investir dans la paix, pas dans la guerre

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9 MILLIARDS D’EUROS INVESTIR DANS LA PAIX pas dans la guerrre

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Brochure Comac, mouvement de jeunes du PTB campagne contre l'achat des avions de chasse

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9 milliARDS

D’euRoS

investirdans la paixpas dans la guerrre

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table des matIères La poLitique de défense du gouvernement beLge ................................................................................... 4Le choix pour une politique d’intervention dans le cadre de l’OTAN .................................................................................4OTAN ou ONU: une alliance offensive ou une stratégie de paix multilatérale ? ................................................................5L’OTAN comme alliance impérialiste ................................................................................................................................... 7

faire La guerre au nom de La paix ? L’exempLe du moyen-orient .......................................................... 8Les enjeux géostratégiques au Moyen-Orient ...................................................................................................................8Les conséquences désastreuses de 25 ans d’interventions au Moyen-Orient .................................................................9L’Arabie saoudite et Israël, réalités et symboles de l’hypocrisie des gouvernements occidentaux ............................... 12Daesh et la crise des réfugié.e.s, le miroir à retardement de leurs guerres ....................................................................13

L’achat d’avions de chasse et La poursuite de La poLitique guerrière ..............................................14La capacité nucléaire, reflet d’une politique agressive, dangereuse et illégale ............................................................. 16

Les avions de chasse : un choix antisociaL, antiécoLogique et antidémocratique .......................18Un choix antidémocratique ................................................................................................................................................18Décalage complet entre la population et les dirigeant.e.s politiques traditionnels ........................................................ 19Un choix antisocial et antiécologique ............................................................................................................................... 19Le faux argument des retombées économiques et de la création d’emploi ...................................................................20

pour une poLitique de paix : investir dans La dipLomatie, pas dans des avions de guerre ........... 22Ne pas bombarder, ne veut pas dire ne rien faire. L’exemple du Moyen-Orient .............................................................23#pasdavionsdechasse : commencer par refuser leur politique militariste ......................................................................25

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Quelle est cette vision ? Pourquoi un tel choix ? Quels intérêts cache-t-il ? Pourquoi est-il contre-productif par rapport aux enjeux auxquels nous sommes confronté.e.s aujourd’hui au niveau international ? Et enfin, quels sont les arguments que nous pouvons y opposer ? Telles sont les questions auxquelles nous voulons répondre dans cette brochure afin d’ouvrir le débat.

Le gouvernement belge a annoncé récemment vouloir investir 9,2 milliards d’euros dans la Défense, principalement dans l’achat de nouveaux avions de chasse. Un choix fort et controversé qui révèle une certaine vision des enjeux internationaux et du rôle de la Belgique.

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le choIx pour une polItIque d’InterventIon dans le cadre de l’otan

Dans la vision du ministre de la défense Steven Vande-put (N-VA), la tâche principale de l’armée continuera à être sa participation aux missions à l’étranger. Pour cela, la politique étrangère et de défense de la Belgique est principalement construite autour de son engagement dans l’alliance de l’OTAN, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (voir ci-dessous). Dans l’accord de gou-vernement, la majorité fédérale exprime ainsi sa volonté « d’une alliance forte de l’OTAN » et l’engagement que « la Belgique restera un partenaire solidaire et crédible au sein de l’OTAN, et plaidera pour que l’OTAN conti-nue de relever des nouveaux défis ». Ce qui contraste avec les déclarations à l’égard des Nations Unies (ONU) pour lesquelles on comprend que l’engagement de la Belgique restera limité « aux seules opérations pour les-quelles l’ONU est confrontée à des carences »1. Cela se traduit également dans la fréquence des références à ces organisations dans le texte de l’accord de gouver-nement : dans la partie qui traite de la Défense et des re-lations internationales, on trouve à peine 9 mentions de l’ONU pour 20 mentions de l’OTAN, soit plus du double.

la polItIque de défense du gouvernement belge

Steven Vandeput, Ministre belge de la Défense source : www.vandeput.belgium.be

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litaires extérieures et l’arbitraire des grandes puissances qui avaient mené le monde au bord du gouffre avec la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui 193 pays ont si-gné la Charte et sont membres de l’ONU.

L’OTAN, UNe ALLIANce MILITAIre OffeNsIve Des gOUverNeMeNTs OccIDeNTAUx

«  L’objectif fondamental de l’OTAN est la sauvegarde de la liberté et de la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires »  : voilà par contre les premières lignes du traité de l’OTAN qui d’emblée annonce la couleur concernant « l’objectif militaire » de l’alliance. L’OTAN a été créée en 1949, en parallèle du système des Nations Unies, par le Canada, les USA et plusieurs États européens dont la Belgique. L’alliance compte aujourd’hui 28 membres. Son objectif est tout autre et en contradiction avec celui des Nations Unies.

Le premier objectif officiel «  au nom de la paix  » était de combattre le communisme et l’URSS, de plus en plus influents en Europe de l’Est. Le reste de l’agenda de l’OTAN (plus officieux, mais toujours sous couvert de « maintenir la paix, la liberté et la démocratie ») était de maintenir les zones d’influence et de protéger les intérêts des ses pays membres en limitant notamment l’indépendance des pays émergents qui décidaient de contester le contrôle de leurs ressources et de leurs

otan ou onu : une allIance offensIve ou une stratégIe de paIx multIlatérale ? Nombreuses sont les personnes qui, aujourd’hui, ne connaissent pas bien la différence entre l’ONU et l’OTAN. Il s’agit pourtant d’une différence fondamentale.

Les NATIONs UNIes, UNe INITIATIve MULTILATérALe De pAIx

« Nous, peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances, à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’éga-lité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites (...), avons décidé d’associer nos efforts pour réaliser ces desseins » : telles sont les premières lignes du document de trente pages qui a ac-compagné la création des Nations Unies le 26 juin 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, par 51 pays fon-dateurs.

À partir du constat de la faillite du système de la Société des Nations (organisation internationale introduite par le traité de Versaille en 1919 afin de préserver la paix en Eu-rope suite à la Première Guerre mondiale) et de sa ges-tion par les grands empires coloniaux, et dans le cadre du nouvel équilibre des forces avec le monde socialiste, l’ONU se définit sur base de la non-violence, la non-in-gérence, la sécurité collective et la promotion des droits démocratiques et sociaux. En 111 articles, la Charte des Nations Unies garantit entre autres la solution pacifique des conflits internationaux selon le droit international et la souveraineté des nations, contre les interventions mi-

page facebook des Nations-Unies

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économies par leurs anciens colonisateurs et par les USA. Le troisième rôle de l’OTAN était de garantir la sécurité des États occidentaux contre «  l’ennemi inté-rieur », à commencer par les mouvements sociaux et les organisations communistes.

Malgré que l’URSS n’existe plus depuis 1991, l’OTAN a continué à se développer. Loin de se limiter à la défense stricte de ses frontières, les pays membres de l’OTAN ont soutenu des dizaines d’invasions et d’agressions d’États souverains depuis les années 1950 (de la guerre de Corée à la guerre en Libye). Au nom de la défense de ses intérêts stratégiques, l’OTAN est donc utilisée comme alliance offensive qui permet de jouer au « gen-darme du monde », pratiquant une politique d’interven-tions militaires justifiées par la défense de ses États membres. Cela se fait le plus souvent en contradiction avec les principes du droit international et de la charte des Nations Unies.

page facebook de l’OTAN

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mais, si l’oppression directe et militaire des états impérialistes à tra-vers la colonisation n’existe quasi-plus2, leurs grandes entreprises ont plus que jamais besoin de matières premières, de parts de mar-chés et de débouchés dans ces pays en développement. et elles font toujours appel à leurs états pour les défendre, à travers les immenses possessions économiques des pays impérialistes dans le tiers monde, via la corruption directe ou indirecte des dirigeant.e.s politiques locaux.ales ou via des pressions diplomatiques, écono-miques ou militaires. c’est ce qu’on a appelé le néocolonialisme. ainsi, les interventions impérialistes visent à garder/prendre/renfor-cer le contrôle politique et économique dans une région du monde.

ce qu’est l’impérialisme en action a été admirablement cerné par le célèbre journaliste conservateur américain thomas friedman : « la main invisible du marché ne fonctionnera jamais sans un poing caché. mcdonald ne peut prospérer sans mcdonnell douglas, le concepteur du f-15 . et le poing caché qui garde le monde sûr pour l’épanouissement des technologies de la silicon valley est appelé l’armée de terre américaine, l’ armée de l’air, la marine et le corps des marines »3

l’otan, en tant qu’alliance politique et militaire des principaux états occidentaux et dont le but est de maintenir les zones d’influence et de protéger les intérêts de ses membres, est l’alliance impérialiste la

plus puissante et la plus agressive.

le choix de notre gouvernement de s’inscrire toujours plus dans le cadre l’otan n’est donc pas un choix anodin. Il suffit de prendre un exemple actuel, celui du moyen-orient.

L’OTAN cOMMe ALLIANce IMpérIALIsTe

l’impérialisme est un stade de développement économique parti-culier dans l’histoire des pays capitalistes. Il est caractérisé par un certain degré de développement où de grandes entreprises indus-trielles et bancaires se développent tellement qu’elles absorbent la (quasi)totalité de leurs concurrents et deviennent des monopoles qui se partagent l’énorme majorité d’un marché à quelques-uns. les capitalismes industriel et bancaire fusionnent dans ce qu’on appelle « le capitalisme financier ». nous connaissons aujourd’hui ces monopoles dans de nombreux secteurs économiques : les géants pétroliers et de l’énergie, les géants de l’armement ou de la construction, les mcdonalds et monsanto, les grandes marques de voitures, etc.

À la fin du 19e siècle, les frontières nationales sont devenues trop étroites pour ces monopoles et ils ont commencé à exploiter et investir dans les pays qui n’étaient pas encore industrialisés, où le marché était à prendre, afin d’augmenter leur marges bénéficiaires avec ces nouveaux débouchés. pour s’imposer dans la région, souvent aux dépends de populations locales qui ne voulaient pas se plier à leurs volontés, ces monopoles se sont appuyés sur les capacités militaires de leurs états.

ainsi, au cours du 20e siècle, les grandes puissances impérialistes se sont réparti les différentes parties du globe en zones d’influences où leurs monopoles exploitaient les matières premières, produisaient des marchandises et les écoulaient. c’est la lutte entre ces grandes puissances pour ces zones d’influences qui a conduit aux deux guerres mondiales. grâce aux luttes de libération des peuples des pays colonisés après la seconde guerre mondiale, les puissances impérialistes ont dû accorder une certaine indépendance à leurs anciennes colonies. une indépendance reconnue notamment dans la charte des nations unies.

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sont en effet localisées près de la moitié des ressources pétro-lières mondiales et plus de 40 % des réserves de gaz.

Ce n’est donc pas un hasard si, en  2004, les États-Unis pu-blient un plan pour un «  nou-veau Moyen-Orient ». Plan dont l’objectif est d’étendre leur contrôle sur la région au travers de réformes politiques et économiques et de préserver ainsi leur leadership sur l’Europe et les pays émergents. Les États-Unis espèrent, en cas de conflit ouvert, pouvoir couper l’approvision-nement en pétrole et en gaz de la Chine et de l’Inde. Or, le principal obstacle à une domination totale sur le Moyen-Orient est la relative indépendance politique et économique de certains pays, dont l’Irak et la Syrie. Wesley Clark, ancien haut général américain et com-mandant de l’OTAN, raconte comment en 2001 déjà il était tombé sur une note secrète des autorités améri-caines qui citait les pays concernés : « La note décrit la manière dont nous anéantirons ces sept États en cinq ans, à commencer par l’Irak, ce sera ensuite au tour de la Syrie, du Liban, de la Libye, de la Somalie, du Soudan et pour finir l’Iran. »2 Avec les problèmes rencontrés lors de l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan, les États-Unis ont pris un peu de retard. Les révoltes arabes et la crise économique empêchent également les États-Unis de tout contrôler comme ils le voudraient. Néanmoins, entre-temps le Soudan a été scindé en deux, l’Irak et la Libye ont été ravagé.e.s par les bombes, et un embargo économique dévastateur a pesé des années sur l’Iran.

Aucune autre région du monde que le Moyen-Orient et ses environs n’illustre mieux actuellement la politique menée par les États membres de l’OTAN et les enjeux qu’il y a derrière.

les enjeux géostratégIques au moyen-orIentÀ la fin de la Guerre froide, la  Defense Planning Gui-dance  américaine formule l’objectif stratégique des États-Unis en ces termes : « Empêcher l’apparition d’un nouveau rival, qui représenterait une menace de même envergure que celle de l’Union soviétique autrefois »1. Le document a servi de fil conducteur à l’élaboration de la politique étrangère de l’ex-président américain George W. Bush. Son successeur, Barack Obama, n’y a apporté aucune modification fondamentale. Selon lui, les États-Unis doivent être « primus inter pares », premiers parmi les pairs.

Grâce à leur croissance économique, l’Inde et la Chine pourraient jouer un rôle central sur le plan international. Même si ces deux pays sont loin d’égaler la puissance militaire américaine, leur indépendance politique et éco-nomique pourrait représenter à terme un risque pour la position américaine sur la scène internationale. La Chine est en effet devenue en quelques décennies la seconde économie du monde, et représente 20% de la population mondiale. Mais ces pays ont toutefois un point faible : ils ont besoin d’énormes quantités de pétrole et de gaz, provenant généralement du Moyen-Orient. C’est là que

faIre la guerre au nom de la paIx ? l’exemple du moyen-orIent

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niques entraient illégalement en Irak, au mépris des résolutions de l’ONU, au nom de la guerre contre le ter-rorisme et la traque de prétendues armes de destruc-tion massive. Des armes que l’État irakien aurait fourni, d’après Washington, à l’organisation terroriste respon-sable des attentats du 11 septembre 2001  : Al Qaïda. Malgré l’expertise de dizaines d’observateur.trice.s sur plusieurs années, les États-Unis n’ont jamais pu fournir la moindre preuve d’existence d’armes de destruction massive en Irak. On sait aujourd’hui qu’il s’agissait d’un faux sur toute la ligne.

Mais c’est trop tard. En Irak, la perte de structure so-ciale a engendré la suppression complète des droits des femmes dans les faits et dans la loi. 2,75 millions de gens ont fui le pays et 2,5 millions d’autres sont des réfugié.e.s internes, étranger.ère.s dans leur patrie. De grandes parties du pays sont devenues écologiquement invivables. Des régions entières sont contaminées par l’uranium appauvri et par d’autres pollutions militaires. Le bas niveau de l’eau des lacs et rivières a provoqué des catastrophes parce que l’absence d’égouts et de système de purification a rendu l’eau impropre à la

les conséquences désastreuses de 25 ans d’InterventIons au moyen-orIent En Janvier 1991, une coalition internationale de 29 États (dont la Belgique) attaque l’Irak suite au conflit de Sad-dam Hussein avec le Koweit. Les États-Unis y testent une stratégie de destruction massive pour anéantir intégra-lement l’État irakien, jusque là un des États arabes les plus industrialisés et les plus développés socialement, qui est devenu notamment une menace pour les inté-rêts américains dans la région depuis la nationalisation du pétrole en 1972. En 43 jours, 265.000 bombes ont transformé l’Irak en désert, ne laissant que des ruines et des dizaines de milliers de morts (dont une majori-té de civils, déjà)3. S’ensuit un embargo total sur l’Irak, qui ne sera levé qu’à la chute de Saddam Hussein en mai 2003. Une punition collective que la population irakienne paiera chère. L’étranglement économique de l’Irak, qui importait jusque là 70% de ses biens ali-mentaires, couta la vie à 1,8 millions d’irakien.ne.s en 12 ans d’embargo, selon le ministère irakien de la santé publique, dont plus de 700.000 enfants de moins de 5 ans.

Mais l’Irak tint bon après la Guerre du Golfe, et re-construisit petit à petit ses infrastructures et son in-dustrie. Fin 2000, le dernier «  clou au cercueil de Saddam Hussein  », comme l’explique l’analyste de la City Bank Richard Benson4, a été de renoncer à vendre le pétrole irakien en dollars, au profit de l’euro. Un pied-de-nez inacceptable pour les États-Unis, dont l’hégémonie économique est de plus en plus menacée.

En 2003, 200.000 soldat.e.s américain.e.s et britan-

Irak, photo solidaire

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Un pays où prospèrent les groupes terroristes, et en premier lieu Daesh. Un officiel de la défense américaine parle aujourd’hui de la Libye comme d’un « sanctuaire pour les djihadistes »9 et il plaide pour … y ré-intervenir !

À côté du mécontentement populaire bien réel d’une partie de la population, la Syrie a elle aussi été victime d’ingérence de la part des grandes puissances depuis 2011. La responsabilité de l’Occident dans le conflit syrien est même énorme. Il a contribué à apporter aide maté-rielle et militaire10. Des rapports divulgués par Wikileaks11 ont montré à quel point l’intervention occidentale allait déjà loin dès 2011, avec la présence de forces d’opé-rations spéciales étatsuniennes, françaises, anglaises, jordaniennes ou turques qui mènent sur le terrain des missions de reconnaissances et entrainent les groupes d’opposition. Les États-Unis mais aussi la France12 ont reconnu soutenir (et soutiennent encore indirectement) des milices djihadistes pour déstabiliser le régime en place comme le Front Al Nosra (branche d’Al Qaïda en Syrie, dont une partie s’est fondue depuis dans les rangs de Daesh)13.

En 2015, les États-Unis ont largué plus de 23.000 bombes sur le Moyen-Orient. Avec une efficacité que même les officiels US semblent avoir du mal à démon-

consommation humaine et animale. L’Irak comme État unifié est totalement démembré, les tensions ethniques et religieuses entre sunnites, chiites et kurdes sont exa-cerbées afin de permettre une meilleure emprise amé-ricaine sur la situation. Les violences ne cessent d’aug-menter. 25 ans après la première invasion, il ne reste rien de l’État irakien. Le pays est un champ de ruine. Et toutes ces tensions sont le terreau idéal pour le déve-loppement de groupes terroristes. Un journaliste écrivait ainsi récemment dans le New York Times que « Le père de Daesh est l’Arabie Saoudite et son industrie idéolo-gique, et sa mère l’invasion en Irak »5.

Le constat est similaire en Afghanistan, dont le niveau de vie de la population a dramatiquement chuté au point de devenir le 175e pays sur 178 dans le classement IDH (Indice de Développement Humain qui calcule, à côté de la richesse du pays, la qualité de vie de ses habitants comme l’accès aux soins de santé, à une vie saine, à l’éducation ou à la culture).

En Libye, la situation semble encore plus désespérée pour les populations locales. L’État a également été anéanti à la chute du régime de Khadafi, renversé en 2011 avec le soutien militaire de la France, de l’Italie, mais aussi de la Belgique (suite à un vote unanime de tous les partis traditionnels à l’époque au Parlement fé-déral)6 qui, comme gage de participation à la stabilité, a fourni à l’alliance 4 chasseurs bombardiers F-167. 4 ans plus tard, ce sont 400.000 réfugié.e.s qui ont fui leur maison et errent au milieu du chaos libyen8, pris.e.s en otage au milieu d’une guerre civile entre islamistes (dont Daesh), libéraux, clans tribaux et ethniques, qui ont fait des dizaines de milliers de victimes. L’intervention des puissances de la coalition internationale venues « réta-blir la situation » en Libye en 2011 a fait à elle seule entre 10.000 et 50.000 victimes selon les observateur.trice.s. Aujourd’hui, la Libye est également un champ de ruine et de division entre tribus, groupes ethniques et religieux.

pays en conflit : Libye, Syrie, Irak, Palestine et Afghanistan

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compris djihadistes) contre Assad, intervention en Libye pour renverser Khadafi, 25 ans d’interventions et d’em-bargo contre l’Irak, d’intervention contre l’Afghanistan ou d’embargo contre l’Iran. Toutes ces interventions meurtrières ont été menées directement par l’OTAN ou ses membres les plus importants au nom de la « démo-cratie » et de la « lutte contre le terrorisme » alors qu’il s’agissait en réalité de défendre leurs propres intérêts. Face à la résistance plus forte que prévue, ils ont du recourir à la stratégie du chaos. Personne ne peut nier aujourd’hui les conséquences de cette politique : c’est un désastre pour les populations locales et la paix. Elle a créé non seulement un terreau fertile pour l’émergence de mouvement comme Daesh, mais elle constitue aussi la base matérielle de l’incroyable crise des réfugié.e.s que nous connaissons aujourd’hui.

trer. En 2015, l’administration américaine déclarait avoir pu tuer 25.000 combattants de Daesh. Le communiqué annonce fièrement que le groupe terroriste ne dispose plus que de 31.000 combattants début 2016. Problème: le groupe en avait déjà 30.000 début 2015 selon des sources officielles américaines14. Autre problème, les Ta-libans, sur qui près de 1.000 bombes américaines sont tombées en 2015, n’ont jamais contrôlé autant de ter-ritoires en Afghanistan depuis... 2001, année de l’inva-sion de l’Afghanistan par les États-Unis. Ainsi, ces bom-bardements, comme le récent drame de la destruction de l’hôpital civil de Kunduz, sont souvent plutôt source d’instabilité que de stabilité. Malgré la minimisation, les victimes civiles se comptent en milliers. Soutien et armement des groupes rebelles syriens (y

Sources: Estimate based upon Combined Forces Air

Component Commander 2010-2015 Airpower Statistics;

Information requested from CJTF-Operation Inherent Resolve

Public Affairs Office, January 7, 2016; New America Foundation

(NAF); Long War Journal (LWJ); The Bureau of Investigative

Journalism (TBIJ)15

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L’ArAbIe sAOUDITe eT IsrAëL, réALITés eT syMbOLes De L’hypOcrIsIe Des gOUverNeMeNTs OccIDeNTAUx

tellement prompts à parler de « démocratie » et de « droits de l’homme » quand il s’agit de justifier des interventions contre la syrie d’assad ou de l’Irak de saddam hussein, les gouvernements occiden-taux sont par contre des soutiens indéfectibles des ré-gimes saoudiens et israéliens depuis des décennies.peu importe, dans ce cas-ci, qu’il s’agisse de deux régimes à l’idéologie réactionnaire (certain.e.s obser-vateur.trice.s parlent de l’arabie saoudite comme d’un « daesh qui aurait réussi »). peu importe la violence d’état dont ils font preuve à l’égard de leur popula-tion, et du peuple palestinien dans le cas d’Israël. peu importe qu’Israël soit un état colonisateur et d’apar-theid qui viole systématiquement les résolutions de l’onu. peu importe le soutien financier et logistique de l’arabie saoudite aux groupes djihadistes salafistes.le dernier exemple en date est celui de l’entreprise ers dans le port d’anvers. plusieurs banquiers saoudiens ont annoncé un investissement de plusieurs milliards, via la firme saoudienne energy recovery systems (ers), pour construire une usine de recyclage de déchets sur le site du dock delwaide. cette arrivée de milliards saoudiens a été applaudie avec enthousiasme par la majorité au pouvoir à anvers. or, les banquiers en question sont la famille al Issa mais également saleh Kamel, un banquier dont le fbI a confirmé qu’il figure en bonne place sur la fameuse « golden chain », une liste de 20 richissimes financiers (saoudiens) d’al-qaida. de plus, oussama ben laden lui-même avait investi 50 millions de dollars dans la al shamal bank, qui appartient à saleh Kamel. on voit ainsi que tant les gouvernements européens qu’américain entretiennent des relations économiques et militaires très poussées avec ces pays. Ici, plus question de discuter de « la démocratie » ou des « droits de l’homme », seuls comptent les alliances stratégiques et les intérêts économiques. l’otan a besoin d’alliés fidèles dans la région, Israël et l’arabie saoudite jouent parfaitement ce rôle.

Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères en Arabie Saoudite source : didierreynders.be

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13InvestIr dans la paIx, pas dans la guerre

branches armées djihadistes. Différents groupes qui avaient le soutien financier et militaire direct ou indirect de l’Arabie saoudite et des États-Unis18. Daesh a ainsi pris le contrôle de régions entières des territoires libyen, syrien et irakien dotées de vastes réserves de pétrole, et donc d’argent. Les violences des djihadistes contre les populations civiles, massacres de masse et applica-tion d’une idéologie réactionnaire et brutale pour diriger ses territoires contribua également à jeter sur la route des millions de familles, principalement syriennes et ira-kiennes.

Ces réfugié.e.s fuient les bombardements et l’instabi-lité causée notamment par les politiques guerrières de l’OTAN de ces deux dernières décennies. Les conclu-sions élémentaires que devraient tirer nos gouverne-ments pour arrêter la crise des réfugié.e.s et lutter pour la paix, serait de commencer par arrêter d’y faire la guerre et d’intervenir, arrêter de soutenir l’Arabie saou-dite, et par là, les terroristes. C’est loin d’être le cas ac-tuellement.

daesh et la crIse des réfugIé.e.s, le mIroIr À retardement de leurs guerresLe chaos au Moyen-Orient et dans les alentours, sur fond de guerre permanente et de misère sociale extrême, a donné naissance à la plus grande crise de réfugié.e.s depuis la Seconde Guerre mondiale. Le nombre de Syrien.ne.s en fuite à l’intérieur du pays ou à l’extérieur était ainsi de 11,3 millions en 2015 sur une population totale de 23 millions d’habitants, ce qui équivaut à 49% de la population du pays16. La majorité des réfugié.e.s ont trouvé refuge en Turquie, au Liban et en Jordanie mais une partie s’est également rendue en Europe. 90 % des réfugié.e.s arrivant sur les côtes grecques à l’heure actuelle sont de nationalité syrienne, afghane et irakienne.17

Le chaos au Moyen-Orient a également donné naissance au groupe terroriste devenu tristement célèbre sous le nom État Islamique de l’Irak et du Levant (appelé par son acronyme arabe Daesh), qui engloba vite d’autres

source : photo solidaire

Il n’y a pas assez d’argent pour accueillir des réfugiés afghans,nous en avons besoin pour les bombarder chez eux

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14 InvestIr dans la paIx, pas dans la guerre

répondre aux dIrectIves de l’otan Ce plan est en fait l’application des directives de l’OTAN, adoptées au sommet du Pays de Galles en septembre 2014, qui préconisent «  d’inverser la tendance à la baisse que connaissent les budgets de défense »20. Des décisions qui avaient été notamment rappelées récem-ment dans une lettre ouverte par l’ambassadrice amé-ricaine en Belgique Denis Campbell21. Il s’agit en effet de répondre aux défis actuels tels que définis par les dirigeant.e.s de l’OTAN. «  La toute-puissance militaire américaine s’érode. La Russie et la Chine ne sont peut-être pas encore des rivaux pour la domination du monde, mais ils sont capables de menacer les intérêts améri-cains dans leur sphère d’influence. Le récent budget de la défense d’Obama [en augmentation lui aussi] a pour but de répondre à ce défi »22 annonçait De Standaard le 10 février 2016. Le lendemain, Le Soir expliquait que « les ministres de la défense de l’Alliance atlantique, réunis pour deux jours au siège de l’organisation à Bruxelles, ont décidé mercredi d’organiser une « présence avan-cée renforcée » de l’OTAN en Europe de l’Est. C’est un nouveau pas en avant dans la musculation de l’Alliance face à la Russie »23. La Belgique doit donc aussi investir pour jouer son rôle dans l’alliance offensive dirigée par les États-Unis. Et comme elle ne peut pas, par sa faible démographie, envoyer des milliers de soldat.e.s partout dans le monde, l’achat d’avions de chasse, de drones ou de frégates est d’une importance stratégique. Cela pour appuyer le déploiement des États-Unis avec leurs

le plan vandeput : un InvestIssement massIf de 9,2 mIllIardsEn janvier 2016, le ministre de la défense Steven Vandeput (N-VA) présentait au nom du gouvernement son plan stratégique pour la Défense19. Ce plan pré-voit de consacrer 9,2 milliards d’euros d’ici 2030 à des investissements majeurs, dont 34 nouveaux avions de chasse, 2 frégates, 6 navires chasseurs de mines et 6 drones. Il prévoit également de nouveaux inves-tissements en matière de défense antimissile avec des missiles de type Patriot ainsi que le développe-ment d’une capacité de ravitaillement en vol. Le cout d’achat d’une seule batterie de missile Patriot, occu-pant 170 militaires, est estimé à 588 millions d’euros, a indiqué le ministre Vandeput lui-même. L’ensemble du budget pour ces investissements correspond à 1953€ par ménage belge.

l’achat d’avIons de chasse et la poursuIte de la polItIque guerrIère

Accord de Noël pour le plan stratégique de défense, source : Redwasp Korneel

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du Maghreb, d’Europe de l’Est non-membres de l’UE, du Proche et du Moyen-Orient. Sans compter le maintien des capacités d’interventions en Afrique centrale qui ont été confirmées lors du débat parlementaire en com-mission Défense au Parlement . C’est notamment dans cette perspective d’une large zone d’intervention que le ministre prévoit d’acquérir des capacités de ravitail-lement des avions en vol, afin de pouvoir intervenir sur des zones beaucoup plus larges encore.

conclusIon : Il faut dépenser des mIllIards pour des nouveaux avIons de chasse Pour remplir ces missions, les avions de chasse belges F-16 actuels sont considérés comme trop vieillissants par le ministre, qui veut donc les retirer du service entre 2024 et 2028 et renouveler toute la flotte aérienne belge. Les 34 avions de combat correspondraient à la plus grosse partie du budget prévu par le ministre. Le cout de ces appareils dépend du modèle envisagé mais atteindrait un minimum de 5 milliards d’euros. Auxquels

800 bases militaires à l’étranger (soit 95% des bases militaires à l’étranger dans le monde), et leurs centaines de milliers de soldat.e.s stationné.e.s pour être prêt.e.s à intervenir partout où leurs intérêts sont menacés24. À la rencontre des ministres de la défense de l’UE le 5 février 2016 à Amsterdam, le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg a fait l’éloge du «  plan des États-Unis d’accroître substantiellement leur présence militaire en Europe, en quadruplant les financements à cet effet ». Les USA peuvent ainsi « conserver plus de troupes dans la partie orientale de l’Alliance, y pré-po-sitionner des armements lourds, y effectuer plus d’exer-cices et y construire plus d’infrastructures  ». De cette façon, selon Jens Stoltenberg, « se renforce la coopéra-tion UE-OTAN »25.

des InvestIssements quI n’ont rIen de « défensIf »… S’il s’agissait uniquement de défense, nous n’aurions pas besoin de nouveaux avions (et certainement pas besoin de 34 pour la petite Belgique). En effet, les pays européens possèdent ensemble déjà au total près de 2.000 avions de chasse, et n’ont donc absolument pas besoin d’investir des milliards d’euros dans des nou-veaux appareils. Mais la question est justement que ces appareils ne serviront pas à défendre simplement l’espace aérien belge. La zone d’intervention possible pour les avions belges, d’après le ministre Vandeput, s’étend en effet bien au delà des frontières ardennaises ou mosanes de notre pays ou même de celles de l’Eu-rope. Comprenant un cercle d’intervention 3 fois plus grand que le continent, la zone d’intervention décrite par le ministre va, d’Ouest en Est, du Cap Vert à la fron-tière russe et, du Nord au Sud, du cercle Arctique au sud du Sahara. Le ministre de la Défense envisage ainsi d’envoyer les avions de chasse survoler tous les pays

le F-35 américain, source : wikipédia

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ce sont les génératIons futures quI devront en subIr les conséquencesCes investissements ne sont donc même pas unique-ment des «  one-shot  ». Il s’agit de choix d’investisse-ments militaires colossaux à long terme qui engage-raient la Belgique au moins jusque 2030. Ils reposeront ainsi sur les prochaines générations qui devront assu-mer les choix du gouvernement actuel, hypothéquant au passage leur futur. La Belgique compte dans ce cadre multiplier par 5 la part d’investissement dans son budget militaire d’ici 2030  : soit passer de 5% en investisse-ments militaires annuels à 25%. Un choix bien plus radi-cal que ce qui est fait ailleurs, même dans la plupart des autres pays de l’OTAN.

viennent encore s’ajouter des frais d’entretien annuels. Malgré son cout le plus élevé du marché – environ 283 millions d’euros par an pendant 30 ans (la durée de vie d’un avion de chasse), soit 8,5 milliards d’euros rien que pour l’entretien – c’est le modèle F-35 américain qui semblerait être préféré par les dirigeant.e.s belges. Pourquoi  ? Car, dans le cadre de l’alliance OTAN, il s’agirait de maintenir la capacité nucléaire des avions belges, c’est-à-dire la capacité d’emporter les bombes nucléaires américaines stationnées illégalement à Kleine-Brogel. Et pour cela, les F-35 sont quasiment la seule option27.

LA cApAcITé NUcLéAIre, refLeT D’UNe pOLITIqUe AgressIve, DANgereUse eT ILLégALeacheter des bombardiers à portée nucléaire n’a simplement aucun sens pour défendre l’espace aérien belge (on peut en tous cas l’espérer pour les populations belge et des pays limitrophes). au contraire, il est évident que ces avions à capacité nucléaire serviront une politique belliqueuse d’intervention ou d’intimida-tion. en effet, depuis plusieurs décennies, une vingtaine d’armes nucléaires américaines sont entreposées sur le site limbourgeois Kleine-brogel, protégées par des soldat.e.s us28. cet armement, dont l’état belge nie l’existence, est en violation flagrante du traité de non-prolifération que les états membres de l’onu ratifient afin de garantir un avenir à l’humanité en acceptant d’aller sans tarder vers la suppression de l’arme nucléaire. sauf que ces armes sont une stratégie utilisée par... l’otan pour faire pression sur ses adver-saires. Ici encore, on voit que le gouvernement belge fait le choix de l’otan et de la guerre contre celui de l’onu et de la paix.

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ment usage (entre autre au Yemen et en Somalie). Une enquête d’investigation parle à ce sujet d’une « période clef dans l’évolution de la guerre des drones » qui est en fait une nouvelle « politique d’assassinat »30. Alors qu’il n’y a presque aucun contrôle sur leur utilisation, ceux-ci sont de plus en plus utilisés et ont déjà causé des cen-taines de blessé.e.s civil.e.s (et probablement beaucoup plus). Or, les drones que la Belgique veut acquérir sont des drones de basse-altitude. Le ministre Vandeput pré-cise d’ailleurs lui-même dans une interview que « un jour la Belgique franchira le pas [de les armer] (...) quand la technologie aura davantage évolué »31.

la dangereuse évolutIon de la guerre des dronesOutre les avions de chasse, la Belgique va aussi investir dans des frégates et dans l’achat de 6 drones d’espion-nage (dits drones de «  reconnaissance ») qui pourront survoler les espaces aériens belges et d’autres pays. Dans un premier temps, ces appareils ne seront pas armés mais bien « armables »29 a dit le ministre. En effet, il existe d’une part des drones conçus pour la reconnais-sance, des drones « non-violents », incapables de porter des bombes (drones dits « de haute-altitude », plus per-formants pour observer et photographier largement les espaces étudiés). D’autre part, il existe des drones pré-vus pour porter des bombes (dits « de basse-altitude », plus précis pour bombarder). Ces drones utilisés à des fins de bombardements sont de plus en plus critiqués, aux États-Unis notamment où le Pentagone en fait large-

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un choIx antIdémocratIque L’Université d’Anvers a réalisé, au moment de la première proposition du ministre De Crem (CD&V, à l’époque mi-nistre de la Défense) sur le remplacement des avions de chasse en mars 2014, une étude sur l’adhésion des électeur.trice.s à cette proposition. L’étude démontre que près de 50% des Belges se disent opposés à l’achat d’avions de chasse en remplacement des F-16 et que seulement 25% y adhèrent, soit seulement 1 Belge sur 4. Autrement dit, 75 % de la population belge n’est pas favorable à ce remplacement. Cette étude poursuit en précisant que parmi les électeurs de la N-VA même, 57% sont contre l’achat d’avions de chasse32. Cela pose évidemment des questions démocratiques importantes. Sans compter qu’entre mars 2014 et ce début 2016, il n’y a quasi aucun document public qui permette de contrô-ler réellement le travail et les plans du gouvernement en la matière. Malgré les demandes répétées au Parle-ment, le ministre Vandeput refuse toujours de faire la lumière sur le complexe militaro-industriel, sur les liens qui existent dans les négociations avec les divers lobbys de l’armement.

les avIons de chasse : un choIx antIsocIal, antIécologIque et antIdémocratIque

25 % des belges seulement se déclarent favorable au remplacement des F-16. photo : vredesactie vzw

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un choIx antIsocIal et antIécologIque Le choix des avions de chasse hypothèque notre avenir car il reflète le choix d’une politique militariste qui consti-tue une menace pour la paix dans le monde. Comme c’est le cas au Moyen-Orient actuellement. Mais égale-ment car il reflète un choix antisocial et antiécologique.

Le président de la N-VA Bart de Wever a déclaré en jan-vier 2016 que selon lui, il n’était possible de «  trouver de l’argent nulle part ailleurs que dans la sécurité so-ciale »36, appelant ainsi à continuer la politique d’austéri-té drastique menée par le gouvernement fédéral depuis le début de la législature. La déclaration, quelques jours avant, de son ministre de la Défense Vandeput (N-VA lui aussi), vient pourtant le contredire de manière flagrante. Dans un pays où 1 personne sur 7 vit dans la pauvreté, où le chômage des jeunes atteint les 25% et où les be-

DécALAge cOMpLeT eNTre LA pOpULATION eT Les DIrIgeANT.e.s pOLITIqUes TrADITIONNeLs

« mis à part le ptb, les partis politiques disent grosso modo tous la même chose : la question du renouvellement des f-16 est une question de crédibilité de la belgique sur la scène internationale »: voilà les conclusions de l’enquête menée à l’époque des élections de mai 2014 par la coordination natio-nale d’action pour la paix et la démocratie (cnapd) auprès des partis francophones33.

évidemment, conscients de l’impopularité de la mesure, lorsqu’ils sont dans l’opposition certains partis changent d’avis. comme la n-va qui, en 2011, s’opposait à partir des bancs de l’opposition au remplacement des f-16, décrivant leur rem-placement par des f-35 comme « un suicide budgétaire »34. aujourd’hui, de nombreux partis d’opposition tant franco-phones que néerlandophones critiquent le plan de la majorité sur le cout budgétaire ou la volonté de maintenir la capacité nucléaire. mais leur opposition n’est pas basée sur la question de fond.

lors du débat récent à la chambre autour du plan stratégique de la défense, aucun parti à l’exception du ptb ne remettait en question fondamentalement la vision stratégique du gouverne-ment, son choix d’implication dans l’otan et les conséquences en termes d’interventions étrangères. c’est un sujet sur lequel il y a une grande unanimité dans la classe dirigeante belge, et donc très peu de débat démocratique dans la société. au contraire, plusieurs partis, dont le cdh et le ps, se sont inquiétés d’assurer le maintien des capacités d’interventions de la belgique en afrique, « notre zone traditionnelle d’influence politique » selon eux. les socialistes ont même revendiqué une augmentation plus conséquente du budget de l’armée35. cette unanimité se reflète évidemment concrètement dans l’absence d’opposition de tous ces partis traditionnels aux interventions militaires en afghanistan, en libye ou maintenant en Irak.

Communiqué de presse N-VA, 2011

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Le fAUx ArgUMeNT Des reTOMbées écONOMIqUes eT De LA créATION D’eMpLOI

on entend parfois certain.e.s justifier ces investissements par rapport aux « retombées économiques et emplois » qui seraient attendus. cet argument est un faux argument utilisé par les défenseur.euse.s de la politique d’intervention.

d’abord, parce que si ces dirigeant.e.s politiques étaient vraiment préoccupé.e.s par l’emploi, ils/elles feraient alors mieux de décider d’investir directement ces milliards dans les besoins sociaux et écologiques. Il y a bien assez de pain sur la planche dans l’enseignement, les soins de santé, les transports en commun, l’isolation des bâtiments ou la transi-tion vers l’énergie renouvelable, par exemple, pour utiliser cet argent de manière utile. au niveau de l’armée même, ce choix d’investir dans des avions de chasse et une capacité d’inter-vention rapide aux côtés des alliés de l’otan se traduit par une politique de désinvestissements en termes de personnel : le ministre de la défense propose de supprimer environ 7.000 emplois dans l’armée d’ici 2030, passant de 32.000 à 25.000 temps-pleins.

ensuite parce que, concernant les f-35 (dont la probabilité qu’ils soient choisis est la plus grande), le vice-président du constructeur admet lui-même « qu’il n’y a pas de retombées économiques pour un marché comme la belgique ». ce qui a été reconnu aussi par denis ducarme, le chef de groupe du mr à la chambre37. cela notamment parce qu’aucune entre-prise en belgique ne participe au développement des avions de chasse f-35, contrairement aux pays-bas et contrairement à la situation avec les f-16 à l’époque.

enfin, de manière générale, il est important de faire la distinc-tion entre le « retour sur investissement » pour les entreprises et pour la société en général. souvent, des entreprises augmentent leurs bénéfices et les dividendes pour les action-naires sans que cela ait forcément de retombées positives sur l’ensemble de la société et des travailleurs.

soins en logements sont criants, faire le choix d’investir plus de 9 milliards dans des avions, des drones, des mis-siles Patriot et des frégates de guerre est une absurdité. Ce sont les mêmes partis qui, d’un côté font le choix d’investir 9,2 milliards dans la guerre, et de l’autre ont fait le choix de couper 800 millions d’euros dans l’ensei-gnement en Flandre, avec notamment comme consé-quence une augmentation de 40 % du minerval dans le supérieur néerlandophone. Cela montre qu’il s’agit bien d’une question de choix et de priorités. Et que ceux-ci sont particulièrement antisociaux.

Manifestation des étudiants néerlandophone, octobre 2014, photo : Solidaire

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Enfin, ce choix est également anti-écologique. Tout comme pour le social, les milliards investis dans la guerre pourraient être utilisés pour favoriser la transition écologique. Au lieu de cela, le gouvernement fait par exemple le choix de désinvestir 3 milliards d’euros de la SNCB, alors que le secteur du transport représente 22 % des émissions en Belgique et qu’il ne cesse d’aug-menter. Ou encore, décide de prolonger les centrales nucléaires au lieu d’investir dans l’énergie renouvelable. Ici aussi il s’agit de choix de société.

Mais plus directement, au sommet climatique interna-tional de Paris en décembre 2015 (COP21), les pays de l’OTAN ont exigé que la pollution liée à la guerre ne soit comptabilisée nulle part dans les calculs de réduction des émissions. Or, un quart du kérosène aérien mon-dial est brulé par des avions de chasse. Les exercices militaires et le fonctionnement des (nombreuses) bases militaires ne sont pas compris dans le bilan carbone des États38. Autant de choix politiques que nous devons dé-noncer, car c’est notre avenir qui est en jeu.

La plate-forme citoyenne « Pas d’avions de chasse » a ainsi évalué ce que rapporterait l’investissement du cout d’un seul avion de chasse dans les besoins sociaux et écologiques : avec le montant d’un seul avion, on pour-rait par exemple construire un hôpital ou 47 écoles pri-maires. Chaque avion représente également l’investis-sement nécessaire pour accueillir 11.609 réfugié.e.s. Et à la place d’acheter 1 avion de chasse à capacité nucléaire, on pourrait investir pour construire 75 éoliennes, 1.314 logements sociaux ou encore 12.145 plaines de jeux.

campagne #geengevechtsvliegtuigen #pasdavionsdechasse

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taires, l’armée belge pourrait se spécialiser dans des initiatives telles que le désarmement, comme elle l’avait déjà fait sur le plan de l’interdiction des armes à sous-munitions ainsi que dans des missions de déminage. D’autres petits pays comme la Norvège et la Suisse le font aussi, en tant que médiateurs dans des conflits ou en collaborant à l’aide humanitaire internationale.

Nous ne voulons pas de participation belge à des inter-ventions militaires à l’étranger. Les missions de main-tien de la paix ne peuvent avoir lieu que dans le cadre strict d’un accord de paix multilatéral, avec l’accord du pays d’accueil, avec respect du droit international et de la Charte des Nations Unies et non pas en liaison avec l’OTAN. Et à condition qu’il y ait un débat démocratique préalable, avec transparence complète.

Évidemment, il faut aussi plaider pour une toute autre politique à l’échelle globale. Alors qu’il faudrait 35 mil-liards de dollars seulement pour éradiquer la faim dans le monde, l’ensemble des gouvernements de la planète en ont dépensé 1.700 milliards en dépenses militaires en 2014. C’est tout simplement inacceptable. À titre d’exemple encore, la guerre en Afghanistan a couté aux alliés jusqu’à présent plus de 600 milliards de dollars.

Enfin, ce n’est pas lié directement à la défense, mais la Belgique investit également au niveau international dans la coopération au développement. Seulement,

Comme le disait Albert Einstein, « la folie c’est se com-porter de la même manière et attendre un résultat dif-férent ». Si on veut la paix, il faut donc une toute autre politique que celle en cours actuellement. Nos gouver-nements aussi le savent bien, mais il y a trop d’intérêts en jeu. Voilà pourquoi ils continuent. Dans cette dernière partie, nous voulons tracer quelques grandes lignes qui permettraient de mener une toute autre politique en matière de défense et d’affaires étrangères.

Mener une autre politique cela passe d’abord par la sortie et la dénonciation du cadre de l’OTAN. La Bel-gique doit pouvoir développer une vision et une straté-gie de la paix qui lui sont propres. Et investir ce budget de plus de 2 milliards dans des initiatives qui renforcent la paix. Au lieu de participer à des interventions mili-

pour une polItIque de paIx : InvestIr dans la dIplomatIe, pas dans des avIons de guerre

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ne pas bombarder, ne veut pas dIre ne rIen faIre. l’exemple du moyen-orIent Beaucoup de gens se demandent alors ce qu’on peut faire concrètement maintenant si on n’intervient pas militairement au Moyen-Orient. Même si la situation est évidemment très complexe et ne pourra pas se ré-soudre ni rapidement ni facilement, il y a de nombreuses choses qu’on peut faire si on veut réellement mettre fin à la guerre au Moyen-Orient.

Assécher DAesh (I) eN LUI cOUpANT Le rObINeT DU péTrOLe

D’abord en assumant le rôle de l’Occident et de la Bel-gique dans une lutte efficace contre Daesh. Les djiha-distes possèdent des régions entières d’exploitations pétrolières en Irak qui produisent l’équivalent de plu-sieurs dizaines de milliers de barils par jour. Ils peuvent vendre ce pétrole en l’exportant notamment vers l’Eu-rope, ce qui leur rapporterait selon des estimations plus

elle y consacre un très faible budget équivalent à 0,45% du PIB en 2014. Entre 2010 et 2013, le gouvernement Di Rupo avait déjà coupé 30  % du budget de la coo-pération au développement. Et le gouvernement actuel continue dans cette voie  : le ministre De Croo (Open VLD) a confirmé de nouvelles coupes, allant de 150 mil-lions d’euros en 2015 à 279 millions en 2019. Un choix qui ne permettra pas de remplir les obligations de la Belgique auprès d’institutions internationales, comme l’a encore montré la crise Ebola en Afrique. Au lieu de réduire sans cesse ce budget, nous pourrions respec-ter les demandes de l’ONU d’investir 0,7% du PIB dans la coopération. La pauvreté, le sous-développement et le changement climatique causés par les pillages et la défense des intérêts économiques du Nord sont claire-ment responsables des principales causes des guerres. Il est indéniable qu’investir dans la coopération au déve-loppement et non la guerre permettrait de contribuer à combattre les causes structurelles des guerres.

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groupes terroristes en Syrie40 dont récemment encore Al-Nosra.

L’Arabie saoudite importe aussi l’équivalent de cen-taines de millions d’euros d’armes chaque année. L’AFP (Agence France-Presse) a ainsi signalé que «  l’Arabie saoudite a dépassé l’Inde pour devenir en 2014 le pre-mier importateur mondial d’équipements militaires dans un marché dont le volume a atteint un niveau record, nourri [notamment] par les tensions au Moyen-Orient. (…) Riyad [capitale de l’Arabie saoudite] est désormais le plus gros acheteur d’armes au monde, avec des impor-tations atteignant 6,4 milliards de dollars. Les importa-tions saoudiennes ont augmenté de 54%, et grimperont encore de 52% en 2015 pour atteindre 9,8 milliards de dollars. En 2015, un dollar sur sept dépensés pour l’achat d’armes [est déboursé] par l’Arabie saoudite. »41 Il est évident que ces armes ne sont pas utilisées seule-ment pour l’Arabie saoudite mais qu’elles se retrouvent en libre-circulation au Moyen-Orient. Il faut imposer un boycott des exportations d’armes vers l’Arabe saoudite, et ce boycott doit être effectué au niveau européen, afin que les Saoudien.ne.s ne changent pas simplement de fournisseur entre la Belgique, la France ou un autre pays européen fabricant d’armes42.

UNe sOLUTION DIpLOMATIqUe DANs UN cADre MULTILATérAL

Enfin, pour imposer la paix, ici encore il faudra sortir du cadre agressif de l’OTAN et laisser agir l’ONU, organe légitime pour venir à bout des guerres au Moyen-Orient comme ce fut le cas par le passé. C’est dans ce cadre, avec une vision collective où les acteur.trice.s seraient mis autour de la table pour discuter et trouver des com-promis, qu’une réelle politique de paix peut voir le jour. On peut prendre l’exemple d’un des conflits les plus longs de l’histoire récente du Moyen-Orient : la guerre

d’un millions d’euros par jour pour financer leurs activi-tés39. C’est à cela qu’il faut s’attaquer. La Belgique doit commencer par lancer un audit pour évaluer la prove-nance de son pétrole, et refuser tout baril provenant des régions contrôlées par Daesh. Ceci représente presque 50% des revenus de l’organisation terroriste. Forcer la paix, passera aussi par assécher Daesh par tous les côtés.

Assécher DAesh (II) AU NIveAU fINANcIer eT De L’ArMeMeNT

Un autre aspect du financement de Daesh est le sou-tien en armes et en liquidités de l’Arabie saoudite. L’Ara-bie saoudite soutient des groupes armés et violents à travers le Moyen-Orient. Un rapport d’enquête du Par-lement européen estimait en 2013 que « l’Arabie saou-dite a investi plus de 10 milliards de dollars pour diffuser son agenda wahhabite [courant religieux sunnite ultra-conservateur] via des organisations caritatives ». « Des experts en sécurité de l’Union européenne estiment que 15 à 20 % de cet argent a été détourné vers Al-Qaïda et d’autres groupes djihadistes violents  », révélait un an plus tard le quotidien britannique The Independent. Si aujourd’hui l’État saoudien se dit opposé à Daesh, il continue en même temps à soutenir toute une série de

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civile au Liban (1975-1990). Des groupes armés poli-tiques, religieux et ethniques s’y sont combattus, avec ou sans le soutien de « sponsors » étrangers. Aussi pro-fond qu’ait été le fossé entre les parties combattantes, c’est l’accord – certes très discutable – de Taïf qui, après 15 ans de combats et 150.000 morts, a mis un terme à cette guerre civile.

Aujourd’hui aussi, de nombreuses personnes admettent qu’une conférence régionale pour la paix est la seule voie pour sortir du conflit. Après plus de 4 ans de guerre en Syrie, toutes les parties combattantes ont du sang sur les mains. Et en grande quantité. Néanmoins, il va falloir discuter avec tous les acteur.trice.s locaux.ales pour créer la paix. Et même avec les acteur.trice.s qu’on méprise le plus. Il existe d’ailleurs bon nombre d’initia-tives : les Nations Unies s’y emploient depuis des mois déjà. Il faudra mettre tout le poids dans la balance pour donner une chance à une initiative de paix régionale. Le but d’une telle conférence ne peut être autre que la restauration complète de la souveraineté syrienne et ira-kienne. Sur base des principes édictés dans la charte43, les Nations Unies pourront alors jouer pleinement leur rôle. Ce sera déjà un peu plus sensé que de jeter à nou-veau de l’huile sur le feu comme on le fait actuellement.

#pasdavIonsdechasse : commencer par refuser leur polItIque mIlItarIsteLe refus du plan Vandeput et de l’achat des avions de chasse est la première étape. L’achat des avions est en effet une décision lourde de conséquences qui devra être prise par le gouvernement d’ici 2018-2019. C’est un choix qui résume parfaitement la politique de l’OTAN et nos gouvernements. Voilà pourquoi il est nécessaire d’empêcher cet achat.

Sur l’initiative du mou-vement pour la paix, une grande plate-forme nationale contre l’achat de ces avions de chasse a vu le jour en 201444. Elle ras-semble déjà plus de 100 associations de différents horizons, des syndicats, des organi-sations politiques ou de la société civile autour de cette revendication fédératrice. La pétition qui a été lancée a déjà

obtenu plusieurs dizaines de milliers de signatures et des actions et manifestations sont prévues.

L’enjeu est non seulement d’empêcher le gouverne-ment d’acheter ces avions, mais aussi de construire un large mouvement pour la paix capable, dans les années à venir, de mobiliser massivement et de défendre une position anti-impérialiste. C’est à cela que nous voulons contribuer avec Comac.

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1 accord de gouvernement, octobre 2014

2 excepté dans certaines situations comme en palestine, les territoires d’outre-mer de la france, porto-rico, etc.

3 new york times, 28 mars 1999

1 patrick e. tyler, « u.s. strategy plan calls for Insuring no rivals develop a one-superpower World », the new york times, 8 mars 1992.

2 Wesley clark, « democracy now ! » (interview, 2007), youtube,http://www.you-tube.com/watch?v=bsl3jqorkdu.

3 « ces guerres qu’on dit humanitaires », manière de voir, n°120, décembre-janvier 2011, https://www.mondediplomatique.fr/mav/120/a/46973

4 « Irak, 25 ans de guerre d’occupation, de mort et de destruction », dirk adriaensens, janvier 2016, http://solidaire.org/articles/irak-25-ans-de-guerre-d-occupation-de-mort-et-de-destruction

5 « l’arabie saoudite, un daesh qui a réussi », Kamel daoud, novembre 2015, http://www.nytimes.com/2015/11/21/opinion/larabie-saoudite-un-daesh-qui-a-reussi.html

6 « la belgique unanime pour intervenir en libye », la libre, mars 2011, http://www.lalibre.be/actu/international/labelgique-unanime-pour-intervenir-en-libye-51b8cfcce4b0de6db9c06fe7

7 « comment l’intervention belge en libye aggrave la crise des réfugiés », marc botenga, avril 2015, http://solidaire.org/articles/comment-l-intervention-belge-en-libye-aggrave-la-crise-des-refugies

8 « fresh fighting in the new year triggers displacement in libya », unhcr, janvier 2015, http://www.unhcr.org/54b918396.html

9 « Intervenir en libye : pourquoi, où et comment ? », bfmtv, février 2016, http://www.bfmtv.com/international/intervenir-en-libye-pourquoi-ou-et-com-ment-948250.html

10 voir article « syrie : révolte ou intervention ? », etudes marxistes n°104, octobre 2013, http://www.marx.be/fr/content/syrie-r%c3%a9volte-ou-intervention

11 « Insight — military Intervention in syria, post Withdrawal status of forces » (7-12-2011), Wikileaks, 6 mars 2012, https://wikileaks.org/gifiles/docs/1671459_insight-military-intervention-in-syria-post-withdrawal.html

12 « alain marsaud « l’état français a facilité les actions d’al-nosra, la majorité refuse toute enquête », mediapart, décembre 2015, https://blogs.mediapart.fr/danyves/blog/211215/exclusif-alain-marsaud-l-etat-francais-facilite-lesactions-d-al-nosra-la-majorite-refuse-toute-enquete

13 « la tendance à la guerre de l’occident et le radicalisme islamique », moro d., etudes marxistes n° 110 avril 2015, pp. 66-67.- pour le financement des mudja-hidins et des djihadistes afghans et saoudiens avant 2001, voir: http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/09/09/ben-laden-secret-de-famille-de-lame-rique_1569567_3232.html pour le soutien français aux rebelles syriens, voir les déclaration publiques du mnisitre français des affaires étrangères laurent fabius: « al nosra fait du bon boulot », le figaro, décembre 2014, http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/12/10/97001-20141210fIlWWW00263-des-sy-riens-demandentreparation-a-fabius.php

le 15 février 2012, guy verhofdstadt appelait lui aussi dans la libre à « aider matériellement et techniquement toutes les organisations en syrie qui luttent contre le régime »

14 « u.s. dropped 23,144 bombs on muslim-majority countries in 2015 », alternet, jan-vier 2016, http://www.alternet.org/news-amp-politics/us-dropped-23144-bombs-muslim-majority-countries-2015 et « how many bombs did the united states drop in 2015? », micach Zenko, janvier 2016, http://blogs.cfr.org/zenko/2016/01/07/how-many-bombs-did-the-united-states-drop-in-2015/

15 « how many bombs did the united states drop in 2015? », micach Zenko, janvier 2016, http://blogs.cfr.org/zenko/2016/01/07/how-many-bombs-did-the-united-states-drop-in-2015/

16 « le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au xxIe siècle dans le monde », le monde, septembre 2015, http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/09/03/le-nombre-de-migrants-et-refugies-a-explose-au-xxiesiecle-dans-le-monde_4744977_4355770.html

17 unhcr ( janvier 2016)

18 « u.s relies heavily on saudi money to support syrian rebels », ny times, janvier 2016, http://www.nytimes.com/2016/01/24/world/middleeast/us-relies-heavily-on-saudi-money-to-support-syrianrebels.html?_r=1, « argent de l’état islamique : comment daesh empoche 3 millions de dollars par jour », huffington post, sep-tembre 2014, http://www.huffingtonpost.fr/2014/09/25/etat-islamique-argent-fi-nancement-dollarsdaech_n_5869012.html et «la tendance à la guerre de l’occi-dent et le radicalisme islamique», moro d., in etudes marxistes, p. 66

19 « ce que prévoit le plan vandeput pour l’armée belge », belga, janvier 2016, http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/belgique/article/detail/2583609/2016/01/13/ce-que-prevoit-le-plan-vandeputpour-l-armee-belge.dhtml

20 « déclaration du sommet du pays de galles », otan, septembre 2014, http://www.nato.int/cps/fr/natohq/official_texts_112964.htm

21 « les usa prient la belgique de réinvestir son armée », la libre, 30 septembre 2015, http://www.lalibre.be/actu/belgique/les-usa-prient-la-belgique-de-reinves-tir-dans-son-armee-560c1fa73570b0f19f058941

22 de standaard, 10 février 2016

23 le soir, 11 février 2016

24 « the united states probably has more foreign military bases than any other people, nation, or empire in history », david vine, the nation, septembre 2015, http://www.thenation.com/article/the-united-states-probably-has-moreforeign-military-bases-than-any-other-people-natio

25 « bannière usa sur l’europe », manilo dinucci, centre de recherche sur la mon-dialisation, février 2016, http://www.mondialisation.ca/banniere-usa-sur-leu-rope/5506713

26 voir le débat en commission le 13 janvier 2016 http://www.lachambre.be/doc/ccra/pdf/54/ac305.pdf

27 « la belgique quasi contrainte d’acheter le f-35 si elle garde sa tâche nucléaire », rtbf, 19 avril 2015, http://www.rtbf.be/info/belgique/de-

tail_la-belgique-quasi-contrainte-d-acheter-le-f-35-si-elle-conserve-sa-

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27InvestIr dans la paIx, pas dans la guerre

missionnucleaire?id=8959864

28 « des armes nucléaires à Kleine-brogel », belga, 29 janvier 2014, http://www.dhnet.be/actu/belgique/des-armesnucleaires-a-kleine-brogel-52e8d9763570e-5b8eee9f0e2

29 commission défense du 13 janvier 2016 http://www.lachambre.be/doc/ccra/pdf/54/ac305.pdf

30 « la guerre (secrète) des drones selon obama », rtbf, 19 octobre 2015, http://www.rtbf.be/info/monde/detail_laguerre-secrete-des-drones-selon-obama?id=9112633

31 jt rtl, 20/08/2015. http://www.rtl.be/videos/video/546038.aspx

32 « opinies over de aankoop van nieuwe gevechtsvliegtuigen voor defensie », vlaams vrede Instituut, 2014, http://www.vlaamsvredesinstituut.eu/sites/vlaams-vredesinstituut.eu/files/files/factsheet_opiniepeiling_f16_def.pdf

33 « la politique de paix commence chez nous », cnapd, 2014 http://www.cnapd.be/la-politique-de-paix-commencechez840.html et « succession des f-16, un seul parti francophone, le ptb, ferme la porte », rtbf, 5 mai 2014, http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_succession-des-f-16-un-seul-parti-francophone-le-ptb-ferme-la-porte?id=8262154 et avec les réponses complètes des partis ici http://www.cnapd.be/Img/file/r%c3%a9ponses%20partis%20gdams.pdf et ici http://agirpourlapaix.be/remplacement-des-f-16-6-milliards-jetes-en-lair/

34 « n-va vraagt hoorzittingen over perperdure vervanging f-16 door f-35 », commu-niqué n-va, 19 octobre 2011, http://www.n-va.be/persbericht/n-va-vraagt-hoorzit-tingen-over-peperdure-vervanging-f-16-door-f-35

35 commission défense à la chambre 13 janvier 2016 http://www.lachambre.be/doc/ccra/pdf/54/ac305.pdf et pour le ps également dans la libre, « le ps réclame une hausse du budget de l’armée », le 13 janvier 2016

36 de tijd, 9 janvier 2016 ou ici en ligne http://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20160109_02058137

37 « d. ducarme (mr) : « le remplacement des f-16 devra soutenir l’emploi » », rtbf, 26 aout 2014, http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_d-ducarme-mr-le-rempla-cement-des-f-16-devra-soutenir-l-emploi?id=8340776

38 ben cramer, «cop21, entre guerre et paix», in alerte otan, n° 59-4, 13.11.2015.coralie mampaey, «l’impact des activités militaires sur l’environnement: le parent pauvre de la cop21», in www.cnapd.be, 16/12/2015

39 analyse du centre d’analyse du terrorisme, reprise par le figaro http://www.lefigaro.fr/economie/le-scaneco/decryptage/2015/11/26/29002-20151126 artfIg00009-comment-daech-organise-son-lucratif-marchepetrolier.php

40 pour en savoir plus, voir: http://ptb.be/articles/questions-et-reponses-sur-l-arabie-saoudite-et-la-lutte-contre-leterrorisme

41 « l’arabie saoudite premier importateur mondial d’armes », afp, 08 mars 2015, http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150308.afp1034/l-arabie-saoudite-premier-importateur-mondial-darmes.html

42 voir ici http://ptb.be/articles/il-faut-arreter-les-exportations-d-armes-vers-l-arabie-saoudite

43 notamment l’article 2.4 qui prévoit que « les membres de l’organisation s’abs-tiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à

l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout état, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des nations unies. »

44 on retrouve la liste des signataires et la pétition sur le site http://www.pasdavionsdechasse.be/

éditeur reponsable : Roel Vandepol, Bld Lemonnier, 171 1000 Bruxellesréalisation : Robin Bruyère, Anouk Vandevoorde et Charlie Le Paige

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DevIeNs MeMbre De cOMAcComac, le mouvement étudiant du PTB, a pour ambition de rassembler les jeunes qui veulent lutter contre les injustices et promouvoir un monde de paix. Le besoin d’alternatives se fait de plus en plus sentir, mais elles ne pourront émerger que par la mobilisation du plus grand nombre. Ensemble, tout est possible. Tu veux t’engager pour changer les choses ? Deviens membre de Comac!

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