haehl alfred - vie et paroles du maître philippe

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  • 7/31/2019 Haehl Alfred - Vie et paroles du Matre Philippe

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    Vie et paroles

    du Matre Philippe

    Tmoignage dAlfred HAEHL

    Livre paru aux ditions Paul Derain en 1959rdit chez Dervy en 1980, 85, 90 et 1999.

    (Copyright et droits rservs.)

    Ds que Jai connu M. Philippe, il a pris pour toujours une trs grande place dans ma vie, et jai souhait en mon cur de mettre en lumire ses paroles et ses actes, en crivant tout ce que jai vu et entendu.Durant des annes, les nombreux amis du Matre que jai frquents ont mis spontanment ma disposition des documents authentiques le concernant, et tout ce quils avaient not sur sa vie et ses entretiens.De cette collaboration est n le prsent ouvrage.

    Alfred Haehl. (1959)

    Introduction

    En 1899 je lus dans la revue LInitiation, sous la signature de son directeur Papus(Dr Grard Encausse), un article intitul : Le Pre des pauvres .

    Dans ces pages, lauteur faisait un pangyrique mouvant de M. Philippe, sanstoutefois le nommer.

    Jprouvai aussitt le dsir imprieux de faire la connaissance de cet tre au

    rayonnement surhumain.

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    Immdiatement je quittai Strasbourg pour me rendre auprs de Papus Paris.Celui-ci moffrit une trs cordiale hospitalit, et, quelque temps aprs, memmena Lyon pour me prsenter M. Philippe.

    Cette rencontre eut lieu dans le laboratoire du Matre, 6, rue du Buf, au bas de lacolline de Fourvire. Deux pices au rez-de-chausse, lune donnant sur la rue,lautre, le laboratoire proprement dit, donnant sur une cour intrieure.Nous attendions depuis quelques instants dans la pice contigu au laboratoire,lorsque la porte de communication souvrit et, dans la lumire de lencadrement, unhomme de taille moyenne, g dune cinquantaine dannes apparut. Ctait M.Philippe.

    Cette apparition suscita en moi une motion profonde. Tout mon tre se tendait vers lui comme pour rpondre un appel inexprim.

    Tout de suite, dun ton paternel, il me dit, mon grand tonnement : Ah ; te voil ; Il est temps que tu viennes . Son tutoiement ne mavait pas surpris ; aucontraire, il me semblait si naturel que jaurais t pein, je crois, sil ne lavait pasemploy.

    Papus lavait invit djeuner ; il avait accept. A midi, je le retrouvai dans un restaurant rput de la ville o je rencontrai quatre

    autres invits, dont le docteur Lalande, gendre de M. Philippe.On servit des grives sur canap, mais M. Philippe, qui prsidait le repas, nen

    mangea pas, disant avec douceur : Lhomme ne doit pas manger doiseaux ; ils nontpas t crs pour sa nourriture". Une dame lui dit alors : Vous mangez bien dubuf.

    Si jen mange, rpondit-il, cest pour quil te soit permis den manger .Un profond silence interrompit la conversation jusqualors anime. Je

    rflchissais. Tout cela tait si nouveau, si inattendu. Et pourtant cette douceur, cetteautorit bienveillante simposaient tout naturellement moi.

    A deux heures, nous nous rendmes la villa que M. Philippe habitait, 35 rue Tte-dor. L le Matre donnait journellement des sances dans une grande salle dupremier tage. Cette salle tait meuble de longs bancs en bois massif, o environquatre-vingts personnes pouvaient prendre place, et dun bureau-table install contrela chemine de marbre qui se trouvait au bout de la salle. La lumire tait adoucie parles rideaux jaune ple des grandes fentres.

    A notre arrive, la salle tait pleine de gens appartenant toutes les classessociales, parmi lesquels beaucoup de malades et dinfirmes. Lorsque M. Philippeentra, un silence respectueux laccueillit. Il ferma la porte derrire lui, afin que larunion ne ft pas trouble par les retardataires qui devaient attendre, dans une salledu bas ou dans la cour, une deuxime sance. Immdiatement il sadressa tour derle aux personnes prsentes. Chacune lui confiait, voix haute ou voix basse, sesproccupations, ou celles des affligs pour qui elle venait le consulter.

    Ce jour-l, jentendis M. Philippe dire une vieille femme : Ton chat va-t-ilmieux ; Et celle-ci de rpondre : Oui, et je suis venue vous remercier. Alors M.Philippe, sadressant tous : Vous ne savez pas ce que cette dame a fait hier soir, dix heures ; Elle a pri pour son chat malade, et le chat a t guri. La vieille opinaitdu bonnet et la salle riait. Ce que cette dame avait fait la veille dans le secret de sademeure, lassistance lignorait, mais M. Philippe, lui, le savait ;

    Continuant sa consultation, il sarrta devant un homme dun certain ge. Avant

    que celui-ci ait ouvert la bouche, il lui dit : Le Ciel taccorde ce que tu dsires ; et,se tournant vers nous, il ajouta : Vous voudriez bien savoir pourquoi ce monsieur

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    obtient tout de suite ce quil demande ; Cest quil a fait beaucoup defforts pour secorriger de ses dfauts .

    Ainsi M. Philippe connaissait la vie et les penses de cet homme, qui avait obtenuaussitt ce quil souhaitait, parce quil luttait pour devenir meilleur.

    Allant de lun autre, il eut un mot pour chacun. Aux questions poses sur des souffrances, des difficults, il rpondit avec

    bienveillance et une autorit qui en imposait, car on comprenait quil lisait sans peinedans les esprits et les curs. Des malades tendaient les mains vers lui, il lesencourageait et ils taient soulags ou guris. Il dit une personne ; Ton mari vamieux, remercie le Ciel . A une autre : Ton enfant est guri, il te faut payer. Cenest pas de largent que je demande, mais que tu ne dises pas de mal de ton prochainpendant une journe . Puis, dsignant un estropi : Voulez-vous prier pour cetinfirme et me promettre de ne dire du mal de personne pendant deux heures ;

    Tout le monde rpondit : Oui. Aprs un instant de recueillement il ordonna aumalheureux de faire le tour de la salle. Celui-ci se leva et, la stupfaction de tous, ilmarcha sans bquilles et sans aide. Des exclamations, des cris de joie exprimrentlmotion et la gratitude de lassistance ; des larmes coulaient sur les visages.

    On me comprendra si, au soir de cette journe jamais mmorable, je rsolus dene pas accompagner Papus dans son voyage de retour Paris, et de demeurer Lyon.

    ** *

    Le lendemain, deux heures, je me htai vers la rue Tte-dor. Je vis encore desgurisons miraculeuses opres par le divin Pre des pauvres".

    Aprs la sance, M. Philippe minvita monter avec lui au deuxime tage o setrouvait son appartement. L il soccupa de son volumineux courrier, et je fusstupfait de voir cet homme, que je savais si charitable, qui coutait avec tant de

    bont les dolances des malheureux, prendre les lettres, puis les jeter lune aprslautre dans la chemine, sans les ouvrir ni les lire. Certainement il en savait lecontenu sans avoir besoin de les parcourir. Et, comme sil et voulu me convaincrequen effet il savait tout, il me cita tout coup et sans en changer un mot uneconversation que javais eue trois ans auparavant avec mon chef de bureau, dans lacour de lusine dont jtais alors le co-directeur. Je mcriai : Comment pouvez-voussavoir ce que jai dit et fait il y a trois ans, alors que vous ne me connaissiez pasencore, et que jtais seul avec Lon dans la cour de lusine, 500 kilomtres dici ; ilme rpondit le plus tranquillement du monde : Jtais prsent votreconversation .

    Aprs avoir mis le feu au tas de lettres dans la chemine, il se prpara pour aller pied la gare Saint-Paul, prendre le train de LArbresle o il habitait lt ; puis il medemanda : Veux-tu maccompagner jusqu la gare ? Jacceptai avec empressementet le trajet parcouru ct du Matre me parut bien court. Je le quittai en leremerciant chaudement, et lui confiai mon dsir de rester auprs de lui et de le suivre.

    Aux tonnements et aux motions suscits par tout ce que javais vu et entendudepuis deux jours, succdait en moi une joie inexprimable. Cette divine rencontredonnait brusquement une orientation nouvelle ma destine. Tout sest arrang parla suite pour que je puisse habiter Lyon, et que la grce me soit faite de vivre prs deM. Philippe dans une intimit presque quotidienne, jusquau moment o il quittacette terre.

    A quelque temps de l, le Matre minvita djeuner chez lui rue Tte-dor. Aprsle repas, il me dit : Nous allons partir, ma famille et moi, par la gare de lEst pour

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    nous rendre Loisieux o se trouve ma maison natale . Je songeai que jaurais tbien heureux de la voir. Rpondant ma pense, il me dit : Je te la montrerai .

    Quelques instants aprs, M. Philippe et les siens montrent en voiture et partirent. Jallais prendre cong de Mme Landar, sa belle-mre, lorsque la bonne, Flicie,descendit lescalier en courant et cria : Mon Dieu, M. Philippe a oubli sa pipe .

    Je la lui demandai et pris un fiacre pour la porter.Devant la gare, je vis M. Philippe, qui je tendis la pipe dans son tui. Jen ai

    dj deux , me dit-il. Faut-il la reporter Flicie ; - Non, va dire bonjour mafemme dans la salle dattente . Auprs de Mme Philippe tait sa fille qui scria enme voyant : Vous venez avec nous Loisieux ; - Non, je viens seulement apporterune pipe M. Philippe .

    Alors elle partit en courant et revint avec son mari, le docteur Lalande, qui meremit un billet pour la Savoie.

    En descendant du train, nous prmes une voiture quatre places ; je massis ctdu cocher. Il pleuvait et je pensai : Quelle belle bronchite je vais prendre ; linstant mme Mme Lalande mappela et me dit : Mon papa vient de dire quepersonne ne prendra froid .

    L-haut, M. Philippe me fit visiter sa petite maison natale, habite par son frre Auguste. Au rez-de-chausse, une seule pice avec une grande chemine et, contre lemur, une pendule ancienne.

    Un escalier conduisait au premier tage o M. Philippe vint au monde. Il memontra le jardin, lcurie, la source, puis lglise o il avait t baptis et o je devaisplus tard tre mari en sa prsence.

    ** *

    Plusieurs fidles auditeurs, dsireux de conserver le plus possible desenseignements de M. Philippe, prenaient des notes aux sances ou bien crivaientaussitt rentrs chez eux ce quils avaient retenu des paroles du Matre, et ce quilsavaient vu. Ses familiers notaient de mme ses entretiens et les vnements de sa vie.

    Ayant t en relation avec toutes ces personnes dont on trouvera plus loin la liste,celles-ci mont confi peu peu, comme je lai dj dit, les manuscrits compossentre 1889 et 1905. A leur tmoignage jai ajout mon propre tmoignage, afin desauver de loubli des paroles et des actes faisant cho aux paroles et aux vnementsqui, il y a vingt sicles, ont chang la face du monde.

    Toutefois un volume comme celui-ci ne pouvant contenir tout ce quil ma tdonn de connatre sur M. Philippe, force ma t de faire un choix, et jai group demon mieux les textes retenus, suivant un plan aussi logique que possible. Le lecteuraura ainsi une vue densemble sur les sujets abords, mais il ne devra jamais perdre de vue que les paroles prononces par le Matre sappliquaient souvent des casparticuliers. Dailleurs il disait lui-mme : A la sance chacun entend ce quil doitentendre .

    Ce qui signifie que maintes paroles taient incomprises ou chappaient certainsauditeurs. Cette diversit de comprhension, ces lacunes, se traduisent par des variantes dans les crits qui me sont parvenus.

    Les propos choisis sont ncessairement fragmentaires, et nul ne saurait prtendrequils constituent lenseignement de M. Philippe ; car jamais il na expos unedoctrine labore suivant nos habitudes intellectuelles. Il a souvent dit que nosconnaissances ne sont que des images et notre mental un miroir, en ajoutant : Celuiqui aimerait son prochain comme lui-mme saurait tout .

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    Ce que le lecteur trouvera dans ces pages, ce sont surtout des directives rvlantavec une lumineuse simplicit les moyens de raliser dans la vie quotidienne lesgrands prceptes vangliques : prire, humilit, amour du prochain comme de toutesles cratures, et acceptation de la souffrance.

    Mais ce que ce livre ne peut donner, cest lambiance de ces rencontres,limpression de paix quon prouvait auprs de cet tre unique, laccent de sa voix, lalumire qui manait de lui. Ce qui est intraduisible, cest limmense bont quilrayonnait, lnergie victorieuse jaillissant de toute sa personne, la certitude quilmettait dans nos curs, plus forte que tous les raisonnements et qui nous donnait labonne volont et le courage ; cest cette communion avec la souffrance humaine,cette puissance de consolation que noubliera aucun de ceux qui ont jet vers luilappel de leur angoisse ou de leur dsespoir. Cependant lEsprit de Dieu parle aussi notre esprit par le livre, et jexprime le vu que le lecteur ressente, devant les parolesque jai transcrites ici, ce que jai prouv moi-mme en les entendant.

    ** *

    Voici les noms de ceux qui ont recueilli les paroles et les anecdotes composant cetouvrage :- Auguste Philippe, frre du Matre.- Victoire Lalande, fille du Matre, premire pouse du docteur Lalande.- Docteur Emmanuel Lalande, gendre de M. Philippe.- Marie Lalande, deuxime pouse du docteur Lalande.- Jean Chapas, le disciple le plus proche du Matre.- Louise Chapas, pouse du prcdent.- Docteur Grard Encausse (Papus).- Sdir, lcrivain mystique.- Benot Grandjean, expert-comptable.- Laurent Bouttier.- Jean-Baptiste Ravier.- Jules Ravier, fils du prcdent.- Jacque Comte.- Condamin-Savarin.- Golfin de Murcia, secrtaire la Lgation de Cuba.- Auguste Jacquot, ingnieur.- Marie Glotin.- Hausser.- Ren Philipon.- Raoul Sainte-Marie.- Moi-mme, Alfred Haehl.

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    Figure 1 - Portrait de Mr Philippe

    M. Philippe tait de taille moyenne, daspect fort simple. Il avait des cheveux noirstrs fins, ports assez longs. Ses yeux, de couleur changeante, taient ordinairement

    dun brun assez clair, parsems de paillettes dores. Le regard tait dune douceurpntrante ; vif et mobile, il se portait souvent plus loin que la personne ou lobjetconsidr, et devenait parfois imprieux.

    Tantt son attitude tait pensive et grave, tantt il redressait le buste et la tte, sonteint et la couleur de ses yeux sclaircissaient ; il rayonnait.

    Il marchait beaucoup sans se hter. Jamais press, il ntait jamais inactif. Dunegrande habilet manuelle, il pouvait faire lui-mme ses instruments de laboratoire. Ilfumait beaucoup et ne saccordait que trs peu de sommeil.

    Dans son activit inlassable il savait prendre le temps de faire une partie le soir enfamille, la brasserie, ou daller au thtre avec les siens. Il plaisantait parfois avecbonhomie, le plus souvent pour faire natre une pense leve.

    Il ne montra jamais de prfrence pour aucune classe sociale ; dune exquisepolitesse envers quiconque, il parlait tous avec une bienveillante simplicit. Mais,par-del cette bienveillance, une autorit et une libert transcendantes manaient delui. Cela se conoit car, Il tait, dit le docteur Lalande, tellement grand enconnaissance, si libre, que nulle de nos mesures ne sadaptaient lui.

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    Logique, morale, sentiment de la famille, tout cela ntait pas pour lui ce que cest pour nous,puisque la vie entire se prsentait lui avec le pass et lavenir lis ensemble en un seul toutspirituel, dont il savait la nature, lessence, les raisons, les lois, dont il possdait les rouages... Et ildonnait par ses bienfaits, cures morales et physiques, actes de science ou de miracle (cest--diresur-science pour nous), des preuves que son enseignement tait vrai .

    Principaux vnements de la vie de M. Philippe

    M. Philippe naquit au Rubathier, commune de Loisieux, canton de Yenne(Savoie), le mercredi 25 avril 1849 trois heures du matin.

    On lui donna les prnoms dAnthelme, Nizier. cette poque, la Savoie tait encore italienne, mais les parents de M. Philippe

    taient franais.Ils habitaient une toute petite maison au sommet dune colline, avec une pice en

    bas et deux en haut.

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    Figure 2 - Maison natale du Matre Loisieux (Savoie)

    Ils avaient un enclos, quelques champs et des vignes.Il y avait 300 habitants dans cette commune et parmi eux beaucoup de Philippe.Lorsquelle lattendait, sa mre fit une visite au cur dArs qui lui rvla que son

    fils serait un tre trs lev. Lorsquapprocha le moment de la naissance, elle se mit chanter en tenant la main une branche de laurier. Il faisait un orage pouvantable ;on crut un moment que le village allait tre emport. Puis on vit une grande toiletrs brillante. On revit cette toile le jour de son baptme qui eut lieu lglise deLoisieux, et le cur en fut frapp.

    M. Philippe fit sa premire communion dans cette mme glise le 31 mai 1862.Son pre, Joseph, n en 1819, mourut en fvrier 1898 ; sa mre, Marie Vachod,

    ne en 1823, est morte en dcembre 1899. Ils staient maris en juin 1848.

    M. et Mme Joseph Philippe eurent cinq enfants :M. Philippe, Benot, Josphine, Auguste, Clotilde.Son frre Benot, n Lisieux le 20 avril 1855, mourut de la variole le 5 fvrier

    1881. Il fut instituteur libre Albens (Haute-Savoie). On lavait surnomm : le saint.M. Philippe a dit de lui son frre Auguste : Sil avait vcu, nous aurions fait debelles choses .

    ** *

    A quatorze ans, M. Philippe vint Lyon. Avant son dpart, il avait grav, au-dessus de la porte de la maison familiale, une toile qui subsiste encore.

    A Lyon il fut accueilli par son oncle Vachod, boucher, 22 rue dAusterlitz, laCroix-Rousse.

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    Il laidait dans son travail tout en faisant ses tudes lInstitution Sainte-Barbe, olun des Pres sattacha lui et fut reu plus tard lArbresle.

    En dpeant une bte M. Philippe se coupa les tendons du pouce et de lindex dela main gauche.

    De cette blessure subsista une certaine raideur des deux doigts.M. Vachod tait incroyant et M. Philippe disait de lui : Sil croyait, il serait

    parfait . Il vint le voir sur son lit de mort et, lui mettant un doigt sur le front, il lui dit: Tu nas pas cru, vois maintenant .

    Pendant la guerre de 1870, il fut incorpor dans la Lgion de marche , mais il ny resta pas longtemps, cause de sa blessure de la main gauche. Il fut regrett par sescamarades. A cette poque, il avait Perrache une salle o il recevait des malades.

    Ceux-ci, au dbut de son incorporation, remirent au prfet une ptition pour lerclamer. Le prfet le convoqua et lui demanda une preuve des pouvoirs quon luiattribuait, Un conseiller de prfecture prsent lentretien, homme grand et fort, luidit : Je vous dfie bien de me faire quelque chose .

    A linstant mme le conseiller tomba vanoui.M. Philippe donna dans sa jeunesse des sances l17 rue Vendme, puis 5 rueMassna, ensuite rue Duquesne. En 1872 il ouvrit, 4 boulevard du Nord(actuellement boulevard des Belges n 8), un cabinet dans un appartement quil avaitdepuis 1867. Ctait une petite maison dun tage, surleve depuis.

    Durant les annes 1874-1875, il prit cinq inscriptions dofficier de sant lcolede Mdecine et de Pharmacie de Lyon. La cinquime est date du 11 novembre 1875et parte le n 9. Sur le registre dinscription il tait domicili place Croix-Paquet, o ilavait une petite chambre quil conserva jusqu la fin de sa vie, et o il installait desmalheureux.

    Jen ai visit plusieurs. A lHtel-Dieu il frquenta notamment la salle Saint-Roch o il suivit les cours

    cliniques du professeur Bndict Tessier. Il gurissait souvent des malades et lesmdecins staient aperus de ses interventions.

    Un jour il avisa un malade qui pleurait dans son lit parce quon devait lui couper lajambe le lendemain. Il lui assura que lopration ne se ferait pas et lui fit promettre dene rien dire. Le lendemain le chirurgien, stupfait, constata que le malade tait en voiede gurison et il demanda ce qui stait pass. Le malade rpondit : Cest ce petitmonsieur brun qui ma vu .

    Un autre jour il visita trois soldats qui avaient la fivre typhode au dernier degr.On attendait leur mort dun moment lautre. Le Matre, sapprochant de leur lit, leurdit : On vous considre comme perdus, ne le croyez pas ; vous gurirez tous lestrois. Demain vous entrerez en convalescence et vous serez envoys Longchne .Lun des soldats lui dit : Oh ! Merci, monsieur ; mais vous tes certain que nouspuissions chapper notre terrible maladie ; - Ne craignez rien, je vous laffirme .

    Le lendemain les soldats entraient en convalescence. Ils furent envoys Longchne et ils gurirent tous les trois. Il est inutile dexprimer la fureur desmdecins lorsquils surent que ltudiant Philippe avait encore pass par l.

    On apprit quil tait gurisseur et linterne Albert le fit carter du service. Il lui lutalors interdit de suivre les cours, parce que faisant de la mdecine occulte, vritablecharlatan . Il dut crire au ministre pour avoir ses papiers et son exeat.

    ** *

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    Figure 3 - Le Clos Landar LArbresle, maison de Mr Philippe

    En 1877, M. Philippe pousa Mlle Jeanne Julie Landar. Ne LArbresle le 18septembre 1859, elle y mourut le 25 dcembre 1939. En 1875 Mme Landar avaitconduit M. Philippe, boulevard du Nord, sa fille malade. Il la gurit et elle vintensuite aux sances. Puis M. Philippe la demanda sa mre. Le mariage civil et lemariage religieux furent clbrs LArbresle le 6 octobre. Lacte de mariage indiqueque M. Philippe tait alors domicili 7 rue de Crqui, Lyon.

    Mme Philippe et la fille quelle eut par la suite furent toujours de sant dlicate. M.Philippe leur disait que leur tat de sant permettait des mres de famille detravailler.

    Le 11 novembre 1878 naquit LArbresle sa fille Jeanne Victoire. Charmantecrature de rve, me cristalline et toute pure, a-t-on dit delle, sa bont, sa charittaient extrmes. Elle faisait preuve dune sollicitude infinie pour les malheureux. Ellepousa le docteur Emmanuel Lalande le 2 septembre 1897.

    M. Philippe eut aussi un fils, Albert, n le 11 fvrier 1881, qui mourut lge detrois mois de la variole.

    En 1881 il fut appel par le bey de Tunis, et en reconnaissance des soins quil luidonna, il fut nomm le 22 fvrier de la mme anne officier du Nicham Iftikar.

    Le 6 mars 1884 il fut nomm capitaine des sapeurs-pompiers de LArbresle pardcret du ministre de lIntrieur qui tait alors Waldeck-Rousseau.

    Le 23 octobre 1884 lui fut confr le doctorat en Mdecine par lUniversit deCincinnati (Ohio U.S.A.). Il avait prsent la Facult de Mdecine de cette ville unethse intitule : Principes dhygine appliquer dans la grossesse, laccouchement eta dure des couches ( 4 pages. Imprimerie Jules Pailhs, 7 rue Lafayette, Toulouse).

    Le 24 dcembre 1884, lAcadmie Christophe-Colomb Marseille (Beaux-Arts,Science, Littrature, Industrie) ladmit comme membre correspondant. Le diplmequi lui fut dlivr porte le n 395.

    Le 28 avril 1885 la ville dAcri (Italie) lui dcerna le titre de Citoyen dHonneur pour ses mrites scientifiques et humanitaires .

    Le 15 janvier 1886 la Croix-Rouge franaise linscrivit sur son Livre dor (n 13B)comme Officier dHonneur.

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    Le 20 avril 1886 il fut nomm Membre Protecteur de lAcadmie Mont-Ral Toulouse (Inscription n 661 f N).

    Le 12 mai 1886 lAcadmie Royale de Rome lui confra le titre de Docteur enMdecine honoraire.

    Cest en 1886 quil sinstalla 35 rue Tte-dOr o il donna des sances jusquennovembre 1904.

    Le 3 novembre 1887 il fut condamn pour exercice illgal de la mdecine. En1890, deuxime condamnation. Enfin traduit nouveau deux fois en correctionnelleen 1892, il ne fut plus inquit partir de cette date.

    En 1893 Hector Durville fonda Paris une cole de Magntisme avec lacollaboration de Papus (Dr Grard Encausse). Sur linsistance de ce dernier, M.Philippe consentit ouvrir Lyon une semblable cole de Magntisme en octobre1895.

    Les cours qui avaient lieu gnralement le dimanche furent donns de fin 1895 courant 1898. Le docteur Lalande tait souvent prsent et, quelquefois, le docteurEncausse. Ils faisaient lun et lautre des exposs sur la physiologie et lanatomie.

    Ces cours navaient quun rapport trs relatif avec le magntisme fluidique tel quilest compris et appliqu ordinairement. Ils taient surtout destins aux fidlesauditeurs qui dsiraient soigner les malades. Le Matre semblait nattacher quuneimportance secondaire la technique habituelle du magntisme curatif, et notammentaux passes quil nutilisait jamais lui-mme. Sans cesse il revenait sur lesenseignements donns aux sances quotidiennes, en insistant sur lhumilit, la prireet lamour du prochain, sans lesquels toute tentative de soigner les malades par lemagntisme resterait inoprante.

    Quelques malades y venaient aussi. Ils taient soigns et guris, en prsence deslves, de la mme faon quaux sances, et le Matre soulignait alors la grande

    diffrence existant entre sa manire doprer et la pratique du magntisme. Pourtraiter par le magntisme ordinaire, disait-il un jour, il faut tre trs fort ; au contraire,pour pratiquer notre magntisme, il faut tre trs faible, cest--dire charitable ethumble de cur, car celui qui serait trs petit pourrait dire : Il me plat que cet enfantsoit guri et il le serait .

    Les cours taient illustrs par des expriences surprenantes sans rapport avec lasuggestion, ainsi quen tmoignent les notes de certains lves. Des sujets, hommespresque exclusivement, servaient la dmonstration des faits. Ces sujets ntaient passuggestionns, car les ordres taient donns par commandement leur esprit, sansquils puissent les entendre. Leurs visions taient si nettes quils en gardaient lesouvenir au rveil et souvent mme des traces physiques des faits par lesquels ilsavaient pass (traces de piqres de serpent, de morsures, de strangulation, etc.) carces expriences taient relles, matrielles.

    Jai consacr par ailleurs dans le chapitre relatif la mdecine quelquesparagraphes aux paroles essentielles du Matre sur le magntisme curatif.

    Le 1er aot 1901 le Prince de Montngro lui confra lordre de Danilo Ier (3eclasse) pour des services exceptionnels rendus au peuple montngrin et Nous .Il est intressant de souligner que la Grande Chancellerie de la Lgion dHonneurdlivra le 2 aot 1902, sous le n 25905, lautorisation du port de cette dcoration M. Philippe Nizier, Mdecin en Russie .

    Cest le 8 septembre 1900 que M. Philippe entra en relation avec quelques grands-ducs de Russie par lintermdiaire du docteur Encausse. Le comte Mourawieff Amoursky, attach militaire russe Paris, prsenta M. Philippe au grand-duc PierreNicolaiewitch, oncle du tsar Nicolas Il, sa femme la grande-duchesse Militza et la

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    sur de celle-ci la princesse Anastasie Romanowsky, duchesse de Leuchtenberg (toutes deux filles du roi de Montngro).

    Puis le grand-duc Wladimir vint rendre visite M. Philippe Lyon, et, de retourdans son pays, le fit appeler. M. Philippe partit le 29 dcembre 1900 et resta environdeux mois en Russie. A la suite de ce sjour lempereur et limpratrice entendirenttant dloges du Matre quils lui firent savoir par la grande-duchesse Militza quilsaimeraient le voir loccasion de leur voyage en France. La rencontre eut lieu Compigne le 20 septembre 1901. M. Philippe fut prsent lempereur et limpratrice par la grande-duchesse Militza. Aprs cet entretien, les souverainsdemandrent M. Philippe de revenir en Russie, ce quil fit quelque temps aprs. Safille et le docteur Lalande laccompagnrent. Une maison leur avait t prpare Tsarskoie-Selo, o se trouvait une des rsidences impriales.

    Durant ce sjour, le tsar conut une trs grande admiration pour M. Philippe et luiaccorda une confiance absolue, au point den faire son guide pour toutes questionsimportantes. Il voulait lui donner le diplme de docteur en mdecine, mais sesministres lui exposrent que M. Philippe devait pour cela passer des examens. Unjury fut constitu, qui se runit au palais imprial. M. Philippe demanda quon luidonnt les numros des lits de quelques malades en traitement dans un hpital deSaint-Ptersbourg. Avec cette seule indication il fit sance tenante le diagnostic dechacun des malades dsigns, lequel fut reconnu exact. Et il affirma que ds cemoment tous ces malades taient guris.

    Les professeurs, membres du jury, purent vrifier lhpital lexactitude de ce quilavait dit et, le 8 novembre 1901, il fut reu Docteur en Mdecine par lAcadmieImpriale de Mdecine militaire de Saint-Ptersbourg, et inscrit sur le livre desdiplmes sous le n 27.

    Les grands-ducs lui firent don dune Serpollet, grande voiture marchant la vapeur, que le docteur Lalande conduisait. Ils lui envoyrent Lyon deux lvriers :Outecha (consolation, distraction) et Ptitza (oiseau). Le tzar lui donna une bellemeraude quil portait.

    ** *

    En aot 1904 sa fille, Mme Victoire Lalande, tomba malade. Son tat devintrapidement dsespr.

    M. Philippe donna alors un exemple extraordinaire.Son gendre, sa belle-mre, sa femme, sa fille elle-mme demandaient la gurison.

    M. Philippe rpondit : La volont du Ciel est quelle sen aille ; cependant, pour vous prouver que le Ciel peut tout, elle ira mieux pendant deux jours, mais le

    troisime, elle reviendra ltat o elle est en ce moment ).En effet, elle se leva subitement le samedi et, dans la nuit du lundi, elle retomba, etrendit le dernier soupir le 29 aot 1904.

    Le lendemain, jallai LArbresle. M. Philippe vint ma rencontre en pleurant etme dit : Quand un soldat tombe, il faut serrer les rangs .

    De nombreuses personnes assistrent lenterrement. M. Philippe a dit quil avaitsacrifi sa fille, quil stait enlev le droit de la gurir et quelle tait partie pouraplanir le chemin. Cette mort, disait-il, ma crucifi vivant .

    ** *

    Longtemps lavance, M. Philippe avait prpar ses amis son dpart. A la sancedu 18 mars 1901 on lui demanda de ne jamais sen aller. Il rpondit : Au contraire,jespre partir bientt ; mais je ne resterai pas longtemps, je reviendrai .

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    En fvrier 1903 il dit adieu ses fidles : Vous ne me verrez plus je men vais ojai faire. On ne me verra ; pas partir, je men vais, mais je vous laisse le Caporal -cest ainsi quil dsignait son disciple le plus cher, Jean Chapas-. Vous lui demanderezet il prendra sur lui de vous accorder des choses que moi-mme je vous refuserais,comme lcole les enfants sadressent au pion qui leur donne ce que le matre

    dcole leur refuserait peut-tre. Vous savez bien que moi aussi je ne vous abandonnerai jamais .En effet, aprs sa mort, son serviteur Jean Chapas a continu les sances rue Tte-

    dor et les habitus ont affirm que latmosphre spirituelle tait semblable. Jusqu samort, le 2 septembre 1932, Jean Chapas a rempli noblement la mission que le Matrelui avait confie.

    Les derniers temps de sa vie M. Philippe souffrait dtouffements et de douleursaigus au cur.

    A partir de fvrier 1905 il ne quitta plus sa demeure, le clos Landar LArbresle.Ne pouvant plus stendre, il passait ses nuits dans un fauteuil.

    Le matin du mercredi 2 aot 1905, Mme Philippe et sa mre, Mme Landar, ainsique le docteur Lalande taient auprs de lui. Mme Philippe stait absente quelquesinstants et, au moment o lattention du docteur Lalande et de Mme Landar taitretenue prs de la fentre, M. Philippe se leva de son fauteuil, fit quelques pas dans lachambre, et tomba. Tout tait fini.

    Voil ce qui est apparu aux yeux de ceux qui lapprochaient. Cependant le docteurLalande, qui examinait souvent M. Philippe, na jamais rien trouv danormal dansson tat physique. Moi-mme, je me suis promen avec lui sur la terrasse de samaison la veille de sa mort ; il tait tout fait comme lordinaire. Il est parti quand ila d partir.

    Ses funrailles eurent lieu le 5 aot, le matin en lglise de LArbresle, laprs-midi

    en lglise Saint-Paul Lyon. Son corps repose au cimetire de Loyasse, Lyon, dansla spulture de famille.

    Quelques lettres de M. Philippe

    Lettre Louise Grandjean(Devenue plus tard Mme Jean Chapas)Lyon, 7 janvier 1886.Chre Mademoiselle,

    Mille fois merci des vux que vous adressez au Ciel pour moi et pour ma famille. Je ne vous oublierai pas dans mes prires. Je demanderai aussi Dieu quIl daigne vous protger, vous et les vtres ; quIl vous accorde ce que vous lui demanderez, si cela ne compromet en rien votre salut.Priez, priez toujours ; noubliez pas les mes qui vous entourent et qui demandent vos bonnes uvres.

    Recevez, Mademoiselle Louise Grandjean, les salutations sincres de votre tout dvou,PHILIPPE.

    ** *

    A une personne qui voulait intervenir en faveur du Matre dans le premier procsen exercice illgal de la mdecine intent contre lui : En rponse votre honore lettre du 30 mai 87, je viens vous remercier de vos bonnes intentions mon gard. Je nai sollicit moi-mme aucun tmoignage en ma faveur ; quelques personnes se sont

    prsentes pour tmoigner de la vrit, on a ri ; beaucoup de ces personnes ont t certainement tournes en drision, mais un jour viendra, et ce jour est bien prs, o Dieu les rcompensera.

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    Ce que je fais, je le referai encore, car je nai jamais fait le mal ; jai t inculp, cest trs vrai, jai t bien insult, mais jai la grande satisfaction davoir toujours rendu le bien pour le mal.Si le tribunal me condamne, le Tribunal cleste me graciera, car il ma donn une mission remplir que la puissance humaine ne peut remplir pour moi et ne peut mempcher daccomplir mes devoirs.Lheure a sonn et donn le signal de mes preuves ; je serai ferme et ne cderai pas un pouce du

    territoire confi par mon Pre . ** *

    1887.

    Mme Chapuis, cours Vitton, Mlle N..., M. F... Mesdames et Monsieur, Merci mille fois de lintrt que vous me tmoignez. Ne vous souvenez-vous pas avoir entendu il y a longtemps dj que je devais marcher sur des pines, et cela bientt, vous disait-on ; Maintenant lheure dpreuves est sonne et bientt je montrerai mes pouvoirs. Rien ne sera chang aux sances.On commencera lundi au lieu de mercredi, il y aura aussi sance mercredi.

    Mon Pre ma envoy ici pour avoir soin de et encourager ses enfants qui sont mes frres, les aimer,les bnir, les dlivrer lheure de la mort, cest--dire les prsenter Lui en les sortant du trouble.

    Je ne cesserai mon uvre que quand elle sera acheve.Le moment est bientt l o je montrerai au grand jour les titres qui mont t confis.Dieu veille sur nous ; ne craignez quune chose, celle de faire le mal ; moi jaurai toujours la victoire lorsque je la demanderai mon Pre.

    Encore merci.Votre ami.

    PHILIPPE. Je saurai consoler celui qui a pleur et sauver celui qui est perdu.La puissance humaine nest pas assez forte pour mempcher daccomplir ma tche.

    PHILIPPE.*

    * *Chre Mademoiselle,Hier vous tiez triste ; allez-vous mieux aujourdhui ? Vous savez, vous connaissez vos ennuis,mais mettez-vous bien dans la pense quici tout le monde a des misres porter ; tous nous avons une croix plus ou moins lourde. Si vous ntiez pas sensible, si votre cur ne sentait pas les tourments, vous ne seriez pas une enfant du Ciel. Sachez bien, ma bonne amie, quil y a des enfants de Dieu qui souffrent plus que jamais vous ne souffrirez. Souvent vous dites ; Mais pourquoi ai-je la vie ;

    Ah ; Mademoiselle, cette vie, oui cette vie, pensez, vous en tre matresse ; Non, dtrompez-vous, elle est Dieu, Donc si elle est Lui, elle nest point vous et vous devez faire ce quil vous commande.

    Quand vous aurez accompli sa volont, vous ne souffrirez plus. Mais jusque l ne vous rcriminez pas, cest peine inutile. Ne croyez pas que je fais de la morale, non certes, vous en connaissez plus que moi ce sujet, mais si je vous dis quelques choses, cela me fait du bien, car cest pour moi que je parle,

    Votre ami qui a aussi le cur bien gros,PHILIPPE,

    ** *

    A Mm., Barbier, Champollion, Grandjean, Boudarel Mes amis et frres,

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    Ne soyez pas inquiets ; croyez-le, je suis venu apporter la lumire dans la confusion et je ne suis pas venu sans armes, sans bonne escorte, arm de la vrit et de la lumire. Je triompherai, soyez-en

    persuads ; si je ne pouvais supporter la lutte, je naurais qu dsirer le repos et laurais immdiatement. Prenez un peu de patience et tout va changer aussi en bien, Si je nai pas fait demander votre tmoignage ici, je le prfre pour plus tard, car je passerai devant un bien plus grand

    tribunal et l jaurai besoin de tmoins moi et pour moi, pour la vrit et pour le Ciel. Luttez aussi en priant pour vos frres mchants, en demandant pardon Dieu pour ceux qui nous crachent au visage et qui disent : Si tu es Dieu, descends de la Croix .

    ** *

    A Madame Grard, Lyon (Voir modle photographi - page suivante)Chre Madame,

    En rponse votre lettre je ne puis vous rpondre que ceci : Ayez du courage et sachez pardonner. Ne gardez pas rancune celui qui vous a fait souffrir, et croyez bien que ceux qui font mal ne savent ce quils font.

    Vous savez que personne ne veut tre calomni, inquit par ses frres - en un mot on ne veut pas sentir ladversit ; on prfre la paix, la tranquillit et le bonheur.Le Ciel nous dit : Enrichissez-vous en acceptant tout ce qui est refus par vos frres, ces trsors-l ne seront point drobs et les vers ne les dtruiront point .Oui, mon enfant, prenez patience, je taiderai, pardonne, Dieu te pardonnera toi dabord et tes frres si tu lui demandes pour eux.Prie et accepte les preuves car rien, rien ne nous vient si ce nest par la permission de Dieu.Ce Dieu a promis de changer la guerre en paix, lorgueil en modestie, ladversit en contentement et

    joie, la pauvret en fortune. Aujourdhui ce 9 septembre 1904,

    je demande pour toi et ta famille la Bndiction du Ciel.

    Amitis, PHILIPPE, Docteur en mdecine Saint-Ptersbourg.

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    Figure 4 - Reproduction dune lettre de Mr Philippe

    Paroles de M. Philippe sur Lui-mme

    Jtais l la cration, je serai l la fin. Jai reu le pouvoir de commander. Si la mer menace davoir une tempte, je puis

    calmer la mer en lui disant au nom du Ciel de sapaiser. (13-2-1897) Je vous affirme que jai un grade qui me permet de pardonner les fautes. Quelque

    criminel que vous soyez, je peux vous donner un laissez-passer et vous irez dun boutdu monde lautre sans quon vous demande rien.

    Le tribunal du Ciel est un tribunal svre, une cour martiale. L nul nest censignorer la loi.Il ne faut pas allguer lignorance, cela ne servirait rien ; toutefois quelquun peut

    prendre votre dfense ; il y a des agrs auprs de ce tribunal et leur vtement est telquils nont pas besoin de toge.

    Je ne suis pas autre chose quun de ces agrs. Je suis avocat la cour du Ciel et le cur dArs tait un ange. Voyez la diffrence.

    Le cur dArs tait oblig, pour gurir, de prier, de faire prier ; moi, jai le droit decommander. (13-2-1897)

    Quand mme ce que je vous dirai ne serait pas, Dieu vous donnera ce que je vousai dit. Il le crerait pour vous. Et savez-vous pourquoi ? Il le crerait afin de ne pasme mettre en dfaut. Si un rgisseur a un employ et que cet employ vous donnequittance de votre loyer puis sen aille, et que le rgisseur vous appelle ensuite pour

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    payer votre terme, vous navez qu lui montrer la quittance de son employ et voustes quitte.

    Mon ange gardien, cest Dieu. Aussi vos anges gardiens ne peuvent-ils voir lemien. Je suis le seul navoir pas dange gardien.

    Non, je ne vous ai jamais dit que javais t lun quelconque des aptres du Christ. Je suis un pauvre pcheur du temps de Notre-Seigneur Jsus ; jtais avec les aptres, voil tout.

    Beaucoup dentre vous pensent que je suis Jsus ou presque lui-mme.Dtrompez-vous ; je suis le chien du Berger et le plus petit dentre vous. Quelquundit : Pourquoi dites-vous toujours ainsi ; - Parce quen effet je suis tout petit etcest parce que je suis petit que Dieu exauce toujours mes prires ; tandis que vous, vous tes trop grands, et cest pour cela aussi que Dieu ne vous entend pas. (21 -7-1894)

    Jsus est venu tablir le rgne de la charit et je suis venu pour consolider ses lois.(19-2-1894)

    Je suis plus vieux que vous tous ; vous devez croire tout ce que je vous dis (15-1-1901). Pourquoi doutez-vous ? Il est en mon pouvoir de lever le rideau qui spare cemonde de lautre monde et de vous en donner des preuves.

    Quand vous serez aussi vieux que moi, vous en ferez autant. Il faut avoir un doigtlong pour toucher.

    Ce que je fais, vous le ferez aussi, si vous aimez votre prochain comme vous-mmes.

    Je nai pas suivi la mme voie que les hommes, cest pourquoi je nai aucunmrite ; je suis tout petit, le plus petit ; je suis le plus vieux de vous tous. Personne de vous nest aussi petit que moi. (11-2-1902)

    Je suis le plus petit de tous et, si vous voulez que Dieu vous accorde ce que vouslui demandez, ne soyez pas plus grand que moi. Ne soyez pas orgueilleux, ne vouscroyez pas quelque chose, ne soyez rien, car vous ntes pas grand-chose ; un vilainsac de pourriture, ptri des sept pchs capitaux, voil ce que nous sommes.

    Mon pays nest pas ici ; je suis venu inspecter une proprit que je dois acheterdans quelque temps, je ne regrette donc pas dtre ici ; je suis venu de mon plein gret ce que jy vois mintresse comme une proprit qui doit devenir ntre, nousintresse.

    Je vous dis que je ne suis pas de la terre. Jy suis venu rarement ; mais je mesouviens de toutes mes existences passes. Un jour jai voulu revoir la plante do jesortais ; alors le gnie de la plante sest montr moi et ma dit : Tu me reconnaisdonc ; (13-2 -1 897)

    Si je vous ai dit un jour qu telle date (XVIIe sicle) jai vu ceci ou cela, cela ne veut pas dire que je vivais alors en un tel pays de la vie matrielle, mais remarquezbien que dici je puis regarder la Suisse ou Paris. Je pourrais regarder Pkin et plusloin encore. A ce moment-l je pouvais donc regarder cette scne sans y tre pourcela.

    Si je ne suis pas bien le fil de la conversation, cest que jai beaucoup de peine, carje suis oblig daller chercher clans la vrit les paroles que je vous dis. Si vous tiezdans la vrit, ce serait plus facile.

    Jai mon Ami qui est avec moi, que vous ne voyez pas ; il est cach et, lorsquildsire quelque chose, il faut que cela se fasse (27-4-1898). Il a une maison et ma

    donn la garde des sentiers qui y conduisent. A chaque entre il y a un gardien qui ne laisse pas passer le premier venu.

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    Cet Ami qui ni me quitte jamais ne veut pas que lon minsulte ; si quelquunminsulte, il ne pardonne pas. Moi, je pardonne, et il y a des personnes qui jaipardonn qui sont passes de lautre ct sans tre pardonnes de mon Ami. Notre-Seigneur Jsus-Christ a dit : Si vous insultez celui qui est avec moi, vous naurezpoint le pardon . (10-11-1896)

    Celui qui dit du mal de moi sans me connatre sera puni, celui qui en dit en meconnaissant offense Celui qui est souvent avec moi. Car que diriez-vous dunepersonne qui ferait bon semblant une autre et qui donnerait un coup de pied auchien de cette personne ; Que penserait le matre de ce chien ; (21-1-1895)

    Je ne peux pardonner ceux qui me font des sottises. Ceux qui ont offens Jsus-Christ ne peuvent tre pardonns sans lassentiment de Dieu ; et moi je ne peuxpardonner que si Jsus-Christ veut. (13-2-1897)

    Si jintercde pour un homme et que mon intercession soit coute, puis que lasur de cet homme blasphme contre moi, alors je ne puis plus rien pour cettefamille.

    Ce que jai de plus que vous, cest que je vous connais tous et que vous ne meconnaissez pas (15-7-l89l). Je vous connais tous trs bien et il y a fort longtemps queje vous connais. Je sais ce que vous tes et lAmi qui est l, lAmi que vous ne voyezpas, vous protge. Jai habit un autre pays avec vous, pas sur la terre. Vous, je vousparle avec douceur ; il y en a dautres qui jai parl avec svrit (3-7-1 896 ; 7-1-1903).

    Vous tes tenus de faire ce que je vous dis parce que vos lvres disent : Jaiconfiance en vous (17-5-1897).

    Vous tes des francs-tireurs, et moi, je suis votre caporal.Personne, je vous assure, ne vous aime plus que moi.Cela ne me fait rien que vous men vouliez ; vous pouvez ne pas maimer du tout,

    je vous aime pour deux. Ce que je vous demande seulement, cest daimer votreprochain autant que vous-mmes. (10-6-1894)Si vous sentiez ce que je ressens, vous sentiriez que nous ne sommes quun. Jai pardonn pour vous de tout cur, car si on vous a offenss, on ma offens. Je ne cherche pas la dignit en vous, mais bien lhumilit. Vos efforts sont les

    miens.Leffort que jai fait ne sera plus faire pour vous. A propos darticles de journaux. Cest que jai demand pour moi tous les ennuis

    que je peux porter, pour que les autres en aient moins . (27-11-l904) Je suis venu comme le bon mdecin, non pour gurir ceux qui ne sont pas

    malades, mais bien pour ceux qui souffrent et pour aider ceux de bonne volont faire non seulement tout ce quils peuvent, mais plus quils ne peuvent. Ne faire quece quon peut nest pas suffisant. (27-12-1894)

    Lorsque vous trouverez le fardeau trop lourd, demandez Dieu dallger vospeines, ou pensez moi et je vous promets que vous serez soulags si vous tesanims de bonnes intentions, car sans cela je ne vous entendrai pas non plus.

    Vous mappartenez tous, et, ce qui peut vous paratre tmraire, le temps aussiobirait ma volont, et je vous atteste que celui qui aimera son prochain comme lui-mme sera toujours entendu et exauc. (10-6-1894)

    Je suis fier de vous sauver.Un jour, alors quil y avait beaucoup de monde la sance, M. Philippe dit

    soudainement : Ah ; cette canaille de P., ce voleur de P., ce vaurien de P.

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    et toutes sortes dhorreurs de lui-mme. Mais, monsieur Philippe, pourquoidites-vous cela de vous-mme ? vous nous faites de la peine ; vous savez bien quenous vous aimons beaucoup. - Il y a ici des personnes qui ont prononc ces paroleset je dis cela pour quelles soient pardonnes .

    Une fois, une seule fois dans ma vie, je suis rest dix jours sans preuves, jai eudix jours de bonheur. Alors jai pleur et jai pri parce que je me suis cru abandonn de Dieu, et jaisuppli pour avoir des preuves.

    Je ne connais de ma famille que ceux qui observent ce que je leur dis, ceux quifont des efforts pour aimer leur prochain.

    Vous serez unis moi si vous vous aidez les uns les autres, prvenant mme lesdemandes de ceux qui noseraient vous en faire.

    Si vous voulez venir avec moi, aimez votre prochain comme vous-mmes, sinonOn vous laissera. (8-1 1 -1894)

    Jai t par toute la terre jour pousser ceux qui ne marchaient pas. (7-1-1903)

    Vous tes sous mon empire et tous vous marcherez. Ah ; on vous fait des sottises,on vous bafoue ;Quest-ce que cela fait ; Le Christ aussi a t bafou ; mais lui, cela ne fait rien,

    tandis que vous, cest une autre affaire ; Ah ; que ceux qui sont revenus aprs lavoirbafou ont eu souffrir ;

    Si vous ne faites pas ce que je vous dis, le Ciel vous punira. Si vous faites ce que jedis, vous aurez de grandes preuves, mais vous viendrez avec moi.

    Ne craignez pas de me perdre ; jai un pied au fond de la mer, un sur la terre, unemain vers vous et lautre vers le Ciel. Donc vous me retrouverez toujours.

    Je serai toujours avec vous, non pas devant vous, mais avec vous. Je vous ai promis que je serai toujours avec vous et je vous le promets encore, et

    je jure quaucun de vous ne sera damn. (2-12-1902)Si vous vous perdez, jirai vous chercher partout o vous serez, serait-ce mme au

    fond du grand enfer.Dieu ne nous a pas crs pour nous mettre dans le feu ternel, pour nous perdre.

    Du reste sil est quelquun de vous qui se perde, je vous promets, je vous proteste quejirai moi-mme le chercher l o il sera. (29-1-1902)

    Dieu mest tmoin que vous ne rentrerez pas au Ciel sans mavoir revu. (1896) Vous tes sous mon empire et je nentrerai au paradis que lorsque vous y rentrerez

    vous-mmes, et vous y entrerez tous. (26-12-1894) Aimez-vous les uns les autres, et je vous promets qu votre mort une seule

    pense de vous mamnera vers vous. Je serai l ; (10-11-1894) Je suis la Porte, personne ne peut mourir sans me voir, sans que je le voie. Je suis au seuil de la mort, cest pourquoi il est impossible pour tous de ne pas me

    voir en mourant. Tous doivent passer devant moi pour aller au Ciel, car tous doivent passer sur le

    chemin o je suis.

    AnecdotesM. Philippe se trouvait un jour dans un compartiment de chemin de fer en

    compagnie dun vque et dun homme de sa connaissance qui tait ami de lvque.La conversation fut amene sur des questions thologiques. Daprs ce que vous venez de dire, demanda lami de lvque M. Philippe, la prire devient inutile ; il

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    lui rpondit quau contraire la prire tait ncessaire et mme indispensable et il lui endonna des preuves videntes.

    Lvque, comprenant quil se trouvait en prsence dun homme dune intelligencetranscendante, lui dit alors : Puisque vous pouvez prdire lavenir, pourriez-vous merappeler un fait personnel qui se soit produit antrieurement ; M. Philippe luirpondit alors que, lorsquon pouvait prdire lavenir, on tait forcment mme deconnatre le pass et que, puisquil dsirait quil lui rappelt un fait de sa vie passe ilallait le satisfaire. Il y a plusieurs annes, dit-il, un membre de votre famille futtrouv pendu lespagnolette de sa fentre et lon eut la certitude dun suicide. Votreparent ne sest pas suicid, il a t assassin dabord, et ensuite son cadavre a tpendu pour simuler le suicide .

    Lvque trs surpris dclara que ctait lexacte vrit, mais quil tait dautantplus tonn quil se croyait le seul dpositaire de ce secret de famille.

    Le soir la veille M. Philippe disait souvent des choses comme : Ton beau-frrelit en ce moment tel journal. - Lempereur dAllemagne vient de dire ceci, etc. ). Et,devant notre tonnement, il disait : Savez-vous pourquoi mon esprit peut stendreainsi simultanment partout ; simplement parce que je suis le chien du Berger et quejai le droit de me promener dans toutes les terres du propritaire .

    Une nuit, revenant de son laboratoire, M. Philippe, aprs avoir travers le pontMorand, me pria de lattendre quelques instants. Il alluma sa pipe et descendit sur laberge du Rhne. L il se dirigea vers trois hommes qui dlibraient sur un mauvaiscoup quils voulaient faire. Le voyant seul aller de leur ct, ils se crurent dcouvertspar la police et, lorsquil les interpella, ils commencrent nier. Ne niez donc pas,leur dit-il, et, lun deux : cest toi qui as donn lide .

    Ils rpondirent quils taient sans travail et acculs la misre. Alors M. Philippepromit de leur apporter le lendemain, un rendez-vous quils fixrent ensemble, lasomme ncessaire leur tablissement.

    Nayant pas la somme, il dut lemprunter. Ces hommes stablirent par la suite etM. Philippe a dit que jamais commerants nont t plus honntes queux.

    Un jour M. Philippe accosta devant moi un pauvre homme assis sur ses talons, quimendiait une extrmit de la passerelle du Collge. Ses jambes, crases par une voiture, taient paralyses. On lamenait l et on le rentrait le soir avec une petite voiture. M. Philippe lui dit : Je connais quelquun qui pourrait te gurir. Il faut biendemander Dieu et tes jambes marcheront de nouveau. Tu promets de demander Dieu ; - Oui , rpondit-il. Et le Matre me dit en partant : Il ne demandera rien dutout ; cest dj la deuxime existence quil passe ainsi estropi. Il ne veut pastravailler .

    A la sance un homme lallure arrogante faisait haute voix des observationsmalveillantes pendant que M. Philippe parlait : Il faut tre idiot pour croire toutesces btises", et autres propos du mme ordre,. M. Philippe, passant prs de lui danssa tourne, le pria de laccompagner dans la pice voisine. L il lui dit : Pourquoi teljour, telle heure, as-tu trangl cette femme ? Jtais ct de toi . Lhomme tomba genoux, suppliant M. Philippe de ne pas le livrer la police. A la condition, lui fut-il rpondu, que tu changes de vie et que tu suives ta religion. - Si je suis ma religion,je devrai me confesser. - Tu tes confess moi, cela suffit .

    Et lhomme partit en pleurant.Il y avait LArbresle un homme qui enlevait les brlures. Il eut quelques

    insuccs ; il accusa M. Philippe den tre la cause et rpandit sur son compte desbruits calomnieux. M. Philippe le fit appeler. Plongeant alors deux doigts de la maindroite dans de lacide sulfurique, il pria son hte de gurir la brlure. Pendant plus de

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    deux heures celui-ci fit tous ses efforts, tandis que lacide brlait la peau et entamaitles chairs. Comme il avouait humblement son impuissance : Cest bien, lui dit M.Philippe, lavenir tu auras plus de facilits pour gurir les brlures .

    Un malade nobtenait aucune amlioration. M. Philippe lui demanda : Te repens-tu de tes fautes ;

    Le malade surpris rpondit : Mais je nai jamais fait de mal personne, jaitoujours donn aux pauvres , et ainsi de suite. Alors M. Philippe lui rpliqua : Dansces conditions le Ciel ne peut rien pour toi .

    A la sance je vis arriver un jour un homme qui venait pour la premire fois. Ilavait une figure terrible qui me fit peur. Lorsque M. Philippe entra, il envoya chercherune pelote de corde et il dit : Aujourdhui je veux vous pendre . Il dsigna unedouzaine de personnes et les aligna les unes derrire les autres, lhomme au visagerbarbatif le premier et moi le dernier. Puis il entoura de la corde le cou du premier,la passa sur les paules des autres personnes, les deux extrmits pendant sur mespaules, en arrire. Il demanda : Qui veut tre lexcuteur des hautes uvres ; -Moi ; cria une dame. - Alors, tu vas nouer les extrmits de la corde qui pendent surles paules de ce monsieur (en me dsignant) et tu serreras bien le nud . A cemoment le premier homme du groupe tomba. Il tait affreux voir, le visage crispet la langue pendante, une langue dune longueur dmesure. Lhomme ne staitrendu compte de rien. Et jeus limpression, sinon la certitude, que M. Philippe luiavait vit lchafaud.

    Nous revenions, M. Philippe et moi, de Sathonay Lyon dans un landau chevalentirement dcouvert. Le vent tait si fort que jtais oblig de tenir de la main monchapeau sur la tte pour quil ne senvole pas. Le Matre avait bourr sa pipe. Pourquil puisse lallumer labri du vent, je prparai mon chapeau ; mais il me pria de leremettre sur ma tte, sans ajouter quil nen avait pas besoin.

    Puis, sortant une allumette de la bote, il la fit flamber et, tout en parlant dautreschoses, il laissa en plein vent la flamme dvorer demi le bois de lallumette ; puis,comme sil et t dans une chambre, il alluma posment sa pipe. Je nen croyais pasmes yeux. La flamme avait rsist au vent comme si celui-ci navait pas exist pourelle.

    Je compris alors que le Matre navait pas besoin de mon chapeau pour protgercette flamme, mais que mon chapeau avait besoin de ma main pour ne pas senvolerde ma tte, tellement le vent tait violent.

    Un jour il faisait une chaleur torride dans la salle des sances. Quelquun dit quilfaudrait que Ia salle soit transporte Bellecour. En effet, rpondit M. Philippe, lasalle pourrait tre transporte Bellecour ; seulement cela exigerait bien des

    drangements. Mais on peut faire venir ici de lair de Bellecour . Et, au mmemoment, un tourbillon dair lger pntr de soleil passa dans la salle.Un jour quil y avait foule et que de nombreuses personnes taient debout, M.

    Philippe coutait les dolances dun malheureux un bout de la salle, lorsquebrusquement un paysan se leva et se prcipita vers la porte qui avait t ferme clef par M. Philippe. Ne pouvant louvrir, il la secoua vigoureusement, tel point que M.Philippe linterpella : Eh ; tu veux donc dmolir la maison ; - Non, rpondit lautre,mais il faut que jaille au petit coin. - Dans ce cas tu nas qu dire la porte : Ouvre-toi ! et elle souvrira. - Porte, ouvre-toi ; cria le paysan. Instantanment les deuxbattants de la porte souvrirent tout grands. Les plus proches regardrent qui avait puouvrir ; le vestibule et lescalier taient vides. Ltonnement tait gnral et un bonrire secouait les assistants. Mais tous taient dans ladmiration des pouvoirs duMatre, qui commandait la matire inerte, et aussi de la foi du paysan en sa parole.

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    Autrefois un vieillard accompagnait souvent le Matre dans ses courses. Onlappelait le pre Galland. Une nuit le Matre et le pre Galand furent obligs detraverser un bois trs obscur ; ils le traversrent sans peine bien que le sentier quilssuivaient ft mal trac. Le lendemain le pre Galland racontait une personne de saconnaissance les impressions de son voyage, sans oublier le passage sous bois. Cette

    personne lui fit part de son tonnement de ce quils avaient pu traverser le bois parune nuit aussi obscure. Le pre Galland lui dit : Avec Philippe on traverse sans difficult les forts les plus sombres par les nuits

    les plus noires. Ainsi hier, lorsque nous fmes sous bois, un rayon de lumire nousaccompagnait afin de nous faciliter la traverse .

    Bou Amama tait le devin du village arabe lExposition universelle de 1900 Paris. Papus lui avait parl de M. Philippe et il avait exprim le dsir de se rendre Lyon pour le voir. Il avait, disait-il, beaucoup de choses lui dire. Je fus charg derecevoir et de piloter ce vieil Arabe puis de le conduire la sance au jour que M.Philippe avait fix. L il resta un moment devant le Matre et je fus tonn de voirquil ne lui parlait pas. La sance termine, nous descendmes lescalier, lui et moi, etnous allmes nous asseoir sur un banc dans la cour o M. Philippe devait nousrejoindre. L nous emes pendant vingt minutes une conversation gnrale, puis M.Philippe nous quitta. Et, comme jexprimais Bou Amama mon tonnement quilnait pas pos M. Philippe les nombreuses questions dont il dsirait lentretenir, ilme rpondit :

    Je lui ai tout dit, et il ma rpondu . Je lui demandai alors : Que pensez-vous duMatre Philippe ; Il dit, levant lindex de la main droite : Il est grand, il est trsgrand, il est le plus grand .

    Un jour que, dans la salle dattente de la gare Saint-Paul, je prenais cong de M.Philippe, un ami du Matre maborda et me demanda si je ne lavais pas vu. II avait,disait-il, un besoin urgent de lui parler. Embarrass, puisque M. Philippe tait l,debout, ct de moi, je rpondis cet ami : 0rdinairement il prend le train cetteheure-ci ; vous pourrez peut-tre le voir .

    Le docteur Lalande lorsquil revint de Russie o il avait accompagn M. Philippeme dit : Un jour le Matre tait assis dans une voiture ct de la tzarine, pendantune revue. Un des grands-ducs, ayant aperu un homme en civil dans la calcheimpriale, se prcipita au grand galop de son cheval.

    Mais, stant approch, il fut stupfait de voir la tzarine seule dans sa voiture. Il luifallut faire deux reprises cet aller et retour pour se convaincre que M. Philippepouvait se rendre invisible.

    Un habitant de Tarare qui, avec une baguette, trouvait les objets perdus, vint un

    jour auprs du Matre LArbresle. Le Matre prit une pierre, y traa un signe avec uncrayon et demanda cet homme sil voulait quon lui bandt les yeux. Celui-cirpondit quil y consentait. Le Matre, aprs lui avoir band les yeux, lana la pierreavec force et, comme il allait lui enlever le bandeau, lhomme lui dit quil pensaittrouver la pierre les yeux bands.

    Prenant sa baguette, il marcha dans la direction de la pierre et la trouva. Le Matredit alors : Vous voyez quaucun nuage nexiste au firmament et que rien ne faitprsager un mauvais temps ; il me plat que, dans un quart dheure, une pluietorrentielle tombe sur toute la ville de LArbresle et mme sur cette proprit, et quepas une goutte deau ne tombe sur la terrasse o nous sommes . Le quart dheureexpir, le dsir du Matre fut ralis de point en point et, lorsque la pluie tombait avecle plus dabondance, le Matre ajouta : Maintenant, si vous le dsirez, un rayon de

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    soleil va venir clairer la maison . Mais lhomme la baguette nen demanda pasdavantage ; aussitt la pluie passe, il prit cong du Matre et ne revint jamais le voir.

    Le fermier de Mme Landar tait prsent ainsi que la famille du Matre. Jai longtemps vu un oranger plac dans une grande caisse en bois qui ornait la

    terrasse au clos Landar. Cet arbre nagure tait mort et le fermier lavait jet dans uncoin sur un tas de gravats et dordures. Il tait rest l trois ans. Un jour M. Philippela rappel la vie et il a recommenc verdir et fleurir. Il a repris sa place sur laterrasse o tous ladmiraient. M. Philippe ma donn de ses feuilles pour en faire desinfusions qui facilitent le sommeil.

    Un malade souffrant dune affection de lestomac et considr comme incurablepar les mdecins se prsentait pour la premire fois la sance. Le Matre demanda un pharmacien prsent quelle plante on pourrait lui donner comme mdicament.

    Celui-ci ne sachant que rpondre, il lui dit de nommer une plante quelconque. Alors le nom de menthe fut prononc. Le Matre fit remarquer quil y a trois sortesde menthe et choisit la menthe dite poivre. Mais comme nous navons pas de cetonique sous la main, dit-il, nous allons en fabriquer, avec la permission de Dieu. Ilpria un assistant de rouler une feuille de papier en forme de cornet comme rcipient,et de faire le geste den verser le contenu sur la tte du malade. En cet instant, dit-il,en sadressant tous, vous devez ressentir un bien-tre lestomac. Lassistancerpondit affirmativement. Dsormais, ajouta le Matre, il est donn la menthepoivre une nouvelle proprit en plus de celles quelle possde dj. Nen abusezpas, mais chaque fois que vous prendrez de cette plante, vous prouverez un bien-tre de la tte aux pieds.

    Les trois anecdotes suivantes ont t contes par M. Philippe :Un jour il est venu la sance un grand agent blond en bourgeois. Au moment o

    jai pri les gens de se lever comme dhabitude, il est rest assis, le chapeau sur la tte.

    Il a roul une cigarette et sest mis fumer. A ce moment jai vu un ange quitraversait le plafond de la salle et qui est venu lui et la marqu sur le Livre de Mort. Trois jours aprs il tait mort. Et il est bien diffrent de ntre pas marqu sur leLivre de Vie et dtre marqu sur le Livre de Mort.

    Un jour le commissaire spcial aux dlgations judiciaires, que je connaissais, vintme demander de donner pour un de ses amis de passage une sance spciale o, medisait-il, il me priait dinviter seule, ment des gens bien parce que son ami tait unpersonnage important. Le jour pris, il vint avec son secrtaire et deux autresmessieurs qui taient des agents. Devant la porte il y avait une troupe dagents.

    Je donnai la sance et je fus averti de ne pas faire dexpriences. Quand jeus fini,je dis ce monsieur : Cest fini. - Vous ne faites pas autre chose ;

    Non, monsieur. - Alors veuillez fermer la porte et nous allons prendre les nomsde toutes les personnes prsentes. Vous demeurerez ct, surveill par ces deuxhommes. Jai ordre de perquisitionner chez vous . Il prit avec son secrtaire le nomdes personnes prsentes et saisit quelques papiers. En mme temps une perquisitiontait faite la mme heure LArbresle o on enfonait les volets, et une chez monpre en Savoie. Le soir, disait M. Philippe Encausse, jtais rsolu de punir cethomme. Or on me le montra, corps et esprit, devant moi, et on me mit une pedans la main. Mais je jetai lpe. Aprs tout, cela ne valait pas la peine.

    Puis je me mis genoux et priai Dieu de lui pardonner. Mais je ne sais sil a tpardonn. De tous ceux qui lont aid dans cette besogne il est seul survivant, avecson secrtaire. Ce dernier a essay depuis, sur mon conseil, de rparer le crime dont ilavait t le tmoin, en aidant tous ceux que je lui envoyais. Mais lui est remis la Justice de Dieu.

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    Le mdecin doit agir sans compter sur la reconnaissance des gens. Un jour unmalade vint me trouver pour des douleurs horribles de la face dont il souffrait etmoffrit, de lui-mme, 1.000 francs pour le gurir. Je lui en demandai 500, puis 250,puis 100, et enfin je lui dis que, sil tait guri, il tint sa promesse et me donnt 50francs. Je lui fis une opration et il fut guri sur-le-champ. Huit jours, quinze

    jours, six mois se passrent ; jallai le voir un jour. II ne me reconnut pas. Lorsque jelui rappelai son mal et sa promesse, il me dit : Oh ; vous navez pas fait grand-chose, entre nous ; et depuis je suis all chez le dentiste qui ma bien soign . Je luiannonai alors que je dferai ce que javais fait et quil viendrait dans deux joursmapporter les 50 francs. II vint en effet avec une fluxion dentaire norme ; mais jerefusai largent et le guris quand mme, en lui disant que ctait une leon.

    Les sances

    M. Philippe groupait chaque jour dans des sances les malades qui venaient le

    voir, ainsi que de fidles auditeurs.Dans mon introduction jai donn un aperu de ces runions, mais il est biendifficile de dcrire latmosphre de confiance et de foi que crait la prsence duMatre. Il nous invitait tout dabord nous recueillir, prier, et nous unir lui pourdemander au Ciel le soulagement et la gurison des malades. Le silence, lattentegrave qui suivaient nous levaient pour un instant au-dessus des contingencesmatrielles de la vie quotidienne. Lanimation provoque ensuite par les gurisonsobtenues, les questions poses et les rponses du Matre nattnuaient pas lambiancede spiritualit vraie et de sympathie bienveillante rgnant dans la salle.

    Je cite ci-aprs les paroles du Matre exprimant limportance capitale et la gravitquil attachait ces runions ; puis, pour tcher de faire revivre leur caractrespirituel, je relate ensuite quelques anecdotes sy rapportant tout particulirement.

    Pour pouvoir faire des sances, il faut vivre en mme temps sur lautre plan. (12-5-1901)

    Un assistant demanda un jour M. Philippe pourquoi il se donnait la peine de direet de faire tant de choses si belles pour quelques auditeurs mdiocres. Il lui rpondit 1oreille : Tout ce qui se dit et se fait ici se rpercute dans tout lunivers .

    Vous ntes pas tenus de croire bien des choses dont je vous parle, mais ce que vous tes tenus de croire et de faire, cest daimer votre semblable. Ces paroles-l ontt crites avant le commencement du monde. Souvent vous dites Allons l-bas, ilnous sera dit de belles choses je ne sais si elles sont belles, mais ce que jaffirme,

    cest que, sous peine dtre dans les tnbres, vous tes tenus de les mettre enpratique, autrement il est inutile de venir les entendre. (2-11-1894) Voici ce quil faut que nous croyions pour tre dans le chemin de la Lumire : tout

    ce qui est crit dans lvangile. Puis, quoi que ce soit que lon nous dise ici et quipuisse nous paratre extraordinaire, ne pas douter, ni mme avoir un sourire ironique,car tout peut se faire ; il ny a rien dimpossible Dieu. Croire aussi que nous sommestous frres, que nous avons tous le mme Pre et le mme Matre. (10-10-1895)

    Peu de ceux qui sont venus ici ne sont pas marqus sur le Livre de Vie. Ds lapremire fois que vous venez, vous sentez aprs une sance que vous tes plus forts.Eh bien ; votre me, votre insu, a reu un rayon de Lumire quelle cherchetoujours suivre. Et vos ascendants comme vos descendants sont aussi inscrits sur le

    Livre de Vie Je vous le promets. (2-5-1895)

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    Ceux qui ont t aux sances participent leurs effets, mme lorsquils en sontloigns. La mort ne sera pour eux quune formalit ; un ange viendra leur couvrir laface et les conduira ; on prendra soin deux dans le tombeau.

    Vous me demandez ma protection ; mais je ne peux pas plus que vous protgerpersonne. Vous venez ici, vous tes soulags. Les uns viennent pour maladie, lesautres pour des peines morales, mais tous vous demandez du soulagement. Vousrestez quelques heures dans de bons sentiments avec lesprit vers le bien. (26-5-1903)

    Quelquefois vous vous dites : Nallons pas l malgr tout vous tes pousss y venir. Ce sont vos anges gardiens qui vous poussent ; et ne trouvez-vous pas quensortant dici vous tes allgs, que vous vous sentez plus forts ? (27-11-1894)

    Vous serez tous un peu soulags, mais il faut me promettre dtre sages. Savez- vous ce quil faut faire pour cela ; Simplement ne pas dire du mal de son prochain. Ah ! si, je vous permets den dire mais en sa prsence ; (12-7-1897)

    Tout ce que je vous ai dit et que je vous dis, je lai prouv, car Celui qui maenvoy ma donn le pouvoir de vous prsenter des preuves. Y en a-t-il qui puissentdire que je nai pas prouv tout ce jai dit ; On lui rpondit : Matre, vous avez toutce que vous avez dit . (2-12-1902)

    Le mal qui est guri sans que les pchs soient pardonns nest que remis. Ici nousgurissons en pardonnant les pchs et le mal compte comme sil avait t souffert.

    Cest pour votre satisfaction personnelle quon vous laisse dire ce que vous avez,car nous le savons. Cest exactement comme lorsque vous dites ltat de votre main ; vous navez pas besoin de la regarder, elle est vous et vous la connaissez. Mais, jerpte, pour votre satisfaction nous coutons ce que vous nous dites, car un maladeest toujours rconfort de causer son mdecin, et chez vous vous seriez soulags lamme chose si vous demandiez Dieu avec confiance. Et, lorsquon vous fait lever,cest pour que vous vous recueilliez et demandiez un peu de soulagement si le

    fardeau est trop lourd. Vous recevez alors un peu de ce pain de lme que vousdemandez chaque jour et cest ce pain qui aide supporter ces peines. (12-7-1897) Je ne fais rien par moi-mme pour vous gurir, je madresse au Matre qui est

    Dieu. Navez-vous pas t soulags toujours ? Y a-t-il quelques personnes qui nelaient pas t ? Vous avez vu ici des choses surnaturelles, des miracles. Pour lesexpriences qui se feront ds aujourdhui, je vous payer cher. Oh1 je sais bien que vous tes toujours disposs. Mais ce nest pas ce paiement-l quil me faut. Pour lespersonnes qui viennent pour la premire fois, je leur demande de faire des effortspour aimer leur prochain comme elles-mmes. Pour celles qui sont dj venues, jeleur demande daimer leur prochain comme elles-mmes, et ceux qui ne pourront mefaire cette promesse ne pourront rester dans cette salle (en cas dexpriences). Il faut

    aussi que toutes les personnes qui sont en procs me promettent darrter toutespoursuites, car, je vous le dis, si vous ntes pas daccord en ce monde, il sera trsdifficile de vous y mettre dans lautre. (7-1- l894)

    Je ne puis rien, je ne fais que demander Dieu, et vous ne pouvez prouver desoulagement dans cette salle, soit pour les maladies, soit pour allger le fardeau quipse lourdement sur ce triste monde, que si vous avez fait quelque chose pour le Ciel.Celui qui na pas fait duvres mritoires na rien attendre, et de mme vous nepouvez tre entendus. (19-2-1894)

    Du fond du cur je demande au Ciel de vous envoyer autant dadversits que vous pouvez en supporter, et moi quarante mille fois plus qu vous.

    A un assistant : Tu as ni Dieu. Je te pardonne . A un autre : Tu as dit : Si jtais Dieu, jaurais fait les choses autrement. Le Ciel

    te pardonne .

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    Voil une dame qui tait trs malade. Je lui ai demand de calmer un de sesparents qui tait en procs, pour que le procs nait pas lieu ; il faut tre pacifique.Elle a fait tous ses efforts et elle peut demander une grce qui lui sera accorde. Si jeme permets de parler ainsi, cest pour montrer quun bienfait nest jamais perdu. (26-2-1894)

    Lorsque vous serez dans la peine, que votre pense se dirige vers moi, jedemanderai Dieu pour vous. (3-7-1894)D. - La prire quon peut faire ici lorsquon est debout, peut-elle tre exauce ;R. - Y a-t-il une personne qui, souffrant beaucoup ou ayant beaucoup dennui, en

    entrant dans cette salle, puisse dire en tre sortie sans tre soulage ; Tout le mondedit : Oh ; non .

    Il y a dix-huit sicles et quelques annes Jsus gurissait les malades en leur disant: Allez et ne pchez plus ; Et quelques-uns revenaient quelques jours aprs, plusmalades encore. Aujourdhui, lors, quon leur accorde du soulagement, on leurdemande seulement de faire des efforts pour faire le bien. Y a-t-il quelquun qui aittenu sa promesse ; Pas une personne de cette salle na manqu de dire du mal de sonprochain, pensant : Bah ; cest si peu de chose ; Cela peut faire beaucoup de mal.(16-11-1893)

    Aujourdhui il faut que vous me fassiez la promesse de faire tous vos efforts pourfaire le bien et ne dire du mal de personne. Et maintenant, puisque vous mavez touspromis, mon tour je vais demander pour tous la paix du cur, le calme et la forcedans les peines, et vous les aurez. (10-9-1893)

    A partir de vendredi il sera demand beaucoup aux personnes qui viennent ici.Plus il y a de temps quelles viennent, plus il leur sera demand. Car il faut tre richedesprit pour aller au Ciel, et non pas idiot ou grand savant. (15-1-1895)

    Jusqu ce jour je vous ai demand tous vos efforts pour ne dire du mal de

    personne, pour aimer votre prochain comme vous-mmes. Maintenant, je vousdemande, non seulement de faire des efforts, mais daimer votre prochain comme vous-mmes et de nen pas dire de mal. Alors beaucoup de choses vous serontdvoiles, et pour les expriences que le Ciel a permis de voir ici, on peut bien fairequelque chose. Ceux qui sont ici, jen suis heureux, ont lintelligence, mais ceuxdentre vous qui pourraient en manquer lauront ds aujourdhui. (21-9-1893)

    Rappelez-vous bien la date du 30 aot 1900, car mon Ami vous enrle tousaujourdhui pour tre ses soldats, et nul nentrera au paradis sans avoir vainculennemi. Savez-vous o est lennemi ? En nous.

    Oh ; je sais bien, lorsque vous demandez Dieu la gurison de quelquun, vousavez assez de confiance sur le moment ; mais, la gurison obtenue, vous dites : Oh ;cela devait arriver ainsi . Et, une autre fois, lorsque vous demandez, vous nobtenezrien, le Ciel ne vous entend pas. Ne soyez point orgueilleux, nayez point de vous-mme , observez les commandements de Dieu en ne faisant que ce que vous voudriez quil vous soit fait, et vous obtiendrez toujours du soulagement. Rappelez- vous ce que je viens de vous dire et, lors mme que vous nauriez rien fait de cela, si vous vous souvenez, je serai l lheure de votre mort. (3-12-1896)

    ** *

    A la sance du lundi 27 novembre 1893 un monsieur qui souffrait des yeuxremercia M. Philippe pour lamlioration de son tat. Celui-ci rpondit : Il ne fautpas me remercier, je nai rien fait .

    Alors qui faut-il remercier ; Le Ciel.

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    Mais cest vous qui le reprsentez pour moi.M. Philippe rpta : Je nai rien fait que demander pour vous . Et il ajouta pour

    lassistance : Savez-vous pourquoi cet homme ne deviendra pas aveugle ; Il a dansun temps, sans tre trs gnreux, fait quelque chose de bien, et ce quelque chose luiattire la protection de Dieu. Voil pourquoi je vous dis : Faites tout ce que vouspourrez, car si dans votre comptabilit vous navez pas beaucoup du ct de lavoir, vous ne trouverez rien du ct du doit, car il sera pris celui qui na rien pourremettre celui qui a dj. A celui qui a beaucoup il sera donn davantage. Cest biensimple. Je ne sais si vous comprenez. Ainsi il y a l un bb (ctait une jeune fille) quitait bien malade et qui va beaucoup mieux ; pour cela elle ma fait une promesse.

    Et ces promesses, si on ne les tient pas ; Celui qui les reoit endosse une responsabilit et sarrangera ensuite avec le

    Ciel .Un homme de la campagne avait sa femme malade et assistait la sance. Lorsque

    le Matre fut en face de lui, il lui dit : Cest la premire fois que tu viens ici ; Oui, monsieur. Cest pour ta femme que tu viens ici ? Oui, monsieur. Elle est trs malade, ta femme et cela va te coter cher, tu sais, pour obtenir sa

    gurison. Monsieur, je paierai ce quil faudra. Ce nest pas de largent quil me faut, cest bien plus cher. Veuxtu que ta

    femme gurisse ; Oui, monsieur. Tu as un voisin avec lequel tu es en procs en ce moment.

    Oui, monsieur, rpond le paysan de plus en plus surpris. Pour que ta femme gurisse, il faut quen arrivant, tu ailles vers ton voisin et quetu lui dises : Si tu as besoin dun morceau de mon terrain, je te le cde ; je ne veuxpas tre en procs avec toi ; soyons amis .

    Mais si je lui dis a, il va recommencer me tracasser dun autre ct. a ne fait rien. Veux-tu que ta femme gurisse ; Aprs quelques instants dhsitation, le paysan rpondit dune voix ferme : Oui, monsieur. Tu me promets de faire la paix avec ton voisin et de lui dire ce que je tai dit ; Oui, monsieur.

    Le Matre ajouta : Quand tu arriveras chez toi, ta femme sera leve, car elle estgurie linstant mme. Si ce que je te dis nest pas vrai, tu reviendras ici et tu dirasdevant tout le monde que ta femme nest pas gurie . (24-3-1903)

    Une femme apporta un jour lenfant dun veuf qui se conduisait mal et dont elleavait la garde. Elle dclara que ctait une charge et quelle ne pouvait pas la garder.M. Philippe demanda qui voudrait se charger de ce bb. Une femme malade et sanstravail soffrit. Le Matre mu de ce dvouement dit : Vous en serez la mre et moile pre, et le bonheur sera dans votre maison". (27-12-l894)

    Une personne qui stait volontairement loigne du Matre tait revenue, maladedun rysiple interne. Cela aurait pu devenir trs grave et arriver au pharynx et lapoitrine.

    On a demand, dit M. Philippe, que cet rysiple soit chang en un lger mal dedent et quil se transforme ensuite tout fait en bien ; alors la personne est gurie.

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    Voil comment vous faites ceux qui vous font des sottises ; dit quelquun. Si vous tiez un berger et que vous ayez une brebis qui sgare, ne feriez-vous

    pas tout votre possible pour la faire revenir ; Pas si elle est galeuse ; Oh ; mais souvent, dans un troupeau, tous les moutons sont plus ou moins

    malades ; alors il faudrait les laisser tous ;Un jour, la fin dune sance o il y avait beaucoup de monde, M. Philippe dit :

    Je vais vous faire un cadeau dune valeur inestimable. Dieu vous pardonne tout lemal que vous avez fait dans votre pass, jusquici . A ces mots on entendit lessanglots touffs dun monsieur assis tout prs de M. Philippe, tandis que le Matrepoursuivait : Jespre qu partir de maintenant vous allez tous faire beaucoupdefforts pour devenir meilleurs .

    On entendit un oui gnral. A la sortie, plus silencieuse que dhabitude, je metrouvai ct du monsieur qui avait sanglot. Il me confia : Ce qui vient demarriver, personne ne le sait. Jhabite trs loin dici et depuis des mois je prparaismon voyage Lyon pour demander M. Philippe le pardon de tout mon pass. Mais,arriv dans cette salle, il ma t impossible de faire ma demande ; je nai pas pu melever lorsque le Matre a pass devant moi. Jtais dsespr lide de repartir sansavoir pu lui avouer mon dsir ardent dtre lav de tout mon pass. Mais lorsque jelai entendu, tout prs de moi, effacer le pass de tous et maccorder ainsi ce qui a tla raison et le but de mon voyage, mon cur sest bris de gratitude et damour .

    La fte du Matre

    Bien quil soit n le 25 avril (Saint-Nizier), M. Philippe demanda ses amis de lui

    souhaiter sa fte le dimanche des Rameaux. Voici des comptes rendus de ces runions ; chacun deux est suivi du nom de celuiqui la rdig : 27 avril 1898. - Nous avons offert notre cher Matre une mdailledor dans un cadre florentin.

    La salle tait garnie de fleurs : camlias, azales, lilas et roses. Un jeune garon adit un sonnet, puis vingt-sept petits enfants ont offert chacun un bouquet.

    Le Matre a dit la prire : Lorsque je lverai ce bouquet, vous direz le NotrePre avec moi . Il demanda que nous ne connaissions pas la mort, ni nosascendants, ni nos descendants. Puis il sadressa la Sainte Vierge : Marie, je tensupplie, protge nous, exauce ce que lon te demande . Il recommanda notre angegardien de redoubler de vigilance.

    Le Matre leva un second bouquet et rcita lAve Maria. Puis chacun passa devantlui ; il embrassa les personnes et distribua des fleurs. (Laurent)1er avril 1900. - Le Matre nous a dit : Je suis pein de voir ce que vous faites

    pour moi. Je ne suis pas ce que vous croyez, ni mme un saint ; je suis moins que vous. Ce que jai de plus que vous : je suis confiant dans ce qui est crit danslvangile. Ce que je sais, cest quil y a des tres qui sont partis de la cour cleste .Ensuite il demanda plusieurs petits enfants et rcita le Notre Pre en nousrecommandant de suivre. Puis il ajouta : Mon Dieu, faites que nous nesuccombions point la tentation . Et il dit encore une fois le Pater. Puis : Cebouquet, toutes ces fleurs et chacun des ptales de ces fleurs sont en rapport aveclesprit de la matire qui est en vous. Dans ce moment je mets lesprit plus en rapportavec la matire ; partir de ce moment vous aurez plus de mmoire, vous

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    comprendrez mieux, vous aurez la tranquillit de lesprit, vous serez plus forts etsupporterez les preuves avec plus de rsignation . (Chapas)

    31 mars 1901. - Le petit htel de la rue Tte-dOr tait rempli dune foulerespectueuse, chacun avec son bouquet. Jtais mont dans la chambre du Matreavec Encausse. M. Philippe se promenait de long en large, en fumant. Il nous disait : Tous ces gens qui sont en bas, quest-ce que je vais leur dire ; Je nai rien fait poureux ;

    Quand il entra dans la salle, tous les enfants lui offrirent des bouquets, les petitsgarons dabord, ensuite les petites filles. Il dit : Mes petits enfants, je vousremercie ; mais une autre fois nachetez pas autant de fleurs ; donnez-men une etgardez largent pour les pauvres. Je vous remercie et je demande Dieu quil vousdonne sa bndiction et vous protge. Et merci vous tous pour la sympathie etlamiti du fond du cur que vous me tmoignez. Moi, je ne puis rien faire pour vous. Mais enfin je demanderai au Ciel que dans les moments de lutte et dpreuve car nous allons du ct des luttes et des preuves - je lui demanderai quil vous donnela force et le courage de les supporter . Il prit un petit garon, le mit sur la table etlui fit rciter le Pater en levant son rameau de la main droite. Tout le monde pleurait ;les mres lui tendaient leurs enfants bnir. On avait imprim un petit complimenten vers ; je lui avais apport un dessin symbolique : un chien dfendant son troupeaucontre les serpents. Puis on rcita lAve Maria et il dit : Quand vous aurez degrandes peines, de gros ennuis, pensez la journe daujourdhui et, je vous lepromets, vous serez consols et vous supporterez plus courageusement . Il fitdistribuer les fleurs tous les assistants, aprs quil et impos les mains sur lesbouquets. En sortant de la salle il dit aux lves : Je ne saurais trop vousrecommander de prier, prier toujours . (Sdir.)

    Gurisons

    Durant plus de quarante annes consacres au soulagement de la souffrancehumaine, le Matre a opr dinnombrables gurisons. Maints tmoignages sontparvenus ma connaissance ; mais que reprsentent-ils au regard de ceux qui sonttombs dans loubli ;

    On trouvera ci-aprs quelques-unes de ces interventions miraculeuses. Certainesse sont passes sous mes yeux, dautres mont t narres par le Matre pour glorifierla toute-puissance divine, dautres encore ont t notes par divers tmoins. Enfin ilma t communiqu un dossier contenant soixante-huit attestations de gurisons,crites et signes par les malades eux-mmes sur papier timbr, avec leurs noms etadresses, accompagns souvent dune lgalisation du maire. Ils dclarent quils ont tguris par M. Philippe sans attouchement, sans remde, soit aux sances, soit distance sans quil les ait vus. Plusieurs sont crites pour servir la vrit ou leremercier ; lune delles dit : Je donne ceci M. Philippe comme reconnaissance etrtribution puisquil nen prend pas . Une autre : Jcris ceci pour rendre hommage la vrit et pour payer ma dette de gratitude au dvouement humanitaire de M.Philippe quon ne saurait trop louer et aider accomplir la lourde tche quil paratstre impose .

    Ces attestations portent des dates chelonnes de mars 1869 septembre 1871,cest--dire alors que le Matre tait g de vingt vingt-deux ans.

    Je me suis content de signaler une douzaine des gurisons de ce dossier,concernant des maladies graves, en donnant les initiales des intresss et leursadresses.

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    Mais il est dautres maux moins visibles : dchirements du cur, tourments delesprit, souffrances de toutes sortes engendres par la misre que le Pre despauvres pansait avec une compassion infinie et une bont sans limites. Ceux quilentouraient connaissaient bien sa gnrosit, mais nul ne pourrait dire les secours detoute espce quil prodiguait, tant il savait les entourer de silence et de discrtion. Ce

    nest quaprs sa mort que lon sut quelque chose des nombreux pauvres dont ilacquittait le loyer, de veuves et de filles-mres quil aidait vivre et lever leursenfants.14 mars 1869. - Gurison dune surdit ancienne.Mme Ph. B..., 9 rue des Quatre-Chapeaux, Lyon.5 avril 1869. - Crises dpilepsie.M. J. L..., 7 rue Sainte-Blandine, Lyon.5 avril 1869. - Maladie de poitrine remontant douze ans.M. D..., 63 rue de Trion, Lyon.3 mai 1869. - Maladie de cur.M. P..., 15 rue du Chariot dor, Lyon.

    7 juillet 1869. - Paralysie du pied droit.Mme G. M..., 14 rue du Chariot dor, Lyon.12 aot 1869. - Perte de sang durant depuis onze mois.Mme R. A..., Serrezin prs Bourgoin (Isre).13 aot 1869. - Surdit datant de vingt ans.Mme P. C..., 30 chemin de loratoire, Caluire.20 aot1869. - Gurison dun gotre, existant depuis quatorze ans.M. P. A..., 19 rue du Belvdre, Caluire.31 dcembre 1869. - Hernie double, crachement de sang, perte de la vision de lildroit.M. C. F..., Duerne (Rhne).

    15 novembre 1870. - Maux dyeux dont le fils du signataire souffrait depuis six ans.Maux destomac dont sa fille souffrait depuis huit ans.M. B..., place du Change, Lyon.14 dcembre 1870. - Fivre intermittente, enflure aux jambes.M. L. K..., 88 avenue de Saxe, Lyon.18 dcembre 1870. - Maladie de foie.M. G..., rue Camille, Montchat.

    Jai assist la sance, 35 rue Tte-dOr, o le professeur Brouardel, de la Facultde Mdecine de Paris, est venu se rendre compte de ce que faisait M. Philippe. Il y avait dans la salle une malade haletante, marchant grand-peine, fortement enfle du ventre et des jambes, qui attira lattention du professeur. M. Philippe pria ce dernier

    dexaminer la pauvre femme dans une pice contigu la salle des sances, enprsence de quelques lves, dont moi-mme, dsigns par lui. En fin de sance, ilnous rejoignit. Eh bien ; dit-il au professeur, que pensez-vous de cette femme ; Celui-ci expliqua que cette personne souffrait dhydropisie gnralise et quellenavait probablement que quelques jours vivre. Lorsque la femme revint dans lasalle, soutenue par les lves, elle avanait avec la plus extrme difficult ; sarespiration courte et oppresse faisait mal entendre. Marche ; lui dit M. Philippe. Mais je ne peux pas ; - Marche plus vite ; Et voici quau bout dun instant, samarche hsitante se fit plus aise, et elle scria joyeusement : Et maintenant, je vaisdanser ; tout en retenant ses vtements devenus subitement beaucoup trop amples.Lenflure du ventre avait disparu comme aussi celle des jambes ; la joie de vivre tait

    revenue dans son corps que la Facult avait condamn un instant auparavant. Et ilny avait sur le plancher aucune trace deau. Le professeur Brouardel savana vers M.

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    Philippe et je lentendis lui dire : Je mincline, mais la science ne peut comprendrece qui vient de se passer . Puis, saluant M. Philippe et les tmoins, il se retira.

    Un jour, un jeune homme que je voyais rgulirement depuis quelques mois lasance maccosta dans la cour et me demanda : Pourriez-vous me dir