evolution de l'empreinte écologique
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Evolution de l'empreinte écologiqueTRANSCRIPT
Depuis 1961, l'em-
preinte écologique de l'huma-
nité a plus que doublé : notre
empreinte dépasse de 50% la
capacité du monde à se régé-
nérer. Si tous les habitants de
la planète vivaient sur le ni-
veau de vie américain, il nous
faudrait 5 planètes, 3 planètes
sur le niveau de consomma-
tion moyen d’un français, et
un quart de planète suffirait si
nous avions la sobriété d’un
habitant du Malawi, petit état
situé en Afrique Australe. Ces
différents abus soulèvent la
problématique de l’épuise-
ment des ressources à long
terme et ont d’ailleurs entraî-
né la fréquence de plus en
plus élevée des catastrophes
naturelles, notamment avec
l’augmentation de la concen-
tration en CO2 dans l'atmos-
phère de 40% depuis le début
de la révolution industrielle.
Un développement durable
devient donc plus que néces-
saire.
Nous allons dans ce dossier
analyser et réfléchir à l’évolu-
tion de cette empreinte écolo-
gique, d’une part en fonction
de l’évolution démographique
sur l’ensemble de la planète,
et d’autre part en fonction de
la situation économique des
pays: pays développés, pays
émergents et pays en voie de
développement.
Pour introduire...
Evolution de l’empreinte écologique
Rendu le 17/11/2011
Qu’est ce que l’empreinte écologique?
L’empreinte écologique mesure les surfaces de
terres et d’eau biologiquement productives néces-
saires pour produire les ressources qu’un individu,
une population, une activité consomme et pour ab-
sorber les déchets générés, compte tenu des techno-
logies et de la gestion des ressources en vigueur.
Elle est exprimée en hectares globaux (hag) qui repré-
sentent des surfaces ayant une productivité égale à la
productivité biologique moyenne mondiale.
Différents domaines –que l’on verra dans la suite du dos-
sier— sont pris en compte pour couvrir tous les terrain de
consommation (pêche, pâturages…).
Il faut noter que l’empreinte écologique présente un constat
et ne prédit pas directement le futur. Les mesures n’indi-
quent pas l’intensité avec laquelle chaque surface productive
est utilisée et n’intègrent également pas les dimensions so-
ciales et économiques de la durabilité.
Impacts de l’évolu-
tion démographique
au niveau mondial
2
Empreinte écolo-
gique et situation
économique des
4
Pays développés 5
BRICS et pays émer-
gents
7
Pays en voie de déve-
loppement
9
Pour conclure... 11
Dans ce dossier :
Evolution de l’empreinte écologique Page 2
La population mondiale a atteint
7 milliards d'humains et ne cesse d’aug-
menter (environ 232 000 habitants de
plus chaque jour sur la planète). Au-delà
des disparités économiques et sociales
qui l’accompagnent, cette évolution sou-
lève aujourd’hui les inquiétudes en raison
du lien entre population et sollicitation
de l’environnement. Les limites phy-
siques de la planète posent crûment la
question de l’injuste répartition actuelle
des ressources entre les êtres humains,
et la remise en cause urgente d’un mo-
dèle de consommation insoutenable.
La gestion des ressources rares, notam-
ment l'exploitation des terres, pose un
premier problème. La quantité de terre
disponible par habitant devrait en effet
diminuer d'environ 25% d’ici 2050 (de
2,02 à 1,63 hectares/hab.). Dans le même
temps, la propagation des modes de con-
sommation non durables des pays déve-
loppés – qui poussent le prix des hydro-
carbures à la hausse et encouragent ainsi
les agriculteurs à la production de biocar-
burants au détriment de la subsistance
alimentaire – contribue à une dégrada-
tion parfois irréversible de l’environne-
ment. Certaines régions d’Afrique pour-
raient ainsi faire l’objet d’un changement
climatique qui mettrait en péril les ré-
coltes permettant de subvenir aux be-
soins alimentaires de millions de per-
sonnes.
La deuxième interrogation demeure l’ac-
cès à l’eau. Alors que les besoins de la
population mondiale, en partie insatis-
faits, suivent logiquement la hausse dé-
mographique, un rapport du « World
Economic Forum » signale que le monde
fera face à un écart de 40% entre la de-
mande et les quantités disponibles d’ici
2030. Plus généralement, les ressources
de la Terre sont engagées dans un
« dépassement écologique » (différence
entre l’empreinte écologique et la bio
capacité) qui consomme en l’espace d’un
an ce que la planète régénère en dix-huit
mois. Par ailleurs, il n’y a aucun doute
que la pression démographique au Sud,
additionnée du mimétisme des pratiques
de consommation et de gaspillage encou-
ragées par la mondialisation écono-
mique (augmentation fulgurante de
l’empreinte écologique), nous condui-
ra très rapidement à un épuisement
certain des ressources naturelles.
Nos écosystèmes ont tenu
tant bien que mal jusqu’ici car la majo-
rité des terriens (Asie, Afrique, Amé-
rique du Sud) n’avaient pas le niveau
consommation d’un occidental. Mais
dès 2005, selon le WWF, on aurait
excédé les capacités de la Terre de
30%, et les occidentaux à eux seuls
(Amérique du Nord et Europe) con-
sommeraient déjà un peu plus d’une
planète. Si rien ne changeait, deux
planètes seraient nécessaires pour
faire face à la démesure de notre civili-
sation à l’horizon 2050. Ces prévisions
tiennent compte du passage à la socié-
té de consommation des pays émer-
gents comme la Chine, l'Inde, ou le
Brésil. Ces 3 pays à eux seuls comptent
aujourd'hui 2,5 milliards d'habitants
qui adoptent progressivement le mode
de vie polluant des pays industriels.
ressources renouvelables que la bios-
phère est capable d'en régénérer et sur-
tout nous produisons plus de déchets
(CO2 en particulier) que la biosphère ne
peut en assimiler.
Pour l’année 2008, la capacité totale de
production avait été consommée au 23
septembre.
À l’échelle de l’humanité, l’em-
preinte écologique a triplé depuis 40 ans.
En 2003, l'Empreinte Écologique globale
était de 14,1 milliards gha, soit 2,2 gha
par personne. Aussi, L'empreinte de l'hu-
manité a commencé à dépasser la bioca-
pacité globale le 31 décembre 1986 et ce
dépassement a depuis augmenté chaque
année : nous consommons davantage de
Le graphe ci-après montre l’évolution de
l’empreinte écologique mondiale de
1961 à 2007.
Impacts de l’évolution démographique au niveau mondial
Si rien ne changeait, deux planètes seraient nécessaires pour
faire face à la démesure de notre civilisation à l’horizon 2050...
Quelle est la situation?
Empreinte écologique et biocapacité mondiales
17 novembre 2011 Page 3
L’empreinte écologique est indiquée en nombre
de planètes. La biocapacité totale, représentée
par la ligne en pointillée équivaut toujours à une
planète Terre, bien que la productivité biologique
de la planète change chaque année.
Déjà en 2007, on avait besoin d’à peu près 1,5
planète pour subvenir aux besoins de la popula-
tion mondiale. Il est évident que la progression
démographique récente est d’autant plus alar-
mante que la planète terre ne suffisait même plus
à répondre aux besoins de l’homme déjà en 2007,
cette situation est logiquement pire à l’état actuel.
Par ailleurs, parmi les 6 composantes de l’empreinte écologique (Terrains bâtis, terres cultivées, surfaces de pêche,
forêts, pâturages et empreinte carbone), on remarque que c’est l’empreinte carbone qui a le plus augmenté. Les émissions
de CO2 sont passées de 1,7 milliards de tonnes en 1950, à plus de 18 milliards de tonnes en 2000 (augmentation de 90,6%).
Bien qu'une partie de ce CO2 soit absorbé et recyclé par l'écosystème (notamment grâce aux forêts et aux océans), la con-
centration en CO2 dans l'atmosphère a augmenté de 20% depuis 1950, et de 40% depuis le début de la révolution indus-
trielle. D'ici la fin du 21ème siècle, si rien n'est fait pour limiter les émissions, le taux de CO2 pourrait avoir augmenté de
250% par rapport à 1950, entraînant une hausse de la température globale de 10°C, ce qui aurait des effets catastrophiques
pour la survie de l'humanité. Si les émissions sont sévèrement réduites, la concentration en CO2 pourrait n'augmenter "que"
de 160%, avec une hausse des températures de "seulement" 5 ou 6 degrés.
Face à l’ampleur du péril démographique, l’impact de ces transformations sur l’empreinte
écologique mondiale est l’objet d’une étude américaine (« Global demographic trends and
future carbon emissions 2»). Le rapport de cette étude suggère entre autres qu’un
ralentissement démographique aurait un impact positif à hauteur de 16 à 19% des
émissions de carbone suggérées comme nécessaires d’ici 2050 pour éviter des changements
climatiques préjudiciables.
On remarque d’autre part une inégale répartition géographique de l’ampleur de ce « péril démographique » qui est lié au
niveau de développement des pays et à l’importance des ressources disponibles par habitant et/ou par continent. Le tableau
suivant montre l’évolution de la bio capacité et de l’empreinte écologique en fonction des continents3.
Biocapacité totale (ha globaux / pers)
2007
Empreinte Ecologique totale (ha globaux / pers)
2007
Afrique 1,5 1,4
Asie 0,8 1,8
Océanie 11,1 5,4
Amérique latine et Caraïbes 5,5 2,6
Amérique du Nord 4,9 7,9
Europe 2,9 4,7
Empreinte écologique mondial de 1961 à 20071
Evolution de l’empreinte écologique Page 4
L’Europe consomme 60 % de plus que sa
propre biocapacité : elle est de 2,9 ha
globaux par personne et l'empreinte d'un
européen moyen est de 4,7 ha globaux
contrairement à l'empreinte moyenne
d'un habitant d'Amérique latine ou
d’Océanie qui est inférieure à la moitié de
la biocapacité régionale disponible.
D’autre part, l'empreinte écologique d'un
habitant d'Afrique (1,4 ha) se rapproche
de la biocapacité du continent (1,6 ha).
Fort heureusement, la biocapacité d’une
zone n’est pas figée. En effet, étant plus
importante dans l’ordre pour les champs
cultivés, les forêts et enfin les pâturages,
elle peut donc être plus ou moins grande
suivant l’affectation qu'on donne à ces
terrains, de la fertilité de ceux-ci ou en-
core des techniques de production utili-
sées.
Ces facteurs démographiques conjugués
à la pauvreté, à l’absence de ressources
dans certaines régions, à la consomma-
tion excessive, et aux modes de produc-
tions pas vraiment économiques dans
d’autres entraînent ou exacerbent les
problèmes de détérioration de l’environ-
nement et d’épuisement des ressources,
compromettant ainsi un développement
potentiellement durable.
A l’heure actuelle, notre planète est régie par
des états. Ces derniers ont le contrôle partiel en
matière de décision économique, politique et
sociale en leurs seins, et certaines régions du
monde s’organisent en communautés, l’Europe
étant l’une d’entre elles. Parmi les 194 états re-
connus, on s’est habitué à établir un classement,
dénombrant ainsi les pays en voie de développe-
ment, les pays émergents, et les pays développés.
Afin de mieux comprendre l’approche de l’em-
preinte écologique de chaque pays, il nous a sem-
blé cohérent de décrire le fonctionnement propre
de chaque groupe.
1 Source : http://www.wwf.be/fr/que-faisons-nous/reduire-notre-impact/l-empreinte-ecologique/l-empreinte-ecologique-de-l-humanite/686
2 Voir http://www.pnas.org/content/early/2010/09/30/1004581107
3 Source : http://www.wwf.be/fr/que-faisons-nous/reduire-notre-impact/l-empreinte-ecologique/l-empreinte-ecologique-de-l-humanite/686
Empreinte écologique et situation économique des pays
Ce découpage s'appuie sur les observations, cons-
tats et projections de croissance en matière de
population, d'empreinte écologique, et de reve-
nus. Depuis les années 50 l'évolution à été forte-
ment différente pour chacun de ces groupes. Au-
jourd'hui les écarts entre le dynamisme de ces
zones justifie cette classification et l'analyse de
l'empreinte écologique permet de comprendre les
challenges futurs de la planète.
Empreinte écologique en fonction du niveau de revenus
17 novembre 2011 Page 5
Nous avons analysé dans un pre-
mier temps le diagramme à barre dispo-
nible à la page 14 du rapport WWF pla-
nète vivante 2008 (www.wwf.fr/pdf/
LPR_2008_FR.pdf). Il décrit l’empreinte
écologique/pers. d’une soixantaine de
pays dont l’empreinte écologique est
supérieure à la biocapacité mondiale par
personne. Il indique également la propor-
tion de chacune des six composantes
définissant l’empreinte écologique
(pâturage, zone de pêche etc.) de chaque
pays. La biocapacité mondiale avoisinant
les 2Ha/pers. (représenté par la ligne
verte horizontale), est inexacte puis-
qu’elle oublie « la consommation » des
30 000 000 espèces animales avec qui
nous partageons les ressources ter-
restres. Pour vivre, 12% de la biocapacité
mondiale doit leur être attribué… notre
biocapacité mondiale serait alors évalué
à 1.7Ha./pers.
Le premier constat, est la différence
entre l’empreinte carbone par personne
des Etats-Unis (9.6ha.pers-1) avec celle
de la Chine ou de la Bolivie (> facteur4).
Malgré cette différence nette entre la
Chine et les E-U, les empreintes écolo-
giques de la Chine et des E.U. équivalent
chacune à 21% de la biocapacité mon-
diale…
Le second constat est l’impact de l’em-
preinte carbone sur l’évolution de l’em-
preinte écologique totale. La figure 2 qui
illustre ce constat montre que l’em-
preinte carbone a augmenté d’un facteur
10 depuis 1961.
Les pays développés restent les premiers
responsables de cette pollution. En 2007,
l’ensemble des pays développés était à
l’origine de 70 % des émissions, dont 22
% pour les Etats-Unis et 15 % pour l’Eu-
rope. Toutefois, centraliser la réflexion et
l’action sur l’empreinte carbone serait un
raccourci insuffisant. En effet, se ruer sur
les biocarburants ou sur les énergies al-
ternatives4 réduirait l’empreinte carbone,
mais déplacerait certainement le pro-
blème sur d’autres composantes. Par
exemple, se chauffer au bois entraînerait
une surexploitation des forêts.
Alors bien sûr, mettre à l’écart les plans
d’actions visant à diminuer notre em-
preinte carbone serait une erreur. Mais
les autres composantes devront aussi
être prises en compte.
Cela met en évidence le fait que l’évolu-
tion de l’empreinte écologique des pays
développés sera fonction de plusieurs
facteurs qui n’intègrent pas forcément
une dimension environnementale. Un
de ces facteurs est le leitmotiv actuel de
ces pays : la croissance économique.
Dans le système actuel, plus une res-
source est rare, plus elle est cotée et
plus elle prend de la valeur. Aujourd’hui
les pays industrialisés sont confrontés à
ce problème avec les cours de matières
premières qui ne cesse d’augmenter.
Les ressources s’épuisent, et ces pays
peinent à intégrer le fait que d’ici une
cinquantaine d’année plusieurs gise-
ment de métaux (cuivre, nickel, zinc et
d’autres encore) auront probablement
disparu. Nous ferons dés lors face à une
pénurie énergétique importante avec
des conséquences –humaines surtout–
que l’ont peut déjà déplorer.
Les pays développés
Leur empreinte
Un cas concret est observable en Scandi-
navie. En effet, la proportion de leur
empreinte carbone est relativement
faible. Néanmoins ces pays conservent
une empreinte écologique importante,
voire très importante. Par exemple, la
composante « surface de pêche » de la
Norvège est prépondérante dans son
empreinte écologique. En Suède c’est la
« composante forêt » qui est apparait
Aujourd’hui, la Norvège est l’un des plus
gros exportateurs de poisson au monde.
C’est d’ailleurs une des raisons pour
laquelle il ne souhaite pas entrer dans
l’union européenne. Cela l’exposerait en
effet à une concurrence trop impor-
tante. Demander à la Norvège une dimi-
nution de son activité pêche reviendrait
à lui imposer des limites à sa croissance
économique.
Evolution de l’empreinte écologique Page 6
L’empreinte carbone dépend essentiellement des rejets de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Depuis la première
révolution industrielle, l’activité humaine ne cesse de rejeter de plus en plus de G.E.S. ce qui augmente leurs concentrations dans
l’atmosphère. Entre 1750 et 2002, la concentration de CO2 s’est accrue de 31%5. Le processus de l’effet de serre s’est donc accen-
tué et le climat commence à se dérègler. On parle de changement climatique et la température globale tend à augmenter.
On relève des disparités importantes d’émission de CO2 entre pays développés. La figure suivante6 propose des comparaisons
intégrant deux paramètres : la population et la contribution aux émissions de GES globales.
La croissance démographique des pays développés apparait comme stable, voire décroissante selon une étude de la CIA.
Plusieurs facteurs « sociétales» influents sur cette évolution. Par exemple, de plus en plus de femme vont vers des carrières
longues. L’apparition en masse des moyens de contraception facilite le contrôle et donc la diminution du taux de natalité.
L’homme serait, de par ses activités, moins fécond. On s’aperçoit également d’une certaine individualisation de l’homme qui le
pousse à penser plus à lui en consommant plus.
Bilan sur l’empreinte carbone
A population égale, ces différences s’ex-
pliquent entre autres par la gestion de
l’énergie. Par exemple, en France 80% de
l’électricité provient des centrales nu-
cléaires et 15% provient de centrale hy-
droélectrique. A l’opposé le 73% de la
production d’électricité du Royaume-Unis
provient des combustions fossiles ce qui
augmente considérablement leur em-
preinte carbone.
Ce sont les Etats-Unis qui occupe le haut
du tableau avec un rejet moyen par habi-
tant de 21tCO2 ce qui représente 21.1%
des émissions de GES mondiaux. Les États
-Unis sont, rappelons-le, la première puis-
sance mondiale avec un PIB qui repré-
sente 25% du PIB mondial.
De par leur influence sur l’empreinte
carbone, les pays développés sont de
plus en plus conscient de leur devoir
d’exemplarité. En 1995 le GIEC écrivait
dans son rapport : l’étude des preuves
suggère une influence détectable de l’ac-
tivité humaine sur le climat planétaire.
C’est l’un des arguments qui appuiera la
nécessité d’un rassemblement internatio-
nal autour de la question du changement
climatique : le protocole de KYOTO
(1995). Cet engagement national im-
plique 141 pays (les Etats-Unis ont refusé
de ratifier cet engagement) à développer
des plans d’action. En France par
exemple, Nicolas Sarkozy a initié le gre-
nelle de l’environnement qui définit une
feuille de route en faveur de l’écologie.
Une des actions qui a suivit le grenelle I a
été l’engagement « facteur 4 », qui avait
été établi en 2003, et qui vise à diviser
par 4 les émissions de GES d’ici 2050.
A l’échelle européenne par exemple, un
système d’échange de quotas d’émissions
de CO2 a était mis en place en Europe
afin de réduire de 8% les émissions. Mal-
gré des efforts, les résultats ne sont pas
très convaincants et les 8% de réductions
semblent hors de portée.
4 La part du nucléaire n’entre pas en compte dans le calcul de l’empreinte écologique pour des raisons de de cohérence et d’interprétation.
5 http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/changement-climatique/rechauffement-climatique.shtml
6 Source : http://hdr.undp.org/fr/statistiques/acceder/changementclimatique/parts/
Comparaison émissions C02 intégrant le facteur population
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Au cœur d’une nouvelle crise inter-
nationale liée au système monétaire in-
ternational, la place des pays émergents
se trouve renforcée, et plus particulière-
ment celle des pays à fort potentiel, les
BRICS countries. On retrouve ici le « Big
Four », Brésil, Russie, Inde Chine auquel
on ajoute depuis peu l’Afrique du Sud. Ils
représentent actuellement 25% des
terres, et plus de 40% de la population
mondiale.
La thèse formulée par les différents ob-
servateurs mondiaux prévoit à l’horizon
2050 un redéploiement des forces écono-
miques et un changement dans les rap-
ports de force. Selon cette même thèse,
les pays aujourd’hui considérés comme
« à haut niveau de développement » se-
raient rattrapés et dépassés par les BRICS
Countries.
Le point commun entre ces pays reste le
fort potentiel, lié à leurs superficies, leurs
population et la richesse de leurs sous-
sols, au regard du besoin en ressources
naturelles, qui va de pair avec le dévelop-
pement industriel que le système prône.
« L’empreinte écologique des BRICS représente aujourd’hui autant que celle des
pays de l’OCDE (Organisation du Commerce et du Développement Economique).
Rapporté au nombre de personnes, les BRICS ne consomme « que » 1,9 ha contre
plus de 5,5 ha pour les habitants des pays membres de l’OCDE. »
BRICS et pays émergents
Au vue du taux d’accroissement naturel
de la population7 Les pays BRICS suivent
une évolution croissante dans l’ensemble
(Brésil +1,13 Inde +1,34, Chine +0,49), la
Russie ayant un taux légèrement négatif
qui reflète la période de trouble politique
des années 90, et qui se répercute de nos
jours (pour les personnes en âge d’être
parent).
De manière générale, cette évolution
future signifie que ces 5 pays qui repré-
sentent déjà plus de 40% de la population
mondiale vont peser de plus en plus
lourd proportionnellement à la popula-
tion mondiale.
Ces pays à très grande population,
tels la Chine et l’Inde, notamment, sont
conscient du challenge que représente la
croissance de leurs populations. Les ré-
gimes successifs ont adoptés différentes
approches, répondant à des phases diffé-
rentes du développement du pays. On
pense notamment à la politique de l’en-
fant unique mise en place en Chine, qui
répond à des préoccupations écono-
mique du gouvernement, «Le planning
familial doit servir et être subordonné à
la tâche centrale du développement éco-
nomique ». Ces mesures se reflètent au-
jourd’hui dans l’évolution de la taille de la
population, et des moyens allouable à
chaque citoyen. L’accès aux soins, à
l’éducation en est ainsi devenue moins
complexe, bien que encore très limitée,
et l’amélioration de condition de vie qui
en a découler entraîne une augmentation
de la consommation par un changement
de comportement. Cette évolution con-
jointe à l’industrialisation massive et le
recours aux énergies fossiles sont des
explications à l’évolution de l’empreinte
écologique dans ces pays où, notamment
la part des rejets de CO2 représente la
majeure partie de l’empreinte écologique
totale.
Plus largement, les BRICS countries
tout comme les autres pays émergents
(Mexique, Indonésie…) présentent une
population importante et croissante, des
ressources naturelles en grandes quanti-
tés notamment énergétiques (énergies
fossiles principalement). Ils ont donc un
accès privilégié à ces ressources, qui sont
essentielles au développement industriel
tel qu’il est conçu dans le système mon-
dial actuel.
Cet accès aux ressources naturelles cons-
titue un réel avantage économique dans
le fonctionnement mondialisé que l’on
connait de nos jours. Les estimations
courantes sur les réserves de ces diffé-
rentes denrées laisse présager des ten-
sions de plus en plus forte, allant (comme
c’est déjà le cas) jusqu’à la guerre dans
certaines situations.
La répercussion du comportement de
ces habitants des pays émergents va
donc être d’autant plus importante dans
les décennies à venir.
Evolution de l’empreinte écologique Page 8
« La Chine est la manufacture du
monde »8 ce qui implique qu’elle con-
somme les matières premières néces-
saires à la production des biens et ser-
vices qu’elle exporte ensuite. Au jour
d’aujourd’hui, la majeure partie des chi-
nois vivent dans la pauvreté lorsque seuls
quelques-uns de leurs compatriotes ti-
rent profit de cette économie. Mais l’en-
semble de la population chinoise pro-
gresse au vu des indicateurs9 notamment
de l’IDH signifiant que la consommation
de chacun va progresser dans les années
à venir, si on s’autorise à croire que les
chinois vont corréler croissance et con-
sommation comme cela a été le cas en
Occident et outre-Atlantique et plus lar-
gement dans les pays dit développés.
corrobore les conclusions du rapport du
CCICED et de WWF.
Dans le même temps les villes chi-
noises doivent répondre à la croissance
de leurs populations, entrainant une ur-
banisation qui est souvent synonyme
d’extension « champignon » ne corres-
pondant pas à l’urbanisation compact
souhaitable permettant de réduire les
coûts de chauffage, climatisation, et aussi
permettant la réduction des distances tel
que le trajet domicile/travail.
D’après l’agence Goldman Sachs les
prévisions en PIB à l’échéance 2050 pré-
disent un clair leadership à la Chine, ainsi
que des rôles de premiers rangs pour les
autres pays du BRICS.
C’est donc le comportement des
habitants de ces pays qui va impacter de
la manière la plus significative l’em-
preinte écologique globale de L’homme
dans les décennies à venir.
L’étude détaillée par le CCICED,
(China Council for International Coopera-
tion on Environment and Development)10
et WWF met en avant le poids des émis-
sions de CO2 et des déchets nucléaires
comme éléments moteur de l’envolée du
déficit Empreinte Ecologique / Bio capaci-
té chinois.
D’après les chiffres du Global Foot-
print Network, la Chine est déjà passée
au-dessus de sa bio capacité intrinsèque,
et ce depuis 1975. Le détail de l’analyse
L’exemple de la chine
7 https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/rankorder/2002rank.html?
countryName=China&countryCode=ch®ionCode=eas&rank=151#ch
8 http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2007/07/china-makes-the-world-takes/5987/ 9 http://hdr.undp.org/en/media/PR3-HDR10-HD1-FR.pdf
10 http://www.cciced.net/encciced/
Empreinte écologique chinoise de 1961 à 2003
17 novembre 2011 Page 9
« elle (ndlr : la population africaine ) a quintuplé depuis 1950 pour dépasser le
cap du milliard en 2009 . A ce rythme, le continent fera bientôt face à un déficit
écologique !
Pays en voie de développement
Ex pays du tiers monde, ou encore
pays sous-développés, ces « pays du
Sud » en voie de développement sont
dans les faits tous ceux ne faisant pas
partie du graal des pays développés ou
encore récemment émergents1 . Une
dénomination certes plus adéquate et
politiquement correcte, mais le constat
reste pour le moins accablant. Il s’agit de
pays très pauvres situés au bas de
l’échelle en termes de revenus (PNB brut
par habitant inférieur à 900$ US), accu-
sant un retard dans le développement
humain (IDH faible soit inférieur à 0,5) et
très vulnérable économiquement. Ils sont
pour la plupart situés en Afrique subsaha-
rienne (Angola, Bénin, Niger…), en Asie
(Afghanistan, Cambodge, Birmanie…) et
en Océanie (Samoa, Tuvalu…). On y ra-
joute des pays dits à revenus intermé-
diaires qui ont des spécificités leur per-
mettant de sortir un peu la tête de l’eau.
On peut citer un géant Etat exportateur
de comme le Nigéria, un grand exporta-
teur comme le Congo ou encore des pays
tirés vers le bas par des disfonctionne-
ment politiques (Argentine, Zimbabwe…).
Qu’en est-il de leur impact sur l’environnement?
On peut remarquer sur le tableau
présenté plus haut que les continents
Afrique et Amérique latine présentent une
empreinte écologique globale plus faible
que celle des pays industrialisés et déve-
loppés : respectivement 1.4 et 2.6 hag/
personne. Nous allons prendre le cas du
continent africain pour faire une étude
précise et mettre en exergue les diffé-
rentes problématiques liées à la condi-
tion des pays en voie de développement.
Pour beaucoup d’africains donc,
l’empreinte écologique n’atteint même
pas les besoins de base . Cependant,
bien que l’Afrique ait plus de biocapaci-
té qu’elle n’en utilise, la marge diminue.
Cela est principalement dû à l’augmen-
tation de la population : elle a quintuplé
depuis 1950 pour dépasser le cap du
milliard en 2009 . A ce rythme, le conti-
nent fera bientôt face à un déficit éco-
logique !
L’empreinte écologique de l’Afrique (13% de la
population mondiale) représentait en 2003 6%
de l’empreinte écologique mondiale.
La biocapacité de l’Afrique est plus basse que la
moyenne mondiale. Elle est utilisée pour les
besoins du continent, pour l’exportation de res-
sources naturelles et pour l’absorption du
dioxyde carbone mondial.
Cette biocapacité a baissé de 42% sur la période
1975 – 2003 alors que la baisse mondiale
moyenne était de 25% pour cette période. Empreintes écologiques et biocapacité Afrique et Monde
Evolution de l’empreinte écologique Page 10
Passer dans le déficit rendra encore plus
difficile l’amélioration des conditions de vie
actuelles, d’autant plus que plus de 75% de
la population vit directement de la terre.
On voit bien là l’importance d’une bonne
gestion des ressources naturelles dans le
processus d’amélioration du niveau de vie.
Comparer, comme on a fait, une em-
preinte écologique par personne à une
biocapacité mondiale moyenne permet
de voir quelle sont les modèles de con-
sommation qui, généralisés, mèneraient
à un déficit global. Dès lors se pose la
question de l’idéal de développement
pour les pays « excédentaires ».
L’IDH calculé à partir de l’espérance de
vie, de l’alphabétisation, de l’éducation et
du PIB par personne permet de mesurer
le niveau de développement humain des
pays.
Le graphe ci-contre montre l’évolution con-
jointe de I’IDH et de l’empreinte écologique.
Il permet de mettre en évidence le fait que,
partant d’un IDH faible, on peut l’améliorer
en ayant une empreinte écologique n’aug-
mentant que faiblement.
Cependant, la quasi horizontalité au niveau
des IDH élevés montre la corrélation entre
niveau de vie élevé et empreinte écologique
élevée .
Il est clair que la biocapacité mondiale ne permet pas un nivellement par le haut
des niveaux de vie des pays. Ces pays en voie de développement sont-ils donc sur
la bonne voie ? Les critères d’évaluation sont – ils bons ?
Il serait irresponsable et irréaliste de ne
pas profiter de la technologie et de l’inno-
vation qui permettent d’optimiser l’utilisa-
tion de matériaux et d’énergie. En Tanzanie
où la déforestation près du Lac Victoria a
rendu le bois de plus en plus rare, le pro-
gramme de Logement Rural Mwanza a
lancé la fabrication de briques à partir de la
combustion de déchets agricoles de riz et
de coton : un modèle d’innovation locale.
On peut répondre aux besoins en énergie
en utilisant le vent, le solaire, l’hydrau-
lique pour réduire la demande sur les
forêts, on peut avoir une meilleure poli-
tique démographique, on peut réguler au
maximum les exportations de ressources
naturelles…autant de pistes qui per-
mettraient de répondre à une situation
d’urgence.
Cependant, autant l’urgence doit être traitée, autant ne pas dépasser le
conjoncturel pour aller vers le structurel serait une erreur.
IDH et Empreinte écologique
17 novembre 2011 Page 11
Traiter des pays en voie de développement dans ce rapport a, outre le fait d’alerter sur les perspectives , l’intérêt de partir
d’une feuille « blanche » pour poser les bonnes questions et lancer la remise en cause d’une certaine conception des
choses.
Une croissance durable?
L’exploitation de l’environnement est dictée par nos modes de consommation qui dépendent dans une large mesure
de notre conception du confort et de la place que l’on donne à l’homme par rapport à la nature. Cette exploitation fonctionne
sur ce principe : grâce à un apport d’énergie, on récupère un résultat consommable. Le deuxième principe de la thermodyna-
mique établit l’irréversibilité des phénomènes physiques. « Les transformations réelles sont irréversibles à cause de phéno-
mènes dissipatifs. Le système ne peut jamais spontanément revenir en arrière. L’énergie perdue par le système sous forme de
chaleur contribue à l’augmentation du désordre global. ». En gros, la terre mettra plus de temps et nécessitera plus d’énergie
pour fournir le travail nécessaire à une régénération possible. De même, il faudra fournir plus d’énergie pour obtenir le même
rendement à l’utilisation.
Partant de cela, notre exploitation de l’environnement
aura toujours un impact négatif à moins de le faire à un
rythme permettant de s’insérer dans les cycles de la na-
ture dont, rappelons-le, l’homme fait toujours partie.
Pour conclure...
L’empreinte écologique nous permet de
quantifier – et ainsi d’avoir une idée con-
crète – l’impact de l’Homme sur l’environ-
nement. Les constats et perspectives peu-
vent différer selon les différents acteurs
mais dans son ensemble notre planète est
clairement en surrégime.
L’accroissement de la population mondiale
est un fait, les prévisions tablent sur 9 mil-
liards d’êtres humains en 2050. La biocapa-
cité globale va donc diminuer, les limites
physiques de la planète n’étant pas exten-
sibles.
Malgré des différences aux seins des
groupes de pays identifiés, le mode de
fonctionnement des pays développés exige
une surexploitation des ressources natu-
relles. Les pays émergents et en voie de
développement, eux, ont actuellement une
empreinte écologique flirtant avec les
valeurs calculées par personne. Parmi ces
pays, les pays émergents vont avoir un
rôle majeur dans l’empreinte écologique
de l’Homme à l’échelle planétaire, repré-
sentant à eux seuls plus de 60% de la
population mondiale à l’horizon 2050.
La prise de conscience qui s’opère depuis
quelques années dans les pays dévelop-
pés, ainsi que les démarches internatio-
nales, d’ordre gouvernemental ou non, et
l’approche faite par certains pays en voie
de développement sont entre autres
facteurs d’espoir. Les découvertes scien-
tifiques, l’innovation technologique et les
démarches citoyennes seront des élé-
ments du changement de comportement,
et donc de la réduction de l’empreinte
écologique à long terme.
Il existe aujourd’hui encore, dans cer-
taines cultures , une organisation de la
vie sociale et du travail permettant à
l’Homme de vivre des ressources abon-
dantes de la nature sans les détruire.
D’aucuns les considèrent comme vivant
en autarcie et refusant le progrès. Il se-
rait tout de même intéressant de voir
leur degré d’épanouissement en tant
qu’être humain au moment où leur IDH
serait des plus faibles…
Plus proche de notre environnement
médiatique, plus récent, plus patent, la
« Ley de Derechos de la Madre Tierra »
ou Loi de la Terre Mère instauré en Boli-
vie et directement inspiré des traditions
populaires andines, en particulier celle de
la Pachamama .
Sans être démagogue, il s’agit juste ici de poser la réflexion…
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