Isolation extérieure de murs avec du chanvre broyé.

Note aux lecteurs : Ce chantier revêt davantage du caractère expérimental. L’isolation par l’extérieur fait appel le plus souvent à des matériaux spécifiques manufacturés, en panneaux, le souhait ici était d’utiliser un matériau produit localement, en vrac. Les avis techniques et les DTU ont été respectés lorsqu’ils existaient (fixation de la fibralith, mise en œuvre des enduits chaux…). L’isolant utilisé ne possédait pas d’avis technique. Le chantier se situe sur un gîte (altitude 1200m) chauffé à l’électricité et orienté au Nord. Il présente des défauts d’isolation, son propriétaire conscient de l’intérêt de l’isolation par l’extérieur pour préserver les aménagements intérieurs, la surface habitable… souhaite utiliser des matériaux écologiques. Compte tenu du caractère patrimonial, (un colossal bâtiment agricole du 17ème siècle), l’aspect extérieur ne devait pas trop être modifié.

Le chantier a consisté à mettre en œuvre du chanvre broyé, brut, en vrac derrière un parement enduit.

Le support :Les murs à isoler sont en pierre hourdés à l’aide d’un mortier de chaux. L’enduit du mur est dit à « pierre vue », la surface est propre et homogène. Aucune modification n’a été apportée au support.

Les interstices ont été bouchés à l’aide de plâtre gros et de fillasse entre le toit et le mur.

NB : Il faut veiller à restaurer le support d’isolation lorsque cela est nécessaire, les interstices favorisent les rongeurs et autres squatters à venir s’installer.

Remontées d’humidité :Il faut se prémunir des remontées d’humidité qui pourraient affecter l’isolant. Un drain installé au pied du mur permet d’éloigner la majeure partie de l’eau de ruissellement. Ici c’est une rangée d’agglos de ciment montée à l’envers sur un lit de gravier et remplis de vermiculite qui permettent d’isoler le bas des murs. Une bande de papier goudronné posé sur le haut des agglos termine cette barrière.

Il serait possible d’utiliser des briques de terre cuite, des bandes de liège, du béton de vermiculite ou de liège…

L’utilisation d’un matériau dit à « isolation répartie » serait plus judicieuse que de remplir les alvéoles des agglos.

L’isolant : Le chanvre vient d’une exploitation agricole à quelques dizaines de kilomètre. Le chanvre est coupé, séché puis récolté pour être enfin broyé. La chènevotte est mélangée à la fibre. La capacité isolante du matériau est légèrement inférieure à la chènevotte seule.

Pour des raisons techniques (débord de toiture, ouverture), et économique, nous choisissons de poser 12cm d’isolant maximum.

Une épaisseur de 10 à 12 cm de chanvre permet d’obtenir un coefficient de transmission surfacique (noté U) de l’ordre de 0,30 W/m². K (Résistance thermique R=3 m². K/W), alors qu’il était de 1,8 W/m². K auparavant.

Mise en œuvreDes chevrons (6x8cm) sont fixés au mur tous les mètres au maximum (DTU de la fibralith de 50mm d’épaisseur). Une planche de 27mm d’épaisseur épaissit le caisson et permet d’élargir la surface de fixation des panneaux de fibralith.

Le chanvre est déversé puis compacté au fur et à mesure du montage des plaques de fibralith. Le haut des caissons est rempli en partie avant la pose de la dernière plaque et en partie par le côté. Une « lumière » permet de remplir et de tasser le chanvre par le côté.

La mise en œuvre du chanvre de manière homogène n’est pas évidente, elle n’est pas facilitée par le caractère fibreux de l’isolant.

Il serait plus évident d’utiliser de l’isolant en vrac du type chènevotte ou ouate de cellulose. Ces deux matériaux pourraient être insufflés dans les caissons, assurant ainsi un remplissage plus homogène.

Les plaques de fibralith sont croisées entre elles, sur les surfaces comme aux angles. Un entoilage est indispensable pour éviter toute fissuration, c’est ici une toile de verre disposée sur la totalité de la surface qui est noyé dans le corps d’enduit. L’enduit doit être appliqué en trois couches, un gobetis dosé à 450kg/m3, le corps d’enduit, dosé à 350kg/m3, et enfin la couche de finition, dosé à 250kg/m3.

Les ouvertures doivent faire l’objet d’un traitement particulier, l’idéal est de modifier les ouvertures en même temps que la pose d’isolant. Lorsqu’on applique une isolation par l’extérieur, on essaie de placer les ouvertures au « nu » extérieur. Sinon on veillera à isoler les tableaux des ouvertures (plaque de liège, feutre de bois…)

Conclusion :

L’isolation extérieure est certes la meilleure solution en rénovation, mais elle fait le plus souvent appel à des matériaux manufacturés qui ne sont pas produits localement et dont le coût est élevé. Cette solution est intéressante car elle permet d’utiliser de l’isolant en vrac, les panneaux de fibralith (bois d’Autriche et chaux magnésienne de Grèce !! ) pourraient être remplacées par d'autres matériaux comme des cannisses, des panneaux de roseaux…

Le coût des matériaux reste élevé, de l’ordre de 10€/m² pour le chanvre, 15€ pour la fibralith auxquels il faut ajouter le prix des chevrons, de la toile et de l’enduit.