«etude de l'evolution d'un systeme d'exploitation...
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RB>UBLIQUE FRANCAISE
MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE.
ET DE LA RECHERCHE
Délégation Généraleà la Recherche
Scientifique et TechniqueD.G.R.S.T.
Rf:PUBLIQUE DU MALI
MINISTÈRE
DU DI1VELOPPEMENT
Institutd'l1conomie Rurale
Centre de RecherchesZootechniques
de SOTUBAMALI
Direction Généralede l'aevage
Servicedu Pastoralisme
MALI
A.C.C. - LUTTE CONTRE L'ARIDITÉ EN MILIEU TROPICAL
«ETUDE DE L'EVOLUTION
D'UN SYSTEME D'EXPLOITATION SAHELIEN AU MALI»
COMPTE RENDU DE FIN D'I1TUDES
SUR LES SOLS ET LEUR SUSCEPTIBILITI1 A L'I1ROSION,
LES TERRES DE CURES SALI1ES,
LES FORMATIONS DE «BROUSSE TIGRI1E»
DANS LE GOURMA
par
J.C. LEPRUNMaître de Recherches O.R.S.T.O.M.
Mai 1978
Groupementd 'l1tudes et de Recherches
pour le Développementde l'Agronomie Tropicale
G.E.R.D.A.T.
Institut d'aevageet de
Médecine Vétérinairedes Pays Tropicaux
I.E.M.V.T.
L.A. 51 . C.N.R.S.Laboratoire d'Anthropologie
Socialedu Collège de France
et del'I1cole des Hautes I1tudes
en Sciences Sociales
Office de la RechercheScientifique et Technique
Outre-MerO.R.S.T.O.M.
Université de NiceLaboratoire d'l1cologie
des Régions Arides
U.E.R.Domaine Méditerranéen
AVANT-PROPOS
Ce rapport clôt les missions qui se sont déroulées durant trois
années consécutives dans le cadre d'une action complémentaire coordonnée
de la D.G.R.S.T. intitulée "Etude de l'évolution d'un système d'exploita
tion sahélien au Mali". Cette A.C.C~ entre dans le thème plus large de la
lutte contre l'aridité en milieu tropical.
Le volet pédologie de cette action pluridisciplinaire, confiée
à l'D.R.S.T.D.M., associe étroitement d'autres chercheurs et en particulier
des agrostologues maliens dont M. COLILIBALY, des botanistes et écologistes
de l'Université de I\lice (MI..,. BARRY, CELLES et LACDSTEl et G. BOUDET, agro
stologue de l'I.E.M.~.T.
Le présent rapport concerne le bilan des observations pédologi
ques dans le Gourma malien, zone dans laquelle la partie agrostologique est
étudiée par G. BOUDET et M. COULIBALY.
Un autre rapport viendra compléter les observations écologiques
de l~quipe du Professeur BARRY dont la zone géographique d'intervention est
limitée au Sud par le fleuve Niger et au Nord par la frontière algérienne
(Adrar des Iforas, Vallée du Tilemsi, Tamesna malien ... l.
Une année supplémentaire d'aide a été demandée pour poursuivre
certaines observations. A l'heure de cette rédaction nous ne savons pas en
core si elle a été acceptée. D'autre part les analyses pédologiques des é
chantillons préléves en fin d'année 1977 ne sont pas encore achevées.
Ce rapport mettra donc l'accent davantage sur les interpréta
tions et conclusions des études, que sur la démonstration scientifique ri
goureuse et chiffrée. Il sera plus qualitatif que quantitatif de manière à
être explicite au plus grand nombre d'utilisateurs que la masse des données
analytiques rebuterait.
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1 - OBJET DE L'ÉTUDE PÉDOLOGIQUE
La collaboration du pédologue auprès des agrostologues concerne
l'étude des sols steppiques et de leur sensibilité aux différentes érosions.
Initialement cette étude, élaborée par G. BOUDET, devait être
particulièrement orientée vers
1 0) la fragilité des sols
- sous l'action du pâturage,
- sous l'action de l'érosion superficielle,
- sous l'action de l'érosion éoliennè
et les possibilités de régénération des sols dégradés.
2°) la caractérisation des terres de cures salées
3°) la localisation des sites pour l'établissement de réserves
d'eau de surface.
Ce dernier point n'a pas été abordé. Il aurait nécessité d'une part des compé
tence hydrogéologiques qu'un pédologue ne possède pas, et d'autre part des
moyens techniques pour la réalisation de puits profonds, forages, études de
perméabilité ... que nous n'avions pas.
II - SITUATION ET FACTEURS DU MILIEU INFLUANT SUR LA PÉDOGENtSE
La figure 1 indique la délimitation de la zone de travail.
Le Gourma de la boucle du Niger est une entité géographique ca
ractérisée par :
1°) un climat sahélien dont les éléments principaux sont:
la pluviométrie (fig. 2) localisée durant une courte pé
riode estivaIs de 1 à 3 mois, inférieure à 500 m. La
pluviométrie annuelle moyenne est de 421 mm à Hombori et
de 269 mm à Gao durant la période 1920 ou 1922 à 1970
(GALLAIS 1975). Le nombre moyen de jours de pluie est
de 39 à Hombori et de 29 à Gao. Par rapport à l'ensem
ble du Mali et des pays limitrophes, les isohyètes s'in
fléchissent vers le SE c'est-à-dire vers le N de la
Haute-Volta et Niamey.
A la même latitude (16° par exemple), le Gourma est plus sec
que la région du Ferlo au Sénégal mais plus arrosé que les
régions correspondant au Niger et au Tchad.
- 3 -
Les variations interannuelles sont de forte amplitude, BOUDET
(1872) cite des coefficients de variations de 30 %. Des cy
cles d'années de sécheresse, comme celle qui a sévi de 1868
à 1873, se répètent à intervalles plus ou moins réguliers,
• une température élevée de l'ordre de 29 à 30° à Gao
et Hombori. La période de Décembre à Février est la
plus fraîche, les moyennes des minima descendant à
14°-15°,
• une évaporation moyenne annuelle importante estimée
à 3200 mm à Hombori et 4300 mm à Gao (fig. 2),
enfin, un régime des vents qui s'inverse avec le dé
placement du front inter-tropical (F.I.T.) :
- de Octobre à Avril à Gao les vents soufflent du N
et de l'E avec une préférence vers le NE. Les fré-
quences, de l'ordre de 30-40 % à la fin de la sai-
son des pluies, diminuent en fin de saison sèche,
- en Mai, le F.I.T. passe au-dessus de Gao, dès le
mois de Juin et jusqu'en Octobre, le vent dominant
souffle du SO avec des fréquences de 20 à 30 %
(données fournies par l'atlas international de
l'Ouest Africain O.U.A. 1874).
L'installation d'un pluviomètre à Gossi en 1975 dans le jar
din du Commandant et l'assurance de relevés scrupuleux par
ce dernier, permet de se faire une idée plus juste des pré
cipitations entre Hombori et Gao que l'intrapolation entre
ces deux stations rendait hasardeuse.
Les relevés de Gossi totalisent 182 mm en 1976 et 236 mm en
1977 contre respectivement 177 et 184 mm à Gao. Les relevés
mensuels sont consignés dans le rapport final de G. BOUDET
(1978, p. 12) qui les commente.
2°) des formations géologiques que REICHELT (1972) réunit, dans
la zone qui nous intéresse, sous le nom de "Groupe d'Ydouban"
et qui comprend schématiquement deux grands ensembles de ro
ches : des schistes argileux incluant des grès et des quar
tzites, et des schistes argileux comprenant les mêmes ro
ches mais aussi des calcaires et dolomies intercalés. La sub
division grossière précédente fait ressortir deux ensembles
de roches à peu près comparables se distinguant par le chi
misme. Les calcaires et dolomies fournissent des réactions
basiques au sol, alors que les schistes sont neutres ou
acides.
• HOMBORI
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... ,...... NIGER ' ......,'" ,....../'TOMBOUCTOU
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FIB. 2 ._ PLUVIOMÈTIUE ET ÉVAPORATION (Moyennes Annuelles en mm)
0' .,ris DUIIEF 1960 in BALLAIS ( 1975 )
- 't -
Outre ces formations précambrtennes puissantes. une grande
partie de la zone prospectée est recouverte par diverses
formations quaternaires qui masquent le substrat. Apparais
sent dans l'ordre croissant d'âge:
- des alluvions récentes en bordure du Niger.
un manteau éolien dunaire épais.
- des alluvions anciennes ourlant la vallée du Niger
au N et occupant la ride N.S. de la piste Baouno
Gossi (RADIER 1959).
3°) le modelé du Gourma central est celui d'un bas-plateau d'al
titude 250 à 300 m dont la monotonie est rompue par les crê
tes rocheuses alignées S.S.E.-N.N.W. de grès quartzites et
de schistes cuirassés. (Ainsi de part et d'autre de la piste
GOSSI-GOURMA-RHAROUS par exemple) et par de grands aligne
ments dunaires orientés ENE-SSW.
L'endoréisme est dominant et conduit à la constitution de
chapelets de mares dont certaines sont permanentes. celle
de Gossi en particulier.
4°) les formations végétales sont étudiées en détail dans les
rapports phytosociologiques et agrostologiques. Signalons
simplement qu'autour du 16ème parallèle (Gossi) se dévelop~
pent. quand le substratum est recouvert de sable des prai
ries à Cenchrus biflorus3 Schoenfeldia gracilis 3 APistida
mutabilis ... et à strate arbustive constituée d'Acacia
laeta3 A. raddiana3 A. erhenbergiana3 Balanites aegyptiaca3
Commiphora afPicana et Euphorbia balsamifera.
5°) les:formations'pédologiques ont été antérieurement peu ou
pas étudiées. Seulffila carte mondiale des sols au 1/5.000.000°
et celle de l'Atlas de l'Ouest Africain à la même échelle
(BOULET et al. 1971) portent des indications sur la zone
étudiée. Nous avons extrapolé la partie malienne de cette
carte à partir de la connaissance et de l'aspect photo
interprétatif des sols du Niger. de la Haute-Volta et du
Sénégal.
Dominent au N de Gossi. les sols bruns rouges subarides et
les sols bruns rouges peu différenciés sur sables éoliens.
et au S. les mêmes sols associés à des sols peu évolués
gravillonnaires et à des affleurements de cuirasse.
Les observations de terrain confirment la généralité de ces
sols avec certaines restrictions et limitations qui sortent
du domaine de cette étude.
- 5 -
III - PLAN DES DIFFËRENTES PARTIES
Plusieurs chaînes de sols ont été réalisées sur les différents
modelés dunaires sableux éoliens d'une part, sur des formations de "brous
se tigrée" développées sur différents substrats et échelonnés latitudina
lement d'autre part.
De nombreuses observations ont été relevées sur les principales
terres de cures salées du Gourma.
La figure 3 indique la localisation de ces différents points
d'étude.
Nous subdiviserons l'exposé de nos observations en trois parties distinctes
A. Les formations sableuses dunaires, les sols qui s'y dévelop
pent et les manifestations érosives qui les affectent.
B. Les terres de cures salées.
C. Les formations de "brousse tigrée".
A. LES FORMATIONS SABLEUSES DUNAIRES, LEURS SOLS ET LES EROSIONS QUI LES
AFFECTENT
Le Gourma malien est recouvert en grande partie par une couverture
sableuse éolienne. Cette couverture est fixée par la végétation mais le sable
est remis en mouvement en diverses positions suivant le modelé.
Ce qui frappe en premier l'observateur qui traverse cette région,
est la présence fréquente. sur toutes les dunes, de plages isolées, dénudées,
de sables battant à surface plane ou faiblement concave de quelques mètres à
une dizaine de m2 d'extension. Déjà en 1959 ROSSETI (1963) avait fait cette
observation.
Plusieurs auteurs ont traité des sables dunaires de la boucle du
Niger. Citons TRICART (1959 et 1965), BLANCK (1968), GALLAIS (1975).
BLANCK (1968), corrélant ses observations avec celles de GAVAUO
(1967) au Niger et de MICHEL (1967) au Sénégal, établit l'existence de deux
ergs au Quaternaire moyene et récent.
Les travaux de BOULET (1967) en Haute~Volta, de LEPRUN (1968) en
Haute-Volta et au Sénégal (1971) établissent l'existence de trois systèmes
dunaires distincts appuyée sur des différenciations pédologiques, biologi~
ques et géomorphologiques.
Le plus ancien serait anté~inchirien (plus de 40 000 ans), le
second ogolien (18 000 - 20 000 B.P.), le plus jeune aurait entre 7 000 et
5 500 années B.P.
4°
HAUTE
o1
VOL TA
60 Km1
0°
...........-'"L.-.....;~..:;;.---_....."""--&-------.......~---------------- ......--...14°
• Cure salée x S6quences de 80Ia / / / Zone prospeet6e
FIG.3 Situation des points d'étude dans le GOURMA MALIEN et la BOUCLE DU NIGER
A11
- 6 -
2. Observations morphologiques:
Le modelé dunaire n'apparaî~pas uniforme entre Gossi et Doro.. --(.,et s~r une transversale N-S Gossi-Gàurma~Rharous.
Trois ~nsembles peuvent être distingués : des cordons élevés à. .relief juvénile très pentû. des dunes rondes à convexité moyenne. et des
-. .t
ondulations très aplanies. Ces formes. si elles se répartissent quelque~
fois en entités d'une certaine extension. ~ont aussi fréquemment enchevêtrées .
•Les manifestations des différentes formes d'érosion et la réparti-
tion de la végétation étant sensiblement différentes sur ces différents mode
lés. nous avons réalisé 4 toposéquences comprenant en tout 29 profils de
sols. Chaque toposéquence relie par la ligne de plus grande pente. le point
le plus haut de la formation sableuse au point le plus bas de l'interdune.
a) Caractères des sols et des modelés sableux émoussés :
Nous les avons étudiés au lieu dit Tin Adiourouf sur la piste de
Doro à Gao (localisation: 1001o'30"N - o035'30"W). sur les indications de
G. BOUDET qui y avait révélé cinq années auparavant. une dégradation impor
tante de la strate herbacée et arbustive.
Environnement : les dunes sont courtes et de faible amplitude. La végétation
est pauvre. El~e consiste en plages d'espèces herbacées hautes (Panicum tur
gidum~ Aristida mutabiZis~ Cenchrus bifZorus ... ) et basse (HeZiotropium),... .
en juxtaposition avec des plages d'assez grande étendue (10 à 30 m2) entière-
ment dénudées durcies rouges.
Le sommet de la topo~équence ADI II révèle les traces récentes de
campement d'hivernage de pasteurs. A l'endroit du parcage. le sable piétiné
est densément colonisé par des touffes de Cenchrus bifZorus vivaces.
Cette même séquence présente en bas de pente des Acacia erhenber
ginia morts et de petits Acacia senegaZ en repousse.
La figure 4 résume les principales observations pédologiques re
levées sur les profils des 2 toposéquences.
Profil type : ADI 2. toposéquence ADI 1.
Aspect superficiel : juxtaposition de plages de 10 à 30 m2 rouges. durcies.
entièrement dénudées et de plages herbacées.
Situation : profil situé à mi-pente de la dune.
Description
0-16 cm : brun rouge à peine grisé (5 YR 5.5/8). Très sableux, Structure
massive à débit à tendance prismatique 15-20 cm par fentes
verticales. Structure lamellaire peu cohésive en surface. Co
hésion d'ensemble moyenne. Enracinement fin très faible. lo
calisé surtout dans les fentes.
FIG.4. SCHÉMAS DES TOPOSÉQUENCES GOSI,ADI I etJI
TOfIOSÉOUENCE GOS I
--l1mSm
10
~
8
~
7
~
6
~
5
~
4
J3
J2
J
3
J
1
J
2 1
J l
~1m
10m
TOPOSÉOUENCE ADI l .~ . NoduhtI ferrugineux....1 0 Dépôts sableux successifs
~... '".... :
FR Horizon A Intact ou tronqult
rm 22Horizon (B) brun rouge J
lITZTI Horizon C matériau sableux rose. :.. : 1-
ITIIll Matériau sableux jaune
t Profil étudié
21
TOPOSÉOUENCE ADI][ J
~'m
16-50 cm
A12
- 7 -
brun-rouge tendant vers le jaune. Homogène. Structure massive
à cohésion plus faible d'ensemble. Enracinement fin très fai
ble. Restes d'anciennes racines.
(B)21
(B)22
(B)fe
50-102 cm: jaune beige (6,75 YR 6/8). Homogène. Sableux. Structure mas
sive peu cohésive. Remontées biologiques jaune safran du bas.
Même enracinement. Passage progressif à
102-160 cm: jaune safran (10 YR 6/8). Peu homogène. Un peu plus sableux
(sables grossiers). Moyennement cohésif. La cohésien augmente
vers le bas par cimentation des grains par des hydroxydes de
fer rouille. Aucune racine.
160-180 cm: les plages indurées par le fer (5 YR 4,5/6) rouille, augmen
tent, la cohésion aussi, devenant moyenne à forte. Elles s'a
nastomosent en laissant des plages de sable jaune, fragiles,
entre elles.
Classification : ces sols, les plus évolués de tous les sols sur sables de
la région peuvent être classés comme intergrades (intermédiaires) entre
les sols brun-rouge subarides très différenciés et les sols ferrugineux
tropicaux peu lessivés peu différenciés.
En effet, plus au Sud, vers N'Oacki, les sols ferrugineux sont spécifi
ques de ces ensablements, alors qu'au Nord de Gossi, les sols bruns sub
arides sont seuls présents.
Le profil décrit a des caractères des deux sols. Ceux des sols ferrugi
neux peu lessivés :
faible épaisseur,
- structure à tendance prismatique et cohésion de l'horizon A1,
- cohésion et début d'induration de l'horizon (B) et ceux des sols bruns,
- faible différenciation en horizons,
- homogénéité du haut du profil,.
Caractères analytiques le tableau 1 groupe les résultats des analyses
physico-chimiques.
Caractères granulométriques : de nombreuses granulométries de sables ont été
effectuées sur des échantillons prélevés à 50 cm. Les courbes de fréquence
obtenues à partir des courbes cummulatives en ordonnées de probabilité
sont unimodales. Les médianes se situent à 0,20 mm, le mode à 0,22 mm et
le coefficient de triage So (Sorting Index de TRASK) est de 1,38 ce qui
indique un très bon classement (fig. 6).
- 8 -
Autres caractères :
La cohésion des horizons augmente vers le bas de pente. Le schéma
de la figure 4 permet de constater du haut en bas du versant dunaire, la
présence :
- en surface, de sables très peu cohésifs, lamellaires, très fragiles, non
humifères, en haut et en bas de pente, avec remontées biotiques fréquen
tes. Ces sables reposent sur un horizon beige rouge de cohésion faible,
f~aifr ;
- de zones nues cohésives durcies dans la portion médiane de la pente de
part et d'autre du point d'inflexion du S du modelé. Ces zones sont ca
ractérisées par un horizon supérieur brun rouge à structure massive et une
cohésion plus forte que les précédents. La partie superficielle est gla
cée avec parfois de petites rigoles vers les parties basses ;
d'un matériau jaune (entre 7,5 et 5 YR 6/8 au code Munsell) vers un
mètre tout le long de la pente. Les ségrégations ferrugineuses n'imprè
gnent le sable qu'en bas de pente.
Malgré leur topographie différente, les constatations précédentes sont va
lables pour les deux toposéquences.
En résumé, les dunes de Tin Adiourouf sont peu élevées (entre 3 et 6 m),
peu larges (entre 80 et 120 m pour la dune entière) ; les sols bruns rouges
sont bien différenciés ou intergrades, le matériau sous-jacent est jaune, à
ségrégations ferrugineuses locales. Les plages dénudées sont glacées, com-
pactes, rouges et apparaissent surtout sur la partie médiane d~ versant.
&) Caractères des sols et des modelés moyennement accentués :
Les observations portent sur une toposéquence (GoS 1) située sur
la piste de Gossi à Doro, à 35 km de Gossi, dont les coordonnées sont :
16°00'40"N - 1°03'30"W (fig. 4).
Env~ronnement : les dunes ne sont pas enchevêtrées mais distinctes, d'am-I
plitude moyenne de 200 à 300 m de diamètre pour 6 à 8 m de hauteur. La vé-
gétation est plus fournie que pour la formation sableuse précédente : strate
arbustive constituée de quelques Acacia (raddiana~ senegaZ ... ) sur le som
met et les pentes et de nombreux BaZanites aegyptiaca concentrés dans l'in
terdune ; strate herbacée dense par plages (schoenfeZdia~ Aristida~ Bra
charia~ Cenchrus ... ) ce dernier devenant très dense vers le bas de pente.
Des plag~s nues roses (7,5 YR 6/5) à microrelief ondulé chagriné de quel
ques m2 parsèment les versants~ La végétation herbacée y est totalement
absente, les arbustes ont des racines déchaussées (Acacia senegaZ) certains
sont morts (Acacia raddiana).
- 9 -
La végétation herbacée se localise surtout sur des plages sableuses
planes ou en forme de petites rides sableuses.
Les sols sont du type brun rouge subaride modal à profil A - (B) - C.
Le matériau C est un sable rose homogène, sans ségrégations, qui apparaît vers
80 cm. Dans le replat interdunaire se développe un sol brun subaride épais.
Profil type: GoS 3 (fig. 4) (Photo 1. Planche en fin de rapport).
Aspect superficiel: sables déliés jaune rose, au pied d'un Acacia senegaZ.
Situation : profil situé en 1/3 supérieur de la pente.
Description
brun rose (5 YR 5,5/6). Même texture. Structure massive à débit
mamelonné. Cohésion plus forte. Très fines radicelles assez
nombreuses et quelques racines moyennes.
rose brun (6,75 YR 6/8). Même texture, même structure à débit
plus facile. Un peu moins cohésif. Très homogène. Moins de ra
cines et d'activité biotique.
gris pâle rosé (7,5 YR 5/4). Très sableux. Lamellaire fin,
structure nuciforme moyennement développée. Cohésion d'ensemble
faible. Enracinement faible.
0- 8 cm
A11
8- 35 cm
A12
35- 83 cm
( B)
83-160 cm
C
sables déliés roses, sans argiles ou très peu (5 YR 6/4). Struc
ture à tendance particulaire, très peu cohésif. Ni racines, ni
activité faunique.
Classification et discussion: c'est un soZ brun-rouge subaride modaZ.
Sont particulièrement caractéristiques
- la structure nuciforme de surface,
l'épaisseur de l'horizon A (A11 + A12) et de la colonisation racinaire
fine (1 m),
l'épaisseur assez faible du sol (après 80 cm on trouve le matériau ori
ginal- et la teinte brun rouge de l'ensemble.
Caractères analytiques: ils apparaissent dans le tableau 1.
Caractères granulométriques : les courbes de fréquence et les courbes cumu
latives issues des granulométries de sables de prélèvements entre 50 et
60 cm fournissent les données suivantes
Médiane: 0,22 mm, So : 1,48 mm, mode à 0,24 mm. La courbe de fréquence
est encore unimodale mais ne présente pas l'aspect de "cloche" de la
courbe de gauss des échantillons précédents (fig. 6). Le coefficient
de triage est bon.
1
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1
1
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Calcium .................................... J. ,o\t ..1,10 AI'~ AISD J,J' A,'" ..1•..110/"
Magnésium............................. o,Ao _,D' i 0,0 t D.U 0 1lit o,It( 0, ..,Potassium ............................... 0. "s 0,°1 0,01. .,.S 0,A5 e,o'l t,Of ·,°1Sodium ..................................... 0,0..( °r( o,oi • 0.0 S Q/03 °101 0,0 S,
S ................................................... ..,h 1,.1. Al'o A '0 li" .AI" Âli 1 .A,"}T................................................... \.~'t ~ltS 2; 10 -\'.0'1. '-,U ,AI (.l, A,a.t A1\t-lS/T - V % ...................... &=i ~1 ~., ~z. 11. AA' "7 ,~. BL
ACIDIT~ ALCALINITE -
~~......:~..::::.::::::::::::::::::::::::::::: I..:;;;:T=I=l=5=.11='=1o=o,=,,1 ". q S Il.AS I~C=\~='=.l='=1S=.=1=T=I=&o=E ':J...----=:SOLUTION DU SO;::..L ----.---
1Conductivité mm hos... 1 l' r 1 u 1 1Extrait sec: mg/100 g ~ ~
- 10 -
Autres caractères :
La cohésion des horizons augmente vers le bas de pente. Sous 160 cm
en moyenne. on touche localement un sable jeune identique à l'oeil à ce
lui des toposéquences précédentes. Le contact avec le sol est plan. très
distinct et matérialisé par des débris de poteries.
Le schéma de la figure 4 synthétise les observations de cette topo
séquence et permet de distinguer
- deux zones à sables lamellaires non humifères très peu cohésifs dont une
sommitale. intercalée à deux zones à sables humifères plus cohésifs à
structure médiane. dont une formant le fond de l'interdune. Les zones à
sables lamellaires supportent un couvert herbacé dense. les plages dé
nudées étant situées plus particulièrement sur les portions cohésives
humifères ;
- sous les sables lamellaires on trouve. sans transition. un horizon (8)
brun rouge peu épais à cohésion un peu plus forte. Sous les sables à
structure massive apparaît en continuité un horizon (8) gris brun épais.
Certains niveaux de cet horizon sont frais à humides.
En résumé sur dune moyennement élevée et large. on peut distinguer
une succession de sols bruns rouges peu différenciés et des sections de pentes
respectivement sableuses fragiles et sableuses cohésives colonisées différem
ment par la végétation herbacée et présentant une succession différente d'ho
rizons.
e) Les sols des modelés dunaires très accentués :
Deux toposéquences ont été observées: l'une à proximité de la bi
furcation de la piste Gossi-Gourma-Rharous (coordonnées 15°56'OO"N - 1°16'40"OL
l'autre au SE de Gourma-Rharous (coordonnées 16°51 'OO"N - 1°37'10"W).
Les modelés dunaires. de formes vives. ont entre 400 et 700 m de
large pour 20 à 30 m de dénivellation et se présentent comme des massifs de
grands cordons successifs orientés NNE-SSO séparés par des interdunes étroits
où se concentre une végétation arbustive haute (Acacia e~henbe~giana3 Ac.
~addiana ... ).
Les versants sont peu exploités par Heliot~opium st~gOSum3 Zo~ia
glochidiata et Alysica~us ovalifolius.
Au sommet de la dune apparaissent,généralement des touffes vivaces
de Paniçum tu~gidum et semi-perennes d'A~stida mutabilis.
f .:.:::., Dépôts sableux successifs
ITlIIIIII Horllon A Intact
rrm Horizon A(e) brun grIs
~ HorIzon C: m01érlau sobleux belge
~ Matériau sobla argUeux brun foncé
t Profil étudié
40
t41
t
~lm
10m
ïOPOSÉQUENCEGOSH
42
J
43
t
"
"
44
t
, '. ,1'
••01 : •
46
t47
t
SCHÉMAS DES TOPOSÉQUEN(;ES KAKI. ET GOSN _ TOPOSÉQUENCE KAK [
---llm10m
FIG.5.
- 11 -
jaune (7,5 YR 6/5). Très sableux. Structure lamellaire fine bien
visible, très perturbé par l'activité faunique. Débit nuciforme.
Cohésion d'ensemble faible, des mottes encore plus faible.A
Premier Profil type: GOS 42. Toposéquence GOS IV (fig. 5).
Aspect superficiel : sables légèrement encroûtés gris rose entre les touffes
de graminées.
Situation : profil situé en 1/3 supérieur de pente.
Description
0- 33 cm
33- 69 cm
A(B)
beige jaune (5 YR 6,5/8) légèrement grisé. Non lamellaire mais
massif à débit très facile, plan. Cohésion d'ensemble et des mottes
un peu plus forte. Traces d'anciennes racines. Enracinement fin
encore bien développé.
B(C)
69-110 cm
110-200 cm
jaune brunâtre (6,75 YR 6/8). Structure massive à débit plan.
Très sableux. Un peu moins cohésif. Enracinement fin moyennement
développé.
jaune (7,5 YR 6/8). Très sableux. Structure particulaire donnant
un matériau boulant, frais, meuble (sans cohésion). Très peu de
fines racines.
Classification et discussion l'horizon de surface, lamellaire, jaune non
humifère, est un apport sableux éolien plus récent. Les horizons (B) et
(B)C du dessous peu cohésifs, massifs, colonisés très profondément par
les radicelles graminéennes, à très faible différenciation pédologique
déterminent un sol peu évolué à faciès brun rouge subaride. Ces sols sont
fragiles et les reprises éoliennes actuelles sont fréquentes. Ils sont
spécifiques des hauts cordons sableux des régions sahéliennes nord ou
sahélo-sahariennes dont l'extension méridionale s'arrête vers Gossi.
jaune (7,5 YR 6/5), sableux très peu argileux, lamellaire fin
sur 2 à 3 cm en surface~ puis massif à débit facile très peu
mamelonné. Cohésion d'ensemble moyenne à faible, Enracinement
fin moyennement développé.
A
Second profil type GOS 47 (fig. 5). Toposéquence GOS IV.
Aspect superficiel sables déliés gris-brun avec quelques rares plages
légèrement encroûtées grises.
Situation: profil situé dans l'interdune.
Description
0- 24 cm
24- 43 cm
A(6)
43- 88 cm
(6)21
88-120 cm
(6)22
- 12 -
brun jaune (6,75 YR 6/6). Même texture, même structure mais
débit plus mamelonné. Mêmes cohésion et enracinement.
brun plus soutenu (6,75 YR 5/8). Un peu plus argileux. Même
structure, cohésion un peu plus forte, plages de l'horizon
jaune du dessous remontées par la faune. Même enracinement
fin et quelques racines moyennes.
plus jaune (7,5 YR 5/8). Même texture et structure. Cohésion
moyenne. Passages de termites, traces de poteries et graviers
à la base, alignés.
120-170 cm matériau jaune à taches brunes (10 YR 7/7). Plus sableux.
Cohésion plus faible. Structure massive à nette tendance
particulaire. Ni racines, ni act~vité biologique.
Classification et discussion :
C'est un BOZ brun Bubaride modaZ (et non brun rouge subaride) sur
matériau sablo-argileux de colmatage d'interdune. Ce colmatage s'arrête
à 120 cm comme l'indique le matériau sableux jaune au-dessous et le ni
veau de discontinuité des poteries et graviers.
La texture un peu plus argileuse (moins de 8 % d'argile) détermine
une cohésion plus forte et une structure à débit mamelonné (il était plan
dans les sols sableux).
Cette texture permet aux termites de construire des canaux qui étaient
absents des sables dunaires.
Ces sols de couleur bien brune, un peu plus compacts sont typiques
des interdunes profonds des grands cordons sableux.
Caractères,analytiqùes : les résultats analytiques des sols GOS 42 et 47 sont
consignés dans le tableau 2.
Caractères granulométriques : les granulométries de sables indiquent un tri
excellent (So = 0,18), un mode unique à 0,18 mm, une médiane à 0,18 mm
également, ce qui donne une courbe de Grauss parfaite (fig. 6).
Les échantillons sous 50 cm fournissent les courbes du genre des cordons
et dunes précédentes: l'acuité du mode diminue, sa valeur se déplace
vers les valeurs grossières (vers 0,20).
Autres caractères :
Les descriptions des profils et le schéma des toposéquences (fig. 5)
indiquent dans tous les cas
- des horizons superficiels sableux lamellaires très fragiles, non humifères
ou très peu dans trois portions du modelé : au sommet et 3/4 supérieur de
pente, sur le 1/4 inférieur et le bas de pente. Les horizons surmontent en
discontinuité dans les portions hautes, soit un sable beige jaune pâle
FIG.6. GRANULOMETRIE DES SABLES
-COURBES DES FREQUENCES-
0( 4 5 6 7 8 9 10 11 12 0(
0.06 mm
- 13 -
sans aucune cohésion, boulant, soit un horizon brun rosé fragile. En
bas de pente ces sables lamellaires recouvrent des horizons bruns fon,cés à taux d'argile beaucoup plus élevé (10 % et plus).
La végétation herbacée lâche est localisée sur ces sables.
- des horizons humifères bruns grisés légèrement compactés, non lamellai
res, à structure massive et à débit résistant, sur les portions média
nes et en bas de pente. La succession des horizons sous-jacents et leurs
caractéristiques indiquent que l'on a affaire à des sols peu évolués à
faciès brun rouge subaride de profil A - A(B), C. Les zones sans végé
tation herbacée et à couverture très faible et basses sont localisées
sur ces portions de sols.
En résumé : Les sables lamellaires non humifères des cordons dunaires
à relief accusé recouvrent plusieurs parties du modelé dont les secteurs hauts
et bas sur des épaisseurs parfois importantes, en haut de dune notamment.
Sur les parties médianes et basses de la pente, on observe des sols
dont la succession des horizons est ordonnée et conforme indiquant des sols
non tronqués. Les interdunes sont constitués en profondeur d'un matériau
sablo-argileux compact. Les sols qui s'y développent sont des sols bruns sub
arides modaux ou structurés.
IIJ - LES INTERPRÉTATIONS
Les observations précédentes confrontées aux résultats analytiques
conduisent aux interprétations principales suivantes :
1) Les formations sableuses dunaires du secteur étudié peuvent se subdiviser
en trois ensembles
la formation l à petites dunes à modelé émoussé aplani,
la formation II à dunes moyennement ondulées,
la formation III à cordons dunaires épais et hauts et sommet ravivé.
Les sols de ces trois formations sont différents malgré une parenté climatique
et édaphique les groupant autour des sols bruns rouges subarides.
Les sols les plus différenciés sont développés sur la formation 1, les sols
les moins évolués occupent la formation III.
Les distinctions morphologiques et pédologiques militent en faveur de l'exis~
tence de 3 formations sableuses fixées d'âge croissant de l à III. La diffé~
renciation en horizons, la cohésion, la présence de ségrégations étant les
critères indiquant une plus longue pédogenèse.
- 14 -
2) Les caractères des horizons de surface permettent d'envisager une origine
de dépôts éoliens récents actuels pour les plages de sables lamellaires,
puisqu'elles ne sont pas humifères et sont très peu cohésives. Ils repo
sent le plus souvent sur des sols tronqués.
Au contraire, les plages durcies, glacées sont des domaines où les sols sont
soit en place non tronqués, soit tronqués, mais non recouverts. Une gradua
tion apparaît dans le niveau d'apparition de cette troncature suivant les
différents ensembles dunaires. La formation l présente des plages érodées
et battantes qui indiquent une troncature profonde et large des sols jusqu'à
l'horizon (B). Dans la formation II la troncature est moins profonde et peut
même ne pas exister ~ le plus souvent une partie de l'horizon A est enlevée.
Dans la formation III, les zones dénudées glacées conservent l'ho
rizon A dans son intégralité.
Les plages entièrement dénudées et érodées se manifesteront différemment sur
ces portions durcies différentes.
Par contre, les plages de dépôts sableux recouvrent des niveaux différents
selon l'ensemble dunaire considéré.
Sur la formation III (GoS IV et KAK 1) les sols sous-jacent au
dépôt sableux (amont en particulier) est profondément tronqué. Le matériau
dunaire brut peut même être atteint (GoS IV).
Sur l'ensemble dunaire II (GoS 1) la troncature sous dépôts sa~
bleux est plus haute. Elle dégage l'horizon (B),
Enfin, l'erg l est bien moins raboté encore sous les dépôts
sableux.
Corrélativement, l'épaisseur des dépôts sableux croît avec la
profondeur d'apparition de la troncature.
Les schémas des toposéquences indiquent des épaisseurs de sables
lamellaires récents qui augmentent de l à III.
Pour nous résumer, nous dirons que les portions où manquent les
dépôts sableux (portions nues), sont de moins en moins érodées lorsque l'on
va des formations sableuses l (ergancien) aux formations sableuses III les
plus récentes.
En revanche, l'épaisseur du recouvrement sableux meuble fortement
colonisée par la strate herbacée augmente de la formation l à la formation III,
recouvrant des sols de plus en plus érodés.
- 15 -
Ces phénomènes fort différents, voire contradictoires en apparence,
peuvent s'expliquer de la manière suivante
- les sols peu différenciés de l'erg III se situent dans une pos~tion septen
trionale avancée, où l'action du vent est prépondérante et celle de l'eau
mineure du fait des faibles précipitations. La structuration et la cohésion
des sols sont faibles. L'eau s'infiltre rapidement et profondément. Cette
humidité profonde est perceptible plusieurs mois après les dernières pluies
- inversement, les sols de l'erg l occupent une position méridionale où l'ac
tion du vent est plus faible. En revanche l'eau pluviale plus importante agit
davantage. Les horizons humifères sont peu épais, massifs, les horizons (8)
sont plus cohésifs, moins perméables.
Sur la formation III l'action du vent l'emporte. La déflation éolienne se
manifeste, le matériel sableux qui transite et s'accumule est épais. Les pla
ges nues correspondent à une battance au sein de l'horizon A dont une partie
peut être enlevée.
Sur la formation l l'action hydrique domine celle du vent. Cette érosion
soustrait un matériel plus important (tout l'horizon A massif par exemple).
L'horizon (6) cohésif forme un niveau d'arrêt qui bloque et canalise l'écou
lement de l'eau.
On aurait donc du Nord au Sud, c'est-à-dire des formations III à l en passant
par les formations II intermédiaires, les manifestations successives :
- d'une déflation surtout éolienne,
d'une déflation éolienne liée à une érosion hydrique diffuse,
d'une érosion hydrique aréalaire pouvent devenir concentrée et légèrement
incivise.
Les preuves de ces manifestations sont toutes visibles sur le terrain.
Les facteurs vent et eau restent présents dans tous les cas, mais l'érosion
hydrique gagne à mesure qu'un matériau plus ancien, plus cohésif et peut-être
un peu plus argileux s'y prête.
Ces érosions respectives manifestées de l à III, respecteraient donc les zones
médianes non recouvertes de sables, mais auraient sévi sur les parties sous
couverture sableuse lamellaire actuelle.
Ceci pourrait signifier :
1) que le vent agent érosif intense sur certaines portions de modelés d'erg
récent à sols fragiles (III) serait aussi un agent d'accumulation puissant
sur ces mêmes portions mais épargnerait les portions alternes J
2) que l'eau serait un agent érosif efficace sur certaines portions de modelé
d'erg ancien (1) mais que les sols plus cohérents, plus massifs, s'oppo
seraient à une déflation éolienne importante.
- 16 -
Il ne faut pas perdre de vue que les observations actuelles ne livrent
que la résultante des récurrences arides et humides antérieures quater
naires durant lesquelles les deux agents érosifs ont dû se succéder et
s'associer.
Les plages de sol nu. durci. souvent dépressives. ("coup de cuiller")
sans aucune végétation herbacée peuvent être interprétées comme la
conséquence de facteurs érosifs de nature et d'importance différentes
selon que l'on s'adresse à telle ou telle formation sableuse.
3) Si le résultat morphologique des plages : couleur. dénudation. aspect
colmaté. peut sembler le même au sol. quelle que soit la formation sa
bleuse. il n'en est pas de même des observations micromorphologiques.
L'emploi de résines durcissantes sur le terrain a permis la pri
se d'échantillons non perturbés. Des lames minces ont été confectionnées.
Sous le microscope les lames issues de la "croûte" d'une plage
dénudée proche du profil GoS 43 (toposéquence GoS IV) montrent de la
surface de la "croûte" vers l'intérieur:
- une zone de 4 à 5 mm d'épaisseur à assemblage porphyrosquellique
(grains quartzeux entourés d'un plasma argilo-ferrugineux presque
continu. très peu de vides. faible porosité). Outre ce plasma con
tinu. cette zone est caractérisée par une concentration de petits
granules de goethite (hydroxyde de fer). Le plasma est argilasépique
c'est-à-dire sans orientation préférentielle et on ne voit pas de
zonations qui sont la marque d'une illuviation. Il est vrai que ce
plasma est pauvre en volume par rapport au squelette quartzeux et
donc difficilement observable ;
- une zone homogène épaisse à assemblage aggloméroplasmique ou inter
textique c'est-à-dire discontinue. lache. en ponts. à vides impor
tants. Les granules de goethite sont disséminés dans la masse du
matériau.
La "croOte" rouge de surface apparaît donc comme une concentratin
plasmique argilo-ferpugineuse fine (pelliculaire) peu poreuse donc
peu perméable.
Sur les plages nues durcies des formations J. les quelques lames minces
dont nous disposons nous montrent une zonation semblable mais beaucoup
plus épaisse en surface. Des argiles zonés illuviales indiquent une mi
gration et un dépôt par le ruissellement hydrique et en-dessous un as~
semblage quartzeux à plasma plus dense. plus coloré. qui s'apparente
à ceux des horizons (8) de sols différenciés.
- 17 -
Les interprétations précédentes concernant l'agent érosif et l'horizon
atteint dans le cas des formations l et III se trouvent ainsi confirmées.
4) Sur les sables remobilités des dépôts éoliens récents, la végétation her
bacée est abondante. Sur les pl~ges durcies encroûtées non recouvertes
des sables précédents, la végétation herbacée est faible ou absente. Les
plages battantes, durcies, dépressives, ne possèdent pas de strate herbacée.
Ces faits nous semblent liés à plusieurs causes convergentes dont
la plus importante est l'alimentation en eau. Le durcissement de l'horizon
atteint par l'érosion, son colmatage (les taux d'éléments fins sont de quel
ques % plus importants dans la croûte de surface) empêchent l'eau de pluie
de pénétrer. Celle-ci ruisselle et va alimenter les plages sableuses meu
bles avales. D'autre part, le vent balaie les surfaces nues et évacue les
graines qui ne peuvent s'y maintenir. Ces graines se piègent préférentiel
lement dans les zones sableuses meubles alentour.
Ce sable a une capacité de rétention assez élevée pour l'eau
puisqu'il est constitué de sable plus fin préférentiellement déplacé par
le vent, et qu'il repose sur un horizon tronqué plus cohésif qui arrête
l'eau.
D'autre part, l'évaporation de ces sables est réduite du fait
du manque de capillaires fins capables de remonter l'eau jusqu'en surface.
Ces sables meubles peuvent être comparés alors à un dépôt de sucre fin
sur du sucre en morceau, ce dernier figurant le substrat tronqué durci.
L'expérience montre que si l'on dépose le tout dans une soucoupe contenant
un liquide coloré celui-ci va monter rapidement dans le sucre en morceau
mais très peu à la base du tas meuble supérieur. Piégeant les graines,
conservant l'humidité, ces sables meubles permettent la germination.
La végétation arbustive peut se maintenir sur des plages nues.
Mais mal, puisque l'eau qui ruisselle est perdue pour l'arbre. Dans des
zones septentrionales comme celles de l'étude, où les espèces se trouvent
à la limite latitudinale N de leur aire, un déficit hydrique quelconque
est préjudiciable au végétal ligneux. Si celui-ci se répète, si l'érosion
hydrique du ruissellement ou éolienne déchausse les racines et diminue
encore l'alimentation en eau, l'arbuste peut mourir.
Au co~traire, les graines d'espèces ligneuses dont celle de
l'Acacia senegaZ par exemple qui semble avoir un pouvoir régénateur impor-
tant, peuvent germer dans les sables humides. Mais lorsque le sable est
dégagé par le vent, les conditions d'alimentation hydrique changent et
l'arbuste peut péricliter. De même le vent sur les sommets des ergs III
peut ensevelir sous les sables des arbustes qui ne subsisteront pas.
- 18 -
Si l'action du bétail sur la végétation est bien visible autour
des mares permanentes, des cures salées, sur les parcours menant à ces si
tes, l'absence de végétation, herbacée notamment, sur les plages durcies
de toutes les formations quelle que soit leur situation géographique, em
pêche d'attribuer à la surpSture cette "dégradation".
Les pacages et les trajets du bétail peuvent même présenter une
prolifération de certaines graminées, Cenchrus bifZorus par exemple.
SJ Déterminisme du déclenchement des plages nues.
Les observations indiquent en outre que les plages nues sont plus
nombreuses
- au Nord de la zone qu'au Sud,
- sur les versants au vent que sous le vent,
- au pied des arbres.
Cela signifie que l'action du vent est primordiale.
Au pied des arbres, le phénomène est fréquent, surtout dans les zones septen
trionales, sur les dunes des formations III et II. Le vent recouvre l'obstacle
du tronc, tourbillonne (végétation herbacée couchée, traces circulaires des
tiges sur le sol ... J. Une petite dépression se forme, s'amplifie, les racines
de l'arbre sont déchaussées, celui-ci végète et meurt.
De plus, la base des arbres apparaît comme un milieu très favorable
à la prolifération de la faune, de la mésofaune en particulier (insectes : tiques,
termites hypogées, fourmis ... J. On ne peut approcher d'un arbre sans observer
les tiques se ruer vers soi.
Plusieurs fosses pédologiques creusées à ce niveau confirment l'a
bondance de la faune et indiquent les changements morphologiques dont elle
est responsable :
- l'horizon humifère sableux est homogène et non lamellaire comme partout
ailleurs. Il est poreux, aéré
- la présence de pseudomycelium calcaire d'origine biologique donne une
structure légère, "soufflée"
- les remontées biologiques de matériel sableux en surface sont fréquentes.
Tous ces caractères augmentent la sensibilité à l'érosion éolienne et hy
drique. L'horizon humifère peut rapidement être déblayé.
6J Evolution des plages nues.
Plusieurs observations faites fin 1977 font apparaître une évo
lution des plages nues (érosion en "coup de cuiller"J.
Cette évolution se manifeste par un mince décapage de la zone de
bordure amont par une érosion hydrique ténue.
"- 19 -
En effet, l'impact des gouttes de la dernière pluie était quel
quefois encore visible et avait dégagé des grains de sable (LEPRUN 1976).
Ce sable s'épand à l'aval de' la plage nue et se termine par de fines rides
sableuses de quelques centimètres de haut.
Un examen attentif de la plage nue sans recouvrement sableux
indique la présence de très~fines'~e~tes sinueuses de moins de 1 mm de~'
large rarement colonisées par' des~petites repousses de Tephposia puy.purea.v
Ces fentes se re1rouvent sous le recouvrement sableux mais plus
béantes (2-4 mm de large) et affectent alors le sable supérieur lui-même.
Les graines bien reconnaissables d'APistidae et de SchoenfeZdia en parti
culier sont piégées dans ces fentes (photo 2, planche en fin de rapport).
Accumulation de sable aval, fentes et piégeage sont visibles dans la mise
en défens de Gossi, sur la toposéquence GoS IV au niveau du profil GoS 46
(cf. contrôle continu du Km 6, p. 47 et 49 du rapport de BOUDET 1978).
Ce piégeage explique la prolifération préférentielle de
SchoenfeZdia gpaciZis et d'Apistida mutabiZis sur la partie aval recou
verte de sable. La germination est alors favorisée par l'apport supplémen
taire de l'eau ayant ruisselé sur l'impluvium amont de la plage nue.
Ces plages nues ne sont donc pas statiques mais évoluent dans le
temps et l'espace et avec elles le couvert végétal.
Il faut faire remarquer que ces plages nues ne sont pas apparues
brusquement après la période de sécheresse des années 1970 ou après une pé~
riode de surpâturage. ROSSETTI (1963) les cite déjà après les avoir observées
dans le Gourma en 1959.
7) Comparaison avec le Ferlo sénégalais et la Haute-Volta septentrionale
(Oudalan) •
Le phénomène d'érosion en "coup de cuiller" n'existe pratiquement
pas au Sénégal et est présent mais peu étendu en Haute-Volta.
Il convient de fournir les éléments justifiant cette comparaison.
Le Ferlo, l'Oudalan et le Gourma présentent le même substrat sa
bleux dunaire fixé d'ergs l, II et III (BOULET 1967, LEPRUN 1969 et 1971).
Le Ferlo et le Gourma sont situés à une latitude analogue, mais
climatiquement le Gourma se trouve décalé vers l'aride.
Ce décalage peut s'exprimer par ces chiffres
FerloSaint-Louis
Oahra
376 mm/an
511 mm/an GourmaGao
Oouentza
260 mm/an
494 mm/an
Le Ferlo et l'Oudalan seraient par contre soumis au même régime climatique
si ce n'est que le Ferlo bénéficie du fait de sa position littorale atanti
que de précipitations occultes (rosée) non négligeables (MASSON 1948).
- 20 -
L'action du vent est plus prononcée dans le Gourma : les sommets
des dunes hautes sont vifs. Ce phénomène apparaît aussi à Oursi dans l'Ou
dalan, mais il est d'origine authropique sûre. Il ne s'observe. pas au Séné
gal. Autres différences importantes :
- le couvert végétal herbacée et arborée est bien moins dense dans le Gour
ma que dans les deux autres régions,
- la pédogenèse y est moins avancée : le sol moyen est le sol brun rouge
subaride alors c'est le sol ferrugineux peu lessivé qui domine dans le
Ferlo et l'Oudalan.
Les plages nues semblent donc être spécifiques de la zone nord
sahélienne continentale, caractérisée par des sols peu évolués, un couvert
végétal arborée lâche, des pluies peu abondantes et un régime éolien pro
longé et puissant.
IV - CONCLUSIONS
Les conclusions importantes suivantes peuvent être dégagées :
- Dans le Gourma malien sableux éolien, trois formations dunaires peuvent
être distinguées. Elles diffèrent par le modelé, les sols, le matériau
sableux.
- Tous les reliefs dunaires présentent des zones à surface durcie, planes
ou légèrement affaissées, encroûtées à végétation rare, relayant des zo
nes de sables meubles à relief ondulé ou ridé. La position de ces zones
respectives est ordonnée sur le modelé en fonction des trois formations
distinguées. Les sables recouvrent les parties hautes et basses de la
dune, les sols non recouverts occupent la partie médiane.
- Les formes d'érosion en "coup de cuiller" dégageant des plages nues, dur
cies, battantes peuvent se faire aux dépens des deux sortes de section
précédentes mais bien plus souvent sur les zones encroûtées non recou~
vertes.
- L'importance des facteurs érosifs est inégale: l'érosion hydrique gagne
vers les formations sableuses basses, la déflation éolienne domine sur
les cordons juvéniles.
Les plages nues sont dues à une érosion suivie d'une concentration plas
mique argilo-ferrugineuse pelliculaire imperméable.
- 21 -
- Elles sont abondantes sur les versants au vent. au pied des arbres. sur
les formations III et II. au Nord de la zone d'étude.
Elles évoluent en se régénérant à l'amont et en se colonisant en aval
par apport de sable meuble.
- Elles sont spécifiques de la zone du Gourma malien.
- La végétation herbacée et les repousses arbustives colonisent abondamment
les zones sableuses et disparaissent des zones durcies.
Paradoxalement. plus la déflation éolienne de saison sèche. re
mettant les sables en mouvement,est importante. plus la végétation herbacée
aura de possibilités de se développer à l'hivernage suivant.
Paradoxale est ici la relation : déplacement de sables vifs~ désertifi
cation~ régénération végétale.
Par contre cette remise en mouvement peut déterminer la mort des arbustes
et des arbres.
La régénération des pâturages herbacés est donc favorisée par l'extension des
sables vifs peu épais. Elle est stationnaire sur les sols climatiques tronqués
ou non.
On a l'impression que les sols en place supportent mal la couverture végétale
actuelle. ne sont plus "climaciques". Peut-être nous trouvons-nous devant un
signe de la péjoration du climat actuel.
Quoi qu'il en soit. après le maintien durant plusieurs années consécutives
d'Une sévère sécheresse dans tout le sahel. nous avons été agréablement
surpris d'observer la belle allure des pâturages du Gourma malien dès 1975
et le maintien,vDire l'amélioration du couvert herbacé en 1976 et 1977.
Il est possible. et visible dans certains cas. que cette régénération ne soit
due qu'à l'abaissement important du nombre de bêtes après la sécheresse. Mais
la belle allure des pâturages tout autour des mares permanentes. à Gossi en
particulier. interdit de n'envisager que cette cause.
Il semble. d'après les expériences réalisées au champ à Oursi et GoromrGorom
que les plages nues puissent régénérer leur couvert végétal. Un griffage
superficiel à l'aide d'un instrument à dents briserait la pellicule imper
méable de surface. ameublissant l'horizon. stoppant le ruissellement, pié
geant les graines.
L'année d'aide supplémentaire demandée est en grande partie destinée à la
poursuite des études sur les sols sur sables et en particulier sur les mé~
canismes érosifs. Les données qui précèdent montrent que le phénomène est
complexe.
- 22 -
B. LES TERRES DE CURES SALEES
1. Introduction:
La mission préparatoire au projet D.G.R.S.T. d'aoOt 1975 prévoyait
de préciser les caractéristiques de diverses terres de cures salées dont en
particulier celles de Tin Ahara, Karouassa et Amniganda (localisation fig. 3).
Durant les premiers mois de la saison des pluies, en juin si celles
ci sont précoces, en juillet et août et quelquefois en octobre, l'une des prin
cipales activités traditionnelles des éleveurs et du cheptel est la transhu
mance vers les lieux de cures.
MACHER (in BOUDET et al. 1971) rapporte que l'urgence du déplace
ment à la cure est signalée par un comportement anormal des animaux qui dé
laissent alors le fourrage pour les cendres et les débris ménagers des cam
pements.
La première cure serait en général une cure purgative pour cet
auteur. GALLAIS (1975) écrit que les séjours aux cures durent une à deux
semaines et que le natron purge les animaux et leur redonne de l'appétit.
BOUDET (in BOUDET et al. 1971) réduit l'importance de l'apport
en sodium des cures qui en possèdent peu, et avance qu'"il semblerait ce r
pendant que la pratique des cures salées ne soit que l'indice d'une faim
de sodium qui pousse les animaux à lècher les sols légèrement enrichis en
minéraux solubles •.. ".
Les cures salées sont connues et'ont été répertoriées depuis de
nombreuses années par les différents services d'élevage en Afrique de l'Ouest
mais n'ont jamais fait l'objet d'études chimiques et pédologiques précises,
Mentionnons entre autres ouvrages ceux de DOUTRESSDULE (1952) au Mali et de
GROSMAIRE (1957) au Sénégal.
Notons que certaines cures sont hydrothérapeutiques et se fQnt
alors à partir de l'eau de certains puits dont la charge en sels est élevée,
et que les cures d'herbes sont également recherchées par les éleveurs, ainsi
celle de Merinaghem au Sud du lac de Guiers au Sénégal, et les abords du lac
Tchad.
Les principaux inconvénients de la pratique de ces cures sont la
dégradation importante des pâturages le long des parcours traditionnels de
transhumance, et celle d'une vaste aire autour des cures.
Les avantages retirés de ces longs périples sont aux dires des
éleveurs, un appétit du cheptel recouvré, un nouveau poil plus brillant
et plus dru, et certaines autres qualités qu'il conviendrait de préciser.
- 23 -
2. Les observations morphologiques
a) La cure de Tin Ahara (1°51'50"W - 16°39'30"N) :
Située à 30 km au S de Gourma-Rharous, sur la piste menant à Gossi,
elle est constituée de petites excavations de faible profondeur situées au
tour du puits qui culmine à 258 m d'altitude absolue, au sommet d'un relief
convexe à pente faible inférieure à 1 %.
La formation géologique environnante, recoupée par le puits est
la formation Y III de la carte de REICHELT (1972) composée de schistes argi
leux, grès, quartzites, calcaires et dolomies lenticulaires. L'ensemble est
attribué au Précambrien supérieur. L'eau du puits atteinte à 59,S m est lé
gèrement alcaline au goOt.
A proximité des excavations exploitées et surmontant celles-ci,
un affleurement de cuirasse ferrugineuse à nodules violets, en cours de dé
mantèlement est visible. Plusieurs profils ont été rafraîchis dans les ca
vités exploitées.
Voici la description de l'un d'eux
ARA 1 :
0- 6cm Brun rouge (5 YR 5/6), sablo-limoneux à argileux. Environ 20 %
de terre fine emballant des nodules ferrugineux de 1 à 3 cm,
rouille et lie-de-vin. Structure polyédrique fine bien dévelop
pée à cohésion d'ensemble moyenne. Porosité tubulaire assez
faible, bulleuse, localement bien développée.
6-22 cm : Brun-jaune à ocre (2,5 YR 5/6), même texture un peu plus argi
leuse. Plus de terre fine à même structure mais cohésion plus
faible. Quelques revêtements blanchâtres non effervescants sur
les nodules, légèrement salés au goOt.
22~32cm Rouge (6,75 YR 4,5/6) argilo-sableux. Nodules ferrugineux moins
durs et éléments ferruginisés lithiques en amas qui, cassés,
laissent apercevoir les fantômes de minéraux fins très altérés.
Structure polyédrique plus large, peu friable.
32cm idem, plus argileux. La densité des nodules diminue. Argiles ba
riolées jaunes, ocres, rouges et grises.
Les niveaux préférentiellement exploités sont ceux de 10 à 30 cm, d'après
les éleveurs questionnés sur place. Localement on trouve en surface des
débris de croOte calcaire très dure, saumon, incorporant des nodules fer
rugineux. Certaines faces de ces débris présentent des structures en nids
d'abeille donnant un aspect de meulière. Ces trames en relief ne font pas
effervescence à l'acide et semblent être constituées de silice.
- 24 -
b) La cure de Karouassa (approximativement 16°29'N - 1°19'W)
Elle se stiue à environ 80 km à vol d'oiseau au SE de Gourma
Rharous. Elle s'étend entre deux ensembles dunaires et une grande étendue
plane, gravillonnaire, d'où émergent quelques chicots de cuirasse ferrugi
neuse. La formation géologique est la même que celle de la cure précédente.
Une excavation profonde de 2-3 m permet la description suivante :
0- 15 cm
15- 33 cm
33- 50 cm
50-250 cm
Brun rouge, sablo-argileux et graveleux. Très perturbé par l'homme
et les animaux. Structure prismatique mal développée à massive.
Cohésion assez forte. Nodules ferrugineux durs, lie-de-vin.
Bariolé de jaune, gris, rouge vermillon, argilo-graveleux. Nodules
ferrugineux moins durs, moins nombreux, moins bien individualisés,
fortement liés à l'emballage argileux. Structure polyédrique moyen
nement cohérente.
Argiles bariolées à amas ferrugineux rouges lie-de-vin, friables.
Succession de bancs de schistes altérés mauves, jaunes, vert-clair,
argileux, et de bancs siliceux fins blancs. La schistosité à un
pendage moyen de 50° SW. Certains niveaux stratifiés de 3 à 4 cm
d'épaisseur, de couleur brun ocre, très argileux, renferment à la
cassure des cristaux aciculaires fins, non effervescents à l'acide,
de pH 7 à 7,5.
Certains autres niveaux, durs en lamelles de 2 cm, font vivement
effervescence à HCl et se présentent comme des encroûtements calcaires gris
ou roses. L'ensemble de l'horizon de 50 à 250 cm est frais à humide.
C'est cette dernière couche stratifiée de 2 m d'apaisseur environ
qui est exploitée. La surface et les niveaux inférieurs à 250 cm ne sont pas
favorables. Les bêtes elles-mêmes vont lècher et mordiller sans distinction
les passées argileuses a~paremment sans sels et les intercalations salées
de cette couche.
Une fosse, distincte de l'excavation décrite en 1975, a été creu
sée en 1976. En voici la description succincte:
0,30 cm
30 - 70 cm
horizon noduleux et gravillonnaire ferrugineux, débris de
quartz. Terre fine brune pulvérulente, limono-argileuse en
surface, à structure polyédrique large dessous.
altération argileuse beige, blanc, gris-ocre, entourant les
nodules ferrugineux non durcis. Pas d'efflorescences salines,
pas d'effervescence au HCl 1/2. Structure polyédrique plus fine.
70-100 cm
100-200 cm
200-220 cm
220-275 cm
275-350 cm
350-450 cm
- 25 -
même altération, succession de passées argileuses mais de cou
leurs plus vives, safran, jaune, beige et de bancs durs obli
ques quartzeux. Les passées argileuses présentent des efflores
cences fines et denses blanches, à aspect de mycelium, non ef
fervescents ou peu. Ces niveaux sont consommés préférentielle
ment par le bétail.
idem, mais présence de plages argileuses gris-beige saumon
présentant des nodules calcairs durs, ronds ou allongés, sans
quartz, sans septaria, faisant vivement effervescence à HCl
1/2 entre les passées de schistes violets très altérés et non
calcaires.
idem, plages calcaires et non calcaires dans lesquelles se dis
tinguent des cristallisations radiées en pelote d'aiguilles
blanches de 2-3 cm' de long, très fragiles, non effervescents à
l'acide mais solubles dans l'eau.
schistes altérés argileux mieux retonnaissables à individuali
sations calcaires, à bancs siliceux obliques rares, sans ef
florescences salines.
schistes altérés non argilifiés, non effervescents à HCl 1/2,
sans efflorescences, à filon de quartz orientés 30-40° SW.
roche plus dure, moins altérée.
c) La cure salée d'Amniganda (15°14'N - 1°10'W) :
Elle s'étend en bordure d'un chapelet de mares temporaires entou
rant en gouttière le massif d'Amniganda constitué des quartzites de la forma
tion d'Hombori-Oouentza, à une soixantaine de km au S de Gossi.
Les formations pétrographiques de la cure sont des calcaires, do
lomies, schistes argileux et grès intercalés de la série La Irma (REICHELT
1972).
Les cures sont séparées des mares par un relief cuirassé peu éle
vé sur le versant externe duquel se placent deux séries d'exploitation, l'une
en amont, l'autre 300 à 400 m plus en aval.
Observation amont : AMI 1 :
0- 6 cm : sabla-argileux à nodules ferrugineux violets, durs. Structure
massive à cohésion assez forte.
6-35 cm argiles bariolées à nodules ferrugineux violets et amas ferrugi
neux, lie-de-vin moins durs. Structure polyédrique centimétrique et
sous-structure millimétrique moyennement développée. Cohésion d'en
semble moyenne à faible.
Au-delà de 35 cm : argiles bariolées rouges, ocres, safran, grises à bancs
plus ou moins indurés ou nodulaires ferrugineux rouges et revê-
- 26 -
tements de cristaux blancs aciculaires et recourbés faisant en
partie effervescence à l'acide. Ph variables de 6 à 8 selon le
point de prélèvement.
Observation avale : AMI 2 :
0- 1 cm
1- 7 cm
gris brun, limoneux, lamellaire, fragile.
brun foncé à reticulum rouge, argileux, structure en colonnettes
à sommet arrondi. Cohésion très forte à excessive.
7-20 cm brun, argileux, structure cubique fine, très bien développée,
efflorescences de cristaux aciculaires en amas ne faisant pas
effervescence. pH 7,5 à B. Cohésion d'ensemble plus faible.
Au-delà de 20 cm : brun beige, argileux, massif, très compact.
Les niveaux consommés sont ceux sous 35 cm dans le premier cas et de 10 à
20 cm dans le second.
dl La cure salée de Drougama (approximativement 15°1B'3D"N-2°12'Wl
Comme dans le cas de la cure salée d'Amniganda (15°14'N - 1°1D'Wl
la formation géologique est la série Ial de la Irma définie par REICHELT
(1972l et constituée de calcaires, dolomies, schistes argileux et grès in
tercalés. La cure occupe un versant qui borde une zone dépressive maréca
geuse et sur lequel se distinguent des niveaux cuirassés isolés fortement
démantelés.
Les fosses d'exploitation sont très peu profondes, le niveau
argileux sous 30 cm étant préférentiellement recherché.
La présence des sels est visible par des efflorescences blanches
non calcaires "bourgeonnant" les surfaces structurales et dans les fissures
des argiles tachetées polyédriques.
el Les autres cures salées :
Ont été également étudiées, sur la piste entre Tin Ahara et
Bambara Maoundé, les cures de Ikarkaraten (16°26'30"N - 2°06'30"Wl et
Tin Asseyfi (16°15'45"N - 2°15'15"wl.
La première se situe autour d'un puits profond creusé dans les
schistes dolomitiques IIII de REICHELT. La cure consiste en des grattages
de surface et prélèvements d'altérites latéritiques kaoliniques à efflo
rescences salines locales.
La configuration de la seconde se rapproche beaucoup de celle
de Tin Ahara. La cure est placée entre un sommet cuirassé aplani recouvert
par des sables éoliens et une mare temporaire boisée. La roche-mère est
également la série IIII' Les fouilles sont plus profondes que dans le
cas précédent. Sous la surface constituée de "gravillons" ferrugineux sont
exploitées des argiles bariolées polyédriques fines où se décèlent de rares
- 27 -
Différentes remarques intéressantes sont à formuler :
- Si les cures les plus connues sont situées à des emplacements
fixes et sont préférentiellement exploitées, il existe une multitude de pe
tites cures employées par les éleveurs itinérants sur les trajets et à pro
ximité des stations de transhumance. Ainsi, les éleveurs groupés autour du
chef Marechat, utilisent des petites fouilles autour de la mare de Banzena,
entre Bambara-Maoundé et Douentra et en connaissent un grand nombre.
- Il existe des "trouveurs" de cures salées au pouvoir un peu
swrnaturel, très respectés et payés en nature. Ce pouvoir nous a même été
prêté au cours de nos études. Il semble en fait que toute localisation de
cuirasses ferrugineuses démantelées sur les séries à intercalations dolo
mitiques soient susceptibles de fournir des terres de cures exploitables.
3. Les analyses :
Un grand nombre d'analyses a été effectué. Quelques-unes sont
citées. Elles concernent :
des analyses des éléments majeurs à l'attaque fluorhydrique,
- des analyses totales des éléments majeurs et des traces (fusion alcaline),
- des analyses d'extraits au 1/10 fournissant la détermination des sols so-
lubles des sols,
- des analyses d'argiles aux rayons X.
Cure Niveau: :%:% :%:%: %:%:%:%---------- --------------- ----- ----- ----- -----
ARA 1.1
1.2
: TIN AHARA: ARA 2.12.3
ARA 3-20 cm
ARA 4-20 cm
. . .: 9,75:13,28:, , .:14,75:14,08:
: 4,17: 8,80:
:22,18:14,72:. , .; 14,42; 14,40;
:19,89:16,48:
0,23:
0,38:
0,26:
0,69 :
0,38:
0,53:
d 66:, .0,71:
0,44:
0,35:
1 63', .0,49:
1,05 :
° 31', .0,72:
0,89~
0,47:
0,41:
° 59', :
1 ,91 :
1,84:
1 ,91 :
° 81', :
0,98:
0,75:
1,27:
1,27:
1,15 :
0,05:
1,00 :
0,04:
0,07:
0,07:
0,06:1 ----,--------- 1 '- 1-- ' 1_- ' 1 ' ,. . .: KARoUASSA: KARA argiles : 9,96:13,44: 0,15: 0,48: 0,33: 0,50: 0,77: 0,07:
: ~ KARA schistes :15,14~ 6,56: 0,30: 0,26: 0,29: 0,74: 0,94: 0,03:
: AMI\JIGANoA: AMI 1.12.2
~19,54;12,96: 0,79: 0,60; 0,57: 0,93; 0,53: 0,05:
:13,78:13,92: 1,26: 0,55: 1,00: 1,11: 1,34: 0,07:
Tableau 3 - Résultats des analyses à l'attaque FH.
- 28 -
:~erte:
: Si02 :A1203 : Mgo CaO ;Fe203 :Mn 304 : Ti02 : Na20 K20 à :Somme:: : : 1000°:---------- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- -----
pYM 1 52,2: 16,3:' 2,18 : 5,0 5,5 :0,022: 0,71 : 0,55: 1,03:11,36:94,74:
o 87: · . o 77:. .
KARA 7 63,7: 17,3: ' . 2,8 3,4 :0,014: ' . 0,61 : 1,48: 8,02;98,95;· .KARA 6 62,4: 18,1 : 0,50: 0,3 7,7 :0,022: 0,73: 0,65: 0,85 : 7,54:98,97:
:0 039: o 51:. .
AMI 11 54,2: 21,8: 0,58: 0,5 : 11 ,4 1,06 : 0,54: 8 22'99 86'.' . ' . ' : ' :· .ARA 22 48,1: 23,5: 0,84: 0,7 :12,3 :0,063: 0,83: 1,34: 1,43:10,78:99,88:
Tableau 4 - Résultats des analyses totales en %.
: Sr : Ba V: Ni :
Co : Cr B: Zn :
Ga: Cu
:Pb
: : : : : : : : : : :---------- --- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ---
DYM 1 :281 :278:185: 83 : 12 : 90 : 54 : 78 : 21 : 58 : 30 :
KARA 7 :109~595:128: 40: 15 :112:100: 38: 28: 32 : 36
KARA 6 : 83 :430:159: 48: 22 :117: 84 : 64: 31: 37 : 38
AMI 11 :123:167:278; 39; 11 ;155; 72 : 38 ~ 32 : 31 ~ 48
ARA 22 :121 :198:136: 44 8 :106: 54 : 34 : 30 : 40 : 47
Tableau 5 - Résultats des analyses des traces en p.p.m.
les analyses totales des majeurs du tableau 4 ne bouclent pas
toujours à 100. Ces déficits sont dus à la présence de sulfa
tes (5 %) liés à Ca et Mg dans l'échantillon DYM 1 et de sul
fate de Ca (1 %) dans KARA 7.
On considère qu'un sol est salé lorsque la conductivité de son
extrait 1/10 est supérieure à 1000 micromhos (tableau 6). Les
balances ioniques sont mal équilibrées. Il y a moins d'anions
car la quantité de cations concorde en général avec la conduc
tivité. Un certain nombre d'anions n'a donc pas dO être dosé
(P04 ' NO; ... ).
- 29 -
Cations (mé/l)
Echantillons pHCond.(IVjm Cl
Anions (mé/l)
++Ca
++Mg
+K
+l'la
Somme
CaAnions tions
ARA 1.1
ARA 1.2
ARA 1.3
ARA 2.1
ARA 2.2
ARA 2.3
KARA arg.
KARA schistes
AMI 1.1
AMI 2.2
KARA 6
KARA 5 - 1 m
KARA 5-1,5 m
KARA 5 - 2 m
6,9 750 0,7
4,5 710 0,6
7,0 2000 1,0
4,4 2500 3,2
7,8 3900 6,2
7,2 2500 4,0
6,8- 1600 2,0
7,0 1900 2,4
6,9 2000 3,0
6,5 3000 4,5
6,8 1450 2,0
7,4 800 0,8
500 0,3
12,4
0,4 10,4
0,4
18,0 25,2 25,3
ARA 3 - 20 cm
oYM 1
6500 6,9 0,5
0,5
10,2
3,1 4,0
Tableau 6 - Analyses des extraits 1/10°.
L'examen de ces analyses permet de dégager les particularités suivantes
- les différentes valeurs sont variables d'une cure à l'autre, au sein d'une
même cure et même dans les différents horizons d'un même profil.
Ainsi les teneurs en alcalins et alcalino-terreux peuvent être plus élevées
en ce qui concerne Na et Ca en ARA 2 et 3 KARA 6 et AMI 2, plus élevées en
Mg pour oYIVj 1 et AMI 2 ... . Mais en général les teneurs en bases sont faibles
(entre 2 et 8 % du totall comparées aux taux de Si02
, A12
03
, Fe2
03
.
Surtout si on se réfère aux teneurs de la roche saine (50 % de Cao et 1 à 2 %
de Mgo dans le cas de oymamou).
- 30 -
Tableau 7 - Déterminations minéralog~ques.
Les valeurs en sesgnioxydes (Fe2D3 , A1203) indiquent que ces altérations
sont de nature latéritique. La dominance des argiles kaoliniques (tableau 7)
et les observations de terrain confirment ce diagnostic.
- les renseignements fournis par les analyses des extraits au 1/10 indiquent
que les sols sont peu salés, le maximum étant atteint par le prélèvement
ARA 3 avec 6500 Mmhos.
- outre la kaolinite qui domine tous les autres minéraux argileux, il faut noter
la présence fréquente de gypse et de calcite néoformés, Ces cristaux consti
tuent une partie des efflorescences blanches à goOt salé observées sur le
terrain.
la moyenne des valeurs des éléments majeurs et des éléments en traces (oligo
éléments) des échantillons de cure Gst- largement supérieure à celle des sols
sableux qui portent l'essentiel des pâturages du Gourma.
Le tableau suivant permet de les comparer.
- 31 -
Sols sur sables Cures salées:-----------------:-----------------:
;A1203 % 0,1 -2 1ô,ô
;Fe203 % 0,5 -2,5 11,3
;Ti02 % 0,02-0,2 0,6
:CaO % 0,1 -D,ô 1,05
'M 0 % 0,1 -0,25 0,72, g
;Na2O % 0,05-0,15 0,94
'K 0 ~ 0,15-0,35 1,00: 2 0
;Mn02 % 0,01-0,03 0,11
:Cu ppm 6 40
'Co ppm 0,6 15
'Zn ppm 0,7 -1,5 50
Tableau ô - Comparaison des teneurs en éléments chimiques.
4. Les interprétations
Les observations morphologiques précédentes et l'examen des résul
tats analytiques appellent les commentaires suivants :
- les cures étudiées se situent toutes dans des formations géologiques schis
teuses comprenant des intercalations dolomitiques ;
- le contexte géomorphologique et pédologique est dans tous les cas celui
d'un cuirassement ayant affecté le sommet des altéraions des formations
pétrographiques partiellement dolomitiques sous-jacentes, et dont la cui
rasse largement démantelée ne subsiste plus que sous forme de lambeaux
de certains points hauts. Les "gravillons" et les nodules ferrugineux
de surface diminuent alors en profondeur à mesure que l'on pénètre dans
dans les niveaux d'altération argileux bariolés.
- 32 -
Les stratifications et la schistosité permettent dans les meilleurs
cas, lorsque les fosses sont profondes, de constater que les altérations sous
cuirasse se sont faites dans un matériel lithologique en place.
- les efflorescences et les revêtements de cristaux généralement aciculaires
sont situés dans des niveaux peu épais, à distance relativement faible de la
surface topographique. L'effervescence à l'acide est rare.
- les déterminations diffractométriques indiquent :
. une quasi dominance de minéraux argileux de type kaolinite et une
faible proportion d'illite ou de micas,
une présence constante de gypse (sulfate de Ca) et quelquefois la
présence de calcite (carbonate de Ca) et une absence totale de
sels de Na décélables.
Des constatations qui précèdent, nous interprétons ainsi la forma
tion de ces cures salées :
La différenciation d'une cuirasse ferrugineuse se fait par l'inter
médiaire d'horizons d'altération à structure conservée de la roche de départ,
où la filiation des nodules ferrugineux aboutissant à la cuirasse peut-être
suivie (LEPRUN 1972).
L'altération latéritique ou ferrallitique responsable durant de
longues durées géologiques de cette différenciation conduit à une accumu
lation relative de fer et à l'élimination hors des profils des alcalins et
alcalinoterreux (Ca, Mg, K, Ka ... ) et de la silice. Elle aboutit à des
argiles kaoliniques sous et à l'intérieur de la cuirasse,
Dans le cas de roches à intercalations dolomitiques, la structure
schisteuse fine empêche l'exporation totale des ions basiques des bancs
calcaro-magnésiens,
Lorsque la cuirasse se démantèle, phénomène omni-présent actuel
lement, la destruction des niveaux indurés supérieurs libère des nodules
et donne aux eaux pluviales l'accès aux altérations argileuses sous-jacentes.
L'altération météorique des niveaux dolomitiques non totalement altéré peut
alors se faire.
Le climat sub-aride et la faible quantité de précipitations ne
permettent pas l'évacuation des ions basiques par le drainage interne.
Ces derniers, du fait de l'évaporation intense qui suit les pluies, remon
tent en surface dans les niveaux poreux gravillonnaires où ils cristallisent.
Enfin, comme le montre l'observation à Amniganda (AMI 2), les'
sels peuvent se trouver en cristallisations dans un sol solonetzique dé
veloppé à partir de matériaux d'altération sous cuirasse et d'apports
de ruissellement.
- 33 -
5. Conclusions
Si l'on restreint le terme salé à l'usage du chlorure de sodium
(CINa) et du natron en forte quantité comme c'est le plus souvent le cas
dans l'esprit de ceux qui l'emploient, les cures du Gourma ne peuvent
être appelées "salées".
En effet, ce sont alors des cures à faible teneur en sulfates
et carbonates de calcium, sodium et magnésium. La comparaison analytique
avec le natron du Tchad (BOUDET et al., 1971, p. 93) est probante.
Ces mêmes auteurs indiquent qu'à Karouassa, bien qu'appréciable,
la teneur en sodium ingérée durant la cure n'assurerait la ration en Na
que pour une semaine.
Il apparaît donc évident, que la fréquentation de ces cures
annuellement par les troupeaux n'a pas pour conséquence un apport substan
ciel en sodium capable de réduire le déficit des rations de saison sèche.
Plusieurs raisons peuvent alors expliquer cette fréquentation
assidue, certaines pouvant évidemment s'associer
- des raisons sociales et ethniques qui poussent l'éleveur à un périple
annuel qui lui permet de prendre contact avec d'autres éleveurs venus
d'autres régions dans une période de vie facile qu'est l'hivernage;
- un besoin de purge ressenti par le bétail après la longue saison sèche.
L'ingestion de sulfate aboutit à ce résultat puisque la cure est tou~
jours suivie à 1 ou 2 jours par une diarrhée violente, abondante et
assez brève
- l'ingestion d'argiles pourrait constituer un pansement digestif ou sim
plement l'assouvissement d'un pica allotriophagique ;
- des raisons physiologiques non évidentes pouvant provoquer, favorisé par
le goût salé des sulfates, le besoin d'ingérer du calcium facilement
assimilable (22 % du S04Ca l'est) ou des oligoéléments indispensables.
La géophagie est un phénomène fréquent chez les mammifères en
général et les ruminants en particulier.
Un grand nombre de publications traite des carences en oligo
éléments, métalliques le plus souvent, chez les ruminants. Ainsi LAMAND
(1970) diagnostique par des dosages les carences en cuivre, cobalt, ma
nifestées par la coexistence de la perte d'appétit, du pica, du poil
piqué, de la maigreur '" Le symptôme de l'anémie serait, de même, lié
à une carence en fer, et celui du trouble du pelage à la carence en zinc.
Ceci nous remet en mémoire les avantages attendus par les éle
veurs transhumants.
- 34 -
Il faut remarquer alors que tous ces éléments en traces, sont
fortement représentés dans les cuirasses et les niveaux argileux sous
jacents. En effet, l'altération latéritique qui a éliminé les bases et
la silice, a concentré non seulement le fer et l'aluminium (celui-ci
est stoqué en partie dans le réseau des kaolinites), mais aussi les ca
tions métalliques Cu, Co, Mn, Ti, Zn ... et d'autres oligoéléments moins
étudiés comme le vanadium.
BOUDET et al. (1971) sur la base des analyses de végétaux secs
appetés, prélevés dans le Gourma, considèrent que l'apport en oligo
éléments indispensables à l'équilibre alimentaire du bétail est assuré
par le fourrage. Encore faudrait-il que celui-ci soit toujours suffisant
en quantité et qualité. Au fur et à mesure de l'avance de la saison sèche
la ration journalière diminue alors que le trajet augmente. Le fait que
les cures aient lieu en Juin ou début Août, au moment où les symptômes
du bétail apparaissent et que ces symptômes soient ceux des principaux
troubles carentiels d'oligoéléments est troublant.
En résumé, la pratique des cures salées pourrait donc, favo~
risée par la saveur des sels de certains niveaux du sol, apporter au
bétail :
du calcium, sodium et magnésium en petites quantités, mais dans un
contexte sableux qui n'en possède pas ou peu,
- l'effet bienfaisant d'une purge sulfatée,
- et surtout un apport en oligoéléments indispensables.
Des prélèvements de sang ont été effectués sur du bétail de Gossi avant
et après la cure de Karouassa. Des analyses minérales totales après
calcination sont en cours et permettront peut-être de renforcer l'hypo
thèse déjà ettayée en faveur de l'action des oligoéléments métalliques.
Dès à présent il convient de préconiser, à un moment où est envisagée
la fabrication à Gao de pierres à lécher, l'addition à ces pierres
des différents oligoéléments indispensables.
C. LES FORMATIONS DE BROUSSE TIGREE
1. Introduction:
Ce terme a été créé par CLOS-ARGEDUC (1956) pour traduire
l'aspect singulier sur photos aériennes de formations végétales concen
trées en bandes parallèles sombres alternant avec des bandes dénudées
claires évoquant le pelage d'un tigre.
- 35 -
De nombreux travaux traitent de la description de ces formations,
de leur extension, de leur composition floristique et te~tent d'expliquer
leur genèse. Citons en Afrique de l'Ouest ceux de AUDRY et ROSSETI (1962)
en Mau~itanie,de BOULET, GAVAUD, BOCQUIER (1964) au Niger central,de
G~VAUD (1965) au Niger occidental,de GALAIS (1967) au Mali,de WHITE au
Niger (1970),de BOUDET (1972) au Mali ...
Ailleurs en Afrique, les anglo-saxons décrivent des "végétations
patterns" dans toute la zone sahélienne et sahélo-sahérienne : WORRAL au
Soudan en 1959, BOALER et HODGE (1962) en Somalie, suivi de HEMMING (1965),
WICKENS et COLLIER (1971) au Soudan ..•
Différentes causes ont été reconnues responsables de la formation
de ces bandes de végétation alternées. On a successivement incriminé l'ac
tivité termitique, le dessèchement progressif de la zone sahélienne, le
surpâturage, le drainage, les conditions édaphiques
Ces formations végétales se suivent de Timbedra en Mauritanie du
SE jusqu'au Niger oriental avec un maximum au Niger occidental.
Dans la boucle du Niger, les photos aériennes et les cartes IGN
au 1/200.000 indiquent une extension importante de la brousse tigrée dans
une bande latitudinale située entre le 160 et le 140 N.
2. Observations morphologiques :
a) Les témoins les plus septentrionaux : se trouvent à proximité
de Gossi. C'est là que nous avons étudié les sols qu'ils recouvrent grâce
à deux toposéquences, l'une GaS II à 17,5 km de Gossi vers Dora, l'autre
GaS III à 2,6 km de Gossi, vers Hombori (situations respectives:
15°16'10"N - 1°1D'40"W et 15°49'N - 1°17'10"W).
Ces toposéquences sont résumées dans les figures 7 et 8. La ré
partition de la végétation a été figurée pour rendre ces schémas plus
explicites .
. ~~_§~9~ê~~~§_~9~_~~ est située sur les formations géologiques
Y II de REICHELT (1972) qui sont constituées de schistes argileux multi
colores souvent zonés, pendant d'environ 400 vers le SW.
Elle est orientée NE-SW et comprend
- une microdune sableuse alignée en cordon qui forme le relief dominant,
- un haut de versant sabla-limoneux à sabla-argileux à sols peu évolués
à faciès brun subaride,
- une zone basse formant collature à matériau limona-sableux à argilo·
sableux développant des sols peu évolués à faciès hydromorphe et même
des microsolonetz.
L'ensemble est peu accidenté puisque entre le point le plus bas et le
point le plus haut il n'y a qu'une dénivellation de 1,3 m.
A- S.S.O
B...C o Chicots raclnalres E
_.-~~--_c-~------ ~.~.~__N.N.'
.:.:;1~j.:::m:....- t10cm
FIG.7. CHAINE DE SOLS GOSJIL Cl BROUSSE TIGRÉE»
39
~
J
38
~ 37
~36
~
35
~
34
~
argileux
33
~
32
~
31
~
30
~
r'/
+
~4
S.WA
• 4
20
~ 21
~
22
~
FIG.8.
•c..
10m
Chaine de sols gOSn:: cc Brousse Tigrêe
...0 .. fN. E
- 36 -
Les nodules et concrétions ferrugineuses se forment dans l'al
tération peu épaisse des schistes mais incorporent la frange inférieure
du matériau partiellement sableux sus-jacent.
Si l'on subdivise la séquence en 5 parties, on constate que la
partie AB est formée uniquement de sables éoliens récents, aucune diffé
renciation en horizons ne se manifestant dans ce matériau dont on distin
gue bien les apports lamellaires successifs de sables.
La partie BC est constituée d'un matériau dont la texture sa
bleuse dominante et la discontinuité avec les schistes durs sans l'inter
médiaire d'une zone d'altération, suggèrent une zone de colmatage prove
nant pour partie des sables éoliens et pour partie d'éléments fins dé
placés.
La partie CD dont les sols sont bien différenciés et structurés
comporte un taux d'éléments fins élevé (argile + limons) et semble en
grande partie dériver de l'altération des schistes.
La portion DE est le symétrique de la microdune A'B mais le
sable éolien s'appuie sur une butte de matériaux issus de la destruction
de grandes termitières encore présentes. A la verticale de cette butte
apparaît une proéminence schisteuse. La partie EF est le symétrique de
la portion A'A : la superposition de matériaux semblables y est relevée.
Les microdunes sableuses sont colonisées par une végétation de
Graminées éphémères (Schoenfeldia gracilis 3 Aristida mutabilis3 Cenchrus
biflorus ... ).
Toute la partie BC et la première moitié de la portion CD sont
entièrement nues, gravillonnaires, puis glacées à croOte blanche limoneuse.
La zone qui forme collature [pl"ofils 23 à 2gb) et qui s'appuie
aux deux chicots du socle schisteux (profils 23 et 2gc), reçoit les eaux
de ruissellement en sa partie basse (fosses 27 et 2ga). C'est dans cette
zone basse que se développe la formation de brousse tigrée boisée. Cette
bande de végétation dense est orientée perpendiculairement à la direction
de la toposéquence, et est composée de Graminées (Panicum laetum3 Schoen
feldia gracilis3 Andropogron gayanus ... ) et d'arbustes hauts (Acacia
erhenbergiana3 Grewia bicolor3 Acacia ataxacautha3 Boscia senegaleusis .•. ).
Il faut remarquer :
que cette zone boisée correspond à l'approfondissement maximum de la
roche,
qu'une érosion hydrique légèrement ravinanteaffecte la partie amont
de la portion CD (profils 24 à 27 où des rigoles de chenaux d'écoule
ment sont observées),
- 37 -
- qu'en amont de cette zone, sur la surface nue précédant la ride sableuse,
les fosses et les observations superficielles montrent les traces d'une
ancienne et intense activité biologique (vieilles racines, nids de ter
mites ... l,
- que la frange à individualisations ferrugineuses en contact avec les
schistes suit fidèlement la topographie de la zone dépressive, c'est-à
dire celle où l'eau persiste. Elle apparaît également au-delà de la
microdune, en aval de la portion AA',
- que la formation désignée limono-sableuse à argilo-sableuse apparaît
issue en grande partie de l'altération in situ des schistes mais en
mélange avec des sables éoliens et des matériaux termitiques en BC et OF.
L'ensemble de la séquence apparaît donc comme une suite de forma
tions ordonnées symétriquement par rapport à la zone dépressive centrale .
. ~~_§~g~~~~~_~~~_!!! se répartit sur la formation Y 1b de REICHELT
qui comprend des schistes argileux, des quartzites et grès lenticulaires.
Cette formation plonge d'environ 30° vers le NE. La séquence est orientée
NNE-SSW.
Très aplanie, elle joint deux "points hauts" qui sont des crêtes
rocheuses imprégnées par le fer, comprend deux zones basses sablo-argileuses
à argilo-sableuses à sols peu évolués bien structurés séparées par un cordon
sableux sans différenciation pédologique.
La végétation arbustive dense (Acacia erhenbergiana, Ac. senegal,
Grewia flavescens ... l et herbacée (Panicum laetum, Aristida faniculata ... l
se localise dans la partie dépressive du versant sous le vent de la micro
dune.
Le sommet des sables et le versant au vent regardant vers le NE
de la ride sableuse supportent des graminées annu~lles (Schoenfeldia gra~
cilis, Aristida funiculata ... l et quelques rares repousses d'Acacia senegal.
Des vestiges de racines et de termitières dont il apparaît quelque
fois en surface des chicots ou de petits dômes arrasés argileux sont obser
vables dans la portion DE, c'est-à-dire dans la seconde zone dépressive
argilo-sableuse à surface entièrement dénudée gravillonnaire ou blanchâtre
encroûtée.
bl Les topo séquences sur formations de brousse tigrée en position
latitudinale médiane :
. ~ê_~~e~§~g~~~~~_~Q~ (16°34'4D"N - 1°DD'3D"Wl est située à 43 km
de Gossi, sur la piste menant à N'Daki à quelques centaines de mètres de la
borne astronomique 303 IGN. Le profil en long est matérialisé par la figure 9
La roche mère est la formation Y 1b de REICHELT (schistes argi
leux quartzites et grès lenticulairesl, le pendage d'environ 20° vers le SSW.
ABC 0 EES E ......t__----.~ .......t__--------t.~ ......t__-------------------_... _..------l.~ WHW
""" """ .""".. "" .. ", '" "" ,~ f~. : .': " .' ..' : ' '. . ..o' •
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3
l2
~
. X{xxxx., >- >. .• x x
( x x x x x x x x x x xx x x x x x
x x )( v
1
FIG. 9. Chaine de sols NDA ccBrousse Tigrée»
FIG.1 O. Chaine de sols KER cc Brousse Tigrée Il
HHW
1: .... ::.; J Hori zon sableux
~ Horizon argilo-sableux et nodules ferrugineux
l1IllII Horizon Iimono sableux
~ Cuirasse ferrugineuse
o Horizon Iimono argileux
~ Roche_mère (Schistes)
- 38 -
L'examen du profil schématique de la figure 9 indique
- que la topographie du schiste en place monte vers le NW,
- que les sols supportant les bandes boisées sont assez épais, bien dif-
férenèiés (sols bruns subarides solonetziques - profil 1 - ou modaux à
calcaire exprimé en (B) - profil 4 -Jet frais,
- que la bande nue BC se compose de sols moins épais,
- que sous les sables à strate graminéenne annuelle dense on retrouve un
sol épais à peu près semblable à ceux supportant les bandes boisées.
On peut'avancer que la troncature des horizons limono-sableux
par des phénomènes d'érosion hydrique visibles en surface (en BC) déter
mine la reprise par le vent de la fraction sableuse libérée et son dépôt
en CD. Par contre, les éléments fins se déposent sur la surface des sols
érodés et la colmatent (profil 2).
finement pelliculaire blanc dessus (10 YR 6,5/3) limoneux,
puis brun clair (10 YR 6/3). Limono-argileux. Structure pris
matique 5-8 cm, assez bien développée. Sous~structure polyé
drique centimétrique cohésive. Les prismes sont arrondis sur
le dessus (colonnettes) et entourés d'un cortex bulleux assez
fragile. Cohésion d'ensemble moyenne, des mottes forte à
excessive. Enracinement fin moyen.
brun (10 YR 5/3). Même texture, plus limoneuse. Structure cu
bique fine bien développée. Cohésion des mottes beaucoup
plus faible. Porosité très bien développée. Vers la base
débris granuleux de roche ferruginisée et cuirasse déman
telée. Enracinement moyen et fin bien développé.
brun beige (8,75 YR 5/4). 80 %des débris précédents. La roche
est un schiste gréseux. Terre fine sableuse très faiblement
argileuse. Structure polyédrique fine très bien développée.
Cohésion moyenne. Porosité excellente. Enracinement assez
bien développé, bien réparti. Activité biotique forte (canaux
termitiques). Vers la base les débris de roche augmentent.
(B)
(C)
(B)C
8-21 cm
21-75 cm
Profil type: NDA 1.
Aspect superficiel fentes délimitant des polyèdres de 5 à 10 cm de lar
geur, à surface pelliculaire écailleuse blanchâtre.
Végétation : formation arbustive haute et dense à Grewia bicoZor et Gr.
fZavescens ~ ziziphys~ Acacia Zaeta et Ac. macrostachya. Strate herba
cée graminéenne dense à Panicum Zaetum.
Modelé: faiblement ondulé. Grandes termitières vivantes de 1 à 1,5 m de
hauteur.
Description
0- 8 cm
- 39 -
Classification et discussion : ce sol est un soZ subaride stpucturé à fa
ciès soZonetPique sur matériau de recouvrement au-dessus et pour par
tie issu de schistes gréseux cuirassés.
Le faciès soloné~ique est déterminé par les colonnettes, le cortex
bulleux et la cohésion très forte des prismes.
La forte teneur en éléments fins (argiles + limons) favorise le déve
loppement des structures et des cohésions.
L'horizon humifère manque fréquemment.
A(B)
(B)21
(B)22
4-18 cm
18-40 cm
40-90 cm
Autre profil type : NDA 3.
Aspect superficiel : encroGté à gravillons épars et saupoudrage de sables
éoliens formant des microbourrelets.
Végétation : sur les sables : SchoenfeZdia graciZis, Cenchpus bifZorus,
Apistida mutabiZis, BZepharis •.. , ailleurs: dénudé.
Modelé : décrochement de microdune sabeluse en amont de la bande boisée
(NDA 1). Profil creusé dans la zone nue à la limite de la microride
sableuse.
Description :
0- 4 cm : beige-jaune (7,5 YR 6/4). Argilo-sableux et gravillonnaire.
Lamellaire donnant une structure massive à débit polyédrique
plat. Cohésion d'ensemble moyenne, mottes moyenne à faible.
Enracinement nul.
beige clair (7,5 YR 6/5). Sable limoneux à sablo-argileux.
Gravillons assez nombreux épars. Structure massive à nette
tendance polyédrique 2-3 cm mal développée. Cohésion d'en-
semble moyenne à faible, des mottes plus faible. Ancienne
activité biologique visible, enracinement nul.
brun jaune (7,5 YR 5,5/5). Même texture sans gravillons.
Structure polyédrique à cubique 1-2 cm assez bien développée.
Cohésion d'ensemble moyenne, des mottes très forte. Quelques
vieilles racines et activité biologique ancienne (nids termi
tiques).
brun pâle tirant sur l'olive (10 YR 6/4). Argilo-sableux.
Structure polyédrique fine bien développée à sur-structure
prismatique lâche. Cohésion d'ensemble faible, des mottes
forte. Pseudo-mycellium calcaire biologique donnant une
vive effervescence à HCl 1/2. Cohésion des mottes forte.
Quelques fines racines. Activité biologiqe moyenne : termites.
au-delà de 90 cm : on touche une cuirasse ferrugineuse peu démantelée.
- 40 -
Classification et discussion : ce sol brun subaride modal correspond aux
zones nues situées en amont de la dépression boisée. Par troncature
des deux premiers horizons. le profil NDA 1 s'est développé è partir
du matériau des horizons (B)21 et (B)22 (cf. fig. 9) ..
Un peu plus en amont. sur la microride. ce sol tronqué se trouvera re
couvert par 20 ou 30 cm de sables peu cohésifs. peu humifères. On aura
alors deux sols superposés : un sol peu évolué sableux sur un sol brun
subaride modal .
• ~~_~~~~~~g~~,::!~~_~~~ C14°58'4D"N - D2°39'3D"W) : l~ brousse'ti
grée concernée est encore plus méridionale que la précédente. La roche-mère
est un schiste micacé difficilement discernable en raison de la présence
quasi-générale de la cuirasse ferrugineuse qui le recouvre.
Elle borde le Seno Mango sableux au Sud de la piste Hombori
Douentza. au Sud du village de Kerano. è proximité du campement peul de
Boulay.
La topo séquence est en tous points comparable è la précédente
comme l'indique le schéma synthétique de la figure '10.
- même orientation du vent. des rides sableuses. des bandes boisées.
- mêmes emplacements des bandes boisées nues et graminéennes. et même
supports pédologiques de ces bandes.
- même troncature érosive en contre-bas des micro-dunes sableuses.
- même pente générale du substrat rocheux cuirassé vers le NO.
c) Les toposéquences sur formations de brousse tigrée méridionales
Un certain nombre de toposéquences de brousse tigrée en position
méridionale extrême ou orientale ont été étudiées.
La plupart sortent de la zone du Gourma. Elles concernent le
Séno-Mango. la région d'Ansougo-Ménaka et le Nord de la Haute-Volta.
Les observations en territoire voltaique ont pu être relevées
durant une mission DGRST dans l'Dudalan autour de la mare d'Dursi CLEPRUN
1977.1978).
Les échantillons de sols de ces topo séquences sont en cours d'analyse.
Les profils en long schématiques de ces chaînes de sols résument
bien l'ensemble des observations. Les dénivellations de la surface topo
graphique sont fournies par un niveau è bulle.
~ê_~~~~ê~9~~'::!~~_I~~ CSéno-Mango. Sud de Douentza ~ Coordonnées
14°25'3D"I'J - 2°36'DD"W - fig. 11) : la roche sous~jacente atteinte
est constituée par les grès du continental terminal cuirassés.
4
~
FIG. 11.
3
~
Toposéquence TE N
TEN1
~
20m
1 :"-;"":.: 1 Voile sableux
~ Horizon Iimono-sableux
o Cuirasse démantelée
~ Cuirasse ferrugineuse
- 41 -
La bande boisée habituelle se réduit ici à un bosquet dense à
Combretum micranthum3 Acacia ataxacantha3 Boscia senegaleusis 3 Grewia
bicolor3 Ptérocarpus luceus3 Bauhinia reticulata ... La strate herbacée
comprend : Andropogon gayanus 3 Eragrostis tremula3 Pennisetum pedicella
tum et quelques Panicum laetum.
Cette végétation est concentrée dans la dépression circulaire
où est située la fosse TEN 1.
Un petit voile sableux dense porte (TEN 3) Loudetia togoensis3
Schoenfeldia gracilis 3 zornia3 Eragrostis ...
h~_!~eQ§~g~~~~~_~~~_~_~!_~~(Dudalan de Haute-Volta au N d'Dursi
14°46'2D"N - D0 3D'1D"W - Fig. 12) : la roche-mère fait partie de
la formation des grès de bordure (DUCELIER 1963) qui annoncent la grande ex
tension du sédimentaire vers le N. Ces grès sont cuirassés. Cette cuirasse
peut-être mise à nu sur les bandes de brousse qui s'élargissent beaucoup.
Les bourrelets et voiles sableux persistent encore (ZAM 8). Les
sols qui supportent les bandes boisées peuvent être épais. La strate ligneu
se de ces bandes comprend : Combretum micranthum3 Boscia senegalensis et
angustifolia3 Acacia ataxacantha3 Balanites aegyptiaca3 Maerua crassifolia3
Commiphora africana3 Pterocarpus lucens3 Grewia bicolor3 Guiera senegalensis
Les Graminées principales sont Aristida longifloPa3 Andropogon gayanus 3 Penni
setum pedicellatum.
Les grandes termitières épigées (BeZi~ositermes) sont nombreuses.
Sur les voiles sableux prolifèrent Cenchrus biflorus3 Aristida mutabilis 3
Zornia gZochidiata3 peu de Schoenfeldia mais quelques repousses de ligneux
légèrement vers l'aval.
3. Les analyses
Elles sont trop nombreuses pour figurer dans ce rapport. Elles
paraîtront dans des publications ultérieures. Le tableau 9 regroupe toute
fois les analyses des deux sols décrits de la topo séquence NDA.
4. Les ~ntexprét~tions :
a) Les toposéquences septentrionales (GoS II et III) : la compa
raison des deux séquences de sols orientées NE-SW. sur schistes argileux.
à l'aide des éléments donnés précédemment et des schémas des figures 7 et
8 permet de dégager un certain nombre d'analogies et de différences. si
l'on prend soin de comparer la portion AD de la séquence II au segment CE
de la séquence III. Dans les deux cas on examine alors la partie du cordon
sableux située au vent. la zone dépressive et sa remontée.
2
~
FIG. 12. Toposéqu~nce Z AM ::I
'1--,10m
FIG.12. Toposéquence ZAM II
\:.':':':': :,1 Horizon sableux
~ Horizons S.A à sablo_limoneux
~ Horizon argi\o- sableux
:.~0:: Gravillons de cuirasse ferrugineuse
démantelée
~ Cuirasse ferrugineuse
0,10,*
'00,4
-
Aso AS
-.l.J...L O,S
ls
o,t
ANALYSE MECANIC UE~. ) A, ~ Â. f r.".i,} A, , 0, ~ 1; Ao,t o,t 0,-1 0,'1.
4.,1 4b,) "t,A 4't,1\il, ~ li ~. + +-0. ~ lj r,1I
Jo ~ •
o,t. _0-J-
A,'.1.10,'1
t'r,o4-1, 8
N° Echantillon ..Profondeur cm ..Couleur ( ) ..Refus 2 mm 0/0 ..Humidité % .
CO", Ca °/_ .
Argile % ..
limon fin °/° ..li . 0/mon grOSSIer ° .Sable fin % .
Sable arossier °/° .
T.ab \e,.)v 9 FICHE ANALYTIQUE
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::.:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::: I·r-N-o -P-RO-F-IL-:..G-QS-..,*-.~..-.~.r-~-r.""".......................................................................................................................................................... . .
,.......-:-,,----------,-----,-----r------.- . -..:.;M:-:-:-A..:,:T..:..:IE=IR=Ec....::O:::..;Rr:-::G::.:..A.:.:...:N:..:..:IQ::!.;Ur=-E----,----,-------,-_Mat. org. totale %......... (J,A Q,A 0:"Mat. Humiques ()~.... _~I_--=-_I_--=- __--=-_11_ o,l[
--- ---1---- ----J1---1---1---1---
....................................................... 1----::--1---1----1----11--- --- ---1----'--Carbonne °/00 I_O::.,j,c.J,'lL\_1 __o~....:..I'~'_1 0, "
~~te °/00 0/ A 'li 0: ,411 --=1),-,-,...:..~ ~~ 1.--'''--- --=--I--=---C,N........................................... 'i" s.~ lot,)
ACIDE PHOSPHORI( lUEP2 Os total °/00 1_-=-<o'l....!'+....!.'_I_~O.L:,4LJ}L O,\U Q,iT o,z.~ 1 O,~S 1 P,U' 1 o,lrP2 05 ( ) °/00 ..
------
100 d
FER
bl MEéchB
..,CARACT RISTIOUES PHYSIOUES
Poids spéc. r..I ................Poids SpK. appar............Porosit' 0/0........................... ~412- -~ll - - 'H'," l't,' 'U ,l 't 5'. rpF3 ............................................pF4,2 ....................................... °1 ~, .A,'" If 0,' i 0,5' .A.O A,Y~ 2,1 ~ ..1,$"1=pF2,1 ....................................... 1, r If 2., Ai Al~.}. .A to '1.04 ~, Sl \t~ U tir"•Eau utile % .........................
Instabilit' structural. IsPerméabilité Kcm/h ........
F2 03 libre °/00 ................. (lI,l' A,o, - 0,([ 0," D,rO 0,' 8 J,a O,S"
F2 03 total °/00 ................ A,J' A,SIf' ), \f 1- .A,o' .A. }" A, ~ 1. .A,n 0, B'libre/Fer total ...........
.Fer
Bases totales ME pour 100 g de sol (Calcium ...................................Magnésium.............................Potassium................................ ---Sodium .....................................
ases an gea es pour g esoCalcium .................................... A/le ),\It 0) 'l' 0,61 "L,o, .AU ~,8' A,S 1.
Magnésium ............................. 0,1. a 11; li 0, l. n tl 0,)0 0,)1) '0/$\ 0, sr.Potassium ............................... O,l! t P103 0.0"" 0.01. o,,1f o.,J't 01'01/: 0,01• 1
Sodium ..................................... §;, 0, °04 " ft .. .A o.oA 0,0-1 01'0' l-i
S ................................................... A,S~ ··Li' A,l ; o,'Ir lillY Ain tH 'L, A '1.• •
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S PlO?]__---.-_~.~SOLUTION DU SOL==-----_
1Conductivité mmhos'''I_-r 1 1 - -1 1Extrait sec: mg/100 g ~
- 42 -
Sont mis en évidence :
~~~_§~~~!~~~~~ de la topographie, de la succession des sols et des maté
riaux, du modelé du front des schistes durs et de celui de l'horizon
nodulaire ferrugineux.
Ainsi, avec un léger décalage possible vers le SW, à la verticale du
dépôt de la ride sableuse, correspond une remontée du substratum schisteux.
Plus exactement, un môle rocheux, sépare dans les deux cas les dépôts
superficiels sableux aux matériaux argilo ou limono-sableux de la dé
pression.
De même, ce sont les mêmes portions de front schisteux qui sont ourlées
·d'individualisations ferrugineuses.
La composition floristique est à peu près la même.
L~s bandes nues sont gravillonnaires en amont, glacées à encroûtement fin
à l'aval. Des traces d'érosion hydrique semblables marquent les zones dé
nudées qui présentent,enterrés,des vestiges racinaires et biotiques intenses.
- ~~~_~!ii~~~~~~ dans la répartition de la bande de végétation dense. Alors
que pour GoS II celle-ci se trouve éloignée du cordon sableux édifié pour
GoS III, elle apparaît en contre-bas du versant doux de la microdune. Il
y a un décalage des zones boisées actuelles.
Curieusement, ce décalage s'observe aussi pour les zones boisées et biolo
giques anciennes dont il ne reste que des traces. Il y a substitution terme
à terme, c'est-à-dire que la végétation concentrée actuelle d'une topo
séquence se situe topographiquement et édaphiquement à l'endroit de loca
lisation de la zone boisée ancienne de l'autre toposéquence et inverse
ment. En outre, les largeurs des bandes nues et boisées sont différentes
dans les deux chaînes de sol.
Les apports superficiels juvéniles de sables lités du cordon
sableux, la composition floristique de graminées éphémères, les signes
évidents de l'érosion en nappe du glacis au vent supportant les sables,
la présence de bandes anciennes de végétation et d'activité termitique.
la position apparemment opposée de la végétation arbustive concentrée,
nous font opter pour les interprétations suivantes :
- sous l'action des vents de saison sèche soufflant du NE, le matériau
meuble issu de l'érosion hydrique des zones dénudées, est remis en
mouvement et alimente le cordon sableux qui gagne alors vers le SW.
Il combe ainsi, peu à peu, la dépression, modifie le régime hydrique
des sols et détermine la mort de la frange arbustive dense, Cette mort
est suivie d'une prolifération des Termites lignivores ou champignonistes
(nous avons récolté plusieurs individus qui, déterminés, se sont révélés
être des Bellicositermes bellicosus).
- 43 -
La destruction des termitières, lorsque la nourriture devient
ins~ffisante et les conditions hydriques et édaphiques trop sévères, ali
mentent en matériaux fins le glacis dénudé.
La bande arbustive dense suit donc le mouvement dans la dépres
sion qui se déplace en avant du versant sous le vent du cordon sableux.
L'approfondissement des sols et des altérations sur les zones
dépressives et la présence dans les deux chaînes de sols de l'amas sa
bleux au-dessus de la remontée des schistes, pourraient constituer les
premières preuves d'un déplacement rapide de la végétation d'une zone
dépressive à l'autre, ies sables avançant rapidement sur la surface gla
cée des sols à texture fine mais se bloquant sur les crêtes rocheuses
saillantes. /
Cette hypothèse expliquerait à la fois l'orientation rigoureu
sement parallèle sur le terrain : du cordon sableux, des alignements des
crêtes rocheuses et des bandes de végétation.
Elle expliquerait aussi la présence des vestiges de bandes boi
sées en un seul endroit et non sur toute l'étendue' des bandes dénudées.
Elle expliquerait enfin la disposition inversée des bandes boisées vivantes
et mortes dans les deux toposéquences étudiées.
Une partie de nos observations sont en accord avec celles avan
cées par nos prédecesseurs : AUDRY et ROSSETI (1962). GAVAUD (1965),
BOUDET (1972). Cependant n'ont jamais été mis en évidence avec précision
et démontrés :
- la dynamique du phénomène.
- le rôle des sols, du modelé interne du front rocheux. du pendage de la
roche.
D'autre part, les causes initiales du déclenchement de la forma7
tian des bandes alternées aboutissant à la "brousse tigrée" ne sont pas sa
tisfaisantes. que l'on fasse intervenir de manière trop abusive, l'action
des Termites. le volume de prospection des racines. la sécheresse ou le
surpâturage.
b) Les toposéquences médianes (NDA et KER. fig. 9 et 10)
Les faits militent en faveur d'une interprétation globale des processus
évolutifs et dynamiques. semblable à celle des brousses tigrées septen
trionales.
Cependant, plusieurs remarques importantes s'imposent lorsque
l'on descend vers le Sud:
- 44 -
- les différentes bandes prennent une extension beaucoup plus grande.
Ainsi. l'espacement entre deux bandes boisées peut atteindre 100 m
et plus. alors qu'à la latitude de Gossi il n'est que de 20 ou 3D m
en moyenne
- aux débris ferruginisés et nodules diffus (GoS II et III) du Nord
correspondent des formations cuirassées généralisées (KER) sur des
roches sédimentaires proches (schistes argileux)
- la taille des strates arborées et arbustives des bandes boisées aug
mente et les espèces végétales se diversifient :
- l'érosion hydrique et la déflation éolienne ont des actions à peu près
égales sur la formation des bandes nues et des microdunes sableuses.
c) Les toposéquences méridionales (TEN et ZAM. fig. 11 et 12) :
La dynamique de l'avancement des bandes perpendiculairement à la direction
du vent dominant du NE si elle se poursuit encore (ZAM) diminue puis s'ar
rête plus au Sud (TEN. environs de la mare d'Dursi). Les causes en sont
diverses :
- ralentissement de l'action éolienne (à TEN seul un léger voile sableux
est mobile)
- changements ou transformation du substrat lithologique : vers le Sud
les formations sédimentaires cèdent la place au socle granito-gneissique
et les cuirasses sur continental terminal prennent un modelé très ondulé
convexo-concave ;
passage d'un réseau hydrographique endoreique à un système organisé.
hiérarchisé,exoreique ;
- augmentation de la densité. de la variété et de la taille de la strate
ligneuse ; accroissement du nombre de graminées permanentes aux dépens
des annuelles ...
5. Conclusions :
Il semble donc qu'autour de Gossi. c'est-à-dire en position sep
tentrionale. la brousse tigrée soit une formation végétale à dynamique de
transformation rapide. située hors des zones dunaires. planes dans l'en
semble. à substratum rocheux proche. Le microrelief est ondulé à l'échelle
du mètre par des crêtes sableuses. rocheuses et des dépressions à texture
fine.
Trois éléments importants sont à rapprocher
- la direction des vents dominants de saison sèche.
- l'orientation des crêtes rocheuses affleurantes.
- l'orientation des cordons sableux et des bandes boisées perpendiculaire~
~ la direction du vent.
.----------------------.,14"
o 100 Km11-------11
FIG.13.
Extension de .Ià Brousse Tigrée par
rapport aux formations Géologiques
(d'après schéma géologique de J. GAlLAIS 13"
modifi~ )
0"
~-----.-:.:;-'-=~--_.._--_._-1"
L1PTAKO
BAMBA
2"4"
m Socle ~ Série d' Ydouban ~Séried'Ism•
ITIIIIl Grès de Firgoun ~ Série d' Hombori_ •• BrousseDouentza tigrée
D Orthogneîss t Bourré) g Primaire. .. ....
.~ Seriè d'Ansongo ~ C. terminal '\Limite du
--- seuil deHombori_- Série de Lab'zang8 0 Ouarternalre Goundam: '. ':,'.<
- 45 -
En descendant vers le Sud, l'action du vent décroît, l'érosion
hydrique devient prépondérante, le substrat cuirassé se généralise, la
végétation augmente et se diversifie. La dynamique assez rapide au Nord
se trouve donc ralentie, puis stoppée.
Les brousses tigrées méridionales extrêmes passent progressive 7
ment aux formations à bosquets, à la savane arborée ponctuée et enfin à
la savane arborée homogène en zones non cultivées.
L'importance du facteur sol longtemps ignorée est évidente,
liée à celle de la roche-mère.
Celle-ci est toujours une formation sédimentaire, gréseuse en
particulier (fig. 13), excepté au S où elle déborde sur le socle.
La sécheresse ou le surpâturage ne nous semblent pas avoir
transformé des régions entièrement boisées en brousse tigrée, Mais ils,
sont certainement à l'origine des changements floristiques, arbustifs
notamment.
Le pâturage animal intensif a des effets néfastes. Celui qui
passe par la main des éleveurs est définitif et irréversible.
Ainsi la toposéquences GoS III située à proximité de Gossi a
été entièrement détruite par les machettes en 1976, un an après les pre~
mières observations. La bande boisée saccagée avait perdu son aspect vert~
touffu, humide, pour devenir un véritable "paillasson" aux arbres mutilés,
Son état avait empiré en 1977. Cet exemple malheureux éclaire
sur l'action prépondérante de l'homme dans la "désertification" actuelle
du Sahel.
B 1 B LlO GR A PHI E
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of Sudan. - Geoderma~ 6, p. 43-59.
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE
1 - Le profil pédologique GoS 3. Toposéquence GoS 1.
Description dans le texte.
2 - Fentes de plages nues à léger voile sableux piégeant les graines
de graminées CSchoenfeZdia gpaciZis en particulier).
3 - Excavation due à l'exploitation de la cure salée de Karouassa.
Les "gravillons" ferrugineux supérieurs et les bancs dolomi
tiques ou calcitiques sous-jacents sont bien visibles.
4 - La formation de brousse tigrée de la topo séquence GoS III en
1975. Le véhicule est placé à la limite de la bande nue et
des ensablements colonisés. La bande boisée est visible à
droite et au fond.
5 - La formation de brousse tigrée de la toposéquence GoS II.
La vue est prise du bourrelet sableux et montre la zone colma
tée nue puis la bande boisée et ses termitières.
6 - Toposéquence GoS II. CroOte blanche, écailleuse, limoneuse,
de la portion CD au niveau du profil 26.
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