institutions liturgiques (tome_2)__2

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I PAPT1E CHAPITITK. XXT CHAPITRE XXI SUITE DE L'HISTOIRE DE LA LITURGIE, DURANT LA PREMIKRE MOITIÉ DU DIX-HUITIÈME SIECLE. — AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII. Nous plaçons ici un épisode liturgique du plus haut L'affaire de la intérêt pour l'histoire que nous écrivons. L'affaire de la leg sain e t de légende de saint Grégoire VII est tout aussi ignorée au- c x ? ^ ^ ^ ^ ^ jourd'hui que la plupart des faits qu'on a lus dans les ^esTunTit précédents chapitres, et nous ne donnerions au lecteur /u^xvm^siecie qu'une connaissance imparfaite du siècle que nous avons à faire connaître sous le rapport liturgique, si nous passions sous silence un fait d'une si haute portée. Cet épisode étant d'une dimension considérable, nous l'avons entiè- rement détaché du récit principal, qu'il eût entravé d'une manière gênante ; nous ne doutons pas cependant que la grande scène que nous allons dérouler n'intéresse ceux qui auront eu le courage de nous suivre jusqu'ici. Un des noms les plus glorieux de l'histoire est sans f Saint contredit aujourd'hui le nom du grand pontife saint Gré- un^dès^pius' goire VIL Une justice tardive, mais éclatante, a été ren* ^et^es^pUis 65 due à ce héros de l'Église et de l'humanité, et l'on peut %™ d î e S nom S même dire que sa gloire croît encore tous les jours. Pour 5 01t c J}??& s ï 1 " ' T dans I histoire, aider à mettre dans toute son évidence ce phénomène pro- wç™} enfin de 1 A nos jours une videntiel, nous avons voulu, dans le présent chapitre, justice r , . r ' éclatante. raconter une faible partie des outrages que ce grand homme, que cet admirable saint a essuyés, non de la part des protestants et des philosophes du dernier siècle (ceci serait moins instructif), mais de la part de plusieurs qui,

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Page 1: Institutions liturgiques (tome_2)__2

I PAPT1E CHAPITITK. XXT

C H A P I T R E XXI

SUITE DE L'HISTOIRE DE LA LITURGIE, DURANT LA PREMIKRE

MOITIÉ DU DIX-HUITIÈME SIECLE. — AFFAIRE DE LA LEGENDE

DE SAINT GRÉGOIRE VII.

Nous plaçons ici un épisode liturgique du plus haut L'affaire de la

intérêt pour l'histoire que nous écrivons. L'affaire de la l e g s a i n e t d e

légende de saint Grégoire V I I est tout aussi ignorée au- c x ? ^ ^ ^ ^ ^

jourd'hui que la plupart des faits qu'on a lus dans les ^esTunTit précédents chapitres, et nous ne donnerions au lecteur / u^xvm^s iec ie

qu'une connaissance imparfaite du siècle que nous avons à

faire connaître sous le rappor t liturgique, si nous passions

sous silence un fait d 'une si haute portée. Cet épisode

étant d'une dimension considérable, nous l'avons entiè

rement détaché du récit principal, qu'il eût entravé d'une

manière gênante ; nous ne doutons pas cependant que la

grande scène que nous allons dérouler n'intéresse ceux

qui auront eu le courage de nous suivre jusqu'ici.

Un des noms les plus glorieux de l'histoire est sans f Saint

contredit aujourd'hui le nom du grand pontife saint Gré- un^dès^pius '

goire VIL Une justice tardive, mais éclatante, a été ren* ^ e t ^ e s ^ p U i s 6 5

due à ce héros de l'Église et de l 'humanité, et l'on peut %™ d î e

S nom S

même dire que sa gloire croît encore tous les jours. Pour 5 0 1 t cJ}??&sïrè

1 " ' T dans I histoire, aider à mettre dans toute son évidence ce phénomène pro- wç™} enfin de

1 A nos jours une videntiel, nous avons voulu, dans le présent chapitre, justice

r , . r ' éclatante.

raconter une faible partie des outrages que ce grand

homme, que cet admirable saint a essuyés, non de la part

des protestants et des philosophes du dernier siècle (ceci

serait moins instructif), mais de la part de plusieurs qui,

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3g6 S U I T E DE L ' H I S T O I R E DE L A L I T U R G I E

INSTITUTIONS prétendant appartenir toujours à l'Église romaine, n'ont L I T U R G I Q U E S * * 1 ' °

pas craint de récuser, comme intéressé, l'auguste jugement par lequel elle inscrivait au rang des saints et proposait à la vénération universelle, ce pontife véritablement apostolique. Il est bon que certains faits caractéristiques d'une époque, et propres à montrer en action certains principes, soient impartialement enregistrés et publiés, dans la crainte que ces mêmes faits, venant à se perdre, les leçons importantes qu'on en peut tirer ne soient en même temps perdues. Que si quelque défaveur devait, de nos jours encore, poursuivre celui qui ose plaider unc pareille cause, nous l'acceptons d'office, tout indigne que nous cn sommes, et nous nous levons sans crainte pour venger celui qui,avec son auguste prédécesseur saint Grégoire I e r, est ct demeurera le plus grand des Papes que l'ordre bénédictin ait fournis à l'Église ( i ) .

Son histoire Nous ne donnerons point ici l'histoire de saint Gré-maintenant . T r T T _ „ , . , . . . .

connue de tous, goire VII. Lue est ccnte partout ; dans ses admirables lettres conservées en si grand nombre par les soins d'une Providence toute particulière ; dans ses œuvres généreuses qui ont sauvé l'Église, et sur lesquelles elle s'appuie encore aujourd'hui ; dans les récits pleins d'admiration et,

(i) Nous oserons dire ici quelque chose des motifs personnels qui nous obligent à défendre et u honorer la mémoire dc saint Grégoire VIL Si nos lecteurs sc souviennent que ce grand Pontife, moine de Saint-Picrre-de-Cluny, est une des gloires de la France bénédictine, qu'avant de monter sur la Chaire de saint Pierre, il occupa le siège abbatial de l'insigne monastère de Saint-Paul extra moenia Urbis, ils comprendront la nature des sentiments que nous dûmes éprouver lorsqu'on i8?7, appelé, malgré notre indignité, par le souverain Pontife Grégoire XVI, successeur de Grégoire VII ct enfant de saint Benoît, à recueillir la succession des abbés de Cluny, nous émettions notre profession solennelle entre les mains de l'abbé de Saint-Paul, successeur, lui aussi, de l'héroïque Hildebrand. Puisse le glorieux Pontife, devenu si particulièrement notre père, allumer dans notre faible cœur quelques étincelles de son ardent amour pour l'Eglise de Jésus-Christ, ct nous donner quelque part à cette complète abnégation avec laquelle il la servit toujours!

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DURANT LA PREMIERE MOITIÉ DU DIX-HUITIEME SIECLE 3g7

jourd'hui tant d'écrivains non suspects. Tout le monde la

sait aujourd'hui cette histoire. Nous nous proposons donc

seulement ici de traiter la question liturgique de saint

Grégoire V I I , c'est-à-dire, le culte décerné par l'Église à

cet illustre pontife, et les divers incidents qui se sont

rencontrés dans son établissement et dans son progrès.

L'idée de la haute sainteté de Grégoire VII était déjà Ses plus j . - , fougueux

répandue en son vivant, et ne fit que s accroître après sa ennemis ne T - , , . . . r , réussissent pas

mort, L n vain les schismatiques fauteurs de 1 empereur â ternir sa

Henri IV, ayant à leur tête le fougueux Bennon, archi- ^ o n ^ i v a n t , 0

prêtre cardinal de l'antipape Guibert, s'efforcèrent de p ^ o d ^ e u s e s

flétrir sa mémoire : en vain, pour expliquer la supériorité calomnies,

de son génie, ils l 'accusèrent d'avoir commerce avec

Satan, au point, disaient-ils, que lorsqu'il agitait ses

manches, des étincelles de feu tombaient avec abondance ;

en vain, ils le traitèrent de faux prophète et l'accusèrent

de n'avoir point assez ménagé l 'empereur; le silence

qu'ils gardent sur ses mœurs n'en atteste que plus énergi-

quement, suivant la remarque de Fleury- lui -même ( i ) ,

l'intégrité morale du saint pape et la haute estime qu'on

faisait de sa vertu.

Du reste, le témoignage des hommes pieux qui Pavaient Tous les saints . , r — . d e son temps

connu ne manqua point a sa défense. Le courageux saint attestent

Anselme de Lucques, son ami fidèle, vengea sa mémoire dcV^éîogesj qui dans le livre qu'il a dirigé contre Fanti pape Guibert ( 2 ) . a^vanc^îes Saint Pierre Damien, qui l'avait connu durant de longues blasphèmes

1 * ° proteres plus années, le qualifie un homme très-pur et très-saint dans tard contre

x 1 . s a , mémoire.

ses conseils (3). Saint Alphane, archevêque de Salerne,

dans une Ode remplie de la plus mâle poésie, le compare (1) Hist. ecclês., livre 63. XXIV.

[•1) Roccaberti. Bibliotheca Pontificia, tom. IV. — Margarin de la

Bignc. Bibliotheca maxima Patrum, tom. XVIII.

(3) Sanctissimi ac purissimi consilii v i rum. 6\ Pétri Damian. Epist. VII,

lib. 1.

certes, aussi de désintéressement que lui consacrent au- 1 P A R T I E

1 C H A P I T R E X X I

Page 4: Institutions liturgiques (tome_2)__2

3g8 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII

INSTITUTIONS aux saints Apôtres ( i ) . Le B. Victor III qui, après avoir LITURGIQUES p r o f e s s £ c o m r n e lui la règle de saint Benoît, fut son suc

cesseur sur la Chaire de saint Pierre, atteste qu'iV illustra l'Eglise du Christ autant par ses exemples que par ses vertus (2) . Saint Anselme, archevêque de Cantorbéry ; saint Gébehard, archevêque de Salzbourg, et un autre saint Gébehard, évêque de Constance, tous personnages contemporains, s'unissent à ceux que nous venons dc nommer avec un accord admirable ; en sorte que Ton trouverait difficilement un saint dont la sainteté soit attestée par un si grand nombre dc saints contemporains (3). Il semble que la sagesse divine, prévoyant les outrages dont il devait être l'objet, se soit plu à entourer son nom des plus augustes témoignages, préparant ainsi à l'avance lu meilleure dc toutes les réponses aux blasphèmes qui devaient plus tard être proférés.

Témoignages Consultons maintenant les historiens contemporains dc des historiens , . - n i • i n

contemporains. Grégoire VII, et recueillons les expressions par lesquelles ils terminent le récit de ses travaux et de ses tribulations.

Paul, chanoine L c premier que nous citerons est Paul, chanoine de de Bcrnricd. *• , k

Bemncd, qui écrivit, vers u 3 i , la vie du saint pape. « Ainsi, dit-il, rempli de la grâce septiforme, l'esprit du « septième Grégoire qui avait repris Je monde et ses « princes sur le péché, l'injustice et le jugement, fortifie « de la nourriture divine qu'il venait de recevoir, s'élan-« çant dans la voie céleste, ct porté, comme Élie, sur le « char de feu à cause de son zèle pour les intérêts divins, « dans le jour même consacré à la mémoire d'Urbain, « son prédécesseur, augmenta d'une manière excellente « l'allégresse de ce saint pontife et celle de tous les Bien-

( i )Nous donnons à la fin du présent chapitre (note A ) cette pièce peu connue, ct remarquable comme toutes les poésies dc saint Alphane, par une élégance ct une richesse dc style surprenantes.

(a) Verbis simul et exemplis illustrasse. Mabillon, Acta SS. Ord. S. Benedicti saec. vi, part. IL

3) Vid. Papebrock, Acta SS. Maii, die XXV.

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AFFAIRÉ DE LA LÉGENDE DE SAINT GREGOIRE VII S99

« du ciel ; en même temps qu'il laissait abîmée, dans une « douleur profonde, l'Église qui poursuit sur la terre « son pèlerinage (i), »

« A la mort de Grégoire, dit Bertold, également con- Le chroniqueur

« temporain, dans sa chronique, les fidèles des deux « sexes furent dans le deuil, mais principalement les « pauvres ; car il était le très-zélé docteur de la religion « catholique, et le défenseur le plus intrépide de la liberté « ecclésiastique. Il ne voulut pas que Tordre du clergé « restât avili aux mains des laïques, mais qu'il occupât, « au contraire, le premier rang, par la sainteté des moeurs « comme par sa dignité sacrée (2). »

« Cependant, dit le poète Domnizone, témoin dc 1* P ? è t e

* . 7 * Domnizone.

« l'événement, des cris de douleur se font entendre ; ils « sont causés par le trépas du pontife Grégoire, que le « Seigneur Christ vient d*enlever aux cieux, sept jours « avant la fin de mai. Les moines le pleurent, parce qu'il « était moine lui-même ; les clercs sont dans les larmes, tf et plongés dans le deuil sont aussi les laïques dont la « foi est pure de tout contact avec les schismatiques (3). »

(1) Itaque septitbrmi gratia plenus septimi Gregorii spiritus, qui mundum et principes ejus arguebat de peccato et de injustitia et de judicio, in fortitudîne cœlestis cibi nuper nccepti cœlestem viam arri-piens, meritoque divinî zeli, velut îgneo curru, instar Elise subvectus, Urbani prœdecessoris sui, cujus ca die festivitas exstitit, omniumque beatorum laetitiam in cœlesti gloria cum Christo gaudentium excel-lenter ampliavit ; in terris vero peregrinantem ecclesiam discessu suo non parvo moerore consterna vit. (Pauli Bernrieden S. Gregorii VII vita, cap. xn, 102.)

(2) De cujus obitu omnes rcligiosi utriusque sexus, et maxime pau-percs, doluerunt : erat enim Catholicae religionis ferventissimus insti-lutor, et Ecclesiasticae libertatis strenuissimus defensor. Noluit sane ut Ecclesiasticus ordo manibus laïcorum subjaceret, sed eisdem el morum sanctitate, et ordinîs dignitatc praeemineret. ( Bertholdi CAro-111c. ad annum io85.)

(3) Interea planctus de prœsule nascitur altus Gregorio, gestat Dominus quem Christus ad tethra,

« heureux qui, avec le Christ, se réjouissent dans la gloire 1 PARTIE

CHAPITRE XXI

Page 6: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 0 0 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

INSTITUTIONS Hugues de Flavigny, dans sa précieuse .Chronique, ter-LITURGIQUES . . . .

mine ainsi 1 histoire de notre grand pontne, qui lavait d c ^ a v i g n y . honoré de son amitié : « Ainsi, mart}rr et confesseur,

« Tan dc l'Incarnation du Seigneur mil quatre-vingt-cinq, « il rendit son àmc au Créateur ( i ) . »

La vénération Tel apparaît le jugement des contemporains de Grégoire publique devait 1 *. } ? . r . , » nécessairement dans les diverses relations qu ils nous ont laissées dc sa

lui décerner . , . . » . . , ,

un cuite. vie et de ses actes. II est clair, d après cela, que la vénération publique ne devait pas tarder à se manifester envers lui,et à préparer les bases de ce culte immémorial que plus tard le Siège apostolique devait reconnaître et sanctionner.

Miracles Au reste, les prodiges qui, plus d'une fois pendant sa saînt Spontifc vie, avaient rehaussé la grandeur dé ses actions, éclataient

«pressa mort, ç n c o r c £ s o n tombeau. Paul de Bernried les rapporte avec toute l'autorité et aussi la simplicité d'un témoin oculaire (2). Lambert dc Schafnabourg, qui ne conduit sa chronique que jusqu'à la quatrième année de Grégoire, atteste l'existence dc faits miraculeux qui servaient, dit-il, puissamment à confondre les ennemis du saint pontife (3). Orderic Vital, dans son Histoire ecclésiastique, parle, comme d'un fait avéré, de la guérison de plusieurs lépreux au moyen de l'eau qui avait touché le corps de Grégoire(4).

Ame dies sepicm Madii quam finis adesset. Hune Monachi defleni, Monachus quia noscitur esse, Hune clerici fichant, valdc laïciquc dolcbant, Pura lides quorum procul est a schismaticorum.

DOUIWZON. Vita Mathildis. ( i ; Sic spirilum Crcatorî tradens, anno ab Incarnatione Domini

MLXXXV obïit, martyr et confessor. (Chronicon Virduncnse Hugonis Flav'miaccmis, in ftiblfath. nova Mss. Labbei, tom. I.)

(2) Vita Gregorii VII, cap. i. 2 . 3. i 3 . (3) Signa etiam ct prodigin, quae per orationes Papoe frequentius

fichant, ct zelus ejus ferventissimus pro Oeo ct pro ccclcsiasticis legi-bus, satis cum contra venenatas detractorum ïinguas communiebant (Ad anmtm 1 0 7 7 , Scriptores rentm Germanicarum, tom. L)

(j) Lcprosi de aqua, unde corpus ejus ablulum tuerai, pclierunt, qua consecuia tideliler loti sunt, ct opilukmlc Dco, prolinus mundati sunt. (Part. II, lib. VIII, pag. 677 . 1

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE Vil 4 0 1

(1) Lib. I, cap. X L I , % X, 1 6 .

(•.>) Matih., x, 24 .

T . II . . 2 6

Enfin, on peut voir sur cet article la discussion assez i P A R T I E

, . . . . . — „ - « r T T r • ' 1 C H A P I T R E X X I

brève, mais lumineuse, de Benoit XIV, en son traite de la Canonisation des Saints (i).

Mais croirait-on que des écrivains catholiques aient pu Légèreté avec

se rencontrer, dans ce siècle même, qui ont tiré scandale ^ la^hoUques 1 1 5

des épreuves par lesquelles la divine justice purifia l 'âme S C a n d a i e d e s

de son serviteur, et dont la foi vacillante n'a pas vu toute épreuves, ' r auxquelles

la portée de ces adversités précieuses qui, en sauvant la Grégoire a été / . , » . . soumis

sainte cause de la liberté de l 'Eglise, assuraient au pon- pour assurer le . . . , , . t r iomphe de

tue expirant la recompense et la mémoire des martyrs . l'-Égiise.

J'ai aimé la justice et j'ai haï Viniquité ; c'est pourquoi

je meurs dans l'exil ! disait Grégoire sur son lit de mort .

Mais le Sauveur lui-même, qui avait passé en faisant le

bien, et guérissant toute langueur et toute infirmité, ne

s'est-il pas senti abandonné de son Père, au point qu'il

criait : Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi mave^-vous

délaissé ? Cependant ses ennemis, témoins de son agonie,

disaient en branlant la tête : S'il estle Fils de Dieu, qu'il

descende de la Croix. Ils croyaient peut-être que le salut

du monde pouvait s'opérer sans l'immolation de la Vic

time. Ceux dont nous parlons ne savaient pas non plus

apparemment que la liberté ecclésiastique ne pouvait être

sauvée sans qu'il en coûtât la vie et l 'honneur de son

défenseur. Grégoire devait succomber pour lc salut de

plusieurs ; son nom devait donc être maudit ; car le dis

ciple n'est point au-dessus du maître ( 2 ) . Qu'on ne nous dise donc plus : La cause de Gré- Baronîus

goire VI I n'était pas celle de Dieu; car ses entreprises r c P p" u

d vres L C S

hardies ne reçurent point la consécration du succès. Nous , en S énumérant

nous répondrons par ces paroles du grand Baronius, qui ^u^sainT terminent le récit de la mort sublime de notre héros : Grcgoircvi i a

rendus

« Ainsi, c'est par des persécutions sans fin, des angoisses à l'Kgiisc.

« de tout genre, souvent même par le meurtre de ses

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4 0 2 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VIT

I N S T I T U T I O N S « prêtres, que l'Eglise reçoit une heureuse paix, que la L I T U R G I Q U E S A 1 A * .

« liberté ecclésiastique s'acquiert et se consolide, que le « salut des ÂMES est opéré. Ainsi, le Christ A instruit ses « pontifes à combattre et à vaincre, lui dont les souf-« franecs et les infirmités font la force et le COURAGE des « fidèles, lui dont la mort est leur vie. Je me trompe, OU « l'expérience des siècles A démontré jusqu'au temps pré-« sent que c'est aux travaux de Grégoire qu'il fautrappor-« ter et les investitures des églises arrachées aux mains « des Princes, et la libre élection des pontifes romains « restituée, et la discipline ecclésiastique relevée de ses « ruines, et tant d'autres avantages innombrables assurés « à l'Eglise (r). »

Grégoire, Oui, certes, Grégoire A été vaincu suivant la chair; mouran t dans . , P T T ., , ,

l'exil, remporte comme le ils de 1 Homme, il s est vu n ayant pas ou C C v1ctoî rc

i a reposer sa téte ; il s'est éteint dans l 'humiliation, tellement 5 de\^Égi?"e C et 1 S ^ u c * e s ' l o m m c s Vont réputé frappé de la main de donne ^exemple Dieu (2) : mais POURLUI aussi,la mort ,d 'abord victorieuse,

a tous les v - ' 1 1 1 0 défenseurs de la est demeurée ensevelie dans son tr iomphe. Son nom, sa

sainte cause, . . , . . , , . , , r

pour laquelle gloire, scs mentes ont inspire,ont soutenu dans la défense 1 1 d

S a v i c h c laborieuse des libertés ecclésiastiques, non-seulement Tin-comparable Thomas dc Cantorbéry, dans sa lutte contre un roi d'Angleterre, mais tant d'illustres papes qui ont su se poser comme un rempart pour la maison d'Israël ; Pascal II contre l 'empereur Henri V ; Innocent IV contre

(1) Ita plane persecutionibus indesinentibus, diversi generis œrumnis

atque sajpe cœdibus sacerdotum mul to felicius par i tu r Eeclesiie pax,

libertas acquiritur atque confirmatur ecclesiastica, et salus quscritur

an imarum. Sic sacerdotes suos pugnare ct vincere Chris tus docuit, cujus

passionibus et inrirmitatibus robur ac fortitudo, ac morte denique vita

est fidelibus comparata. Menliar nisi ista jam experimento rerum proe-

senlium monstrari possint, per Gregorium nempe vindicatas e manibus

principum Ecclesiarum investi tu ras, liberam electionem Romanorum

pontilicum post l iminio resti tutam, disciplinam ecclesiasticam collap-

sam penilus reparatam, et alia immunera bona parta. (Ad annum io85,

n° i3.)

(•1) Isaias, L U I .

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VU 4 0 3

Frédéric II: Boniface VIII contre Philippe le Bel ; Gré- ' *A*TIK

' X R 7 CHAPITRE XXI

goire XIII , Sixte-Quint, Grégoire XIV et Clémdnt VIII, contre Henri de Bourbon; InnocentXI contre LouisXIV; Clément XIII contre les cours de Madrid, de Lisbonne, de Naples, de Parme ; Pie VII contre Napoléon ; Grégoire XVI contre Frédéric-Guillaume.

Nous venons d'entendre le témoignage des histo- L'opinion des . . . . i . / • contemporains

riens contemporains, sur r opinion de sainteté qui en- sur-lasainteté

vironnait Grégoire VII durant sa vie, et après s a c « G p S w V à !

mort ; suivons maintenant à travers les siècles l e s t r a v e r s * e s à s e s

différentes manifestations de cette persuasion qui, plus tard, devaient motiver le jugement infaillible du Saint-Siège.

Soixante-dix ans s'étaient à peine écoulés depuis le jour Témoignages

où le glorieux athlète de l'Eglise expirait dans l'exil, que du xm« siècle,

déjà un de ses successeurs qui a laissé une mémoire vénérable, Anastase IV, plaçait son image parmi celles des Saints, sur la mosaïque de la chapelle de Saint-Nicolas, au palais patriarcal de Latran (i). Le corps de Grégoire avait été enseveli par les soins de Robert Guiscart, ou de Roger, son fils ( 2 ) , dans un tombeau de marbre, et placé dans la cathédrale de Salerne, déjà célèbre comme possédant les reliques de l'apôtre et évangéliste saint Matthieu. Orderic Vital, historien du xi c siècle, que nous avons cité plus haut, parle de l'affluence des pèlerins au tombeau du saint pape, et des grâces de santé que l'on y recevait (3). Une chronique, rédigée par ordre de Cencius Savelli, camérier apostolique, qui fut pape en 12 iG, sous lc nom d'Honorius III, atteste pour son temps la continuation du culte de saint Grégoire VII et des prodiges

(0 Papebrock. ActaSS. Maii, tom. VI. Conatus. Histof. de Rom. Pont, part I. Appendix, pag. 208 . Bened. XIV, de Canonisât, lib. I, cap. 4 1 .

(a) Papebrock. Ibidem.

(3) Mentis ejus, fidei petentium miraculorum copia divinittis ostensa est. (Hist. ecclesiast., part. II, l ib. VIII, ibid.)

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4 0 4 AEEAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

I N S T I T U T I O N S opérés par son intercession (t) : ct lorsque, vers la fin du L I T U R G I Q U E S \ . .

même siècle, Jean de Procida dota et fit décorer avec magnificence la chapelle dite de Saint-Michel, dans la cathédrale de Salerne, il est naturel de penser, avec Papcbrock, qu'il avait en vue de manifester sa dévotion envers le pontife qui reposait dans cette même chapelle, où il était l'objet du culte des peuples attirés par le bruit des merveilles qui s'y opéraient ( 2 ) .

Ouver ture Le corps de saint Grégoire VII continuait toujours du tombeau . , , ,

de Grégoire vu d être 1 objet de la vénération des habitants de Salerne, par lc cardinal , , , , 1 A .

Coionna, sans pourtant que cette vénération se répandit beaucoup J r C S a i £ n u £

d C a u dehors dc la province du royaume de Naples où est

en 1 5 7 4 . située cette ville, lorsqu'en 1 5 7 4 , le cardinal Marc-Antoine

Marsile Coionna monta sur le siège qu'avait occupé saint

Alphane, l'ami de notre saint pontife. La Providence

avait dessein dc se servir de lui pour accroître encore le

culte jusque-là décerné au serviteur de Dieu, et pour cn

préparer les développements. Le prélat fit l 'ouverture du

tombeau, ct il y trouva les précieux restes du saint pon

tife conservés presque en entier, avec les ornements pon

tificaux dont on l'avait revêtu lors de sa sépulture. C'est

ce qu'il atteste par une inscription qui se lit encore

dans la cathédrale de Salerne, et qui est conçue en ces

termes : inscription Gregorio VII Soanensi P. O. M. Ecclesiasticœ liber-

qui perpétue la . . 7 . . . , ,

mémoire dc tatis vinctici acemmo, assertort conslanttssimo : qui L U d a n s e i a C n L dum Rom. Pontijicis auctorilaiem, adversus Henrici

t a s â l c r n e ! d ° perjidiam si venue luetur, Salerni sanct e decubuit, anno

Domini M LXXXV, VIIIKaL Junii. MaraisAnionius

Columna Marsilius, Bononiensis, Archiepiscopus Saler

ni t anus, cum illius corpus, posl quingentos circiter ( t ) Ad cujus ut ique corpus, in B. Matlhoei Basilica honorificc tumu-

latum, mirabil is Deus miracula operari dignatus est. (Ex libro Mss, censuali Centii Camcrar. in Gregorium VII, ad finem.) (•x) Papcbrock. Ibidem.

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AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4o5

tanti Pontificis sepulchrum memoria diutius careret. Gregorio XIII Bononiensc sedenie. Anno Domini M D LXXVIIL Pridie Kalendas Quintilis ( i) .

Le pieux cardinal mourut en 1 5 8 2 , et n'eut pas la con- Grégoire xm , * , /

r

¥ canonise saint

solation de voir consommée l'œuvre de la canonisation du Grégoire vu saint pontife. Elle eut lieu deux ans après, par 1 autorité l'insertion de

de Grégoire XIII, qui inséra le nom de Grégoire VII au au Martyrologe Martyrologe romain, avec cet éloge : Salerni, Depositio lomain» B. Gregorii Papce septimi qui Alexandro secundo succédais, ecclesiasticam Libertatem a superbia principum suo tempore vindicaint, et viriliter Pontificia auctoritate défendit.

Cette sorte de canonisation, sans procès préalable, est Cette

distincte de la canonisation appelée formelle, ct est dési- équîpoiiente

gnée sous le nom à'équipollente. Elle a lieu lorsque le va l c i i r^uMa

souverain Pontife décerne le culte public à un personnage c a j S 3 ° n

déjà en possession d'honneurs religieux que lui rend la piété des fidèles, en même temps que l'héroïsme de ses vertus et la vérité de ses œuvres miraculeuses sont certifiés par le témoignage d'historiens dignes de foi. Cette Le culte du plus

. . . . , . . . jgrand nombre

canonisation a la même autorité que la canonisation for- dessaintsrepose

mette, et outre que le culte de presque tous les saints qui u un^ugement11^

ont vécu dans l'Église avant l'institution des procédures d e c c t t e m U u r c ' aujourd'hui en usage, ne repose que sur un jugement du même genre, il est un grand nombre de saints parmi ceux qui ont fleuri dans rÉglise,depuis que le Siège apostolique s'est réservé les causes de canonisation, qui n'ont cependant été inscrits au catalogue des saints que de cette manière équipollente; tels sont, par exemple,saint Romuald, saint Norbert, saint Bruno, saint Pierre Nolasque, saint Raymond Nonnat, saint Ferdinand III, saint Jean de Matha, sainte Marguerite d'Ecosse, saint Etienne de Hon-

(i) Ciacconi. Vita? et res gestœ Pontificum liomaitorum, tom. I, page 853.

annos, sacris amictum et fere integrum reperisset, ne 1 *A*TIE ' / <J JT ' C H A P I T R E XXI

Page 12: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 0 6 AKKAIRE DE LA LKGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII

(i) Papcbrock. Ibidem.

INSTITUTIONS m-ic, etc. L'ignorance des règles de r Église romaine a * donc pu seule faire dire à certains auteurs jansénistes

et non jansénistes, que saint Grégoire VII était honoré par l'Église, sans avoir été canonisé, puisque Ton en devrait dire autant des illustres saints que nous venons de nommer : conséquence à laquelle, sans doute, ces auteurs sc refuseraient.

Cette Quant à ce que Ton a prétendu, queGrégoire XIII avait c a n o n s a f n t ° n d C voulu dirigei l'clfet de cette canonisation contre Henri

Grégoire vn ^ Bourbon,qui poursuivait alors la couronne de France, n a pas ete un t i r

acte d'hostilité recommandant ainsi la mémoire d'un pontife qui avait contre Henri t

L

t

1

dc Bourbon, foulé sous ses pieds un autre Henri, aussi quatrième du alors héri t ier .

présomptif nom, il semble qu il n est pas besoin de recourir a cette du trône . T . . , . . — ,

dc France explication. La translation du corps de saint Grégoire VII, îe rof HenriIrv! par l'archevêque de Salerne, dans un moment où Gré

goire XIII s'occupait dc l'édition du martyrologe, était suffisante, avec la possession du culte antérieur, pour engager ce dernier pape à définir enfin la sainteté du glorieux confesseur de Salerne.

Sixte-c»uint Sixte-Quint, successeur de Grégoire XIII, fit quelque formule d'éioge changement à la formule consacrée par son prédécesseur

G r é ^ i r e ^ n i à notre saint pape:, dans le martyrologe ; il adopta cette le martyrologe, phrase qui est restée dans l'édition dc Benoît XIV, ct les

suivantes : Salemi, Déposition. Gregorii Papœ septimi, ecclesiasticce libertatis propugnatoris ac defensoris acerrimi.

Translation Bientôt après, sous Clément VIII, en 1 5 9 5 , lc corps c l u saînt

C de saint Grégoire VII fut tire du sépulcre que lui avait Gen?<i,3fî-0r 1 1 consacré le cardinal Coionna, ct placé sous un autel,

toujours dans la même chapelle de Saint-Michel. Il paraît même que ce fut alors, Mario Bolognini étant archevêque, que le chef fut séparé du reste du corps pour être renfermé dans un reliquaire spécial ( i \

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A F F A I R E DE L A L K G E N D E DE S A I N T GRÉGOIRE VII 4 0 7

I P A R T I E C H A P I T R E XXI

Baronius et Bellarmin

vengent le saint Pontife

des accusations lancées contre

lui.

Lc chapitre dc Salerne autorisé

•à célébrer la fête de saint

Grégoire VII , avec des leçons

propres qui sont approuvées

en 172S.

Piété des archevêques

Beltramini et du cardinal

San Severino envers saint Grégoire VII

(1) La première par le cardinal Ma r si le Coionna; la seconde par Mario Bolognini ; enfin, celle dont nous parlons ici, accomplie par le cardinal

Sous le pontificat du même Clément VIII, Baronius fit paraître le onzième tome de ses Annales, où il célébra et vengea tout à la fois, avec son éloquente érudition, lamé-moire de saint Grégoire VIL Un peu avant lui, Bellarmin, dans ses controverses, et spécialement au livre quatrième, de Romano Pontifice, avait eu pareillement l'occasion de faire cette grande justice. Ainsi, les deux plus illustres écrivains du catholicisme, à cette époque de géants, se montraient préoccupés de la gloire du saint pontife : mais jusque-là les hérétiques seuls s'étaient levés pour la flétrir.

Du moment où le nom de saint Grégoire VII fut inséré au martyrologe, le chapitre de la cathédrale de Salerne, que le saint pape avait autrefois comblé de privilèges, accordant à ses membres la chape rouge et la mitre, fut autorisé à célébrer solennellement son office. Mais d'abord il ne fut récité que suivant le rite commun des confesseurs pontifes, jusqu'à ce qu'en 1 6 0 9 , à la prière du même chapitre et de l'archevêque Jean Beltramini, Paul V, par un bref qui commence ainsi : Domini Jesn Christi, accorda un office propre dont les Leçons se retrouvent en grande partie dans celles qui furent publiées, en 1 7 2 8 , par Benoît XIII , et dont nous allons bientôt parler.

L'archevêque Beltramini fit, vers le même temps, ériger une statue remarquable du saint pape dans la cathédrale de Salerne, et, ayant été transféré à un autre siège, il eut pour successeur le cardinal Lucius San Severino, non moins zélé que lui pour la garde du saint dépôt confié à son Église. Il en donna une preuve solennelle en I ( H 4 , faisant construire un nouvel autel à saint Grégoire VII, et y plaçant solennellement son corps ; ce que l'on doit compter pour la troisième translation dc ces précieuses reliques (1 ) . Ce fut peut-être à cette occasion,

Page 14: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 0 8 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII

Troisième translation dc Toscane, patrie de saint Grégoire VII, laquelle avait scs> l ehquts . j ^ p y ^ c j c u x a m bassadeurs vers lc chapitre dc la

cathédrale de Salerne, avec les lettres de recommandation du Grand-Duc, qui joignait ses instances à celles de la ville.

Le jésuite Vers la même époque, le savant jésuite Jacques Gretser, Gretser public , , . . , . ,

uneadmîrabic dont les immenses travaux ne sont point assez apprécies a8°égoTrc\'i7. n t aujourd'hui, publia unc docte apologie des actions ct dc

la personne de saint Grégoire VII. Dans cette importante discussion, il n'allègue pas moins de cinquante écrivains à l'appui des éloges qu'il donne au Pontifc,et le venge d'une manière victorieuse des imputations qu'avaient lancées contre lui ct les schismatiques du xi c siècle, et les hérétiques du xvi°.

Au xvn» siècle. Vers le milieu du xvn 0 siècle, Alexandre VII introduit 1 l'office établit l'office de saint Grégoire VII dans les basiliques

Grégofr^vii de Rome, sans cependant l'insérer encore au Bréviaire de basUîques l'Église romaine ( 2 ) . Mais ce siècle devait être fameux par de Rome. i e s attaques portées au saint pontife, non plus seulement

dc la part des protestants, mais de la part des juristes, ct surtout des théologiens ct canonistes gallicans. Nous nous contenterons de rappeler lc trop fameux Edmond Richcr, dans son livre de Ecclcsiasiica et politica poteslate; Ellics Dupin, dans son Traité de la puissance ecclésiastique, et Bossuet, dans sa Défense de la déclaration

San Severino, laquelle est attestée par unc inscription conçue cn ces termes, qu'il fit placer dans la cathédrale dc Salerne :

Ego Lucius Sanseverinus, Archiepiscopus Salernitamts, altare hoc in honorent B. Gregorii Papa* VII consecravi; ejusque sacrum corpus in co inctusi) prœsentibtts, aniuim inutm, anniversaria deinceps consécrations die, ipsum pie visitantibus, \quadraginta dies vero* indulgentia? de Ecclesiœ more, coiicessi. A. D. MDCXIV, die IV mensis Maii.

( 1 ) Papebrock. Ibidem. (•») Grctscri, Opéra, loin. VI.

INSTITUTIONS o u d u m o i n s peu auparavant ( i ) , qu'un bras du saint L I T U R G I Q U E S r 1

pape fut distrait pour être donné à la ville de Soana, cn

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4 0 9

de 1682, ouvrage dont le grave et impartial Benoît XIV ^ J ^ J ™ a dit : « Il serait impossible de trouver un livre qui soit •— « plus opposé )à la doctrine reçue en tous lieux, excepté en « France, sur l'infaillibilité du Souverain Pontife, défi-<* nissant ex Cathedra, sur sa supériorité à regard de « tout concile oecuménique, sur le domaine indirect « qu'il a sur les droits temporels des souverains, « quand l'avantage de la Religion et de l'Église le a demande (i). »

Cependant, de tous les auteurs gallicans du d ix-Noël Alexandre .1 , . , . . ry f * r T T insulte saint

septième siècle qui écrivirent contre saint Grégoire VII, Grégoire vu celui dont la hardiesse fit le plus d'éclat à raison du chà- ^MSTOIRÈ

timent qui lui fut infligé par le Saint-Siège, est le P. Noël e t w ' î ^ ' i ï n e

Alexandre. Il avait publié les dix premiers siècles de ^ d a ™ t

m è ™ r j e

son Histoire ecclésiastique, et mérité jusque-là les éloges vénérable 2 ' / 1 o Innocent XL

du pape Innocent XI,qui occupait alors la Chaire de saint Pierre, et qui avait daigné lui faire parvenir le témoignage le plus flatteur de^sa satisfaction pour l'érudition et l'orthodoxie qui, jusqu'alors, avait présidé à cette œuvre (2).

Arrivé aux événements du xi° siècle, Noël Alexandre consacra deux dissertations à faire ressortir les torts qu'avait eus, selon lui, un pontife déjà placé sur les autels. Innocent XI , celui qui n'avait pas fléchi devant le grand roi, crut devoir manifester énergiquement l'indignation que lui inspirait une semblable conduite de la part d'un religieux. Il rendit un décret, en date du i 3 juillet 1 6 8 4 ,

par lequel il condamnait le volume qui renfermait ces (1 ) Difficile profecto est aliud opus reperîre quod œque adversetur

doctrinae extra Galliam ubique receptœ de summi Pontifias ex Cathedra definientis infallibilitate,de ejus excellentia supra quodcumque Con-cilium œcumcnicum, de ejus jure indirecto, si potissimum Religionis ct Ecclesiœ commoduni id exigat, super juribus temporalîbus principum supremorum. (Epist. pro Card. H. Norisio apologet. ad suprem. Ilispan.

Inquisitorem. Inter opusc. Bened. XIV, pag. 1 1 7 . )

(2) Touron. Hist. des Hommes illustres de l'Ordre de Saint-Dominique, tome V, pag. 8 1 4 .

Page 16: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4»o AITAIRI; DE LA LÉGENDE DE SAINT GREGOÏRE vir

I N S T I T U T I O N S dissertations, c l . afin de témoigner plus éncrgi-LITURG1QUES 7 O r O

~ quement encore le déplaisir que le Saint-Siège avait ressenti, tous les écrits du même auteur furent proscrits, avec défense de les lire, retenir, ou imprimer, s o u s peine d'excommunication ( i ) . Ce fut ainsi qu 'un Pontife, déclaré Vénérable par la congrégation des Rites, à cause de ses grandes vertus, se montra jaloux dc l 'honneur de son saint prédécesseur, dont la mémoire allait bientôt être en butte à dc nouveaux outrages, cn attendant les honneurs q u e lui réservait le xrx e siècle.

Nocl Alexandre Au reste, Noël Alexandre n'attendit pas longtemps la réfuté . . .

par François réfutation de ses thèses gallicanes ; un religieux, domini-

domlmcain cain comme lui, François d 'Enghiel , publia peu après un

comme lui. | j v r c très-solide, au jugement de Benoît XIV ( 2 ) , et inti

tu lé : Aucloritas Sedis Aposiolicœpro Gregorio Papa]II

rindicata, adversus Natalem Alexandrum Ordinis Piw-

dicatorum Doctorem Theologum.

Dom Mabillon Dom Mabillon, dans la publication des Acta sanctorum public la vie tic . . . .

saint Ordinis sancti Bencdictt, eut aussi à produire la vie Grégoire VII . , . r T

dans ses Acta et les actes de notre saint pape. Le deuxième tome

oriïnte'Valïcti du vi c siècle bénédictin parut en 1 7 0 r ; mais l'illustre

Beuedtctt. £ j i t c u r S l l t franchir ce pas devenu difficile, s a n s man

quer ni à la prudence ni à la fidélité de l'historien catho

lique. L'office DE saim Cependant Clément X I , à la prière du cardinal Gabrielli,

œncédé PAR dont la conduite avait été si ferme dans l'affaire de la Clément XI à T , , 1 , * , , , . . . ,

l 'ordre DE Hcgale, accorda, en r y o D , a t o r d r e de Liteaux le privilège EIMIUTA^rortlre

c ' c fa*rc l'office de saint Grégoire VI I , ct cinq ans après, ENTIET'é^NDU ' c m é m c pontife concéda la même grâce à l 'ordre de Saint-Beno^xfii'-'i ^ c n C ) 1 ^ s u r ' c s i n s t a n c c s du procureur général de la

l'Église congrégation du Mont-Cassin. Ces différentes concessions universelle. *"

(1) Touron . Ibidem. Benoît XIV. De Canonisât. Sanctorum, lib. I,

CAP. X L I . Papcbrock. Ad diem XXV Maii.

(2) Bcned. XIV. Ibidem.

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AFFAIRE DE EA LEGKNDE DE SAINT GREGOIRE VIT 4 1 I

d'office ne firent aucun bruit : mais lorsque, par un décret 1 p ^ n K 1 . C H A P I T R E XXI

du 25 septembre 1 7 2 8 , Benoit XIII eut ordonné d'insérer la fète de saint Grégoire VII au missel et au bréviaire, et enjoint à toutes les églises du monde de la célébrer, un grand orage s'éleva dans plusieurs États dc l'Europe, et particulièrement en France.

U est évident, sans doute, que dans rétablissement de E n glorifiant

' ^ . saint cette fête et la promulgation universelle de la Légende si Grégoire vu,

1 1 • j • i- j va* T> Benoît XIII

remarquable qui devait se lire dans lofrice, Rome se pro- jetait le défi à posait un but ; nous n'avons garde d'en disconvenir. Mais préjugés de son

nous dirons, en premier lieu, que c'est un assez beau c t devançait le

spectacle pour nous, hommes de ce siècle, de voir, au ] i l l

S ctwcedevait

moment où d'absurdes préjugés commençaient à éclipser d£„0

o"°jn<JJrS

toute vérité historique sur le moyen âge, où une philoso-phicmenteuse etsansintelligence foulait aux pieds lesplus salutaires enseignements du passé ; de voir, disons-nous, Rome arracher par un acte courageux à ce naufrage universel, le nom vénérable d'un héros de l'humanité, en qui le siècle suivant devait saluer, avec enthousiasme, le vengeur de la civilisation et le conservateur des libertés publiques, aussi bien que des libertés ecclésiastiques. C'était là, certes, un progrès, et d'autaut plus méritoire que le Pontife qui s'en portait l'auteur ne pouvait ignorer que l'autorité du Saint-Siège, déjà si affaiblie, allait encore devenir à cette occasion même l'objet de nouvelles attaques.

Nous dirons en second lieu, et sans détour, que Rome P*r cet acte . , . i • • . . , courageux,

avait bien, par cet acte, quelque intention de pourvoir a Rome opposait . , , . - ^ , , . . un obstacle aux

son honneur outrage dans la fameuse Déclaration de envahissements

l'Assemblée du Clergé de 1 6 8 2 , et dans tout ce qui s'en d q u ! ! l s e c o n d é C ï

était suivi en France, de la part des deux autorités. Le roi jansénisme,

Louis XIV avait, il est vrai, promis de révoquer son édit p ' u ï ? n 8 p î i » j e

pour renseignement des quatre Articles, et, tant qu'il p^ lJ?^s e

d e

avait vécu, on avait tenu à l'exécution de cet engagement, Pour "ccroîtrc

. . . I , , , , , * ? 7. démesurément qui, oint a la lettre de réparation des eveques de lassem- celui de rEtat .

Page 18: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 1 2 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VU

INSTITUTIONS btée du pape, avait été la condition nécessaire de l'insti-L I T U R G I Q U E S R R 7

tution canonique des prélats nommes depuis plus de dix ans aux sièges vacants. Mais déjà les promesses n'étaient plus exécutées; les universités faisaient chaque jour soutenir dans leur sein des thèses dans lesquellcslcs doctrines romaines étaient attaquées, l'autorité apostolique circonscrite dans des bornes arbitraires, la conduite des plus saints papes taxée dc violence aveugle, et signalée comme contraire au droit naturel et divin. Il était temps que la grande voix du Siège apostolique se fît entendre, et qu'elle protestât du moins contre l'audace sans cesse croissante de ces docteurs toujours prêts à restreindre les limites du pouvoir spirituel, en même temps qu'ils enseignaient avec tant de complaisance l'inamissibilité du pouvoir royal. Heureusement, l'Église a eu de tout temps, dans sa Liturgie, un moyen de répression contre les entreprises téméraires qu'on a osées sur sa doctrine ou contre son honneur. Ce qu'elle confesse dans la prière universelle, devient règle pour ses enfants, et comme nous l'avons fait voir dans cette histoire, si quelques-uns ont cherché à s'isoler des formules qu'elle consacre, c'est qu'ils sentaient avec quelle irréfragable autorité elle impose, dans ce bréviaire, dans ce missel si odieux, ses jugements sur les doctrines, sur les personnes et sur les institutions. Benoît XIII eut donc intention, en étendant à l'Église universelle l'office de saint Grégoire VII, dc faire un contrepoids aux envahissements du gallicanisme qui, de jour en jour, augmentaient de danger ct d'importance, à raison surtout des efforts d'une secte puissante ct opiniâtre qui menaçait de plus en plus l'existence de la foi catholique au sein du royaume dc France. Si Rome laissait flétrir plus longtemps la mémoire des plus saints pontifes des siècles passés, elle donnait gain de cause à ces hommes audacieux qui criaient sur les toits qu'elle avait renouvelé ses prévarications, ct qu'Innocent X, Alexandre VII, Clé-

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4 1 b

I P A R T I E

C H A P I T R E XXI

Sentiment de l'abbé Grégoire

à ce sujet.

La légende de saint

Grégoire VII moins

énergique dans reloge du

glorieux pontife que certaines

pages des historiens

protestants.

IN FESTO S. GREGORII VII. P A P ^ ET

CONFESSORIS.

IN SECUNDO NOGTUHXO.

LEOTIO IV.

« Gregorius Papa septimus antea Hildcbrandus,Soanae

« in Etruria natus, doctrina, sanctitate omnique virtutum

« génère cum primis nobilis, mirifice universam Dei

a illustravit Ecclesiam. Cum parvulus ad fabri ligna edo-

« lantis pedes, jam litterarum inscius, luderet, ex rejectis

(1) Grégoire. Essai historique sur les Libertés de l'Église gallicane, page 98.

Légende de saint

Grégoire VII au Bréviaire

•ÉEC &

romain.

ment XI, n'étaient ni plus ni moins coupables que Grégoire VII, Innocent III et tant d'autres. Écoutez plutôt un des fidèles organes de la secte :

« Au premier coup d'œil, on saisit la connexité de doc-« trine entre les brefs d'Innocent XI et d'Alexandre VIII, « contre l'assemblée de 1 6 8 2 ; la Proposition quatre-vingt-« onze, concernant l'excommunication, censurée par la « Bulle Unigenit us, et cette légende contraire aux vérités « révélées qui enjoignent aux papes comme aux autres « individus de la société, la soumission à l'autorité « civile ( 1 ) . »

Mais il est temps de révéler au lecteur cette monstrueuse légende qui mettait ainsi en péril les vérités révélées. Les pages que l'on va lire sont belles sans doute, pleines de noblesse et d'une éloquente simplicité : elles sont pourtant moins énergiques dans les éloges qu'elles donnent au pontife, que certaines pages qu'on peut lire tous les jours dans les écrits dc plusieurs historiens, ou publicistes protestants. Voici la légende cn son entier.

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4^4 A F F A I R E DE T.A L E G E N D E DE S A I N T GREGOIRE VI I

INSTITUTIONS ff t a r n c n scgmentis illa Davidici elementa oraculi : Domi-

« nabîtur a mari usque ad mare, casu formasse narratur, Légende de . _ _ .

saint « manum puen ductante Numme, quo signincaretur Grégoire VII . . . au Bréviaire K d u s fore amphssimam in mundo auctontatem. Romani

romain (suite),

« deinde profectus, sub protectione sancti Pétri educatus

« est. Juvenis Ecclesiam libertatem a laïcis oppressam ac

« depravatos Ecclesiasticorum mores vehementius dolens,

« in Cluniacensi Monasterio, ubi sub Régula sancti Bene-

« dicti austerioris vitaî observantia eo tempore maxime

« vigebat, Monachi habituai induens,tanto pietatis ardore

« divimu Majestati deserviebar, ut a sanctis cjusdem

« Gœnobii Patribus Prior sit electus. Sed divina Provi-

« dentia majora de eo disponente in salutemplurimorum,

« Cluniaco eductus HiJdebrandus, Abbas primum Monas-

« terii sancti Pauli extra muros Urbis electus,ac postmo-

« dum Romanas Ecclesiœ Cardînalis creatus, sub summis

« Pontificibus, Leone nono, Victore secundo, Stephano

« nono,Nicolao secundo, ctAlexandro secundo, prœcipuis

« muncribus, ct legationibus perfunctus est, sanctissimi,

« ei purissimi consilii vir a Beato Petro Damiani nuncu-

« patus. A Victore Papa secundo Legatus a latere in

« Galliam missus, Lugduni Episcopum simoniaca kibe

« infectum ad sui criminis confessionem miraculo adegit.

« Bcrcngarium in concilio Turonensi ad iteratam haercsis

K adjurationcm compulit. Cadolai quoque schisma sua

« virtutc compressit. »

L E C T I O v.

« Mortuo Alcxandro secundo, invitus, ct mœrens una-

« nimi omnium consensu, decimo Kalendas Maii, anno

Page 21: Institutions liturgiques (tome_2)__2

I P A R T I E

C H A P I T R E XXI

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VU 4 I 0

LECTIO V I .

« Dum Missarum solcmnia peragerct, visa est viris piis

« columba e cœlo delapsa, humero ejus dextro insidens,

« alis extensiscaput ejus velare,quo significatum est,Spi-

« ritus Sancti afflatu, non humante prudentire rationibus

« ipsum duci in Ecclesiœ regiminc. Cumab iniqui Hcn-

« rici exercitu Romse gravi obsidione premerctur, excita-

« tum ab hostibus incendium signo crucis extinxit. Dc

« ejus manu tandem a Roberto Guiscardo Duce Nor-

« thamno ereptus, Casinum se contulit ; atque inde Saler-

« num ad dedicandam Ecclesiam sancti Matthœi Apostoli

« contendit. Cum aliquando in ea civitate sermonem

« habuisset ad populum, œrumnis confectus, in mofbum

u inciditquosc interiturumpraescivit. Postrema morientis

« Gregorii verba fuere ; Dilexijustitiam, et odivi iniqui*

« Christi millesimoseptuagesimo tertio, summus Pontifex

« electus, sicut soi effulsit in Domo Dei •, nam potens ' . . . . . . 1 Légende de

« opère et sermone, Ecclesiasticœ disciplinai reparandœ, saint r ' Grégoire VII

« fidei propasandœ, libertati Ecclesiœ rcstituendïe,extirpan- au Bréviaire r r a romain (suite).

« dis erroribus et corruptelis, tanto studio incubuit, ut ex

a apostolorum aetate nullus Pontificum fuisse tradatur qui

« majores pro Ecclesia Dei labores, molestiasque pcrtule-

« rit, aut qui pro ejus libertate acrius pugnaverit. Aliquot

« Provincias asimoniaca labe expurgavit. Contra Hcnrici

« Impcratorisimpios conatus fortis per omnia athletaimpa-

« vidus permansit, seque pro muro domui Israël ponerc

« non timuit,ac eumdcm Henricum in profundum malo-

« rum prolapsum, fidelium communione, regnoque pri-

« vavit, atque subditos populos fide ei data liberavit. »

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4 1 6 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

INSTITUTIONS « tatem : propterca tnorior in exilio. Innumcrabil ia sunt

' « qui.u vel fortitcr sustinuit, vel multis coactis in Urbc

« Synodis sapicnter constituit vir vere sanctus, criminum

« vindex, et accrrimus Ecclesiœ defensor. Exactis itaquc

« in Pontificatu annis duodecim, migravit in cœlum,

« anno salutis millesimo octogesimo quinto, pluribus in

« vita, ct post mortcm miraculis clarus, ejusque sacrum

« corpus in Cathcdrali Basilica Salernitana est honorificc

« conditum. »

Oraison de saim L'oraison qui complète et résume l'office de saint Gré-Grégoire vu . . , . . . .

au Missel goire v i l , au missel et au bréviaire, est ainsi conçue : romain .

Deus in te sperantium fortiiudo, qui Beat uni Grego-

riunx Confessorem tuum atque Pontificem, pro tuenda

Ecclesiœ libertate piriute constantice roborasli ; da nobis,

ejus exemplo ei intercessione, omnia adversantia fort i 1er

super are.

Réflexions sur Maintenant que nous avons mis sous les yeux du lecteur l a mTnfetc00 c c t t e pièce si fameuse, avant d'entrer dans le récit des

pontifical. événements qui suivirent sa promulgation, nous nous permettrons quelques réflexions sur la portée dc ce manifeste pontifical.

La légende de Que suit-il du récit que nous venons de lire des actes et Grégoire vu des vertus d'un pape du x i ° siècle? Cela veut-il dire que*

coinme Pia' Rome se prépare à fondre, comme l'aigle, sur les Etats P r é p é t é V X européens, a disposer arbitrairement de la couronne des

1 0 S^ciaratïon i n c princes qui les gouvernent, en un mot, à ébranler le de guerre aux monde entier du bruit de ses foudres? Nous qui vivons

souverains t

1

de l 'Europe, u n siècle après l'apparition de cctte redoutable légende, mais le boucher . °

sous lequel trouvons-nous beaucoup d exemples depuis lors dc cette Rome mettai t à . . v

couvert son omnipotence temporelle des pontifes du moyen age,

com^romis^pa r exercée par Benoit X I I I , ou ses successeurs? Nous sem-

Page 23: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE EA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4 1 7

1 P A R T I E

C H A P I T R E XXI

les déclamntioiib outrageantes

pour ses pontifes, et spécialement

pour saint Grégoire VII,

l*un des plus illustres

La légende de saint

Grégoire VII, imprimée et

mise en vente à Paris, est

aussitôt dénoncée

par l'éditeur cfes Nouvelles ecclésiastiques.

ble-t-il que la couronne de France, pays où la légende a été proscrite, ait été l'objet de moins d'attaques que celle des souverains dans les Etats desquels elle a été admise par le clergé? Et si par hasard, chez nous, depuis cette époque, les rois ont souffert la mort, l'exil, ou l'humiliation, est-ce Rome qui s'est montrée envers eux si impitoyable ? Ne perdons pas ce point de vue dans les diverses parties du récit qui va commencer. Beaucoup de gens vont jeter les hauts cris, comme si la puissance royale était au moment d'expirer dans l'univers entier, par le seul fait de la légende. La .haine de Rome les aveugle : et Dieu les a donnés en spectacle à notre siècle, qui sait enfin que Rome n'en veut pas à la puissance des monarques ; qui semble même comprendre que si, dans les âges catholiques, elle exerça effectivement une influence temporelle sur la société, elle fut alors Tunique sauvegarde de la liberté des peuples, comme lc plus solide appui dc l'autorité dont elle réprimait les excès. La légende est donc tout simplement le bouclier sous lequel Rome met à couvert son honneur compromis par tant dc sophismes et de déclamations. Par ce manifeste solennel, elle neutralise lc mouvement aveugle qui entraîne certaines écoles sur les pas de ces auteurs hétérodoxes qui n'ont souci de l'honneur des pontifes romains, mais ont, au contraire, tout à gagner, s'ils les peuvent faire considérer comme des violateurs des lois divines et de l'ordre naturel de la société.

L'office de saint Grégoire VII parvint en France, peu après sa publication à Rome, comme il arrive encore aujourd'hui, quand le souverain Pontife impose de nouveaux offices; seulement à cette époque où l'usage de la Liturgie romaine était encore presque universel en France, les décrets de ce genre devaient occuper davantage et les ecclésiastiques et les fidèles qu'il n'arrive maintenant. Comme aujourd'hui, l'office était imprimé sur unc feuille volante destinée à être jointe au bréviaire, enatten-

r. 11 2 7

Page 24: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 1 8 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII

nisme, signalent la librairie Coignard fils, à renseigne du

Livre d'or, comme ayant eu l'audace de tenir cn vente,

ii Par is , lc feuillet in-8° qui recelait la légende.

Hor reu r qu 'el le « Dès que parut cette légende, dit le républicain Gré-

aux gaUkans . C( goire, elle excita I'HORREUR de tous les hommes attachés

« aux libertés gallicanes ( i ) . »

Le parlement A peine le parlement de Par is , juge souverain en ma-

^o^uule™"^^ tières liturgiques, eut-il connaissance de cette séditieuse u n , ^ * ^ ' ] U I manifestation des prétentions romaines, qu'il se réunit

la feuille pour rendre, le 2 0 juillet 1 7 2 0 , sur les conclusions de contenant 1 1 / / . . ' ?

l'office de saint l'avocat général Gilbert de Voisins, le même qui devait, Grégoire VII, 1

avec défense sept ans plus tard, prendre sous sa protection le Bréviaire d'en faire aucun . . . ^

usage public, parisien de vigier et Mésenguy, un arrêt portant suppres-dc°sais iodu sion de la feuille contenant l'office de saint Grégoire VII,

t c m p o i u . a v e c défense d'en faire aucun usage public, sous peine de saisie du temporel. Nous citerons seulement quelques phrases du réquisitoire; elles suffiront pour constater l'esprit de la première magistrature du royaume, dans cctte circonstance mémorable. L'avocat général, déguisant mal la haine dont lui ct son corps étaient animés contre Rome, veut faire croire que, par le seul fait de la publication de l'office de saint Grégoire VI I , la nation française esta la veille de secouer le joug de ses anciens rois. Il est vrai que ceci est arrivé avant même la fin du siècle dans lequel parlait l 'honorable magistrat ; mais il est fort douteux que la légende y ait été pour quelque chose.

Réquisitoire « On savait assez, dit l'avocat général, que Grégoire VII de l'avocat . 1 M \ . . ,

général Gilbert « si célèbre-par ses diflérends avec l 'empereur Henri , est de Voisins. . . . . , . . , , .

« celui qu on a vu porter le plus loin ses prétentions ambi-v tieuses, inouïes dans les premiers siècles de l'Église, qui

( t ) Essai sur les libertés de VEglise gallicane, page oy.

INSTITUTIONS dant son insertion en sa place dans la prochaine édition

—: • de celui-ci.Les Nouvelles ecclésiastiques, )OUXÏ\Q\ du Jansé

Page 25: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VU 4 1 9

« causèrent de si longs troubles, et allumèrent des guerres ! PARTIE

D 7 Q CHAPITRE XXI

« si cruelles de son temps. ' « Mais, qu'il soit permis de le dire, ajoute-t-il, on

« n'avait pas lieu de s'attendre de voir entrer dans son « éloge, ei célébrer dans un office ecclésiastique, l'excès u où lc conduisirent enfin des principes si dangereux. * Est-ce donc le chef-d'œuvre de son zèle, d'avoir entre-« pris de priver un Roi de sa couronne et de délier ses « sujets du serment de fidélité ? Et pouvons-nous voir « sans douleur, qu'on appuie sur un fait si digne d'être " enseveli dans l'oubli, les titres qu'on lui donne de « défenseur de l'Église, de restaurateur de sa liberté, de « rempart de la Maison d"Israël?

a Pourquoi faut-il que les vestiges d'une entreprise, A la faveur de

« dont le temps semblait affaiblir la mémoire, reparais- supplément du

« sent aujourd'hui jusque sous nos yeux, qu'ils viennent r o m a i n ^

« encore exciter notre devoir et notre zèle ? Souffririons- ^ e ï s ^ u r 8

« nous qu'à la faveur de ce prétendu supplément du Bré- l'autorité royale 1 1 . r serait ébranle.

« viaire romain, on mît dans les mains des fidèles, dans la « bouche des ministres dc la religion, jusqu'au milieu « de nos saints temples et de la solennité du culte divin, « ce qui tend à ébranler les principes inviolables et sacrés « de l'attachement des sujets à leur souverain (i) ? »

Le 2 4 du même mois de juillet, Daniel-Charles-Gabriel Cavius, évêque ^ ' ' d'Auxerre,

publie un (1) Nous avons puisé une partie des pièces que nous devons citer en "^olurc0 1 1 1

ce chapitre, dans un recueil publié en 1 7 4 3 sur toute cette affaire. Il est la légende, intitulé : L'Avocat du Diable, ou Mémoires historiques et critiques sur la vie et sur la légende du Pape Grégoire VII, avec des Mémoires du même goût sur la bulle de canonisation de Vincent de Paul, instituteur des Pères de la Mission ct des Filles de la charité (trois volumes i n - 1 2 ) . L'auteur est Adam, curé dc Saint-Barthélemi dc Paris, appelant fameux. Il est remarquable que les jansénistes poursuivaient dc la même haine saint Vincent de Paul et saint Grégoire VII3 comme pour faire mieux comprendre aux gens distraits que la même Eglise romaine, qui produit des Vincent de Paul pour le soulagement des misères corporelles de l'humanité, est aussi celle qui produit, suivant le besoin, des Grégoire VU pour remettre la société chrétienne sur ses véritables bases.

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4 2 0 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

(ij Admirez cette profonde intelligence de Fhistoire des institutions

du moyen âge !

I N S T I T U T I O N S de Caylus, évêque d 'Auxerre, qui venait de donner, en L I T U R G I Q U E S , , . . ,

— i7*2(), le nouveau bréviaire dont nous avons parle, fidèle ii l ' impulsion de la magistrature, signala son zèle contre la légende, dans un mandement épiscopal adressé au clergé et aux fidèles de son diocèse. Appelant de la constitution Unigenitus, il s'était déjà essayé dans la résistance au Saint-Siège : il saisit donc avec empressement l'occasion d'outrager cette Rome , dont il ne portait le joug qu'en frémissant. Du reste, aussi zélé pour le pouvoir absolu et inamissible du prince temporel, que haineux envers l'autorité Apostolique, il donna, comme tous ceux de ses confrères dont nous citerons ci-dessous des extraits de mandement, le plus solennel démenti à certains écrivains de notre temps, qui s'obstinent à voir dans la secte de Port-Royal la première manifestation des idées soi-disant libérales.

Le* entreprises « Ce n'est qu'avec peine, dit le Prélat, que nous rappe-dc Grégoire VII, . . . . ^ . J r* ' ' TT-TT T I

dit Caylus, ne « Ions ici le souvenir des entreprises de Grégoire VII . Il qu^déshono^rer « serait à souhaiter que ses successeurs eussent fait

leur auteur . ^ connaître, par leur conduite, qu'ils étaient très-éloignés « dc les approuver, et encore plus de les renouveler ce Nous serions dispensés par là de prendre de nouvelles

« précautions pour nous y opposer et en démontrer l'in-« justice. Nous les regarderions comme une tache effacée, « et nous n'aurions garde d'aller rechercher dans l'histoire « ecclésiastique des faits qui 'ne sont propres qu'à désho-« norcr leurs auteurs, ct que la sainte Eglise désavouera « toujours (i).

Son devoir <c Maisnousnc pouvons nous taire, continueM. d'Auxerre; l'oblige a parler . 1 7 7

« ce que nous devons à l'Église universelle, au roi très- -

« chrétien, à l 'État, aux fidèles de notre diocèse et ànous-

« même, nous force de parler à l'occasion de l'office de

« Grégoire VI I .

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE Vil 4 2 1

« Ne nous arrêtons pas à remarquer ici que la sainteté 1 M * ™ , „ . . -rr-ri » . • . i TI Y~I * C H A P I T R E X X I

« rfe Grégoire VII nestpoint reconnue dans lEghse; — « qu'il ne paraît pas qu'on ait fait pour lui, à Rome, ce qui de a r l g o ^ v n « s'observe dans la canonisation des saints, et que l'histoire " l ? ! ^ 1 1 ' e

1 * reconnue dans

« de son pontificat est difficile à accorder avec l'idée d'une relise. « sainteté formée sur l'esprit et sur les règles de l'Évangile, a et digne de la vénération et du culte public des fidèles.

« Tenons-nous donc, poursuit le Prélat, inviolablement n faut s'en

« attachés à la doctrine delà sainte antiquité, qui apprend à la doctrine de

« aux sujets que personne ne peut les dispenser de la l'indépendance

« fidélité qu'ils doivent à leurs légitimes souverains, et d ^ tempTreî!*

« qu'il n'y a ni crainte, ni menace qui doive les empêcher « de remplir ce devoir, que la loi de Dieu leur impose ; « et aux papes comme aux évêques, qu'ils n'ont pas le « pouvoir de donner ni d'ôterles royaumes, et que, quant « au temporel, les rois ne leur sont point soumis et ne « dépendent pas d'eux, mais de Dieu seul. »

Assurément, c'est un grand avantage pour les souve- Cette doctrine

rains de ne dépendre ni du pape ni des évêques; mais conmlreà' ia

quand l'évêque d'Auxerre leur garantit qu'ils ne dépendent "de^choses? 6

ici-bas que de Dieu, il exprime son désir, sans doute, mais non ce qui existe réellement; car il n'est point d'homme ici-bas qui ne se soit rencontré, et souvent même, face à face avec son supérieur. Si les rois d'aujourd'hui n'ont plus à craindre la puissance du pape (et cependant voyez comme plusieurs la redoutent encore, cette Rome désarmée), ils ont, en revanche, dc dures querelles ct contestations à vider avec les peuples, qui à coup sûr sont moins justes et plus intéressés dans J'affaire que ne lc seraient les pontifes romains.

Quoi qu'il en soit, M. d'Auxerre termine son mande- Caylus • , . défendant

ment en déclarant que, pour remplir toute justice, en Fusapderofljce

donnant au roi de nouvelles preuves de sa fidélité et de Grégoire VII

son-{éle pour la sûreté de sa personne sacrée, et pour la \fîoc&ic?

tranquillité de son royaume, qui pourraient être encore

Page 28: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 2 2 AFFAIRE DE EA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

(i) Rien n'est beau comme ce zèle d'un évêque hérétique pour ln propagation dc la foi chez les infidèles ct les hérétiques. U est évident que le Pape et sa Propagande n'y entendent rien.

INSTITUTIONS exposés aux derniers malheurs, si les maximes autorisées - par l'office du pape Grégoire VIItrouvaient créance dans

les esprits, il défend à toutes les communautés et personnes séculières et régulières de l'un ct de l'autre sexe dc son diocèse, se disant exemptes ou non exemptes, qui se servent du Bréviaire romain, ou qui reçoivent les offices des nouveaux saints qu'on insère dans ce bréviaire, de réciter soit en public, soit en particulier, l'office imprimé, etc.

Cette résistance Ainsi, le Pape enjoint à toute l'Eglise de réciter l'office a u x ^ i o n â i o n a de saint Grégoire VII, et il se trouve un évêque qui défend

contraire à la à ses diocésains de se soumettre à cctte injonction. Évi-notion du droit. demment, l'un des deux est dans son tort ; car autrement

que deviendrait une société qui renfermerait dans son sein des pouvoirs contradictoires, ct néanmoins toujours légitimes, dans tous les cas ?

Colbert, évoque Le mandement de Tévêque d'Auxerre fut incontinent de Montpellier, . . r r , . „ . . . . , T

janséniste suivi d un autre, publie le Ï i juillet, par Lharlcs-Joachim condamne'à'son Colbert, évêque de Montpellier, si fameux par le caté-

f p iu*durcs S chisme auquel il a donné son nom, et par son obstination i officedVnei?nt ^ a n s * c s Principes des appelants. On sc rappelle, sans Grégoire vil. deutte, son zèle à'faire adopter dans son diocèse le nouveau

Bréviaire dc Paris, et la courageuse opposition du chapitre à cette mesure. Nous ne fatiguerons point le lecteur de toutes les déclamations que ce mandement renferme contre les prétentions romaines; nous extrairons seulement les qualifications qu'il applique à un acte du souverain Pontife. La Légende de saint Grégoire VII est condamnée comme « renfermant une doctrine séditieuse, « contraire à la parole de Dieu, tendante aù schisme, « dérogeante à Vautorité souveraine des rois, et capable « d'empêcher la conversion des princes infidèles et héré-« tiques (i). » Il cn défend l'usage, sous les peines de

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4 ï 3

droit: ordonne, sous les mêmes peines, qu'on en porte les i PARTIE . - i l 1 / * CHAPITRE XXI

exemplaires à son secrétariat, et il exhorte son cierge a * demeurer inviolablement attaché à la doctrine des quatre articles de rassemblée de 1 G 8 2 .

Ce n'était pas assez encore. Le 1G août, parut le man- CoisUn, évêque

dément publié sur la même matière par Henri-Charles de un mandement

Coislin, évêque de Metz, connu aussi par son attachement n 0 i w e Y ' o f f i c e .

aux principes de la secte qui troublait alors l'Eglise de France, et qui avait mis sa plus chère espérance dans les doctrines de la Déclaration de 1 6 8 2 .

Après un sombre tableau des malheurs qui ne man- c e t t e pièce

quèrent pas d'ensanglanter le monde, chaque fois qu'il f a e s m a T h e u r s

arriva à un souverain Pontife de faire usage de l'autorité souverains

spirituelle, pour venger certains grands crimes sociaux, a u F r é ^ s u T i e

tableau qu'on pourrait comparer, avec assez d'avantage, à abusant de

ceux qu'on rencontre de temps en temps dans Y Essai sur leur autorité.

les Mœurs, de Voltaire; même intelligence de l'histoire,

même équité envers l'Église : l'évêque de Metz ajoute, avec

une gravité solennelle : « L'expérience de tant d'événements funestes, qui La publication

, , , • j r-\ > de l'office de

« avaient pris leur source dans les entreprises de Gre- s a i n t

« goire V I I , semblait avoir depuis longtemps arrêté le G

u ^ ? é t l n « i i e S t

« cours de cet embrasement : mais il en a paru depuis une r a î j U mer

« étincelle qui serait capable de le rallumer, si chacun de l ' i n c e n d i e .

« ceux que le Père céleste a mis à la garde de sa maison

« n'accourait, pour en prévenir la communication dans la

« portion du troupeau qui lui a été confiée, »

Ainsi , il est bien démontré que c'est le pape qui met le

feu à l 'Église, tandis que Messieurs d'Auxerre, de Mont

pellier, de Metz, et plus tard Messieurs de Verdun, de

Troyes, de Castres, et d'autres encore, font tout ce qu'ils

peuvent pour l 'éteindre.

« Il vient de se répandre, dit encore l'évêque de Metz, J u g e m e n t d e

f - 1 1 • ' ' • A 1 ' r> / l'évêque de Metz

« une leuille imprimée pour servir de supplément au Bre- sur ia légende - , r - n ^ de saint

« viaire romain, et dans cette feuille qui contient un office Grégoire VU.

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4 2 4 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE S A I N T GREGOIRE VII

INSTITUTIONS A consacré h la mémoire de Grégoire V i l , les prélats et les L I T U R G I Q U E S . . *

•—1 • « premiers magistrats du royaume ont aperçu ce qu il y a « dc plus capable d'inspirer l'excès des prétentions ultra-« montâmes. On lit dans la cinquième leçon dc cet office, « que ce pape résista courageusement, etc.

Elle présente « La connaissance que nous avons, nos très chers frères, preuve Ve^ïn « de votre zèle pour la personne du Roi,ct de votre fidèle

de ce&pontffc ce * attachement au service dc Sa Majesté, et à l'obéissance qui ne devait ( t - u c v û u s devez à vos souverains, ne nous laisse aucun

servir qu a t 7

condamner son ( ( ] { e u <jc douter que vous ne soyez touchés aussi sensi-gouvcrnemenl. ^

« blement que nous Favons été, en voyant dans ce peu « de paroles un dessein ferme de proposer au clergé et aux « peuples, comme un éloge destiné à rendre croyable la « sainteté d'un pape, ce qui, suivant les principes delà foi » ct les lumières de la raison, ne devrait servir qu'à la « condamnation de son gouvernement. Votre piété, sans « doute, s'est sentie d'autant plus blessée, que cet éton-a nant office a été rendu public, sous les apparences d'une « autorité empruntée de celle du Saint-Siège. Mais cette « vue ne doit point alarmer votre vénération pour ce

Le Pape n'a eu « premier siège de l'Eglise. Lc saint pontife, que la Pro-certaincmcnt . , , , ^ 1 » . ~ ,

nulle part « vidcncc a place sur la Chaire de saint Pierre, n a eu l l de ccue P piecc, n « nulle part à la composition, encore moins à la publi-q frauduiei{sc-d * cation de cet artificieux ouvrage. II a appris, dans

ment sous ( ( p £ c o i e de ce chef des Apôtres, le respect et l'obéissance le couvert de .

son autorité. <, q U i e s t due aux souverains. Il préfère à cet égard les « instructions ct l'exemple de saint Grégoire le Grand, « à la conduite ct aux entreprises de Grégoire VII. « L'humilité du serviteur des serviteurs de Dieu éloigne « de son cœur les pensées dc maître des sceptres et des « couronnes ; et sa sagesse est trop éclairée, pour ne pas 3 voir qu'une prétention si mal fondée n'est capable que 'c d'aigrir les princes et d'indisposer les peuples. »

insolence ct On ne disconviendra pas que ces leçons données au pernicieux effets , r , 1,1*-, T - • 1 * * * j

d'un pareil chef de 1 Eglise, par un simple eveque, ne dussent pro-

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AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GRÉGOIRE Vil 4 2 5

que M. de Metz appelle un saint pontife, jugement que abouche dd'un l a

l'histoire a du moins confirmé, il ne parut pas fort disposé w w l u e -à laisser croire que les actes les plus importants de son gouvernement s'accomplissaient à son insu. Nous verrons bientôt l'énergique réponse qu'il fit à ces insolentes provocations.

En attendant, le prélat déclare que, voulant, dans une Coislin termine . . , t , . , , par la défense

occasion aussi importante, donner au rot des preuves de de publier

la fidélité qu'il lui a vouée; à Vempereur, à S. A. R. de ^fficc^otfvS*

Lorraine et aux autres souverains qui ont quelque portion ConSd&5ntR

de leurs États dans son diocèse, de Vattention qu'il aura SCfïnclaïcux' toujours pour ce qui les intéressera, ei POUR PRÉSERVER

LES AMES COMMISES A S A C H A R G E DES ILLUSIONS QUE L E P R É

T E X T E D ' U N E P I É T É MAL E N T E N D U E POURRAIT LEUR F A I R E , il a

défendu et défend à toutes les communautés et à toutes les personnes de l'un et l'autre sexe dc son diocèse , de réciter, soit en public, soit en particulier, l'office de Grégoire VIL II défend pareillement à tous les imprimeurs, etc., de publier le même office. Ilordonne, de plus, que les exemplaires en seront rapportés au greffe de sa chambre épiscopalc Le tout, sous les peines de droit.

Les réflexions seraient ici superflues : nous continuerons Le parlement

donc notre récit. Encouragé par le zèle des trois prélats, supprime6

le Parlement de Bretagne s'empressa de suivre les traces i a I csa!nt e rf°

dc celui de Paris. Le 1 7 août, il rendit un arrêt pour sup- l e ^ ^ o û t 1 ^ 9 .

primer la légende. On remarquait les phrases suivantes dans le réquisitoire du procureur général :

« Permettez-moi de vous rappeler, Messieurs, que Le réquisitoire

« Grégoire VII est le premier de tous les papes qui ait g é n é r a ï ^ n

« osé faire éclater ses prétentions sur le temporel des rois, œnTrT^int

« en s'attribuant ouvertement le droit imaginaire de pou- s^i7«endc « V « voir les déposer, et délier leurs sujets du serment de d « " t < i u ? , e s

* 1 ' souverains « fidélité. Imagination fatale, qui ne s'est que trop perpé- pontifes

duire un très-grand effet sur les peuples auxquels était adressé le mandement; quant à Benoît XIII lui-même,

Page 32: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4^6 AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

(i) Vid. ci-dessus, page 33r.

INSTITUTIONS « tuée au-delà des monts, parmi des esprits à qui ligna-LITURGIQUES . . , 1 °

— r « rance et une soumission aveugle tiennent presque toih s'arrogent sur le _ c •* *

temporel des « jour s heu de savoir. a C'est cette chimère contre laquelle on ne peut cire

« trop cn garde dans ce royaume, qu'on veut réaliser « aujourd'hui, en insinuant aux peuples qu'elle a servi de « degré h ce pape pour parvenir à la sainteté : moyen « inconnu avant lui. Et vous ne verrez, sans doute, « qu'avec indignation, que ces paroles séditieuses : Contra « Henrici Imperaioris, etc., marchent sur la même ligne u que les paroles de vie et de paix qui sont sorties dc la « bouche de Jésus-Christ même.

Le procureur a Quel assemblage, et que peut-on penser de cet éloge général déclare , "

qu'il faut « monstrueux? si ce n est qu on a cru, en 1 insérant dans P q u c e î c c i L i g é S « un livre de prières, qu'il aurait plus d'effet, ct ferait

P c e u o l ! é ^ n d c Ï C ft respecter comme permises, ces foudres que les papes instructions. a se croient en droit de lancer contre les monarques;

a puisque, dira-t-on, si c'était un crime, ou que cela a passât leur pouvoir, on n'eût pas relevé unc pareille « action dont les ministres de nos autels ne peuvent que « trop abuser dans leurs instructions. »

Les magistrats, Comme l'on voit, les magistrats, fidèles d'ailleurs à leur iesCévéques, omnipotence liturgique, ne se dissimulaient pas plus que

jansénisme e u e l c s evêques d'Auxerre, dcMontpcllicr et dc Metz, la valeur gallicanisme c t pautorité d'une pièce insérée au Bréviaire romain. Il a désirer la r

rupture du Jicn était aisé de prévoir que lc jour n'était pas loin où Ton liturgique r i / i

avec Home dans chercherait à rompre le lien liturgique avec Rome pour l'tntérwt de f - / * ? , » 7

leurs mauvaises s affranchir, ainsi qu on l a vu précédemment, de plusieurs unes . c i i 0 s e s contraires aux maximes de notre Église galli

cane (i). Le jansénisme, sans doute, était pour beaucoup L'évêque de dans les scandales que nous racontons; mais lc simple

Charles- gallicanisme y avait bien aussi sa part. On le vit clairc-d'iînnencvurt, nient, lorsque le 21 août parut le mandement de Charlcs-

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4 2 7

François d 'Hallencourt , évêque de Verdun. Ce prélat avait 1 PARTIE

J , . C H A P I T R E X X I

adhéré à la bulle Unigenttus, et dans lc mandement même ' . . . . . , „ . . . . cathol ique,mais

que nous citons, a disait expressément que / obéissance au gallican, public > „ T • i T • . 7 lui-même un

pape et aux eveques, dans ce qui concerne ta religion,est la mandement

seule voie sûre pour le salut. Écoutons maintenant ce que ^"dé^ihn 0 0

la doctrine de 168*2 lui inspirait au sujet dc la légende : Grégoire vu. T , , -R-I , J . A 11 Y blâme la

« Non, Nos tres-chers f r è res , quelles que puissentetre déposition , R . T T • • «• i i > de l 'empereur

« les fautes de 1 empereur Henri quatrième, le pape n était Henri iv « pas en droit de lui enlever sa couronne, ni dc délier c o m " ^ C j u

1 " t e

e X L C S

« les nœuds sacrés qui attachaient ses sujets à son service. d c P 0 l l V 0 i r -

« Ce fait dans lequel ce pape a si injustement excédé son « pouvoir, ce fait qui! est à présumer qu'il expia par la

« pénitence, ne peut être un des motifs de sa canonisation; « et, si Tonne le regarde que comme un fait historique, * ce n'est pas dans une légende de saint, ni au milieu « d'un office divin, qu'il doit être cité. »

Voilà bien la naïveté de certains honnêtes gallicans, qui i/évéque de . / I . / j , T I / Verdun n'ose

seraient tout aussi éloignes cl admettre les conséquences pas contester la

du système à la manière des parlements, que de ménager Grégoire 0 vn, les prétentions ultramoniaines. L'évêque de Verdun, plus i c s j^nsénfstcs,

catholique que celui deMontpellier, consentdonc à recon- n™|* {iponufiT naître Grégoire VI I pour saint; mais, pour se rendre a f ai t pénitence

° 1 . de son pèche,

compte à lui-même de la valeur de sa canonisation, il suppose ingénument que ce grand pape a fait pénitence de la déposition de Henri IV. Toutefois, cette distinction ne l'empêche pas de conclure son mandement par la même prohibition que ses trois collègues : « Dans la crainte, dit- 1 1

défend , , , - L . , . néanmoins

« il, que cette légende ne lasse illusion a quelques esprits l'usage

« faibles, et les évêques ne pouvant veiller de trop près à ° i c e ' « la sûreté des rois; pour ensevelir autant qu'il est en

« nous, dans un éternel oubli, cette entreprise du pape

« Grégoire VII, nous avons défendu ct défendons par « ces présentes de réciter, soit en public, soit en particu-« lier, l'office contenu dans ladite feuille, le tout sous les a peines de droit. »

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4 2 8 AFFAIRE DE T.A LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII

INSTITUTIONS Après cela, on ne dut pus être étonne d'entendre publier I - lTt l f tGIQI 'ES 1

X / 1 , ,

—' un arrêt du parlement dc Metz, en date du septembre. L c s d e a M c ' * c n t S <lUi condamnait la légende comme Pavaient condamnée

e t proWbcn* u x * c s parlements dc Paris et dc Bretagne, Celui dc Bordeaux l*oîfil» Udc 0saînt J 1 C t a r c t o P a s n o n P ' u s a s c déclarer par un arrêt, sous la

Grégoire VIL date du 1 2 du même mois, et on entendit même l'avocat général Dudon demander à la cour, dans son réquisitoire, qu'il lui plut de prendre certaines précautions qui pour-voient à V avenir à ce qifil ne se glisse rien dans les livres destinés au service divin, et autres livres de piété, qui puisse blesser les droits du roi et troubler la tranquillité de l'État.

Certains curés L'affaire était bien loin d'être terminée par ces scanda-prêscntcnt leux arrêts : de nouveaux troubles se manifestèrent encore

rarenevéque de c n plusieurs lieux. A Paris, un certain nombre dc curés

^^e^suppiicr" 1 d c I a v ^ c » faubourgs et banlieue, présentèrent requête à

de joindre en parchevêque Vintimille, le 1 4 septembre, et lui dénon-cette rencontre * 7 ~ r 1

son autorité cèrent la légende. Nous ne citerons rien de cette pièce, spirituelle r 1 1 1 à celle du analogue pour le fond et les termes aux mandements et

parlement ct de A * . , _ , ,

veiller en arrêts que nous avons cites. Les cures concluent a sup-patticui^r^t c e r archevêque dc joindre son autorité spirituelle à celle d e d a v a t K ^ d e ^ parlement pour ordonner « ce que la religion, la justice, e n tout n c?ies a , , s « * a ^délité au roi, ct l'amour de la patrie, ne peuvent

iuTiîoxèse*" tf m a n < l u c r d'inspirer à l'évêque de la capitale du royaume, «• en pareilles occasions, ct singulièrement de prescrire « que la Déclaration du Clergé de France, de 1 6 8 2 , soit « inviolablement maintenue et exactement observée dans « les communautés séculières et régulières, et dans toute «. l'étendue dece diocèse, conformément aux lois si néces-«. saircs qu'a établies le feu roi : que, par une action si « glorieuse, il rendra un service essentiel à l'Église et à « l'État. »

L'archevêque L'archevêque, qui sentait que les jansénistes n'excitaient vcrMcmcnt n iâ tout ce bruit que pour déconsidérer, s'il eut été possible. duCSaint-s?èi;e le siège apostolique, dont les prérogatives leur étaient

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4 2 y

(i) 7 octobre 1 7 - M J -

d'autant plus odieuses qu'ils en avaient éprouvé les effets, i PARTIE

eut la prudence de ne faire aucune démonstration publique '-^L.

contre la légende, et affecta de la passer sous silence dans m*™ mmaect*

une instruction pastorale qu'il publia, le 2y du même ^ V ^ r c p r l s c 0 8

mois de septembre, sur les querelles religieuses du temps. d e s c u n 3 s -Les curés signataires de la requête dont nous avons parlé, présentèrent à l'archevêque un nouveau mémoire, dans lequel ils se plaignaient amèrement de la rigueur du prélat envers le parti, et revenaient encore sûr la légende. Ce fut alors que l'archevêque, si l'on en croit les Nouvelles Ecclésiastiques, leur dit avec sévérité : « Je con-« damne ce qu'on a fait h Rome, et je suis aussi bon « serviteur du roi que vous; mais puisque le roi l'a fait •« condamner par son Parlement, il était inutile d'en v parler. Si quelqu'un remue sur cela, M. J'officiai fera son

. " devoir, et, s'il le faut, on abrégera les procédures en « envoyant à la Grève, » ce que lc Prélat répéta deux fois. MM. les Curés se levèrent, disant « qu'ils n'avaient point « dessein de lui faire de la peine, mais dc lui représenter (f l'état de leurs paroisses, et le scandale que cause la « légende qui est entre les mains de plus de la moitié des u prêtres du diocèse, qui récitent le Bréviaire romain[f)t »

Pendant que ces choses se passaient en France, Rome Benoit xm outragée dans ce qu'elle a de plus cher, l'honneur des ^ p ^ f 1 ' saints qu'elle invoque, et sa propre dignité qui n'étant pas 0 U

r

t ° ^ n C a r de ce monde (non est de hoc mundd), ne doit pas être t o u s C G S

. . . mandements ct

sacrifiée aux considérations humâmes et personnelles, ces arrêts et

Rome sc mit cn devoir de se défendre par les armes que sienne? le Roi des rois a déposées entre ses mains. En vain, les réseTveïVa es mandements que nous avons cités, les arrêts des parle- partï[pation

ments eux-mêmes, en condamnant la légende, avaient fait ^ p ^ b H c Ï Ï f o n l a

leur réserve sur la complicité de Benoît XIII, prétendant d e I a ^ s e n d e -qu'il avait ignoré cet attentat, qu'il était trop vertueux,

Page 36: Institutions liturgiques (tome_2)__2

d'Auxerre.

43o AFFAIRE DE EA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

INSTITUTIONS /7*op animé de l'esprit apostolique des premiers siècles de L I T U R G I Q U E S , / • t - • 1

——• l hgltse, pour s être permis de contrarier si violemment les maximes françaises *, lc saint Pontife eut à cœur de donner un solennel démenti à ces réserves infamantes. Dès lc 1 7 septembre, on affichait dans la ville sainte un bref énergique qui commençait par ces mots :

Un bref publié « Comme il est parvenu à la connaissance de Notre le 1 7 septembre t , . , ,

condamne « Apostolat qu il s était répandu dans le vulgaire certains 1 ^™révûliuc t t f feuillets en langue française, avec ce titre : Mande-

« ment de Monseigneur Vévêque d'Auxerre, qui défend « de réciter Voffice imprimé sur une feuille volante qui « commence par ces mots : Die 2 5 Maii. In Festo sancti « Gregorii VII, Papas et Confessons. Donné à Auxerre, « le vingt-quatre du mois de juillet mil sept cent vingt-« neuf; Nous avons choisi pour faire l'examen de ces « feuillets plusieurs de Nos vénérables frères les cardinaux .< de la sainte Église romaine, et d'autres docteurs de la « sacrée Théologie, lesquels, après une mûre discussion, « Nous ont rapporté ce qu'il leur semblait sur cette affaire. « Ayant donc entendu les avis desdits cardinaux ct « docteurs, Nous déclarons de la plénitude de l'autorité « apostolique, les injonctions contenues dans les susdits « feuillets, nulles, vaines, invalides, sans effet, atten-« tatoires, et de nulle force pour le présent et pour « l'avenir.

« Et néanmoins, pour plus grande précaution ct en « tant que besoin est, Nous les révoquons, cassons, irri-« tons, annulons, destituons entièrement de toutes forces « et effet, voulant et ordonnant qu'elles soient à jamais « regardées comme révoquées, cassées, irritées, nulles, « invalides et abolies. Défendons en outre, par la teneur a des présentes, dc lire ou retenir lesdits feuillets, tant « imprimés que manuscrits, et en interdisons l'impres-« sion, transcription, lecture, rétention et usage, à tous ct « chacun des fidèles chrétiens, même dignes d'une men-

Page 37: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VU 4*4 (

« laquelle nul d'entre eux ne pourra être absous que par « Nous, ou par le pontife romain pour lors existant, si ce " n'est à l'articlede lamort. Voulant ct mandant d'autorité « apostolique, que ceux qui auraient ces feuillets cn leur « possession, aussitôt que les présentes lettres parvien-'t dront à leur connaissance, les livrent et consignent aux « ordinaires des lieux, ou aux inquisiteurs de l'hérétique * perversité, lesquels auront soin de les livrer incontinent « aux flammes (î). »

Telle fut la première sentence du Siège apostolique Bossuet, évêque

contre les oppositions françaises à la légende de saint puwîe y un

Grégoire VIL Rome faisait voir assez, sans doute, qu'elle m'andement

n'avait pas lancé à la légère cet éloge d'un si illustre c o n j ? U n ? c c

pontife, et qu'elle ne reculerait pas dans la ligne qu'elle c^pour^tab î l r

avait adoptée. Lc gallicanisme n'avait cependant pas pîndd^ndance

encore atteint la mesure de son audace, en France. Le , absolue

3o septembre vit paraître un mandement colossal de traduit une T • T*% f K * m • partie de la

Jacques-Bénigne Bossuet, eveque de Troyes, qui venait se Défense de la

joindre k ses collègues d'Auxerre, de Montpellier ct dc de 1 6 8 2 ,

Metz, et affronter les redoutables hasards d'une lutte avec ^"dhe dcCson

l'Église romaine. Ce mandement, qui était tout un gros o n di C Moîux. u c

livre, avait été facile à rédiger. L'auteur s'y était tout simplement proposé d'établir la doctrine du premier article de la Déclaration de 1 6 8 2 , et pour cela, il avait cru suffisant de traduire en français assez lourd, plusieurs des pages que son oncle a consacrées à cette matière, dans la Défense encore inédite de la Déclaration du Clergé de France. Nous ne citerons que quelques lignes de cet énorme facium tout rempli d'injures brutales contre les souverains Pontifes :

« Vous sentez, mes chers frères, à ce simple exposé, dit Réiiexions scandaleuses

(0 Vid. la Note B.

« tion spéciale et individuelle, sous peine d'cxcommuni- i PARTIE . , - . C H A P I T R E XXI

« cation encourue ipso jacio par les contrevenants, ct de —

Page 38: Institutions liturgiques (tome_2)__2

432 . AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

iNSTiTimoxs « i e Prélat, tout le poison dont cette feuille est remplie: L I T U R G I Q U E S 1 r

; 7 « vous en comprenez tout le danger, vous apercevez sans ce prélat sur la . x . . . .

portée de « peine les maximes qu on voudrait vous inspirer, cn vous l'institution i >i M I - i »

de la fète et dc « proposant de célébrer dans vos jours de fete des actions l'office de saint • . , y . , .

Grégoire vu. « *jm auraient du demeurer ensevelies dans un éternel « oubli, el qui ne peuvent que déshonorer leurs auteurs ; « de consacrer par un culte public la mémoire d'une san-« glante tragédie, ctdc canoniser dans les oiliecs dc l'Église « comme inspirée par le Saint-Esprit, unc conduite <* entièrement opposée à l'Évangile, à l'esprit de Jésus-« Christ ct dc la sainte Eglise. »

il détend l'usage L'évêque de Troyes finissait par défendre, dans tout pour'donlwr^au son diocèse, l'usage de la légende, pour donner au roi de

rnouvciFc Cdc C nouvelles preuves de son attachement à sa personne sacrée, s o n c t^pou™ 6 1 1 1 de son cèle pour la défense des droits de sa couronne et

P f idè ics C dc» S P0Hr h'Wàùtlw1 de la tranquillité de son royaume; enfin,

illusions d'une pour préserver le troupeau de Jésus-Christ des illusions fausse pieté. *

dune faussepiéle. Benoît xiii Rome ne pouvait demeurer impassible à ces nouveaux

condamnerai- 0 L l t r a g e s < \jn S C cond bref, portant condamnation du l h m a n ° d c m e n t l c mandement dc l'évêque de Metz, ct conçu dans les mêmes

de révoque de termes que celui qui avait été lancé contre l'évêque d'Auxerre, fut solennellement publié et affiché dans Rome, le 8 octobre.

L'évêque de En France, ces actes apostoliques ne ralentissaient pas Quiqucrand le zèle des ennemis de Rome. Le scandale d'un nouveau d p r ^ b c C i f t ' mandement contre la légende éclatait à grand bruit. Voici

1 ^régo ir J e C vn n t c n < I U C ' S t c r m c s Honorât dc Quiquerand de Beaujcu, par un évêque de Castres, s'exprimait sur la légende, dans unc

mandement du 1

T •

u novembre lettre pastorale du n novembre 1 7 2 9 : « Je ne puis me y " J « résoudre dc traduire ici des paroles plus propres à

« scandaliser les bons Français, qu'à édifier les bons catho-« liques. » Nous ne le suivrons pas dans le cours dc ses banales déclamations, au milieu desquelles il cherche a insinuer que des motifs humains pourraient bien avoir

Page 39: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4*33

dicté seuls la canonisation de Grégoijre VII , et nous nous i PMVHC

hâtons d'arriver à la conclusion, da'ns laquelle le prélat

déclare que, pour prévenir autant qu'il dépend de lui les

impressions qu'une fausse maxime pourrait faire sur les

esprits de toutes les personnes qui, avec beaucoup de

piété, manquent de lumières, il défend de réciter le nouvel

office, soit en public, soit en particulier, ordonnant que

les exemplaires en soient rapportés au greffe de son officia-

litê : le tout sous les peines de droit.

Quelques semaines après, le 6 décembre, Rome, pour Benoit , . r • * i • * - v • i condamne par

la troisième fois, répondait a ces grossières insultes par brefs , - . n ' • ' » j , le fi décembre,

un bref qui flétrissait avec énergie le mandement de le mandement

r évêque de Montpellier, ct ce bref ne tarda pas à être suivi d ^ M c t V c t ' î c

d'un quatrième, par lequel Benoît X I I I , sous la date dcspar iements

du 1 9 du même mois, infligeait enfin, par son autorité d e r 3 o ? d e a u x d e

apostolique, aux parlements de Par is et de Bordeaux, le

châtiment qu'ils avaient mérité par leurs arrêts attenta

toires à l'autorité du Saint-Siège et à l 'honneur d'un glo

rieux serviteur de Dieu, Dans ce bref remarquable, le

pape ne se contentait pas de déclarer abusifs et nuls pour

la conscience, les arrêts et injonctions de ces parlements,

mais il les cassait et annulait de sa propre autorité, en la

manière que dans les jours mêmes où nous écrivons ces

lignes, Grégoire XVI vient de casser et d'annuler tous les

actes de la Régence d 'Espagne qui sont contraires aux

droits et à la liberté de l 'Eglise.

« Comme il estparvenuà nos oreilles, disait Benoît X I I I , Benoît xm , • n > - • • . , 1 • casse et annule

« que plusieurs magistrats, officiers et ministres séculiers les arrêts

« se sont élevés, dans des édits, arrêts, résolutions, ^iTunU'h^cmc « ordonnances, mandats et autres règlements et provi- a t l a , r L Ï *

« sions, sous quelque nom que ce soit, contre le décret

« récemment publié par nous pour l'extension dc l'office

« de saint Grégoire VII à toute l 'Église; office qui, cn

« vertu des induits dc Paul V, ClémentX, Alexandre VIII

« et Clément XI, nos prédécesseurs d'heureuse mémoire.

Page 40: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

(i) Vi'l. M imle- « !

« se célébrait déjà publiquement et solennellement dans « beaucoup d'églises du monde chrétien, et que nous « avons rendu obligatoire pour tous ceux qui sont tenus a aux heures canoniales, à l'effet d'accroître le culte de ce « saint pontife et confesseur qui a travaillé avec un cou-« rage si infatigable au l'établissement ct au renouvelle-« ment de la discipline ecclésiastique, et à la réforme des « mœurs;

« Voulant, conformément au devoir de la charge pasto-« raie que la divine miséricorde a confiée à Notre bassesse, « et qui est si fort au-dessus dc Nos mérites et de Nos forces, « défendrcet conserver sans diminution et sans tache Notre « autorité et celle de l'Église, attaquées dans les perni-« cieuses entreprises de ces laïques, ct ayant présente à « Notre esprit toute la suite dc toutes ct chacune des

« choses qui se sont passées ; du conseil de plusieurs « de Nos vénérables frères les cardinaux de la sainte « Église romaine, par l'autorité apostolique, delà teneur « des présentes, nous déclarons les édits, arrêts, rcsolu-« tions, décrets, ordonnances, promulguéspar les magis-« trats même suprêmes, ct tous officiers ou ministres « séculiers de quelque puissance laïque que ce soit, contre « Notre susdit décret d'extension de l'office de saint Gré-ce goire VII , nuls, vains, invalides, dépourvus à per-

« petuité de toute force, ni valeur, ainsi que toutes les « choses qui en sunt suivies bu suivraient;

« Et de plus, pour plus grande sûreté, et entant que u besoin est, par les présentes,Nous les révoquons,cassons, « irritons, annulons ct abolissons à perpétuité, les privant « de toute force et effet, et voulons qu'ils soient à jamais

tenus pour révoqués, cassés, irrités, annulés, inva-« lidés, abolis, et privés entièrement de toute force el « effet, etc. (1). »

Page 41: Institutions liturgiques (tome_2)__2

A F F A I R E DE LA L É G E N D E DE S A I N T GREGOIRE VII 4*35

La nouvelle de ce bref arriva bientôt en France et ne 1 ^ R T I E

, . C H A P I T R E X X I

tarda pas d'exciter la fureur des suppôts du gallicanisme. • • r , , . i o r ' • 0 Lc parlement

Le parlement de P a n s rendit en date du 23 lévrier 1 7 0 0 , do Paris

un arrêt contre la publication, distribution et exécution de p i 0 ^ r r a ^ u î " u n

ce bref, ainsi que de ceux qui avaient été lancés contre les 2 | 3

a p ^ H c a t i o n 0

évoques. Cette cour exhalait son indignation par le minis- t i e ^ n o ^ e x i n tère de son fidèle organe, Gilbert de Voisins, qui s'exprimait ainsi dans le début de son réquisitoire :

« Après l 'arrêt solennel que la cour rendit, au mois de Réquisitoire du

« juillet dernier, sur nos conclusions, à l'occasion de généra Gilbert

* l'office de Grégoire V I I , nous avions lieu de croire que quu^noncc'ie

« nous n 'aurions plus d'autre devoir à remplir sur cet b i ' ^ ^ ' ° m m u

r r mettant « objet, et que la cour de Rome nous en laisserait insensi- e n

P ^ t i g u c ' 7 ^ f doctrine

« blement perdre la mémoire. contenue dans . . . l'office de saint

« Mais nous reconnaissons, avec douleur, combien nos Grégoire VIL

« espérances ont été trompées, à la vue d'un bref de

« Rome, que nous avons entre les mains, et dont on peut

« dire qu'il réduit en pratique la doctrine répandue dans

« l'office de Grégoire VII, en cassant, par l'autorité pon-

« tificale, tous édits, arrêts, ordonnances, et autres actes

« émanés à ce sujet des puissances séculières, même sou

te veraines. Ce bref entreprend de soumettre au sacerdoce

« l'empire temporel des souverains. Il exerce une autorité

« suprême sur des actes revêtus du caractère dc leur

« pouvoir. Il attaque leur indépendance jusque dans

« ses fondements, et tend à leur ôter la voie dc la

« défendre. »

Toutefois, l'arrêt du 23 février f y 3 o , quoique rendu La publication

dans les formes et imprime, ne fut pas publié : défense défenduVpar'ic

expresse en fut intimée au parlement de la part du car- " p ^ u r v ! * 0

dinal de Fleury. Déjà, dès les premiers jours du mois de

décembre 1 7 2 g , le chancelier avait écrit aux gens du roi

de tous les parlements, de ne faire aucun réquisitoire

concernant les libertés de l'Eglise gallicane, sans avoir

auparavant consulté la cour ; il avait même déclaré en

Page 42: Institutions liturgiques (tome_2)__2

436* AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII

INSTITUTIONS termes exprès à l'avocat général du conseil supérieur dc LITURGIQUES • i • J I »

• Roussillon, qu il fallait aller doucement et qu'on n'était pas en position de soutenir cette affaire.

Le Cctte conduite du G o u v e r n e m e n t , opposée au vœu delà gouvernement . , ,- / - M - i ,

royal ne veut magistrature, s expliquera facilement, si Ion se rappelle d<T peur de se la situation du pouvoir royal à cette époque. Sans doute,

avecRoLme^riaîs les maximes qui avaient prévalu depuis longtemps à la 1 1

i^c îcrpe 1 0 c o u r de Versailles, ne permettaient pas qu'on tolérât dans "Truità"* ' e s ^ g ^ s c s ^ u royaume l'usage de la légende de saint

supprimer la Grégoire VII : mais, d'autre part, un éclat contre Rome légende de saint D 7

ôrégoire V I L eût ameuté le parti janséniste, qui ne demandait qu'à se ruer contre cette autorité sacrée que la couronne dc France trouvait encore bonne à conserver. Les pamphlets jansénistes du temps retentissaient des accents de jubilation du parti qui sc croyait à la veille de voir rapporter, par le fait de la suppression de la légende, l'odieuse condamnation dc la proposition XCI dc Quesnel; mais la cour avait besoin de la bulle Unigenitus. pour contenir la séditieuse phalange des nouveaux calvinistes, tandis que, d'autre part, les quatre articles de 1 6 8 2 , en vain révoqués par Louis XIV, lui semblaient le palladium de l'autorité royale. Ce n'était donc ni des mandements déclamatoires, ni des arrêts fanatiques qu'il lui fallait, mais tout simplement une résolution prise à l'amiable par le clergé, de supprimer sans bruit la légende ( 1 ) . Ainsi la cour l'en* tendit; ainsi fut-elle docilement comprise dans toute l'Église dc France; en sorte que jusqu'à la destruction de

n) L'archevêque Je Vintimille- était trop prudent pour s'être mis on avant d'une manière éclatante dans cette affaire. Le ti lévrier i /3o , il écrivait au pape pour le prier de fermer les yeux sur ce qu'il croirait être son affaire dans la question de la Légende, et le priai 1 de considérer combien il lui avait fallu de courage pour ne la pas prohibers comme d'autres, par un mandement. [Xoitvctles ecclésiastiques, r r mai iy3i.) Dans le fait, pour les prélats attachés à la doctrine de tt'iHz, Ja position était bien difficile. Leur réserve dans unc occasion si délicate ne larda pas à leur attirer le reproche de contradiction, de la part des jansénistes.

Page 43: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VU ^.ij

(1) Dès le 3i décembre précédent, l 'Évêque dc Montpellier avait écrit

une première épître au Roi, pour lui dénoncer le danger que courait sa

personne, et pour le supplier de faire faire à la prochaine Assemblée du

Clergé une nouvelle Déclaration des qua t re articles de 1O82, et dc pour

voir à ce qu'elle fût lue désormais tous les ans dans l'Eglise.

l'ancienne société, en 1 7 8 0 , pa-s une église séculière ou 1 P A R T 1 E

7 1 J 1 r 0

t C H A P I T R E XXI

régulière n'avait pu inaugurer le culte du grand pontife '

Grégoire V I L Donnons encore quelques traits de cette

déplorable histoire. L'évêque d 'Auxerre , toujours ardent à la défense de la L'évêque

1 7 ' . d'Auxerre double cause gallicane et janséniste, sentant aussi la fausse présente au

i , , T, , • i i > T - parlement

position de la cour et de 1 episcopat dans leur resolution requête contre i ' t » J * ' ' I e bref qui avait

d ensevelir la légende sans éclat, s agitait cn désespère pour proscrit son

accroître le bruit . U présentait requête au parlement de m â d r e S c I a u e t

Paris contre le bref qui avait flétri son mandement, ayant doléances

préalablement pris l'avis d'un conseil auquel ne siégeaient

pas moins de cent avocats. Peu de jours après, le 11 février

i7*3o, il adressait ses doléances au roi, dans une longue

lettre où il cherche à exciter le zèle du monarque contre

les entreprises de la cour de R o m e ( i ) . Il n'obtint cepen

dant pas l'éclat qu'il désirait ; car, le 1 8 février, le cardinal

de Fleury écrivit aux gens du roi la lettre suivante, qui

montra que la politique du moment était de s'en tenir à la

paix :

« Je n'ai rien à ajouter, Messieurs, à ce que j'écris à Lettre du ' 1

t

7 1 ' cardinal de

« M. le premier président; et je m'en remets aussi aux Fleury aux gens 1 . du roi pour

« ordres du roi, que M. le Chancelier vous communi-défendrede faire TJ rr 1 t • > mention

« quera. Il sumt, dans les conjonctures présentes, que de la requête

« l'essentiel, c'est-à-dire les maximes du royaume, soient mandement de

« à couvert : et la prudence demande qu'on ne cherche pas M - d ' A u x c r r e -

« à irriter le mal , plutôt que de le guérir. Le roi veut,

« surtout, qu'il ne soit fait aucune mention de la requête,

« ni du mandement de M. l'évêque dAuxerre . Il devait

« savoir qu'avant de le publier, il convenait qu'il sût les

« intentions de S. M. sur une matière aussi délicate, et

Page 44: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 3 8 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

' i ) Procès-verbaux du cierge. Tome Vif, page 80,2.

INSTITUTIONS « concerter la manière dont il s 'expliquerait : et il est L I T U R G I Q U E S . , f . *

* « encore plus indécent qu il fasse signer sa requête par

« une foule d'avocats. Ce procédé tient beaucoup plus

« d'une cabale que d'un véritable zèle. »

L'Assemblée du Or Tannée i y 3 o devait voir réunie l 'Assemblée géné-

commencci i raie du clergé, et chacun pensait en soi-même combien P a r

( ' ySc> C rJieTiai alors serait embarrassante la situation des prélats dansecttj

de saint conjonclurc délicate. S'élèveraicnt-ils contre la légende? la Grégoire VIL * o

passeraient-ils entièrement sous silence; Tel était le pro

blème difficile qui restait à résoudre. En attendant, soit

hasard, soit intention, 1 Assemblée s'ouvrit à Paris le 2 5 mai.

Le cardinal de jour même de la fète de saint Grégoire V I L Lc 2 2 juin

\ c^" | in^n ^ suivant, le cardinal de Fleur) ' s'étant présenté à l'Assem-a^no^nce^UC^ bléc, et ayant pris la place du président, Son Éminence,

'ACCUSENT dans un discours sur la situation des affaires ccclésias-

s^UMÎSQ'\CH t J ° l u c s c ' i ^ ^ntre autres choses* «. que personne n'ignorait

b u l l e U n i g c n i t u s ({ avec quel artifice et quelle mauvaise foi les novateurs de favoriser L

r

1

des opinions « cherchaient à répandre d'injustes soupçons contre le contraires , ' . '

à l ' indépendance « cierge de r ranec, comme si, en sc déclarant aussi D ° UYNVITE"™"' « solennellement qu'il a fait en faveur dc la Bulle U n i g e -

s'Vxpîique'^sur « ttitits, il eut eu intention secrète de favoriser des opinions

cette ca lomnie . w a u s s j injurieuses à l'indépciidanec du pouvoir temporel

« de nos rois, qu'opposées aux anciennes maximes que les

« évêques de France avaient, dans tous les siècles, si

« constamment défendues; que. quoique cctte indigne

T< accusation ne fut pas revêtue de la plus légère ombre

« de vraisemblance, il lui paraissait cependant que, pour

« ôter à leurs ennemis lc dernier retranchement qu'ils

« avaient imaginé pour affaiblir l 'autorité des jugements

« prononcés contre eux, il était de l 'honneur du clergé

« de s'expliquer sur cette calomnie d'une manière à leur

« fermer la bouche et à découvrir toute leur mali-

< gnité (i). »

Page 45: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII

(1) Procès-verbaux du clergé. Tome VIL page 8 0 4 .

L'archevêque de Paris, Charles de Vintimille, dans sa 1 PARTIE

, . CHAPITRE XXI

réplique au cardinal, répondit en ces termes sur 1 article T;—; * 1 1 L'archevêque

en question : de Paris répond a A l'égard de nos maximes sur lc temporel de nos pour protester

^ t r- i M ' - . ' i J • • de l'attachement

« rois et la fidélité que nous leur devons, qui est-ce qui de rassemblée

« les a plus à cœur ct qui les annonce avec plus de zèle a u X r o y a u m e d u

« que le clergé de France ? Vous savez. Monseigneur, ct ^ u ' e n e ^

« j'avais eu Thonneur dc vous le dire en particulier, ce donnera des

« que pensent tous ceux qui composent cette illustre éclatantes.

« Assemblée, qui avait résolu de ne point se séparer sans « s'expliquer d'une manière à fermer la bouche à un parti « opiniâtre qui, dans le temps qu'il méconnaît l'autorité K de l'Eglise et celle du roi, ose se couvrir d'un prétendu « zèle pour ces mêmes maximes (*r). »

Nous ne tarderons pas à voir comment l'Assemblée se L'évêque t

• d'Auxerre écrit à

tira de ce pas difficile : mais, en attendant la décision, un rassemblée

incident remarquable la força dc prendre position sur le e t 1 dc^avTr a n d e

fait même de la légende. L'évêque d'Auxerre avait ima- scandaleuse

giné d'adresser une lettre à l'Assemblée, pour lui remontrer e n t R o , r

n | e d e

l'obligation où elle était de sévir contre la scandaleuse entreprise de Rome, et ramenait dans l'affaire la condamnation de la proposition XCI de Quesnel, L'Assemblée, ayant refusé d'entendre la lecture de la lettre, prit les résolutions suivantes que nous empruntons à son procès-verbal :

« La Compagnie a unaninement témoigné qu'elle avait ^ ^Réponse^

« un juste sujet de se plaindre de la conduite de monsei-« gneur l'évêque d'Auxerre, qui croyait devoir exciter le « zèle de l'Assemblée pour le maintien des droits sacrés « attachés à l'autorité royale, comme si elle méritait « d'être soupçonnée d'en manquer.

« Queccttsconduite demonseigneurTévêque d'Auxerre Reproches J J Ï 1 , qu'elfe adresse

a était d autant moins convenable, que ce prélat s i n g e - à M . d'Auxerre

Page 46: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 + 0 AFFAIRE DE EA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

(1) Procès-verbaux du clergé. Tome VIL page iot"»u.

issTiTïi-noxs « rait à faire des exhortations à unc assemblée qui n'en

— — « avait pas besoin, ct dont il ne pouvait ignorer les senti-qui, rebelle 1 . . r , °

envers l'Eglise, « ments; tandis qu il était lui-même dans une desobeis-là m e m e ^ n v e r s « sanec ouverte à l'autorité dc l'Église, dont il rejetait les

l e n ) I * « décisions; qu'il se trouvait par là réfractairc aux ordres « du roi, qui, comme protecteur de l'Église, employait « son autorité à cn faire exécuter les lois.

M. d'Auxerre « Que l'Assemblée comprenait, sans peine, que le n'a écrit T • ^' • n * j>*

à l'assemblée « motif qui avait porte monseigneur l eveque d Auxorrc a ssedonncr 'a

ff lui écrire, n'était que pour sc donner la liberté de parier^nntre la

K s'élever contre la constitution Unigeniius; mais que ce

T T . b u . J I c . « n'était pas sans indignation que l'Assemblée voyait Umgcmtus, qui . , , . ,

n'a aucune « à quels excès il s'était ci-devant porté contre un juge-liaison avec les 1 . - - n i

maximes « ment dogmatique de 1 Lghsc universelle, auquel tout rinîïependancc « évêque, comme tout fidèle, doit adhérer dc cœur et

de la couronne de France. « Cl esprit.

L'Assemblée « Que l'Assemblée, au surplus, était justement scanda-refusc même , , m i t - .

d'entendre « lisec de ce que ce prélat prétend qu il y a une liaison l a l c cietï«. d l î S a w entre la constitution Unigeniius ct l'opinion qui combat

« l'indépendance dc nos rois ct dc leur couronne, en ce « qui concerne le temporel : enfin que, par toutes ces « raisons, l'Assemblée ne devait point permettre qu'on « lût la lettre que monseigneur l'évêque d'Auxerre lui « avait adressée (i). »

Adresse à Peu de jours après, l'Assemblée eut a s'occuper de la Louis XV, dans . ^ , * , , , ^ . . . . , . ,

laquelle lettre que 1 eveque de Montpellier avait écrite au roi, le ^ ' f u s t l f e d u " 3i décembre 1 7 2 g , au sujet dc la légende, et dans laquelle d'ind^lfercncc ^ cherchait à jeter des nuages sur les intentions des pré-

P d c S a Majesté1* ' a t s ^ u x n , a v a * c n t P a s J u8^ * propos de prohiber, par insinué au mandements, le culte de saint Grégoire VIL Jalouse dc

roi par une , , ^ .

lettre de se justifier du soupçon d indillercncc pour les droits dc Montpellier. Sa Majesté, l'Assemblée arrêta lc plan d'une adresse ù

Louis XV, qui fut rédigée et signée sous la date du

Page 47: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE Y H 4 4 1

11 septembre. Les prélats s 'y plaignaient amèrement des 1 PARTIE

R 1 J U CHAPITRE XXI

insinuations de l'évêque de Montpellier contre leur • fidélité, et disaient entre autres ces paroles remarquables :

« C'est par de vaines déclamations et par des imputa- Plaintes 1 , A • ameres contre

« tions calomnieuses, que M. l'évêque dc Montpellier M. de . - . ' , , • * i» t_ Montpellier,

« croit pouvoir laire oublier ses excès, et couvrir, a 1 ombre rebelle depuis

« d'un zèle amer et déplacé, les erreurs qu'il débite, et le SrÉgHse.d

« scandale qu'il cause dans l 'Eglise. Cet artifice n'est pas

<( nouveau; tous les sectaires l'ont mis en usage; les

« ennemis de l'unité s'en servent aujourd'hui, et leur des-

« sein est aisé à pénétrer. Occupés depuis seize ans à

« soulever les magistrats et les peuples contre l'autorité

« de la constitution, et à rendre méprisables ceux qui

« l'ont reçue, ils ont saisi l'occasion de la LÉGENDE DE GRÉ- Les jansénistes, , pour avancer

« GOIRE V I I ; légende qui na été adoptée dans votre leurs affaires, saisi ssent

« royaume par aucun évêque, et dont Vusage n'a été et \Q prétexte de l à » j j • * M t légende dc saint

« ne sera permis dans aucun dc nos diocèses : ils ont cru Grégoire vu, « pouvoir,pardesreflexionsmaligncsctcaptieuses, rompre p C U t

q jn l

q

n

u

C i é te r

« l'union et le concert qui régnent entre les deux puis- personne, i » r puisqu elle ne

« sances, et, à la faveur des divisions qu'ils tentent d'exci- s e r a jamais

7 1 reçue dans « ter, se mettre à couvert dc l'une et de l 'autre; ils ont aucun diocèse

. . . . . du royaume.

* voulu, par une diversion sur les contestations qu ils « s'efforcent de réveiller, faire perdre de vue l'intérêt « commun de l'Eglise et de l 'Etat, qui consiste à conserver « l'unité de la foi, et à ramener ou à soumettre ceux qui « la violent.

<« On affecte, Sire, de mettre une indifférence entre la Lesdroi tsdu roi

« puissance de Louis XIV et la vôtre : c'est un trait éga- ^lueux**

« lement injurieux à Votre Majesté et à votre auguste dfi a ^ c s ^ m é s 1

« bisaïeul : héritier de son trône et de ses vertus, devenu " Î ? y c n 1 / L „ ' sa ci i spos t non

« Tamour de vos peuples en naissant, sans avoir jamais pour les 1 r 7 ' soutenu*.

« éprouvé aucune contradiction, ni domestique, ni ctran-« gère, que pourrait-il manquera Voire Majesté, pour « soutenir ses droits, comme il soutenait les siens? Mais,

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4 4 2 A F F A I R E DE LA LEGENDE DE S A I N T GREGOIRE Vil

Gravite de la Voilà sans doute quelque chose de positif. Point de I C b 0 e n t c o r p * l , b C mandements contre la légende dc saint Grégoire VII, que parS^sseniNée, l'Église gallicane appelle ici simplement Grégoire VIL le cuite^c hcc r iui ^ a n s une occasion où il s'agit précisément du cal te décerné

^appeler* 0 ^ c e sa*n* pontife, protestant ainsi contre le martyrologe

Grégoire vu, ct e t contre l'autorité qui promulgue le calendrier catholique; de sc mettre t . . . .

ainsi en point de mandements individuels et passionnés; mais la désobéissance t , . . 1

iiaprantc rcsolution prise, en corps, froidement et d autorité, par auSaint-biegc. p a s s c m ] ; ) j ( t C ï d'étouffer ce culte, d'arrêter reflet des volon

tés apostoliques; dc sc mettre, par une désobéissance flagrante au Saint-Siège, dans une situation analogue k celle de l'évêque d'Auxerre,dont on signalait l'esprit de révolte. Sans doute cctte désobéissance de l'Assemblée aux ordres du pape, n'avait lieu que sur un point de simple discipline; mais crojrait-on pouvoir conserver longtemps dans le clergé les liens de la subordination, quand on les brisait si aisément à l'égard du pontife qui, d'après la doctrine même de 1 6 8 2 , rend les décrets qui obligent toutes les Églises? Rome dissimula l'outrage; mais elle maintint courageusement la légende. Un siècle s'est écoulé depuis, et voilà qu'une auréole de gloire environne le nom de ce Grégoire VII que l'assemblée refusa d'appeler saint, et la voix publique salue avec acclamation celui dont les prélats dc 1 7 3 0 sc faisaient honneur d'avoir banni la mémoire dc leurs diocèses (2). Certes, si la patience de Dieu

(1) Procès-verbaux du clergé. Tome VII, page 1 0 7 4 .

(2) Et remarquez qu'en condamnant simplement à l'oubli la mémoire dc saint Grégoire VII, l'Assemblée prétait le flanc à ses adversaires les jansénistes, qui étaient en droit dc lui reprocher dc ne prendre que des mesures négatives à l'égard d'une entreprise romaine contre laquelle elle croyait pourtant devoir réclamer. Lc parlement de Paris prépara donc un arrêt contre l'adresse et l'on vit paraître peu après une brochure sanglante intitulée : La cause dc VKtat abandonnée par le clergé de France, ou Réflexions sur la Lettre de VAssemblée du clergé au Roi. du I T septembre 1 7 ^ 0 . In-4 0 , de 68 pages.

INSTITUTIONS « e n i c s soutenant, ce grand roi n'oublia JAMAIS les L I T U R G I Q U E S 9

7 . . . .

« sages ménagements que la religion inspire (i). »

Page 49: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE EA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

tout ce que la conduite de ses collègues contre la légende

de saint Grégoire VII renfermait de contraire à l 'honneur

du Siège apostolique, et malgré tout réloignement qu'il

professait pour la personne et les doctrines de l'évêque de

Montpellier, il osa refuser de prendre part à la délibéra

tion qu'on tint au sujet de la lettre de ce prélat au roi, et

dans laquelle on concerta l'adresse dont nous venons

de parler. Son isolement à l'égard de tout ce qui se passa

dans cette affaire est expressément attesté dans le procès-

verbal dc l'Assemblée (1) .

Nous ignorons comment il se put faire que ce prélat, Maigrécette résistance, ce

qui avait refuse de partager avec ses collègues la respon- prélat / j n 1 1*1 ' » v t • -\r-xr c s * choisi pour

sabilite de 1 adresse qu ils présentèrent a Louis XV pour haranguer

l'assurer de la fidélité qu'ils lui garderaient aux dépens de nvssenibîée.

même de l'obéissance jurée au Saint-Siège, fut néanmoins

choisi pour rédiger et prononcer la harangue au roi,

par laquelle se terminaient d'ordinaire les Assemblées du

clergé. Quoi qu'il en soit, cette harangue courageuse et

indépendante roulait uniquement sur les maux de l'Église.

L'évêque de Nîmes y signalait avec une éloquence apos

tolique les entreprises des magistrats contre la liberté {[) Page 1 0 7 3 .

est d'autant plus imposante qu'il en puise le motif dans 1 PARTIE 1 1 , 1 X ' / CHAPITRE XXI

son éternité, combien est sublime celle de sa noble épouse, -

notre mère, la sainte Église romaine, dont le temps verj-

gea toujours l'injure !

Cette adresse déplorable était signée de quatorze arche- Jean-César de ' - i n 4 i 7 ' 4 J j • r j • La Parisièrc,

veques et eveques de 1 Assemblée, et de dix-ncur députes évêque de

du second ordre. Un seul nom y manquait. C'était celui qui maintenait

de Jean-César de La Parisière, évêque de Nîmes. Ce r o m a ^ ^ a n s s o n

prélat, zélé contre ie jansénisme et honoré de la haine de Église malgré

la secte, fut un de ceux qui osèrent maintenir le Bréviaire des innovations, , , , . . . i n . • i • refuse seul

romain dans leurs églises, au milieu de 1 innovation litur- de signer cette

gique. Dans l'Assemblée dc 1 7 0 0 , il vit de bonne heure a i e s s c '

Page 50: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 4 4 AFFAIRE DE EA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

(ij Procès-verbauxy page \rm.

INSTITUTIONS ecclésiastique et l'insolence de la secte janséniste, enhar-H T U R G I Q U E S 1 '

• nie par une telle protection; et, rappelant l'obligation pour un roi chrétien de défendre le clergé, il disait ces belles paroles :

Il proteste « C'est pour cela, Sire, que votre t rône, qui, depuis noblement dans , . - r , , , «

sa ha rangue « qu un saint Pontife le consacra, en arrachant le grand p n f a v e u r de la / n * • » • • / / / » /

liberté et des {( CIovis au paganisme, n a jamais e teproianepar 1 erreur,

/^V,'-11!!"^5, < ( c s t u n e ressource si sure et si nécessaire pour nous, et de l 'Eglise, de _ r i plus en plus « que le droit qu'il vous a donné de nous protéger est

menacées par les x L , u

magist ra ts . « le plus auguste de tous vos titres. Nous venons à vous

« pour maintenir l 'ouvrage de Jésus-Christ même, et

« pour nous conserver la liberté d'un ministère dont

« l'usurpation et la violence peuvent bien arrêter

« l'exercice, mais qu'on ne saurait essentiellement nous

« ravir.

« Tout ce qui n'est qu 'humain peut être à la merci des

« hommes; mais pour lc dépôt de la foi, et notre juri-

« diction qui cn est une suite nécessaire, c'est notre tré-

« sor, notre gloire, notre engagement : nous ne pouvons

« jamais consentir qu'on nous l'enlève; nous en sommes

« redevables à Dieu, à l'Eglise, aux peuples, à Votre

« Majesté, DONT LE RÈGNE EST FONDÉ SUR LA CATHOLICITÉ,

« et doit toujours se soutenir sur les mêmes prin-

« cipes (i). »

Ce discours C'était le dernier soupir dc l'antique liberté qui s'exha-1 dTrantique' r lait dans ces fortes paroles : Voire Majesté, dont le règne

U b d c F r a n c e . 1 ^ e s t fondé sur la catholicité. Jamais plus un seul mot dans

les actes du clergé français ne rappela cet axiome de l'an

cien droit dc la chrétienté, qu'une nation catholique ne

pouvait être gouvernée que par un prince catholique.

Avant la tin Ce mot si court, si simple, mais si profond que l'évêque

l 'attentat de Nimcs avait jeté dans sa harangue, était d'ailleurs la C°cTrcons"ancettC seule allusion qu'elle renfermât à l'affaire de la légende dc

Page 51: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII a.<\5

plus de dél pontife qu

élicatesse tout ce qui s'était fait contre l'héroïque ; , . * v P a r I a royauté

m'en rappelant, en présence du roi même, qu il et le clergé . . . . était puni par

y avait encore quelque chose au-dessus de sa couronne : l'abolition de 1T

l'intérêt de la catholicité. Certes, la harangue ferait dignité royale,

oublier l'adresse, si on n'était contraint de voir dans la

harangue le fait d'un seul évêque, et dans l'adresse la

résolution prise et observée, jusqu'à la fin, par les repré

sentants du clergé d'alors, d'anéantir le culte de saint

Grégoire VIL Or ceci se passait en 1 7 3 0 ; et avant la fin

du même siècle, cette royauté qui avait voulu être ina-

missible, était déclarée abolie à jamais. Lc successeur de

Louis XV, atteint du vertige dont Dieu semblait avoir

frappé ceux de sa race, après s'être vu entraîné à sane-

tionner des actes qui anéantissaient l'Eglise, montait sur

un échafaud, sans que sa loyauté, sa vertu, ni son repentir,

fussent capables de sauver les principes monarchiques

éclipsés pour de longues années encore, tandis que,

ramené en tr iomphe, saint Grégoire VII reparaît avec La mémoire r • , t . r^i 1 tic saint

une majesté inouïe et partagera désormais avec Lnarle-Grégoire vu est magne le titre sublime de fondateur de la société euro- ^habuftée!

péenne.

Il nous tarde de finir le honteux récit des outrages L'évêque >

, , . — de Montpellier

qu eut a subir en France, au xvin n siècle, la mémoire publie une

de l 'incomparable pontife, Hàtons-nous donc de dire ^"conTrek^

que l'évêque de Montpellier, dans son courroux contre h a r ^ ] u c d e

l'Assemblée qui avait refusé de s'associer à ses fureurs, t l e N î m e s -

attaqua violemment son collègue l'évêque de Nîmes,

dans une lettre pastorale, en date du 3o novembre 1 7 3 0 ,

où il s'efforce de montrer la contradiction, évidente en

effet, entre la harangue du prélat et l'adresse de l'Assem

blée au roi. « Dans la harangue, dit-il, on donne pour

« maxime que le règne de Sa Majesté est fondé sur la

« catholicité, et qu'zV doit toujours se soutenir sur les

« mêmes principes ; d'où il est aisé de conclure que si un

saint Grégoire V I I : mais on ne pouvait désavouer avec ' P A R T I E

° C H A P I T R E X X t

Page 52: Institutions liturgiques (tome_2)__2

dc

4 4 6 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

iTunoNs « prince avait le malheur de tomber dans l'hérésie, le J R G 1 Q U E S r 7

* pape serait en droit de le déposer, et les peuples seraient Le parlement « dispensés de lui obéir ! » D'un autre côté, le parlement e Paris, prêt à . , . . , .

procéder de Pans , soulevé d indignation, préparait une procédure harangue'est contre la harangue, et faisait faire, par son président, des l e a au\ i tnat r de remontrances au roi sur 'les principes attentoires à la

Fleury. majesté royale que l'orateur y avait professés : tout faisait présager un orage. L'esprit pacifique du cardinal de Fleury parvint, cette fois encore, à l'apaiser, ct le roi s'en tint à déclarer au parlement qu'il évoquait l'affaire à son con-

En résumé, la seil. Tout se termina là ( i ) ; les vagues tombèrent peu France demeure , .

en dehors t a peu; mais la rranec demeura cn dehors de la - cathode la catholicité, . . ^ < . A .

quant au licite, quant au culte d un saint pape. On put voir alors sïïn^papê. t o u t I e chemin qu'on avait fait depuis 1 6 8 2 .

Histoire dc lu Si nous recherchons maintenant ce qui se passait dans légende . , _ "

de saint plusieurs autres contrées de 1 Europe, au sujet de la hors^S^Fraucc. Légende, nous rencontrons des faits singulièrement

humiliants pour nous autres Français; il est triste, en effet, de voir les adversaires de l'Église et les hérétiques eux-mêmes s'unir à nous pour anéantir le culte d'un saint.

Naples avait eu la gloire dc porter le premier coup au Ridicules (0 Nous ne pensons pas devoir ennuyer lc lecteur du récit des cla-

clamcurs des meurs que poussèrent les jansénistes au sujet d'un tableau que le car-à proposer un d\wà\ ^ c Bissy avait placé dans sa cathédrale de Meaux, représentant tableau placé un pape assis sur son trône, rc\ctu pontilicalement et remettant un

P?1" c a r d l l i a * globe à un empereur découvert et incliné. Ce pape était Benoît VIIL et de Bissy dans r» r r r J sa cathédrale dc cet empereur saint Henri II, patron du cardinal de Bissy. L'évêque de

Meaux. Montpellier, qui revient sans cesse sur ce sujet dans sa volumineuse correspondance, voulait voir dans ce pape saint Grégoire VII, et dans cet empereur Henri IV. On ne saurait s'imaginer toutes les extravagances que cctte idée lui fait dire, et que le parti répéta sur tous les tons. Quand enfin ils eurent reconnu que ces clameurs étaient ridicules, attendu qu'il n'est dans toute la vie de saint Grégoire VII aucune circonstance à laquelle le tableau pût faire allusion, on se retrancha dans l'accusation do mauvais citoyen, contre le prélat qui osait mettre sous les yeux du peuple un tableau où la majesté royale était ainsi abaissée devant un pape.

Page 53: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE Vil 4 4 7

Siège apostolique dans cette déplorable circonstance. Cette 1 PARTIE

.„ -J: • t 11 - CHAPITRE XXI

ville et son Etat appartenaient alors a 1 empereur, q u i — L a i -g d — v entretenait un vice-'roi. Ce personnage, nommé le comte prohibée dans le j TT t_ * i n - J i i / J royaume de

de Harrach, ayant eu connaissance del entrée de la légende Naples.

dans ce royaume, s'empressa d'en dénoncer la publication

au tribunal napolitain dit du Collatéral, où on ne man

qua pas de la traiter comme un délit, et le vice-roi, le

o mars 1 7 2 9 , adressait à son souverain un long rapport ,

dans lequel, .après avoir discuté longuement les graves

dangers qui s'ensuivaient tout naturellement pour la cou

ronne impériale du seul fait de la légende, il s'exprimait

en ces termes :

« De tous ces grands et insupportables préjudices, qui Lettre du comte

« naissent en général de la publication des susdites leçons ^-ice-Voi^'

« contre l'indépendance de la souveraineté, et en parti- £ fe^fpeVcur,9,

« culier contre les droits royaux de Votre Majesté, comme d a

r

1

e

s

n j a

t ^ p ^ l i

« empereur, il nous paraissait s'ensuivre naturellement Je sa conduite f , . en cette

« qu'il était du devoir de notre charge qu'imitant la cou- occasion.

« tume et l'adresse de la cour romaine, nous eussions

« défendu ces leçons, ordonnant aux évêques dc ne les

« point insérer dans les bréviaires. Mais ayant fait ré-

« flexion que nonobstant cette défense, les ecclésiastiques

« auraient continué de les réciter, et que la prohibition

d'un office aurait causé du scandale à ce peuple trop

« superstitieux, et que la cour de Rome, profitant de ce

« mécontentement, aurait suscité d'autres inconvénients

« qui nous auraient après obligés à prendre de plus grands

« engagements, le tribunal du Collatéral fut d'avis de ne

« point défendre de réciter les leçons, et qu'il était même

« plus à propos de ne faire paraître aucun ressentiment,

« pour ne pas faire connaître aux simples et aux ignorants

« le venin caché qu'elles renferment, et qu'il suffirait

« d'ordonné?- que les imprimeurs fussent emprisonnés et

« tous les exemplaires fussent suppr imés; et cela, sur le

" seul motif qu'on avait introduit, réimprimé, vendu

Page 54: Institutions liturgiques (tome_2)__2

44$ AFFAIRE DE EA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII

unies

INSTITUTIONS K C C s leçons sans ma permission, ct celle du Collatéral. I J T l î R t i l Q M K S * •

ft contre la Pragmatique de ce royaume, d'autant plus « qu'elles étaient imprimées avec la permission des « supérieurs ecclésiastiques, quoiqu'on n'eût pas permis « de la donner. »

L'archevêque Après la prohibition dc la légende de saint GrégoireVII, îruTredu P a r ^ c vice-roi de Naples, vient celle que fit, peu de jours

MgcTdeparun après, l'hérétique archevêque d'Utrccht, Corneille-Jean mandement Barchman, par un mandement en date du 1 2 mai 1 7 3 0 .

du i'* m a i iysot . A

encore plus U tient dans cctte nièce scandaleuse le même langage que scandaleux que J , *

ceux des nous avons remarque dans les mandements des eveques d^Atixerre, d'Auxerre, de Montpellier, de Troyes. Ce sont les mêmes

deMontpcllieret . . , , r , t l l £ , , A

de Troyes. injures grossières contre le chef dc 1 Eglise, le même mépris de ses ordonnances. « Si la loi de la prière, dit Barchman, doit établir celle de la foi, les évêques sont « obligés de veiller pour empêcher que rien ne sc glisse-« dans les prières publiques qui puisse corrompre insen-« siblcment la loi de la foi. Si on lit dans l'Église This-« toirc des saints, afin qu'en considérant la fin de la vie de « ceux qui nous ont annoncé la parole de Dieu, nous imite lions leur loi ct nous suivions leurs exemples, d'autant « plus dignes d'être imités, que la piété y paraît d'une « manière plus excellente; il faut prendre garde de ne « rien louer dans les divins offices, que nous ne devions « approuver ct imiter même, lorsque l'occasion s'en pré-« sentera. »

Cette Le mandement sc termine par ces paroles : « À ces motivée par « causes, pour défendre la doctrine dc l'Eglise catholique

de donner aux « par rapport à la distinction des deux puissances; pour dwprolTnccs ff c o n s c r v c r autant qu'il est cn nous, à la puissance civile,

d e S l n d ^ i t | U V e ff s o n î , l c ^ P e n ^ a n c c de ' a puissance spirituelle : pour « donner à nos seigneurs les Etats généraux, suprêmes « modérateurs de notre république, des preuves dc la « fidélité que nous leur devons, sans affaiblir cn rien lc « respect que nous devons au Saint-Siège apostolique.

Page 55: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4 4 9

« nous défendons de réciter l'office de saint Grégoire VIL 1 P A R T I E

. • . . . C H A P I T R E X X I

« tant publiquement dans les églises qu'en particulier, à « tous- ceux qui sont obligés aux heures canoniales. « La grâce de Dieu soit avec vous tous. Ainsi soit-il. ».

Lorsqu'un prélat qui se prétendait catholique, malgré L c

, * r 1 r gouvernement

l'Eglise, se livrait à de pareils excès, il nV a plus lieu de dcsProvinccs-° 7 r ^ Unies suit

s'étonner qu 'un gouvernement protestant ne voulût pas l'exemple des , * . , , princes

demeurer en retard et se ruat avec violence contre la catholiques et •> i i v « t * détend

mémoire du saint pape. Le n est donc pas la ce qui doit i a légende,

nous surprendre ; mais ce qui est humiliant, c'est d'être

forcé de reconnaître que ce gouvernement protestant,dans

ses mesures hostiles à notre foi et aux objets de notre

vénération, ne se montre pas plus hostile que diverses

puissances de la communion romaine. Voici l'arrêt que les

États généraux des Provinces-Unies firent publier ct affi

cher, dans toutes les villes de la confédération. Il est daté

du 2 0 septembre i^o.

« Les Etats de Hollande et de West -Fr ise , à tous ceux Édit des États •» de Hollande

« qui ces présentes verront, salut. e tde West-Fr is

« Comme nous avons appris qu'on abuse de notre a L C S L 1 , c t*

« indulgence à conniver l'exercice du service divin des

« catholiques romains, sans faire exécuter à divers égards

« les placards émanés ci-devant contre cet exercice, jus-

« qu'au point qu'on imprime publiquement, dans notre

« pays de Hollande et de Wes t -F r i se , pour l'usage des

« églises romaines, soit séparément, soit avec ou à la fin

« de ce qu'on appelle Direciorium ou bréviaire, l'office

« ainsi nommé du pape Grégoire VII , arrêté à Rome par

« l'autorité papale, le 2 5 septembre 1 7 2 8 ; quoique ledit

« office exalte comme une action louable l'entreprise dc ce

« pape, pour avoir excommunié un empereur des Romains,

« privé ce prince de son ro} raume et absous ses sujets de

« la fidélité qu'ils lui avaient promise, et qu'on ne puisse

« ignorer que diverses puissances de la communion

« romaine regardent cette entreprise de Grégoire VII

Page 56: Institutions liturgiques (tome_2)__2

45o AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GREGOIRE Vif

INSTITUTIONS « comme si séditieuse, si contraire à- la tranquillité LITURGIQUES ' < *

« publique, et d'une suite si dangereuse, qu'elles ne périt mettent pas qu'on en fasse aucun usage dans leurs « royaumes ct Etats.

« A ces causes, après une mûre délibération, nous « avons jugé à propos, pour la conservation de la tran-« quillité commune, ct pour la sûreté de la régence et de u la véritable religion réformée, de statuer ct d'ordonner « contre les entreprises et les machinations des adhérents « du Siège dc Rome, comme nous statuons et ordonnons « par la présente :

Défense d'user « Premièrement, qu'on ne pourra faire le moindre office mOme en « usage dans notre pays de Hollande et dc West-Frise,

particulier. ^ g o j t e n public, soit en particulier, dudit office du pape « Grégoire VII, sous peine que les prêtres catholiques « romains qui y contreviendront, seront pirnis sans aucune « rémission comme perturbateurs du repos public, « et que les églises de la religion romaine, cha-« pelles ou autres assemblées dans lesquelles on fera à « l'avenir usage dudit office, seront fermées pendant six « mois.

Défense de « En second lieu, qu'on ne pourra réimprimer dans réimprimer cet .. , . , , ..

office « notrcdit pays, ou y apporter du dehors ledit oïlicc. « pour y être débité ou vendu, soit séparément, ou tel « qu'il est imprimé à la fin dudit Directoviitm de la Messe « et autres cérémonies de l'Eglise romaine, et qu'on ne « pourra faire aucune mention dudit office dans les édi-« tions suivantes dudit Diveclorlum ; lc tout sous peine « d'une amende de mille llorins contre celui qui y con-« treviendra, dont la moitié appartiendra a l'officier,' (f ct l'autre au dénonciateur, et d'être privé de son « trafic.

« Chargeant et ordonnant a tous officiers, juges et jus-u liciers dc notredit pays, d'exécuter ct de faire exécuter « notre présent placard et commandement, et de procéder

Page 57: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4 5 I

(:) GALETTE DE HOLLANDE, 3 octobre 1 7 0 0 .

( . t ) ESSAI SUR LES LIBERTÉS DE VEGLISE GALLICANE, j n t g e 1 m .

« et de faire procéder sans aucune grâce, faveur ou dissi- 1 VAUTIK

1 , C H A P I T R E X X I

t mulation, contre ceux qui y contreviendront; nous vou-« Ions qu'il soit publié et affiché partout où besoin sera. « Fait à La Haye, le 2 0 septembre 1 7 3 0 ( 1 ) . »

Nous trouvons, en 1 7 5 0 , une circulaire partie ducab i - La légende de

net impérial, et adressée aux évêques des Pays-Bas, leur Grégoire vu , . , , . . , . proscrite

enjoignant de supprimer au bréviaire 1 omeç de saint dans les

Grégoire VIL Le clergé de Belgique, déjà mécontent du autAchlcns^n

joug autrichien, ne paraît pas avoir mis une grande L 7 ° O C T L 7 I 4 -

impor tance 'à cette prohibit ion, puisque, suivant l'abbé

Grégoire ( 2 ) , lc gouvernement de Vienne fut obligé de

renouveler la proscription de la légende, en 1 7 7 4 . Il est

inutile, sans doute, de faire observer que Joseph II se mon

tra impitoyable contre le culte du fougueux Hildebrand;

au reste, saint Grégoire VII ne fut pas le seul saint pon

tife qu'il poursuivit au bréviaire. On cite, sous la date de Hn 1 7 S 7 , x L

t suppression de

1 7 8 7 , une ordonnance de la régence de la basse Autriche, certains

supprimant, au Bréviaire des chanoines réguliers, divers BrévUure des

t passages de l'office de plusieurs saints papes, entre autres réguiVers^de

celui-ci dans la cinquième leçon de saint Zacharie, au S a i n t ' A l l . " u s t i n -

i5 mars : Considius a Francis, regnum illud a Chilperico

viro stupido et ignavo, ad Pipinum pietate etfortitudinc

prœstantem auctoritate Apostolica translulit. Cet office

de saint Zacharie n'est pas au Bréviaire romain proprement

dit, mais fait simplement partie des offices propres du

clergé de la ville de Rome.

Pour en revenir à la légende dc saint Grégoire VI I , elle La légende de

a fini néanmoins par t r iompher, en Autriche, du mauvais Grégoire vu

vouloir des gouvernants, à la condition toutefois de subir, trionip^cren

de par la police, une ridicule formalité. Nous ignorons à maisaprt^avoir

quelle époque précise a été statuée cette condition ; mais minutions,

tous les bréviaires romains imprimés dans les États de

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4 5 2 AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII

INSTITUTIONS l'Autriche depuis lc commencement de ce*siècle, qui nous

sont tombés entre les mains, sont remarquables par unc mutilation très-curieuse. Elle consiste d'abord dans la suppression de ces paroles qui terminent la cinquième leçon : Contra Henrici Jmperaloris impios conatus, for-lis per omnia athleia impavidus permansit, seque pro maro domiti Israël ponere non timuit, ac eumdem Henri-cum in profundum malorum prolapsum* jidelium corn-munione, regnoque privavit, atque subditos populos fuie ei data liberavit.

La censure Enfin, la censure impériale, franchissant toutes mesures,

ne purinctpius n o n contente d'avoir à jamais assure la couronne des

n/JnieXnsSune Césars contre les entreprises de la papauté, ct garanti

brivmkeVu"un a * n s * rinamissibilité du trône dc tout envahissement de mandement la liturgie: la censure, disons-nous, a décrété cn même

i]u un empereur . . . peut manquer temps Vimpeccabilité impériale ; ce qui a bien aussi son u ses devoirs. . T . .,

mente pour ce monde et surtout pour lautrc. La sixième leçon est donc maintenue dans son entier, sauf un seul mot : Pépithète iniqui appliquée à Henri de Germanie ! Rome et toutes les églises qui obéissent à ses décrets sur la Liturgie, lisent cum ab I N I Q U I Henrici exercitu Romce gravi obsidionepremeretur ; dans les États d'Autriche, il faut imprimer et lire simplement : Cum ab Henrici exercitu Romce, etc. Ceci ne rappellc-t-il pas tout naturellement ce qui se passa à Milan, il y a quelques années, quand on vit un mandement du cardinal-archevêque, à l'occasion dc la mort dc l'empereur François II, repris par la censure, parce que le prélat y exhortait les fidèles à prier pour un souverain bien-aimé qui, malgré toutes ses vertus, pouvait néanmoins avoir contracté quelques taches dc l'humaine faiblesse ?

La mémoi re Nous voyons encore, uu xviu e siècle, la mémoire de Grég(drû n vn saint Grégoire VU outragée dans un État catholique, en

en l'omuS Tpar ^ o r t u g a ' - U n c parait pas cependant qu'on y ait proscrit. r.. u? e ,- la légende; mais un homme plus téméraire, Antoine dissertation ° 1 1 7

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AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VIT 453

(1) Lisbonne, 1 7 7 5 .

Pereira de Figueircdo, entre les nombreux écrits qu'il 1 MUTIR

° , r » ' C H V P I T R E XXI

publia contre les droits de l'Eglise et du Saint-Siège, con- — T T " . r . injurieuse sacra une dissertation spéciale à combattre la personne ct d'Antoine

. . ^ Pere ira les écrits dc notre saint pontifc,sous centre: De Gestts et de Figueircdo.

scriptis Gregorii VIL C'était, assurément, un outrage parti de bien bas, que celui qui provenait d'un homme auquel son attachement à la cause du Saint-Siège avait d'abord valu la disgrâce dc Pombal, ct qui devenu, sans transition, l'enthousiaste prôneur de ce ministre, l'un des plus infâmes persécuteurs de l'Eglise, se montra l'ignoble flatteur d'un aussi pauvre souverain que lc fut Joseph I e r . Non ; le caractère apostolique de saint Grégoire VII indigne

. . . . caractère de cet

n avait rien de commun avec 1 ex-oratonen qui applaudit écrivain

a l'atroce supplice de Malagrida, ct dont la plume vénale écrivit les fades pamphlets intitulés : Parallèle d'Auguste César et de Don Joseph, roi magnanime de Portugal, et Vœux de la nation portugaise à l'ange gardien du Marquis de Pombal ( i ) .

Le xix e siècle a bien fourni aussi quelques insultes Ces attentats

à la mémoire du saint pontife. Sans parler des blas- pontife i * , j , r • i i • continuent au

phemes qui plus d une fois , au parlement anglais, x i x i . s\iC\c

sont partis des bancs' des Pairs ecclésiastiques, contre la personne du fougueux Hildebrand, il cn est dont les pa3rs catholiques ont été le théâtre. Commençons par l'Italie.

Jusqu'en 1 8 1 0 , l'office de saint Grégoire VII n'avait Napoléon fait

cessé d'être célébré dans les églises des divers diocèses par son ministre

dont se composait lero3 raumc d'Italie. L'excommunication p rcn?nenciiCau\-

encourue par Napoléon, cn 1 8 0 9 , le rendit inquiet à r o ya^K l'excès, et l'on sait en général-combien démesures perse- ^ ^ " n ^ i c

cutrices pesèrent sur lc clergé à cette époque. Mais ce VÈRUM r . . , , gallicane sur

que Ion sait moins, cest que le grand empereur, cn ïiîiduhrand.

même temps qu'il élevait sa main contre Pie VII, osa

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SATNT GRÉGOIRE VII

INSTITUTIONS défier aussi la majesté d'un pontife, autrefois, comme UTULÏGIQUES , . . . .

Pie VII, assiégé et captif, mais depuis et à jamais couronné par Celui qui lc premier a bu Veau du torrent, avant d'élever la tète (\). Unc lettre du ministre des cultes, Bigot dc Préamcncu, écrite cn février 1 8 1 0 , enjoignait aux évêques d'Italie d'imiter le silence de l'Église gallicane sur le nom ct les actes d'Hildcbrand. Nous ne saurions dire les noms des prélats italiens (il y en eut plusieurs) qui préférèrent obéir à César plutôt qu'à l'Église ; mais nous avons entre les mains, et nous gardons comme

Réponse serv i ic un monument, la lettre autographe dans laquelle Hya-

(Jc^oToiir 0 cinthe de La Tour, archevêque dc Turin, envoie au archevc i iue de ministre le mandement qu'il s'est fait un devoir de donner T u r i n , a cette -* J

in jonc t ion , pour interdire l'office de saint Grégoire VII, ct dont il

déclare que copie est affichée dans toutes les sacristies des

églises de son diocèse. La lettre est du i c r mars 1 8 1 0 .

Les r é v o l u t i o n - A peine échappé aux violences dc l'aigle redoutable qui

l ' a b b é S G r é g o i r c étreignait l'Europe, mais toujours debout h la même CeVpag^oïcsS P ' a c e * l'héroïque Hildebrand tomba en proie à ces anar-

dc 1 8 2 2 , non chistes dont les désirs sont aussi des désirs de tyrannie. m o i n s acharnes J

contre sa int En France, on vit le régicide Grégoire, dans son Essai G r e g o i r c V I I q u e •

les rois historique sur les libertés de VEglise gallicane, publié et l es é v ê q u e s , . ,

c o u r t i s a n s , en i o i o , accumuler contre le saint pape et sa légende tous les blasphèmes des protestants ct des jansénistes. En Espagne, au mois de mars 1822, on faisait aux Cartes la proposition de supprimer une partie de Voffice de Grégoire l V/, COMME A T I EXTATOIRE AUX DROITS DES NATIONS (2)! Certes, c'était là une bien a mère dérision dc ces rois ct dc

ces évêques courtisans, occupés depuis si longtemps à

poursuivre le culte du saint Pontife, et qui l'avaient noté

Cet accord dc comme coupable de lèse-majesté royale ! Elle fut donc tous les h o m m e s , . 1 • 1 • 1 , . . \ , ,

qui bien droite, bien pure, la politique de ce grand homme;

"IwïtfTO1 Dieu avait donc placé cn lui unc notion bien haute du de la just ice ct

(•2) L'Ami de la Religion, i3 avril 1 S 2 2 . T o m e XXXI.

Page 61: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AFFAIRE DE EA LEGENDE DE SATNT GRÉGOIRE VIT 455

romain.

(1) « Certains journaux reprochent à un prélat illustre une édition du bréviaire romain, où se trouve une légende de Grégoire Vit; mais l'accusateur n'ajoute pas que ce n'est point M. l'Archevêque qui a fait faire cette édition du Bréviaire romain, qu'il a seulement autorise la réimpression avant qu'elle se fit, qu'il n'a ni dirigé, ni surveillé l'exécution dc cctte entreprise, et qu'étant averti qu'il s'était glissé dans la légende de Grégoire VII unc phrase cn opposition avec nos maximes, il a exigé qu'on fît cn cet endroit un carton; ce qui a eu lieu. » U Ami de la Religion, 'l'orne LVI, page 87, 3i mai 1 8 2 8 .

droit public, si tous les hommes à excès sc sont donné le 1 PARTIE

- . , , . . . . - CIIAPJTRE XXI

mot pour faire de son nom et de sa mémoire I objet de leurs -clo^c

attaques. Jouissez de cette gloire, saint Pontife; jusqu'ici de iapoîitique , " , , du saint

nul mortel ne 1 a partagée avec yous. pontife.

Encore un outrage : ce sera lc dernier. Au comrnen- Sur %

cernent de Tannée 1 8 2 8 , une nouvelle édition du Bré- l a d e s ^ u l i k s 0 1 1

viaire romain paraissait à Paris chez lc libraire Rusand. rarche^échô' de

L'éditeur avait cru pouvoir y insérer l'office de saint Gré- une&IÎTTON du

goirc VII : encore ne Tavait-il placé qu'à la fin du volume, B ^ v î a i i * ° 2 1 1 romain publiée ne se sentant pas pleinement rassuré par la promesse de P . e n

1 M . . , ^ , f a l t s u b l r * l a

cette liberté religieuse garantie à tous par la Charte de légende de iS 14. Peu de jours après la publication du bréviaire, Grégoire villes

c -n 1* 7 * 7 ' r r • mutilations

certaines feuilles sc disant libérales, ct fraternisant en usitées

toutes choses avec les Cortès espagnoles de 1 8 2 2 , se pri- c n A u t n c h c -reni à crier à Pultramomanistnc qui débordait chez nous, jusque-là, disaient-ils, qu'on osait, cn 1 8 2 8 , imprimer et mettre cn vente la légende de Grégoire VIL Leurs clameurs furent entendues, et on vit, à Paris, en 1 8 2 8 , la légende de saint Grégoire VII, soumise, par ordre dc l'archevêché, aux mutilations que lui inflige l'Autriche dans ses États, sans oublier la suppression charitable de Tépithète iniqui, si justement assignée à Henri IV par l'Église (1) ! Depuis dix ans, plusieurs éditions du Bré- La légende

viaire romain ont ete données, tant a Lyon qu a P a n s ; intégralement ci n s 1 os

l'office de saint Grégoire VII s'y lit à sa place et dans son dernières

entier, et l'édition parisienne de 1 8 2 8 va s'épuisant duBréviatrc

dc jour en jour, gardant jusqu'ici la trace dc cctte

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456 AFFAIRE HE LA LEGENDE DE SATNT GREGOIRE VII

De nos jours, Hâtons-nous de franchir quelques années difficiles; l F r a n c c C l'heure de la réhabilitation a sonné. Le Dieu qui est admi-

p r ° h e u r e u x r U n l'ablc dans ses saints, a résolu enfin de venger son servi-remur la t c u r Grégoire. Ce n'est plus la voix des Leibnitz, des Jean

sainteté ct la o r -> mission j e MuIIcr, des Voifft, etc., qui va retentir; ce n'est plus

glorieuse 7 ° 1 1 1 \ 1

de saint même celle de Joseph dc Maistre, prophète du passé, Grégoire VIL 1 ' f f ,

annonçant a 1 Lurope que le moment est venu d adorer ce qu'elle a brûlé, dc brûler ce qu'elle avait adoré. Toutes les barrières sont tombées; c'est maintenant l'Eglise dc France qui proclamera saint Grégoire VII sauveur de la société, restaurateur de la science, dc la vertu ct dc la justice; ct l'organe dc l'Église dc France, dans l'accomplissement dc ce devoir sacré, sera ce pieux et savant évèquc, fils, par l'intelligence autant que par lc sang, du grand philosophe catholique à qui Dieu donna d'approfondir la législation primitive des sociétés, et de comprendre dans toute son étendue le rôle sublime du législa-

MI-T de Donald tcur pontife. Or ce fut le 4 mars i838, que fut donnée «lu Kiy,U!ouc au Puy, par monseigneur Louis-Jacqucs-Mauricc dc

^rinutmnër1 Bonald, aujourd'hui cardinal de la sainte Église romaine, r w " - û i t b r c

s o n archevêque de Lyon, Primat des Gaules, cette magnifique "4 mars7s^s d u c t c o u n t g e u s c lettre pastorale sur le chef visible de

*UvMbie l'Eglise, qui restera dans les annales de l'Église dc de vfigihc. France, comme un des événements les plus graves qu'ait

vus notre siècle, qui en a vu un si grand nombre. C'est cn ce jour mémorable qu'on entendit professer, avec non moins d'éloquence que dc doctrine, du haut dc la chaire épiscopalc, la foi dans l'infaillibilité du pontife romain parlant aux églises, ct proclamer la haute mission imposée par la Providence à saint Grégoire VII, et si dignement accomplie par sa grande âme.

« L'irruption des barbares, disait le prélat, n'était que « l'image d'une invasion plus dangereuse pour l'Église ct

INSTITUTIONS dernière faiblesse que nous n'aurions pu taire sans par-LITURGIQUES 1

• tialité.

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AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VTI 45j

« pour le monde civilisé; ce n'était que la figure de cette « PARTIE - j - C H A P I T R E XXf

« triple coalition de l'ignorance, du vice et de la cupidité, « ligués pour éteindre toute lumière, flétrir toute vertu et a étouffer toute justice. Le moyen âge vit cet abîme « dilater ses entrailles pour engloutir la société tout « entière. Et la société, où ira-t-elle se réfugier dans sa « détresse ? Encore aux pieds de la chaire de saint Pierre. « Là elle trouvera son appui et son salut, dans un pauvre « moine élevé au souverain pontificat, mais qui cachait, « sous le vêtement grossier du cloître, une âme dont l'élé-« vation n'a pas été comprise, et qui le serait difficilement « dans nos jours de spéculation et d'indifférence. Hildc-« brand mesure la profondeur de la plaie du corps social. « A tout autre, les obstacles pour la guérir paraîtraient « insurmontables; pour Grégoire VII , c'est dans ces obs-« tacles mêmes qu'il puise un nouveau courage, et va a ranimer l'énergie de son caractère. Armé d'une force « inébranlable et d'une rectitude inflexible de volonté; « cédant aussi aux maximes de ses contemporains ct à « l'esprit de son temps, il entreprend une lutte terrible « contre son siècle et toutes les puissances dc son siècle. « La science a déserté lc sanctuaire; il l'y ramènera. La « vertu semble être bannie de tous les coeurs; il la réta-« blira dans ses droits. La justice est foulée aux pieds; il a la fera triompher. Il se croit envoyé pour opposer un « front d'airain au vice, qu'il le trouve à l'autel ou sur le « trône. Toujours inaccessible à la crainte, toujours « au-dessus des considérations mondaines, Grégoire ne « donnera point de repos à son zèle, jusqu'à ce qu'il ait « réformé le palais des grands, le sanctuaire dc la justice, « le cloître des cénobites, et la maison de Dieu; jusqu'à ce « qu'il ait rallumé le flambeau du savoir, les flammes « célestes de la piété; fait passer dans les cœurs des sou-& verains et des prêtres, cet amour de la justice, cette « haine de l'iniquité qui, de son âme, où ces vertus sur-

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458 AFFATIHï 01- T.A Tj'iGFNDÏ- I>F SATNT GRHGOTRE VTT

INSTITUTIONS « abondent, sc répandent avec une sainte profusion dans L I T U R G I Q U E S 1

# *

« ses écrits, dans ses actions, dans ses paroles, dans tout « son pontificat. Peu lui importent les calomnies, les per-« secutionset la mort, pourvu qu'il abaisse toute hauteur « et fasse fléchir lc genou devant les lois éternelles de la « justice ct de la vérité. Dans ses démêlés avec les princes « dc la terre, on n'a voulu voir que des empiétements « injustes; on a appelé comme d'abus 4 e s saintes entre-« prises de ce grand pape. Que pouvait-il faire, quand « les peuples, broyés sous le pressoir du despotisme « insensé de leurs maîtres, venaient réclamer à genoux, « comme un dernier secours et un extrême remède à leurs « maux, l'exercice sévère de sa juridiction ct les foudres « de ses sentences spirituelles ? Ce qui nous étonne ct « presque nous scandalise, n'était aux yeux du moyen « âge que l'exercice d'un juste droit ct l'accomplissement « nécessaire d'une mission divine. Or, combattre pour « établir partout le règne de la justice, delà science et de u la vertu, qu'est-ce autre chose que de combattre « pour civiliser le monde ? Ce furent là les combats « dc Grégoire VII , ct lc sujet pour lui d'une gloire im-« mortelle, »

Parce Enlisant ces lignes si calmes, si épiscopales, dans lcs-mnndcincnt la n A , i , i j n »

bataille est quelles estbeni avec tant d amour le nom dc ce Grégoire

c J ï ï c ï c s a h i t c l L l c n o u s flvons vu poursuivi avec tant d'acharnement

G r ^ s c r a V I Ï dans les pages qui précèdent, ne semblc-t-il pas au lecteur

nécessairement catholique qu'il se repose avec suavité dans une paix qui en France. n c sera plus troublée ? Après ce mandement, on peut lc

dire, la bataille est gagnée; il n'y a pins d'Alpes; Rome ct la France sont unanimes à célébrer la gloire et les vertus de Grégoire, père de la chrétienté. Tout est oublié, renouvelé; le Christ est glorifié dans son serviteur. Mais espérons que bientôt la louange dc Grégoire ne retentira plus seulement dans des discours ct des instructions pastorales; que bientôt des autels s'élèveront à sa gloire dans

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AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SATNT GREGOIRE VU 4 6 9

cette France qu'il aima et qui le méconnut trop long- 1

1 1 r & C H A P I T R E XXI temps; qu'enfin, le jour viendra où nous chanterons tous & l'honneur de Grégoire ce bel éloge que Rome et toutes les autres églises latines entonnent danslasolennite.de ces saints pontifes qui, pour leur fidélité, ont mérité d'échanger la tiare contre la couronne de l'immortalité; Dum esset summus Pontifex terrena non metuit ; sed ad cœlestia régna gloriosus migravit.-

Si maintenant, selon notre usage, nous en venons à Conclusions,

tirer les conséquences des faits consignés au présent chapitre, elles se présentent en telle abondance, qu'il nous faudrait consacrer un chapitre entier à les recueillir; mais nous nous bornerons à celles qui rentrent directement dans notre sujet.

La première,que nous offrons à ceux de nos lecteursqui i 0 U n s c . u l f a i t

r 1 1 1 l i t u r g i q u e

ne comprendraient pas encore toute 1'ïmportance dc la a suffi . . . , . . . . . . pour mettre en

science liturgique, est que néanmoins, ainsi qu ils ont pu mouvement

le voir, un seul fait liturgique a suffi pour mettre en ï a gLrtie?" d°

mouvement la plus grande partie de l'Europe et pour wu°°l\ccïe.

occuper la plupart des gouvernements, au dix-huitième siècle; en sorte que, pour raconter de la manière la plus succincte, l'histoire d'une page du Bréviaire romain, il nous a fallu ajouter soixante pages à cette histoire, déjà si abrégée, de la Liturgie.

En second lieu, on a pu remarquer avec quel soin 2 ° La Liturgie , . ^ . t » • i i i - • i restée au la divine Providence s est servie de la liturgie comme du saint-sïègc

, . t . c . ^ c . , j l 1 u comme Punique

seul mo}ren qui restât au bamt-Siege de sauver 1 honneur moven de

d'un de ses plus grands pontifes, a une époque où tout rhonneurd'un

autre moyen que la rédaction officielle de sa légende eût g ^ n d s ^ n t i f e s .

été impuissant à prévenir la prescription contre sa gloire. En troisième lieu, on a été à même de voir comment un 3*» Un clergé

cierge, isole de Rome, même dans des choses d une impor- même dans . . * -, . » • . les choses

tance secondaire, porte toujours la peine de cet isolement secondaires, en

par les contradictions en lesquelles il se précipite, victime p o to^dn^11"*

de la position fausse où il s'est placé.

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4G0 AFFAIRE DE EA LÉGENDE DE SATNT GRÉGOIRE VU

INSTITUTIONS E n quatrième lieu, c'est un spectacle instructif dc voir L I T U R G I Q U E S A *

les magistrats séculiers s'arroger tout naturellement, sur i Q r#cs • • »

magistrats les choses de la Liturgie, le pouvoir qu'ils refusent à Rome u s Tifurgic l ie l a s u r c e point, et raisonner d'ailleurs avec justesse surl'au-

p°ren^sentUa l l s torité que donne immanquablement à un fait et à unc apprécient niaximc, son insertion dans les livres liturgiques de l'Église

l'importance r 0 maine . de

l'enseignement d'une doctrine

par les livres dc FKglisc

romaine.

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NOTES DU CHAPITRE XXI 4 6 1

N O T E S DU C H A P I T R E XXI

NOTE A

Quanta gloria publicam Rem tuent ibus indita Ssepc jam fuerit, t uam Hildebrande scientiam Nec latere pu tav imus ,

Et pu t amus . Idem sacra Et Latina refert via, Illud et Capitolii Culmen eximium, thronus Pollens Impcrii docct.

Sed quid istius ardui Te laboris, et invidia; Fraudis au t piget, aut pudet ? Id bonis e tenim viris Plus peste subita nocet.

Virus invidiae latens Rébus in miseris suam Ponit invalctudincm, Hisque non aliis nccem Et pericula confert.

Sed ut invidearis , et Non ut invideas, decet. Te peritia quem probi Et boni fecit unice Gompotem meri t i sui.

Omne judicio tuo Jus favet, sine quo mihi Nemo propositi mei Vel favoris inediam Praemiumve potest dare.

Cordis cximius vigor Vitœ nobilis optimas Res secuta probant quidem Jur i s ingenium modo Cujus art ibus utcris.

Ex quibus Gaput urb ium Roma justior. et prope Totus Orbis cas t imet Sœva barbaries adhuc Clara stemmate regio.

His ct Archiapostoli Fervido gladio Pétri Frange robur, et impetus Illius, vêtus ut jugum Usque sentiat u l t imum.

Quanta vis anathematis ? Quicquid ct Marius pr ius Quodque Julius egerant Maxima necc mi l i tum Voce tu modica facis.

Roma quid Scipionibus Ceterisque Quirit ibus Debuît magis, quam tibi Cujus est studiis suas Nacta via potentiae.

Qui probe quoniam satis Multa contulerant bona Patriœ, prohibentur et Pace perpétua fruî Lucis et regionibus.

Te quidem pot ior ibus Pracditum mer i t i s manct Gloriosa perenni ter Vita, civibus ut tuis Comparcris Apostolis.

S. Alphani Carmina. (Italia Sacra. Anccdota Ughclliana. T o m . X. Edit. 1722, pag. 77.Î

1 P A R T | E C I [ \ P I T R K x x r

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NOTES DU CHAPITRE XXI

NOTE D

B E N E D I C T U S P A P A XIII

AI) P ]• R P E T U A AI R EI AI E Al O RIA M

Cum ad Apostolatus nostri notitiam pcrvcnerint quœdam folia Gallico idiomate typis impressa sub titulo ; Mandement de Monseigneur VÊvàque

d'Auxerre, qui défend de réciter l'Office imprimé sur une feuille volante,

qui commence par ces mots : DIE 2,5 M.UI, IN FESTO SANCTI GREGORII VII PAI»JK I:T CONFUSs Donné à Auxerrc, le vingt-quatrième de juillet mil

sept cent vingt-neuf. — Nos quamplures ex Venerabilibus Fratribus nostris sanctic Romana? Ecclesiœ Cardinalibus, aliosque in sacra Thco-logia Magistros adillorum examen delegimus, qui postmaturam eorum-dem foliorum discussîoncm, quid sibi ca super re viderctur, Nobis rctulerunt. Auditis itaque memoratorum CardinaliLim, et in sacra Thcologia Magistrorum sententiis, de Apostolica? potestatis plcnitudine, Ordinationcs in prœfatis loi iis' contentas, nu lias, inancs. invalidas, irritas, attentatas, nulliusquc omnino roboris et momenti esse, et perpetuo fore, lenore pnesentium deeluramus.

El nihilominus ad majorem cautelam, et quatenus opus sit harum série revocamus, cassamus, ïrritamus, annulamus, viribusque/et efleetu penitus, et omnino vacuamus, ac pro revocatis, cassatis, irritis, nullis, invalidis, et abolitis, viribusque, et cllcctu penilus omnino vacuis semper haberi volumus, ct mandamus ; folia vero praedicta tam impressa, quam etiam manu scripta legi, scu rctineri tenore pariter praesentium prohibemus, illorumque impressionem, descriptionem, lectionem, rcten-tionem, ct usum omnibus, et singulis Christifidclibus^ etiam specirica ct individua mentione, et expressione dignis, sub pcena excommunica-tionis per contrafacientes ipso facto absquealia dcclarationc incurrenda, a quo nemo a quoquam, praiierquam a Nobis, seu Romano Pontitïcc pro temporc existente, nisi in morlis articulo constitutus. absolutionis bcnctîcium valeal obtinere, omnino quoque interdicimus. Volentcs, et auctoritate Apostolica mandantes, ul quicumque folia hujusmodi pênes se habuerint, îllo staiiiii,atqui* présentes H u c i m * eis inuotucrint, locnrum Ordinariis, vel hicrelica.* praulatis Inquisitoribus trudere, nique consignais lencantur ; hi \ero ea sibi sictradila illico ilammis aboleri curent: in conlrarium facientibus non obstantibus quibuscunique.

Ul uulem eiedem prtesenies litteriu ad omnium notitiam lacilîus per-veniant, nec quisquain illarum- ignorantiam allegare possit, volumus etiam, et auctoritate pnefata decernimus, ul il lie ad val vas Basiliau Principis Apostoloruni, ac Cancellariie Apostolica;, Curia-'que généralis in Monte Cilutorio^et in Acie Campi Flora; île Urbe pera l iquemex Cur-soribus nostris, ut moris est, publicentur, illarumque exempia ibidem

4()2

INSTITUTIONS LITURGIQUES

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NOTES DU CHAPITRE XXI 4Ô3

NOTE C

B E N E D I C T U S P A P A XIII

AD P E R P E T U A M REI MEMOIIIAM

Cum ad aures nostras pervenerît, nonnullos Magistralus, seu Olti-ciales, et Ministros seculares, quibusdam Edictis, Dccrctis, Scnatus-consultis, Prœceptïs, Mandatis, aut id genus, aliisvc quoeumque-nomine nuncupatis ordinationibus, seu Provisionibus adversus decretum exten-sionis ad untvcrsos Christi fidèles, qui ad Horas Canonicas tencntur, Olficii S. Gregorii Papœ VII, quod prius ex Indultis tel. rec. Pauli V, dément i s X, Alexandri VIII, et Clementis XI, Romanorum Pontificum Prœdccessorum nostrorum, in plurîbus jam Christian! Orbis Ecclesiis passim recitabatur, atque publiée, ct soleinnitcr celebrabatur, a Nobis, ad augendum cultum S. Pontifias et Confessons, qui in extirpandis erroribus, Ecclesiastica disciplina restituenda et instauranda, cor ru p-tisque moribus reformandis strenue, ac indefesse elaboravit, novissime editum, insurrexisse :

Hinc est, quod nos ex debito Pastoralis officii, quod humîlitati nostrœ, meritis licct ct viribus longe impari, commisit divina dignatio, nostram, et Ecclcsiasticam auctoritatem a perniciosis hujusmodi lai-corum conatibus illœsam, et illibatam lueri et conservare volenlcs neenon omnium, et singulorum, quœ in prœmissîs, seu eorum occnsîonu quovis modo, acta, et gesta fuerunt, serieiu, aliave quœcumque ut i uni speciricam, et individuam mentionem, et expressionem requirenlia, prœsentîbus pro plene et suflîcionter expi'cssis, et exacte speciricatis habentes, de quamplurium vencrabilium fratrum nostrorum, S. R. E. Cardinalium consilio, Edicta, Décréta, Senatusconsulta, Prœcepta, Mandata, et quasvis alias quoeumque nomine nuncupatas ordinationes, sive provisiones per Magistralus, etiam supremos, seu officiales, et Minis.-tros seculares aut alias a quacunique laicali potestate, ejusque nomine adversus Decretum extensionis Officii ejusdem S. Gregorii Papœ VII,

aflixa rclinquantur, et sic publicatœ oinnes, et sîngulos quos concer- i PARTIE

nunt, perînde officiant, ac si unîcuique i l lorum personaliter notificatœ, C H A P 1 T R E x

et intimatœ fuissent.

Utque ipsarum praesentium littcrarum transumptis, seu exemplis etiam impressis, manu alicujus notarii publici subscriptis, et sigillo personae in Ecclesia dignitate constitutœ munitis, cadem prorsus fides tam in Judicio, quam extra illud ubique locorum habeatur, quœ cisdem prœ-scntibus habcretur, si forent exhibitœ, vel ostensx.

Datum Romae apud Sanctum Petrum, sub annulo Piscatoris, die' XVII Septcmb. M DCC XXIX. Pontiticatus nostri Anno sexto.

Page 70: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 6 4 NOTES DU CHAPITRE XXI

INSTITUTIONS per Nos, sicut prcemittitur, editum, quomodocumque, et ubicumque, LITURGIQUES promulgata, et promulganda, ac quscvis alia in praemissis, seu eorum

occasionc quomodolibet acta, gesta, et ordinata, cum omnibus, ct sin-gulis indcsecutis, et quandocumque secuturis, penitus et omnino nulla, inania, invalida, irrita, et dc facto prœsumpta, nulliusquc prorsus roboris, et momenti esse, ct perpetuo fore, Apostolica auctoritate tcnore prœsentium dcclaramus.

Et nihilominus ad majorcm cautclam, et qua tenu s opus sit, illa omnia, ct singula harum série itidcm perpetuo revocamus, cassamus, irritamus, annulamus, et abolcmus, viribusque, ct efleetu penitus, ct omnino vacuamus, ac pro revocatis, cassatis, irritis, nullis, invalidis, el abolitis, viribusque, et clîectu penitus, et omnino vacuis semper haberi volumus : sicque ct non aliter in prœmissis per quoscumque Judiccs ordinarios, et delegatos, etiam causarum Palatii Apostolici Audi-tores, ac S. R. K. prœiatœ Cardinales, etiam de Latcre Legatos, aliosvc quoslibet quacumque proceminentia, ct potestatc fungentes, et functuros, sublata eis, et eorum cuilîbet quavis aliter judicandi, et interpretandi facultate ct auctoritate, judîcari, ct defîniri debere ; ac irrilum, ctinane si secus super his a quoquam quavis autoritate scienter, vel ignoranter contigerit attentari, decernimus, in contrarium facientibus non obstan-tibus quibuscumque.

Ut autem cœdem présentes litterœ ad omnium notitiam facilius deveniant, nec quisquam illarum ignorantiam allegare possit, volumus, ac pariter decernimus, ut illa: ad valvas Basilîcœ Principis Apostolo-rum, ac Cancellariœ Apostolieœ, Curiscque generalis in Monte Cita-torio, cl in Acic Campî Florœ dc Urbe per aliquem ex cursoribus nostris, ut moris est publicentur, illarumquc exempla ibidem aflixa rclinquantur, el sic publicatœ omnes, et singulos quos concernunt perinde aiïiciant, ac si unicuique illorum pcrsonaliter notmeatœ, et intimatœ fuissent.

Utque ipsarum prœsentium littcrarum transumptis, seu exemplis, eliam impressis manu alicujus Nolarii publici subscriptis, ct sigillo personœ in Ecclesiastica dignitatc constitutœ munitis, cadem prorsus lides tam in Judicio, quam extra illud, ubique Iocorum habeatur, quœ eisdem prœsentibus haberetur, si forent exhibitœ, vel ostensœ.

Itatum Romœ apud S. Petruin, sub Annulo Piscatoris, die XIX Do-cemb. MIXXXX1X. Pontiticatus nostri An no sexto.

Page 71: Institutions liturgiques (tome_2)__2

I P A R T I E CHAPITRE XXII

C H A P I T R E XXII

FIN DE L HISTOIRE DE LA LITURGIE DURANT LA PREMIERE MOITIE DU XVIIIe SIÈCLE. — TRAVAUX DES SOUVERAINS PONTIFES SUR LA LITURGIE ROMAINE. — AUTEURS LITURGISTES DE CETTE ÉPOQUE. Dans le cours des quatre chapitres que nous venons de Pendan tquc ia

. i r • - i , France consacrer a 1 histoire de la Liturgie, dans la première est soumise à

. . , . . , , une véritable moitié du xvnr siècle, nous n avons eu a nous occuper révolution

j i n i ' ' î ^ î " J l i turgique, le

que de la France. Le pays tout seul a ete le théâtre de reste de

la triste révolution dont nous avons eu à retracer le d c m e u ^ l ^ ^ à désolant tableau. Le reste de la catholicité demeurait la tradition

grégorienne.

fidèle aux traditions antiques, à l'unité romaine de la

Liturgie. Lc siège apostolique y réglait toujours les

formes du cul te ; ses décrets y étaient reçus avec obéis

sance, et les livres grégoriens continuaient d'y servir

d'expression à la piété du clergé et des fidèles.

Mais, durant les cinquante années de ce demi-siècle, la La liturgie 1 romaine

Liturgie romaine ne fut pas sans recevoir de pré- s 'enrichitde - n i u r < r i r nouveaux

cicux accroissements. Pendant que 1 Eglise gallicane oiiices.

procédait par voie de destruction, les Pontifes romains, si jaloux de conserver l 'antique dépôt dc saint Grégoire, l'enrichissaient de nouveaux offices e tdc nouvelles fêtes.

Le grand ct pieux Clément X I , dans sa sollicitude pour Clément XI . . . . i i - • i . insère dans les

les besoins temporels du peuple chrétien, remplit une livres

lacune importante dans les livres de la liturgie. Parmi les J^ 'pnères

prières que l'Église adresse à Dieu dans les diverses cala- tounTefic mités, les siècles précédents n'en avaient point ollert pour U LX^rre. i l U

détourner le redoutable liéau des tremblements dc terre. T . n. 3o

Page 72: Institutions liturgiques (tome_2)__2

t[66 TRAVAUX DES PAPES SUR EA LITURGIE

INSTITUTIONS EnPannée i7o3, l'Italie ayant été désolée par de nom-

creuses catastrophes de ce genre, Clément M composa et plaça dans le missel les trois magnifiques oraisons qui portent en tète cette rubrique : Tempore terra.1 moins. Au bréviaire, dans les litanies, il prescrivit désormais celte invocation : A flagello terres motus, libéra nos. Domine.

Le même pape Ce fut le même pape qui étendit à l'Église universelle à n^Mse ?a solennité du très-saint Rosaire, du rite double majeur,

universelle la c n commémoration de la victoire de Lcpantc, Il donna felc du r

saint Rosaire, u n nouvel ollicc de saint Joseph, établit doubles la fète de compose t t

un nouvel oiike saint Anselme avec lc titre de docteur, et celle de saint Joseph*,'établit Pierre d'Alcantara ; ct semi-doubles celles dc saint Pic V,

d'un'dcgré'huit de saint Jean dc Dieu et de sainte Hedwige. Il créa senti-^ S m i ï î l l u e doubles d'obligation les fètcs dc saint Vincent Fcrrier, de si?nruboîro s a * n t Antonio ctde saint Ubakic, dont l'office était précé-

uvêiiue demment ad libitum. Enfin, il établit la commémoration du Mans. b t '

de saint Liboirc, cvèquc du Mans, au 23 juillet, en reconnaissance du soulagement qu'il avait éprouvé par Tinter-cession de ce saint dans une infirmité pour laquelle on l'invoque dans toute l'Eglise,

innocent xni Innocent XIII institua la fète du très-saint Nom de "du 'trûiisaint 0 Jésus, du degré double de seconde classe, ct celle de saint

n o " î t a b m ^ mineur avec lc titre de doc-u l u V ceUes \ î e i 5 r ° t e u r - ^ éleva au même rang de double mineur, de senti-

quatre saints, doubles qu'ils étaient, les offices de saint Paul, ermite, ct de saint Jean dc Dieu, et créa semi-double d'obligation celui dc sainte Elisabeth de Portugal, qui auparavant était ad libitum.

Honnît xin Benoît XIII, outre la fète dc saint Grégoire VII dont clive d\ln dcçré nous avons parlé, institua celle des Sept Douleurs de la u vTe?( f

s a i n t c Vierge^ ct celle dc Notre-Dame du Monl-Car-dc iiniTrcnts me^ ^ u " l c double majeur, et éleva celle de Notre-Dame

saints. d c | a Merci au même degré. Ii établit du rite double mineur les fètcs dc saint Pierre Chrysologue, avec le titre de

Page 73: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DURANT LA PREMIERE MOITIE DU XVIII e SIECLE 4 6 7

offices dc saint Vincent Ferricr,dcs saints Jean et Paul, et de sainte Brigitte, qui n'étaient que semi-doubles aupara-ravant. Saint Eusèbe de Verccil et saint André d'Avellino, furent admis au bréviaire avec le degré semi-double parle même pontife, qui créa semi-double d'obligation la fête de saint Wenceslas, qui jusque-là jouissait de ce degré seulement ad libitum.

Ces travaux sur le Bréviaire romain ne sont pas les Benoît xm seuls mérites de Benoît XIII à l'égard de la Liturgie. Le p r ° ™ o u ^ H e U n e

Cérémonial des Évêques fut, de sa part, l'objet d'une re- cfàmaniddes

vision minutieuse et obtint d'importants accroissements, c o r r ^ c et

par les soins personnels du pontife ct dc la commission n u J ™ g o f n 8

p a r

qu'il institua à cet effet. Le cérémonial, ainsi réformé, fut 7 *7 3 7-

annoncé à l'Église catholique et promulgué par un bref du 7 mars 1 7 2 7 .

Aucun pape n'a surpassé Benoît XIII , et bien peu l'ont Zèle , , . . ~ extraordinaire

égale dans son zele pour les fonctions saintes. On compte de Benoit xm par centaines les autels qu'il dédia solennellement, soit à les fonctions

Bcnévent, pendant qu'il cn était archevêque, soit à Rome, l l t u i 8 ^ u c s "

dans le cours de son pontificat: la seule basilique de Saint-Pierre en renferme douze consacrés par lui. Lc nombre des églises qu'il dédia n'est pas moins étonnant. On le vit, pour honorer

J ^ la mémoire

entre autres, durant son pontificat, sc transporter au deGavanti,

Mont-Cassin, pour y faire la dédicace dc la nouvelle et i l charade"0

magnifique église de Saint-Benoît, qu'il érigea en basi- ^ o n ^ ï n t ^ n 1 0

lique. Désirant honorer la mémoire de GavantL il créa des rîtes au * proht des

'pour l'ordre des barnabites, a perpétuité, unc charge dc barnabites.

consulteur dc la congrégation des Rites. Clément XII éleva au rite donblemajeur la fête de sainte clément xit

Anne, mère de la sainte Vierge, et transféra celle de saint i n S d * m i ^ ^

Joachim au dimanche dans l'Octave dc l'Assomption. Il " ^ j n t s ? d u

éleva au rite double mineur, les offices de saint André Corsini, à la famille duquel il appartenait, de saint

Docteur; de sainte Scholastique, de saint Jean de Sahagun, * I M R T J B

J • j r • T I / 1 A t / 1 C I I M M T R K X X I I

et de sainte Kose de Lima. Il éleva au même degré les *

Page 74: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 6 8 TRAVAUX DES PAPES SUR LA LITURGIE

{ i ) Kmmanucl de Azcvcdo, De Diuino Officia exercitationes 'selecLv

Pars. I, pag. 45.

rv5TiTUTioNs Stanislas dc Cracovic et de sainte Monique; et institua

avec le m ê m e degré ceux de saint Vincent de Paul et de

sainte Gertrudc. Il établit semi-doubles l e s fêtes de saint

Jean de la Croix et de sainte Julienne dc Falconiéri.

Benoît XIV Enfin, Benoît XIV monta sur le Siège apostolique. Il CnV)dilication r t dut nécessairement s'occuper du culte divin, lui qui ne fut

î ^ n s t l t u t f o n 1 ^ étranger à aucune des nécessités dc l 'Église, et que ses

ces nouvelles d 0 C t ; C S écrits ont placé à la tête des litursistes de son fcics apportait * D

t

au calendrier temps. Versé profondément dans la connaissance des romain 1 / < t

ct dans toute la usages de l 'antiquité, ce pontife ne v î t pas avec indiflc-n ' renec la modification grave qu'avait subie le calendrier du

Bréviaire romain, depuis l'époque de saint Pie V. Les

fériés se trouvaient diminuées dans une proportion

énorme, par l'accession de plus dc cent offices nouveaux;

le rang de doubles, assigné à la plupart de ces offices,

entraînait dc fait la suppression d 'une grande partie

d e s dimanches. Il était bien clair q u e l 'antiquité n'avait

p a s procédé ainsi. D'autre part , cet inconvénient de la multiplicité d e s fêtes des saints avait été exploité par

les novateurs français : devait-on continuer à laisser

subsister un prétexte à l'aide duquel ils avaient rendu

tolérablc à bien des cens leur divorce avec les livres

romains ?

Le sage pontife Le pontife commença par prendre une résolution à la-n a office au

u n quelle il se montra fidèledans tout le cours de s o n Pontificat b o m c à d ^ é c e r n ^ a n s ? C C ^ U t C ^ C n , a j o u t e r iUlCUn nOUVel OfllCC

lc titre de_ a u Bréviaire ( i ) . Seulement, il attribua à saint Léon le docteur a saint v ' 1

Léon le Grand. Grand le titre de docteur,par une bulle solennelle; mais ce

saint Pape était déjà au calendrier romain depuis de longs

siècles. On aime à voir cette réclamation en faveur des

usages antiques, cette répugnance à entrer dans les voies

nouvelles qu i caractérise l e s opérations du Saint-Siège.

Page 75: Institutions liturgiques (tome_2)__2

romain.

DURANT LA PREMIEHE MOITIÉ DU XVIII e SIHCLE 4 6 9

Mais la Providence ne tarda pas h. manifester ses volontés 1 PARTIE

CÏÏAPITRK X X I I

sur cette grande question, par 1 organe des successeurs -dc Benoît XIV, qui reprirent tout aussitôt l'usage d'insérer, à chaque pontificat, de nouveaux saints au bréviaire.

Benoît XIV ne chercha pas seulement à garantir l'office Benoît xiv , , , • , , r. • . , r* fait étudier un

du dimanche et celui de la icne contre 1 invasion des fetes projet de

nouvelles; il projeta même une réforme du bréviaire. Il duTwvtalrc croyait, en effet, que si, dans le Bréviaire romain, la partie grégorienne devait être réputée inviolable, la partie mobile, à savoir les leçons introduites par saint Pie V, pouvait être susceptible d'une revision. L'œuvre du seizième siècle était, sans doute, un chef-d'œuvre pour son temps; mais deux siècles après, n'était-il pas possible de remplacer certaines homélies des saints Pères que la science moderne avait démontrées apocryphes? de retoucher quelques légendes, bien qu'en très-petit nombre ( i ) qui avaient besoin d'être mises cn harmonie avec les exigences d'une critique plus sévère ? En conséquence, il chargea le P . Fabio Danzetta, jésuite, défaire un travail sur cet objet. L'ensemble des notes de Danzetta sur la correction du Bréviaire romain, ne formait pas moins dc quatre volumes in -4 0 (2). Nous avons cherché en vain ce

(1) Il ne s'agit ici que de quelques traits seulement; car on doit savoir que le docte Benoît XIV était bien loin de'mépriser l'autorité des Légendes du Bréviaire romain.Il dit même expressément, dans son traité de la Canonisation des Saints, qu'il n'en est pas une qui ne soit susceptible d'être défendue d'après les principes de la science ecclésiastique. 11 était donc bien loin d'abonder dans le sens de nos modernes litur-gistes, qui ont sacrifié en masse les traditions catholiques sur la plupart des Saints du Calendrier. Nous aurons ailleurs occasion de juger leur travail, jour par jour; comme aussi, nous traiterons spécialement de l'autorité des Légendes du Bréviaire romain, en général ct cn particulier.

(2) Albcrgotti, Évêque d'Arezzo, La Divîna Salmodia, page 2 3 1 . —

// Breviario Romano di/eso e ghistificato. Anonyme. 1 7 9 0 , page 8n.

— Zaccaria, Bibliotheca ritualis. Tome III, page cccxxxviij.

Page 76: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 7 ° TRAVAUX DES PAPES SUR L A L I T U R G I E

j N S T r r u T ï o N s curieux manuscrit, durant notre séjour i \ Rome. Zaccaria L I T U n G l Q U K S 7 ' f

' atteste cn avoir vu un exemplaire entre les mains du pre-Apres examen lat, depuis cardinal Gabriellî. Quoi qu'il cn soit, le tra-

du rapport . T . » i w J M i n *

qui lui est viul de Danzctta resta a l état dc Remarques sur le Bre-saranïpontUe viaire romain, et Benoît XIV, après avoir considéré

p a « n s u i ^ & n c c t t c attentivement les difficultés dc plus d'un genre qui s'op-e n t r e p r i s c . posaient à cette réforme du bréviaire, finit par renoncer

à son projet ; sans doute, lc temps n'était pas venu encore dc tenter ce grand œuvre, peut-être parce que les inconvénients qu'on voulait éviter n'étaient pas réels, ou encore que les principes qui auraient présidé h ce travail n'étaient pas dc nature à ramener à unc fin heureuse ct convenable (i).

Benoît xiv Âu reste, Benoît XIV, s'il n'opéra pas la réforme du u n e ciuiôn d u Bréviaire romain, n'en porta pas moins sâ sollicitude

r o m a i n c n 1 " ^ . efficace sur un grand nombre de matières liturgiques qui la réclamaient impérieusement. Le Martyrologe romain dont nous avons raconté ailleurs la réforme par Grégoire XIII, ct auquel les pontifes romains avaient successivement ajouté les noms des saints nouvellement canonisés, fut spécialement l'objet des travaux dc Benoît XIV.

Bref adressé II en prépara unc édition qui parut à Rome, par son a u r o i J c a n V d e . , 0 , , , T , r . ,

Portugal, autorité, cn 1 7 4 8 . Plus tard, il adressa a Jean V, roi de exposant les

raisons ^ c h a ^ c m e n t * ^ N o u s n * a v o n s r i e n v o u I u changer c n cet endroit a u texte de la

apportés par première édition; mais nous devons prévenir lc lecteur que, dans son C C t t tcxf 'Hu' 1 a U t r w * s ^ " , n c V O V î l S c a Rome, en i 8 5 2 , Dom Guérangcr retrouva à la

Martyrologe, bibliothèque Corsini de précieux manucrils qui contenaient les travaux d'une congrégation spéciale, nommée par Benoît XIV pour la correction du Bréviaire romain. (Cn étudiant ces manuscrits, le savant liturgiste s e convainquit q u ' i l avait conjecturé juste en disant que Benoît XIV avait peut-être renoncé à son projet d e réforme d u bréviaire, <t parce que « les principes qui avaient présidé à ce travail n'étaient pas d e nature a à l'amener à une fin heureuse e t convenable. Nous n e savons s i l e travail d u P. Danzctta, dont i l est question ci-dessus, est distinct de celui de cette congrégation, o u s i ce savant jésuite a été simplement l e rapporteur, charge d e résumer les études des consultcurs.

N O T E D E I / É D I T E I ' R .

Page 77: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DURANT LA PREMIERE MOITIE DU XVIII e SIECLE 4 7 1

Portugal, des lettres apostoliques dans lesquelles il rend 1 P A R T , K

° T 1 CHAPITRR X I I I

compte, avec moins de dignité peut-être que d'érudition, " -des motifs qu'il a eus d'admettre ou dc n'admettre pas certains personnages dans ce martyrologe. Cet immense bref est du i01' juillet 1 7 4 S .

Le Pontife s'occupa aussi du Cérémonial des Evêques, Le^5 mars 1^52 ,

sur lequel Benoît XIII avait déjà travaillé, ainsi que nous public le

venons de le dire. La publication définitive de ce livre, ÉvdquTsT^L dans la forme qu'il garde encore aujourd'hui, fut faite par dœnîtive. un bref du 2 5 mars 1 7 5 2 .

Le bullaire de Benoît XIV présente de nombreuses Le buiiaire 1 * 1 . , , , « T • de Benoît XIV

preuves du zele qui 1 animait pour la conservation des rites „n r e de sacrés, et nous aurons occasion d'y revenir souvent dans p r c u v i s ^ z t - i e

le cours de cet ouvrage. Nous indiquerons seulement ici ^ p ^ " 1 ™ 1 1

en passant les nombreuses constitutions et règlements sur , conservation r

m

n des rites sacres.

les rites des Grecs et des autres Orientaux unis; les bulles ct brefs sur la célébration de l'octave des saints Apôtres, à Rome; sur la défense faite aux évêques dc jamais obéir aux princes qui leur enjoignent des prières publiques; contre les images superstitieuses; sur la bénédiction des palliums; pour accorder a tous les prêtres des royaumes d'Espagne ct de Portugal la faculté de célébrer trois messes le jour de la Commémoration des Morts ; contre la musique profane dans les églises; sur la rose d'or; contre l'abus des chapelles privées ; pour l'érection de l'église de Saint-François, à Assise, en basilique patriarcale, etc.

Le même pontife, jaloux d'imiter la conduite de ï-c même

Benoît XIII , qui avait voulu, comme nous l'avons rap-deux\-hargcs Cde

porté ci-dessus, honorer la mémoire de Gavanti, créa ^ a n s ^ a 1 "

aussi, pour l'ordre des Théatins, à perpétuité, unc charge ^cF^tc^cn

de consulteur dans la congrégation des Rites, en recon- th!hubVXc-teacs naissance des services rendus à la science liturgique par le jésuite*.

B. Joseph-Marie Tommasi et par le savant Gaétan Merati. Peu de temps après, il fit la même chose en faveur de la

Page 78: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 7 2 TRAVAUX DES PAPES SUR EA LITURGIE

r nouveautés contre les i e u r S ( ) témoigner leur étonnement de ce que ces mêmes

'iïSwioT^tan:1 P o n t ^ c s » s* Z ( ^ s P o u r ^ c dépôt des traditions liturgiques, le théâtre, n'aient pas fulminé contre les nouveautés dont les églises

de France étaient le théâtre a cette époque. Nous avons même été à portée de nous apercevoir que plusieurs semblaient disposés à regarder ce silence comme une sorte d'approbation.

De nombreux Cependant, si ces personnes voulaient se donner la

consrésatiîîns peine de parcourir les collections imprimées des décrets de Trente des congrégations du concile dc Trente ct des Rites,

téiîioSjJnenÏÏc c l l e s 5r trouveraient des preuves multipliées des inten-icur intention t ions persévérantes du Saint-Siège sur l'observation

persévérante de 1 « maintenir les des constitutions dc saint Pic V, pour le Bréviaire ct le

constitutions de 1

saint Pie V.

INSTITUTIONS Compagnie de Jésus, et nomma consultcur l'illustre

P. Emmanuel Azcvcdo. On trouvera ci-dessous la notice des travaux dc Mcrati ctd 1 Azcvcdo.

Benoît xiv Enfin Benoît XIV, voulant procurer plus efficacement ccoïc des rhes encore Favanccmcnt delà science liturgique, érigea dans

S ronui infd'«u' 1 ' I e Collège romain, qui est en même temps une université transféras tenue par les Pères de la Compagnie dc Jésus, unc école

a U rom- i î r i a i l ' C s P ^ c ^ a ' e des Rites sacrés, qu ia été depuis transférée au Cette institution Séminaire romain. On ne tarda pas à ouvrir dans diffé-

l r C p ï u ï ï c u r * a r rentes villes d'Italie des écoles de liturgie sur le modèle dc villes d itaho. c e j j c c j c R o m c Nous croyons faire plaisir à ceux de nos

lecteurs qui s'intéressent au progrès de la science ecclésiastique, en insérant, dans une note, à la fin de ce chapitre, les règlements dc l'école romaine. Qui sait si quelque jour il ne nous prendra pas fantaisie, à nous autres Français, de nous livrer enfin à l'étude raisonnée des rites sacrés ( i ) ?

On s'étonne Tels furent les travaux des pontifes romains sur la parfois que les T . , , . » . . , , .

souverains Liturgie, durant la première moitié du xvm c siècle. P ° p a s ^ u i m i n é n t H n ' c s t P a s r a r e d'entendre des personnes, graves d'ail-

i) Vid. la note A.

Page 79: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DURANT LA PREMIERE MOITIÉ DU XVIII* SIECLE 4 7 $

Missel romains. Toutes questions adressées sur ce sujet, » PARTIE . / 1 J CHAPITRE XXII

à Rome, ont ete et seront toujours résolues dans ce sens.

Maintenant, est-il nécessaire que le Siège apostolique R o n i ? " c

' ^ , . . possédait dans entreprenne de faire le procès h toutes les églises qui, ses archives

1 t 1, • , . . n . „ aucun titre de

n étant pas dans le cas d exception admis par saint Pie V , conviction

ont, nonobstant ce, abjuré les usages romains ? D'abord, églises qui pour cela, il faudrait qu'on eût gardé à Rome une statis- constituons, tique de la Liturgie des Églises d'après les règles fixées dans la bulle Quod à nobis, afin d'être en mesure de poursuivre celles qui se seraient écartées de leur devoir. Mais cet état, quand a-t-il été dressé ? par qui Ta-t-il été ? Il est visible qu'avant de lancer sa constitution, le saint pape n'avait même pas un rapport exact de la situation des églises, quant à la Liturgie romaine, puisqu'il était contraint d'adopter la moyenne de deux cents ans de possession. De plus, il n'exigeait même pas que les églises instruisissent le Saint-Siège du parti qu'elles auraient pris; il s'en rapportait, comme on Ta vu, à la conscience des évêques et des chapitres. Les archives pontificales ne possèdent donc aucun titre de conviction contre les églises qui auraient violé la bulle. II est vrai que le défaut de ce titre de conviction ne saurait faire que ce qui, au xviû siècle, eût constitué un grave délit, soit devenu légitime au xvm e .

Il y a longtemps que les novateurs ont prétendu s'au- Le silence du

toriser du silence du Saint-Siège dans leurs sentiments, ou ne S doMamais

leurs pratiques audacieuses. On leur a toujours répondu c o m m e Z e

que le silence du Saint-Siège ne devait plus être invoqué a P P r o b a t i o n -

par eux comme une approbation, qu'il ne devait non plus être regardé comme la confirmation dc certaines sentences rendues dans d'étroites localités. Le Pontife romain a reçu la mission d'enseigner; il est le docteur dc tous les chrétiens. Quand il a parlé, la cause est finie. Tant qu'il n'a pas parlé, on doit s'abstenir d'arguer quelque chose

Page 80: Institutions liturgiques (tome_2)__2

474 ATïTF.imS LlTîiROISTTiS

(r) ïs. x u n , 3. — Matth. xn, ao.

M $*p. xi, 24 .

(3) Vid. ci-dessus, page 140 ct 400 .

INSTITUTIONS C ] C s o n silence. Admettons donc, d'une part, qu'il ne s'est L 1 T U R G I Q U K S , . .

pas expliqué sur les nouvelles liturgies françaises; mais convenons, d'autre part, qu'il n'a pas manqué une occasion pour déclarer que les églises astreintes au Bréviaire et au missel de saint Pic V n'ont point la liberté de sc donnerun autre bréviaire ct un autre missel.

Rome a gardé Que si nous voulons chercher les raisons de la grande une prudente / ^ , s • réserve afin dc reserve que le Saint-Siège a gardée dans l'affaire des nou-

ne pas éteindre rt, * , , « ia mèche vcllcs liturgies, il nous sutura de nous rappeler la maxime

qui fume encore, r , 1 , , , , . .

c t d e ne pas fondamentale du gouvernement ecclésiastique, maxime le roseau^demi suggérée par le Dieu fort ct miséricordieux : II n éteindra

bnse. pas la mèche qui fume encore ; il n* achèvera pas de rompre le roseau déjà brisé (i). Est-ce à dire pour cela que Rome doit approuver l'affaiblissement de la lumière dans cctte lampe qui devait toujours luire avec splendeur, ou qu'elle devra sc réjouir des fractures imprudentes qui ont compromis la solidité du roseau ? Autant vaudrait dire que Dieu, qui dissimule les péchés des hommes à cause de la pénitence qu'ils en feront [2), est de connivence avec ces mêmes péchés. Et pour ne parler que des matières contenues dans ce volume, quand Benoît XIV nous dit, cn parlant dc la Défense de la Déclaration de 168:2 , par Bossuet (3), qu'il serait difficile dc trouver un ouvrage aussi opposé à la doctrine reçue partout sur les droits du Pontife romain, et que cependant on s'est abstenu, à Rome, dc le censurer; quels motifs donne le pontife pour expliquer cette tolérance? Il met sans doute en avant les égards dus à la mémoire du grand évoque de Meaux qui à tant d'autres chefs a si bien mérité de la religion, ex lot aliis capilibus de religione bene meriti ; mais la raison décisive a été l'espérance d'éviter de nouvelles discordes : Sed ob

justum novorum dissidioruin limorem. Quand les parle-

Page 81: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE TA PREMIÈRE MOITIE DU XVIII e SIECLE 4 7 5

ments français et rassemblée du clergé de I 73O s'enten- 1 PARTIE

Y . C H A P I T R E X X I I

datent, chacun à sa façon, pour supprimer le culte de saint " •

GrégoireVII,dira-t-onque le sileneeque garda BenoîtXIII

signifiait qu ' i l ' renonçai t à son décret universel pour le

- culte de ce saint pontife ? qu'il tenait pour abrogés les

cinq brefs qu'il avait rendus contre les opposants à ce

décret ? Il faut bien convenir qu'il n'en est pas ainsi,

puisque la fameuse légende a été maintenue au Bréviaire

romain, comme de précepte strict, pour le 25 mai, sub

pœna non satisfaciendi (i). Apprenons donc à connaître

la raison sublime de cette patience du Siège apostolique,

et souvenons-nous que ce n'est pas la sagesse humaine,

mais la divine et éternelle sagesse qui a donné ce

conseil à ceux qu'elle envoyait au milieu des hommes :

Soye^ prudents comme le serpent : Estote prude'ntes sicut

serpentes (2). Il est temps enfin de mettre sous les yeux du lecteur la Auteurs

. . . . . . . , . . . j T * • 1 Iiturgistes d e l à bibliothèque des auteurs liturgiques de lapenode que nous première

moitié du

avons parcourue. xvm* siècle.

(1701) . Notre liste s'ouvre par Lazare-André Bocquillot, Lazare André . . Bocquillot,

chanoine d Avallon,qui a laissé un ouvrage assez curieux, chanoine,

mais écrit avecles préjugés de son temps,intitulé : Traité

historique de la Liturgie sacrée, ou de la Messe. Pa

ris, 1 7 0 1 , in-8°. Il rédigea aussi le rituel du diocèse

d'Autun.

(1701) . Alain, chanoine de Saint-Brieuc, a donné un Alain, chanoine , . . . — de Saint-Brieuc.

volume i n - 1 2 , rare et curieux, sous ce titre : Devoirs et

Fonctions des aumôniers des évêques. (1) Nous pouvons m ê m e attester, dc science certaine, que l'évêque

de New-York, en i83o, ayant demandé à Rome s'il pouvait, dans son

diocèse, omettre l'office de saint Grégoire VII, par ce seul motif dc ne

pas fournir un prétexte de plus aux continuelles déclamations contre

l'Kglisc romaine, dont les journaux protestants des États-Unis reten

tissent trop souvent, il lui fut répondu qu 7 / / ne devait rien innover, mais

célébrer, comme par le passé, la fè:c du saint pontife. (2) Matth. x, 16.

Page 82: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 7 G AUTEURS UTURGISTES

INSTITUTIONS ( 1 7 0 1 ) . Prosper Tinti, personnage que nous ne connais-

sons que par Zaccaria, est éditeur du volume intitulé : Prosper Tmti . - . . . . . . r » i -

Sert es sacrorum RiLuum in aperxtione portas Basthcce Palriarchalis sancti Pauli. Rome, in -4 0 .

François- ( J702) . François-Antoine Phœbcus publia cette année, Antoine % . ' . . .

Phœbcus. a Rome, trois dissertations : Desacris Liturgies Ritibus.

1702, in-8°. jean-Chrîstophe ( 1 7 0 2 ) . Jean-Christophe BattcIIi, bénéficier de la basi-

Battel l iet w ' . . * . , . . , . , Antoine- lique vaticanc, et plus tard archevêque d Amasie, a laisse

Dominique . , . ., f , , .

Norcia. un savant traite sous ce titre : Ritus annuœ abluiionis aliaris majoris Basilicce Vaticanœ in die Cœnœ Domini, explicat us ac illustrât us. Rome, 1 7 0 2 et 1 7 0 7 , in-8 0 , II a laisse aussi : Brevis enarralio sacrorum Rituum serra-torum in aperiendo et claudendo portant sanctam Palriarchalis Basilicce Libcrianœ. Cet ouvrage, continué par Antoine-Dominique Norcia, chanoine de Saint-Laurent in Damaso, parut à Rome, in-f", en 1 7 3 6 .

Adrien Baïllct. (i jo'5). Adrien 13aillet,critiquc scandaleux et téméraire, a complété ses Vies des Saints par unc Histoire des Fûtes mobiles. Paris, 1 7 0 0 , in-8°.

R. Vatar. ( 1 7 0 5 ) . R. Vatar, auteur du livre intitulé : Des Processions de l'Eglise, de leurs antiquités, utilités et des manières dy bien assister (Paris, 1 7 0 5 , in-8°), ne nous est connu que par son livre.

Jean Prastricio. ( i 7 0 6 ) . Jean Prastricio, professeur de théologie polémique au collège de la Propagande, a publié une dissertation sous ce titre : Patcnœ argenteœ mysticce, quœ Foro-Cornelii in Calhedrali Ecclesia colitur descriptio et explicatio. Rome, 1 7 0 6 , in -4 0 .

Dom Benoît ( 1 7 0 8 ) , Dom Benoît Bacchini, abbé bénédictin dc la bénédictin de la congrégation du Mont-Cassin, mérite une place distinguée du Mont-Cassin. parmi les liturgistes dc son temps, pour les savantes

notes dont il a enrichi son édition du Liber Poniijicalis, sive viiœ Poniijicum Ravennatum. Modène, 1 7 0 8 ,

2 vol. in-4 0 .

Page 83: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIE DU XVïl l r SIECLE 4 7 7

1 PARTIE CHAPITRE XXII

Joseph Bingham,

docteur d'Oxford.

Antoine Baldassari,

jésuite.

Dom Thierry Ruinart, de ia

congrégation dc Saint-Maur.

François Orlendis,

dominicain.

Jean-Baptiste Frcscobaldi.

Jean-François Percin

de Montgaillard

( 1 7 0 8 ) . Joseph Bingham, docteur de l'université d'Oxford et curé anglican, ne saurait être oublié ici sans injustice, ayant si bien mérité delà science des antiquités ecclésiastiques et liturgiques en particulier par le bel ouvrage dont il publia le premier volume à Londres, en 1 7 0 8 , sous ce titre : Origines Ecclesiasticœ, or the anti-quities of the Christian Church. Cet. ouvrage, grandement utile, malgré les innombrables erreurs protestantes dont il est souillé, a été traduit en latin par J. H. Grichow, ct publié à Hall, en onze volumes in -4 0 ,

1 7 2 4 - 1 7 3 8 .

( 1 7 0 9 ) . Antoine Baldassari, jésuite italien, a publié les ouvrages suivants : i° 7 / Sacerdote sacrificanie a Dio nelV Altare, con la norma délie Rubriche, cioe il Sacerdote reso esperto nelle Cerimonie délia Messa. Pistoie, 1 6 9 9 . — 2 0 La sacra Liturgia dilucidala. Forli et Urbin, 1 6 9 7 - 1 6 9 8 , 3 vol. i n - 1 2 . — 3° I Pontifiai Agnus Dei dilucidati. Rome, 1 7 0 0 , i n - 1 2 . — 4 0 La Posa d'oro, che si benedice nella quarta Domenica di Qiiaresima dal sommo Ponlefice. Venise, 1 7 0 9 , in-8°. — 5° Il Pallio Apostolico dilucidaio. Venise, 1 7 1 9 , in-8°.

( 1 7 0 9 ) . Dom Thierry Ruinart, savant bénédictin delà congrégation de Saint-Maur, a laissé manuscrit l'ouvrage intitulé : Disquisitio historica de Pallio Archiepiscopali, qui a été publié parmi les ouvrages posthumes de Dom Mabillon. 1 7 2 4 , in -4 0 .

( 1 7 1 0 ) . François Orlendis, dominicain, a laissé un savant traité : De dnplici lavacro in Ccena Domini. Florence, 1 7 1 0 , in -4 0 .

( 1 7 1 0 ) . Jean-Baptiste Frcscobaldi, personnage qui ne nous est connu que par Zaccaria, a laissé ; Pedilavium sive dc numéro pauperum quibus lavandi sunt pedes, in feria V Cccnce Domini. Lucques, 1 7 1 0 , in -4 0 .

( 1 7 1 3 ) . C'est Tannée cn laquelle mourut Jean-François de Pcrcin de Montgaillard, évêque de Saint-Pons, prélat

Page 84: Institutions liturgiques (tome_2)__2

I N S T I T U T I O N S

L I T U R G I Q U E S

cvcquc tic Sa in t -Pons .

Dom Simon Mopinot de la

congrégation dc Saini-Maur.

Grandet, curé de Sainte-Croix

d'Angers.

Chris tophe-fylatthicu^ Pfaff,

chancelier de Tubingue .

P h i l i p p e Buonarotti , archéologue

Horcntin.

4 7 S AUTEURS I.ITURGISTES

qui a reçu les plus grands éloges de la part des jansé

nistes et qui les méritait. Nous avons déjà eu l'occasion de

mentionner son zèle pour les maximes françaises sur la

Liturgie. 11 publia un traité du droit et du pouvoir des

évêques de régler les offices divins dans leurs diocèses.

iG8(ï, in-8°. Benoît XIV flétrit ce livre avec énergie ct

désapprouve hautement la doctrine qu'il contient, dans son

Traité de la Canonisation des Saints, à l'article où il

parle du Bréviaire romain.

( 1 7 1 4 ) . Dom Simon Mopinot, bénédictin de la congré

gation de Saint-Maur, a composé des hymnes remar

quables ; on admire surtout celles d'un office dc l'Enfant

Jésus.

( 1 7 1 5 ) . D. J. Grandet, curé de Sainte-Croix d'Angers,

a donné le curieux livre intitulé : Dissertation apologé

tique sur Vapparition miraculeuse de N.-S. J.-C, arrivée

au Saint Sacrement, en la pa?*oisse des Ulmes de Saint-

Florent, près de San mur, le 2 juin de Vannée 166S.

Château-Gontier, 1 7 1 5 , i n - 1 2 . On trouve dans cet ouvrage

les plus précieux détails sur la fameuse procession de la

Fête-Dieu, dite le Sacre d'Angers.

( 1 7 1 5 ) , Christophe Matthieu Pfaff, chancelier de l'Université de Tubingue, entre plusieurs dissertations qu'il a laissées sur des matières liturgiques, et dans lesquelles il a répandu unc érudition qui fait regretter qu'un homme aussi distingué ait dépense, hors de la vraie Eglise, les trésors dc sa science, a composé celle que nous avons citec ailleurs sous ce titre : Disquisitio de Liturgiis,

Missalibus, Agendis, etc. Tubingue, 1 7 2 1 .

( 1 7 1 6 ) . Philippe Buonarotti , sénateur de Florence, illustre archéologue, est connu par un ouvrage célèbre, indispensable à ceuxqui se livrent à l'étude des antiquités chrétiennes, et intitulé : Osserva^ioni sopra alcuni /'rani

ment i di vasi anlichi, ornati di figure, trovali nei C imi

ter/ di Roma. Florence, 1 7 1 6 , i n - 4 0 .

Page 85: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIE DU XVIII e SIECLE 4 7 9

( 1 7 1 6 ) . Eusèbe Renaudot , un des plus savants ecclésias- 1 PARTIE

\ ' ' . . CHAPITRE XXII

tiques de son temps, appartient à notre bibliothèque ^ n ^ c b c

liturgique par le magnifique ouvrage qu'il publia sous le Renaudot.

titre de : Liluvgiarum Orientalium collectio.Posis, 1 7 1 6 , 2 vol. in-4".

( 1 7 1 7 ) . Jean-Baptiste Halden, jésuite, a laissé cet J ea n-Bap t i s t e r . -, . . . «a lden , jésuite.

ouvrage pratique : Ephemerologion Ecclesiastico-Rubri-

cisticum novum. Brescia, 1 7 1 7 , i n - 4 0 .

( 1 7 1 7 ) . Honoré de Sainte-Marie,carme déchaussé, dans Honoré dç \ 1 /1 7 1 Sainte-Manc,

son célèbre traité sur V Usage et les Règles de la Cri- carme . ^ 1 1 1 déchausse.

tique, tomes II et I I I , traite un grand nombre de ques

tions d'antiquité liturgique. ( 1 7 1 8 ) . Le Brun Desmarettes. acolvte, auteur des bré- Le Brun v ' ' . " , Desmarettes.

viaircs d'Orléans et dc Ncvers, a laissé, sous le pseudonyme de Sieur de Àloléon, d'intéressants Voyages liturgiques de France, ou Recherches faites en diverses villes du royaume. Par i s , 1 7 1 8 , i n - 8 ° . C'est à cet auteur janséniste que nous devons la dernière édition du livre de Ojji-ciis Ecclesiasticis, de Jean d'Avranches.

( 1 7 1 8 ) . Dom Jacques Bouillait, bénédictin de la congre- Dom Jacques A , , . Uouillard,

gation de baint-Maur, lit paraître, cctte année, une édition bénédict in ' de t T» T 1 J Î T T j 1 • • • Saint-Maur.

du Martyrologe d U suard, sur îe manuscrit original de cet auteur, qui fut moine de Saint-Gcrmain-des-Prés. Le volume est intitulé : Usuardi San-Ger-

manensis Monachi Mariyrologium sincerum, ad auto-

graphi,in San-Germanensi Abbalia servati,jidem editum,

et ab observationibus R. P. Sollerii Socieiatis Jesu

vindicatum. Par is , i n - 4 0 .

( 1 7 1 9 ) . Sébastien Paulli , clerc régulier des Écoles pies, Sébastien . . , . . T-L I F . N 1 • Paull i , piariste.

a laisse une dissertation curieuse : De Ritu hcclesiœ

Neriiinœ exorcisandi aquam in Epiphania. Naples, 1 7 1 0 , in-4°. l i a traité aussi de la fameuse patène de saint Pierre

Chrysologue, sous ce titre : De Patena argent ea For<»-

Corneliensi. Naples, 1 7 4 5 , i n - 8 ° . Il laissa, cn manuscrit, deux ouvrages fort importants : i w Lexicon sacrorum

Page 86: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 8 0 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS Rituum Ecclesiœ Grœcœ et Latinœ. Libri duo, in quibus L I T U R G I Q U E S , . _ .

Ritus uirwsque hcclesiœ exponuntur et elucidantur; nec

non plura ad eos spectantia, sacra rasa, restes, librican-

lus, fesiivitaies, mimera ecclesiasiica, officia, sacrorum

ordinum collationes, Monachorum aniiquorum consuetu-

dines, restes, et quidquid sacrant Liturgiam spectat, ex

probalissimis Aucioribus recensent ur. 2 vol. in-fol. —

2°Collectio quarumdam precum, quas in sacris Liturgiis,

aliisque Ecclesiasticis Officiis quondam adhibitis, partim

ex Mss., partim ex edilis vetustis Codicibus eruit, noiis

illustravit Sebastianus Paulli. 2 vol. in-fol.

Joseph-Simon ( 1 7 1 0 ) - Joseph-Simon Asscmani, maronite , archevêque

n r a n M i t t e , 1 de Tyr , a rendu un éminent service aux amateurs de la a idc T y r " C Liturgie orientale, par la publication de sa fameuse liiblia-

theca Orientalis, où il mentionne un grand nombre de

pièces concernant les offices divins. Elle parut à Rome,

de 1 7 1 9 a 1 7 2 8 . Son édition de saint Ephrem est aussi

d'un grand prix, pour les nombreuses hymnes de ce saint

moine, qui jusqu'alors étaient demeurées inédites, au

moins pour la plupart. Enfin Joseph-Simon Asscmani a

publié les six premiers volumes d'un grand ouvrage,

malheureusement resté imparfait, comme tant d'autres, et

qui porte ce titre : Kalendaria Ecclesiœ universce. Rome,

1 7 5 5 - 1 7 6 7 , 6 vol. i n - 4 0 .

Philippe ( 1 7 2 0 ) . Philippe Bonanni, jésuite, est auteur du livre

^és^iite!' intitulé : La Gerarchia Ecclesiasiica considerata nelle

vesti sacrée civili, usate da quelliquali la compongona,

espresse, e spiegale cou le immagini di ciascun grado

délia medesima. Rome, 1 7 2 0 , in-_]°.

Thomas Breti, (\j2o). Thomas Brett, docteur anglican, fit paraître cn

an^ik-an. cette année, à Londres, une Collection des principales

Liturgies de l'Eglise chrétienne usitées dans la célébra'

lion de la sainte Eucharistie. Cette collection, en langue

anglaise, sc compose: i" de la Liturgie tirée des consti

tutions apostoliques; 20 de celle de saint Jacques; 'i" de

Page 87: Institutions liturgiques (tome_2)__2

D E L A P R E M I È R E M O I T I É D U X V I I I 0 S I E C L E 4 8 1

celle de saint Marc; 4 0 de celle de saint Jean-Chrysos- 1 PARTIE CHAFITRft XXII

tome; 5° de celle de saint Basile; 6° de la Liturgie de' l'Église éthiopienne; 7 0 de celle de Nestorius; 8° de celle de Sévère; 9 0 des fragments du Missel gothique de D. Mabillon; io° des fragments du Missel gallican, du même; u 0 de certaines parties du missel mozarabe; i 2 ° du Missel romain, édition de Rome, 1 7 4 7 ; i 3 ° de là Liturgie d'Edouard VI et du Livre de prières communes, édition de Londres, 1 7 4 9 ; 1 4 ° de la formule de communion de l'Église anglicane; i 5 ° du fragment de la première Apologie de saint Justin, sur l'Eucharistie; 1 6 0 de la Catéchèse cinquième de saint Cyrille de Jérusalem.

( 1 7 2 0 ) . François Oudin, jésuite, est connu par des Françoispudîn,

hymnes en l'honneur de saint François-Xavier, qui le mi- ' rent en telle réputation, qu'il fut prié d'en composer d'autres pour le Bréviaire d'Autun.

( 1 7 2 0 ) . Le comte Ortensio Zaeo, de Vicence, l'un de Ortensjo Zago, , „ . -, . . de Vicence.

ces savants italiens que 1 on von cultiver les sciences ecclésiastiques conjointement avec les sciences profanes, a laissé deux dissertations, savoir : De peterum Christianorum inscriptionibus ct de Liturgiarum in rébus theo-logicis usu, Padoue, 1 7 2 0 , in -4 0 .

( 1 7 2 0 ) . Marc-Antoine Boldetti, chanoine de Sainte- Marc-Antoine

Marie Trans Tiberim, et custode des sacrés cimetières, ch^N^INT'de

occupe une place distinguée parmi les investigateurs de JY»," 1 ^Tiberfm.

Rome souterraine, par son bel ouvrage qui enrichit de nouvelles découvertes les mémoires si précieux de Bosio et Aringhi. Il est intitulé : Osserpaçioni sopra i cimiterj de' Sancti Martiri, ed antichi Cristiani di Roma. Rome, 1 7 2 0 , in-fol.

( 1 7 2 1 ) . Joseph-André Zaluski, évêque de Kiew, fonda- Joseph-André

tcur de la fameuse bibliothèque de Varsovie, et l'un des Z a l d S e k i e w f q u e

plus généreux défenseurs de la nationalité polonaise, est

auteur d'un livre intéressant, intitulé : Analecta historica

de sacra, in die Natali Domini, a Romanis Poniificibus

T. lu 3 i

Page 88: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 & 2 AUTEURS LITURGTSTES

INSTITUTIONS quotannis usitaia ceremonia ensem et pileum benedicendi. L I T U R G I Q U E S 1 .

— — caque mimerapnncipibus Christianis mtttendt. Varsovie,

1 7 2 1 , i n - 4 0 .

Le cardinal ( 1 7 2 1 ) - Dom Ange-Marie Qui r in i , bénédictin de la con-Q d c X c s d a C c t l C grégation du Mont-Cassin, évêque de Brescia et cardinal,

bénCdict'indc la ne futpas moins versé dans la science liturgique que dans

duMontSassUi . ' c s a u t r c s branches de l 'antiquité ecclésiastique. Il a laissé,

entre autres : Officium Quadragesimale Grœcorum, reco-

gnilum et castigatum, ad jidem prœstantissimi codicis

Barberini in laiinum sermonem conversum, atque dia-

tribis illustration. Rome, 1 7 2 1 , i n - 4 0 . Les dissertations

que renferme ce volume, qui n'a pas été suivi du second

que l 'auteur avait p romis , roulent sur les objets suivants:

i° De origine et antiquitate sacrœ Grœcorum Synaxeos ;

2 0 De authoribiis OJJicii Qtiadragesimalis Grœcorum;

3° De Dominicis, hebdomadibus Qiiadragesimalibus Grœ

corum; 4 0 De erroribus quibus édita Officiiproprii Qua-

dragesimalis Grœcorum exemplaria conspurcantur,

quibtisque omnino vacant veteres codices MSS. ; 5° De

Triodicis et Theoiociis Qiiadragesimalibus; 6° De veteri

Qiiadragcsimali Grœcorum Typico.

Correspondance En, 174*3, le même cardinal adressa une lettre de cin-entre Quirini . , \ et les quante-deux pages în-iolio a Dom Laneau, supérieur

bénédictins de * > i j i * • J r« • -»*• r-v

Saint-Maur gênerai dc la congrégation dc baint-Maur, De priscis

h y m S m ) £ ^ Ecclesiœ (Brescia), à l'occasion des dc !\ llpC

travaux que Dom Toustain et Dom Tassin avaient entre-pris sur saint Théodore Studite. Les deux bénédictins français répondirent par une lettre de cinquante-deux pages i n - 4 0 ,

e n datc/iu 1 9 avril 1 7 4 4 (Paris), danslaquelle ils proposent des difficultés au savant cardinal sur quelques points de sa dissertation.

Quirini combat Parmi les lettres latines du cardinal Quir ini , publiées à sur plusieurs , 1

points la Rome, il en estime où il combat sur plusieurs points la ' la dissertation • c , , r t ^rT^T

cn forme célèbre dissertation, en forme de bref, que Benoit XIV a

par Bcno^xfv m i s c c a ^ t c c ' c s o n édition du Martyrologe romain. Dans

Page 89: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIE DU XVIII e SIECLE 4 8 3

le catalogue que le cardinal a dressé lui-même de ses r PARTIE M • j • • ^ J 7 T? T • CHAPITRE XXII

ouvrages, il mentionne une dissertation : De ?iulla Ecclesiœ ° en tete de N. consecratione ex non rite fada duodecim crucum une- son édition du tione. Il a donné aussi, sous le titre cTEnchiridion Gros- r t y r o l o » e -

eorum (Bénévent, 1 7 2 5 , in-8°) , une collection des décrets des pontifes romains sur les dogmes et les rites des Grecs, depuis le schisme.

( 1 7 2 1 ) . Dom Dominique Fournier , bénédictin de la Dom Dominique

congrégation de Saint-Maur, est auteur des offices de et dom Gabriel

saint Germain d 'Auxerre, saint Anselme, saint Laumer bénédSlns de de Blois, saint Phalier et sainte Scholastique, imprimés à S a i n t " M a u r -Rouen, en 1 7 2 1 . Les hymnes de l'office de sainte Scholastique sont de la composition de D. Gabriel Guérin, confrère de Fournier .

( 1 7 2 1 ) . P ierre Moretti , chanoine de Sainte-Marie Tram pi er re Moretti,

Tiberim, a composé les traités suivants,dans lesquels il a sa tnt-Made

fait preuve du plus rare savoir : i° De ritu ostensionis T r a n s TMerim.

sacrarum reliquiarum, dissertatio historico-ritualis.

Rome, 1 7 2 1 , i n - 4 0 ; — De ritu variandi chorale indu-

mentum in solemnitate Paschali. Rome, 1 7 2 2 . Cet ouvrage renferme un supplément à la Dissertation sur l'ostension des reliques ; — 3° Ritus dandi Presbyterium

Papœ,Cardinalibus et Clericis nonnullarum Ecclesiarum

Urbis, nunc primum investlgatus et explanatus. Rome, 1 7 4 1 , i n - 4 0 ; — ' 4 ° Parergon ad lucubrationem de ritu

dandi Presbyterium, etc., Sive de festo in honorem Prin-

cipis Apostolorum Romœ ad diem XXV Aprilis insti-

tuto enarratio. Rome , 1 7 4 2 , in-4 0 .

( 1 7 2 2 ) . François-Marie Galluzi, jésuite, a laissé un ou- François-Marie 7 1 . j . , ~ 7 . Galluzi. jésuite.

vrage précieux sousce titre : Il nto di consecrarele Lhtese

con la sua antichità, signifeato, convenien\a, préroga

tive. Rome, 1 7 2 2 .

( 1 7 2 2 ) . L'illustre prélat romain, François Bianchini, François

n'est pas une des moindres gloires de la science liturgique p r é i ^ r o m a i n .

au dix-huitième siècle. Nous citerons ses deux savantes

Page 90: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 8 4 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS dissertations : De Kalendario et cyclo Ccesaris ac de Pas» LITURGIQUES cjutj* Canone Sancti Hippoliti Mariyris (Rome, 1 7 0 3 ,

in-folio); mais surtout la magnifique édition du Liber pontificalis attribue à Anastase le Bibliothécaire, dont il publia trois volumes en 1 7 1 8 , 1 7 2 3 et 1 7 2 8 ; ouvrage dont les préfaces, les dissertations et les notes sont du plus haut intérêt pour les amateurs de la science des rites sacrés.

Michel Amati ; ( 1 7 2 2 ) . Michel Amati, prêtre napolitain, est auteur d'une napoihaîn. dissertation : De opobalsami specie ad sacrum Chrisma

conficiendum requisiia. Naples, 1 7 2 2 .

Jean-Frédéric ( 1 7 2 3 ) . Jean-Frédéric Bernard, savant libraire d'Ams-JScrnard

Hbraire terdam, n'est point un personnage assez sérieux sous le d^wTe%ouT' rapport liturgique pour avoir droit à une place dans cette Cérémonies ct bibliothèque: nous l'y admettons cependant à raison de

Coutumes l'importance que les gravures dc Bernard Picart ont don-religieuses de 1 1 °

tous les peuples n é e à son ouvrage sur les Cérémonies et coutumes relu du monde, un °

ouvrage utile gieuses de tous les peuples du monde. Ce grand ouvrage, de ses gravures dans là composition duquel il fut aidé par Bruzen de la

par*Bcmard Martinièrc, et dont l'esprit protestant ct superficiel n'a pas P l C a r t • entièrement disparu dans l'édition postérieure qu'en ont

donnée les abbés Banier ct Le Mascrier, se compose dc huit tomes, en neuf volumes in-folio, dans la première édition dc Jean-Frédéric Bernard (Amsterdam, 1 7 2 3 -

1 7 4 3 ) ; elle cn a onze dans celle de 1 7 3 9 - 1 7 4 3 (Amsterdam). L'édition française est de 1 7 4 1 , et n'a que sept volumes in-fol. La fortune surprenante de cet ouvrage n'est due qu'aux dessins du célèbre graveur, ct nous avons eu plus d'une fois l'occasion dc nous affliger en voyant l'importance que lui attribuaient des personnes graves d'ailleurs.

Le pape ( 1 7 2 4 ) . C'est Tannée où Benoît XIII monta sur le Siège Benoit XIII. ' ?. , . &

apostolique : nous y rattacherons aussi ses divers travaux liturgiques. Etant archevêque dc Bénévcnt, il rédigea le Memoriale Rit num majoris hebdomadee pro /unelionibus

Page 91: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIII e SIECLE 4 8 5

Après la mort du pontife, on fît paraître à Rome, 1 7 3 6 ,

in -4 0 , sous le titre çYOpéra Liturgica, plusieurs opuscules qu'il avait laissés inédits.

( 1 7 2 4 ) . Eusèbe du Très-Saint-Sacrement, Espagnol,de Eusèbedu

Tordre des Trinitaires déchaussés, est auteur d'un livre : '"^VÎnSre 6 1 1^ De pertinentibus ad célébrâtionem jcjunii Ecclesiastici d e c h a u s s é .

Quatuor anni Temporum scilicet Qitadragesimœ, Pente-costes, Septembris et Decembris (Rome, 1 7 2 4 , in-4 0 ) , dans lequel il explique avec beaucoup d'étendue l'office de l'Église pour les jours des Quatre-Temps.

( 1 7 2 4 ) . Jacques de la Baune, jésuite,paraît être l'auteur Jacques de la t l . , r , T , , Baune. jésuite.

d un ouvrage contre les innovations du fameux cure Jube : Il est intitulé : Réflexions sur la nouvelle Liturgie d*As-

nières, 1 7 2 4 , i n - 1 2 .

( 1 7 2 5 ) . Nicolas Antonelli, cardinal, a laissé sur les Le cardinal . ( . , . . Nicolas

matières qui nous occupent les ouvrages suivants, qui Antonelli .

méritent leur réputation: i° De Titulis quos S. Eva-

ristus Presbyteris Romanis distribuit. Rome, T 7 2 5 ,

in-8°. — 2 0 Vêtus Missale Romanum Monasiicum Late-

ranense cum Prœfationibus^notis et Appendice. Rome, 1 7 5 2 , in-4 0 .

( 1 7 2 6 ) . Pierre Lebrun, oratorien, dont nous avons Pierre Lebrun,

déjà cité plusieurs fois le bel ouvrage sur la Messe, est un o r a t o n c n * des derniers écrivains liturgistes vraiment dignes de ce nom que la France ait produits. Son savoir égala son orthodoxie. "L?Explication littérale, historique et dogma

tique des prières et cérémonies de la Messe est en quatre volumes in-8°, publiés à Paris, de 1 7 1 6 à 1 7 2 6 . Cet ouvrage a été traduit en italien, et a paru à Vérone, en 1 7 5 2 , i n - 4 0 . Nous avons encore du P.Lebrun: i°Un$ lettre

touchant la part qu'ont les fidèles à la célébration de la

Messe. 1 7 1 8 , in -8° .— 2 0 Manuel pour assister à la Messe

et aux autres Offices de l'Église. 1 7 1 8 , i n - 1 6 . — 3° Dé-

persolvendis, Archiepiscopo célébrante vel assistente, ad i P A R T I E

usum Beneventanœ Ecclesiœ. Bénévent, 1 7 0 6 , in-8°. A W T R n x x n

Page 92: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 S 6 AUTEURS LITURCISTES

INSTITUTIONS fcnse de V ancien sentiment sur la forme de la Consacra-

— iion de l Eucharistie. 1 7 2 7 , i n - 8 ° . — 4 0 Lettre qui

découvre F illusion des journalistes de Trévoux dans le

jugement de la Défense de Vancien sentiment sur la forme

de la Consécration de VEucharistie. 1 7 2 8 , in-8° . Ces

deux derniers écrits sont unc réponse à la critique que le

P . Bougeant, jésuite, avait faite d'une des dissertations

dc l'explication de la Messe. Cctte controverse qui

tient aussi à la théologie sera touchée ailleurs dans cet

ouvrage.

Dom Dom. Pierre-Marie Giustiniani, bénédictin dc

G?usirn?anJ° ' a congrégation du Mont-Cassin, et successivement évêque

Mon^CasVn U ^ c Sagonc, en Corse, ct de Vintimille, a laissé,.au rapport

d'Armcllini, unc dissertation: De variis Geniilium ritibus

quos Christiana Ecclesia sanctificavil, atque in suum

usum convertit. Jean-Baptiste (ï7 2 (->). Jean-Baptiste Memmi, jésuite, est auteur du

Memmi, jésuite. j j y r e j n t j t u ] < î ; 7 / r / / a di canoni^are i santi spiegato.

Rome, 1 7 2 G , in-8°.

justeFontnnini, ( 1 7 2 7 ) . Juste Fontanini, savant prélat romain, a laissé :

prélat romam. ^ Discus argenieus imlipus veterum Christianorum

Pcrusite reperlus, ei commentario illustraius. Rome,

1 7 2 7 , in-4 0 . 2 0 Codex Consiilulionum quas summi Pon-

tifices ediderunt in solemni Canoni^atione sanctorum a

Joanne XV, ad Bénédiction XIII. Rome, 1 7 2 7 , in-folio.

3° Note sopra la Coroua Chericale degli Ordini Monas*

tici e de' Vcscovi* 4 0 De vera forma Consecrationis Cor-

poris et Sanguinis Domini Nostri Jesu Christi.Ces deux

opuscules se trouvent dans les mémoires sur la vie dc

Fontanini, publiés à Venise en 1 7 3 6 .

Jacques-Joseph ( 1 7 2 7 ) . Jacques-Joseph Duguct, prêtre de l'Oratoire,

oratm-ien dont il sortit plus tard, écrivain janséniste fameux, a

jansenibte. c o m p o s é u n e Dissertation théologique et dogmatique sur

les Exorcismes et autres Cérémonies du Baptême. Paris,

1 7 2 7 , i n - 1 2 .

Page 93: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIERE MOITIE DU XVIII" SIECLE 4 8 7

( 1 7 2 7 ) . Guillaume-Hyacinthe Bougeant, jésuite, est I PARTIE J , . - 1 , C H A P I T R E X X I I

connu dans la science liturgique par les deux ouvrages —

suivants : I ° Réfutation de la Dissertation du P. Lebrun ^YNSNTHC"

sur la forme de la Consécration Eucharistique. Paris, ^ u U c * '

1 7 2 7 . — 2 0 Traité théologique de la forme de l'Eucharistie. Lyon, 1 7 2 9 .

( 1 7 2 9 ) . On publia cette année, à Venise, sous le titre Collection de F Ï ^ . T T . T , Y - Y - 1 dissertations sur

de Bibliotheca selecta de ritu A^ymt ac Fermentait, les la question

dissertations de Bona, Macedo, Ciampini et Mabillon, sur d e s A z y m e s -la question des Azymes, réunies en deux vol. in-8°. La même compilation fut réimprimée à Bologne, en 1 7 5 0 .

( 1 7 3 1 ) . Jérôme Baruffaldi, archiprêtre d'une collégiale j ^ g ^ .

d'Italie, s'est rendu célèbre par ses Commentaria ad p^tre italien.

Rituale Romanum, imprimés pour la première fois à Venise, en 1 7 3 1 , in-fol.

( I 7 3 I ) . Joseph-Augustin Orsi, dominicain, puis cardi- Joscph-, T T ' - • , - A Augustin Orsi,

nal, célèbre par son Histoire ecclésiastique, doit être dominicain,

admis dans cette Bibliothèque pour les trois ouvrages suivants : I ° Dissertatio historica, qua ostenditur Catho-licam Ecclesiam tribus prioribus sœculis capitalittm cri-minum reis pacem et absolutioncmjieutiquam denegasse, et plures aliœ incidentes qucestiones ad eorumdem tempo-rum Chronologiam ecclesiasticam pertinentes quibusdam digressionibus data opéra examinantur. Milan, 1 7 3 0 ,

in-8. — 2 0 Dissertatio theologica de invocaiione Spiritus Sancti in Liturgiis Grœcorum et Orientalium. Milan, 1 7 3 1 , in -4 0 . — 3° Dissertatio historico-theologica de Chrismateconfirmatorio. Milan, 1 7 3 4 , in -4 0 .

( 1 7 3 1 ) . Dominique Georgi, l'un des chapelains de Dominique

Benoît XIV, est auteur du rare et précieux traité : De chapeîafnde

Liturgia Romani Pontifiais in solemni celebratione Mis- B e n 0 1 t XIV-sarum. Rome, trois volumes in -4 0 , 1 7 3 1 , 1 7 4 3 , 1 7 4 4 . Il a laissé aussi : Gliabiti sacri del Romano Pontefice pao-na\\i e neri in alcune solenni Fun\ioni délia Chiesa giustificati. Rome, 1 7 2 4 , in -4 0 . Enfin, nous avons de lui

Page 94: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 8 8 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS u n c magnifique édition du martyrologe d'Adon. Rome, L I T U R G I Q U E S r • r . • '

—- • 1 7 4 5 , in-folio. Jean Pinius, ( 1 7 2 9 ) . Jean Pinius, l'un des continuateurs de Bollan-bolhimUstc. dus, a donné, cn tétc du sixième tome de juillet des Acta

Sanctorum, l'importante dissertation de Liturgia Mo\a-rabica, que nous avons citée ailleurs. Nous profiterons dc l'occasion pour mentionner les divers travaux liturgiques des jésuites d'Anvers. D'abord, leur magnifique compilation, si importante sous tant de rapports, est avant

Travaux tout une œuvre liturgique. De plus, il n'est pas rare de épari1"ïïansSia rencontrer, cn tetc des divers volumes, des dissertations C bôuanalstcs. a spéciales sur les choses du culte divin. Lc deuxième tome

de mars est remarquable par un traité sur le martyrologe dc Bède. Le premier tome dc mai ollrc, sous le titre dc : Ephemerides Grcecorum et Moscorum, un curieux travail sur le calendrier dc l'Eglise grecque, par le P. Papcbrok. Lc deuxième tome de juin est accompagné d'une dissertation non moins utile du P. Nicolas Rayrcus : De Aco-luthia Oflicii Canonici Grœcorum. Les tomes VI et VII dc juin renferment la célèbre édition du martyrologe d'Usuard, suivie d'un grand nombre d'autres inédits, par le P. du Sollicr. Lc premier tome de septembre présente unc excellente dissertation de Diaconissis, par lc Père Pinius, etc.

SimonGnurdnn, ( 1 7 2 9 ) . Simon Gourdan, chanoine régulier de l'abbaye Saini-vlcior. de Saint-Victor, personnage dc grande piété et sincère

orthodoxie, qui mourut cette année, a composé des hymnes ct des proses, dont plusieurs sont employées dans les livres parisiens actuels. Nous regrettons que le défaut dc renseignements sur ce point ne nous permette pas de les désigner autrement à nos lecteurs.

Rcmy Brcycr, ( ' 7 3 3 ) . Rcmy Brcyer, chanoine de la cathédrale dc c h T r o y c s . d w Troyes, l'un des auteurs du bréviaire dc ce diocèse, a

laissé unc Nouvelle dissertation sur les paroles de la Consécration. Troyes, 1 7 3 3 , in-8, dans laquelle il combat

Page 95: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIE DU XVIIIE SIECLE 4 8 9

le sentiment du P. Le Brun. Le lecteur se rappelle sans 1 P A * * I E

m Û V U W rr CHAPITRE XXII

doute d'avoir vu le nom de Breyer parmi ceux des cha-noines opposants au missel de Troyes.

( 1 7 3 4 ) . Le Journal des Savants de 1 7 3 4 , page 6 4 1 , P. de

donne l'analyse d'un ouvrage du P. deBoncrueil, intitulé: L'Esprit de l'Église dans la récitation de cette partie de VOffice qu'on appelle Complies. Imprimé à Paris, la même année, i n - 1 2 .

( i 7 3 5 ) . Joseph Bianchini,neveu de François Bianchini, * 0 8 C , P . h .

de l'Oratoire de Rome, a rendu de grands services a la ^prêtre

science liturgique, en publiant le Sacramentaire dit Léo- Roms™

nien, qu'il fit paraître d'après un manuscrit de Vérone, en tête du quatrième tome de la superbe édition d'Anastase, commencée par son oncle, et dont le cinquièpie ct dernier volume n'a pas paru. La Préface de l'Ordre Romain publié par François Bianchini, dans son troisième volume d'Anastase, appartient pareillement à Joseph. Nous avons parlé, à l'article du B. Cardinal Tommasi, de l'édition des œuvres de cet illustre Liturgiste, que Joseph Bianchini avait entreprise et qu'il n'acheva pas. Il importe de détailler ici les matières contenues dans le seul tome qui parut de cette collection, à Rome, 1 7 4 1 , en deux parties. Après une préface remplie d'érudition, Bianchini produit les matières suivantes : i° Johannis Pinii tractatas de Liturgia Hispanica. %° Notifia Breviarii Moqzrabici. 3° Ordo divini Officii Gothict Mo\arabici. 40 Libellus orationum Ecclesiasticorum Officiornm Gothico-Hispanns, nunc primum inlucem editus ex incomparabili et plus-quam millenario MS. codice. in-fol. majoris formee, amplissimi Capituli Veronensis. Nous mentionnerons ici, comme tenant à notre sujet, la belle publication projetée par François Bianchini et commencée par son neveu, sous le titre de : Demonstratio Historiœ Ecclesiasticœ quadripartites, monumentis ad fidem temporum et gestorum. Rome, 1 7 ^ 2 , grand in-folio.

Page 96: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 9 0 AUTEURS LITURGISTES

JosephCa ta l an i , o u v r a g e s s u r l c s R j t e s s a c r é s s o n t . j 0 D e QodicC Sancti

de l 'oratoire. Evangelii atque servalis in ejus lectione et usu variis

rilibus. Rome, i y 3 3 , i n - 4 0 . — 2 0 Cowmentaria in Ponti

ficale Romanum. Rome, 1 7 3 6 , trois volumes in-fol. —

3 ° Cœremoniale Episcoporum commentariis illustration.

Rome, 1 7 4 4 , deux volumes in-fol. — 4 0 Sacrarum Cœre-

moniarum sive Rituion Ecclesiasticorum S. R. E. libri

très ab Augustino Patricio ordinati et aMarcello Corcy-

rensi Archiepiscopo primum editï, commentariis aucti.

Rome, 1 7 5 0 , deux volumes in-fol. — 5 ° RitualeRomanum

Benedicti Papce XIV jussu édition et auctum, perpetuis

commentariis exornatum. R o m e , 1 7 5 7 , deux volumes

in-fol.

j e a n d e j o h a n n e , ( i736). Jean de Johanne, chanoine de la cathédrale dc

de Paîerme. Pa ïenne , a travaillé sur la Liturgie des Églises de Sicile,

antérieure au Bréviaire de S. Pie V, et qui n'était autre

que la Liturgie romaine-française, introduite en Sicile par

les ducs d'Anjou. Son livre est intitulé : De Divinis Sicu-

lorum Officiis. Palerme, 1 7 3 6 , i n - 4 0 .

Gaétan Merati, ( 1 7 ' 3 G ) . Gaétan-Marie Merati , théatin, est fameux par

theatm. nouvelles observations et additions au Thésaurus

sacrorum Rituum de Gavanti. Elles parurent d'abord en

quatre volumes i n - 4 0 , à Rome , en 1 7 3 6 , 1 7 3 7 , 1 7 3 8 , et

sont dans les mains de tous ceux qui s'occupent de

Liturgie sous le point de vue pratique. Merati entreprit

son travail à la sollicitation du cardinal Lambertini , qui,

devenu Pape, témoigna la plus grande estime pour les

travaux ct la personne de ce liturgiste, au point qu'il alla

lui rendre visite dans sa dernière maladie. Merati préparait

unc collection des liturgies occidentales, dont il avait con-

. certé le plan avec le B. Tommas i , son confrère. Il mourut

en 1 7 4 5 , laissant une bibliothèque considérable cn livres

liturgiques, dont Benoît XIV voulut enrichir la sienne.

INSTITUTIONS ( i736) . Joseph Catalani, de Rome , est un des plus L I T U R G I Q U E S . W ' - j , n

importants liturgistes des temps modernes. Ses divers

Page 97: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIII e SIECLE 4 9 1

I PARTIS CHAPITRE XXII

Le P. Antoine-Marie Lupi.

Agnello Onorato, chanoine d'Aversa.

Dora Léger Mayer,

bénédictin.

Jean Bottari, prélat romain.

Dom Germain Cartier,

bénédictin.

Jean Lebeuf, sous-chantre

d'Auxerre.

( 1 7 3 7 ) . C'est Tannée où mourut le P. Antoine-Marie Lupi, auteur de la célèbre Dissertation sur Tépitaphe de sainte Sévère, et de tant d'autres travaux archéologiques. Il a traité savamment des baptistères anciens et de plusieurs autres matières liturgiques. Ces divers mémoires ont été recueillis par Zaccaria, sous le titre de : Disserta^ioni, httere ed altre opperette, con giunte ed annota\ionù Faenza, 1 7 5 5 , in-4 0 e n deux parties.

( 1 7 3 7 ) . Agnello Onorato, chanoine d'Aversa, fit paraître à Lucques, en 1 7 3 7 , in -4 0 ,

n e u ^ dissertations sur diverses thèses de l'antiquité ecclésiastique, dont plusieurs ont trait à la science lituçgique. Nous citerons en particulier la quatrième qui est intitulée : Dell* estrema un\ione : delV antico osia lodevol rito di santa Chiesa n'elV ammi-nistrare agVinfermi la sacra un^ione prima di dar loro il piatico.

( 1 7 3 7 ) . Dom Léger Mayer, bénédictin de l'abbaye de Mûri, en Suisse, est connu par son Explicatio compen-diosa litteralis historica cœremoniarum, earum prœcipue quœ ad S. Lititrgiam spectant. Tugii, 1 7 5 7 , i n - J 2 .

( 1 7 3 7 ) . Jean Bottari, prélat romain, a complété la série des ouvrages qui traitent des monuments de Rome Souterraine, si importants pour la science liturgique, par son beau travail intitulé : Scitlture e pittnre sacre estratte da Cimeteri di Roma,publicate gia dagli Autori délia Roma Sotterranea nuovamente date in luce colle spiega^ionù Rome, 3 volumes in-folio, 1 7 3 7 , 1 7 4 6 et 1 7 5 4 .

( 1 7 3 9 ) . Dom Germain Cartier, bénédictin d'Ettenhei-munster, au diocèse de Strasbourg, a composé un ouvrage très-utile à ceux que leur vocation appelle à célébrer l'office divin ; il est intitulé : Psalmodiœ Ecclesiasticœ dilncidatio. Strasbourg, 1 7 3 9 , in-8°.

( 1 7 4 1 ) . Jean Lebeuf, sous-chantre de la cathédrale d'Auxerre, personnage grandement érudit, mais qui eut le malheur de fabriquer durant sa vie une trop grande masse

Page 98: Institutions liturgiques (tome_2)__2

INSTITUTIONS LITURGIQUES

Jean-Chrysostome

Trombell i , chanoine régulier.

Jacques Merlin, jésuite.

Joseph-Michel Cavalieri, augustin.

U est attaqué par Charles

de Ponivalle.

4 9 2 AUTEURS LITURGISTES

de plain-chant, a laissé un Traité historique et pratique sur le Chant ecclésiastique. Paris, 1 7 4 1 , in-8°. II est auteur du MartyrologiumAutisiodorense.

( 1 7 4 0 ) . Jean-ChrysostomeTrombelli, chanoine régulier, l'un des hommes les plus versés dans la science liturgique qu'ait eus lTtalie au xvni a siècle, a laissé, entre autres ouvrages, trois magnifiques traités : De Cultu sanctorum dissertationes deeem quibus accessit appendix de Cruce. Bologne, 1 7 4 0 . Cinq volumes in -4 0 et six avec les Vindiciœ. — Maries Sanctissimœ Vita ac gesta, cultusque illi adhibitus per dissertationes descripta. Bologne, 1 7 6 1 .

Six volumes i n - 4 0 . — Tractatus de Sacramentisper pôle* micas et Liturgicas dissertationes dispositi. Bologne, 1 7 7 5 . Douze volumes in -4 0 . Cet illustre liturgiste a donné une édition de YOrdo Officiorum Ecclesiœ Senensis ab Oderico ejusdem Ecclesiœ Canonico compositus, ouvrage inédit, et dont Muratori avait indiqué l'existence au tome V e de ses Aniiquitates Italicœ. L'édition de Trom-belli est de Bologne, in-4 0 .

( 1 7 4 3 ) . Jacques Merlin, jésuite, a composé un Traité historique et dogmatique sur les paroles ou les formes des sept Sacrements de l'Église. Paris, 1 7 4 5 , i n - 1 2 .

( 1 7 4 3 ) . Joseph-Michel Cavalieri, augustin, est célèbre parmi les auteurs pratiques sur la Liturgie, par ses savants commentaires sur les décrets de la Congrégation des Rites, dont la meilleure édition parut après la mort de l'auteur, cn 1 7 5 8 , Venise, cinq tomes in-folio, sous ce titre : Cavalieri opéra omnia Liturgica, seu commentaria in authentica S. R. C. Décréta. Cavalieri se montre, cn beaucoup d'endroits, hostile à Merati, et le combat avec affectation ; ce qui lui attira une réplique assez énergique dc la part d'un certain Charles de Ponivalle, qui publia des Mémoires en italien sur la vie et les écrits de Merati, à Venise, 1 7 5 5 , in-4 0 .

( 1 7 4 3 ) . Dom Bennon Lobel, bénédictin allemand, abbé

Page 99: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIE DU XVIII e SIECLE 4 g 3

de Sainte-Marguerite de Prague, a composé une savante 1 PARTIE

° * CHAPITRE XXII

dissertation sur la fameuse médaille de saint Benoit, qui -

a été l'objet des sarcasmes de J.-B. Thiers, comme aussi Lobe?, ^bbé° de

des naïvetés de plusieurs personnes contemporaines. Elle Marguerite de

est intitulée : Disquisitio sacra numismatica de origine, Prague.

quidditate, virtute, pioque nsn Numismatum,seuCruciU larum Sancti Benedicti Abbatis, per SS. D. N. Benedic-tum XIV. P. M. instaurato. Vienne, 1 7 4 3 , in-8°.

( 1 7 4 4 ) . Jean Marangoni, adjoint à Boldetti dans la garde Jean Marangonî, , . % . . , j» 1 prêtre romain.

des sacres cimetières, a laisse un ouvrage d une valeur inappréciable pour l'archéologue et le liturgiste. Il porte ce titre : Délie cose gentilesche e profane transportate ad uso e ad ornamento délie chiese. Rome, 1 7 4 4 , in-4 0 . H Y a aussi des choses très-importantes pour la science liturgique, dans le savant ouvrage du même auteur sur la chronologie des Papes, intitulé : Chronologia Romanorum Pontificum superstes in parie te australi Basilicœ S. Paidi viœ Ostiensis. Rome, 1 7 5 1 , in-folio.

( 1 7 4 4 ) . Dom Charles-François Toustain et Dom René- Dom Charies-

Prosper Tassin, bénédictins de la congrégation de Saint- Toustain, et Maur, auteurs du Nouveau Traité de Diplomatique, René-Prosper

appartiennent à notre bibliothèque, non seulement par la bénïdtams de lettre au Cardinal Quirini dont nous avons parlé plus S a i n N M a u r * haut, mais aussi par leurs grands travaux, malheureusement restés manuscrits, pour l'édition de saint Théodore Studite, l'un des principaux hymnographes de l'Église grecque. Dans la Lettre au cardinal Quirini, ils démontrent qu'il y a une véritable poésie imitée des anciens poètes dramatiques, dans les tropaires, stichères, odes et cantiques du saint abbé de Stude. Il est fâcheux qu'ils n'aient pas étendu cette observation aux autres monuments du même genre, tant de l'Église grecque que de l'Église latine. Dom Toustain a laissé manuscrit un ouvrage intitulé : Recherches sur la manière de prononcer les paroles de la Liturgie cke{ les Grecs et les Orien»

Page 100: Institutions liturgiques (tome_2)__2

I N S T I T U T I O N S

L I T U R G I Q U E S

Anto ine Mart inet t i .

Dom Char les Chardon ,

bénédictin de la congrégation

de Sain t -Vannes .

Jean-Baptiste Gattico,

chanoine régulier de

La t ran .

Le pape Benoit XIV.

4 9 4 AUTEURS LITURGISTES

taux, où l'on prétend réfuter la dissertation-du P . Le Brun

sur le même sujet. Nous n'avons pas besoin de signaler

l 'esprit qui a présidé h la composition de cet ouvrage.

( 1 7 4 5 ) . Antoine Martinetti a laissé un livre important

sous ce titre : De Psalterio Romano. Rome , 1 7 4 5 , in

folio.

( 1 7 4 5 ) . Dom Charles Chardon, bénédictin de la Con

grégation dc Saint-Vannes, est connu avantageusement

par un ouvrage plein de recherches, intitulé : Histoire

des Sacrements, ou de la manière dont ils ont été célébrés

et administrés dans l'Eglise, et de l'usage qu'on en a

fait depuis le temps des Apôtres jusqu'à présent. Par is ,

1 7 4 5 . Six volumes i n - 1 2 . Cette histoire a été traduite cn

italien.

( 1 7 4 6 ) . Jean-Baptiste Gattico, chanoine régulier de La

tran, est connu par les ouvrages suivants: i° De Oraioriis

domesticis et de usu Altaris portatilis,juxta veterem ac

recentem Ecclesiœ disciplina??!. Rome, 1 7 4 C , in-fol. —

2 0 Epistola Apologetica ad amiewn, dans laquelle Fau

teur défend ce qu'il a avancé au chapitre XXIX du pré

cédent ouvrage, au sujet de l 'administration du sacrement

dc l 'Eucharistie dans les oratoires privés. Bergamc, 1 y51 . — 3 ° Acta selccla Cœre??io?iialiasa?ictœ ro??ia?iœEcclesiœ ex

variis MSS.Codicibus et Diai^iis sœculiXV.XVI.XVII.

Rome, 1 7 5 3 , in-folio; un volume ct demi, l'impression

du second n'ayant point été achevée. Cet ouvrage ren

ferme des détails du plus grand prix pour l'histoire

domestique dc la Cour dc Rome, autant que pour la

Liturgie.

( 1 7 4 7 ) . C'est l'année où parurent à Rome, cn douze

volumes in-folio, les œuvres du grand Pontife Benoît XIV,

dont le nom seul rappelle la plus vaste science liturgique

dont jamais un homme ait été orné. Il suffira sans doute

de désigner ici cn abrégé les divers ouvrages dc ce grand

homme, puisqu'ils sont entre les mains dc tout le monde.

Page 101: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIE DU XVIII e SIECLE

i° De servorum Dei Beatificatione et de Beatorum i PARTIE ~ . ~ ~ - _ . „ . CHAPITRE XXII

Canont\atione. — 2° De bacrosancto Mxssœ bacrijicio. — 3 ° De Festis D. N. J. C. et B. M. V. Le Bullaire et

les Institutiones Ecclesiasticœ renferment une infinité de

questions liturgiques que l'illustre auteur discute et

approfondit toujours. Nous avons parlé de son édition

du Martyrologe.

( 1 7 4 7 ) . Robert Sala, cistercien de la congrégation des Robert Sala,

Feuillans d Italie, personnage dont nous avons deja parle d'Italie,

à propos du cardinal Bona, son confrère, a enrichi de

notes précieuses les deux livres Rerum Liturgicarum du pieux et docte cardinal. Cette édition, dédiée à Be

noît XIV, est en trois volumes in-folio. Tur in , 1 7 4 7 . Ils ont été suivis d'un quatr ième, contenant les lettres de

Bona.

( 1 7 4 8 ) . L'illustre Louis-Antoine Muratori , dont le nom Louis-Antoine . Muratori.

seul rappelle les prodiges de la science la plus colossale,

ne dédaigna pas les études liturgiques, et s'est acquis le

droit de figurer dans notre bibliothèque par sa Litnrgia Romana vêtus tria Sacramentaria complectens. Venise,

1 7 4 8 . Deux volumes in-folio. On dit cependant que le

fond de . ee travail appartient au savant Dom Benoît

Bacchini, bénédictin de la congrégation du Mont-Cassin.

( 1 7 4 0 ) . Thomas-Marie Mamachi, dominicain fameux, Thomas-Marie , . y / . Mamachî,

mente aussi une place dans ce catalogue, ppur le magni- dominicain,

fique ouvrage qu'il voulut opposer aux Origines Chris-tianœ de Bingham. Il est intitulé : Originum et Antiqui-tatum Christianarum libri viginti. Rome, 1 7 4 9 - 1 7 5 5 ,

cinq volumes i n -4 0 . Malheureusement, cet ouvrage, quelque

peu gâté par certains traits échappés à un esprit de corps

injuste, est resté incomplet. Nous citerons encore, parmi

les écrits de Mamachi : Dé1 costumi de9 primitivi Cris-tiani. Rome, 1 7 5 3 - 1 7 5 7 , trois volumes i n - 8 ° .

( 1 7 4 9 ) . Léonard Cecconi, évêque de Montalte, est connu Léonard „ j ~ \ * . • . . . . .„ Cecconi, évoque par sa Disserta\ione sopra l origine, signijicato, uso e de Montalte.

Page 102: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4 9 6 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS morali ammaest rament i per la divota recitadeW Alléluia. L I T U R G I Q U E S .

• -Vcl le tn , 1 7 4 9 , in-8°.

joseph-Aioyse ( 1 7 4 9 ) - Joseph-AIoysc Asscmani, neveu de Joseph-Assemam. Simon, est à jamais illustre par sa magnifique collection

liturgique, intitulée : Codex Liturgicus Ecclesiœ uni-versœ in XVLibros distributus, in quo continentur Libri Rituales, Missales, Pontificales, Officia, Diptycha, etc., Ecclesiarum Occideniis et Orientis. Le premier volume parut à Rome, cn 1 7 4 9 , in -4 0 . Cette œuvre, comme tant d'autres, est demeurée inachevée, neuf volumes seulement ayant paru. Vingt auraient à peine suffi à remplir le plan de l'auteur. Il a laissé, cn outre, unc dissertation De Sacris Ritibus. Rome, 1 7 5 7 , i n - 4 0 ; et un Traité De

Ecclesiis, earum reverentia et asylo. Rome, 1 7 5 G , in-fol. Cousin ( 1 7 4 0 ) . Cousin dc Contamine, séculier, employé dans

de Contamine. \ ^ J i

A ' -, j î,

les termes royales, fit paraître, sous le voile de 1 anonyme, une brochure intitulée : Traité critique du plain-chant usité aujourd'hui dans VÉglise, contenant les principes qui en montrent les défauts et qui peuvent conduire à le rendre meilleur. Paris,- 1 7 4 9 , i n - 1 2 de 6 9 pages. On remarque, cn tête du volume, une vignette sur laquelle est représenté un bœuf piqué par un cousin ; ce qui signifie assez que l'auteur, en faisant allusion à son propre nom, a eu en vue d'attaquer l'abbé Lebeuf.

Poisson, curé de ( 1 7 6 0 ) . Poisson, curé de Marchangis, a laissé, sur lc Marchands. c | i a m c c c l £ s î a s t i q u c , un intéressant ouvrage dont nous

avons cité quelque chose ailleurs, et qui porte ce titre : Traité théorique et pratique du Plain-chant appelé Grégorien. Paris, 1 7 5 0 , in-8°. Il est également auteur d'un livre sur les Règles de la composition du Plain-chant, que nous n'avons pu nous procurer. La brochure dc Cousin, dont il est question au précédent article, est adressée à Poisson.

Dominique- ( 1 7 5 0 ) . Dominique-Marie Manni, célèbre imprimeur de Marie Manni. , . . , T 3 T , . t . . , . . .

Florence, a publie : i ° £ Istoria degh anni santx dal loro

Page 103: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIE DU XVIII e SIÈCLE 4 9 7

I P A R T I E CHAPITRE XXII

Paul-Marie Paciaudi, théatin.

Antoine-François Gori,

prévôt du baptistère de Florence, et

J.-B. Passeri.

Emmanuel de Azevedo,

jésuite portugais.

T . II. 32

principio sino al présente del MDCCL. Florence. — 2 e Délia disciplina del Canto Ecclesiastico antico ragio-namento. Florence, 1 7 5 6 , i t i -4 0 .

( 1 7 5 0 ) . Paul-Marie Paciaudi, théatin, antiquaire distingué, a laissé sur les matières liturgiques les ouvrages suivants : i° De sacris Christianorum Balneis. Venise, 1 7 5 0 , in -4 0 . — 2 ° &e cultu S. Joannis Baptistœ. Rome, 1 7 5 5 , in«4°.

( 1 7 5 0 ) . Antoine-François Gori, prévôt du baptistère de Florence, antiquaire non moins illustre, appartient à notre bibliothèque par une grande partie de ses travaux archéologiques. Nous citerons en première ligne le Thésaurus veterum Dipt/corum Consularium et Eccle-siasticorum que la mort l'empêcha d'achever, et qui ne parut qu'en 1 7 5 9 parles soins de J.-B. Passeri. Florence, 1 7 5 9 , trois vol. in-fol. On trouve plusieurs dissertations curieuses sur les matières liturgiques dans un recueil d'opuscules de divers auteurs que Gori fit paraître en 1 7 4 8 à Florence et à Rome, sous le titre de Symbolœ Literariœ. On a encore de Gori une dissertation de Antiquis Codicibus Mss. quatuor Evangcliorum, deque internis externisque eorumdem Codicum ornamentis. Ce savant homme, lorsqu'il fut atteint par la mort, préparait des travaux importants sur les matières suivantes : i° De antiquis Ecclesiarum Hierothesis ; 2 0 Vetusti Ambonis Ecclesiœ Florentinœ Sancti Pétri sacra cmblemata nunc primum prolata et illustrata; 3° Liturgiaaniiqua Sanctœ Ecclesiœ Florentinœ cum observationibus ; 4 0 De forma, cultu, ornatuque veterum Baptisteriorum apud Christia-nos; 5° Vetusta monumenta Liturgica, ad Basilicam reconciliandam; 6° De Ritu attollendi faces in sacris Ecclesiœ Mysteriis.

( 1 7 5 0 ) . Emmanuel de Azevedo, jésuite portugais, ami particulier dc Benoît XIV, dont il publia les œuvres, sur lesquelles il exécuta des travaux analytiques du plus haut

Page 104: Institutions liturgiques (tome_2)__2

4Ç)8 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS ruérite, fut pendant plusieurs années professeur à l'école L I T U R G I Q U E S ' 1 ± *

liturgique du Collège romain. C'est au zèle d'Azevedo à

remplir les fonctions de sa charge, que nous sommes rede

vables de ses précieuses Exercitationes Liturgicœ de

Divino Oflîcio et Sacrosa?îcto Missœ Sacrificio, dont

quelques-unes parurent à Rome , en 1 7 5 0 , i n - 4 0 , e t <ïui

ont toutes été recueillies dans l'édition de Venise, in-folio

cn deux parties, 1 7 8 0 . Cette dernière édition renferme

aussi un ouvrage inédit du même auteur, intitulé : De

Catholicœ Ecclesiœ pietale erga animas in Purgatorio

relentas. Azevedo avait projeté la publication d'une col

lection liturgique, dont il lança le Prospectus dans le

public, en 1 7 4 9 . Elle devait être int i tulée: Thésaurus

Liturgicns, et atteindre au moins le nombre de douze

volumes, bien qu'Azevedo n'eût dessein d'y renfermer que

les livres liturgiques de l'Eglise latine.

Le Journal des Notre bibliothèque liturgique, tout incomplète qu'elle Savants. . , . ,

les Mémoires est, le serait encore davantage si nous omettions de men-cte\e Mercure tionner ici, en terminant cette période, divers recueils qui

renipifs'iie renferment un grand nombre de mémoires sur les ma-mémoires tières liturgiques, mais d'une dimension t rop restreinte

l i turgiques, ° 1 1 r

™Raccoitahl P o u r c l u o n a ^ P u s o n 8 c r ^l l e s imprimer à par t . Nous 'd'Opuscoii conseillerons donc à nos lecteurs de feuilleter le Journal scicn t ijici

ejlioiogicî et la des Savants, les Mémoires de Trévoux ct surtout le Mer-Nuova Raccolta , 7-, T i i ' • i i • i

du p . Anse cure de rrance. Ils y trouveront de véritables richesses,

c a m a ^ f e . et souvent des éclaircissements précieux sur les questions

les plus difficiles ct les plus inattendues. Ils feront bien

aussi dc consulter les diverses publications de ce genre

qui ont paru cn Italie, ct, cn particulier, l 'immense col

lection du P . Ange Calogcra, camaldulc, dans laquelle ce

savant a recueilli sous lc titre de Raccolta d^opuscoli scien-

lijici e Jilologici (cinquante-un volumes i n - 1 2 , 1 7 2 9 et

années suivantes) unc grande quantité de dissertations des

savants italiens sur les questions les plus curieuses de

l'archéologie liturgique. Calogcra commença en 1 7 5 5 , une

Page 105: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XVTÏÏ0 SIECLE 4y9

P. Fortuné Mandelli, camaldule. Passons maintenant aux conclusions des faits contenus Conclusions,

dans ce chapitre. La marche de la Liturgie romaine continue de s'opérer La Liturgie

, -1-1 A r I T romaine

avec majesté. En même temps que lantique fonds de saint conserve son

Grégoire est maintenu, le culte des Saints continue de et°cepcndant nsc

prendre de nouveaux accroissements. dtoufoiYs^

Si, un moment, Benoît XIV semble hésiter, comme spécialement

préoccupé du désir d'arrêter un développement inconnu I ' n c ^ ? î " | j ^ e n t

aux siècles précédents, la lenteur avec laquelle il procède, des saints,

les précautions dont il s'entoure, la résolution de ne trai- Benoît xiy, J 7 préoccupe d une

ter qu'avec toute sorte d'égards l'œuvre séculaire de la réforme T • I //. liturgique, en

liturgie, tout, jusqu à 1 abandon de ce projet dc reforme, abandonne

atteste avec quelle gravité l'Église entend procéder dans u matîèrcluî

les améliorations de ce qui touche au culte divin. parait gra\e.

Pourtant, cette Italie, si lente à prendre un parti dans G r a c i a cette

l'amélioration du bréviaire, ne fut jamais plus richement " tradition,

pourvue d'hommes versés dans l'érudition liturgique. Une abondamment

seule période de cinquante ans nous donne, entre autres, de°Mvants Buonarotti, Boldetti, Bottari, les Assemani, Quirini, i " « r g l » t c s -

Moretti, Georgi, les Bianchini, Benoît XIV, Catalani, Merati, Cavalieri, Trombelli, Marangoni, Gattico, Sala, Muratori, Mamachi, Paciaudi, Gori, Azevedo, etc.

En France, si Ton excepte Renaudot et Le Brun, les En France, où . , . . . . chaque année

noms que nous avons cites n appartiennent, pour la plu- voit naître

part, qu'à des liturgistes du second ou du troisième bréviail-es^ïa

ordre, et encore nous a-t-il fallu un zèle tout patriotique Hturgîquc^st en

pour les découvrir. Cependant, à cctte époque, de toutes décadence

parts en France, on voyait éclore bréviaires ct missels, sur un plan perfectionné : comment, au milieu d'une si prodigieuse fécondité, la science liturgique sc montrait-elle ainsi aux abois ? Par une raison toute simple : c'est que la science liturgique, comme toutes les branches de la' science ecclésiastique, est avant tout une science de tradi-

Nuova Raccolta qui fut continuée après sa mort par le 1 P A R T 1 E

x r r C H A P I T R E XXII

Page 106: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 0 0 AUTEURS LITURGISTES DE LA t r B MOITIÉ DU XVIII e SIÈCLE

I N S T I T U T I O N S tion : d'où il suit que nous avons encore huit ou neuf cents L I T U R G I Q U E S * .

•" ans a patienter, d'ici que les Bréviaires et Missels de Vigier, Mésenguy, Le Brun des Marettes, Robinet et les autres, soient de nature à devenir l'objet d'une science véritablement liturgique.

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NOTE DU CHAPITRE XXII 5oi

N O T E DU C H A P I T R E XXII

METHODUS IN SCHOLA SACRORUM RITUUM SERVANDA

I. Singulis annis typis edetur volumen ducentas ad min imum com-plectens paginas, in quo sequentia cont ineantur : n imi rum i . T i tu lus materiae, de qua agendum eo anno erit et ipsius operis dedicatio. 2 . Syllabus Aud i to rum, qui Scholae nomen dederint usque ad Kalendas Januarias . 3. Materia eo anno proposita, et viginti alias questiones, vel de eodem argumento , vel potius de aliis in Sacra Ri tuum Congre-gatione agitari solit is .4. Epistola S u m m o Pontifia quotannis exhibenda. 5. Demum, duplex libellus pro totîdem publicis disputationibus.

II. Quon iam vero volumen hoc ducentas circiter paginas complectens in Audi torum praesertim ut ï l i tatem cedere débet, hinc plura illius edentur exemplaria, quae divisa per folia, ita dispertientur, u t exacto annuo Scholae curr iculo, ducentï ex Audi tor ibus , qui Scholae assidui interfuerint, to tum singuli volumen gratis obtineant.

III. Porro ex 200 iis paginis satis erit, si Professor 100 q u o t a n n i s repleat lucubrat ionibus a se de novo elaboratis ; reliquas vero vel suis, vel a l io rum i te rum curis , prout ut i l ius judicaverit, supplere po ter i t ; imo Audi to rum laboribus utî, si qui fortasse sui ingenii, a tque studii spécimen praebere meruer int .

IV. Quotannis igitur duas exhibebit disputationes publicas ; q u a r u m altéra versetur circa mater iam, de qua illo anno actum in Schola fuer i t , vel totam comprehendendo, vel a l iquam illius partem elucidando, altéra vero circa mater iam a l iquam ex iis quse in Sacra Ri tuum Gon-gregatione agitari soient, quas p l e rumque ex 20 ultîmis Exercitatio-nibus pr imo anno propositis desumetur . Et huic duplici materiœ duplex respondebit l ibellus, quem supra i n n u i m u s .

V. Si quando occasio tulerit , u t inter privatas Scholae exercitationes agendum sit de peculiari al iqua re , u t ita dicam, extra ordinem ; non id fiet, nisi a l iquot diebus ante Auditores praemoneantur, u t nempe tractari pro dignitate possit.

VI. Viginti i l lx quasstiones, sive exercitationes, quas addendas duxi-mus aliis octoginta circa materiam in ti tulo quotannis propositam dis-cutiendis, t rac tabuntur privatim, cum iis scilicet Auditoribus, qu ibus major erit sui progressus cura, qu ibus etiam folia in ordinaria Sacrorum Ri tuum Congregatione impr imi solita communicabuntur , et negotia ibidem contenta, a tque Sacras Congregationis décréta.

VII. Tempus integrum octoginta propositis quaestionibus t r ibuendum

I P A R T I E C H A P I T R E XXII

Page 108: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 0 2 NOTE DI' CHAPITRE XXII

INSTITUTIONS totidcm dies compicetilur, numerandos a festo Prassehtationis bcatis-LITL'BGIQUBS aima; Virginis ; usque ad festum S. Aloysii Gonzagae.

VIII. Scholae vero exercitium incipit hora 22 cum dimidio, usque ad 2 3 , in primo quadrante iïct explicatio, in secundo unus ex Auditoribus aliquid ex proposita quœstïone deducet, et argumenta ab alio Auditore objecta confutabit ; ex qualitate vero quaestionum décade una pro disputatîonc scmîpublica, sive, ut aîunt, menstrua seligetur, quam aliquis ex Auditoribus in primo quadrante elucidabit, et in secundo objcctîonibus tum Prœceptoris, tum alicujus Auditoris satisfaciet;

IX. Ante S. Aloysii Gonzagsc festum, ut supra inrtuimus, Epistola Summo Pontîfici exhibebitur, in qua Scholae ratio reddatur, designe-lurquc, quos eo anno progressais feccrint Auditores.

X. Dcnique Sacrorum Rituum Professor, in rébus ad Scholam perti-ncntîbus, non tain propriœ eruditionis et doctrines laudem, quam Auditorum utîlitatcm prac oculis habebit. Cum prœscrtim in Thcsauri Liturgici collcctione, quam curare débet, magnam sit habiturus ma-' teriam, in qua ingenium tum su uni, tum amicorum exerceatur; si qui forte erunt, qui operi utïlissimo adjutrices manus prsestarc velint.

XI. Matcria singulis annis discutienda : 1. De Sacrosancto Missœ Sacrificio. a. De Divhto Offlcio. 3. De Sacramcntorum administrations 4. Dc Bcncdictionibits, ct Precibus; vel potius, de Missali Romano : dc Breviario Romano : dc Rituali Romano : de Pontificali Romano. In primis duobus argumentis non solum Missale et Breviarium, sed etiam Cocrcmonialc Episcoporum, ct Martyrologium Romanum clucidari possunt ; siquidem pnefixus Scholae finis est, virum Ecclcsiasticum optime instructum reddere in intclïigentia lîbrorum Liturgicorum, quibus Ecclesia Romana nunc utilur. Hujusmodi vero argumenta Exercitationes nostro; Uturgica? pertractant, ad quas magno praisidio nobis sunt Opéra Iknedictî XIV, in quibus de Missa, de Festis, et de omnibus ferc rébus ad Ecclcsiasiicam di&cîplinam pertinentibus fuse dïsseritur. Pro viginti tamen Kxercitationîhus de rébus in Congrega-lionc S. Rituum agitari solitis, pecutiares Scholii* nostrie lacinius octo tomos De Canonifationc Sanctorum, quos unîco voluminc in synopsim redactos complexi sumus.

XII. Thésaurus Lilurgîcus, ct peculiarcs in eo Dissertationes de rébus, quas Ecclesiastica, vel profana historia, Conciliaresque Sanctioncs ad Sacrorum Rituum illustrationcm suppeditabunt, non ad Scholae exercitium, neque ad ejusdem Auditores spectant, sed cas peculiari titulo dedicamus Sacrorum Rituum Academicis dignitatc ctscîentia clarissimis, quorum plurimos vel Codices ct Dissertationes nobis transmittendo, vel protectionc sua sludia nostra provehendo, bcnevoleniissimos nobis magno litteraria: rcipublicœ bono experti sumus.

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I P A R T I E

CHAPITRE XXIII

C H A P I T R E XXIII

DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIÉ DU XVIIIE SIECLE.

DERNIERS EFFORTS POUR LA DESTRUCTION DES USAGES

ROMAINS EN FRANCE. — RONDET ET SES TRAVAUX. — BRE

VIAIRE DE POITIERS. JACOB. — BREVIAIRE DE TOULOUSE.

LOMENIE DE BRIENNE. — BREVIAIRE DE LYON. MONTAZET. —

REVISION DU PARISIEN. SYMON DE DONCOURT. — ASSEMBLÉE

DES ÉVÊQUES DE LA PROVINCE DE TOURS. — BREVIAIRE DE

CHARTRES. SIEYES. — MISSEL DE SENS. MONTEAU. — DESOR

GANISATION DE LA LITURGIE DANS PLUSIEURS ORDRES RELI

GIEUX EN FRANCE. — SITUATION DE L'ÉGLISE DE FRANCE,

SOUS LE RAPPORT LITURGIQUE, AU MOMENT DE LA PERSECU

TION. — ENTREPRISES ANTILITURGIQUES DE JOSEPH II, EN

ALLEMAGNE ET EN BELGIQUE ; DE LÉOPOLD, EN TOSCANE.

RICCI. SYNODE DE PISTOIE. CONSPIRATION GENERALE DE LA

SECTE ANTILITURGISTE CONTRE LE CULTE ET L'USAGE DE

L'EUCHARISTIE. — RÉACTION CATHOLIQUE PAR LE CULTE DU

SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS. — TENTATIVES ANTILITURGISTES DE

LA SECTE CONSTITUTIONNELLE EN FRANCE, APRES LA PERSÉ

CUTION. TRAVAUX DES PAPES SUR LA LITURGIE ROMAINE,

DURANT LA DERNIERE MOITIÉ DU XVIII0 SIECLE. BULLE

AUCTOREM FIDEL—AUTEURS LITURGISTES DE CETTE

ÉPOQUE.

Rentrons en France pour y être témoins des efforts Les derniers . , . . . i i T • • • efforts sont

desorganisateurs des ennemis de la Liturgie romaine, tentés en France

Encore quarante ans, et les débris de l'ancienne société l a ^ s f m c t ï o n

française seront épars sur le sol. Le vertige est dans toutes ^ r o m a i n e ? 1 6

les têtes ; ceux-là mêmes qui veulent conserver quelque

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5o4 1>E LA LITURGIE DANS LA SECONDE MOITIE DU XVIII e SIECLE

INSTITUTIONS chose de ce qui fut, sacrifient d'autre part à la manie du L I T U R G I Q U E S . . . ,

— jour. L école des nouveaux hturgistes, recrutée principa

lement jusqu'ici dans les rangs du jansénisme, se renforce

dc philosophes ct d'incro) Tants. La Liturgie romaine est

menacée clans toute la France , ct comme la foi elle-même

s'en va, on se met peu en peine que ses antiques manifes

tations disparaissent avec elle. Traçons le rapide, mais

lamentable tableau de cette effrayante dissolution.

Un simple Nous avons fait voir ailleurs comment l'innovation laïque, . . . , , \ > • j

janséniste liturgique avait etc une œuvre presbytérienne dans ses Lau^cnt-"hicnn^ agents, ct comment même de simples ^ i ° n î a C \ ^ tu ' r g i e C a c o s c t r o u v ^ r c n t appelés à y prendre une part ma-

d u n m t jeurc. En attendant le jour où des laïques présenteraient cette période. ' ' .

à l'Assemblée constituante la Constitution civile du clergé, voici qu'un autre laïque, un disciple de Jansénius, un dévot du diacre Par is , un visionnaire apocalyptique, Laurent-Etienne Rondet, en un mot, se trouve placé à la tête du mouvement liturgique. Ce personnage est appelé, dans dix diocèses différents, pour diriger l'édition des nouveaux livres qu'on veut se donner .Les Bréviaires de Laon, du Mans,de Carcassonnc,dc Cahors,de Poitiers,dc Noyon ct de Toulouse ont l 'honneur de passer sous sa direction. Les Missels de Soîssons, du Mans, dc Poitiers, dc Noyon, dc Toulouse et dc Reims, le proclament leur infatigable pat ron; le Rituel de Soîssons l'avoue pour son rédacteur; les Processionnaux de Poitiers et de Reims lui ont les plus grandes obligations, etc. ( i ) . En un mot, cet homme est par tout ; les églises l'appellent à leur secours comme celui cn qui s'est reposé l'esprit qui anima les Le Tourneux, les Le Brun des Marettes, et les Mésenguy. Les pasteurs des peuples à qui il appartient d'enseignerpar la Liturgie, après avoir renoncé à l'antique tradition grégorienne,

(î) Fcllcr et Biographie universelle, Article Rondet. Ami de la Religion. T o m e XXVI.

Page 111: Institutions liturgiques (tome_2)__2

RONDET ET SES TRAVAUX 5o5

s'inclinent devant un séculier, sectateur avoué de dogmes cn*m*™xm

qu'ils réprouvent, et livrent plus ou moins à sa censure les prières de l'autel. Non , certes, il ne se vit jamais rien de pareil, et nous ne le croirions pas, s'il n'était attesté par des témoins oculaires et, du reste, pleins d'enthousiasme.

Dirons-nous un mot des influences de Rondet sur les ^ P ^ r T d / s

livres dont nous parlons ? Les détails n'appartiennent pas H t ^ ° * e s

à cette rapide histoire liturgique; ils viendront assez tôt publiés par r , . . Rondet est la

ailleurs. Toutefois, observons que tous les bréviaires et substitution

missels à la publication desquels Rondet prit part, pré- Vui^atenouvelie

sentent deux caractères particuliers qui les distinguent des i t a l i q u e * ™ 0 même

îèces livres parisiens de Vigier et Méscnguy. Le premier est pou&z*$£c,

l'affectation d'employer rÉcriture sainte d'après la Vul- à 7 a % r | ^ ^ e

gâte actuelle, en faisant disparaître les phrases, les mots, Clément vin. les syllabes même qui, provenant de l'Ancienne Italique, rappellent encore, quoique bien rarement, dans le parisien actuel, l'origine grégorienne de quelques répons ou antiennes. On sait que Rondet se piquait d'érudition biblique; mais il est fâcheux qu'il ait cru devoir en faire un usage si barbare. Au reste, la question de savoir si l'on devait conserver dans la Liturgie les paroles de l'Ancienne Italique, avait été agitée à Rome, dès le xvi° siècle. Mais de bonne heure, Clément VIII fixa toutes les incertitudes, en déclarant qu'on devait maintenir l'ancienne version dans toutes les pièces chantées. Le pontife censura même avec énergie la témérité et Vaudace des novateurs, ne voulant pas qu'on pût dire qu'une atteinte, si. légère qu'elle fût, aurait été portée à la tradition par les pontifes romains ( i ) . On doit, après tout, savoir gré à

(i) Progressu temporis, sive typographorum, sive aliorum temeritas et audacia effccït ut muïti in ea quœ in his proximis annis excusa sunt Missalia errores irrepserint, quibus vetustissima illa sacrorum Biblio-rum versio qua; etiam ante S. Hieronymi tempora celebris habita est in Ecclesia, et ex qua omnes fere Missarum Introitus et quae dicuntur Gradualia et Offertoria accepta sunt, omnino sublata est. Clément VIII. Bref du 7 juillet 16 04, pour la revision du Missel romain.

Page 112: Institutions liturgiques (tome_2)__2

INSTITUTIONS LITURGIQUES

Rouen et chez les chanoines réguliers dc

Sainte-Geneviève.

5o6 DE LA LITURGIE DANS LA SECONDE MOITIE DU XVIII e SIÈCLE

Rondet, qui n'avait pas les mêmes intérêts que l'Église romaine au maintien des traditions, de n'être pas allé jusqu'à remplacer lc Venite extiliemns du psautier italique, par celui du psautier gallican.

Le second Le second caractère des livres liturgiques sortis de ses caractère des

Liturgies mains, est d'avoir un Commun des prêtres. Nous discu-PRondct est* terons ailleurs les motifs et les avantages de cette nouvelle

ï'un°Conw?uii création. Il faut dire cependant que les livres publiés par déji^nau^Sre à Rondet ne sont pas les premiers qui la présentent ; mais,

quoiqu'on l'eût déjà inaugurée au Bréviaire de Rouen, dès 1 7 2 6 , Vigier et Méscnguy n'avaient pas cru devoir imiter cet exemple. La congrégation des chanoines réguliers de Sainte-Genevicve,en adoptant leur bréviaire,y introduisit tout d'abord le nouveau Commun qui bientôt devait être accueilli en tous lieux, par acclamation, à cette époque où les pouvoirs du second ordre étaient proclamés si haut. La révolution était donc partout, et d'autant plus voisine de son explosion, que ceux-là mêmes qu'on avait trouvé moyen d'y intéresser, étaient ceux qu'elle devait atteindre

Cette nouveauté les premiers. Quoi qu'il en soit, le nouveau partage des l'esgrU de communs produisit encore un déplorable renversement

nism'e des traditions liturgiques, dans les bréviaires modernes, d \ i a n d o n n c r U t savoir, la suppression absolue du titre dc confesseur^sans

C t i c " u r e e r lequel il est impossible cependant dc rien entendre au a d o n n ^ p a " r ' système hagiologique de l'Église catholique. Aussi n'est-il l'hgiisc à tous p a s r arc de rencontrer des prêtres instruits d'ailleurs, qui

les saints r r .

non martyrs, ne donnent au titre dc confesseur d autre acception que dc signifier un personnage qui a souffert l'exil, la prison, ou les tourments, pour la Foi.

En 17(55 le L'année 1 7 6 5 vit paraître un bréviaire, et l'année 1 7 6 6 lazariste Jacob A ,

dote l'Église un missel, qui dépassaient peut-être encore tout ce qu on

d'un^Liturgic avait vu jusqu'alors. Ces deux livres, destinés au diocèse

ws no tr«auS r ^ e P ° i r i e r s i avaient été rédigés par un lazariste nommé ^ q u î a v a k 1 ^ a c o ^

c t portaient en tête le nom et l'approbation de été t'ait Martial-Louis de Beaupoil de Saint-Aulaire. D'abord.

précédemment. 1

Page 113: Institutions liturgiques (tome_2)__2

B R E V I A I R E E T M I S S E L D E P O I T I E R S 5O*J

étranges dans les livres de Paris et autres, s'y trouvait reproduit fidèlement ; mais avec quelle incroyable recherche l'auteur avait enchéri sur tant de singularités! Nous ne parlerons pas de l'usage inouï de placer, à certains jours, une légende de saint dans l'office des Laudes : mais Exemples de ces ' . b i z a r r e r i e s : peut-on voir quelque chose de plus étrange que de consa- une légende de

, , . , . t , - • saint est placée

crer le dimanche, ce premier jour de 1 opération divine, aux laudes,

ce jour de la création de la lumière, de la résurrection du etciu dimanche 0

Christ, de la promulgation de la loi évangélique, de le à célèbre?le

consacrer, disons-nous, à célébrer le i*epos de Dieu ache- d u gagneur vaut Vœuvre de la création ( i ) ? Pouvait-on démentir d'une l c s a n t î e n n e s cfu

v ' psautier ne manière plus énorme tous les siècles chrétiens, qui n'ont 8 ( > n t P l u s t î r é e s

r

t K . . . «es psaumes qu'une voix sur les mj'stèrcs de la semaine, ct qui jamais eux-mêmes.

ne confondirent le jour de la lumière avec le Sabbat du Seigneur? A l'effet d'étayer ce beau système, Jacob n'avait eu rien de plus pressé que de débarrasser les vêpres du dimanche de ces belles et populaires antiennes, conservées cependant à Paris et partout ailleurs : Dixit Dominus — Fidelia, etc., pour amener, comme dans tout le reste de son psautier, de nouvelles antiennes plus ou moins décousues et tirées des divers livres de la Bible ; en quoi il avait rompu non seulement avec Rome, Milan, l'ancienne Eglise gallicane, l'Eglise gothique d'Espagne, mais même avec tous les nouveaux bréviaires, dont aucun n'avait encore été puiser hors des psaumes eux-mêmes les antiennes du psautier. Dans la voie des nouveautés, quand on a franchi un certain degré, on ne s'arrête plus. Nous nous bornerons, pour le moment, à ces traits du bréviaire de Jacob, en signalant toutefois les indignes gravures dont on avait prétendu l'orner.

(i) Dies Dominica Dei complentis opus creationis requiem célébrât, Christi resurgentis commémorât triumphum, varia describit pietatis officia quibus obligantur fidèles, ct œternae requiei desiderium excitât et accendit.

tout ce que nous avons énuméré jusqu'ici de nouveautés 1 PARTIE

^ ' ^ CHAPITRE XXIII

Page 114: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5o8 BRÉVIAIRE ET MISSEL DE POITIERS

INSTITUTIONS Le Missel pictavien était digne du bréviaire auquel il L I T U R G I Q U E S , ° A

; correspondait. La place nous manque pour une analyse Le Missel * •

pictavien, qui sera suppléée ailleurs. Disons seulement que la rage p u b s u p p r i m e ^ ' de sacrifier les formules grégoriennes,au profit d'un' misc-

1^ÇroS adont S r a ^ l c système individuel, avait amené la suppression de les premiers j a p i U p a r t de ces introït s dont les premiers mots étaient

mots servaient a r " r désigner p 0 u r n o s pères le flambeau de l'année ecclésiastique et

les dimanches. . . r . , ,

civile, et dont unc partie, du moins, avait survécu aux violences de Vigier ct Méscnguy. Dc tous ces introït, un surtout était resté dans la mémoire du peuple, celui de l'octave de Pâques : Quasi modo geniti. Jacob le biffa comme les autres, pour mettre en place Beata gens, etc., paroles du psaume X X X I I ; car Jacob, qui, dans le psautier, ne souffrait pas d'antiennes tirées des psaumes, se fit une loi d 'emprunter exclusivement au psautier les introït de son missel, à la condition, toutefois, d'expulser sans façon la plupart de ceux que saint Grégoire avait pui-

L'introït s £ s >cX j a m g m e source. Aveugle novateur, qui ne savait quasi modo & 1 T-

en particulier probablement pas qu'aujourd'hui encore, dans TAlle-disparaît. r r T ; ^

magne protestante, le peuple, après trois siècles de Luthéranisme, après trois siècles de langue vulgaire dans les offices, n'a encore oublié ni lc dimanche Quasimodo, ni le dimanche Jubilaie, ni ledimanche VocemJucunditatis,etc. Certes, si un jour l'Église dc saint Hilairc qui, plus qu'une autre, devrait être jalouse des traditions saintes, vient à replacer sur ses antiques autels les livres de saint Grégoire, ct à reléguer sur les ra} rons des bibliothèques humaines les œuvres du lazariste Jacob, nous doutons qu'après trois siècles, la mémoire des Poitevins garde un souvenir aussi fidèle du dimanche Beata gens.

L/Égiise dc L'Eglise de Toulouse, en 1 7 6 1 , vint aussi abjurer les (Toulouse . & . .

rcçoi tdcson traditions romaines. Elle avait alors le malheur d'être trop fameux , K ' > .

archevêque gouvernée par son trop fameux archevêque Etienne-

de Uricnne, Charles de Loménic de Bricnne, qui croyait en Dieu, le Paru avec peut-être, mais non cn la révélation de Jésus-Christ. Il

Page 115: Institutions liturgiques (tome_2)__2

BRÉVIAIRE DE TOULOUSE 5 0 9

mérita du moins, pour sa réforme liturgique, les éloges Œ i £ ^ * ™ du gazetier janséniste : « On sait, dit-il, que M. l'arche- q u e l < j u e s

« vêque de Toulouse et MM. les évêques de Montauban, modifications.

« Lombez, Saint-Papoul, Aleth, Bazas et Comminges, « ont donné l'année dernière à leurs diocèses respectifs « un nouveau bréviaire qui est le même que celui de « Paris, à quelques changements près, qui n'intéressent « point le fond de cet OUVRAGE IMMORTEL ( I ) . » En effet, ce n'était pas un médiocre triomphe pour le parti, de voir un si grand nombre d'Églises venir chercher, sur la tombe de Vigier et de Mésenguy, les livres destinés à remplacer désormais, pour elles, les usages surannés de l'Église romaine. Il faut dire pourtant qu'à Toulouse on avait n^veïifdTia cherché, au moyen d'un très mauvais vers, à rendre s t ^ h ^ d e

catholique la fameuse strophe de Santeul, déjà remaniée insculpta saxo.

diversement, comme on l'a vu, à Evreux et au Mans. Le bréviaire de Loménie disait donc :

Insculpta saxo lex vêtus N I L VIRIUM PER SE DABAT ;

Inscripta cordi lex nova Quidquid jubet dat exequi.

C'était du moins avouer une fois de plus, que l'orthodoxie de l'hymnographe gallican et de ses œuvres n'avait rien de trop rassurant.

Mais les innovations dont nous venons de parler n'of- Le chapitre de

fraient rien d'aussi lamentable que celle qui, en 1 7 7 6 , p^?°un\CctePdu

désola la sainte Église de Lyon, premier siège des Gaules. i ^ ô u ^ L U u r g i e

Depuis lors, on peut dire qu'elle a perdu son antique JSlûTSS beauté, veuve à la fois des cantiques apostoliques de son ÇJSÎCTeque Irénée et des mélodies grégoriennes que Charlemagne lui A ^ M o n w z e t . m

imposa ; n'ayant plus rien à montrer au pèlerin qu'attire

(1) Nouvelles ecclésiastiques, 1 0 avril 1 7 7 a .

Page 116: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 l O LE RITE LYONNAIS ABOLI PAR MONTAZET

INSTITUTIONS encore le souvenir de sa gloire, hors le spectacle toujours — — imposant des rites célèbres qu'elle pratique dans la solen

nité du sacrifice. La splendeur orientale de ces rites suffirait, sans doute encore, à ravir le voyageur catholique, si, par le plus cruel contraste, il ne sc trouvait tout h coup arraché à l'illusion par le bruit dc ces paroles nouvelles, par le fracas de ces chants modernes, et inconnus aux voûtes de l'auguste primatiale des Gaules, jusqu'au jour où elle vit Antoine Malvin de Montazet s'asseoir, et avec lui l'hérésie, au centre de son abside. Le chapitre insigne de la primatiale, qui avait souffert, sans réclamation, que Charles de Rochebonne, en 1 7 3 7 , portât la main sur Tan-tique bréviaire, accepta,par acte capitulaire du i 3 novembre 1 7 7 6 , la substitution dc la Liturgie parisienne à celle de Lyon, dernier débris de nos saintes traditions gallicanes. Il humilia ainsi l'église de Lyon devant celle de Paris, comme celle de Paris s'était humiliée devant Vigier

Les cérémonies e t Méscnguy. Les cérémonies restèrent, nous cn conve-de l'ancien D J 7

rite lyonnais nons, mais la parole avait disparu, la parole qui devait maintenues, rester, quand bien même les rites extérieurs eussent subi

quelques altérations. Donc, les yeux du peuple n'y perdirent rien -, mais les chanoines y gagnèrent dc réciter désormais un bréviaire plus court ; les chantres ne furent pas contraints d'exécuter par cœur des mélodies séculaires; tous leurs efforts tendirent désormais à déchiffrer les nouveaux chants, si pauvres, si vides d'expression. Ainsi fut changé la face de cette église qui sc glorifiait autrefois de ne pas connaître les nouveautés. Mais il était écrit que la déviation serait universelle, parce que de toutes parts on avait dédaigné la règle dc tradition.

Une minorité Cependant, comme toujours, unc opposition coura-d a i s ' o p p o s e I à t r C gcusc, quoique faible, se manifesta. Unc minorité dans le

œ t t C n ï ï ? s U r C Î chapitre primatial fit entendre ses réclamations. On vit i n t e m ^ n ^ u a m ^ m c P a r a î t r e u n écrit intitulé : Motifs de ne point

Liturgie admettre la nouvelle Liturgie de M. r Archevêque de

Page 117: Institutions liturgiques (tome_2)__2

LE RITE LYONNAIS ABOLI PAR MONTAZET 51 I

Lyon ( î ) . Mais bientôt le Par lement de Paris , fier de ses i PARTIE

succès dans l'affaire du Bréviaire de Vigier et Mésenguy, - i " 1 " , i t . /• A , r / • / \ parisienne

condamna le livre au feu ,par un arrêt du 7 lévrier 1 7 7 7 ( 2 ) , s'implante à

et après la sentence de ce t r ibunal laïque, mais juge en L y o n '

dernier ressort sur les questions liturgiques dans l'Eglise

de France , le silence se fit partout . On accepta sans ré

plique les bréviaires et missels de l'archevêque Montazet,

lequel, pour compléter son œuvre , faisait élaborer, à

l'usage de son séminaire, une théologie qui est restée

au nombre des plus dangereuses productions de l'hérésie

du x v i i i 6 siècle.

Ce n'est point dans ce rapide coup d'œil sur l'histoire L'abolition

générale des formes de l'office divin, que nous pouvons lyonnaise Tait

nous arrêter en détail sur ce que les nouveaux livres i es S derniers

lyonnais présentaient d'offensant pour les traditions de la Cantique

Liturgie catholique et de la Liturgie lyonnaise en parti- ^"Janc

culier. L'occasion ne s'en présentera que trop souvent ailleurs. Nous ne citerons donc ici qu'un seul fait : c'est la suppression d'un des plus magnifiques cantiques de Suppression

y r , . . . d'une antienne

r Eglise gallicane, d 'un cantique qui ne se trouvait plus sublime, qui ^

, 1 T • • 1 • nir accompagnait à

que dans la Liturgie lyonnaise, et que Montazet en a Pâques ia 1 ! , r j /1 1 communion des

chasse, pour le remplacer par un fade mélange de textes fidèles,

bibliques. Or , voici les paroles pleines de suavité et de majesté par lesquelles l 'antique Église des Gaules conviait les fidèles au festin de l 'Agneau, dans sa solennité de Pâques , paroles revêtues d 'un chant dont la sublimité avait frappé l 'abbé Lebeuf (3). Cette antienne se chantait pendant la communion du peuple (4), et semblait la grande voix de l 'hiérophante appelant les élus à venir se plonger dans les profondeurs du mystère.

(1) I n - 1 2 de 136 pages.

{2) L'Ami de la Religion. T o m e XXII, page 168 .

(3) Lebeuf. Traité historique du Chant ecclés., pag. 4 0 .

(4) Il ne faut pas confondre cette pièce avec l 'antienne dite communion9

que Ton chantai t ensuite, comme dans les aut res Églises latines.

Page 118: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 1 2 REVISION DU BREVIAIRE PARISIEN

INSTITUTIONS Venite, populi', ad sacrum et immoriale mysterium. ct LITURGIQUES ' X X i / y

libamen agendum cum timoré et Jide.

Accedamus manibus mundis,

Pœnitentice mitnus communicemus;

Qtioniam Agnus Dei propter nos Patri Sacrificium propositum est.

Ipsum solum adoremus,

Ipsum glorijicemus,

Cum angelis clamantes :

Alléluia.

Centon de Voici maintenant ce que l'Église de Lyon chante l'Écriture qui • J J I •

remplace aujourd'hui : cette antienne.

Gustate et videte quoniam suavis est Dominus ; prope-

rate et comedite, et rivet anima vestra : hic est panis qui

de cœlo descendit, et dat vitam mundo : confortetitr cor

vestrum, omnes qui speratis in Domino : cantate ei can-

ticum novum : bene psallite ei in vociferatione, alléluia.

Ps. XXXIII. Is. u v . JOAN. YI. Ps. XXX. Ps. XXXIL

Parallèle des Nous transcrivons fidèlement, y compris les indications deux pièces. sources à l'aide desquelles les faiseurs au service de

Montazet ont bâti ce centon décousu. Voilà ce qu'on faisait alors dc la tradition ct de la poésie ; voilà lc zèle avec lequel ces soi-disant gallicans traitaient les débris dc la Liturgie dc saint Irénée ct dc saint Hilaire. On voit, au reste, qu'ils ont eu quelque velléité d'imiter l'ancien cantique, ne serait-ce qu'en cherchant un rapprochement quelconque entre les dernières paroles de l 'hymne gallic a n e : Cum Angelis clamantes : Alléluia, et ces mo t s : Bene psallite ei in vociferatione, alléluia. Voilà assurément de la mélodie janséniste : Psallite ei in ; et le voci-

feratione n'est-il pas ici d 'un grand effet, ct surtout d'une grande justesse?

Page 119: Institutions liturgiques (tome_2)__2

PAR JOUBERT ET SYMON DE DONCOURT 5 I 3

A Par is , en 1775, les libraires associés pour la publi- 1 P A R T I E

1 1 1 7 JT I C H A P I T R E xxm cation des usages du diocèse, ayant donné une édition du missel remplie de fautes, l 'archevêque Christophe de Beau- sa im^ufpice ,

mont leur enjoignit de ne rien imprimer dans la suite qui ^ e ^ c a m n o m ^

n'eût été revu par MM. de Saint-Sulpice. Ainsi, cette a r c h ^ s

l , c d * compagnie respectable qui s'était distinguée en 1 7 3 6 par c l e s " ^ 4 n ^ r l a

son opposition à l 'œuvre de Vigier et Mésenguy, l'avait édition des

ensuite acceptée si cordialement, que l'autorité diocésaine liturgiques du . . . . . ^ R • J I - * i j diocèse, confient

n avait rien de mieux a faire que de la préposera la garde c c s o i n à

de ce dépôt. Les abbés Jouber t et Symon de Doncourt M c * s y m o 0 "

furent spécialement chargés de diriger l'édition du Missel d c D o n c o u r t -de 1 7 7 7 , et celle du bréviaire de 1 7 7 8 . Ils introduisirent quelques améliorations légères ; par exemple, en faisant disparaître la divergence des oraisons de la messe ct dc l'office, dans une même fête ; inconvénient qui rappelait la précipitation avec laquelle on avait procédé, au temps de l'archevêque Vintimille. Malheureusement, toutes les améliorations introduites par Jouber t et Symon de Don-court n'étaient pas aussi dépourvues d'esprit de parti ; autrement , on ne s'expliquerait pas la faveur inouïe qu 'obtint le travail des deux sulpicicns delà part des jansénistes, -qui jusqu'alors n'avaient jamais manqué unc occasion de s'exprimer contre leur compagnie dans les termes les plus grossiers et les plus méprisants . Ce fut donc merveille de s u ^ a

r ç ^ t e

voir successivement trois feuilles des Nouvelles ecclésias- accordée par les jansénistes

tiques (Ï) consacrées, presque en entier, à reproduire avec au travail des . 1 V 1 , . , , i T i deux sulpicicns.

une faveur complète le mémoire dans lequel Joubert et Symon de Doncourt rendaient compte de leur opération au public.

Une des raisons de cette haute faveur apparaît en parti- Symon i - 1 1 „ . . , • , -% ir * t de Doncourt

euher dans une des améliorations de 1 édition du Missel signale avec , . , n j T-V 1 • A complaisance la

de 1 7 7 7 , signalée par Symon de Doncourt lui-même avec correction

la plus naïve complaisance, dans une lettre de cet ecclé- fdcsam\0PÎCRRE (1) 20 août, 29 octobre ct 5 novembre 1 7 8 4 .

T. II . 33

Page 120: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 1 4 REVISION DU BRÉVIAIRE PARISIEN

INSTITUTIONS siastique insérée au Journal ecclésiastique du janséniste L I T U R G I Q U E S . .

— D i n o u a r t d ) . Le correcteur du missel se félicite d avoir pour rétablir, ;

dit-il,un texte ete a portée de rectifier une grave erreur qui s était glissée cour rde PRomc dans la fameuse oraison dc saint Pierre : Deus qui beato

obTtacïe fà lSses Petro apostolo tuo, collatis clavibus regni cœlestis ANIMAS su?rietetem°pnoSrel Ugandi atque solvendi pontificium tradidisti. La cour

des rois. c j e R o m C i suivant l 'auteur de la lettre, aurait , dans les temps postérieurs, retranché à dessein le mot animas,

comme faisant obstacle à ses prétentions sur le temporel des rois ( 2 ) . Malheureusement pour Symon de Doncourt, les jansénistes et les constitutionnels ont tant rebattu depuis lors cette anecdote l i turgique (3), qu'il serait difficile aujourd'hui de la réfuter sans dégoût. Disons donc seulement que si les missels romains actuels ne portent pas lc mot animas, les divers manuscrits du Sacramentaire de saint Grégoire, publiés par Pamélius et D. Hugues

L'accusation est Ménard, ne le portent pas non plus . Est-ce donc une honte mal fondée * . ,

et les pour PEglise romaine de s en tenir a la leçon de saint Grc-c°tfr Le res ede e s goire? Quan t à l 'honorable intention de fermer l'entrée

correeno^^ont du Missel de Paris aux doctrines ultramontaincs, en aucune valeur. C X p r i m a n t fortement cette maxime, que le pouvoir de

lier et délier donné à saint P ie r re s'exerce sur les âmes

(animas), cela est bien puéril . Qu i ne sait, en effet, que la puissance spirituelle est spirituelle de sa nature, en sorte que si elle atteint les choses temporelles, elle ne les peut atteindre que par les âmes, par les intérêts spirituels, par la conscience ? D'autre part , Symon de Doncourt, ainsi que l'abbé Grégoire et consorts, prétendrait-il que l'Église n'a de pouvoir à exercer que sur les âmes? Mais comment

(1) T o m e LXV1, page afio.

(2) Page 269 .

(3) Voyez les Annales dc la Religion, journa l de l'Église constitution

nel le; la Chronique religieuse dirigée par Grégoire; les ouvrages de Gré

goire l u i -même; Tabaraud, etc. Il n'est peut-être pas d'histoire qui y soit

plus souvent ressassée que cette prétendue supercherie romaine.

Page 121: Institutions liturgiques (tome_2)__2

PAR JOUBERT ET SYMON DE DONCOURT 5l5

demeurer catholique avec une pareille doctrine qui ren- 1 PARTIE

I t i i . . ? - C H A P I T R E XXII I

verse d un seul coup toutes les obligations extérieures, • les seules que l'Église puisse prescrire par des lois positives?Mais c'est assez; il nous en coûterait trop de prolonger cette apologie de l'Église romaine, et nous voulons croire pieusement que Symon de Doncourt, s'il vivait aujourd'hui, serait le premier à réfuter sa propre découverte, dont le résultat final n'a profité jusqu'ici qu'à des hérétiques et des schismatiques.

Les influences de Saint-Sulpice sur la Liturgie pari- Los correcteurs J * , „ . „ sulpiciens

sienne eurent du moins cet avantage, de procurer linser- de la Liturgie

tion d'un office et d'une messe du Sacré-Cœur de Jésus, y Soute""un

dans les nouveaux bréviaire et missel : cet office et cette ° m cs*sTdu e

messe étaient de la composition de Joubert et dc Don- S a c n > C œ u r -court. Ainsi, une solennelle réclamation contre l'esprit janséniste qui avait inspiré l'oeuvre de Vigiej et Mésenguy, venait s'implanter au milieu de cette œuvre elle-même. Quelques années auparavant, en 1 7 7 0 , Christophe de Christophe

Beaumont avait approuvé un office du saint Rosaire qui *ic Beaumont , , . . - , , ^ , , . . . . avait déjà

n était pas, il est vrai, destine à être insère au bréviaire, approuvé un ^ * . . » •» . ^ ^ oflicedu saint

mais qui pourtant était aussi unc réclamation contre cet Rosaire,

isolement dans lequel on tenait les catholiques français à l'égard de Rome et de la chrétienté, en leur interdisant la commémoration d'une des plus magnifiques victoires que le nom chrétien, sous les auspices de Marie, et par les efforts du Pontife romain, ait jamais remportée sur le Croissant.

Antoine-Eléonor Leclerc de Juigné, qui siégeait sainte- MR de Juignc, 1 1 7. , . , , dernier

ment et glorieusement dans l E g h s e de Pans , quand la archevêque de A . , . . . , Paris avant

tempête si longuement et si complaisamment préparée i a Révolution,

s'en vint mugir avec tant de rage contre les institutions u n f Nouvelle

de notre foi, avait senti pareillement la portée des outrages d e i^LÎwrgic

faits à la piété catholique par la Liturgie janséniste. Dans ^p' /^ette e t

l'édition du Bréviaire de Paris qu'il préparait, mais qui d^ôfficc de"c

n'eut pas lieu, il songeait à introduire l'office de Notre- Notre-Dame du Y ^ , ™ ^ . , Mont-Carmcl. Dame du Mont-Carmel ; mais les temps n étaient pas

Page 122: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 l 6 PUBLICATION DU RITUEL DE PARIS

I N S T I T U T I O N S accomplis. La route n'était pas parcourue dans son entier: L I T U R G I Q U E S . „ , , . , j . ~

• lhcurc n était donc pas venue de revenir sur ses pas. On le vit bien d'ailleurs, quand le même prélat, ayant besoin dc huit hymnes nouvelles (i) pour rendre plus parfaite l'édition dc son bréviaire, trouva tout simple de les commander à des littérateurs, comme on ferait d'un discours

Concours académique. Lisez plutôt : « D'après les intentions de de poésie latine 1 1 r

r

ouvert par « l'Archevêque, le Recteur de l'Université (c était alors le reetcu r dc

runîyers i t éà la « Dumouchcl) indiqua un concours pour travailler à ces prélat, pour « hymnes, et adressage 2 décembre 1 7 8 6 , un mandement

Cdcs\?n&s* ft ^ l l X i n a u x professeurs ct aux amis dc la -poésie latine, ^bréWalrc^ a P o u r * c s e n g a g e r

à s'occuper de cet objet. On dit que « Luce de Lancival, alors professeur de rhétorique au « Collège de Navarre, concourut et obtint le prix pour les

Luce de « hymnes de sainte Clotilde (2) . » Cependant, si nous Lancival obtient J , • M » I - ^

î e ^ r i x p o u r nous en souvenons bien, il nous semble que saint Ber-safni^ciotfide*! nard exige tout autre chose de Thymnographe chrétien,

que la qualité de professeur ou d'ami de la poésie latine* La persécution qui renversa les autels suspendit l'édition du bréviaire projeté; mais n'eût-il pas été bien déplorable de voir réunis dans le même livre des prières cléricales, les psaumes de David, les cantiques des prophètes ct les fantaisies latines d'un personnage erotique qui, après avoir cultivé cn auteur du troisième ordre le tragique et le comique du Théâtre-Français, mourut à quarante-quatreansd'une maladie honteuse (3)? Et pourtant, mieux vaut encore pour hymnographe un libertin qu'un hérétique.

L'archevêque de Juigné, s'il ne renouvela ni le missel, (1) Trois pour lc commun des prêtres, deux pour le patron, et trois

pour sainte Clotilde,

(a) VAmi de la lieligion.Tomc XXVI, page 2 9 6 .

(3) Le nouveau bréviaire de Paris de 18-22 renferme trois hymnes de sainte Clotilde, sans nom d'auteur. Ne seraient-elles point celtes dc Luce de Lancival t Que d'autres nous le disent. Jusque-là nous nous abstenons.

Page 123: Institutions liturgiques (tome_2)__2

PAR L'ARCHEVÊQUE DE JUI6NÉ 5l7.

ni le bréviaire, accomplit néanmoins une œuvre liturgique 1 PARTIE

bien grave dans le diocèse de Paris : ce fut la publication :

d'un nouveau rituel. Nous neparlerons pasici du Pastoral, d ^ g n é ^ b H c

ou recueil dogmatique et moral qui ne concerne que la l e p^^f^lc

pratique du saint ministère. Le Rituel proprement dit doit P a r i s (li^)> nous occuper uniquement. On remarqua dans la nouvelle édition de ce livre une hardiesse qui dépassait, sous un rapport, tout ce qu'on avait vu jusqu'alors. Sans doute, les jansénistes, auteur des nouveaux livres, s'étaient exercés à mettre du nouveau dans tout l'ensemble de la Liturgie, mais du moins ils ne s'étaient pas avisés de retoucher pour le style les pièces de l'antiquité qu'ils avaient jugé à propos de conserver. Les prières pour l'administration des sacrements n'avaient souffert aucune variation ; ct, jusque-là, le xvniQ siècle ne s'était pas cru en droit de donner des leçons de langue latine à saint Léon et à saint Gélase. Dans le Rituel parisien de 1 7 8 6 , le clergé s'aperçut Ce dernier

que l'ensemble de ces vénérables formules avait été sou- ™\*$\lttt L n

mis à une nouvelle rédaction, sous le prétexte d'y intro- tojan5mstesC8

duire une plus grande élégance! Ainsi, ce n'étaient plus j u * q u ï i o n 2 e n

les hymnes, les antiennes, les répons qui manquaient de "u^rli^ dignité et qu'il fallait refaire, au risque de sacrifier la Tradition qui ne se refait pas ; c'était l'enseignement dogmatique des premiers siècles, le plus pur, le plus grave, le plus universel, qui devait disparaître pour faire place aux périodes plus ou moins ronflantes de Louis-François Noms des

Revers, chanoine de Saint-Honoré; d'un abbé Plunkett, rWceCrîEX.de

docteur de Sorbonne; et enfin d'un abbé Charlier, secrétaire de l'archevêque. Encore un pas, et le Canon de la En marchant

•m* « M • t> d a n S C C t t e XolCf

Messe aurait eu son tour, et on 1 aurait vu disparaître pour on devait

faire place à des phrases nouvelles, et débarrasser enfin les à rin>rmer le protestants de l'invincible poids de son témoignage sécu- i a

C messc et à laire. Encore un pas, et la raison de ne pas admettre la i a n ^ c P v u i g â i r c

langue vulgaire dans la Liturgie, tirée de l'immobilité I a yîurgfc-nécessaire des formules mystérieuses, aurait disparu pour

Page 124: Institutions liturgiques (tome_2)__2

.5 l 8 ASSEMBLÉE DES ÉVÊQUES DE LA PROVINCE DE TOURS

INSTITUTIONS jamais. Il fallait des faits semblables pour constater L I T U R G I Q U E S , . .

• • ] étrange déviation que les antiliturgistes avaient opercc de longue main dans l 'esprit des catholiques français. Cinquante ans et plus ont dû s'écouler avant que l'on ait songé sérieusement à restituer, dans le Rituel parisien, les formes antiques de la tradit ion.

Assemblée des Les évêques de la province ecclésiastique de T o u r s sc de îa province réunirent dans cette ville, en 1 7 8 0 , sous la présidence de en di78o"qui l 'archevêque François dc Conzié. Dans cette assemblée

supprc t s io i fdc provinciale qui n'eut cependant pas la forme de concile, on plusieurs fêtes décréta la suppression de plusieurs fêtes dont l'observance chômées et rait r r , r

corroborer £ t a j t générale dans l 'Église ; le mardi de la Pentecôte, sa d ec 1 s 1 o n pa r L ' u 1

des lettres entre autres. Pour corroborer cette mesu re , des lettres patentes du roi, . . ,

sans s'occuper patentes du roi turent sollicitées et obtenues. C était peu u ape. C C p e n d a n t pour autoriser une dérogation à la discipline

générale, dont les lois ne peuvent être relâchées que par lc pouvoir apostolique, le seul qui ait droit de dispenser des canons reçus universellement. En 1 8 0 1 , Bonaparte fut mieux conseillé. Quoi qu'il en soit, dans le mandement qu'ils publièrent en nom collectif, sous la date du 8 mai 1 7 8 0 , pour annoncer aux fidèles les motifs de cette suppression des fètcs, les prélats, faisant allusion à certaines fêtes locales qu'ils avaient cru devoir abolir, proclamaient cn ces termes les principes dc tous les siècles sur l'unité

Le mandement l i turgique: « Les fêtes seront, à l'avenir, uniformément de l 'assemblée , j ' c T ' ^ * r\ i

relatif à cette « celcbrces dans nos diilercnts diocèses. On ne verra plus S l ! ^c s r f0 t c s n <( ' c s travaux permis dans un lieu et interdits dans un

p a r l K , i « ^ m e w autre. Unc sainte uniformité, l'image dc l'unité dc que les canons « pÉglisc et l'un des plus beaux ornements du culte du concile de n r

Vannes de 46*1, « public, va se rétablir dans toutes les parties de cette re la t ivement 1 . 1

à l 'uniformité a vastC province. » du culte publ ic . _ ^ . M J t r 1 1 *

Les Pcrcs du concile de vannes, rassembles cn 4 6 1

sous la présidence dc saint Pcrpctuus, évêque de Tours ,

n'avaient pas tenu un autre langage : « Il nous a semblé « bon, disaient-ils, que dans notre province il n'y eût

Page 125: Institutions liturgiques (tome_2)__2

ASSEMBLÉE DES ÉVÊQUES DE LA PROVINCE DE TOURS 5 l9

« qu'une seule coutume pour les cérémonies saintes et la * 1 PARTIE ^ R CHAPITRE XXIII

« psalmodie ; en sorte que de même que nous n'avons ~ — « qu'une seule foi, par la confession de la Trinité, nous « n'ayons aussi qu'une même règle pour les offices : dans « la crainte que la variété d'observances en quelque chose « ne donne lieu de croire que notre dévotion présente « aussi des différences (i). »

Il était naturel que, dans une conjoncture pareille, Pour rétablir,

après avoir parlé de l'uniformité du culte public, image î n v U e î e s 6

de T unité de V Église, l'assemblée de 1 7 8 0 s'occupât des s u

a d o p ^ t f a

à

moyens de faire cesser la discordance de la Liturgie dans Liturgf^de

la province. L'archevêque convia ses collègues à em- Tours,

brasser le nouveau Bréviaire de Tours, qui n'était, pour le fond, que le parisien de Vigier et Mésenguy ; mais il était difficile qu'après s'être affranchi des règlements du concile de Tours de i583 , qui prescrivaient l'usage du Bréviaire romain de saint Pie V, on consentît à reconnaître l'autorité liturgique du métropolitain. Les évêques du Mans et d'Angers déclarèrent donc s'en tenir à leurs livres; l'évêque de Nantes se décida pour la liturgie poitevine, du lazariste Jacob; les évêques de Vannes et de Saint-Brieuc conservèrent leur parisien pur et simple. L'évêque de Rennes fut le seul qui se sentit touché du inutilité de ces

désir d'embrasser les nouveaux usages de la métropole ; c f f o r t s -encore ne voulut-il recevoir les livres de Tours que dans sa cathédrale, déclarant la Liturgie romaine obligatoire dans le reste du diocèse, comme par le passé. Quant aux évêques de Dol, de Sainl-Malo, de Tréguier, de Quimper et de Saint-Pol-de-Léon, ils protestèrent être dans l'intention de maintenir dans leurs églises l'usage de la Liturgie romaine. Nous ajouterons même, sur l'autorité d'un témoin respectable, que les évêques de Saint-Malo et de Saint-Pol-de-Léon, qui n'avaient assisté à l'assemblée

\ \ ) Voyez ci-dessus, tome I, page ia5.

Page 126: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 2 0 BRÉVIAIRE DE CHARTRES

INSTITUTIONS q U e p a r procureur, écrivirent à l'archevêque : Nous ne LITURGIQUES ^ R * „ ^ 7 • / . , ,

— " tenons a Rome que par un fil : tl ne nous convient pas de le rompre. Honneur donc à ces pontifes dont le cœur épiscopal ne fléchit pas alors que tout cédait à l'entraînement de la nouveauté !

Publication de En 1 7 8 2 , on imprimait pour l'usage de l'église dc chartrafnc Chartres un missel, et en 1 7 8 3 un bréviaire, et quelques

EN 1 7 8 3 « 1 7 8 5 . A N N ( Î C S a p r è s , le processionnal du diocèse et celui d e l à cathédrale. Ces livres, dont le fond était emprunté du nouveau parisien, paraissaient par l'autorité de l'évêque Jcan-Baptistc-Joscph de Lubersac. A partir de cette réforme liturgique, le Bréviaire dc l'église des Yves ct des Fulbert dissimula comme par honte les saintes ct patriotiques traditions sur la Vierge des Druides, et l'on cessa de chanter, sous les voûtes mêmes de Notre-Dame

Cette liturgie de Chartres, ces doux ct gracieux répons dont Fulbert les GLORIEUSES composait les paroles, et dont Robert le Pieux créait la U ^ É g i T s c d C mélodie. Quelques années plus tard, l'auguste cathédrale de Chartres. y j t s'accomplir, sous son ombre sacrée, le plus hideux dc

tous les sacrilèges, quand l'image dc la Vierge encore debout sur l'autel profané, transformée en déesse dc la Liberté ou dc la Raison, parut la tète couverte du bonnet ignoble dont l'abbé Sieycs ct ses pareils avaient fait pour la France un symbole dc terreur. C'est par degrés sans doute ct non tout à coup que dc semblables excès deviennent possibles chez un peuple.

La Liturgie Nous avons parlé ailleurs du Bréviaire de Sens dont les de Sens . . * * • . J / , i> 1 A

complétée intentions jansénistes sont dénoncées par 1 archevêque C N

M \ S S E F , p q u î m Languet. Ce bréviaire reçut son complément cn 1 7 8 5 ,

arc°ilazaaristcr dans * a publication d'un nouveau missel, promulgué par M o n t t i r d

, ! u S l , a u t o n t ^ du cardinal dc Luyncs, archevêque dc cctte schismatique métropole. L'auteur de ce missel fut l'abbé Montcau,

constitutionnel. , .

lazariste, supérieur du séminaire ; son travail est célèbre par la multiplicité des traits d'esprit qui scintillent de toutes parts dans les collectes, secrètes et posteommu-

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MISSEL DE SENS 5 2 1

nions, en sorte qu'on les croirait taillées à facettes. L'abbé * PARTIS

. , , . . . i . i A CHAPITRE xatm

Monteau avait cela de particulier, qu on' le jugeait plutôt ~ " 1

philosophe que janséniste. Quoi qu'il en soit, il prêta le serment à la constitution civile du clergé, et, ce qui est le plus déplorable, il entraîna dans le schisme, par l'autorité de son exemple, la plus grande partie du clergé du diocèse (i).

Nous ne prolongerons pas davantage cette revue fort L'auteur néglige .* » • , • . , * r / \ une douzaine

incomplète des variations liturgiques de nos églises (2). de Liturgies

Au milieu de tant d'innovations, il nous a suffi de choisir p a r t l c u h r e s -quelques traits propres à initier le lecteur aux principes qui les ont toutes produites, et de montrer quelle espèce d'hommes en ont été les promoteurs et les exécutants. C'est donc à dessein que nous nous sommes abstenu, pour le moment, de faire mention des Bréviaires de Reims, Bourges, Besançon, Toul, Clermont, Troyes, Beauvais,

(1) Il se rétracta cependant après la Révolution.

(2) Le besoin d'en finir avec cette histoire générale dc la Liturgie, nous Décadence oblige à réserver, pour une autre occasion, les détails que nous avions générale de l'art rassemblés sur les rapports de la Liturgie avec l'art, cn France, durant e n France.

la seconde moitié du XVI*I* siècle. Il suffira de dire que la dégradation alla toujours en croissant jusqu'à la catastrophe qui vit croulei, en si grand nombre, nos églises modernisées, ct engloutit leurs tableaux, leurs statues et leur ameublement dégénérés. L'abbé Lebeuf est encore une mer- Outrecuidance veille, en comparaison des compositeurs de plain-chant que la fin du et faiblesse des siècle produisit. Si la première condition, pour exécuter la plupart de ses de p ïa fn -d ïn t pièces, est d'être muni d'une vigoureuse paire de poumons, il y a du de cette époque, moins quelque apparence de variété dans ses motifs; il a centonisé, comme il le dit lui-même. Il en est tout autrement, par exemple, de Jean-Baptiste Fleury, chanoine de la collégiale de Sainte-Magdeleine de Besançon, qui se chargea de composer les chants du nouveau graduel ct antiphonaire de ce diocèse. Sa phrase ne manque pas d'une certaine mélodie*, mais elle revient sans cesse, 'molle et commune jusqu'à la nausée. Les mélodies de ses proses portent le même caractère. Il y eut des diocèses où les compositeurs s'exercèrent à refaire, d'après eux-mêmes, les rares pièces de la Liturgie romaine qu'on avait conservées. Ainsi à Amiens, on refit à neuf le Lauda Sion ; à Toul, on refit jusqu'aux grandes antiennes de l'Aven t, etc., et Dieu sait quels pitoyables chants on substitua.

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5 2 2 LITURGIE RENOUVELÉE DANS PLUSIEURS ORDRES RELIGIEUX

INSTITUTIONS Langres, Baycux, Limoges, qui, avec ceux dont nous — — avons parlé, savoir, dc Vienne, Senez, Lisieux, Narbonne,

Meaux, Angers, Sens, Auxerre, Rouen, Orléans, Le Mans, et Amiens, forment à peu près la totalité de ceux que produisit cn France la fécondité du XVIII0 siècle.

Les ordres Disons cependant un mot des ordres religieux, bien religieux gagnes n Q U S c n c o û t c d1abordcr ce sujet sur lequel nous

contagion, voudrions n'avoir à produire que des faits conformes au génie traditionnel du catholicisme, dont ces nobles familles ont été constituées les gardiennes. Mais, hélas ! on dut se rappeler cette antique sentence : Optimi pessima corruption cn voyant les tristes fruits de l'innovation liturgique dans le cloître. Nous avons parlé de Tordre de Cluny et signalé la malheureuse influence de son trop fameux bréviaire.

La congrégation La congrégation de Saint-Vannes, en 1 7 7 7 , se donna à de Saint-vannes ^ u ' • • *. • 1 J i A ^ J

se donne un son tour un bréviaire et un missel dans le gout du nou-b r é v î a i r e C ( T 7 7 7 ) , v e a u parisien. Ils avaient pour auteur dom Anselme de Prémontré Berthod, bibliothécaire de Saint-Vincent de Besançon et ber?édictîîisCde

c n s u ^ t e grand prieur de Luxeuil ( 1 ) . L'ordre de Prémontré Saint-Maur renonça, en 1 7 8 2 , à son beau bréviaire romain-français,

pour en prendre un nouveau publié par l'autorité dc Lécuy, dernier abbé général de cette grande famille religieuse, ct rédigé, ainsi que lc nouveau missel, par Rémacle Lissoir, prémontré, abbé dc la Val-Dieu, personnage qui avait publié un abrégé cn français du livre dc Fébronius, ct qui, ayant prêté le serment à la constitution civile du clergé, fut curé de Charleville et siégea au conciliabule dc Paris, en 1 7 9 7 (2). Enfin, la congrégation de Saint-Maur eut aussi son bréviaire particulier, publié cn 1 7 8 7 , ouvrage beaucoup trop vanté et qui eut pour auteur principal dom Nicolas Foulon, convulsionnistc

(1) Dom Berthod fut associé cn 1 7 8 4 à la continuation des Acta sanctorum des jésuites bollandistes. Il a travaillé au sixième volume d'octobre* v, Acta 5 5 . , Octobre, t. VII, p. i 5 .

(2) Biographie ardennaise par l'abbé Boulliot, tome II, page 106.

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RÉSUME DE L ETAT DE LA LITURGIE EN FRANCE 5 2 3

I P A R T I E C H A P I T R E XXIII

romaine avant 1 7 9 1 .

Destruction totale de

l'ancien rite romain-français.

passionné, qui se maria en 1 7 9 2 et mourut en 1 8 1 3 , après avoir été successivement huissier au conseil des Cinq-Cents, au tribunat et au sénat de l'Empire (i) I

Ainsi donc, sur cent trente églises, la France, en 1 7 9 1 , Sur cent trente

en comptait au delà de quatre-vingts qui avaient abjuré la é Squatre?vingts C

Liturgie romaine. Elle s'était conservée seulement dans R V i ï ï ï t u r g f e *

quelques diocèses des provinces d'Albi, d'Aix, d'Arles, * d'Auch, de Bordeaux, de Bourges, de Cambray, d'Embrun, de Narbonne, de Tours et de Vienne. Strasbourg, qui était de la province de Mayence, l'avait gardée. Aucune province, si ce n'est celle d'Avignon, ne s'était montrée unanime à la retenir, et elle avait entièrement péri dans les métropoles de Besançon, de Lyon, de Paris, de Reims, de Sens et de Toulouse. De tous les diocèses qui, à l'époque de la bulle de saint Pie V, n'avaient pas pris le Bréviaire romain, mais avaient simplement réformé, à l'instar de ce bréviaire, leur romain-français, pas un n'avait retenu cette magnifique forme liturgique. Les novateurs avaient donc poursuivi l'élément français dans la Liturgie, avec la même rigueur qu'ils avaient déployée contre l'élément romain, parce que tous deux étaient traditionnels. Il n'y eut que l'insigne collégiale de Le chapitre de

Saint-Martin de Tours qui, donnant en cela la leçon à nos amt"~ a r m 6

cathédrales les plus fameuses, osa réimprimer, en 1 7 4 8 , son beau bréviaire romain-français, et qui, seule au jour du désastre, succomba avec la gloire de n'avoir pas renié ses traditions. Nous rendons ici, avec effusion de cœur, cet hommage à cette sainte et vénérable église, et à son illustre chapitre.

Mais c'est assez rappeler de tristes souvenirs : puisse L'Église de

du moins l'innovation liturgique du xvm e siècle, appa- F r A u n c ïït»c *

raissant telle qu'elle est, dans ses motifs, dans ses auteurs, ^cït'pVfc 6

elle-même des moyens de la

(1) L'Ami de la Religion, tome LV. Notice sur Dom Foulon ct ses soutenir, ouvrages, pages, 3 o 5 - 3 u .

Tours ose seul

réimprimer son bréviaire

romain-français.

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5 2 4 RÉSUMÉ DE L'ÉTAT DE LA LITURGIE EN FRANCE

INSTITUTIONS dans ses agents, être jugée de nos jours, cofnme elle le LITURGIQUES , M I - I t

sera par-devant tout tribunal qui voudra juger les institutions du catholicisme d'après lc génie même du catholicisme ! L'Église de France est donc arrivée à la veille d'une effroyable persécution ; ses temples vont être fermes par les impies, ses fêtes ont cessé de réunir les peuples, et les nouveaux chants qu'elle a inaugurés, à la veille d'un si grand désastre, n'ont pas eu le temps de remplacer dans la mémoire des fidèles ceux qui retentirent dans les âges de foi. Naguère, cette Église n'avait qu'une voix dans ses temples, et cette voix était celle de toutes les églises dc la langue latine ; aujourd'hui, la confusion est survenue ; vingt dialectes, plus discordants les uns que les autres, divisent cette voix et en affaiblissent la force. Prête à descendre aux catacombes, l'Église gallicane a perdu le droit de citer désormais aux peuples la parole des livres dc l'autel et du chœur, comme l'oracle dc l'antiquité, de la tradition, de l'autorité. En alléguant le texte des nouveaux missels et bréviaires, on ne peut donc plus dire désormais : L'Eglise dit ceci ; ct ce coup fatal, ce n'est point la main d'un ennemi qui Ta porté. Les hommes de nouveautés ct dc destruction ont trouvé le moyen dc faire mouvoir cn leur faveur lc bras qui ne devait que les foudroyer. Or, voilà ces jurisconsultes, ces mêmes gens du palais qui décrétèrent l'abolition du Bréviaire romain ct firent brûler, par la main du bourreau, les remontrances ou réclamations que lc zèle de la tradition catholique, aussi bien que dc l'unité dc confession, dictait à quelques prêtres courageux ; les voilà qui s'apprêtent à mettre au jour la constitution nationale, ct non romaine, qu'ils ont préparée au clergé de France. Dans leur attente sacrilège, ils comptent sur les peuples qui, dans beaucoup de provinces, ont déjà commencé à perdre le respect envers leurs pasteurs, à l'occasion des changements introduits dans les formes du culte. Déjà dans de nombreuses

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LA SECTE ANTILITURGISTE HORS DE FRANCE 5fc5

paroisses, la dîme a été refusée aux curés qu'une injonc- * PARTIE . , . . , . 1 . 1 - CHAPITRE XXIII

tion supérieure contraignait de supprimer les anciens livres et d'inaugurer les nouveaux. Mais avant d'étudier les doc- Attaques dont

trines liturgiques des nouveaux évêques et des nouveaux ïôctrineî

prêtres de cette monstrueuse agrégation qu'on appela hïof|et 1tîors n t

l'Église constitutionnelle, arrêtons-nous à considérer les d e " a n c e -attaques dont les saines doctrines liturgiques se trouvent être l'objet dans plusieurs pays catholiques.

Nous avons tracé ailleurs la théorie d'après laquelle Le caractère

l'hérésie antiliturgiste, c'est-à-dire ennemie de la forme de "hérisie

religieuse, a procédé depuis les premiers siècles, et les esT|î'astuceISqui faits que nous avons produits dans tout le cours de cette devait aïiune histoire ont dû mettre dans un jour complet les intentions contradiction,

des sectateurs de cette doctrine maudite. On a dû remarquer que son caractère principal est de procéder avec astuce, et de ne jamais reculer devant les contradictions dans lesquelles ce système doit souvent l'entraîner. Destinée par sa propre nature à s'attacher comme le chancre à la religion des peuples, elle sait produire ou dissimuler ses progrès en proportion des risques qu'elle pourrait courir d'être extirpée par la main des fidèles et de leurs pasteurs. Souvent, il lui suffira d'exister à l'état de virus caché, et d'attendre la chance d'une éruption ; dans d'autres lieux, au contraire, elle osera tout à coup éclater sans ménagement. Ainsi, en France, elle se glissa sous cou- En France elle

leur d'un perfectionnement des prières du culte, d'un plus couieu^d'tm

juste hommage à rendre à l'Écriture sainte dans le service ment des'prierës

divin, d'une plus parfaite appréciation des droits de la ^un retour^

critique ; elle sut flatter Tamour-propre national, les pré- l'antiquité,

tentions diocésaines, et au bout d'un siècle, elle avait trouvé moyen de détruire la communion des prières romaines dans les trois quarts de la France, d'anéantir l'œuvre de Charlemagne et de saint Pie V, d'infiltrer de mauvaises doctrines dans les livres de l'autel, enfin de faire agréer, pour rédacteurs de la prière publique, des

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5 2 6 LA SECTE ANTILITURGISTE HORS DE FRANCE

( 0 Tome I, page 411.

INSTITUTIONS hommes dont les maximes étaient flétries comme héré-LITURGIQUES . _ * . . N

— — tiques par 1 Eglise universelle. Cette tactique C'étaient là sans doute de grands résultats ; mais on

n C p C r l v l n e i r ï a U r n'avait pu y parvenir que par degrés, et sous prétexte de peupïc

d " perfectionnement autant littéraire que religieux.i l avait fallu dissimuler lc but auquel on tendait, parler beaucoup d'antiquité tout en la violant, et surtout éviter de s'adresser au peuple par des changements trop extérieurs dans les objets visibles ; car la nation, en France, a été et sera toujours catholique avant toutes choses, et plus elle se sentira refoulée à une époque sous le rapport des manifestations religieuses, plus elle y reviendra avec impétuosité, du moment que l'obstacle sera levé.

La secte II en était tout autrement en Allemagne. La réforme de ^ î û s ^ T o r e 0 ' Luther avait été accueillie par acclamation, au xvi e siècle, enAUemagne, u n e g r a n c j e partie des États de cette vaste région, p r T u f t a v l i i t m e comme l'affranchissement du corps à l'égard des pratiques

P t e r r a i r / e extérieures et gênantes qu'imposait le catholicisme. Dans directemâvfaux ^ e s P a y s demeurés catholiques, le zèle des antiliturgistes formes mêmes du xviii 0 siècle s'inspira de ces favorables commencements,

du catholicisme. 1 .

et quand il voulut tenter une explosion, il se garda bien d'aller perdre un temps précieux à falsifier des bréviaires ct des missels. Il appliqua tout franchement et tout directement sur les formes', pour ainsi dire, plastiques du culte catholique ses perfides essais dc réforme. Il savait le rationalisme allemand moins subtil que l'esprit français, ct vit tout d'abord que l'on pouvait bien laisser le Bréviaire romain intact entre les mains d'un clergé qu'on saurait amener peu à peu à ne plus vouloir réciter aucun bréviaire. Les premières atteintes de cet esprit antilitur-giste, au sein même des catholiques, avaient déjà percé dans les canons de ce fameux concile de Cologne de 1536, dont nous avons parlé ailleurs (i). Mais ce fut bien autre

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JOSEPH TI ET SES REFORMES 5 2 y

chose, vers la fin du xvm e siècle, quand Joseph II s'en 1 PARTIE

CHAPITRE XXIII

vint étayer de 1 autorité impériale les plans antilitur- ~ — , . , . , . . , L'empereur

gistes que lui suggérait la triple coalition des forces du Joseph n protestantisme, du jansénisme et de la philosophie. Déjà, la guerrTaux on avait miné le catholicisme dans une grande portion du et entreprend la clergé allemand, en dissolvant la notion fondamentale de de i^Lhurgie.

l'Église, l 'autorité du Pontife romain, au moyen des écrits empoisonnés de Fébronius , et plus tard , d'Eybel. Joseph II passant à la prat ique, ouvrit, dès 1 7 8 1 , la série de ses règlements sur les matières ecclésiastiques. Il débuta, comme on a toujours fait, par déclarer la guerre aux réguliers, auxquels il enleva l'exemption et les moyens de se perpétuer, en attendant qu'il lui plût de porter la main sur la juridiction épiscopale elle-même. Mais le vrai moyen d'atteindre le catholicisme dans le peuple était de réformer la Liturgie. L'empereur ne s'en fit pas faute, et l'on vit bientôt paraître ces fameux décrets sur le service divin, dont le détail minutieux porta Frédéric II à désigner Joseph sous le nom de mon frère le sacristain. La chose était cependant bien loin d'être plaisante. Les conseillers de Joseph, et surtout le détestable prince de Kaunitz, dont le nom appartient à cette histoire comme celui d'un des plus grands ennemis de la forme catholique, les conseillers de Joseph, disons-nous, et sans doute l'empereur lui-même, sentaient parfaitement la portée de ce qu'ils faisaient en préparant l'établissement d'un catholicisme bâtard, qui ne serait ni garanti par des corporations privilégiées, ni régi exclusivement par la hiérarchie, ni basé sur un centre inviolable, ni populaire dans ses démonstrations religieuses.

On vit paraître, entre autres, sous la date du 8 mars Principaux

1 7 8 3 , un ordre impérial qui défendait de célébrer plus de Joseph il d'une messe à la fois dans la même église. Le 26 avril rL?turg1ctadansa

suivant, fut promulgué un règlement très étendu, dans l e

1

bV.E é . v i d e n t

1 0 0 ' de diminuer lequel l 'empereur supprimait plusieurs fêtes, abolissait des I e c u l t c d i v i n -

Page 134: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 2 8 JOSEPH II ET SES RÉFORMES

ciboire au lieu de l'ostensoir dans la p lupar t des bénédictions, prescrivait Tordre des offices, déterminait les cérémonies qu'on aurait à conserver et celles qu'on devrait abolir, et fixait enfin jusqu'au nombre des cierges qu'on devrait allumer aux divers offices. Peu après , Joseph fit paraître un décret de même sorte portant injonction de faire disparaître les images les plus vénérées par la dévotion populaire. Cependant, quelque philosophiques et libéraux que voulussent être les règlements de l 'empereur, il s'y trouvait dès l 'abord une disposition non moins antiphilanthropique qu'antili turgique. Joseph statuait que l'on ferait désormais dans les églises, les dimanches et fêtes, deux sermons distincts,l 'un pour les maîtres, l'autre pour les domestiques; en quoi il se conformait, sans le savoir peut-être, au génie du calvinisme qui se retrouve plus ou moins au fond de tout système antiliturgiste. Il y a longtemps que l'on a observé, pour la première fois, que le peuple qui se presse avec tant d'enthousiasme sous les voûtes étincelantes d'or d 'une église catholique, trouve rarement cette hardiesse dans le temple calviniste. C'est que dans l'Eglise catholique, la pompe révèle la présence de Dieu qui a fait lc pauvre comme le riche, tandis que le prêche protestant offre simplement l'aspect d'une froide et

Tandis que les cérémonieuse réunion d 'hommes. Pour cn revenir aux a i i e m a n d c ? d e édits de Joseph I I , on sait avec quelle obéissance passive accqrtcrit'ces ^ furent accueillis dans la plupart des provinces alle-

, n n B c î g î q u e l a m a n d e s de l 'Empire : mais la Belgique toujours fidèle, la

r é S o u v e r t c ° r C C Belgique < l u e " c voisinage de la France n'a jamais fait dévier du sentier romain dc la Liturgie, prit les armes pour résister aux innovations dc Joseph I I , et préluda, sous l'étendard de la foi, à ces glorieux efforts qui devaient, quarante ans plus tard, après bien d'autres souffrances, fonder son indépendance et l'établir au rang des nations.

INSTITUTIONS processions, éteignait des confréries, diminuait les expo-L I T U R G I Q U E S . . . • o • • • i . .

sitions du saint Sacrement, enjoignait de se servir du

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EN ALLEMAGNE E t EN BELGIQUE 5 2 9

Puisse-t-elle n'oublier jamais que le principe de sa liberté r PARTIE

* i ) ' • 1 1-1 » * CHAPITRE XXIII

politique a 1 intérieur et a 1 extérieur est la liberté même du catholicisme !

Tandis que Joseph II travaillait à déraciner la foi de Les princes

TÉglise romaine dans l'empire, cette mère et maîtresse de c " m i c ™ ^ toutes les églises n'avait pas à souffrir de moindres faï?"u guerre

atteintes de la part des princes ecclésiastiques de l'Aile- a " u ' u folfcge

magne. Les archevêques électeurs de Cologne, Trêves et Mayence, avec l'archevêque prince de Salzbourg, signaient à Ems, le 2 5 août 1 7 8 6 , ces trop fameux articles dont le but était d'affranchir, disait-on, la hiérarchie, en anéantissant l'autorité suprême du Siège apostolique. Or, les maximes antiliturgistes avaient pénétré dans le cœur dc ces prélats, et s'ils poursuivaient lc Christ en son vicaire, ils cherchaient aussi à restreindre son culte dans l'église. L'un deux, Jérôme de Collorédo, archevêque de Salz- instruction

bourg, avaitdonné, dès 1 7 8 2 , une instruction pastorale, PaVcheveque de

dans laquelle il s'élevait contre ce qu'il nommait le luxe Spo^ a°nT 8

des églises, déclamait contre la vénération des images, et O Uprincipes cc C n

prétendait, entre autres choses, que le culte des saints l c s n ^ l e u r s

n'est pas un point essentiel dans la religion. C'était bien français avaient r r ° a peine avoue.

là, comme Ton voit, l'esprit de nos novateurs français, mais fortifié de toute l'audace qu'on pouvait se permettre en Allemagne.

Mais ce qui parut le plus étonnant à cette époque, fut Les mêmes

l'apparition des mêmes scandales, en Italie, où tout sem- appara^sent

blait conspirer contre les développements, et mêjnc contre e ics caractères

les premiers symptômes de l'hérésie antiliturgiste. Cette p p lvant-ais importation manifesta à la fois les caractères de l'esprit f{t Je l'esprit

r x allemand, sous français plus subtil, plus cauteleux, et dc l'esprit allemand i t s

auspices * r r

%

7 r de Leopold, plus hardi et plus prompt a rompre cn visière. On grand-duc de

, . , j « • , . ' Toscane ot grâce

s expliquera aisément ce double caractère, si on sc rap- à Sçîpîon de

pelle les efforts inouïs que les jansénistes français avaient RdeVisVo\e\ut

faits pour infiltrer leurs maximes en Italie, ct aussi l'in- ^nsenistes? iiuence que devait naturellement exercer sur Léopold, T. U. 34

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53o LA SECTE ANTILITURGISTE EN ITALIE

INSTITUTIONS grand-duc de Toscane, l'exemple de son frère- Joseph IL LITURGIQUES

Toutefois, avant d'oser réformer le catholicisme dans la portion de l'Italie qui était malheureusement échue à son zèle, Léopold avait besoin de se sentir encouragé par quelque haut personnage ecclésiastique de ses Etats. Ce personnage fut Scipion de Ricci, évêque de Pistoie et Prato, l'ami intime du trop fameux professeur Tamburini, le disciple fidèle des appelants français, et l'admirateur fanatique de toutes leurs œuvres, mais spécialement de leurs brillants essais liturgiques.

Ouverture du Le 1 8 septembre 1 7 8 6 , s'ouvrit à Pistoie, sous les aus-fameux synode , , , » . , .

de Pistoie, pices du grand-duc, ce trop fameux synode dont les actes q u i a r é f o r m e n d firent dans l'Église un éclat si scandaleux, mais aussi, il rÉgiUc l èd^après * a u t l e ^ r e » s* P r o m P t e m e n t effacé. Ricci était venu trop

les théories tôt: peut-être même la mauvaise influence s'était-elle jansénistes, A » r •

18 septembre trompée tout a fait sur la contrée où un pareil homme aurait dû naître. Quoi qu'il en soit, le malheureux prélat survécut aux scandales qu'il avait causés, et il a fini ses jours dans la communion de l'Église dont il avait déchiré le sein. Il n'est point de notre sujet de dérouler ici le honteux système de dégradation auquel le synode de Pistoie, dans sa sacrilège outrecuidance, prétendait soumettre tout l'ensemble du catholicisme; la partie liturgique de ses opérations est la seule que nous ayons lc loisir de mettre sous les yeux de nos lecteurs. Ainsi, nous ne nous arrêterons pas à signaler l'audace dc cette assemblée, promulguant la doctrine hérétique c t condamnée de Baïus ct de Quesnel, sur la grâce; adoptant scandaleusement la déclaration dc 1082 contre les droits du Pontife romain; abolissant l'exemption des réguliers pour étaler ensuite dogmatiquement le plus dégoûtant presbytérianisme; mais nous citerons d'abord ces mémorables paroles de la session sixième :

uc synoae pose « Avant tout, nous jugeons devoir coopérer, avec notre pourra réforme <* prélat, à la réforme du bréviaire et du missel de notre

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SCIPION DE RICCI ET LE SYNODE DE PISTOIE 53 I

« église, en pariant, corrigeant et mettant dans un meil- 1 PARTIE

« leur ordre les offices divins. Chacun sait que Dieu, qui ~~~~—: ~ A de la Liturgie

« est la venté, ne veut pas être honoré par des mensonges; les axiomes des -, i l 1 1 - novateurs

« et d autre part, que les plus savants et les plus saints français.

« personnages, des papes même, ont dans ces derniers « temps reconnu dans notre bréviaire, spécialement pour a ce. qui regarde les leçons des saints, beaucoup dc faus-« setés, et ont confessé la nécessité d'une plus exacte « réforme. Quant à ce qui regarde les autres parties du « bréviaire, chacun comprend qu'à beaucoup de choses « ou PEU UTILES, ou MOINS ÉDIFIANTES, il serait nécessaire

« d'en substituer d?autres TIRÉES DE LA PAROLE DE DIEU OU

« des ouvrages originaux des saints Pères; mais, sur « toutes choses, on devrait disposer le bréviaire lui-« même de façon que, dans le cours de Tannée, on pût lire o tout entière la sainte Écriture ( 0 . »

Ainsi donc, nous entendrons les antiliturgistes tenir ne Luther à partout un langage uniforme, de Luther à Ricci, cn antnîturgistes

attendant le tour de nos constitutionnels français. Tou- ^ ^ " î a n g a g e 6

jours l'Écriture mainte, en place des prières dc la tradition ; toujours la guerre au culte des saints, l'oubli infligé à leurs œuvres merveilleuses, sous le prétexte d'épurer la vérité de toutes les scories apocryphes dont l'ont souillée

( i ) Prima di tutto pero noi giudichiamo dî doverc cooperare col nostro Prelato alla ri forma del Breviario e del Messale délia nostra Chicsa, variando, correggendo e ponendo in migliore ordine i divini Ufizi. Ognun' sà che Iddio, il quale è la verità, non vuole csse're onorato con menzogne ; e che per altra parte i pïu dotti e santi uomini, e i Ponlefici medesimi in questi ultimi tempi hanno riconosciuto nel nostro Breviario, spécial mente per quel che riguarda le lezioni dei santi, moite falsita, ed hanno confessato la nécessita d'una piu csatta ri forma. Pur qucllo che riguarda poi le altre parti del Breviario, ognuno comprende, che a moite cose o poco utili o meno edificanti sarebbe necessario sostituire altrc toi te dalla parola di Dio o dalle opère genuîne dei Patri; ma soprattutlo che dovrebbesi disporre il Breviario medesimo in maniera, che nel corso d'un anno vi sil eggesse tutla intiera IaSanta Scrittura. (A tti c décreti del Concilio Diocesnio di Pistoia. Sesaione VI, pagina -zob.)

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5 3 2 LA SECTE ANTILITURGISTE EN ITALIE

INSTITUTIONS i e s légendaires ( i ) . D'où vient donc cette affectation de L I T U R G I Q U E S ° %

" copier si servilement les fades déclamations des Foinard, des Grandcolas, des Mésenguy, des Baillet, etc. ? Le digne interprète dc Scipion de Ricci, l'éditeur dc ses Mémoires, de Potter le voltairien, nous l'explique quand il nous dit, en parlant des plans liturgiques de l'évêque de Pistoie:

Rapports de « Ses amis de France, entre autres les abbés Maultrot, l e f novateurs « Leroy et Clément, ct les Italiens qui professaient les

français. a m g m c s principes, s'étaient hâtés de lui communiquer « leurs idées ct leurs lumières pour opérer une réforme « complète du bréviaire et du missel (2). » Au reste, la prédilection dc Ricci pour cette école liturgique paraît

Le synode assez clairement dans le choix de livres que le synode r e au^cur2s° prescrit aux curés. On se garde bien d'y oublier VAnnée

l e S o u v r a C g c s U X chrétienne de Nicolas Lc Tourneux, ni l'Exposition de la d % c u r s e c t e e S doctrine chrétienne de Mésenguy. Ces deux chefs-d'œuvre

des fameux compilateurs des Bréviaires de Cluny et de Paris, figurent dignement sur lc catalogue à côté du rituel d'Alet ct des Réflexions morales de Quesnel.

Les Pères du Mais voyons plus avant l'œuvre du synode et ses ^côndîe* glorieux efforts pour s'élever dans la réforme liturgique

d up?s5)Sè d C à ia hauteur des vues de Joseph II et dc son digne frère, recommandent Observons d'abord que les Pères du concile diocésain.

d éviter dans les 1 ' églises les comme ils s'appellent, sont d'avis qu'on évite dans les décorations

trop variées ct églises les decoralious trop varices el trop pi*ecieuses, trop précieuses, , M . . . . , . . , „ ^ .

et déclarent parce quelles attirent les sens et entraînent lame à u X c t r i n c de l'amour des choses inférieures ; sur quoi les Pères décla-

l'archevêque de Salzbourg.

(i) Nous n'avons pas besoin de réfuter ici ce que dit lc synode sur les Papes qui ont réprouvé les Légendes du Bréviaire. Comme il s'agit ici principalement de Benoît XIV\ il suffira de rappeler encore une fois ce qu'il dit à ce sujet, savoir qu'il n'est aucune dc ces Légendes qui ne soit susceptible d'être défendue.

(a) De Potter. Mémoires de Scipion dc Ricci, évêque dc Pistoie ct Prato, réformateur du catholicisme en l^oscane, sous le règne de Lcopold. Tome II, page 220 .

Page 139: Institutions liturgiques (tome_2)__2

SCIPION DE RICCI ET LE SYNODE DE PISTOIE 533

Jérôme de Collorédo, archevêque de Salzbourg (i). Dans le chapitre sur la réforme des réguliers, ils Les églises

, . . j . des réguliers émettent le vœu que ceux-ci liaient point d églises devront

, 7 - - 7 /r J • • J. être fermées au ouvertes au public ; qu on y diminue les offices divins, et public qu'il n'y soit célébré qu'une, ou, tout au plus, deux messes y serarédidt! 1

par jour, les autres prêtres se bornant à concélébrer ( 2 ) . Dans la même session, il plaît aux Pères d'abolir les Suppression des

, 7 • • •, » . processions

processions qui avaient lieu pour visiter quelque image en phonneur de

de la sainte Vierge ou d'un saint, et de prescrire aux ^ d e ï ^ n t s f 5

curés de la campagne de restreindre le plus possible la

longueur et la durée de celles des Rogations. Le but de ces suppressions, disent-ils, est d'empêcher les rassem

blements tumultueux et indécents, et les repas qui accom

pagnaient ces processions. Quant aux fêtes, les Pères se Le grand-duc

de Toscane

plaignent de ce que, par leur multiplicité, elles sont aux supplié de riches une occasion d'oisiveté, et aux pauvres une source i c Nombre des de misère, et sont résolus de s'adresser à S. A. S. le f a c i * L h o i n L C S -Grand-Duc, pour obtenir unc réduction dans le nombre de ces jours consacrés aux devoirs religieux (3). C'est, sans doute, pour honorer en Léopold la qualité dc prince de la Liturgie, que les Pères décrètent qu'on ajoutera désormais au Canon ces paroles : Et pro Magno Duce

nostro N. (4). On voit que l'esprit des antiliturgistes est partout le même, en Italie comme ailleurs : la seconde majesté profite toujours des dépouilles de la première,

« Pour ce qui regarde les pratiques extérieures de la Le rosaire , , , • u - . . i • condamné sous

« dévotion envers la sainte Vierge et les autres saints, p r c*tcxted'ôter

« disent les Pères, nous voulons qu'on enlève toute ombre t0su%rs?hironde

« de superstition, comme serait d'attribuer une certaine ™* J/voJiJJn08

« efficacité à un nombre déterminé de prières et de salit- , ?nvcr*r

v r la sainte Vierge et les saints.

(1 ) Sessione IV, pag. 1 2 9 .

(2) Sessione VI, pag. 2 3 8 , 2 3 9 .

(3) Ibid. pag. 2 0 7 - 2 0 9 . (4) Ibid., pag. 4 204.

rent embrasser la doctrine de l'instruction pastorale de 1 PARTIE

X C I I A P I T H K X X I I I

Page 140: Institutions liturgiques (tome_2)__2

534 L A SECTE ANTILITURGISTE EN ITALIE

INSTITUTIONS A tat i on s dont, la plupart du temps, on ne suit vas le LITURGIQUES , / , *

- a sens, et généralement a tout autre acte, ou objet cxté-« rieur ou matériel ( i ) . »

Guerre au culte Après cette flétrissure infligée au rosaire ct aux diverses d e ?magcs* s couronnes ou chapelets approuvés ct recommandés par le

^ccUes^qui 1 * Saint-Siège, les réformateurs de Pistoie devaient naturel-r ^acrl C Cœur I e lement en venir à poursuivre les images. C'est pourquoi, , °y ? n t J? immédiatement après, ils enjoignent d'enlever des églises

réputation il e u e *• ' ' «-* <->

miraculeuses, toutes les images qui représentent de faux dogmes, celles par exemple du Cœur de Jésus, ct celles qui sont aux simples une occasion d'erreur, comme les images de Vin-compréhensible Trinité. On enlèvera de niûme celles dans lesquelles il paraît que le peuple a mis une confiance singulière, ou reconnaît quelque vertu spéciale. Le synode ordonne pareillement dc déraciner la pernicieuse coutume qui dislingue certaines images de la Vierge par des litres ci noms particuliers, la plupart du temps j'ains el puérils, comme aussi celle de couvrir d'un voile certaines images; ce qui, cn faisant supposer au peuple qu'elles auraient unc vertu spéciale, contribue encore à anéantir toute r utilité et la fin des images (a).

Réforme du La réforme dans le culte dc la sainte Vierge et des saint^aercment saints n'était pour le synode qu'une conséquence de la

CdcVamcssi5:.tt réforme à laquelle, toujours à la remorque de Joseph II, il avait cru devoir soumettre le culte meme du saint Sacrement ct le sacrifice de la messe.

L'autel majeur Ainsi, les J*ères du concile diocésain décrétèrent qu'où dans iet°égîuses. rétablira l'antique usage de n'avoir qu'un seul autel dans

la même église (3). On ne placera sur cet autel ni reli-Les fidèles ne quaires, ni fleurs (4). La participation à la victime,

communieront . . . . . , qu'A la messe et disent-ils un peu plus loin, est une partie essentielle du

(1) Sessione VI, pag. 2 0 1 .

(2) Ibid. pag. 202 .

(3) Sessione IV, pag. i 3 o .

(4) Ibidem.

Page 141: Institutions liturgiques (tome_2)__2

SGIPION DE RICCI ET LE SYNODE DE PISTOIE 535

(1) Sessione IV, pag. i3o. (2) Ibidem.

(3) Ibid., pag. I 3 I . (4) Ibid., page 206.

(5) Ibid., pag. x32 .

(6) Ibid,, pag. 126.

sacrifice; toutefois, on veut bien ne pas condamner comme 1 PARTIE

J ' 7 R

M CHAPITRE XXIII

illicites les messes auxquelles les assistants ne communient ~ ' —

pas sacramentellement (î). En effet, cette hardiesse aurait pasqmîia* 1*

semblé par trop luthérienne ; mais on déclare qu'excepté c^brj/sâns dans les cas de grave nécessité, les fidèles ne pourront comtJ|dTiesn d c s

communier qu'avec des hosties consacrées à la messe même

à laquelle ils auront assisté ( 2 ) . Quan t à la langue à employer dans la célébration des Vœu du synode

saints mystères, on découvre les intentions du synode dans r é f u a i o ^ d e , . R • J o J J * ' * la Liturgie et sa

ces paroles expressives : Le saint Synode désirerait quon célébration

réduisît les rites de la Liturgie à une plus grande sim- e t ^ l a n g u e

plicité ; qu'on l'exposât en langue vulgaire, et qu'on la v u l s a i r e -proférât toujours à haute voix (3) ; car, ajoutent plus loin les Pères avec Quesnel leur patron : Ce serait agir

contre la pratique apostolique et contre les intentions

de Dieu, que de ne pas procurer au simple peuple les

moyens les plus faciles pour unir sa voix à celle de toute

l'Église (4). Ailleurs, on enseigne que c'est une erreur condamnable L e prêtre ne

° 1

t peut appliquer

de croire qu'il soit en la volonté du Prêtre d'appliquer à son gré le

le fruit spécial du sacrifice a qui tl veut (5). sacrifice.

Quant à la vénération à rendre au mystère de l 'Eucha- Réduction des . J expositions et

ristie, le synode ordonne de réduire l'exposition du saint bénédictions

Sacrement à la seule fête et octave du Corpus Domini, Sacrement,

excepté dans la cathédrale où l'exposition sera permise une fois le mois ; dans les autres églises, aux jours de dimanche et de fête; on donnera seulement la bénédiction avec le ciboire (6). Le nombre des cierges allumés en présence du saint Sacrement exposé dans [l'octave du

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536 LA SECTE ANTILITURGISTE EN ITALIE

ment delà divinité, ou avec une séparation sophistique; ainsi serait-ce également une erreur d'adresser à cette humanité nos prières, an moyen d'une semblable division ou abstraction. C'est pourquoi, souscrivant pleinement à la lettre pastorale de notre évêque, du 3 juin 1781,

sur la dévotion nouvelle au Cœur de Jésus, nous rejetons cette dévotion.et les autres semblables, comme nouvelles et erronées, ou tout au moins comme dangereuses (2).

Dans cctte lettre pastorale, Scipion de Ricci avait dit cn propres ternies, confondant la vérité et l'erreur : Ni la très sainte chair de Jésus-Christ, ni un petit morceau (un pezzetto) de cette chair, ni son humanité tout entière, avec séparation de la divinité, ni aucune qualité ou perfection de Jésus-Christ, ni son amour, ni le symbole de cet amour, ne peuvent jamais être l'objet du culte de latrie (3).

Condamnation Qitanl au mystère de la Passion, dit le synode, s'il d C d u \ - h c m i n ° n doit particulièrement occuper noire piété, il faut aussi

d c croix. dégager cette piété elle-même de toutes les inutiles et dangereuses matérialités auxquelles ont voulu l'assujettir les dévots superstitieux des derniers siècles. L'esprit de componction et de ferveur ne peut pas certainement être attaché à un nombre déterminé de STATIONS, à des

(1) Appendice alSînodo, N° IV.

(2) Sessione VI, pag. 1 9 8 .

(3) Appendice, N° XXXII.

INSTITUTIONS Corpus Domini, ne pourra excéder trente k la cathédrale et LITURGIQUES R ,

• - vingt-quatre dans les paroisses (i). Lcsydode Ailleurs, les antiliturgistes de Pistoie poursuivent la

la dîsVoUon au dévotion au Sacré-Cœur de Jésus età la Passion dc Notre-îomlS^ïveUe Seigneur, sous l'affectation d'une orthodoxie dont la pré-c n ^ V p u y a n t tention est surtout ridicule dans des hérétiques. Attendu,

Page 143: Institutions liturgiques (tome_2)__2

SCIPION DE RICCI ET LE SYNODE DE PISTOIE 537

(1) Sessione VI, pag. 199.

réflexions arbitraires, souvent fausses, plus souvent * PARTIE ' 1 CHAPITRE XXIII

encore capricieuses, et toujours périlleuses ( i ) . -On voit que nos réformateurs du catholicisme allaient illusion des

. . ^ . . , £ novateurs qui

vite en besogne, et que si, a la façon des novateurs Iran- prenaient

çais, la refonte des livres liturgiques sur un plan jan- paiiemagn^ou

séniste leur paraissait un moyen important d'avancer l a F r a n c c -l'œuvre, ils voulaient mener de front, à la manière de Joseph II, la réduction extérieure des formes du culte catholique. Ils s'étaient trompés en prenant ainsi l'Italie pour l'Allemagne; car si c'était un avantage pour la Toscane d'être régie par un prince de la maison d'Autriche, c'était du moins une grande faiblesse de jugement dans Léopold, que de vouloir régir les populations au rebours de leur génie et de leurs habitudes.

Le synode de Pistoie fut imité par ceux que présidèrent r i | ç | a

i ™ 1

i ^ é p a r

peu après dans leurs diocèses, Sciarelli, évêque de Colle, marani, évêques • * * i t • . i d c C o l l e

et Marani, eveque d Arezzo, lesquels tinrent a honneur et d'arczzo, qui

de marcher à la suite de Ricci et de ses curés. Dès lors, i t n " u u T E s m m e

le parti janséniste ne put contenir la joie de son triomphe, RÉFOrme? 0

et le grand-duc se crut assuré de la victoire sur les préjugés surannés d'un catholicisme bigot. Dès le 26 janvier 1 7 8 6 , voulant s'assurer de la coopération du clergé dans la réforme religieuse qu'il projetait, il avait adressé à tous les prélats de son duché cinquante-sept articles de consultation. Les principaux de ces articles roulaient sur la L e

g«nd-duc r r consulte les

réforme indispensable du bréviaire et du missel : sur archevêques et A . , évêques dc

1 abolition de toute aumône pour les messes; sur la ses etats sur la

réduction du luxe des temples ; sur la défense de célé- r e i î g i c M ? q u ' u

brer plus d'une messe par jour dans chaque église; sur 2G janvier 1786.

l'examen à faire de toutes les reliques; sur le dévoilement des images couvertes ; sur l'administration des sacrements en langue vulgaire ; sur l'instruction à donner au peuple touchant la communion des saints et les suffrages

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538 LA SECTE ANTILITURGISTE EN ITALIE

(1) TOME IV, PAGES 249-264.

INSTITUTIONS pour les défunts: sur Turgencedesoumettreles réguliers aux LITURGIQUES J R , . . ^ • • • , . , ,

"ordinaires, etc., etc. On y insistait spécialement sur la nécessité de tenir des synodes diocésains, à Faide desquels Lcopold espérait faire pénétrer dans le clergé du second ordre les maximes qu'il lui tardait tant de voir adoptées par ses évêques. Ces Points ecclésiastiques (Punti eccle-siastici) avec les réponses des archevêques et évêques de

Publication Toscane furent publiés à Florence, en 1 7 8 7 . On voit de cette . . . . . , . . ' /

consultation ct au frontispice du livre le portrait du grand-duc soutenu des é v e q u e ï par la Renommée et entouré de figures allégoriques de

la Justice, du Commerce, de l'Abondance et du Temps. Étrange Au-dessous, est un génie qui tient un livre ouvert, sur

pia^Ten^tûte de lequel est écrit en grandes lettres et en français, le mot : ce volume. ENCYCLOPÉDIE. C'était sans doute assez pour montrer les

intentions ultérieures des antiliturgistes. six évêques Le voltairien de Potter, qui nous a conservé de pré-

r L p ° u n C s c n s a n S cieux détails dans ses ignobles Mémoires de Scipion de ^nnovaUons!* Ricci, nous apprend cn détail quelle fut la réponse des

évêques de Toscane aux cinquante-sept Points ( 1 ) . Ricci, dont les influences avaient été pour beaucoup dans les résolutions de Léopold, et qui se préparait à tenir son synode, fit telle réponse qu'on pouvait souhaiter ; cn quoi il fut imité par Sciarelli, cvcquc de Colle; Pannilini, évêque dc Chiusi, ct Santi, évêque dc Soana. Alarani et Ciribi, évêques d'Arczzo et de Cortone, s'expliquèrent dans

Les douze le même sens, mais avec plus dc modération. Les autres autres évêques . ^

dc la Toscane prélats, Martini, archevêque de Horence ; Costaguti, ^o^vtre^es 1 Vannucci, Pccci, Vinccnti, Bonaccini, évêques de Borgo

nq°udq^esé-uns San-Sepolcro, Massa, Montalcino, Pcscia, ct Volterra, se trôsCgrande déclarèrent avec courage, dans leurs réponses, contre les

énergie. innovations proposées ; mais nous devons une mention spéciale aux intrépides prélats Franccschi et Borghcsi, archevêques dc Pise ct dc Sienne ; Mancini, Fazzi, Franci

Page 145: Institutions liturgiques (tome_2)__2

SCIPION DE RICCI ET LE SYNODE DE PISTOIE 5^9

Montepulciano, qui manifestèrent par les termes les plus énergiques, dans leurs réponses, toute l'horreur que leur inspiraient les propositions antiliturgistes qu'on avait osé leur faire.

Ce fut après la réception de ces diverses lettres, et aussi Léopoid / i . i r* convoque une

après la célébration des synodes de Pistoie, de Colle et assemblée

d'Arezzo, les seuls dont Léopold put obtenir la tenue, B e é v ê q u e s e s

que ce prince convoqua une assemblée générale des ^ ^ v r f n ^ S y ?

évêques deToscane,qui s'ouvrit à Florence le 23 avril 1 7 8 7 . S'il l'on en croit les Mémoires de Ricci (r), les prélats qui s'étaient montrés si fermes dans leur réponse aux Points ecclésiastiques, auraient manifesté, dans l'assemblée, unc moindre opposition aux volontés du grand-duc, sur certains points de doctrine liturgique, notamment sur la réforme du Bréviaire et du Missel romains, dont les trois archevêques auraient accepté la commission. L'auteur des Mémoires sur VHistoire ecclésiastique , au Au dire de Ricci

XVIIIe siècle, ajoute même qu'il fut arrêté qu'on tra- ics eardievêqu rcs

duirait le rituel en italien, pour ce qui concerne l'admi- commission de

nistration des sacrements, excepté les paroles sacramen- r6^l^\rl

c

telles qui se diraient toujours en latin (2). Quoi qu'il en c ^ ^ | 5 J l î

soit, de Potter est obligé de convenir que des réclama- les pratiques . , . M , 7 , t , des novateurs

tions violentes s élevèrent a toutes les séances, de la part sont ^ , . . R J I V visou reusement

des eveques, contre les principaux fauteurs de l innova- combattues,

tion, Ricci, Sciarelli, Pannilini et Santi. Et, d'ailleurs, la discussion roula sur un grand nombre d'autres articles de droits ecclésiastique, à l'occasion desquels la majorité se montra animée de la plus courageuse énergie pour les droits du Saint-Siège. L'assemblée tint sa dix-neuvième et dernière session, le 5 juin 1 7 8 7 , et s'étant présentée à l'audience du grand-duc, elle reçut les témoignages les

(1) Tome IV, pages 2x6-249. (2) Mémoires, tome II, page 88.

et Franzesi, évêques de Fiesole, San-Miniato, Grosseto et 1

CHAPITRE XXII I

Page 146: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 4 0 LA, SECTE ANTILITURGISTE HORS DE FRANCE

INSTITUTIONS p i u s significatifs de mécontentement de la part du prince, LITURGIQUES * , „ , . , , R Î

pour le peu ci harmonie qui avait règne dans son sein, Mécontentement pour V esprit de préjugé et de parti qui avait constamment

qui^oCtient guidé le plus grand nombre des prélats ( 1 ) . Léopold, l'assemblée ce toujours poussé par le parti janséniste, décréta plusieurs

qu'il souhaitait. £dits propres à accroître et à consolider le scandale.

11 public des * Sans aucun égard pour la Cour de Rome, dit de Potter, édits propres à tt o n soumit le clergé régulier aux ordinaires : on déclara

accroître D O 7 le scandale. « q^à l'avenir la doctrine de saint Augustin devrait être

« suivie dans renseignement ecclésiastique ; on ordonna « la réforme des missels et des bréviaires, etc. (2). »

La Révolution Toutefois, ainsi que nous l'avons dit, cette levée de bou-francaisc^ arrête c j j e r s n > c u t p a § ^ s u i t e s L a dislocation sociale qui, en

e?ouvre°ics France, avait couronné les efforts persévérants du parti de léopold anarchiste, ouvrit les yeux de Léopold. II eut le bon

esprit dc comprendre que l'évêque du dehors commet un acte iinpolitique dont le châtiment, tôt ou tard, retombe sur sa tête, toutes les fois que, convié par les sacrilèges flatteries d'un pasteur lâche ou corrompu, il ose mettre la main à l'encensoir. Mais il est facile de comprendre comment les instincts du despotisme ont si souvent conduit les princes à tenter ou à seconder les attentats des antiliturgistes. Les démonstrations liturgiques sont éminemment populaires ; elles tendent à réunir les masses dans lc temple catholique, comme dans lc centre de leur vie sociale; elles resserrent lc lien qui les attache au saccr-

^ ^ r c i i ^ o n 1 1 0 doce. Donc, les ennemis du spiritualisme dans les peuples quels qu'ils doivcntlcs avoir cn horreur. Et voilà pourquoi chez nous, monarques en cemomcnt,lcscnncmis des processions, soi-disant libé-

ouVbéraux raux, se ruent a la suite des Joseph II et des Léopold, ^OLREUR^des 1 1 monarques du bon plaisir. Heureuse la France dc n'avoir d m u r g V q u e r S pas de ces vils pasteurs dont toute la gloire était d'en-

(1 ) De Poitcr. Mémoires, tome III, page 2 4 7 .

(2) Ibid. page 248 .

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SES EFFORTS CONTRE LE CULTE DE SAINTS 6 4 1

chaîner l'Église au marchepied du trône, comme les 1 P A R T T E

& R CHAPITRE XXIII

Ricci, les Pannilini, les Sciarelh ! Ajoutons encore un trait pour faire connaître ces dignes coryphées de l'hérésie antiliturgiste.

Franzesi, évêque de Montepulciano, dans un mémoire Igpûbie servilité de

contre la prétention des novateurs, de réduire à un seul Ricci et de ses

les autels de chaque église, avait osé faire remarquer que à VéglrTdu le grand-duc lui-même, qui poussait avec tant de chaleur P r m c e -

l'adoption de cette mesure, faisait alors bâtir des églises à plusieurs autels. Ricci et ses deux dignes collègues répondirent à cette objection : « Que prétend donc le « théologien ( consulteur du prélat), par cette assertion « vague et téméraire ? Que le souverain s'est contredit, « ou qu'il a changé d'opinion ? Ce serait un sacrilège d'en « avoir la pensée (i). » Voilà ce que la secte antiliturgiste sait faire de la liberté ecclésiastique et de la dignité humaine. Considérons maintenant ce qu'elle voudrait faire du catholicisme lui-même.

Nous pourrions nous contenter de renvoyer le lecteur Résumé du . . , i • . , , , système des

au xiv° chapitre de cette histoire, dans lequel nous avons antiliturgistes.

traité de Y Hérésie antiliturgiste et de la réforme protestante du XVr siècle, dans ses rapports avec la Liturgie; mais, comme il est utile de déduire les enseignements qui résultent du récit que nous avons fait dans les chapitres précédents, nous nous arrêterons quelques instants à résumer le système des ennemis de la foi catholique, tel

(i) Che prétende dunque il teologo in quelîa vagaetemeraria asserçione? Che il sovrano siassi contradetto, o che abbia mutato sentimento? Sarebbe

• sacrilegio il sospettarlo. (Mémoires de Ricci. Tome IV, page 2 7 1 . ) — La brutalité de ce servilisme contraint le voltairien de Potter à faire cette curieuse observation, en dépit de ses préventions fanatiques pour Ricci et consorts : Ce passage démontre bien quelles sont les funestes conséquences d'aroir une opposition fanatique. Les personnes raisonnables, pour vaincre le fanatisme, sont forcées de se jeter dans l'absurdité de l'ultra-monarchisme, et le peuple devient nécessairement le jouet et la victime, ou de ses prêtres, ou de son gouvernement.

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CONSPIRATION DE LA SECTE ANTILITURGISTE

l'aide desquels ils ont espéré étouffer cette divine foi. C'est l'esprit protestant lâchement caché sous des dehors catholiques que nous voulons démasquer, et notre intention est de faire voir ce que ces perfides pharisiens ont tenté pour anéantir, autant qu'il était en eux, l'adorable mystère de la très sainte-Eucharistie.

E m b û c h e s Auparavant , si le temps et l'espace nous le permettaient, tendues S à la foi nous aimerions à montrer en détail toute la portée des

ï a n f e e qluî embûches qu'ils ont tendues à la foi des peuples, dans ce t o u c l d e l a c u l t e qui touche le culte de la glorieuse Vierge Marie et des

M I des M i n i ? C t s a i n t s - Nous dirions comment ils les ont livrés, ces peuples

sans défense, au souffle glacé du rationalisme, en expulsant de la Liturgie, et, partant , de la mémoire des fidèles, la plupart des miracles et des dons merveilleux accordés aux saints, sous le vain prétexte des droits de la crit ique; comme s'il suffisait de la volonté d'un pédant pour faire reconnaître comme incontestables les stupides ailirma-

La suppression tions du pyrrhonisme historique. Nous dirions comment des anciens , , , » r . . , . ^ , T r .

offices des saints us ont retranche du bréviaire, et bientôt des Vies même p o r t r n o r t e î ° u p des saints, le récit des actes de vertu extraordinaire ins-

a leur culte. pjr(is p a r r Esprit de Dieu à ses membres , sous la futile apparence que ces laits ne seraient pas imitables ; comme si T Esprit de Dieu, dans les livres qu'il a dictes lui-même, n'avait pas accumulé pour sa gloire les actes les plus extraordinaires, aussi bien que les actes les plus vulgaires cn apparence ( i ) . Nous dirions comment il était inévitable au peuple d'oublier les actions, les mérites, les services ct jusqu'au nom des saints patrons, du moment

(1) Qu'on sc rappelle ici la sévère censure de la Sorbonne dc 1 contre le Bréviaire d'Orléans donné à celle époque, ct dans lequel on

commença à faire subir aux légendes des saints les muti lat ions dont nous

parlons. La Faculté ne fait nulle difliculté de t rancher le mot. Nova istii

niittatio imprudens, temeraria et scandalosa, neque carens suspicione favendi

hœreticis. Voyez ci-dessus, tome I, pages 439, 440, et 5yo et 591.

INSTITUTIONS qu'il apparaît dans l'ensemble des lois et règlements à LITURGIQUES 1 1 1 D

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CONTRE LE CULTE DES SAINTS

qu'on abolissait les antiques répons et antiennes où ces r PARTIE ~ * * CHAPITRE XXIII

noms sacrés, avec les merveilles qu'ils rappellent, étaient consignés et si souvent embellis par les plus gracieuses mélodies, pour mettre en place quelques phrases de la Bible, bien froides, bien décousues ; comme si des paroles générales tirées de l'Écriture sainte, et amenées à grands frais pour célébrer tel saint auquel elles n'avaient pas plus de rapport qu'à tel autre saint, pouvaient servir dans un degré quelconque à maintenir des traditions. Nous dirions comment la guerre qu'on a faite jusqu'à nos jours dans une grande partie de l'Europe catholique, aux images miraculeuses, aux sanctuaires révérés, aux pèlerinages, aux processions extraordinaires, était une hostilité flagrante contre le Seigneur et contre ses christs (\)\ puisque, si le Concile de Trente enseigne qu'il ne faut pas croire qu'il y ait dans les images une vertu qui vienne d'elles, on n'en doit pas conclure que cette auguste assemblée ait voulu contester à Dieu le droit de choisir certains lieux de ce monde qui est à lui, pour y manifester plus directement sa gloire dans la Vierge Marie, ou dans les saints. Nous dirions qu'en supprimant avec violence les intention

fêtes populaires dans lesquelles les habitants des villes et c r i c e u T q u i d e

des campagnes se livraient à une joie, quelquefois abusive, s ufi's nfe îtes e n t

nous en convenons, Joseph I I , Léopold, Jérôme de ^JJnîa'sôus8

Collorédo, Ricci, etc., voulaient bien plus éteindre les r^^n^her les influences religieuses puisées dans le culte des saints, que a b u s -favoriser, ainsi qu'ils le prétendaient, la réforme des mœurs et l'avancement des saines doctrines de l'économie politique; comme si les moeurs étaient meilleures et la nation plus heureuse, quand le motif des réjouissances publiques ne provient plus d'une source religieuse, mais tout simplement des habitudes grossières d'un peuple inaccessible d'ailleurs à ridée de morale qui ne lui vient

(i) Nolitc tangcre christos mcos. Psalm. CIVt i5 .

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544 CONSPIRATION DE LA SECTE ANTILITURGISTE

INSTITUTIONS pas p ar T organe de la religion. Nous dirions enfin qu'on L I T U R G I Q U E S . ° • 4 i r • j , • -

* a grandement nui a la 101 des peuples qui tire un si puis-Détriment . , , ;T / r

apporté à la fol sant accroissement de la vénération des saints, en répètes peuples . n / • ,

en répétant sans tant sur tous les tons, et avec toute 1 exagération de c c s s

s

e a?n U ts l e s Port-Royal, que la sainte Vierge et les saints repoussent

l ' h ^ m a g c de t o u t hommage dc la part de ceux qui n'imitent pas leurs

n U m t e n t p a s v e r t u s î e s t î n u t * ' e de songer à leur plaire par des leurs vertus, prières, des vœux, des chants, des démonstrations exté

rieures, si Ton n'est pas déjà vivant de la vie de la grâce et de la sainteté ; comme si la simple louange n'était pas déjà un acte surnaturel et excellent de la religion; comme si celui qui rend hommage à la sainteté ne protestait pas déjà contre le péché qui est dans son cœur; comme si tout acte religieux, pour n'être pas parfait, n'était pas un acte conforme à l'ordre; comme si, enfin, la miséricordieuse Mère du Sauveur ct les Amis de Dieu ne devaient pas sc trouver inclinés à demander à Dieu l'entière conversion de ces pauvres âmes qui, trop charnelles encore dans leurs espérances et leurs vœux, n'ont jusqu'ici compris, comme la Samaritaine, que dans un sens matériel, cette eau qui jaillit jusqu'à la vie éternelle!

L'oubli complet Le fait est que depuis le triomphe dc toutes ces théories du culte ct . .

-de la vie des perfectionnées, nous ne connaissons plus la vie des saints, M t rS inp iu îde l u e t qu'après un siècle et demi de rationalisme, la simple

ces théories. C X p i î c a t i o n des légendes de nos vitraux ct de notre antique peinture ct statuaire catholique est devenue l'objet d'une science. Dieu fasse que cctte science ne soit pas de longue durée, par notre retour aux antiques traditions dc la foi de nos pèrej, aux livres vénérables qui l'ont gardée toujours vierge et pure, tandis que nous allions boire à d'autres sources !

Outrage insigne Mais arretons-nous à considérer l'outrage insigne dont

Notre-Seigneur l'adorable mystère de l'Eucharistie a été l'objet au scia

diminution des même de plusieurs nations catholiques! C'est ici qu'éclate

qunïïwortCpar la malice de satan. Nous avons montré ailleurs comment

Page 151: Institutions liturgiques (tome_2)__2

CONTRE LE CULTE DE L'EUCHARISTIE

CH A PITRE XXtlf

ristiques, en prêchant partout que le prêtre, s'il n'est en r e x p ^ ! n ? n d u

état de grâce, ne consacre pas ; d'où il s'ensuivait que Sacrement.

Dieu seul connaissant le cœur dc l 'homme, le fidèle n 'aurait pu croire à la présence du Christ dans l'hostie qu'il recevait à la communion, qu 'autant qu'il eût été associé à la science même de Dieu. Nos antiliturgistes n'osèrent non plus nier la divine Eucharis t ie ; mais comme elle est l'objet de la foi des fidèles, le sacrifice propitiatoire du salut du monde , la nourr i ture vivifiante du chrétien sur la terre, il leur sembla bon de la poursuivre sous ce triple rapport . En effet, s'ils eussent été jaloux de voir le Sauveur des hommes recueillir l 'hommage de la piété publique dans le mystère de son amour , pourquoi ces édits, ces décrets synodaux pour interdire l'exposition du saint Sacrement, pour éteindre les lumières qui se consumaient, en signe populaire de joie et d 'amour, sur l'autel ; pour enjoindre de se servir du ciboire qui voile l'hostie, plutôt que de l'ostensoir qui la montre et l'entoure d'une couronne radieuse, vrai t r iomphe pour la piété ? Pourquoi tant d'écrits, de règlements hostiles au rite de l'exposition du saint Sacrement, dans divers pays, mesures dont les motifs semblent puisés dans le livre condamné du trop fameux J . -B. Thiers ? Pourquoi avoir humilié à un degré inférieur, dans un si grand nombre de nouveaux bréviaires et missels, la fête du Corps du Seigneur, qui, jusqu'alors, était mise au rang des plus grandes solennités ? Quel siècle, quels hommes que ceux qui trouvèrent qu'il y avait en cela de l'excès !

Quan t au sacrifice eucharistique lui-même, que n'ont A m o i n d r i s s c . pas fait les antiliturgistes, pour en amoindrir la notion ment de la dans l'esprit des peuples ? L'autel les gêne; ils voudraient "sacrifice n'y voir plus qu'une table. Ils en ôteront, comme à Troyes c u c^ar lVaq U C

et à Asnières, la croix et les chandeliers; les reliques et ^™lompc des" T. II. 35 rites

les albigeois et les vaudois parvenaient à éluder la divine i PARTIE

miséricorde du Sauveur présent sous les espèces eucha-

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5 4 6 CONSPIRATION DE LA SECTE ANTILITURGISTE

[NSTITUTIONS j e s fleurs, comme cn Toscane, poursuivant ainsi lc Christ L I T U H G I Q I f G S

—;—; jusque dans ses saints, ct voulant que l'autel de Dieu soit svnuxnujucs et \iu stcrci qui nu et glacé comme leur cœur. Autour dc cet autel, sur les l'environnent. . ,

dons sacres, des rites augustes, apostoliques, mosaïques morne, s'accomplissent ; ils en conserveront une partie, après les avoir purgés dc tout symbolisme, pour qu'ils ne soient plus que des usages vulgaires et vides dc réalité. Unc langue sacrée environnait comme d'un nuage la majesté dc cet autel ct des mystères qu'il porte; on préparera l'abolition dc cet usage vénérable, en initiant le vulgaire aux plus profondes merveilles du sanctuaire par des traductions, cn invitant le prêtre, au nom d'une chimérique antiquité, à rompre le silence du canon, en attendant qu'en certains temps et en certains lieux, on ose décliner enfin la prétention qu'on a de proclamer, comme Calvin, la langue vulgaire. Déjà, n'a-t-on pas fait admettre que la Bible seule doit fournir la matière des offices divins, aux dépens de la tradition ? N e l'a-t-on pas mise cn pièces à coups de ciseaux, pour en faire une mosaïque à l'aide dc laquelle on décrira telles figures que l'on voudra ?

Efforts de la Mais, pour en revenir au divin sacrifice, vojxz SCrcmVrcUr a v c c quelle affectation on répète cctte vérité incontes-

^ c ^ m e s a c 1 t a ^^ c c n c U c - m S m c i mais dont il est si facile d'abuser plus rare. .\ c c t t c époque de calvinisme déguisé, que le peuple

offre avec le prêtre, afin d'élayer d'autant ce laïcisme, frère du presbytérianisme, qui apparut peu d'années après, avec un si éclatant triomphe, dans la constitution civile du clergé. Toutefois, ce n'est point encore assez pour la secte. Elle peut insulter lc sacrifice catholique, mais elle ne peut l'abolir. Dès lors, toute son adresse tendra h en rendre la célébration plus rare. D'abord, clic inculquera au prêtre timoré qui, par le plus étrange travers, s'en vient mettre sa conscience à la disposition dc quelqu'un de ses adeptes, elle lui incul-

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CONTRE LE CULTE DE L'EUCHARISTIE £ 4 7

quera (i) qu'il y aurait de l'imprudence à un prêtre, même pieux, de célébrer la messe plus de trois ou quatre fois par semaine. Que si, enfin, il ose monter à l'autel, il trouvera jusque dans le missel la condamnation de sa témérité ; car la secte a souillé jusqu'au missel (2). Bientôt, soutenue dans son audace par les Joseph II ct les Léopold, on la verra interdire la célébration simultanée des messes dans unc même église; elle ira même jusqu'à réduire le nombre des autels à un seul. Éclairée par les prescriptions de Ricci, elle trouvera un nouveau moyen de restreindre encore l'oblation de ce sacrifice qui lui est si odieux : ce sera en rétablissant l'usage de l'Église primitive, suivant lequel tous les prêtres d'une église concélébreraient à une seule messe. Quant aux réguliers, on saura bien les y forcer, en ne tolérant qu'un prêtre ou deux dans chaque monastère : d'ailleurs, les- églises des réguliers seront interdites au peuple. Enfin, et nous achèverons par ce dernier trait, afin d'empêcher la célébration de la messe plus efficacement encore, lc s}rnodc de Pistoie enseignera dogmatiquement que c'est unc erreur de penser que le sacrifice de la messe profite davantage à celui pour lequel le prêtre a l'intention particulière de l'offrir. Que lui importe de mentir à la tradition catholique, si par là il est à même de porter à la foi du sacrifice dans l'esprit des peuples, une atteinte digne de Calvin ?

Si nous en venons à l'Eucharistie, considérée comme nourriture du chrétien, nous la voyons poursuivie sous

(1) Du Guet, Traité sur tes dispositions pour offrir les saints mystères, page 3 2 .

(2) En la Messe de saint Jérôme, au Missel de l'archevêque Vintimille, rédigé par l'acolyte Mésenguy, on a lu pendant bien des années cette Secrète, digne pendant de certaine Postcommunion de saint Damase qu'on y lit encore : Sacriflcium salutis nostrœ fac nos tibi, Domine, cum

timoré ac tremore offerre, quod sanctus Presbyter Hieronymus prœ vere-

cundia et humilitate veritus est exercere.

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5 4 8 CONSPIRATION DE LA SECTE ANTILITURGISTE

ÎTTTJRGIQUES c e r a P P o r t a v e c l e même acharnement par les antilitur-

i V n t o i n c gistes. Ici, comme toujours, les théories viennent de A m a u i d et le F r a n c e ; l'application brutale et audacieuse aura lieu dans

Rituel d Alet, et ' x r

appl iquées p lus d'autres pays. Le livre de la Fréquente Communion, audacieusement ' . J

encore d a n s d'Antoine Arnauld , le Rituel d'Alet, ces deux produc-les au t res pays . . . .

nom* pr iver tions du parti qui ont exerce et exercent encore sourde-Ics âmes du * j • û t »

divin a l imen t ment une si grande influence sur la pratique des sacre-

do 1 e u c h a n s u e . m e n t s c n France , donnent, comme l'on sait, pour maxime

fondamentale, que la communion est la récompense d'une

piété avancée et non d'une vertu commençante. Qui oserait

calculer jusqu'à quel degré cctte maxime toute seule a

produit la désertion de la table sainte ! Les novateurs

d'Italie, toutefois, ne s'arrêteront pas là ; ils s'applique

ront à fatiguer la piété des fidèles, en décrétant qu'on ne

devra plus communier les fidèles qu'avec des hosties con

sacrées à la messe même à laquelle ils auront assisté, ou

du moins qu'on ne devra plus administrer la communion

hors lc temps de la messe (r) ; double ruse qui, étant bien

conduite, suffira pour priver de la communion un grand

nombre dc personnes, à raison des embarras et des p ré -Constitution (1) Telle fut la rage des novateurs sur ce dernier point , qu'il devint

'sL?r ? ' la^ '^ nécessaire que Benoît XIV publiât unc constitution adressée aux évêques communion de toute l'Italie, pour décider solennellement que , quelque louable que

extra missam, j t p i n t en t ion de participer, par la communion, au sacrifice même motivée par des r

controverses auquel on assiste, iï n'y a pour les prêtres aucune sorte d'obligation de agitées à Crêma. distribuer, infra ipsam actionem, la communion à tous ceux qui la

demandent. Cctte constitution est du i3 novembre 1742. La question

avait été violemment agitée, d 'abord dans le diocèse de Crêma, par

Joseph Guerricri , chanoine de la cathédrale, qui enseigna publ iquement

qu'on devait improuver la coutume de communier les fidèles avec des

particules consacrées à une messe précédente. II fut bientôt suivi par

Michel-Marie Nannaroni, dominicain, qui enseigna la même doctrine

dans un catéchisme spécial sur la communion, qu'i l fit paraître à Naples

en 1770. Nannaroni ne tarda pas d'être réfuté dans une Dissertation

thcologico-critiquCj publiée à Naples en 1774, par Joseph-Marie Elefante,

aussi dominicain, ct abjura bientôt son sentiment. Enfin, on vit paraître,

à Pavie, en 1779, une Dissertation deincruenti novae legis sacrifiai com-

numione, dont l 'auteur était un servite, nommé Charles-Marie Traversais,

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CONTRE LE CULTE DE L'EUCHARISTIE 5 4 9

textes qu'il est facile d'alléguer dans une grande église. 1 P A H T » S

C'était dans le même but que le Missel de Troyes suppri- —• mait les prières qui, dans le rite actuel de l'Église, accompagnent l'administration de l'Eucharistie. Le docteur Petitpied et ses pareils prétendaient par là faire considérer la communion des fidèles comme une partie inséparable de la messe ; d'où il serait facile de conclure, avec Luther, que les messes où personne ne communie sont contraires à l'institution de l'Eucharistie, tandis que, d'autre part, étant certain que les fidèles ne doivent communier que quand ils en sont dignes, ce qui n'arrive guère, le sacrement divin, mémorial de la Passion du Sauveur, centre'de la religion et nourriture de l'Église, se trouve à peu près réduit à l'état d'abstraction. Et voilà les œuvres de la secte qui, comme un chancre, s'était glissée parmi nous. Nous le demandons, n'avait-ellc pas pris, sous l'inspiration de Satan, tous les moyens de faire périr dans ses racines l'arbre qu'elle désespérait d'abattre ?

Mais la bénignité et l'humanité de notre Dieu ei San* Le cuite

veur ont apparu (i), et nous avons été préservés. Ces févé^^à^igHse

hommes, qui voulaient nous faire oublier que Dieu a c o ^ \ ^ ^ tant aimé le monde (2 ) , ont été confondus, et aujourd'hui, e t

*u désespoir, , - . suites

comme Caïn, ils sont marques au front, ceux qui vou- inévitables de

laient substituer dans le cœur des fidèles la terreur à la c e s s y s t e m e s ' charité. Arrière donc ces doctrines fatales qui, réduisant tout le christianisme au dogme de la prédestination interprété par une raison sauvage, ne se pouvaient compléter que par le rigorisme d'une morale impraticable, ni s'expri-

Elle était dans le sens des novateurs, ct ne tarda pas d'être mise à VIndex, ainsi que le livre de Nannaroni. On peut lire, sur cette controverse, l'ouvrage de Benoît Vulpî, sous ce titre : Storia délia célèbre controversia di Crema sopra il pubblico divin dirattti alla communione Eucaristica nella Messa, con una disserta^ione sullo stesso argumente. Venise, 1 7 9 0 .

(1) Tit .HI, 4. (2} Joan., m, 16.

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55o CONSPIRATION DE LA SECTE ANTILITURGISTE

INSTITUTIONS m e r a u dehors que par les formes sèches et prosaïques

d'une Liturgie dont la Synagogue elle-même eût détesté la froideur. De même qu'à l 'apparition de ces erreurs manichéennes ct rationalistes en même temps, qui niaient la chair et pour qui la divine Eucharistie était une chose impure ou une idolâtrie, le Sauveur ordonna à son Église de proclamer avec une pompe nouvelle le mystère de son CORPS, par la fête, la procession et l'exposition du saint Sacrement ; ainsi, quand l'audace pharisaïque des antiliturgistes, n'osant s'attaquer à la réalité de ce Corps divin, s'appliquait avec une infernale opiniâtreté à montrer dans lc Fils de Dieu celui qui juge lc monde ct non celui qui le sauve, à écarter dc ses autels les chrétiens effrayés au bruit de cette affreuse maxime, que le sang

de la Rédemption ;z'a point été répandu pour tous, le Sauveur des hommes daigne calmer ces terreurs cn invitant les fidèles à se reposer sur son CŒUR, c'est-à-dire sur son amour , en permettant qu'ils honorent d'un culte spécial lc divin organe dc la charité dans la personne dc l 'Homme-Dieu. Il ne fallait pas moins pour rassurer les chrétiens épouvantés dc la dureté des préceptes, dc la difficulté du salut, dc la rigueur *dcs décrets dont on leur disait qu'ils étaient l'objet. Lc culte du SAORK-CŒUK DK JÏ':SI:S fut donc la forme que devait prendre et que prit, cn cn effet, l'espérance chrétienne échappée au naufrage. Elle sc jeta dans lc Cœur dc Celui qui a dit lui-même être venu pour les pécheurs et non pour les justes, ct qui n 'abandonne Jérusalem que parce qu 'el le .?/^ pas voulu

connaître lc temps dc sa visite. Colère Grande fut la colère du jansénisme, à la nouvelle que

et blasphèmes • u - ' i i n

tUi jansénisme à toutes scs tentatives allaient échouer contre la confiance

Uéveioppcnient Quc l e s peuples mettraient dans lc Cœur de leur Sauveur.

a u C S a c r £ - ^ sectaires qui, pour perfectionner l 'homme, voulaient

commencer par lui arracher le cœur, voyant que lc C<cur

dc THommc-Dicu, à la fois symbole ct organe dc son

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RÉACTION POUR LE CULTE DU SACRÉ-CŒUR 55 F

f 1) Histoire des sectes religieuses. Tome II. Article Cordicoles, page 24(>. ( 3 ) Ibid, page 2 6 9 . (3; I. Joann, IV, 1 8 .

amour, recevait les adorations de la chrétienté, se prirent « PARTIE I t t C H A P I T R E XXII I

à nier le cœur dans 1 homme, pour le nier ensuite dans — le Christ lui-même. Donnant un brutal démenti à l'humanité tout entière, qui plaça toujours dans le cœur le siège des affections, ils ne craignirent point de poursuivre ce noble organe jusque dans la poitrine de i'Homme-Dieu. Nous avons vu comment Ricci appela le Cœur de Jésus-Christ un petit morceau de chair (un pezzctto di carne) ; Grégoire n'y reconnut qu'un muscle ( r ) ; un de ses amis, digne de lui, Veiluva, chanoine d'Asti, ne voit dans un tableau du Sacré-Cœur qu'a/j grand foie tout rayonnant (2). Mais à ces blasphèmes ignobles ct furibonds, il était facile dc voir que la secte sc sentait atteinte dans le principe même de son existence. L'amour chasse dehors la crainte, a dit le disciple bien-aimé (3), celui qui, dans la Cène, se reposa sur le Cœur du Sauveur; lc culte du Sacré-Cœur de Jésus chasse dehors l'affreux destin, idole implacable, que la secte avait substitué à la douce image de Celui qui aime toutes les œuvres dc ses mains, et veut que tous les hommes soient sauvés.

Nous aurons ailleurs l'occasion de parler de la fête du L'institution de

Sacré-Cœur de Jésus ; toutefois, les nécessités de notre Sacrc-Cccur du

récit nous obligent à toucher ici quelque chose des cir- B. Marguerite-

constances de son institution. Elle fut d'abord révélée à M a r i e A ' l a c o ( l u e

une humble religieuse, et cette révélation fut lc secret du cloître, avant d'être la grande nouvelle dans l'assemblée des fidèles. L'institut vénérable dc la Visitation, fondé par saint François de Sales, fut celui que Dieu choisit pour y faire connaître l'œuvre de sa douce puissance, par le moyen de la vénérable Mère Marguerite-Marie Alacoque, comme pour glorifier davantage, par ce mo3'en, la doctrine du saint évêque de Genève, si éloignée du phari-

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5 5 2 RÉACTION CATHOLIQUE

(1) Nous n'avons point à parler ici de la fetc du' saint Cœur de Marie.

Nous traiterons dc cet intéressant sujet en son lieu, dans lc corps même

de cet ouvrage.

INSTITUTIONS s a | s m e de la secte, et il voulut aussi que la servante de

intention du la D i e u f û t a i d é e d a n s c e ë r a n d œuvre" par le P. de la

Providence Colombière, jésuite, comme pour manifester sa divine ijui \eut réaliser ce grand dessein satisfaction à l'égard d'une société dont les membres

au moyen u

d'une hiie firent paraître, dans les luttes de la foi, à cette époque dc spirituelle de r , . . ' saint François scandales, un courage d autant plus précieux à l'Eglise, de Sales, aidée \ ° , , , \ r

t

& '

par un jésuite, qu alors même elle voyait fléchir momentanément plusieurs milices sur la fidélité desquelles elle avait eu droit de compter.

U fpour éif v é C Ce fut en 1 6 7 8 , dans le monastère de la Visitation dc p r C e n l 6 i r 6 7 8 ° Ï S Moulins, que le culte extérieur du Cœur de Jésus corn-

Mouitns° a m e n Ç a ; ^ n e f u t inauguré à Paray même que huit ans )c s \ rc'u "dans P^ u s t a r d ' Depuis, l'Église entière, province par province,

PÉgiise entière. Ta reçu, et cette admission libre et successive offre un spectacle plus atterrant peut-être pour les novateurs, que l'adhésion simultanée qu'eût produite un décret apostolique.

Sacré-Cœur Enregistrons les principaux faits qui signalèrent cette à Coutanccs marche triomphante du culte dc l'amour dc Jésus-Christ à CBesanfon P o u r l c s hommes. C'est d'abord la France, principal foyer en 1 6 9 4 , à ^cs manœuvres jansénistes, qui se trouve être à la fois

Lyon cn I7i8, t 7 i

à Marseille j c ] j c u d'origine et le théâtre principal de rétablissement en 1 7 2 0 , par n

§

r 1 . . . Bcizuncc au de la nouvelle fête; présage heureux des intentions divines

moment de la peste et ensuite qui destinent ce royaume a triompher, au temps marque,

dans toute . . . - ^ J * I- '

la Provence, du virus impur qui agite son sein. Or, des 1 année i O ô h ,

Charles de Bricnnc, évêque dc Coutanccs, inaugurait dans dans son diocèse la fête du Sacré-Cœur de Jésus ( i ) . Six ans après, cn 1 G 9 4 , le pieux Antoine-Pierre dc Gram-mont, archevêque dc Besançon, ordonna que la messe propre dc cctte fête serait insérée dans le missel de sa métropole. En 1 7 1 8 , François dc Villcroy, archevêque dc Lyon, cn prescrivait la célébration dans son insigne pri-

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POUR LE CULTE DU SACRÉ-CŒUR 5 5 3

quelles circonstances mémorables, Henri de Belzunce, évêque de Marseille, inaugura, en 1 7 2 0 , 1 e culte du Sacré-Cœur de Jésus, au milieu de sa ville désolée. La confiance du prélat fut récompensée par la diminution instantanée, et bientôt la cessation du fléau. Le lecteur se rappelle aussi le zèle que le saint prélat fit paraître quelques années après, au sujet des attaques antiliturgistes de Paris, contre le culte de la sainte Vierge et des saints. A l'exemple de Belzunce, les archevêques d'Aix, d'Arles et d'Avignon, et les évêques de Toulon et deCarpentras, s'empressèrent de donner des mandements pour l'établissement dc la fête ( 1 ) . En 1 7 2 9 , l'illustre Languet, encore évêque de En 172(4,

Soissons, faisait paraître la vie de la vénérable Mère Mar- ' d c Soîssons^

guerite-Marie Alacoque, et se plaçait au nombre des plus p î a

b BÎ'Marguo? c

zélés promoteurs du culte du Sacré-Cœur de Jésus. n u - M a n c

Cependant le Siège apostolique, dès longtemps sollicité, Sollicitations

tardait à sanctionner l'érection de la nouvelle fête. Des S a l n t ^ g e p o u r

obstacles inattendus, au sein de la sacrée congrégation des îa^ouveUe" fête.

Rites, s'opposaient à cette approbation, qui avait été postulée dès l'année 1 6 9 7 . En 1 7 2 6 , Constantin Szaniawsky, évêque de Cracovie, adressait à cet effet, à Benoît XIII, une supplique à laquelle souscrivit bientôt Frédéric-Auguste, roi de Pologne. Un refus solennel et fameux, notifié le 3 o juillet 1 7 2 9 , par la congrégation des Rites, sur Sous Benoît xni les conclusions de Fontanini, archevêque d'Ancyre, pro- la congrégation

moteur de la Foi, fut une épreuve sensible pour les adora- ^ « ï n rerSsd

teurs du Sacré-Cœur de Jésus, et pour les jansénistes pr&SSS^par

l'objet d'un triomphe mal avisé ; car, après tout, il n'y ^a-tœvic

avait rien de si surprenant dans les délais que la prudence du Saint-Siège exigeait avant de statuer sur un objet si important. Les ennemis du Sacré-Cœur de Jésus répan- Triomphe des

jansénistes.

( 1 ) L'Ami de la Religion, tome XXII, pag. 337 et suiv.

matiale. Cette fête disparut, comme on devait s'y attendre, 1 M M « * J i CHAPITRE XXII I

devant le Bréviaire de Montazet. Tout le monde sait en —

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5 5 4 RÉACTION CATHOLIQUE

lc caractère la nouvelle fète, sans décider, ou préalablement ou simul-

aévotion. tanément, une thèse dc Tordre purement naturel . Nous

aurons ailleurs l'occasion d'entrer dans le fond de la ques

tion ; qu'il suffise de dire ici que le refus d'approuver la

fète n'entraînait aucune défaveur sur la dévotion au Sacré-

Cœur dc Jésus, considérée cn elle-même. L 'ardeur de la

controverse engagée sur la matière, et dans laquelle plu

sieurs catholiques sincères semblaient pencher vers les

préventions que nourrissait le parti janséniste, soit par

suite de quelques préjugés, soit aussi parce que des par

tisans de la fète s'étaient, quoique innocemment, permis

quelques expressions peu exactes ; la nouveauté dc cctte

dévotion qui demandait, comme toute chose récemment

introduite, l'épreuve du temps ; l'absence d'un examen

sérieux sur les révélations qui avaient accompagné ct pro

duit son institution ( i ) ; c'était plus qu'il n'en fallait pour

Le Siège motiver la résolution de la sacrée congrégation. Toutefois, apostolique tout t n o T

cn refusant on continua à Rome de donner des brefs pour l'érection la tète, continue , . . ^

à favoriser la des confréries sous le titre du Sacré-Cœur de Jésus, jus-dévotion ct , , , , , .

érige en que-la que, des " r 7 3 4 , on cn comptait deja quatre cent ^onulreuscs 0 quatre-vingt-sept. Rome même en vit établir une, sous le

Ci<omc mêmc" S t I t r c d'airhiconfréric, dans 1 église de Saint-Théodore, par

d u T c r t O œ u r . b r c f d c Clément XI I , du <zK février i 7 3 a ( 2 ) . On n'eût

(1) Nous empruntons unc partie de ces raisons à BenoîtXJV lui-même»

qui n 'était pas la\orabIe à la fête, bien qu'il ne parle du culte du Sacré-

C<eur de Jésus qu'a\ec toute sorte d 'égards. Voyez son traité de Cano

nisât. Sanctorum, lib. IV, part. II, n" 21.

(1) ]/Ami de la Religion. Ibid. page ^41.

i N S T i T t - T i o N s daicnt les bruits les plus étranges sur la manière dont

- c e t t e dévotion était pratiquée. Us osaient dire que c'était au cœur dc Jésus-Christ, considéré isolement du reste dc sa personne divine, que les adorations s'adressaient ; d'autre part , ils incidentaient sur la question physiolo-

Artilices gique des fonctions du cœur dans l 'organisme humain, employés pour c ' 1 & 1

t r omper le prétendant que Rome ne pouvait prononcer cn faveur de Saint-Siège sur 1 1 1

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POUR LE CULTE DU SACRÉ-CŒUR 555

i ) L'Ami de la Religion. Ibid. page 3 4 1 .

point accordé ces nombreuses faveurs aux associations 1 PARTIE

* a CIIAPITKK X I I I I

réunies sous le vocable du Sacré-Cœur de Jésus, si, au fond, le Siège apostolique n'eût gardé, pour la dévotion elle-même, un fonds dc bienveillance. Celui que la Providence avait choisi pour consommer l'œuvre, fut le pieux cardinal Rezzonico,-dont le nom vénéré était dès longtemps inscrit au registre de l'archiconfrérie de Saint-Théodore ( i ) , lorsqu'il fut appelé par TEsprit-Saint à s'asseoir sur la chaire de Saint-Pierre, où il parut avec tant de force d'âme sous le nom de Clément XIII.

Le saint pontife reçut de nouvelles instances de la part Obstination 1 * 1 touchante avec

des évêques de Pologne, qui demandaient, presqu'à l'una- laquelle les

nimité, qu'il fût permis à la chrétienté d'honorer d'un L pf lo£nc L

culte public le Cœur du Rédempteur des hommes. C'était salït-slù!^ au assurément un spectacle bien touchant que celui dc cette ccttelïïtcf à la nation héroïque, à la veille d'être effacée du nombre des d £ m \ î ; î J b r u m c n i

nations dc l'Europe, travaillant à faire jouir la chrétienté d c l c u r n a t ï o n -des richesses du Cœur du Sauveur des hommes. Ce Cœur, le plus fidèle de tous, ne saurait oublier que les instances de la Pologne sont, avec celles de l'archiconfrérie dc Saint-Théodore, les seules mentionnées dans le décret qui vint enfin consoler la piété des fidèles. Plusieurs évêques de France avaient, il est vrai, pris l'initiative cn établissant la fète ; mais, quoi qu'il en soit de leur pouvoir en cette matière, il n'y avait là qu'un fait louable, sans doute, et l'Eglise catholique attendait toujours le jugement de Rome.

Il fut rendu le 6 février 1 7 6 5 , et on disait dans les clément xju, * . associe a

motifs du décret, qu tl était notoire que le culte du Sacré- ivchiconi'rérîe

Cœur de Jésus était déjà répandu dans toutes les parties tic Rome quand

du monde catholique, encouragé par un grand nombre qucV\*ardlnal

d*évêques, enrichi d'indulgences par des milliers de brefs lalt^ubner'ie

apostoliques pour l'érection des confréries devenues [în^crct7/ui

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I N S T I T U T I O N S

I . I T I ' I Ï C Ï I Q I ' I Ï S

556 RÉACTION CATHOLIQUE

innombrables. En conséquence, sur les instances du plus

.grand nombre des révêrendissimes évêques du royaume

annuicceUii de Pologne, et sur celles de l'archiconfrérieromaine ( i) , la dc 1 7 2 rj

ct annonce sacrée congrégation, ouïes les conclusions du R. P . Gaé-

s'occuper d 'une tan Forti , promoteur de la foi, déclarait se désister de la inesse et d'un t • n 1 o • - n ^ ^

office du resolution prise par elle le 3 o juillet 1 7 2 9 , et jugeait Sacre-Cœur. devoir condescendre aux prières desdits évêques du

royaume de Pologne et de ladite archiconfrérie romaine. Enfin, elle annonçait l'intention de s'occuper de l'office et de la messe, devenus nécessaires pour solenniser la nouvelle fête.

^ , . L'un ct l 'autre ne tardèrent pas à paraître, et ils étaient Publication m . .

dc cette messe et dignes de leur sublime objet, qui est, suivant les termes de cet oflicc. 1

6 , , , . 7 , . , . . ,

du décret, de renouveler symboliquement la mémoire de ce

divin amour,par lequel le Fils unique de Dieu s'est revêtu

de la nature humaine, et, syéta?il rendu obéissant jusqifà

la mortj a dit qu'il donnait aux hommes Vexemple d'être

t v i n doux et humble de cœur (2). Clément X I I I , qui confirma Clément XIII • ' 1 *

permet à tous j c décret de la congrégation des Rites, ne tarda pas à les ordinaires t

d ' int roduire la donner de nouvelles preuves de son zèle pour le culte du

leurs diocèses. Cœur dc Jésus. Pa r ses soins, la fête fut célébrée dans

toutes les églises de Rome, ct faculté générale fut attri

buée à tous les ordinaires dc l 'introduire dans leurs dio-

r, - T.I . n - \TIT cèses. Pie VI maintint cette précieuse dévotion, et l'enri-Pie VI et Pie VII 1 '

accordent chit même de nouvelles Indulgences, lesquelles s'accrurent ÎI la dévotion n 1

au sacre-Cœur encore par Pcflct de la pieuse munificence de Pie VI I , des indulgences . , ,

et des faveurs qui, dérogeant a toutes les règles reçues, a statue, par un extraordinaires . • -u o c i • J i i '

resent du 7 juillet I O I 5 , que les indulgences attachées

à la célébration dc la fête seraient transférées à tel jour (1) Instantibus plcrisquc Rcvcrcndissimis episcopis regni Poloniaï, etc.

Décréta authent. S. R. C. Tome V, N° 4 1 7 5 . (•j.) Symbolicc renovari memor iam illius divini amoris quo unigenilus

Dei l 'ilius humanam suscepit n a t u r a m , et factùs obediens usque ad mor tem, prœbere se dixit cxcmplum hominibus , quod esset mitis et bumi l i s corde. Ibidem.

Page 163: Institutions liturgiques (tome_2)__2

POUR LE CULTE DU SACRE-CŒUR SSj

qu'il aurait plu à l'ordinaire de la fixer. Rien n'eût pu ex-CHAPITRE X X I I I

primer d'une manière plus significative le désir qu'éprou- ' vait le Siège apostolique de voir se propager en tous lieux la nouvelle fête : aussi pouvons-nous dire que, si les rameaux du jansénisme ont cessé de faire ombre au champ du Père de famille, ses racines elles-mêmes, au sein dc la terre, s'en vont même se desséchant tous les jours.

Le bruit de la sanction apostolique donnée au culte du j a rem" Marie

Cœur de Jésus, vint réjouir les catholiques de France. La pa^semMé^âu

pieuse reine Marie Leczinska, dans cette circonstance, ne clQT$>ndU6°

fit point défaut à sa qualité de fille du royaume orthodoxe, ^ « b H ^ î a Elle témoigna aux évêques réunis à Paris pour l'assemblée S a c r / ç ^ j " d a n s

de I7Ô5, le désir de voir la fête introduite dans les dio- tous les diocèses * . n • • de France.

ceses ou elle ne I était pas encore, bes pieuses intentions furent remplies, et les prélats, après une délibération tenue le 1 7 juillet, résolurent d'établir dans leurs diocèses respectifs la dévotion et l'office du Sacré-Cœur de Jésus, et d'inviter, par une lettre-circulaire, les autres évêques du royaume d'en faire de même dans les diocèses où cette

1* m » J 1 * / \ J ° Ï C éprouvée

dévotion et cet office ne sont pas encore établis ( 1 ) . par le roi Le vertueux roi de Pologne, Stanislas, père de Marie lorsque révoque

Leczinska, avait, dès 1 7 6 3 , écrit à Claude de Drouas, &abHUaUféte.

évêque de Toul, une lettre de félicitation de ce qu'il avait institué la fête dans son diocèse (2). Tous les évêques du royaume ne se rendirent pas , il est vrai, aux vœux de l'assemblée de tj65m, mais, parmi ceux qui témoignèrent de leur zèle envers le culte du Sacré-Cœur de Jésus, nous FumeL évêque

de L d^ve

aimons à citer Félix-Henri de Fumel, évêque de Lodève, s i z£ié°pour'ie

le même que nous avons vu rétablir le Bréviaire romain l ^ ï n * l f £ s t dans son diocèse, et faire disparaître le parisien de Vigier é g f c

C I

c "c

1 te c?u U P

et Mésenguy, que son prédécesseur Jean-Georges de Sacré :Cœur — . . . " a*nsi que

Souillacy avait introduit. Lepieux évêque ne sc contenta rarchcv&jue de

Christophe de

( 1 ) Procès-Verbaux du Clergé, tome VIII, page 1 4 4 1 . Beaumont.

(2) L'Ami de la Religion. Ibid. page 3 4 3 .

Page 164: Institutions liturgiques (tome_2)__2

558 RÉACTION CATHOLIQUE

(i) L'Ami de la Religion, page 387.

INSTITUTIONS p a s d'établir la fète *, il lit paraître un ouvrage spécial pour

— ~ l'expliquer ct la défendre. Christophe de Beaumont, ainsi que nous l'avons rapporté, inséra l'office du Sacré-Cœur de Jésus dans la nouvelle édition des livres parisiens de 1 7 7 8 , et il est à remarquer que lc prélat, en fixant la fète au dimanche après l'octave du saint Sacrement, donnait un premier et solennel démenti aux rubriques de Vigier et Méscnguy, si sévères pour maintenir l'inviolabilité du dimanche. Ce fait valait la peine d'être noté. La publication de cet oOice dans lc diocèse dc Paris, outre les clameurs obligées du gazeticr ecclésiastique, occasionna un

A la requête des double scandale. On vit les marguillicrs de Saint-André-de sa'uu-Andrc- dcs-Arcs iaire opposition a leur cure, pour empêcher la

^ P a r l e m e n t célébration de la fète dans cette paroisse, et le grand tri-d c p a r l a r r ù t c n d bunal liturgique de France, le Parlement de Paris, saisi

h \ i C c h n ï t c ° n de l'affaire, donna, lc u juin 1 7 7 6 , un arrct portant du sacré-Cœur <i£f e n S c de célébrer la fète ( 1 ) . Ce fut le dernier que cette

dans x ' 1

cette paroisse. c o u r rendit en matière liturgique. Ce qui vint après fut la constitution civile du clergé, élaborée dans les arsenaux dc cctte compagnie.

Le conciliabule H n'est point de notre sujet de faire ici l'histoire du tenu par les . _ T

res tesdu clergé schisme constitutionnel. Nous nous hâtons d arriver à constitutionnel , - . . r .

de France 1 année 1 7 9 7 . Lllc e s t iumeuse dans les fastes du janse-de P i ^ c n T ^ P a r 1 E conciliabule que tinrent, à Notre-Dame de

de SLHurgîc. Paris* les tristes restes du clergé intrus, décimé par l'apostasie, le supplice ct même la conversion dc plusieurs de ses membres. Ils étaient, de compte fait, vingt-neuf évêques sans compter six procureurs d'évèques absents, et les députés du second ordre, le tout sous la présidence dc citoyen Claude Lccoz, évêque métropolitain d'Illc-ct-Vilaine. Convoquée pour relever les ruines dc l'Église avortée dc 1 7 9 1 , l'assemblée des Évêques réunis (c'est ainsi qu'ils s'intitulent dans leurs

Page 165: Institutions liturgiques (tome_2)__2

LA SECTE CONSTITUTIONNELLE EN FRANCE 55cj

en français.

(1) Annales de la Religion, tome ï, 9 Messidor an III, pag. 2 0 6 - 2 1 2 ,

(2) Lettre Synodique, etc., page iS.

propres actes), devait nécessairement s'occuper des pro- c i n

I

p ^ " I

T n ; grès de la Liturgie. On a vu que Ricci ne s'en était pas * fait faute dans son synode de Pistoie, digne précédent des prétendus conciles de 1 7 9 7 et 1 8 0 1 .

Déjà, dans le journal de la secte, il avait été question Le prétendu

de réunir la France dans une seule liturgie, ct les livres témoljlncde sa

de Vigier et Mésenguy avaient été mis en avant, comme v u"erau°tcurs U r

dignes à tous égards de servir d 'expression aux besoins d c l a . L U L i r s i c

O FO R parisienne en

religieux de l'Église gallicane régénérée (r). Le concile de recommandant D O o w leurs livres

1 7 9 7 , dans sa Lettre synodique aux pères et mères et aux îidèlcs.

autres chargés de l'éducation de la jeunesse, avait témoi

gné de sa vénération pour les auteurs de la récente Liturgie

parisienne, en recommandant , comme Ricci, parmi les

livres les plus intéressants pour la foi el les mœurs,

Y Année chrétienne de Le Tourneux ct l'Exposition de la

doctrine chrétienne de Mésenguy ( 2 ) . Toutefois, les évê

ques réunis ne bornèrent pas leur sollicitude à recomman

der solennellement la mémoire et les écrits des réforma

teurs liturgistes parisiens ; ils s'occupèrent de dresser

plusieurs décrets sur la matière du culte divin. Lc pre

mier commençait ainsi : « Le concile national, considé- Défense vi • j i * j 1 1 i- 1 1 d e célébrer des

« rant qu il importe d écarter du culte public les abus messes

« contraires à la religion, et de rappeler sans cesse les s u n u l t a n c e s -« pasteurs à l'observation des saintes règles, décrète : « Article 1ER. Les messes simultanées sont défendues. » Nous venons de montrer le but de cette défense dans le plan des antiliturgistes; observons seulement ici ce zèle à copier Joseph II et Léopold, bien remarquable dans les évêques républicains. Au second décret, on lit : « Ar- Un rituel

« ticlelIL Dans la rédaction d'un rituel uniforme pour u m r ê J j ç / c r a

« l'Église gallicane, l 'administration des sacrements sera « cn langue française. Les formules sacramentelles seront

Page 166: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 6 0 LA SECTE CONSTITUTIONNELLE EN FRANCE

INSTITUTIONS « e n latin. — Article IV. Dans les diocèses où les Hia-U T T M F I I Q T R S S

l e s a&t'urs * ^ e c t e s P a r t i cuhers sont en usage, les pasteurs sont in-inviics « vités à redoubler leurs efforts pour répandre la con-

à répandre la . .

connaissance de a naissance de la langue nationale (j). » C était, comme françai»el t , ldans l'on voit, marcher à grands pas vers la sécularisation du le 'peupU^ parle culte. On jugera encore de l'esprit progressif des pères, u n a u l r c u i ) o m c * par ces paroles du citoyen Grégoire, sur les opérations Dans un rapport d u concile : « Un pays où Ton écrit tant (l'Allemagne), est

au^oncîic, « un pays où on lit beaucoup, où conséquemment la ^es'écrits 1 1 « masse des lumières fera bientôt explosion. Les Actes

l l k i m m d s ? « àu Congrès d'Ems, les écrits de M. Dalberg, coadjuteur a de Mayence ; l'excellent Traité de la tolérance, par « M. dc Trautmansdorf, évêque de Kœnigsgrats, la ma-« gnifique Instruction pastorale de M. de Colloredo, ar-« chevêque actuel de Saltzbourg, touchant r abolit ion « des pompes religieuses inutiles, r exhortation à la lec-« turc de la Bible, l'introduction d'un recueil de canii-« ques en allemand, etc., etc., sont autant de monuments « qui attestent la marche de l'esprit public dans cctte * « contrée, vers unc amélioration dans Tordre des choses « religieuses (2). » Ainsi le masque était levé de toutes parts -, le temps des ménagements était passé, et les antiliturgistes s'entendaient et s'avouaient par toute l'Europe.

Au second Trois ans après, en 1 8 0 i , à la v e i l l e du fameux con-conciliabule des , , . . , X T ^ ~ . . ,

évêques cordât, r église de Notre-Dame vit encore reunis dans son TOnïnlUi8Ϋf

neU sein les pontifes de l'Église constitutionnelle, dans leur G fon | î l rappor 1 t n second ct dernier concile. Entre autres choses qui occu-

sur le projet p £ r e n t la sollicitude des prélats, dans ce moment suprême, d'une Liturgie " r 7 r ?

dUr?sTeqSueiCîi * c P r o J c t d'une liturgie universelle pour l'Eglise gallicane rassemble revint sur le tapis, et Grégoire lut un long rapport sur toutes les t y * 1

accusations cet objet, dans lequel il fit entrer, à sa manière accou-ineptes

des jansénistes contre lc culte ( 0 Journal du Concdc National de France, en 1797, pag. i65 ct 167.

du Sacré-Cœur / 2 \ Compte rendu par lc citoyen Grégoire, au concile national, des et la Liturgie _, - - * • *

romaine travaux des évoques reunis, page 64.

Page 167: Institutions liturgiques (tome_2)__2

SES TENTATIVES ANTILITURGIQUES 561

tumée, une immense quantité d'anecdotes grotesques et 1 PARTIE

- . , f ° . CHAPITRE X X I I I

de détails superficiels, sans rapport les uns avec les • autres, mais de manière à faire preuve de cette érudition superficielle et mal digérée qui fait le fond de tous ses écrits. II ne manqua pas d'insulter, comme inconvenante, la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, dont il attribua l'invention à un protestant ( i ) ; déclama contre les messes privées ( 2 ) ; reprocha au Bréviaire romain de dire à la sainte Vierge : Solve vincla reis, et aux apôtres : Qui cœlum verbo clauditis (3); dit, en parlant de saint Grégoire VII : Pour le repos du monde et l'honneur de la religion, que le ciel nous préserve de pareils saints (4) ! se plaignit que Rome n'eût pas encore canonisé Gerson et Clément XIV ( 5 ) ; réclama en faveur de la prétention de réciter le Canon à haute voix (6) ; répéta les fadaises accoutumées sur l'omission du mot animas dans l'oraison de saint Pierre ( 7 ) ; proposa l'admission du tam-tam chinois, pour remplacer l'orgue (8), etc., etc.

De tout ceci, Grégoire concluait à rétablissement d'une Grégoire

liturgie universelle pour toute l'Église gallicane. Il est moSfiBpour*

curieux d'insérer ici les motifs qu'il allègue de cette pro- pÇojcïï'une

position. On y verra un schismatique affectant le langage p ^ e i S f i e

de l'orthodoxie, et s'asitant pour se créer un fantôme . p^nd ' D r le langage de

d'unité, en la manière que nous avons dit ailleurs, au l'orthodoxie sur . . * . l'importance

sujet du patriarche melchite de Constantinople, qui, des de l'unité

le xn e siècle, était venu à bout d'abolir toute autre Liturgie s^cUiemcnt au

que la sienne dans les patriarcats qui reconnaissaient pa'J1 ïa^oïT"e

son autorité (9) . Quelle leçon nouvelle et inattendue pour ( 1 ) Actes du second concile national de France, tome II, page 158. (2) Ibid., page 4 0 1 . (3) Page 409 . (4) Page 4 1 0 . (5) Page 4 1 1 . (6) Page 4 1 3 . (7) Page 4 1 7 . (8) Page 447. (9) Voyez tome I, page 2 2 3 .

T . u . 36

Page 168: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 6 2 LA SECTE CONSTITUTIONNELLE EN FRANCE

INSTITUTIONS ceux qui persisteraient à regarder la variété des Liturgies L I T U R G I Q U E S .

• comme un perfectionnement ! « Dans l 'Église dc Jésus-Christ , dit Grégoire, tout

« doit se rapporter à Vunité; c'est donc entrer dans son « esprit que d'adopter une même manière de célébrer les A saints offices ct d'administrer les sacrements. L'identité « des formules est un des moyens les plus propres à « garantir l'identité de la foi, selon le principe du Pape « saint Célestin : Legem credendi lex statuât suppli-

« candi.

Grégoire insiste « Quand les vérités à croire, les vertus à pratiquer sont

inconvénients « invariables, pourquoi la méthode d'enseignement est-c l c ci deV(Éa81tC (< e ^ c s l variée ? Pourquoi cette multitude d'eucologes,

multiplicité des ( ( d ' 0 f f 5 c e s divins, dc catéchismes qui , lorsqu'un individu Liturgies au 7 T . 7 i

point de vue dc ( ( p a s s e d 'un diocèse dans un autre, dérangent pour lui I enseignement r 0 r

dc la foi « et pour ccux qui doivent le diriger, tout le plan des et de l'unité dc r \ . . ' ,

la nation. « instructions publiques ct domestiques? bi des erreurs « et des vices à combattre exigent, dans certains cantons, « une instruction plus étendue, ne peut-on pas en faire « l'objet d'un travail particulier, sans intervertir l 'ordon-« nanec d'un plan général? Toutes les villes ct les p ro -« vinces, renonçant à leurs privilèges civils ou politiques, « ont désiré sc fondre dans Punité constitutionnelle, pour « être régies par les mêmes lois. En ramenant à l'unité lc « code civil, le système monétaire, les poids et les me-« sures, etc., on a fait un grand pas pour donner à la « nation un caractère homogène; mais rien ne peut y « contribuer plus puissamment que l'uniformité du culte « public ct de l'enseignement religieux : vous aurez bien « mérité dc la religion ct de la patrie, par des opérations « analogues pour la France ecclésiastique (i). »

Grégoire Non seulement Grégoire entendait ramener en France c°néccTsLitélic la Punité liturgique, mais, entraîné par les nécessités de la garder la langue

latine dans la Liturgie. ( l ) ? a g e 3 H C k

Page 169: Institutions liturgiques (tome_2)__2

SES TENTATIVES ANTILITURGIQUES 563

situation, il ne faisait plus un doute de l'obligation de r P A R T I E

retenir la langue latine. Les essais du concile de 1 7 9 7

n'avaient pas été heureux. On craignait le scandale des fidèles, et une division se préparait à éclater sur ce point entre les divers membres du clergé constitutionnel. En insuccès

„ . 1 . . , «e quelques

effet, et pour en finir avec toute cctte lie du parti janse- tentatives faites

niste et antiliturgiste, le citoyen Duplan, prêtre de l'église introduction

deGentilly, près Paris, ayant, dès 1 7 9 8 , imaginé défaire V u1gaïre n Ja C lans chanter les vêpres en français, mais sur le ton ordinaire l c s *s l ï S C S*

des psaumes ( 1 ) , un des évêques réunis qui se permit de

répondre à l'invitation que Duplan lui avait faite d'assister

à cet office, fut vivement blâmé par plusieurs de ses col

lègues. En 1 7 9 9 , Royer, évêque delà Seine, en vint même

jusqu'à condamner l'usage d'administrer les sacrements

en français, ainsi qu'on le pratiquait déjà dans la cathé

drale de Versailles ( 2 ) . Mais le plus étrange de tout ceci

fut ce qui arriva à Ponsignon, prêtre du Doubs, qui avait Le t „ j , . , . „ Sacramentaire

ete charge, par le concile de 1 7 9 7 , du soin dc travai l ler /«MOIÛ, rédige

au rituel. Ce véritable homme de progrès n'avait pas cru p%rôtrebl8u°n'

pouvoir mieux faire que dc rédiger tout simplement un D o

r dponSre i r

sacramentaire français, et il attendait en patience les a r i p ^ " ° r

n d u

témoignages de haute satisfaction des Pères du concile, r5{îîti\imMt Cà

lorsque tout à coup il se vit attaqué dans le journal dc la ^ j P ^ ^ 1 ^ 1 1

secte par Saurine, évêque des Landes, qui exhalait son français, , 1 1 . . c s t rejeté par

mécontentement dans une dissertation expresse contre la secte,

l'usage de la langue vulgaire dans la Liturgie (3). Bientôt les Annales publièrent l'adhésion dc Royer, évêque dc la Seine, et de Desbois, évêque de la Somme, à la dissertation de Saurine, et enregistrèrent peu après les protestations, dans le même sens, de Lecoz, Villa, Font, Blam-poix, Delcher, Becherel, Dcmandre, Prudhommc, Etienne, Aubert, Rcymond, Flavigny, Berdolet ct Nogarct, évêques

(1) Annales de la Religion, tome VII, 18 Thermidor an VI. (1) Ibid., tome IX, an VII, page 4G1. p) Ibid., tome X, an VIII.

Page 170: Institutions liturgiques (tome_2)__2

564 TRAVAUX DES SOUVERAINS PONTIFES

(1 ) Tome XI, page 553 et suiv.

INSTITUTIONS <p Ule-et-Vilaine, des Pyrénées-Orientales, de I'Ariège,de LITURGIQUES * •

l'Aube, de la Haute-Loire, de la Manche, du Doubs, de la Sarthe, de Vaucluse, de l'Isère, de la Haute-Saône, du Haut-Rhin ct dc la Lozère. Ce fut en vain que Ponsignon répliqua et chercha à démasquer la conduite pleine de contradiction de ces Pères du concile de 1 7 9 7 , qui reculaient devant leurs propres principes ( 1 ) ; l'Église constitutionnelle sc renia elle-même cn expirant. Les forces lui manquèrent pour s'élever jusqu'à la triste et sacrilège audace de sa digne alliée, l'Église d'Utrecht.

Les souverains Détournons enfin nos regards dc cet ignoble spectacle, gar5?cns L(C la et considérons les Pontifes romains fidèles à la garde du romaïneju i dépôt séculaire de la Liturgie romaine, et présidant aux dcPnoCuveaux accroissements qu'elle devait prendre dans le cours des

accroissements, cinquante dernières années du xvni° siècle. Clément xni, Le pieux successeur de Benoît XIV, Clément XIII , à

question du qui nous sommes redevables dc l'institution de la fête du C Beno î t e x?v C Sacré-Cœur de Jésus, trancha la question dont la solution

a v a s u a p c n a C c t C n avait arrêté son prédécesseur. Après dix-huit années institue les d'immobilité, le calendrier romain fut appelé à recevoir

fetes nouvelles ' * * desaint Camille d c nouveaux accroissements. Par l'autorité du saint pon

de Lelhs et de ^ . . . . saint Laurent tife, la fete de saint Camille de Lcllis fut instituée du rite

Justinien. » » » • n 1 • T . T • • 1

double mineur, ct celle de saint Laurent Justinien, du rite semi-double. Enfin, sainte Julienne de Falconieri passa du degré semi-double au rang des doubles mineurs.

Clément xiv Clément XIV vint ensuite. Il éleva la fète des Stigmates pius?curs1 Cfctcs de saint François au degré double mineur d'obligation, et

nouve es. c r é a celles dc saint Fidèle de Sigmaringen, et saint Joseph de Copertino, du même rite. On lui doit aussi les offices des saints Jérôme Emiliani, Joseph Calasanz et celui de sainte Jeanne-Françoise de Chantai, tous du degré double

mineur. Enfin, il éleva au même rang des doubles mineurs

la fête dc saint Venant, martyr, qui n'était auparavant que

Page 171: Institutions liturgiques (tome_2)__2

SUR LA LITURGIE ROMAINE 565

semi-double, et institua celle de saint Jean de Kenty du rite 1 PARTIE

* C H A P I T R E XXII

semi-double. Pie VI , Pontife zélé plus qu'aucun autre pour les Pie vi établi

. . _ . . 11 • i • deux fêtes

pompes de la Liturgie, trouva moyen d enrichir encore nouvelles et

le calendrier romain. Sans compter les décrets par lesquels ^ u n ^ e g r l

il éleva au rang des doubles majeurs la Décollation de s u P e n c u r -

saint Jean-Baptiste, et au degré double mineur les fêtes de saint Pie V et de saint Jean de Kenty, il en rendit encore deux autres, savoir, pour établir les fêtes de saint Guillaume, abbé du Mont-Vierge, et de saint Paschal Baylon, du rite double mineur.

Nous avons parlé ci-dessus du projet de Benoît XIV Pie vi revien . . . sur le projet c

pour la reforme du Bréviaire romain, projet qui n eut la réforme

point d'exécution, parce que, dit un pieux évêque, lelles et maU^n yG'*

si grandes furent les raisons du contraire, si graves ei si r C u n e C é t u i ? e C S

justes enfurent les motifs, que le Souverain Pontife estima d c ^ " j ^ 1 1 0 "

un bien de suspendre le travail qif on avait préparé ( i ) . ^ " f ' ^ e ] 0 1 1

Pie VI , à son tour, revint sur ce projet; le plan dc la

réforme du bréviaire fut rédigé ct présenté à la sacrée

congrégation des Rites ; mais, quelle que fût en cela

l'intention de la divine providence, de nouveaux obstacles

se présentèrent. Ce fut, dit l 'auteur que nous venons de

citer, ce fut un principe de prudence, tout à fait compa

tible avec Vêtendue du génie, qui porta Pie VI à se rendre

aux considérations qui avaient fait impression à son grand

prédécesseur et maître Benoît XIV, et l'engagea à sus

pendre toute réforme ( 2 ) . Pie VI se borna donc, pour

tout progrès liturgique, à étendre le culte des saints par (1) Tali e tante furono le ragioni in contrario c cause si gravi, c giuste,

che il sommo Pontefice st imo bene di sospendere il meditato lavoro,

(Albergotti. La divina Saimodia secondo Vantica e nuova disciplina délia

Chiesa, page a3i . )

(2) Ma siccome nella vastità del genio nel présente S. Pontefice, corris-

ponde perfettamente la prudenza, inerendo aile massime del suo gran

Predecessore e Maestro Benedetto XIV, ha creduto anch'esse per ora di

sospendere qualunque riforma. (Albergotti. Ibidem.)

Page 172: Institutions liturgiques (tome_2)__2

A

566 TRAVAUX DES PAPES SUR LA LITURGIE

INSTITUTIONS d e nouveaux offices, à l'époque même où- ce culte était • l'objet de si violentes restrictions de la part des antilitur

gistes.

La bulle t Quelque portée que pussent avoir ces nouveaux décrets publiée*^: du Siège apostolique cn faveur du culte des saints, surtout

C o n d a m n e 9 4 ' après le pontificat de Benoît XIV, dont la réserve avait p?Btoic°nffirme ^ s* grande au sujet du calendrier, un acte solennel de

la doctrine j a p U i S S ance pontificale vint attester bien plus fortement de TKglise A 1 , c

romaine sur les encore la doctrine dc l'Eglise romaine, à propos des controverses . . . ,

soulevées par controverses que les xvu e et xvin c siècles avaient soulevées 1 C cn"mui6re S sur les matières liturgiques. Nous voulons parler de la de Liturgie. b u U c Altciorem fldci^ p a r i a q u c i j c p i c VI , le cinq des

Calendes de septembre dc Tannée 1 7 9 4 , condamna à jamais lc synode de Pistoie, ses actes et sa doctrine. Il serait grandement à désirer que la connaissance explicite dc cctte bulle, incontestable jugement de foi, fût plus répandue qu'elle ne Test : on entendrait moins souvent des personnes, bien intentionnées d'ailleurs, répéter et soutenir avec unc incroyable bonne foi plusieurs des propositions condamnées d'une manière irréfragable par cette constitution, dont on peut dire qu'elle a véritablement tranché Terreur dans lc vif.

Quinze Sur les doctrines ct prétentions des antiliturgistes dc concernant nfa Pistoie, Pie VI condamne explicitement la proposition

condamnées' par XXVIII e , qui donne à entendre que les messes auxquelles la bulle. personne ne communie manquent d'une partie essentielle

au sacrifice; la XXX 0 , qui qualifie d'erreur la croyance au pouvoir du prêtre d'appliquer le fruit spécial du sacrifice à unc personne en particulier; la XXXI 0 , qui déclare convenable et désirable Vusage de n'avoir qu'un seul autel dans chaque église; la XXXII 0 , qui défend déplacer sur les autels les reliques des saints, ou des fleurs; la XXXIII e , qui émet le désir de voir la Liturgie ramenée à une plus grande simplicité, el de la voir aussi traduite en langue vulgaire ei proférée à haute voix\ la LXP, qui affirme

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I PARTIE CHAPITRE XXIII

BULLE A.UCTOREM FIDEI 5 6 7

que Vadoration qui s'adresse à Vhumanitê de Jésus-Christ, et plus encore à quelque partie de cette humanité, est toujours un honneur divin rendu à la créature; la LXII% qui place la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus parmi les dévotions nouvelles, erronées, ou au moins dangereuses; la LXIIP, qui prétend que le culte du Sacré-Cœur de Jésus fie peut être exercé qu'autant que l'on sépare la très sainte chair du Christ, ou une de ses parties, ou même son humanité tout entière, de la divinité; la LXIV 0 , qui note de superstition l'efficacité que l'on mettrait dans un nombre déterminé de prières et de pieuses salutations ; la LXVI% qui affirme qu'il est contraire à la pratique des apôtres et aux desseifts de Dieu, de ne pas fournir au peuple le moyen le plus facile de joindre sa voix à la j>oix de toute l'Église; la LXIX% qui place les images de la Très Sainte Trinité au rang de celles qu'on doit faire disparaître des églises; la LXX°, qui réprouve le culte spécial que les fidèles ont coutume de rendre à certaines images; la LXXP, qui défend dc distinguer les images de la Sainte Vierge par d'autres titres que ccux qui font allusion aux mystères rapportés dans l'Ecriture sainte; la LXXIP, qui ordonne d'extirper comme un abus la coutume de couvrir d'un voile certaines images; enfin la LXXXIV 0 , qui prétend qu'on ne doit pas élever les réguliers aux ordres sacrés, si ce n'est un ou deux au plus par chaque monastère, et qu'on ne doit célébrer, par jour, dans leurs églises, qu'une ou deux messes, tout au plus, les autres prêtres se bornant à concélébrer.

Nous nouscontenterons de cet aperçu de la bulle Aucto- La buUc

rem fidei, considérée sous le point de vue de la doctrine d'autre?traits

liturgique, omettant un grand nombre d'autres traits iâUprînc^Snct dirigés contre l'ensemble du damnable système dont la dc

Ji™ rfvSutîoii révolution liturgique du xvin e siècle n'a été qu'un des liturgique,

résultats. Toutefois, il est de notre sujet de rapporter ici les paroles générales qui viennent à la suite de la cen-

Page 174: Institutions liturgiques (tome_2)__2

I N S T I T U T I O N S L I T U R G I Q U E S

Auteurs lîturgistcs de la seconde moitié

du xviu1' siècle.

Alexandre Politi, piaristc.

Benoît Monaldini,

basilien dc Grotta-

Ferrata.

Lc comte Frédéric

Salvaroli.

568 AUTEURS LITURGISTES

(1) Cietcrum per hanc expressam praïfalarum propositîonum cl doctri-narum reprobutionem, alia in codem libro contenta nullatcnus appro-bare intundinius, cum pnesertim in eo complurcs deprehensx fucrinl propositioncs ct doctrinal, sive illis quœ supra dnmnatœ sunt aflines, sive quac coinmunis ac probauc cum doctrinaj ct disciplina; tcmcrarîum contemptum, tum maxime infensum in Romanos Pontitices, ct Aposto-licam sedem animum pra; se ferunt.

sure : « Au reste, dit le Pontife, par cette expresse répro-« bation des susdites propositions et doctrines, nous « n'entendons nullement approuver les autres choses « contenues dans le livre, d?autant plus qu'on y découvre « un grand nombre d'autres propositions et doctrines, les v unes approchantes de celles qui sont condamnées ci-« dessus, les autres inspirées par un mépris téméraire dc « la doctrine communément reçue et de la discipline cn « vigueur, et principalement par unc haine violente « contre les Pontifes romains ct le Siège apostolique ( i ) . »

Il est temps enfin dc clore cctte histoire liturgique du xvm* siècle, ct dc donner le catalogue des écrivains que les cinquante dernières années ont produits sur la matière du culte divin.

( 1 7 5 1 ) . Alexandre Politi, clerc régulier des Ecoles pies, a laissé un grand travail sous ce titre : Martj'rohgium Romanum casiigaîum ac commentariis illuslratum. Florence, 1 y 5 1 , in-folio. Nous doutons que cet ouvrage ait été achevé, n'ayant eu entre les mains que lc premier tome, qui ne contient que lc mois de janvier.

( 1 7 5 2 V Benoît Monaldini, moine basilien de Grotta-Fcrrata, prêta un concours éclairé à Joscph-Aloysc Asscmani, dans la rédaction de son Codex liturgicus, ct nous a laissé unc lettre érudite adressée à ce savant homme, sur un manuscrit important de la Liturgie jacobitc.

( t 7 5 ' 3 \ Le comte Frédéric Salvaroli a laissé l'ouvrage suivant : De Kalcndariis in génère et speciaiim de Kalen-dario ecclesiastico. Venise, 1 7 5 3 , in-8°. Ce volume ren-

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DE LA SECONDE MOITIE DU XVIII e SIECLE 56g

ferme plusieurs monuments hagiologiques inédits, et trois * PARTIE , . . , , T , • . r - - ï • C H A P I T R E X X I I I

opuscules intitules : i° Iter htitrgicum poropuiense; — 2° Baptismale liieroglyphicum epistolica dissertaiione explanatum; 3° In qaoddam altare portatïle epistolaris dissertatio.

(i753). Sébastien Donati, recteur de l'église de Saint- Sébastien v ' ' 0 Donati, prêtre

Alexis, à Lucques, est célèbre par son savant travail : De de Lucques.

dittici degli Antichi profani e sacri, colVappendice di alciini Necrolorj, e Calendarj Jinora non publicati. Lucques, 1 7 5 3 , in -4 0 .

( 1 7 5 3 ) . JeanVignoli, gardien de la bibliothèque vati- Jean Vignoii,

cane, a donné la dernière édition du Liber pontificalis. la bibliothèque

Inférieure à celle de Bianchini, elle a du moins sur celle-ci ^ a t l c a n e -l'avantage d'être achevée. Elle est en trois volumes in -4 0 ,

Rome, 1 7 2 4 , 1 7 5 3 , 1 7 5 3 .

( 1 7 5 4 ) . Alban Butler, savant et zélé prêtre catholique Aiban Butler,

anglais, s7est fait un nom par ses fameuses Vies des Saints, p r e t r e a n s l a i s -ouvrage véritablement érudit, et qui a été traduit en français par Fabbé Godescard. Elles parurent en Angleterre, de 1 7 5 4 à 1 7 6 0 , et furent suivies de onze traités sur les Fêtes mobiles, qui furent imprimés après la mort de l'auteur, et ont été traduits en français par l'abbé Nagot, supérieur du séminaire de Baltimore.

( 1 7 5 4 ) . Fortuna de Brescia, mineur observantin, a laissé Fortuna . » . . . . de JBrescia

une dissertation de Oratoriis domesticis, qui a été reim- mineur

primée à la fin du traité de Ecclesiis, de Joseph-Aloyse o b s c r v a n t i n ' Assemani.

( i 7 5 5 j . Alexandre Lesley, jésuite écossais, fidèle com- Alexandre

pagnon des travaux de son illustre confrère Azevedo, a L e sicossau!U e

rendu un des plus importants services à la science liturgique, en publiant le fameux Missale mixtum scenndum Regidam beati Isidori, dictum Mozarabes, prcefatione, notis et appendice ornatum. Rome, 1 7 5 5 , in-4 0 e n deux parties. Lesley se proposait de publier aussi le Bréviaire mozarabe, avec un travail analogue à celui du missel. Il

Page 176: Institutions liturgiques (tome_2)__2

INSTITUTIONS LITURGIQUES

Antoine Zanolini,

orientaliste.

Dom Herman Schollincr, bénédictin allemand.

Joseph Allcçrnnzn, dominicain.

Joseph Garainpi,

chanoine de la basilique

vaticanc.

Gactan-Maric Capccc, théatin,

Franco is-Antoinc Vitale.

5 7 0 AUTEURS LITURGXSTES

préparait aussi une réponse à la fameuse lettre de l'Anglais • Middleton, dans laquelle cet auteur prétend prouver que TEglise romaine a emprunté ses cérémonies au paganisme.

(1755) . Antoine Zanolini, orientaliste distingué, a laissé une dissertation de Eucharistiœ sacramento cum christianorum orientalium rilibus in eo conjiciendo et admi* nistrando. Padouc, 1 7 5 5 , in-8°.

( 1 7 5 6 ) . Dom Herman Scholliner, bénédictin allemand, a laissé un savant traité : De Disciplina arcani suce anliquitati resliiuta, ct ab heterodoxorum impugnatio-nibus inndicala. Typis Monasierii Tegernseensis.

(1750 ) . Joseph Allcgranza, dominicain, a publié des Spiegayoni e riflessioni sopra alcuni saa*i monumenti antichi di Milano. Milan, 1 7 5 6 , in -4 0 .

(175G). Joseph Garampi, chanoine de Saint-Pierre au Vatican, archéologue célèbre, est auteur du livre suivant : Notifie, regolee ora\ioni in onore de' SS. Mariiri délia Basilica vaiicana, per Veserci\io divoto solito praticarsi in tempo che sla ivi esposta la loro sacra Coltre. Rome, 1 7 5 6 , in -12.

(1756). Gaëtan-Maric Capece, théatin, a donné un savant ouvrage intitulé : De veluslo allarispallio Ecclesiœ Grcecœ Christianorum ex Cimeliarchio Clericorum Re-gularium domus SS. Aposiolorum Neapohtance. Naples, [ 7 5 7 , i n - 4 \

(1756) . François-Antoine Vitale est auteur de trois Dissertations Liturgiques, publiées à Rome, I7b6, in-4 0 .

Elles traitent des matières suivantes: i° Dell9 antichita, origine, ed ufî^io de' Padrini nella Conferma\ione. — 2 0 DelVanlico costume di riienersi da Fedeli VEucaris-lia nelle privaie case, e di irasmeilerla agli Assenti. — 3° Délia Communione crisliana, cosa siata fosse, e di quanie manière.

( 1 7 5 8 ) . Pierre Pompilius Rodota, professeur de lan-

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DE LA SECONDE MOITIE DU XVIII* SIÈCLE 6 7 1

gue grecque à la bibliothèque vaticane, est auteur du OT^£**T1| grand traité : Dell' origine, progresso, e stato présente P i e r r e Rodota^ del rito greco in Italia osservatodcù Greci. monaci i?a- professeur a ia

, . r f t . . . bibliothèque

siliam eAlbanesi. Rome, 1 7 5 8 , trois volumes in -4 0 . vaticanc.

(i758). Dom Pierre-Louis Galetti, bénédictin de la con- . Dom , . , , , « . , , 1 r Pierre-Louis

gregation du Mont-Cassin, archéologue fameux, appar- Galetti, . . i - i i ' i * • ' J ? rr bénédictin du

tient à notre bibliothèque par son savant traite del Vesta- Mont-Cassin.

rario délia santa Romana Chiesa. Rome, 1 7 5 8 . (i75o). Dom Martin Gerbert, illustre abbé bénédictin Dom Martin

, r / . ™ • 1 1 T - A I T • i i ' J , Gerbert, abbé

de Saint-Biaise, dans la Foret-Noire, a excelle dans les de Saint-Biaise,

matières liturgiques, comme dans toutes les branches de Forêt-Noire, le

la science ecclésiastique. Nous avons de lui : i ° Principia î^Jurgfst^de

theologiœ liiurgicœ, quoad divinum Qfjicium, Dei cullum ^ e ^ o r d r e

et Sanctorum. Saint-Biaise, 1 7 5 9 , i n - 1 2 . — 2 0 Un Appen- ^aiViède" dix de arcanis Ecclesiœ iradiiionibus, à la fin du volume intitulé : Principia Theologiœ exegclicœ. Saint-Biaise, 1 7 5 7 , i n - 1 2 . — 3°DeFes torum dierumnumcro minuendo, celebritate amplianda. Saint-Biaise, 1 7 6 5 , in-S°. — 4 0 De cantu ei musica sacra a prima Ecclesiœ œtate usque ad prœsens tempus. Saint-Biaise, 1 7 7 4 , deux volumes in-4".

— 5° Vêtus Liiurgia Alemannica disquisitionibusprœviis, notis et observationibus illustraia. Saint-Biaise, 1 7 7 6 , deux parties in-4 0 . — 6° Monumenta veteris Liturgiœ Alemannicœ, ex antiquis manuscriptis codicibus. Saint-Biaise et Ulm, 1 7 7 7 - 1 7 7 9 , deux parties in-4 0 . — 7 ° Scrip-tores Ecclcsiastici de Musica sacra, poiissimum ex va* riis Ilaliœ, Galliœ el Germaniœ codicibus collecti. Saint-Biaise et Ulm, 1 7 8 4 , trois volumes in-4 0 . Nous nous restreignons à ce simple catalogue, tant parce que les bornes que nous nous sommes tracées dans cette bibliothèque nous interdisent les longs détails, que parce que la réputation de Dom Gerbert est suffisamment établie, comme celle du plus savant liturgiste que l'Allemagne ait jamais possédé, et qui ait illustré l'Ordre de Saint-Benoît, au dix-huitième siècle.

Page 178: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 7 2 AUTEURS LITURGISTES

Joseph

ci?ano>u5 r t Jo ^ u ) a n S ( ^ n ^ s m c î c s t principalement connu par le Journal

Saint-Benoît de ecclésiastique, qui parut sous sa direction, de 1 7 6 0 à Paris, et son '

Journal 1 7 8 6 , et dans lequel on trouve un grand nombre de ques-d ^ R o ^ d e t ' e s t tions singulières sur la Liturgie. Lc trop fameux Rondet,

rédacteurs. c n particulier, a inséré dans ce journal un grand nombre

d'articles. A l'époque où ce recueil paraissait, le Journal des Savants ct lc Mercure de France avaient cessé dc servir d'organes aux sciences ecclésiastiques.

Joseph de Bonis, (17CSr). Joseph de Bonis, barnabite, a donné l'ouvrage barnabitc. s u j v a n t ; £)e Qraloriis publiais tractai us hislorico-canoni-

cus. Milan, 1 7 6 1 . Pierre Gaiiadc. ( 1 7 6 1 ) . Pierre Galladc, auteur dont l'existence ct les

travaux nous sont révélés par Zaccaria, est auteur de trois dissertations savantes qui parurent à Hcidclbcrg cn 1 7 6 1 ct [7 (>3. i f t Templornm Calholicorum anliquilas et consécration — 2 0 Sancti las Templi ritibus Catholicis consecrati. — 3° Sancti las Templornm Calholicorum do-lala ac ornata.

Dom Grégoire O?*^). "Dom Grégoire Zalhvein, bénédictin allemand, bénédictin ' ' u n c ' c s premiers canonistes dc son siècle, dans scsPrin-ailemand. cipia juris ecclesiastici universalis et particularisa Germa-

nia7 (Augsbourg, 1 y<>3, quatre volumes in-4"' , au tome second, traite avec érudition de Liturgiis, libris liiurgi-cis, et studio liturgiœ.

jean»Uurent ( |7*>^)« ("est l'année où mourut Jean-Laurent Berti, Berti, augustin. C ( j i £ b r c augustin, assez connu d'ailleurs. Il a laissé deux

dissertations en langue italienne sur des matières liturgiques. La première traite des Titres que saint Évaristcdis-tribua aux prêtres de Rome, ct la seconde du Pallium. Elles ont paru dans un recueil spécial des Opuscules dc Berti, à Florence, cn 1 7 5 9 , et ont été depuis recueillies dans l'édition complète dc ses œuvres , publiée à Venise.

INSTITUTIONS ( 1 7 6 0 ) . Joseph-Antoine-Toussaint Dinouart, chanoine LITURGIQUES ^ Saint-Benoît de Paris, écrivain attaché aux doctrines

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DE LA SECONDE MOITIE DU XVIII 0 SIECLE

( 1 7 6 6 ) . Pascal Copeti, chanoine, a donné huit disserta- i PARTIE . . * . . _ . _ . . . CHAPITRE XXIII

tions sous ce titre : Discorsi ai Lituvgia récitait allapre- 7 -

sen\a di Benedetio XIV Pontefice Massimo, nélla sala ^ c h a n o m e ? 1 '

Apostolica deW Quirinale. Rome, 1 7 6 6 , 1 1 1 - 4 ° .

( 1 7 6 6 ) . André-Jérôme Andreucci, jésuite, dans son André-Je'r<5me

ouvrage intitulé : Hierarchia ecclesiastica in parias suas Ajleïme.t'I,

partes distributa et canonico-theologice exposila (Rome, 1 7 6 6 , in -4 0 ) ,

a donné un traité spécial : De obser-vandis ab Episcopo in auihenticandis Reliquiis. Il a laissé aussi un traité de Ritu Ambrosiano, dans le second volume du même ouvrage.

( 1 7 6 9 ) . Alexis-Aurèle Pellicia, savant prêtre napolitain, Aiexis-Aurèie

publia d'abord une dissertation célèbre, qui fut traduite ^apSitM1.1* par ordre de l'Impératrice Marie-Thérèse, cn allemand et en latin, et qui est intitulée : Délia disciplina délia Chiesa, e deir obligo de'sudditi intorno allapreghiera delproprio Soprano, dissertaçione istorico-liiurgica. Naples, 1 7 6 9 ,

in -4 0 . Mais le plus important ouvrage de Pellicia est son savant traité: De Christianœ Ecclesiœprimœ, mediœ et nopissimœ œtatis Politia, qui parut à Naples en 1 7 7 7 , et a acquis une si grande réputation dans le monde liturgique.

( 1 7 6 9 ) . Joseph Novaès, Portugais, est auteur du livre Joseph Noyaès,

intitulé : II sacro riio antico e moderno délia ele^ione, P o r t u s a i s -coronaçione, e solenne possesso del Sommo Pontefice. Rome, 1 7 6 9 , in-8°.

( 1 7 6 9 ) . Vincent Fassini, dominicain, a publié, sous le VincentFassini,

pseudonyme de Dominique Sandelli, deux ouvrages rem- d o m i n i c a i n ' plis d'érudition. Le premier est intitulé : De Singularibus Eucharistiœ usibus apud veteres Grœcos. Brescia, 1 7 6 9 .

Le second : De Priscorum Christianorum synaxibus extra œdes sacras. Venise, 1 7 7 0 .

( 1 7 7 0 ) . Jean-Pérégpin Pianacci publia l'ouvrage sui- jean-Péré^rin

vant : Dell' Officio divino, trattato istorico-critico-morale. P j a n a c c i «

( 1 7 7 1 ) . Thomas Declo, pénitencier d'Ancône, est au- Thomas Decio,

teur de ce livre : Dichiara^ioni di tutto cio che pi ha, o ^ A n c ô n c /

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5 7 4 AUTEURS LITURGISTES

(1) Tome XXII, pages 335-38Q.

INSTITUTIONS difficile da intendersi, o intéressante irt ogni parte nel L I T U R G I Q U E S " _ » I • . • i Z 4

Breviario Romano dat principio smo al fine. Anconc, 1 7 7 1 - 1 7 7 2 , deux volumes i n - 4 0 .

Camille Biasi, ( 1 7 7 1 ) - Camille Blasi, avocat romain, a publié l'ouvrage a Vpub\i ^e^u nnem , suivant: De Festo Cordis Jesu Dissertatio commoniforia,

dik°cuiVe d u U r c u m n o I l s e i monumentis selectis. Rome, 1 7 7 1 , i n - 4 0 . Cette sacrô-cœur qui dissertation, dont l'auteur est contraire au culte du Sacré-

donne lieu a 7

une controverse CœurdcJésus, fut attaquée par un écrivain de Florencedont à laquelle 1 . 1

plusieurs nous n avons pu découvrir le nom, ct qui publia deux Lel-théo logions , I M I R • • N ' » • 1

prennent part, très en réponse, biles turent suivies d une réplique par le P. Giorgi, augustin, sous ce titre : Chrisiotimi Amerista', adveisus episiolas duas ab anonymo censnre in Disserta-iioncm commonitoriam Camilli Blasii de Festo Cordis Jesu vulgaias, Anlirrheticus : accedil mautissa contra episiolium iertium nupertrime cognilum. Rome , 1 7 7 2 , i n - 4 0 . Giorgi paraît aussi être auteur dc Lettres italiennes qui font suite ù Y Anlirrheticus, sous le titre CYAntmpisco Teriomaco ( i n - 4 0 ) . On peut voir dans Y Ami de la Religion. à qui nous empruntons ces détails bibliographiques, la notice dc divers autres écrits dans lc même sens, qui furent publiés dc 1 7 7 ^ à I J S S , a Naples, Gènes ct Ber-game ( 1 ) . Le même recueil donne aussi la notice des écrits qu'on opposa aux ennemis de la dévotion au Sacré-Cœur dc Jésus. Nous remarquons en particulier unc dissertation latine sur cctte dévotion, publiée à Venise, 1 7 7 5 , par un jésuite nommé Pubrana. Quant aux pamphlets des Jansénistes français, nous ne fatiguerons pas le lecteur de leur insipide énumeration.

Jules-Laurent ( < 7 7 - ) - Jules-Laurent Selvaggi, prêtre napolitain, mort prêtre en cette année, avait donne un ouvrage classique tres-im-

napohtam. p 0 r l a n t s o u s c e t j t r c : Antiquiiatum Chrislianarum institutioues nova methodo in quatuor libros dislribuia1, ad usum Seminarii Neapolilani. Naples, G vol. in -12 souvent

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DE LA SECONDE MOITIE DU XVIII e SIECLE 5j5

reproches à faire à cet ouvrage; îl porte en plusieurs endroits la trace trop visible des préjugés qui dominaient à Naples à cette époque.

( 1 7 7 2 ) . Jean-Baptiste Gallicioli, savant prêtre vénitien, jean-Baptiste

dans son excellente réimpression du saint Grégoire le p r ê£e U vén i t i en .

Grand de Dom Denis de Sainte-Marthe, a placé, au tome IX, un important travail liturgique qu'il a intitulé : Isagoge institulionum liturgicarum. On doit toutefois regretter que cet illustre éditeur ait cru dévoir retrancher le Sacramentaire de Dom Hugues Ménard,et le Responsorial

de Dom Denis de Sainte-Marthe, ainsi que les notes de ces deux illustres bénédictins. La préférence donnée aux originaux publiés par le B. Tommasi n'est pas équitable dans une édition de saint Grégoire, où Ton désirerait voir rassemblé tout ce qui peut contribuer à compléter ses œuvres.

(i77'3). Laurent-Etienne Rondet , laïque, Pun des plus Laurent-Etienne M > -c A i T • • \ • > . A Rondet, Jaïque

zèles reformateurs de la Liturgie, a laisse, outre de nom- et cependant

breux articles dans le journal de Dinouart, un livre inti- réformateur d

tulé : Ordinaire de la Messe avec la manière de l'entendre, l a L l t u r s i e -

quand on la dit sans chant, et quand on la chante. Paris ,

1 7 7 3 , i n - 1 2 . Il a laissé aussi un Avis sur les bréviaires,

et particulièrement sur une nouvelle édition du Bréviaire

romain, Par i s , 1 7 7 5 , i n - 1 2 .

( 1 7 7 3 ) . Phil ippe-Laurent Dionigi, bénéficier de la basi- Phiiippe-

lique vaticane, a publié le précieux ouvrage intitulé : Sa- Dionigi,

crarum Vaticanœ Basilicce Cryptarum monumenta œreis i a "basilique

tabidis incisa et commentariis illuslrata. Rome, 1 7 7 3 , v a t i c a n e *

in-folio. Il a donné aussi : AniiquissimiVesperarum Pas-

chalium Ritus expositio; de sacro inferioris œiatis Pro

cessif, Dominica Resurrectionis Christi, ante Vesperas, in

Vaticana Basilica usitato conjectura, Rome. T 7 8 0 , i n - 8 \

( 1 7 7 3 ) . Joseph Heyrenbach, jésuite, est auteur d'une Josegh^

dissertation de Salutatione angelica, ejusque in sancta H e f é su i t e .

Ecclesia usu. Vienne, 1 7 7 3 , in-8°.

e

réimprimés : notre exemplaire est de 1 7 0 4 . On a quelques 1 PARTIE

r r ' CHAPITRE XXII I

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5 7 6 A U T E U R S L I T U R G I S T E S

INSTITUTIONS ( 1 7 7 4 ) . Pierre Lazeri, savant professeur romain, a LITURGIQUES * ' / ^ . . 1 R , \

— : a d o n n e trois dissertations: i° De sacra Veterum Christia-Pierre La zen,

professeur norum Romana Peregrinationc. Rome, 1 7 7 4 , in-4 0 . —

2 0 DeLiminibusAposlolorumdisqiiisiiiohistorica. Rome, 1 7 7 5 , in-4 0 . — 3" De falsa veterum Christianorum Rituum a ritibus Ethnicorum origine Dialriba. Rome, 1 7 7 7 , in-4».

, L e cardinal ( 1 7 7 5 ) . Etienne Borgia, cardinal, préfet de la Propa-Eticnne Borgia. g a n c j c ^ a n t iquairc fameux, s'est exercé sur plusieurs ma

tières liturgiques. Il fut d'abord l'éditeur d'un opuscule du cardinal Augustin Valcri : De Benediciione Agnorum Dei. Il donna ensuite, sous son propre nom, les deux ouvrages suivants : i ° De Cruce Vaticana, ex dono Justini Augusii, in Parasceve majoris hebdomadœ publicœ vénération} exhiberi solita. Rome, 1 7 7 9 , in -4 0 . — 2 ° & e

Cruce Veliierna commentarius. Rome, 1 7 8 0 , in-4".

Nicolas Coilin, ( " 7 7 5 ) . Nicolas Coilin, prémontre, a laissé: 1" Traité premontre. ^ Signe de la Croix, fait de la main, ou la Religion ca-.

tholiquejustifiée sur l'usage de ce signe. Paris, 1 7 7 5 , ^ - 1 - 2 .

— ^Traité deVEau bénite, ou l'Eglise catholique justijiée sur Vusage de VEau bénite. Paris, 1 7 7 O , i n - 1 2 . — Traité du Pain bénit, ou l'Eglise catholique justijiée sur l'usage du Pain bénit. Paris, 1 7 7 7 , i n - 1 2 .

Le cardinal ae ( * 7 7 5 ) . François-Antoine de Loren/ana, cardinal, ar-archevéque^lc cheveque de Tolède, prélat illustre par sa charité envers

l o i ecc . cici-gé f r a n ç a j s déporté, mérite ici une place distinguée pour la magnifique édition qu'il a donnée des livres dc la Liturgie gothique. Il en a accompagné l'édition de savantes lettres pastorales, qui sont de véritables Traités. Le bréviaire parut en 1 7 7 5 , sous ce titre : Breviarium Gothicum, secundnm regulam Bealissimi Isidori, Archie-piscopi Hispalensis, jussu Cardînalis Francisci Ximenii de Cisneros priusedilum; nunc opéra Exc. D. Franscisci Antonii Loren/ana sanctœ Ecclesiœ Toletanœ Hispania-rum Primatis Archiepiscopi recognitum. Madrid, in-folio.

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DE LA SECONDE MOITIE DU XVIII e SIECLE 5 7 7

(1) Tome I, page 479.

T . I I . 3?

Le missel, qui porte un titre analogue à celui du bré- 1 P A R T I E

7 *• r ^ CHAPITRE XXII I

viaire, parut à Rome, 1 8 0 4 , in-folio. ( 1 7 7 6 ) . François-Antoine Zaccaria, jésuite, est sans François-

contredit l 'homme le plus versé dans toutes les branches Zaccaria,

de la science ecclésiastique qu'ait vu la période que nous etsaBibUotheca

décrivons dans ce chapitre. Ses ouvrages imprimés s'élè- rituahs.

vent au nombre de cent six. Celui qui occupe le premier rang parmi les travaux liturgiques du savant religieux, est la Bibliotheca ritualis, publiée à Rome ( 1 7 7 6 ,

1 7 7 8 , 1 7 8 1 ) , en trois volumes in-4 0 . Zaccaria voulut compléter la série des collections bibliographiques des Lelong, des Mayer, des Fabricius, des Banduri , etc., par la publication d'un ouvrage du même genre sur la science liturgique. Corneille Schulting, dont nous avons parlé ailleurs( 1 ) , avait ébauché ce grand travail dans sa Bibliotheca eccle-

siastica; mais les omissions et les erreurs étaient sans nombre dans cet ouvrage déjà vieux de près de deux siècles, au moment où Zaccaria entreprenait sa Bibliotheca

ritualis. Le travail du jésuite n'a d'autre défaut que ceux qui sont inséparables des ouvrages de ce genre, dont le meilleur sera toujours celui qu'on trouvera le moins inexact et le moins incomplet. Nous confessons volontiers ici que nous sommes grandement redevable à Zaccaria, pour la partie bibliographique de cette histoire, bien que nous ayons eu souvent l'occasion de suppléer ses omissions et de rectifier ses méprises. Un autre nous rendra le même service.

E n 1 7 8 7 , Zaccaria publia à Faè'nza (deux tomes in-4 0 ) Autres ouvrages

son Onomasti cou Ritttale seleciinu, ouvrage d'une haute de zaccaria.

portée scientifique, et accessible à un plus grand nombre

de personnes que la Bibliotheca ritualis, bien qu'il soit

encore moins connu en France. On a encore de lui, sur

les matières liturgiques, la célèbre dissertation de Usu lù

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5 7 8 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS brorum liturgicorum in rébus theologicis, réimprimée LITURGIQUES 0

souvent; le traité DelP anno Sanio (Rome, 1 7 7 5 , deux volumes in -8°) ; les annotations au livre des Mœurs des

Chrétiens, de l'abbé Fleury, traduit en latin et publié à Venise ( 1 7 6 1 , deux volumes i n -4 0 ) ; ^e nombreux et savants articles dans plusieurs journaux scientifiques d'Italie.

Annîbai ( 1 7 7 7 ) * Annibal Olivieri de Abbatibus, gentilhomme de Abbat[bust Pesaro, est célèbre par son beau livre : DelP antici Battis-

^ e P c s ^ o 1 ! 1 6 tero délia S. chiesa Pesarese. Pesaro, 1 7 7 7 , in-4 0 .

François-Michel ( 1 7 7 8 ) . François-Michel Fleury, curé dans le diocèse du F 1 d u r à f o c è s e r C Mans, ayant été suspendu de ses fonctions par l'évêque

du Mans. Louis-André dc Grimaldi, pour son obstination à vouloir se faire répondre et servir lamcsseparlasœurdeson vicaire, publia, dans le Journal ecclésiastique de Dinouart (juin 1 7 7 4 ) , une dissertation sur cctte question : Si une femme,

au défaut dliomme,peut répondre la Messe? Une critique manuscrite ayant couru lc pays du Maine, Fleury fit imprimer la brochure intitulée : Réponse de la Messe

parles femmes, en réponse à une lettre anonyme. 1 7 7 8 ,

in-8°.

Jean-Baptiste ( 1 7 7 9 ) - Jean-Baptiste Grascr, docte professeur allemand, professeur a composé une savante dissertation : De Presbyierio et in

allemand. CQ sedmdi jurCt Trente, i 7 7 y , in-4».

Dom Nicolas (r771))- D ° n l Nicolas Jamin, bénédictin de la congré-bénédictin de gation de Saint-Maur, auteur de plusieurs ouvrages esti-Suint-Maur. p a r a f t £ t r e l'auteur du livre intitulé : Histoire des

Fêtes de T Eglise ( in -12 ) , dont la plus ancienne édition, venue à notre connaissance, est dc 1 7 7 9 . Il a été traduit cn allemand ct publié à Bamberg, cn 1 7 8 4 .

Ferdinand (<779) - Ferdinand Tetamo, prêtre sicilien, est justement T e ts!ciïien r .C t r C célèbre par le bel ouvrage dc Liturgie pratique qu'il a

intitulé : Diarium liiurgico-theologico - morale, sive sacri Ritus, Institutions ecclesiaslicœ, morumque disciplina, notanda singulis temporibus atque diebus anni ec-

Page 185: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA. SECONDE MOITIE DU XVIII0 SIECLE 5 7 g

clesiastici et civilis. Venise, 1 7 7 9 - 1 7 8 4 , huit volumes Π^ * J " n i

i n - 4 0 e n deux séries. * ( 1 7 7 9 ) . François-Xavier Holl, jésuite allemand, illustre Francoïs-xavier

professeur de droit canonique dans l'Université d'Heidel-berg, a publié le premier volume d'un ouvrage remarquable intitulé : Statistica Ecclesiœ Germanicœ, 1 7 7 9 , in-8°. Ce volume, le seul qui ait paru, renferme une dissertation infiniment précieuse : De Liiitrgiis Ecclesiœ Germanicœ.

( 1 7 8 1 ) . Joseph-Marie Mansi, clerc régulier des Ecoles Joseph-Marie

. A , Mansi, pianste.

pies, fit paraître cette année, a Lucques, un opuscule rempli d'érudition, sous ce titre: LetHra ad un Ecclesiastico, nella quale si dimosira, che non e lecito ad ogni Sacerdote celebrare la Messaprivata nella notte del santo Natale, 1 7 7 9 .

( 1 7 8 4 ) . Jean Sianda, cistercien de Mont-Réal, a laissé JeanSianda, cistercien >

un ouvrage trop superficiel et trop abrégé pour le sujet qu'il traite. Il porte ce titre : Onomasiicum sacrum : opus-culum tripartitum. Rome, 1 7 7 4 , in -8 û .

( 1 7 8 6 ) . Faustin Arevalo, illustre jésuite espagnol, si di- Faustin v ' ' 9 f r> ^ Arevalo, jésuite.

gne de toute la reconnaissance des amis de la science ecclésiastique par ses excellentes éditions de Prudence et de saint Isidore de Séville, a publié, sous le titre âCHymnodia Hispanica, un ouvrage remarquable surtout par la célèbre dissertation de Hymnis ecciesiasticis, que nous regardons comme un des plus précieux monuments de la science liturgique. Le livre a paru à Rome , " 1 7 8 6 , in -4 0 .

( 1 7 8 G ) . Joseph Cuppini, cérémoniaire de la cathédrale Joseph Cuppini, j r> i 1 * ' 1 • • i T « * ccrémoniîiire

de Bologne, a laisse, sur plusieurs questions de Liturgie de la cathédrale

pratique, des Instructiones Liturgicœ, qui présentent un d e B o l o S n e -

grand intérêt. Bologne, 1 7 8 6 , in-4 0 .

( 1 7 8 6 ) . François Cancellieri, savant prélat romain, est François 1 1 / - • i 1 * • 1 1 . . Cancellieri,

r écrivain le plus important sur les matières liturgiques prélat romain,

qui ait paru à la fin du xvm e siècle. Il débuta par son magnifique ouvrage de Secretariis Basilicœ Vaticanœ

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INSTITUTIONS LITURGIQUES

5 8 0 AUTEURS LITURGISTES

François-Antoine

Mondelji, ecclésiastique

romain.

veteris ac novae. Rome, 1 7 8 6 et années suivantes, quatre 1 volumes in-4 0 . Il donna ensuite successivement : i°Descri-

yone délia Basilica Vaticana. Rome, 1 7 8 8 , i n - 1 2 . — 2 0 A ro-ti\ie intorno alla Novena, Vigilia, Notte e Festa di Natale. Rome, 1 7 8 8 , i n - 1 2 . — 3° Descri^ione de" ire Ponti-ficali che si celebrano nella Basilica Vaticana,per le/este di Natalc,di Pasqua et di san Pietro. Rome, 1 7 8 8 , i n - 1 2 .

— 4 0 Dcscri^ione délieJun^ioni délia Settimana santa nella Cappella poniijicia. Rome, 1 7 8 g , i n - 1 2 . — 5° Descri-yone délie Capelle pontificie e cardinalice di tutto Vanna. Rome, 1 7 9 0 , quatre volumes i n - 1 2 . — 6° Sioria de' solenni possessi de' sommi PonteJici,detli anticamente Processi 0 Processioni, dopo la loro corona\ione, nella Basilica Vaticana alla Lateranese, da Leone III a Pio VII. Rome, 1 8 0 2 , in -4 0 . — 7 ° Memorie délie sacre Teste de' sanii Apostoli Pietro e Paolo c délia loro so-lenne recogni^ione nella Basilica Lateranese. Rome, 1 8 0 6 , in -4 0 . — 8 ° Le due Nuore Campane di Campido* glio bencdelle dalla Santita di N. S. Pio VIL P. O. AI. e descrilte, con varie Notifie sopra i Campanili* Rome, i 8o ( ) , i n - 4 0 . — 9° Disseria^ione Epislolarc sopra le Is-cri\ioni délie Marti ri Simplicia madré diOrsa, et di un altra Orsa. Rome, 1 8 1 9 , i n - 1 2 . — io° Notifie sopra Voriginec Vuso delV Anello Pescaiorio, e degli Anelli ecclesiastici. Rome, i82 '3 , in-S°.

( 1 7 8 7 ) . François-Antoine Mondclli, ecclésiastique romain, a publié unc excellente dissertation intitulée : Délia légitima disciplina da osservarsi nella pronuncia del Canone délia Messa. Rome , -1787 , in-8°.

Augustin ( 1 T8<5)- Augustin Krascr, docteur allemand, a laissé un Krascr, docteur , . . r\ A J /• •

allemand, ouvrage remarquable sous ce titre : De Apostohcis nec-non antiquis Ecclesiarum Occidentalium Liiurgiis, illa-rum origine, progressa, ordine, die, hora ct lingua, cce-lerisque rébus ad Liiurgiam aniiquampertinentibus, liber singularis. Augsbourg, 1 7 8 G , in-8°.

Page 187: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DE LA SECONDE MOITIÉ DU XVIII e SIECLE 581

( 1 7 8 7 ) . Jacques-Denys Cochin, curé de Saint-Jacques- r PARTIE t T T T-* T% • I N A T • CHAPITRE XXIII

du-Haut-Pas, a P a n s , composa desPrones ou Instructions — . Jacques-Denvs

familières sur toutes les parties du saint Sacrifice de la Cochin, curé

Messe, qui n 'augmentent pas beaucoup la somme des no- Jacqucs-du-

tions scientifiques de la Liturgie, mais que nous citons ce- a u t ~ P a s

pendant comme ouvrage français de cette époque.

( 1 7 8 8 ) . Etienne-Antoine Morcelli, jésuite si connu par Etienne t

ses travaux archéologiques, a laissé : i° Kalendarium Ec- °rce 1 , , é s u i t e '

clesiœ Constantinopolitanœ mille annorum vetustate insi

gne, primitns e Bibliotheca Romana Albanorum in lu-,

cent ediium, et veterum monumentorum comparaiione

diurnisque commentariis illustration. Rome, 1 7 8 8 , deux

volumes i n - 4 0 . — 2 ° Agapea Michaelia et tesserce Pas-

chales, 1 8 1 6 , 1 8 1 8 . Ces opuscules, d'un style trop clas

sique peut-être, ont été réimprimés ensemble, à Bologne,

1 8 2 2 , i n -8° .

( 1 7 9 0 ) . / / Breviario Romano difeso,egiustificaio contro Opuscule

il libro intitolato : Lettera risponsiva di un parroco Fio- d é f e n d a n t e

rentino alla Lettera di un parroco Pistoiese. — Cet ou- r oma în^on t r e

vrage anonyme, publié en 1 7 9 0 , sans Heu d'impression, l e p ^ " ^ d e

est dirigé contre le curé Scaramucci, l'un des fauteurs du

synode de Pistoie.

( 1 7 9 7 ) . Jean Marchetti, savant prélat romain, si connu Jean Marchetti, • . 1 T - . 1 1 • > 11 prélat romain.

par son excellente critique de r l e u r y , a laisse 1 ouvrage suivant : Del Breviario Romano, o sia delV Officio divino

e del modo di recitarlo. Rome , 1 7 9 7 , i n - 1 2 .

( 1 7 9 8 ) . Jean Gonzalès Villar, chanoine de la cathédrale Jean GonzaJès

de Léon, a donné le livre intitulé : Tratado de la sa- V l ^ e ' L é o n . 0 1 " 6

grada luminaria, en forma de diseriacion, en el que se

demuestra la antiguedad,y piedad de las vêlas, y lam-

paras encendidas a honra de Dios, y en obsequio de las

santas Imagenes, y Reliquias. 1 7 9 8 , i n - 8 ° .

Tirons maintenant les faciles conclusions des faits con- Conclusions,

tenus au présent chapitre. Il est clair, en premier lieu, qu'une conjuration a été Une conjuration

A 1 ' formée au sein

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5 8 2 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS formée au sein même des pays catholiques, dans le but LITURGIQUES . r J , . t j - J *

d insinuer l e spnt du protestantisme, à la faveur des înno-des pays .

catholiques vations liturgiques. p o u r i £ B

l p r i t n u e r II est clair, en second lieu, que le parti antiliturgiste a protestant, constamment procédé en affaiblissant l'autorité du Saint-

Lc parti / . antiliturgiste a Siège, en opérant la destruction de la Liturgie romaine,

toujours , . . . . .

travaillé à en procurant a ses adeptes, par toutes sortes d intrigues, l'aûwrîté du l'honneur de rédiger les livres destinés à remplacer ceux

S adétVuisantC n < l u c * a tradition catholique avait formés dans le cours des la Liturgie s i è c l c s . romaine.

Les liiurgistcs II est clair, en troisième lieu, que si tous nos litur-prudentTqueUies gistes français n'ont pas été aussi loin dans leur au-" & î ^ ï n e t S d a c c c ï u e l e s R i c c i > l e s G r é g o i r c > e t c - > ceux-ci les ont

toujours été hautement avoués ct recommandés comme des hommes recommandes par ceux-ci. q U ; possédaient leurs sympathies.

L'abolition de II est clair, en quatrième lieu, que l'abolition de l'an-romaineUœuvre cienne Liturgie a été unc œuvre à laquelle ont pris part

C ° tous U ?cs d e l c s hommes qui ont eu le plus à cœur de répandre le jan-LgHsTet cteia s é i s m e , le protestantisme, le philosophisme et les maximes

société. anarchiques.

L'ÉRIÎSC II est clair,enfin, qu'aumomentoù finissaitlexvm0siècle, fiallpér?r Snc l s s t l'Eglise gallicane avait laissé périr unc des branches de la branche^tie la s c j c n c c ecclésiastique ; qu'en se séparant dc la Liturgie

^lacr^éTu'n 1 a n c î c n n e ? e " e s'était séparée dans lc culte divin non seule-vain désir de ment de l'Église de Rome, mais de toutes les autres perfectionne- , *-* 1

m

ment les liens EçHscs latines, et cela sans pouvoir rétablir dans son les plus intimes . . , . m / % , . de l'unît* avec propre sein cette unité qu elle avait sacrifice à un vain désir

toutes les . - - . . . ,

églises latines, de perfectionnement, cn renonçant avec une facilite sans exemple à cette glorieuse immutabilité qui est la gloire de la Liturgie, et qui a inspiré cet axiome de tous les siècles : Legem credendi statuai lex supplicandi. Gloire et actions de grâces soient donc rendues au Seigneur, qui n'a point abandonné cctte Église au jour dc la tribulation.

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1 PARTIE CHAPITRE XXIV

C H A P I T R E XXIV

DE LA LITURGIE AU XIX e SIECLE. — EN FRANCE, RETABLISSE

MENT DU CULTE CATHOLIQUE. PROJET D'UNE LITURGIE NA

TIONALE. ACTES DU LÉGAT CAPRARA. SACRE DE NAPOLEON.

PIE VII DANS LES ÉGLISES DE PARIS. SITUATION GENERALE

DE LA LITURGIE SOUS L'EMPIRE. — CARACTERE DES ŒUVRES

LITURGIQUES SOUS LA RESTAURATION ET DEPUIS. DESTRUC

TION PRESQUE TOTALE DE LA LITURGIE ROMAINE. MOUVE

MENT INVERSE ET FAVORABLE AUX USAGES ROMAINS. NOU

VELLE MODIFICATION DU PARISIEN EN l 8 2 2 . EFFORTS DIVERS

DANS LE MÊME SENS. DIFFICULTES DE LA SITUATION, ET

SON REMÈDE. — EN ALLEMAGNE, SCANDALES DES ANTI

LITURGISTES. ORDONNANCE DE L'ÉVÊQUE DE ROTTENBO URG.

AFFAIRE DE COLOGNE. — EN ANGLETERRE, TENDANCES

FAVORABLES AUX FORMES CATHOLIQUES, ET AU BREVIAIRE

ROMAIN EN PARTICULIER. EN RUSSIE, INFLUENCE DESAS

TREUSE DE LA LITURGIE GRECQUE. — A ROME, TRAVAUX

DES PAPES SUR LA LITURGIE ROMAINE. — ' BIBLIOTHEQUE

DES AUTEURS LITURGISTES DU XIX e SIECLE.

Le xvni e siècle, en finissant, voyait s'éteindre la cruelle La persécution j HTÎ* 1* J T - « • * c e s s e e n France

persécution dont 1 Eglise de France avait eu a supporter avec le

les rigueurs pendant dix années. Dès l'année 1 7 9 9 , des x v m C s i e c l e ' oratoires publics, des églises même se rouvraient de toutes parts. Les prêtresse montraient avec plus de sécurité, les autels dépouillés revoyaient comme une ombre des anciennes pompes. On osait enfin exposer au jour ces quelques vases sacrés, ces ornements, ces reliquaires, derniers et rares débris de l'opulence catholique, soustraits

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INSTITUTIONS LITURGIQUES

Renaissance du culte

catholique.

La procession de la Fête-Dieu à Lyon, en 1 8 0 1 ,

accrue par Chateaubriand.

584 RÉTABLISSEMENT DU CULTE CATHOLIQUE EN FRANCE

à la cupidité des persécuteurs, par le mâle courage de quelque chrétien qui jouait sa tête. Rien n'était sublime comme ces premières apparitions des symboles de la foi dc nos pères, comme ces messes célébrées au sein de nos grandes villes, dans ces églises dévastées, violées, mais toujours chastes, ct tressaillant de revoir encore le doux sacrifice de l'Agneau, après les orgies des fêtes de la Raison ct les paroles de la théophilanthropie.

Dans Paris même, il advint que, tandis que les restes de l'Église constitutionnelle s'agitaient encore dans la métropole de Notre-Dame, l'étroite, mais à jamais vénérable église des Carmes dc la rue dc Vaugirard s'ouvrait à la piété des fidèles catholiques. Le sang des pontifes, des prêtres et des religieux martyrs, épanché si abondamment dans son enceinte et ses alentours, l'avait marquée pour le rendez-vous sublime des pasteurs décimés par l'écha-faud ct les misères de l'exil. A Lyon, dès 1 8 0 1 , la procession de la Fête-Dieu traversait les rues, aux acclamations des peuples enivrés de joie. « Quelle est, écrivait « à ce sujet, dans le Mercure de France,celui qui s'apprê-« tait à raconter le Génie du Christianisme, quelle est « cette puissance extraordinaire qui promène ces cent « mille chrétiens sur ces ruines? Par quel prodige la croix « reparaît-elle cn triomphedans cette même cité où naguère « unc dérision horrible la traînait dans la fange ou le <c sang? D'où renaît cette solennité proscrite? Quel chant « de miséricorde a remplacé si soudainement le bruit du « canon ct les cris des chrétiens foudroyés ? Sont-ce les « pères, les mères, les frères, les sœurs, les enfants dc « ces victimes qui prient pour les ennemis dc la foi, ct « que vous voyez à genoux dc toutes parts aux fenêtres « dc ces maisons délabrées, et sur les monceaux de pierres « où le sang des martyrs fume encore? Ces collines « chargées dc monastères, non moins religieux parce « qu'ils sont déserts; ces deux fleuves où la cendre des

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RETABLISSEMENT DU CULTE CATHOLIQUE EN FRANCE 585

« confesseurs de Jésus-Christ a si souvent été jetée : tous 1 * A * T «

« ces lieux consacres par les premiers pas du christia-« nisme dans les Gaules; cette grotte de saint Pothin, ces « catacombes d'Irénée, n'ont point vu de plus grand « miracle que celui qui s'opère aujourd'hui. »

C'est que l'amour des pompes sacrées est profondément Tristes

enraciné au cœur des Français, et que l'alliance de la foi et CTiSnnovat1ond

de la poésie, qui constitue le fond de la Liturgie catho- I

a

tpparaiMeru 1

lique, a pour eux un si grand charme, qu'il n'est ni ^ p e r s & m i o n 1

souffrances ni intérêts politiques qu'ils n'oublieraient dans les moments où de si nobles et si profondes émotions traversent leurs âmes. Combien donc avaient été coupables ou imprudents ceux qui avaient eu le triste courage, durant un siècle entier, de travailler par tous les moyens à dépopulariser les chants religieux, à ruiner les pieuses traditions qui sont la vie des peuples croyants! C'était, certes, un triste contraste que celui qui s'était offert mille fois dans le cours de la persécution, lorsqu'au fond de quelque antre ignoré, à la faveur des ombres de la nuit et du mystère, les fidèles, réunis à travers mille périls, entouraient l'autel rustique, et qu'alors le prêtre, confesseur et peut-être martyr dans quelques heures, plaçait sur cet autel non le missel des âges de foi, mais ce moderne missel rédigé par les mains impures d'un sectaire, et promulgué avec le concours des parlements, aux beaux temps dc la Régence ou de madame de Pompadour, alors qu'on travaillait de toutes mains à préparer l'affreuse catastrophe qui avait enfin éclaté. Et n'était-ce pas aussi un pitoyable spectacle que celui qui s'était offert dans la rade dc Roche-fort, en 1 7 9 8 , lorsque les neuf cents prêtres, confesseurs de la foi, réunis dans la même fidélité et dans les mêmes souffrances, ne pouvaient s'unir dans une même psalmodie, parce que le petit nombre des bréviaires qu'on avait pu introduire dans ces prisons flouantes représentaient, pour ainsi dire, autant de diocèses différents qu'ils for-

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586 CONCORDAT DE l 8 o i

INSTITUTIONS maient d'exemplaires (i). Certes, si la persécution qui L I T U R G I Q U E S i • t T - I A , / /

"— faillit dévorer l'Eglise de France, eut ete avancée d'un

siècle, on eût du moins entendu s'élever du fond des

cachots la prière uniforme des confesseurs, la prière

romaine que l'univers catholique tout entier fait monter

vers le ciel sept fois le jour. Il est vrai que le sang des

martyrs suppléait à tout. L'Eglise de France puisa dans

ce bain glorieux unc nouvelle naissance. Mais il fallut

que tout entière elle fût offerte en holocauste : la charité

pastorale, fécondée par l'obéissance au pontife romain,

immola ceux que le glaive avait épargnés. Le concordat

dc 1801 fut conclu et bientôt ratifié par Pie VI I . La bulle

pour la nouvelle circonscription des diocèses fut donnée

à Rome : la nouvelle Eglise de France devait donc tout

au Siège apostolique. Les antiques préjugés ne pouvaient

tout au plus que se débattre en expirant.

Solennité de Le concordat de 1 8 0 1 avait une grande portée litur-la publication T , . . . . . . . . . .

du concordat à giquc. Il garantissait 1 exercice du culte catholique; aussi Notre-Dame r * i t ' • i • r

de Par is le fut-il accepte comme un immense bienfait, par une nation 18 avril 1802. q U * a v a j t tressailli de joie au retour dc ses prêtres. Rien

ne pourrait dépeindre l'enthousiasme des Parisiens, lorsqu'enfm, lc 18 avril 1 8 0 2 , lc concordat fut promulgué, au milieu d'une cérémonie religieuse ct civique. C'était le jour même dc P â q u e s ; cn sorte que les fidèles avaient à solcnniscr cn même temps le passage du Seigneur quand les Israélites sortirent de rÉg} rptc, la résurrection triomphante du Christ, et la restauration miraculeuse de cette religion que, neuf ans auparavant, un décret sacrilège

(1) Nous devons ce détail, qu'il était du reste bien facile dc pressentir,

au vénérable abbé Ménochet, chanoine dc Saint-Julien du Mans, et

vicaire général, décédé cn 1834 . Il était du petit nombre de ces glorieux

confesseurs que la mort épargna, afin qu'ils pussent rendre témoignage

des scènes sublimes de Rochefort. La mémoire dc ce saint prêtre est

précieuse à Solcsmcs : nous ne saurions jamais oublier qu'il eut la bonté

de venir présider à l 'installation de ce monastère en i833, alors qu 'une

pareille démarche était un acte de courage.

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PUBLICATION DU GENIE DU CHRISTIANISME 5 8 7

avait déclarée abolie, comme si le sang pouvait autre chose 1 PARTIE

, ° . CHAPITRE XXIV

que fertiliser le champ de l'Eglise. Le bourdon de Notre-Dame, muet depuis douze ans, ébranlait encore la cité; et, comme enivrés du bruit de cet airain sacré dont la seule destination semblait être désormais de donner le signal du carnage, les citoyens s'embrassaient dans les rues sans se connaître. Les consuls se rendirent en pompe à Notre-Dame, et Ton vit les étendards français se balancer encore une fois autour du sanctuaire. Jean-Baptiste Caprara, cardinal de la sainte Église romaine, légat apostolique, célébra pontificalement sous ces voûtes réconciliées qu'ébranlaient par moments le mouvement triomphal des tambours et les fanfares belliqueuses. La France retrouvait son antique amour pour la foi catholique, et le premier consul pouvait s'applaudir d'avoir deviné les instincts de la nation : heureux s'il eût su toujours y attacher sa fortune !

Un livre d'une haute portée, publié à cette époque, Y*pêétàdu-avait grandement servi à préparer les esprits à un retour christianisme,

• 1 1 » N I I * < / * i i • • véritable

si merveilleux. Toute la France s était emue a l apparition triomphe pour

de l'épisode fameux d'un poème américain, et dans lequel commencera l'auteur faisait valoir, avec un talent inouï, l'harmonie ^ " a ^ e c t e 1 ^ 6

des cérémonies religieuses avec les grands aspects de la a n t l l l t u r B l s t e -

nature. L'ouvrage annoncé dans la préface de cet opuscule, le Génie du Christianisme parut enfin, au mois d'avril 1 8 0 2 , et ce livre, qui s'attachait à prouver que le christianisme est vrai parce qu'il est beau, avança plus la réconciliation des Français avec l'ancien culte, que cent réfutations de Y Emile ou du Dictionnaire philosophique. Sans doute, la poétique nouvelle révélée par Chateaubriand n'était pas à la portée de tous les lecteurs de ce livre; on peut même dire (surtout aujourd'hui que nous voilà pour jamais délivrés des grecs et des romains) qu'elle laisse quelque peu à désirer ; mais la partie liturgique du Génie du Christianisme, c'est-à-dire la description des fêtes, des

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588 PUBLICATION DU GENIE DU CHRISTIANISME

INSTITUTIONS cérémonies, les riches peintures des cathédrales et des L I T U R G I Q U E S 7 A

cloîtres du moyen âge, tout cela formait la partie populaire de l'ouvrage. Certes, si, quarante ans après, il est vrai dc dire que notre littérature, nos arts et notre poésie sont la réfraction plus ou moins riche de l'éclat que jeta alors ce merveilleux météore; quel ne dut pas être l'empressement de la nation, fatiguée des courses desséchantes qu'elle avait été contrainte de faire dans les champs du matérialisme, lorsqu'une main bienfaisante vint ouvrir pour elle une source intarissable dc poésie, là même où d'invincibles instincts lui révélaient qu'était toujours pour elle la véritable vie ? Et n'y avait-il pas aussi toute une réaction féconde dans cette promulgation solennelle du christianisme comme la religion éminemment poétique, un siècle et demi après Boileau, qui, digne écho des antiliturgistes dc son Port-Royal, ne voyait dans la. foi du chrétien que des mystères terribles, et dans la poésie que des ornements égayés? C'était bien cn leur qualité de littérateurs classiques, que les Foinardctlcs Grancolas avaient donné les belles théories que nous avons vues, faisant une chasse impitoyable à tous ces répons et antiennes surannés, composés dansun latin si différent decelui de Cicéron, ct fourrant toute leur œuvre nouvelle de pastiches à la façon d'Horace, comme pour faire pardonner le cliquetis peu agréable de leurs centons, pillés dans la Bible à tort et à travers, d'après tout autre système que celui de l'harmonie. Le Génie du Christianisme, en posant comme fait lapoétique du Christianisme considéré en lui-même (i), a donc exercé unc action vaste, ct ce sera un jour une longue histoire que celle des résultats sortis dc ce livre,

( i ) Les Martyrs vinrent plus tard, et fournirent, malgré quelques défauts, l'irrécusable preuve d'un fait que la postérité s'étonnera qu'on ait pu contester unc minute. Elle aura peine à comprendre le x v m c siècle, siècle prosaïque qui se mêla de tout rcfairc3 parce qu'avant lui la poésie était partout.

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LES ARTICLES ORGANIQUES DU CONCORDAT 58g

qui, entre beaucoup d'avantages, a celui d'être venu en son * PARTIE * 7 R D CHAPITRE XXIV temps. L'œil d'aigle de Napoléon en vit dès l'abord toute la portée, et il chercha à s'attacher l'auteur; Pie VII témoigna sa satisfaction de la manière la plus éclatante; Dussault, de Fontanes, le grand philosophe de Bonald, s'unirent à l'abbé de Boulogne pour célébrer l'importance de cette victoire remportée sur les ennemis de la forme religieuse.

Mais au fort même de ce triomphe, comme il est de Publication des

nécessité en ce monde que les tribulations accompagnent organiques du

toujours fidèlement les succès de l'Église, des obstacles c o n c o r d a t -inattendus vinrent tempérer la joie du Pontife romain ct de l'Église de France. Sans doute, le concordat avait été publié à Notre-Dame; mais quelques jours auparavant, le 8 avril 1 8 0 2 ( 1 8 germinal an X), jour même où ce traité avait été porté au Corps législatif, et inauguré comme loi de la République, on avait décrété en même temps, sous le nom Articles organiques,soixante-dix-sept articles dont le plus grand nombre avait été conçu ct rédigé dans le but d'amortir l'influence du catholicisme, et d'arrêter le développement de ses institutions renaissantes. Il n'est point de notre sujet de développer ici toute la série des dispositions de ce décret tyrannique, contre lequel le Siège apostolique ne tarda pas à faire entendre les plus explicites réclamations. Nous nous bornerons à relever quelques-unes des dispositions du titre III , intitulé : Diu Culte.

La première avait une portée immense, malgré sa Articles

brièveté, et elle était ainsi conçue : / / n'y aura qu'une j^fent l 'unité Liturgie et un catéchisme pour toutes les églises ca- jj* ^ [ J ^ ^ n e

tholiques de Finance. Laissant de côté le catéchisme, pour toute v 1 • - v 1 T • ^ - i a France.

bornons-nous a ce qui tient à la Liturgie. On conçoit aisément que, par suite de la nouvelle circonscription des diocèses, l'Église de France devait se trouver dans une déplorable confusion sous le rapport de la Liturgie. Le

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INSTITUTIONS LITURGIQUES

5 9 0 LES ARTICLES ORGANIQUES DU CONCORDAT

nombre des diocèses ayant été réduit de plus de moitié, et par conséquent les nouveaux évêchés se trouvant formés, cn tout ou en partie, du territoire de trois ou quatre et quelquefois jusqu'à sept des anciens diocèses, il arrivait, par suite des changements survenus au dix-huitième siècle, que la Liturgie de l'église cathédrale, loin de réunir les autres églises du diocèse dans l'unité de ses formes, se voyait disputer le terrain par cinq ou six autres Liturgies rivales. Certes, un si étrange spectacle était inouï dans l'Église; jamais en aucun temps, en aucun pays , la communion des prières publiques n'avait présenté l'aspect d'une si étrange anarchie; bien plus, pour qu'elle fut devenue possible par suite d'un remaniement des diocèses, il avait fallu qu'il existât déjà, dans un seul pays qui ne compte pas trois cents lieues d'étendue; plus de diverses formes d'office divin qu'il n'en existe dans le monde entier, sans oublier même les églises d'Orient.

Machiavélisme Les conciliabules de 1 7 9 7 et de 1 8 0 1 avaient senti l'in-împic des , . . < „ « , , .

législateurs gui convenicnt de cette situation; car, bien que 1 Eglise cons-voulaient créer . .. * , A . , , , 1

au moyen de titutionnclle comptât un eveche par département, la di-Cune barrière 0 vision de la France cn départements avait déjà grande-

?e France f ict m e n t bouleversé la circonscription des diocèses. Mais

la chVfticnté * e s évêques réunis, comme ils lc disent fort bien, trouvaient surtout dans lc projet d'une Liturgie uniforme pour la France (idée qui leur appartient cn propre), un moyen efficace dc perpétuer leur secte, si elle fut née viable, cn rattachant cctte organisation liturgique au système dc nivellement ct dc centralisation sur lequel avait été fondée la république (1) . On conçoit parfaitement cette idée dans unc Église schismatique repoussée par toutes les autres églises, et qui ne peut avoir de vie qu'en se nationalisant; mais quel machiavélisme impie

( 1 ) Voyez ci-dessus, page 558.

Page 197: Institutions liturgiques (tome_2)__2

PROJET D'UNE LITURGIE NATIONALE 5g I

que celui de ces législateurs qui , dans le moment où la 1 PARTIE

^ ° 1 7

T CHAPITRE XXIV

France venait de rentrer dans l'unité catholique, décré- '

taient que le moment était venu de travailler sérieusement

à élever pour jamais un mur de séparation entre l'Église

de France et toutes les autres? Telle n'avait pas été la

politique de Charlemagne, ni celle de saint Grégoire VI I ,

ni celle d'Alphonse VI de Castille, ces grands civilisa-

teurs qui voyaient le salut et la gloire des Etats euro

péens dans l'unité générale de la chrétienté, et qui bri

saient de si grand cœur tout retranchement derrière

lequel la religion universelle eût tendu à devenir chose

nationale. E t cependant nous avons entendu des gens

honorables, mais d'une insigne imprudence, former encore

ce souhait d'une Liturgie nationale ; ne pas sentir quelle

honte c'eût été pour la France, de se retrouver, après

mille ans, dans l'état où elle était lorsqu'elle préludait à

ses destinées de nation très chrétienne, ayant perdu et

l'antiquité vénérable de la Liturgie gallicane, et l'autorité

souveraine de la Liturgie romaine, sans autre compen

sation que des traditions qui eussent daté du xix e, ou du

xvni e siècle.

Dieu ne permit pas que cette œuvre anticatholique re- Ce projet de . . , Liturgie

eut son accomplissement. Une commission fut nommée nationale avorte

pour la rédaction des nouveaux livres de l'Eglise de divergences

France ; mais le résultat de ses travaux ne fut même pas ^rocTuisen^au6

rendu public. On sait seulement que plusieurs des mem- C o e

m m?s \ ion

bres cherchèrent à faire prévaloir, l 'un la Liturgie pari- c h a r g é e de la r i o r préparer.

sienne, l 'autre celle de tel ou tel diocèse, un autre enfin

un amalgame formé de toutes ensemble. Personne n'osa

proposer de revenir à l'ancien rite gallican, seul projet

pourtant qui eût été sensé, le principe étant admis ; mais

projet impraticable, puisque les monuments de ce rite

ont péri pour la plupart. Il en fut donc de ce projet de

Liturgie nationale, comme de la réédification du temple

de Jérusalem au iv e siècle; ou si l'on veut remonter

Page 198: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 9 2 RÉDUCTION DES FETES CHOMEES

INSTITUTIONS plus haut, comme de la tour de Babel; et le grand ^ LITURGIQUES j 1 0 m m c q U j parlait de son prédécesseur Charlemagne,

fut atteint et convaincu de n'avoir pu s'élever à la hauteur des vues dccet illustre fondateur dc la société européenne. Au reste, qu'on y regarde bien, on verra que toutes les fautes de Napoléon étaient là. Il n'est tombé de si haut que pour avoir voulu faire de l'Eglise et du Pape une chose française. Est-ce Terreur dc son esprit ? est-ce le crime de son cœur? Dieu seul le sait bien.

La liberté des Le reste des Articles organiques du titre III est em-rcwrelnte j>âr ployé à détailler maintes servitudes auxquelles l'Église

organiques, sera soumise en France. Nous citerons le X L V e article, si tyrannique, que les protestants eux-mêmes ont plusieurs fois réclamé contre : Aucune cérémonie i^eligieuse n'aura lieu hors des édifices consacrés au culte catholique, dans les villes où il y a des temples destinés à différents cultes. Ainsi avait-on cherché à atténuer la victoire du catholicisme, en prolongeant le règne de cette intolérance qui n'était plus sanglante, il est vrai, comme celle dc la Convention, mais qui allait chercher ses traditions dans les annales des parlements ct dans les fastes antiliturgistes de Joseph II et dc Léopold.

-Réduction du Pendant ce temps, d'importantes opérations liturgiques nombre des . , . , —. , . . j 1 * ^

fêtes chômées, s exécutaient à Pans , par le ministère du légat Caprara, ^ « « U n a i " " qu'une délégation apostolique avait investi de tous les droits, C e n r F r a n c l . a t nécessaires pour agir avec plénitude d'autorité dans les cir

constances solennelles où se trouvait l'Église de France. La réduction des fêtes aux seules solennités dc Noël, de l'Ascension ct de la Toussaint; la translation au dimanche de la solennité des fètcs de l'Epiphanie, du Saint Sacrement, dc saint Pierre ct de saint Paul, des saints patrons du diocèse ct de la paroisse; l'institution d'une commémoration dc tous les saints Apôtres au jour de la fète dc saint Pierre et de saint Paul, et de tous les saints Martyrs, au jour de saint Etienne; enfin, la fixation de la fête de la

Page 199: Institutions liturgiques (tome_2)__2

ACTES LITURGIQUES DU LEGAT CAPRARA 5g3

Dédicace de l'Église au dimanche qui suit l'octave de la 1 PAP.TIE

" 1 CHAPITRE XXIV

Toussaint; ce furent la de grands événements dans Tordre " liturgique, et nous aurons ailleurs Toccasion d'en peser toute la valeur. L'induit du légat, exprimant sur ce sujet les volontés apostoliques, parut le 9 avril 1 8 0 2 , et fut interprété par le légat lui-même, dans un décret rendu à la sollicitation du vicaire général de l'archevêque deMalincs, sous la date du 2 1 juin 1 8 0 4 . Nous donnerons ces diverses pièces en leur lieu.

Les dures nécessités qui contraignaient le Siège apos- jt Projet

tolique à sacrifier un si grand nombre de fêtes célèbres deux têtes

dans l'Église, au risque de contrister la piété des fidèles n o u v e 1 ^ c e l l e

catholiques, ne permirent pas d'assigner un jour spécial dc'fa'réH^aïf

à la fète longtemps projetée du Rétablissement de la reli- F^nc^etceiiede

gion catholique en France^ non plus qu'à celle de saint s ^ s a i n t s i è g e "

Napoléon, dont l'institution devenait indispensable, du décide qu'on . . - . l c s joindra a la

moment que le gênerai Bonaparte échangeait les faisceaux solennité de , , , , . , ^ , la sainte Vierge

du consulat avec le sceptre impérial. On pensa donc à patronne

joindre la célébration de ces deux fêtes nouvelles avec la d<* l a F r a n c e ' solennité même de l'Assomption de la sainte Vierge, patronne de la France. Le i5 août était aussi le jour de la naissance de l'Empereur; il eût donc été difficile de trouver un jour plus convenable pour cette triple solennité nationale. Le légat rendit sur cette matière un décret solennel qui commence par ces mots : Eximium Catholicœ Religionis, mais dont nous n'avons pu nous procurer la teneur; et, le 2 1 mai 1 8 0 6 , il adressa à tous les évêques de l'Empire une instruction détaillée sur la manière de célébrer la fonction du i5 août.

Cette curieuse instruction, que nous reproduisons dans instruction

les notes du présent chapitre ( 1 ) , était divisée en trois par- d U ] e I s f v ê q u e s l l S

ties. Dans la première, il était enjoint aux évêques d'an- ^^cfiét^afion1^

noncer par mandement ou autrement, le premier diman- t r i p i e C

S o î e n n i t é .

( 1 ) Vid. Note A.

T. IL 38

Page 200: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5g4 SACRE DE NAPOLÉON I e r

INSTITUTIONS che d'août de chaque année, la fête de saint Napoléon, • L Ï T U R G I Q U E S • m a r t y r , laquelle est en même temps la fête du Rétablisse-

ment de la Religion catholique, comme devant être célébrée concurremment avec la solennité de l'Assomption dc la sainte Vierge. Ils devaient semblablemcnt annoncer la procession de l'action de grâces qu'on aurait à célébrer, conformément au rite usité dans VEglise : Juxta réception Ecclesiœ ritum ; et enfin publier une indulgence plénièrc attachée à la bénédiction papale que Sa Sainteté leur accordait de pouvoir donner ledit jour de l'Assomption, après la messe pontificale.

Légende de La seconde partie de l'instruction renfermait la légende s a m Jom a te°à e o n ' de saint Napoléon, destinée à être lue, en neuvième leçon,

l'instruction. flux m a t j n e s del'Assomption. On s'était sans doute donné beaucoup de peine pour la conduire à une si raisonnable longueur; mais, quoi qu'il en soit, l'office du saint martyr avait été complété au moyen des oraisons de la messe Lœtabitur, au Missel romain. Le rite à observer pour la bénédiction papale était détaillé dans la troisième partie de l'instruction.

Sacre Le sacre de Napoléon avait été aussi un grand acte d e ^cco°mpfi I e i Miturgique : mais, cn cette qualité même, il exprimait

circonltanccs d'une manière bien significative toute la distance qui sé-q di iKnmcc d u * parait le nouveau Charlemagne dc l'ancien. On pouvait, "u^Ll^de5 c e r t e s > comprendre que la Liturgie est l'expression de la Charlemagne. religion dans un pays, quand on vit le pontife romain,

accouru, par le plus généreux dévouement, pour prêter son ministère à un si grand acte, attendre, cn habits pontificaux, sur son trône, à Notre-Dame, pendant une heure entière, aux yeux de toute la France, l'arrivée du nouvel empereur; quand on vit Napoléon prendre lui-même la couronne, au lieu de la recevoir du pontife, et couronner ensuite de ses mains profanes le front d'une princesse sur lequel, il est vrai, le diadème ne put tenir; quand on vit enfin l'évêque du dehors, sacré de l'huile

Page 201: Institutions liturgiques (tome_2)__2

VOYAGE DE PIE VII EN FRANCE 5g5

sainte, s'abstenir de participer aux mystères sacrés, 1 PARTIE

7 A - • CHAPITRE XXIV

terrible présage de l'arrêt qui devait, cinq ans plus tard, le retrancher de la communion catholique. Ce ne fut qu'en faisant violence aux règles les plus précises de la Liturgie (dérogation d'ailleurs légitimée par la plénitude d'autorité qui résidait dans le pontife), que l'antique rite du sacre put être accompli à l'égard de Napoléon : nous verrons encore ailleurs que la royauté de nos jours, absolue ou constitutionnelle, n'est plus taillée à la mesure des anciens jours. Les peuples, au contraire, ne demandent qu'à se nourrir des plus pures émotions de la Liturgie.

Rien ne pourrait rendre l'enthousiasme des fidèles dc , £ c c u ?j i *ait * a Pie VII par les

Paris et des provinces, durant les quatre mois que Pic VII fidèles d e P a r i s , et scs visites

passa dans la capitale de l 'Empire. Il n'y avait cependant aux églises

rien d'officiel ni de cérémonieux dans cette affluenec qui y

inondait les églises où le Saint-Père venait célébrer la

messe. Les fidèles se pressaient par milliers autour dc la

table sainte, dans l'espoir de recevoir l'hostie du salut des

mains mêmes du vicaire de Jésus-Christ, et c'était un

spectacle ineffable que celui qu'offrait cette multitude,

chantant d'une seule voix le Credo entonné par le curé,

environnant comme d'une atmosphère de foi le pieux pontife

qui, dans un recueillement profond, célébrait le sacrifice

éternel, et rendait grâce de trouver encore tant de reli

gion au cœur des Français. Saint-Sulpice fut la première

église de Paris honorée de la visite du pontife, le quatrième

dimanche de PAvent, Notre-Dame le posséda le jour

même de Noël ; mais il n'y célébra qu'une messe basse,

parce qu'on n'aurait pu réunir les conditions liturgiques

d'une fonction papale. Le jour des Saints-Innocents, il fa

vorisa Saint-Eustache de sa présence apostolique, et le

3o décembre, Saint-Roch reçut le même honneur. Saint-

Etienne-du-Mont accueillit le pontife, le 12 janvier i8o5,

et Sainte-Marguerite, le 10 février. Il visita Saint-Germain-

Page 202: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 9 6 VOYAGE DE PIE VII

(1) On peut voir sur cela les journaux du temps, mais surtout lc précieux recueil intitulé : Annales philosophiques et littéraires3 rédigé alors par l'abbé de Boulogne, qui fut depuis évêque de Troyes.

INSTITUTIONS PAuxerrois le 1 7 février; Saint-Merry, le 2 4 ; Saint-— Gcrmain-des-Prés, le 3o mars, et Saint-Louis en l'île, le 1 0

du même mois. Nous ne parlons ici que des églises où Pie VII célébra la messe et donna la communion aux fidèles, et nous nous sommes complu dans cette énu-mération, afin que la mémoire de ces faits si honorables à ces églises ne périsse pas tout à fait (1) . Il y aurait un beau livre à faire sur le séjour de Pie VII en France, à cette époque ; mais rien peut-être ne serait plus touchant à raconter que les visites que le pontife faisait à ces églises qui portaient encore les traces de la dévastation qu'elles avaient soufferte, ct dans lesquelles il célébrait la messe avec le recueillement angélique si admirablement empreint sur sa noble et touchante figure. Les Parisiens, dont il était l'idole, disaient sur lui ce beau mot, qu'il priait en pape. Entre autres spectacles liturgiques qui frappèrent leurs regards, il en est deux qui firent une plus profonde

Consistoires impression. L'un fut la tenue d'un consistoire public, le p u b l i t e n u s S e c r e t t e r février i8o5, dans lequel les cardinaux de Belloy et VèapariTparé Cambacérès reçurent le chapeau de cardinal; après quoi,

l e P o n t i f c a i n P i e ^ * présida un consistoire secret dans lequel furent préconisés dix archevêques ou évêques. Les murs de l'archevêché, qui depuis ont croulé sous les coups d'une fureur sacrilège, furent témoins de cette scène imposante qui, depuis bien des siècles, s'était rarement accomplie hors de l'enceinte dc Rome.

Pie vil sacre Le lendemain, jour dc la Purification, une autre pompe de 1poi étllr\Uet Sde émut les catholiques de respect et d'enthousiasme : elle se à Sain^Iuîpiee. déploya en l'église dc Saint-Sulpice. Le pape y consacra

les nouveaux évêques de Poitiers et de La Rochelle, et l'on vit en ce moment la grâce du caractère épiscopal découler de la même source que la mission canonique.

Page 203: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EN FRANCE 5g7

Tels étaient les riches et féconds moyens que la divine 1 PARTIE

. . . i i T-I • C H A P I T R E XXIV Providence avait choisis pour rattacher les Français au

centre de l'unité catholique, à la veille des malheurs inouïs triompha* du

qui se préparaient à fondre sur l'Église romaine, au grand ^Vra^e?" péril de l'unité et de la foi. Pie VII partit enfin de Paris le 4 avril, et son vo} rage à travers la France fut un triomphe continuel. Il s'arrêta le dimanche des Rameaux à Troyes , bénit les palmes et célébra une messe basse dans la cathédrale. L'ancienne cathédrale de Chalon-sur-Saône eut la gloire de le posséder, les trois derniers jours de la Semaine sainte, et le vit, le jour de Pâques, célébrer le saint Sacrifice dans son enceinte. Le pontife ne put encore d i re qu'une messe basse par la même raison qui avait privé Notre-Dame de Paris de l 'honneur de servir de théâtre sacré à une solennité papale.

Mais le moment le plus tr iomphal du voyage du pontife son séjour

fut peut-être celui de son séjour à Lyon, en cette ville si a L y o n " justement appelée la Rome de la France. Pie VII y entra le 1 6 avril. Le lendemain, il célébra la messe dans la vieille primatiale, qui a vu deux conciles œcuméniques et la réunion de l'Église grecque et de l'Église latine. L'af-fluence était extrême, et la vaste basilique ne pouvait contenir la multitude condensée des fidèles lyonnais. On vit une foule de personnes qui n'avaient pu pénétrer dans son enceinte qu'après la sortie du pontife, se précipiter avec enthousiasme et baiser le siège où il s'était reposé, le prie-Dieu où il avait fait ses prières, le tapis sur lequel il avait posé ses pieds. Le 1 8 avril, Pie VII revint célébrer la messe dans la primatiale, et ce ne fut qu'après avoir donné la communion à douze cents fidèles, ce qui dura trois heures, que ses bras apostoliques se reposèrent. Le même jour, dans l 'après-midi, il les étendit encore, en présence de la cité tout entière, réunie sur l'immense place Bellecour, et ce fut pour bénir, avec une pompe magnifique, les drapeaux de la garde lyonnaise.

Page 204: Institutions liturgiques (tome_2)__2

5 9 8 SITUATION GÉNÉRALE DE LA LITURGIE SOUS L'EMPIRE

INSTITUTIONS Toutefois, ce spectacle fut moins sublime encore que LITURGIQUES 7 R ~

celui qui s'était ofFcrt la veille, lorsque le successeur de saint Pierre, assis sur une barque, parcourait les alentours de la ville enivrée de joie. Le peuple fidèle couvrait, a [lots pressés, les deux rives; le pontife, comme Jésus-Christ lui-même, bénissait la foule du sein de la nacelle, ct le Rhône, fier d'un si noble fardeau, semblait atteindre à la gloire du Tibre. Mais n'affaiblissons point, par des récits incomplets ct sans couleur, le charme et la grandeur de cette sublime apparition dc la majesté apostolique qui se révéla soudain aux Français. Bientôt Pie VII rentre dans Rome pour quatre années encore : voyons ce que devenaient cn France les traditions du culte divin, subitement ravivées par un événement si merveilleux.

Napoléon On était en 1 8 0 6 ; le projet d'une Liturgie nationale a d ° c ï a p e H c r S a était encore dans toutes les bouches; mais la Commission

parisienne préposée à cette œuvre ne produisait rien. Le fameux projet avorta donc, ct il n'en resta plus de mémoire que dans les articles organiques. D'autre part, cependant, Napoléon étant empereur, et empereur sacré par le pape, il devenait nécessaire qu'il eût unc chapelle impériale, et aussi que cette chapelle célébrât l'office divin suivant les règles d'une Liturgie quelconque. L'ancienne cour, comme on l'a vu ailleurs, observait l'usage romain, depuis Henri III; Napoléon, si jaloux de faire revivre en toutes choses l'étiquette dc Versailles, y dérogea sur ce point. Il abolit la Liturgie romaine, et décréta que les livres parisiens seraient les seuls dont on ferait usage en sa présence. Grand honneur assurément pour Vigier et Méscnguy, mais preuve nouvelle dc l'antipathie que le grand homme, si clairvoyant, avait conçue pour tout ce qui pouvait gêner ses rêves d'Eglise nationale.

Dans toute Dans toute la durée de l'empire, nous n'avons décou-de^i'cm^re, vert aucune nouvelle composition liturgique à l'usage

paraître6 aucune d'un diocèse particulier. Il y eut sans doute des utopies

Page 205: Institutions liturgiques (tome_2)__2

CARACTÈRE DES ŒUVRES LITURGIQUES SOUS LA RESTAURATION 5gg

comme au siècle précédent: mais le temps n'était pas 1 PARTIE

r • t i-i # i • • A C H A P I T R E XXIV

propice a en faire parade. Cette époque ne produisit même ; ; pas une nouvelle édition parisienne des livres de Vinti- nouVcHefLyon

mille. Nous ne connaissons guère que le diocèse de Lyon s e u I r

ct\™pnmc

qui ait alors réimprimé les livres de son Montazet. La d e M o n t a z e t -guerre absorbait tout, et d'ailleurs le moment était peu favorable pour songer à faire du neuf sur la Liturgie, quand la catholicité de la France était elle-même en péril, et que le pontife triomphateur de i 8 o 5 , traversait la France sous les chaînes de sa glorieuse confession.

Le Fort armé qui avait refusé le rôle de Charlemagne, Louis xvm , , i * i - • * . r • rétablit

tomba avant le temps, et les églises respirèrent ; toutefois, la Ljturçie

la liberté du catholicisme ne fut pas restaurée avant l'an- cha S r iîe. cienne djmastie. Il n'est point de notre sujet de raconter ce que l'Église souffrit durant quinze années, ni ce qu'elle a pâti depuis ; nous n'avons qu'à raconter le sort de la Liturgie. D'abord, Louis XVIII rétablit, dès son arrivée, l'usage de la Liturgie romaine dans les chapelles royales : la simple raison d'étiquette l'eût demandée, et nous ne nous arrêterons point à chercher dans cet acte une valeur ou une signification qu'il ne saurait avoir.

Mais, avant d'entrer dans quelques détails sur cette sacre époque, nous rappellerons ici deux grands faits qui la

deàCRelms.X

dépeignent assez bien, du moins sous le point de vue qui nous occupe. Le premier est le sacre de Charles X, à Reims. En cette circonstance, la Liturgie fut encore l'expression de la société. On ne se servit point du Pontifical romain dans la cérémonie, comme on avait fait au sacre de Napoléon, mais bien du cérémonial usité de temps immémorial dans l'Église de Reims, et dont les formules remontent probablement à l'époque delà seconde race de nos rois. Or ce fut ce vénérable monument, dont A ^ l a g ° { î 8

l e

la teneur fut discutée en conseil des ministres, et dont les cérémonial r i r > M I antique de cette

formules lurent trouvées incompatibles avec nos mœurs fonction

constitutionnelles et gallicanes. On le vit donc bientôt lesmînîsïS!

Page 206: Institutions liturgiques (tome_2)__2

ÔOO CARACTÈRE DES ŒUVRES LITURGIQUES

UT"ROIQXUES s o r t * r des presses de l'imprimerie royale i portant, en dix " endroits, la trace des plus violentes mutilations. Nous

pour complaire ,

au libéralisme donnerons ailleurs le détail de cette opération libérale;

moderne, m a j 5 t o u t d'abord une réflexion se présente à notre esprit, ct nous ne pouvons nous empêcher de la produire; c'est que si la cérémonie du couronnement d'un roi est devenue, de nos temps, si difficile à concilier avec la forme qu'on lui donna lors dc son institution, il eût été mieux, ce semble, dc s'abstenir dc la renouveler. Il avait été également convenu, en conseil des ministres, que le roi ne

r o p p o ï f î o n d e toucherait pas les ccroucllcs; tant on cherchait à décliner l e S r o i m t o u c h c l e s t o u l e ^ a P o r t ^ c d'un acte qu'on croyait pourtant devoir

écroueiics. offrir en spectacle à l'Europe ! Il advint néanmoins qu'à Reims même, cette détermination fut changée. S'il était

de notre sujet d'entrer ici dans les détails, nous dirions des choscs étranges. Quoi qu'il en soit, lc pieux roi toucha les écrouclles; car sa foi était digne d'un siècle meilleur, ct si la couronne posée sur son front, après tant dc disais-^ sions politico-liturgiques, n'y put tenir longtemps, il a été ' du moins au pouvoir de Dieu de la remplacer par unc autre plus solide ct plus inattaquable.

L a m c n i M C " ^ n c a u t r c P o m P c de la même époque qui montra lc des traditions grand besoin qu'on avait alors dc fortifier, même dans les

liturgiques 1 7 , . se manifeste choses de pur extérieur, les traditions liturgiques dc tous

jusque dans les _ c . . . . .. , pompes de les temps, fut ki translation des reliques dc saint \ incent

la translation . — , r , , i i • J "* des reliques dc de Paul, bans doute, cette cérémonie dans son objet dut

M I 3è P a Û L n l £ t r c c t f u t i c n c I ï c t » u n s l l î c t de consolation pour r Église, c tde triomphe pour les fidèles; mais, si lc procès-verbal détaillé dc la fonction! parvient à la postérité, ct que la postérité veuille juger dc cette translation d'après les règles observées dans toutes les autres, clic cn conclura que nos moeurs, à cctte époque, étaient grandement déchues de cctte solennité qui sc trouve h l'aise dans les formes liturgiques. Le xviic ct lc xvm c siècle lui-même, eussent mieux fait, et tout dégénérés qu'ils étaient, ils eussent jeté des

Page 207: Institutions liturgiques (tome_2)__2

SOUS LA RESTAURATION ET DEPUIS 6oi

chapes et des tuniques sur les épaules de ces six cents 1 PARTIE

R . . . . , , R • 1 • / CHAPITRE XXIV

clercs qu on vit circuler en rangs mille fois brises, couverts

de surplis étriqués et plissés, avec l'accompagnement d'un

bonnet pointu-, ils eussent revêtu pontificalement ces

dix-sept archevêques et évêques qu'on vit marcher à la

suite des chanoines, en simple rochet, mozctte et croix

pectorale, au rang des dignités du chapitre dc Notre-Dame;

mais surtout ils n'eussent pas laissé à des ouvriers affublés

d'aubes, le soin exclusif de porter la châsse du saint. On

eût préparé pour cela des diacres couverts des plus riches

dalmatiques, des prêtres ornés de chasubles somptueuses,

enfin les évêques, mitre en tête, auraient à leur tour par

tagé le fardeau, suivant l'ancien terme des récits de trans

lation, sitccollantibits episcopis* Ainsi s'accomplissaient

autrefois les fonctions liturgiques; ainsi lesreverrons-nous

encore, dans l'avenir, étonner les peuples par la majesté

et la pompe qui caractérisent en tout l'Église catholique.

Elle doit tenir à cœur dc mériter les reproches de ses

ennemis les rationalistes, qui croient la déshonorer en

l'appelant la Religion de la forme, comme si le premier

de ses dogmes n'était pas de croire cn [Dieu créateur des

choses visibles aussi bien que des invisibles, et dont le

Fils unique S'EST FAIT CHAIR et a habité parmi nous.

L'époque de la Restauration, à la différence de celle de Pendant.

n • c I _ I I J I_ J» ' la Restauration

1 empire, fut remarquable par le grand nombre d opéra- de nombreuses

tions liturgiques qui la signalèrent. De nombreux bré- Ht^rglquês'son'

viaires, missels et rituels, furent réimprimés, corrigés, t 0ufw™^i*aprè«

refondus, créés même de nouveau. On ne peut nier que l e s . f u r î e s t e s

r principes des travaux dans ce genre ne fussent assez à propos à d u x v n « e t d u

xvin B siècle

cette époque de paix et de prospérité universelle. C'était le mais avec*

moment de venir enfin au secours des diocèses fatigués qind?cesS

de l'anarchie liturgique et de la bigarrure que présentait dmemëures*

la plus grande partie d'entre eux. Que s'il fautmaintenant

faire connaître ce que nous pensons de cette nouvelle

crise, nous dirons, avec tous les égards dus à des contem-

théories.

Page 208: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 o 2 CARACTÈRE DES ŒUVRES LITURGIQUES

I N S T I T U T I O N S porains, qu'elle nous semble n'avoir fait autre chose L I T U R G I Q U E S r * i r • J

qu accroître la contusion déjà existante; tout en nous réservant d'ajouter qu'au milieu de cette confusion même, les indices d'un retour prochain à de meilleures théories se manifestent dc toutes parts.

Extinction Comment, en effet, au xix° siècle, eût-il été possible de C O T K i e n c c C * réussir dans une forme liturgique, quand il est évident

n t F r i 2 c e . e n pour tout le monde que la science liturgique a totalement cessé parmi nous? S'il en est autrement, qu'on nous cite les ouvrages publiés cn ce siècle qui attestent le contraire; qu'on rende raison dc tant de règles violées, de tant de traditions anéanties, de tant de nouveautés inouïes mises à l'ordre du jour. Certes, les voies défait commises, sous le prétexte de restaurations ct d'embellissements, contre. les monuments dc l'architecture catholique, donnent assez l'idée des ruines d'un autre genre que l'on a su accumuler. Jusqu'en 1 7 9 0 , les débris du passé empreints dans les institutions, les corps ecclésiastiques, conservateurs dc leur nature; la Liturgie romaine célébrée encore dans un grand nombre de monastères ct autres lieux exempts; l'éducation d'alors plus empreinte de formes extérieures que celle d'aujourd'hui, tout cela contribuait à amortir la chute des anciennes moeurs liturgiques. De nos jours, au contraire, où l'Église avait perdu la plus grande partie dc ses moyens extérieurs; où le loisir manquait pour lire les saints Pères ; où le droit canonique n'était plus enseigné que par lambeaux dans des cours rapides de théologie morale ; qui songeait à sauver les traditions liturgiques déjà si amoindries, et faussées, comme on l'a vu, sur tant de points ?

inconvénients De là sont venus (et nous éviterons constamment dc confusion l et de nommer des personnes vivantes), de là sont venus, disons-cette ignorance. n o u s ^ c e s changements de bréviaire qui se sont répétés

jusqu'à deux et trois fois en vingt ans pour un même diocèse ; de là ces usages vénérables maintenus par une

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S O U S L A R E S T A U R A T I O N E T D E P U I S 6o3

I PARTIE CHAPITRE XXIV

Grâce aux innovations

liturgiques, le gouvernement

de Louis-Philippe

montre les prétentions les plus exagérées

administration, supprimés par celle qui la suivit, rétablis avec modification par une troisième; de laces cérémonies transportées sans discernement d'un diocèse dans l'autre, sans nul souci de la dignité respective des églises', qui s'oppose à de pareils emprunts; de là ces réimpressions de bréviaires en contradiction avec le missel, de missels en contradiction avec le bréviaire ; de livres de chœur sans harmonie entre eux ; de là ces rubriques inouïes, ces fêtes sans antécédents, ces plans généraux de bréviaires qui ne ressemblent à rien de ce qu'on a vu, même au xvni e siècle, et dans lesquels on a si largement appliqué le système de la diminution du service de Dieu ; de là l'interruption presque universelle de l'office canonial dans les cathédrales; et il en est où la bonne volonté ne suffirait pas, attendu que les livres de chœur ne sont encore ni rédigés, ni imprimés ; de là, en plusieurs endroits, la suppression de fait ou de droit, quelquefois l'une et l'autre, de cérémonies historiques et populaires, de rites et bénédictions inscrits pourtant au rituel diocésain; de là, tant de milliers de tableaux et d'images des saints commandés et chèrement payés, sans qu'on prenne soin d'y faire représenter ces amis de Dieu et du peuple chrétien, avec les attributs, les couleurs et autres accessoires qui les caractérisent expressément. Nous ne pousserons pas plus loin, mais certainement nous ne disons rien ici que nous n'ayons entendu mille fois de la bouche des curés les plus vertueux et les plus éclairés ; nous dirons mieux, de la bouche même de plusieurs de nos premiers Pasteurs. Tous, il est vrai, attendaient de meilleurs temps, et nous avons bien aussi cette confiance.*

Ajoutons encore un mot pour signaler tout le malaise de notre situation liturgique. Qui n'a entendu parler des vexations dont la France entière a été le théâtre depuis dix ans, quand le nouveau gouvernement exigea l'addition expresse du nom du roi à la prière Domine, salvum?

Page 210: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 0 4 DESTRUCTION PRESQUE TOTALE

(i) Voyez îes Missels de Lyon, de Bourges, du Mans, de Poitiers, etc.

INSTITUTIONS N 'avons-nous pas alors porté la peine d'une t rop grande L I T U R G I Q U E S * V A A 3 G 1

complaisance a 1 égard des souverains? bans rappeler de "a pr iè re l 'insertion irrégulière du nom du roi au Canon dc la pour le roi. m c s s C 9 entreprise qu'on peut regarder comme prescrite

aujourd'hui, quelle n'eût pas été notre indépendance à l'égard des circulaires ministérielles, si nous eussions accepté dans son temps la sage constitution dc Benoît XIV, du 2 3 mars 1 7 5 3 , qui défend aux supérieurs ecclésiastiques d'accéder aux volontés des princes qui leur enjoignent de faire célébrer des prières publiques ? Pourquoi , dans certains diocèses, cn est-on venu jusqu 'à prescrire à toute's les messes chantées des dimanches et fêtes, l'usage d'une oraison solennelle, pro Rege, laquelle oraison se retrouve encore comme une partie obligée des 'prières qui se font au salut du Saint-Sacrement, tandis qu'il est inouï dans ces mêmes diocèses que les rubriques prescrivent jamais unc oraison pour le Pape? Enfin, s'il arrivait, ce que nous ne souhaitons pas, que le gouvernement de notre pa}rs vînt à tourner totalement à la démocratie, quelle messe chanterait-on dans certains diocèses, le X X I I e dimanche après la Pentecôte (i) ?

Tout le nurt dc II est vrai que ces entraves imposées à la liberté dc notre situation ^ , , r , • , , ^ , ,

vient de 1 Eglise ont ete fabriquées dans d autres temps, Notre nos devanciers. t Q V ^ s j nous en avons un, est simplement de n'avoir pas

secoué assez tôt un joug que les xvn" ct xvin 0 siècles nous ont légué : il faut même reconnaître que toutes les fautes que nous avons pu faire en notre époque ont été comme nécessaires. Nos pères nous ont laissé, avec leurs préjuges, la succession de leurs œuvres , et si la Liturgie est aujourd'hui une science à créer de nouveau; c'est qu'elle est tombée sous les coups de nos devanciers. Tout le mal de notre situation vient donc d'eux; le bien qui reste à raconter est de nous seuls.

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DE LA LITURGIE ROMAINE 6o5

Mais avant de tracer le tableau, si incomplet qu'il soit, 1 PARTIE

CHAPITRE XXIV

de la régénération liturgique, nous manquerions à la fidé-- • • / L I N * • • • »• • • I „_ De nouveaux lite de 1 historien, si nous ne signalions pas ici les entre- attentats sont

prises dirigées de nos jours, dans plusieurs diocèses, d , p î u s f e u r 8 8

contre la Liturgie romaine. Les remarques que nous avons d l j £ Lf t

s

U rgf e

t r e

faites jusqu'ici portent sur les diocèses qui, à l'ouverture romaine.

du siècle présent, se trouvaient déjà nantis d'un nouveau bréviaire; car nous laissons toujours de côté la question de droit, et nous ne jugeons les innovations que d'après les principes généraux de la Liturgie. Il en est tout autrement de l'expulsion violente du Bréviaire et du Missel romains; attentat qui a eu lieu plusieurs fois depuis I 8 I 5 , dans des diocèses où cette Liturgie avait survécu à tous nos désastres, à toutes nos erreurs. Nous ne craignons pas de nous faire ici le champion de la Liturgie romaine, et nous demanderons volontiers, comme les évêques de Saint-Malo et de Saint-Pol-de-Léon à l'archevêque de Tours, en 1 7 8 0 , quelle peut être l'utilité de rompre, dc nos jours, un lien si sacré avec la Mère des Eglises ? Telle MV d'Aviau, , . . , . , , . / 1 1 le plus saint

était aussi la manière de penser du plus saint prélat de prélat de notre

notre temps, Charles-François d'Aviau du Bois de mdnuent

Sanzay, archevêque de Bordeaux, qui maintint avec tant l a

r ^ S e

de zèle dans son diocèse la Liturgie romaine, en même à Bordeaux,

temps qu'il donnait, en 1 8 2 6 , comme en 1 8 1 1 , de si glorieux témoignages de son attachement aux prérogatives du Siège apostolique. Un bruit se répandit dans ces derniers temps, que l'Église de Bordeaux était menacée de voir les livres de saint Grégoire remplacés par ceux de Vigier et Mésenguy; mais cette nouvelle, sans doute, n'était qu'une fausse alarme.

Malheureusement, il n'en a pas été ainsi cn tous lieux. Dans certains

Il n'est que trop certain que plusieurs autres diocèses ont on^a^usqu'à

franchi le pas. Il en est même où on est allé jusqu'à d e f e n d ^ r u s a g e

défendre l'usage des livres romains, et nous pourrions l i v r e s r o m a i n s " même citer un diocèse où l'évêque, pour ne pas fulminer

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6o6 DESTRUCTION PRESQUE TOTALE DE LA LITURGIE ROMAINE

INSTITUTIONS cette défense, a eu à lutter contre ses conseillers. Il est L I T U R G I Q U E S . %

• vrai que depuis, dans ce même diocèse, de graves casuistes ont décidé que la récitation du Bréviaire romain n'était des lors qu'un PÉCHÉ VÉNIEL! Et qu'on ne croie pas qu'il s'agisse ici de quelqu'un de ces diocèses où l'on est en possession d'une Liturgie vieille au moins de cinquante années; non, dans le Diocèse dont nous parlons, les livres romains sont encore à peu près les seuls qu'on trouve dans les sacristies et sur les pupitres du chœur.

La Liturgie Que dirons-nous dc la Bretagne? Cette belle et catho-romaïne . . . . .

détruite en lique province, toute romaine encore jusqu en 1 7 7 0 , a vu B r e « r ! n d

a u s'effacer par degrés cette couleur qui annonçait si expres-détmnent^de la s j v c m e n t s a qualité de pays d'Obédience ; mais du moins

des mœurs. e n XJQ0, et longtemps encore depuis, les diocèses de Nantes, de Rennes, de Vannes et de Saint-Brieuc, avaient conservé l'extérieur de la Liturgie romaine. Le clergé récitait ses heures suivant Jacob, Vigier et Mésenguy; mais le peuple était demeuré en possession de ses chants séculaires dans les églises paroissiales. Depuis, on a imprimé à grands frais d'autres livres ; les anciennes mélodies, l'ancien calendrier, ont disparu pour faire place, ici au parisien, là au poitevin; mais si, dans quelques portions plus civilisées de la Bretagne, ces changements ont été accueillis avec quelque indifférence, il n'en a pas été de même dans les diocèses peuplés par cette race énergique ct forte de croyances qu'on appelle du nom de bas Bretons. L'œuvre nouvelle jusqu'ici ne les tente pas, et quand ils y seront faits, on pourra dire que l'indifférence religieuse les aura gagnés aussi : car on ne s'imagine pas, sans doute, que ces braves gens deviendront capables d'apprendre par cœur les nouveaux chants, par cela seul qu'on les aura forcés d'oublier les anciens. Ils oublieront en même temps le chemin de l'église où rien ne les intéressera plus. Nous le disons avec franchise, la destruction de la Liturgie romaine en basse Bretagne,

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MOUVEMENT INVERSE ET FAVORABLE AUX USAGES ROMAINS 6 0 7

parlée dans cette contrée, amènera pour résultat de faire de ce peuple grossier le pire de tous. Si vous lui ôtez la langue de ses pères, si vous le lancez, tout sauvage qu'il est, dans nos mœurs corrompues, et que vous ne le reteniez pas enchaîné à son passé au moyen des pompes et des chants religieux, vous verrez, au bout de trente ans, ce que vous aurez gagné aux nouvelles théories.

En attendant, l'esprit catholique de ces populations Résistance des , , / , , . . . . populations

simples se débat contre les entraves qu on lui impose. à ces On rencontre sur les routes des familles entières qui, m n o v a t l o n s -après avoir vu célébrer dans leur paroisse les funérailles d'une personne chère, avec des chants jusqu'alors inconnus pour elles, s'en vont à trois et quatre lieues faire chanter, dans quelque autre paroisse dont les livres romains n'ont pas encore été mis au pilon, une messe dQ Requiem; ils veulent entendre encore une fois ces sublimes introït, offertoire et communion, qui sont demeurés si profondément empreints dans leur mémoire, comme l'expression à la fois tendre et sombre de leur douleur; Aux fêtes de la sainte Vierge, après avoir écouté patiemment chanter les psaumes sur des tons étrangers, quand vient le moment où devrait retentir l'hymne des marins, VAve maris Stella, merveilleux cantique sans lequel l'Église romaine ne saurait célébrer les solennités de la Mère de Dieu, et que le chantre vient à entonner ces hymnes nouvelles dont pas une syllabe jusqu'ici n'avait frappé l'oreille de ce peuple, vous verriez dans toute l'assistance le déplaisir peint sur les visages; vous entendriez les hommes et jusqu'aux enfants trépigner d'impatience, et bientôt, après l'office, se répandre en plaintes amères de ce qu'on ne veut plus chanter ce beau cantique qu'ils ont appris sur les genoux de leurs mères, et dont le matelot mêla si souvent les touchants accents au bruit des vents et des flots dans la tempête.

combinée avec la proscription de la langue jusqu'ici 1 PARTIE

R R J T. CHAPITRE XXIV

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6o8 MOUVEMENT INVERSE

I N S T I T U T I O N S

L I T U R G I Q U E S

nouv

parisienne.

Quand le curé, du haut de la chaire, faisant son prône, le dimanche, au lieu dc cette belle liste de saints protec-

suMcs^deVcs teurs qu'offrait chaque semaine le calendrier romain, m u t é s que donne en quatre paroles le bref détail des saints qu'on a

leur présente bien voulu conserver; quand la monotone série des di-la Liturgie ' x

manches après ia Pentecôte se déroule pendant cinq ou six mois, sans que les yeux de ces hommes simples voient sc déployer les couleurs variées des confesseurs et des martyrs, sans qu'ils entendent chanter cette autre hymne, qu'ils aimaient tant et qu'ils savaient tous, Ylsie confessor, avec son air tantôt champêtre, tantôt triomphal; alors ils se prennent à demander à leurs recteurs quel peut être l'avantage de tous ces changements dans la manière d'honorer Dieu; si les chrétiens du temps passé qui chantaient Ave maris Stella et Iste confessor ^

ne valaient pas bien ccux d'aujourd'hui; si les livres de notre Saint-Père lc Pape ne seraient pas aussi bons que les nouveaux qu'on a apportes tout à coup; ct souvent les recteurs sont dans un grand embarras pour leur faire saisir tout l'avantage que la religion devra retirer de ces innovations. Dans ces contrées, et nous parlons avec connaissance dc cause, l'ancien clergé a tenu jusqu'à la fin pour lc romain, ct c'est parce que ses rangs s'éclaircissent de jour cn jour, que les changements deviennent possibles : mais, nous lc répétons, si la religion vient à perdre son empire sur les Bretons, elle ne le regagnera pas de sitôt, ct on sentira alors qu'il était plus facile de retenir ces hommes dans l'Église, que de les y faire rentrer quand unc fois ils en seront dehors.

Restait encore jusqu'en 1835, au fond de la Bretagne, un diocèse qui, garanti par son heureuse situation à l'ex-

jurau4nmi835 trémité de cctte province, par l'intégrité des mœurs anti-c s t n o u v e a u U n ° l u e s ^ c s c s h â t a n t s , n'avait point pris part à la défec-

bréviairc. t j o n universelle. Quimpcr avait conservé le romain, comme Marseille le conserve avec sa foi méridionale,

L'Église de Qu imper

fidèle au

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ET FAVORABLE AUX USAGES ROMAINS 6 0 9

comme Saint-Flour au sein de ses pauvres et stériles i PARTIE-r C H A P I T R E XXIV

montagnes; lorsque tout à coupon apprit qu'un nou-veau bréviaire allait prendre la place que le romain occupait dans cette église depuis le concile de Tours de 1583 . Nous ne dirons que la vérité, si nous disons que cette mesure a profondément affligé les personnes les plus respectables dans le clergé; mais il nous faut ajouter, ce qui est tout à fait affligeant, que la propagande protestante a trouvé dans cette déplorable innovation des armes contre la foi des peuples et qu'elle s'est hâtée de s'en servir. « Vous changez donc aussi, a-t-elle dit; il vous est donc , Réflexions

0 , r des protestants

« libre de prendre et de quitter les formules sacrées de à ce sujet.

<i l'Église de Rome? Vos dogmes qui reposent sur la « tradition, suivant votre dire, sont-ils à l'épreuve des a variations, du moment que vous êtes si faciles à changer « les prières qui les expriment? Vous avouez donc qu'il « y a de l'imparfait, de la superfétation, des choses inad-« missibles dans les livres de Rome, puisque, après les « avoir eus en main pendant des siècles, vous les répudiez « aujourd'hui? Comme il est certain que ces mêmes « livres vous sont imposés par les bulles papales et que « vous n'avez aucune autorisation de leur en substituer « d'autres, le pape, contre la volonté duquel vous agis-« sez directement, n'exerce donc, de votre aveu, qu'une « suprématie purement humaine, à laquelle vous pouvez « désobéir sans que votre conscience de catholiques vous * fasse entendre ses reproches, etc., etc.? » Tels sont les discours que des protestants anglais et français ont tenus et tiennent encore aux fidèles du diocèse de Quimper, et il faut bien convenir que si leur argumentation n'est pas irréprochable en tout, il est des points aussi sur lesquels elle se montre irréfutable; outre qu'il est souverainement déplorable d'y avoir fourni un semblable prétexte. Au reste, la révolution liturgique n'est pas encore totalement consommée à Quimper. Le missel qui devait

T, 11. 3 9

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I N S T I T U T I O N S

L I T U R G I Q U E S

Notice s u r Le T o u r n e u x placée en tete du nouveau

bréviaire, et s ingul ier aveu cju'ellc

contient .

Institution étrange d 'un office pour

l 'anniversaire de l 'ordination de chaque

prêtre.

6 l O MOUVEMENT INVERSE

compléter le nouveau bréviaire n'est pas impr imé; les • offices publics se célèbrent encore au romain : Dieu soit cn aide au nouvel évêque de cette Église affligée, et lui donne de consoler les ruines du sanctuaire !

Nous croyons devoir, en achevant cette pénible partie de notre récit, ajouter quelques mots sur ce Breviarium

Corisopiiense, dont tout le monde sait, dans le diocèse dc Quimper , que la publication fut extorquée au vénérable évêque qui gouvernait encore cette Eglise en 1 8 4 0 . Nous ne citerons que deux traits pris au hasard dans ce livre. On trouve, en tête de la part ie du pr intemps, une notice' des hymnographes qui ont été mis à contribution pour tout le bréviaire. Or , voici une de ces notices :

N. T. Le Tourneux (Nicolaus) presbyter Rothoma- ,

gensis, Breviario Clnniacensi operam dédit, multosque

libros de theologia et pietate vulgavit, quorum alii dam-

nati sunt, alii caute legendi. Obiit Parisiis anno 1686.

C'est maintenant au compilateur du nouveau bréviaire de Quimper de nous expliquer les raisons de sa sympathie pour Nicolas Le Tourneux, et dc nous dire aussi quelle idée il se forme du clergé de Quimper , pour s'en venir lui étaler d'une façon si crue les mérites dc son étrange hymnographe. S'est-il proposé de donner à entendre que, pour remplacer saint Ambroisc ct saint Grégoire dans les nouveaux bréviaires, il n'est pas nécessaire qu'un poète latin soit catholique : Jamais encore un si naïf aveu n'était échappé aux modernes liturgistes. Ceux du dix-huitième siècle avaient du moins cela de particulier qu'ils cachaient soigneusement l'origine impure de certaines pièces modernes.

Mais voici quelque chose qui a bien son prix. En la partie d'été, on trouve un office sous ce titre : O F F I C I U M

PRO ANNIVERSARIA COMMEMORATIONE O R D I N A T I O N I S . Semi-

duplex. Ce titre est suivi d'une rubrique qui porte que

cet office se récitera au premier jour non empêché, après

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ET FAVORABLE AUX USAGES ROMAINS 6 l l

la fête de la Sainte-Trinité, et qu'on y fera mémoire i PARTIE t, * r A • " J • il • • J H T = . f CHAPITRE XXIY

d un simple occurrent. Ainsi, depuis I origine de lEglise — jusqu'aujourd'hui, les évêques, le Souverain Pontife lui-même, en l'anniversaire de leur consécration, s'étaient contentés de célébrer une messe en mémoire de cette solennité personnelle, ou encore d'ajouter simplement une seule oraison à la messe du jour, dans le cas où le degré de la fête occurrente n'en eût pas permis davantage; mais jamais ils n'auraient osé interrompre l'office public de l'Eglise pour y insérer ia célébration particulière d'un fait personnel; et voilà qu'à l'extrémité de la Bretagne, tous les prêtres sont appelés, bien plus, sont obligés à faire ce que n'ont jamais fait ni les évêques des plus grands sièges, ni le pape lui-même. Les voilà qui s'isolent de l'Église avec laquelle on prie, même dans l'office férial, pour se célébrer eux-mêmes tout vivants; à moins qu'on ne suppose, ce qui est tout aussi ridicule, que l'Église est censée faire avec eux la fête de leur ordination. Un saint du degré simple, et dans le nouveau calendrier on en a fait un grand nombre aux dépens des doubles du romain, un saint de ce degré, disons-nous, est désormais condamné à n'avoir qu'une commémoration dans cet étrange office, où le récitant se célèbre lui-même; comme aussi, si le lendemain est une fête double, le récitant fera commémoration de seipso aux secondes vêpres, dans les premières du saint; car enfin il faut pourtant convenir qu'on a encore assez de modestie pour ne se pas déclarer semi-double privilégié.

Nos optimistes conviendront-ils pourtant de l'esprit n Cs leçons

presbytérien qui anime plus ou moins ces faiseurs ? Et ces p a

a

r

t iap t cnt e s

derniers où s'arrêteront-ils, si on les laisse faire ? Car ils î?' o t h c c a u x

, >. v-i«j. diacres et aux ne se sont pas contentés de fabriquer ainsi un office pour sous-diacres,

A 1 eveque

l'ordination des prêtres du diocèse, ils ont osé l'adapter seul est oublié,

par des leçons particulières aux DIACRES et même aux

SOUS-DIACRES ; rien n'a été oublié, si ce n'est I'ÊVÈQUE. Pour

lui, il devra se contenter de réciter l'office de l'Église, au

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6 l 2 MOUVEMENT INVERSE

INSTITUTIONS jour de sa consécration» comme font au reste tous les au* LITURGIQUES , - , . . . . . . .

très eveques du monde : le privilège d interrompre la Liturgie universelle pour lc fait d'un individu qui n'est même pas assuré d'une place dans lc ciel après avoir paru ainsi chaque année dans le calendrier, ce privilège

signe nouveau n'a point été étendu aux Ï-VKQUES. Certes, nous ne vou-preBbytér?cnCnc8 drions point d'autre preuve de cet esprit dc presbytéria-

de"nôuvca°ux "isme qui fermente sourdement, que l'indifférence avec îllur5ÎiV«n« laquelle unc si incrovablc nouveauté acte accueillie. Plu-

, î l a n s , j sieurs causes déjà anciennes ont contribué à nourrir ct à le clergé du . . ,

second ordre, a fortifier cet esprit; mais, assurément, comme nous l'avons favorisé le

développement, dit ailleurs, l'influence des rédacteurs des nouvelles Liturgies depuis cent cinquante ans, tous exclusivement choisis dans les rangs du second ordre, quand ils n'étaient pas . laïques, a grandement servi à le fomenter dans le clergé. Toutefois, pour rendre possible un aussi monstrueux abus dc l'office divin que l'est celui que nous signalons, il fallait plus que les prétentions presbytériennes ; il a fallu dans plusieurs l'extinction totale des plus simples notions de la Liturgie.

Le dégoût ct la Mais la divine Providence fera sortir le bien de l'excès provoqués par ^îcmc du mal; ct le retour à dc meilleures traditions vien-nouveautôs et ^ r a P a r ^ c dégoût c t ' a lassitude qu'inspireront de plus en de diversités plus ces (cuvres individuelles. Déjà, on ne peut le nier,

préparent * ' 1 1

une réaction. u n sentiment général du malaise dc la situation liturgique règne dans les rangs du clergé. L'attention commence à sc porter de ce côté, et il est difficile dc croire que, longtemps encore, on consente à demeurer si redevable au xvni° siècle. Les variations continuelles, le désaccord des livres liturgiques entre eux, le retour aux études traditionnelles, l'impuissance de fonder une science sur des données si incohérentes, la difficulté de satisfaire aux questions des fidèles : toutes ces choses préparent une crise. Déjà l'innovation n'est plus défendue qu'à travers de maladroites ct inévitables concessions. Si on excepte

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ET FAVORABLE AUX USAGES ROMAINS 6 l 3

romaine.

les personnes, en petit nombre, qui ont fabriqué de leurs OT/pf**™|XIV

mains les bréviaires de Quimper et autres lieux, il n'est pas un homme aujourd'hui parmi les amateurs du genre français en Liturgie, qui ne soit en voie de reculer sur plusieurs points; encore nos récents faiseurs sont-ils loin de s'entendre entre eux et d'offrir un centre de résistance. Rien ne se ressemble moins pour les principes généraux de rédaction, et pour l'exécution elle-même, que les bréviaires français du dix-neuvième siècle. Les auteurs de ces bréviaires daigneront donc nous pardonner, si nous éprouvons de la difficulté à goûter leurs œuvres, tant en général qu'en particulier. Au reste, nous ferons connaître en détail ces œuvres, et nous laisserons nos lecteurs libres de prononcer.

Outre ce malaise généralement senti, il est une autre Le bon sens

cause du peu d'enthousiasme qu'inspire au clergé d'au- ia U shuation

jourd'hui l'avantage de ne plus réciter l'office dans un c r d C

c

c F r a n c c S e

bréviaire universel, de ne plus célébrer la messe dans ^dc^so^fiSt*1

un missel qui soit pour tous les lieux. C'est le besoin comprendre ^ r

> qu'il faut avant universellement reconnu d'être en harmonie avec rÉelise toutêtre_

, ° en harmonie

romaine, besoin qui augmente sans cesse, et devant avec l'Église

lequel s'efface de jour en jour toute la résistance de nos soi-disant maximes. Après tout, il est assez naturel que l'on trouve meilleur de tenir la Liturgie de saint Grégoire et de ses successeurs, plutôt que d'un prêtre obscur et suspect du xvin e siècle; tout le monde est capable de sentir que si la loi de la foi dérive de la loi de la prière, il faut pour cela que cette loi de la prière soit immuable, universelle, promulguée par une autorité infaillible. En un mot, quand bien même les tendances romaines dont l'Église de France se fait gloire aujourd'hui ne seraient pas le résultat naturel de la situation si particulière que lui a créée le Concordat de 1 8 0 1 , le simple bon sens suffirait à lui seul pour produire ces tendances.

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6 1 4 MOUVEMENT INVERSE ET FAVORABLE AUX USAGES ROMAINS

INSTITUTIONS D'autre part , la piété française s'affranchit de plus en LITURGIQUES t i r ' '

; " plus des formes froides et abstraites dont le dix-septième La pieté . . ^ . . . . . . . , française et le dix-huitième siècle 1 avaient environnée. Elle est de-

s'aflranchit tics . ,

formes raïdes venue, comme avant la Relorme, plus expansive, plus de-d ^ x v m c s i â c , monstrative. Elle croit davantage aux miracles, aux voies e t

^ 4 { u c n t s r t S extraordinaires; clic n'exige plus autant que l'on gaze la a v e C r iuî î ïe e C t v * c ^ e s s a ' n t s ct qu'on couvre certains actes héroïques de font renaî t re ] c u r v i e comme d'un voile de pudeur . Le culte des rcli-le pout des r

pompes^ ques prend un nouvel accroissement, ct c'est aux accla-S * mations des fidèles que Rome, fouillant encore ses en

trailles, cn retire ces corps des saints mart\ 'rs qu'elle envoie dc temps à autres remplir les trésors dévastes dc nos églises. L'abord dc cette cité sainte n'est plus défendu à nos évêques par de prétendues ct dérisoires //•* bcrlés, ct le nombre des prêtres .français qui la visitent chaque année cn pèlerins est dc plus cn plus considérable. Dc là ce goût renaissant pour les pompes dc la Liturgie, ces importations d'usages romains, cet affaiblissement

• des préjuges français contre les démonstrations religieuses des peuples méridionaux, qui sous ce rapport , ne sont, après tout, que ce qu'étaient nos pères dans les siècles dc foi. Il fut un temps où un homme zélé pour les fonctions du service divin courait risque de s'entendre appliquer le sarcasme français : / / aime à jouer à la chapelle; aujourd'hui, on semble commencer à comprendre que le zèle et la recherche dans l'accomplissement des actes liturgiques pourrait bien provenir de tout autre chose que dc manie, dc prétention, ou dc faiblesse d'esprit. Mais produisons en détail quelques-uns des faits à l'aide desquels on est à même dc constater la révolution liturgique qui s'opère.

Plus ieurs Nous trouvons d'abord, dès 1822 , l'éclatante rétracta-principes des . . . . , . . . .

anti l i turgistes non de plusieurs des principes des antiliturgistes, p a r l a par ^ n o u v e l l e nouvelle édition du Bréviaire et du Missel dc Paris. Qu'on

BréWaire d de lise la lettre pastorale de l'archevêque Hyacinthe-Louis

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NOUVELLE MODIFICATION DU PARISIEN EN 1 8 2 2 6 l 5

de Ouélen, en tête dudit bréviaire, on y trouvera la preuve 1 PARTIS

^- 7 1 J R CHAPITRE XXIV

de ce que nous avançons. ~ • * * Pans publiée

i° La fête du Sacré-Cœur de Jésus, que Christophe de en 1822 . Beaumont avait plutôt montrée à son diocèse qu'instituée s^cré-Cœur

véritablement, s'y trouve établie de précepte, et placée au OTe/£kniiité

rang des solennités. 2 0 La fête de saint Pierre et de saint Paul, si elle ne re- Le cuite des

, . . „ i t . . SS. Apôtres

couvre pas encore le rang que lui assigne 1 Eglise univer- Pierre et Paul

selle, est rehaussée d'un degré, et cela dans le but exprès- a u s m e n t é -sèment déclaré de donner un témoignage de dévouement au Siège apostolique ( 1 ) . Une prose nouvelle est substituée, dans le missel, à l'ancienne, dont l'unique intention semblait être d'égaler eri toutes choses saint Paul à saint Pierre. La nouvelle qui a pour auteur un prêtre moins distingué encore par la pureté de son talent que par son obéissance filiale au Pontife romain (2 ) , exprime avec prose nouvelle

élégance les prérogatives du Siège apostolique, et en par- îeur^honneur

ticulier Finerrance que la prière du Christ a obtenue à P s a H ï 5 s . d e

saint Pierre. Au calendrier, la fête de saint Léon le Grand a été élevée du degré semi-double au rang des doubles mineurs, et la fète de saint Pie V apparaît pour la première fois dans un bréviaire français.

Les deux grands moyens dont les antiliturgistes s'étaient Mesures . , , . . , favorables au

servis pour déprimer le culte des saints, savoir la sup- culte des saints,

pression de toutes leurs fêtes dans le Carême, et le privilège assuré au dimanche dans toute Tannée contre ces mêmes fêtes; ces deux stratagèmes de la" secte sont jugés et désavoués : la Saint-Joseph estreplacée au 1 9 mars, et désormais le dimanche cédera, comme autrefois, UT OLIM, aux fêtes des apôtres et aux autres doubles majeurs.

( 1 ) Ut magis ac magis pateat quam arctis nexibus Ecclesiarum omnium Matri ac Magïstrae devinciamur. (Lettre pastorale pour la nouvelle édition du Bréviaire parisien, page vu.)

(2) M. l'abbé de Sali ni s.

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6 l 6 NOUVELLE MODIFICATION DU PARISIEN

INSTITUTIONS Outre cette mesure toute favorable au culte des saints LITURGIQUES . 1 1 / . . , « M , - , ,

on remarquait dans le bréviaire dc 1 8 2 2 un zele véritable pour cette partie de la religion catholique. Ainsi, la fète de la Toussaint y acte relevée d'un degré; plusieurs saints ont été l'objet d'une mesure semblable, ct quelques-uns même ont obtenu l'entrée du calendrier qui leur avait été fermée jusqu'alors.

L'énoncé Les témoignages dc la dévotion envers la sainte Vierge de la doctrine se montraient aussi plus fréquents dans certaines addi-

de l'Immaculée • 1 C R R \ * * i

Conception tions au propre de ses offices. On avait même, par un zelc sainte 0 Vicrpc qui n'était peut-être pas trop selon la science, inséré dans

i n pora?son n S l'oraison dc la fête dc la Conception, l'énoncé précis dc de cette fête par j a pieuse et universelle croyance au privilège insigne dont

un zelc J J 1 rt n plus sincère la Conception de Marie a été honorée. Mieux eût valu,

peut-être -

qu'éclairé, sans doute, rétablir l'octave de cette grande fète, ou rendre à la sainte Vierge le titre des fêtes du 2 février ct du 25 mars. Dans tous les cas, c'est au Siège apostolique tout seul qu'appartenait de décider s'il était à propos dc concéder à l'Eglise dc Paris un privilège accordé jusqu'ici seulement à Tordre de Saint-François et au royaume d'Espagne, et que l'Église dc Rome n'a pas encore jugé à propos dc sc conférer a elle-même.

Réclamations C'est ainsi que les maximes qui avaient présidé à la ré-6 5 et des daction du Bréviaire dc Paris, sous les archevêques de

^es lcorrec3ons? Harlay ct dc Vintimille, étaient reniées cn 1 8 2 2 , par lc successeur dc ces deux prélats (i). Lc parti janséniste s'en

La compagnie (1 ) La Compagnie dc Saint-Sulpice eut la principale part à cette ré-^ e ^revenant P Ï C C f ° r m e t c ^ e quelle du Bréviaire de Paris, et on aime à la voir signaler

peu à peu dans cctte occasion lc xélcdc religion que son pieux instituteur avait dé-a son esprit nos& dans son sein. Fidèle à sa mission, elle avait résisté à l'archevêque

primitif. . „ . , , , . - , \ a l'honneur de Harlay en 1080, et n avait admis le trop fameux bréviaire qu après

principal de ces avoir épuisé tous les moyens de résistance que la nature de sa constitu-apporTées^unc t l 0 n ^u"1 P O U V £ U t permettre. Plus tard, cn 17!*'», le Bréviaire de l'archcvé-

œuvre qu'elle que Vintimille fut l'objet dc ses répugnances, ct clic ne dissimula pas a V a i a p r è s ï > t e C l'^loignement qu'elle éprouvait pour une œuvre qui portait les traces trop l'avoir tout visibles des doctrines etintentionsde lascetc. Ellemettaitalors cn pratique

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EN l 8 2 2 6 1 7

émut, et, quoique l'œuvre de Vigier et Mésenguy demeu- C H / w ^ A

R

R

E

T I x X I V

rât encore malheureusement en son entier, à part ces cor- 1 • rections suggérées par un esprit bien différent, et qui s'y trouvaient implantées désormais comme une réclamation solennelle, on vit néanmoins paraître une brochure de l'abbé Tabaraud ( 1 ) , dans laquelle ce Vétéran du Sacerdoce protestait avec violence contre la plupart des améliorations que nous venons de signaler. Un journal ecclésiastique du temps (2) présenta aussi ses réclamations, et la nouvelle prose de saint Pierre fut plusieurs fois rap-

Je précieux conseil de Fénelon, dans une de ses lettres àM. Leschassier : d'abord La solide piété pour le saint Sacrement et pour la sainte Vierge, qui Gaffai- courageusemen Missent et qui se dessèchent tous les jours par la critique des novateurs, combattue. doivent être le véritable héritage dc votre maison. (19 novembre 1 7 0 3 . ) Elle ne pouvait donc voir sans douleur, dans le nouveau bréviaire, la féte du Saint Sacrement abaissée à un degré inférieur à celui qu'elle occupait auparavant, et l'office dans lequel saint Thomas traite du mystère eucharistique avec une onction et une doctrine dignes des anges, supprimé, sauf les hymnes, et remplacé par un autre élaboré par des mains jansénistes. Elle ne pouvait considérer de sang-froid les perfides stratagèmes employés par Vigier et Mésenguy pour affaiblir et dessécher la piété envers Marie; entre autres, cette falsification honteuse dc Y Ave maris Stella, à laquelle on porta remède, il est vrai, mais sans rendre à cette hymne incomparable la place qui lui convient aux fêtes de la sainte Vierge. Plus tard, les choses changèrent; Symon de Doncourt et Joubert s'apprivoisèrent au point de prêter leurs soins au perfectionnement de l'oeuvre de Vigier et Mésenguy; ils trouvèrent que tout était bien au bréviaire pour le culte du saint Sacrement et de la sainte Vierge : nous avons vu comment, pour la plus grande gloire de saint Pierre, ils améliorèrent une oraison du sacramentaire de saint Grégoire, et comment leur mémoire obtint, comme il était juste, Phonneur de figurer avec éloges dans les Nouvelles Ecclésiastiques. Ces aberrations, dont l'histoire de plusieurs congrégations ne présente que trop de preuves, à l'époque où la secte antiliturgiste avait prévalu, ne seraient plus possibles aujourd'hui, et nous ne les rappelons que pour faire ressortir davantage la portée de cette réaction romaine que notre but est de constater dans le présent chapitre.

( 1 ) Des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie, précédés de quelques observations sur la nouvelle édition du Bréviaire de Paris, par un vétéran du Sacerdoce. Paris, 1823 , in-8° .

(2) Tablettes du Clergé. N<» de juin 1822 .

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6 l 8 NOUVELLE MODIFICATION DU PARISIEN

( i ) VAmi dc la Religion, -n mars 1840 . — Nous n'entendons, au reste, aucunement approuver plusieurs choscs qui se remarquent dans ce rituel, et sur lesquelles nous aurons occasion de nous expliquer dans la suite dc cet ouvrage. Nous disons la même chose du Hréviaire parisien de ïH'ii : certainement les tendances romaines que nous avons relevées, font de cette édition le monument précieux d'une réaction salutaire; mais il est dans l 'ensemble de cette réforme beaucoup dc choses qui nous

paraissent répréhensibïes, tant du côté du goût que sous le point dc vue des convenances liturgiques. En attendant l'examen que nous aurons lieu d'en faire, nous félicitons du moins ici les auteurs dc cette correction parisienne d'avoir, entre autres services rendus à la piété des fidèles, débarrassé les compiles du temps de Noël de cette antienne désolante, au moyen de laquelle Vigier ct Méscnguy cherchèrent à arrêter l'élan des coeurs chrétiens vers l'amour du divin Enfant, à l'heure même où le fidèle, prêt à sc livrer au sommeil, a plus besoin dc nourrir sa confiance. Depuis 1 8 2 2 , Pégliscdc Paris ne chante plus à l'office du soir ces terribles paroles : In jndicium in hune mundum vent; ut qui non vident videant, et qui vident cœci fiant.

INSTITUTIONS pelée dans les feuilles libérales, comme* un document • " irrécusable des progrès scandaleux de Pultramontanisme

au xix c siècle. m* de Quélen Peu de temps avant sa mort, l'archevêque de Quélen

p"2dlîfonnC prépara une édition du Rituel de Paris. Cette publication l i r i s^ ins 6 ^ u t c n c o r e l'occasion d'une nouvelle manifestation de la

l e q u e l t e n d a n c e générale vers un retour aux anciennes formes sont rétablies »

les prières liturgiques. Dans ce nouveau rituel, en effet, qui a paru romaines pour D 1

t * i i l'administration depuis la mort du prélat, on a rétabli les prières pour des Sacrements. „ , . . . t , „ . _ . .

1 administration des sacrements, dans la forme du Rituel romain, ct fait disparaître les périodes plus ou moins sonores qui avaient été fabriquées au temps de l'archevêque de Juigné (i).

L'exemple donné par l'Eglise de Paris devait naturellement avoir dc l'influence au loin; mais avant de poursuivre ce récit, faisons unc remarque importante sur la situation actuelle de la Liturgie cn France. On se rappelle ce que nous avons dit au sujet dc l'introduction du Bréviaire et du Missel de Vintimille dans plusieurs diocèses, aussitôt après leur apparition. Ces nouveaux livres y furent

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EN l 8 2 2 6 1 9

reçus avec enthousiasme, et tout d'abord on travailla à les 1 PARTIE

* , CHAPITRE XXIV

réimprimer avec le propre du diocèse. Dès 1 année 1 7 4 5 , l'archevêque Vintimille donna une nouvelle édition de son bréviaire, dans laquelle il fit plusieurs changements qui, sans être très notables, exigèrent le remaniement d'une centaine de pages et plus. Il eût été incommode aux diocèses qui, les premiers, avaient adopté le nouveau parisien, de se soumettre à cette réforme qui, en droit, ne les obligeait à rien. Ce fut donc déjà le principe d'une divergence, non seulement avec l'Église de Paris dont on avait voulu se rapprocher, en adoptant son bréviaire, mais aussi avec les autres diocèses qui se vouèrent au parisien postérieurement à 1 7 4 5 . Ces derniers, à leur tour, Divergences

w . , 1 T - • J • 1 entre les s ils s étaient rçinges sous la Liturgie dc Vigier et dc Me- diocèses qui

* . « o 1 • A ayant adopté le

senguy antérieurement a 1 7 7 8 , se trouvèrent bientôt en parisien,

désaccord, sur des points assez légers, il est vrai, avec ration qu'ils

l'Église de Paris, qui, en cette année, sous Christophe de primSvement

Beaumont, fit encore quelques améliorations à sa Liturgie. r e s u e -Enfin, les diocèses qui adoptèrent le parisien, de 1 7 7 8 à 1 7 9 0 , et de 1 8 0 1 à 1 8 2 2 , sont par là même en contradiction plus ou moins notable avec les Églises qui suivent la première édition de 1 7 3 6 , et avec celles qui se servent des livres de 1 7 4 5 , mais bien davantage encore avec l'Église de Paris depuis la correction de 1 8 2 2 . Cette dernière correction a été si considérable, qu'on formerait, en réunissant les diverses additions et changements, un volume fort raisonnable. C'est le parisien de cette dernière réforme qu'ont choisi les diocèses qui, postérieurement à 1 8 2 2 , ont jugé à propos de renoncer à leurs anciens usages, pour venir s'enrôler bénévolement sous les lois de Vigier et Mésenguy. Nous pourrions même citer un diocèse(i) qui, dans ces vingt dernières années, a adopté de si bon cœur le parisien de 1822, qu'il ne s'est pas fait grâce même du calen-

(1) Angers.

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6 2 0 EFFORTS DIVERS DANS LE MÊME SENS

INSTITUTIONS drier, jusque-là que, sans bulle ni bref, il a pris la fête de LITURGIQUES ^ . . 1 1 T - x x • . ,

• — B. Marie de llncarnation. Douze ans après, on s est aperçu de la grave irrégularité avec laquelle on s'était arrogé ainsi, sans aucune formalité, le droit dc canoniser cette bienheureuse servante de Dieu, et dès lors, il est juste de le dire, on a cessé dc marquer son office dans VOrdo du diocèse, la laissant ainsi sans utilité dans lc bréviaire. Tel est donc, dans les diocèses mêmes qui suivent lc parisien, l'état dans lequel sc trouve l'œuvre dc 1 7 3 6 ; encore faut-il tenir compte des changements, modifications, améliorations dont ce bréviaire a été l'objet de la part des correcteurs particuliers des diocèses où il s'est établi depuis cctte

Le Bréviaire époque On peut donc dire, ct nous le montrerons en a subFpius de détail dans cet ouvrage, que le Bréviaire dc Vintimille-a depu!s CMB"dc plus subi dc changements ct de remaniements en un siècle, iurau '&^L^dc < I U C " c Bréviaire romain lui-même depuis saint Pic V : car

^ o m a m depuis 0 ^ c s additions d'offices faites à ce bréviaire ne constituent s. Pic v. p a s d c véritables changements; et nous ne comptons pas

non plus ces additions entre les variations du Bréviaire parisien. Mais reprenons notre récit.

Los fêtes du L'exemple donne par l'église dc Paris, cn 1 8 2 2 . éten-DÏSA^ROBASRE dit son influence au dehors. La fête du Sacré-Cœur de particuHèrcde J&us s'établit enfin dans les diocèses qui jusqu'alors

tous les avaient tardé à fournir ce témoiimaijc de leur éloimiemcnt saints Papes " 1 °

établies pour les tendances jansénistes. On a même vu dans ces dans plusieurs 1 ' . /

diocèses. dernières années plusieurs cghses, Rennes et Nantes, par exemple, reprendre l'oilicc du saint Rosaire; ce que l'archevêque dc Quélen lui-même n'avait pas fait. Certains diocèses, Versailles, Nantes, etc., ont établi unc fète collective en Plionncur de tous les saints papes. Il serait mieux sans doute de les fêter en particulier avec TKglise romaine; mais c'est déjà une démarche significative que de consacrer d'une manière quelconque la mémoire de ces saints pontifes qu'on expulsait du calendrier, en si grand nombre, au xvm" siècle.

Page 227: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EFFORTS DIVERS DANS LE MÊME SENS 6 2 1

(i) Sed tune D. D. dc Pins, admînîstrator apostolicus, an tiqua? Lugdu-nensis Liturgiœ protector et defensor, supervcniens,hanc recentem Litur-giam cum nostro antiquo usu, cum Romano, ct alio quoeumque ubique diffuso, in ea re conciliavit, etc. (Missale Lugdunense. 1 8 2 5 . Ad calcem,

pag. cxciv.)

Déjà, dans plusieurs diocèses, les évêques ont manifesté 1 PARTIE

1 J * - J * I • CHAPITRE XXIV

hautement le desjr de rétablir les usages romains, autant que les difficultés matérielles pourraient le permettre, évêque™ Nous avons entendu de nos oreilles, nous avons lu de nos dS?rd?r1?abîfr yeux cette assurance ferme et positive. En attendant, plu- ' R O M A I N S 8

sieurs évêques ont donné ordre d'emprunter à la Liturgie o u a u

s ï £ ° i n s d e

romaine toutes les parties qui manquent dans les livres , rapprocher . . , A . I e plus possible.

diocésains. Au Puy, l'illustre eveque, depuis cardinal de McdeBonaid

Bonald, après avoir exprimé le regret de ne pouvoir C p ^ * gJJ changer le bréviaire et le missel que lexvm 6 siècle imposa u n

^ ^ m o n i a i , ° i r presque

à ce diocèse, a donné en i83o un excellent cérémonial entièrement . . emprunte aux

puisé en grande partie aux sources romaines les plus pures sources . , . , . , . , . . . romaines.

et les plus autorisées, et remarquable par la précision, la clarté et l'abondance des règles qu'il renferme.

Nous devons sans doute compter parmi les indices les incident amené

plus significatifs d'un retour vers les usages romains, le retardement Moniium placé à la fin du Missel de Lyon de 1 8 2 5 , page dc?n^ïa?e»es

cxciv. Dans les réimpressions du Missel de l'archevêque etCdw épftres

Montazet, on était déjà parvenu à la page 33o, lors- ddu Mi'ss'dde1

qu'il vint en idée à l'administrateur apostolique de l'église L y ° n d e l 8 a 5 « de Lyon, qu'il serait plus conforme à l'ancien usage lyonnais, à r usage romain et même à celui de tous les lieux ( i) , de rétablir, en tête des évangiles de la messe, la préface In Mo tempore, et en tête des épîtres, les mots Fratres, ou Carissimi, ou In diebus illis, ou Hœc dicit Dominus, que les jansénistes avaient fait disparaître comme l'impur alliage de la parole de l'Église avec la parole de-la Bible. En conséquence, il fut ordonné qu'à partir de ladite page 33o, on imprimerait désormais le mot d'introduction convenable et usité autrefois, en tête des épîtres et des évan-

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6 2 2 EFFORTS DIVERS DANS LE MEME SENS

INSTITUTIONS piles, et une rubr ique fut créée au moyen' de laquelle les LITURGIQUES " . i • i

—"prêt res pourraient , tant bien que mal , intercaler ce mot dans les endroits où il manquerait . On ne jugea pas à propos de réimprimer les 33o pages, pour ne pas rendre inutiles le temps, la dépense el le travail ( Ï ) . Certes, dc pareilles humiliations, subies devant tout un public, sont un bien rigoureux châtiment dc la prétention dc sc donner un nouveau missel. Espérons qu 'une autre édition du Missel lyonnais avancera plus encore l 'œuvre du rétablissement des traditions antiques clans l'auguste primatiale des Gaules, et que ce livre sc verra purge Un jour des innombrables nouveautés qui l 'encombrent ct Font réduit à n'être, pour ainsi dire, qu'un livre du xviii 0 siècle.

Me»-de Quélen, Mais il est un fait plus éclatant encore ct qui vient de a d e h p a r ? s " e s'accomplir sous nos yeux. N'avons-nous pas vu l'archevè-

Sarnt-IieC^eUia ° l u c ^ c Q u ^ len ( e t s o n exemple a été suivi par un nombre permission considérable dc scs collègues dans Fépiscopat), n'a-

d insérer dans la ' ° r r préface vons-nous pas vu ce prélat demander au Saint-Sièffc la per-

et dans les r i v litanies de mission d'ajouter à la préface de Beata, dans la fetc de la

Lorettc . . . , r . . . . , la profession dc Conception de la sainte Vierge, le mot immaculala, ct

la croyance . T 7 ) , 7

à l ' immaculée aux litanies de Lorettc, ceux-ci : Regina sine labe con-Concepuon. cep[A9 Dix-huit ans auparavant, le même prélat avait cru

pouvoir de son autorité, insérer la doctrine expresse de l 'Immaculée Conception dans l'oraison dc cette fète; il avait donné une préface nouvelle tout entière dans son missel, pour la messe du Sacré-Cœur; il avait inséré dans son bréviaire, non une simple invocation, mais des litanies entières, improuvées par le Saint-Siège, savoir celles

Contradiction du saint Nom dc Jésus; et voilà qu'en i83o, sa piété de cette , • j > r

demande avec rengage a se poser en instances auprès du pontife romain,

^ e t ^ a c t e s 1 1 5 P o u r obtenir la liberté dc disposer de deux ou trois mots des archevêques

(i) Sed in posteriori harum 33o paginarum, tempus, impensa ct opéra

periissent. [Ibid., page excv.)

Page 229: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EFFORTS DIVERS DANS LE MÊME SENS Ô23

dans la Liturgie, lui dont les prédécesseurs ont pu rerna- * PAKTIE . , . , „ , CHAPITRE XXIV

nier et renouveler presque en totalité l'œuvre de saint " — r ^ de Pans et de

Grégoire, la Liturgie de l'Eglise universelle. C'est là, il Mer de Quélen r . , . „ , lui-même

faut en convenir, une des meilleures preuves du retour en matière de

à l'antique dépendance que professait l'Église de France à Lemame ê préiat

l'égard de Rome, dans les choses de la Liturgie; de même deCnou"îau qu'il faut voir une nouvelle abjuration du fameux prin- . ^ S 1 0 ™ *

. . . . . . r du Saint-Siège

cipe de l'inviolabilité du dimanche, dans la demande faite ^en^matière

à Rome par le même prélat, de pouvoir célébrer la so- abjure 6 e t

lennité de la fête de la Conception au second dimanche de jansSfetede

TAvent. Rome même, dans ses rubriques actuelles, ne va didimanche^en

pas si loin ; et cette fête, toute grande qu'elle est, lc cède ^ u P a p e *

toujours au second dimanche de l'Avent, quand elle vient ^d^cj^brer"

à tomber en ce jour, bien que les derniers dimanches de „T

l a fête de . , i Immaculée

l'Avent soient seulement privilégiés de seconde classe. Conception ~. . , . le dimanche.

On peut assigner encore comme une des causQs de la Les légitimes

résurrection des traditions romaines de la Liturgie en ^ c £a lpîétéC Squï

France, les légitimes exigences d e l à piété des peuples ^ ^ y e n ^ e

qui, ne pouvant participer aux indulgences attachées à £ a S ^ ^ u n e

certaines fêtes, offices et prières, qu'autant que Ton s'y d'indulgences - i i - , , . . . . attachées à des

conforme aux calendrier, bréviaire, missel et rituel ro- fêtes,

mains, finiront par obtenir qu'il soit fait sur ces articles d f o r ^ C i e s o u S

les concessions nécessaires. Or chacun sait que, dans les propesTia

nouveaux bréviaires français, le petit office de la sainte Vierge, celui du saint Sacrement, celui des Morts, diffè- préparent le

^ m

1 retour aux

rent sur une immense quantité de points avec les mêmes t saines

offices dans le Bréviaire romain; que la prière Regina cœli, qu'on croit réciter au temps pascal en place de Y Angélus, a été gratifiée d'un nouveau verset tout différent de celui qui est indiqué dans les bulles des papes; qu'un nombre considérable de fêtes a été transféré à des jours souvent éloignés de ceux auxquels Rome les célèbre ; que les jours où la Liturgie romaine fait un office double, étant souvent occupés par un simple, ou même laissés à la férié, dans les nouveaux livres, et réciproquement, il en

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6 2 4 EFFORTS DIVERS DANS LE MÊME SENS

INSTITUTIONS résulte l'impossibilité absolue de faire cadrer les modernes L I T U R G I Q U E S

• ' calendriers et les ordo dresrés d'après eux, avec les règles statuées par les souverains pontifes, dans les concessions d'autel privilégié; etc., etc. II serait inutile de presser cette énumération qui nous mènerait trop loin; mais outre qu'il est indubitable, en droit, que le Siège apostolique, accordant des indulgences pour l'usage de telle ou telle formule liturgique, n'a et ne peut avoir en vue que la teneur de cctte formule telle qu'elle est dans les livres romains et approuvés; des décisions récentes ont montré, en fait, quelle était expressément l'intention des souverains Pontifes.

Rétablissement Mais un grand et solennel exemple est celui que vient ^rwnaîn? 1 0 de donner Monseigneur Pierre-Louis Parisis, évêque de

d a d e LAngres" Langres, en rétablissant purement et simplement la Li-par M«* Parisis. turgic romaine dans son diocèse; mesure courageuse que

l'histoire enregistrera, et que le prélat motive dans une lettre pastorale à son clergé, d'une façon trop remarquable pour que nous puissions résister au désir de rapporter ici ses propres paroles.

Lettre pastorale « Vous n'ignorez pas, nos très chers frères, dit le i839 5notifiant

a prélat, de quelles divergences liturgiques la célébration cette résolution. a ^ 0 f f l c e s divins est l'objet dans ce diocèse; souvent,

« vous avez gémi de cette contradiction et opposition de <c rites entre des paroisses voisines les unes des autres; a d'où, il résulte que les fidèles, à force de voir ces varia-« tions dc chants ct de cérémonies dans chaque église, « sont pour ainsi dire réduits à se demander si c'est à un « même culte que sont consacrés des temples où l'on cé-« lèbrc les cérémonies de la Religion avec des solennités « si diverses.

Fâcheux effet « Le zèle des curés, loin de remédier à cette perte de des divergences

liturgiques « l'unité extérieure, la complique chaque jour par dc dans\es 1 S égi ises « nouveaux abus; chacun d'eux se trouvant livré à son

et^embicnt « caprice, dès l'instant ^u'il entre en fonctions, et man-

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EFFORTS DIVERS DANS LE MEME SENS Q25

(i)Eph.,vt 27 .

T. II. 4 0

« quant d'une règle générale, tant pour sa propre con- 1 P A R T I E

« duite au chœur, que pour celle de ses clercs. Vous com- —-~ '

v prenez facilement, nos très chers frères, le détriment n o" ion C mùi îo

« que souffre de tout ceci la sainte Église, l'épouse de ^uloïfquc « Jésus-Christ , celle qui ne doit avoir ni taches, ni « rides ( i ) , et particulièrement à cette époque agitée de « tant de tempêtes par l'effet des doctrines impies, ct suret tout affligée et déshonorée par la maladie de l'indiffé-« rence religieuse. Comme, en effet, parmi les notes de la « véritable Église, et même avant toutes autres, la note « d 'Unité doit briller et la faire distinguer des sectes dis-« sidentes, les peuples qui ne jugent de l'essence même « des choses que par les apparences, témoins dc ces con-« trarictes, en sont à sc demander si elle est véritable-« ment une par toute la terre, cette Eglise catholique qui « paraît si contraire à elle-même dans les limites d'un « seul diocèse; e n sorte que, par suite de l'état auquel le « service divin se trouve réduit chez nous, Jésus-Christ « est divisé, d'après l'idée des profanes, ct la lumière de « son Église obscurcie et couverte de nuages.

« Frappé depuis longtemps des inconvénients d 'une si- Le retour

. . r« i. • , J ' M , à la Liturgie

« tuation aussi lâcheuse et sujette a tant de périls, après romaine semble

« e n avoir fait l'objet de nos réflexions le jour et la nuit, r e m è d e ^ /

« et imploré le secours du Père des lumi ères, nOUS cher— pleine de périls.

« chions en quelle manière il nous serait possible de réu-

« nir toutes les paroisses de notre diocèse dans cette unité

« de cérémonies et d'offices, si sainte, si désirée, si con-

« forme à l'unité e t à l'édification des fidèles. Enfin, après

« de longues incertitudes, toutes choses examinées et

« pesées avec le plus grand soin, il nous a semblé que

« nous devions en revenir à la Liturgie de l'Église ro-

« maine, notre mère, qui, étant le centre de l'unité e t la

« très ferme colonne de la vérité, nous garantira et nous

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6 2 6 EFFORTS DIVERS DANS LE MEME SENS

(1) U Petr., v, a.

INSTITUTIONS « défendra, nous et notre peuple, contre le tourbillon des LITURGIQUES . . .

« variations, et contre la tentation des changements. Nous « avons dû nous arrêter à ce parti avec d'autant plus de « fermeté, que tous les autres moyens que nous aurions « pu prendre seraient devenus l'occasion d'un grand « trouble dans les choscs mêmes de la religion, pour lc « peuple qui nous a été confié par la divine volonté.

Mesures prises « Mais, afin d'éviter lc mal qui pourrait s'ensuivre de ^ce'retour. 0 1 '

K l'usage même du remède que nous appliquons, ct aussi « afin que tous sc soumettent peu à peu à la même règle, « non par tnolence, mais spontanément ( i ) , il est néces-« sairc de considérer que la plus grande partie de notre « diocèse a été précédemment soumise au rite romain, « tandis que les autres parties détachées de divers dio-« cèses, sont demeurées étrangères aux susdits usages ro-« mains. Il faut aussi distinguer, entre l'office que chaque « prêtre est tenu de réciter par l'obligation dc son ordre, « ct l'office que nous appellerons liturgique, et qui doit a être chanté et récité en présence du peuple.

« Ces distinctions faites, nous déclarons et ordonnons

« ce qui suit ;

Règles à suivre « i° À partir du premier jourde Tannée 1 8 4 0 , la Litur-dans . . « * •

la célébration « gic romaine sera la Liturgie propre du diocèse de des offices •

publics « Langrcs. et la récitation „ . 1 1 1

privée « 2 A partir du même jour, dans les paroisses qui du brevnure. k appartenaient à l'ancien diocèse de Langrcs, l'office, le

« rite, le chant, les cérémonies, ct tout ce qui tient au « culte, auront lieu suivant les règles dc la Liturgie ro-« mainc.

« 3° Nous permettons aux paroisses qui n'ont pas en-« core quitté les rites des diocèses voisins, de sc servir, « pour un temps, de leurs livres; mais nous les obligeons

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EFFORTS DIVERS DANS LE MÊME SENS 6 2 7

(1) Ephes.,iv, 5.

(2) Gen,, XI, 1.

(3) Vid, la Note B.

(4) Rom., xu, 3 .

« à observer tous les détails énoncés et prescrits dans * PARTIE X CHAPITRE XXIV

« YOrdo pour Tannée 1 8 4 0 . « 4 0 Les prêtres qui ont jusqu'ici récité le Bréviaire de

« Monseigneur d'Orcet, pourront satisfaire à Tobligation « de l'office en continuant de le réciter; cependant, il se-« rait mieux que tous usassent du Bréviaire romain, et « nous les exhortons à le faire.

« Quoique , en publiant cette ordonnance, nous n'ayons Les PRÊTRES

1 1 . 1 • R • 1 AUXQUELS CETTE

<C en vue que le bien de notre sainte religion et la cessa- MESURE CAUSE

1 / 1 1 1 - 1 * DE L'INQUIÉTUDE,

« non d un desordre public, nous n ignorons pas cepen- SONT INVITÉS

« dant qu'il cn pourrait résulter pour plusieurs quelque A

UNE*"CONIÏANCEC

« ennui, ou quelque inquiétude. Nous les prions dc I^tônié « recourir à nous avec unc confiance filiale, non pour DIOCÉSAINE.

« obtenir une dispense, mais afin que nous puissions

« résoudre leurs difficultés, s'ils en ont, et aussi afin de

« leur faire mieux comprendre que si nous avons été

« amené à prendre.ee parti , ce n'a point été par T effet dc

« quelque considération qui nous fut personnelle, mais que

« nous y avons été contraint par une nécessité urgente, et

« pour faire droit aux réclamations de notre conscience.

« Nous vous supplions donc tous, vous qui êtes nos L'UNITÉ DU

« coopérateurs dans le Seigneur, d'apporter à l'exécution l a " f A P A È R C N S

« de ce grand oeuvre tout le zèle dont vous êtes capables, ^ N I V C ' T C T O T

« afin que, de même qu'entre nous il n'y a qu'un Sei- C O M

C M U N I O N

« gneur, une foi, un baptême ( 1 ) , il n'y ait aussi dans d a n s I e d l 0 c è s e -

« notre peuple qu'un seul langage ( 2 ) . « Donné à Langres, en la Fête de sainte Thérèse, le Le ZÈLE

« i5 octobre de Tan de notre Salut i83g (3). » D C ^ I C V R C M ^ - É

Qui n'admirerait dans cette lettre vraiment pastorale le i c t t i ï ^ ^ O R A Ï C

zèle de la maison de Dieu, tempéré par cette discrétion si DISCRSON^SCION

recommandée par T Apôtre ( 4 ) , et dont saint Pie V, au j c

] SAFN"ï*AUI.

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6 2 8 E F F O R T S D I V E R S D A N S L E M Ê M E S E N S

INSTITUTIONS X V I o siècle, donna un si éclatant exemple, lors même L I T U R G I Q U E S - t l - -

— qu'il promulguait plus haut le grand principe de l'unité liturgique. Tous les actes du même genre que notre siècle pourra voir s'accomplir dans l'Église dc France, seront d'autant plus efficaces dans leurs résultats, qu'ils seront à la fois empreints de vigueur et de modération ; car, nous n'avons garde de penser qu'on puisse guérir la partie malade cn la froissant durement et sans pitié.

r e t o u r Mais il faut cn convenir, lc retour aux traditions litur-a u x t r a d i t i o n s . . , , .

l i t u r g i q u e s _ giques des âges dc f o i se prépare et devient dc jour cn d L h d e i n e u r e r a jour plus visible ; on peut même déjà prévoirqu'il demeu-

c a r n a è r e s d e rera comme un des caractères de l'époque actuelle. Lc actûcifcct'scra réveil de la science historique, qui nous a permis dc jeter d e / a r é a c t i o n u n regard désintéressé sur les mœurs et les usages des

h i s t o r i q u e siècles de foi : la justice rendue enfin aux monuments dc et a r t i s t i q u e e n 7 '

f a v e u r d u p a r t catholique du moyen âge: toutes ces choses ont con-m o y e n â g e . 1 . 1 A ™ 1 / • r /

iribué aussi à la réaction,ou plutôt I ont déjà fort avancée. C'est cette réaction historique ct artistique qui nous restitue déjà nos traditions sur l'architecture sacrée, sur l'ameublement du sanctuaire, sur les types hiératiques dc la statuaire ct dc la peinture catholiques ; or de là il n'y a plus qu'un pas à faire pour rentrer dans nos antiques cérémonies, dans nos chants séculaires, dans nos formules grégoriennes.

L a c a u s e de plusieurs personnes ont observé avec raison que lc pro-l 'ar t c a t h o l i q u e , , .

et t r a d i t i o n n e l „ v ^ s d u catholicisme en France n'était pas évidemment c o m p l è t e m e n t n . . .

gapnec constate, par cela sculquc nos artistes exploitaient le moyen en l - r ancc , t , . , , , , _ • .

s p é c i a l e m e n t a u àgc, ct s employaient avec zelc a la restauration intclh-s e m d u c i e r g e . l c < j c s s a n c t U a i r e s matériels de notre foi. La question

n'est pas là. Il est vrai qu'on devrait savoir quelque gré à des hommes distingués, de retirer l'appui de leurs talents aux arts scnsualistcs ct païens, pour l'offrir aux autels du Dieu que nous servons; mais déjà il ne s'agit plus dc contester la portée dc cctte révolution favorable à l'art catlio-

Page 235: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EFFORTS DIVERS DANS LE MEME SENS 6 2 9

lique, en la considérant simplement dans ses rapports avec i PARTIE

le monde profane; désormais elle est un fait, et un fait à — - A P I T R E x x t ^ jamais accompli dans l'intérieur de l'Église elle-même. Non seulement le clergé souffre volontiers que les églises qu'il dessert soient restaurées d'après les mystiques théories de l'art de nos aïeux, que des conseils, une direction lui soient donnés du dehors pour accomplir les devoirs que lui impose sa charge de gardien des traditions de l'esthétique sacrée; mais nos archevêques et évêques rendent des ordonnances, publient des lettres pastorales, établissent des cours spéciaux dans leurs séminaires, pour ranimer de toutes parts et par tous les moyens possibles la connaissance et l'amour dc ces anciennes règles de la forme catholique dont l'oubli, depuis deux siècles, avait entraîné chez nous la destruction d'un si grand nombre de monuments de la foi de nos pères, et formé entre eux et nous, sous le rapport des usages extérieurs du culte, comme un abîme qui allait se creusant dc plus en plus.

Oui, nous le répétons avec confiance, dans nos églises r - e s costumes

restaurées d'après les conditions dc leur inspiration pre- p a r Sdpcront

mière, ou construites de nouveau suivant les règles sta- i n taiihbiement tuées aux siècles de foi, mystiquement éclairées par d c s d j ^ ^ j ^ g " n

verrières sur lesquelles étincellerontles gestes et les symboles des saints protecteurs, assorties d'un ameublement plein d'harmonie avec l'ensemble, il faudra bien que nos costumes sacrés participent à cette régénération, ct perdent enfin les formes déplaisantes et grotesques que lc xix e siècle, enchérissant encore sur les coupes étriquées et rabougries du xvm% a trouvé moyen dc faire prévaloir. Nous verrons infailliblement disparaître, par degrés, ces chasubles qu'un inflexible bougran a rendues, dans leur partie antérieure, semblables à des étuis de violon, pour nous servir de l'expression trop vraie de l'illustre artiste anglais, Welby Pugin; ces chapes non moins étranges qui, garanties contre toute prétention aux

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63û EFFORTS DIVERS DANS LE MÊME SENS

effets de draperies par les enduits gommés- qui leur servent dc charpente, s'arrondissent en cône autour du clerc condamné à habiter momentanément dans leur enceinte *, ces surplis, aux épaules desquels on a suspendu deux plaques dc batiste décorées du nom $ ailes, en dépit dc leur terminaison horizontale à l'endroit où elles s'évasent le plus-, ce qui leur ôte toute ombre dc ressemblance avec l'objet qu'elles prétendent imiter. Ce serait ici lc lieu dc réclamer encore contre le bonnet pointu qui a remplacé la barrette de nos pè re s ; mais sa suppression récente dans plusieurs diocèses vient par avance confirmer nos prévisions. Le zèle des prélats pour la dignité du service divin l'a déjà fait disparaître dans les diocèses de Marseille, du Puy, d'Orléans, dc Sécz, etc. L'Eglise dc Paris elle-même a récemment repris la barrette par Tordre dc son premier pasteur; ct i lcst permisdeprévoi rque d'ici peu d'annécslc bonnet pointu n'existera plus que dans l'histoire des costumes nationaux dc la France, où il excitera peut-être un jour le sourire dc nos neveux, en la manière que nous nous sentons égayés nous-mêmes, lorsque quelque description ou quelque dessin nous met sous les yeux la bizarre chaussure qui lit fureur il y a cinq siècles, sous le nom de souliers à la pnulaine.

Mais la révolution liturgique ne s'arrêtera pas aux costumes. Une autre nécessité la précipitera plus rapidement encore. Quand on aura rétabli nos édifices sacrés dans leurs convenances archilcctoniqucs, rendu nos costumes à la dignité ct à la gravité qu'ils n'auraient jamais du perdre, on n'aura rien fait encore, si le chant qui est l'àmc d'une église catholique n'est aussi restitué à ses traditions antiques. Franchement, des mélodies, si on peut sérieusement leur donner ce nom, des mélodies fabriquées en plein xvm° siècle, fut-ce par l'abbé Lebeuf, ne sauraient plus retentir dans un choeur auquel sera rendue la sainte ct légendaire obscurité de ces vitraux

Page 237: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EFFORTS DIVERS DANS LE MEME SENS G3 I

grand jour, les livres de Vigier et Mésenguy- DcParchéo-logie qui s'exerce sur les pierres et sur la coupe des vêtements sacrés, il faudra, bon gré, mal gré, cn venir à celle qui recueille les mélodies séculaires, les airs historiques, les motifs antiques de ce chant romain, dans lequel saint Grégoire a initié les nations modernes aux secrets de la musique des Grecs.

Mais sur ce point encore nous n'en sommes plus déjà La publication

aux conjectures et aux prévisions : la révolution n'y est c/lorX'ic pas moins sensible que sur tous les autres. Quand nous C n i n r c » c l

n'en aurions d'autre preuve que la publication de ces n™*iïccs*' nouveaux Livres chorals, donnés par Choron ct autres t l u J « p o u t c aM s £

7 L par I H ' u v r c de

musiciens récents, dans le but avoué dc dégrossir la note l '^bé Lebeuf.

de l'abbé Lebeuf, moins d'un siècle après l'inauguration

de ses lourds graduel et antiphonaire, ceci suffirait déjà

pour constater l'extrême lassitude du public. Ces Livres

chorals, en effet, sc débitent ct sont même déjà cn usage,

non simplement en quelques paroisses, mais jusque dans

des cathédrales. Nous nous garderons bien, assurément,

de témoigner la plus légère admiration pour ce remanie

ment d'un fonds déjà jugé; nous dirons même que dans

ces nouveaux livres on a altéré souvent le caractère du

chant ecclésiastique, surtout dans les /rails; aussi ne rele

vons-nous cette particularité que comme un fait à l'appui

de nos prévisions.

Déjà même on ne se borne plus à remanier l'œuvre de t pans les l'abbé Lebeuf; on a commencé à substituer dans dc n O U - livres

velles éditions des livres liturgiques, plusieurs mélodies ^eV^nclT'

romaines à celles que renfermaient les éditions préce- r0ni\dncsCont

dentés. C'est ainsi que le Missel de Paris, donné par Par- subldiuécs

chevêque de Quélen, en i83o , présente, à l'office du l l c s

î l

n o v a l c u r s .

Samedi saint le chant à&VExultet conforme à celui du

Missel romain, cn place du chant, beaucoup moins mélo

dieux, qu'on remarquait dans tous les Missels de Paris,

qu'on défonçait avec tant de zèle pour inaugurer, au * PARTIE A * * V CHAPITRE XXIV

Page 238: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 3 2 EFFORTS DIVERS DANS LE MÊME SENS

( 1 ) Bulletin du Comité historique des arts ct monuments. Onzième

numéro , pages 2 N U - 2 N U .

INSTITUTIONS antérieurs même à l'édition dc Vintimille. C'est ainsi L I T U R G I Q U E S

" qu 'au Mans, tout en laissant encore subsister dans l'anti-phonairc , l'office des Morts composé en 1 7 5 0 par Lebeuf, on a déjà rétabli, pour l'absoute, le Libéra de l 'antipho-nairc romain. Nous ne citons ces faits que .comme échantillons de ce qui s'est déjà opéré ct dc ce qui se préparc: mais en voici un autre dans lequel la progression que nous croyons pouvoir prédire sc montre plus visible encore.

Les Comités Tou t le monde sait que le gouvernement a établi, il y a historiques, , 1 i * * 7 *

formés par le quelques années, sous le nom de Comités historiques, 1 : 0 1 1 verne ment . , . . . . ,

pour plusieurs commissions dans lesquelles ont pris place les i!" co^iservatioo h nos origines nationales ct

monumen t s dans la science archéologique. L'un de ces comités a reçu de notre passé, le département des arts et monuments. Or , tandis que la

formulent 1 7 1

un vœu pour le commission préposée à la recherche des chartes et des rétablissement . 1 A

des livres du chroniques est conduite à désirer le rétablissement des chant grégorien. . . . . . . . . . . ,

anciennes appellations dominicales tirées des introït du Missel romain et qui sont la clef de l'histoire, le comité des arts et monuments arrive par un autre chemin à la même conclusion. Lc désir dc voir restituer l'antique musique religieuse dans les églises de Par is , comme un complément de leur restauration, Ta porte à émettre le v a u du rétablissement du graduel et de l'antiphonaire de saint Grégoire, au préjudice de ccux de l'abbé Lebeuf( i ) . Des démarches officielles ont été faites à ce sujet auprès de monseigneur l'archevêque de Paris , qui les accueillies avec bienveillance; mais on sent que les conclusions définitives d'une semblable motion sont de nature à se faire longtemps attendre. L'esprit de l 'homme peut prévoir les révolutions, les indiquer, en assigner la durée; le temps seul, aidé des circonstances, les réalise. Pour faire droit

Page 239: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EFFORTS DIVERS DANS LE MEME SENS 633

(i) Bulletin du Comité historique des arts et monuments. Onzième numéro, page 2 9 1 .

aux comités historiques, ou si Ton veut aux réclamations 1 PARTIE

1 1 ^ ^ C H A P I T R E X X I V

de plus en plus nombreuses qui s'élèvent et s'élèveront à ~~rz ~ r r r i Difficultés qui

l 'avenir de la part de toutes les personnes ecclésiastiques , supposent - a la réalisation

et séculières, en faveur d'un retour aux mélodies grego- de ce vœu.

riennes, il ne faudra rien moins que revoir les actes du

grand procès que lc xvm e siècle intenta à la Li

turgie romaine, casser l'arrêt déjà centenaire qui fut porté

contre elle, détrôner l 'œuvre favorite du xvm° siècle,

ct pour cela enlever de redoutables obstacles d'autant plus

embarrassants qu'ils sont plus matériels. Nous avons

néanmoins la confiance que tôt ou tard cette grande justice

se fera; mais le Comité des arts et monuments a eu raison

décompter sur d'extrêmes difficultés liturgiques contre

lesquelles les laïques seuls viendraient inévitablement SJ

heurter (i).

En attendant, les vrais amis de la science des rites sacrés im porlancc des

se réjouiront en lisant ces belles paroles, dans lesquelles liturgiques

monseigneur l'archevêque de Par i s , dans sa lettre pasto- p ' ^ i i ' A Î Î W ^ 1 1 "

raie sur les Etudes ecclésiastiques, énonce en particulier f4r'?svdans s«i la nécessité de raviver une science, dont trop longtemps l c t t r c

pastorale 1 r ° r sur les Etudes

on sembla, parmi nous, avoir anéanti jusqu'au nom. ecclésiastiques.

Quelle si magnifique notion en pourrait-on donner qui

ne soit renfermée dans cette imposante définition fournie

par le prélat? « La Liturgie, dit-il, contient des symboles, merveil- Les symboles

. , , . , . . . de la Liturgie,

« leux abrèges de notre croyance, double objet de loi ct merveilleux

« d 'amour, qui, à l'aide d'un chant à la fois pieux et har- notre ^ y a n e e ,

« monieux, sc gravent dans la mémoire et dans le cœur. c u ^ m o ^

« Leur antiquité, si bien démontrée, leur universalité, les notre toi.

« rendent d'irrécusables témoins de l'apostolicité et de la « catholicité de notre foi.

« La Liturgie renferme des prières qui supposent ou j M A prières

« expriment en détail chacun de nos dogmes, de nos mys- ll^%!iïUcîu °

Page 240: Institutions liturgiques (tome_2)__2

634 DIFFICULTÉS DE- LA SITUATION

chrétienne.

INSTITUTIONS « tères, dc nos sacrements. Elles n'ont pas, comme les L I T U R G I Q U E S 1

f

r 7

en détail chacun < ( s y m b o l e s , l'unité d'expression ; mais la variété même

des dogmes « <Jc leurs formes, jointe à l'unité dc doctrine, fournis-de la religion, ctdémontrent « sent une nouvelle démonstration de l'immutabilité de l'immutabilité , , . .

du « 1 enseignement catholique, hllcs justifient cet axiome : 1 C caîhoHquei n t « La loi de la prière est la loi dc la croyance. La Liturgie se « La Liturgie sc compose de rites, nouvelle expression

deCrUcs ( >ciui « du dogme ct de la morale. Ils forment, avec les sym-ic" r s"mboies C et '{ boles et les prières, le culte extérieur : culte nécessaire cuhVTx^rtèur, a * u n qui, bien que créé à rimage dc Dieu, est

nécessaire K s o u m j s [x l'empire des sens. Sans eux périrait infaillible-au maintien du * t *

culte intérieur. a mcntlecultc intérieur. Nos sentiments ne sont excités « ct ne persévèrent, qu'autant qu'ils sont soutenus par des « actes ct des images sensibles. Dieu lui-même, source « essentielle et éternelle d'intelligence et d'amour, est « compris (c'est saint Paul qui nous l'assure) à l'aide des « choses visibles: Invisibilia ipsius,pur ea qucejacla sunt,

« inlellecla conspiciuntur, sempiierna quoque ejus virtus

La Liturgie w e[ divinilas. La Liturgie nous donne donc la science nous donne ia t ^

science « pratique de la partie la plus élevée d e l à morale chré-pratique de la 1 1

partie t « tienne*, c'est par elle que nous accomplissons nos de^lnmorale « devoirs envers Dieu, Nos devoirs envers nos semblables

« et envers nous-mêmes, qui n'y sont pas directement « retracés, y sont rappelés toutes les fois que nousdeman-« dons la grâce d'y être fidèles, ou que, gémissant de les « avoir violés, nous implorons une miséricorde infinie : « double lumière qui fait briller la loi du Seigneur aux « yeux dc notre âme. Posséder cet ineffable trésor dc sente timents pieux, qui nous font descendre dans les pro-« fondeurs de notre misère, pour nous élever ensuite « jusqu a la miséricorde infinie qui doit la guérir, est bien « préférable, sans doute, à la science la plus étendue « dc notre Liturgie ; mais cependant, combien cette « science elle-même est propre à éclairer ct à ranimer <c notre foi !

Page 241: Institutions liturgiques (tome_2)__2

I P A R T I E

CHAPITRE XXIV

ET SON REMÈDE 635

« Nous ne parlerons point ici de l'influence exercée sur

« les arts par la Liturgie catholique, des sublimes inspi-, ., A / \ i . 4 , La Liturgie

« rations qu elle a prêtées a la musique, a la peinture, a la exerce la • i - t 1 plus heureuse

a poésie, ni des immortels monuments que lui doivent la jnt iucnccsur

« sculpture et l 'architecture. L'histoire de chacun dc ces t o u s l c s a r l s * « arts, considérés dans leurs seuls rapports avec nos rites, « fournirait une ample matière à la plus vaste érudition. »

Saluons donc avec effusion l 'aurore des jours meilleurs i-c triomphe i ' i - i r-» de la Liturgie

qui sont promis à l'Eglise de France, et ne doutons pas romaine* . . . i ' i T * * dans un avenir

que, dans un temps plus ou moins rapproche, la Liturgie plus ou moins

de saint Grégoire, de Charlemagne, desaint Grégoire VI I , cst'ineWuîbie.

de saint Pie V, la Liturgie de nos conciles du xvi e siè

cle, et de nos Assemblées du Clergé de i 6 o 5 ctde 1 6 1 2 ,

en un mot la Liturgie des âges dc foi ne triomphe encore

dans nos églises.

Mais d'ici là de grands obstacles restent encore à vain- M a i s n r c s t c

u

t encore

cre, de ces obstacles qui céderont d'autant moins aise- de grands . . . . / • 11 T j obstacles,

ment qu us sont d u n e nature plus matérielle. Si, d un d'autant plus

côté, une révolution favorable aux anciens chants, aux à vaincre Qu'ils '

anciennes prières se prépare ; d'un autre côté, nos églises s ° n a t u r c n L

ont été pourvues et à grands frais de missels, de graduels, r | u s m ; U c n c l l c -

d'antiphonaires, deprocessionnaux, qu'on ne pourra rem

placer qu'avec une dépense considérable. La question du

bréviaire en lui-même est peu grave sous ce rapport ;

l ' impression dc ce livre étant moins dispendieuse et son

écoulement toujours facile ; mais le 'bréviaire ne peut

être réformé sans le missel, et l'un et l'autre .appellent,

comme complément indispensable, la publication des

livres du Choeur. Il est vrai, d 'autre part, que l 'énorme

dépense qu'entraîne toujours après elle chaque nouvelle

édition des livres liturgiques, serait grandement allégée,

si un nombre considérable de diocèses s'unissaient pour

opérer ces éditions à frais communs, et c'est ce qui arri

verait infailliblement, du moment que nous aurions le bonheur de voir renaître l'unité liturgique.

Page 242: Institutions liturgiques (tome_2)__2

636 DIFFICULTÉS DE'LA SITUATION

INSTITUTIONS Maintenant, cette uni té elle-même quelle forme revêti-L I T U R G I Q U E S $ ^ . - .

~ rait-elle? Nous avons déjà maintes fois protesté que notre i i t u rp iquc%cut but n'était point d'approfondir présentement la question f;aranticU!ii\ns du Droit de la Liturgie; mais nous ne pouvons pas moins ^noîTbu'" faire que d'énoncer ici tout franchement que les églises

ac n ^ i i s c de q U i s o n t tenues strictement à garder la Li tumic romaine I r a n ce. 1 , ^ ,

proprement dite, la doivent retenir, ct que celles mêmes

qui , contrairement aux principes sur cette matière, s'en

seraient écartées, y doivent re tourner ; rien n'est plus

évident, ct pa r ce moyen déjà l'unité serait garantie dans

une portion notable de l'Eglise dc France.

Quam aux Quant aux diocèses qu 'une possession légitime, ou unc diocèse* . . . . . . .

î tnestis du prescription conforme au droit, aurait investis du privi-du'cônsc'ncr lègc de conserver leurs anciens usages, ct ces diocèses sont l L l usai ;cs l L n s nombreux, rien ne les contraindrait d'adopter cxclusivc-

t c n u s U i n u i o ^ les livres romains. Sans doute, après s'être préala-quecc qui est k ] c m c n t débarrassés de l'amas de nouveautés dont le

nécessaire

pour garder X \ ' J 1 1 0 siècle avait encombré la L i tunne , ils devraient dans ^ _ '. .

les prières rentrer dans la forme romaine de l 'antiphonairc, du res-publ iques la , . ,

tradition, ponsorial , du sacramentaire et du lectionnaire de saint ci p a n a i t , Grégoire, puisque la Liturgie de l'Occident ^sauf le droit i . iutoiUL. ^ Milan et des .Mo/arabes) doit être et a toujours été

romaine. Ces Eglises devraient donc reprendre les prières qu'elles avaient reçues au temps de Charlemagne, qu'elles gardaient encore avant la réforme de saint Pie \ \ qu'elles conservèrent depuis cette reforme , qui régnait seule encore chez elles jusqu'à la lin du xvn 0 siècle : car, c'est là la forme, hors de laquelle i! n'a plus été possible pour elles de garder dans les prières publiques, ni la tradition, ni l 'unité, et partant, ni l 'autorité.

Les KgHses Mais ce fonds inviolable des prières de la Chrétienté unc pourraient

rentrer f 0 j s rétabli, avec les chants sublimes qui l'accompagnent, en possession , . . , . , A

dc cette part ie et tous les mystères qui y sont reniermes, rien n empe-nationalc , . „ ., - , r . . ,

de la Liturgie encrait, ou plutôt u serait tout a lait convenable que ces racines dans Eglises rentrassent cn même temps en possession de cette

Page 243: Institutions liturgiques (tome_2)__2

ET SON REMÈDE 637

partie nationale de la Liturgie qui a ses racines dans i PARTIE L

< . C H A P I T R E XXIV

l'ancien rite gallican, et que les siècles du moyen âge ont p a n C j e n — ornée de tant de fleurs, complétée par de si suaves mélo- rite gallican.

dies. En un mot , c'est la Liturgie romaine-française que nous aimerions à voir ressusciter dans celles de nos Eglises qui prétendent à des privilèges spéciaux. C'est La Liturgie

. . . . . -, v • romaine-

alors que toutes nos traditions nationales se relèveraient, française

que la foi qui ne vieillit pas se retrouverait à Taise dans l L h S U S L l l u " ces antiques confessions, que la piété à la sainte Vierge et aux saints protecteurs se raviverait de toutes parts, que le langage de la chaire et des livres pieux s'empreindrait de couleurs moins ternes, que l'antique Catholicité, avec ses mœurs et ses usages, nous serait enfin révélée.

O h ! qui nous donnera dc voir cette ère de régénération Qualités qu'on 1 . . , de\ nut c\iger

où les catholiques de France se verront ainsi ramenés vers de ceux qui • i i r \ prendraient la

ce passe de la foi, de la prière et de 1 amour! Quand seront sainte

levés les obstacles qui retardent le jour où nos prélats Cmfssion de 0

devront s 'unir pour promouvoir ce grand œuvre ! Mais ^ t a n \ \ n ; v H S C S

avec quel zèle, avec quelle intelligence, avec quelle piété à I e* : 1 " C I . c n n u s

A • * ? t x traditions

la fois éruditc ct scrupuleuse, une pareille œuvre devrait- t i u l a prière,

elle être élaborée! Quelle sage lenteur, quelle discrétion,

quel goût des choses de la prière, quel désintéressement

de tout système, de toute vue personnelle, devraient pré

sider à une si magnifique restauration ! L'attention, l'in

violable fidélité, le soin religieux, l'invincible patience

qu'emploie de nos jours l'artiste que son amour, bien plus

que le salaire, enchaîne à la restauration d'un monument

qui périrait sans son secours, et qui va revivre grâce à son

dévouement, ne suffisent pas pour rendre l'idée des qua

lités qu'on devrait exiger de ceux qui prendraient la sainte et

glorieuse mission dc restituer à tant d'églises les anciennes

traditions de la prière. Il leur faudrait s'v préparer dc Monuments i • J t *i* i " J i liturgiques

longue main, se rendre familiers les monuments dc la à consulter.

Liturgie, tant manuscrits qu ' impr imés , non seulement ceux dc la France, mais encore ceux des diverses églises

Page 244: Institutions liturgiques (tome_2)__2

638 DIFFICULTÉS DK LA. SITUATION ET SON REMEDE

les hommes de m j n i s t r c d e l'autel do i t être h o m m e dc pr ières . Lc Grand prières connue 1 »

doit l'être malheur des temps actuels, c'est qu'on ne prie pas assez: le tout prêtre, ct . , . . . . la récompense réveil de la piété liturgique serait donc un signal de salut

de ce pieux. * . \ . labeur pour nos Eglises, lc gage d unc victoire prochaine sur les

serait grande. . . , , n - . * ,

vices et les erreurs. Et quelle précieuse recompense de ce pieux labeur, dont la fatigue est d'ailleurs si fort exagérée par l'imagination de ceux qui ignorent les choses de la Liturgie, que ce retour si consolant à l'unité dc la prière, a la communion romaine, à l'antique forme des Ages de foi ! Encore est-il vrai de dire que l'oflicc divin, dans nos anciens livres français, s'il est plus considérable que dans les bréviaires actuels, est cependant plus abrégé qu'au Bréviaire romain proprement dit. L'usage, entre autres, d'accomplir matines, au temps pascal, par un seul nocturne, n'est point unc innovation des Foinard ct des Grancolas; il appartient aux Églises de France depuis bien des siècles; mais nous rougirions dc

INSTITUTIONS de l'Europe, de l'Allemagne ct de l'Angleterre surtout. LITURGIQUES "

— qui firent tant d emprunts a nos livres et les enrichirent encore par des suppléments où respire la plus ineffable poésie. Enfin, ce merveilleux ensemble pourrait se compléter par quelques emprunts faits avec goût ct modération aux derniers monuments de la Liturgie française; afin que certains traits heureux, quoique rares, empruntés à l'œuvre moderne, dans la partie que n'a point souillée la main des sectaires, ne périssent pas tout à fait, ct aussi afin que les deux derniers siècles, auxquels il ne serait pas juste dc sacrifier toute la tradition, ne fussent pas non plus déshérites totalement dc l'honneur d'avoir apporté leur tribut au monument éternel ct toujours croissant de la prière ecclésiastique.

Un léger Ainsi régénérée, la Liturgie dc nos Eglises serait les surcroît dans . M . , , ' i • • i i r

la somme dehecs du cierge ct la joie du peuple tidele. La question

divfns nVstVas d'un léger surcroit dans la somme des ofiiecs divins n'en u n C p o u r t ] > r t c s t P a s u n c P o u r les hommes dc prières, ct tout prêtre, tout

Page 245: Institutions liturgiques (tome_2)__2

SCANDALES DES ANTILITURGISTES EN ALLEMAGNE 63g

tique. " " Enfin, pour donner à ce grand œuvre de ia régénération Pour donner

liturgique de la France, la solidité et la durée qui lui œu^rc dîTîa conviennent, et pour assurer cette immutabilité qui garan- îîtur^u^de^Jn tirait désormais, avec l'unité, l'autorité et la parfaite i /sMuUto,

orthodoxie de cette Liturgie romaine-française, et la sau- pim\nutiSîîîi(î verait à l'avenir des atteintes dc la nouveauté et dc Parbi- , u s o . r a i t

nécessaire que traire, il serait nécessaire que la sanction inviolable du l a

sanction . . A du Sièi»e

Siège apostolique intervînt pour sceller ct consommer apostolique toutes choses. Il faudrait aussi que les décrets dc la sacrée nnVfaudraît Congrégation des Rites fussent désormais publiés ct pa* neiger les

D O ^ x décrets de la observés dans tout ce qui ne serait pas contraire à la sacrée

Congrégation

forme des livres français; et que les nouvelles fêtes établies des (tues, et les par lc Siège apostolique obtinssent au moins Phonneur fûtes établies d'une mémoire au calendrier, dans le bréviaire d'une npostoHquc!

Église qui, si elle tenait à rester française dans des usages d'une importance secondaire, voudrait avant tout se montrer romaine, autant que ses sœurs de l'Occident.

Tel est le vœu que nous formons pour PÉglise dc France, en terminant la partie de notre récit qui regarde cette belle province dc la Catholicité. Nous serons heureux si on veut bien reconnaître dans ce que nous venons de dire un témoignage de cctte modération et dc cette prudence qui doivent toujours accompagner l'application des théories les plus légitimes et les plus absolues.

Considérons maintenant l'état de la Liturgie dans les différentes parties du monde chrétien, au xix e siècle.

L'unité romaine a régné sans partage, durant les qua- r/AHcmagnc

/ i • * , » , , aujourd'hui le

rante premières années dc ce siècle, dans 1 Italie, ou les théâtre des

semences implantées par Ricci, sans être détruites, peut-être, n'ont plus rien produit à la surface; dans l'Espagne d a n ? i l !

C cuf t c ° s c a

et le Portugal, auxquels il faut joindre les nombreuses ^an-oter^

églises fondées autrefois dans les deux Indes par ces n o s «gante , royaumes; dans la Belgique, la Suisse, et on pourrait

pousser plus loin cette justification de la prière ecclésias- 1 PARTIE

R * ' R CHAPITRE XXIV

Page 246: Institutions liturgiques (tome_2)__2

I N S T I T U T I O N S

L I T U R G I Q U K S

Aux ten'atives anti liui rgislus

de Joseph II, s: sont joints le feoronian isnie

el l ' henné-sia nisme.

L'esprit anti l i turgiste

a pris cn Allemagne

d'autres a l lures qu 'en I'Vance.

Comparaison entre nos

6 4 0 SCANDALES DES ANTILITURGISTES

même ajouter l 'Allemagne, s'il n 'y avait de changements " liturgiques que ceux dont les livres du choeur et de Faute!

portent la trace. Mais ce dernier pays est aujourd'hui le théâtre des plus graves événements dans les choses du culte divin, nous devons les signaler au lecteur; nous traiterons ensuite de la Liturgie en Angleterre, et dans les pa) rs soumis à la Russie.

On se rappelle ce que nous avons raconté, au chapitre

: précédent sur les tentatives antiliturgistes de Joseph IL si

bien secondées par cette portion du cierge dont Jérôme

de Collorédo, archevêque de Salzbourg, se montra l'or

gane dans la fameuse Instruction pastorale de 1 7 N 2 .

Depuis lors, la plaie s'est étendue, et les sophismes impies

du fébronianisme ayant mine la notion de TKglise, Piier-

mésianisme s'est présenté pour cn finir avec le christia

nisme lui-même. Malheureusement, l'un et l'autre ont été

favorablement accueillis par une portion notable du clergé

catholique de l'Allemagne, dans la Prusse, la Bohème, le

Wur t emberg , le duché de Bade, et jusque dans la Bavière

et l 'Autriche. Bientôt, les exigences du culte extérieur

sont devenues de plus en plus à charge à ces hommes

légers de croyance, qu'on voit tous les jours s'associer

complaisamment aux projets des gouvernements, dans le

but d'éloulïer jusqu'aux dernières étincelles de la foi qui,

par le plus étonnant prodige, survit encore dans le a c u r

des peuples, à la secrète apostasie des pasteurs.

Mais, ainsi que nous l'avons déjà remarqué, l'esprit

antiliturgiste a pris en Allemagne d'autres allures qu'en

France, et il s'est bien gardé de perdre son temps à falsi

fier des bréviaires. Au siècle dernier, le pouvoir séculier,

par l'autorité de Joseph I I , avait pris l'initiative en procé

dant par voie d'ordonnances ct d'édits; maintenant, c'est

le clergé qui se met à l 'œuvre, ct ses opérations ne sont ni

moins habiles, ni moins efficaces.

Une comparaison entre nos jansénistes de France ct les

Page 247: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EN ALLEMAGNE 6 4 1

fébroniens et les hermésiens d'Allemagne, quant à la i PARTIE . , , r . . . . • j , CHAPITRE XXIV

manière d entendre la reforme liturgique, nous aidera a :—— . . . . . . jansénistes et les

constater le chemin que ces derniers ont déjà fait vers le fébroniens et hermésiens

protestantisme. d'Allemagne. Les nôtres, pour flatter la lâcheté et l'indévotion des Les nôtres

. . , , . , / diminuent la clercs, osèrent composer d e s traites spéciaux ou ils pre- somme

sentaient comme un appât la diminution de la somme des ECCÎLSMSTIQÏES,

prières ecclésiastiques; les antiliturgistes allemands ont regard^ÎCUR

franchi le pas, et la récitation des Heures canoniales est COMMET™

désormais regardée, par une portion considérable du clergé obligatoire.

d'outre-Rhin, comme une pratique tombée en désuétude, et son obligation comme de nulle valeur pour la conscience.

Nos jansénistes ont déclamé en cent manières contre la Nos jansénistes ^ . 1 1 1 * > • • j - • ont déclamé

pLete extérieure, contre le luxe des cérémonies qui, disaient- contre la

ils, ne servent qu'à soumettre la religion aux sens; les p i e^S

EAUTRES™'

antiliturgistes allemands en sont venus à supprimer la Î^piu^nn^cs

plupart des cérémonies, et déjà bon nombre d'entre eux G é m o n i e s ,

s'affranchissent du devoir de revêtir les habits sacerdotaux pour monter à l'autel, et célèbrent la messe avec les vêtements plus ou moins profanes dont ils se trouvent pour le moment revêtus.

Nos jansénistes, par tous les mouvements qu'ils se sont Nos jansénistes

donnés pour répandre les traductions en langue vulgaire lerfraducdSns de la Bible, du missel et des formules liturgiques, trahis- VU?gm>C^des

saient leurs penchants calvinistes; aujourd'hui, les églises cantiques r 1 ' 7 o en cette langue

catholiques d'Allemagne retentissent de cantiques en langue e " j j " * ^ " 1

vulgaire qui, la plupart du temps, n'offrent pas même la traduction des prières ou des chants d'Église.

Nos jansénistes mirent la main sur les livres liturgiques Nos jansénistes

et trouvèrent moyen d'y faire pénétrer la quintessence de dansées LIVRES

leurs idées, ct, quand ils ne le purent faire aisément, ils , A

1Î| lu!ntclsence

surent du moins faire disparaître de ces livres, sous divers d c ^ " ^ i ^ f **'

prétextes, ce qui leur était le plus odieux. Il est vrai qu'un A L L^" NF"^ÛRS S S I

reste de pudeur, ou, si Ton aime mieux, de prudence, les d'utopies T. 11. 4 1

Page 248: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 4 2 SCANDALES DES ANTILITURGISTES EN ALLEMAGNE

M. J - K / — -

h t U ] a g r c f o n n c ° u r c n c e R u î concerne l'administration des sacrements. Lc d S l a r n i B s i c C S

c^Grë^ allemand de nos jours a aussi ses faiseurs, ct la dc^ûpultiirc?' P r c s s e c s t inondée dc leurs utopies liturgiques pour la

des . réforme des'cérémonies dc la messe, des sacrements, des bénédictions. ' , , . 7

sépultures, des bénédictions. Ln tetc de cette cohorte d'antiliturgistcs, il est juste dc compter le fameux W a s -semberg, vicaire capitulairc dc Constance, qui a été refusé par Grégoire XVI pour Téveché de cette ville, mais qui, en revanche, a donné d'énergiques preuves de son attache-chement à la doctrine du second de nos Quatre Articles de 1Ù82, par la publication d'une trop fameuse Histoire des Conciles dc Constance et de Bâte. Après lui, mais dignes de lui faire escorte, apparaissent Wintcr, Busch, Sclmar, Grosbock, Brand, Schwarzcl, Hirscher, etc . , dont les œuvres sont jugées avec unc grande modération par le docte ct pieux F. X. Schmid, dans sa Liturgique, lorsqu'il se contente dc dire que, d'une part, ils ont été trop loin, et que de Vautre ils ont complètement méconnu Vesprit du culte [[).

N n S Nos antiliturgistes français s'étaient appliqués à rendre antiliturgistes p j u s r a r c j a célébration de la messe, produisant pour rendaient plus * 1 t , . ,!' i ï r o . , i l . motif la grande pureté qu'on doit apporter à l'autel, (-eux

célébration de D 1 1 1 . in messe, d'Allemagne entrent dans le même svstème; mais les rai-

snus préteste , . , , " , d'une^rande sons ascétiques qui n étaient qu un prétexte dans l e s pureté q u ' o n « 1 P ' 1 1 n ? i 1

doit apporter à udeptes avances de I école de Port-Royal n y sont pour amres C tont S de rien ; c'est tout simplement pour fuir un assujettissement

I n r"]r u n U r inutile, que ces prêtres dégénérés s'abstiennent de lacclc-i . e l t i s * c m c n t bration des saints Mvstèrcs, hors les jours de dimanches mutile. 7 '

et de fêtes; encordes voit-on disserter dans des écrits et des conférences, cn présence du public, sur la quantité de nourriture qu'un prêtre catholique peut se permettre

assu

(1) Liturgik der christkatholischvn Religion. L'ditionde 1840, tome I,

page Hz.

I N S T I T U T I O N S obligea de conserver le cadre primitif et de laisser subsis-LITURGIQUES 1 • • 1 - , - ^

- ter les principales parties des anciennes formes, surtout

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ORDONNANCE DE l/ÉVÊQUE DE ROTTEMBOURG

avant de monter à l'autel. Sans doute, ces choses font i PARTIE A • / 1 1 j CHAPITRE XXIV

horreur : mais pour être ignorées de quelques-uns de nos lecteurs, elles n'en sont pas moins patentes sous le soleil.

Mais allons jusqu'au bout : durant la persécution fran- Les plus grands . , \ . scandales

çaise, quand les lois eurent cesse de prêter aux disposi- causés chez . , , r , . „ . nous par la

tions canoniques 1 appui de la force matérielle, on vit un violation

grand nombre de prêtres abjurer leur saint état et con- ecciésiastkiuc;

tracter des mariages sacrilèges : dans quels rangs se recru- îe^a^sénistcs

tèrent ces apostats? Tou t lc monde sait que ceux dont la c ' u s t aussi dans r " cette partie

défection fit le plus grand scandale, étaient précisément clergé t r

1 D

#

r allemand que des hommes liés au parti janséniste, membres des con- de

. , , nombreuses

gregations qui avaient le plus sacrifie aux nouveautés anti- voix s'élèvent

liturgistes, fauteurs et même auteurs de ces nouveautés. demander

Or, voici que dans cette partie du clergé allemand dont I a b o I l l l o n -nous venons de signaler les tendances, dc nombreuses voix s'élèvent pour demander l'abolition du célibat ecclésiast ique; et d'où vient cela? C'est qu'il n'y a point de dégradation dans laquelle ne puisse et ne doive tomber le prêtre isolé, par des doctrines perverses, dc ce centre apostolique d'où viennent la lumière et la vie, sevré du devoir ct de l'usage dc la prière de chaque jouret de chaque heure, séparé de cet autel dont la sainte familiarité est le premier motif de la continence sacerdotale. Assurément, il ne faut pas être bien profond, ni bien clairvoyant, pour avoir compris que le mariage des prêtres est la cause unique pour laquelle la célébration journalière de la messe n'a pu s'établir dans l'Eglise d'Orient.

Afin de mettre dans tout son jour la situation de l'Église Ordonnance

d'Allemagne, quant à la Liturgie, il est bon de produire RoticmSourg!

quelques extraits d'un document récent et authentique; c'est la fameuse ordonnance qu'a publiée, il y a environ deux ans, l 'évêque de Rot tembourg ; on la trouve en entier au Catholique de Spire ( i) . Nous allons en faire connaître les principales dispositions.

(î) 1839 . Mai et mois suivants.

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6 4 4 ORDONNANCE

FDMJNISMTIVC, excès que nous venons de signaler; samarche estadminis-o n trativc, ct partant aussi prudente et aussi réservée qu'il

reconnaît que I R * T mieux c s t possible; mais on n'y reconnaît que mieux l'existence

l'existence du r 1 J 1 dangereux du dangereux système à l'aide duquel les antiliturgistes

d'Allemagne ont résolu de protestantiser le catholicisme. AI. dc Keller a enchéri sur Ricci dans la même proportion que ce dernier sur nos antiliturgistes français,

u y établit des Dans cette trop fumeuse ordonnance, le prélat semble dispositions , , . , T-, ..

propres préoccupe, comme les novateurs de fcrance ct d Italie, de ilnldemcnt la réforme du bréviaire. Sans oser proposer non plus la 'n iurpic . 0 suppression des Heures canoniales, il établit des disposi

tions propres à détruire totalement l'ancienne Liturgie. Les psaumes des vêpres devront se chanter cn allemand; encore cctte psalmodie pourra-t-cllc être remplacée par tout autre exercice religieux, au jugement du curé. On découvre encore la prédilection de l'évêque pour la langue vulgaire, dans l'article où il annonceune revision du rituel; il déclare l'intention d'y introduire des formules cn langue allemande, conformément au besoin des temps.

Mesures qu'il y Pour réformer les tendances papistes vers la communion a^'d^rVusa^e et la dévotion au saint Sacrement, le prélat décrète qu'on

^«iLÏÏim!!1" n'administrera plus l'eucharistie hors la messe; que toutes C déùnion 1 C àù l ' c s a u t r e s églises demeureront fermées durant la messe de

saint paroisse: que la première communion ne sc fera point Sacrement. x .

avant IVigc dc quatorze ans; qu'on ne célébrera plus de messe aux jours ouvrables, dans les autres églises, après celle qui sc dira à la paroisse. Pour abolir, autant que possible, l'usage de Ja fréquente communion, les curés n'administreront point le sacrement de pénitence individuellement; mais ils partageront leurs paroissiens cn catégories qu'ils admettront successivement ïx des époques déterminées.

INSTITUTIONS M. Jean-Baptiste de Keller, évêque de Rottembourg, L I T U R G I Q U E S • M " 1 t _ M ' ' i I

n assume point, il est vrai, la responsabilité de tous les

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DE L'ÉVÊQUE DE ROTTEMBOURG 6 4 6

Ce qu'il décrète pourra-t-elle avoir lieu que l'après-midi. touchant

_ , % , . . . , . l'exposition Sur les fêtes, le prélat décrète les dispositions suivantes : du saint

, , , T . . , , . , Sacrement. la messe de Minuit est abolie ; on ne pourra commencer a T

1 r La messe célébrer la messe, le jour de Noël, avant cinq heures du de minuit et

* , , l c s fôtes matin. Aux jours de fêtes supprimées, on ne tolérera au- supprimées.

cun service divin dans les églises; les curés ne pourront même pas transporter à ces jours des dévotions particulières qui seraient capables de fournir au peuple le prétexte de se dispenser de ses travaux. On ne pourra ni annoncer ces fêtes, ni les sonner, ni allumer un plus grand nombre de cierges aux messes basses que l'évêque veut bien encore tolérer. En revanche, la fète du roi est déclarée fête de l'Église.

Les processions ne sont pas plus menacées par lc prélat, i-es processions

^ ti 1 -IR 1 L 1 • du saint Marc,

Celles de saint Marc et des Rogations devront sortir à des Rotations et . , . A * , . ,. de la I'cte-Dieu.

cinq heures du matin et être rentrées a huit, soi-disant pour éviter la dissipation, mais cn réalité pour les rendre inaccessibles au grand nombre des fidèles; encore M. de Keller a-t-il bien soin d'ajouter qu'on pourra commuer ces processions en une prière faite dans l'intérieur de l'église, avec l'agrément de l'évêque. La procession dc la Fête-Dieu est maintenue aux conditions suivantes : On évitera la pompe ; on ne fera entendre que des chants en langue allemande, et il devra y avoir une prédication à chaque station. La procession du jour de l'octave ne sortira pas de l'église.

Les bénédictions, cette partie si essentielle du catholi-ï-çsbénédictions

cisme, sont réduites à sept, parmi lesquelles on veut bien r u t u , U b A b p t" conserver celle de l'eau. Les autres, bien qu'elles soient dans le rituel, sont abolies. Il est recommandé aux pasteurs de veiller à ce que le peuple n'attribue pas, aux bénédictions même conservées, une vertu qu'elles ifonlpas.

Les saintes images sont poursuivies avec une rigueur

O N N'EXPOSERA LE SAINT SACREMENT QUE SIX JOURS TANNÉE, * PARTIE _ . . CHAPITRE XXIV

HORS L'OCTAVE DE LA FETE-DIEU; ENCORE CETTE EXPOSITION NE

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6 4 6 ORDONNANCE

Les saintes . , .

images, les toutes ses forces le préjuge qui attribuerait unc vertu spe-I-cp^esentaVions ciale à quelques-unes d'entre elles. On n'exposera plus les

c t ^ u \ o m b c a u . saintes reliques désormais, ni on ne les portera cn procession: m a i s o n les tiendra renfermées. On fera disparaître des églises les ex-voto, ct on ne souffrira pas qu'on en replace de nouveaux:. Les représentations de la crèche ct du tombeau, qui sont cn usage en Allemagne, à Noël et dans la Semaine sainte, sont abolies, ainsi que celle du mystère dc l 'Ascension, non moins chère au peuple.

Le cimeiicre ct On ne distinguera plus dans les cimetières la place des lus funérailles. .

entants morts sans baptême, ou des juifs ct autres non baptisés, dc celle des chrétiens. Les chants des funérailles seront cn langue vulgaire, et au décès de chaque catholique, les parents ne pourront obtenir que trois messes au plus, c t u n anniversaire. Les enfants morts avant la première communion n 'auront point droit à ces prières. On a vu plus haut que la première communion était différée jusqu'à l'âge de quator/.e ans.

Les confréries. Les confréries excitent aussi la sollicitude du prélat. Toutes sont supprimées, à l'exception d'une seule par paroisse, ct pour empêcher les fidèles d'en fréquenter plusieurs, la fète patronale de toutes est fixée au même jour.

Les pèlerinages Les curés devront s'opposer de toutes leurs forces au chapelles. concours des pèlerinages; il n'y aura pas de messes dans

les chapelles qui sont le but de ces pieux voyages, hors celle du chapelain qui s'y trouverait par hasard attaché. Il y aura défense d'y entendre les confessions, dans la crainte que les fidèles n'y veuillent communier, et la chapelle devra être fermée continuellement, hors le temps de la messe. S'il se trouve d'autres chapelles surlcs paroisses, on les détruira, et les fondations qui y sont attachées seront transportées dans les'églises paroissiales.

INSTITUTIONS pareille. La coutume populaire de les habiller est suppri

mée , comme un scandale : le clergé devra combattre de

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DE L'ÉVÊQUE DE ROTTEMBOURG 6 4 7

Telles sont les principales dispositions de l'ordonnance * PARTIE R R . CHAPITRE XXIV

de l'évêque de Rottembourg, qui entend bien ne procéder S u p p r i m e r l c s

dans tout ceci que d'après les principes les plus sains du fêtes . . . , . . . . , ; , j c t l c s dévotions

christianisme le mieux compris ct le plus dégage des su- lors môme que • x i i* t 1 '* o n interdit

perfetations romaines. Il va sans dire que la morale pre- aussi les danses

chée à propos de ces innovations, est la plus rigoriste et dc^manchcs,

la plus sèche, ainsi qu'il arrive toujours chez ceux qui ont n „VoÇônl° à se faire pardonner leur relâchement sur les choses de la 1 A : J c n d r ( \

i religieuse et foi et de la piété. Néanmoins, il ne suffit pas, pour rendre morale

r 1 . , u n c population

religieuse et morale une population catholique, de sup- catholique,

primer les fêtes et les dévotions, sous prétexte qu'on interdira en même temps les danses aux jours dc dimanches; les yeux ct l'imagination des peuples demanderont d'autres spectacles, et l'oisiveté engendrera bientôt tous les désordres.

Mais nous sommes loin d'avoir épuisé tous les faits qui Exemple A . . j contraire donné

nous peuvent faire connaître la situation liturgique de parte

l'Allemagne. Tandis qu'une partie du clergé catholique qui semble

travaille à détruire l'antique foi, avec ses manifestations 3 urendre" U

les plus essentielles, le protestantisme semble s'ébranler h °Théorfes U X

ct rendre hommage aux théories catholiques sur la forme ^ ^ S " ^ s u r

religieuse. Déjà,rendant hommage aux avantages de l'unité religieuse,

de communion, les réformés d'Allemagne ont tenté; et réalisé, dès l'année 1 8 1 7 , dans la Prusse et le duché de Nassau, une réunion pompeuse du luthéranisme et du calvinisme; le complément de cette grande mesure devait être une modification liturgique dans un sens toujours moins éloigné des usages catholiques. Le même roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, qui avait préparé la dramatique réunion des luthériens ct des calvinistes, s'est donc chargé de pourvoir désormais l'Église réformée d'une Liturgie qui soit à la hauteur de ses destinées futures. Il est vrai de dire que Sa Majesté, loin dc pouvoir faire agréer son œuvre par l'universalité de ce qu'elle appelle l'Église évangêlico-protestante, n'a pas été sans éprouver quel-

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6 4 8 ORDONNANCE

(i) Ci-dessus, page

{•2.) Histoire générale de VKglisc, par lu Baron Ilcnrinn. Tome Mi l .

page 4 1 3. Tome I, page 2 ^ .

INSTITUTIONS qucs résistances partielles dans son propre royaume : mais LITURGIQUES , . „

toujours est-il que cette Liturgie a pour caractère particulier de se rapprocher en plusieurs points des formes catholiques. Non seulement le prince a pris des mesures pour replacer des images dans les temples protestants , mais dans lc service divin de laCène, on trouve déjà une grande partie dc notre Messe des Catéchumènes, la Préface, le Sanctus, le Mémento des vivants, etc.

A V E U É C H A P P E Ce sont là, sans doute, des faits bien éloquents en ati royal I N - 1 1 » M ' 1 - i-

Î I I U N J I S I C D A N S laveur de 1 importance de I élément l i turgique; 1 aveu qui D C ^ M ^ M H I S C I échappe au royal liturgiste dans la préface dc son missel de

T O U C H A m 1 8 2 2 , ne l'est pas moins. Il cn vient jusqu'à faire valoir D « I N S I C ' S C R V F C E ^ c s avantages dc l'uniformité dans le service divin, cn la

D I V I N . manière qu'avaient osé le faire nos évêques constitutionnels, dans leur conciliabule de 1 7 9 7 ( 1 ; . «L'Église évan^é-« lique,dit Sa Majesté, doit assurer la stabilité dc la société « chrétienne, par sa doctrine ct sa discipline. Bien que « tels ou tels usages religieux ne constituent pas l'essence « du culte divin, il faut cependant que Y uniformité dans « le culte produise unc sorte de conviction générale, ct « même une tranquille sérénité de conscience, appuyée « sur cette douce et consolante pensée que nous adressons « à Dieu les mêmes louanges, les mêmes actions de « grâces, les mêmes demandes, les mêmes vœux et les « mêmes prières que nos ancêtres dans la foi lui ont « adressés, depuis plusieurs siècles [2). » Certes il faut que l'unité liturgique soit d'une nécessité bien évidente, pour que les schismatiques et les hérétiques eux-mêmes le proclament si haut, cn dépit de leur état d'opposition à renard de la Mère Enlise. Nous avons constaté ail-leurs le même fait chez les Grecs Melchites (3) ; qui osera

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DE L'ÉVÊQUE DE ROTTEMBOURG 6 4 9

donc désormais parmi nous contester un principe auquel 1 P A R ™

\ CHAPITRE XXIV

toute société religieuse semble se recommander, pour ~ -

vivre et se perpétuer?

Au milieu de ces phénomènes vraiment remarquables, La littérature

la littérature protestante de l'Allemagne se montre grave- de P ^ \n b emagne , *• i i i - • r* i se montre

ment préoccupée de la science liturgique, bans parler gravement

d'Augusti , auquel nous consacrons ci-après une notice, P 7 ^ C s c i e n c c d c

la matière des rites sacrés est exploitée avec plus ou moins liturgique

d'érudition par Marheinike, Hildebrand, Schmid,Rcchen-

berg, Rheinwald, Schone, Bohmer, etc., etc. Plût à Dieu

que nous pussions compter en France un nombre pareil

d 'hommes sérieux, se livrant à ces belles études qui furent

si florissantes chez nous avant l'innovation antiliturgiste!

Mais ce qui est plus admirable encore, c'est que l'Alle

magne protestante ne renferme pas seulement des hommes

auxquels la science liturgique est familière, sous le côté

de l'archéologie ou de l'esthétique; elle en possède aussi

qui proclament la magnificence ct Fonction de nos for

mules papistes, qui s'en vont recueillant avec amour nos

vieilles hymnes, nos proses et nos antiennes séculaires, les

publiant avec des commentaires dont, la plupart du

temps, l'esprit et la forme sont entièrement catholiques;

bien différents assurément de nous autres Français, qui

nous montrons si indifférents à toutes ces richesses

de la piété de nos pères, engoués, que nous sommes des

pastiches de notre Santeul. Nous avons d'utiles leçons à prendre dans la lecture des précieux volumes publiés par

Rambach, Daniel, et autres luthériens dont les travaux

sont indiqués ci-après.

Mais si l 'Allemagne protestante semble sous l'empire i-esdésastrcuscs

d'une réaction en faveur de la forme religieuse, il ne faut .M. de KeiieVet

pas croire pourtant que tous les catholiques partagent les V o u V ^ i u 0

désastreuses théories que M. dc Keller (i) et une partie s o n t RESTÉES par une solennelle

(i) En ce moment même, les journaux nous apprennent que M. de ^devrais" Keller vient de prendre, à l'égard du gouvernement de Wurtemberg, une catholiques.

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65o AFFAIRE DE COLOGNE

Triomphe Disons maintenant un mot du triomphe de l'Église catho-

caihol'iqué'dans Hquc dans la cause de Clément-Auguste Droste de Vischc-' c i o m e n i ^

r ' n B* archevêque de Cologne. Quel cœur catholique n'est Auguste Drosic ^ m u j c reconnaissance ct d'admiration pour ce nouvel

de Y i s c h c r i n g , *

archevêque Athanase, dont le courage indomptable sauve à jamais la de Cologne. , 1 '

foi et la discipline dans l'Kglise d'Allemagne, contraint les puissances du siècle à reculer dans leurs perfides manœuvres, rend le sentiment de leur devoir à des prélats ct a des prêtres dont la conscience pactisait avec la trahison, inonde le cœur des fidèles de cette joie el de cette espérance que le sentiment seul du catholicisme peut faire ressentir? Or la source de cette victoire éclatante, dont les conséquences ne sauraient èire' comprimées, est la fidélité de Clément-Auguste aux principes de la Liturgie; comme aussi l'espérance des ennemis de l'Eglise était dans lc

altitude plus épiscopalc. Il a adresse des réclamations sur l'oppression quo sou lire l'Kglise dans ce pays. Puisse enfin ce prélat reculer dans la ligne malheureuse qu'il a adoptée, ct comprendre que le catholicisme cesse d'exister, quand sa forme et sa liberté lui sont enlevées, et que toutes les atteintes dirigées contre cette l'orme et cette liberté, ont leur contre-coup sur la foi elle-même, sur la morale cl sur la hiérarchie!

INSTITUTIONS notable du clergé cherchent à faire prévaloir. Grâce à MTUROrQUlïS " r

Dieu, la plus belle ct la plus solennelle protestation est placée cn face même de ces honteuses apostasies. Nulle contrée catholique aujourd'hui ne saurait montrer des hommes plus érudits et cn même temps plus intelligents, que l'Allemagne elle-même. Nommer Mœhlcr, Klce, (iœrres, Windischman, etc. ; ct spécialement pour la Liturgie, Hinterim, F. X. Schmid, etc., c'est prédire lc mouvement d'ascension que ne peuvent manquer dc subir les doctrines catholiques dans le pays qui produit de tels hommes. Au reste, nous ne tarderons pas à dérouler sous les yeux du lecteur la liste magnifique, quoique incomplète, des liturgistes allemands de ce

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AFFAIRE DE COLOGNE 651

renversement de ces mêmes principes. Si donc les traî- * PARTIE

I , • I iT - . r - r i * - 1 C H A P I T R E XXIV

treuses théories du congres de Vienne sont refoulées, si la • marche du système qui tendait à produire Punité germanique au moyen du protestantisme est aujourd'hui envoie de rétrograder, c'est parce que Clément-Auguste, fidèle à la voix du Siège apostolique, ne veut pas qu'une formule de quelques lignes dans le Rituel romain, soit prononcée sur des époux indignes du nom dc catholiques, tandis que le roi de Prusse voulait, au contraire, que cette formule sacrée fût prostituée jusqu'à servir d'égide à l'apostasie.

Donc, la doctrine, les mœurs, l'Église, tout s'est réfu- i-a doctrine . , , 1 , 4 1 1 I - I - , c - s ""fcurs,

gie, concentre pour 1 Allemagne, dans cette question litur- iKgiisc, tout

gique; c'est de là que l'hermésianismc est terrassé, parce CONCENTRA1 pour

que le glorieux confesseur dont il a éprouvé les indomp- ^ tnns ' ccne 0 '

tables poursuites est désormais proclamé le sauveur dc la question r * liturgique.

foi; c'est dc là que lc fébronianisme est confondu, parce que la soumission au pontife romain ne saurait être précitée plus éloquemment que par la captivité d'un archevêque, si docile au Siège apostolique; c'est de là que le plus tonnant de tous les anathemes éclate contre les mariages mixtes, dont la désastreuse multiplication allait à éteindre sous peu d'années la vraie foi dans dc vastes provinces, et qui deviennent désormais odieux à tous ceux qui ont gardé dans leur cœur un reste de ce sentiment de nationalité catholique qui ne s'éteint que lentement dans le cœur des enfants dc l'Église; c'est de là enfin que sortira l'affranchissement religieux, non seulement de la Prusse et des provinces rhénanes, mais en général des diverses autres régions dc l'Allemagne dans lesquelles les mariages mixtes allaient ruinant la foi dc jour cn jour, par l'indifférence et trop souvent la complicité des pasteurs. Que maintenant donc les peuples catholiques environnent dc leur amour ces livres de la Liturgie qui renferment ainsi le salut de la foi, et qu'on ne peut mépriser sans

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6 5 2 .EN ANGLETERRE, TENDANCES FAVORABLES

Jésus-Christ. Dieu donne toujours en leur temps ces sortes dc manifestations, et il se plaît souvent à confondre T irréflexion des hommes de peu dc foi, en montrant que, dans r Église, ce qui paraît moindre importe néanmoins tellement à l'ensemble, que cet ensemble périt du moment qu'une main profane touche à ces parties qu'un œil superficiel a jugées secondaires. Ainsi, Martin Luther aura enlevé l'Allemagne au vrai christianisme, cn prêchant contre les Indulgences; Clément-Auguste la rattache à l'Église véritable, cn maintenant, au prix de sa liberté ct de son sang, s'il le faut, la sainte franchise du rituel aux mains de ses prêtres. Tels sont les événements qui se pressent en notre siècle; passons maintenant cn Angleterre : un spectacle non moins merveilleux nous y attend.

La cause Tout le monde aujourd'hui est forcé dc convenir que principale du .

retour 1 oracle du sublime Joseph de iuatstre, sur la Grandc-dc PAnidoterre _ , , i* r « i -m*

iiTantuiue toi Bretagne, est au moment dc s accomplir. Le règne de Dieu

conservation de et de son Église approche pour l'Ile des Saints. Or, nous

litu^iinTemi l'affirmons tout d'abord, la cause principale de ce retour ;\ sein de l'antique foi, de cette dissolution du protestantisme angli-

YKgttsc-ctablic. 1 , . . »

can, tandis que le presbytérianisme, le méthodisme tiennent encore, n'est pour ainsi dire que le développement de l'élément liturgique que la plus heureuse inconséquence avait conservé au sein de YKglise-élahlie. Son calendrier, où figurent encore les saints, ses livres d'olliccs presque toujours traduits littéralement sur ccux dc r Eglise romaine, ses habits sacerdotaux, ses ornements pontîfi-fîcaux retenus dans leur forme catholique, ses cathédrales et autres édifices religieux conservés, restaurés, entretenus avec un soin pour ainsi dire filial, etc. ( i ) ;

(i) Ccs i kî lc lieu de rappeler, avec Joseph de Maistrc, les \ c i s de

Drydcn, sur le caractère de P Kg lise anglicane : « Klle n'est pas l'épouse

« légitime, mais c'est la maîtresse d\in Roi; cW|uoU]ue fille évidente tic

INSTITUTIONS mettre en péril le dépôt tout entier de la révélation de LITURGIQUES A *•

Page 259: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AUX FORMES CATHOLIQUES ET AU BREVIAIRE ROMAIN 653

J PARTIE CHAPITRE XXIV

On en peut juger par les concessions

modérées qu'accordent les ministres

du culte anglican, aux besoins des

cœurs, et qui ne font qu'accélérer le mouvement

catholique.

« Calvin, elle n'a point la mine effrontée de ses sœurs. Levant la tête « d'un air majestueux, elle prononce assez distinctement les noms de « Pères, dc Conciles, de Chefs de VÊglise : sa main porte la crosse avec e aisance; elle parle sérieusement de sa noblesse; et sous le masque « d'une mitre isolée ct rebelle, elle a su conserver on ne sait quel reste » dc grâce antique, vénérable débris d'une dignité qui n'est p!us.»(Dryden. The hind and the Panther.)

toutes ces choses n'étaient pas desimpies anomalies; il fallait y voir les indices d'une réaction future. Quand on pense que longtemps avant la fin du xvn e siècle, deux anglicans, Dugdale et Dodsworth, publiaient le Monasti-con Angîicanum, préludant ainsi, longtemps à l'avance, aux travaux que les catholiques eux-mêmes entreprendraient pour mettre en lumière les grandeurs et les bienfaits du monasticisme; quand on se rappelle la faveur avec laquelle cette publication fut accueillie en Angleterre, et le zèle avec lequel tous les ordres de la société, même les acquéreurs des biens monastiques, s'offrirent à subvenir aux frais des nombreuses gravures qui enrichissent l'ouvrage, sans autre but que de conserver le souvenir des antiques merveilles de l'architecture papiste; il est facile de comprendre que du moment où de mesquins et cruels préjugés viendront à disparaître, cette nation devra se précipiter avidement dans la vérité antique et grandiose du catholicisme.

C'est déjà ce qui arrive aujourd'hui ; d'abord, les conversions individuelles ont augmenté dans une proportion toujours croissante, au point d'arracher un cri d'alarme à l'anglicanisme; mais bientôt la brèche s'est agrandie; la profonde ct large blessure faite à l'Eglise de Henri VIII et d'Elisabeth, a apparu plus désespérée encore qu'on ne l'aurait cru; et qui la guérirait, cette blessure, maintenant que la défection est déclarée dans le camp même de ces docteurs d'Oxford, auxquels semblait être dévolue la défense de YÉglise-établie? Déjà le papisme triomphant les décime chaque jour, et ceux qui ne se rendent pas

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654 E N ANGLETERRE, TENDANCES FAVORABLES

(i) Tome IU, paragraphe 7 3 . Du Bréviaire romain considéré comme

renfermant l'essence du culte dc prière de l'Eglise catholique. Cette disser

tation n'a pas moins de 207 pages.

INSTITUTIONS extérieu rement à lui préparent, sans le vouloir, un retour L I T U R G I Q U E S t .

" plus universel encore, cn publiant ces fameux Traités sur

le temps présent qui, sous lc prétexte d'arrêter le mouve

ment catholique par des concessions modérées, ne font

autre chose que l'accélérer. Or , c'est principalement sur

les choscs de la Liturgie que les disciples du docteur

Puscy conviennent qu'il est utile d'abonder dans le sens

des usages catholiques; le culte anglican, si pompeux déjà

comparé à celui des calvinistes, leur semble encore trop

nu et trop froid. Ils ont vu dans la tradition des Pères de

l'Kglisc, dont l'autorité est déjà réelle pour eux, ils y ont

vu que plusieurs des cérémonies papistes remontent au

berceau du christianisme; ils songent à les rétablir. Un

vague besoin de la présence réelle les travaille ; cn atten

dant, il leur faut des images saintes, et les reliques ne

larderont pas à devenir l 'objctde leur dévotion. Rien plus,

ils en sont venus jusqu'à comprendre la nécessité de la

prière canoniale ; ils parlent dc rétablir la récitation de

l'office divin; plusieurs même Font déjà ostensiblement

reprise, ct voici les étonnantes paroles qui leur échappent

sur ce Bréviaire romain, si odieux pourtant aux hérétiques

et si imprudemment repoussé par plusieurs catholiques :

c'est un des Traitéspour le temps présent que nous allons

citer ( i). Entrait d'un des « Le service de prières du bréviaire est d'une telle

(( excellence et d'une telle beauté, que si les controver-s u r romnirT : n i C « sistes romains étaient asscy avisés pour le présenter aux

revendiquant w protestants comme le livre de prières de leur Eidise, ils ce livre J 1 «• 1

de prières ( ( produiraient infailliblement sur l'esprit dc tout dissi-

appar tenant « dent non prévenu un préjugé en leur faveur... Nous aussi N I L

aux protestants . « essayerons donc d arracher cette arme aux mains dc

« nos adversaires; nous la leur avons abandonnée autre-

Page 261: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AUX FORMES CATHOLIQUES ET AU BREVIAIRE ROMAIN 6 5 5

(1) Pages 1 7 - 2 5 .

(2) Pages 2G-86 .

(3) Pages 8 7 - 9 G .

(4) Pages 9 7 - 1 1 6 .

« fois, comme bien d'autres trésors qui nous appartien- * PARTIE . . . . j , C H A P I T R E XXIV

« nent aussi bien qu a eux, et nous n avons garde de penser •• « que, nos droits étant ce qu'ils sont, on puisse nous « reprocher d'emprunter chez nos adversaires ce que nous K n'avons perdu que par mégarde. »

L'auteur de la dissertation que nous venons de citer, Continuation

après plusieurs aveux dans lesquels la plus noble fran- faisant « • i i remonter aux

chise se montre souvent en lutte avec un reste dc morgue temps

protestante, trace une courte histoire du Bréviaire romain, a p o s t p a p t i e s S l e s

dans laquelle il dit expressément que, quant aux parties ^ 5 ^ 1 ^ C L U

principales, ce bréviaire est aussi ancien que le christianisme lui-même. Parlant de la réforme liturgique dc saint Grégoire VII , au xi° siècle, il dit : « Grégoire VII n'a fait « que restaurer et adapter plus parfaitement aux églises « le service de prières du bréviaire, en sorte que, dans sa « forme actuelle, tant pour la distribution des heures que « dans sa substance, il n'est autre chose que la continuait tion d'un système de prière qui date des temps aposto-« liques. »

Le docteur anglican traite ensuite du fond ct de la forme Exposé rapide

du bréviaire, et les détails qu'il donne font voir qu'il n'a touche^dans

pas craint d'approfondir la matière, et que c'est avec unc dissertation par

entière connaissance de cause qu'il relève le mérite du ' ^ w ^ ^ A ani^inan.

livre des prières papistes. Il commence par une analyse du service hebdomadairePsalteriumperhebdomadam (i). Il passe ensuite au détail de l'office du dimanche, et donne en entier, pour exemple, l'office du IV e dimanche après la Pentecôte (2). De là, descendant à l'office férial, il produit celui du lundi de la première semaine dc l'Avent (3) . Le service dc prières d'un jour de fete est représenté par l'office de la Transfiguration (4 ) . Il n'est pas jusqu'à l'office

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656 EN ANGLETERRE, TENDANCES FAVORABLES

(1) Pages 1 1 7 - 1 3 4 .

(2) Vid. la Note C.

INSTITUTIONS d'un saint qui ne soit analysé en détail par l'auteur, et, à : — l'appui de son exposé, il donne l'office de saint Lau

rent^). Enfin, ct ce n'est pas la partie la moins curieuse dc cctte dissertation, l'auteur, dans unc sixième section, après avoir exprimé le vœu de voir l'Eglise anglicane adopter, pour célébrer la mémoire dc ses saints, la forme du Bréviaire romain, rédige à l'avance l'office dc Thomas Ken, cvcquc dc Bath, mort cn 1 7 1 0 , ct place sa fète au tii mars. Nous renvoyons cette pièce curieuse dans les notes du présent chapitre {2). Certes, on devra avouer, après cela, que le mouvement qui pousse l'Angleterre vers lc catholicisme est surtout un mouvement liturgique. Terminons par un dernier passage de la même dissertation.

Magnifiques a Avant la Réforme, dit encore l'auteur, l'Église obser-parol'es de notre , . , , , . . , î . ,

anglican sur « vait chaque jour les sept heures du service dc la prière, ct U\nCdévothnC « quelque négligemment, si Ton veut, que ce service fût

^apri^erè%ie^ tt pratiqué par plusieurs, on ne saurait manquer de re-

en commun. w connaître qu'il a exercé une grande influence sur les « esprits, et que sa cessation a laissé des traces encore « visibles aujourd'hui. En eilèt, partout où ce service de « prières a étéétabli, un grand nombre dc personnes rcm-« plies d'un esprit catholique, n'ont pas seulement écrit « sur la prière, mais beaucoup aussi l'ont pratiquée dans « leur vie. Au contraire, depuis que cette forme de prières « est cilacée de la mémoire du peuple, les livres sur la « prière sont devenus chez nous une chose rare, ct le peu « que Ton en rencontrerait encore est dû à des personnes « qui ont vivement senti l'obligation où nous sommes de « nous donner davantage à la prière. Dc plus, il est très « certain que toute religion, quelque forme qu'elle ait « d'ailleurs, si elle n'est pas appuyée sur la dévot ion exié-

Page 263: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AUX FORMES CATHOLIQUES ET AU BREVIAIRE ROMAIN 657

(r) Page 7 3 .

T. II . 4 2

« Heure et sur la prière réglée et commune, doit être * PARTIE . C H A P I T R E XXIV

« nécessairement mauvaise dans son essence (i). » Encore • une fois, le royaume de Dieu approche pour une nation au sein de laquelle se répandent de pareilles doctrines, et nous ne pouvons que souhaiter à tous nos frères de France une entière compréhension de ces dernières paroles de notre anglican.

Si le progrès des tendances liturgiques accélère la La compression , d e s tendances

marche de l'Angleterre vers la vente et 1 unité catholiques, liturgiques , . . „ amène les

il est d autres contrées ou la compression de ces mêmes résultats i i ' ^ • T O * contraires,

tendances amené les résultats contraires. D immenses pro- témoin

vinces, soumises à la domination de l'autocrate Nicolas, l a R u s s i e -

voient s'éteindre le flambeau de la foi, dans les jours

mêmes où nous écrivons ces lignes, et les changements dans

la Liturgie sont le moyen par lequel cette catastrophe est

opérée : tant il est vrai, comme nous l'avons dit ailleurs,

que la Liturgie est un glaive à deux tranchants qui, dans

les mains de l'Eglise, sauve les peuples, et qui, aux mains

de l'hérésie, les immole sans retour.

Nous avons caractérisé, au chapitre ix, ces Liturgies Les Liturgies

orientales, vénérables sans doute par leur antiquité, mais °frappées'

qui n'en ont pas moins été un obstacle invincible à toute d a i l l ^ % f t e d U n e

réunion durable de l'Église grecque avec l'Église latine, a u S t ^ b è w i n depuis la première consommation du schisme. Nous avons m o ^f i<£t ion

fait voir aussi de quelle triste immobilité ces mêmes Litur- ?°^T 9 u ' u n P .

1

t t reunion durable

gies ont été frappées, impuissantes qu'elles sont, depuis pût s'accomplir,

huit siècles, à tout développement; tandis que la Liturgie

romaine n'a cessé, à chaque époque, de produire de nou

velles formes, sans altérer le fond antique par lequel elle

tient à l'origine même du christianisme. Il est aisé de

conclure de ces faits incontestables, que toute réunion des

deux Églises, pour être durable, devrait avoir pour auxi

liaire une modification dans la Liturgie orientale, qui la

Page 264: Institutions liturgiques (tome_2)__2

658 INFLUENCE DÉSASTREUSE DE LA LITURGIE GRECQUE

I N S T I T U T I O N S mît plus ou moins en rapport avec les développements L I T U R G I Q U E S ^ s formes catholiques dans l'Occident. La fraternité

devrait donc être scellée par certaines dérogations à des usages, antiques, il est vrai, mais sacrifiés au plus noble but; puisqu'il s'agirait d'aspirer, dans une plus grande plénitude, cette vie dont l'Eglise romaine est la source, ct dont on suppose que lc désirsincère aura motivé la renonciation au schisme.

Exemple d'une Ccst là précisément ce qui avait eu lieu dans la métro-modification . _ « . . . ,

semblable dans pôle grecque de Kiew, qui comprenait 1 ancienne Ru-la métropole , , . , » * * * i- « J I

grecque thème a peu près entière, cest-a-dirc près des deux tiers de Ktew. ^ t c r r j t o j r c c t j a m o i t i é ou peu s'en faut de la population

delà Pologne. Cette métropole ct ses églises sullragantcs étaient rentrées dans le sein de l'unité catholique en i5<p. Dans l'acte dressé a Brzcrcpour décréter ce retour heureux, le métropolite Michel Rahoza et les autres évêques ruthènes stipulèrent le maintien du rite grec, tel qu'il était au moment de l'Union de Florence. Beaucoup d'abus s'étaient introduits depuis lors; les métropolites furent contraints d'user des plus grands ménagements, quand ils cherchèrent à les réprimer. La moindre imprudence aurait compromis l'Union mal affermie, en blessant les susceptibilités du peuple, jaloux à l'excès de son rite et de ses traditions. Mais vers la fin du'xvn* siècle, le contact avec les Latins, qui coudoyaient partout les Grecs cnKuthénie. et la nécessité de tracer unc ligne de démarcation parmi ceux-ci entre les uniates et les schismatiques, détermina un mouvement dc réforme liturgique, qui eut pour objet de changer sur bien des points les usages du rite grec pour les rapprocher du rite latin. Cette révolution fut consommée par un concile célèbre tenu à Zamosc, en 1 7 2 0 , sous la présidence d'un délégué apostolique ct dans lequel le métropolite Léon Kis/ha et ses su (Ira-gants prirent des décisions très importantes touchant les rites des Sacrements ct du saint Sacrifice dc la Messe.

Page 265: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EN RUSSIE 65g

Elles furent confirmées par le Saint-Siège, et leur autorité * M T « R ° 7 CHAPITRE XXIV

fut si grande, elles furent jugées si conformes aux besoins des Églises grecques-unies, qu'elles furent unanimement embrassées par le clergé de la Hongrie, de l'Es-clavonie, de la Dalmatie, de la Croatie, etc. (i).

Quoique la lettre dc la Liturgie byzantine fût exacte- , Missels ^- ^ - i i n slaves forteresse

ment conservée dans les missels slaves à 1 usage des de la foi m

diverses Églises du rite grec-uni dont nous venons de parler, ces missels, outre l'article de la procession du Saint-Esprit, la prière pour le pape, l'addition de certaines fêtes ou commémorations de saints, renfermaient plusieurs rubriques dans lesquelles il était pourvu à la forme des cérémonies d'une manière différente de ce qui s'observait chez les schismatiques. Ces missels étaient donc la forteresse dc la foi et dc l'unité. Ceux qu'on trouvait dans les Églises catholiques soumises à la Russie avant l'horrible persécution qui vient de fondre sur elles, sont le missel de i65ç), donné par le métropolitain Cyprien Zochowski, dédié au prince Charles-Stanislas Radziwil ; celui de 1 7 2 7 , publié par le métropolitain Kirszka; celui de 1 7 9 0 , imprimé par ordre du métropolitain Szeptycki; enfin, le plus récent, promulgué, il y a peu d'années, par le métropolitain Josaphat Bulhack (2).

On peut rapporter les diverses modifications de la Li-

(1) Nous devons observer ici que des modifications du même genre ont

été faites, depuis des siècles, dans les rites des Grecs-unis dc l'Italie, de la

Corse, de la Sicile, des îles de l'Archipel, etc., par l'autorité des Pontifes

romains. C'est un préjugé janséniste de croire qu'il y ait au monde unc

seule Église unie au Saint-Siège qui soit indépendante de Rome dans les

choscs de la Liturgie. On peut consulter sur ce sujet lc Bullaïrc romain,

et les Décrets dc la Congrégation dc la Propagande; on y verra jusqu'à

ces derniers temps l'exercice du pouvoir papal sur les rites des Églises

orientales.

(2) Nous empruntons ces détails à la lettre des cinquante-quatre prêtres

catholiques de Lithuanie, qui ont réclamé pour la foi et l'unité catho

lique auprès de l'évêque Siemazko. {Annales de Philosophie chrétienne,

Xe année, III* série, tome I.

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6 6 0 INFLUENCE DÉSASTREUSE DE LÀ LITURGIE GRECQUE

INSTITUTIONS tureie grecque dans le sens romain à deux classes : la nre-UTUROIQUES . r . " J * I | J 1 * 1 .

miere, moins considérable, dans le rituel, se compose de modifications certaines additions aux cérémonies des sacrements, par

d e g * e c q u c e i e exemple, Ponction des mains dans la collation de Tordre d a r o m a f n n S ^ c

P r ^ t r ^ s c î e t c - î ^ a seconde, dans le missel, a pour objet

se rapportent les démonstrations de piété ct d'adoration envers le divin à deux classes,

la première sacrement de l'Eucharistie. Sous ce dernier rapport, dans le rituel, . . , . ,

la seconde 1 Eglise orientale, au sein de laquelle Terreur des sacra-dans le missel. ^ . , . ^ - , , ,

mentaircs n a point étendu ses ravages, est restée beaucoup en retard de l'Église latine qui s'est vue obligée de multiplier les témoignages liturgiques de sa foi ct dc son amour pour le sacrement de l'autel, en proportion des attaques de l'hérésie. Mais on sentira facilement que ces développements de culte, si légitimes cn eux-mêmes, cn supposant même que les Églises d'Orient puissent encore surseoir à leur adoption, sont devenus absolument nécessaires dans les Églises de l'Occident, qui a été si violemment ravagée par les adversaires de la présence réelle. Ces derniers ne prendraient-ils pas scandale dc ce que, parmi les enfants de l'Église romaine, les uns ne fléchissent pas même le genou devant l'Hostie sainte, tandisque les autres n'ont point assez, dc marques d'adoration à lui prodiguer? Et les fidèles du rite grec uni ne seraient-ils pas blessés dans leurs plus chères affections religieuses, s'il ne leur était pas permis de pratiquer, à l'égal des catholiques du rite latin, auxquels ils sont mêlés, ces actes religieux qui ne sont, après tout, que la manifestation d'une même foi?

Modifications \ [ c s t donc résulté de là que, sitôt après la réunion dc touchant 1 . r

le sacrement i 5 Q I l'usage d'exposer le saint Sacrement les jours de de l'autel. J ^ , f , . , . . . , ' . „

fètcs ct de dimanches s est introduit, a la grande satisfaction des catholiques, dans la Lithuanic et les autres provinces du rite uni; les génuïlexions, les adorations profondes à la sainte Eucharistie sont devenues des pratiques communes et dès lors réglées par des rubriques spéciales.

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EN RUSSIE 6 6 1

Mais comme la piété catholique ne se contente pas d'ado- 1 PARTIE

CHAPITRE XXIV

rer le Verbe incarné, dans le divin Sacrement, mais 1

qu'elle aspire encore à s'en nourrir comme de l'aliment de vie, les entraves que la Liturgie orientale met à la communion fréquente ont dû pareillement céder devant l'empressement légitime des fidèles. Dans le rite grec, il ne doit y avoir pour la célébration de la messe qu'un seul autel, lequel doit être retranché derrière ce rempart qu'on nomme iconostase, espèce de portique décoré d'images saintes, qui laisse à peine l'œil pénétrer furtivement jusqu'à l'autel, et qui se ferme totalement aux instants solennels du saint Sacrifice. Ces usages sévères se sont trouvés modifiés comme d'eux-mêmes. L'autel du fond est demeuré, il est vrai, retranché derrrière Y iconostase, en plusieurs lieux ; mais, dans beaucoup d'églises, Y iconostase, a été sacrifiée, et, dans presque tous les autres, des autels extérieurs ont été construits en divers endroits de l'édifice, à la manière latine. Ces autels servent aux messes privées qui sont, pour les catholiques, l'aliment de la piété, l'occasion facile d'approcher fréquemment des saints Mystères et de resserrer le lien de l'unité. Enfin, ces autels multipliés, afin que la victime sans cesse renaissante se multiplie comme la manne du ciel, qui en était la figure, ces autels que la foule des fidèles environne dans une sainte familiarité, ces autels qui voient célébrer un sacrifice journalier, demandent un clergé digne de les desservir, un clergé voué à la chasteté; et voilà pourquoi, en attendant une heureuse révolution qui astreindrait le clergé séculier au célibat, les Grecs-unis des contrées dont nous parlons professent une si grande vénération pour les moines basiliens, que leur profession de chasteté, qui rehausse encore en eux le zèle de la foi, rend aptes à la célébration journalière du grand Sacrifice.

Il est donc évident, d'après ces faits, que la Liturgie La Liturgie

grecque, chez un peuple uni à l'Église romaine, tend na- c h e / v n q p e u p l e

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66 2 INFLUENCE DÉSASTREUSE DE LA LITURGIE GRECQUE

INSTITUTIONS turcllemcnt vers des développements destinés à faire péné-

; ' t rer cn elle les formes du christianisme occidental, et ca-uni à l 'Eglise ,

r o m a i n e pablcs dans un temps donne, d altérer plus ou moins , par tend donc A t , , , . . . .

na ture l lement reflet même d un tel progrès, sa physionomie primitive. vers les formes „ , , . ,

d u Et nous n avons garde d cn disconvenir; mais dans un oeddenud^crun pays dont le souverain s'est fait chef de la religion, cn

tel p rogrès s o r t : c q U C ] e s formes du culte sont désormais fixées par la devient un i f x

at tentat cont re j 0 j j e l 'État, on conçoit que la politique voie avec inquié-la Li turgie 7 1 1 1 1

légale et tude et jalousie un mouvement imprimé à ces mêmes immobi l e au . . ,

moyen formes par des sujets dissidents. Un tel progrès devient de laquelle . r . . , . . . . .

l 'autocrat ie un attentat contre la Liturgie légale ct immobile, au

compr imer tout moj'cn de laquelle l'autocratie espère comprimer tout

Rel igieux! 1 1 mouvement religieux, comme attentatoire à sa souverai

neté spirituelle. Ce fut le motif qui arrêta promptement

les velléités que Pierre I e r sembla manifester quelques

instants de replacer son empire sous la communion ro

maine. Plus tard, Catherine I I , après le partage dc la

Pologne (cette affreuse calamité que tout vrai catholique

ne saurait trop déplorer), devenue maîtresse de la Lithua-

Dc la nie, dc la Volhinic, de la Podolic ct dc l 'Ukraine, em-persécution des . i • i i r» • i

Grecs-unis, ploya toutes sortes de violences contre les Grecs-unis de ses nouveaux Etats, et Ton n'en compta pas moins de huit millions réunis violemment à fKglisc schismalique, et privés désormais de tout moyen dc suivre les rites qui étaient l'expression et la défense de leur foi.

Suite de cette Le feu de la persécution se ralentit un peu sous Paul I e r , persécution. . . . r ^ • • . , . ,

Remèdes sans qu il lut permis néanmoins aux catholiques du rite qsVmTsiese.L grec-uni, arrachés violemment à leurs croyances ct à leurs

ii'uTrnok' pratiques, de retourner à l'ancien culte. Alexandre I e r

régna ensuite, ct s'il ne persécuta pas les Grecs-unis, il ne fit rien non plus cn leur faveur; si ce n'est, peut-être, d'autoriser le rétablissement du titre dc la métropole grccquc-unic; encore procéda-t-il cn cette mesure sans le concours du Saint-Siège. Des bouleversements inouïs, des suppressions, réductions ct unions de sièges épisco-

Page 269: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EN RUSSIE 663

paux, des nominations d'évêques faites par l'autorité 1 PARTIE

JT 7 C H A P I T R E XXIV

laïque et même schismatique, avaient jeté une grande con-

fusion dans toutes les provinces russes habitées par les

Grecs-unis : la mission légitime avait cessé, et, partant,

la vie des églises éprouvait une suspension désolante.

Enfin, en 1 8 1 7 , il fut possible au Siège apostolique de

remédier, au moins en quelque degré, à de si grands

maux. Josaphat Bulhack, élève de la Propagande, ayant

été désigné par l 'empereur pour métropolitain de toute

VEglise grecque-unie, Pie VII lui conféra l'institution

canonique , avec des pouvoirs extraordinaires, pour

réparer tout ce qui s'était fait d'irrégulier pendant

la période d'anarchie spirituelle <fui venait de s'écouler.

Bulhack fut autorisé à donner lui-même l'institution cano

nique à tous les évêques de son rite qui ne l'avaient pas

reçue, et, par ses soins, les églises qui étaient restées

dans l'union avec le Saint-Siège recouvrèrent une ombre

de liberté, et accueillirent quelques lueurs d'espérance;

car l'esprit du bienheureux martyr Josaphat s'était reposé

sur le pieux et fidèle métropolitain.

Mais les catholiques ne tardèrent pas à perdre toute Abominable

illusion sur le sort qui les attendait. En 1 8 2 5 , Nicolas I e r de NicolasV.

monta sur le trône impérial de toutes les Russies, et avec

lui la plus abominable tyrannie. Ce prince résolut d'en

finir avec l'Eglise catholique dans ses Etats; mais sa rage

s'attaqua principalement aux faibles restes des Grecs-unis.

Méprisant profondement l'espèce humaine, il ne compta

pour rien la résistance du peuple et même celle des popes;

le knout ct la Sibérie devaient en faire bonne justice.

Mais répiscopat pouvait offrir une résistance plus écla

tante; il importait donc de l 'anéantir, ou, du moins, dc le

dégrader. Nicolas a d'abord, en 1 8 2 5 , supprimé l'évêché

de Luck, à la mort du titulaire. Un nouvel ukase, en 1 8 0 2 , enchérissant encore, est venu décider que désormais les

sujets russes du rite Grec-uni ne formeront plus que

Page 270: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 6 4 INFLUENCE DESASTREUSE DE LA LITURGIE GRECQUE

INSTITUTIONS deux diocèses, celui de Lithuanie et celui de la Russie L I T U R G I Q U E S

— Blanche; par cette mesure sacrilège, lepiscopat se t rouvant réduit à deux membres, ou quatre au plus, en comptant les vicaires-évêques des deux prélats, il devenait facile d'étouffer la foi ca thol ique, cn employant la violence et la corruption contre des hommes faibles et isolés.

Résul ta t Le résultat de cet impie machiavélisme ne s'est pas fait f u n C f m p i c S O n attendre longtemps. Lc pieux Josaphat Bulhack a été

p? r a C î e a sc i l f sn i e enlevé trop tôt pour le malheur de son Église, et il a derniers emporté dans sa tombe la liberté et la foi. Les sièges de

tou tc Û C l a C Russ ie Luck, de Minsk, dc Polotzk, se trouvaient déjà vacants, du r i te e t ix Pexception dc Philippe-Félicien Szumborski , évêque

grec-uni . 1 L 1 7 1

de Chelm, au royaume de Pologne, il n'y avait plus cn exercice dans toute la Russie que trois évêques du rite grec-uni. Ces prélats étaient Joseph Sicmasko, qui s'intitule, de par l 'Empereur , cvcquc de Lithuanie; Basile Luzynski, dit évêque d'Orsza, établi par Nicolas gérant

du diocèse de la Russie Blanche ; et Antoine Zubko, institué, également par l 'autocrate, vicaire du diocèse de Li

thuanie, avec lc titre d'évèque de Bres/xa. Ces trois malheureux prélats, que l'histoire llctrira dc la même honte qui s'attache au nom du disciple perfide, et que l'indignation du Pontife romain a déjà marqués d'un stigmate ineffaçable, ont livré au schisme et à l'hérésie les âmes de leurs peuples, et par eux la lumière du salut s'est éteinte sur de vastes contrées où leur devoir était de la conserver ct de l'accroître. Ils ont adressé au tyran, sous la date du 1 2 février i 8 3 q , une supplique, en les termes les plus humbles, tendant à obtenir la faveur d'être acceptés par Sa Majesté, eux-mêmes, leur clergé et leur troupeau,dans la communion de VEglise apostolique-orthodoxe-catho-

lique-grecque (î), ct cctte horrible prévarication a consommé la perte dc trois millions et demi de catholiques, dans la Lithuanie et la Russie Blanche.

(i) Annales de Philosophie chrétienne. Ibid., page 2^4 .

Page 271: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EN RUSSIE 665

Au reste, ces pasteurs mercenaires ont voulu en imposer 1 PARTIE

. , , CHAPITRE XXIV

à la conscience publique, quand ils ont osé affirmer qu'ils — r • 11 / • • J i L 'évêque

formaient, a eux trois, tout repiscopat grec-uni d e l à d e C h e i m e t T \ • r\ i » - * J / ~ M I — ' deux autres avec

Russie. Outre 1 eveque de Lhelm que nous avons nomme cinquante-

ci-dessus, prélat fortement attaché à la catholicité, deux q J X u a m c n s e S

autres évêques ont refusé de souscrire Pacte de schisme; ont protesté.

Pun est le prélat Zarski, évêque in partibus, et Pautre le

prélat Joszyf, membre Pun et Pautre du collège grec-uni

de Saint-Pétersbourg. En outre, les trois évêques apostats

ont joint à leur supplique les signatures de mille trois

cent cinq Ecclésiastiques, qu'ils assurent composer la tota

lité du clergé grec-uni; e t , d'autre part, on sait qu'en

i834, cinquante-quatre prêtres lithuaniens protestèrent

contré les tentatives de Siemasko pour établir le schisme.

Il est vrai de dire que, depuis, la violence a produit de

bien tristes effets sur ia plupart de ces popes, tous engagés

dans les liens du mariage et réduits à choisir entre leur

devoir et Pexil en Sibérie.

Maintenant, il importe dc faire connaître le double Double moyen , 1 employé par

moyen employé par J autocrate pour accomplir son œuvre l 'autocrate pour i j ' n ' T le succès

et pour en assurer la durée. Il a tout consomme par la de son œuvre :

suppression de l 'ordre des Basiliens, lc seul qui existât

chez les Grecs-unis, et par l'adoption forcée de nouveaux

livres liturgiques.

Habile dans la tactique des gouvernements européens, i°Suppression

quand ils veulent asservir l'Église, Nicolas a suivi fidèle-L'évêque szezy

ment tous les degrés qu'ils gardent dans l'exécution de ce e /et t^èxflé .

plan sacrilège. Ainsi, pour anéantir les Basiliens, il a

commencé par les soumettre aux ordinaires; en second

lieu, il les a entravée dans l'admission des novices; la

troisième mesure a été la confiscation des biens; enfin, la

quatrième, qui a tout terminé, a été, en i 8 3 2 , la suppres

sion définitive de l 'ordre lui-même. Du moins, la voix

d'un évêque s'est élevée contre cette machiavélique et

atroce persécution ; le pieux prélat Szezyt, suffragant de

Page 272: Institutions liturgiques (tome_2)__2

666 INFLUENCE DÉSASTREUSE DE LA LITURGIE GRECQUE

(i) Nous devons ment ionner ici un autre prélat du rite latin, que sa

conduite pleine décourage désigne à l 'admiration et à la reconnaissance

de tous les catholiques. Kn r.S33, le gouvernement tic Varsovie ayant

public un édit qui enjoignait à l'évêque de- Podlachie, Mgr Gutkowskî,

dc faire disparaître des bibliothèques ecclésiastiques de son diocèse un

livre qui traite de la Concorde ct de la Discorde des Grecs et des Latins,

le prélat a refusé de se soumettre à celte injonction, par laquelle on lui

demandait de t rahir les intérêts d'une religion dont il est le défenseur

naturel . U n'a pas montré moins de vigueur en s'opposant île toutes ses

forces à ^exécution du décret impérial qui ordonne que les enfants issus

des mariages entre les Grecs et les Latins seront, sans distinction, élevés

dans la religion grecque. Depuis près de dix ans, ce généreux confesseur

dc la foi et dc la liberté de PKglise est chassé de sa ville épiscopalc, et

contraint d'errer à travers son diocèse, sans demeure lîxe ct en butte à

toutes les persécutons .

INSTITUTIONS l 'archevêché de Mohilow, du rite latin, a osé faire en-L I T U R G I Q U E S , .

" ' tendre des réclamations contre la suppression des Basiliens, et contre celle d'un grand nombre d'autres monastères du rite latin qui ont été abolis, jusqu'au nombre de deux cent vingt ct un, dans la seule métropole de Mohilow. Ce courage apostolique n 'a pas tardé non plus à recevoir sa récompense. Le prélat s'est vu arracher violemment à son troupeau et reléguer jusqu'aux extrémités de l 'empire. Lcs instances dc la noblesse ont pu seules obtenir qu'il ait enfin été rendu à l'exercice de sa charge pastorale (i).

2° Missel Pendant qu'on travaillait à ruiner l 'ordre des Basiliens,

con orm^aec ^ prêtres célibataires dont l'influence était si grande sur S nc S a?(ré^ln^ S , les Grecs-unis, et qui leur garantissaient le bienfait de

rancien 'que ' a célébration journalière du sacrifice chrétien, les presses

par ses impériales de Moscou enfantaient, en I 8 3 I , un missel omissions. t , ' '

destiné à remplacer dans les Eglises grecques-unies celui

du vénérable Josaphat Bulhack ct dc ses prédécesseurs. Ce

missel totalement conforme à celui des schismatiques ne

diflerait guère de l'ancien que par ses omissions. On y

supprimait l'article dc la procession du Saint-Esprit , la

mention du pape, ct aussi les diverses rubriques tendantes

Page 273: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EN RUSSIE 6 6 7

(1) Annales de Philosophie chrétienne. Ibidem, pages 240 , 242.

à manifester par des rites spéciaux la foi dans le mystère C H ^ ^ x l y

de la présence réelle. Faire accepter ce missel aux Eglises " grecques-unies, c'était donc les replonger dans le schisme, en même temps que déclarer la Liturgie impuissante à tout développement, quelque légitime qu'il soit. Nous avons signalé ailleurs ce caractère judaïque de la Liturgie dans les Églises d'Orient.

Dès lors, le gouvernement russe a senti que tout était On emploie

gagne pour son système s il parvenait a introduire ce nou- violence pour • 1 j 1 * i - - l'introduire,

veau missel dans les Eglises grecques-unies; cet attentat et on rétablît la

devenait facile depuis la suppression des Basiliens, la mort, tomïïawt*

ou la défection des évêques de ce rite. Nous apprenons par une lettre du ministre dc l'intérieur à l'empereur Nicolas, en date du 3 o avril 1 8 3 7 (1) , que, dès cctte époque, la plus grande partie des Églises grecques-unies, tant des villes que des campagnes, était déjà pourvue du nouveau missel. On avait enlevé les anciens par violence, et dans la crainte que les usages extérieurs empruntés à l'Église latine ne demeurassent comme une protestation contre la suppression des missels catholiques, l'autocrate avait pris des mesures matérielles pour anéantir toutes les tendances vers les habitudes de piété du catholicisme. Ainsi, dans l'espace de trois ans (de 1 8 3 4 à 1 8 3 7 ) , on avait rétabli la barrière des iconostases dans trois cent dix-sept églises de l'Éparchie lithuanienne; afin que désormais l'autel cessât d'être aussi accessible à la religion des peuples. Les autels latéraux, qui, dans les églises mêmes dont les iconostases avaient été conservées, étaient en dehors dc cette barrière et si favorables à la célébration des messes privées, avaient été démolis; on avait conservé seulement ccux de ces autels dont l'emplacement et la construction se trouvaient liés inévitablement à la disposition architecturale dc l'église. Plusieurs églises en effet, surtout dans

Page 274: Institutions liturgiques (tome_2)__2

INSTITUTIONS LITURGIQUES

Les honneurs royaux rendus à l'Hommo-Dieu

blessent la majesté de

l'autocrate.

L'autocrate supprime le

puissant mobile de la prière ct des sentiments

religieux, l'orgue.

668 INFLUENCE DESASTREUSE DE LA LITURGIE GRECQUE

(1) Annales de Philosophie chrétienne. Ibidem. (2) Ibidem.

les derniers temps, avaient été bâties d'après un système de plus en plus rapproché de celui des Latins, dans lequel le nombre et lc placement des autels est d'une si grande importance. Au reste, si le gouvernement russe consentait à ne pas démolir ces autels, c'était en défendant qu'on y célébrât désormais le saint Sacrifice (i).

Mais ce que nous disons ici ne montre point encore assez la rage dont les schismatiques russes sont animés contre les formes liturgiques des Latins. On conçoit que la majesté dc l'autocrate sc sente instinctivement blessée des honneurs rendus à l'Homme-Dicu, dont les Grecs-unis dressaient le trône quand ils exposaient le saint Sacrement, auquel ils prodiguaient les marques extérieures d'adoration; après tout, c'est une véritable cour, avec toutes ses assiduités ct tous ses honneurs, que le catholicisme tend à former autour du tabernacle eucharistique. Mais croirait-on que le tyran en est venu jusqu'à se montrer jaloux dc la sonnette que les Grecs-unis avaient empruntée des Latins, pour marquer les principaux instants du sacrifice ct réveiller l'attention des fidèles ! Lc ministre de l'Intérieur sc glorifie auprès de son maître d'avoir fait disparaître cet usage papiste de toutes les églises dc Lithuanie (2) .

Enfin, tel est l'éloignemcnt que lc schisme grec a toujours eu pour les développements de la forme dans Fart, éloignement qui lui a inspiré ses déplorables théories sur la laideur du Christ et de la Vierge Marie, ct aussi la raideur ct Timmobilité dc ses types, qu'on le voit aujourd'hui poursuivre avec la dernière rigueur le roi des instruments dc musique, lc grand moyen dc l'harmonie sacrée, l'orgue, Lcs Grecs-unis avaient reçu des Latins ce puissant mobile dc la prière ct des sentiments religieux; avec l'orgue, ils sc

Page 275: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EN RUSSIE 6 6 9

sentaient réellement fils de la chrétienté romaine, membres de la civilisation occidentale. Les ordres les plus sévères ont été donnés pour la destruction de cet instrument. Dans le christianisme bâtard de la Russie, la clef des rnystères est perdue; on prétend réduire à la seule voix humaine toute l'harmonie qui devra retentir autour de l'autel; comme si la vraie religion n'avait pas reçu la mission de donner une voix à toute la nature et de forcer les éléments à s'unir à l'homme dans un même concert. C'est ce que fait dans nos églises ce puissant prince de l'harmonie, qui a reçu la magnifique et biblique appellation Morgue, organum. Qu'importent les succès merveilleux du collège des chantres de la cour à Saint-Pétersbourg, et des écoles de chant établies officiellement à Polock et à Zyrowice? Ce luxe ne sert qu'à mettre à découvert la pauvreté d'une Liturgie qui repousse, par système, les moyens grandioses d'accroître les clïets dc l'harmonie, et de marier la voix du peuple à celle des prêtres dans un concert immense. Une religion de cour, sensualiste et confortable, craint les mélodies fortes et sévères qui élèvent l'homme au-dessus du présent; il lui faut une harmonie qui soit toute de la terre, dans laquelle l'élément religieux ne fasse que raviver, par un contraste piquant, les sensations amolissantes du théâtre et des profanes mélodies. On sait de reste combien est dur, monotone et désagréable, l'accent du prêtre dans la Liturgie grecque ; combien il est loin de la suave magnificence de notre Préface, imitée pourtant des anciens Grecs : l'orgue venait donc à propos pour relever l'inspiration et ranimer la prière languissante : l'autocrate ne l'entend pas ainsi, et il est, au reste, assez piquant de le voir dans son zèle antiliturgiste s'accorder pour la destruction de l'orgue avec le régicide évêque Grégoire, que nous avons vu, au concile de 1 8 0 1 , proposer de remplacer cet instrument par le tam-tam chinois.

Page 276: Institutions liturgiques (tome_2)__2

67O INFLUENCE DÉSASTREUSE DE LA LITURGIE GRECQUE

INSTITUTIONS Au reste, le gouvernement se charge de pourvoir avec LITURGIQUES , , 0

• largesse aux frais de 1 éducation des nouveaux musiciens, L a m pour C C n C C e t t e ^ c est sa munificence quand il s'agit de procurer

d M ^ a n s 1 l'éxecution de ses plans antiliturgiques, que le ministre dc a n t i i i i u r g ï q u e s l'intérieur, dans lc rapport déjà cité, fait voir en détail à

est tulle 7 / 1 ' qu'on n'y peut son maître que le défaut d'argent est la seule cause du

suffire. . , , i l - . i» * • J retard qui a etc mis cn quelques lieux a 1 exécution des ordres impériaux, tant pour le rétablissement des iconostases, que pour la substitution des missels et ornements grecs purs aux missels et ornements papistes qu'on a été contraint dc laisser subsister encore pour quelque temps.

Moyens efficaces L'autocrate poursuivait donc avec ardeur son système e ™etrmrV7e U r de destruction du catholicisme, au moyen de ces change-

c a t h o t i L i t i n c m e n t s j a n s la forme, si significatifs et si efficaces, cn même temps qu'il travaillait à amener les trois évêques Sie-maszko, Luzynski ct Zubko, a déclarer leur apostasie. Ce dernier fait étant accompli, Nicolas a fait donner des ordres par le saint Synode, portant qu'on ne devra pas procéder avec trop de rigueur contre quelques usages religieux conservés encore par les nouveaux schismatiques; mais qu'on devra, au contraire, user de tolérance, ct maintenir, autant que possible, les mêmes pasteurs dans les églises, du moment qu'ils auront consenti à renoncer à l'unité romaine. Le nouveau missel dc Moscou, Tinter-diction des messes privées, le rétablissement des iconostases, la suppression des honneurs rendus au saint Sacrement, etc., tous ces moyens joints à un système d'éducation schismatique, suffisent en cflet pour consommer sans trop de violence la séparation qui a été Je but de tant dc crimes et de parjures.

Les événements Maintenant, la divine Providence pcrmettra-t-cllc que condoÏTC°n™nb cette œuvre abominable demeure accomplie sans retour, nous instruire. c ( . ^ u c j e s é i s m e grec, avec toutes ses conséquences abru

tissantes, étende à jamais son joug sur ces malheureuses provinces? C'est le secret de Dieu ; mais nous, sachons du

Page 277: Institutions liturgiques (tome_2)__2

EN RUSSIE 6 7 1

moins accepter les leçons qui résultent de ces événements 1 PARTIE

R > . . . CHAPITRE XXIV

contemporains, dont notre préoccupation ne saisirait peut-

être pas toute la portée.

D'abord, il est une fois de plus démontré par les faits Conclusion: 7

t * 1 il est essentiel qu'il ne saurait jamais y avoir d'attentat contre la foi ou d'examiner

1 , r . l e s intentions 1 unité catholiques, dont le contre-coup ne se tasse sentir et les doctrines

1 T • Ï M ) ^ i 1 1 de ceux qui

sur la Liturgie; parce qu il n est pas non plus un seul des proposent des

intérêts de cette foi et de cette unité, qui ne trouve dans la dansYaSLiturgie.

Liturgie sa représentation expresse. Cette vérité est banale

à force d'avoir été répétée dans ce livre : ce sera la dernière

fois. Concluons : donc, il est essentiel d'examiner les inten

tions et les doctrines de ceux qui proposent des change

ments dans la Liturgie, et se tenir en garde contre eux,

fussent-ils couverts de peaux de brebis, ct n'eussent-ils

dans la bouche que les beaux mots de perfectionnement et

de retour à l 'antiquité. En second lieu, il résulte de ce récit que la politique des En second lieu,

. . , . la polit ique Pontifes romains, qui a toujours tendu à reunir les églises des Pontifes

T A T • • • 1 • romains

dans une même Liturgie, vient de recevoir sous nos yeux tendant à réunir

une nouvelle et éclatante justification. Si, au temps de d a n ^ u n ^ m ê m e

Catherine I I , huit millions de catholiques, et sous i:!.^^!^ Nicolas I e r , trois millions ont été détachés du vrai chris- nouvelle et

1

t éclatante

tianisme, c'est uniquement parce que ces catholiques man- justification,

quaient de l'appui que leur eût naturellement offert la

communauté absolue de rites, de chants et de prières,

avec les autres membres de l'Église romaine. Et cela est si

vrai, que ni Catherine I I , ni l 'empereur Nicolas, n'ont

songé à réunir au schisme grec des millions de Polonais

dont la foi latine les inquiétait, mais qu'ils sentaient

retranchés derrière l'inviolable boulevard de la Liturgie

romaine. Or toute Liturgie qui n'est pas romaine devient

infailliblement nationale, dans l'acception plus ou moins

étendue de ce terme, et, partant, elle tombe sous le pou

voir et l 'administration du prince ou de ses agents. En

France, ce seront les parlements, ou toute autre forme

Page 278: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 7 2 A ROME

'INSTITUTIONS judiciaire ou législative qui leur a succédé; en Russie, L I T U R G I Q U E S .

c'est l 'autocrate avec ses ministres. Un pouvoir tyrannique, impie, hérétique, aura donc la haute main sur la foi des peuples ct sur les mœurs chrétiennes qui dérivent de cette foi. Il est aisé de comprendre jusqu'où vont les conséquences dc la forme nationale dans lc culte ; nous cn avons signalé un grand nombre dans cet ouvrage, ct quant aux provinces qu 'un sévère jugement de Dieu a soumises à l 'empereur dc Russie, tout lc monde conviendra sans peine que la Liturgie romaine eut garanti , avec la foi des peuples qui les habitent, cette dignité de la nature humaine qui ne souffre pas la servitude dc la pensée ct des affections rel igieuses. Si donc l'autocrate a voulu, par ses mesures sacrilèges ct antiliturgiques, river à jamais les fers de ces populations malheureuses, c'est qu'il savait que les tendances romaines qui sc révélaient au milieu de la Liturgie grecque telles qu'elles la pratiquaient, leur faisaient pressentir le bienfait d'une civilisation catholique, et les amèneraient peu à peu à sc fondre dans les mœurs plus

La Pologne doit dignes et plus libres des nations de la langue latine. La Sïa (seuieL Pologne doit savoir maintenant que la seule nationalité

"îuTresteVst11 qui lu i reste, celle qu'on ne saurait lui oter malgré elle, le catholicisme.

c s t d a n s ^ c catholicisme; mais à la vue du sort malheureux de sa triste sœur la Lithuanie, qu'elle comprenne aussi que le catholicisme, chez elle, n'a de défense que dans la Liturgie. Qu'elle presse donc contre son cœur ct qu'elle défende comme sa dernière, mais ferme espérance, ce Bréviaire et ce Missel romains par lesquels elle sera toujours Latine, et non Russe. Qu'elle sc sente fière aussi de ce que, par la Liturgie, le monde catholique rend hommage chaque année à la grandeur des héros dc sainteté qu'elle a produi ts ; son Stanislas de Cracovie, son Casimir, son Hyacinthe, son Hedwige, ct aussi son admirable Jean dc Kenty, dans la fète duquel nous disons par toute la terre, suivant Tordre du Siège apostolique :

Page 279: Institutions liturgiques (tome_2)__2

TRAVAUX DES PAPES SUR LA LITURGIE ROMAINE 6 7 3

. . . . T P A R T I E

O qui roganti nemini CHAPITRE XXIV

Opem negasti, patrium

Regnnm tuere ; postulant

Cives Poloni et exterù

Terminons maintenant cette revue de l'Eglise univer- Faits

selle, sous lc rapport liturgique, en nous arrêtant à Rome à U Rome? S

même, où il nous reste à constater plusieurs faits remar

quables cn ce XTX 6 siècle. Nous verrons d'abord que les

Pontifes romains de nos jours n'ont pas été moins jaloux

que leurs prédécesseurs, de laisser dans la Liturgie des

marques de leur piété.

Pie VI I , de sainte mémoire, plaça au bréviaire, sous lc P i c vu.

rite double mineur, saint François Carracciolo, l'un des

cinq bienheureux qu'il avait canonisés. Il éleva au même

degré la fête de saint Clément, pape, qui jusqu'alors n'avait

été que semi-double. Enfin, pour ranimer dans toute

l 'Eglise la dévotion à Marie Compatissante, il institua une

seconde fête des Sept Douleurs de la Sainte Vierge, qui

se célèbre le troisième dimanche de septembre.

Léon XII accomplit une grande et honorable justice Léon xn.

envers un des plus saints et des plus courageux prélats du

moyen âge, en établissant au bréviaire le nom et la fête de

saint Pierre Damien, du degré double-mineur, avec le

titre de confesseur pontife et docteur de VEglise. Ce fut la

seule œuvre de ce genre qu'il exécuta dans son trop court

pontificat.

Son successeur Pie V I I I , qui ne fit que passer sur la Pic vin.

Chaire de Saint-Pierre, exerça d'une manière non moins

solennelle sa prérogative d'arbitre de la Liturgie, en ren

dant un décret pour attribuer désormais à saint Bernard le

titre et les honneurs de docteur de VÉglise. Il y avait

longtemps, il est vrai, que l'Église gallicane avait accordé

cette faveur à l 'auteur des livres de Considérâtione ; mais

l'Église romaine, ou plutôt l 'Esprit qui la dirige, n'a

T ir. 4 3

Page 280: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 7 4 A K ° M E

INSTITUTIONS rendu cet oracle qu'en 1 8 2 0 , et toutes les églises du rite LITURGIQUES N °

- "latin s'y sont conformées. Grégoire xvi. Enfin, le grand Pontife Grégoire XVI, qui conduit avec

tant de gloire le vaisseau de l'Église, a récemment fait usage dc son autorité liturgique, pour établir, du degré double-mineur, la fête du saint éveque Alphonse-Marie dc Liguori, l'un des cinq bienheureux dont il a célébré la canonisation, en 1 8 3 9 .

La Liturgie A ce dernier décret s'arrêtent les développements actuels est répandue cn de la Liturgie romaine; mais ses triomphes n'ont de bor-

tous les pays 11 • / - i » ^ n • n par les nés que 1 univers. Car c est clic qui accompagne 1 apotre

missionnaires. q u j ^ y a p j a n t c r j a f Q j d a n s j c s r < i g j o n s infidèles OU

hérétiques. Lcs jeunes Églises dc l'Amérique du Nord, celles qui s'élèvent de toutes parts dans la Grande-Bretagne et disputent pied à pied lc terrain à l'anglicanisme, ne connaissent d'autre prière que la prière de Rome; le sauvage dc la Louisiane, l'Indien, le Chinois, le néophyte duTonquin, l'insulaire de TOcéanie, sont les enfants d'une même Liturgie, ct cctte Liturgie est romaine ; l'Algérie même, colonie française, n'emploie pas d'autres livres pour les offices divins que les livres de saint Grégoire, ct tous ces prêtres français que Rome voit partir chaque année pour les quatre vents du ciel, et qui vont féconder de leurs sueurs ct de leur sang la parole divine qu'ils annoncent à toute créature, avant de partir pour le lieu de leur mission, commencent par renoncer à ces modernes bréviaires et missels qu'ils avaient conservés jusqu'alors, ct s'avancent vers les peuples qu'ils doivent évangéliscr, les mains chargées dc ces livres romains auxquels est aujourd'hui attachée la fécondité de l'apostolat, comme au temps des Boniface, des Anschairc et des Adalbcrt.

C'est elle que C'est sans doute encore un triomphe pour la Liturgie suivent . , , . . . «

cn France les romaine que, seule de nos jours, au sein dc la France, non a "irei?g5eux r e s seulement elle demeure la Liturgie des anciens ordres

q Uai rnsrquc n t' religieux qui renaissent de leurs cendres, mais que ces

Page 281: Institutions liturgiques (tome_2)__2

X P A R T I E C H A P I T R E X X I V

de nombreux instituts,

monastères et confréries.

TRAVAUX DES PAPES SUR LA LITURGIE ROMAINE 6 7 5

nouveau en France.

Une reforme du Bréviaire

romain par Rome

même est possible cn

ce siècle,

nouvelles familles qui se sont formées, Tune sous le nom de Société des sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, l'autre sous celui de Congrégation des Maristes, et qui ont déjà opéré des fruits de salut chez les infidèles et mérité les bénédictions du Pontife romain, se soient fait une loi inviolable d'être romaines dans la Liturgie. Les nombreux instituts et monastères de vierges qui fleurissent de toutes parts autour de nous, comme autant de plantations célestes, font aussi monter vers le ciel, sept fois le jour et au milieu de la nuit, la prière romaine. Enfin, nous avons raconté ailleurs comment les pieuses confréries qui contribuent à maintenir, dans un si grand nombre dc paroisses dc France, la piété et les moeurs chrétiennes, célèbrent leurs fètcs, non d'après le calendrier appauvri et stérile des nouveaux bréviaires, mais bien d'après le calendrier romain, si riche de traditions, si fécond en grâces apostoliques.

Aussi, nous semble-t-il de plus cn plus évident que la Aussi la Liturgie romaine est appelée à régner de nouveau en France romafne gnous

tôt ou tard : et ce sentiment n'est pas seulement lc nôtre; ^ S ^ q u ' à 6 '

il est partagé par un grand nombre d'excellents esprits. d » a u t

e

r cs C appeiée

Nous avons même souvent entendu répéter à des per- à r é s n e r d e

sonnes assez peu suspectes que si Rome consentait à réformer son bréviaire, l'opposition gallicane ne saurait tenir contre l'influence de cette mesure. A vrai dire, il nous semble qu'il y a bien un peu d'outrecuidance dans cette manière de voir une si grave question. Sans doute, il est dans les choses possibles que Rome entreprenne, mfc*ens où îa * dans ce siècle, une réforme de son bréviaire: ce serait la désirent

. certains esprits.

quatrième depuis saint Grégoire; mais qu'on le comprenne

bien, cette réforme n'aurait point pour objet de produire

un nouveau Bréviaire romain. Celui de saint Pie V est le

même que celui qui fut revu au xni e siècle par les Frères

Mineurs, le même que celui de saint Grégoire VII, le

même que celui de saint Grégoire I e r . Le bréviaire qui

sortirait de la réforme du xix c siècle ne serait point autre

Page 282: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 7 6 A ROME TRAVAUX DES PAPES SUR LA LITURGIE ROMAINE

INSTITUTIONS n o n plus, quant au fond, que celui des siècles précédents ; L I T U R G I Q U E S r • 1 • » 1

— les théories françaises du xvni 6 siècle sont venues trop tard pour entamer l 'œuvre séculaire et traditionnelle des P o n tifes romains. Mais ce n'est pas là précisément ce qui préoccupe plusieurs personnes dont nous avons souvent recueilli les aveux pleins de naïveté; leur grande espérance, au cas d 'une revision du bréviaire, serait dc voir la somme des prières ecclésiastiques diminuée, à Rome, dans la proportion des bréviaires français.

Si elle avait Quoi qu'il en soit de cctte attente, nous devons être devons être assurés à l'avance que si lc Siège apostolique entreprend,

assurés qu'el le .* , ,c , t . ,

satisferait à en ce sicclc, une reforme du bréviaire (prévision qui n a ^ o V ^ L i ^ d ' improbable, puisqu'il s'est déjà écoule près de trois

siècles depuis la réforme dc saint Pic V, ct que les deux précédentes n'ont pas été séparées par un aussi long intervalle), nous devons être assures, disons-nous, que cette réforme satisferait à tous les besoins dc la Liturgie. Elle serait entreprise avec unc souveraine autorité, dirigée par cet Esprit qui conduit les Pontifes romains dans les choscs de la foi c t d e la discipline générale dont la Liturgie est l'expression. Elle ne serait point le fait d'une coterie hétérodoxe, ni lc produit d'une école littéraire, ni lc résultat d'une révolution pyrrhonienne dans la critique sacrée, ni l 'œuvre d'un vain amour-propre national. La majestueuse confession des dogmes, la victoire contre les hérésies, la liberté ecclésiastique, la vigueur dc la discipline, la dévotion à la sainte Vierge ct aux saints, l'onction de la prière, la sainte ct inviolable tradition, avec ce progrès légitime qui se fait dans la lumière et l 'amour sous l'autorité, y puiseraient leur sublime manifestation; cn un mot, cette nouvelle réforme, comme toutes celles qui l'ont précédée, serait un pas magnifique de l'Église ct de la société vers la conquête d'un plus grand éclat de vérité ct d'une plus grande force ct douceur d 'amour; car le sentier dc l'Eglise est semblable à la lumière qui

Page 283: Institutions liturgiques (tome_2)__2

AUTEURS LITURGISTES DU XIX e SIECLE 6 7 7

va toujours croissant, jusqu'à ce qtCelle enfante le jour iMsm parfait ( i ) . E X X I Y

Il est temps de clore cette histoire générale de la Litur- Auteurs

gie, et ce volume, par la bibliothèque des auteurs litur- ''ÏS'siSie*11

gistes qui ont fleuri ou fleurissent en ce xix e siècle.

( 1 8 0 2 ) . Nous ouvrons notre liste par l'ouvrage suivant, catk^f-^el

ur

composition anonyme et plus que médiocre ; mais les l'intelligence de r . , ,., ., , , . » l'office divin.

ouvrages français publies en ce sieele sur les matières liturgiques sont en si petit nombre, que nous ne nous permettrions pas d'omettre un seul de ccux qui sont venus à notre connaissance. II est intitulé : Manuel catholique pour Vintelligence de Voffice divin. Paris, 1 8 0 2 ,

i n - 1 2 .

( i 8 o 3 ) . Dufaud, ancien doctrinaire, digne successeur Dufeud, ancien 7 doctrinaire

des Foinard et des Grancolas, enfanta, dans les premières i8o3.

années de ce siècle, une nouvelle utopie liturgique dont la réalisation n'exigeait rien moins que la destruction de tous les systèmes de prière ecclésiastique suivis depuis dix-huit siècles. Dufaud jugea à propos de faire imprimer son projet, à l'usage de la commission liturgique dont nous avons parlé ci-dessus. Il lui donna ce titre : Essai d'un nouveau calendrier liturgique, ou classification nouvelle et rai-sonnée des fêtes pour tout le cours de Vannée chrétienne. Paris, i 8 o 3 , in-8°.

( 1 8 0 4 ) . Louis-Vincent Cassitto, dominicain, a publié Louis-Vincent „ . r . . , . Cassitto,

I ouvrage suivant : Liturgia domenicanaspiegata in tutte dominicain

le sue parti. 1 8 0 4 . Naples, 2 vol. i n - 1 2 , l 8 ° 4 *

( i 8 o 5 ) . Léonard Adami, avocat romain, a rendu un LéonardAdami, 1 • , 1 . 1 1 T • • 1 . . / avocat

grand service a la science dc la Liturgie ct des antiquités romain, i8o5.

ecclésiastiques, par les précieuses annotations dont il a enrichi le Diario sacro du jésuite Joseph Mariano Par-tenio, dont le vrai nom est Mazzolari. Ces annotations, qui font tout le mérite scientifique de cet ouvrage, ne sc

(1) Prov. IV, i8 .

Page 284: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 7 8 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS trouvent que dans la seule édition de i 8 o 5 . Rome, L I T U R G I Q U E S .

• 7 vol. i n - 1 2 .

A l p h o n s e ( i 8 o 5 ) . Alphonse Muzzarelli, ancien jésuite, théologien anc ier^tésuke , de la sacrée Pénitcnccric, si connu par ses nombreux et

t h c o lsacrêV1 C l a savants opuscules, a donné une dissertation intéressante P ^ n l

i

t g ^ c n c ' sur le culte du Sacré-Cœur de Jésus. Nous avons encore de lui : Obscrvaliones super annal al ionibus S.Jideipro-

moioris super extensione festi atque approbatione officii

el missœ propria: in honorem S. Cordis Deiparœ V. M.

Walraf l ; (180G). WalrafT, docteur allemand, a publié le précieux a l l e m a n d , 1806 . recueil intitulé : Corolla hymnorum sacrorum publicœ

devolioni inservientium. Vel ères electi sed mendis quibus

iteratis in editionibus scatebant detersi, strophis adaucli.

Novi adsumpti, récentes primum inserti. Cologne, 1 8 0 6 , i n -8 \

Mcnnc , ( Ï 8 Î O ) . Mcnne, ecclésiastique allemand, est auteur de a U c m a n d ^ ^ i o . l'ouvrage su ivan t : Die Liturgie der Kirche systemal.

abgehandell.— La liturgie de VEglise systématiquement

traitée. Augsbourg, 1 8 1 0 , 3 vol. in -8° .

Le cheva l i er (iSi(>). Le chevalier Artaud, qui , plus tard, a donne au Artaud, KSIO . p U u ) ] j c pjiistoirc de Pie V I I , ouvrage curieux quoique fort

incomplet, publia cn cette année un livre intitulé : Voyage

dans les catacombes de Rome. Par is , in-8". Nous mentionnons ce livre superficiel et rempli d'inconvenances de plus d'une sorte, par cette seule raison que nous nous sommes jusqu'ici imposé la tache de produire la succession des auteurs qui ont traité des monuments de Rome souterraine, dont la description et l'appréciation importent si fort à la science liturgique.

J . - B . L o u i s - ( 1 N 1 0 ) . J . -B . Louis-Georges Scroux d'Agincourl, ce Gconzcs Se roux, , p i ' i •> • . * i t

d'A^ineourt, généreux archéologue qui s en vint a Rome pour y passer j 8 l ° ' six mois et y demeura cinquante ans, a élevé un monument

a la science liturgique, aussi bien qu'à la science archéolo

gique en général, dans le grand ouvrage auquel il sacrifia

toute sa fortune. Tout lc monde sait qu'il est intitulé :

Page 285: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DU X I X # SIÈCLE 6 7 9

Histoire de F Art par les monuments, depuis sa décadence 1 PARTIE J R_ 1 R CHAPITRE XXIV

au V9 siècle, jusqu'à son renouvellement au XV* siècle, —*

3 vol. in-f" avec 3 2 5 planches. Paris , 1 8 1 0 - 1 8 2 3 . Les monuments liturgiques sont innombrables dans cette collection, et pour ce qui est des antiquités de Rome souterraine, d'Agincourt a l 'honneur d'avoir le premier senti toute la valeur des peintures des catacombes, et fixé le point de départ de l'iconographie chrétienne, en assignant aux n° et m 0 siècles la décoration de plusieurs des fresques de divers cimetières.

( 1 8 1 1 ) . Alexandre-Etienne Choron, musicien célèbre, , A iexandre-, . . . _ E t i e n n e C h o r o n ,

publia en cette année une brochure intitulée : Lonsidera- mus ic ien

lions sur la nécesstié de rétablir le chant de VÉglise de c e re' 1 l l '

Rome dans toutes les églises de l'Empire français. Paris , 1 8 1 1 , i n -8° . L'auteur justifie sa préférence pour le chant grégorien, par la supériorité de ce chant sur tous les autres qui n'en sont que des imitations généralement défectueuses; par l'origine même de ce chant qui se trouve être le seul débris, si défiguré qu'il soit, de la musique des Grecs et des Romains; enfin, par l'utilité dont le rétablissement de ce chant peut être pour l'art musical, les compositeurs du xvi c siècle ayant tous, sans exception, choisi les morceaux grégoriens pour thème de leurs compositions. La place nous manque pour faire connaître et pour apprécier les propres travaux de Choron sur lc chant ecclésiastique; mais l'occasion se présentera d'y revenir.

( 1816) . Augustin Albergotti , évêque d'Arezzo. a donné A u g u s t i n . 0 , . . , . . . Albergott i ,

un livre assez médiocre sous ce titre : La divina Salmodia évêqued'Arczzo,

secondo Vantica e nuova disciplina délia Chiesa. Sienne, 1

1 8 1 6 , i n - 1 2 .

( 1 8 1 6 ) . Antoine-Joseph Binterim, mineur observantin, Anto ine-Joseph

curé de Bilk au diocèse de Cologne, et courageux confes- m i n e u r /

seur de la liberté de l'Église, dans la cause de son glorieux o b s ^Vo!*1"' archevêque Clément-Auguste, publia, en 1 8 1 6 , l'ouvrage

suivant : Commentatio historico-critica de libris bapti-

Page 286: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 8 0 AUTEURS LITURGISTES

(1) Tom. X, page 3o2 et suivantes'.

INSTITUTIONS qatorum, conjugatorum et defunctorum antiquis et nopis, ' LITURGIQUES - eorum fatis ac hodierno usu. Dusseldorf, in-8°. Mais

son principal travail sur la science liturgique est l'ouvrage suivant : Die vor^uglichsten Denkwiïrdigkeilen der christ-catholischcn Kirche, ans den ersten, mittlern und let^en Zeiien. — Les principaux monuments de VEglise chrétienne-catholique, des premiers siècles, du moyen âge et des temps modernes. Maycncc, I 8 2 5 ~ I 8 3 3 , 7 volumes en iGtomcs in-8°. Bintcrim,dans cet ouvrage où l'on retrouve l'érudition dont il a fait preuve dans ses innombrables écrits, mais aussi peut-être ce défaut de critique qu'on lui a quelquefois reproché, s'est proposé dc refaire en grand l'excellent ouvrage dc Pellicia, dont nous avons parle ci-dessus, et que tout le monde connaît sous ce titre : De christianœ Ecclesiœ, primœ, mediœ et novissimœ œtatis poliiia.

L'abbé Poussou ( 1 8 1 7 ) . L'abbé Poussou dc la Rozière fit imprimer cn d c l a i S i ^ c r G i celte année un Mémoire sur la Liturgie, que cet auteur

défend avec vivacité dans unc lettre insérée dans VAmi de la Religion ( 1 ) . Cctte utopie est assez semblable à celle de Dufaud, ct vient accroître lc nombre des tristes manifestations de l'esprit d'anarchie cn matière liturgique,

zieuter, ( 1 8 1 7 ) - Zieglcr, bénédictin, évêque de Lintz, est connu bTvCi5qucn' par l'ouvrage qu'il a donné sous ce titre : Die der heiligen

de Lmtz, 1 8 1 7 . p{rmung der katholischen Kirche. — La solennité de la sainte Confirmation dans l'Eglise catholique. Vienne, %

1 8 1 7 , in -4 0 .

Jean-Christian- ( r 8 r 7)- Jcan-Christian-Guillaume Augusti, illustre doc-GAugustF, u tcur protestant, a rendu un service signalé à la science

protcsttnM8i7. liturgique, en publiant lc grand ct bel ouvrage intitulé : Denkwiïrdigkeiten ans der christlichen Archaologic. -Mémoires d'Archéologie chrétienne. Leipsik, 1 8 1 7 - 1 8 2 3 .

6 vol. in-8°.

Page 287: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DU XIX e SIÈCLE 6 8 1

( 1 8 1 7 V Auguste-Jacques Rambach, docteur luthérien, 1 PARTIE \ ' ' D 1 C H A P I T R E XXI

Auguste-pilation qui porte ce titre : Anthologie christlicher Gesange jacaues

ans allen Jahrhunderten der Kirche. — Anthologie de ^ J ^ J 1 ' chants chrétiens de tous les siècles de VEglise. Leipsik, l u t h c n e n > 1 8 1

1 8 1 7 , in-8°. Ce volume renferme les principales hymnes grecques et latines recueillies religieusement par Rambach. Il a été suivi de plusieurs autres qui contiennent les cantiques protestants de l 'Allemagne, depuis Luther.

( 1 8 1 8 ) . Le docteur Bjorn, Danois, s'est occupé de tra- Docteur BJÔVN i M 1 • u T> 1 1 D A N O I S > 1 8 1 8

vaux sur 1 hymnographie , et a publie comme Rambach une collection d'hymnes à laquelle il a donné ce titre :

Hjnnni veterum poetarum christianorum Ecclesiœ laiinœ

selecti. Copenhague, 1 8 x 8 , in-8°.

( 1 8 1 0 ) . Fr . Brenner, chanoine dc la cathédrale de Bam- Fr . Brcnncr, ^ J . chanoine de

berg, a fait paraître l 'ouvrage suivant, dans lequel il pro- cathédrale d r , - , , w , . ^ . n •» Bambcrg, 181

fesse les sentiments de 1 école rationaliste a laquelle il

appartient : Geschichie ïtber die Administration der hl.

Sakramente. — Histoire de Vadministration des SS. Sa

crements. La première partie, qui renferme lc Baptême,

la Confirmation et l 'Eucharistie, a paru à Bamberg,

1 8 1 9 - 1 8 2 4 . 3 vol. in-8°.

( 1 8 1 0 ) . Frédéric Miinter, évêque de Seeland en Danc- Frédéric T . 1 1 1 . / , Mûnter, évéqu

mark, nous appartient pour son savant opuscule publie a de Seciand,

Copenhague, en 1 8 1 9 ( 36 pag. i n -4 0 ) , e t intitulé : Sjnn- u ^'

bola veteris Ecclesiœ, ariis operibus expressa. L'auteur y traite de vingt-quatre des principaux symboles du christianisme. Il s'est exercé de nouveau sur le même sujet, avec plus d'étendue, sous ce titre : Sinnbilder and Kunslvor-

stellungen der ait en christen. — Images symboliques et

représentations figurées des anciens chrétiens. Altona, 1 8 2 5 , parties I et I I , i n -4 0 .

(1820) . J . Michel Sailer, le saint et savant évêque dc J. Michel Saiïc . . évêque de

Ratisbonne, compte parmi ses nombreux ouvrages plu- Ratïsbonne,

sieurs compositions sur les matières de la Liturgie. Nous 1 "°'

cques Rambach, docteur luthérien,

a pareillement mérité de la Liturgie, en publiant la com-

Page 288: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 8 2 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS citerons, entre autres, Geist und Kraft der kathoL Litur*

LITURGIQUES . — Esprit et vertu de la Liturgie catholique. Munich,

1 S 2 0 , in* 1 2 . Nous devons mentionner aussi l'ouvrage

suivant : Gedankenvon der Abanderung des Breviers.—

Réflexions sur le changement de bréviaire, avec les remar

ques dc F. X. Christman. Ulm, 1 7 9 2 , i n - 8 \

Fr.Grundmayr, ( 1 8 2 2 ) . Fr. Grundmayr, docteur catholique, a donné,

cathol ique entre autres écrits liturgiques, Liturg. Lexicon der romi-

schkaihoL Kirchen Gebrauche. —Lexique liturgique des

usages de l'Eglise catholique romaine. Augsbourg, 1 8 2 2 ,

grand in-8°.

Docteur Jean ( 1 1 824) . Le docteur Jean Labus, savant milanais, est i^îanais 8 aîSa4. c o n n u dans la science de l'archéologie catholique, par un

grand nombre dc dissertations, imprimées les unes à part, les autres dans des recueils périodiques ou académiques. Lcs Fasti délia Chiesa, ou Vies des Sai?ils pour tous les jours dc Tannée, qui ont paru à Milan, 12 vol. in-8°, 1 8 2 4

ct années suivantes, sont remplis de notes fournies par Labus, ct presque toutes d'un grand intérêt pour les amateurs des origines liturgiques.

Louis ( 1 ^ 2 4 } . Louis Gardellini, assesseur delà Congrégation amsscur'dc'ia des Rites ct sous-promoteur de la Foi, a dirigé Timprcs-^fesluuls^t" sion des Décrets authentiques de la Congrégation des

S d e î â P F o ! n i 8 ^ R**es* Cette collection si importante a paru à Rome cn 7 vol. in -4 0 ( 1 8 2 4 - 1 8 2 0 ) . L'impression du huitième n'est pas achevée. L'auteur, que la science liturgique a perdu depuis, avait commencé dans le septième volume à fortifier son texte de notes excellentes; ce plan paraît avoir été adopté par son successeur, dans les cent trente premières pages du huitième volume, qui ont déjà été livrées à l'cm-pressement du public.

Fomici, ( 1 8 2 5 ) . Fomici, ecclésiastique romain, a donné, pour ecclésiastique .

romain, i«a5. l'usage du séminaire romain, 1 ouvrage suivant qui est tout

à fait élémentaire : Tnstitutiones liiurgicce ad usum semi-

narii romani. Rome, 1 8 2 0 , 3*vol. i n - 1 2 .

Page 289: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DU XIX e SIÈCLE 683

( 1 8 2 6 ) . J. A. Gall, évêque d'Augsbourg, est auteur du 1 PARTIE * ' ' * U . . ° C H A P I T R E XXIV

livre intitulé : Andachtsiibungen* Gebrauche u. Ceremo-^ ' J. A . Oal i ,

nien der Kirchen. — Pratiques, usages et cérémonies cvcquc y d 'Augsbourg,

de 1 Eglise. Augsbourg, 1 S 2 6 , in-8°. IWART. (1820) . F . R. J. Antony, docteur allemand, a public F. R. J. Antony

. •*• . j docteur

l 'ouvrage intitule : Archaolog-liiurgisches Lehrbuch des a l lemand, 1829 .

gregorianischen Kirchengesangs. — Institutions archéo-

logico-liturgiques sur le chant ecclésiastique grégorien.

Munster, 1 8 2 9 , in-4 0 . — Nous citerons à ce propos le livre du docteur Hoffmann de Falersleben, professeur à l'Université de Breslau, quoique nous n'ayons pu encore nous le procurer. En voici le titre : Geschichie des kalholischen

Kirchenliedes in Deutscldand. — Histoire du chant

religieux catholique en Allemagne.

( i 8 2 n \ André Millier, chanoine de Wur t zbou rç , est André Moiicr,

T 7 r -* T 7 i 7 " • 7 chano ine

connu par Lexicon des Kirchcnrechts und der romisch de W u r t z b o u r g ,

kathol. Liturgie. — Dictionnaire de droit ecclésias- 1 ~fJ'

tique et de IJturgie catholique-romaine. Wurtzbourg, 1 8 2 9 - 1 S 3 2 . 5 vol. in-8°.

( 1 8 2 9 ) . Theobald Lienhart , supérieur du séminaire de T h é o b a i d o , , , i i . . Lienhart ,

btrasbourg, est connu dans le monde liturgique par supérieur du

l 'ouvrage suivant : De antiquis Liturgiis cl de disciplina d e S s t r a s b o u r g ,

arcani. Strasbourg, 1 8 2 9 , in-8. ( 1 8 2 9 ) . J . - B . Salgues, ancien doctrinaire, fameux par j . B . Sa lgues ,

plusieurs ouvrages dont l'esprit et le ton contrastent doctrinaire,

grandement avec les habitudes de son premier état, appar- l 8 ' 2 ° ' tient à notre bibliothèque par le livre intitulé : De la litté

rature des offices divins. Par is , 1 8 2 0 , in-8. L'auteur y professe la plus expansive admiration pour les nouvelles hymnes et proses, et aussi le plus grotesque dédain pour les œuvres de la poésie catholique. Sous ce point dc vue, l'ouvrage est monumental .

(i83o). Toussaint-Joseph Romséc, autrefois professeur T o u s s a i n t ^

de Liturgie au séminaire de Liège, a donné divers traités J 0 5 ^ 1 ^ " 1 5 " '

de Liturgie pratique, assez médiocres, qui ont été réunis

Page 290: Institutions liturgiques (tome_2)__2

6 8 4 AUTEURS LITURGISTES

INSTITUTIONS ensemble dans l'édition complète de ses œuvres, donnée L I T U R G I Q U E S x

* à Malines, 1 8 3 9 , 5 tomes i n - 1 2 .

Ambroisc ^ ( i83o). Ambroisc Guillois, curé de Notre-Dame du G u i l l o i s , cure , ^ , , T - . A ,

i 8 3 o . P rc , au Mans, a lait paraître, vers cette année, un petit ouvrage intitulé : Le Sacrifice de VAutel, ou explication

des cérémonies de la messe solennelle. Le Mans, 2 vol. i i w 8 .

Ecc lé s ias t ique ( i83o). Un ecclésiastique de Rouen, qui a gardé l 'anode Rouen, i 8 3 o . . A , , , , r ,

nyme, prit , en cette même année, la derense des nouveaux

bréviaires dc France, à l'occasion de la controverse sou

levée par le Mémorial catholique. Son ouvrage est inti

tulé : Dissertation sur la légitimité des bréviaires de

France, et du Bréviaire de Rouen en particulier. Rouen ,

i n - 8 .

j . L.Lochcrcr, ( i 8 3 2 ) . J . -L . Lochcrer, docteur allemand, a donné

a l l emand, i 8 3 2 . l'ouvrage qui suit : Lehrbuch der christ-kirchlichen

Archaologie. — Institutions d'archéologie chrétienne et

ecclésiastique. Francfort, i 8 3 2 , i n - 8 .

j . Dobrowsky, ( i 8 3 2 ) . J . Dobrowsky est auteur d'un ouvrage inti tulé: l83z* Uebcr denUrsprung der romisch-slavischen Liturgie.—

Sur Vorigine de la Liturgie romaine-slave. Prague,

i833 , in-8. W i l l i a m ( i 8 3 2 ) . Wil l iam Palmcr , professeur au collège de

Paimer, 183.1 . -yvorcester, s'est occupé de la science liturgique sous le point dc vue anglican : Origines Liturgicœ, or Antiqui-

lies of the Englisch Ritual, and a dissertation on primi

tive Liturgies. — Origines Liturgicœ, ou Antiquités du

rituel anglais, et dissertation sur la Liturgie primitive.

Jean Eng land , ( r833). Jean England, éveque dc Charlcstown, a fait dcChariTst'owii, paraître le livre intitulé : Explanation of the Cérémonies

i8*" °f Mlc h°h' Weeck. — Explication des cérémonies de la

Semaine sainte. Rome, i n - 1 2 .

Joseph Scttc lc , ( i833). Joseph Scttele, professeur au collège de la à R o m " S u S 3 3 . Sapicncc, à Rome, ct profond archéologue, a donné cctte

année un savant opuscule sur les Stations de Rome,

Page 291: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DU XIX* SIÈCLE 685

intitulé : Notizie comvendiose délie sagre Stazioni e 1 PARTIE

1 R ° 1 CHAPITRE XXIV

Chiese Sta^ionali di Roma. Rome, i833, i n - 1 2 . Nous lui devons en outre un excellent mémoire, sur Vimportance des monuments chrétiens des Catacombes, qui sc trouve au second tome des Atti delVAccademia Romana d'archeologia, et plusieurs autres dissertations sur des sujets analogues dans la même collection.

(i834). Joseph Marzohl, aumônier de l'hôpital du Saint- Joseph Marzoh

Esprit, à Lucerne, et Joseph Schneller, membre de la schneUer^ss

Société historique de la Suisse, publient en ce moment un ouvrage plein d'érudition, intitulé : Liinrgia sacra, oder die Gebrauche und Alterlhumer der katholischen Kirche, sammt ihrer hohen Bedeuiung nachgeiviesen ans den Schriften der fruhesten Jahrhunderte, und ans andern bewahrten Urkunden und seltenen Kodi^en. — Liturgia sacra, ouïes Usages et Antiquités de l'Église catholique, avec leur haute signification d'après les saintes Ecritures, et les éc?~its des premiers siècles, et autres monuments authentiques et manuscrits rares. Lucerne, 1 8 3 4 - 1 8 4 1 ,

in -8 , 4 volumes ont déjà paru. ( 1 8 3 4 ) . Un anonyme italien, qui prend le nom de Anonyme

E " i J if u i " • 1 T • • italien, i 8 3 4 .

Ftladelfo, a publie un curieux ouvrage de Liturgie pratique, sous ce titre : Ritonomia ecclesiastica ; la scienqa dei sacri riti discussa canonicamente, e decisa moralmente. Lucques, 1 8 3 4 , 2 gros volumes in-18 .

( 1 8 3 4 ) . Jean Diclich, prêtre vénitien, est auteur d'un Je&nDicijch,

Di^ionario sacro-liturgico, qui renferme plusieurs choses p r a r \ ^ ! t î €

intéressantes. La troisième édition, la seule que nous connaissions, est de Venise, 1 8 3 4 . 4 vol. in-8.

( 1 8 3 4 ) . Philbert, l'un des rédacteurs de la Biographie Phiibert, i83

universelle, appartient à notre bibliothèque par un Manuel des Fêtes et Solennités, publié à Paris, 1 8 3 4 , i n - 1 6 .

( 1 8 3 4 ) . L'abbé Pascal, prêtre du diocèse de Mende, a L t o b é Pascal

fait paraître, en cette année, un livre intitulé : Entretiens §rMende/i°83

Page 292: Institutions liturgiques (tome_2)__2

686 A U T E U R S L I T U R G I S T E S

INSTITUTIONS sur i a Liturgie : nouvelle explication des prières et ciré-. LITURGIQUES . , « . R> - Y . • • T T 7 • T

montes du Saint Sacrifice, suivie de la lettre curieuse de Dom Cl. de Vert au minisire Jurieu, sur les paroles et les actions du prêtre à Vautel, et d'une Mosaïque sacrée ou Ordinaire de Messe composé de fragments de divers rites du monde catholique. Paris, i n - 1 2 - L'auteur promet depuis longtemps, sous le titre de Ralional liturgique, un ouvrage qui fera faire, sans doute, un grand pas à la science, ct dont la publication est vivement désirée.

L'abbé (iS35). L'abbé Lccourticr, curé des Missions étran-i835. ' gères, puis Théologal de Notre-Dame dc Paris, publia,

cn iS35, un Manuel de la Messe, au Explication des prières et des cérémonies du Saint Sacrifice. Paris, i n - 1 8 . l i a donné, l'année suivante, deux volumes i n - 1 8 , sous ce titre : Explication des Messes de VEucologe de Paris. 2 vol. i n - 1 8 .

Antoine (1835). Antoinc-Âdalbert Hnogck, professeur au sémi-Hnogck, is.*5. n a j r c ^ e Lcimcrit/., en lîohcmc, s'est fa i t connaître par

son livre intitulé : Chrisllcalho/ische Liturgie.— Liturgie chrétienne-catholique. Prague, i S35-1 S3y. L'ouvrage aura trois volumes, dont deux seulement ont paru.

Staudcnmaicr, (i83S). Staudcnmuicr,docteur catholique, a fait paraître ca'iiif.Uque, ù Mayence l'ouvrage suivant : (îeist des Christenlhume*

dargestcllt in den hl. Zeiten, in den hl. 1 Imidcnlungen, und in der hl. Kunst. — L"Esprit du christianisme exposé dans les saints Temps, les saintes Cérémonies et l'Art saint. i83.% in-8.

Nickel, prêtre (i835). Nickel, prêtre catholique, comme lc précédent, catholique, . , 1 ( . / . , ,

i835. a donne 1 ouvrage suivant, imprime pareillement a Mayence : Die heiligen Zeilen und Feste nach ihrer Geschichle und Feier. — Les saints Temps et les Fêtes d'après leur histoire et solennité. i835, in-8.

François-Xavier (i835). François-Xavier Schmid, curé dans le diocèse cw 'îsSfs. dcPassau, est auteur dc l'excellent livre intitulé: Lilurgik

der chrisikalholischen Religion. — Liturgique de la

Page 293: Institutions liturgiques (tome_2)__2

DU XIX a SIÈCLE 6 8 7

Religion catholique. Passau, i835 , in-8. La troisième J PARTIE . . 1 , . . 1 . • m , C H A P I T R E XXIV

édition se publie maintenant par livraisons, dont la pre-mière est de 1 8 4 0 . Il a publié, en outre : Grundris\ der Liturgik. — Plan de la Liturgique, Passau, i836, in-8.

( i836) . C. Chiral, curé de Neuville-l'Archevêque, au c. chiraL

diocèse de Lyon, a donné : Esprit des cérémonies de cunî' VÉglise. Lyon, i836 , i n - 1 2 .

(i836). A. Welby Pugin, professeur d'antiquités ecclé- A. Weibv

siastiques au collège catholique de Sainte-Marie d'Oscott, P u g i n ' l S 3 ° ' a puissamment avancé la régénération de l'art catholique cn Angleterre, par la publication dc plusieurs recueils de monuments accompagnés de planches. Nous citerons le plus piquant ct le plus populaire dc tous. Il est intitulé : Contrasts, or a parallel belwen the noble édifices of the fourteenth and fitteenth centuries, and similar buildings of the présent day; sheiving the présent decay of taste. — Contrastes, ou Parallèles des nobles édifices du XIVe et XV* siècles, et les bâtiments actuels du même genre, faisant voir la décadence du goût. Londres, i836, in -4 . Pugin traite cn particulier des églises, autels, tombeaux, habits sacerdotaux, etc.

( 1 8 3 7 ) . Le vicomte Walsh est auteur de l'ouvrage Vicomte Waish,

suivant: Tableau des fêtes chrétiennes. Paris, 1 8 3 7 , in-8. l 8 3 ? '

( 1 8 3 7 ) . Raoul Rochette, savant archéologue, connu par Raoul Rochctte,

d'importantes publications sur Part antique, a abordé archéologue,

depuis avec succès la matière des antiquités de Rome l 8 3 7 ' souterraine. Plusieurs dissertations sur ce sujet insérées dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, ont annoncé un homme rempli d'érudition et de sagacité. Il est à regretter qu'une plus intime connaissance dc l'antiquité chrétienne proprement dite lui ait manqué ; ce qui Ta entraîné dans quelques écarts. Ces inconvénients ont presque entièrement disparu dans l'excellent petit volume que l'auteur a donné, en 1 8 3 7 ,

sous ce titre: Tableau des Catacombes de Rome, i n - 1 2 /

Page 294: Institutions liturgiques (tome_2)__2

688 AUTEURS LITURGISTES

Nicolaiewitsch Murawicll'.

Abbé Charvoz, (i83<)). L'abbé Charvoz a public un petit volume sous I^ 3 _ t* ce titre : Précis d'Antiquités liturgiques, ou le Culte aux

premiers siècles de VKglise. Lyon, i83o, in-

François de (iN3i)). François de Sclnvinghannb est auteur d'un Schinwghannb , x ' c

i83y. opuscule intitule : Ueber Kirchensprache und Lan-

dessprache in der Liturgie. — Sur la langue de F Eglise

et la langue nationale dans la Liturgie. Lintz, in-12. Abbé Cousseau, (i83i)). L'abbé Cousscau, chanoine de la cathédrale de chanoine , iH'Mj. , . . . . . . .

Poitiers, s'est fait connaître dans la science liturgique par

un Mémoire sur Fauteur du Te iJenm. qu'il attribue à

saint Hilaire. Nous avons parlé ailleurs de cet opuscule,

qui est, au reste, d'une dimension fort restreinte. L'année

suivante, l 'auteur a donné un second Mémoire, mais plus

sérieux sur F ancienne Liturgie du diocèse de Poitiers, et

sur les monuments qui nous en restent. In-8. Il est à

regretter que ce travail vraiment remarquable porte trop

souvent la trace des préjugés que l'oubli presque général

de la véritable histoire de la Liturgie a rendus si communs

de nos jours.

Joseph Kehrcin, ( 1 8 4 0 ) . Joseph Kchrcin, professeur au gymnase de professeur 1840 . . L . .

Mayence, a publie, en cette année, lc recueil suivant :

Lateinische Anthologie ans den chrisilichen Dichlcrn des

INSTITUTIONS Raoul Rochette avait publié, en 1 8 3 4 , un Discours sur LITURGIQUES , » , . .

1,1 F origine, le développement et le caractère des types uni-

tatifs qui constituent VArt du christianisme. Par is ,

in-8. Cet opuscule remarquable, comme toutes les publi

cations dc l 'auteur, pourrait être avantageusement

modifié cn la manière que l'ont été ses dissertations sur

les antiquités des cryptes romaines.

Murait, i838. (1838)- En cette année a paru à Lcipsik, sous lc nom

cl un écrivain a Uemand nomme Murait , l'ouvrage suivant:

Briefe uber den Gotlesdienst der morgenlandischen

Kirclie. — Lettre sur le Service divin de FJiglise orien

tale. C'est une traduction de l'ouvrage russe d'André

Page 295: Institutions liturgiques (tome_2)__2

nu x i x e SIÈCLE 6 8 9

Mittelalters. — Anthologie latine des Poètes chrétiens du 1 PARTIR

. i • . CHAPITRE XXIV

moyen âge. Francfort, 1 8 4 0 , in-8. Ce recueil est destine aux gymnases et lycées catholiques. Le premier volume, le seul qui soit venu à notre connaissance, renferme les hymnes des huit premiers siècles de l'Église. Le temps viendra sans doute aussi où dans nos petits séminaires de France on étudiera les bonnes vieilles hymnes catholiques.

(1840^ . Daniel Rock, prêtre catholique anglais, est D a n j j | £ o c k » auteur d'un ouvrage remarquable qui a paru à Londres sous ce titre : Hieruvgia; or the hoir Sacrifice of the Mass. — Hierurgia, ou le saint Sacrifice de la Messe. 2 vol. in-8.

( 1 8 4 F ) . Nous rattachons à cette année les Conférences Nicolas , , . j 7 o • o • / * ÏJ" Wiseman, 1 8 4 1 .

sur les cérémonies de la Semaine Sainte a Rome* par Monseigneur Nicolas Wiseman, évêque de Mellipotamos et \icairc apostolique en Angleterre. Le livre est cn anglais, et a été publié en français par M. l'abbé dc Valette, en 1 8 4 1 (Paris, in -12) . Cet opuscule fort remarquable ù tous égards se recommande surtout par des aperçus pleins dc goût ct dc largeur sur la valeur des formes liturgiques. Malgré sa faible dimension, il est digne de l'illustre ct savant prélat auquel nous devons déjà, pour ne parler que dc l'objet de nos études,uncprécicuscdisscrtation, publiée à Rome, il y a quelques années, sur la Chaire de saint Pierre, que Ton conserve dans la basilique vaticane, ct dont nous parlerons ailleurs. Dans la préface de ses Conférences sur la Semaine Sainte, Monseigneur Wiseman mentionne deux ouvrages récents, publiés par deux de ses compatriotes sur le même sujet, le docteur England, évêque dc Churlcstown, aux Etats-Unis, dont nous avons annoncé le livre ci-dessus, et le docteur Baggs, vicc-reetcur du collège anglais, à Rome.

( r 8 4 ï ) . Henri Gossler, prêtre régulier, cure dans lc Henri Ooss-li-r,

diocèse de Paderborn, vient dc publier un livre de prières, L U l 1 " dans lequel sc trouvent fondues presque toutes les paroles

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69O AUTEURS LITURGISTES

I N S T I T U T I O N S <j e la Liturgie romaine, avec le texte de VImitation de LITURGIQUES °

~ Jésus-Christ. Cette œuvre tout allemande dans sa forme, annonce une connaissance profonde des choses de la prière dans son auteur. Elle porte ce titre : De Vita et Imita-tione Christi Libri IV, redacii in sérient dominicalem et

Jeslivalem. Paderborn, 1 8 4 1 , énorme i n - 1 8 .

Herman-^ ( 1 8 4 1 ) . Hcrman-Adalbert Daniel, docteur dc TUnivcr-1 8 4 1 . site dc Halle, a grandement mente de la science litur

gique, ct s'est acquis des droits à la reconnaissance des catholiques, par l'importante collection qu'il vient dc publier sous ce titre : Thésaurus hymnologicus, sive hymnomm, caniicorum, seqnentiarum, circa annnm MI), usitatarum collectio amplissima. Hall, 1 8 4 1 , in-N. Le premier volume, le seul qui ait encore paru, ne contient que les hymnes, Daniel les a enrichies de notes et dc scholics remplies d'érudition, et remarquables aussi par le ton plein de décence avec lequel il parle de nos croyances, et spécialement du culte du saint Sacrement, dc la Croix, dc la sainte Vierge ct des Saints. Tous ces cantiques papistes n'ont rien qui le scandalise; il s'y délecte comme dans des œuvres dc la vraie piété, dc la piété chrétienne; il cn admire ia haute el suave poésie; cn un mot, la publication du docteur Daniel est un événement pour le protestantisme allemand, ct aussi une sévère critique de ces catholiques de France qui n ' o n t

chargé les Santeul et les Coilin de leur composer des hymnes, que parce qu'ils pensaient que. jusqu'à ces deux latinistes. Phymnographic n'avait rien produit que de barbare et d'indigne du culte divin.

U n P r o t e s t a n t , ( 1 8 4 1 ) . Un autre protestant vient dc publier un livi'c 1 8 4 1 ' fort remarquable, ct destiné aussi à constater le malaise

que produit dc plus cn plus au sein de la Reforme Pabscncc des formes ct des habitudes liturgiques. On trouvera à ce sujet les aveux les plus étonnants dans le livre intitulé : Des beaux-arts et de la langue des signes

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DU XIX 0 SIÈCLE 6gi

Paris, 1 8 4 1 , in -8 . En terminant cette bibliothèque des auteurs liturgistes Travaux publics

. i , . , . d e notre temps,

du x i x c siècle, nous devons mentionner les travaux qui sur divers

ont été publiés, de notre temps, dans plusieurs recueils sc?cn«qu?nous

périodiques et dans les Mémoires des sociétés savantes, 0 C C U P C -

sur divers objets de la science qui nous occupe. Ainsi, nous devons dire qu'il n'est pas un volume des Actes de VAcadémie romaine d?Archéologie qui ne renferme plusieurs Mémoires précieux sur les antiquités du service divin. Des dissertations nombreuses sont publiées journellement à Rome et dans les autres villes de l'Italie sur des points d'archéologie sacrée, et ce serait rendre un immense service à la science que d'en former unc collection dans le genre de celle que fit paraître le P . Calogéra, au xvm e siècle. Malheureusement, il faut bien convenir que la France ne marche pas à la tête de ce mouvement, et pour bien apprécier l'état de la science liturgique cn ce pays, il suffit sans doute dc considérer la faiblesse et la mince importance de la plupart des ouvrages dont nous avons tâché de mettre sous les yeux du lecteur la liste, incomplète peut-être, mais pourtant assez fidèle.

Nos recueils périodiques ont été longtemps presque Recueils , . . . . . . . , périodiques qui

sternes sur les questions liturgiques ; cependant, nous ont admis des

avons été grandement aidé, comme on a pu le voir, par liturgiques,

certains articles historiques de VAmi de la Religion. Il ne nous appartient pas dc juger ceux que nous insérâmes nous-même, en i83o, dans le Mémorial catholique, et qui furent reproduits en entier, à Lucques, dans le recueil si connu sous lc nom de Pragmalogia catholica. U Univers ^ dans ces dernières années, a ouvert ses colonnes à des discussions intéressantes sur diverses matières liturgiques, cton y a lu plusieurs lettres de M. l'abbé Pascal, ct plusieurs articles de M. Didron, sur des questions d'une véritable importance.

dans le culte des Églises réformées, par C.-A. Muller. 1 PARTIE

° ' R CHAPITRE XXIV

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(ÎO/2 AliTIX'RS MTURGISTKS

INSTITUTIONS Si maintenant Ton considère les nombreux travaux qui L I T U R G I Q U E S 7

1

; s'exécutent cn France, depuis quelques années, dans le but ciucubratioiis si louable de conserver ct d'expliquer les monuments

aicheoio^iqueh r c j i g j e u x j u m 0 y e n âge, on a lieu de penser que, de ce

i n°certaVncs C S t c ^ t L ^ c^L l n i o ' n * S ' a bibliothèque liturgique du xix e siècle œuvres dignes c s t c n mesure de prendre un accroissement colossal. Il

est fâcheux que la partie de ces études qui concerne la description raisonnée cl l 'interprétation sérieuse des monuments religieux et des usages qui s'y rattachent se trouve traitée d'une manière aussi peu satisfaisante. Sans parler de la précipitation et souvent aussi de l'absence complète de connaissances spéciales dans les auteurs, on sent aisément que ces matières vont mal aux mains des séculiers, mais surtout de ccux qui ne portent aux choses catholiques qu'un intérêt d 'amateur. Il serait néanmoins injuste de ne pas distinguer, au milieu de ce déluge toujours croissant d'elucubrations archéologiques, certaines œuvres qui méritent les égards et la reconnaissance des catholiques. Nous avons mentionné ci-dessus Séroux d 'Agincourt ; nous nous ferons un devoir de rappeler ici le grand ct bel ou\ ragc de Boisscrée sur la cathédrale de Cologne, et plus tard les publications de M. de Caumont, qui a la gloire d'avoir accéléré puissamment le moinc -ment consena lcur dont nous summes témoins. Nous dirons aussi que M. du S<>mmcrard marche à grands frais ct avec zèle sur les traces de d'Agincourt. Enfin, le clergé s'ébranle et se prépare à ressaisir une science qui Itii appartient en propre. AL l'abbé Bourassé \ient de donner aux séminaires un utile Manuel d'archéologie, et les R R . P P . Ar thur Martin et Charles Cahier, de la Compagnie de Jésus, publient en ce moment les vitraux de la cathédrale de Bourges, avec une iidélilé de dessin ct une magnificence typographique qui ne sont égalées que par la lucidité et la profondeur du commentaire liturgique et archéologique qui encadre l'œuvre tout entière.

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DU X I X 0 SII&CLR 6 9 3

Nous voici enfin parvenu au terme de la difficile car- » P A R T I R

. ('H I P I T R K XX

rière que nous nous étions tracée : notre Introduction historique à l'étude de la Science Liturgique est maintenant sous les )"eux du lecteur. Nous ne placerons pas de conclusions à la fin de ce chapitre, comme nous l'avons pratiqué jusqu'ici ; les corollaires d'un tel récit se tirent assez d'eux-mêmes.

II ne nous reste donc plus qu'à offrir nos actions dc grâces au Dieu tout-puissant dont la miséricorde nous a soutenu dans cette première partie d'un labeur si rude et si difficile : après quoi, nous le supplierons dc nous rem* plir de son Esprit, afin que nous puissions devenir capable d'expliquer a nos frères en Jésus-Christ et en la sainte Eglise, les ineffables merveilles de la Liturgie sacrée.

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6 9 4 NOTES

INSTITUTIONS LITURGIQUES

N O T E S DU C H A P I T R E XXIV

NOTE A

Nos Joanncs-Baptista, tituli sancti Honuphrii, S. R. K. Prcsbytcr cardînalis Caprara, archiepiscopus Medîolancnsis, SS. DD. nostri Vu

Papgs VII, et Sancta? Sedis apostolicx ad Frnncorum Impcratorcm, Italie Regem, a latcre Lcgntus,

Jnstructîo de S. Napoleonis festo, de processione, ac gratiantm actione, ci

de papal i benedictione.

1 I

Revendissimi antistites, dominîca I. Augusti,*cu/uslibet nnnï, per enev-clicas litteras, vel alîo convenienti modo, ipsis henevisn;

i ° A d formam nostri Dccrcti, cui initium : Exhnium C.athuliccc Hcli-

gionis, publicc nuntient fes tu m S. Napoleonis, martvris, quod idem Restitutionis catholiac rcligionis festuni est, in solemniuue Assmuptio-nis B. M. V. occurrens.

3 ° Simitilcr îndicent proccsslonem, seu supplicaiioncm, cl gratiarum actioncm, juxta ruceptum Kcdcshe rhum, de inore habendas.

3 n Publiccnt item plcnariani imlulgentiam, île apostolicie Sedis specia-lissima gratia, tum papali benediclioiiî, post pomiricalum missam, ut infrn, largiemhu, uddictam, tum Christi fidelihus pmceNsd'ini ci graliamm actîoni, dévolu interessentihus. juxia mciimraii Decreli l'ormam, K-nigne concessam.

2 IL

i" Klogium, seu l.ecliuS. Napoleonis ci'it >equens.

« Sub immani, et omnium teterrima Diocfctiani cl Mnximiani persecu-« iionc,por universym Roinanuni impcriuni snevissîme faciiiatum est, y,t « Cli ri Ali fidèles, supplicionun vî perterriti vel dcvicli, a fuie recédèrent, « aut cunclis ubique peremptis, christianum nomen deficcrut. At dum « îinpïa persequentium immanitas propr/a feritatc confringebatiir. et im-(t mites carniiiccsj improbo lahnre, lavabantur, milites Christi cœlitus « roborati, ila congrediebantur impa\idi, el consistebani invicti, ut pr;e-« concepta insectantium spes îpsos iofcllcrît, el profusus murtyrum san-« guis semen l'ueril chrisiianorum. Inter (Klei confessores, quam merito « rcccnscntur, qui atrox pro Chrîsto eertamen Alexandrie in .4-Jgvpto, « mira Ibrtiuulinc, tune susiînueninl. Ilorum quidam, îp«i» in aivne.

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DU CHAPITRE XXIV 6 9 5

« glorïose occubuerunt; alii jam crudeliter divexati, in nervo jacebant, 1 PARTIE

a pedibusad quatuor usque foramina sic divaricatis, ut supini esse coge- CHAPITRE XXIV

« rentur; nonnulli vulneribus referti, et multipliciter excogitata tormen-« torum gênera corporibus suis circumferentes, humî projecti decumbe-« bant; et quidam dcniquc scminecesconjiciebantur in carcerem. Ex his, « quibus carcer pro stadio fuit, martyrologta, ct veteres scrîptorcs com-

« mcndant Neopolim, seu Neopolum, qui, ex more proferendi nomina, « medio aïvo, in Italia invalesccntc, et ex recepto loquendi usu, Napoleo « dictus fuit, atque italke Napoleone communiter nuncupatur. Napoleo

s igitur génère vel munerc illustris, sed Alexandrie, subextrema Diocle-« tiani et Maximiani persecutione, ob firmam in confessione conslantîam, « et constantem in passione firmitatem, illustrîor, dire excruciatus, semi-

Q vivus in carcerem tandem detrusus, ibi vulnerum acerbitate peremp-

« tus, etexanguis, pro Christo, in pace quievit. » 2 0 Consequenter, orationes S. Napolèonis addenda» in missa Assump-

tionis B. M. V., sub unica conclusione : Per Dominum nostrum, etc., crunt D E MARTYRE NON PONTIPICE, et ad conformitatem servandam, assu-mantur ex missa Lœtabitur, cujus prima est.

ORATIO.

« Prcesta, quœsumus, omnipotens Deus, ut, intcrccdcntc S. Napoleone « martyre tuo, etacunctis adversitatibus Iiberemur in corpore, et a pra-« vis cogitationibus mundemur in mente. Per Dominum, etc. »

l IU

Papalis benedîctio sequenti forma, et modo detur. 1" Expleta pontificali missa, pra?sul cum mitra, caïterisque sacris para-

mentis dc more indutus, circumstantibus ministris, in episcopali cathedra sedeat.

2 0 Intérim perdiaconum, vel atium ministrum superpellîceo indutum praefati nostri Decreti articulus, quo dc specialissima apostolica auctoritate conceditur facultas papalem benedictionem impertiendi, alta voce primum latine lcgatur, et subi n de vulgari lingua, ad poptili intclligen-tiam, recitetur.

3° Publicetur similiter concessio plenariœ indulgentiae, sequenti formula :

« Attentis facultatibus a Sanctissimo in Christo Pâtre, et Domino nostro, Domino Pio, divina Providcntîa, papa septimo, per apostolicum décret u m Emincntissimi Domini cardînalis archiepiscopi Mediolanensis, a latere Legati, datis Revcrendissimo Domino N. Dei et Apostolica: Sedis gratia hujus sancta; N. Ecclesia: antistiti; eadem Dominatïo sua, Summi Pontificis nomine, dat et concedit omnibus hic praesentibus, vere pœni-tentibus, ct confessis, ac sacra communione refectis, indulgentiam ple-nariam in forma Ecclesia; consucta : rogatc igitur Deum, pro felici statu

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6y6 NOTES

INSTITUTIONS sanctissimi Domini nostri Papœ, Domtnationis s u x reverendissîma;, et LITURGIQUES S A N C T Œ M a t r i s Ecclesiœ. *

4° Postmodum praesul surgat, et, deposita mitra, rcluti canendo, al ta voce dicat :

t Precibus ct meritis beata? Mariœ semper virginis, bcati Michaclis, * archangoli. beali Joannis Baptiste, ct sanctorum apostolorum Pet ri et « Pauli, ct omnium sanctorum.

t Misercaturvestri omnipotens Deus, c l dimissis omnibus peccaiis ves-» tris, perducat vos Jésus Christus ad vitam aHcrnam.

* Indulgeniiam, absolutioncm ct remissionem omnium pcccainrum « vestrorum, spatîuin venv ct fruciuoatc pœnitcntia,*, cor semper poeni-« icns, et emendationem vit», perseverantiam in bonis opcriluis tribu.it « vobis omnipotens clmisericors Dominus. »

it. Amen.

5* Micpnesul propius accédai populum versus, illico pulsentur cqm-

panec, organa, atque alia, si qua; sint instrumenta, et cum sacra nuijori

qualicri poterit pompa iia benedicat :

« Et benedictiô Dei omnipotenlis, Paytris cl Fiylii . et SpiritusySancti,

« descendat super vos c i n i a n c a t semper. *

H*. Amen.

Quo vero tam institut»? lestiviinlis, clquntannis indicendarum precum, quam apostolicarum gratiarum memoria ubique perennWer scr .cUir . révérend issî mi antisliics, l u m deerchtm : Kximhon (Uitholnw reti!*i<mi*\ tum instructionem hanc in publicis respective Curta* actîs de more referri pnveipient, prout n o s , ul ita rcî'erantur, enîxe cominen-damus.

Datum Parisiis. ex aMihus nosinc residentuc hac die ai mai! I X O Ô .

Vincentius Ducci,

.1 Secret fa in IxctesListicfa.

N O Ï Ï ; H

PUT RU* s I.VI»OVII:I;S PARISIS,,

MISERATIONK DIVIXA ET SANCT.K SEWS APOSTOMO: GRATIA, KPISI;OPI;S

I.INOONENSIS,

t**!VERSO CI.KRO l>HKi:KS!S NOSTR.K S TKM l-.T lIKVKOH.riONKM IN ttOMfXO.

Non vos latet, Fratres dilcciissimi, quoi cl quanti* usuum contrarieta-tibus laborct, in hac nostra diœcesi, ofticii divinî eclebnitio : saîpc sjepius unusquisque vestrum tngemuit dc illa rinuim, înter vicinas parœcias, varictatc ct etiam opposilione, qu;e co usque devenil uttidclcs pro diver* sis Kcclcsîis mutnri cantus ccrcmoniasquc videntes, aliquando dubitare

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DU CHAPITRE xxiv 6yy

propemodum possint ut ru m eidem cultui consecrentur templa tam dî-verso religionis apparatu frequentata.

Huic unitatts externae perturbationi nedum medeatur zelus pastorum parochialium, novos quotidie superadjicit abusus, cum ad régi me n sui gregis unusquisque propriœ voluntati permissus ascendat, regulaquc gênerait indigent, tum ad sut ipsius, tum ad choro assistentium modéra-metiv Porro facillime intelligctis, dilecti Fratres, quantum inde detrimen-tum patiatur sanctissima et venerabilis Ecclesia, sponsa Christi, quam decet non habere maculant aut rusant, proïscrtiiu in hac noslra «etatc tôt impiarum cogitationum procellis agitata et super oinnia, inditfcrentiœ eirca religionem morbo afrticta et constuprata. Dum enim inter alias verse Ecclesia; notas, sua ante omnia Unitas eflulgerc, et a sectis dissU dentibus illam discriminarc de beat, populi, qui de interioribus rébus a solis apparentiis judicium adducunt, tôt diversîtatum in ritibus testes, a se invicem postulant utrum verc sit una eadcmque super omnem terrain illa Ecclesia catholica qua? etiam intra limites unius diœcescos tam sibi contraria videtur : ita ut, propter nostrum in servilio divino statum, Christusin opinionc gentium dividatur ct religionis sua? radius infusée-tur et obnubiietur.

Tantœ perniciei totque periculorum conscii jamdudum diu noctuque cogitantes, Patremque luminum instantissime cftfagitantes qua?rebamus quonam modo, omnes nostra? direceseos parochias, in illa tam sancta, tam desiderata, tam fidelium utîlitati et œdificationi adaptata ritus offïciique un ita te complectï possemus : ct post longos cogitationum cir-cui tu s, omnibus studiosissime cxamînatis et omnimodo pensatis, Nobis visum est redeundum esse ad Liturgiam Matris Ecclesia? Romance, qua?, cum ipsa centrum sit unïtatis firmissimaque veritatis columna, Nos cum nost.-'a gente, contra varietatum iïuctus, mutationumque tentationes munïct et tutabitur. Huic vero sententiœ tanto magis adheerere debui-mus, quanto nulla alia média potuissemus adhiberc quin eveniret magna perturbatio rcipublica? christiana? intra gregem Nobis a divina voluntatc permissum,

Ne autem ex remedio tiat a l iudmalum, cl ut sensim omnes eidem re-gimîni non coacte sed spontanée sc submittant, eonsiderandum est majo-rem nostrœ diœcescos partem olim ritibus Romanis subjacuissc, alias vero partes ex dîvcrsis diœcesibus fraetns Romanis usibus extraneas rc-mansissc. Distinguendum est etiam inter oflicium publicum a quoeumque sacerdote pro obligations ordinis sui recitandum, el ofticium quod nuncupabimus liturgicum coram populo cantandum et cclcbrandum.

Quibus positis etdistinclis, hoc declaramus et slatuimus : i° A prima dieanni i8 jo , Liturgia Romana erit propria diœcescos Lin*

gonensis.

2° Ab cadem die in parochiis quondam ad diœcesim Lingonensem pertinentibus, officium, ritus, cantus, ccremonirc et omnia qua? ad cultum spectant, tient iuxta régulas Liturgia? Romana..

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6 9 8 NOTES

INSTITUTIONS 3° Parochiîs, quœ ad aliarum dicecescum circumjacentium ritus non-MTUNOIQUES dum omnino reliquerunt, permittimus quidem ut, ad tempus, utantur

suis propriis libris, sed volumus ut scquantur aliunde omnia quœ dcscribit et prœcepit Ordo pro anno 1840 .

4° Saccrdotcs qui hue usque breviarium jussu ]<R. DD. d'Orcet editum recitarunt, poterunt quidem cadem recitationc sui oflicîi prœccptum

adimplcrc; hortamur tamen, ctmel ius erit, ut omnes breviario Romano utantur.

Quanquam illud decretum nostrum ad bonuui sancta: religionis nostra. el ad curatîoncm mali publia sit emissum, non îgnoramus tamen ali-quid forte molestiœ aut inquicludinis indc plu fi bus eventum iri. Quos rogamus ut ad Nos filiali cum Jiducia recurrant, non ut dispensationem obtincant, sed ut difricultatcs, si quœ sint, a Nobis explancntur, utque etiam melius intcllîgant Nos ad hanc viam adductos esse, non aliqua noslra inclinatione vocalos, sed urgente necessitate ct conscientia réclamante compulsos et coactos.

Omnes vos igitur, Coopcratorcs et adjutorcs nostri in Domino, obsc-cramus ut huic tanto operi opem, quantum in Vobis est, afleralis, adeo ut sicut inter nos unus Dominus, una tfidcs) unum baptisma, sit etiam populus unius îabii.

Dalum T-ingonis, sub signo sigilloque nostris, neenon el secrelarii nostri subsignatione, in festo sancisc Thercsiœ, die ib* octobris, anni rep. salut. i83y.

NOTE C

I . K I ; O X IV.

Thomas Ken, d'ancienne et noble extraction, naquit à Berkhcmstead, dans le Hertfnrdshire, l'an 1 ' 07 , et fui élevé à W i n i o n et ù Ovford, nu moven de certains fonds laissés à perpétuité par (ïuillntimedc Wikeham. de glorieuse mémoire, évêque de Winton. Avant reçu les ordres sacrés, Ken commença à prêcher à l'église île Saint-Jean, aux environs de Winton, et quant aux fruits et bénédictions attachés à sa prédication-, il l'emportait grandement sur tous les autres prédicateurs; do sorte que» plusieurs anabaptistes rentrèrent dans le sein de l'Kg lise et reçurent le baptême dc sa main. U dormait très peu, nt'tn dc trouver au milieu de sa. vie active le temps pour l'étude et pour la prière; il se lus ait habituellement à une ou à deux heures après minuit, et même souvent encore plus tôt, et il conserva cette coutume jusqu'au moment de sa dernière maladie. Il devint chapelain de la princesse d'Orange, nièce du roi, et se rendit cn Hollande, où il sut se concilier l'estime unit erselfc par sa prudence et par son zèle religieux; mais il finit par s'attirer la disgrâce du prince, pour avoir auprès de lui intercédé pour un des courtisans qui avait séduit unc jeune demoiselle de la cour; et c'est ainsi qu'il fut obligé de quitter le service royal.

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DU CHAPITRE XXIV G 9 9 I PARTIE

LEÇON V . _CHAPITRE XXIV

Plus tard, se trouvant à Winton à sa maisori de prébende, le roi y vint un jour a v e c sa cour, et ayant auprès de lui sa maîtresse; celle-ci ordonna à s o n intendant de faire disposer un appartement pour elle, à l'endroit même où demeurait Ken; mais l'évêque,eraignantDieu plusque laprésence du roi, refusa énergiquement dc céder son logcmcnt ,ct obligea la maîtresse du roi de chercher demeure ailleurs. Et cn cette occasion, on put voir encore combien une sainte fermeté est avantageuse à ccux mêmes envers lesquels elle est employée. Car bientôt après, le Siège épis-copal de Bath cn Wcils»étant devenu vacant, lc roi, de son propre mouvement, le donna à Ken. Sa consécration eut lieu lc jour de saint Paul, l'an 1 6 8 4 . Dans la dernière maladie du roi, Ken vint dans ses appartements et resta auprès du lit du malade, durant trois jours c t trois nuits entières, profitant de toutes les occasions pour l'exciter à de pieuses et salutaires pensées. Dans un de ces moments, une des maîtresses étant entrée, l'évêque eut assez d'ascendant sur le roi pour la faire renvoyer, et il l'exhorta en outre dc faire appeler la reine c t de lui demander pardon de sa longue infidélité. Et bien que l'évêque n'obtînt pas du roi mourant tout ce qu'il eût désiré, du moins fit-il tout ce qu'il put pour l 'y engager.

I.EOON* vr.

Le frère du roi étant monté sur le trône, Ken sc montra toujours fidèle dans l'exercice de ses devoirs, franc et l o y a l dans son langage. Plus tard, le roi s'étant permis des empiétements, l'évêque se souvint des droits dc l'héritage du Christ, c t refusa constamment d'abandonner au bon plaisir du ro i la direction des affaires dc l'Église. Pour lc punir, le roi lui fit subir la prison à la Tour, avec six de ses confrères. Mais le roi ayant ensuite perdu son trône, Ken lui prouva sa fidélité, c n refusant constamment de reconnaître l a dynastie nouvelle, c t il préféra sacrifier sa haute position dans l'État, plutôt que son attachement au roi. Chassé de s o n siège par l'autorité séculière, il mourut dans lc lieu de sa retraite, cn 1 7 1 0 . C'est ainsi qu'il sut rendre à César ce qui est à César, ct à Dieu c c q u i est à Dieu. U était aussi ferme et énergique à la défense dc l ' É v a n

g i l e , que doux et agréable dans ses relations particulières, et il supportait les contrariétés avec gaieté et résignation. U possédait surtout dans un haut degré l'amour du prochain. Un jour que la somme de quatre mille livres sterling lui avait été comptée, il en distribua la plus grande partie aux protestants, alors persécutés; et quand il fut destitué dc son siège, t o u t ce qu ' on tira de la vente dc ce qu'il possédait ne s'éleva qu'à sept cents livres sterling. Quand les intérêts de l'État vinrent se heurter avec ceux de l'Église d ' E c o s s e , il disait qu'il avait grand espoir que Dieu aurait pitié de la branche anglaise de l'Église anglicane, si celle-ci avait e l l e - m ê m e pitié dc sa sœur d ' E c o s s e . Étant près de mourir, il confessa

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700 NOTES DU CHAPITRE XXIV

FIN' DU SECOND V O L U M E .

encore sa foi, disant qu'il mourait dans cctte foi sainte, catholique et apostolique qui avait été reconnue dc toute l'Église, avant la séparation dc POrient d'avec l'Occident. C'est ainsi que Ken fut une lumière brillante et un reflet des siècles primitifs.

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APPENDICE

C R I T I Q U E DES H Y M N E S DE S A N T E U L

x traite de / ' H Y M N O D I A H I S P A X I C A du P. Faustin

Arevalo, jésuite.

Scriptores Gallos in Santolii Victorini hymnis celebran-

dis vixul lum modum tenuisse, qui eorum hac in re judicia

legerit, facile sibi pcrsuadebit, et argumenta esse possunt,

quœ in Dissertatione prœvia ad Hymnodiam, § XXXX,

num. 1 6 7 , etc., exposita sunt, et notata. Non defuerunt

tamen, qui multa, eaque non levia, in hujusmodi hymnis

animadvertenda censerent; quorum ego censuram proferre

constitui, non quod laudibus Santolii quidquam detractum

velim, sed ut-, auditis, collatisque inter se diversis homi

num ejusdem nationis sententiis, &*quus rerum arbiter

prudenter et incorrupte judicet; tum etiam, ut quid fugien-

dum, sequendumve sit in hoc lucubrationurn generc,

facilius possit intelligi. A c p r i m u m quidem mihi occurrunt

opéra quœdam posthuma P . Joannis Commirii édita

Parisiis 1 7 0 4 , in quibus sunt multi hymni, videlicet 12 in

sanctum Mart inum; 3 in sanctum Gildardum; 1 in sane-

tum Perfectum Cordubcnsem mar tyrem; 8 in sanctam

Ursulam, ct socias Virgines, ac Martyres* 1 in sanctum

Libcratum, et socios martyres ; 1 in sanctum Saturninum;

1 in sanctum August inum; 3 in sanctum Nicasium; 2 in

bcatum Aloysium Gonzagam; 3 in sanctum Symphoria-

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7 0 2 APPENDICE

INSTITUTIONS num; i in sanctum Maximum. Mundities Jatini scrmonis,

ct venustas, quas in rchquis Commini opcnbus elucct, in hymnis maxime eminct; habita praterea est diligenter ratio modulationis ccclcsiastica:. Crcdcrcs Commirium cum Santolio olim amico, tune rivali, dc palma poescos hymnodica? certarc voluisse. Nam, ut ad id veniam, dc quo proposui diccre, Commirius plura epigrammata adversus Santolium inter haie opéra posthuma habet. Nihil ille quidem stylo Santolii objicit; nam cum antea pluri-mum laudaverat, vel potius maximis laudibus a Santolio ornatus, mutuum reddiderat. Nîhilominus quoddam epî-gramma gallicum Nicolai Boelei Praielli latînum fecît. in quo hymni Santolii dicuntur ampullis graves; suo vero nomine Commirius nihil ferc nisi Lusam a Santolio ami-citiaî iidem queritur. (Veterum Dominus de La Monnove data opéra, et severitate censoria omnes Victorini hymnos in examen revocavit. Totacjusanimadversîo in noto opère, cui titulus est, Menagiana, edit. Amstelodamen*. 171 3-

171(^ /0 / ; ? . III, pag. | 0 2 , t ' / c , inserta est. Censor usus est collcctionc hymnorum Parisina, Mïi>X. in-12, apud Diony-sium Thierry: eamdem egopnu manibus habeo.

\. In primo hymno, qui est auctoris anonymi, eensor notât tituluin, Sacris pigntn-itnts, rulgo s.wcfis Kcliquiis,

quia simpliciier pro titulo rectius dicerctur. sanctis licli-

quiis, quam Sacris piguoritnts,

•2. Pag. *2 |. In hymno Johannis I>aptNt;u Santeul junio-ris reprehendit hune versum : Cum rirgam qnatiensim-

perat aridee, quod vox a rida pro terra non accipiatur, nisi in sacris litleris.

3. Pag. 174 . In hymno Claudii Santeul, in hoc versu : Quam pio plangas Pater impiorum. — Corde ruinant,

negat plangere recte sumi active pro lamentari. cum accusandi casu.

Ueliqui omnes hujus libri hymni auciorcm habent Jo< hannem Bapiistam Santeul seniorem, qui adscilo Santolii

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APPENDICE 7o3

Victorini nomine solet appellari, in quibus hsec animad- 1 PARTIE

vertit censor. 4 . Pag. 5 . Tormcnta quœ non horruit? De S. Barbara,

qui versus eiïicit un contresens horrible. Sed fortasse San-tolius interrogationem non apposuit.

5. Pag. 5. Frui sponso pro frni marilo, atque alibi sponsa pro tixore. De quo postea dicam.

C. Pag. 5 . Si proie non terras repleut pro Si proie terras non repleut:

7 . Pag. 9 . Vinclis ligant se mutuis — His conjuges liberrimi. De Christo, ac S. Barbara. Haud rcctc dicitur; per ea vincula Christum esse liberum, neque a vinculis, quibus se mutuo ligant, Christum, et S. Barbaram esse liberos.

8. Pag. 6. Ad dulce nomen Barbarœ— Vanos t remores ponimus. Cur tremorcs vani dicuntur?

9 . Pag. T O . Substrahens, et alibi substrahe pro sublraho. 1 0 . Pag. n . estimas auripretiosa damna. Dici solet

parvi, vel magni aliquem œstimare, non vero cestimo hune esse bonum virum.

1 1 . Pag. 1 r, Sicque dotatuspudor immolandos — Serrât honores ; pro et sic; reprehenditur etiam locutio immolandos honores.

t 2 . Pag. 1 1 , Sic nos tenebras amare. Ambiguum, r3. Pag. n . Cingcre mitra aliquem pro"cingere fron*

iem, caput, comas, tcmpora alicujus. 1 4 . Pag. JG. Perte, divas amor, frigida pectora—

Puris ignibus ardeai (Iege ardeant) pro dive amor, vel divnm amorem.

1 5 . Pag. 20 . Virgo Dei puerpera. Puerpera non régit casum gignendi, quamvis apud Vidam id reperiatur.

1 6 . Pag. 2 0 , et alibi coœvus. Hoc vocabulum non crcpit esse in usu nisi post, vel circa dimidiatum seculum iv. Nam apud Ciceronem quod aliqui legunt coœvus, Icgcn-dum est Coquus, ut plurcs animadverterunt.

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7 0 4 APPENDICE

INSTITUTIONS [j. pag. 2 5 . Urgent ecce Rhemos gens fera Vandali. L I T U R G I Q U E S _ . " . J" " * 7

* Prima vocahs in Rhemos est longa. Santolius lterum eam corripuit pag. 188, produxit vero pag. 68.

1 8 . Pag. 2 5 . Intrat templa Nicasius. Prima vocalis in Xicasius est longa, secunda brevis.

u». Pag. 3*2. Dicere. In prwscmi passive melius diceris. Nihilominus Tcrcntius passim ridere pro videris utîtur.

20 . Pag. 3 2 . In fcrvensolei canjieiiur mare. Audiictcr mare olei pro aheno. In sacra Scrîptura ha*c rnetaphora adhibita est pro vase amplo. III Rcg., cap. vu, v. 2 3 .

2 1 . Pag. 3 3 . Sacrœ participes ei socii necis— Disca-musqué mori. Pnupostera conjunctionis que trajectio, sive transpositio.

2 2 . Pag. 3 4 . Et jugo Christi tibi poena major—Subdere génies. Perpcram pœna pro labore peine' quod sivpe alias occurrit.

2 3 . Pag. 3 4 . Quos tu crea.sti\ nienutr usque sa ras. Non constat versus, nisi legatur (Jitos créant i tu ; sed lune abest niior, et harmonia.

2-). Pag. 3 | . ,ct i 2 3 . Quem /idesrerisiudiosa trinnm — Crédit et ununu Vix alios concinniores versus in omnibus liis hymnis reperias; sed fateri opnrtct. en s depromptos esse ex Sanna/arii hymnis.

-ib. Pag. 3(î. Te vacant Jlcxi poplitc supplice*. Mclius flexo poplitc, •

2<>. Pag. 3t">. Emtt tinefaque sanguine. Yitiosu cons-tructio.

2 7 . Pag. 4 2 . Eremus. Vox paru m latina. 2'S. Pag. | 3 . Xoia Sulpiti pieta.s\ Priinum / in Sulpïtr

est brève. 2i>. Pag. 4 ? . Ikwrant tyranni. Non est trisyliabum

deerant* et, si aliquando lit, produeitur primum e. 30. Pag. 4M. Ruent i. In ablativo absuluto dicitur mente. 3 1 . Pag. 40,. Civlo non hominum quœ posuit manus,

Pro quœ hominum manus*non posuit.

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APPENDICE 7 0 5

3%. Pag. 5 i . Astra redire, pro redire ad astra. i P A R T I S

° 7 R APPENDICE

3 3 . Pag. 5 5 . Saule, tendis quos in hostes? Melior haec constructio, Quos in hostes, Saule, tendis?

3 4 . Pag. 5 5 . Insecutor. Rejicitur hoc verbum Pruden-tianum.

3 5 . Pag. 56. Addunt — Sequc triumpho. Incongrua trajectio conjunctionis que.

36. Pag. 5 7 et 2 5 8 . Gliscit in mentent, pro venit in mentem : gliscere non est idem ac gallicum glisser.

3 7 . Pag. 5 7 . O Généreuses. Reprobantur nomina hujus-modi in ensis, pnesertim longa, in hoc versuum génère.

38. Pag. 5 7 . Tamdiu noctis gemitis sub timbra, pro dormitis.

3 g . Pag. 5g. Nihil atque spiret, pro atque nihil spiret.

4 0 . Pag. 65. Christum anhelantis. Legendum, Chris-tumque anhelantis, ut constet versus.

4 1 . Pag. 6 6 . Sit fas beaio sub sene nos mori. Rectius cum sene ; sermo est dc Simeone cantante, Nunc dimittis.

4 2 . Pag. 68 . Cupiunt doceri — Teque magistrot pro

cupiuntque. 4 3 . Pag. 6 9 . Dœmon ut cedat, jubet. Longum esto in

dfemon. 4 4 . Pag. 7 0 . Plangere dolores, pro lamentari. 4 5 . Pag. 7 1 . Intras Pharos pro Pharon. 4 6 . Pag. 7 1 . Qui nosfoves, laus, Spiritus. Dcest tibi. 4 7 . Pag. 7 5 . Durusque pro throno lapis. Latine non

dicitur thronus, neque crux idonee vocatur lapis.

4 8 . Pag. 7 4 . Nequœ vocarei, pro nequa.

Pag. 7 5 . Vel cujus attactu, pro cujus vel attactit-5 o . Pag. 7 7 . Prœco, absolutc positusproconcionatorc,

rejicitur.

5 f . Pag. 7 8 (lege 80) . Nos infenso ,leg. inqffenso pede ducat astris, pro ad astra.

T. n. 4 5

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7 0 6 APPENDICE

iNSTiTL-Tioxs 5 2 . Pag. 8 i . Quantis, et quibus suspiriis, reprehenditur " hœc locutio prosaica.

5 3 . Pag. 83. Subdita proies, pro obsequens.

5 4 . Pag. <j5. Nondeest. Est monosyllabum deesi. Vide num. 2 9 .

5 5 . Pag. 9 6 . Indiges non hic minisiris, pro non in-diges.

5G. Page 9 8 . Quodqtte fugisli, fugiant caduci — Cul-men honoris. Ineptum est precari, ut fidèles fugiant cul-men honoris, quod S. Cœlcstinus V fugit.

5 7 . Pag. g g c t 2 0 2 . Desertum in singulari reprobatur. 58. Pag. 1 0 6 . Lux redit terris sacra Landerico, Lux

Parisince sacra semper urbi. Variatur signilicatio verbi sacra in primo, et secundo versu.

5 9 . Pag. roi . Num suis dires salis est Olympus — Incolis? pro non.

6 0 . Pag. 1 0 9 . Assides convira nobis.— Ipsc tu con-vivium. Quo sensu Christus est convira nobis in Kucha-ristiaî

(h . Pag. 1 1 0 . Nos rides quam dissilos pro Quam vides nos, Dissilus pro remoto non usurpatur.

6 2 . Pag. Ï 1 4 . Sept i mus meusis, neque claudet annus — Septimns cevnm. Deest unum neque.

f>3. Pag. 1*24. Securis. Prius dixerat fuisse ensem. 6 4 . Pag. T 2 5 . Victor exemplis animosiores — Fac tuis

nos iras sociare pal mas. Improbatur syntaxis.

(>5. Pag. 1 2 6 . Rutilantem in aura, pro rutilanttm

aura.

66. Pag. 1 2 7 . Gravioraferroruinera, pro ruinera gra-

viora iis, quœ ferrum infert. 6 7 . Pag. 1 3 4 . Ut nos reducai. Legcndum,/// reducat

nos. Vide supra num. 2 3 .

(58. Pag. i35. Quod/il. Prosre id convenu, non car-

mini. 6 g . Pag. i 3 5 . Viclricem Dei, ambiguum.

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APPENDICE 7 0 7

7 0 . Paz. i35. Qui christiano gloriantur nomine — 1 M T » Aliéna frustra vincla captivos tenent. Censor hoc loco ait: L'auteur s'est très mal à propos imaginé je ne sais quelle élégance dans ces sortes de transpositions dont ses hymnes sont toutes pleines.

7 1 . Pag. I 5 I . Obstupendis. Veteres dicunt obstupes* cendis.

7 2 . Pag. i53 . Ingenito Patri, pro non genito. 7 0 . Pag. 158. Nil damnas temere, nil leviterprobas.

Ultimum e in temere creditur brève ab auctore censurée ex versu in tragœd. Octaviœ. Nihil in propinquos temere constitui decet..

7 4 . Pag. 1 6 8 . Suprema laus sit Parenti, legendum Laus suprema sit Parenti.

7 5 . Pag. 1 6 8 . Remeare urbcs, pro ad urbes.

7 6 . Pag. 1 7 1 . Ire recessus, pro ire ad recessus, seu recessus petere, quod aptius dicitur.

7 7 . Pag. 1 7 2 . Subigisque menti. Perperam subigo cum dativo.

7 8 . Pag. 1 7 Ô . Regibus qui dat, repetitque régna, pro repetit a regibus.

7 9 . Pag. 1 7 7 . Monte sub celso Sequanas ad oras. Lon-gum est a in Sequana, quamvis Ausonius corripuerit.

8 0 . Pag. 1 7 9 . Invasor, non est verbum Jatinum. 8 1 . Pag. 1 7 9 . Ibat qui loties, dum furor impetit—*

Ferro Christiadas, erudiit mori. Obscurum. 8 2 . Pag. i83. Lance pendis non severa — Luce functi

crimina, de S. Michaele, quasi is peccata supplicum dissi-mulet.

83. Pag. 1 8 4 . Nuncium, neutrum non est, sed mascu-linum.

8 4 . Pag. 1 8 8 . Nedumvir; impubessedannos—Judicii gravitate vincit (Icg. pensât.), pro Impubes, nedum vir, vel pro nondum vir; impubes sed annos — Judicii grapi-tate pensât.

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7 0 8 APPENDICE

umo^u» ^ a ^ ' r e n a s c e n t i cruciatapœna — Corpora subdwit pro renascente pœna, et subdunt pro subigunt.

8 6 . Pag. 1 9 7 . Nesciens solis pro nesciens soient. 8 7 . Pag. 1 9 8 . Sacris barbara gens, jam docilis régi —

Chris!um fontibus induit. Non recte exprimitur sensus. 8 8 . Pag. 1 9 8 . Très cœlo simul advolant pro ad cœlum. 8 9 . Pag. 200 . Clatra pro clathros.

9 0 . Pag. 2 o 3 . Si non vincla gravant manus pro gravent.

9 1 . Pag. 2 0 4 . Compila per, absolutc positum pro per compila.

9 2 . Pag. 2 0 4 . Viscera marlyris — Quando nuda patent, illius intimant — Rimeris penitus jidem. Ridicula sententia, ac momi propria. Damnantur quinquc strophœ pagina; 2 o 3 , ob vitium obscuritatis.

9*3. Pag. 2 0 9 . Accensœ rutilant undique lampades,—7V.» prœsente micant minus. Frigide dictum.

9 4 . Pag. 2 1 1 . Quœ subduntm\ et imperant. Sine dativo subdo non significat subjicio.

<j5. Pag. 2 u . De cathedra docent— Pleni numine Martyres. — Pensée burlesque (ait censori burlesquement exprimée.

<)6. Pag. 2 i 3 . Qui/levere, — Serenus abstergit lacry-mas Pater. Dccst eis, aut his.

117. Pag. 2 1 8 . / / oc , luce functispiritus— 7Vn/i triste munus exigunt. Idem est luce fungi ac mon\ quod spi-ritibus non convenit.

i)N. Pag. 2 2 3 . Media tunica, pro dimidia tunica. <H). Pag- 2 2 4 . Turo. Fit longum //, quod est brève. 100. Pag. 2 2 4 . Ora deformi dabal una vir tus— l'nde

nilerel. Obscure.

1 0 1 . Pag. 2 2 5 . Nec truci quam vis capui immnlandum — Pro Dei causa posuit sub ense, — Martyris palmam relulii vel islo — Dignus honore. De S. Martino confes sorc, informis et intricata onstructiu.

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APPENDICE 7 0 9

1 0 2 . Pas . 22Q. Valeriano sese addidit. Legendumest, 1 PARTIE 0 •* APPENDICE

se addidit : autrement (ait auctor censura?) il y aura trop d'une syllabe pour le chant. Il est vrai qu'il restera encore deux inconvénients, la rudesse de Pélision : Valeriano SE

addidit, dans un vers qui se chante, et la seconde syllabe de Valeriano allongée.

1 0 3 . Pag. 2 3 o . Flammis aheno fervido — Pudica virgo mergiiur. De S. Cœcilia, quae non in cere, ut forte legit Santolius, sed in aere balnei sui inclusa est, ex Actis apud Baronium.

1 0 4 . Pag. 2 3 2 . Divis invidiam facis, neque catholice, neque latine.

1 0 5 . Pag. 240 . Aperta non, euniibus—Addent moras periada, pro aperta non addent moras — Euniibus peri-cula.

1 0 6 . Pag. 2 4 1 . Divina quœ gessit homo. Ponitur tertia sede c\\ovexi$ gessit pro iambo, vel spondœo.

1 0 7 . Pag. 2 4 4 . Confundisque tyrannum, — Dum, quos deprimii, élevas. Confundo significat misceo; elevo plerumque minuo.

1 0 8 . Pag. 2 5 6 . A quo maganimœ prœlia sustinent — Spreto funere Virgines; pro cujus ope, vel per quem.

Hœc est censuras summa ; nam quœdam leviora prœ-terii, vitia etiam orthographiée, quœ, ut ipse censor ait, majori ex parte imputanda sunt typographo. Qui Baillet^ operi de judiciis sapientum notas adjecit, scilicet idemmet Bernardus Moneta, sive de La Monnoye, hanc censuram opponit elogio, quo Bailletus tom. IV, num. 1 5 4 9 . Santo-liumprosequituriisdemverbis,quœ ex Dictionario Morerii attuli in Dissertât, num. 2 0 2 . Annotatore contrario opi-natur, animadversioni censoriœ expositœ difficulter res-ponderi posse. Ac sane sunt multa a censore docte, periteque notata; sed in aliis plerique dissentient. Prœtereo illa omnia, quae meliora fieri potuisse dicuntur : nam hoc pacto infinitus reprehendendi pateret campus. Trajectiones

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7lO APPENDICE

INSTITUTIONS autem verborum, siveconstructiones. quee duriores viden-LITURGIQUES , . A

tur, interdum in optimis auctoribus reperiuntur, ut in Catullo Mamurrœ pathicoque, Cœsarique : et alibi : Expui tussim — Non immercnti quam mihi meus venter — Dum sumptuosas appeto,dédit, cœnas. Nihilominus frcqucntius id fit a Santolio, quam ut tolerari possit. Vcrum impro-bare n o n audcrem n. 2 , aridapro terra; n. 3 et 4 4 , plan-gère cum accusativo; n. 1 0 , œsiimo pro exisiimn, pulo; n. u , cingere mitra aliquem pro cingere caput alicujus ; n. 1 4 , divus amor pro dire amor; n . i5 ,puerpera cum genitivo Dei; n. iG, coœvus pro œquali; n. 20, ferrens olei mare pro ahenopleno fervent in (dei ; n. 7 7 , eremus; n. 2;).,

deerant trisyllabum cum primo e brevi; n. 3 4 , insecutor ; n. 3 7 , Genevoises; n. 4j,thronus; n . 4 8 , uequa'pvo nequa; n. 5 7 , desertum in sîngulari; n. 5N, varictatem significa-tionis vocis sacra; n. G 5 , rutilantem in aura; n. 7 1 . ob-stupendis; n. -]%,ingenitus pro nongeniio; n. ioj,confuu-dis; hiec, inquam, aliaque similia censura.' nota non inurerem. Etcnim plenuquc voces indicataj licclesiastica; sunt, ct hymnis congruunt; alia: idonea veterum auctoritate defendi possunt, ut e\ lexicix vulgalis apparet. Quo.l autem censor maritus* et ttxor dici mallct num. ?, pro sponsus, et sponsa, contra ego luce verba et Kcclesiaj usu prceferam, ct poiius castigarem Santolium, dum ait de Christo, et S. Barbara, (Jonjuges liberrimt\ ci Deo superba conjuge. Pra-'tcrcaHWi/c///;;/ neutrum pro nunciusnum. S3. e x ipso Yossio de l'iiiis Herman. lib. /, cap. AY, qui illud reprobat, n o n esse reprehendendum redarguitur, cum doctissimorum hominum contraria? sint sententiam. Al in temere num. i 3 , quid est animadversione dignum ? Nonne quamvis ullimum e brève esset, ob citsuram produci posset; In protinus ob ausuram u produci posse dixi pag. 3 2 4 in n o t a , ac parîter a in illico ob ciesuram, ci duas consonantes diciionis sequenlis in sententia nonne-minis, qui illud o semper e s se brève scripsit, sed rêvera

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APPENDICE 7 I I

dubium mihi non est, quin sit commune. Quibusdam visus est vocalem brevem ob caesuram produxisse Lucre-t ius, lib. I, v. 8 0 6 , quamvis in eadem dictione consonans

non succédât : Imbribus, aut tabe nimborum arbnsta va

cillant. Et Ovidius, Amor. lib. I I . eleg. 1 2 . Terra ferax

cerere, inulloque feracior uvis. Et Statius, 3. Theb. Ejfu-

giet,vix Œdipode fugienie limer-et. Nam quod Ricciolius,

part . IV. prosod. rcg. 2 . vcrsum Virgilii /Eneid. 1 2 . allegat,

Me siniie, auferie metus, ego fœdera faxo alii melius

legunt, Mesiniie, atque auferte metus, ego 'fœdera faxo.

Ita etiam versus Virgilii ab aliis productus ex Ciri, Nec

levis hoc facere, neque enim pote cura subegit; corrcctior

legitur, Nec levis hoc faceret, neque enim pote cura subegit.

Q u a m q u a m vcrsum Lucretii similiter alii corrigunt, Im-

bribus, aut tabi nimborum arbusia vacillent, et alterum

Ovidii, Terra ferax cereris, multoque feracior uvœ.

Œdipode potest dici ablativus primœ dcclinationis grœcaî.

Sane mihi non aliud excmplum pro Santolio occurr i tprar

ter versumVirg . lib. I I I . /Eneid. v. 1 6 4 : Donadehinc auro

gravia, sectoque elephanto; ubi Servius notât : GRAVI A

finalitaiis ratione produciiur^ sed satis aspere ; nam in

nullam desinit consonantem. Quid quod ultimum e in

temere ex iemerarie per contractionem factum videtur,

aliis médius ex antiquo temerus, et utrolibet modo e pos-

trenium produccndum est. In hac opinandi ratione tenen-

dum est, aut vcrsum Senecœ, siveauctoris Octavice corvup*

tum esse, aut senarium iambîcumaliquando apud tragicos,

uti sœpc apud comicos, quarta sede admittere spondseum,

quod nonnullis exemplis posset confirmari : etsi non

probo, quod Ricciolius hune ipsum versum, Nihil in pro*

pinquns temere constitui decet, in excmplum adduxerit, ut

in temere longum esse e postremum ostenderet, et faci-

lius Santolium ob cœsuram, quam alio modo defendi possc

existimo. Potiori jure censor castigarc potuit stropham

illam in hymno S. Quintini pag. 2 0 8 . Ne sacras cineres

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7 1 2 APPENDICE

INSTITUTIONS contigeris reus — Tardo pœna sequax non pede deserit — L I T U R G I Q U E S , . * i •

• Fossor dtrtgutt; mors subito retint — Inatgnata prceoccu" pat. Nam si mors pede non tardo deserit, nunquam consc-quitur rcum; si pede tardo sequax non deserit, non subito cum consequitur, multoque minus prœoccupaî, quamvis indignata.

Pariter non video, cur censor verba invasor, dissitus, pro remoto, atque alia hujus gcncris cxcludcnda judica-verit,ac nonnulla, quœ œquc, vel magis rcprehcnsioni patent prœtcrmiserit, veluti, adyius pro adytum pag. 3o. O sacras adytnsi ct in festo Dccollationis S. Joannis Baptistœ rese-catum pro resecio : Illa vox crudo resecaia ferro. Certc œquior his non est animadversio circa vcvbum glisco pro gallico glisser, ut asseritur num. 3(5. En duo illa loca, quœ indicantur, pag. 5 7 . Gliscii in mentent meditaniis illa — Qitcebeat divos cadem rolupias, pag. 2 5 8 . Non vanapompa sceculi — Sensus fefellii, nec malis — Gliscens rolupias artibus — Virile pectus molliii. Quœrcrem a censore, curglisco his in versibus non possit habere signi/ieaiioncm, quagaudet in \\\oY\vg\\\\,Accenso gliscii violenlia Turno^ aut in altero Statii, Thebaid. <». Menti tumor, atque au-daciagliscii? Nec dubium est, quin ita sit accipiendum illud, malis glisceus rolupias artibus* quidquid sit de gallico glisser, ct de gliscit in mentent.

Ne vero putet aliquis, me Santolii peccata defenderc, ut meis patrocinium quœram, dicam ingénue, mihi etiam illius hymnos oculis neque lynceis, neque lividis percurren ti quœdam displicuissc prœtcr alia vitia, quœ in Mcnagianis reetc observata fuisse monui. Ac primum in festo S. Joannis Evang<Jistœ pag. 3o, fit brève u in duco; a quo vita ducit, principium petis— Ht primordia luminis. Simile est illud in festo S. Antonii abbatis pag. 4 2 , Ut nitensplu-mis sine labe puris — Ne sui perdas labe quid nitoris — Transvolat nubes, humilesque terras — Deserit aies. Lon-gum est a in labes, ut in primo verso cernitur, sed cur fi1

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APPENDICE 7 1 3

brève in altero ? immo quid eo loco significat labe? Sed 1 PARTIE • APPENDICE

majori fortasse reprehensione dignœ sunt sententiœ quœ-damduriores, metaphorœ audaces, etindecorœ. De S. Barbara pag. 4 . Deo superba conjuge. Quid enim est sitperbus nisi arrogans, insolens, imperiosus, elatus, inflatus, non ferendus, se cfferens, spc, atque animo inflatus, asper, difficilis, gravis, qui fastidîo et contumacia efTertur? De Christo Domino pag. 88 . Cœlestis en rex curice — Ut monstret.ad cœlum viam — Secumque ducat exules— Se sponte fecit exulem. Non placet, exulem a ccelo dici Dei filium, qui beata Patris visione semper fuerit perfruitus, Pag. 9 2 Crux vocatur lectus, in quo nos parit Christus : Tu lectus, in quo nos parit ; et pag. 187 torus, ct ibidem lancea, quia aperuit latus, obstetrix : Per te salulis, lancea largius—Fluxere fontes, quando Dei latus— Prœgnantis obstetrix recludis — Sacrilego famidante dexira.

Abbas Guyotus Desfontaines, tom. VIL Observ. de scrip-iis recen.* pag, 7 , criminationem depellit nescio a quo oblatam contra hanc Santolii stropham : Inscripta saxo lex petits— Prcecepta, non vires dabat, — Inscripta cordi lex nova. — Quidquid jubet, dat exequi. Santolium erroribus suo tempore in Gallia disseminatis favissc aliqui jac-tarunt, quamvis non defuerint, qui affirmaverint, illum eum esse, qui ne intelligere quidem nascentem hœresim potuerit. In illa certe stropha nihil mali subesse puto ( 1 ) ;

sed non propterea omnia, quœ in Santolii hymnis referun-tur, libenti animo excipiam, quidquid sit de auctoritate, quam hymnis Santolianis conciliare possunt tôt breviaria Gallicana, quœ eos adoptarunt, et a Guyoto recensentur, nempe Aurelianense an, 1 6 9 3 , Saniciense an. 1 7 0 0 , Lexo-viense an. 1 7 0 4 , Narbonense 1 7 0 9 , Meldense 1 7 1 3 , Ande-

(1 ) Penitus ignorasse videtur Arevalus quoe acta sunt circa dictam strophen, tum ex parte jansenistarum ut illam in breviariis intruderem, tum ex catholicorum ingenïo ut hasreticum virus ab illa cxpellcrent, puta in dicecesibus Ebroicensi, Cenomanensi, Tolosana, etc.

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7 1 4 APPENDICE

INSTITUTIONS gavense eodem tempore, Trecense 1 7 1 0 , - À n i c i e n s e et L I T U R G I Q U E S P . R ' '

- — 1 Antisidiorense 1 7 2 b , Rothomagense 1 7 2 8 , Nivernense 1 7 2 9 , Claromontanum eodem anno. Nam ut ab omni censura abstincam, dura mihi videtur sententia illa dc Christo patiente pag. 7 5 . Clamore magno dum Patrcm — Sibi

relief us invocat — Cum morte lue tant cm Deum — Non

audit ille, vix Pater» Dum aliquis breviariorum Gallia; laudator benignam interpretationem his verbis qmurit, ego potius credam Filium Dei a Patrc (quem NUNQUAM vix

Pat rem appellabo), in cruce non solum auditum, sed etiam exauditum fuisse pro sua reverenlia, ita intelligcns locum Apostoli cap. x. ad Hebr., v. 7 . Qui in diebus carnis

suce preces, supplicationesque ad eum, qui passif illum

salvum facere a morte* cum clamore val i do* et lacrymis

ojferens, exaudilus est pro sua reverenlia. QUOD AUTEM

cap. xxvir.Matth., v. 41*),Circa hnram nonam clamant Jésus

voce magna,Eli,Eli,lamma sabacthani,CUM SS. PATRIBIIN

qui a Calmeto indicantur, imerpretabor. quod Salrator

non pro se, sed pro membrissuis exclamarii. Gravis ETIAM

pro Santolio videri posset auctoritas Patris IJourdalouc-si neque ipse fuisset GALLUS, CT IN POESI IVQUC, AC IN CONCIO-

ni bus insignisextilisset. Isin epistola gallica ad Santolium

I Ictorinum tom. II. Operum hujus cdil. Paris. 1 7 :.>»», NIMIS

magnilicc assuerit, optare se, ul OMNES hymni breviari1

Romani e Santolii ollicina PRODIRCIH. Kqwidom SI BENE

novi ingénia Romanorum. ei UNI verse Iialorum, NON credo cosopinioni Rourdalovii ESSE subscripiuros, ne Hispanos mcos in hujus invidiœ partem adducam.

Pcrgo ad alia. Displicet non nihil. quod dicatur pag. 1 2 .

in hymno S. Nicolai : Ipse dnx facti Deus insolenïis,

quamvis variani insolentis signilicaïionem non ignorcm. Neque probo versus illos, PAG. 2 U Je Yirginc Deipara : Quamcelsa! qiuv se deprimens—Altnm Tonanlem depri-

mis; — /;/ te, sui jam non memor9 — Descendit e ovin

Deus. Neque item illos de Jcsu Christo IN Kucharistia

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APPENDICE 7 1 5

pag. ioo,Ipse factusestpusillus,—Pauper,exul, indigens. A p£î5™.

Cur autem crucem Domini sic alloquar : Manus Tonantis

quœ ligabas — Semper eris pretiosa torques? Ita lego pag. 1 8 7 . Placida vero cœli gaudia non exprimèrent hoc pacto: Pontifex terris rapitur Salesus, —Fesia dum cœli

frémit aula plausu. Nihil dico de cognominc Salesus

quod in hymnis non esse insercndum docui num. 1 9 9

Dissertât.; in quam sententiam faccre videntur décréta, S. Rit. Gangregationis 22 Dec. 1(124 ct 2.3 Junii 173(1 .

Santolius vero Salesi nomen gentile ter intrusit. Id autem minus est rcprehendendum, cum ad hanc legem Santolius non attendent, aut ea se astringere nolucrit. Sed quod in synalœphas et ecthlipses non raro incidit, vix dignus est venia, cum ei propositum fuerit modulisccclcsiasticis con-sulcre. Hoc idem vitium Carolo Coffin scriptori gallo objici potest, qui professus, se hymnos partim denuo con-dere, partim rccognoscerc antiquos, quos idoneis Ecclesiœ

cantui numeris alligarei, sœpe elisiones duriusculas ad-mittit, ut pag. 4 1 . Reges pompa alios, alibi subdere amant.

Coffînus Santolio clarior est, et doctior. Nuper illius hymnos vidi inter volumina miscellanea in J2 . Bibliothccaî Marefuschitv hoc titulo : Hymni sacri, auctorc Carolo

Coffin. Ant. Unirersilatis Parisiensis reclore, collegii

Dormano-Bellovaci Gymnasiarcha.Parisiis, 173G .Pass im, etiam aliud agens, in novos hymnorum correctores incurro, quo magis reprehensiones quorumdam eludere licet, qui novum, inauditumquc facinus esse putant, de veterum hymnorum vitiis in latiis,musicisquc numeris verba facere, sive quod ignari sint, quid rerum in republica litteraria gestuni fuerit, sive quod inter carminum dotes antiqui-tatem reponunt, quasi meliora dies* ut vinatpoemata- red-deret. Redeo ad sentenlias Santolianas.

Falsum partim est, partim puérile, quod in obitu S. Landerici asscritur, etinterrogatur pag. lor. Pauperes

lugent, lacrymisque turbant — Gaudia cœli. — Num suis

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7 1 6 APPENDICE

INSTITUTIONS dires satis est Olympus — Incolis? terras spoliare cesset. LITURGIQUES # / 1 R

Nec verius est illud pag. i 3 o . Nil fecit, ct nilpertulit —

Homo Deus, te nescio, de S. Jacobo Majori nuncupato.

Illud etiam de S. Cajctano pag. 140 : Pnvdiccnt Regem,

Ihnninumque mundi — Prœdicenl jusium ; Gaetane,

cunctis — Proridum terris tibi prœdicare —• Conrenit uni.

Nec sibi coluerct Santolius paulo infra eumdcm S. Cajc-

tanum alloquens : Te canam sauctis similem Prophetis —

Quosqueprorisor Deus educabat. Dc S. Caxilia pag. 2 3 1,

hœc noto : Terpercussa sua de nece forlior— Ter Virgo

mentit mori. Sed neque ter, neque semel mon Virgo me-

ruit, ct non nisi semel mortua est : in cujus Actis apud

Ladcrchium non tego, in acre, aut œre balnei, scdjlammis

balnearibus.:. calore balnei. Dc SS. Apostolis hajc haben-

tur pag. 23(5. Hœc nempe plena lumine— Tu rasafrangi

prœcipis; — Lux inde magna rumpitur, — Ceu nube

scissa fulgura. Portasse Santolius alludere voluit ad

Gcdeonis factum, cap. vu. J u d i c . v . (7 e tseqq. . . Dirisitquc

irecentos riras in très parles, ct dédit tubas in manibus

eorum, lagenasqne racuas, ac lampades in média lagena-

rum... cœperunt bttecinis clangeiw et complodere inter se

lagenas. Gumqtte po% gyrum castrorum in tribus pa\so-

narent lacis, et Itydrias c(mfregixseni, tenue nuit sinistris

manibus lampades, et dextris sonanles tubas, clainavc-

runlque : Gladitts Domini, et Gcdeonis. Sed quis estlucem

runipi, vasis confraetis? Displicet tum sententia, tum locu-

t io; quemadmodum illa metaphora , sive allcgoria dc

SS. Martyribus pag. 2 4 ? : Acti procellis omnibus — Sui

cruoris /lumine — l"e/iuntnr, et Cltristo duce — Portus

beatos occupant. Alterius generis est, quod dc S. Qelcs-

tino V ailirmatur pag. 07 . Triplici coroua—lirons timet

cingi, et pag. 98 : Flererat quando triplici tiara — Vidit

ornatam radiare frantem. Bonifacius VII I , qui Cœlcs-

tino Vsucccssit, tiara dupliciprimus usus est, quam postea

Urbanus V triplicem fecit. Dcniquc animadvertendum est,

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APPENDICE 7 1 7

Santolium, cum-édita est Parisiis collectio ejus hymnorum, 1 PARTIE

7 ' J ' APPENDICE

agnovisse errorem quemdam suum pag. 2 4 1 . Divina quœ ~ • gessii homo, ubi tertio loco admisit choreum; sed in calce paginas hanc notationem adjunxisse : Sic peccasse gloriabor ut pietati consulam. Hanc excusationcm non accipient, qui attendant, eum vehcmcntissime déclamasse contra pinguem avortait geniem, quibus eadem excusatio pietatis non profuit; Dissert. num. 1 6 7 . Hœc fere habui, quœ censurai Msnagianioperis adjicerem. Verum cum nihil ex omni parte sit beatum, ut ait optimus poeseos magister ;

Ubi plura nitent in carminé, non egopaucis—Offendar maculisy quas aut incuria fudit, — Aut humana parum cavit natura. Sed Galli de suo Santolio prœstabiliorem opinionern habcri volunt, quorum judicium eo magis faciendum esse videtur, quia jam diu in breviariis novis adornandis, refingendisque maximo conatu, ct industria laborant. Tôt nova breviaria hoc sœculo in Gallia prodic-runt,totopuscula, et Dissertationes de officiis singularibus, de precibus horariis uni verse, de litaniis, hymnisque recentibus Deiparœ in Mercurio gallico, in Diario Di-nottartii, in Bibliotheca rituali Zachariœ indicantur, ut possit aliquis subvereri, ne in Galliis, ut femînœ novas vestium formas, ita sacerdotes nova breviaria quotannis inveniant, in quibus vel sola novitas placeat. Sed quod dicere cœperam, h}'rnni Santolii plerisque gallis etiam post animadversionem censoriam, quam excussi, adeo ar-rident,ut nova versio gallica in lucem venerit Parisiis 171)0 ,

interprète Domino Poupin, quam Trivultiani eodem anno p. 666, mense Martin annunciant, asserentes ad hanc partem officii ecclesiastici perficiendam divinitus concessum fuisse Santolium. Equidem existimo, hujusmodi laudes immodicas fuisse perstrictas a Dinouartio, quem idem Trivultiani referunt anno r-jbij, Sept., pag. 2002 , promi-sisse editionem novam hymnorum Santolii ex autographo ipsius quasdam correctioncs continente. In hac editionc

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7 1 8 APPENDICE

F I N UL L'AI'PLNIMCL".

INSTITUTIONS patefaciendœ erant quœdam varietates, et mutationes, quœ L I T U R G I Q U E S R 1

in nonnullis Breviariis evenerant, ut cantui consuleretur,

prœmittenda etiam la Notice historique de ce grand poète

fort mal peint jusqu'ici, et plus dé/iguré qu'embelli dans ses

portraits. Nam Dinouart ium non omnia in Santolii hym

nis probasse observavi in Disseriatione prcevia num 2 0 4 . Sane si quid in pocsi, prœsertim l a t i ne vident Itali

(vident autem, ut quidam eorum sibi arrogant, longe acu-

t ius ,quam reliqui omnes, ut ego ultro assentior, non minus

quam ceteri) fateri necesse est, Santolium in primo pocta-

rum ordinc non esse collocandum. Nam cum optimos

quosque poetas non indiligcntcr sibi undique comparent,

atque adeo denuo excudant, Santolii hymnos Romœ neque

in Bibliotheca Casanatensi, neque in Barberina, neque in

Corsinia, neque in Alexandrina, neque in Passioncia ad

Angelicam translata, neque in Marefuschia, quœ nunc sub

hasta est, quarum utraque scriptoribus Santolii amicis

abundat, mihi reperire contigit, ac vix tandem ces nactus

sum in Bibliotheca collegii Romani . Ubi autem poetas

récentes, quos post antiquos légère, et imitari liccat.

recensent, Santolium nusquam laudatum memini. Sed

Galli, opinor, non indigent plausoribus. qui ipsis domi,

ut aiunt, nascuntur.

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ADDITION

RÉFORME LITURGIQUE DANS l/ÉGLISE DE MEAUX, AU COMMEN

CEMENT DU XVIII 0 SIÈCLE.

Nous croyons être agréable au lecteur en donnant ici un coup d'œil historique sur les nouveaux livres dc liturgie dont le diocèse de Meaux fut doté, au commencement du xvni c siècle. La matière est d'autant plus intéressante, que le grand nom de Bossuet s'y trouve mêlé, ct que d'autre part, les détails qui se sont conservés sur cette opération liturgique peuvent initier le lecteur au genre d'intrigue qui s'exerça dans chacun des'diocèscs où Ton changea la liturgie, à cette époque. Le journal manuscrit de l'abbé Ledieu, qui fut l'instigateur et l'exécuteur dc cette révolution dans 1 église de Meaux, nous met à même d'en suivre pour ainsi dire les phases jour par jour. Tout le monde connaît l'importance dc ces Mémoires auxquels le cardinal de Bausset a emprunté tant de choses pour sa belle histoire de Bossuet. Une heureuse circonstance nous a fait tomber un précieux extrait de ce manuscrit entre les mains, et nous y avons rencontré les curieux détails que nous allons faire connaître au lecteur. Nous n'avons pas besoin d'insister sur la véracité de l'abbe Ledieu; elle est appréciée par tous ceux qui connaissent son journal, et quant à la question delà réforme liturgique dans le diocèse dc Meaux, la candeur avec laquelle il s'exprime sur des opérations auxquelles il a eu la pre-

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7 2 0 ADDITION

INSTITUTIONS mière part, le mérite qu'il s'en donne, et les traits de L I T U R G I Q U E S % * \ "* / .

caractère répandus dans son reçu, montrent avec évidence que la plus grande sincérité règne dans cette partie de ses Mémoires comme dans le reste.

Jusqu'en 1 7 0 2 , le diocèse de Meaux, gouverne par Bossuet, était resté étranger à la manie des changements liturgiques qui depuis plus dc vingt ans s'était déclarée dans certains diocèses de France, et devait plus tard s'étendre comme un incendie. Bossuet avait été témoin de cctte réforme dont Vienne avait donné le signal, ct un passage important de sa célèbre réponse à Molanus, dans le projet de réunion des protestants d'Allemagne à l'Église catholique, fait voir assez clairement qu'il la considérait comme avantageuse à l'Église. Parmi les concessions qu'il croit pouvoir faire aux protestants on lit cet article : « Lcs prières publiques, les missels, les « rituels, les bréviaires, seront mis en meilleure forme, à « l'exemple dc ccux des Églises de Paris, Reims, Vienne, « La Rochelle, ct autres très illustres, ainsi que dc l'archi-« monastère de Cluny et de tout son Ordre, on ôtera les « choscs douteuses, suspectes, apocryphes, superstitieuses; « tout y ressentira Tancienne piété » Cotait dire assez clairement que l'Eglise universelle était moins avancée que les Eglises particulières de Paris, de Vienne, etc.. dans l'intelligence de la \éritable Liturgie; mais il faut faire attention que ces paroles furent écrites dix ans après 1(582, époque ;'i laquelle l'Eglise de France, ayant eu le malheur de formuler le gallicanisme dans un acte solennel, se trouvait comme forcée à croire qu'elle avait le

(1) Publica; preces, mi>sales, 11c ruualcs libri, brou.nia, I ' U I ' Î M C I I M S ,

Kcincnsis, Vîcnncnsis, Itupullciisis, itUjiic alinruni nobilissimariint Kcclc-siartim, Clunincunsis vjun.juc archini'inaslcrii lotiu>qitc ejus O n l i n i s cxemplo, incliorcin in lormnin cnmpnnanhir : ilubia, suspecta, spuria, supcrstiliosa tollantur. prîscam piclatem omnia ratnlcanl. {Uùtvrcs Je

liosmte* tome XXV. Kilit. LcbcK pajje i'»;.

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ADDITION 7 2 1

sens catholique plus que toute autre église de la chré- s P^RTIK l * A T ADDITION

tienté, plus que le Siège apostolique lui-même. Le con- ' cordât de 1 8 0 1 nous a fait expier sévèrement ces rêves dangereux.

Les protestants d'Allemagne ne jugèrent pas à propos de rentrer dans l'orthodoxie, et firent peu de cas dc l'avantage qui leur était proposé de se servir du Bréviaire parisien de François de Harlay, ou même de celui que Nicolas Letourneux avait rédigé pour Cluny; en revanche, les généreuses et savantes recrues de l'Église catholique en Angleterre, les Spencer, les Newman et tous les autres, récitent et goûtent le bréviaire romain. La génération des livres liturgiques que Bossuet traite avec tant de complaisance n'a même pas joui un siècle de l'honneur d'avoir été vantée par ce grand homme. A l'exception du Bréviaire d'Orléans, ils ont tous disparu avant le temps. Dès 1 7 3 6 ,

le parisien de Harlay, malgré sa rédaction si remarquable et tous les soins qu'il avait coûtés, disparut devant l'œuvre de Vigier et de Mésenguy ; les autres s'éteignirent successivement : quant au Missel et au Bréviaire de Cluny, dès longtemps, il n'y a plus personne pour en faire usage.

Nous ne doutons pas au reste que Bossuet, s'il eût vu la suite de ces changements, et reconnu le coup mortel qu'ils portaient à la tradition, n'eût fini par réagir de tout le poids de son autorité contre la fatale méprise qui bientôt mit aux mains des sectaires ce que lui-même a appelé le principal instrument de la tradition dans l'Église. On trouvera pjut-ètre quelques preuves à l'appui de cette conjecture, dans la suite de notre récit.

C'est un fait remarquable que Bossuet fût arrivé jusqu'à l'année 1 7 0 2 , sans avoir pris une part directe aux opérations liturgiques qui paraissent avoir eu ses sympathies, d'après le passage que nous venons de citer. (L'est en cette année que l'abbé Ledieu commence à parler

r. 1 1 . 4 6

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7 2 2 ADDITION

i N S T i T u n o K s de la nouvelle Liturgie de Meaux. Nous allons transcrire M T U A G 1 Q U K S . , , . , . .

— ' les articles de son journal qui intéressent cette question, nous réservant d'y joindre de temps en temps quelques additions explicatives.

« 1 7 0 2 . Août) vendredi 4 . Couché à Germigny, où M. l'abbé Chastclain est aussi venu, étant parti avec nous de Paris. C'est pour travailler au nouveau bréviaire, et prendre avec lui (Bossuet) de bonnes mesures pour avancer l'exécution dc ce dessein. »

On se rappelle que l'abbé Chastclain avait été l'un des membres les plus influents de la commission du Bréviaire ct du Missel dc Harlay. Il exerça une sorte de dictature sur la Liturgie dans toutes les Églises qui, de son temps, prirent part à la première phase de l'innovation.

a Dimanche 6. Séjour à Germigny pendant toute cette semaine. Nous avons tous les jours travaillé au calendrier, M. l'abbé Chastclain et moi, et j'ai écrit sous lui plusieurs remarques pour servir à la disposition générale de l'office ct des fètcs, et au rite. Puis, ce jeudi soir, le nouveau calendrier a été communiqué à M. dc Meaux, M. Trcuvé, théologal, seul présent. Et ce vendredi soir, tout le calendrier a été achevé et fort approuvé par notre prélat qui a fait très peu de changements à tout ce qu'on avait projeté. Ce fait, M. l'abbé Chastclain a pris congé de M. dc Meaux qui l'a fait conduire en calèche jusqu'à Clayc. »

« Octobre. Germigny. M. de Meaux travaille gaiement ct assiduement. Je remarque même qu'il a toujours sur son bureau son portefeuille avec ses psaumes cn vers, auxquels il travaille le matin en s'é\cillant ou aux autres heures; ou pour se délasser, ou pour se mettre en état de travailler. Plein du psaume iifS qu'il retouchait ces jours derniers, il me dit lorsque je lui parlai de la division des psaumes qui conviendrait* le mieux au bréviaire qu'il

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ADDITION 7^3

voulait faire : qxCil fallait de nécessité mettre tous les jours

le psaume 1 1 8 aux petites Heures, et qxùily était tout à

fait résolu; tant il le jugeait nécessaire pour entretenir la

piété. Ce qui est aussi certainement mon avis. »

La seconde phase de l'innovation ne tint pas compte de

ce scrupule du grand évêque, et si le Bréviaire de Harlay

avait conservé pour chaque jour le psaume 1 1 8 , avec toute

la division romaine du psautier, le parisien de 1 7 3 6 effaça

jusqu'aux dernières traces de l 'antiquité, en attribuant au

seul dimanche ce psaume que Bossuet avait voulu con

server à tous les jours. Certains aveux de l'abbé Ledieu

nous feront voir bientôt que le sens catholique de Bossuet,

égaré un moment, se retrouva tout entier, lorsqu'il s'agit

de conclure la grande opération qu'on paraît lui avoir im

posée, et il y a peut-être lieu de croire que si ce prélat eût

vécu dix ans encore, l 'œuvre du nouveau bréviaire n'eût

pas été plus avancée après ce terme qu'elle ne l'était en 1 7 0 2 .

« ( 1 7 0 3 ) . Février. Versailles. Mardi 2 7 . . . Le soir,

M. de Meaux a voulu entendre la lecture du nouveau

calendrier de Meaux et du mémoire que j'ai fait contenant

les raisons du changement. Nous en avons vu Janvier,

Février et Mars , sur lesquels M. de Meaux semble avoir

pris une dernière résolution. »

« 28 février. Ce soir, nous avons repris la révision du

calendrier. M. l'abbé Bossuet nous arrête à chaque pas,

etproposetoujoursde nouveaux changements. M. de Meaux

l'écoute, et je vois le moment que tous les premiers projets

vont être renversés. »

« Mars. Jeudi i e r . Au soir ; nous avons continué la

révision du calendrier jusqu'à la fin de Juillet, avec les

mêmes vétilleries de M. l'abbé Bossuet. »

« Paris. Mars. Mardi6. M. de Meaux a encore entendu

ce matin la révision du calendrier et sans contradiction;

M. l'abbé Bossuet, contradicteur perpétuel de tout bien

ct n'en voulant faire aucun par lui-même, n'y étant pas. »

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7 2 4 ADDITION

INSTITUTIONS L'influence de l'abbé Ledieu se dessine de plus en plus, LITURGIQUES . . . r ï

• et en même temps il est curieux de voir comment il fait les honneurs du neveu de Bossuet, auquel le journal n'était probablement pas destiné.

« Paris, Vendredi i 5 . Ce soir, j'ai relu à M. de Meaux six mois du calendrier, M. l'abbé Bossuet et M. Phc-lippeaux présents. On est demeuré ferme dans les premières résolutions, retranchant même encore quelque saint douteux, ou peu connu, plutôt qu'en ajoutant- J'espère qu'à la fin il y prendra goùi ei que nous pourrons finir. »

Ces dernières paroles de l'abbé Ledieu sont précieuses. Elles nous apprennent que, après sept mois dc travail, on n'était pas encore parvenu ù faire agréer pleinement à Bossuet la réforme liturgique dont l'Église dc Meaux devait être plus tard redevable à Chastclain ct à Ledieu. Si déjà lc calendrier causait tant d'anxiété au prélat, il est permis de penser que la réforme du corps du bréviaire eût suscité en lui bien d'autres répugnances, ct qu'il eût disputé le terrain pied à pied. Au reste, l'histoire entière de l'innovation, dans ses différentes périodes, est là pour prouver que tout a été l'oeuvre de quelques prêtres audacieux qui ont su forcer la main aux évêques.

« Mardi, 20 . Ce soir, M. de Meaux a achevé d'entendre la révision du calendrier jusqu'à la lin. et l'on a même repassé dans les endroits qui faisaient quelque peine. Au reste, M. de Meaux prend peu de plaisir à faute cette réformât ion. »

Ce sont là les derniers mots du journal dc l'abbé Ledieu sur la part que Bossuet a pu prendre à l'innovation liturgique; ils sont, comme Ion voit, assez significatifs. L'instigateur dc la mesure est réduit à confesser que, malgré tous les moyens employés pour le circonvenir, Bossuet, au moment de conclure une des opérations préliminaires de la nouvelle Liturgie, hésitait encore, en un mot, n'entrait pas de bon* cteur dans la voie qu'on lui

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ADDITION 7 2 5

ouvrait. Mais, ce qui est plus remarquable, c'est que le « PARTIE , A . , % . j A D D I T I O N

savant eveque qui vécut encore un an après la date que — nous donne ici l'abbé Ledieu, ne paraît plus s'être occupé du nouveau bréviaire; du moins, le journal de son secrétaire n'en fait plus mention. Il est même fort probable, après les demi-mots qui échappent à ce dernier, que Bossuet aura fini par se désister d'une entreprise qui lui souriait si peu, et dans laquelle, d'ailleurs, il était visiblement l'instrument d'autrui. On s'expliquerait difficilement par une autre raison le silence de l'abbé Ledieu durant toute cette dernière année de la vie de Bossuet, surtout quand on se rappelle que ce prélat a travaillé jusque sur son lit de mort.

Il s'éteignit le 1 2 avril 1 7 0 4 , et eut pour successeur Henri de Thiard de Bissy qui ne prit possession qu'au mois de mai 1 7 0 5 . À peine assis sur le siège de Meaux, Henri de Bissy sévit aussitôt circonvenu par l'abbé Ledieu, organe de l'abbé Chastelain, et l'on sait quels désagréments lui procura son imprudente confiance envers le dangereux secrétaire de son prédécesseur (1) . Mais l'abbé Ledieu avait modifié ses plans, et le calendrier une fois approuvé par l'évêque de Meaux, il s'agissait non plus de la publication du bréviaire, mais de celle du missel, sur lequel on avait résolu de faire un essai. Le bréviaire ne viendrait qu'après. Voici en quelle manière l'abbé Ledieu rend compte de son premier entretien avec Henri de Bissy sur la réforme liturgique du diocèse de Meaux*

« ( 1 7 0 5 ) . Mai. Samedi 2 3 . L'entretien a passé sur la réformation du missel et du bréviaire. L'abbé Bossuet a a pris la parole et a fort vanté lc travail que j'ai fait pour cela, dont feu Monseigneur l'évêque de Meaux s'était fait rendre compte, lui présent, et sur quoi j'avais pris ses avis que j'ai par écrit dans mes mémoires sur chaque article

( 0 Institutions liturgiques, tome H, page 136.

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7^6 ADDITION

LITURGIQUES e n P a r t î c u i ï e r ' ajouté un mot en général sur l'état de

~ tout ce travail, sur le calendrier et les légendes des saints, et particulièrement sur le missel dont la réformation ct l'édition pressent le plus. Le prélat en a paru content ct a dit qu'on cn parlerait à loisir, et m'a remis à Jundi pour m'entretenir plus amplement. »

On doit faire ici deux remarques : d'abord, l'abbé Ledieu parlant de Bossuet n'ose articuler autre chose, si ce n'est que ce prélat s'était fait vendre compte des plans pour la réforme liturgique. S'il eut approuvé, s'il eût donné un consentement définitif, assurément Ledieu eut bien su s'en prévaloir auprès du successeur de Bossuet. En second lieu, l'union de l'abbé Bossuet avec Ledieu, les éloges qu'il fait du travail dc ce dernier, présentent aussi quelque chose d'assez piquant, lorsqu'on a lu certaines lignes citées plus haut. Mais l'amour des nouveautés, et un intérêt dc parti avaient pour le moment réuni ces deux hommes. Voyons la suite.

<c 4 juin* L'on m'a demandé la clef du magasin des bréviaires ct missels pour le visiter. Je l'ai aussitôt portée à M. l'évêque qui m'a ordonné de la garder pour m'en parler à loisir, aussi bien que du Missel et du Bréviaire de Meaux qu'il faut réformer, me disant : « nous en parlerons « à loisir. » Et moi, lui répliquant : « J'avais sur cela, Mon-« seigneur, vos ordres à recevoir, et je vous supplie de « me dispenser de communiquer mon travail a qui que ce a soit, qu'auparavant vous n'en ave/ entendu parler, et a pris sur cela votre résolution. Pour moi, tout ce que j'ai « à dire à MM. du Chapitre est que ma commission étant « finie par la mort de feu Monseigneur l'évêque, je n'ai* « plus qu'à me tenir en repos sur tout cela, neslimani « pas mon travail digne d'être seulement vu, et laissant à « des personnes habiles le soin de ce grand ouvrage. »

L'important était, en ellet, de s'emparer de l'évêque, et de se faire autoriser par lui à reprendre la conduite de la

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ADDITION 7 2 7

réforme liturgique dans le diocèse de Meaux. Ledieu s'at- 1 PARTIE

0 1 ADDITION

tendait à certaines oppositions au sein du Chapitre; Tin-vestiture solennelle de l'évêque lui était devenue nécessaire pour continuer son œuvre. Il fit tout ce qu'il put pour l'obtenir, et en vint à bout auprès d'un prélat vertueux et zélé, mais que sa complète ignorance dans les matières liturgiques lui avait livré sans défense.

« Mercredi, g juin. Depuis dimanche, on.nous avait avertis que M. l'évêque avait dessein d'aller voir chacun de MM. du Chapitre; il est venu à ma chambre, accompagné de M. l'abbé de Bissy. L'entretien a été fort aisé sur plusieurs choses pendant un bon quart d'heure. Il m'a encore parlé du missel, et m'a prié de communiquer mon travail au bureau. Je lui en ai fait voir un ou deux articles. « Cela a sera fort bien, dit-il; que pourront-ils dire? Demeurons-« cn à ce que nous avons dit, que vous ne leur parliez « pas du calendrier, mais seulement du missel. » Du reste* bien des amitiés et de grandes protestations de service : compliments, et autant en emporte le vent. »

« Juillet. Il y a huit jours, mardi 7 , que M. le doyen nous a assemblés chez lui, au sujet de la réformation du missel. M. Pidoux, chantre, s'y trouva avec MM. Morin ct Filère. Je leur fis rapport de l'état de ce travail, et leur dis : « Que feu M. l'évêque de Meaux se vo)'ant malade « l'avait arrêté; disant qu'il voulait être présent à Meaux, « quand on en parlerait, afin de finir tout d'un coup, sans « contestation; que cependant il lui suffisait de voir tout « en état d'être bientôt et très aisément conduit à sa fin. « C'est ainsi qu'il fut sursis a ce travail; mais la mort dc a ce prélat, arrivée depuis, m'a fait quitter entièrement lc « missel, en attendant un nouvel évêque, qui déclarât sur « cela ses intentions. » Puis j'entrai cn matière sur la réformation même et la manière d'y procéder, et j'ai commencé par leur lire les messes de l'Avent. On vit bien qu'on avait besoin dc mes livres, que j'ai sur ces matières.

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7^8 ADDITION

<i Ainsi il fut convenu que Ton s'assemblerait dans ma « chambre le jeudi suivant, deux heures de relevée. »

« Mardi 1 4 et jeudi 1 6 . On a continué le même travail, et M. Treuvé, théologal, aussi député, y a assisté, et promet dc s'y rendre assidu. M. Phelippeaux, trésorier, pareillement député, sc trouvant à Meaux, n'est pas venu à l'assemblée; mais il en a parlé comme y devant venir. U est depuis parti pour Paris : ainsi nous ne l'y verrons pas de sitôt. Cette assemblée est donc composée de MM. le doyen, le chantre, le trésorier, Morin, Fouquct, Treuvé, théologal, Filèrc ct moi. Tous ne s'y trouveront pas à la fois; mais on ne laissera pas d'aller son train, ct d'avancer le travail en présence de ceux qui y viendront. »

« Dimanche, 26, M. de Meaux, alors fort occupé dc ses visites épiscopalcs, est venu coucher à Meaux, où il est demeuré tout le reste dc la semaine. Ayant eu occasion de le voir, il m'a fort pressé d'avancer le missel, puisque nous étions tous d'accord ei que pour lui il ny connaissait rien. Nous avons continué nos séances à l'ordinaire. M. le chantre qui était à Meaux n'y est pas venu. M. Phelippeaux est toujours absent. MM. Morin, Fouquct, le théologal, et Filèrc, y sont venus assiduement. Nous avançons à l'ordinaire avec un grand concert. »

« Août. Vendredi 1 4 . En abordant le prélat avant que d'aller à vêpres, il m'a dit : « J'ai appris de M. le doyen « que l'on a fini tout le Propre du Temps : cela va bien. » — « II est vrai, lui dis-je, Monseigneur, et ces Messieurs « se sont portés avec un grand zèle et une grande patience a pour entendre tous ces projets-là. C'est à Votre Gran-« deur à y donner la forme. » Ce discours finit là, parce qu'on marchait en procession pour aller à l'église. Après vêpres, M. le doyen me dit qu'il avait demandé audience pour le missel, ct que le Prélat avait répondu que cela était impossible, parce qu'il partirait dès demain sur le soir pour aller coucher à Lisy, ct que nous pourrions travailler à

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autre chose, comme au Commun. « Il v faudra aviser, 1 PARTIE ' * ADDITION

« lui dis-je : mais, au reste, vous voyez que cela est a sérieux. »

« J'ai envie de surseoir pour quelque temps; et de faire dans cet intervalle mes visites de Torcy, du Pont et de Soissons ; ce que je veux faire agréer à ces Messieurs même, pour leur marquer plus de considération. »

«21 octobre. M. l'évêque m'a fait de grands compliments sur le missel dont M. le doyen lut avait dit que mon travail avait été approuvé presque en tout; je lui ai répondu qu'il en fallait attribuer le succès à la patience de ces Messieurs, dont l'assiduité avait été très grande, ct qu'au surplus tout cela n'était rien, si lui, M. l'évêque, n'y donnait son approbation; mais que comme le fonds de ce travail était le nouveau missel de Paris, auquel tant de savants hommes avaient travaillé trente ans durant, il y avait lieu d'espérer que S. G. n'y trouverait pas de grandes difficultés. « Vous ave\ raison, m'a-t-il dit, nous ne pouvons mieux « faire. »

« Mercredi 4 novembre. M. de Meaux m'a dit qu'il souhaitait que nous nous assemblions lundi prochain, deux heures après midi, pour le missel, afin, allant à Paris, d'être en état de prendre des mesures avec un imprimeur. Je lui demandai la permission d'aller moi-même à Paris, croyant qu'il remettrait l'affaire du missel à son retour de cette ville. » — « Non, dit-il, j'ai ici des remèdes « à faire encore la semaine prochaine ; et la semaine d'après « j'irai, et je veux vous y mener, car j'irai dans mon « grand carrosse. » — « Il ne faut pas, Monseigneur, vous « incommoder; je vous suis très obligé. » Il m'a témoigné qu'il voulait s'en rapporter entièrement à moi de la correction et de l'impression du missel; et qu'il fallait expédier promptement. — « Une seule séance suffira-t-elle ? m'a-t-il « dit. » — « Cela dépendra de vous, Monseigneur, et du « temps que vous aurez à y donner. » —• « Je vous - don-

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INSTITUTIONS « nerai quatre heures d'audience. » — « Nous sommes U T U R G I Q V E S A

~ « tous d'accord, Monseigneur, si Ton ne fait pas des diffi-« cultes, cela ira vite, et il ne sera pas nécessaire d'entrer « dans tous les détails. »

« Dimanche 8 novembre. J'ai vu M. de Meaux, pour savoir dc lui si rassemblée du missel était toujours pour lundi. Et cn même temps je lui ai mis en main les noms des députés qu'il s'est chargé de faire avertir dc sa part pour lundi. —• « Agréez-vous, lui dis-je, Monseigneur, « que j 'ouvre la séance par un mot dc rapport qui expo-« sera le fait ct les règles qu'on a suivies; ct voudrez-vous « bien vous faire parler de vous-mêmes? » — « Oui, « m'a-t-il répondu, ct je dirai que je vous ai chargé dc « tout. »

« o novembre. Donc lundi, deux heures dc relevée, sc sont rendus à l'évêché MM. le doyen, le chantre, le trésorier, Fouquct, Treuvé, théologal, Filère ct moi. M. le doyen a pris la parole, ct i! a fait un discours plein de barbouillage, auquel Ton n'a rien compris. Ht. quand il a cessé de parler, M. de Meaux m'a convie de faire mon rapport. J'avais mis sur le papier lc cas de cette allaire : i° le dessein de prendre, autant qu'il sera possible, le Missel de Par is , comme le mieux fait de tous ; ct parce que les paroisses de la campagne pourraient profiter des graduels imprimés pour Par is , ct les peuples jouiraient de la traduction française de ce misse!; •i'1 qu'en prenant le missel de Paris , l'intention était de garder les usages de Meaux; et je fis un grand détail des anciens usages dc notre Église, jusqu'à 1G40 et autres années par M. Séguier, disant ce que j'avais trouvé de singulier en chacun d'eux; quels rites déjà abroges ne devaient plus être rétablis ; quels au contraire encore cn vigueur, devaient être maintenus ; ct quels, omis mal à propos, méritaient d'être repris. Je vins ensuite aux règles proposées pour la correction du missel, dont la première fondamentale est qu'il

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n'y entrera que la pure parole de Dieu ; que le texte .sacré ^ Î J J J J

y sera partout rétabli dans son entier, sans omissions, sans — lacunes, sans transpositions. Je donnai des exemples de chacune de ces sortes de correction : ct je laissai à juger les autres par là. Je passai aux collectes où je fis les mêmes remarques. Je parcourus YOrdo Misses tout entier dont je remarquai les parties les plus anciennes, et ainsi du reste. Et sur tout cela, on passa par l'avis que j'avais propose sur chaque chose. Ainsi finit cette première séance, indiquant une pareille séance à demain mardi pareille heure. »

« Après que chacun se fut retiré, M. de Meaux m'arrêta pour me dire la satisfaction qu'il avait de mon travail, et qu'il voulait que je fusse chargé tout seul de cctte correction. Il parla de même en mon absence à l'abbé de Lalou-bère et autres de sa maison, qui, le jour suivant, avant l'ouverture de la séance, m'en firent tous compliment. »

Ainsi, l'excellent prélat était séduit, et lc triomphe dc Ledieu ne pouvait être plus complet. Nous venons de prendre sur le fait lc nouveau liturgiste, avec toute sa suffisance et son audace. Le passé de l'Eglise n'est rien pour lui. Il fait les règles, il les applique, et comme l'on voit, il mène de front tous les principes des novateurs sur la matière. Il lui faut la pure parole de Dieu; il lui faut des traductions françaises pour faire pénétrer chez le peuple toute la lumière dont il va inonder l'Église de Meaux. Saint Grégoire n'y connaissait rien; la tradition est comme si elle n'existait pas; l'Église de Meaux a le bonheur de posséder l'abbé Ledieu : de quoi sc plaindrait-elle? On est effraye, sans doute, de cet esprit révolutionnaire appliqué à la Liturgie, de ce dédain du passé dans les choses dc l'Église, et cependant nous ne sommes encore qu'en 1 7 0 5 .

a Mardi 1 0 , deux heures dc relevée, les mêmes députés qu'hier présents, j'ouvris la séance sur le sujet du Commun*

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73 2 ADDITION"

i x s T i r u n o s â à prendre tout entier de Paris; et ainsi du reste qui suit le Commun : messes de vierge, messes votives, messes des morts, Orationes ad diversa, etc., sur quoi Ton convint de tout, comme je l'avais proposé, sans aucune difficulté, et Ton remit à un autre temps l'examen du calendrier, sur lequel doit être compose lc Propre du Temps. Je lus seulement des mémoires sur les saints et saintes du diocèse dont il est nécessaire dc visiter les reliques, pour chercher dans leurs châsses quelques nouvelles instructions, s'il y en a. Je priai M. l'évêque dc charger M. le doyen daller faire cette visite, comme ayant plus d'autorité que moi et tout autre. Mais MM. du bureau prièrent unanimement que je fusse chargé dc cctte commission : et, comme je faisais tous mes efforts pour m'en défendre, M. dc Meaux m'y engagea par ses prières. »

« Novembre, iy, à Paris. J'ai vu beaucoup de mes amis qui m'ont très bien reçu ; comme l'abbé Chastclain ù qui j'ai rendu compte de notre missel, qui m'a assuré qu'il avait dit à M. de Meaux d'aujourd'hui dc se reposer entièrement sur moi de cette édition, et qu'il voulait encore lui en parler. Je lui ai dit la bonne intention de ce prélat ct les facilités qu'il apportait pour faire une belle réforme. « Il est vrai, dit l'abbé Chastclain, que je l'ai « trouvé d'un esprit propre pour cela, ei même avec plus .1 de facilité que ne l'aurait été feu M. de Meaux. »

Voici encore une parole précieuse. Au jugement de l'abbé Chastclain, de cet homme qui a eu, sans contredit, la plus grande part à l'innovation liturgique, Bossuet n'aurait pas eu //// esprit propre pour cela, comme l'avait au contraire le faible ct imprudent Henry de Bissy. On nous reproche, à nous qui préférons les doctrines romaines aux doctrines nationales, dc ne pas faire de Bossuet un Père de l'Église; du moins, nous pensons qu'il y a lieu de se défier, toutes les fois que ce grand homme repousse une mesure comme contraire-à la tradition de l'Eglise.

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* ADDITION 733

« Novembre, vendredi 27. Étant à Paris, j'ai trouvé P A R T I E 9 * 1 ' ADDITION

M. de Meaux. Nous sommes convenus des propositions sur le missel. Je les ai données à M. Josse, libraire, qui doit en aller parler au prélat... Le prélat m'a parlé des proses et surtout de celle des morts, qu'il craint de retrancher à cause du peuple qui en pourrait murmurer. Je lui ai répété ce que Ton avait conclu, qui est de la laisser aller in desuetudinem, sans rien ordonner ; mais, en l'ôtant du missel nouveau, laisser la liberté de la lire dans l'ancien missel, et dans les vieux graduels. Nous verrons le parti qu'il prendra, après les consultations qu'il veut faire, m'a-t-ildit, à ce sujet. »

On voit ici une première trace de l'opposition de l'abbé Ledieu contre les proses ; il les repoussait, parce qu'elles ne sont pas composées de paroles de l'Écriture sainte. On doit se demander pourquoi il conservait le canon de la messe, les préfaces, les collectes et autres oraisons. Au reste, nous avons montré ailleurs comment l'innovation tout entière ne fut qu'une suite d'inconséquences. On ne voulait qu'une seule chose: refaire à neuf, et refaire à son gré. Ainsi, à Paris, où le même principe d'emprunter tout à l'Ecriture sainte était pareillement mis en avant, non seulement on conserva les quatre proses romaines, mais on en composa quantité dc nouvelles qui ne sont aucunement tirées de la Bible.

Il est à remarquer aussi comment Ledieu fait bon marché des réclamations du peuple catholique sur la suppression du Dies iras ; mais les fidèles de Meaux n'auront-ils pas un nouveau missel, avec la traduction française ? Que pourraient-ils désirer de plus ? il est triste de penser que la conservation ou la destruction des usages les plus vénérés ont été ainsi, pendant plus de cent cinquante ans, dans un grand nombre dc diocèses, laissées au caprice d'un subalterne qui n'était pas même responsable, et sc retranchait derrière le nom de son évêque.

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7 ^ 4 ADDITION

INSTITUTIONS Le journal de l'abbé Ledieu garde ensuite le silence sur le missel de Meaux, jusqu'à la fin de l'année suivante.

« ( 1 7 0 6 ) . Mardi matin, 28 décembre. J 'ai joint M. de Meaux, pour le préparer au rapport de ce soir; afin qu'instruit de tout il appuie les délibérations communes de nos assemblées. J 'y menai M. Treuvé , théologal, qui marche d'un bon pied cn cette affaire, et qui, ayant la mémoire plus fraîche de ces détails infinis, relève à propos ou appuie davantage les choses où j 'oublie quelques circonstances. M. de Meaux est entré dans toutes nos décisions; sur lc retranchement des fètcs même chômées, sur la nouvelle addition des saints du diocèse, et sur le retranchement dc tant de saints martyrs de Rome , principalement des mois de Juin, Juillet et Août. Je l'ai assuré que tous nos députés étaient avertis, et ne manqueraient pas de venir; M. Pidoux même et M. Phelippeaux, à qui j 'avais 'donné part dc la lettre, ct qui dirent qu'il ne fallait pas rompre avec

M. de Meaux. »

En effet, si M. dc Meaux eut tout à coup ouvert les yeux, et compris où on voulait le mener, MM. les commissaires se fussent trouves fort embarrassés. Il importait donc dc ne pas troubler son sommeil, et il faut convenir que Ledieu ctses amis étaient gens de grande prudence, et qui s'entendaient à faire le moins de bruit possible. On ne saurait, d'ailleurs, qu'être édifié de la bienveillance avec laquelle Ledieu parle dc l'abbé Treuvé, à l'époque 'du missel; plus tard, lorsque Ledieu aura encouru la disgrâce de son évêque, et que l'abbé Treuvé lui sera substitué pour la rédaction du bréviaire, ce dernier ne sera plus qu 'un ignorant et un homme sans considération.

« Ce mardi donc, iiN décembre, deux heures dc relevée, j 'ai fait à M. de Meaux le rapport du calendrier, en présence de MM. Pidoux, chantre, nouveau doyen; Phelippeaux, trésorier; Treuvé, théologal; Fouquct ct Fi lèrc; ct même M. Chevalier., grand \icaire du prélat, que j'y

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ADDITION 735

avais invité exprès, à cause des fêtes à retrancher. J'avais minuté mon rapport, pour être plus précis et plus court. M. de Meaux a approuvé tous les principes posés sur la diminution des fêtes (chômées), et il est convenu d'abord d'ôter saint Sébastien, saint Joseph, sainte Anne, sainte Madeleine et saint Nicolas. Il a demandé du temps pour délibérer sur saint Laurent et sur saint Louis : il est demeuré d'accord de ne pas rétablir saint Mathias, saint Barthélémy et saint Thomas. La nouvelle addition des saints locaux a passé sans aucune difficulté. De même le retranchement des martyrs de Rome, et des saints douteux ou inconnus: comme saint Maur, i5 janvier; saint Alexis, 1 7 juillet; sainte Marguerite, 20 juillet ; et des translations qui chargeaient inutilement le calendrier; comme celles de saint Benoît, de saint Denys et dc saint Nicolas; et ainsi du reste expliqué dans mon rapport. Cette séance a duré jusqu'à 6 heures 1/2 du soir. »

Notre but n'étant pas de relever toutes les assertions dc Ledieu, nous en laissons passer un grand nombre sans réclamation; néanmoins, on nous permettra de nous étonner de le voir placer saint Maur parmi les saints douteux ou inconnus, après l'excellente dissertation qu'avait publiée Dom Ruinart sur cet apôtre de la Règle bénédictine en France, et qui obtint le suffrage de l'abbé Duguet lui-même.

« Mercredi, 2 9 décembre. Encore deux heures de relevée, l'assemblée indiquée d'hier a recommencé. J'ai exposé ce qui restait du calendrier; ces deux nouveaux choix des saints illustres qu'on a mis; comme saint Cyrille d'Alexandrie, saint Justin martyr, saint Pothin, sainte Blandine, saint Irénée, saint Césaire, saint Mamert, sainte Radégondc, sainte Clotildc, saint Claude, et peu d'autres, qui tous ont été approuvés sans aucune difficulté: parce que j'avais eu grand soin de faire voir combien nous avions été sobres dans ce choix : plus que Cluny qui

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736 ADDITION

tïisTJTUTioNs avait pris tous les moines; plus que Paris qui avait pris L I T U R G I Q U E S * . . . . .

tous les saints de France; plus que Sens qui n avait rien voulu laisser des saints illustres dans tous les ordres, pour faire un bréviaire savant : au lieu que nous nous étions contentés de faire un triage simple et petit dc tout cela. Ce qui a réussi et a été approuvé. »

« On a passé ensuite aux grandes solennités des fêtes; ct notre projet a été unanimement approuvé; dont je ne dirai rien davantage, parce que tout est expliqué dans mon rapport, dont je garde la minute. Je dirai seulement qu'aj'ant extrêmement insisté pour élever lc dimanche au-dessus des fêtes chômées, cn a}'ant exposé avec soin toutes les raisons prises des anciens canons, des capitu-laires, des constitutions des Papes, et des auteurs des rites ecclésiastiques, j'ai gagné le point principal et lc plus essentiel, d'établir un nouveau grade qui sera le quatrième sous le nom dc fesiivum, comprenant toutes les fètcs chômées, et nommément le saint dimanche à la tète de tout, et qui aura aussi la préférence sur toutes ces fètcs sans exception, hors sur celles qui sont dans les degrés supérieurs d'annuels ou dc solennels : et c'est ce qu'il y avait ici de plus important. »

« Tout étant ainsi décidé* il ne nous reste, dit M. de « Meaux, qu'à tenir la copie prèle pour Vimprimeur. » « —Je n attends pour cela, lui dis-je, Monseigneur, que « la nouvelle édition du Missel de Paris, dont la plus « grande partie doit entrer dans celte nouvelle réforme. » « — En même temps le prélat a donné ordre qu'on me « le fît venir dans huitaine. — « Cependant je vais, lui « dis-je encore, Monseigneur, vous préparer deux mé-« moires à consulter sur les proses el sur les /êtes chômées « pour consulter à Paris*, et j'aurai Vhonneur de vous les a rapporter au premier jour, vous priant de m* accorder « votre audience. » — « Vous sere\ le bienvenu, a-t-il « dit; adieu. »

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ADDITION

« 1 7 0 7 . Lundi, 3 janvier, sur le soir, j'ai été voir M. de . '.JJJJJJ Meaux, et lui dire que les mémoires qu'il m'avait deman-dés étaient prêts, il m'a donné heure à demain mardi, issue de la grand'messc. Pour appuyer toujours davantage ce que je dis, j'ai été, ce soir même, faire lecture de mes mémoires à M. le théologal, qui les a fort approuvés. Dans celui sur les proses, je fais voir quel est l'abus des proses ; qu'il n'y a rien qui leur soit favorable : et qu'au contraire, il y a un statut dans les premiers Us de Cîteaux, et dès sa naissance, qui défend d'en jamais dire à la messe; et un autre statut de 1 6 8 7 , par lequel les quatre proses dc Pâques, Pentecôte, Fête-Dieu et des Morts, mises à la fin du missel de Cîteaux, imprimé à Paris, cctte année-là, chez Léonard, pour être dites par les particuliers à dévotion, ont été ôtées de cette dernière édition, avec défense de les dire jamais dans l'Ordre de Cîteaux; que, tout étant contre les proses, c'est la seule chose importante à réformer dans le missel, digne du zèle d'un prélat appliqué à ôter tous les abus, et à rétablir la pureté des usages de son Eglise, comme celle de Meaux, dans laquelle la prose des morts n'a point été dite avant l'an 1 6 4 2 , et ne se trouve pas encore dans nos anciens missels; ayant été fourrée contre nos usages dans la dernière édition dc 1 6 4 2 ; cet espace si court ne pouvant prévaloir sur toute l'antiquité. »

Il est curieux d'entendre l'abbé Ledieu prétendre que ioui est contre les proses, parce que les Us de Cîteaux leur sont contraires. C'est quelque chose que l'ordre de Cîteaux; mais ce n'est pas tout dans l'Eglise. Une telle importance donnée, pour cette unique fois, aux traditions d'un ordre religieux rappelle tout naturellement le zèle avec lequel les Lettres Pastorales, placées en tête de tous les nouveaux bréviaires, ayant à justifier la nouvelle division du psautier, allèguent la règle de saint Benoît, dans laquelle ce saint Patriarche permet de diviser en deux quelques-uns

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738 ADDITION

INSTITUTIONS d e s p i u s longs psaumes. Il fallait bien chercher des auto-L I T U R Q I Q U 1 E S R

rites quelque par t , et à défaut d 'autres, on alléguait les

usages monastiques. Mais on se gardait bien d'ajouter que

malgré ce privilège des bénédictins, l'office des Matines,

dans cet ordre , est beaucoup plus long, durant la majeure

partie de Tannée, que dans le Bréviaire romain lui-même.

« Paris, juillet. Dom Jean Mabillon et M. l'abbé Chas

tclain ont été consultés par M. Chevalier, dc la par t de

M. de Meaux, sur les proses. Ils ont répondu qu'ils étaient

d'avis que Ton gardât ces quatre de Pâques , Pentecôte,

Fête-Dieu, et des morts. J 'ai été bien aise de le savoir

d'eux-mêmes, afin que je sache aussi comment parler à

M. de Meaux. »

L'autorité de Dom Mabillon, en matière de Liturgie,

n'était rien pour l'abbé Ledieu; celle même dc l'abbé

Chastclain ne l'arrêtait pas. T o u t ce qu'il avait retiré de

ses entretiens avec eux était de se préparer à répondre

aux objections de son évêque contre unc suppression si

scandaleuse. On ne sait qui l 'emporte ici de l 'outrecui

dance ou de l'aveuglement. Ledieu tint bon cependant, et

le missel parut sans les proses.

« Ce mardi soir, 6 décembre, nous nous sommes donc

rassemblés chez M. Morin, chant re ,MM. Fouquct, Treuvé,

théologal, Filère et moi. Et ces messieurs ont approuvé la

manière dont sont conçues toutes les rubriques, que l'on

était convenu de faire pour les Cendres, les Rameaux, le

Jeudi Saint et jours suivants, et nommément ces trois choses

que M. dc Meaux a demandées comme plus courtes : que

les vêpres du Jeudi et Vendredi Saint seraient jointes à la

messe, par la post-communion, seule collecte pour con

clure ces deux offices, comme on fait au Samedi Saint ;

que le Vendredi Saint Ton dira une seule fois, Ecce lig-

num crucis; et que le Samedi Saint l'on ôtera Lumen

Christi, inconnu dans notre usage et dans nos précédents

missels; et que les litanies en allant, se diront à deux

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A D D I T I O N 7 3 9

chœurs seulement et non à trois. C'est-à-dire que Ton se 1 * A » T «

contentera de répéter une seule fois, par tout le chœur ensemble, ce que le chantre et le sous-chantre auront dit d'abord une seule fois. Et ainsi du reste des rubriques que je n'explique pas ici. Convenu que rapport sera fait au Chapitre de ceci seulement, sans parler des rubriques. »

a Ce dimanche 1 8 . Je viens de voir M. de Meaux après vêpres. Il m'a très bien reçu ; et a été bien aise d'apprendre que j'étais en état d'aller à Paris, quand il voudra, pour l'impression du missel. Il m*a tranché sur les proses, que, suivant mon projet, on les ôtcrait toutes de la messe; que, comme Viciimce se dit à vêpres, pendant l'octave dc Pâques, on dira de même Veni, Sancte Spiritus, à vêpres, pendant l'octave delà Pentecôte, et Lauda Sion, au salut et à la procession du Saint Sacrement, et non plus à la messe; que Dies irce se pourra àirzad libitum aux messes des sépultures, quand il y aura oblalio populi, après l'Évangile. »

« Ce vendredi 2 3 décembre, au Chapitre, j'ai fait rapport des trois ou quatre articles ci-dessus approuvés et demandés par M. de Meaux : ajoutant que ce prélat voulait que j'allasse à Paris exprès veiller à l'édition, et que je laissais à MM. à juger, si c'était une cause raisonnable ct légitime de s'absenter de l'église, et d'y être tenu présent. M. Phelipeaux, trésorier, a grondé, disant qu'il fallait communiquer tout l'ouvrage à chacun dans les maisons, notamment les rubriques. Personne ne l'a suivi. MM. les commissaires ont dit, que tout avait été examiné en détail ct approuvé unanimement, et que M. le trésorier nommément avait été invité à se trouver aux assemblées. Pas un de ces messieurs n'a suivi son avis, et le doyen n'a pas osé souffler.

« M. de Meaux a été très content de la manière que cela s'est passé, et il m'en a fait grands remerciements,

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7 4 0 ADDITION

INSTITUTIONS quand je lui en ai rendu compte, me priant toujours d'aller LITURGIQUES ^ . . . * /> •

au plus tôt a P a n s : ce que je lui ai promis de faire

aussitôt après les Rois, ayant encore besoin de ce temps

pour déménager et ranger ma maison; ce qu'il a ap

prouvé »

« (1708) - Samedi 4 février. Conférence avec M. l'abbé

Chastclain, qui approuve toutes nos vues sur le missel ct

sur les principales dispositions du bréviaire. J 'ai encore

appris de lui quelques réformations pour le calendrier; il

veut bien m'entendre encore une autre fois. »

« Mardi 2 1 . . . Pendant les longueurs de nos impri

meurs , je vais régulièrement toutes ces semaines encore

chez M. l'abbé Chastelain sur nos corrections; il m'écoute

avec une grande douceur, ct me promet un homme pour

corriger nos épreuves en mon absence.

« Ce -x'i juin... Nous avons recommencé nos confé

rences avec ces Messieurs dès le mardi nj de juin. Us

continuent à s'assembler chez moi, où sont tous les livres;

et mon cabinet, avec mon grand bureau, nies chaises ct

fauteuils dc maroquin, sont tout propres pour ce sujet.

Lcs assemblées sc sont faites tous les jours après vêpres.

MM. Morin, chantre, Treuvé . théologal, Fouquct ct F i -

lère s'y sont toujours trouvés, et n'y ont jamais manqué.

J 'avais tout disposé en me servant de tout ce qui est dans

Par i s , et ajoutant du mien tout ce qui nous est parti

culier. Tou t a passé sans contradiction. L'on a fort abrégé

les nouvelles collectes de Par is , et poussé plus loin que

Ton n'a fait à Paris la réformation de plusieurs choses

singulières. Tout ce travail fini ce 27 juin 170^.

« Ce samedi matin, (> octobre. AI. l'abbé Bossuet me

priant de corriger en son absence les épreuves de la Poli-

lique sacrée : « Je suis bien facile, dis-je, de ne le pouroir

« faire. Outre mes épreures du missel, au nombre de trois

« par semaine, fui encore a consulte}' tous les jours

n M. l\xbbé Chastclain sur ce travail. .Fai aussi à choisir

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ADDITION" 7 4 T

« les estampes quon doit mettre au missel : excusez-moi, 1 PARTIE

R * , . ADDITION

a Monsieur; je n'aurai point le temps de faire ce que « vous souhaite\... Je m'en suis ainsi débarrassé. »

a Ce samedi, 6 octobre, de relevée, j'ai eu une longue conférence avec M. l'abbé Chastclain sur notre Propre des Saints. Il Ta entendu jusqu'au dernier juin, ct il loua extrêmement le choix des épîtres et évangiles et lc reste, et la justesse de l'application aux saints qu'on prie dans notre calendrier, et s'est trouvé cn tout et partout de mon avis, remettant une seconde conférence à samedi prochain pour le reste.

« Samedi, i3 octobre. De même tout le Propre des Saints revu avec M. l'abbé Chastelain, qui approuve tout, et notamment l'application des messes de saint Marcel pour saint Faron; de la vigile des apôtres, Sicut oliva, pour saint Fiacre; de la collecte, Illumina, pour saint Augustin; de celle d'une pénitente, pour sainte Pélagie et autres ; aussi bien que le choix des évangiles, même différents de ceux de Paris,

« Dimanche, 2 1 octobre. Conférence avec M. l'abbé Chastelain, n'ayant pu y aller le samedi, à cause d'une pluie continuelle. Il approuve le $ avant tous les Amen du canon, même aux deux endroits de la consécration et de la communion; le pietatis more; le Gabrielis Angeli; Y In igneis linguis; d'éviter le submissa voce dans la prononciation du canon, mais de mettre seulement dicit, comme nous l'avons ; et il m'a encore enhardi à toutes ces choses qui ont un goût d'antiquité. J'ai été bien aise qu'il en fût averti, afin que, dans l'occasion, il cn pût parler à M, de Meaux, pour le confirmer davantage dans l'aveu qu'il m'a donné de faire ces sortes de réformes. Cependant notre impression avance, et nous voici arrivés à saint Autère, qui est le 26 avril, et la dernière messe de ce mois. »

L'abbé Ledieu touche ici le point le plus délicat de son missel. Les changements de pietatis rore en pietatis morc\

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7 4 2 ADDITION

INSTITUTIONS d c Michaelis Archangeli en Gabrielis Angeli. dc Yinnu-LITURGIQUES. . , , .

maris linguis cn igneis linguis, sont des témérités con

damnables ; mais voici qui passe tout le reste. Afin de

forcer le prêtre à réciter le canon à haute voix, Ledieu, dc

concert avec Chastclain, songe à suppr imer les mots sub-

missa voce que toute l 'Eglise maintient rel igieusement

dans la rubr ique qui précède l 'oraison Te igitur : il veut

insérer des fi) avant Y Amen qui termine les formules

sacrées de la plus mystérieuse prière que la terre adresse

au ciel, afin que désormais cette prière perde ce solennel

caractère qui, cn isolant le prêtre du reste des fidèles,

apprend à ceux-ci que le prêtre seul, par sa puissance

divine, opère le changement des dons sacrés au corps ct

au sang de Jésus-Christ. Lc calvinisme est au fond dc cctte

pensée, comme nous Pavons montré ailleurs, à propos dc

l'hérésie antiliturgique. On voit que Ledieu dont les sym

pathies cachées étaient pour le jansénisme, avait déjà

sondé l'évêque dc Meaux, ct que le prélat, dans son ex

trême confiance, s'était laissé aller à unc sorte dc consen

tement. Ledieu sentit lc besoin d'avoir pour lui l'abbé

Chastelain; ce dernier approuva tout. I l n'eut pas osé

proposer de semblables nouveautés pour lc missel dc

Pa r i s ; mais il n'était pas fâché d'en voir faire l'essai dans

un diocèse voisin.

« Samedi, 2 7 octobre. Dernière conférence avec M. l'abbé

Chastelain. I l est d'avis que Ton garde pour le peuple la

messe entière Requiem œlarnam, et convient néanmoins

que ce jfr est tiré du quatrième livre apocryphe d 'Esdras,

d'où sont tirés les jty Lœtiiia sempiterna ct autres du

temps pascal. Il est aussi d'avis dc laisser dans les

rubriques l'article des dispositions du corps el da Varna,

qui sont reçues partout. Il m'a confirmé dans le dessein

d'en ôter le dernier article touchant l'absoute qui sc fait

sur la sépulture des morts. Nous Pavons déjà au rituel,

livre commode à porter à la main, au lieu que le missel

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ADDITION 743

ne Test point. Nous sommes aussi d'accord que Pinhu- 1 PARTIE

r * t ADDITION

mation des corps, et la manière de les placer à l'église, —~ doit être la même pour les laïcs ct les ecclésiastiques, à savoir les pieds tournés vers l'autel et la tête vers la porte de l'église; en sorte que dans lc convoi, dans la manière de placer le corps, et dans le tombeau, le mort ait toujours le visage tourné vers l'orient et vers l'autel, et non vers le peuple; ce que les nouveaux rubriquaires avaient établi pour les prêtres, comme pour donner encore après leur mort la bénédiction au peuple : ce qui est ridicule, puisque la mort rend tous les hommes égaux. Nous sommes aussi convenus de bien d'autres points que je ne rapporte pas ici. »

Notre but n'est pas ici de relever l'une après l'autre toutes les reformes liturgiques que Ledieu introduisit dans son missel, et qui d'ailleurs pour la plupart ont été appliquées successivement à tous les missels de l'innovation. Nous les discuterons en temps et lieu, et nous montrerons que la convenance aussi bien que l'autorité sont constamment du côté des usages romains. La plus grave est celle qui est relative au secret du canon; elle succomba devant le sentimenteatholique; les autres furent admises par l'effet dc ce vertige inexplicable qui avait alors saisi tous les esprits. Reprenons la suite du journal, au même article.

« M. l'abbé Chastelain m'a fait beaucoup d'amitié ct veut voir M. l'évêque de Meaux à Paris, pour le confirmer dans ses bons desseins.

« Vendredi, 2 novembre. J'ai rendu compte au prélat dc l'état du missel, de la satisfaction et approbation de l'abbé Chastelain. »

Ces dernières paroles diront assez tout le crédit dont jouissaient les nouveaux liturgistes. Henri de Biss}' que nous verrons tout à l'heure se relever et se ressouvenir enfin qu'il est évêque, subit sans appel le joug d'un cha-

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744 ADDITION

INSTITUTIONS noine de Pans , et se met en opposition avec la Liturgie L I T U R G I Q U E S . . . , °

• universelle pour lui obéir, comme si la satisfaction et l'approbation de cet homme pouvaient balancer en quelque chose la sagesse et les usages dc l'Église.

« Ce 28 novembre, veille de saint André, j'ai été saluer le prélat qui me parle toujours du bréviaire, désirant fort que l'édition suive celle du missel. Je lui dis qu'il faut se donner au moins un an de repos et d'intervalle^ afin dc voir le succès du missel; et j'insiste que, pour la perfection dc la Liturgie ct rendre lc missel utile au peuple, il faut nécessairement faire imprimer un graduel dont la cathédrale même ct toutes les paroisses ont besoin, n'étant plus possible de faire dc nouvelles additions ct corrections par des ratures, et en collant des papiers sur les feuilles des anciens graduels manuscrits, parce que ces anciens livres en sont déjà tout défigurés, ct ne peuvent plus servir à cause des changements faits dans le nouveau missel. Ce prélat craint la dépense; mais il faut insister pour le graduel, parce que, sans graduel, le missel est inutile. »

On voit ici le principe des exactions auxquelles les nouvelles Liturgies condamnèrent les diocèses. Après le missel, il faut lc graduel; comme après lc bréviaire, il faudra l'antiphonairc. Et toutes ces impositions inouïes procédaient de la fantaisie d'un novateur qui avait eu lc crédit dc surprendre la simplicité d'un évêque.

« (1709) . Vendredi* 2^ juillet, .l'ai été à Germigny voir M. l'évêque de Meaux. II est demeuré d'accord de tout ce que je lui ai proposé, ct il a approuvé nommément qu'il y sera fait des rubriques pour répondre amen par le diacre, par l'enfant ct par chaque fidèle, aux paroles de la consécration du Corps ct du Sang de Notre-Seigneur, et à celles dc la communion, soit du prêtre, soit des assistants, et ainsi des autres choses moins importantes. Au reste, notre calendrier est achevé d'imprimer. »

Ledieu avait été adroit dans l'affaire de ses amen. Il avait

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ADDITION 745

caché au Chapitre cet énorme et scandaleuse innovation : * F A * T O r ADDITION

mais i l avait l'espoir de surprendre le consentement de l'évêque. Déjà nous avons vu qu'il avait reçu de bonnes paroles; aujourd'hui, il obtient l'objet dc ses désirs. Henri de Bissy, malheureusement peu ferme sur la science liturgique, approuve la mesure que Ledieu lui propose, sans se douter qu'il se livre aux jansénistes, et qu'il se prépare à lui-même une pénible humiliation.

« Ce dimanche 2 8 , et 3o juillet. J'ai communiqué les rubriques à nos commissaires qui ont tout passé. »

« (Paris). Septembre, mardi 10. Je communique ma Lettre pastorale du missel à M. Billet qui la trouve bien; mercredi à M. l'abbé Bossuet qui l'approuve aussi. »

« Jeudi 1 2 . . . . J'ai été voir M. l'abbé de Bcaufort, à qui j'ai laissé mon adresse ct lui ai fait lecture dc ma Lettre pastorale latine pour le missel, qu'il a fort approuvée. »

« Ce i 5 , j'ai vu M. l'abbé Fleury qui m a reçu avec amitié, et a entendu avec plaisir ma Lettre latine pour le missel, qu'il a approuvée en tous points. »

L'abbé Ledieu se délecte en disant ma Lettre pastorale; mais on ne saurait trop plaindre Henri de Bissy dont elle porte cn tête le nom, et qui devra en répondre devant l'Église. Il est curieux de voir le nom de l'abbé Fleury mêlé dans cette affaire; toutefois, nous persistons à croire que Ledieu n'eût pas eu si bon marché de Bossuet. Il eut cependant l'audace de compromettre ce grand nom dans sa Lettre pastorale, en disant que Bossuet a3'an't projeté de donner à l'Eglise dc Meaux une Liturgie pure, avait été enlevé de ce monde, après avoir appliqué à ce travail des prêtres, élevés dans cette Église, et formés par lui[\). C'était associer assez clairement Bossuet, ct fort gratuite-

(1 ) Necessarîum duxit tantus vir, his adminiculis Liturgiam sacram in Ecclcsin MeMensi puram-putam prœstare ; sed vix admotis huic rcî ac aeduJo insiantihus, quos eidem Ecclesiœ irmutritos ipse înformavcrai, sacerdotibus, docto Iabon îmmorîtur.

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7 4 6 ADDITION

( r) Nec pnetermissn sunt quac ail veiercm Ecclcsirc disciplinai!! spectant,

ubi occasio sc dedil. Pauca illa qu idem ne sobria, sed venoranda : uti

doctus qu isque facile deprelicndet. Scilïcci in re tain sancta, nihil nisi

s incerum ac Dco dignum, ipso eliam verbo Domini expressum, admis-

ccri sus t inu imus : sa cm textu inte^ro s tante ac jjermano : vana nmnia ac

profana, ccu a vera rcli^ionc aliéna, ut sancta edixil Syivulus, arcenda

curavimus.

INSTITUTIONS ment comme on l'a vu, à tout ce que ceux-ci, et Ledieu LITURGIQUES . . . . * . ,

• part iculièrement, devaient faire après sa mort . Néanmoins nous avons vu que non seulement celui-ci, mais Chastelain lu i -même, convenaient qu'ils n'eussent pas entraîné cet illustre évêque dans leurs voies, comme ils y poussèrent si tristement Henri dc Bissy.

Les réformes dc l'abbé Ledieu sont annoncées en termes

pompeux dans sa Lettre pastorale. « Nous n'avons pas

« négligé dans notre missel, fait-il dire à l'évêque de

« Meaux, les usages de l'ancienne discipline de l 'Église,

« selon que l'occasion s'en est offerte; ils y sont en petit

« nombre , amenés avec réserve, mais dignes de véné-

« rat ion; les gens instruits les y découvriront aisément.

« Dans une matiercsi sainte, nous n'avons voulu admettre

« que ce qui est pur et digne dc Dieu, que ce qui est cx-

« primé par la parole même du Seigneur, dont le texte

« a été maintenu sincère ct sans alliage. Nous avons pris

« soin dc repousser toutes les choses raines, profanes ou

'c contraires à une véritable religion* comme parle le

« saint concile (1). «

On sait ce que signifient, dans le langage de l'abbé Ledieu, les usages dc l'ancienne discipline: cela veut dire le renversement de la Liturgie antique ct autorisée. L'Kglisc de Meaux avait son missel ad Romani formant, publié en if>4'2 par Dominique Séguier; tous les usages repoussés par Ledieu sont pratiques dans toute l'Eglise, et on n'est pas en peine, grâces à Dieu, de les défendre au nom de l'antiquité. Quant à ce qu'il dit que tout son missel n'est que

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ADDITION 747

la pure parole du Seigneur, il oublie le nombre immense A \ £ * 5 ™

d'oraisons qu'il contient, et qui ont été composées par des hommes; nous avons même vu plus haut qu'il se vantait d'y avoir mis du sien; ce n'était assurément pas de rÉcriture sainte. Quant aux choses vaines, profanes ct contraires à une véritable Religion, qu'il a expulsées, il faut mettre du nombre le submissa voce du canon ; les proses Victimœ Paschali; Veni, Sancte Spiritus ; Lauda, Sion, etc. Mais, encore une fois, c'était l'esprit du temps, et à tel point, que lorsque Henri de Bissy eut fait droit aux réclamations sur le silence du canon, et rétabli les quatre proses, au moyen d'un appendice à la fin du missel, ce livre continua de servir à l'autel jusqu'à nos jours, et il se range de lui-même parmi les missels du siècle dernier, desquels il ne diffère que dans des détails d'une importance secondaire.

« 25 octobre. Dieu soit loué; voici l'ouvrage de notre missel enfin au jour. Tout étant bien corrigé, je l'ai fait relier; et je viens, ce vendredi 2 5 octobre 1 7 0 9 , d'en présenter le premier exemplaire relié a M* le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, avec une lettre de M g r l'évêque de Meairx pour son Eminence. Ce cardinal m'a très bien reçu et fort écoute, et surtout notre petite épître dédicatoire qu'il a aussi approuvée, ct quelques choses principales; et, entre autres, notre conformité avec le missel de Paris, notre métropole, que je lui ai bien fait valoir comme étant le premier dessein de cette édition, de l'esprit de feu Af. de Meaux, ct dans lequel M. de Meaux d'aujourd'hui est parfaitement entre ; que saint Denys, notre premier évêque commun, tant de Paris que de Meaux, nous attachait encore plus à la métropole que les autres églises de la même province; qu'en mon particulier, j'étais bienheureux d'avoir cette occasion de donner ce témoignage public de mon attachement ei dc ma soumission aux ordres de feu M. de Meaux* même après sa

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74§ ADDITION

I N S T I T U T I O N S mort. M. Ballard, l'imprimeur, était aussi présent, et il a LITURGIQUES.

' eu sa part des gracieusetés du cardinal. » « Ce mardi9 2 9 octobre, tous mes missels pour Meaux

sont prêts. Arrêt de compte avec M. BalJard ; il me fait présent dc deux missels, un en maroquin pour ma chapelle, ct un en veau pour mon cabinet. Il m'en donne aussi un cn deux parties, relié en maroquin, pour la cathédrale. II sc charge d'en donner à M. l'évêque de Meaux ct à ses grands vicaires. J'en ai fait relier un autre en deux parties, en maroquin, pour chanter les épîtres ct les évangiles dans la cathédrale; ct aussi un en maroquin, où sont seulement les messes pontificales, que je veux présenter à M. l'évêque de Meaux. Tout cela est fait, très propre et même magnifique. Je les emporte tous avec moi ; ct voilà, Dieu merci, unc affaire finie. »

« Mercredi, 3o octobre. Départ de Paris, ct arrivée heureuse à Meaux par le carrosse de voiture, où il y avait quantité d'honnêtes gens. »

« 3r octobre. M. dc Meaux arrive de Germigny à Meaux, pour dîner, dans l'intention de faire l'office pontifical dc la Toussaint. Je l'ai été voir cn même temps, ct lui ai présenté le missel contenant-seulement les messes pontificales, bien relié en maroquin de Levant pour servir à son trône, qu'il a reçu fort gracieusement; et Ton a fort aflccté dc beaucoup louer le nouveau missel : ce que j'apprends que M. de Meaux avait déjà l'ail à Germigny pendant plusieurs jours, dès qu'il en avait reçu le premier exemplaire. Ce prélat a fait l'office pontifical aux premières vêpres de la Toussaint, et à toutes les Meures du jour de la fète, moi lui servant de prêtre assistant. Grand régal à dîner. »

« Distribution du missel, chacun fort content d'en recevoir le présent. Je diffère de porter au Chapitre les deux exemplaires en deux parties chacun, pour le grand autel, pour chanter Tépîtrc et l'évangile, que je fais relier cn

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ADDITION 7 4 9

maroquin de Levant, avec une dorure magnifique: et j'at- 1 PARTIE

v . . . . . A D D I T I O N

tends exprès un Chapitre où il y ait moins d'affaires, afin ~

de parler de ce missel. »

Ainsi , le changement de la Liturgie, quant au missel,

était consommé dans le diocèse de Meaux, le triomphe de

Fabbé Ledieu était complet, sauf la part de gloire qui re

venait à l'abbé Chastelain, arbitre de la Liturgie à cette

époque. Un seul homme était à plaindre dans toute cette

affaire : l'évêque de Meaux dont l'abbé Ledieu avait si

cruellement exploité la facilité. Henr i de Bissy avait eu le

malheur d'oublier que la Liturgie est un bien commun

dans l'Eglise de Dieu, et qu'elle ne peut pas être livrée à la

volonté d'un prélat particulier; il en avait méconnu l'im

portance dans Féconomie de la religion; il avait agi, en

un mot, avec une confiance illimitée dans un homme qui

allait le compromettre gravement aux yeux de l'Eglise en

tière, et le mettre dans la nécessité de publier un mande

ment solennel contre ce missel même qu'un autre man

dement signé du prélat venaitde recommander comme une

œuvre sainte et irréprochable.

La hardiesse de Ledieu à insinuer l'esprit janséniste

dans son missel, cn introduisant des fi) rouges avant les

Amen du canon, pour obliger le prêtre à en réciter les

oraisons à haute voix, et en supprimant le mot secrelo dans les rubriques qui prescrivent le mode de récitation

pour cette prière sacrée; cctte hardiesse, disons-nous,

excita une vive indignation chez un grand nombre de per

sonnes fidèles à l'esprit de l'Eglise. Dès le 9 novembre,

Henri de Bissy, ému du scandale que causait le missel,

écrivait pour demander des explications à l'homme qui

n'avait cependant rien fait que dans le nom du prélat, et

qui ne pouvait être responsable qu'après celui dont lc

nom, les armes, la lettre pastorale, ia signature étaient

visibles à tout lc monde sur ce livre.

Ecoutons de nouveau l'abbé Ledieu :

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j5ù ADDITION

(i) Institutions liturgiques. Tome H, page i H7 cl suivantes.

INSTITUTIONS « M. de Meaux retourne à Germigny: et ce q. novembre. L I T U R G I Q U E S ^ O " J >

1 du matin, je reçois une lettre de lui, où il me prie de lui mander pour quelle raison on a mis des %% rouges dans le canon dc la messe, avant Y Amen qui est après chaque oraison du canon ;quc Ton a remarqué que dans la rubrique avant la consécration, on ôte le mot secret o, qui est à Paris même, et qu'un % rouge y a été mis aussi avec un Amen ; ensuite, que tout cela semble dire que le canon doit être dit à haute voix contre l'usage de l'Église qui est de le dire à voix basse. « Y a-l-il sur cela* ajoute M. de Meaux, quelque usage particulier de notre Eglise? Je vous prie de m}en informer. »

Il était temps de s'informer, cn effet, si par hasard l'Église de Meaux n'avait pas quelque privilège pour prononcer le canon à haute voix. Henri de Bissy oubliait que Ledieu avait obtenu son consentement pour cette énorme innovation. Le manuscrit de Ledieu ne donne pas la réponse dc celui-ci au prélat, ct présente même à cet endroit une lacune considérable. Nous avons raconté ailleurs les événements qui s'ensuivirent. L'évêque de Meaux qui tenait à passer pour un prélat orthodoxe, et qui l'était en effet, ne put s'en tirer autrement qu'en fulminant un mandement énergique contre son propre missel.! 1 défendit la lecture de ia Lettre apologétique que Ledieu avait publiée pour expliquer sa conduite,et ce dernier fut désavoué par le Chapitre, dans une délibération imprimée (i) . Mais il ne vint dans l'esprit dc personne, ni a Meaux, ni ailleurs, que l'arbitraire ct l'absence de toute correction supérieure exposaient la Liturgie, et par clic la foi dc l'Église, à tous les hasards, et que la résene apostolique qui régnait dans tout le reste de la chrétienté pour les textes liturgiques, était la seule sauvegarde de l'orthodoxie, et unc protection efficace pour l'honneur de Tépis-

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ADDITION 751

copat. Les livres liturgiques composés par de simples particuliers et acceptés par les évêques se multiplièrent plus que jamais, et vingt-sept ans après, on voyait un archevêque de Paris, après avoir publié aussi un bréviaire par lettre pastorale, imposer de nombreux cartons à un texte déjà répandu dans son diocèse, sous sa garantie ; ce qui montre d'abord qu'il l'avait publié sans l'avoir l u . Encore une fois, Rome, avec toutes les prétendues entraves de la Congrégation des Rites, est de beaucoup préférable à cette liberté dont nous avons été si fiers.

Le mauvais succès du Missel de Meaux qu'il avait fallu amender, pour le rendre orthodoxe, n'arrêta pas la manie des innovations liturgiques dans ce diocèse.On eut encore le courage de songer à un nouveau bréviaire, et d'ailleurs il devenait nécessaire d'en fabriquer un, du moment que le missel, moyennant les corrections, se trouvait maintenu. Toutefois, l'abbé Ledieu avait perdu la confiance de l'évêque, et ce ne fut pas lui, mais l'abbé Treuvé, théologal de l'Église de Meaux, auquel Henri de Bissy confia cette oeuvre importante. Nous trouvons cependant encore quelques traits curieux dans le journal de Ledieu sur cette affaire et nous allons les mettre sous les yeux du lecteur. Il y est question pour la première fois du bréviaire, au printemps de Tannée 1 7 1 0 .

a ( 1 7 1 0 ) Avril, mardi 2 9 . On dit que le P. Dpucin a bien triomphé de son succès contre le missel.Il sera encore plus grand contre le bréviaire ; certainement, il a augmenté Yaudace de quelques esprits emportés. »

Ces paroles nous apprennent que, du moins, dans la pensée de Ledieu, lc P. Doucin, jésuite, ami dc l'évêque de Meaux, devait être regardé comme l'auteur de. la rétractation qu'avait faite ce prélat, au sujet de son missel, et qu'il surveillait aussi la rédaction du futur bréviaire. On comprend également que les esprits emportés sont ici les catholiques qui s'inquiétaient des progrès que faisait

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7 5 2 ADDITION

INSTITUTIONS l'innovation, et du triomphe prochain des jansénistes par LITURGIQUES ,

— la Liturgie. « Ce jeudi, i e r mai. Le P. Doucin ayant vu le plan du

nouveau bréviaire que M. de Meaux lui a fait donner, il s'est récrié à rencontre, disant que les chanoines seraient bien obligés de dire les dix-huit psaumes des matines du dimanche, et les douze psaumes des matines des fériés ; que Ton porterait au roi et jusqu'à Rome les plaintes contre leur nouveauté de ne mettre que neuf psaumes à toutes les matines, quelles qu'elles soient, et encore contre leur dessein de diviser tous les grands psaumes. On lui a fait voir ce dessein exécuté dans le bréviaire de Narbonnc qui est de M. de la Berchère, ami de la Société ct de sa doctrine; sans parler des autres nouveaux bréviaires d'Orléans, Sens et Lizieux, qui ont suivi le même plan. II en est encore plus irrité, traitant tout cela de nouveautés, et* menaçant dc s'y opposer de toute sa force.Sur ce pied, ses espions Deipy ct deMouhy {Chanoines de Meaux) nous promettent un bréviaire tout différent du plan qu'on en avait pris, et qui, disent-ils, obligera défaire imprimer aussitôt après un nouveau missel, au plus tard dans deux ans ; c'est le terme qu'ils donnent au nouveau missel qu'ils se flattent de supprimer. »

Le moyen le plus efficace d'arrêter l'innovation liturgique, au xvni u siècle, eut été, en eli'ct,dc tenir ferme pour le maintien de la dhision romaine du psautier. Sans doute l'esprit de secte avait fait naître un certain nombre de compositeurs liturgistes dans les rangs du parti janséniste ; mais ils ne pouvaient espérer de faire goûter leurs utopies à la masse du Clergé, qu'en offrant l'attrait d'un bréviaire plus court. Or, cctte abréviation de la prière ecclésiastique ne pouvait avoir lieu qu'au moyen d'une nouvelle division du psautier, destinée à remplacer celle dunt l'Lglise usait depuis les premiers siècles.C'est encore ici un des points sur lesquels le benb traditionnel de Bos-

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ADDITION 753

suet eût tout sauvé. On a vu ci-dessus combien il tenait à 1 PARTIE

ADDITION

maintenir pour chaque jour de la semaine, aux petites

Heures , le psaume CXVII I . Il n'en fallait pas davantage

pour arrêter les systèmes modernes sur l 'arrangement du

psautier. C'est précisément parce qu'on avait besoin de

soixante-douze nouveaux psaumes aux-féries, pour les pe

tites Heures , du moment qu'on affectait au seul dimanche

le psaume CXVII I , qu'il devenait nécessaire de ruiner

de fond en comble l'ancienne division. Bossuet, selon le

propre récit de Ledieu, voulait expressément maintenir le

psaume CXVIII pour chaque jour de la semaine; par cela

seul, il arrêtait l'innovation dans sa source. Mais Bossuet

venait de mourir , et l'oubli des vraies traditions, à une

époque où l'on ne parlait que de ramener toutes choses à

l 'antiquité, ne permit pas de comprendre la gravité du pas

qu'on allait franchir. Tou t se tient dans les choses de la

religion, et les changements qui ne sont pas exécutés par

la puissance supérieure courent risque bien souvent d'en

fanter l'anarchie. Dès qu'on eut laissé voir aux novateurs

que la diminution de l'office divin pouvait séduire ceux

mêmes qui ne partageaient pas leurs principes , ils se

sentirent forts ; et une fois maîtres des livres liturgi

ques, ils en firent, comme ils s'en sont vantés, un des

principaux trophées de leur victoire.

Toutefois, les menées de l'abbé Ledieu n'eurent pas tout

le résultat qu'il s'en promettait , quant au Bréviaire de

Meaux ; le Psautier romain fut au moment d'être main

tenu ; plus tard, il est vrai, on finit par l'altérer ; mais du

moins, les hésitations de l'évêque assurèrent la conserva

tion d'un grand nombre de détails de l'antique et romaine

Liturgie. Parmi les bréviaires que cite Ledieu, et qui

déjà avaient abandonné l'ancienne forme du psautier, c'est

à tort qu'il compte le Bréviaire d'Orléans, puisque le

cardinal dc Coislin avait, du moins sur cet article, main

tenu la tradition. i'- u 4 *

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^54 ADDITION

Quant au projet de rédiger le Bréviaire de Meaux dans une forme qui rendît inutile le missel que Ton venait de publier, il n'eut pas de suite. Henri de Bissy ayant voulu conserver le calendrier dc ce missel, la marche du bréviaire se trouvait fixée pour lc Propre des Saints, qui est une partie si importante dans un livre liturgique.

Reprenons le journal de l'abbé Ledieu. « 1 0 Juin. M. de Meaux a dit à M. de Saint-André, sur

le dessein du bréviaire, que l'on s'attirait de nouvelles plaintes, que l'on avait pensé les porter au clergé de France, contre tous les nouveaux bréviaires qui ont fait de nouvelles divisions des psaumes et du psautier. C'est l'clFct d'une lâche complaisance pour les jésuites, qui ne peuvent souffrir qu'on fasse de nouveaux bréviaires sans eux, voulant mettre leur nez partout, et tout gouverner à leur fantaisie. C'est donc un faux zèle qui les fait parler, ct dont ils couvrent l'envie qu'ils ont dc régenter les évêques mêmes et les Églises. Au reste, M. dc Meaux n'a rien dit aux commissaires du bréviaire, ni parlé de leur rendre leur plan. Ainsi, voilà ce travail tombé. Et aussi faut-il bien attendre la nomination à l'archevêché de Reims et aux grands bénéfices vacants, ct ne sc point donner d'exclusion. »

Il y avait donc encore en ce moment, dans nos églises, un mouvement de réaction, si faible qu'il fût, cn faveur des traditions liturgiques, ct l'on doit vivement regretter que la cause n'ait pas été portée devant l'Assemblée du clergé, comme on vient dc voir qu'il cn fut question. Le nombre des diocèses qui avaient accepté l'innovation était encore très peu considérable ; dans plusieurs églises, comme à Paris, à Reims, à La Rochelle, les nouveaux livres contenaient encore la plus grande partie dc la Liturgie romaine ; on pouvait donc encore remonter le coupant. Vingt ans après il eût été trop tard, et telle modification contre laquelle sc révoltait lc sentiment catholique

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A D D I T I O N 7 5 5

en 1 7 1 0 , allait être bientôt regardée comme parfaitement licite, et même comme méritoire, après 1 7 3 0 .

Il est curieux de voir comment les jésuites qui rendent à l'évêque de Meaux le service de le retenir sur une pente contre laquelle il n'était pas assez en garde, sont accusés ici de vouloir régenter les évêques et les églises. Les jésuites parlent au nom de l'antiquité, de l'unité, de l'autorité ; il né s'agit pas de leur œuvre, puisque enfin ils n'existaient pas encore au iv e siècle, époque à laquelle les anciens liturgistes reportent la division romaine du psautier ; n'importe : c'est un faux $le qui les fait parler. Si Henri de Bissy voulait bien encore se faire régenter par Ledieu, tout serait le mieux du monde ; mais l'excellent évêque se rappelle les palinodies auxquelles sa déférence pour Ledieu l'a engagé. Il préfère écouter ccux qui cherchent à le prévenir contre les nouveautés, et à le garantir des influences qui déjà ont jeté l'amertume sur son epis-copat. On vient de voir aussi qu'après avoir exhalé sa bile contre les jésuites, Ledieu témoigne son mépris pour l'évêque de Meaux. Décidément, parce que le prélat ne veut pas qu'on touche à la division séculaire du psautier, cela veut dire qu'il convoite l'archevêché de Reims. Rien n'est curieux comme ce dépit d'un fabricateur dc Liturgie mis à la réforme. Et nunc, intclligite.

« Mercredi, 1 6 septembre. M. de Meaux a fait venir à Germigny MM. Morin, chantre, Fouquet, chanoine, et Treuvé, théologal, députés du bréviaire pour leur rendre le plan, ct leur donner un nouvel avis de Paris. Cet avis est contenu en un grand mémoire, où le plan des commissaires est réfuté, et sc termine à dire que la division des psaumes, telle qu'elle est dans lc bréviaire romain, étant reçue par toute l'Église, doit être aussi suivie dans nos bréviaires de Meaux, comme dans l'ancien ; de même que la division et lecture de la sainte Écriture, telle qu'elle s'y fait ; et enfin les antiennes propres, comme de saint Lau-

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756 ADDITION

INSTITUTIONS r ent , de saint Martin et semblables, qui sont tirées ou des LITURGIQUES 1 . .

— Actes de Martyrs, ou des Vies des Saints ; que lui-même s'en tient à ce dernier avis pour deux raisons: i° parce qu'il ne croit point avoir cette autorité, qui n'appartient, dit-il, qu'au concile de la province ; 2° parce que ce sera plus tôt fait, n'y ayant qu'à suivre lc bréviaire d'aujourd'hui, en s'attachant néanmoins au calendrier du nouveau missel. »

« Lundi* 20 octobre. Tout le temps de la conférence a principalement roulé sur le plan du nouveau bréviaire, ct sur le dessein dc faire une nouvelle division du psautier ct des longs psaumes, pour donner facilité, toutes les matines étant égales, de renvoyer toujours aux psaumes de la férié, et par ce moyen dire le psautier sans faute dans chaque semaine. A quoi ce prélat n'a pu consentir, et a permis seulement que Ton lui donnât par écrit [es raisons dc cctte nouvelle distribution ; et le bureau travaille à ce mémoire. »

u Ce mardi, 9 décembre, sur le soir, l'assemblée des commissaires du bréviaire s'est réunie à Tévcché. M. le théologal y a lu sa réponse au mémoire de Paris; essayant de persuader le prélat de la bonne disposition du plan du nouveau bréviaire, conforme à tous ceux qui se sont imprimés depuis vingt ans, et qui s'impriment actuellement. Mais le prélat n'en a point été persuadé ; et il a demandé un peu plus de temps pour se déterminer, promettant de le faire incessamment. On croit qu'il écrit pour cela à son conseil de Paris ; comme si, en cette matière, il avait d'autre conseil que son Chapitre, suivant tous les conciles. »

« (171-r). Le lundi, 5 janvier. Lcs commissaires du bréviaire sont demeurés d'accord de s'assembler deux (bis par semaine, pour travailler au bréviaire nouveau sur le plan ci-devant proposé, et de l'agrément de M. l'évcquc de Meaux, mais qui -n'en a rien signé ; il s'est contenté de

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ADDITION" 7 5 7

le dire verbalement à M. le théologal et non aux autres. Ce » PARTIE - 0 ADDITION*

dessein de travailler sans discontinuer, pris au commencement de ce mois de janvier 1 7 1 1 , nous en verrons le progrès : ils doivent aller vite, car ils se proposent de garder bien des choses de l'ancien bréviaire, comme répons, etc. »

Durant cet intervalle, l'abbé Ledieu s'impatientait de ne rien faire ; son exclusion de l'œuvre du bréviaire lui était dure, et il cherchait à intervenir, au moins par voie indirecte ; ce fut en vain.

« Octobre. Ayant appris dès le mois de septembre que le travail du bréviaire était prêt pour l'impression, j'ai fait un mémoire touchant la lecture de l'Écriture sainte dans l'Église, pour faire voir l'importance de la lire tout entière dans un an, suivant la tradition constante, et surtout pour démontrer qu'il n'est pas permis de la tronquer et mutiler, ni d'y faire des retranchements ou coupures. Cet écrit s'est trouvé prêt dès le mois de septembre que M. Tévèque de Meaux devait revenir à Meaux. M. de Saint-André Ta vu et l'a fait voir aux commissaires du bréviaire ; ils n'en ont tenu aucun compte, et ont dit qu'ils suivaient dans leurs retranchements les exemples de Cluny et de Sens ; et ils n'ont pas porte plus loin le mémoire qui me fut aussitôt rendu.

<c J'ai cru devoir en parler à M. Gaudar, nouveau théologal, et même lui donner mon écrit à lire. Il est dans toutes mes raisons, trouvant l'écrit très bon, et il a même voulu le communiquer à M. Chevallier, archidiacre et grand vicaire, qui, de son côté, touché de ce mémoire, s'est chargé de savoir des commissaires mêmes en quoi consistent leurs retranchements et jusqu'où ils les portent. Quelques-uns d'eux en ont depuis parlé à M. Gaudar, théologal, pour en avoir son avis, se plaignant à lui, que tout passait aux désirs de M. Treuvé, sans un plus grand examen. Ainsi ce mémoire a fait en dernier lieu un peu

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758 ADDITION

INSTITUTIONS p i u s d'impression, et peut-être y puisera-t-on encore da-L I T U R G I Q U E S r r , M ^ j -

—• ' vantage : c est ce qu il faudra suivre. » L'année suivante, le bréviaire fut terminé.Voici en quels

termes Ledieu rend compte de ses impressions : « ( 1 7 fa). Octobre. Il y a un mandement imprimé de

M. l'évêque de Meaux, du <ï novembre 1 7 1 2 , envoyé à tous les curés, pour leur ordonner dc sc servir du nouveau bréviaire de Meaux, lc i o r dimanche de l'Avent, 27 novembre 1 7 1 2 , ou au plus tard le r c r janvier 1 7 1 3 ; tout autre bréviaire demeurant interdit. Ce mandement est fort succinct. »

« C'est tout ce que j'ai vu du Bréviaire dc Meaux; nous l'examinerons ci l'éplucherons à loisir. Comme on l'a fait ct imprime fort vite, sans cn rien voir au net, il est difficile qu'il ne sc soit pas glissé bien des fautes dans un ouvrage si précipité. »

« ( 1 7 1 3 ) . Janvier. Le bréviaire du sieur Treuvé, autrement dit lc nouveau Bréviaire dc Meaux, devient ici commun, et plusieurs s'en pourvoient. Je n'en ai point encore ii moi, ct néanmoins je l'ai lu ct parcouru tout entier. La disposition cn paraît bonne, utile et édifiante : surtout la division des psaumes, qui est à peu près celle de Sens. Mais, dans l'exécution, il y a des défauts et des négligences insupportables, même aux choses importantes, et dans les saints du diocèse que Ton s'était proposé de faire connaître, dont néanmoins on a ignoré des faits notoires, comme le lieu où reposent leurs reliques, ce qui appartient toutefois au bréviaire et à l'histoire ecclésiastique du diocèse. Il n'y a point du tout dc latinité, ni dans I'épître préliminaire, ni dans les légendes dc la façon du sieur Treuvé. On remarque même cn d'autres légendes d'une bonne latinité les additions qu'il y a faites, par lc latin détestable qu'il y a fourre. Pour les fautes que l'on nomme errata* elles sont innombrables ct indignes de gens de lettres : au grand mépris tics lecteurs de l'office divin et dc Dieu

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ADDITION

même, puisqu'il s'agit ici précisément de son culte, et que ^ " ô *

c'est le cas de d i re : maledictusquifacit opus Dei fran-dulenter, i. e. négligent er. Au reste, ce M. Treuvé au

teur , avait un marché fait, et il a reçu une récompense

d'onze cents livres pour ce travail. Suivant la pratique des

mercenaires, il devait rendre son ouvrage accompli, sinon

perdre de son prix fait, à proportion de ses fautes. C'est

une perte irréparable, qu 'une Eglise, qu'un diocèse et

tout un clergé soient si mal servis, en un temps où il était

si aisé de faire un ouvrage parfait: car, à cause de la dé

pense, Ton n'y saurait revenir de près de cent ans : et

alors on aura perdu ce goût. »

« Comme l'on commence à se servir du nouveau bré

viaire en particulier, et que plusieurs s'en sont pourvus,

ou par la curiosité de le lire, chacun y remarquant ce

nombre étonnant de fautes qui sautent aux yeux, on ne

peut se tenir d'en parler, et de s'en plaindre comme d'un

scandale public dans l'office divin. Le bruit en est revenu

aux oreilles du principal auteur et des commissaires, qui

sont bien honteux de voir leurs âneries connues, et qui ne

craignent rien tant que de les entendre relever. Ils vou

draient bien qu'elles demeurassent dans l'oubli, et ils ne

peuvent se résoudre à faire un errata général et exact,

pour avertir du moins les plus ignorants des corrections

nécessaires. Ainsi, c'est un mauvais ouvrage abandonné :

et, pour le sieur Treuvé , il dit qu'il ne veut pas en en

tendre parler, et qu'on l'a tellement pressé, qu'il n'a pu y

donner plus de soins. Il parle toujours comme un merce

naire, qui n'aurait plus rien à gagner, quelque peine qu'il

prît pour la correction de ses fautes. »

Nous arrêterons ici nos extraits du journal de Ledieu sur

la nouvelle Liturgie de Meaux ; lc reste n'a plus rapport

qu'aux contestations qui eurent lieu entre l'évêque ct le

libraire, pour lc privilège. Il va sans dire que Ledieu ne

ménage pas Henri de Bissy ; au reste, on est accoutumé à

Page 366: Institutions liturgiques (tome_2)__2

j6o ADDITION

INSTITUTIONS s o n ton qui seulement devient plus aigre, à partir du mo-LITURGIQUES V ^ . ° .

ment ou Fauteur du missel a perdu 1 espoir de rédiger par

lui-même le bréviaire.

On a dû remarquer, dans l'article qui précède, l'aveu que

laisse échapper, avec un certain dépit, l'abbé Ledieu,

quand il prévoit que, dans un sicclc, le goût des nouveau

tés liturgiques pourrait bien être passé. Cette fièvre, cn

effet, ne devait pas sc prolonger au delà d'une certaine

durée. Lc jansénisme qui l'avait occasionnée a fait son

t e m p s ; la prétention gallicane à avoir des livres litur

giques rédiges dans le goût français, prétention qui, grâce

à l'esprit mobile ct entreprenant dc notre nation, n'a pu

cependant produire un bréviaire et un missel à l'usage dc

toutes les Eglises de France; cette prétention, disons-nous,

s'est calmée de nos jours. Nous avons vu composer quatre

bréviaires,et déjà,deux de ces bréviaires, ccux dc Quimper

ct dc Nîmes, sont remplacés par le romain, avant même

que la première édition ait eu le temps de s'épuiser. Celui

de Meaux dont nous venons de raconter l'histoire a été, il

y a vingt ans, remplacé par un autre qui, assurément, ne

durera pas autant que celui qui l'a précédé.

Lc sens catholique, chez nous, comprend assez généra

lement aujourd'hui que, du moment où l'Eglise a publié

un bréviaire et un missel, ce sont ceux-là qu'il faut adop

ter, ct qu'il y a un inconvénient réel à morceler par dio

cèses, dansunc des grandes provinces de l'Église, l'élément

de la prière publique dont se contentent les autres régions

de la catholicité. L'abbé Ledieu vaincu par l'abbé Treuvé

et se promettant cn revanche dc Yépluchevix propos de son

bréviaire ; un évêque dupé avec scandale, pour avoir pu

blié un missel rempli de nouveautés dont il ne soupçonne

pas l'importance ;' ce sont choscs que nous ne reverrons

plus. Nous avons raconté ailleurs comment ct dans quelles

circonstances de pareils abus devinrent possibles. La ten

dance de nos jours est tout entière à l'unité ct à laconfor-

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ADDITION 7 6 1

FTN DU SECOND VOLUME.

mité avec Rome ; la valeur de la Liturgie, comme confes- 1 PAR^E

7 . ADDITION

sion de foi séculaire, est de plus en plus appréciée; la

gravité des moindres changements dans ce qui la concerne

et les inconvénients de l 'arbitraire dans le service divin se

révèlent de plus en plus ; l 'étude sérieuse des textes de la

Liturgie romaine si peu compris aujourd'hui, parce qu'on

avait suspendu la lecture des Pères et de l'antiquité ecclé

siastique, achèvera d'éclairer ceux qui hésitent encore, et,

tôt ou tard, au lieu de se glorifier d'une Liturgie particu

lière qui ne représente que les idées d'un individu et

d 'une époque, on sentira mieux l'avantage d'être en com

munion avec tous les temps ct tous les lieux, au moyen

de ces formules sacrées que chaque siècle est venu enrichir

et compléter par l'expression simple et forte de sa foi et

de sa piété.

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T A B L E D U S E C O N D V O L U M E

PRÉFACE

CHAPITRE X V I I

D E LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIÉ D U X V I I E SIÈCLE.

C O M M E N C E M E N T D E LA DÉVIATION LITURGIQUE E N FRANCE.

— AFFAIRE D U PONTIFICAL ROMAIN. — TRADUCTION FRAN

ÇAISE D U MISSEL. — RITUEL D'ALET. — BRÉVIAIRE PARISIEN

D E HARLAY. — BRÉVIAIRE D E C L U N Y . — H Y M N E S D E S A N

TEUL. — CARACTÈRE D E S CHANTS NOUVEAUX. — T R A V A U X

D E S P A P E S SUR LES LIVRES ROMAINS. — A U T E U R S LITUR-

GISTES D E CETTE É P O Q U E

NOTES D U CHAPITRE XVII

A. Bref d'Alexandre Vil (12 janvier 1 6 6 1 ) , condamnant la t raduc

tion française du missel

B. Bref de Clément IX ( 1 9 avril IGGS), portant condamnation du

Rituel d'Alet

C . Lettre pastorale de François dc Harlay, archevêque dc Par i s ,

annonçant à son clergé le nouveau Bréviaire de Paris

D. Lettre pastorale du même , annonçant le nouveau Missel du

diocèse

CHAPITRE X V I I I

D E LA LITURGIE DURANT LA P R E M I È R E MOITIÉ D U X V I I I E SIÈCLE.

A U D A C E D E L'HÉRÉSIE JANSÉNISTE. S O N CARACTÈRE ANTILITUR

G I Q U E PRONONCÉ D E P L U S E N P L U S . — QUESNEL. — SILENCE

D U CANON D E LA M E S S E ATTAQUÉ. — MISSEL D E M E A U X . —

Page 370: Institutions liturgiques (tome_2)__2

7 6 4 TABLE DES MATIERES

G IA P I T R E X I X

S U I T E D E L'HISTOIRE D E LA L I T U R G I E , D U R A N T LA PREMIÈRE

MOITIÉ D U X V I H ' - SIÈCLE. — PROJETS D E BRÉVIAIRE À PRIORI.

— GRANCOLAS. F O I N A R D . — BRÉVIAIRES D E S E N S , A U X E R R E ,

R O U E N , ORLÉANS, L Y O N , ETC. — BRÉVIAIRE ET MISSEL D E

P A R I S , D U CARDINAL D E NOAILLES. — BRÉVIAIRE ET MISSEL

D E P A R I S , D E L'ARCHEVÊQUE VINTIMILLE. — A U T E U R S D E

CETTE LITURGIE. V I G I E R , M É S E N G U Y , COFFIN. — S Y S T È M E

SUIVI D A N S LES LIVRES D E VINTIMILLE. RÉCLAMATIONS D U

CLERGÉ. — VIOLENCES D U PARLEMENT D E P A R I S . — T R I O M

P H E D E LA LITURGIE D E VINTIMILLE

N O T K S I>R C M W M 1 IM XIX

A . Lettre pastorale de YintiinillL'. arche\ éque de Paris W décembre 17S. 1» 1, imprimée cn lelcdti nouveau Bréviaire . . . . .

B. Lettre pastorale du même sur le nou\eau Missel de Paris

( n mars 17JW)

C H A P I T R E X X

S U I T E D E L'HISTOIRE D E LA L I T U R G I E , DURANT LA PREMIÈRE

MOITIÉ D U X V I I R ' SIÈCLE. — RÉACTION CONTRE L'ESPRIT J A N

SÉNISTE D E S NOUVELLES LITURGIES. — BRÉVIAIRE D ' A M I E N S .

MISSEL D E T R O Y E S . — L A N G U E T . — S A DOCTRINE ORTHO

D O X E . — D O M C L A U D E D E V E R T . NATURALISME D A N S LES

C É R É M O N I E S . — L A N G U E T . — L I T U R G I E EN LANGUE VULGAIRE.

J U B É , CURÉ D ' A S N I È R E S

N « > T F . S D I ' C I I A P I T R K X Y W

A. Mémoire confidentiel de Fénelon adressé à Clément ÏX sur Tétat de la France cn 170.1 sous lu rapport du Jansénisme

B. C. T). F. Mandements de Languet archevêque de Sens, contre le nouveau Missel de Troyes fan. 17.V2)

F. Lettre de Charles de Saint-Albin, archevêque de Cambrai, par laquelle il adhère à la condamnation du Missel de Troyes, par l'archevêque dc Sens ,

O. II. Réponse de Languet à Pé\êquc de Troyes

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TABLE DES MATIERES

C H A P I T R E X X I

Suite de l'histoire de la Li turgie , durant la première

moitié d u XVIII 0 siècle. — Affaire de la Légende de

saint G-régoire VII

N O T E S D U C I I . W I T R K X X I

A. (Mu tic saint Aiphunc, archevêque de Salcrnu, sur saint (ïré-goirc VII

B. Bref de Benoît XIII portant condamnation du mandement de l'évéque d'Auxerrcqui défendait la récitation de l'office de saint Grégoire VII

C. Bref du même par lequel il casse cl annule les arrêts des parlements de Paris et de Bordeaux contre l'office de saint Grégoire VII

C H A P I T R K X X I I

Fin de l'histoire de la Liturgie durant la première moitié

d u XVIII 0 siècle. — Travaux des Souverains Pontifes

sur la Liturgie romaine. — Auteurs liturgistes de cette

époque

Non: IUÏ C u . U ' i T U K XXII

Règlements de l'École des Riijs sacrés, fondé-- à Rome par Benoît X I V

C H A P I T R K X X I I I

De la Liturgie durant la seconde moitié d u X/VIU* siècle

Derniers efforts pour la destruction des usages romains

en France. — Hondet et ces travaux. — Bréviaire do

Robinet , — Bréviaire d u Mans. —Caractère général d e

l'innovation l i turgique sous le rapport de la poésie, d u

chant pt d e l'esthétique en général. — Jugements

contemporains sur cette grave révolution et ses pro

du i t s

Page 372: Institutions liturgiques (tome_2)__2

7 6 6 TABLE DES MATIERES

C H A P I T R E X X I V

D e l a L i t u r g i e a u X I X e s i èc l e . — E n F r a n c e , r é t a b l i s

s e m e n t d u c u l t e c a t h o l i q u e . P r o j e t d 'une L i t u r g i e

n a t i o n a l e . A c t e s d u L é g a t C a p r a r a . S a c r e d e N a p o l é o n .

P i e V I T d a n s l e s é g l i s e s d e P a r i s . S i t u a t i o n g é n é r a l e

d e l a L i t u r g i e s o u s l ' E m p i r e . — C a r a c t è r e d e s œ u v r e s

l i t u r g i q u e s s o u s l a R e s t a u r a t i o n e t d e p u i s . D e s t r u c

t ion p r e s q u e t o t a l e d e la L i t u r g i e r o m a i n e . M o u v e

m e n t i n v e r s e e t f a v o r a b l e a u x u s a g e s r o m a i n s . N o u

v e l l e m o d i f i c a t i o n d u P a r i s i e n e n 1 8 2 2 . Efforts d i v e r s

d a n s l e m ê m e s e n s . Diff icultés d e l a s i t u a t i o n , e t son

r e m è d e . — E n A l l e m a g n e , s c a n d a l e s d e s A n t i l i t u r

g i s t e s . O r d o n n a n c e d e l ' É v ê q u e d e R o t t e n b o u r g .

Affaire d e C o l o g n e . — E n A n g l e t e r r e , t e n d a n c e s f a v o

r a b l e s a u x f o r m e s c a t h o l i q u e s , e t a u B r é v i a i r e r o m a i n

e n p a r t i c u l i e r . — E n R u s s i e , in f luence d é s a s t r e u s e d e

P o i t i e r s . J a c o b . — B r é v i a i r e d e T o u l o u s e , k o m é n i e d e

B r i e n n e . — B r é v i a i r e d e L y o n . M o n t a z e t . R é v i s i o n d u

P a r i s i e n . S y m o n d e D o n c o u r t . — A s s e m b l é e d e s É v ê

q u e s d e l a P r o v i n c e d e T o u r s . — B r é v i a i r e d e C h a r

t r e s . S i e y è s . — Misse l d e S e n s . M o n t e a u . — D é s o r g a n i

s a t i o n d e l a L i t u r g i e d a n s p l u s i e u r s o r d r e s r e l i g i e u x en

F r a n c e . — S i t u a t i o n d e l ' É g l i s e d e F r a n c e , s o u s le

r a p p o r t l i t u r g i q u e , a u m o m e n t d e la p e r s é c u t i o n . —

E n t r e p r i s e s a n t i l i t u r g i s t e s d e J o s e p h II, e n A l l e m a

g n e e t e n B e l g i q u e ; d e L é o p o l d , e n T o s c a n e . —

R i c c i . S y n o d e d e P i s t o i e . — Consp ira t ion g é n é r a l e

d e l a s e c t e a n t i l i t u r g i s t e c o n t r e le c u l t e e t l ' u s a g e d e

l 'Euchar i s t i e . —• R é a c t i o n c a t h o l i q u e p a r l e c u l t e d u

S a c r é - C œ u r d e J é s u s . — T e n t a t i v e s a n t i l i t u r g i s t e s d e

la s e c t e c o n s t i t u t i o n n e l l e e n F r a n c e , a p r è s la p e r s é

c u t i o n . — T r a v a u x d e s P a p e s sur la L i t u r g i e r o m a i n e ,

d u r a n t la d e r n i è r e m o i t i é d u X V I I I 0 s i è c l e . B u l l e

Auctorem fidei. — A u t e u r s l i t u r g i s t e s d e c e t t e é p o q u e .

Page 373: Institutions liturgiques (tome_2)__2

TABLE DES MATIERES 7 6 7

APPENDICE

Critique des hymnes de Santcul par le P. Arevalo 701

ADDITION

Extraits du journal de l'abbé Lediou sur la nouvelle Liturgie du diocèse de Meaux 7rç»

KIN DE LA TABLE DU SECOND VOLUME.

Le Mans.— Typographie Edmond Mon noyer, "place* des Jacobins. 1 3

l a L i t u r g i e g r e c ç r u e . — A R o m e , t r a v a u x d e s P a p e s

s u r la L i t u r g i e r o m a i n e . — B i b l i o t h è q u e d e s a u t e u r s

l i t u r g i s t e s d u X I X e s i è c l e 883

NOTES DU CHAPITRE X X I V

A- Instruction du cardinal Caprara sur la manière de célébrer la Fonction du i5 août (21 mai 1806) 6«J4

B. Lettre pastorale de MB* Parisis, évêque de Langres, sur le rétablissement de la Liturgie romaine dans son diocèse (texte latin). 09')

C. Légende de Thomas Kent, évêque anglican de Bath, mort en 1 7 1 0 , rédigée par un protestant...!.