ceshommes ont fait l’objet d’un procèsinéquitable. Entre autres anomalies, letribunal n’a pas tenu compte des alibiset a négligé les affirmations selonlesquelles les témoignages à chargeont pu être obtenus sous la torture oupar d’autres mauvais traitements.

OSER PaRlERPendant ce temps, Nozanin granditsans son père. Elle aura deux ans enseptembre et vit avec sa mère et sesgrands-parents. Ils s’occupent dujardin, veillent les uns sur les autres et gèrent le quotidien.

Ils ne sont qu’une des nombreusesfamilles touchées par la torture auTadjikistan. Mais ils font partie desrares à oser envoyer des pétitions auxautorités et parler publiquement de cequi est arrivé à Nassim.

Ils continuent à réclamer la justiceen sa faveur en dépit des intimidationset du harcèlement de la police, et

parfois aussi des pressions exercéespar d’autres membres de la famillepour qu’ils gardent le silence.

aGISSEZEnvoyez une lettre pour aider Nassim et ses coaccusés à obtenir justice. Toutes les informations nécessaires se trouvent en pages 22 et 23.

En haut : Nozanin vit avec sa mère et ses grands-parents dans une régionisolée du Tadjikistan. Récemment, elle a reçu des livres pour enfants envoyéspar des membres d'Amnesty de différentspays qui voulaient manifester leursolidarité avec les familles des victimesde torture en Asie centrale. Ci-dessus : Nassim Salimzoda, père de Nozanin.

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12lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

amnesty International et plusieurs petitesOnG britanniques se réunissent pourélaborer un code juridiquement contraignantportant sur le COnTRôlE DES TRanSFERTS D'aRMESInTERnaTIOnaUX, dans le respect des droits humainset du droit international. nous recevons l'aide de juristesdes universités de Cambridge et d'Essex.

avec l'aide de Mujahid alum, du Pakistan, général à laretraite, et de brian Wood, d'amnesty International,nous DÉvOIlOnS la ManIèRE DOnT lES aUTEURSDU GÉnOCIDE aU RWanDa et des atrocitésdans la région africaine des Grands lacsont profité du trafic d'armes. Ceshorreurs nous permettent demontrer que le commercedes armes échappe à tout contrôle.

1993-1994

avec plusieurs lauréats du prix nobel de lapaix, dont Oscar arias et le dalaï-lama, et

d’autres OnG, nous réclamons un codeinternational de conduite juridiquement

contraignant sur les transferts d'armes.En réponse, l'UnIOn EUROPÉEnnE aDOPTE

en 1998 un code de conduite sur lesexportations d'armes intégrant une

composante droits humains, mais il n'estpas juridiquement contraignant. notre

travail se poursuit.

PIERRES TOMbalES ET lUnETTES nOI après 20 ans de travail acharné, nOUS avOnS ObTEnU Un TRaITÉ SUR lE COMMERCE DES aRMES !lE FIl regarde le chemin parcouru et celui qui nous reste à suivre.

1995-1999

nous posons des centaines de pierres tombales en bois sur de l'herbefactice dans le monde entier, y compris à Trafalgar Square, à londres

(Royaume-Uni) (photo ci-dessous), pour lancer la CaMPaGnECOnTRôlEZ lES aRMES aFIn D'ObTEnIR Un TRaITÉ SUR lE COMMERCE

MOnDIal DES aRMES (TCa) , aux côtés d'Oxfam et du Réseauinternational d'action sur les armes légères (RaIal).

Plus de 50 gouvernements soutiennent désormais notre idée. Ils n'étaient qu'une poignée au départ. le Royaume-Uni est le premier

membre permanent du Conseil de sécurité de l'OnU à appuyer notredemande, avec tous les États membres de l'Union européenne et

de nombreux autres pays.

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-2005

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13lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

RES : lE SUCCèS D'UnE CaMPaGnE

2006

la 1 000 000e

personne à envoyer saphoto pour la pétition dumillion de visages, exigeant unTCa, est Julius arile lomerinyang,militant et survivant kenyan de laviolence armée. nous l'invitons à newyork pour remettre les signatures ausecrétaire général de l'OnU, Kofi annan.amnesty Pays-bas utilise les photos pour créer un vaste collage (à gauche).

En décembre, 153 ÉTaTS vOTEnT En FavEUR d'une résolutiondemandant le début des travaux visant un TCa juridiquementcontraignant. Seuls les États-Unis votent contre.

Des militants en lunettes noires se prennent en photo (ci-dessous) pour rappeler aux gouvernementsqu’ils doivent œuvrer dans la transparence, carlE MOnDE lES REGaRDEavancer sur laquestion ducommercedes armes. 20

08 2010

-2011

nous accélérons le processus en annonçant aux gouvernements que le temps est compté :

lE MOnDE nE PEUT aTTEnDRE un TCa !l'administration Obama déclare que

les États-Unis vont soutenir le traité, et 153 États membres de l'OnU

votent en faveur de l'ouverturede négociations officielles

en juillet 2012.

2009

notre appel à un TRaITÉ SanS FaIllE est un succès :une « règle d'or » de la protection des droitshumains, élaborée par amnesty International et le Comité international de la Croix-Rouge, est intégrée au projet de traité.

nousprotestons

comme les « troissinges de la sagesse »

qui ne voient aucun mal,n'entendent aucun mal, ne

disent aucun mal (à gauche),après une décision surprenante de

l'OnU de 2011 excluant la société civiledes débats clés sur le TCa.

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14lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

TRaITÉ SUR lE COMMERCE DES aRMES

PaS D’aRMES POUR lESaTROCITÉS ! Dans plus de 65 pays, des milliers de militantsrecueillent 620 000 signatures en deuxmois seulement pour exiger l'intégration dela règle d'or, avant la conférence des nationsunies sur le TCa en juillet, à new york. Julius arilelomerinyang (ci-dessous au centre) revient pournous aider à présenter ces signatures au secrétaire général de l'OnU, ban Ki-moon.

la conférence donne lieu à un projet de traité, mais plusieurs pays –dont la Chine, les États-Unis et la Russie – demandent un délai, et le texten'est pas adopté. nous nous préparons pour ce que nous espérons être la phase finale.

aGISSEZAidez-nous à inciter votre pays à appliquer la règle d'or et à ratifier le TCA. Commencez en contactant l’antenne locale d’Amnesty, ou rendez-vous sur bit.ly/controlarms

nOUS avOnS UnTRaITÉ ! l'assemblée

générale de l'OnU votemassivement pour

l'adoption du traité,avec intégration

de la règle d'or.

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la conférence finale des nations unies pour le traité sur le commercedes armes s'ouvre à new york, au mois de mars. Des militants dumonde entier écrivent aux ambassades américaines et au présidentObama pour lui demander de soutenir le traité. Un TRavaIl DEPRESSIOn ET UnE MObIlISaTIOn PUblIQUE InTEnSES aboutissent à la production d'un traité intégrant la règle d'or. Mais l'Iran, la Corée du nord et la Syrie bloquent l'adoption sans vote du texte.

au début de juin, TOURnanT HISTORIQUE RÉSUlTanT DE 20 anS D'Un TRavaIl aCHaRnÉ de pression et de campagne, 73 pays signent le Traité sur le commerce des armes lors d'une cérémonie aux nations unies.

Pour les militants, l'étape suivante a déjà commencé. nous maintenons notre pression sur les États afin qu'ils signent et ratifient le TCa, c'est-à-dire le transposent dans leur législation. le TCa entrera en vigueur lorsqu'il aura été ratifié par 50 États.

notre message aux gouvernements est clair et net : vOUS POUvEZ DÉJÀ UTIlISER la RèGlE D'OR, en interdisantles transferts d'armes s'il existe un risque réel qu'ils entraînent des atteintes aux droits humains !

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15lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

1ne menez pas campagne de manièrevisible. Oubliez les actions médiatiques oules expos de photos, et encore plus l'installation

d'une paire de lunettes de soleil géante comme nousl'avons fait en 2008. Ça a été interdit en 2009. Alorsnous avons créé un couloir humain fait de gens quiportaient des panneaux et dont la bouche étaitfermée par du ruban adhésif, pour protester contre ladécision, en 2010, d'empêcher la société civile departiciper aux débats. De nombreux représentantsdes États sont venus nous exprimer leur soutien.

2Pas de tee-shirts arborant desmessages de campagne. Pas questiond'utiliser nos tee-shirts ornés de messages

comme « Pas d'armes pour des atrocités », « Arrêtons les balles » ou « Contrôlez les armes ». Mais personne n'a mentionné les épinglettes ou cesrubans qui permettent de s'accrocher au cou unbadge d'identité. Nous avons donc arboré une

épinglette d'Amnesty ou unruban jaune vif portant le

message « Je protège les droits humains ».

6ne garez pas votre hélicoptèremilitaire devant la porte de l'OnU.Qui aurait pu imaginer une telle interdiction ?

Nous en avons été informés la veille du jour où nousavions prévu d'utiliser un faux hélicoptère militairecomme arrière-plan pour des interviews en mars2013. Nous avions décidé d'en fabriquer un nous-mêmes car ce type d'armement n'est pas clairementréglementé par le nouveau traité. Mais ce n'était paspermis. Nous avons vite trouvé un toit-terrasse avecvue sur Manhattan, invité les journalistes et fabriquél'hélico sur place, en utilisant du contreplaqué et duplexiglas.

Et nous avons réussi notre pari !Peu de temps après, le texte du traité a été finalisé lorsde séances très tendues de la conférence finale sur leTCA. Et, le 2 avril, l'Assemblée générale de l'ONU aadopté à une majorité écrasante un traité intégrant desolides protections en matière de droits humains. Notretravail acharné durant plus de 20 ans et nos petits actesde rébellion ont payé : nous avons atteint notre objectif !

Pour en savoir plus sur notre travail en faveur d'un traité surle commerce des armes, rendez-vous sur bit.ly/controlarms.

PETITS aCTES DE RÉbEllIOn À l'OnU

3ne pointez aucun État du doigt pourle critiquer directement, notamment enutilisant son drapeau national. Nous avons aussi

réussi à tourner cette règle. Parce qu'elle oublie dementionner ce qui peut être dit dans la salle de pressede l'ONU. En mars 2013, nous avons invité le corpsde presse de l'ONU pour le lancement de notre rapportqui dénonce les transferts d'armes irresponsables – opérésprincipalement depuis la Chine et l'Europeoccidentale – vers la Côte d’Ivoire. Deux jours plustard, nous étions invités avec d'autres à un événementauquel participait l'ambassadeur de Côte d'Ivoire.

4ne déposez pas de documents surles bureaux des délégués. Mais unecarte postale, est-ce un document ? Et une fleur ?

Avec nos amis de la campagne Contrôlez les armes,nous avons produit des cartes postales quiproposaient des termes précis permettant d'incluredans le TCA les droits humains et les violences liéesau genre. Nous avons suscité unevive curiosité en distribuantdes myosotis (une toutepetite fleur bleue appeléeen anglais « ne m'oubliezpas ») à une quarantaine de délégués qui ont publiquement soutenu l'ajout d'uncritère concernant les violences liées au genre avantd'autoriser une vente d'armes. À la fin de la conférencede juillet 2012, 73 États soutenaient notre proposition.

5ne portez pas de gilets pare-balles.Comme nous avons demandé un « traité àl’épreuve des balles », il était logique de revêtir

des vestes ressemblant à des gilets pare-balles pouressayer d'attirer l'attention. Malheureusement, des agents de sécurité de l'ONU nous ont alorsencerclés. Ils ont cru que c'étaient de vraisgilets pare-balles et que nous préparionspeut-être un attentat. Nous sommesfinalement arrivés à un compromis :porter ces vestes brièvement enétant entourés par un cordond'agents de sécurité. Ce qui nous a fait très plaisir, c'est qu'ils portaient des giletsidentiques aux nôtres.

COMMEnT FaIRE POUR aTTIRER l'aTTEnTIOn DES DÉCIDEURS DE l'OMbRE À l'OnU SUR nOTRE MESSaGE DE CaMPaGnE ? lE RèGlEMEnT ESTTRèS STRICT, SI bIEn QUE la DÉlÉGaTIOn D'aMnESTy a DÛ COnTOURnER lES ObSTaClES POUR MEnER CaMPaGnE En FavEUR D'Un nOUvEaUTRaITÉ SUR lE COMMERCE DES aRMES. aRa MaRCEn naval, COORDOnnaTRICE CaMPaGnES, EXPlIQUE lES aSTUCES lES PlUS UTIlES.

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16lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

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CEUX QUI TEnTEnT lE PÉRIllEUX vOyaGEvERS l’EUROPE SOnT REFOUlÉS ETEnFERMÉS. SUR l’îlE GRECQUE DE lESbOS,UnE ÉQUIPE D’aMnESTy a RECUEIllI lESRÉCITS DE MIGRanTS ET REnCOnTRÉ DESHabITanTS QUI S’EFFORCEnT DE lEURvEnIR En aIDE. naOMI WESTlanD,D’aMnESTy ROyaUME-UnI.

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17lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

aIS lIbRE »assis au bout du lit, dans une

cellule sombre et humide du postede police, Ahmed a l’air hagard.

Il est détenu ici depuis près d’unesemaine. Ses yeux sont rouges d’avoirpleuré et balaient rapidement l’espaceen quête d’un objet à fixer.

Mais il n'y a pas grand-chose dansla cellule, hormis huit lits et leursmatelas sales, serrés les uns contre lesautres, et une pile de sacs de couchage.Les murs sont nus, à l’exception dequelques mots délavés, griffonnés au-dessus d’un lit – « Allah », écrit enarabe. Au-dessus d’un autre : « Merci,mes amis somaliens et afghans. »

DES CEllUlES aUX allURESDE CaCHOTSDes mots qui prouvent que ces cellulesaux allures de cachots, conçues pouraccueillir des délinquants présumés,servent désormais de centre dedétention pour les migrants. Il n’y a pasla place de marcher, rien à faire, trèspeu de lumière naturelle et aucunespace à l’extérieur. Le lieu esttotalement impropre à l’habitation.

Je me trouve au poste de police del’île grecque de Lesbos, en compagnie dedeux collaborateurs d’Amnesty, GiorgosKosmopoulos, chargé de campagne pourla Grèce et Chypre, et Irem Arf,chercheuse en matière de migrations.Nous aimerions que certains des réfugiéset des migrants enfermés ici nous parlentde ce qu’ils ont vécu lorsqu’ils ontessayés d’entrer dans l’Unioneuropéenne. Nous essayons de brosserun tableau général de la situation à lafrontière gréco-turque.

Lorsque les gardiens font sortirAhmed de sa cellule pour son entretienavec nous, nous apprenons qu’il a fui laSyrie et qu’il n’a que 21 ans. Il estvisiblement traumatisé. Ses yeuxs’embuent de larmes au moment denous confier que sa mère a été tuéependant la guerre civile, en décembredernier. Son père étant décédé et sasœur étudiant à l’étranger, il a donnéquelques milliers de dollars à un passeurpour qu’il lui fasse traverser la mer Égée,de la Turquie à la Grèce, en espérant ytrouver la sécurité et une vie meilleure.

« En Turquie, ils m’ont dit que jeserais libre en Grèce mais, quand j’ysuis arrivé, on m’a jeté en prison »,raconte-t-il.

DES RISQUES DE PlUS EnPlUS GRanDS Ahmed fait partie de ces dizaines demilliers de personnes qui, en quête desécurité, tentent chaque année d'entrer

en Europe via la Grèce. Nombre decelles qui sont arrivées par bateau surdes îles telles que Lesbos ou Chiosfuyaient les conflits frappant la Syrie,l'Afghanistan, l'Irak ou la Somalie.

Irem indique que personne neconnaît le nombre exact de personnesqui choisissent le périlleux itinéraire parvoie de mer. Mais les chiffres de lapolice témoignent d’une augmentationdepuis que les contrôles desfranchissements par voie terrestre de larivière Evros, à la frontière gréco-turque, ont été durcis l’année dernière.

« Les gens qui fuient la guerre et lapauvreté prennent des risques de plusen plus grands pour entrer en Europe.Les itinéraires sont de plus en pluspérilleux, et des gens trouvent la mortau cours du voyage », explique-t-elle.

Nous avons entendu destémoignages terrifiants de personnesqui avaient franchi la frontière de nuit,par des températures glaciales. Unefemme nous a raconté qu’elle étaittombée à la mer. Elle ne savait pasnager et a donc dérivé, emportée loinde son embarcation. Un autre migranta risqué sa vie pour la sauver. Uneautre femme nous a raconté que sapetite fille de quatre ans était tombée à la mer dans la confusion qui a suivil’interception de leur petiteembarcation gonflable par les garde-côtes. Par chance, la fillette a survécu.

C’est difficile à croire, mais ilspeuvent s’estimer heureux. En mars,six Syriens se sont noyés lorsque leurbateau a rencontré des problèmes,notamment une jeune fille de 17 ans,enceinte, ainsi qu’une mère et sesenfants en bas âge. En décembre del’année dernière, une embarcation

QUELQUES FAITS À CONNAÎTRE SUR LESMIGRANTS EN EUROPE ET EN GRÈCEn Près de 18 000 hommes, femmes etenfants auraient trouvé la mort en essayantd’entrer en Europe depuis 1988.n Le droit européen permet de détenir lesmigrants jusqu'à 18 mois, même s’ils n’ontcommis aucun délit.n En 2011, la Cour européenne des droitsde l’homme a estimé que les procéduresd’asile de la Grèce n’étaient ni justes, niefficaces.n La Cour a jugé que les conditions dedétention des demandeurs d’asile en Grèceconstituaient un traitement inhumain etdégradant. n Les enfants qui arrivent seuls en Grècesont parfois détenus pendant plusieursmois avant qu’un lieu plus approprié nesoit trouvé pour les accueillir.

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18lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

colonie de vacances désaffectée pouroffrir un abri sûr aux réfugiés et auxmigrants. Une centaine de familles deMytilène se relaient pour cuisiner pourles gens qui y vivent. Il y a un terrainde football, un terrain de jeu pour lesenfants et un vaste espace planté debouleaux argentés où l’on peut sepromener.

L’objectif initial du projet était devenir en aide aux insulaires qui avaientperdu leur domicile en raison de lacrise financière. Mais ses organisateursse sont rapidement rendu compte qued’autres habitants de l’île avaientégalement besoin d’aide. « Il y avaittellement de réfugiés dans les rues ennovembre, l’année dernière, et lamétéo était tellement mauvaise que lesautorités nous ont laissé ouvrir ce site,explique Efi Iatsoudi, une bénévole, enme faisant visiter les installations.

« Mais tout repose sur les épaulesdes bénévoles. Nous avons demandéle soutien de la municipalité et duministère chargé de l’immigration. Celaaurait été un grand soulagement pourles gens de l’île, qui ont envie d’aider,mais qui souffrent eux aussi de la crise.Mais nous n’avons rien obtenu »,déplore-t-elle.

UnE vIE MEIllEURE ?Beaucoup des réfugiés et des migrantsque nous rencontrons disent toute leurreconnaissance à l’égard de ceux quileur offrent de la nourriture et un toit.Mais tous se sentent coincés à Lesbos,car l’objectif qui leur tient à cœur estde gagner Athènes.

Ils sont frustrés des retardsinexpliqués dans le traitement desdossiers qui leur permettraient de partiret pensent que leur situations’améliorerait à Athènes.

Hélas, la réalité est tout autre. Lesmigrants présents dans la capitalegrecque sont de plus en plus souventvictimes d’agressions racistes. Lespartis d’extrême-droite comme Aubedorée ont recueilli de nombreuxsuffrages à la faveur de la criseéconomique qui paralyse le pays. Lesmigrants courent le risque d’êtrearrêtés par la police lors de coups defilet et jetés dans des centres dedétention sordides. De nombreusespersonnes, parmi celles que nousrencontrons plus tard à Athènes, ontpassé plusieurs mois, parfois un an,derrière les barreaux.

Beaucoup de Grecs sontaujourd’hui horrifiés du traitementréservé aux migrants par les autoritéset de la montée du racisme et de laxénophobie. Pour les gens comme lesbénévoles de Lesbos et les milliersd’autres qui ont manifesté contre lesviolences racistes plus tôt dans l’année,la flamme du vieux concept grec defiloxenia − la bienveillance à l’égard del’étranger − continue de brûler. Pourd’autres, comme Ahmed, elle n'estplus qu’une maigre lueur vacillante.

aGISSEZAidez-nous à œuvrer en faveur du changement et lisez notre nouveau rapport à l’adresse whenyoudontexist.eu

En haut : Des réfugiés afghans jouentau basket dans un ancien camp devacances, à Lesbos. Les habitants decette île grecque accueillent lesréfugiés et les migrants démunis etpréparent des repas pour eux tour àtour (avril 2013).Au milieu : La lessive sèche, et lesmigrants attendent les papiers nécessairespour rejoindre d'autres pays d'Europe.À droite : Des migrants sur la placeprincipale de Mytilène à Lesbos, enGrèce (avril 2013).

a chaviré et 27 réfugiés, afghans pourla plupart, se sont noyés près deMytilène, la ville principale de Lesbos.Seul un adolescent de 16 ans asurvécu.

Le traitement réservé à ceux quis’en sortent, comme Ahmed, estchoquant. On nous raconté que desenfants ou des personnes souffrant dehandicaps étaient détenus dans descellules sordides et surpeuplées. Ceuxqui ne sont pas placés en détentionsont souvent laissés à la rue.

Les collaborateurs d’Amnestyrecueillent de nombreuses histoirespoignantes pendant ce type de visites.« Il est parfois difficile de supporter ceque vous entendez et voyez, confieGiorgos, mais il faut rester calme pourrecueillir des informations exactes,identifier le problème et voir ce à quoi ilfaut remédier. »

Un RESSERREMEnT DES lIEnSDE SOlIDaRITÉIl y a une lueur d’espoir dans cette partd’ombre de la Grèce. Dans le cadred’un projet associatif, des habitants deLesbos ont ouvert les bungalows d’une

Page précédente : Des migrants essaientde monter à bord d'un bateau des garde-côtes grecs avoir été interceptés lorsd'une patrouille nocturne.Ci-dessus : Une jambe artificielleéchouée sur le rivage, à Lesbos. Elleévoque le sort des centaines depersonnes qui se sont noyées dans lamer Égée alors qu'elles espéraienttrouver en Europe un avenir meilleur.

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19lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

«J e n’ai fait que participer à un combat pour lapaix, affirme la Kurde Sultani Acıbuca (ci-dessus à gauche, avec sa fille), 64 ans et six

petits-enfants. Mon unique souhait est qu’aucunefemme de ce monde ne souffre et que nos enfants – quisont la prunelle de nos yeux – ne nous soient pasarrachés et tués. »

Originaire de Mardin, dans le sud-est de laTurquie, Sultani est une membre active des Mèrespour la paix, un groupe réunissant des femmes dontles enfants sont morts ou ont été emprisonnéspendant le conflit qui, plusieurs décennies durant, a opposé l’armée turque au Parti des travailleurs duKurdistan (PKK), un groupe armé interdit.

Plus récemment, l’État et le PKK ont entamé despourparlers de paix. Le PKK réclame une meilleurereconnaissance des Kurdes de Turquie et l’autonomiepour les régions où les Kurdes sont majoritaires.

« nOUS vOUlOnS la PaIX. »Sultani a participé à six manifestations pacifiques àIzmir entre janvier 2006 et mars 2008. À l’occasion del’une d’elles, elle a prononcé un discours passionnéappelant à la fin du conflit entre l’armée turque et le PKK.

« La douleur des mères turques et kurdes est lamême, a-t-elle déclaré. Nous ne voulons plus que ces mères pleurent. Nous voulons la paix. »

Ses paroles ont provoqué le courroux desautorités et, en juin 2010, elle a été condamnée pour appartenance à une organisation terroriste. Elle a également été inculpée de propagandeterroriste, notamment pour avoir scandé des sloganstels que : « Vive la paix, vive Öcalan » et « Lesfemmes veulent la paix, pas la guerre ».

« J’aI MEnÉ Un COMbaT POUR QUE lE SanG ET lESlaRMES CESSEnT DE COUlER DanS MOn PayS. »

La décision du tribunal de condamner Sultani se fondait sur son action militante au nom des Mèrespour la paix. Les juges ont soutenu que ce groupeétait lié au PKK, sans présenter de preuve à l’appui.

Lorsque le verdict est tombé, sa famille et elle ontété anéanties. « Nous nous sommes assises avec ma fille et nous avons pleuré, a raconté Sultani. J’ai embrassé un par un tous mes enfants et petits-enfants pour qu’ils me donnent un peu de force. »

aCCUSÉS DE PROPaGanDEL’histoire de Sultani n’est qu’un des nombreuxexemples qui ont vu l’État s’appuyer sur les loisantiterroristes pour étouffer les opinions dissidentesconcernant les droits et la politique kurdes. Lesdiscours ou écrits politiques et la participation auxmanifestations servent de plus en plus souvent depreuves contre les militants, les journalistes, lesjuristes et d’autres.

Ces poursuites pénales constituent aujourd’huil’un des problèmes relatifs aux droits humains lesplus persistants en Turquie.

Le cas de Sultani est toujours en instance devantla Cour d’appel suprême. « J’ai mené un combatpour que le sang et les larmes cessent de couler dansmon pays, proclame Sultani. Si je vais en prison, je crois que je n’en sortirai pas vivante. »

aGISSEZÉcrivez aux autorités turques pour nous aider à éviter la prison à Sultani. L’Appel mondial en sa faveur, en pages 22-23,contient toutes les informations dont vous avez besoin.

UNE GRAND-MÈRE KURDE ENCOURT SIX ANNÉES DE RÉCLUSION DANS UNE PRISON TURQUE POUR AVOIR PRISLA PAROLE LORS DE RASSEMBLEMENTS POUR LA PAIX. AIDEZ-NOUS À FAIRE ANNULER SA CONDAMNATION.

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20lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

Quel était l’état d’esprit des Chiliens lorsquele coup d’État a eu lieu ?Nous avions vu le coup d’État arriver avant qu’il nesurvienne. C’était comme une tragédie grecque :tout le monde sait comment cela se termine, mais ilfaut quand même attendre que l’intrigue sedéroule. Mais nous n’aurions jamais cru que celatournerait aussi mal. Nous ne nous attendions pas àdes assassinats et à des disparitions : 3 200personnes ont disparu ou ont été tuées. Il estdifficile de savoir avec précision combien depersonnes ont été torturées, mais il y en a euassurément plusieurs dizaines de milliers. Ils ontcommencé par utiliser les journaux et la radio pourdemander à certaines personnes de se livrer. Monchef était sur la toute première liste de noms. Jeme suis dit que je risquais de figurer sur ladeuxième, et je me suis caché avec ma premièreépouse et mes deux filles chez un ami, en banlieue.Ils ont imposé un couvre-feu qui a duré 12 ans.Certaines fêtes commençaient à minuit et seterminaient à 6 heures du matin : si vous voustrouviez dehors dans l’intervalle, vous risquiez eneffet d’être abattu.

Comment en êtes-vous arrivé à défendre lesdroits humains ?J’enseignais le droit à l’université catholique àl’époque du coup d’État, et beaucoup de mes amisde l’université étaient en prison ou avaient disparu.

« PInOCHET EST UnESOUIllURE POUR lE PaySET POUR lE MOnDE. »

Leurs familles sont venues voir le juriste quej’étais en me demandant mon aide. Mais qu’est-ce que je pouvais faire, sinon faire la queue avecelles au Stade national de Santiago avec de lanourriture et des vêtements, en espérant qu’ilsparviendraient aux personnes qui y étaientenfermées ? Mais les gens ont besoin de savoirqu’ils ont un juriste à leurs côtés. Cela lestranquillise un peu de savoir qu’ils ont fait toutce qu’ils pouvaient pour leurs proches.

Puis on m’a demandé d’intervenir en faveurde quelqu’un qui encourait la peine de mort àPuerto Montt, une ville du sud du Chili. Je mesuis dit que j’aurais besoin de protection pourm’y rendre et j’ai contacté les évêques, bien quen’étant pas croyant moi-même. On m’a remis unelettre pour l’évêque de Puerto Montt et l’on m’aparlé du projet de ce qui allait devenir le Comitépour la paix [le Comité pro Paz, créé par lesÉglises chrétiennes et des représentants juifs, aapporté une assistance notamment juridique auxvictimes et aux familles jusqu’au mois dedécembre 1975].

Comment pouviez-vous agir en tant quejuriste et militant des droits humains ? Simplement pour vous donner une idée del’ampleur de la première rafle, environ 18 000personnes ont été détenues dans le Stade

C’EST lE COUP D’ÉTaT MIlITaIRE DE 1973 aU CHIlI QUI a FaIT DE JOSÉ ZalaQUETT Un MIlITanT DES DROITSHUMaInS. QUaRanTE anS PlUS TaRD, Il S’ESTEnTRETEnU avEC lE FIl DE CETTE PÉRIODE TROUblÉE,DE la DÉTEnTIOn ET DE l’EXIl QU’Il a SUbIS, aInSIQUE DE la lUTTE DE lOnGUE HalEInE POUR QUE JUSTICE

SOIT EnFIn REnDUE aUX MIllIERS DE PERSOnnES QUI OnT ÉTÉ TUÉES, TORTURÉESOU QUI OnT DISPaRU SOUS lE RÉGIME DU GÉnÉRal aUGUSTO PInOCHET.

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CHIlE

21lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

national de Santiago. Nous avons réagi commenous l’avions toujours fait, en nous appuyant sur ledroit pour réclamer la justice, mais nous avonségalement engagé des procédures juridiques pourréunir des informations [sur le lieu de détentiondes personnes arrêtées]. Au départ, nous étionscinq ou six dans le Comité pour la paix. En janvier1974, nous étions 150. Nous disposions de fondsillimités grâce au Conseil œcuménique des Églises,situé à Genève, qui recevait des dons du mondeentier. Le gouvernement voyait notre action d’unmauvais œil et il nous fallait être très prudents.Néanmoins, nous bénéficiions de la protection del’Église : nous avions un cardinal dans nos rangs,et c’était très important.

Que s’est-il passé lorsque vous avez étéarrêté ?En novembre 1975, à 1 h 30 du matin, on a toquéà la porte – et vous savez qu’à cette heure de lanuit, ce n’est pas un ami qui vous rend visite. Jeleur ai demandé si je devais apporter unecouverture et ils m’ont répondu : « Bonne idée ».J’ai dit à ma femme de ne pas s’inquiéter et j’aipris un Valium dans notre trousse de pharmaciepour apaiser ma nervosité au cas où ilsm’interrogeraient. Puis ils m’ont emmené.

Cette semaine-là, ils ont arrêté 22 d’entre nousparce qu’ils avaient découvert que nous avions unréseau dans les ambassades pour aider les gens à obtenir l’asile et que nous venions en aide auxpersonnes qui avaient été torturées.

Il existait trois types de centres de détention :ceux où les gens étaient torturés et peut-être tués –je n’y suis jamais allé ; ceux où les gens étaientdétenus au secret – juste après leur arrestation,comme ce fut mon cas, ou après avoir été torturés,pour se rétablir, ce qui était le cas pour la plupartdes gens qui se retrouvaient là ; enfin, le troisième,les camps dont les détenus pouvaient recevoirla visite de leurs proches une fois par semaine.

La première fois, j’ai été détenu pendant deuxmois et demi. Ils se sont dit que j’avais compris lemessage et que je ne me remettrai pas au travail.La deuxième fois, j’ai été détenu pendant 13 jours,en avril 1976, parce que j’avais refusé de quitter lepays de mon plein gré.

Que s’est-il passé après qu’ils vous ontenvoyé en exil ? Ils m’ont envoyé en France et, au bout de huitmois, je suis parti aux États-Unis. C’est là que j’airejoint Amnesty International. J’ai été élu au bureauexécutif de la section américaine d’Amnesty et, en1979, au Comité exécutif international. Je suistoujours membre d’Amnesty.

Nous avons organisé des rassemblements, desgrèves de la faim, nous avons fait pression sur desmembres de la Chambre des représentants et dessénateurs, nous avons publié des articles dans lapresse, etc. Au bout de 10 ans, l’armée m’a faitsavoir que je pouvais rentrer au Chili. Jusque-là, ils me laissaient rentrer deux ou trois semaines à Noël, ce qu’ils présentaient comme un geste « humanitaire ».

avez-vous le sentiment que justice a étérendue aux victimes, et jusqu’à quel point ?Que reste-t-il à faire ?Je pense que, de la quarantaine de pays qui ontconnu une justice de transition à travers le monde,l’Argentine et le Chili sont ceux qui sont allés leplus loin.

Au Chili, il y a eu deux commissions pour lavérité. En 1990-1991, j’ai fait partie de celle dontles travaux portaient sur les personnes mortes oudisparues. Plus tard, une autre s’est penchée surl’emprisonnement politique et la torture. Desprogrès notables ont également été accomplis enmatière de réparation.

Concernant la justice, quelques progrès ont étéréalisés. Près de 160 personnes ont purgé oupurgent actuellement des peines de prison et descentaines d’autres font l’objet de poursuitesjudiciaires.

Aujourd’hui, Pinochet n’est plus qu’un souvenir.S’il a incarné le visage de la junte qui a eu lepouvoir pendant 17 ans, il n’est plus aujourd’huiqu’un mauvais souvenir, une souillure pour le payset pour le monde.

aGISSEZSignez notre pétition pour demander aux autorités chiliennes de protéger les droits humains, notamment en abrogeant la loi d’amnistie de 1978 qui a amnistié des auteurs de violations des droits humains. Rendez-vous à l’adresse bit.ly/chilepetition (en anglais ou en espagnol)

© Julio Etcha

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Un défilé militaire sous le régime de Pinochet, au Chili.

Amnesty lance des appels mondiaux en faveurde personnes qui sont en danger ou ont subi desatteintes aux droits humains. Vous trouvez dansle texte de chaque appel tous les élémentsnécessaires pour exiger un changement ouexprimer votre soutien.

aPPElSMOnDIaUX

AGISSEZ POUR LES PERSONNESEN DANGER

22lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

Un ÉTUDIanT TOUJOURS En DanGER

Jean-Claude Roger Mbede, étudiant, a été condamnéà trois ans d’emprisonnement le 28 avril 2011 pour« homosexualité et tentative d’homosexualité »,actes que le Code pénal camerounais punit par despeines de détention de six mois à cinq ans et desamendes pouvant atteindre 200 000 francs CFA (300euros). Les gendarmes l’ont arrêté après avoir lu desSMS que Jean-Claude Roger Mbede avait envoyés àun homme de sa connaissance. Amnesty Interna-tional le considère comme un prisonnier d’opinion,détenu uniquement à cause de son orientationsexuelle réelle ou perçue.

Les gendarmes qui ont arrêté Jean-Claude RogerMbede le 2 mars 2011 l’ont maintenu en détentionpendant sept jours à la gendarmerie du Lac, àYaoundé, avant son inculpation officielle. Il a ensuiteété transféré à la prison centrale de Kondengui, unétablissement surpeuplé où les conditions sanitairessont déplorables et la nourriture insuffisante.

Le 3 mai 2011, l’avocat de Jean-Claude RogerMbede a fait appel de la décision, mais la procédurea été retardée. Après avoir bénéficié d’une mise enliberté provisoire le 16 juillet 2012, avant son procèsen appel, Jean-Claude Roger Mbede a été agressépar quatre hommes non identifiés à l'extérieur ducampus de l'université de Yaoundé, le 15 décembre2012. Deux jours plus tard, la cour d’appel deYaoundé a confirmé le jugement.

De crainte d’être de nouveau arrêté pourpurger le reste de sa peine, Jean-Claude RogerMbede a décidé de se cacher en attendant depouvoir former un recours contre l’arrêt de la courd'appel de Yaoundé. Écrivez aux autorités camerounaises pour leur demander d’annuler la condamnation de Jean-ClaudeRoger Mbede. Exhortez-les à ne pas replacer Jean-Claude Roger Mbede en détention et à veiller à saprotection contre les agressions physiques oupsychologiques des gendarmes ou du public.adressez vos appels à l’adresse suivante :

Paul biyaPrésident de la République du Camerounbureau du présidentboîte postale 100 - yaoundé - CamerounFax : +237 222 0870Courriel : [email protected] d’appel : Monsieur le Président,

Regardez une vidéo à l’adresse suivante : bit.ly/jean-claude-mbede

ÉTUDIanTS COnTESTaTaIRESCOnDaMnÉS À DE lOURDES PEInESAu Laos, deux anciens militants étudiantspurgent une peine de 20 ans d’emprisonnementpour avoir tenté de brandir des affiches faites pareux et revendiquant des changements politiques,sociaux et économiques dans le pays. Avec 30 autres membres du Mouvement des étudiantslaotiens pour la démocratie, ThongpaseuthKeuakoun et Seng-Aloun Phengphanh avaient étéempêchés d'exposer leurs affiches avant d'êtrearrêtés, en octobre 1999.

Les deux hommes sont incarcérés dans laprison de Samkhe, à Vientiane, principal centrepénitentiaire du Laos. Les conditions de détentiony sont rudes : les soins médicaux et l’alimentationsont insuffisants. La torture et autres mauvaistraitements sont monnaie courante. Seloncertains témoignages, les prisonniers se voientassigner des tâches presque impossibles àaccomplir et sont sévèrement punis s’ils n’yparviennent pas.

D’après les médias officiels laotiens, uncomité national d’orientation sur les droitshumains a été créé pour « stimuler l’action dugouvernement du Laos en faveur de la promotionet de la protection des droits humains », ce quireprésente une occasion à saisir pour sensibiliserl’opinion au cas de ces hommes.

Écrivez au président du comité d’orientation pour exhorter les autorités à libérer Thongpaseuth Keuakoun et Seng-aloun Phengphanh sans délai et sans condition. Demandez-lui de veiller à ce que ces deux prisonniers, tant qu’ils n’auront pas été libérés, soient traités avec humanité, puissent régulièrement recevoir la visite de leurs proches et bénéficient le cas échéant de soins médicaux, conformément aux normes internationales en matière de droits humains. adressez vos appels au :

Directeur du bureau du président etPrésident du comité national d’orientationsur les droits humainsPhongsavath bouphaPresidential PalaceSetthathirath - vientianeRépublique démocratique populaire laotienneFax: + 856 21 214208Formule d’appel : Dear Minister, /Monsieur le Ministre,

TURQUIE annUlaTIOn DE laCOnDaMnaTIOn D'UnObJECTEUR DE COnSCIEnCEHalil Savda, défenseur des droitshumains et objecteur de conscience, a fait l'objet d'un Appel mondial enjanvier-février 2012. Sa condamnationpour avoir « provoqué l'hostilitépublique envers le service militaire » a été annulée par la Cour d’appelsuprême le 11 février 2013. Elle étaitliée à un discours qu'il avait prononcéen 2010 en soutien à un autreobjecteur de conscience, EnverAydemir. La Cour a aussi recommandéune suspension de l'instance, à conditionque ce justiciable ne renouvelle pas cetteinfraction dans un délai de trois ans.Halil Savda doit comparaître le 18 juillet2013 à Istanbul pour une premièreaudience dans une autre affaire, elleaussi liée à sa campagne contre lecaractère obligatoire du service militaire.Amnesty continue à faire campagne

pour que Halil Savda ne soit paspoursuivi ni emprisonné pour avoirexercé son droit à la liberté d'expression.

PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉElIbÉRaTIOn DE TROIS FEMMESaCCUSÉES DE SORCEllERIEUne femme grièvement blesséeaccusée de « sorcellerie » ainsi queses deux filles, retenues par despersonnes de leur entourage à Lopele,district de Bana (Bougainvilleméridional), ont été libérées en mai à lasuite de l'intervention des autorités.Elles étaient captives depuis plusieurssemaines. L'intérêt porté à cette affaireet les pressions internationales ontincité la police de Bougainville à faireen sorte que des hauts responsablesnégocient la libération de ces femmes.Amnesty a fait campagne pourdénoncer la violence exercée contredes femmes en Papouasie-Nouvelle-Guinée au motif qu'elles se livreraientà la sorcellerie (voir « Une potionvénéneuse », LE FIL de mai-juin 2013).

En avril, le Premier Ministre de cepays a annoncé son intention d'abrogerla loi relative à la sorcellerie, quiautorise un auteur d'agression ou demeurtre à invoquer commecirconstance atténuante des allégationsde sorcellerie. Le 28 mai 2013, cetteloi a été abrogée par le Parlement.Cependant, de nouvelles lois ont étéadoptées qui réintroduisent la peinecapitale pour les homicides ou autrescrimes liés à la sorcellerie.

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CaMEROUnJEan-ClaUDE ROGER MbEDE

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la PRISOn aU TERME D’Un PROCèS InÉQUITablELes 12 et 13 septembre 2011, la police a arrêtéNassim Salimzoda et quatre autres habitants deKhojai Alo, village de la région de Soghd, auTadjikistan, pour leur participation présumée àl’homicide d’un militaire. Nassim Salimzoda et lavictime avaient tous deux assisté à un mariage le11 septembre. Des habitants ont dit à la policeavoir vu plusieurs hommes d'un autre villagefrapper la victime et la forcer à monter dans unevoiture. Ils ont relevé l’immatriculation du véhicule,mais la police locale a refusé d’exploiter cette pisteet aurait torturé des témoins pour les contraindreà revenir sur leur déposition.

Des policiers d’Isfara ont placé en détentionNassim Salimzoda et les quatre autres hommes etles auraient torturés jusqu’à ce qu’ils « avouent »l'homicide, le 13 septembre. Ils se sont rétractésle 15 septembre. Nassim Salimzoda aurait été privéde nourriture et de sommeil pendant trois jours etroué de coups pendant sa détention.

Les 20 et 21 septembre 2011, tous les cinqont été inculpés d'homicide. En février 2012, à lasuite de plaintes des familles au sujet desallégations de torture, les faits qui leur étaientreprochés ont été requalifiés en « coups etblessures ayant entraîné la mort ». Le 7 mars2012, ils ont été condamnés à des peines allant de10 à 12 ans d’emprisonnement.

veuillez écrire aux autorités pour les exhorter à ouvrir une enquête impartiale et efficace sur les allégations de torture et d’autres mauvais traitements infligés à nassim Salimzoda et à ses quatre coaccusés au cours de leur détention, en septembre 2011. Priez-les également d’accorderaux cinq accusés un nouveau procès conforme aux normes internationales d’équité des procès. Demandez-leur d’obliger les tortionnaires à répondre de leurs actes dans le cadre d’une procédure équitable. adressez vos appels à :

President Emomali RahmonPresidentu Respubliki Tajikistan80 Rudaki Street734023 DushanbeTadjikistanFormule d’appel : Dear President, /Monsieur le Président,

aPPElS MOnDIaUX

En PRISOn aPRèS DEUXCOnDaMnaTIOnS À PERPÉTUITÉLeonard Peltier, Amérindien Anishinaabe-Lakota,purge deux peines consécutives de réclusion àperpétuité pour le meurtre de deux agents duBureau fédéral d’enquêtes (FBI), en 1975. AmnestyInternational a toujours de sérieux doutes quant àl’équité du procès qui a abouti à sa condamnation.

Leonard Peltier était un membre dirigeant duMouvement indien d’Amérique (AIM), qui défendles droits des Amérindiens. Le 26 juin 1975, aucours d’un affrontement avec des membres del'AIM dans la réserve de Pine Ridge (Dakota duSud), deux agents du FBI, Ronald Williams et JackColer, ont été abattus.

Leonard Peltier a été déclaré coupable de leurmeurtre en 1977, mais il a toujours nié avoir tirésur les deux hommes. Myrtle Poor Bear, Amérin-dienne Lakota qui assurait avoir été témoin dumeurtre des agents par Leonard Peltier, s’estensuite rétractée en affirmant avoir été menacéeet harcelée par le FBI. Son témoignage avait étéutilisé à l’appui de l’extradition de Leonard Peltierpar le Canada. Certes, Myrtle Poor Bear n’a pasété convoquée comme témoin à charge lors duprocès, mais elle n’a pas pu être citée commetémoin à décharge. En outre, certains documentsnon divulgués lors du procès mais diffusés par lasuite en vertu de la Loi sur la liberté d’informationcontenaient des éléments qui auraient pucontribuer à la défense de l’accusé.

Aujourd’hui âgé de 69 ans, Leonard Peltiersouffre de problèmes de santé, notamment dediabète. Il ne peut pas solliciter de libérationconditionnelle avant 2024.Écrivez au président barack Obama pour lui faire part de votre préoccupation concernant l’équité de la procédure ayant abouti à la condamnation de leonard Peltier et les éléments à charge sur lesquels elle repose. Observez que toutes les voies de recours juridiques ont été épuisées, que leonard Peltier ne peut pas solliciter de libération conditionnelle avant 2024 et qu’il a passé plus de 36 ans en prison. affirmez que la meilleure manière de servir les intérêts de la justice serait maintenant de le mettre en liberté.

President barack ObamaThe Whitehouse, 1600 Pennsylvania avenue nWWashington DC 20500, USaFax : +1 202 456 2461Courriel : [email protected] d’appel : Dear Mr President, /Monsieur le Président,

la FIllE D’Un DISPaRU POURSUITSOn COMbaT POUR la JUSTICETita Radilla fait campagne depuis plus de 30 ans enfaveur des victimes de disparitions forcées auMexique. Elle est la vice-présidente de l’Associationdes familles de détenus disparus (AFADEM), quiréclame justice pour les personnes disparues lors dela « guerre sale » (des années 60 aux années 80), aucours de laquelle la police et l’armée ont mené desopérations anti-insurrectionnelles contre des partisanssupposés de petits groupes armés d'opposition.

Le père de Tita, Rosendo Radilla, a été victimed'une disparition forcée aux mains de l’armée dansl’État de Guerrero, en 1974. Son arrestation n’ajamais été reconnue officiellement. Face à l’échecdes institutions de l’État à faire progresser l’enquête,Tita Radilla s’est tournée vers la Cour interamé-ricaine des droits de l'homme, qui a rendu unedécision en sa faveur en 2009. La Cour a ordonné àl’État d’obliger les responsables de la disparitionforcée de son père à rendre des comptes et de retireraux juridictions militaires leur compétence pourdiverses affaires dont celles concernant des atteintesaux droits humains. Malgré certaines démarchesvisant à localiser les restes de Rosendo Radilla, aucunede ces deux demandes n’a encore été respectée.

Récemment, le Mexique a assisté à uneexplosion de la criminalité violente et des violationsdes droits humains commises par les forces desécurité lors des opérations de maintien de l’ordre. Le nombre de disparitions a augmenté considé-rablement, notamment celles où des représentantsde l’État jouent un rôle.

Écrivez aux autorités pour leur demander instamment de mener une enquête complète sur la disparition forcée de Rosendo Radilla et de traduire les responsables en justice. Exhortez-les à localiser les restes de Rosendo Radilla, à accorder des réparations dignes de ce nom à sa famille et à réformer le Code dela justice militaire afin que tous les cas de violations des droits humains commises par du personnel militaire soient traités par desjuridictions civiles, conformément à la décisionde la Cour interaméricaine des droits de l'homme. adressez vos appels à :

Président du MexiqueEnrique Peña nietoResidencia Oficial de “los Pinos”Col. San Miguel ChapultepecMéxico D.F., C.P. 11850 - MEXIQUEFax : +52 55 5093 4901 Courriel :[email protected] d’appel : Dear Mr President, /Monsieur le Président,

aTTEInTES À la lIbERTÉD'EXPRESSIOn D’UnE MIlITanTELe 9 juin 2010, Sultani Acıbuca, 61 ans, grand-mère, a été condamnée à six ans et trois moisd’emprisonnement pour appartenance à uneorganisation terroriste. Sa condamnation reposesur sa participation à six manifestationspacifiques dans la ville d'Izmir, en Turquie, entrejanvier 2006 et mars 2008, et sur un discoursqu’elle a prononcé à l’occasion de l’une d’elles.

Sultani Acıbuca est membre active des Mèrespour la paix, un groupe de femmes dont les enfantssont morts ou ont été emprisonnés à la suite duconflit entre l'armée turque et le Parti destravailleurs du Kurdistan (PKK). Son discours lorsde la manifestation était un appel à la paix et à lafin du conflit.

La décision du tribunal se fonde sur lesactivités de Sultani Acıbuca au nom del’organisation des Mères pour la paix, qui serait liéeau PKK et promouvrait la propagande terroriste, a-t-il estimé. Or, l’accusation n’a produit aucunélément démontrant que des liens existent entre legroupe et le PKK, si ce n’est que les manifestationsont eu lieu et ont été couvertes par Roj TV, unechaîne de télévision kurde basée au Danemark etprésumée avoir des liens avec le PKK.

Bien que Sultani Acıbuca ne soit pas endétention provisoire, son dossier est toujours eninstance devant la Cour d’appel suprême.

Écrivez pour demander aux autorités de veillerà l’annulation de la condamnation de Sultani acıbuca et au respect de son droit à la liberté d'expression, afin qu’elle puisse participer à des manifestations sans craindre d’être persécutée. Exhortez-les à modifier le Code pénal et la loi antiterroriste afin d'empêcher que le droit à la liberté d’expression soit bafoué par de nouveaux procès abusifs. adressez vos appels à :

Ministre de la JusticeSadullah ErginMinistry of Justiceadalet bakanlığı06659 ankara TurquieTél. : +90 312 419 46 69 (6 lignes)Fax : +90 312 417 71 13Courriel : [email protected] d’appel : Dear Minister, /Monsieur le Ministre,

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ÉTaTS-UnIS lEOnaRD PElTIER

23lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

... et diffuséeaux membres de chaque réseau AU

national

Des milliersde lettres, fax, emails rédigés

par ces membresaffluent dans

les bureaux desautorités ciblées

AUTOR

la première action urgentediffusée par amnesty, voilà 40 ans, était une nouvelle bouéede sauvetage lancée par lesmilitants aux personnesemprisonnées. Une méthode quiporte toujours ses fruits.

Le concept était audacieux :demander à des milliers de gens dumonde entier d’envoyer un courrier àquelqu’un de haut placé en l’invitant àlibérer un prisonnier. C’est en 1973que nous l’avons étrenné en publiant,

24lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

lES aCTIOnS URGEn UNE IDÉE SIMPLE

Au Venezuela, des militants courent pour « arrêter les balles » (avril 2013). #BastadeBalas

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25lE FIl [ JUIl/aOÛT 2013 ]

aCTIOnS URGEnTES

PERSON NES EN DANGERLes informations

sont collectées par les chercheurs d’AI

L’AU est publiéeet traduite

en plusieurs langues

L’AU est envoyéedans chaque section

nationale d’AI

.

U

1/3 des AU ont un impactpositif concret

AUAI

= action urgente = Amnesty International

RITÉS

NOUS FÊTONS 40 ANS D’ACTIONS URGENTES :

« JE SavaIS QU’IlS nE POUvaIEnT PlUS ME TUER. »

nTES, COMMEnT ça MaRCHE ? E

Dans un contexte d’informationspréoccupantes sur une vague derépression contre les opposantspolitiques à la dictature militaire duBrésil, le domicile du professeur Rossiavait été encerclé par la police militaire,armée de mitrailleuses, le 15 février1973. Il a été arrêté sans explication.

Son épouse, María, a été assignéeà résidence mais est parvenue à fairepasser un mot à un voisin l’informant

depuis nos bureaux de Londres, auRoyaume-Uni, une Action urgente (AU)accompagnée de l’essentiel desinformations sur une personne en danger.

Et cela a marché. L'AU a incité desgens du monde entier à prendre leurplume pour exprimer leur indignation.Ensemble, ils ont permis d’obtenir lalibération de Luiz Basilio Rossi,syndicaliste et professeur d’économie àl’université de São Paulo, au Brésil.

de l’arrestation de son mari. L’informationest finalement remontée jusqu’auxbureaux d’Amnesty à Londres.

Chercheuse à Amnesty à l’époque,Tracy Ulltveit-Moe avait eu ventd’informations inquiétantes faisant étatd'actes de torture dans des prisonsbrésiliennes. Pionnière en ce domaine,elle a suggéré d’inonder les autoritésbrésiliennes de lettres réclamant desnouvelles de Luiz Basilio Rossi et sa

libération immédiate. La méthode s’estavérée extrêmement efficace.

« NOUS AVONS REÇU UNEQUANTITÉ DE LETTRES ENPROVENANCE DU MONDE ENTIER »« Votre époux doit être plus importantque nous le pensions, a déclaré ledirecteur du Département de l’ordrepublic et du siège de la sûreté àl’épouse du professeur Rossi, parceque nous avons reçu une quantité delettres en provenance du monde entier. »

Le professeur Rossi a été libéré le24 octobre 1973. Il attribuera plus tardsa libération à l’action des militantsd’Amnesty. « Je savais que mon casavait été porté sur la place publique etqu’ils ne pouvaient plus me tuer. Lespressions dont je faisais l’objet se sontalors atténuées et mes conditions dedétention se sont améliorées. »

Aujourd’hui, l’AU est une méthodeéprouvée qui porte ses fruits et nous enavons diffusé des milliers dans notreréseau mondial Actions urgentes, fortde plusieurs milliers de militants. Cesderniers se tiennent prêts à rédiger descourriers et à envoyer des courriels,des fax et des tweets pour éviter quequelqu’un ne soit torturé ou subissed’autres mauvais traitements, obtenirsa libération, ou même lui sauver la vie.

Le nombre d’AU diffusées enfaveur d'habitants du Moyen-Orient etd’Afrique du Nord a augmenté aulendemain du « Printemps arabe » etl’on a enregistré une multiplicationspectaculaire des actions en faveur depersonnes en danger en Syrie à la suitedu conflit qui sévit dans le pays.

« Qu’il s’agisse d’un journaliste enLibye, d’un avocat en Chine, d’uncondamné à mort en Inde ou d’unmédecin au Bahreïn, notre rôle est clair– être assez bruyants pour quepersonne ne puisse faire la sourdeoreille », a résumé Kate Allen, de lasection britannique d’Amnesty, quipossède un réseau Actions urgentesdynamique.

« Les Actions urgentes permettentd’attirer rapidement l’attention sur lesort d’une personne et de lui éviterainsi d’être torturée ou détenueillégalement dans l’ombre », s’estfélicitée Bryna Subherwal, de l’équipePersonnes en danger d’Amnesty auSecrétariat international de Londres.

aGISSEZRejoignez le réseau Actions urgentes en contactant votre bureau local d’Amnesty ou envoyez un courriel à l’adresse [email protected]

© Amnesty International France

« nE SOUS-ESTIMEZJaMaIS lE POUvOIR DE vOTRE vOIX DanS la SOCIÉTÉ Où vOUSvIvEZ. C’EST lE CœUR DU MIlITanTISME : OSER DÉFEnDRE SES COnvICTIOnS. »

KaRabO, MIlITanTE ÉTUDIanTE,aFRIQUE DU SUD. vOIR PaGE 3.