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CENTRE D'�TUDES ET DE RECHERCHES HISPANIQUES DU XXème SIECLE HISPANISTICA XX TRAVAUX I HOMMAGE à J. GUILLEN ET MELANGES 2 UNIVERSITÉ DE DIJON

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CENTRE D'�TUDES ET DE RECHERCHES HISPANIQUES

DU XXème SIECLE

HISPANISTICA XX

TRAVAUX I

HOMMAGE à J. GUILLEN

ET

MELANGES

2

UNIVERSITÉ DE DIJON

E.N.B.l\. LYON.

PAR HRSRRD, l'INRTTEHOU ...

.. . de 1 'analyse iconographique et de son objet, la peinture.

1. Oepui, la guerre ...

"Lo •âs grave en e I caso de Sa I vador Oa I i e, 1 a genera I i zada

convicciôn -y no ,ola•ente entre el gran pùblico- de la per1onencio

revolucionaria en toda su obra, cuondo en realldad ha sido

precisaaente a partir del abandono de los postulodos surrealista,

cuando ,u pi nt uro :,e di vu I ga, ha 11 ando una verdadera aud i enc i a a

fuerza de conl i nua, conce, i one, y de proc I o•ac i one, no , i e111pre

felice,. Esta coincidencia no, porece significative. En real idod la

aud i enc i a extroort r ,t i co de I pi ntor, uni do a I a decodenc i a de ,u

trobajo y al •ercontil i,10 de su siste•o, la cort6 definitiva•ente,

hoce yo •ucho tleapo, de su herao,o iapulso inicial. El fenôaeno de

,eaejonte dialsiôn no e, inédite en el arte conle•porôneo. Ai•baud

y Chirico, y en cierto aedido Ouchaap, fueron, toabién en este

doainio, precur,ores".

Développée par le peintre Antonio Saura, don, le quotidien

aodri lène El Pai� du diaanche 9 Octobre 1963, :,ou, le titre "La

ploya de,ierto de Salvador Oal i", cette analyse définit bien la

que,t ion aa j eure concernant 1 • oeuvre de celui dont 1 'Espagne a

célébré, en 1983, le 79° anniversaire de nai,,once par une

i•portante exposition rétrospective, à Madrid. L'article est une

196. Jear.-Pierre NOU�.AUD E!.sp.XX-2-1964.

réponse à l'expo:,ition: de tou:, le:, débat:, po:,:,ible:, autour d'un

te I produit eu I ture 1, Saura cho i:, i t de rep I acer I a que:,t ion de :,a

:iignication dan:, 1 'hi:,toire de 1 'art en interrogeant le:,

tran:,for•ation:, du travai I de peinture, la ré:,orbtion du

:,urréal l:,•e dan:, le:, tableaux de l 'aprè:, guerre. J'ajouterai: et

depui:,, quel le:, i•age:,?

En 1936, Pica:,:,o peint le portrait de Dora naar et affirme le

projet de ,a peinture coHe pre•ière repré:,en�ation d'elle-lê•e:

avec f't>rfrc11"1 d� lf11ri�-Thtird;:1� :,e po:,e la que:,t ion de

1 'aptitude de cet te pi ctura I i té nouve 11 e à con:,t i tuer I e portrait

co••e •odernité picturale. Pour Picas:10, le paradoxe e:,t en effet

le suivant: co••cnt comstltuer un :,igne de peinture pure à propo:,

d'une catégorie expre:,:,ive qui e:,t, traditionnellement, le I ieu de

:,ou•i:,:,ion de la peinture à un objet ,tricte•ent extérieur à elle:

I e •odè I e. En donnant ou •odè I e à peindre et ou tab I eau peint un

identique ,tatut pla:itique, la violence de 1 'affronte•ent

dialectique de l'un à l'autre va faire que le travail de peinture

expr i •era un retour cri t i que :,ur :,on propre procè:, de production,

et qu'aux historique:, relation:, de repré:,entation, uni:,:,ant le

t ab I eau à ,on •odè I e -contrai nt e de I a re:,:,emb I ance-1 :,e

sub:,titueront des relation:, d'exclusion : dé:,or•ais, le portrait ne

repré:,ente plu:, le •adèle •ai:, bel et bien 1 'exclu:,ion de celui-ci.

Dan:, cette a-historicité du portrait, le, code:, pla:,tique:, peuvent

dé:,articuler la repré:,entation de l'espace du tableau, et exclure

le te•p:, de la représentation du :,ujet. Celui-ci, ain:,i exclu de :,a

propre hi:itoire, ne :,era plu:, que le récit peint de la peinture

d'un récit.

PAR HASARD, L' INATT!::�'OU •••

Au projet de peinture pure de Pico:,:,o, Miro ajoute la di:per:iion

de:, :,igne:, repré:ienté:i, pour exprimer que la poétique de la

:iurfoce e:,t indépendante de 1 'ordre de la repré:entotion; 1 'exemple

ancien de ;.., le.r1i«r"1 e:,t convaincant. Peinte en 1923, cette

oeuvre permet

cubi:ite:, et

de comprendre, à

:,urréo I i :te:, qui

iconographique:, générateur:, d'un

original. Lor:iqu'on regarde la

trover:i le:, code:, plo:itique:,

:, 'y o:,:,oc i ent, 1 e:, concept:,

e:,poce pictural profondément

répartition de:, diver:, objet,

repré:ienté:, :,ou:, la contrainte figurative -chat, lopin, o:i:iiette,

panier, poêle, etc ... - on observe que cette répartition n'obéit po:,

à une néce:i:iité narrative -description de la vie de la ferme- mai,

qu'elle doit tout ou ho:iord. Le titre ne désigne pas, dons le

tableau, un récit dont le personnage principal serait une fermière;

il attire l'attention sur les signes qui, don:, le modèle culturel

qu' e:,t I a peint ure, 1 a représentent. Tob I eau et titre :, 'orti cu I ent

ain:,i autour de la figuration d'objet:, élémentaire:, qui, par la

frontalité -tout e:,l vu de face, le chat, le lapin, la fermière-,

deviennent des effet:, de :surface, co1111e don:, le cubi:,11e, effet:,

dan:, le:,quel:, :,e ré:,out tout e:,poce :,cénique. le peintre déclorait

I u i -mè•e que :,a peint ure éto i t, métophor i quement, "un monde•. "le

tableau doit être fécond, i I doit faire naitre un monde, qu'on y

voie de:, f I eur:,, de:, per:,onnoge:,, de:, chevaux, pe.u i:,p,,rt "1,

pourvu qu' i I révèle un monde, quelque cho:ie de vivant".

Dol i ajoute à 1 'horiion de la modernité la peinture de

l'i I lu:,ion figurot ive: L,1 1ita1,,rph,,;,e. d"1 /farc/;,;,e appartient à

cet le rhétorique paradoxe I e du voir, don:, 1 oque 1 1 e I a fi gural ion

montre le:, méconi:mes de son i I lusion. 20 ans plu:, tord, 1 'artiste,

198. Je�r.-?:erre :-ICUP.AUD H�s�.xx-;:-,984.

étranger à sa propre modernité, peint I a représent at ion de :: i gne:

simple:, a:::ocié: selon des règles, un système d'espace qui

s'écarte de :es premiers code: surréa I i :tes. Son .l,1urn,1 / ,/ 'vn

ginie.., ne c:;n::acre à 1959, année de la réalisation du tableau Le.

rê.c,,.. dl." Chr i :.< t ,,phi." C,1 / ,,1/1, qu'une page, sur I a que 11 e est

reproduite sa signature, en a::persion::, •éclobous::ure", en éclats

I iquide:, uni::::ont les no111:1 de Dol i et de Golo, avec le:, 1 igne:,

:suivante:, "A I o porte de Do I i on trouve, en cet te année 59, un

écr il eau en ang I ai:, el en f rança i:,, Prière de ne pas déranger.

Plea::e do nol di:sturb. Dol i peint, écrit, médite. Plu:: tard, i I

nous I ivrero le secret de cette année, une de: plu:: riches de :sa

vie• . Outre L '-" r,h,e. dl." Chr i :.< t ,,pl,e. C,, /t,,t,, de dimension:,

con:: i dérab I e:,, i I produit, en effet, L '-" ,:,,vr,1nne.1e.n t dv papi!'

.11."an ,Y.\'/// et La ,�rv,:ilixit,n angil iqve.. La réputot ion de

provocateur de Dol i n'étant plu:, à foire, i I faut à coup sûr

comprendre que la "riches:se" de 1959 e:sl tout autant écono1ique

qu'orti::tique: ce:: mémoire:: du J,,vrnal d'vn ginie., publié en

1964, sont dédiée:: à •mon génie Gala Grodiva, Hélène de Troie

Sainte Hélène, Gala Galatea Placide•, feHe, in::piratrice et

comptable.

Dali, par ::on être-1è11e, illu::tre parfaitement, 1olgré le::

évidence:,, le:: difficulté:: qu' i I y o ut i I i::er le:: particularité::

b i ogroph i que:: de 1 'art i ::te pour 1 'ana I y:se i conogroph i que de

l'oeuvre. Quel le articulation, dialectiquement :significative, entre

le:: représentation:, discursives, culturelles, de la vie, de

l'oeuvre et l'orgoni::otion narrative du travail de peinture, :sa

néce::::aire autonomie? Hou:, so1111e:, en pré:sence de quelqu'un dont le::

PAR 1-'.ASARD. L • INATTE:S1lU •••

pratique, art i :st i que:s i ne I uent, à I a foi :s, 1 e:s product i on:s

plastiques et le:s comportements individuels.

L'analyse iconographique organise le:s :significations, le:s :sens,

•e:sure le:s traits I iant I' iaage et le texte, recherche le:s

référents de l'un et de l'autre, articule le:s récits particuliers,

généralise le classement typologique de:s :signes :simples etc ... , en

:som1e aet en oeuvre tout un apparei I loge conceptuel fait de

continuité, de cohérence, d'ordre, pour analyser un objet dont la

conception, la production intellectuelle et 1atérielle est faite de

ruptures, d'articulations irrégul iérc:s, de références aabiguc:s,

d'hésitations techniques, d'éxcè:s figuratifs.

Juxtaposer l'analyse iconographique à la production de 1 'oeuvre

d'art, considérée comme un travai I intellectuel, c'est tenter de

découvrir, par l 'organisé de 1 'acte analytique, cc qui,dan:s le

:signe artistique, à travers :sc:s évidences 1è1e:s, :s'y rhétori,e par

hasard: 1 'inattendu.

199.

La langue devient, ainsi, poétique de la contradiction 1è1c qui

organ i :se :se:s rapports aux fo:-11e:s, aux :si gne:s de 1 '.:irt. Sans e 11 e

rien n'est diclble de cc qui, dans la peinture, e:st produit à :son

insu. C'est vrai, au:s:si, pour toutes lc:s for1e:s anciennes de cette

re I at ion perverse de:s mats QU i di :sent ce que I a pc i nt ure cache:

l'histoire de l'art ne ce:s:se de 1ultiplier lc:s face-à-face de la

peinture et des textes, pour faire apparaitre de nouveaux regards,

:sur cc qui pérennise la circulation diachronique de:s oeuvres et, au

delà, tout ce qui excite 1' i1aginairc du regard.

11 y a trop de jeux de 111ot:s co11e jeux de forme� et, à

l'inverse, de jeux de formes comme jeux de mots, dans la peinture

200. Jear.-P�erre NOUHAUD Hisp.XX.-2-1984.

de Ooli, pour ne po, iaoginer une ,orle d' iapo,,ibilité à l'onaly,e

i conogroph i que. Lo I ongue bano I e de 1 'opérateur ,e heurte à I o

longue poétique du peintre. Qu'il ,'ogi,,e de, titre, de, tableaux,

de leur de,cription, de leur éconoaie figurative générale, la

longue e3t coaae pri,e à revers par l'expression picturale i•prévue

du norci3,i,•e de 1 'artiste. Ooli s'est ais, une foi, pour toutes,

ou centre de ses textes,de ses objets, de ,es tableaux, faisant du

narcis,i3•e, plus que ,on expre,sion p,ychologique, un concept

générateur de l'enseable de ,a production artistique et fondant le

caractère orti,tique de chacun de ses actes.

2. Moi, la aoin: /cr 1iitcr1orpht,:rt! dé! Hcrrt�i:r:rt!,

Le gl isseaent ,tatutaire du concept -de la p,ychologie à la

représentation- est coroctéri,tique de 1 'idéologie de la figuration

que fait Ooli, dons ce tableau, pour lequel il vo, co••e avec la

croix don, I é! rivt1 dt1 C/;r i :r t tlp/Jé! Ct, lt,1/:t, ,uperpo,er,

inventorier tous I e:, :,en, po:,:, i b I e:, autour de I a aa in dont I a

représentation e,t 1 'occo, i an de 1 'essent i e I du trovo i I de

peinture, la signification pre•ière du tableau. Ou ,ens, assuré par

I e réseau de texte, 1 i lt éro ires concernant I a aét o•orpho,e et I e,

circon,tances de celle-ci, jusqu'à la ,ignification -co••e travai I

de peinture-, i 1 ,'agit bien d'un "poèae paranoïaque", et du "•ode

d'ob,erver, vi:,ûelleaent le cour, de la aétoaorphose de Horci,:ie".

la , i I houet te de Horc i sse ,e •iront dan:, 1 'eau devient, par

analogie for•elle, représentation, ,i,::1,,, de for•e, une aoin droite

tenant une forae ovoïde, déchirée par un ergot qui est une feuille

de la fleur: ou tout aythique de Narcisse est substitué la •ain

PAR HASARD, L'INATTENDU ••• 201.

qui, de 1 'énoncé pictural, n'est autre que le point de vue

narratif. Ce trouai I de déplacement, du représenté par la peinture,

se fait selon une procédure particul ière•ent visible dans une

dtude. p,,ur lc1 ville. pc1rc1m1ic1que.., de 1936: la croupe d'un

cheval iHobile, la queue flottante, devient, par transfor•ations

•esurées du code graphique pre•ier, crâne vu de face, avec quelques

•êches, puis, -identique référent-, l'ani•al, gonflé, raccourci,

sphérisé, se transfor•e en une grappe de gros raisins, tenue par

une •ai n, 1 a •ai n de Ga I a. Ce f onct i onne•ent narrat i f du code

visuel, Oali l'écrit: "La •éta•orphase du •ythe a lieu à ce •o•ent

précis, car 1' i•oge du Harcisse est transfor•ée subite•ent en

l'i•age d'une •ain qui surgit de son propre reflet. Cette •ain

tient ou bout de ses doigts un oeuf, l'oignon duquel nait le

nouveau Harc i sse-1 a f I eur. A coté on peut observer I a scu I pt ure

colcoire de lo •oin, 1oin fassi le de l'eau tenant la fleur éclose".

De 1 'une à 1 'autre représentot ion du concept, i I y a I o figuration

de la •étophore expri•ant la nature de la •éta1orphose et le

plaisir que se donne Harcisse à la "conte•plation" de son i1age. Le

travoi I de peinture devient 1 'acteur principal de la

ré interprétation du 1ythe: 1 a 1art par désespoir, a1oureux de soi,

se transfor1e en 1ort de soi par le plaisir, Les évidences de la

1osturbation s'interprètent aprés la fiction picturale co11e les

che•ins poétiques du 1ythe. • ... La semence de ta tête vient de

to1ber dons 1 'eau ... •. La •ain est le concept réificoteur du

dispositif associant 1 'oeuf, la se1ence, et l'oignon devenant

fleur; "de la •ain •ortelle de son propre reflet" ... ·, bref "quand

cette tète éclatera,ce sera la fleur, le nouveau Harcisse, Gala-ion

:o�. Jean-Pierre �"CUP.A�� !:�sç .xx-:-: 964.

narci:,:,e". Ain:,i e:,l introduit le dernier ter•e de cette

iconographie du noi: Golo.

Si l'ulti•e pha:,e de la •éla•orpho:,e, textuel le, de Harci:,:,e e:,t

Gala, el le en e:,t au:,:,i, picturale•ent, la :,ta:,e inaugurale: le:,

cheveux repré:,enté:, :,ur la tête du héro:,, dé:,ignent cet avatar

ter•inal de l'interprétation dol inienne du •ylhe: Moi,

Da I i-Harc i :,:,e,

Harci:,:,e-Gala.

•ani fe:,te dan:,

(/ 't!!�thit iqut!!

je •e tran:,for•e en •on i•age fé•inine,

L'her1aphrodi:,•e latent du projet poétique e:,t

un de:,:, in de 19'43, i nt i tu I é He.r111p!,r,1,i i t t!!

t!!�t le. p/11� gr,md ,y�tùtt tt!!t'N1:.tlrt!!) don:,

lequel, le rapport entre le:, code:, graphique:, du de:,:,in et la

repré:,entation, per•et de repérer la fictionnalité i•portée dan:, le

lob I eau de Herc i :,:,e par I e:, :, i gn if i cal ion:, et I e:, :,en:, du :,eu I de

travail de peinture, à l'écart du lexle •ylhologlque référent. Ce:,

corrélation:, for•el le:,, entre le de:,:,ln el le per:,onnage du

tableau, font exi:,ler le per:,onnage de peinture bien avant le

per:,onnage textuel du •ythe, et l'interprètent en her1bphrodite

avant •é•e une di:,po:,ition e:,thétique liée au :,cul tableau évoquant

la 1éta•orpho:,e. Outre la •ain, générateur de l'e:,pace repré:,enté,

la picturalité de l'en:,e1ble obéit à une di:,per:,ion iconographique

que le poè•e per•et d'inventorier: "le dieu de la neige ... :,e •el à

fondre de dé:,ir", peinture du fond ré:,ervé, pendant que "le groupe

hél éro:,exue 1, dan:, 1 e:, fa1eu:,e:, po:,e:, de ... • e:,l I e re I ai

chro•atique de la •aliére entre le viei liard et Harci:,:,e, le centre

géo•él ri que du rée il d • une :,ymét rie enl re Harc i :,:,e el une •ai n,

organi:,ant la :,urface à peindre, l'e:,pace de la repré:,enlalion, la

toi le.

PAR HASARD, L'INATTENDU ••• 203.

3. no i, 1 'A•ér i que: Le. ri1/e. di! Clir i� tt,pl,e. C,, 1t,1b

Si, la réputation de provocateur de Dali est institutionnelle,

ces provocation, ,ont à I ire coHe de, , i gne, e,thét I que,. Ru,:, i,

Lé! rive. de. Clir i � t ,,plie. C,, / ,,1t, e,t ana I y,ab I e coHe I e dypt i que

d'un récit pictural, dont le titre ,urréalise le, rapport, du rêve

et de l 'Hi,toire, et d'une hi,toire, celle du dhir dol inien de

Gala, co••e ,igne biographique du génie. Le tableau e,t donc cerné

par une duo I i té narrative que 1 'on pourrait ai n, i écrire à port Ir

du t ltre: le rêve de Colo1b/le rêve de Dai i. Sy,tèae •étaphorique:

I e rêve de Co I o•b de découvrir 1 'R1ér i que ou no• du génie du

chri,tianis•e, ,e confond avec le rêve de Dai i de découvrir

l 'Raérique ,ou, la bannière de ,ointe Hélène-Golo. le titre e,t

l'indice d'un fonctionne1ent qui dé,igne le procè, de la co••ande,

avant de dé,igner l'écono1ie générale de la peinture: peint pour un

•il lardoire a•éricain, il e,t évident que la répon,e picturale de

l'arti,te Dali à la de•onde de celui-là, e,t une 1anière,

1étaphorique, bien ,ûr, 1ois écono1ique•ent vraie, de découvrir

l 'R•érique sou, for•e de Pactole. 11 écrit, dan, C,,11tmt

,�,,nqvdrir l'R1driqve.: "ion regard d'e,poir et de convoiti:e se

portait à traver, l'Océan ,ur le, rivage, de •iel du gâteau

o•éricain". Il y a quelque cho,e de l'Eldorado dan, ce titre qui,

tout en évoquant la découverte de l'R1érique, dé,igne i1•édiate1ent

le, rêve, de riche,,e oin,i su,cité,. 11 ajoute quelque, page, plu,

loin: "J'avai, foi• et ,oif à 1 'échelle d'un continent où je ,avoi,

que je pourrai, •e ra,:,a, i er de gloire et de ,uccè, co1e,t i b I e,.

Seule l 'R1érique avait assez de richesse, d' intel I igence neuve,

204. Jean-Pierre NOUF.AUD H::.sp.XX-,-191l4.

d'énergie disponible, pour contenter ion hypertrophie de 1oi et

subir •es caprices·. Ainsi se trouvent, dès le titre, réunis les

concepts 1ajeurs de la poétique dal inienne: la conquête de la

gloire par 1 'A1érique, le narcissis1e exarcébé que seul peut

susciter la certitude d'un destin historique, et la richesse

dispensatrice de caprices.

Par la littéralité du titre, nous so11e, renvoyés à toutes les

connotations historiques de la réalité écono1ique et politique des

Rois Catholiques pour qui l'expédition de Colo1b ne relevait ni

d'un projet culturel, ni de l'i•oginaire scientifique mais de la

conviction qu' i I y avait, ai I leurs, une crédibi I ité

institutionnelle et un pouvoir à 1ultiplier. La conscience

dol inienne de l'histoire, conquérante et 1archande, de la Catalogne

ne pouva i t I ai sser échapper cette occasion 1agn i fi que de faire de

ses racines, de ses biographies, une scénographie pi et uro I e dans

laquelle le 1i I lardaire cl ienl a1érlcain "�t le rêve du génial

peintre catalan qui a i•aginé une R1érique à lui, co11e· 1 ieu de

fortune intellectuel le et écono•ique. Nous saisissons 1ieux

co11ent le peintre donne à la tradition "renaissante• de la

représentation du généreux donateur, une réinterprétation dont

l'hu1our n'exclut pas la pertinence, 1anifestant co1bien, derrière

les 1asques tro1peurs et i11édiate1ent spectaculaires du

surréal is1e, i I interroge toutes les procédures historiques de

production de la peinture. Le récit pictural porte ainsi, dans sa

narrativité 1ê1e, les traces des circonstances sociales de sa

coHande.

Il y a, dans l'écart entre les deux R1ériques -celle découverte

PAR HASARD, L' INATTENDU •.• :os.

par Colomb, celle d'aujourd'hui-, leurs :ystème:, iconiques,

l'indice d'une poétique qui foit du peintre rêvant sur ! 'Histoire

et rêvant ! 'histoire, "l'inventeur" de nouvel les A1ériques, autres,

sous la bannière de Gala-Sainte Hélène. Le concept narcissique

trouve ici une for1e historique dont les termes extrê1es pourràicnl

être Cortès et Aackfcl Ier associés par la gloire de 1 'histoire.

�. Moi, la croix.

Hou:, sommes ainsi conduits à identifier /o ,�r,1ixco11e syntag1c

élémentaire, à la fois du récit hi:toriquc de Colo•b, du récit

biographique de Da I i , 10 i s au:,:, i de cc I u i de 1 ' 1 nuent ion de I a

sainte croix par Sainte Hélène et de l'invention de l'A1érique par

Dai i, tous ces récits étant liés d'une certaine façon à la peinture

religieuse espagnole -choix dol inien- dans lequel le la croix est

I e signe i nauguro I et t er1 i na I du rée i t hagiographique. Derrière

le:, anecdotes concernant chaque martyr .et confesseur, c'est bien

l 'hi:,toire de la Croix qui est inlassable1ent racontée. Ce qui

interesse le peintre, dans cette répétition du narré, c'est la

plasticité de l'objet et les capacités structurantes de sa

représentation dans 1 'espace de la toi le. Dai i écrit dans un

lfonife.ste. l!!f::ttique.: "en 1i Ile neuf cent cinquante et un, les

choses les plus subversive:, qui peuvent arriver à un ex-surréel iste

sont deux: pre1ière devenir 1ystique et seconde, savoir dessiner:

ces deux f or1e:, de vigueur u i ennent de 1' arriver ensemb I e et en

1ê1e te1ps à 1oi". C'est dire le statut plastique du concept:

au-de I à du caract ére provocant de I a déc I oral Ion, se découvre un

réseau précis de référents picturaux, d'oeuures sou1ise:, à la

206. Jean-Pierre NOUHAUD H�sp.XX-�-1984.

di ver:, i té de:, code:, fi gurat i f:,, de fi et i an:, hog i ograph i que:, aux

signe:, répertorié:,, en :,0111me, un corp:, de peinture:, développée:,

autour de récit:, connu:,, :stabili:,é:,, fonctionnant co••e progra••e:s

pour le peintre, co••e :,y:,tè•e nor•atif pour la peinture. Le

1y:,lici:,1e de Dai i et :,on signe le plu:, évident, la croix, :,ont

bien prétexte:, à peindre. Ce dernier point e:st, de loin, le plu:,

i 1portant, car derrière I a c I ôture narra live :,e de:,:, i ne I e •fi I

rouge" qui per•et de :,uperpo:,er, dan:, la toile, tou:, ce:, récit:,,

:,an:, le:, confondre, dé1ontrant que 1 'écono1ie figurative d'une

peinture peut produire de:, récit:, :,'a:s:sociant I ibre1ent, pré:sent:,

:,an:, ordre préc i:,, en:,e1b I e de :,en:, 1 i breaent art i eu I é:, :,e Ion I e

travail de peinture. Ain:,i, la typologie de:, croix nou:, indique la

typo I og i e de:, rée i t:, con:,t i tut if:, de 1 'organ i :sot ion iconique du

tableau. Peu i•porte que le 1y:stici:s•e dalinien :soit ou non une

conviction de pacoti Ile: l 'e:,:,entiel e:st dan:, le:, jeux picturaux

que per1et le choix des référence:,, la réinterprétation, le:,

a:,:,ociation:, nouvelle:, perai:,e:, par l'utili:sation de la -peinture

:,ocrée avec I e:, iode:, d' i dent If i coti on norc i :,:, i que:, aux :, i gne:, du

:sacré: vierge, étendard:,, croix, Chri:st, nuage:,, :,igne:, liturgique:,

diver:,. Le langage pictural de Dol i re:,te do1iné par le:, code:,

figuratif:, de la représentation, avec toute:, le:, altération:,

maitrisée:, par le:, règle:, géo1étrique:, de la per:,pective: fiction:,

vi:,uel le:, faite:, d'aberration:, d'échelle:,, de défor1ation:,

partielle:,, antropo1orphe:,, figuration:, d'objet:, inventé:,, tout ce

qui exalte le:, lien:, appareHent paradoxaux entre une figuration

acadé1ique et de:, récit:, juxlapo:,és, irrationnels, accroissant les

effet:, de rupture, d'oppo:,it ion entre le récit et :,e:, code:,, au

PAR HASARD, L'INATcE�DU ... 207.

lieu d'en exalter les effet: d'identité, co111111e la règle :,'en est

hi,toriquement constituée.

Hou:, pouvon:, identifier t1t1!.ltr1" type:, de croix:

- Au pre111 i er apport i ent I a croix pat lée repré,entée :,ur I e:, vo i I e:,

de la caravelle, :,igne hi,torique et politique de:, roi,

Cal ho I i que,, et dont 1 'origine e:,t I a croix :,t ati ona I e de:

I iturgie:, ancienne:, du royaume a:,turien. El le pré:,ente 1 'intérêt de

renvoyer aux ,1rigin1"� du royaume chrétien, de la Reconquête, de

la chrétienté occidentale, de l'Amérique européenne, et, figurant

sur I e l abo1•1!1 de 1 'empereur Con:,t anli n, époux d' Hé I ène, est

inaugurale, premier récit, concept premier de l'espace repré:,enté,

début et centre du :,en:,. Hou:, comprenon:, ainsi la position

centrale, axiale, de la croix pattée, dan:, l'e:,pace de la

repré:,enlalion -la voile de la caravelle-, juxtaposée à

l'étendard/robe de Gala, coHe vai le virginale et étendard de la

chrétienté. Il y a une continuité pla,tique, narrative, entre le:,

vai le:, gonflée:, de la corovel le et l'étendard qui gl i:,:,e et drape

I e:, épau I e:, et I e:, rein:, de 1 'ado I e:,cent conquérant, 1 e pied I evé

:,ur 1 'ombre d'une croix qui I e précéde :,ur I e :,o I vierge, pour

mourir, bleu et blanc, dan:, le:, bra:, de 1 'orant agenouillé sur le:,

marche:, d'un te1ple de rêve :,ou:, un ciel de gloire,, d'or, d'ordre,

d' ange I i que:, ge,t e:, convenu:,, une Amérique de go I a. Que 1 'homme

,oit Dai i, e:,t visible dan:, le détai I de la 1édiat ique mou:,tache

en croc, vi:age doubleaent repré,enté dan:, la posture de 1 'huai lité

et tendant ver:, la vierge, Golo, le crucifix de la :,oumi:,:,ion, de

l'ébloui:,:,ement irrésistible, que seul l'ombre copuchonnante de la

bure protège de l'aveugleaent définitif. Coloab n'a découvert que

208. Jean-Pierre NOUHAl'D Hisp.XX-2-1984.

le nouveau paysage de la foi, organisé la nouvelle scénographie de

la croix, dont le destin baroque est déja contenu dans les raisons

de la découverte. La double référence qui associe la croix à

l'histoire d'Espagne et à ce 11 e de la chrétienté ' . s incarne

plastique•ent dans la proxi•ité entre la représentation de la

caravelle et celle de Gala-Sainte Hélène, inventeur de la sainte

croix.

- Le second est celui de la croix tenue par l'ho••e agenouillé. Sur

I u i s'achève I e •ouve•ent de I a robe-étendard; ré i nt erprét at ion,

nouvelle représentation de la croix d'un autre tableau, Le Chri:rt

de S11 in t .lt'11n dt' / 11 CrL, ix . Le peintre inaugure ainsi , dans I a

structure iconographique, un plan de référence à sa propre peinture

dans I eque I s 'équ i va I ent I a va I eur biographique du signe et son

identité picturale. Dispositif intéressant, si l'on regarde

l'organisation narrative com•e le rapport de la croix, surplo•bant

un paysage •orin, et d'une barque avec deux personnages habillés

en paysans de la •er, à la façon du XUl1°s. Ce •ê•e Christ de saint

Jean se trouve représenté, en pos i t ion sy•ét ri que -en· haut, à

droite- à celle de Gala/étendard, derrière les croix portées par

des ado I escent s, au • i I i eu des I onces. . . Point de vue narrat i f

qu' i•pose une sy•étrie entre une Gala en étendard de Uierge et un

christ Saint Jean de la croix organisant l'inverse d'un dialogue

présent dans un tableau de 195'4, Ct1rpu:r HgptJrt�u/:lfru:r-. Gala le

regard levé, tote•isé par le regard du Christ, i••obile, fixe, sous

le ciel nocturne du Père. Derrière la représentation des regards et

I e rêve sur I eur express i v i té •yst i que, c ' est un syst è•e d ' espace

qui est en jeu el qui fonct I onne de I a •ê•e façon dans I es deux

toi I es, organ i sont I a pro fondeur de I a sy•ét rie pre• i ère de

PAR HASARD, L' INATTENDU ••• 209.

1 'e:ipace de la toi le. Au même plan du visible pictural, à la eême

stratégie de I' interpictural ité, au même projet de maitrise des

codes et de peint ure, au narcissique jeu de 1 'auto-référence,

appart i ent I e fi cti onne I objet ,�,,q,11'/ I J. le coqu i 11 age signe de I a

mer, sphère ar• i 11 aire signe de I a terre et du monde connu, fait

partie d'une très habituelle expression narcissique dans le jeu du

paysage marin. Ce coqui liage, nous le trouvons déjà dans un tableau

de 1954, intitulé 011/i Dali, reproduit dans l'édition de Oraeger,

accompagné du texte suivant :"A trois ans, je voulais être

cuisinière, à cinq ans, je voulais être Napoléon. Mon ambition n'a

fait que croître et maintenant mon ambition est de devenir Salvador

Oali, rien d'autre. C'est d'ailleurs fort difficile car Salvadr

Dai i, à mesure que je m"en approche, s'éloigne de moi". Très

intéressant signe iconographique, que ce coquil loge, qui associe la

dissimulation du sexe de Oali, adulte et nu, se citant dans un

autre tab I eau, 0171 i 17 / 'âgtt ,li, ;1 fr 17n;1 quand i / ;11!! pr1Ml71't

p,,ur uni!! pi, fi f" fi// t!! ;1,,u / ttvl7n f / 17 pi,17u ,li, / 'tt17U p,wr v,1 i r

,i,,r, i r un d1 i ttn 17 / ',1,brtt dt!! / 17 1t!lr, à une représent at ion

"atomique" du visage de Gala. la valeur rhétorique du coquillage,

dams I a peint ure de Oa I i , permet de I e retenir comme coMt ante

iconographique, d'une part, et d'autre part comme représentation de

la part féminine de 1' identité dal inienne, hermaphrodisme

nécessaire. l'Amérique est métaphoriquement présente dans ce

coqu i 11 age devant I a caravé 11 e, terra i ncogn i ta seu I e capab I e de

contenir I' iHensité du génie dal inien et son avidité de tout, de

lui-même. En d'autres termes, c'est parce qu'à "l'âge de six ans i I

se prenait pour une petite fille" dans le jeu du coquillage, -signe

do la féminité-, en dissimulant son sexe derrière celui-ci, qu' i I

210. Jean-Pien·.! ?-lQUHAUC' Hisp.XX-2-1984.

e�t devenu Salvador Oa I i , concept 1yst i que, un jour révé I é par

l'intercession mariale et co•ptabi I i,ante, de Gala. C'est là

1 'orgoni,ation de la fiction provocatrice, ironique et ambigue,

réglée, reproduite, ordonn�: par le travail de peinture.

- le troi,iè•e étobl il une référence à ! 'histoire de l 'ort: ,an,

entrer dons le délai I des déci oral ion, et des écrits de Salvador

Ooli, il est intére33ont d'observer couent sa peinture •anifeste,

par des citations, un rapport à l'histoire, entendue co••e manière

de peindre. Deux citation, picturale3, 3ont, don, ce ,cns,

structuronte3 de 1' iconographie du rêve de Cristophe Colo•b:

- les croix portée3 par le, adolescents, a1plifiées jusqu'à la

hauteur du tableau, renvoient, par une évidence de la picturalité,

à la croix que tient l 'officiont dons L 't!nf(!rrt'!1e.nf dt1 ,�.,1f<"

d 'Drg,u·, du Greco.

- mêlées à elles, en arrière, les lances citent la frontal lté de

Lo riditi,,n dt! Br(!d1.1, de Uelazquez.

11 s'agit par ce simple jeu de for1es d'introduire, dans la

narration du tableau, à trover, l'i1age, des récits référents qui

ajoutent à cette narration de3 effets de ,en, qui relèvent plus de

1 ' i 109 i noire et de se, 1 i bres assoc i at ions que de concepts

structurant la logique narrative, fût-el le historique -1 'Espagne et

la découverte du Nouveau Monde-, ou biographique -la découverte du

génie dal inien-. Avec la référence à L 'e.nfe.rre.1,int du ,�,,1tt'!

d'Drg1.1:, c'est le renvoi à la découverte de l'ho11e, lieu inconnu

du 1y,t ici,111e, à la découverte de Dai i, 1 ieu inconnu du génie. On

,ongero à cet te métaphore do I in i enne de 1 'espace : "I e ci e 1 ,e

trouve exocte1ent au centre de I a poitrine de 1 'ho11e qui a I a

foi". Avec la référence à La ridition de, Bre,d1.1, c'est l'E,pagne

PAR HASARD, L'INATTENDU ... 211.

historique et impérialiste, légiti1ont colonie, et conquête:, ou no11

de la foi, de •ê•e que Oali pourra offir11er :"Et Golo rendait

choque foi:, plu:, légitiae Je paysage de •on i11oginotion".

- Enfin le:, croix qui, en oblique, perturbent le système narratif,

troublent l'iconographie et le récit pictural, parce qu'elle:, sont

l'index de la fiction. Elles amplifient, en l'altérant, l'i•oge de

1 'évêque, en bas, à gauche, et croisent en haut, à droite, 1 e:,

croix stotionnole:, des adolescents, à la fois métaphore de l'épée

de la conquête et systè11e visuel de la peinture dolinienne,

exprimant le caractère •afL11/qve. • de toute chose, y co•pri:, de

"la choir du décolleté de Golo". Ce signe nous autorise à penser

que l'en:,e11ble du système narratif proposé par Le rJvt1 dt1

Chrl�tL1pl,e. CL1hi1b est, par devers le:, pion:, narratifs du visible

et du lisible, un ensemble complexe de juxtapositions,

d' agg I omérat:, de 1 'auto1at i sme -verbe 1- :,urréo I i :,te. Oe:, seg1ent:,

épar:, de :, i gn i fi cot ion viennent ai n:, i peup Ier le t ab I eau,

énonc i at ion dan:, 1 oque 1 , e I e peintre, :,an:, projet de :,en:,

parti cu I i er, propose une :, l gn if i col ion dont 1 'ouverture permet ou

destinataire d'ajouter de:, effet:, ponctuel:, personnel:,. Ceux-ci ne

dénot urent pa:, 1 'oeuvre parce que, co 11 age:,, i l s port ici pent de:,

lien:, "paranoîaque:," que le peintre entretient aux circonstance:, de

I a product ion de son oeuvre, dé:, i rée:,, argon i sée:,, di vu! guées

co11e oeuvre:, et significations préalable:, à la peinture. Un

exe1ple: la représentation, en fi I lgrone, du Christ de saint Jean

de la Croix, à coté de la coravel le, déter1ine le spectateur à I ire

cette proxi1ité coHe le transfert de sen:, des ,tig1ate:, de la

Crucifixion aux coulure:, de couleur reportée:, sur le:, branche:, de

la croix, figurée:, sur le:, voiles. Oison:,, enfin, que le:, croix,

212. Je4n-Pierre NOUHAUD P.isp.XX-2-1984.

infini1ent identiques à elle,-1ê1e,, constituent, à trovers les

ado I escents qui I es portent, une i ntére,,ont e rhétorique de

répétitions, une sorte de dispersion anaphorique des signes, dons

lesquelles les sy1étries inverses, gauche/droite, devant/derrière,

jouent un rôle déterainont dons lo clôture narrative du récit que

nous énonc ion,: 1 e lob I eau comae découverte de 1 'Aaér i que par I e

génie dol inien, l'invention du génie dol inien par la geste

historique el éconoaique de Gala.

S. Moi, des 1ot,.

Les désarticulation, narratives des titre, indiquent le,

fonctionne1enh de lo perspective: la peinture de signes

,ucce,, i f,, o I igné,, ponctuent I o profondeur i 11 us ive de 1 'espace

représenté, pour coMt i tuer une outre figure dans 1 'espace de I o

représentation, la surface de la toile. Ce, brefs récits sont

organisé, sur le jeu contradictoire entre la conforaité syntaxique

el 1 'apparente invraise1blance de 1 'histoire racontée:

pla,tiqueaent le, codes figuratifs du dessin et de la _peinture

produisent, des récit, visuels inattendus, prenant à revers le,

cohérence, eu I t ure 11 es de I a réa I i té, de 1 • espace référent de I a

figuration. Oeux t ab I eaux d'avant guerre,

d'espace leur signification pre1ière:

font de cette figure

ce sont L" l!ard1i!.

d • ""''� / avt1:i """'� I" l>u:i t t1 inv i :ri/:, I t1 dt1 V,1 /ta irt1, de 19°'0, et

Plagt1 t1nd111ntù avt1,� trM·� gra,�t1:1 1/uidt!e, de 1938. Lo force

poétique de la relation du titre et du tableau tient à ce que la

1êae rhétorique visuelle trouve deux équivalents sé•antiques,

1 ' i nv i, i b i I i té et 1 • en chant eaent . Les oeuvre, d • après guerre

a1plifient une écono1ie picturale qui n'est plus que la peinture du

PAR HASARD, L' tNP.TTE?IDU ••• 213.

collage, de la juxtoposit ion de signes simples, produisant une

iconographie de lo frontalité dons laq�el le les figures 1ojeures de

I' i1aginoire surréol iste ont disparus: la plage déserte, la peau,

l"eprésent at ion du rapport parti eu I i er entre 1 'objet ou I e

personnage et la 1atière dont i I est constitué, 1 'écho

aorphologique, traduction textuel le de 1 'analogie for1el le,

1 'altération perspective co••e représentation perverse, duel le,

fiel ionnel le de la réalité référente, les symétries chias1alique3,

Deux tableaux, entre plusieurs, portent des titres qui trahissent

le gl isse1ent vers la peinture de la dénotation, de la description,

de 1 'identité entre 1 'ordre iconographique et I a sucess ion des

3eg1ent s narrat i f s du t i t re. Les deux sont de 1965: 6a / 11

re.gardant Dali t1n état d'anti-gravitath,n au-dt1::r::ru::r de. ::r,1n

,1t1uvrt1 ,l'art "f',,p_, ,,p gt1:r-gt1::r p,11pie.r., dl7n::r /aqul!ll lt1 nc1u:r

p,>w,,n:r ,::,,nt tt•P / ctr lt1:r de.ux pt1r:fl,1nnagl!::r c1ng,1 h1:,c1nt ::r de.

/ 'angélu:r de. Ili/ le./ t1n état attavique. d'hiht1rnc1t h,n_, dt1vant

un ,:: it1 / qui pt1ut ;9,,uda ine.1e.nt :fit! t rc1n:r lors:e.r e.n unt1

g iagan t tl:!11/Ut

l c!r,, ix dt1 /la Il" au c!t1n t re. 1ê.1e. de / a gare. ,le.

f't1rpignan ve.r:r /11qu,:t/ /t:, t,,ut l 'univt1r:, c!c1nvt1rge.,. La

présence, dans le texte, de locutions de3criptives de 1 'espace de

la toile, et d'indications SUI" la position relative des

per3onnoges, révèle une énonciation picturale travaillée par la

juxtaposition et sa platitude. A l'identique, dans cet autre titre:

S11/vad,1r 011/i en train de pe.indrt1 {ia/11 parthip11nt ci

/ 'ap,,t hé,1:re. du d,, Il c1r d11n::r / aqu,:, Il t1 ,1n pt1u/ 11u::r:r i

apt1r,!e.v,1 ir :rur / 11 g11ud1.t1 /111rce. / Du,!h,;1p dtigu i::rti t1n L '"' id

,YI V., de.rr i èrtt un r idt111u ci / 11 1,m i èrt1 dt1 Vt1r1t1t1r qui ::ftl

tr,,uve tJtri, 11ctuel /tt1t,nf Il!! vi:rtJ!JI!! invi::rible 111i:r

214. Jean-Pierre NOUHAUD Hisp.XX-2-1984.

,,,nu,enta/ de / 'Her,,h_. de l'rirxittt/e. Un dernier titre, un

dernier •ot: fla/il fla/il.

6. Oe quelques concepts: définition.

- L' i nt erp i et ura I i té désigne, pour un sysl è•e de forae, non

verba I es, des re I at ion, ana I ogues à ce 1 1 es que 1 'on def in i l par

1 'interlextual ité dans le systè•e du texte.

- Echo renvoie, bien sûr à I a ny•phe a•oureuse de Harc i sse, •ai:,

surtout à une disposition visuel le propre à la poétique picturale

de Dai i: un tableau de 1936 int ilulé Ed,,, ,,,rplwfogique aontre

la figure de rhétorique plastique désignée par le concept d'écho:

répétition d'une forae avec à chaque répétition une tranfor•ation

par analogie foraelle; ainsi :,ont associés une jelée,un personnage

al longé sur le coté, el une grappe de raisin; un rocher, une

•nourrice• assise de dos, et un crouton de pain; un phare, une

,i lhouetle fé•inine et une cuillère dan:, un verre haut avec un

pied.Ce:, a1biguilé:, iconique, ,ont de, constante:, dans la syntaxe

picturale de Oali. Ajoutons que l'a•biguité dé,igne, . ici, la

possibilité de lectures •ultiples.

- Code3 pla3tique3: particularith for•el le,, picturales qui

per•ettent de u,,ir l'organisation de la peinture sur la surface,

avant de lire. ce que représente ce trovai I de peinture.

- Paradig•e/:,yntag•e: le parodig•e se définit coHe un en,e•ble

d'élé1ent, iconogrophique:i,substituable, le:, un, aux autres, dons

un •é•e contexte. Les écho:, •orphologique:, ont un caractère

poradig•otique, sur le plan de, code, plastique:,, Le syntag•e par

opposition, désigne un ense•ble d'élé•ents iconographique:, présent,

,i1ultané1ent dan, un 1ê1e contexte. C'est le cas de, croix dan,

PAR HASARD, L' INATTEtmU •.• 215.

Le. rive. de. Chr i::r t ,1pile. C,1 lt11/i

- E,pace référent: en peinture, la "réalité" à repré,enter.

- E,pace de la repré,entatian: :surface ou volu1e ,pécifique,

:,ur I e:ique I:, , 'organ i ,ent I e:i repré:ientat ion, art 1 ,tique,; 1 e fi l I

et le papier pour la photographie, la toi le pour la peinture.

- E,pace repré,enté: ce que la peinture nou, donne à voir :iur la

:iurface de la toile.

- Pictural ité: dé:iigne dan, le pracè, de production, un en:ie1ble

de propriété, pla,tique, par le:,quel le, on reconnait la peinture et

,a :,ignification.

- Procè, de product ion: ,ou, cette déno1 i nat ion nou, a:,:,oc ion,

tout ce qui, dan, 1 a conception et I a réa I i ,at ion d'une oeuvre

d'art, permet de pen,er celle-ci co11e travai I intellectuel.

- Signification/:ien,: le rapport de ce, deux concept:, exprime la

relation entre la production du ,en,, :ion procè, -la ,ignification­

et le ,en, produit. Oan, 1 'analy,e iconographique c'e,t la relation

entre le travai I de peinture et ce que celui-ci repré,ente.

- U i:, i b I e/ 1 i, i b I e: ce qui dan, 1 e procè, de production d'un

t ab I eau apport i ent à 1 ' i 1age -cou I eur:,, :iur face,, éche 11 e,,

proportion,, cadre, récit ... - et ce qui relève de la langue,

-narration, 1ythe,, ,ymbole,, titre,, etc ... -.

7. Bibliographie.

Ecrit, de Oc I i :

- Dai i (S) fo11e.nt ,1n de.vie.nt 011/i. Le, aveux inavouable, de

Salvador Dai i.Récit pré:,enté par A. Parinaud. Ed. R. Laffont. Pari,

1973.

- Oal i (S) Oui. Méthode paranoïaque-critique et autre, texte,. Ed.

216. Jean-Pierre NOUHAUD Hisp.XX-2-1984.

Oenoël/Gonthier. Col 1. aédiations. Paris 1971.

- Oali (S) D11li Entretiens avec Salvador Oali par Alain Bosquet.

Ed. P. Belfond. Paris 1966.

Ouvrages reproduisant les oeuvres de Dali:

- Do I i de Draeger. Paris 1968.

S11 I v11d,1r 011 / i. Cat a f ogue. 'Rét rospect ive 1920- 1980. Centre

George� Poapidou. Musée National d'art Moderne. Paris 1980.

8. Titres, dates, techniques, diaensions, collections des oeuvres

de Daf l citées dans fe texte:

Oeuvres antérieures à 19i5:

Riivt!tillt.f-111/in IL1U. 1933. Huile/toile: D,80a.X 0,991 ,

Gal.Perls Ne•-York.

/!,if 01,1rpl1,,.!l!I dt.f H11r,� i.!:r,.a.. 1936-37. Hui I e/to i f e. 0, 511. x

O, 76a. Coll. E.F.U. Jaaes.

- Et udt1 p,,ur L11 villd p11r11n,1i11qutJ. 1936. Encre 0,321.x 0,20a.

Col 1. Ed•ard F. U. Jaaes.

- E,�1,,, 1t1rpl,c1 / ,,g i qu11. 1936. Hui I e/ panneau. 0, 30a. x O, 331. Co 11 .

E.A. Mor�e.

Plt7!Jl!I t1n,�l,11ntiil!I 11Vl!lt:: tr,,i:t grl7t::t.f:t flu idt.f.!, 1938.

Hui le/toi le: 0,651.x 0,611. Coll. A.Reynolds-Morse.

- /111rcl,,i d 't.'l:r,� I ovt!l;.r llVt.f,: / t.t bu;.r/,., inv i;.r ib I" tfl.'I V,, I t 11 ire.

19i0. Hui le/toi le: O,i6a.x 0,651. Col 1. E.A.Morse.

- Ht!lr1opl,r,1dilt.f. (L 'e.!llldt ique t.t:rt Id plu.! gr11nd l!f.!ldr"

lerre:tlrt!I), 19i3. Encre rouge et noir. 0,261.x 0,21a. Coll. A.A.

Morse.

Oeuvres postérieures à 19i5:

- Ltt rivtt dtt Cri.!t,1plltt Ct1lt11b. 1959. Hui le/toi fe: i, 10.x 3, 101 .

PAR HASARD, t.' INATTENDU ••• 217.

Galerie d'Art Moderne, He•-York, Col 1. Huntington Hartford.

- Le. C,1(lr,1nne.1Mt du 1'11pe. .lt!1:n ,\�\' / I /. 1958-59. de,, in à

1 'encre en troi, couleur,: 0,5111.x 0 ,38m., col 1. Aeynold Mor,e.

- CrCJ,:ifixii1n Rngtfliqvl.f. objet, hauteur. 0,761. 1959-60 . or,

pierre, précieu,e,, 11oteur, col 1. privée, He1-York.

- fJ11/i d l'Jgt.t de. 6 11M qu1md ... 1950. Huile/toile: 0,2711.x

0,311. Col 1. privée.

- Le. Cllr/;!t de. S11int .le.an de. /11 C,•,,i.L 1951. Hui le/toi le:

2,051.x 1, 161. nu,ée et Galerie d'Art de Gla,901.

- C,,rpCJ;! Hypt.tr,:ubt°t:CJ;!. 195,. Huile/toile: 1 1 H1.x 1,211. Coll.

C. Oale.

011/il 011/il 195,. Huile/toile: 0,611.x 0 ,,111. Coll. privée.

- S11/v11d,1r 011/ i t.tn train dd pe.indre. 611/11 p11rt ii:: ip11nt ..•

1965. Hui le/toi le: ,,001.X ,,98m. Coll. privée.

611 / 11 re.911rd11n t Da I i e.n I t 11t d '11n t i -gr11v i ta t i t1n • • •

Hui le/toile. 2,951.x ,,0611. Col 1. privée.