l economie du bonheur - local futures · 2019. 5. 9. · 2! 6! l! introduction!...
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l'ʹEconomie du Bonheur
GUIDE DE DISCUSSION
ACCOMPAGNANT LE FILM 1
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Les auteurs remercient le soutien de la Fondation Kalliopeia et de la Fondation Tides.
Une publication de la Société Internationale pour l'ʹEcologie et la Culture
© 2013
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l'ʹEconomie du Bonheur Guide de Discussion accompagnant le Film
TABLE DES MATIÈRES
Note des Auteurs 2
Introduction 3
1 Ladakh 4
2 Qu'ʹest-‐‑ce que la 'ʹ'ʹMondialisation'ʹ'ʹ ? 7
3 La Mondialisation Nous Rend Malheureux 11
4 La Mondialisation Crée l'ʹInsécurité 14
5 La Mondialisation Gaspille les Ressources Naturelles 18
6 La Mondialisation Accélère le Changement Climatique 22
7 La Mondialisation Détruit Nos Moyens de Subsistance 25
8 La Mondialisation Augmente Les Conflits 30
9 La Mondialisation Profite aux Grandes Entreprises 33
10 La Mondialisation Repose sur une Fausse Comptabilité 38
11 Qu'ʹest-‐‑ce que la Localisation? 42
12 Banques et Entreprises Locales 46
13 Locavore 52
14 Une Énergie Locale 57
15 Des Identités et Savoirs Locaux 60
16 Localisation à l'ʹEchelle Mondiale 63
17 Des Futures Locaux 70
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A NOTE DES AUTEURS
la Société Internationale pour l'Ecologie et la Culture, nous avons passé les trois dernières décennies à faire un travail de sensibilisation montrant les causes sous-jacentes des nombreuses crises auxquelles nous sommes confrontées aujourd'hui. Que ce soit au sujet du changement climatique, du terrorisme, de l'insécurité financière ou de l'épidémie de dépression à travers le monde - nous avons fait valoir que
la plupart de nos plus urgents problèmes provenait du fait que l'ʹon a un système économique mondial insoutenable. Plus important encore, nous avons suggéré un moyen stratégique qui pourrait régler tous les problèmes en même temps :
L'ʹéconomie du Bonheur offre non seulement une analyse globale du phénomène de mondialisation mais aussi un puissant message d'ʹespoir pour l'ʹavenir. Les penseurs et les militants que nous avons interviewés pour le film viennent de tous les continents et représentent les intérêts de la grande majorité des habitants de la planète aujourd'ʹhui. Leur message est sans ambiguïté: afin de respecter et de revitaliser la diversité, tant culturelle que biologique, nous avons besoin de localiser l'ʹactivité économique. Ils font valoir qu'ʹun changement systémique – sans globaliser l'ʹactivité économique mais en la rendant locale – est une formule presque magique qui permet de réduire notre empreinte écologique tout en augmentant le bien-‐‑être humain.
Lorsque les gens commencent à faire le lien entre changement climatique, instabilité économique mondiale et leurs propres souffrances personnelles – stress, solitude, dépression – prend naissance la possibilité d'ʹun mouvement qui va véritablement changer le monde. Doté d'ʹune richesse de perspectives diverses, le film illustre ce lien souvent caché. Nous allons au-‐‑delà de l'ʹanalyse étroite du courant dominant pour montrer que l'ʹantagonisme entre les besoins humains et les besoins de la nature n'ʹest pas inévitable.
La résistance de l'ʹéconomie à la mondialisation a créé de puissantes nouvelles alliances: des écologistes rejoignent des syndicalistes du travail, des hommes d'ʹaffaires indépendants collaborent avec de petits agriculteurs. De nos jours, au niveau local, la localisation comble aussi les écarts de manière complètement nouvelle – en rassemblant les gens au delà des divisions ethniques, religieuses, économiques et même partisanes.
La réalisation de ce film nous a tous incroyablement inspiré. De simplement constater la multitude de mouvements existants sur le terrain a été des plus encourageant – c'ʹest un vrai témoignage de bonne volonté humaine et de résilience. Nous espérons que l'ʹEconomie du Bonheur apportera la même inspiration aux téléspectateurs du monde entier. Le film encourage et rassure, il donne de l'ʹespoir et surtout, de la motivation à rejoindre ce mouvement croissant en faveur de la localisation. Ramener l'ʹéconomie à une échelle locale peut non seulement nous sauver de la catastrophe environnementale et économique, mais aussi nous aider à retrouver des valeurs spirituelles et relationnelles essentielles -‐‑ autant avec le monde vivant qu'ʹavec les autres -‐‑ ce qui, au final, donne sens à notre vie.
• Helena Norberg-‐‑Hodge, Steven Gorelick, John Page
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L INTRODUCTION
'ʹEconomie du Bonheur décrit un monde allant simultanément dans deux directions opposées. D'ʹune part, les gouvernements et les grandes entreprises continuent à faire alliance pour promouvoir la mondialisation et la consolidation du pouvoir des multinationales. Et d'ʹautre part, partout dans le monde des gens
résistent à ces politiques, et commencent à construire un avenir très différent – loin des anciennes institutions du pouvoir. Les communautés se rassemblent pour re-‐‑construire des économies à échelle plus humaine, qui sont éco -‐‑ logiques et basées sur un nouveau paradigme – 'ʹla localisation'ʹ, une économie au niveau local.
Le film montre comment la mondialisation amène comme un rejet de sa propre culture ainsi que la concurrence et la division; comment par sa structure-‐‑même, elle favorise l'ʹexpansion urbaine et l'ʹaugmentation du nombre de bidonvilles et enfin comment cette mondialisation nuit à la démocratie. On y découvre le gaspillage obscène qui résulte d'ʹun commerce exercé purement à but lucratif: on y voit des pommes anglaises envoyées en Afrique du Sud pour être simplement lavées et enduites de cire, puis renvoyées à des supermarchés britanniques ; du thon, capturé au large des côtes américaines, envoyé par avion au Japon pour y être traité, puis renvoyé aux États-‐‑Unis. Nous entendons parler de suicides d'ʹagriculteurs indiens; et de la disparition, aux quatre coins du monde, de cultures basées sur l'ʹagriculture de proximité.
La seconde moitié de l'ʹEconomie du Bonheur fait valoir que l'ʹéconomique à échelon local offre de multiples solutions stratégiques qui peuvent résoudre nos plus graves problèmes. Elle décrit aussi les changements politiques nécessaires à cette localisation de nos économies. On nous présente des projets communautaires qui font avancer ce mouvement de localisation, y compris; d'ʹimpressionnant jardins urbains à Detroit (Michigan) et cette belle initiative appelée, Transition Town à Totnes, au Royaume-‐‑Uni. Grâce à ce film, nous apprécions les bienfaits de l'ʹexpansion des ventes de produits locaux qui non seulement restaurent la diversité biologique, mais aussi font revivre des communautés et des économies locales dans le monde entier. Enfin on nous présente Via Campesina, le plus grand mouvement social au monde, qui compte plus de 400 millions de membres.
Ce guide de discussion suit le film, chapitre par chapitre, en développant les arguments et en pointant à une multitude de ressources où on peut se renseigner plus amplement et en savoir plus sur comment réfléchir et agir. Chaque chapitre commence par un bref passage sur le film suivi d'ʹune liste de suggestions de sujets à discuter et d'ʹactivités. Il y a aussi une courte liste de lectures recommandées, des liens vers des organisations apparentées et vers d'ʹautres ressources d'ʹapprentissage (films, conférences, boîtes à outils, diaporamas, etc.).
Le guide de discussion accompagnant le film est une ressource ayant pour but d'ʹéduquer mais aussi d'ʹencourager l'ʹaction. Tout comme le film, nous espérons que ce guide vous donne le pouvoir de réapproprier votre économie, loin des soit -‐‑ disant 'ʹexperts'ʹ et de rejoindre le mouvement mondial pour la localisation économique et d'ʹaider ainsi à la création d'ʹune véritable économie du bonheur.
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L
1 ◦ LADAKH
adakh, se trouve sur le Plateau Tibétain en Inde septentrionale, c'ʹest l'ʹun des endroits les plus hauts habités sur terre. Isolé du monde extérieur par des cols de montagne presque impénétrables, la région a été épargnée de l'ʹimpact désastreux du colonialisme — dont l'ʹeffet a été de détruire les sociétés traditionnelles presque partout ailleurs. Même après l'ʹindépendance en 1947, le gouvernement indien a gardé Ladakh fermée aux étrangers en raison de différends frontaliers avec le Pakistan et la Chine. En 1962, une première route est construite traversant la montagne pour atteindre Ladakh. Elle est construite pour, et principalement utilisée par, l'ʹarmée.
Cependant, en 1975, le gouvernement change de cap et ouvre la région au "ʺdéveloppement"ʺ et au tourisme. Helena Norberg-‐‑Hodge est une des premières personnes venant de l'ʹoccident à arriver à Ladakh, elle est là en tant que traductrice avec une équipe de film. Linguiste de formation, elle apprend vite la langue pourtant difficile et elle acquiert une précieuse connaissance de la culture. Pendant plus de 35 ans, elle va retourner au Ladakh presque chaque année.
Une des premières choses qu'ʹelle remarque, c'ʹest à quel point les gens y sont heureux: « Il y avait chez eux une espèce de rayonnement et de vitalité que je n'ʹavais jamais connu nulle part ailleurs. » Mais la culture et l'ʹéconomie du Ladakh, complètement axées sur les terres, semblaient fonctionner sur bien d'ʹautres niveaux aussi:
● Il n'ʹy avait aucune pollution et aucun manque de ressources ; ● bien qu'ʹil y ait peu d'ʹargent, il n'ʹy avait ni chômage, ni pauvreté ou problèmes de faim ; ● il n'ʹy avait personne qui soit sans abri : en fait la plupart des gens vivaient dans des maisons spacieuses sur leurs propres terres; ● les femmes avaient un statut remarquablement élevé – plus haut, en effet, que dans les cultures occidentales modernes; ● et bien que la population comprenait des bouddhistes et des musulmans, la coopération était la norme et il n'ʹy avait aucune trace de conflit de groupes; ● malgré qu'ʹils aient à produire leur propre nourriture en utilisant uniquement la traction animale et des outils simples, les Ladakhis avaient beaucoup plus de temps libre que la plupart des gens dans l'ʹOuest.
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Helena en conclut que, bien que les Ladakhis « n'ʹavait ni notre confort ni notre luxe, leur mode de vie était beaucoup plus durable que le nôtre et aussi beaucoup plus joyeux et riche. » Mais ce mode de vie était menacé. Avec l'ʹouverture de la région, l'ʹéconomie locale fut affaiblie par l'ʹarrivée de nourriture subventionnée et donc meilleur marché arrivant par camions qui utilisaient du carburant subventionné sur des routes elles-‐‑mêmes subventionnées. Dans un même temps, les Ladakhis furent bombardés d'ʹimages publicitaires qui présentaient un consumérisme à l'ʹoccidental, romancé si bien que leur propre culture leur parut pitoyable par comparaison.
Hélène fut témoin de l'ʹeffet de ces pressions psychologiques : "ʺJ'ʹai vu comment les gens ont commencé à se considérer comme arriérés, primitifs et pauvres. Une des premières années où j'ʹallais à Ladakh, je suis allée dans un joli village et juste par curiosité, j'ʹai demandé à un jeune homme de me montrer la maison la plus pauvre. Il réfléchit un peu, et puis il dit: « Nous n'ʹavons aucune maison pauvre ici. » Dix ans plus tard, j'ʹai entendu le même jeune homme dire à un touriste, « Oh, si seulement vous pouviez nous aider nous Ladakhis, nous sommes si pauvres. »
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En une décennie, le Ladakh était confronté à un éventail de problèmes qui étaient inconnus dans la culture traditionnelle : la pollution, le chômage, un écart grandissant entre riches et pauvres, des divisions entre les gens et de la dépression.
Ayant vu cette transformation dès le début, Helena a été en mesure d'ʹidentifier ses causes profondes : ce n'ʹétait pas le résultat de la cupidité humaine innée ou une force évolutive, c'ʹétait la conséquence directe de l'ʹexposition à des pressions économiques extérieures. « J'ʹai vu comment ces pressions avaient créé une concurrence intense, qui détruisit non seulement la communauté mais la connexion à la nature qui avait été la pierre angulaire de la culture Ladakhi pendant des siècles. C'ʹétait l'ʹintroduction du Ladakh à la mondialisation. »
Questions & Activités de Réflexion et de Débat
� En comparant Ladakh et votre propre culture, pouvez-‐‑vous voir des changements similaires qui ont eu lieu où vous vivez ?
� Il semble souvent que les gens dans les sociétés traditionnelles sont désireux d'ʹadopter des modes de vie occidentaux. Comment pensez-‐‑vous que les forces économiques extérieures y contribuent ? Ne pensez-‐‑vous pas qu'ʹil est possible pour les sociétés de progresser sans renoncer à leurs propres traditions et essayer d'ʹimiter les sociétés « modernes » ?
� y a-‐‑t-‐‑il des leçons que nous pourrions prendre des Ladakhis qui permettraient d'ʹaméliorer nos sociétés ?
� L'ʹanthropologue Franz Boas a un jour déclaré que la connaissance d'ʹautres cultures « nous permet d'ʹexaminer les problèmes auxquels sont confrontés notre civilisation avec une plus grande liberté. » Réfléchissez sur cette citation et apparentez-‐‑la à l'ʹexpérience d'ʹHelena au Ladakh.
� Les cultures traditionnelles très liées à la terre comme celle du Ladakh sont souvent considérées comme « arriérées"ʺ et "ʺpauvres"ʺ, parce que leur revenu par habitant est généralement très faible. Qu'ʹest-‐‑ce que ces évaluations ignorent? Quelles seraient les conséquences d'ʹessayer d'ʹ« améliorer » ces cultures ?
� Pourquoi pensez-‐‑vous que le jeune homme à qui Helena a parlé dans le village dit qu'ʹil n'ʹy a pas de pauvres maisons dans son village, et puis que 10 ans plus tard il décrit les Ladakhis comme étant pauvres – même si les conditions matérielles de vie avaient très peu changé durant cette même période ? Qu'ʹest-‐‑ce que cela vous dit sur l'ʹinterprétation que l'ʹon a de la richesse et de la pauvreté ?
� Comparez le Ladakh traditionnel à votre propre culture, à l'ʹaide de facteurs qui vous paraissent importants pour une société saine. Tout d'ʹabord, vous devrez décider des facteurs qui peuvent vous permettre de comparer. Est-‐‑ce que le niveau de revenu est une bonne mesure ? Et l'ʹaccès à un logement convenable, à de la nourriture et à l'ʹeau potable ? L'ʹusage raisonnable des ressources naturelles ? L'ʹintérêt porté aux problèmes de pollution et de rejet des eaux usées ? La santé physique et mentale ? La sécurité ? Le taux de conflits dans cette société ? � les occidentaux qui font les louanges de certains aspects des cultures traditionnelles sont fréquemment accusés de romantisme naïf. Qu'ʹen pensez-‐‑vous ? De quelle façon est-‐‑ce que la société industrielle occidentale a elle aussi été « idéalisée » ?
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En savoir plus
Lecture: Norberg-‐‑Hodge, N. (2009) Ancient Futures: Lessons from Ladakh for a Globalizing World, San Francisco: Sierra Club Books.
Films & Vidéos: Ancient Futures: Learning From Ladakh www.localfutures.org/multimedia/our-‐‑films/our-‐‑films
Paradise With Side Effects
www.localfutures.org/multimedia/our-‐‑films/our-‐‑films
Liens:
International Society for Ecology and Culture www.localfutures.org
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◦ 2 QU'ʹEST CE QUE LA« MONDIALISATION » ? mondialisation. n 1. la déréglementation du commerce et des finances afin de permettre aux entreprises et aux banques d'ʹopérer à l'ʹéchelle mondiale. 2. l'ʹémergence d'ʹun marché unique mondial dominé par les multinationales. (Souvent confondu avec la collaboration internationale, interdépendance, communauté mondiale.)
n entend souvent le terme « mondialisation », mais qu'ʹest-‐‑ce que cela signifie ? Pour certains, c'ʹest un monde sans frontières, au sein duquel les nouvelles technologies facilitent la libre circulation des idées et de l'ʹinnovation. Pour d'ʹautres, c'ʹest une planète interconnectée dans laquelle les rapports entre les réseaux commerciaux font que chaque nation dépend de toutes les autres nations, pour le bien de tous. Pour d'ʹautres encore, cela signifie un « village planétaire », une expression qui évoque une planète à l'ʹéchelle humaine qui est paisible et coopére. Dans L'ʹéconomie du Bonheur, Helena Norberg-‐‑Hodge définit la mondialisation de la façon suivante: « À la base, c'ʹest un processus économique. Il s'ʹagit de déréglementation, ce qui signifie autoriser les grandes banques et les grandes entreprises à pénétrer les marchés locaux partout dans le monde. L'ʹaccent est sur le profit, pas les gens. » Lorsque les grandes entreprises et les banques sont déréglementées (par exemple par le biais d'ʹaccords de commerce « libres »), les gouvernements locaux, régionaux ou même nationaux ne peuvent plus empêcher des entreprises venant de l'ʹextérieur d'ʹopérer au sein de leurs frontières. Les entreprises et les institutions financières – n'ʹétant plus ancrées à un endroit – se déplacent partout où les salaires et les avantages sociaux sont faibles et où la réglementation fiscale, les lois sur l'ʹenvironnement ou les normes de santé sont laxistes. La mobilité des entreprises et le profit conduisent à ce qu'ʹon appelle une « course vers le bas », dans laquelle les gouvernements, à tous les niveaux, doivent réduire les salaires, les impôts et les règlementations, au risque de voir partir leurs clients et donc les emplois vers des pays qui offrent des plus bas salaires, et qui sont moins réglementés (p. ex. "ʺdélocalisation"ʺ). Ce processus porte atteinte aux économies locales et augmente l'ʹinstabilité économique, provoquant des bouleversements massifs qui érodent profondément les communautés et affaiblissent les liens sociaux. Cela a pris de multiples formes : par exemple, la
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relocalisation d'ʹentreprises a conduit à la désindustrialisation et la décomposition de la « rust belt » aux États-‐‑Unis ; au déplacement forcé de villageois en vue de projets de développement en Chine et en Inde ; et à la migration massive des campesinos (paysans) au Mexique, leur migration étant directement due à la libération du commerce (voir « La mondialisation détruit les moyens de subsistance »).
Avec cette plus grande mobilité créée par les traités de « libre-‐‑échange », les entreprises ont tissé un réseau global complexe d'ʹactivité économique. Ceci les a rendues moins réceptives mais aussi moins responsables envers les lieux et les communautés dans et avec lesquels ils font du commerce. En fait, l'ʹéconomie mondiale contourne très souvent les institutions démocratiques. Des institutions transnationales et les intérêts financiers de multinationales s'ʹemparent régulièrement d'ʹinitiatives démocratiques d'ʹétats-‐‑nations entiers. Les réformes du marché de libre échange, qui font partie intégrante de la mondialisation des entreprises, ont à la foi diminué « l'ʹespace politique » au sein duquel les démocraties peuvent fonctionner et contribuer davantage à la concentration du pouvoir des entreprises. Partout, on constate une érosion de la démocratie. Des milliards sont dépensés par les sociétés chaque année pour faire pression sur les autorités publiques et financer des campagnes politiques ; le syndrome de 'ʹ'ʹla porte à tambour'ʹ'ʹ entre les conseils d'ʹadministration des grandes entreprises et ceux des gouvernements fait que les autorités en question s'ʹoccupent de protéger les intérêts de celles-‐‑ci. En même temps, les médias qui sont contrôlés par les grandes entreprises bombardent le public avec des « actualités» trompeuses afin de les distraire des vrais enjeux auxquels nous sommes confrontés.
Paul Hellyer, ancien vice-‐‑premier ministre du Canada, décrit le processus de cette façon :
"ʺLa mondialisation devrait en fait s'ʹappeler 'ʹ'ʹcorporatisation'ʹ'ʹ. C'ʹest une tentative par les plus grandes sociétés et les plus grandes banques du monde, de repenser celui-‐‑ci de telle sorte qu'ʹils n'ʹauront à payer ni de salaires décents à leurs employés, ni d’impôts pour réparer les nids-‐‑de-‐‑poule ou maintenir les parcs ou encore payer des pensions pour les vieux et les handicapés. »
L'ʹéconomie mondiale est devenue de plus en plus volatile. Ceci est due à la fois à la croissance hautement spéculative d'ʹun « capitalisme de casino », ainsi qu'ʹà une intégration économique mondiale, qui facilite la diffusion rapide des crises à travers le monde. Ainsi, il est de plus en plus commun que des turbulences financières dans un endroit se répercutent sur toute la planète, déstabilisant et augmentant la vulnérabilité de toutes les communautés dans le monde. Alors que la plupart des gens ont tendance à penser que le processus de la mondialisation a commencé assez récemment – peut-‐‑être dans les années 1980 quand la grande poussée des traités de commerce « libre » a commencé. De nombreux experts voient la mondialisation comme la phase actuelle d'ʹun processus qui a commencé il y a 500 ans, à une époque de conquête et de colonialisme.
À partir de la fin du XVe siècle, de puissants royaumes et états-‐‑nations, essentiellement européennes, ont conquis et donc acquis des territoires à travers le monde. Dans les siècles qui suivent, les puissances coloniales menées une ingénierie sociale à grande échelle, réarrangeant, à leurs propres fins, les institutions politiques, économiques et sociales d’innombrables cultures diverses. Des économies axées sur des lieux spécifiques, des systèmes d'ʹexploitation et de connaissances agricoles ont été affaiblies ou détruites. On a clôturé et s'ʹest approprié des terres qui étaient précédemment considérées comme communes.
Au début de ce processus, la force était utilisée, surtout là où certaines des populations autochtones ont résisté et où l'ʹon avait besoin d'ʹesclaves pour faire le travail. Plus tard, des méthodes plus subtiles
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ont été utilisées : les enfants étaient mis dans des écoles occidentales, ce qui empêchait les systèmes de savoirs traditionnels d'ʹêtre transmis; des taxes ont été imposées afin que chaque famille ait à gagner un revenu en espèces ; les marchandises importées étaient subventionnées (comme dans Ladakh), portant ainsi atteinte à l'ʹéconomie locale. Même lorsque les colonies ont obtenu leur indépendance, les gouvernements qui étaient maintenant constitués d'ʹélites éduqués à l'ʹoccidental eurent tous pour but de « moderniser » leur pays et se faisant, contractèrent de lourdes dettes pour des projets de « développement » comme routes, autoroutes, terminaux maritimes, aéroports ou énormes barrages hydro-‐‑électriques. Afin de rembourser les dettes, les économies ont dû être orientées vers un commerce mondial, et beaucoup de leurs ressources naturelles vendues. Si les prêts ne pouvaient pas être remboursés, comme ce fut souvent le cas, le pays était contraint – par le biais de sanctions imposées par le FMI – d'ʹorienter son économie encore plus pleinement vers le commerce mondial.
En fin de compte, conquête, colonialisme et développement ont tous servi à ouvrir de nouveaux marchés et à briser les autonomies locales partout dans le monde, lui substituant une dépendance à une économie mondiale unique. Ils ont œuvré à éroder la diversité culturelle, en lui substituant une monoculture de consommateurs de plus en plus homogénéisée.
Lorsque le terme « mondialisation » est utilisé dans ce guide, c'ʹest à ces faits historiques et ces processus que nous nous référons.
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Est-‐‑ce que la « Mondialisation » est inévitable?
Malgré les affirmations que la mondialisation est inévitable, elle est en fait le produit de politiques économiques qui cherchent à créer des conditions favorables aux entreprises internationales et à l'ʹélite corporatif. Celles-‐‑ci comprennent : ▪ Créer ou légitimer des institutions économiques internationales non démocratiques (p. ex. l'ʹOMC, FMI, la Banque Mondiale, l'ʹInter-‐‑American Development Bank, ou la Banque Asiatique de Développement… etc.)
▪ Passer des accords de libre-‐‑échange (comme l'ʹAccord de Libre-‐‑Echange de l'ʹAmérique du Nord, l'ʹAccord de Libre-‐‑Echange d'ʹAmérique centrale, le Partenariat Trans-‐‑Pacifique, ou l'ʹAccord de Libre-‐‑Echange Transatlantique) ▪ Réduire les protections environnementales et la main d'ʹœuvre locale en instituant des règlementations pro-‐‑entreprises internationales qui attirent les investissements étrangers ; • Créer des « zones » (p. ex. «industrielles et purement axées sur l'ʹexportation », ou de « libre-‐‑échange », ou encore d'ʹ« économique spéciale ») qui sont toutes en fait des enclaves pratiquement exemptes de règlement qui permettent aux entreprises de maximiser leurs profits tout en ne respectant pas le droits des travailleurs et la protection de l'ʹenvironnement ▪ instituer des politiques fiscales qui favorisent ces grandes entreprises, ainsi que des paradis fiscaux et congés fiscaux
▪ Créer des lois qui concèdent à ces grandes sociétés des droits plus puissants qu'ʹaux personnes physiques et qui confondent argent et liberté de parole lors des élections ▪ directement subventionner les sociétés et les banques et les renflouer quand ils ont des difficultés ▪ accorder des subventions indirectes qui vont encore grossir les ressources et l'ʹinfrastructure nécessaires à ce commerce mondial
▪ permettre une grande concentration de pouvoir des entreprises (par exemple en ne faisant pas respecter les lois antitrust qui risqueraient de détruire des banques « trop énormes pour disparaître"ʺ) ▪ Financer des programmes de recherche et de développement qui ont directement bénéficié à de grandes sociétés (comme par exemple l'ʹlnternet, le matériel militaire, les technologies de transport, les semences hybrides/OGM et autres technologies industrielles agricoles)
.mandater des établissements et des programmes éducatifs qui forment les jeunes à l'ʹemploi dans un économie compétitive d'ʹentreprises. Loin d'ʹun marché mondial libre, on se retrouve avec un marché purement orienté vers le bénéfice des grandes entreprises, vers un interventionnisme étatique qui se produit à une échelle sans précédent. Bien que les grandes entreprises soient souvent créées par des gouvernements, et qu'ʹelles sont donc souvent entièrement dépendantes des états, l'ʹélite du monde des affaires défend avec le plus de véhémence le capitalisme global « libéral ».
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Questions & activités de réflexion et de débat
� Pourquoi pensez-‐‑vous que la mondialisation est si populaire parmi les décideurs ? Pourquoi est-‐‑ ce que les gouvernements la soutiennent au détriment de la démocratie, de l'ʹégalité et de l'ʹenvironnement ?
� De quelles façons est-‐‑ce que l'ʹéconomie de marché « libre » n'ʹest pas en fait libre ? A quoi ressemblerait un marché réellement libre ?
� Comment est-‐‑ce que la mondialisation a impacté votre vie et votre communauté ? �Comment est-‐‑ce que vous pensez que la mondialisation est liée à une érosion de la démocratie ?
� En quoi ressemble la récente période de mondialisation économique à l'ʹère coloniale ? En quoi est-‐‑ce que cela diffère?
� Lire le texte : Est-‐‑ce que la « Mondialisation » est inévitable ? Êtes-‐‑vous d'ʹaccord ou pas d'ʹaccord avec cette analyse des choses? Pourquoi pensez-‐‑vous que le récit sur « inévitabilité"ʺ de la mondialisation soit tellement répandu ? Qui en tire profit ? Qu'ʹest ce que cela fait à notre sentiment de pouvoir agir et changer les choses ?
En savoir plus
Lecture: Bodley, J. (2008) Victims of Progress, 5th E, Lanham: AltaMira Press.
Dunkley, G. (2004) Free Trade: Myth, Reality and Alternatives, London: Zed Books.
Ellwood, W. (2010) The No-‐‑Nonsense Guide to Globalization, Oxford: New
Internationalist and London:Verso.
Klein, N. (2007) The Shock Doctrine, New York: Picador.
Mander, J. and Goldsmith, E. (eds.) (1996) The Case Against the Global Economy, San Francisco: Sierra Club
Films & Vidéos: Life and Debt
www.lifeanddebt.org
The Corporation http://thecorporation.com
The Shock Doctrine www.imdb.com/video/screenplay/vi3815966489/
The New Rulers of the World www.bullfrogfilms.com/catalog/new.html
Liens: Bilaterals.org
www.bilaterals.org
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International Forum on Globalization www.ifg.org
Institute for Agriculture and Trade Policy www.iatp.org/issue/globalization
Public Citizen www.citizen.org/tradewatch
The Transnational Institute www.tni.org
Third World Network www.twnside.org.sg
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3 ◦ LA MONDIALISATION NOUS REND MALHEUREUX "ʺChaque année depuis la fin de la seconde guerre mondiale une des grandes boîtes de sondage a demandé aux américains, « Etes-‐‑vous satisfait de votre vie?"ʺ Le pourcentage d'ʹaméricains qui disent: « Oui, je suis très heureux de ma vie » atteint son maximum en 1956 et diminue lentement mais régulièrement depuis lors. C'ʹest intéressant parce que pendant cette même période de cinquante ans, nous sommes devenus infiniment plus riches. Nous possédons trois fois plus de choses. En quelque sorte, ça n'ʹa pas marché, parce que cette prospérité a en même temps saper nos vivre ensemble."ʺ~ Bill McKibben
"ʺJe pense que les seules personnes qui soient heureuses, vraiment heureuses, et qui se sentent profondément sécurisés sont des gens qui savent qu'ʹils peuvent compter sur les autres dans leur vie : les gens qui savent qu'ʹils ne sont pas seuls au monde. Les gens qui se sentent seuls n'ʹont jamais été des gens heureux. La mondialisation a crée une planète très solitaire. » ~ Vandana Shiva
‘ Economie du Bonheur soutient que la mondialisation crée des conditions qui compromettent notre bien-‐‑être personnel et social. A un niveau structurel, la mondialisation économique sape les populations en coupant leurs connexions avec l'ʹun l'ʹautre et aussi le monde naturel. Pourtant, ces connexions sont des besoins humains fondamentaux et sont essentielles pour le bien-‐‑être et le bonheur personnel. En outre, la mondialisation économique propage un mode de vie consumériste global, avec d'ʹimportantes conséquences psychologiques négatives (voir chapitre suivant, « La mondialisation engendre l'ʹinsécurité »). Les partisans de la mondialisation prétendent qu'ʹelle mène à la croissance économique, qui à son tour, est censée aboutir à un mieux-‐‑être personnel et social. Pourtant, les chercheurs ont constaté que ni la croissance économique, la croissance de revenu, ni la prospérité matérielle n'ʹentraîne nécessairement plus de bonheur ou de bien -‐‑ être (en économie, ceci s'ʹappelle le « paradoxe d'ʹEasterlin »). En fait, dans de nombreux endroits– les USA, la Grande-‐‑Bretagne, le Japon, la Chine et autres pays – des données d'ʹenquête ont révélé qu'ʹune fois que les besoins fondamentaux sont comblés, les augmentations de revenus ou de croissance économique n'ʹentraînent pas plus de joie de vivre. Dans certains cas, le bien-‐‑être psychologique a en fait diminué quand l'ʹéconomie s'ʹest développée. Ceci est particulièrement vrai du monde industrialisé. Comme le psychologue, Chris Johnstone, dit dans le film, "ʺnous constatons une augmentation des cas de dépression dans l'ʹOuest. Certaines études montrent que le taux de dépression a doublé, d'ʹautres études montrent qu'ʹil a augmenté de dix fois. »
Non seulement la mondialisation mine notre bonheur, mais les recherches montrent que toute une série d'ʹautres indicateurs de bien-‐‑être sont allés en s'ʹaggravant, par exemple, le stress, la solitude, le
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surmenage, les taux de suicide, l'ʹinégalité, l'ʹabus de drogues et la pauvreté. Aux États-‐‑Unis, par exemple, l'ʹIndice de Santé Sociale a diminué de près de 25 % depuis 1970.
Qu'ʹest-‐‑ce qui nous rend donc heureux ? Des recherches ont montré que de fortes attaches sociales et une connexion directe au lieu de vie et à la nature sont cruciaux au bonheur et au bien être et ces connexions sont précisément ce que détruit la mondialisation. Par exemple 'ʹla course vers le bas'ʹ décrite dans le chapitre précédent conduit au déplacement des ouvriers et des paysans, créent des réfugiés économiques, de l'ʹinsécurité économique, du chômage, de la marginalisation et des difficultés psychologiques pour les familles. Cela peut détruire des communautés aux deux extrémités du processus – ceux que les gens abandonnent et celles vers lesquelles ils fuient. La mondialisation a de nombreuses autres conséquences pour la population et le bien-‐‑être personnel. Elle détruit: ● les liens sociaux et locaux ● le sentiment d'ʹappartenance et d'ʹidentité partagée ● les relations de soins en face à face et à taille humaine– qui sont remplacées avec des relations commerciales et impersonnelles ● l'ʹinterdépendance mutuelle– les gens ne s'ʹappuient plus sur l'ʹun l'ʹautre pour subvenir à leurs besoins ● l’interdépendance au sein de la communauté – est replacé par l’isolation, l’individualisme, l’insécurité, la compétition pour les quelques jobs à avoir, l'ʹenvie, la méfiance et la peur
En outre, alors que la mondialisation se déroule l'ʹinégalité grimpe en flèche, à l'ʹintérieur et entre les pays : aujourd'ʹhui, les 300 plus riches personnes au monde sont aussi riches que les plus pauvres 3 milliards. Plus l'ʹécart de richesse augmente, plus la cohésion sociale et la santé sociale se détériorent, et par conséquent, le bien-‐‑être psychologique décline également.
Pour résumer, la mondialisation est l'ʹéconomie du malheur.
L'ʹInégalité de la Richesse Mondiale
Regardez cette courte vidéo pour en savoir plus sur l'ʹampleur surprenante des inégalités sur le plan mondial :
http://www.youtube.com/watch?v=uWSxzjyMNpU
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minds-‐‑loneliness,-‐‑social-‐‑brains-‐‑and-‐‑the-‐‑need-‐‑for-‐‑community
Richard Wilkinson lecture: How economic inequality harms societies’
www.ted.com/talks/richard_wilkinson.html
The Spirit Level Documentary: How Greater Equality Makes Societies Stronger (also a book) http://thespiritleveldocumentary.com
Liens:
Crumbling American Dreams http://opinionator.blogs.nytimes.com/2013/08/03/crumbling-‐‑american-‐‑ dreams
Equality Trust www.equalitytrust.org.uk/research
Five Ways to Well-‐‑being: The Evidence
Questions & Activités de Réflexion et de Débat
� Le bonheur est difficile à définir et à mesurer. Discutez de ce que signifie le bonheur pour vous. Est-‐‑ce différent de ce qu’il signifie pour les autres ?
� Est-‐‑ce que vous-‐‑même ou quelqu'ʹun que vous connaissez avez été forcés à une relocalisation à cause de la mondialisation ? Quels ont été les impacts sociaux et psychologiques ?
� Dans la préface de l'ʹEconomie du Bonheur, Helena Norberg-‐‑Hodge met l'ʹaccent sur l'ʹimportance d'ʹun sentiment d'ʹappartenance et de l'ʹinterdépendance communautaire au bien-‐‑être psychologique de la culture traditionnelle de Ladakh. Est-‐‑ce aussi vrai dans votre vie ? � Regarder et discuter de l'ʹexposé de John Cacioppo : “Connected Minds: Loneliness, Social Brains and the Need for Community” http://www.thersa.org/events/video/archive/professor-‐‑john-‐‑acioppo-‐‑-‐‑-‐‑connected-‐‑minds-‐‑loneliness,-‐‑social-‐‑brains-‐‑and-‐‑the-‐‑need-‐‑for-‐‑community
En savoir plus
Lecture: Cacioppo, J. (2009) Loneliness: Human Nature and the Need for Social Connection, New York: W. W. Norton & Co.
Layard, R. (2006) Happiness: Lessons from a New Science, New York: Pen uin.
McKibben, B. (2007) Deep Economy, New York: Times Books.
New Economics Foundation (2005) Well-‐‑being and the Environment (www.neweconomics.org/publications/entry/well-‐‑being-‐‑and-‐‑the-‐‑ environment)
Putnam, R. (2000) Bowling Alone, New York: Simon and Schuster.
Schor, J. (2011) True Wealth, New York: Penguin.
Films & Vidéos: Connected Minds: Loneliness, Social Brains and the Need for Community
www.thersa.org/events/video/archive/professor-‐‑john-‐‑cacioppo-‐‑-‐‑-‐‑connected-‐‑
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4 ◦ LA MONDIALISATION AMENE L'ʹINSECURITE
« Notre économie extrêmement productive... exige que la consommation à outrance soit notre mode de vie, que nous voyions l'achat et l'utilisation des marchandises comme des rituels, que nous y trouvions une satisfaction de l'ego ou même une sorte de satisfaction spirituelle, dans la consommation... il y a l'idée de l'obligation que les choses soient consommées, consumées, remplacées et jetées à un rythme de plus en plus rapide. » ~ déclare Victor Lebow, analyste économique, dans le 'Journal of Retailing'
"Le téléspectateur moyen qui regarde la télévision pendant plus de quatre heures par jour est assommé avec environ vingt-cinq mille messages publicitaires par an et à l'âge de 65 ans, il en aura vu plus de 2 millions. Cela correspond à vingt - cinq mille répétitions annuelles d'un même message de base: Vous serez plus heureux si vous achetez quelque chose. » ~ Jerry Mander, la Privatisation de la Conscience
a mondialisation économique propage une monoculture de consommateurs aux quatre coins du monde. Des institutions comme l'ʹOrganisation Mondiale du Commerce et le Fond Monétaire International et les accords de « libre-‐‑échange » comme l'ʹALENA exigent des nations qu'ʹelles ouvrent leurs frontières aux entreprises transnationales en quête de nouveaux marchés et de profits plus élevés. Lorsqu'ʹils entrent dans ces pays ils amènent avec elles des grandes campagnes de relations publiques (PR) et de marketing très sophistiquées. Les dépenses publicitaires mondiales pour 2012 seul s'ʹélevaient à environ $ 500 milliards.
Les sociétés de relations publiques et les agences de publicité manipulent les gens délibérément; ils exploitent leur insécurité innée, leurs sentiments d'ʹinfériorité, ils les encouragent à la comparaison sociale mais aussi à la cupidité, la peur, l'ʹenvie et la honte. Au nom de l'ʹexpansion des marchés, les multinationales créent de nouvelles attentes, des rêves, mais aussi de nouveaux besoins et des insatisfactions. Ils érodent le sentiment de satisfaction des gens et les exposent partout à des images romancées et glorifiées où ils leur inventent des modes de vie de riches aux corps « parfaits ». Comme le dit Helena Norberg-‐‑Hodge dans le film, « même si vous êtes blonde, aux yeux bleus et belle, vous n'ʹêtes jamais tout à fait assez belle. »
Pour ceux qui ne peuvent vraiment pas se conforment à ces stéréotypes, le coût est encore plus élevé: "ʺLes modèles qui sont donnés à travers le monde aujourd'ʹhui ressemblent très peu aux habitants de l'ʹAfrique, l'ʹAsie ou l'ʹAmérique du Sud. Ils marginalisent la majorité de la population mondiale. »
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Ainsi, les ventes de lentilles de contact bleues s'ʹaccroissent, et de plus en plus de gens utilisent des produits chimiques pour éclaircir leur peau ou leurs cheveux. Selon un article récent, le marché indien de crèmes à blanchir la peau valait $ 432 millions en 2010 et continuerait d'ʹaugmenter de 18 pour cent par an. Selon certaines sources, en 2011, les Indiens ont consommé 233 tonnes de produits à blanchir de la peau.
Tout cela est soigneusement conçu pour éroder la confiance en soi et préparer les gens à une course incessante vers la consommation. Dans un même temps, les multinationales font de leur mieux pour combler les vides psychiques laissés par la désolation profonde que crée la mondialisation. Comme le dit Clive Hamilton dans le film, « Dans une ère antérieure, avant
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l'ʹère moderne du capitalisme consumériste, la conscience de soi, l'ʹidentité personnelle, étaient façonnées en grande partie grâce à l'ʹappartenance à une communauté ou à un quartier. De nos jours, tous ces supports ont disparus, et l'ʹespace restant a été rempli par les spécialistes du marketing, qui sont venus nous dire, 'ʹ ne vous inquiétez pas si vous ne savez pas qui vous êtes. Nous vous fournirons une identité emballée que vous pouvez utiliser – en achetant nos produits, bien sûr – pour vous recréer une image de vous-‐‑même, que vous pourrez ensuite projeter sur le monde. "ʺ"ʺ Non seulement les produits sont vendus en tant que chemin vers la réalisation personnelle, mais aussi en tant que substituts aux véritables relations humaines et besoins d'ʹappartenance et de connexion.
Un aspect particulièrement troublant de la culture consumériste est la commercialisation de l'ʹenfance. Au nom du profit, les sociétés exploitent cyniquement la vulnérabilité et la fragilité psychologique uniques des enfants, en leur inculquant des insécurités profondes. Comme le souligne Helena Norberg-‐‑Hodge : « Les jeunes recherchent l'ʹacceptation ; ils veulent ressentir un sens d'ʹappartenance. Et ont leur dit maintenant que s'ʹils veulent avoir le respect de leur groupe, ils ont besoin d'ʹavoir les dernières chaussures de sport à la mode , les derniers gadgets, les vêtements dernier cri. Et, bien sûr, plus ils sont dans le consumérisme plus cela les conduit à un sentiment de séparation et d'ʹenvie, et non au sens de connexion – et d'ʹamour – qu'ʹau fond, ils recherchent véritablement. »
Ce processus affecte non seulement les individus et les enfants, mais aussi des cultures entières. La mondialisation tend à
La Commercialisation de
La Commercialisation de
l'ʹEnfant Le montant d'ʹargent dépensé par les multinationales ciblant les enfants a augmenté régulièrement au cours des dernières décennies. Ainsi, les enfants sont les victimes les plus récentes et les plus vulnérables de la mondialisation. Comme Juliet Schor le dit de façon poignante dans le film : « Ce sont les grosses boites qui élèvent nos enfants. Ils leur font faire des choix alimentaires, des choix de divertissement, leur dictent ce qu'ʹils veulent acheter et de quoi ils doivent se soucier? De plus en plus c'ʹest un ensemble de grosses boîtes qui vendent aux enfants. » Les chiffres de cette tendance sont véritablement préoccupants : • les entreprises dépensent environ $ 17 milliards aux États-‐‑Unis dans la publicité ciblée envers les enfants • Des centaines de millions de dollars financent des recherches en psychologie sur les moyens de manipuler les enfants pour qu'ʹils embêtent leurs parents et les poussent à acheter certains produits Selon la Campagne appellée 'ʹCommercial-‐‑ Free Childhood'ʹ, 'ʹUne Enfance sans Pubs'ʹ, les recherches montrent que : • l'ʹexposition aux médias et au marketing contribue au matérialisme de l'ʹenfant • les enfants qui sont plus matérialistes sont moins heureux, plus déprimés, ont une plus faible estime d'ʹeux-‐‑mêmes et ont le plus de symptômes d'ʹanxiété. • une étude dans le British Journal of Psychiatry a conclu qu'ʹune exposition prolongée à la télévision chez des adolescentes de l'ʹîle de Fidji avait provoqué chez elles une altération de la perception qu'ʹelles avaient de leur corps et avait accru à une augmentation parmi elles de troubles alimentaires.
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créer ce qu'ʹHelena Norberg-‐‑Hodge a appelé un « complexe d'ʹinfériorité culturel », selon lequel tous les peuples en viennent à voir leur mode de vie comme étant arriéré et honteux par rapport aux représentations que font les médias glamours des modes de vie consuméristes et aisés. Il y a beaucoup de choses qui véhiculent ces idées, y compris :
●Les écoles modernes. Une forme de scolarité provenant de l'ʹOuest a été presque universellement répandue partout dans le monde, au détriment des connaissances et des systèmes d'ʹapprentissage locaux. Ce système importé comporte fréquemment des programmes chargés de valeurs qui dénigrent les modes de vie traditionnels et les visions autochtones du monde. Comme le dit Eliana Espillico dans le film « nos enfants apprennent à rejeter leur propre culture à l'ʹécole. Pourquoi ? Parce que le professeur leur dit, 'ʹ si tu n'ʹapprends pas à multiplier il ne te restera qu'ʹà nourrir les cochons, « si tu n'ʹapprends pas à multiplier, tu seras fermier comme ton père » — comme si être fermier était un délit ou un crime ou quelque chose de mauvais. »
●Les médias de masse La télévision, les magazines, la radio, l'ʹinternet, les films 'ʹHollywood etc... tous
sont de puissants mécanismes de diffusion de la culture consumériste occidentale.
• Le développement conventionnel. où « développement » signifie en fait, imiter le mode de vie du monde industrialisé. L'ʹécrivaine Maria Mies décrit cela comme « développement de rattrapage », dans lequel il est supposé que dans les sociétés riches des États-‐‑Unis, de l'ʹEurope et du Japon, les gens ont « la belle vie ». Cette forme de développement mène inévitablement à la « dévaluation de ses propres... culture, travail, technologie, style de vie et souvent aussi philosophie de vie et institutions sociales. »
Questions & activités de réflexion et de débat
� Regardez cette courte vidéo d'ʹanimation en ligne et voyez les liens qu'ʹelle a avec les arguments présentés dans l'ʹEconomie du Bonheur :
Le Matérialisme Coûte Cher
http://www.newdream.org/resources/high-‐‑price-‐‑of-‐‑materialism
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� Réfléchir et discuter de comment les images et les messages passés par les média affectent votre estime de vous et votre amour propre. � Comment sont liés la mondialisation, le consumérisme et l'ʹidée de Mies de « développement de rattrapage » ?
En savoir plus Lecture: Ewen, S. (2004) Captains of Consciousness: Advertising and the Social Roots
of the Consumer Culture, New York: Basic Books. Kanner, A. (2005) “Globalization and the Commercialization of Childhood”, Tikkun (www.commercialfreechildhood.org/resource/globalization-‐‑and-‐‑ commercialization-‐‑childhood). Kasser, T. (2002) The High Price of Materialism, Cambridge MA: MIT Press.
Norberg-‐‑Hodge, H. (1992) “The Pressure to Modernize” (www.localfutures.org/publications/online-‐‑articles/the-‐‑pressure-‐‑to-‐‑modernise)
Seabrook, J. (2004) Consuming Cultures: Globalization and Local Lives, London: New Internationalist.
Films & Vidéos: Consuming Kids: The Commercialization of Childhood
www.mediaed.org/cgi-‐‑bin/commerce.cgi?preadd=action&key=134
Killing Us Softly -‐‑ Advertising’s Image of Women www.mediaed.org/cgi-‐‑bin/commerce.cgi?preadd=action&key=241
Merchants of Cool www.pbs.org/wgbh/pages/frontline/shows/cool/
Schooling the World http://schoolingtheworld.org/
The Century of the Self www.youtube.com/playlist?list=PL360F404CB1C0EF86
Liens: Campaign for a Commercial-‐‑Free Childhood
www.commercialexploitation.org
Center for a New American Dream www.newdream.org
India’s Unfair Obsession with Lighter Skin, The Guardian, 14 August, 2013 www.theguardian.com/world/shortcuts/2013/aug/14/indias-‐‑dark-‐‑obsession-‐‑
fair-‐‑skin
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Privatization of Consciousness by Jerry Mander http://monthlyreview.org/2012/10/01/privatization-‐‑of-‐‑consciousness
Think Of Me As Evil? Opening The Ethical Debates In Advertising www.wwf.org.uk/wwf_articles.cfm?unewsid=5374
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5 ◦ LA MONDIALISATION GASPILLE LES RESSOURCES NATURELLES "ʺLa terre-‐‑mère peut satisfaire l'ʹappétit normal de ses enfants et avoir un petit quelque chose en plus dans des cas exceptionnels. Mais elle ne peut satisfaire la croissance soudaine de tout un monde d'ʹenfants pourris gâtés."ʺ~ Rabîndranâth Tagore "ʺ.. .aucun endroit sur terre n'ʹéchappe aux méfaits sociaux et culturels du « succès » mondial économique – d'ʹoù les efforts désespérés des gouvernements et des élites du monde entier de préserver une mesure du bien-‐‑être qui reflète vraiment une amélioration économique durable et non de se perdre dans des aspects de la vie quotidienne où s'ʹaccumule une plus-‐‑value de la misère, de la même façon que les déchets et les ordures de notre société industrielle polluent les cours d'ʹeau, l'ʹair et les forêts de la terre. "ʺ~ Jeremy Seabrook
utre ses nombreux coûts sociaux et psychologiques, cette culture mondialisée de la consommation fait que l'ʹon utilise la nature de plus en plus pour produire des produits inutiles, jetables et souvent toxiques. Le consumérisme a atteint des niveaux dramatiques et insoutenables dans les sociétés industrialisées, et malgré cela la mondialisation impose son modèle à travers le monde, en accroissant toujours plus l'ʹexploitation de la nature et la production de déchets dangereux. L'ʹanalyses de l'ʹ « Empreinte écologique » (mesurer les impacts environnementaux des différents styles de vie) illustrent que la race humaine dans son ensemble dépasse les capacités de régénération et d'ʹabsorption de la biosphère. Si tous les pays du monde suivaient notre modèle de croissance industrielle on aurait besoin de deux à six autres terres. Une planète entière serait déjà nécessaire si la Chine et l'ʹInde atteignaient elles-‐‑seules le même niveau de consommation que le Japon aujourd'ʹhui. La mondialisation fait également que l'ʹurbanisation s'ʹaccélère. Ceci est particulièrement vrai dans le sud, où des mesures politiques rendent délibérément les cultures traditionnelles de la terre non viables ou forcent les gens à migrer vers les villes – généralement dans des bidonvilles qui n'ʹen finissent pas – juste pour pouvoir survivre. En général, on croit que les villes sont mieux pour l'ʹenvironnement que les communautés rurales. Mais en fait, comme l'ʹexplique le film, "ʺc'ʹest seulement vrai en comparaison avec la vie dans les banlieues. Par rapport à des modes de vie véritablement décentralisés, l'ʹurbanisation est extrêmement gourmande en ressources. » Pour prendre juste le cas de la Chine – le pays qui connait l'ʹurbanisation la plus rapide du monde – un certain nombre d'ʹétudes ont montré que les villes chinoises ont une empreinte écologique considérablement plus grande que les zones rurales du pays. Par exemple, alors que l'ʹempreinte
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écologique nationale par habitant en Chine est un peu plus petite que la moyenne mondiale, la moyenne de Pékin est de 2,8 fois plus– plus élevée même que la moyenne japonaise. D'ʹautres études en arrivent à des conclusions similaires : dans une société agraire comme la Chine, l'ʹurbanisation intensifie considérablement les empreintes écologiques et les coûts environnementaux.
Une des raisons pour lesquelles les gens croient que les villes sont moins gourmandes en ressources est que leurs impacts se font souvent hors de la ville elle-‐‑même. Comme les fondateurs de la notion d'ʹempreinte écologique, William Rees et Mathis Wackernagel, l'ʹexpliquaient il y a plus de dix ans :
"ʺ… les lieux à haute densité humaine ne coïncide plus écologiquement avec leur emplacement géographique. Les villes du XXe siècle et les régions industrielles dépendent pour leur croissance et leur survie de vastes zones écologiquement productives qui sont de plus en plus étalées dans le monde. Les villes 'ʹs'ʹapproprient'ʹ automatiquement la production écologique et les fonctions de support vitaux de régions éloignées partout dans le monde, à travers les échanges commerciaux et des cycles biogéochimiques naturels. ... la migration massive des populations vers les villes pendant ce siècle a transformé les régions industrielles urbaines en centres de consommation intense. Plus la ville est riche et plus elle est connectée au reste du monde, plus le poids qu'ʹelle impose à l'ʹécosphère est important grâce, bien sûr, au commerce et à d'ʹautres formes de levier économique. Vu sous cet angle et contrairement à ce que les gens croient, le dépeuplement apparent de nombreuses régions rurales ne signifie pas qu'ʹelles sont abandonnées dans un sens éco-‐‑fonctionnelle. Alors que la plupart des gens sont peut-‐‑être partis ailleurs, les terres rurales et leurs éco-‐‑systèmes sont exploités plus intensément que jamais et sont mis au service de populations humaines nouvellement urbanisées. »
La dure réalité est que bien qu'ʹelles n'ʹabritent que la moitié de la population mondiale, les villes du monde entier représentent 75 pour cent de la consommation mondiale en énergie, 80 pour cent des émissions de gaz à effet de serre et une part disproportionnée des ressources, comme la nourriture, le bois et l'ʹacier.
En même temps que des mégapoles explosent dans l'ʹensemble de l'ʹhémisphère Sud, avec des répercussions environnementales désastreuses, quelque chose de différent se produit dans certaines parties de l'ʹhémisphère Nord. La mondialisation conduit en effet à un phénomène de «ville jetable». Là, la fermeture de certains sites industriels et la relocalisation a dépeuplé beaucoup de villes pourtant établies là depuis longtemps, à grands frais pour l'ʹenvironnement. Pourquoi ? Comme l'ʹexplique un chercheur, « alors que les emplois vont et viennent dans les villes de façon incontrôlée, on 'ʹjette'ʹ littéralement logements, routes, écoles, hôpitaux et établissements publics — seulement pour avoir à en reconstruire ailleurs à grands frais financiers, énergétiques et écologiques"ʺ (Alperovitz et al., 2012).
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L'ʹUrbanisation à échelle mondiale: Un théorème impossible
Les sociologues environnementaux John Bellamy Foster et Brett Clark expliquent pourquoi l'ʹurbanisation à l'ʹéchelle mondiale qui suit le modèle occidental est non seulement écologiquement désastreuse, mais physiquement impossible : "ʺLa notion que les zones de l'ʹhémisphère sud, y compris la Chine et l'ʹInde peuvent facilement intégrer les milliards de personnes qui ont pour l'ʹinstant une agriculture à petite échelle dans les centres urbains surpeuplés du tiers-‐‑monde est le fruit d'ʹune idéologie de développement selon lequel les pays riches d'ʹEurope occidentale sont censés, à l'ʹépoque, avoir absorbé rapidement leurs propres populations rurales au sein de leurs villes industrialisées. En réalité, il y avait des vagues immenses d'ʹémigration d'ʹeuropéens vers les colonies ce qui amoindrissait la pression sur les villes... Il n'ʹest manifestement pas possible pour l'ʹhémisphère sud d'ʹaujourd'ʹhui de suivre un tel modèle d'ʹindustrialisation et d'ʹurbanisation, qui s'ʹappuie sur une émigration massive des populations vers les villes. Ces pays n'ʹen ont ni la capacité... ni la conjoncture économique favorable — l'ʹexpansion sur un continent tout « nouveau »... en vertu duquel les États-‐‑Unis émergent en tant que puissance industrielle mondiale. A la place ce qui se produit dans de nombreux pays est une énorme croissance de bidonvilles alors que les gens migrent des campagnes vers les villes où il n'ʹy a pas assez d'ʹoffres d'ʹemploi."ʺ Foster, J. B. and Clark, B. (2012) ‘The Planetary Emergency’, Monthly Review (http://monthlyreview.o rg/2012/12/01/the-‐‑planetary-‐‑emergency).
Questions & activités de réflexion et de débat
� Un argument courant pro urbanisation est qu'ʹen fait elle profiterait l'ʹenvironnement parce qu'ʹelle serait « plus efficace ». Quelles sont les suppositions faites dans cet argument ? Comment définit-‐‑on « l'ʹefficacité » et comment la mesure-‐‑t-‐‑on ? Qu'ʹest ce qui manque dans cet argument? Comment est-‐‑ce que cet argument pourrait être d'ʹun côté correct et d'ʹun autre incorrect ? � Si vous habitez en ville, essayez de noter toutes les infrastructures qui fournissent la ville avec les choses de base comme l'ʹeau, l'ʹénergie et les produits alimentaires. Imaginez le « parcours» des choses consommées dans la ville : d'ʹoù ils proviennent, qui les produit, comment et où ils finissent. � Regardez et parlez de la collection d'ʹimages du photographe Lu Guang sur la pollution industrielle en Chine aujourd'ʹhui : “Infernal Landscapes: Pollution in China”, The New York Times 14 Oct., http://lens.blogs. nytimes.com/2009/10/14/showcase-‐‑65/?ref=global-‐‑home&_r=0 � Regardez la nouvelle collection de vidéos time-‐‑lapse satellite montrant l'ʹéchelle vraiment terrifiante qu'ʹa atteinte la destruction de l'ʹenvironnement. Ceci est le résultant de l'ʹurbanisation et de l'ʹindustrialisation du monde ces 30 dernières années : http://world.time.com/timelapse/.Voir en particulier la vidéo, chapitre 4 : Explosion Urbaine Faites attention au texte qui accompagne cette vidéo, et comment elle reflète le récit habituel sur l'ʹurbanisation. �Regardez cette courte vidéo pour en savoir plus sur l'ʹimpacte écologique du consumérisme.
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Export-‐‑Proof Local Economy”, Alternet, July 26 (http://www.alternet. org/beyond-‐‑throwaway-‐‑cities-‐‑how-‐‑build-‐‑export-‐‑proof-‐‑local-‐‑economy).
Brown, L. (2005) Outgrowing the Earth, London: Earthscan.
Dauvergne, P. (2008) The Shadows of Consumption: Consequences for the Global Environment, Cambridge, MA: MIT Press.
Foster, J. B. and Clark, B. (2012) “The Planetary Emergency”, Monthly Review (http://monthlyreview.o rg/2012/12/01/the-‐‑planetary-‐‑emergency)
Rees, W. and Wackernagel, M. (1996) “Urban Ecological Footprints: Why Cities Cannot Be Sustainable and Why They Are a Key to Sustainability”, Environmental Impact Assessment Review 16, 223-‐‑248.
Films & Videos: Manufactured Landscapes
www.zeitgeistfilms.com/film.php?%20directoryname=manufacturedla ndscapes
Samsara www.barakasamsara.com
Trashed www.trashedfilm.com
What is Ecological Overshoot? www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/page/video_overshoot_ explained/
Links: Earth Policy Institute
www.earth-‐‑policy.org
Glo
The Story of Stuff
http://www.storyofstuff.org/movies-‐‑all/story-‐‑of-‐‑stuff/
En savoir plus Lecture: Alperovitz, G. et al. (2012) “Beyond Throwaway Cities: How To Build An
Foster, J. B. and Clark, B. (2012) “The Planetary Emergency”, Monthly Review
(http://monthlyreview.o rg/2012/12/01/the-‐‑planetary-‐‑emergency)
Rees, W. and Wackernagel, M. (1996) “Urban Ecological Footprints: Why Cities Cannot Be Sustainable and Why They Are a Key to Sustainability”, Environmental Impact Assessment Review 16, 223-‐‑248.
Films & Vidéos: Manufactured Landscapes
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Samsara www.barakasamsara.com Trashed www.trashedfilm.com What is Ecological Overshoot? www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/page/video_overshoot_ explained/
Liens: Earth Policy Institute
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Global Footprint Network www.footprintnetwork.org Infernal Landscapes: Pollution in China, The New York Times 14 Oct., 2009
http://lens.blogs.nytimes.com/2009/10/14/showcase-‐‑65/?ref=global-‐‑home&_r=0 Timelapse: Urban explosion (Watch the world change over the course of nearly three decades of satellite photography)http://world.time.com/timelapse/ Urbanization Is Not Inevitable -‐‑ We Refuse To Disappear Say Indian Farmers http://lvcsouthasia.blogspot.com/2011/10/urbanization-‐‑is-‐‑not-‐‑inevitable-‐‑we. html Worldwatch Institute http://www.worldwatch.org/
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6 ◦ LA MONDIALISATION ACCÉLÈRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
"ʺL’urgence de la situation s’est cristallisée ces quelques dernières années. Nous avons maintenant des preuves claires de la crise ... la conclusion surprenante est que l’exploitation continue de tous les combustibles fossiles sur terre menace non seulement des millions d'ʹautres espèces sur la planète, mais aussi la survie de l’humanité elle-‐‑même, et l'ʹéchéancier est plus court que nous ne le pensions."ʺ~ James Hansen, climatologue
« Nous transportons des marchandises partout dans le monde d’une manière qui semble vraiment bizarre » ~ Paul Watkiss, économiste d’Oxford
« Les américains importent des biscuits au sucre danois et les danois importent des biscuits au sucre américain. Échanger des recettes serait certainement plus efficace. » ~ Herman Daly, économiste écologique
‘Economie du Bonheur soutient que la mondialisation économique accélère le changement climatique, et c'ʹest un des plus importants défis environnementaux du monde d'ʹaujourd'ʹhui. La situation à laquelle nous sommes confrontés est désastreuse : pour stabiliser le climat avant que la limite maximale ne soit atteinte et que l’on atteigne un « point de basculement » irréversible, il faudrait des réductions massives d'ʹémissions de gaz à effet de serre (GES).
Les nouveaux modes de transports, les nouvelles technologies de la communication, les politiques de « libre échange », les combustibles fossiles rendus artificiellement bon marchée par des subventions et des coûts environnementaux externalisés, et le désir des entreprises d’exploiter les bas salaires ont ensemble conduit les grandes entreprises à déplacer leurs installations de production partout où les coûts sont les plus bas, tandis que l’approvisionnement en matières premières et en autres composants s'ʹest de plus en plus éloigné. Cela a conduit à l’accroissement du commerce mondial, à un allongement de la chaîne d’approvisionnement et à une augmentation de distance entre le fabricant et le consommateur. Ceci, à son tour, a énormément accru la consommation inutile de combustibles fossiles et par conséquent les émissions de GES. Les émissions de GES dans les transports est une des choses qui contribuent le plus au changement climatique. Le fret routier et l’aviation, qui sont les modes de transport les plus polluants, augmentent nettement. Le transport outre-‐‑mer par bateau qui est souvent considéré comme le mode de transport « le plus vert », a également une empreinte carbone énorme.
Même l’OMC – un organisme voué à l’expansion sans fin du commerce – a rapporté :
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« Ces cinquante dernières années ont été marqué par une expansion sans précédent du commerce international. En termes de volume, le commerce mondial est presque trente -‐‑ deux fois plus élevé qu’en 1950... cette expansion spectaculaire est peut-‐‑être une des raisons pour laquelle le commerce est de plus en plus prise en considération dans les discussions sur le changement climatique... La plupart des études économétriques suggère qu'ʹun commerce plus ouvert est susceptible d’augmenter les émissions de CO2. » Ces quarante dernières années, la quantité d’aliments transportés entre les pays a été multipliée par quatre. D’autres études font un lien certain entre le degré d’expansion des exportations d’un pays et de ses investissements à l’étranger avec son augmentation d’émissions de GES. Tout cela renforce un consensus parmi les économistes écologiques que les réductions nécessaires pour éviter des changements climatiques catastrophiques sont radicalement incompatibles avec la poursuite de l’expansion de la mondialisation et de la croissance économique, même avec l'ʹamélioration en efficacité que nous apportent les nouvelles technologies.
Pendant ce temps, les mêmes facteurs qui ont conduit à l’expansion de l’économie mondiale ont aussi donné naissance à toutes sortes de « commerces absurdes et redondants. » complètement inutiles. Comme observé dans l’Economie du Bonheur, de nos jours, les pays importent et exportent systématiquement des quantités presque identiques de produits identiques. Un article du New York Times cite Paul Watkiss, économiste d'ʹOxford: "ʺ La Grande-‐‑Bretagne... – à la fois importe et exporte – 15 000 tonnes de gaufres par an et de même, échange 20 tonnes d’eau en bouteille avec l’Australie.’’ L'ʹarticle continue en disant:
« Le cabillaud, capturé au large de la Norvège, est expédié en Chine pour être transformé en filets, puis est réexpédié en Norvège pour le vendre. Des citrons argentins remplissent les rayons des supermarchés sur la côte espagnole où poussent des agrumes, alors que les citrons du coin pourrissent par terre. La moitié des petits pois de l’Europe est cultivée et conditionnée au Kenya."ʺ
Bien qu’important, le transport des marchandises n’est pas la seule source d’émissions de GES résultant de la mondialisation économique. Sans doute, la pire façon qu'ʹa la mondialisation d'ʹaccélérer le changement climatique est de déplacer des millions de personnes de communautés rurales relativement durables et autonomes (en particulier dans l’hémisphère Sud), vers des centres urbains et industriels à croissance rapide où ils deviennent dépendants de modèles de production intensif, de GES de production et de consommation.
Non seulement la mondialisation a accéléré le changement climatique, mais elle a abouti à la perte de savoirs traditionnels divers et d’économies locales plus durables. Cette perte de savoirs et de modes de vie durables compliquera les choses quand il s'ʹagira de faire face et de s’adapter au changement climatique, car la résilience de la communauté sera amoindrie.
Si la mondialisation et une croissance économique constante ne sont pas compatibles avec la stabilisation du climat, la solution évidente et nécessaire est en partie de re-‐‑localiser nos économies, d'ʹà nouveau produire plus de nos besoins fondamentaux près de chez nous, et de laisser le commerce de longue distance seulement pour les choses qui ne peuvent être produites de manière durable à proximité.
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From Simms, A. (2000) Collision Course: Free Trade’s Free Ride on the Global Climate, New Economics Foundation.
Questions & activités de réflexion et de débat
� Allez à votre épicerie et effectuer un inventaire informel des marchandises pour savoir d'ʹoù elles ont été importées et voyez ceux qui pourraient être produits localement.
� Est-‐‑ce que vous pensez que les améliorations en efficacité des nouvelles technologies seront suffisantes pour contrer les changements climatiques sans également faire face à la mondialisation et à la croissance économique ?
� Regardez et discutez Post-‐‑Carbon Institute’s animated film, 300 Years of Fossil Fuels in 300 Seconds https://www.youtube.com/watch?v=cJ-‐‑J91SwP8w
En savoir plus
Lecture: Foster, J.B., Clark, B., and York, R. (2008) “Ecology: The Moment of Truth – An Introduction”, Monthly Review 6 (4&5): 1-‐‑11, July-‐‑August.
Rosenthal, E. (2008) “Environmental cost of shipping groceries around the
world”, The New York Times, April 26.
Simms, A. (2000) Collision Course: Free Trade’s Free Ride on the Global Climate, New Economics Foundation.
Tamiotti, L. et al. (2009) Trade and Climate Change. World Trade Organization (WTO) and United Nations Environment Programme (UNEP).
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Ten Veen, R. (2011) Global Food Swap, Greening the North, Wuppertal Institute (updated from Lucas, C. (2001) Stopping the Great Food Swap: Re-‐‑localising Europe’s Food Supply, The Greens/European Free Alliance/
European Parliament)
Films & Vidéos: Climate Refugees www.climaterefugees.com/Home.html
The Age of Stupid www.ageofstupid.net/
Liens: Post Carbon Institute
www.postcarbon.org/
Real Climate Economics www.realclimateeconomics.org/
Resilience.org www.resilience.org
Transition Network www.transitionnetwork.org/
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C
7 ◦ LA MONDIALISATION DETRUIT LES MOYENS DE SUBSISTANCE
"ʺLe modèle de développement actuel encourage l’urbanisation et intentionnellement force le nombre d’agriculteurs à réduire. Tous ces fermiers déplacés ne peuvent que rejoindre les villes, où ils deviennent une main-‐‑d'ʹœuvre bon marché pour une industrie, dont les investissements viennent de l’étranger."ʺ~ Pracha Hutanuwatr
ontrairement à la croyance populaire, la croissance économique globalisée empire-‐‑ ou même crée plus de précarité et de chômage. Les récentes crises financières internationales, où on a vu plus de 30 millions d’emplois perdus dans tous les secteurs, n’était pas un dysfonctionnement temporaire de l’économie. Ces sortes de hauts et bas font partie inhérente du système économique mondial.
Même quand nous ne sommes pas dans une récession, la mondialisation menace les emplois. Par exemple, l’organisation, ‘Public Citizen’ a constaté que, depuis l’accord de libre-‐‑échange nord-‐‑américain (ALENA) est entré en vigueur, presque 5 millions (un sur quatre) d’emplois manufacturiers ont été perdus aux Etats-‐‑Unis et plus de 60 000 entreprises ont fermé leurs portes. En même temps, l’ALENA a expulsé 1,5 millions agriculteurs mexicains de leur terre (voir 'ʹ'ʹétude de cas : Mexico'ʹ'ʹ ci-‐‑dessous).
Alors que les multinationales recherchent partout dans le monde entier les meilleures subventions possibles et des réductions de coûts, les emplois les suivent et parfois les familles aussi. Ces impacts sont particulièrement évidents aux États-‐‑Unis, où l’américain typique déménage en moyenne onze fois au cours de sa vie, et ainsi rompt à plusieurs reprises ses liens avec famille, voisins et amis. Dans presque toutes les familles, les pressions économiques privent systématiquement les parents de temps passé avec leurs propres enfants.
Dans l'ʹhémisphère sud, beaucoup plus de personnes vivent encore de la terre. Mais les agriculteurs qui font encore partie de systèmes économiques locaux subissent des pressions qui les poussent à s’enrôler dans le système alimentaire mondial qui avantage fortement les gros acteurs économiques. L'ʹargent des gouvernements, ainsi que l’aide étrangère, vont vers la production de produits destinés à l'ʹexportation plutôt que des produits qui serviraient à subvenir aux besoins locaux. Ce qui signifie inévitablement des productions monoculturelles, avec tout ce que cela implique comme instabilité économique et agricole. Étant donné que les aliments sont maintenant vendus sur les marchés mondiaux et ne soutiennent plus les populations locales, les agriculteurs et les populations qu'ʹils nourrissaient autrefois, doivent maintenant acheter de la nourriture importée pour survivre. Ainsi dans les pays en voie de développement, des communautés entières peuvent facilement être gravement affectées par des événements sur lesquels ils n’ont aucun contrôle. Alors que la
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mondialisation détruit les moyens d’existence ruraux, les emplois urbains qui sont censés compenser cette perte sont presque toujours insuffisants et ne peuvent donner du travail à tous ceux qui ont été déplacés.
On nous dit que c'ʹest ça le progrès – que les agriculteurs du Tiers Monde ont besoin des occidentaux pour acheter ce qu'ʹils exportent afin qu'ʹils se sortent de la pauvreté. Mais la plupart des agriculteurs qui tentent de réussir dans le système alimentaire mondial se retrouvent coincée entre les grandes sociétés qui imposent leur équipement onéreux et autres coûts de production élevés et ceux qui achètent leur production, tout cela en ayant de plus en plus de mal à se nourrir, eux et leurs familles. Ceux qui sont arrachés à leur terre sont obligés de quitter leurs demeures ancestrales et leurs communautés rurales pour l’anonymat de bidonvilles dont le nombre ne cesse d'ʹaugmenter dans le Sud. Plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd'ʹhui dans les villes et environ un tiers d'ʹentre eux -‐‑ qui représentait en 2005, 1 milliard de personnes -‐‑ vivent désormais dans des bidonvilles, un nombre qui devrait doubler d’ici 2030. Là, ils sont susceptibles d’être coupés de leur communauté, de leur connexion à la terre, et d’approvisionnement alimentaire sûr et sain. Les plus « chanceux » deviennent part entière de l’énorme réservoir de main-‐‑d'ʹœuvre bon marché qui peinent dans les usines et les ateliers clandestins utilisés en sous-‐‑traitance par les multinationales.
Pourquoi est-‐‑ce que les Travailleurs Mexicains Partent vers le Nord?
Regardez cette courte vidéo pour comprendre comment ALENA (NAFTA) a impacté les agriculteurs mexicains: ht t p:/ / t herealnews.com/ t 2/ index. php?option=com_content&task=view &id=31&Itemid=74&jumival=5863
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Etude de Cas: Le Mexique
L’ALENA – l’Accord de Libre-‐‑Echange Nord-‐‑Américain – est devenu célèbre pour ses effets désastreux sur les deux côtés de la frontière Mexique-‐‑États-‐‑Unis. Les agriculteurs mexicains ont particulièrement été touchés. Depuis l’accord ALENA, le taux d'ʹimportations vers le Mexique de maïs américain fortement subventionnées a triplé, ce qui a réduit le prix du maïs provenant des producteurs mexicains de 50 %. Dans certains États, les revenus des petits agriculteurs a baissé de 50 à 70 pour cent de 1993 à 2005. Entre 2,5 à 3,2 millions de paysans ont été affectés économiquement, et on estime qu'ʹau total, 1,5 millions ont été forcés de quitter l’agriculture depuis la création de l’ALENA. Contrairement aux affirmations de partisans de l’ALENA, il n'ʹy a pas eu assez d'ʹemplois dans les industries pour contrecarrer la destruction des moyens de subsistance agraires. Ce n’est pas par hasard si, comme l'ʹécrit le journaliste Peter Canby, "ʺla vague d’immigration vers les États-‐‑Unis au cours de ces années-‐‑là a augmenté à peu près de la même quantité— un demi-‐‑million par an. »
Etude de Cas: La Chine Par contre, la nature coercitive de l’urbanisation massive est encore plus désolante en Chine. La politique officielle des élites de la planification en Chine a pour conséquence une 'ʹingénierie sociale'ʹ d’une ampleur sans précédent : des centaines de millions de chinois venant de milieux ruraux seront forcés à rejoindre les zones urbaines au cours des prochaines décennies. Le but ultime du plan de modernisation du gouvernement chinois est d’intégrer pleinement à la vie urbaine 70 pour cent de la population du pays, soit environ 900 millions de personnes, d’ici 2025. On prétend que cela représente une amélioration incontestable des perspectives des millions de paysans chinois qui en sont la cible. Mais comme l’a fait remarquer l’AFL-‐‑CIO (la Fédération Américaine du Travail et Congrès des Organisations Industrielles), le principal avantage relatif de la Chine repose sur ‘’l'ʹimplacable répression des droits des travailleurs."ʺ par le gouvernement [et] l’exploitation impitoyable de migrants des campagnes dont le nombre est estimé à 100 millions.
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Etude de Cas: L'ʹInde
Le premier ministre indien Manmohan Singh a récemment déclaré, « notre salut passera par l'ʹéloignement des populations des modes de vie agricoles. » Une écrasante majorité des représentants du gouvernement partage le même point de vue. Le modèle de développement de la mondialisation en Inde non seulement encourage, mais aussi force l'ʹurbanisation grâce à une réduction délibérée du nombre d'ʹagriculteurs et un véritable assaut sur l’économie des petits paysans. Ceci est le plus flagrant quand on voit le déplacement massif de populations rurales vers des projets industriels qui se produisent un peu partout dans le pays. Les saisies de terres pour ces projets provoquent des bouleversements sociaux massifs et des conflits parfois violents dans de nombreux états. Les populations rurales les plus déshéritées se retrouvent avec peu d'ʹoptions à part la migration vers des métropoles qui grossissent de plus en plus et où la survie est précaire et souvent dénudée de dignité, les moyens de subsistance fiables y étant difficiles voire impossibles à trouver.
L’objectif avancé de ce modèle de développement est de stimuler la croissance économique, qui à son tour est censée « créer des emplois ». Au contraire, entre le début des années 1980 et le milieu des années 2000 – période au cours de laquelle le gouvernement indien a complètement adopté le mode de la mondialisation – a en fait été un « quart de siècle de croissance sans emplois ». Cet emploi dont on parle tellement et qui est censé accompagner l’urbanisation et l’industrialisation lourde ne s’est simplement pas réalisé pour la majorité des populations rurales déplacées de l’Inde.
La mondialisation et la crise suicidaire parmi les agriculteurs indiens
L'ʹaffreuse tragédie concernant le suicide d’agriculteurs n'ʹa fait que s’empirer depuis que notre film L'ʹéconomie du Bonheur a été réalisé en 2006. Il n'ʹy a aucun doute que la recherche la plus documentée sur le sujet des suicides de fermiers liés à la mondialisation a été celle faite par le journaliste indien P. Sainath.
Dans un récent article Sainath fait une mise à jour saisissante: "ʺAu moins 270 940 agriculteurs indiens se sont suicidés depuis 1995, comme le montre les archives du NCRB [National Crime Records Bureau]. Cela fait une moyenne annuelle de 14 462 suicidés entre 1995 et 2000. Et une moyenne annuelle de 16 743 entre 2001 et 2011. Cela équivaut à une moyenne de 46 suicides par jour. Ou près d’un toutes les demi-‐‑heures depuis 2001. »
Comment cette crise est-‐‑elle liée à la mondialisation économique ? Sainath fait des connexions inexorables pour tenter d'ʹexpliquer cette tragédie qui, comme tant d’autres n'ʹest ni due au hasard ni causée par des accidents quelconques. Au contraire, Sainath écrit que, 'ʹ'ʹla vague de suicide des fermiers – la plus importante et durable jamais enregistrée – correspond à l'ʹadhésion de l’Inde au meilleur des mondes du néolibéralisme [mondialisation]. Le taux de suicides d’agriculteurs s’est aggravé en particulier après 2001, époque à laquelle l’Inde était bien engagée dans une agriculture inspirée par l'ʹOMC ... La crise agricole de l’Inde peut se résumer en cinq mots (appelons-‐‑le Ag Crisis 101): l'ʹélan vers une agriculture corporative. La méthode (en cinq mots): commercialisation prédatrice de la campagne. Le résultat: Le plus grand déplacement de population jamais vu.'ʹ'ʹ
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Sainath, P. (2009) ‘Neoliberal Terrorism in India: The Largest Wave of Suicides in History’, Counterpunch, 12 February (www.counterpunch.org/2009/02/12/the-‐‑largest-‐‑wave-‐‑of-‐‑suicides-‐‑in-‐‑history/); (2010) ‘Farm Suicides: A 12-‐‑Year Saga’, The Hindu, 25 January (http://beta.thehindu.com/opinion/columns/sainath/article94324.ece); (2013) ‘Farmers’ suicide rates soar above the rest’, The Hindu, 18 May (http://www.thehindu.com/opinion/columns/sainath/farmers-‐‑ suicide-‐‑rates-‐‑soar-‐‑above-‐‑the-‐‑rest/article4725101.ece).
Questions & Activités de Réflexion et de Débat
� On parle souvent de la migration des zones rurales vers les zones urbaines comme reflétant le désir « naturel » des gens à vouloir améliorer leur qualité de vie. Basé sur le film et les chapitres précédents de ce guide de discussion, que pensez-‐‑vous qu'ʹil manque à ce récit simpliste ?
� De quelle façon est-‐‑ce que la mondialisation a affecté l'ʹemploi et les moyens de subsistance dans votre région, ou vous personnellement ?
� Faites une recherche sur une entreprise qui s'ʹest délocalisée vers un pays à bas salaires. Quels ont été les effets sur les communautés des deux côtés du processus ? � Dans les médias traditionnels, le débat de l’immigration dans de nombreux pays est souvent obscurcie soit par le fanatisme ou le racisme ou au mieux, une analyse superficielle. Qu'ʹest-‐‑ce qui pourrait contribuer à une perspective plus large ? Pourquoi y a-‐‑t-‐‑il tant de « réfugiés économiques » dans le monde aujourd'ʹhui ?
En savoir plus
Lecture: Public Citizen (2013) “Prosperity Undermined During Era of Fast Tracked NAFTA and WTO Model Trade Agreements” (http://www.citizen.org/
prosperity-‐‑undermined)
Davis, M. (2006) Planet of Slums, London & New York: Verso.
Holt-‐‑Giménez, E. (2013) “Land Grabs Versus Land Sovereignty” Food First Backgrounder 18(4) (http://www.foodfirst.org/en/ Land+grabs+vs+land+sovereignty)
Johnson, I. (2013) “China’s Great Uprooting: Moving 250 Million Into
Cities”, The New York Times, 15 June (http://www.nytimes.com/2013/06/16/ world/asia/chinas-‐‑great-‐‑uprooting-‐‑moving-‐‑250-‐‑million-‐‑into-‐‑cities.html?nl= todaysheadlines&emc=edit_th_20130616&_r=1&);
“Pitfalls Abound in China’s Push From Farm to City”, The New York Times, 13 July (http://www.nytimes.com/2013/07/14/world/asia/pitfalls-‐‑abound-‐‑ in-‐‑chinas-‐‑push-‐‑from-‐‑farm-‐‑to-‐‑city.html).
Kothari, A. and Shrivastava, A. (2012) Churning the Earth: The Making of
Global India, New Delhi: Penguin.
Wise, T. (2003) “Fields of Free Trade: Mexico’s Small Farmers in a Global Economy”, Dollars & Sense, November/December
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Films & Vidéos: Good Fortune
http://goodfortunefilm.com/
The End of Poverty? http://theendofpoverty.com/
The Big One http://dogeatdog.michaelmoore.com/tbo.html Why Do Mexican Workers Head North? http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31
&Itemid=74&jumival=5863
Liens: Economic Policy Institute – Trade and Globalization www.epi.org/research/trade-‐‑and-‐‑globalization/ www.epi.org/publication/infographic-‐‑free-‐‑trade-‐‑agreements-‐‑have-‐‑
hurt-‐‑american-‐‑workers/
Farm Land Grab www.farmlandgrab.org
Food First: Institute for Food and Development Policy www.foodfirst.org
Institute for Agriculture and Trade Policy www.iatp.org/issue/globalization
Public Citizen www.citizen.org/Page.aspx?pid=2124
Survival International www.survivalinternational.org
Via Campesina www.viacampesina.org
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8 ◦ LA MONDIALISATION AUGMENTE LES CONFLITS
"ʺQuand les gens sont forcés à quitter leur terre pour aller vivre dans des villes surpeuplées, une compétition se crée entre les membres de groupes ethniques et religieux différents pour essayer d'ʹobtenir les rares emplois disponibles. Des différences qui étaient acceptées autrefois deviennent une source de crainte, de fondamentalisme et de conflit. » ~ L'ʹEconomie du Bonheur
Parce qu’elle conduit à une urbanisation massive et à la destruction des moyens de subsistance, la mondialisation crée une concurrence intense dans l’emploi ; en même temps, le fossé entre riches et pauvres s'ʹélargit et laisse la majorité des gens en situation de précarité économique et de désespoir. Le résultat est toujours plus de stress et de tensions sociales. Par exemple, le film raconte l’expérience du Ladakh, où les pressions de la mondialisation, a provoqué des conflits où traditionnellement il existait une harmonie ethnique et religieuse. L’expérience du Ladakh fait partie d’un modèle plus large, observé par d'ʹautres analystes. Comme Asoka Bandarage qui écrit :
« Alors que les crises économiques s’aggravent, les clivages ethniques s'ʹaiguisent et dégénèrent en conflits et même en guerres civiles grande échelle... La frustration et la colère des masses des pauvres du monde – la « population excédentaire » – créent un sol fertile à la mobilisation des ressentiments nés des différences religieuses, ethniques ou culturelles. Néanmoins, la mobilisation ethnico-‐‑religieuse aujourd'ʹhui n'ʹest pas un phénomène traditionnel... C’est une idéologie moderne en réaction à la mondialisation et à l’impérialisme occidental ».
L'ʹindustrie agroalimentaire mondiale est une violence à l'ʹencontre des petits agriculteurs
Sur le plan mondial, la tendance à « l’accaparement des terres » par les grandes sociétés et les investisseurs pour produire des produits d’exportation sur des terres qui auparavant assuraient la sécurité alimentaire des populations locales est à l’origine de conflits sociaux massifs et de violence contre les paysans. Par exemple, les paysans qui ont résisté à la prise de contrôle de leurs terres pour des activités de l’industrie agroalimentaire, comme des plantations de biocarburants, sont souvent victimes de violentes représailles. Au Honduras, en 2013 plus de 80 paysans ont été tués dans la vallée de l’Aguan seule, ils tentaient de résister à la confiscation de leurs terres pour des plantations d’huile de palme. Un autre exemple : dans tous les pays comme le Paraguay, les monocultures de soja ont explosé dans une large mesure pour répondre aux besoins de la production industrielle de viande dans les pays industrialisés. Elles ont été la cause d'ʹexpulsion de paysans de leurs communautés et ont aussi exposé la plupart des familles de la région à des pesticides toxiques.
Références Food First (2013) Expanding palm oil empires in the name of “green energy” and “sustainable development”, Oakland: Food First, 6 August (http://www.foodfirst. org/en/node/4370). GRAIN (2008) Seized: The 2008 Landgrab for Food and Financial Security, Barcelona: GRAIN, 24 October (http://www.grain.org/ article/entries/93-‐‑seized-‐‑the-‐‑2008 Landgrab for Food and Financial Security) Holt-‐‑Gimenez, E. (2013) Land Grabs vs. Land Sovereignty, Food First Backgrounder 18(4) (http:// www.foodfirst.org/sites/ www.foodfirst.org/files/ pdf/2012-‐‑13_Winter_Backgrounder_-‐‑_Land_Grabs_ vs._Land_Sovereignty_vol_18_number_4.pdf).
Palau, T., Cabello, D., Maeyens, A., Rulli , J. & Segovia, D. (2007) The Refugees of the Agroexport Model -‐‑ Impacts of soy monoculture in Paraguayan campesino communities, BASE Investigaciones Sociales [Paraguay] October.
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La question des conflits liés à la mondialisation est bien sûr beaucoup plus étendue que la violence sectaire dont on parle dans l’Economie du Bonheur. Les différentes façons par lesquelles la mondialisation détruit les moyens de subsistance, les communautés, l’environnement et la santé humaine sont toutes des expressions de ce qu’on appelle « la violence structurelle », où le bien-‐‑être des gens et la nature est en danger pas à cause d'ʹattaques physiques directes, mais par des politiques économiques des modèles de pouvoir néfastes.
Par exemple, la montée en puissance des sociétés transnationales (STN) ces dernières décennies a été inquiétante en ce qui concerne les droits de l’homme. La structure même des sociétés transnationales est constituée pour maximiser les profits, ce qui les conduit à fermer les yeux sur les violations des droits de l’homme ou même parfois à en susciter. Cela met définitivement fin à cette idée, largement popularisée par des experts comme Thomas Friedman, que la mondialisation favoriserait intrinsèquement la paix internationale et les droits de l’homme en créant des économies interdépendantes. Cependant, les nombreuses violations des droits de l’homme qui se produisent tous les jours, donnent une image différente. Il suffit seulement de retracer l’histoire de la vie de nombreux produits de consommation pour commencer à les lier à des abus commis par des STN, ce faisant associant une « honte cachée » à la culture de consommation. S'ʹil on prend l'ʹexemple de Friedman qui promouvait les vertus de paix des ordinateurs, une analyse plus approfondie révèle que l’extraction du coltan (nécessaire pour les appareils électroniques comme téléphones cellulaires et ordinateurs) en Afrique centrale baigne dans un contexte de guerre civile et d’esclavage d'ʹenfants; que l’extraction de la bauxite en Inde crée la dépossession et la persécution de populations tribales; et que bien sûr, d'ʹinnombrables abus sont liés à l’extraction de l’énergie, dont dépend la fabrication et le fonctionnement des ordinateurs. Plus généralement, il n'ʹy a aucune preuve qui parvienne à soutenir cette notion simpliste que le commerce favorise automatiquement la paix. Au contraire, la chercheuse Katherine Barbieri a démontré que "ʺdans les situations de dépendance commerciale considérable, ... il y a plus de conflit au sein des états. »
Pour conclure, les guerres récentes impliquant les pays du Moyen Orient – comme dans le cas de l'ʹinvasion de l'ʹIrak – peuvent être considérées comme étant menées au service des multinationales, des sous-‐‑traitants de la défense aux entreprises pétrochimiques. Parce que la mondialisation, comme on l'ʹa vu dans le chapitre précédent, est totalement dépendante des combustibles fossiles, notamment le pétrole, elle ne peut être dissociée des guerres. En effet, une grande partie des politiques étrangères des nations les plus puissantes est conçue pour assurer l’accès aux ressources nécessaires à la croissance économique.
Questions & Activités de Réflexion et de Débat
� « Combien d'ʹesclaves travaillent pour vous ? » dans la production de produits de consommation courante ? Trouvez la réponse dans: The “Slavery Footprint”: http://slaveryfootprint.org/
� La paix et le commerce mondial sont souvent censés aller main dans la main. Nous pouvons discuter et voir en quoi ceci est vrai ou faux. Qu'ʹest ce qui manque à cet argument?
� Si, comme l’indique le présent chapitre, la mondialisation crée des conflits, comment est-‐‑ce que la localisation pourrait contribuer à la réduire?
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En savoir plus
Lecture: Ayers, E. (2004) “The Hidden Shame in the Global Industrial Economy”, Worldwatch Magazine, 17(1), January/February.
Bandarage, A. (2004) “Beyond globalization and ethno-‐‑religious
fundamentalism”, Development, 47 (1).
Barbieri, K. (2002) The Liberal Illusion: Does Trade Promote Peace? Ann Arbor: University of Michigan Press.
Liens:
Business: Rights at Risk in the Global Economy, Human Rights Watch www.hrw.org/news/2008/02/18/business-‐‑rights-‐‑risk-‐‑global-‐‑economy
Farm Land Grab http://farmlandgrab.org
Mines and Communities www.minesandcommunities.org
Rights Action www.rightsaction.org
Most Wanted Corporate Human Rights Violators, Global Exchange www.globalexchange.org/corporateHRviolators
Bhaduri, A. (2007) “Development or Developmental Terrorism?”, Economic and Political Weekly, 17 February.
Clare, M. (2001) Resource Wars: The New Landscape of Global Conflict, NY: Henry Holt & Co.
Films: Blood and Oil www.bloodandoilmovie.com/
Development Flows from the Barrel of a Gun https://www.youtube.com/watch?v=zHmD90hmYqI
Fourth World War www.bignoisefilms.com/films/features/89-‐‑fourth-‐‑%20world-‐‑war
Gold Fever www.goldfevermovie.com
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9 ◦ LA MONDIALISATION SOUTIENT LES GRANDES ENTREPRISES
« Le fait est que les multinationales n’ont aucune allégeance à n’importe quel pays ; leur seul objectif étant de se faire autant d’argent que possible — et de jouer un pays contre l’autre pour obtenir des impôts les plus bas possibles et des subventions les plus élevées possibles... » ~ Robert Reich, ancien Secrétaire du travail des États-‐‑Unis.
Au cours des 50 dernières années, l’économie est devenue de plus en plus mondialisée et fortement dominée par les grandes sociétés transnationales. Les traités de commerce 'ʹ'ʹlibéraux'ʹ'ʹ, la dérégulation de la finance et de l’investissement, les incitations fiscales, le soutien financier direct à des secteurs particuliers, les terrains gratuits, les transports financés par le contribuable, la communication et autres infrastructures liées au commerce – toutes ces politiques publiques et décisions de budgets ont contribué à la mondialisation de l’économie, avec des conséquences désastreuses pour les petites entreprises, les petits agriculteurs et partout, les économies locales. Un des exemples les plus frappants de comment les règles ont été truquées en faveur des gros et du global réside dans le domaine des subventions qui sont financées par le contribuable. Les subventions prennent une variété complexe de formes : ●Les paiements directs, lorsque les gouvernements distribuent simplement de l’argent à certaines sociétés, par exemple les paiements en denrées de l’agriculture ; ●des subventions indirectes comme l'ʹaide à l'ʹexportation, allégements fiscaux, soutien à la commercialisation, gestion des catastrophes (et leur nettoyage) et assurance ; ●Subventions systémiques comme le financement pour de la recherche et du développement plus tard utilisé par des grandes entreprises, investissements dans les infrastructures énergétiques et de transport, soins de santé et services sociaux gouvernementaux pour les travailleurs faiblement rémunérés ; et ●subventions cachées, y compris les coûts environnementaux externalisés de production et de distribution. Quelle que soit leur forme, les subventions servent à promouvoir certaines industries et à favoriser certains modes d’activité économique plus que d'ʹautres. Ils offrent un moyen de façonner l’économie à des fins particulières. Voici quelques exemples détaillés sur comment les gouvernements façonnent l’économie pour qu’elle profite aux grandes entreprises et au commerce de longue distance :
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→Pendant la crise financière de 2008, le gouvernement fédéral a sauvé les grandes banques de l’Amérique avec un plan de sauvetage d’une valeur de $ 700 milliards parce qu’il avait jugé ces banques « trop importantes pour échouer». De petites banques communautaires et des caisses populaires, en revanche, ont été laissées sur le carreau et ont fait faillite à la suite d’une crise dont elles n'ʹétaient pas responsables. Chose incroyable, le résultat de la crise et des sauvetages ultérieurs ont encore consolidé le secteur bancaire : les grandes banques mondiales qui ont été renflouées sont devenues encore plus énormes. Parce que ces banques sont encore considérés comme « trop importantes pour échouer», les créanciers pensent qu'ʹelles sont moins risquées, puisque le gouvernement va les renflouer à nouveau si nécessaire. Ainsi, les plus grandes banques sont en mesure d’emprunter de l’argent à des taux d’intérêt artificiellement bas, ce qui représente une autre subvention cachée de $ 83 milliards par an. Selon Bloomberg. com : « Les cinq premières banques – JPMorgan, Bank of America Corp., Citigroup Inc., Wells Fargo & Co. et Goldman Sachs Group Inc. – représentent $ 64 milliards du total de la subvention, un montant à peu près égal à leur profit annuel habituel». →Le Worldwatch Institute rapporte que les subventions mondiales de pétrole, de gaz et de charbon ont totalisé entre $ 775 milliards et plus de $ 1 billion en 2012. En revanche, ils ont constaté que les subventions pour les énergies renouvelables étaient d'ʹenviron $ 66 milliards en 2010. Plus récemment, en 2013, une étude du Fond Monétaire International a constaté que les subventions mondiales pour les combustibles fossiles – y compris la subvention cachée des coûts environnementaux – représentaient la somme ahurissante de $ 1,9 billions. Les subventions directes et cachées pour les combustibles fossiles réduisent le coût du transport des marchandises sur de longues distances, soutenant ainsi l’expansion du commerce mondial.
→Le gouvernement américain s’est engagé à dépenser $ 77 milliards dans l’industrie nucléaire de 2013-‐‑2022. Les États-‐‑Unis donnent environ $ 33 millions par centrale nucléaire par an, juste en assurance de responsabilité civile (une subvention systémique)! (regardez les liens ci-‐‑dessous: « The Nuclear Cost Shell Game » et « Green Scissor»). Cela dépasse de loin le soutien que les États-‐‑Unis donnent aux énergies renouvelables comme l’énergie éolienne et solaire. Aussi et surtout, tandis que les énergies renouvelables offrent la possibilité d'ʹune production d’électricité décentralisée et donc d'ʹune plus grande compatibilité avec l’autonomie et un contrôle économique local, l'ʹénergie nucléaire nécessite des installations à grande échelle, des capitaux énormes et des mesures de sécurité massives, centralisant ainsi le pouvoir (dans les deux sens du terme).
→Selon l’Environmental Working Group, le gouvernement américain a distribué de 1995 à 2012, 256 milliards de dollars en subventions agricoles aux agri-‐‑entreprises industrielles de grande échelle qui ont développé une gamme étroite de récoltes de produits de base (maïs, coton, riz, blé et soja) pour le marché mondial. La grande prépondérance de ces subventions – 75 % – est allé aux 10 pour cent des entreprises agroalimentaires les plus grosses. Pendant ce temps, 62 pour cent des exploitations agricoles, principalement les petites exploitations qui desservent les marchés locaux, n’ont pas reçu de subventions. En 2012 seulement, les États-‐‑Unis ont dépensé $ 19 milliards en subventions agricoles, l’UE a dépensé $ 67 milliards, et la Chine un estimé $ 160 milliards. Beaucoup de ces produits agricoles subventionnés sont distribués partout dans le monde dans des économies de production locale à des prix inférieurs au coût de production, ils affectent ainsi les moyens de subsistance des agriculteurs locaux.
→Un rapport d’enquête du New York Times a constaté qu'ʹaux États-‐‑Unis, le gouvernement et les autorités locales dépensaient plus de 80 milliards de dollars par an pour essayer d'ʹattirer et de retenir des multinationales sous forme d'ʹincitations fiscales, de dons de terres publiques, d'ʹaide à l'ʹinstallation d’infrastructure, de financement à faible coût ou autres subventions. Ces programmes
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de subventions sont administrés « presque exclusivement au profit des grandes entreprises (avec l'ʹaide de lobbyistes rémunérés) et au détriment des petites entreprises. » (voir l’éditorial « course au bas du NYT », lien ci-‐‑dessous).
→Une autre étude qui s'ʹappelle Good Jobs First, a découvert que ces grandes entreprises reçoivent des « megadeal », 240 au total, comme récompense pour leur développement économique. Ceci représente $ 75 millions ou plus par entreprise. La liste des destinataires inclut de nombreuses entreprises multinationales connues comme Exxon-‐‑Mobil, Royal Dutch Shell, Citigroup, Goldman Sachs, Walt Disney, General Electric, Dow Chemical, Amazon, Apple, Intel et Samsung. La seule société, Wal-‐‑Mart, a reçu du gouvernement américain plus de 1 milliard de dollards en subventions pour son développement économique. Depuis 2007, General Motors, a aussi reçu au moins $ 1,7 milliards.
→ En 2013, une étude réalisée par le TEEB (The Economics of Ecosystems and Biodiversity) for Business Coalition a estimé que les premières 100 « externalités environnementales mondiales [pollution et réchauffement de la planète, par exemple] coûtent à l’économie mondiale autour de 4,7 billions de dollards par an. » Une étude similaire effectuée pour l’ONU a estimé les externalités environnementales combinées des 3 000 plus grandes entreprises du monde comme étant de $ 2,2 billions en 2008, « un chiffre plus élevé que n'ʹimporte quelle économie nationale individuelle à l'ʹexception de sept pays dans le monde cette année-‐‑là. » (voir Jowit, liste de lecture ci-‐‑dessous.) Ces coûts externalisés sont des subventions déguisées qui vont aux grandes entreprises.
En plus de subventions, les grandes entreprises à vocation mondiale bénéficient également d’une gamme de réglementations gouvernementales spéciales (et de déréglementation) au détriment des entreprises plus petites et plus localisées. Chaque année, les grosses sociétés dépensent des millions de dollars en lobbying pour être avantagées. Des lobbyistes avec accès aux arènes décisionnelles (tels que les réunions ministérielles de commerce en huis clos ou l’Organisation Mondiale du Commerce) travaillent avec diligence pour s’assurer que les accords commerciaux internationaux et les règlements nationaux favorisent les grandes entreprises.
Les accords commerciaux « libéraux» ouvrent les marchés locaux partout dans le monde à une inondation de produits bon marchés et subventionnés, qui sapent les producteurs locaux. Dans le même temps, ces régimes commerciaux bloquent les gouvernements locaux, en limitant leur capacité à favoriser les entreprises locales ou à user de discrimination envers les sociétés étrangères, même s’il existe de bonnes raisons pour le faire.
Bien que les grandes entreprises se plaignent haut et fort de « bureaucratie », une grande partie du fardeau de la réglementation actuelle tombe sur les petites entreprises et les producteurs locaux qui sont de plus en plus entravés par des lois injustes qui criminalisent l’activité économique locale. Par exemple, il y a eu un abattage massif chez les petits producteurs de volaille traditionnelle en Inde et en Birmanie en réponse à la grippe aviaire (une maladie liée aux méthodes d'ʹélevage) alors que les petits producteurs de lait aux États-‐‑Unis ont été catalogués de criminels parce qu'ʹils vendaient du lait cru aux clients qui en voulaient. Pendant ce temps, des sociétés géantes de l'ʹagrobusiness ont le pouvoir de contester ou d’ignorer les règles qui réduisent leurs bénéfices, ou simplement de se délocaliser dans un coin du monde où les lois sur la « sécurité » alimentaire sont plus à leur goût. Comme le dit Vandana Shiva dans le film, « c’est un système qui criminalise fondamentalement le petit producteur pour offrir des déréglementations aux géants de la production. »
La mondialisation économique est souvent discutée dans les médias comme si c’est un processus naturel ou inévitable ; Cependant, la vérité est que la mondialisation est le produit de politiques
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gouvernementales. La bonne nouvelle est que ces politiques peuvent être améliorées. C’est à nous de décider quel type d’économie nous voulons soutenir.
Questions & Activités de Réflexion et de Débat
� Le commerce mondial repose sur le transport de marchandises à bas prix, sur de longues distances. Comment l’économie mondiale pourrait changer si les subventions aux combustibles fossiles disparaissaient, et que les coûts environnementaux des transports étaient inclus dans le prix des marchandises ?
� Dans L'ʹEconomie du Bonheur Zac Goldsmith dit « il serait impossible de maintenir l’économie globale actuelle, telle qu’elle est aujourd'ʹhui sans l’énorme soutien des gouvernements partout dans le monde. Nous sommes aussi loin d’un marché libre qu’il est possible de l’être. » Pensez-‐‑vous que les subventions doivent être redirigées pour soutenir les petites entreprises et l’économie locale, ou complètement éliminée afin de réaliser un marché véritablement « libre » ? Est-‐‑ce qu'ʹil pourrait exister?
� Discuter des subventions « aux coûts cachés» qui aident les activités corporatives à sembler plus rentables qu'ʹelles ne le sont vraiment. Quels moyens permettraient de rendre ces entreprises responsables de ces coûts ?
�En utilisant une des bases de données suivantes spécialisées dans les subventions, recherche les subventions aux entreprises qui affectent votre communauté :
Environmental Working Group Farm Subsidy Database http://farm.ewg.org/index.php
Good Jobs First Subsidy Tracker & Corporate Subsidy Watch
www.goodjobsfirst.org/
Green Scissor http://greenscissors.com/
New York Times Subsidies Database www.nytimes.com/interactive/2012/12/01/us/government-‐‑incentives.html?_r=1&gwh=11E7 CE8C6AA1175A09A016DF7B2970FE&
Wal-‐‑Mart Subsidy Watch
www.walmartsubsidywatch.org/
En savoir plus
Lecture: Gorelick, S. (1998) Small is Beautiful, Big is Subsidized. International Society for Ecology and Culture.
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Hanna, A. et al. (2012) Green Scissor 2012: Cutting Wasteful and Environmentally Harmful Spending, Friends of the Earth, Taxpayers for Common Sense, and R-‐‑Street.
Jowit, J. (2010) “World”s top firms cause $2.2tn of environmental damage, report estimates”. The Guardian. February 18th (http://www.theguardian. com/environment/2010/feb/18/worlds-‐‑top-‐‑firms-‐‑environmental-‐‑damage).
Mitchell, S. (2006) Big-‐‑Box Swindle: The True Cost of Mega-‐‑Retailers and the Fight for America’s Independent Businesses. Beacon Press. Or for UK: Simms, A. (2007) Tescopoly, How One Shop Came Out on Top and
Why It Matters. London: Constable.
Salatin, J. (2007) Everything I Want To Do Is Illegal: War Stories from the Local Food Front. Chelsea Green
Films & Vidéos: NAFTA + US Farm Subsidies Devastates Mexican Agriculture
http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31 &Itemid=74&jumival=5864
Wal-‐‑Mart: the High Cost of Low Price www.walmartmovie.com/about.php
Liens: Big Box Tool Kit -‐‑ Institute for Local Self-‐‑Reliance www.ilsr.org/big-‐‑box-‐‑tool-‐‑kit/
#EndFossilFuelSubsidies! (a project of 350.org) http://endfossilfuelsubsidies.org/
Energy Subsidy Reform: Lessons And Implications -‐‑ IMF https://www.imf.org/external/np/fad/subsidies/
Fossil Fuel and Renewable Energy Subsidies on the Rise http://vitalsigns.worldwatch.org/vs-‐‑trend/fossil-‐‑fuel-‐‑and-‐‑renewable-‐‑energy-‐‑ subsidies-‐‑rise
Global Subsidies Initiative www.iisd.org/gsi
Race to the Bottom www.nytimes.com/2012/12/06/opinion/race-‐‑to-‐‑the-‐‑bottom.html
TEEB for Business Coalition: Natural Capital at Risk -‐‑ The Top 100 Externalities of Business http://teebforbusiness.org/how/natural-‐‑capital-‐‑risk.html
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The Nuclear Cost Shell Game www.ipsnews.net/2011/05/the-‐‑nuclear-‐‑cost-‐‑shell-‐‑game/
The Paradox of Agricultural Subsidies -‐‑ Global Development and Environment Institute www.ase.tufts.edu/gdae/Pubs/wp/04-‐‑02AgSubsidies.pdf
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L
10 ◦ LA MONDIALISATION : UNE COMPTABILITE DOUTEUSE
« Ce qui semble être de la richesse est peut-‐‑être en vérité l’indicateur doré d'ʹune immense ruine » ~ John Ruskin
« en séparant géographiquement les coûts et les bénéfices de l'ʹexploitation environnementale, le commerce international les rend plus difficiles à comparer. Ceci augmente ainsi la tendance des économies à les dépasser... » ~ Herman Daly
« Au niveau structurel, le problème fondamental est celui de l’échelle. L’échelle croissante de l’économie mondiale obscurcit les conséquences de nos actions. En effet, nos bras ont été tellement allongés que nous ne voyons plus ce que nos mains font. » ~ Helena Norberg-‐‑Hodge
« L'ʹattention que l'ʹon porte aux méfaits que l'ʹon a effectivement causés est moindre parce que nous ne respirons pas forcement les polluants que nous avons créés ni ne voyons de forêts être abattues, nous ne buvons pas forcement d'ʹeau empoisonnée, ni n'ʹattrapons automatiquement un cancer... » ~ Wes Jackson
« Les seules personnes qui croient qu'ʹavoir une croissance infinie sur une planète finie est possible sont les fous et les économistes » ~ Kenneth Boulding, économiste
es précédents chapitres de ce guide d’étude ont exploré les coûts écologiques, psychologiques et sociaux de la mondialisation économique. Pourtant, si la mondialisation est tellement destructrice, pourquoi tant de gens la ventent? La réponse : parce qu’ils croient que la mondialisation est bonne pour la croissance économique et que la croissance est la seule façon de résoudre les défis les plus pressants du monde. Toutefois, la mesure standard de la croissance économique, le produit intérieur brut (PIB) ne tient pas en compte les coûts sociaux et écologiques. En bref, la justification de la mondialisation repose sur un système de comptabilité défectueux.
Les décideurs soulignent souvent la montée du PIB comme preuve que leurs politiques marchent. Ce qu’ils ne reconnaissent pas, c’est que le PIB fait cruellement défaut de bien-‐‑être sociétal. Le PIB est simplement une mesure brute de l’activité sur le marché, l'ʹéchange d’argent. Il ne distingue pas entre le souhaitable et l’indésirable, entre les avantages et les coûts. Les augmentations de dépenses dues au cancer, à la criminalité, aux accidents de la route, aux divorces et même aux marées noires conduisent tous à une hausse de PIB, mais une véritable
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évaluation devrait considérer tout cela comme symptômes d'ʹune société qui va mal plutôt que comme bien-‐‑être.
De plus, le PIB ne prend en considération que la partie de l’activité économique qui implique des transactions monétaires, laissant ainsi les fonctions de la famille, des communautés et de l’environnement de côté. Mettre ses enfants à la garderie ajoute au PIB, alors que si des membres de la famille s'ʹen occupent à domicile cela n'ʹest pas compté. De même, une forêt abattue et transformée en pâte à papier ajoute au PIB, mais une forêt debout – essentielle à la santé de la biosphère – ne compte pas. Si nous augmentons nos thermostats et brûlons plus de combustibles fossiles pour chauffer nos maisons, le coût de ce carburant est ajouté au PIB ; Si nous baissions nos thermostats, les économies que nous ferions seraient soustrait du PIB, et ainsi nous semblerions plus pauvres. Le résultat au final est que les décideurs qui se basent sur le PIB peuvent facilement soutenir des politiques qui font en fait un tort irréparable.
Dans le Sud en particulier, les politiques qui mettent l’accent sur l’augmentation systématique du PIB conduisent à l’effondrement d'ʹéconomies autonomes qui assuraient les besoins de populations sans grand recours à de l’argent liquide. A travers le soit disant processus de « développement », une autonomie locale et saine est ainsi remplacée par une véritable pauvreté et ceci au sein de l’économie mondiale.
Malgré tout, dans tous les systèmes politiques la croissance est considérée comme la panacée – non seulement un moyen mais une fin en soi. La croissance économique est censée améliorer la qualité de vie, réduire la pauvreté, créer des emplois et réduire les inégalités. Qui de plus est, malgré que les coûts environnementaux de la croissance soient clairs, les décideurs jugent la croissance nécessaire parfois afin de promouvoir la gérance de l’environnement et l’adoption de règlements écologiques et de technologies moins polluantes. Ainsi, même si cela nuit à l’environnement au moment présent, on pense que la croissance fournira les ressources financières nécessaires pour nettoyer dans l'ʹavenir les dégâts créés par cette même croissance. Seulement après que les gens aient atteint un certain niveau de revenu et de richesse, on pense qu'ʹils peuvent avoir le « luxe » de prendre soin de l’environnement. Toutefois, les sondages internationaux sur l’environnementalisme exposent cette théorie comme sans fondement. Plus important encore, certains des mouvements écologistes les plus dynamiques venant des peuples résident dans les pays « pauvres » (p. ex., les mouvements contre des projets destructeurs comme les mega barrages ou les usines polluantes qui font partie intégrante de la mondialisation).
Des mesures plus précises et complètes concernant la santé économique ont été développées. Elles révèlent les nombreux coûts cachés de la mondialisation actuelle et constatent clairement que « business as usual » (continuer comme si de rien n'ʹétait) n’est pas une option. Parmi les alternatives au PIB les plus avancées, il y a: Genuine Progress Indicator (l’Indicateur de Progrès Véritable), Ecological Footprint (l’Empreinte Ecologique), Living Planet Index (l’Index de la Planète Vivante), Happy Planet Index (l’Index de la Planète Heureuse), Gross National Happiness (le Bonheur National Brut), and the Index of Social Health’ (l’Indice de Santé Sociale) (voir liens ci-‐‑dessous). Chacun de ces indicateurs est composé de plusieurs dizaines d'ʹévaluation de la santé sociale et écologique – niveaux de dépression, suicide, crime, inégalité, pollution, perte d’espèces vivantes, émissions de GES, épuisement des ressources, dégradation de l’écosystème et bien plus encore. Ensemble ils dressent un tableau qui fait vraiment réfléchir et qui est radicalement différent de celui peint par le PIB : presque tous les indicateurs de
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véritable bien-‐‑être social et écologique ont été stagnants ou en déclin depuis 40 ans ou plus. En cliquant sur le lien ci-‐‑dessous, vous verrez un diaporama créé par Demos et qui illustre ces grandes tendances.
La Croissance Signifie-‐‑t-‐‑elle le Progrès? Le Mythe du GDP
www.demos.org/publication/does-‐‑growth-‐‑equal-‐‑progress-‐‑myth-‐‑gdp
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Ce que suggèrent ces tableaux, c’est que nous avons été amenés à croire à une illusion de progrès. On nous a dit que tous nos problèmes peuvent être résolus par le biais de la croissance économique, mais cette promesse de prospérité a été une énorme trahison. Alors que les fruits de la croissance mondialisée ont été privatisés par les mastodontes corporatifs et une minuscule élite fortunée, ses nombreux frais ont eux été socialisés – vantés comme étant au service du bien commun. Nous sommes confrontés à des crises multiples et interdépendantes qui aujourd'ʹhui, menacent notre propre survie. Ces crises sont internes à l’économie de croissance mondiale, et non externes, mais notre système de comptabilité – et la distanciation structurelle de l’économie mondiale – nous ont poussés à ignorer cette réalité des plus vitales.
Questions & Activités de Réflexion et de Débat
� Qu'ʹest-‐‑ce que le PIB est censé mesurer ? Qu'ʹest-‐‑ce qu'ʹil mesure en fait? En utilisant les liens fournis ci-‐‑dessous, notez où se situe votre pays si vous utilisez ces index alternatifs de mesure et comparez-‐‑le au PIB. � Calculer votre empreinte écologique personnelle à l’aide de cet outil en ligne :http://www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/page/calculators/ Comparez votre empreinte à la moyenne nationale de votre pays ? Que pouvez-‐‑vous faire pour la réduire? Enfin, cliquez ici pour savoir si votre pays est un créancier ou un débiteur écologique. http://www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/page/ecological_debtors_and_creditors/ Que peut-‐‑on y faire? � Comment est ce que les questions concernant la répartition inéquitable des richesses sont évitées grâce à cette foi en la croissance économique ? Est-‐‑ce que la terre peut maintenir une croissance suffisante qui permettrait aux populations les plus pauvres de devenir « riches »? Pourquoi est-‐‑ce que la croissance économique compte tellement pour les dirigeants politiques ? � Un économiste non conventionnel a un jour dit en plaisantant que, le PIB pourrait doubler du jour au lendemain si on adoptait une loi exigeant que tous les parents embauchent leurs voisins immédiats pour élever leurs enfants, plutôt que de le faire eux-‐‑mêmes. Examiner les types d’activités auxquelles on s'ʹadonne et qui améliorent la qualité de la vie, mais ne coûtent rien. Qu'ʹest-‐‑ce que l'ʹon gagnerait à ce que ces activités deviennent payées? Qu'ʹest ce que l'ʹon y perdrait?
En savoir plus
Lecture: Demos (2011) Beyond GDP: New Measures for a New Economy,(http:// www.demos.org/sites/default/files/publications/BeyondGDP_0.pdf)
Heinberg, R. (2011) The End of Growth, Gabriola Island BC: New Society Publishers.
Jackson, T. (2011) Prosperity Without Growth: Economics for a Finite Planet, London: Routledge.
New Economics Foundation (2010) Growth Isn’t Possible: Why We Need a New Economic Direction, London: New Economics Foundation (http://www.
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neweconomics.org/publications/entry/growth-‐‑isnt-‐‑possible).
Wackernagel, M. & W. Rees. (1995). Our Ecological Footprint: Reducing Human Impact on the Earth. Gabriola Island, BC and Philadelphia, PA: New Society Publishers.
Films & Vidéos: Surviving Progress http://survivingprogress.com/
Tim Jackson: An economic reality check http://www.ted.com/talks/tim_jackson_s_economic_reality_check.html
The Happy Planet Index, Nic Marks TED Talk http://www.ted.com/talks/nic_marks_the_happy_planet_index.html
Liens: Earth Overshoot Day
http://www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/page/earth_overshoot_ day/ Genuine Progress Indicator http://genuineprogress.net/genuine-‐‑progress-‐‑indicator/ Global Footprint Network http://www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/ Gross National Happiness http://www.grossnationalhappiness.com/ Happy Planet Index http://www.happyplanetindex.org/ Index of Social Health http://iisp.vassar.edu/ish.html Living Planet Report http://wwf.panda.org/about_our_earth/all_publications/living_planet_report/ Vital Signs – Worldwatch
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11 ◦ QU'ʹEST CE QUE LA« LOCALISATION » ?
localisation. n. 1. Eliminer les aides fiscales et autres formes de soutien qui favorisent actuellement les banques et les sociétés transnationales géantes. 2. Réduire la dépendance à l'ʹexportation et favoriser une production qui subvient à des besoins locaux. (Souvent confondu avec l’isolationnisme, le protectionnisme ou l’élimination du commerce.)
« Quand la production et la consommation sont toutes deux localisées, la tentation d’accélérer la production, indéfiniment et à n’importe quel prix, disparaît. Toutes les difficultés auxquelles nous sommes confrontés constamment ainsi que les problèmes que présente notre système économique à l'ʹheure actuelle, cesseraient. » ~ Mahatma Gandhi, 1934
« Rétrécir nos frontières économiques et raccourcir... nos lignes d’approvisionnement nous permet de littéralement 'ʹsavoir où nous en sommes'ʹ sur le plan économique. Plus nous habitons près de la terre qui nous nourrit, plus nous connaissons réellement notre vie économique ; plus nous connaissons notre vie économique, plus nous sommes en mesure d’en assumer la responsabilité. » ~Wendell Berry
a première moitié du film et le guide de discussion décrivent la mondialisation comme la cause de beaucoup de nos problèmes les plus graves. La deuxième partie se penche sur le revers de cette relation, montrant que les solutions les plus puissantes signifient un changement fondamental de direction – celle allant vers la localisation de l’activité économique. En fait, « localiser» est peut être la chose la plus efficace que nous puissions faire. La localisation est essentiellement un processus de décentralisation donc de déplacement de l’activité économique. Que cette activité reviennent vers des entreprises locales plutôt que d'ʹêtre aux mains de méga-‐‑entreprises dont le nombre se réduit de plus en plus, . Dans le film, Helena Norberg-‐‑Hodge définit la localisation comme « un système alternatif au capitalisme d’entreprise qui va loin. Fondamentalement, il s’agit de réduire l’ampleur de l’activité économique. Cela ne signifie pas éliminer le commerce international ou rechercher une sorte d’autonomie absolue. Il s’agit simplement de créer des économies plus responsables et plus durables en produisant ce dont on a besoin près de chez nous. »
Plus tard, elle ajoute : « ce qu'ʹil y a de fantastique dans cette affaire, c’est qu'ʹen diminuant notre niveau d'ʹactivité économique, nous augmentons en fait notre bien-‐‑être. Il en est ainsi parce qu'ʹun haut niveau de localisation signifie de la connexion. Il s’agit en effet de rétablir notre sentiment d’interdépendance avec les autres et avec le monde naturel. « Or cette connexion est un besoin humain fondamental ».
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La localisation ne signifie pas encourager toutes les communautés à être entièrement autonomes ; Cela signifie simplement diminuer la distance entre producteurs et consommateurs dans la mesure du possible et atteindre ainsi une relation plus saine entre commerce et production locale. La localisation ne signifie pas que tout le monde doit revenir « à la terre », mais que les forces qui provoquent à l'ʹheure actuelle une urbanisation rapide devraient cesser. La localisation ne signifie pas que les gens dans les climats froids ne devraient plus manger d'ʹoranges ou d'ʹavocats, mais que leur blé, riz ou lait – en bref, leurs besoins alimentaires de base – ne fassent plus des milliers de kilomètres alors qu'ʹils pourraient être produits dans un rayon de cent kilomètres. Plutôt que de mettre fin à tout commerce, des étapes allant vers la localisation viseraient à réduire les transports inutiles tout en encourageant des changements qui renforceraient et diversifieraient les économies au niveau local ainsi que national. Le degré de diversification, les marchandises produites et le nombre d'ʹéchanges commerciaux varieraient naturellement d’une région à l’autre.
Qui de plus est, comme le souligne Helena Norberg-‐‑Hodge, « se détourner de l'ʹunivers des multinationales n’a rien à voir avec se détourner du monde – ou se détourner de la collaboration internationale et les échanges culturels. Plus que jamais aujourd'ʹhui, avec nos problèmes mondiaux, nous avons besoin d’une coopération mondiale, ce qui est très différent d'ʹune mondialisation de l’économie. »
L'ʹinversion de notre fuite en avant vers la mondialisation aurait des retombées bénéfiques à plusieurs niveaux. Des économies rurales au nord comme au sud pourraient être revitalisées, et aider à endiguer le flot malsain de l’urbanisation. Des agriculteurs produiraient de plus en plus pour des marchés locaux et régionaux plutôt que mondiaux, ce qui leur permettrait de choisir des variétés agricoles en harmonie avec les conditions locales et les goûts locaux, permettant ainsi un renouveau de la diversité agricole. Les processus de production seraient beaucoup plus à petite échelle et donc moins stressants pour l’environnement. Les transports inutiles seraient minimisés, et donc le bilan de la pollution et des gaz à effet de serre diminueraient, comme le ferait le coût écologique de l’extraction de l’énergie. Les gens ne seraient plus obligés de se conformer à des idéaux impossibles comme la monoculture ou l'ʹidée d'ʹun consommateur mondial standardisé. Ceci réduirait les pressions psychologiques qui conduisent souvent à de la violence et des conflits ethniques. Mettre fin à cette obsession que l'ʹon a avec le commerce engendrerait une réduction du pouvoir économique et donc politique qu'ʹont les multinationales. Cela mettrait aussi fin à notre besoin de donner le pouvoir à des institutions supranationales comme l’OMC, et contribuerait à inverser l’érosion de la démocratie. Essentiellement, la localisation est une démocratisation de l’économie, donner aux gens dans le monde plus de contrôle des décisions qui concernent leur propre vie à long terme ...
C'ʹest reconnaître les multiples problèmes causés par la mondialisation, des millions de personnes commencent à réduire leur dépendance vis-‐‑à-‐‑vis des sociétés et des banques géantes en choisissant plus où ils dépensent et économisent leur argent — ils décident par exemple de plutôt soutenir les petits agriculteurs, les entreprises locales, les banques communautaires ou coopératives de crédit. Cependant, bien qu’importants, ces seuls efforts ne suffiront pas à changer notre économie et lui donner un sens fondamentalement nouveau. En tant qu'ʹexperte en localisation, Stacy Mitchell, souligne dans un exposé fait sur TEDx en 2012:
«... aussi remarquables que ces tendances soient, il est peu probable qu'ʹelles ne fassent guère de vagues à côté de ce courant si dominant. Si le seul moyen que l'ʹon a pour susciter une nouvelle économie et donc confronter le pouvoir de ces géants vient de ce que nous décidons d’acheter... on ne va pas aller loin. Ce que nous devons vraiment faire, c’est changer les politiques sous-‐‑jacentes qui
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façonnent notre économie. Nos actions individuelles au niveau du marché ne suffiront pas à atteindre ce but. Nous pourrons seulement le faire en exerçant notre pouvoir collectif en tant que citoyens. »
Regardez le court mais excellent exposé TEDx de Stacy Mitchell,
« Pourquoi nous ne pouvons atteindre une économie plus saine simplement en choisissant mieux à qui on achète»
www.ilsr.org/ted/
Plutôt que de penser en termes d’efforts isolés et dispersés, il est nécessaire d’encourager des politiques gouvernementales qui favorisent la notion d'ʹHelena Norberg-‐‑Hodge de « petite échelle à grande échelle ». Les mêmes politiques qui ont servi à la mondialisation de l’économie et à la monopolisation des multinationales peuvent être utilisées pour aller vers une économie plus locale. Helena expose trois mécanismes essentiels que les gouvernements doivent utiliser pour y arriver :
● ce qu’ils choisissent de réguler, tant au niveau national qu'ʹau niveau international par le biais des traités commerciaux ● ce qu'ʹils choisissent de taxer ● ce qu'ʹils choisissent de subventionner
En plus des changements de politique, nous avons besoin d’innombrables et diverses initiatives locales comme celles qui font leur apparition partout dans le monde et dont certaines sont expliquées dans L'ʹEconomie du Bonheur. Ces petites étapes nécessitent une lenteur et une compréhension profonde et intime des contextes locaux et sont mieux conçus et mis en œuvre par les populations locales elles-‐‑mêmes, contrairement aux actions visant directement à stopper ce monstre qu'ʹest l'ʹéconomie mondiale. L’éventail d'ʹactions possibles au niveau local est aussi varié que les différences régionales au sein desquelles elles se déroulent. Si elles sont soutenues par de réels changements politiques, de telles initiatives peuvent favoriser un retour à une diversité culturelle et biologique et donc à une viabilité à long terme. Les chapitres suivants ne sont pas exhaustifs, mais illustrent les diverses formes d'ʹactions qui ont été effectuées pour localiser, à l’échelle mondiale.
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Questions & Activités de Réflexion et de Débat
� Regardez et discutez The Power of Community: How Cuba Survived Peak Oil http://www.powerofcommunity.org/
� La localisation est fréquemment critiquée parce ce qu'ʹelle est associée à une autonomie totale, l'ʹesprit de clocher ou la xénophobie. Pensez-‐‑vous que ce soit le cas? Réfléchissez sur la citation d’Helena Norberg-‐‑Hodge ci-‐‑dessus qui parle de la différence entre la mondialisation économique et une coopération mondiale basée sur l'ʹentente et la compréhension.
� Aborder les problèmes les plus pressants d’aujourd'ʹhui nécessite des actes de résistance et de renouveau : ceux qui résistent aux processus de mondialisation, ainsi que ceux qui aident à renouveler les économies locales et les collectivités. Comment voyez-‐‑vous l’importance relative de ces deux approches ?
En savoir plus
Lecture: Cavanagh, J. and Mander, J. (eds.) (2004) Alternatives to Economic Globalization, 2nd Edition, San Francisco: Barrett-‐‑Koehler Publishers.
De Young, R. and Princen, T. (2012) The Localization Reader: Adapting to the Coming Downshift, Cambridge MA: MIT Press.
Hopkins, R. (2008) Transition Handbook, Chelsea Green.
McKibben, B. (2007) Deep Economy, New York: Times Books.
Shuman, M. (1998) Going Local: Creating Self-‐‑reliant Communities in a Global Age, NY: Free Press.
Woodin, M. and Lucas, C. (2004) Green Alternatives to Globalisation, London: Pluto.
Films & Vidéos: Building Real Prosperity -‐‑ Business Alliance for Local Living Economies
(BALLE) http://vimeo.com/48970043
In Transition 2.0 http://www.intransitionmovie.com/
Localization is the Economics of Happiness, Helena Norberg-‐‑Hodge’s TEDx Talk https://www.youtube.com/watch?v=4r06_F2FIKM
The Power of Community: How Cuba Survived Peak Oil http://www.powerofcommunity.org/
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Visualizing a Plenitude Economy www.newdream.org/resources/2011-‐‑07-‐‑new-‐‑dream-‐‑mini-‐‑views-‐‑visualizing-‐‑ a-‐‑plenitude-‐‑economy
Liens: International Society for Ecology and Culture www.localfutures.org
Institute for Local Self Reliance www.ilsr.org/localist-‐‑policy-‐‑agenda/
New Economics Foundation – The Great Transition www.neweconomics.org/publications/entry/the-‐‑great-‐‑transition
New Economics Institute http://neweconomicsinstitute.org/
New Economy Working Group www.neweconomyworkinggroup.org/
Schumacher Center for a New Economics http://centerforneweconomics.org/
Transition Network http://transitionnetwork.org
Go Local, Yes! Magazine www.yesmagazine.org/new-‐‑economy/go-‐‑local
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12 ◦ ENTREPRISES ET BANQUES LOCALES Ces quatre dernières décennies, les économistes classiques, les bureaucrates de gouvernement et les élites des grosses entreprises ont poussé un modèle de développement économique axé sur une exportation qui favorise les grandes sociétés qui se déplacent partout dans le monde au détriment des moyens de subsistance et de la prospérité des communautés locales. Certaines autorités ont été encouragées -‐‑ parfois même forcées -‐‑ à ouvrir leur frontières au niveau local, régional et national pour permettre le libre échange des ressources, des produits et des investissements étrangers sans se soucier des conséquences sur l'ʹenvironnement et les communautés locales. Les gouvernements ont également été appelés à adopter des politiques favorables aux grandes entreprises, en offrant des incitations financières étonnantes, et plus généralement, en favorisant un « climat de bonnes affaires » – tout cela pour attirer et retenir ces grandes sociétés dont les propriétaires sont habituellement absents. Bien que cette stratégie a été choisie au nom de la création d’emplois et du progrès économique, il a effectivement conduit à moins d’emplois et à une baisse de la prospérité pour tous, sauf les plus riches.
Ce que l'ʹon appelle les traités de « libre-‐‑échange » et les lois commerciales entre états donnent en fait les moyens juridiques à ces sociétés sans attaches de se déplacer comme elles l'ʹentendent d’un endroit à un autre, laissant derrières elles du chômage, de l'ʹinsécurité, des familles brisées, une déstabilisation des communautés locales, des villes en faillite et des lois sociales et environnementales vidées de sens. Souvent, quand il y a relocalisation d'ʹune firme les moyens de subsistance sont détruits de chaque côté (voir « La mondialisation détruit les moyens de subsistance »). Ainsi, la simple menace de la délocalisation permet aux grandes entreprises de prendre en otage non seulement les communautés mais la démocratie elle-‐‑même, avec des représentants élus qui leur offrent des traitements de faveur et des traités avantageux (voir « La Mondialisation est basée sur des traitements de faveur distribués aux grandes entreprises »). A plus grande échelle, ceci signifie que partout dans le monde, les communautés se battent les unes contre les autres pour tenter d’attirer ces grandes sociétés itinérantes en leur proposant des coûts toujours plus bas ». Pendant ce temps, les entreprises locales sont évincées de leurs propres marchés par le biais d'ʹune concurrence déloyale. Et, bien que certaines semblent temporairement « gagnantes » dans cette course, aucune communauté n’est à l’abri de la dynamique instable et corrosive de celle-‐‑ci tant que les politiques qui soutiennent l’économie mondiale restent en place.
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Au lieu de ce modèle de développement du commerce entièrement voué à l'ʹexportation et au « libre » échange, les partisans de la localisation économique mettent l’accent sur une production locale pour des besoins locaux autant que possible, ce que l'ʹéconomiste Michael Shuman a qualifié de modèle de développement basé sur « la prise en charge locale et la substitution aux importations ».
Heureusement, il y a des milliers, peut-‐‑être des millions, d'ʹinitiatives communautaires de localisation qui surgissent sur tous les continents. Certains groupes contestent et s'ʹopposent directement à ce développement conventionnel mené par les multinationales, tandis que d’autres se concentrent plus sur la reconstruction et le renouveau de nos économies locales pour les rendre plus dynamiques, démocratiques, équitables et durables.
En même temps, ces diverses initiatives s'ʹallient et commencent vraiment à faire bouger l’économie dans une nouvelle direction : de la concurrence mondiale et la dépendance corporative, à l’interdépendance locale. Certains des aspects les plus essentiels de ce mouvement mondial se trouvent au niveau local au sein du monde des affaires et des finances. Par exemple : ●les campagnes 'ʹAnti-‐‑big-‐‑box chain store'ʹ contre les grandes-‐‑surfaces ● les campagnes ciblant les grandes entreprises subventionnées qui minent les entreprises locales ● les politiques d’approvisionnement publique qui favorisent certaines entreprises locales (politiques d'ʹachats des villes, des écoles, des universités et des hôpitaux) ●les campagnes « Achetez Localement » ● les alliances commerciales locales and les réseaux coopératifs ● les initiatives populaires de développement économique ● les laboratoires de développement économique et communautaire (LCED) et pépinières d’entreprises ● les industries soutenues par les communautés (CSI) ● l'ʹagriculture soutenue par les communautés (CSA) ● les coopératives appartenant à des communautés ou des travailleurs ● les “Transition Entreprises ” et entreprises sociales ● les “Banques locales” et campagnes sur le théme “Move Your Money” qui encouragent les gens à transférer leur argent dans de petites institutions ● les “Transition Banks” et cercles communautaires d'ʹaide à l'ʹemprunt ●les fonds d’emprunt communautaire et fonds de développement coopératif ● les plates-‐‑formes de financement participatif pour les entreprises communautaires ● les instruments d'ʹinvestissement communautaire ● les réseaux d’investissements locaux (LIONs) ... Et beaucoup d’autres (voir les liens ci-‐‑dessous pour obtenir des exemples de chacune de ces initiatives)
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Ces initiatives et d'ʹautres comme celles-‐‑ci démontrent que des économies locales plus dynamiques, équitables, démocratiques, et durables sont non seulement possibles – mais sont déjà entrain d'ʹêtre créées.
La Transition Mondiale vers une Nouvelle Economie – une carte interactive en ligne
http://gtne.org/map
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Les Avantages des Entreprises & Banques Locales
Soutenir des entreprises locales, des banques communautaires et des coopératives de crédit profite les communautés de façons multiples. Voici les raisons principales pour soutenir les banques et les entreprises locales : Retisser le tissu communautaire Soutenir les entreprises locales et les institutions financières communautaires contribue à retisser un tissu social fait d’interdépendance mutuelle. Les petites entreprises et banques locales font aussi parties intégrantes des « infrastructures sociales » locales — les endroits où les gens interagissent et reconstruisent des liens sociaux qui ont été rompus dans le processus de mondialisation.
Revitaliser l’économie locale Les entreprises appartenant au gens du coin, les banques et institutions financières populaires font re-‐‑circuler une beaucoup plus grande partie de leur revenus et de leur dépôts dans l’économie locale. Cela réduit les fuites d’argent hors de la communauté et augmente les ressources disponibles pour répondre aux besoins locaux. Comme Michael Shuman le dit dans le film: « Une des études les plus importantes que nous ayons sur les effets du commerce local compare les impacts de 100€ dépensés dans une librairie locale contre 100€ dépensés dans une chaîne de magasins. Des 100€ dépensés dans une librairie locale il reste 45€ dans l’économie locale. Des 100€ dépensés dans une chaîne il ne reste que 13€. Alors vous obtenez trois fois plus de revenus, trois fois plus d'ʹemploi, trois fois plus de taxes produites par les collectivités locales. »
Créer des emplois et une prospérité plus largement partagée Comme il est suggéré dans la citation de Shuman, les entreprises locales créent plus d’emplois locaux que les géants de la distribution. En plus, des études ont montré qu’une majorité de petites entreprises aux Etats-‐‑Unis adoptent des réglementations salariales décentes et dans de nombreux secteurs, fournissent déjà mieux d'ʹavantages sociaux que leurs homologues. De plus des études ont prouvé que les villes avec une densité plus élevée de petites entreprises ont tendance à avoir des niveaux plus élevés d'ʹégalité de revenus.
Réinvestissez dans votre communauté Les petites entreprises locales réinvestissent un plus grand pourcentage de leurs bénéfices dans l'ʹéconomie locale, et font le don d’un plus grand pourcentage de leurs ventes à des associations à but non lucratif ou des organismes de bienfaisance que des entreprises qui ne sont pas du coin. En même temps les banques et les coopératives de crédit sont beaucoup plus sensibles aux besoins financiers des entreprises locales et des habitants que les grandes banques. En fait, les banques communautaires et coopératives de crédit représentent une part disproportionnée des prêts aux petites entreprises. Elles réinvestissent l'ʹépargne locale dans des activités de production locale plutôt que des marchés financiers risqués qui enrichissent ceux qui sont déjà riches.
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Fournir de meilleurs services, plus axés sur la personne Lorsque qu'ʹon leur pose la question, les clients signalent régulièrement que les petites entreprises locales, les banques communautaires et les coopératives de crédit offrent de meilleurs services que leurs homologues plus grandes et délocalisées. Les banques locales et les coopératives de crédit offrent également des prix plus bas pour de meilleurs services. Renforcer la stabilité et la résilience de la communauté Les collectivités qui ont une diversité de petites entreprises locales, sont plus stables, plus résilientes, et moins affectées par la dévastation économique qui peut sévir quand les grandes boîtes sans attaches décident de déménager. Les coopératives et entreprises locales sont littéralement ancrées dans leur communauté parce qu'ʹelles lui appartiennent.
Renforcer la démocratie et le contrôle local Les économies composées d’une diversité de petites entreprises locales renforce la démocratie de plusieurs manières. Tout d’abord, la structure décentralisée d'ʹune économie locale diversifiée soutient la démocratie parce que le pouvoir politique qu'ʹelle confère est partagé par beaucoup plus de gens. En second lieu, les collectivités qui ont plus de petites entreprises locales, ont des taux de votes plus élevés et des niveaux de participation civique plus élevés aussi. Enfin, quand des communautés dépendent moins de grandes sociétés venues d'ʹailleurs pour l’emploi et les recettes fiscales, elles sont moins redevables à ces grandes corporations et donc ont plus de liberté de fonder leur projets économiques sur leurs besoins propres.
Responsabilisation accrue et transparence Reconstruire des économies locales de taille plus humaine, peut accroître la responsabilisation des activités, elle en deviennent plus transparentes. Une plus grande prise en charge au niveau local assure que des décisions économiques critiques qui ont un impact sur le bien-‐‑être de la collectivité sont prises par des gens du coin – par exemple, des propriétaires d’entreprises locales, des membres de banques communautaires – qui résident dans cette collectivité et qui seront eux-‐‑mêmes touchés par ces décisions. Les grandes sociétés venues d'ʹailleurs et les grandes chaînes de magasins sont beaucoup moins responsabilisées et transparentes.
Nourrissez la diversité Les économies composées de nombreuses petites entreprises locales indépendantes sont plus sensibles et reflètent mieux les caractéristiques sociales, culturelles et écologiques distinctes de leurs communautés. Un monde composé de millions d’économies locales diverses crée une mosaïque « adaptée » à une variété d'ʹécologies et de cultures au lieu de la monoculture consommatrice qui s'ʹinfiltre actuellement partout grâce à la mondialisation.
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Créez un environnement plus sain Garder de petits magasins dans les centres ville et les quartiers, encourage les gens à marcher et réduit ces affreux étalements urbains qui enlaidissent nos villes. Les petits magasins utilisent les infrastructures publiques plus efficacement que les grands magasins. Des études ont montré que les résidents de villes et de villages avec un pourcentage plus élevé de petits magasins marchent plus ou utilisent les transports en commun plus souvent pour faire leurs achats que les habitants de villes dominées par les grands magasins. Cela se traduit par moins de pollution atmosphérique et un environnement plus sain. En fait, la taille même des grands magasins fait que ceux-‐‑ci doivent attirer des consommateurs de zones géographiques plus étendues, augmentant ainsi l'ʹutilisation de la voiture. Promouvez la santé et le bien-‐‑être à tous les niveaux Des études ont montré qu’une haute densité de petites entreprises dans un endroit correspond fortement à toute une série d’indicateurs de santé positifs tant au niveau personnel que publique (p. ex. taux moindres d'ʹobésité et de diabète) ainsi qu'ʹà un mieux être général dans la collectivité.
Questions & Activités de Réflexion et de Débat
� Réfléchissez à comment vous vous sentez quand vous faites vos courses dans un petit magasin plutôt que dans un grand magasin appartenant à une chaîne. Qu'ʹest-‐‑ce que vous préférez et pourquoi? � Qu'ʹest-‐‑ce qui est fait dans votre communauté pour relocaliser l’activité économique ? Quels changements politiques au niveau local, national et international rendraient ces efforts, s'ʹil y en a de fait, plus susceptibles de réussir ? � Quelles compétences et atouts existant déjà dans votre communauté pourraient être utilisés pour renouveler l’économie locale ? A quelles initiatives de renouveau économique local avez-‐‑vous personnellement participé? Y a-‐‑t-‐‑il des projets que vous « aimeriez initier? Si oui, quelles sont les possibilités et quels sont les obstacles ? � Discutez de ce que votre communauté aurait à gagner et à perdre si elle redevenait plus économiquement autonome.
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En savoir plus Lecture:
Gibson-‐‑Graham, J.K. et al. (2013) Take Back the Economy: An Ethical Guide for Transforming Our Communities, Minneapolis: U. of Minnesota Press.
Mitchell, S. (2013) “Locally owned businesses can help communities thrive — and survive climate change”, Grist (http://grist.org/cities/locally-‐‑owned-‐‑ businesses-‐‑can-‐‑help-‐‑communities-‐‑thrive-‐‑and-‐‑survive-‐‑climate-‐‑change/)
Shuman, M. (2006) The Small-‐‑Mart Revolution: How Local Businesses are Beating
the Global Competition. San Francisco: Berrett Koehler Publisher, Inc
Shuman, M (2012) Local Dollars, Local Sense: How to Shift Your Money from Wall Street to Main Street and Achieve Real Prosperity. White River Junction: Chelsea Green.
Yes! Magazine (2009) The New Economy Starts Here (http://www.yesmagazine.org/issues/the-‐‑new-‐‑economy/theme-‐‑guide-‐‑the-‐‑ new-‐‑economy)
Films & Vidéos: Fixing the Future: Building Local Jobs, Income and Sustainability http://fixingthefuture.org/
Move Your Money
http://www.moveyourmoneyproject.org/watch-‐‑video
The Bottom Line: A New Economy http://vimeo.com/70156551
Liens: Business Alliance for Local Living Economies (BALLE)
http://bealocalist.org/
Buy Local Campaigns – American Independent Business Alliance http://www.amiba.net/buy-‐‑local-‐‑campaigns
Community-‐‑wealth.org http://community-‐‑wealth.org/strategies/index.html Community Economic Laboratories http://www.postcarbon.org/blog-‐‑post/133772-‐‑community-‐‑economic-‐‑ laboratories-‐‑cels Community Supported Industry -‐‑ Schumacher Center for a New Economics http://centerforneweconomics.org/content/community-‐‑supported-‐‑industry-‐‑ white-‐‑paper
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Guide to Going Local -‐‑ Community Action Toolkit, Center for a New American Dream http://www.newdream.org/programs/collaborative-‐‑communities/community-‐‑action-‐‑kit/local
Institute for Local Self Reliance http://www.ilsr.org/initiatives/independent-‐‑business/ http://www.ilsr.org/initiatives/banking/ Mainstreaming community economic development – a Localise project http://localisewestmidlands.org.uk/mainstreaming_CED/ Move Your Money Projects http://www.moveyourmoneyproject.org/ or http://www.moveyourmoney. org.uk/ Plugging the Leaks – toolkits & handbooks (a project of the New Economics Foundation) http://www.pluggingtheleaks.org/ REconomy Project (a project of Transition Network) http://www.reconomy.org/ Shared Financing of Community-‐‑Based Businesses http://www.shareable.net/blog/shared-‐‑financing-‐‑of-‐‑community-‐‑based-‐‑ businesses Tescopoly Alliance http://tescopoly.org/
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L
13 ◦ PRODUITS LOCAUX
« La production agricole et alimentaire est un domaine où la localisation est non seulement souhaitable, mais en fait nécessaire». – Vandana Shiva
e temps est venu pour un changement de direction : plutôt que de continuer à augmenter la distance entre les producteurs et les consommateurs, il est temps de renforcer les économies basées sur les produits locaux, à l’échelle mondiale. Cela offrirait de multiples avantages aux consommateurs, aux agriculteurs et à l’environnement dans l’hémisphère Nord comme dans le Sud. Un tel changement ramènerait la diversité à des terres qui ont été pratiquement détruites par la monoculture et les produits chimiques, il redonnerait des emplois indispensables au niveau local et aiderait à reconstruire la communauté. En outre, il permettrait aux agriculteurs de vivre décemment tout en donnant aux consommateurs accès à une nourriture saine et fraîche à des prix abordables.
La reconstruction des économies basées sur les produits locaux signifie surtout, raccourcir la distance entre la ferme à l'ʹassiette. Cela ne signifie pas mettre fin à tout commerce de produits alimentaires. Cela signifie simplement de limiter le transport inutile de nourriture en essayant de satisfaire le plus grand nombre de nos besoins fondamentaux plus près de chez nous.
Aller d'ʹun système mondial à un système local pourrait être un puissant « multiplicateur de solutions. » Les produits locaux apportent:
● Un nourriture plus saine. Les produits locaux sont plus frais que de la nourriture qui vient de milliers de kilomètres, et qui perd donc de sa valeur nutritive chaque jour entre la récolte et la consommation. Et bien que les variétés d’aliments dédiés à la mondialisation soient choisies pour leur capacité à survivre la monoculture, la cueillette mécanique et le transport sur de longues distances, les variétés locales sont choisies pour leur valeur nutritive, leur saveur et leur robustesse.
● De meilleurs revenus pour les agriculteurs. Vendre directement aux consommateurs élimine les intermédiaires qui prennent en fait le plus gros de l'ʹargent du consommateur. En même temps que de changer les règlementations concernant l'ʹagro-‐‑industrie mondiale, le marketing des
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produits locaux pourrait également aider à réduire le coût des aliments frais, les rendant plus accessibles aux faibles revenus.
●Des économies locales plus fortes. Les réseaux de produits locaux offrent beaucoup plus d’emplois que le système alimentaire mondial. Non seulement l’agriculture à petite échelle demande plus de travail que la monoculture mais la vente de produits locaux soutient les entreprises et les magasins locaux. Ceci empêche la « fuite » de l’économie locale dans les caisses d'ʹinvestisseurs lointains. ● Des collectivités plus fortes. En rapprochant les producteurs et les consommateurs plus étroitement, les économies alimentaires locales aident à reconnecter les gens entre eux. Comme le dit Bill McKibben sur un marché fermier dans le film, « c’est bien parce que ces marchés consomment moins d’énergie. Et en plus ils construisent plus la communauté. L’acheteur moyen sur un marché fermier a 10 fois plus de conversations que l’acheteur moyen au supermarché. »
● Une plus grande diversité des terres. Comme Helena Norberg-‐‑Hodge le fait remarquer dans le
film, « quand les agriculteurs vendent sur le marché mondial, ils sont contraints de se spécialiser dans une gamme très étroite de produits normalisés. Alors que, lorsqu’ils vendent sur le marché local c’est en fait dans leur intérêt économique d’augmenter la variété de leurs produits. »
● Un environnement plus sain. Les fermes diversifiées qui constituent le fondement des
systèmes alimentaires locaux peuvent utiliser plus facilement des méthodes de production biologique. Les cultures intercalaires et la rotation des cultures peuvent remplacer des pesticides dangereux, tandis que les déchets de la ferme comme le fumier et les résidus de récoltes peuvent remplacer les engrais chimiques.
● Plus de nourriture. Les petites exploitations sont beaucoup plus productives à l'ʹare que les
gros de la monoculture avec leurs produits chimiques. Un changement vers une alimentation plus locale produit au final plus de nourriture et améliore la sécurité alimentaire dans le monde entier. Comme Balaji Shankar dit dans le film, « Tout ce dont j'ʹai besoin c'ʹest une ferme complètement intégrée d’un demi hectare pour nourrir 20 personnes. Nous n’avons pas besoin d'ʹagronomes, nous n’avons pas besoin de semences hybrides, nous n’avons pas besoin de GM, nous n’avons pas besoin de quoi que ce soit. Nous avons juste besoin qu'ʹon nous laisse faire l'ʹagriculture que l'ʹon veut. »
● De meilleures conditions pour les animaux de ferme. Les fermes diversifiées à petite échelle
qui incorporent des animaux sont beaucoup plus humaines que les grands élevages industriels. Il y a moins de surpopulation d'ʹanimaux, plus de temps à l’extérieur et moins besoin d’antibiotiques ou autres médicaments.
Une grande diversité de mouvements et d'ʹinitiatives à voir avec l’alimentation voient le jour partout dans le monde. Ce sont des systèmes alimentaires, à l'ʹéchelle des collectivités, qui sont plus résistants, durables et justes:
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☼ Les Marchés de Producteurs de Pays ☼ Les entreprises alimentaires communautaires ☼ Les coopératives de consommateurs /producteurs ☼ L'ʹagriculture soutenue par les communautés (CSA) ☼ Les cours d'ʹécoles mangeables ☼ La slow food ☼ La permaculture ☼ Les jardins urbains ☼ Les initiatives municipales locales ☼ Une justice contre la faim et pour l'ʹalimentation ☼ La souveraineté de l'ʹalimentation ☼ Les programmes de fermes à l'ʹécole ☼ L'ʹinfrastructure de l'ʹalimentation locale ☼ Les conseils de politiques alimentaires locales ☼ Le mouvement des jeunes fermiers
� Les entreprises alimentaires communautaires dans le monde entier: carte interactive en ligne
http://communityfoodenterprise.org/
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La localisation de l'ʹhémisphère nord fait-‐‑elle tord aux petits agriculteurs de l'ʹhémisphère sud ?
On prétend souvent que la localisation en Occident, prive le Tiers-‐‑Monde d’un marché d’exportation important et ainsi nuit aux petits agriculteurs de ces pays. La réalité est, en fait, très différente. Comme le souligne Vandana Shiva dans le film, « l’idée que la réduction de la pauvreté dans les pays du sud dépend de l’accès de ceux-‐‑ci aux marchés du Nord est un produit de la mondialisation. Nous avons des ressources limitées. Il y a des limites en terres, en eau et en énergie. Et si nous devons utiliser cette terre, cette eau et cette énergie pour produire même une seule laitue supplémentaire pour un ménage Britannique, nous pouvons être sûrs, que nous dérobons les paysans indiens de leur blé et leur riz. Nous dérobons l'ʹInde de son eau. Nous sommes, en effet, entrain de créer une situation où nous exportons la famine et la sécheresse vers le sud et les pays du Tiers-‐‑Monde. »
Des études ont trouvé que cette dépendance à l'ʹexportation altère le bien-‐‑être et la sécurité alimentaire locale et augmente considérablement le préjudice subi par les agriculteurs locaux contre l’exposition aux produits agrochimiques toxiques. L’alternative logique à la production pour les marchés mondiaux, est donc une production pour les marchés locaux. Comme Michael Shuman le soutient dans le film, « la chose la plus intelligente à faire est d’aider les collectivités dans les pays du Sud à atteindre une autosuffisance alimentaire et d'ʹautres formes d’autonomie. Voilà une vision pour l’élimination de la pauvreté mondiale, que l'ʹon peut soutenir. »
Jorgenson, A. (2009) « la Sociologie de l’Echange Inégal au sein d'ʹun Contexte Ecologique : A Panel Study of Lower-‐‑Income Countries, 1975–2000, Sociological Forum 24(1), March.
Longo, S. and York, R. (2008) ‘Agricultural Exports and the Environment: A Cross-‐‑National Study of Fertilizer and Pesticide Consumption’, Rural Sociology 73(1), 82–104.
Courte vidéo en ligne: Les vertus de la nourriture locale – un point de vue indien
http://vimeo.com/66619466
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Questions pour Encourager Discussion Réflexion et débat
� Quels sont à votre avis les arguments les plus forts en faveur de la nourriture locale ? Quels sont les critiques les plus fortes? � Est-‐‑ce que les monocultures industrielles produisent plus de nourriture par are, ou plus de nourriture par agriculteur ? Qu'ʹest-‐‑ce qui est plus important dans le monde actuel ? � Que pouvez-‐‑vous faire personnellement pour faire avancer le système alimentaire local où vous vivez ? � Quelles changements politiques pourraient encourager l’économie alimentaire locale dans votre région ? Quelles politiques la découragent actuellement? � Dans votre région, quels sont les aliments qui sont actuellement fournis par le système alimentaire mondial mais qui pourraient être cultivés et distribués localement ou régionalement ?
En savoir plus
Lecture: Ackerman-‐‑Leist, P. (2013) Rebuilding the Foodshed: How to Create Local and Sustainable Food Systems, Post Carbon Institute Community Resilience Guide Chelsea Green.
Ching, L.L. (2009) “Is Ecological Agriculture Productive?” The Oakland Institute (http://www.oaklandinstitute.org/node/2572).
Desmarais, A. Nettie Wiebe, and Hannah Wittman (2010) Food Sovereignty: Reconnecting Food, Nature and Community, Oakland: Food First Books.
Holt-‐‑Gimenez, E. (2011) Food Movements Unite! Strategies to Transform Our Food Systems, Oakland: Food First Books.
Pinkerton, T. and Hopkins, R. (2009) Local Food: How to Make it Happen in Your Community, Green Books.
Norberg-‐‑Hodge, H., Merrifield, T. and Gorelick, S. (2002) Bringing the Food Economy Home: Local Alternatives to Global Agribusiness, London: Zed Books.
Films & Vidéos: Edible City
http://ediblecitythemovie.com/about/
The Greenhorns www.thegreenhorns.net/category/media/documentary/ Ingredients http://ingredientsfilm.com/
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Community Food Systems http://afsic.nal.usda.gov/farms-‐‑and-‐‑community/community-‐‑food-‐‑systems-‐‑and-civic-agriculture
Liens: Community Food Systems http://afsic.nal.usda.gov/farms-‐‑and-‐‑community/community-‐‑food-‐‑systems-‐‑and-civic-agriculture Crossroads Resource Center -‐‑ Tools for Community Self-‐‑Determination www.crcworks.org/?submit=local ETC Group www.etcgroup.org/ GRAIN www.grain.org/ Food Sovereignty & Via Campesina www.foodsovereignty.org/ http://viacampesina.org/en/ Know Your Farmer, Know Your Food www.usda.gov/wps/portal/usda/usdahome?navid=KYF_COMPASS Local Food Policy Council www.foodfirst.org/en/about/programs/policycouncils Local Harvest (CSAs, farmers’ markets, food co-‐‑ops, etc) www.localharvest.org/ National Young Farmers Coalition www.youngfarmers.org/ Permaculture Activist www.permacultureactivist.net/ Slow Food International http://slowfood.com/ Social Association www.soilassociation.org/
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G
14 ◦ UNE ENERGIE LOCALE Le réchauffement climatique et la fin du pétrole bon marché exigent une évolution considérable non seulement dans notre consommation globale d’énergie, mais dans le genre d’énergie que nous utilisons : il est urgent d’avancer vers une énergie renouvelable localisée, décentralisé et appartenant à la communauté. Plusieurs études prouvent que les sources renouvelables d'ʹénergie peuvent répondre à la demande mondiale d’électricité, surtout parallèlement à une réorientation plus large de l’économie vers la localisation et loin d'ʹune croissance sans fin – c'ʹest-‐‑à-‐‑dire la suffisance alimentaire. Helena Norberg-‐‑Hodge résume cela dans le film : « Si nous diminuions le gaspillage scandaleux inhérent au système actuel, nous serions en mesure de répondre à une proportion beaucoup plus élevée de nos besoins en énergie provenant de sources renouvelables et décentralisées ». Des grands barrages, aux centrales à charbon ou nucléaires, les projets énergétiques centralisés à grande échelle sont fortement subventionnés, et leurs coûts environnementaux sont en grande partie ignorés (voir « La mondialisation profitent aux grandes entreprises »). Déplacer ces politiques et ces subventions vers des systèmes d’énergie renouvelable décentralisés aurait plusieurs avantages. Les systèmes d'ʹénergies renouvelables et locaux sont: ● Ecologiquement plus sains. Ils peuvent permettre d'ʹatténuer ou d'ʹéviter complètement les conséquences environnementales désastreuses qu'ʹont les systèmes énergétiques actuels (par exemple, le chaos climatique, la destruction de l’habitat, le mauvais état de santé causé par la pollution, etc.). ● Plus justes. Chacun d'ʹentre nous, ceux dans les communautés les plus marginalisées, sont affectés par tous les aspects de la production d’électricité traditionnelle (mines, forage, construction de barrages, construction de centrales électriques et leurs lignes de transmission et la combustion d'ʹénergie fossile). L'ʹénergie renouvelable à petite échelle et décentralisée évite ces pratiques néfastes.
● Ils promeuvent la paix. Le système conventionnel crée souvent des conflits de ressources et internes. Les systèmes locaux et renouvelables peuvent se soustraire à cette affreuse équation. ● Ils bénéficient l'ʹéconomie locale. Comme le dit Andrew Simms dans le film, « le large éventail de technologies à énergie renouvelable, à petite, moyenne et grande échelle, vous donnera livre
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pour livre, dollar pour dollar, yen pour yen entre 2 et 4 fois plus d'ʹemplois que les vieilles technologies à énergie centralisée que nous avons pour l'ʹinstant. » Et parce qu’ils ne dépendent pas de combustibles exploités ailleurs, ils contribuent à empêcher l’argent de « fuir » des économies locales.
● Ils sont plus résilients. Parce qu’ils sont mieux adaptés à la situation particulière de chaque lieu (par exemple les régions ensoleillées comme Ladakh sont bien adaptées à des technologies solaires décentralisées, tandis que d'ʹautres régions seront mieux servies par le micro-‐‑hydro ou le vent).
● Ils sont plus démocratiques. Ils donnent aux communautés plus de contrôle direct sur leurs besoins et sources d’énergie, plutôt que de dépendre de grosses entreprises énergétiques loin de chez nous.
● Ils sont plus sûrs. Ils dissocient et donc protègent les e-‐‑communautés (services communautaires en ligne) des marchés énergétiques volatiles et des chaînes d'ʹapprovisionnement mondiales. ● Ils sont plus efficaces. En produisant l'ʹénergie à proximité du point de consommation, on réduit les pertes liées à la transmission et au transport de l’électricité sur de longues distances et les systèmes de stockage Co-‐‑generation peuvent utiliser la chaleur qui serait autrement gaspillée. ● Ils sont plus rapides et faciles à déployer. Les projets d’énergie centralisés coûtent des milliards de dollars de plus et prennent beaucoup plus de temps à planifier et à faire autoriser. Ces différences sont essentielles lorsqu’il s’agit de répondre rapidement à une crise climatique mondiale. ● Ils bénéficient les économies du sud. Ils redonnent force aux villages, petites villes et économies rurales et aident ainsi à réduire l’exode vers les villes. Étant donné que les infrastructures énergétiques dans l'ʹhémisphère sud ne sont pas encore très développées, il y a une véritable possibilité de passer outre le chemin destructif et polluant qu'ʹa choisi l'ʹhémisphère nord. Comme le dit Helena Norberg-‐‑Hodge dans le film, « il est beaucoup moins cher et plus facile de mettre en place une infrastructure décentralisée, d'ʹénergies renouvelables, qu’il est de mettre en place l’infrastructure de base nécessaire aux combustibles fossiles classiques. Cela permettrait également au tissu communautaire et à la cohésion sociale de perdurer. » Il y a une explosion de projets d’énergie renouvelable et d’initiatives locales partout dans le monde, y compris des projets communautaires de solaire et d'ʹéolien, des entreprises d'ʹénergies propres à l’échelle de villages, des coopératives micro-‐‑hydro ainsi que des politiques et des programmes gouvernementaux qui pourraient les soutenir– surtout au niveau des villes. Voir « Lectures » et « Liens » ci-‐‑dessous pour en savoir plus sur ce mouvement formidable.
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21st-‐‑century-‐‑grid/).
Lovins, A. (2011) Reinventing Fire: Bold Business Solutions for the New Energy Era, 2011, Chelsea Green Publishers.
Pahl, G. (2012) Power from the People: How to Organize, Finance, and Launch
Questions pour Encourager Discussion Réflexion et débat
�Examiner la relation entre la démocratie véritable et les systèmes énergétiques centralisés et décentralisés.
� Un Ted Trainer prétend de façon provocante que, « les énergies renouvelables ne peuvent pas maintenir une société de consommation ». Cela signifie-‐‑t-‐‑il que nous ne pouvons pas compter sur les énergies renouvelables, ou que nous ne pouvons pas continuer à baser notre économie sur la consommation ?
En savoir plus
Lecture: Farrell, J. (2011) Democratizing the Electricity System: A Vision for the 21st
Century Grid, Minneapolis, MN: New Rules Project/Institute for Local Self Reliance (http://www.ilsr.org/democratizing-‐‑electricity-‐‑system-‐‑vision-‐‑ Trainer, T. (2010) Renewable Energy Cannot Sustain a Consumer Society, Dordrecht, The Netherlands: Springer.
Liens: Community Power Report www.communitypowerreport.com/ Community Energy Coalition http://www.forumforthefuture.org/project/community-‐‑energy-‐‑coalition/ overview Community Power Network http://communitypowernetwork.com/ Green Empowerment http://www.greenempowerment.org Manifesto for a community energy revolution http://www.uk.coop/energymanifesto New Rules for Energy -‐‑ Institute for Local Self Reliance http://www.ilsr.org/initiatives/energy/ Local Clean Energy Alliance http://www.localcleanenergy.org/
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Post Carbon Institute http://www.postcarbon.org/ Renewable energy can power the world, says landmark IPCC study http:// www.theguardian.com/environment/2011/may/09/ipcc-‐‑renewable-‐‑energy-‐‑ power-‐‑world World Alliance for Decentralized Energy http://www.localpower.org/ Local Energy Projects (Community Resilience Guides), Chelsea Green Publishers.
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15 ◦ IDENTITE LOCALE, SAVOIR LOCAL
« L’espace mental à partir duquel les gens rêvent et agissent est largement occupé aujourd'ʹhui par une imagerie 'ʹoccidentale'ʹ. La monoculture laisse derrière elle de profondes failles, qui, comme dans toutes monocultures, sont à la fois stériles et dangereuses. Ils ont éliminé les manières innombrables d'ʹêtre humain et ont transformé le monde en un lieu privé d’aventure et de surprise... En outre, cette monoculture de plus en plus envahissante a érodé des alternatives viables à cette société industrielle, axée sur la croissance. Elle a dangereusement endommagé la capacité de l’humain à rebondir et à trouver des solutions créatives à un avenir de plus en plus inattendu. » ~ Wolfgang Sachs
ne économie locale stable fournit la base d'ʹune communauté très soudée et interdépendante. Ceci à son tour, contribue à une revalorisation de sa propre culture et donc un sentiment de sécurité accru. Des collectivités locales fortes donnent permettent aux individus d’être eux-‐‑mêmes, tout en encourageant un profond sentiment de d'ʹappartenance et une raison d'ʹêtre. Ces communautés très soudées fournissent également de bien meilleurs exemples pour les enfants. Comme le dit Helena Norberg-‐‑Hodge dans le film, « les images irréelles de perfection que l'ʹon voit dans les publicités et dans la presse mondiale en général créent des sentiments d’infériorité, qui, trop souvent, finissent par se traduire en étroitesse d’esprit, en peurs et en préjugés. En revanche, lorsque les enfants s'ʹidentifient à des gens réels, en chair et en os qui ont tous leurs forces et leurs faiblesses, ils en tirent un sentiment beaucoup plus réaliste de qui ils sont, et de qui ils peuvent devenir. »
Aussi essentiel à la localisation est la nécessité de revitaliser les connaissances locales. Nous pouvons nourrir les traditions de nos régions sans pour cela se replier dans l'ʹisolationnisme culturel ou économique. Une véritable appréciation de la diversité culturelle ne devrait pas vouloir dire imposer notre propre culture aux autres, ni se servir, exploiter ou commercialiser d'ʹautres cultures en vue de notre propre consommation. Connaissances locales et économies locales vont de pair. Au lieu de mémoriser un savoir universel standardisé, les enfants ont besoin qu'ʹon leur donne les outils nécessaires pour comprendre leur propre environnement. Au sein de ce processus, l’éducation occidentale étroitement spécialisée et orientée vers l'ʹurbain, céderait la place à une perspective plus large, plus contextuelle et écologique. Les types de savoir propres à un lieu et donc traditionnels sont à la fois spécifiques et holistiques. La nouvelle démarche viserait à perpétuer ou à redécouvrir les savoirs traditionnels. Ces savoirs auraient pour base des siècles d'ʹexpérience et d’interaction empathique avec le vivant dans un lieu particulier.
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Une économie axée sur le lieu et inspirée de connaissances locales favorise une compréhension expérientielle profonde de l'ʹinterdépendance – ce sentiment d'ʹappartenance à une communauté et au monde naturel – contrastant nettement avec l’individualisme fragmenté de la culture de consommation. Lorsque les gens dépendent de la terre qui est sous leurs pieds et des gens qui les entourent pour leur survie, ils éprouvent l’interdépendance. L'ʹinspiration est là car il y a aujourd'ʹhui une véritable explosion d'ʹinitiatives basées sur les connaissances locales partout dans le monde, y compris :
● des projets agro-‐‑écologiques basés sur le savoir traditionnel ● des efforts d'ʹ « eco-‐‑literacy » (ou savoir écologique), comprenant des programmes bio-‐‑régionaux
● des ateliers/cours de construction naturelle/écologique ● une permaculture et agriculture urbaine
● des projets de formation, renaissance de l’artisanat et création de cafés 'ʹde réparation'ʹ
● des écoles alternatives et des alternatives à l'ʹécole
....et beaucoup plus d'ʹidées – à voir à la rubrique « Ressources supplémentaires »
Questions pour Encourager Discussion Réflexion et débat
� Quelles sortes de connaissances et compétences étaient monnaie courante dans votre communauté il y a 100 ans ou plus? � Quelles sortes de connaissances et compétences avaient les gens du coin ? Que pensez-‐‑vous de ce qu'ʹa dit l’écrivain Wes Jackson quand il déclarait que notre tâche est de « commencer à découvrir comment redevenir véritablement natifs » des endroits où nous vivons ? � Examiner la relation entre l’économie locale, les connaissances locales et préserver l'ʹidentité régionale.
� Comparer les deux citations du film suivantes: 'ʹ'ʹA une autre époque, avant l'ʹère moderne du capitalisme consumériste, la conscience de soi, l'ʹidentité personnelle, étaient façonnées en grande partie grâce à l'ʹappartenance à une communauté ou à un quartier. De nos jours, tous ces supports ont disparus, et l'ʹespace restant a été rempli par les spécialistes du marketing, qui sont venus nous dire, 'ʹ'ʹne vous inquiétez pas si vous ne savez pas qui vous êtes. Nous vous fournirons une identité emballée que vous pouvez utiliser – en achetant nos produits, bien sûr – afin de vous recréer une image de vous-‐‑même, que vous pourrez ensuite projeter sur le monde."ʺ ~ Clive Hamilton « Lorsque nous localisons, nous donnons à nos enfants des modèles de rôle et je pense des normes grâce auxquels ils peuvent vivre et s'ʹaffirmer dans la société à laquelle ils appartiennent sans avoir à
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regarder à l’extérieur de leur culture. Les symboles, les gens, les normes, les valeurs sont là, chez eux. » ~ Mohau Pheko
� Dans le film, Vandana Shiva dit, « les connaissances locales sont les connaissances qui vous racontent la vie. Simplement vivre. J’appelle ça « les savoirs de grands-‐‑mères », et je pense que la plus grande chose dont nous avons besoin, notre tâche aujourd'ʹhui, est de créer des « universités de grands-‐‑mères » partout, afin que les connaissances locales ne disparaissent jamais. » Comment les « universités de grands-‐‑mères » diffèreraient-‐‑elles des universités traditionnelles ? A quoi sert l'ʹéducation?
En savoir plus
Lectures: Berry, W. (1987) Home Economics, NY: North Point Press.
Hern, M. (ed.) (2008) Everywhere All the Time: A New Deschooling Society Reader, Oakland: AK Press.
Illich, I. (1973) Tools for Conviviality. New York: Harper & Row Publishers.
Norberg-‐‑Hodge, N. (2009) Ancient Futures: Lessons from Ladakh for a Globalizing World, San Francisco: Sierra Club Books. Orr, D. (2004) Earth In Mind: On Education, Environment and the Human Prospect, Washington DC: Island Press. Wheatley, M. and Frieze, D. (2011) Walk Out, Walk On, San Francisco: Berrett-‐‑ Koehler.
Films & Vidéos: Enlivened Learning
http://enlivenedlearning.com/
Localizing Knowledge, Decolonizing Our Minds, Manish Jain http://vimeo.com/66037716 Schooling the World http://schoolingtheworld.org/
Liens: Agroecology http://agroecology.org/ Center for a New American Dream, The Great Reskilling of America http:// www.newdream.org/programs/beyond-‐‑consumerism/promoting-‐‑self-‐‑ reliance/great-‐‑reskilling Global Ecovillage Network http://gen.ecovillage.org/
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Gaia Education http://www.gaiaeducation.org/
Permaculture Activist http://www.permacultureactivist.net/ Place-‐‑based Learning – Center for Ecoliteracy http://www.ecoliteracy.org/strategies/place-‐‑based-‐‑learning Repair Cafe http://repaircafe.org/ Shikshantar: People’s Institute for Rethinking Education and Development www.swaraj.org/shikshantar Transition Town Reskilling http://transitionus.org/knowledge-‐‑hub/themes/reskilling Universidad de la Tierra (Unitierra) www.unitierra.org
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U
16 ◦ LOCALISATION AU NIVEAU MONDIAL
« Dans la culture de la mondialisation, toutes actions humaines, tous efforts à répondre aux besoins de la communauté au niveau local, tout geste de partage, toutes mises en commun de ressources, tout acte de générosité venant de volontés insoumises est une forme de résistance. » ~ Jeremy Seabrook
Jusqu'ʹà récemment, la mondialisation semblait irrépressible et l’imposition de cette monoculture de la consommation au plan mondial, inéluctable. Mais l’économie consumériste est si fondamentalement en désaccord avec les besoins des gens et de la planète que cela est en train de déclencher une résistance généralisée en même temps qu'ʹune prolifération d'ʹalternatives plus saines à plus petite échelle. À travers le monde, des millions de personnes résistent à la mondialisation, en contestant la déréglementation du commerce et des investissements qui sous-‐‑tend le pouvoir des grosses entreprises, et en demandant la démocratisation de l’économie – ceci afin de ramener le contrôle à l’échelle locale et nationale. Dans le même temps, des millions d’autres personnes s'ʹengagent dans des efforts de reconstruction d'ʹéconomies plus justes, plus écologiques et à échelle humaine. L’Economie du Bonheur a étudié un large éventail d’initiatives qui composent ce nouveau mouvement pro localisation dans le monde entier – on l'ʹappelle « mouvement des mouvements » Beaucoup de ces initiatives – dans les domaines de l’économie locale, la nourriture locale et l’énergie locale – ont été évoquées dans les chapitres précédents de ce guide. Nous présentons ici un portrait plus détaillé de certains de ces mouvements qui travaillent à faire bouger l’économie dans une nouvelle direction.
Mouvement International pour un Commerce Juste Au cours des trois dernières décennies, des militants de presque tous les continents se sont réunis par dizaines de milliers pour protester contre des accords de libres échanges (ALE), des abus aux droits de l’homme et du pillage des ressources naturelles. De grandes manifestations ont accueilli chaque nouvelle ronde de négociations commerciales, elles ont contribué à ralentir les dispositifs de l’OMC ou à complètement contrecarrer les autres accords de libre-‐‑échange multilatéraux, comme la zone de libre-‐‑échange des Amériques et l'ʹAccord Multilatéral sur l'ʹInvestissement. Toutefois, le progrès de ces mouvements a été mitigé ces quelques dernières années. Avec l’OMC efficacement
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embourbé dans la controverse depuis la fin des années 1990, les bureaucrates gouvernementaux et les élites des grosses entreprises ont modifié leur stratégie : au lieu de traités commerciaux mondiaux, ils ont recherché des accords régionaux ou bilatéraux plus facilement négociés, tels que l'ʹAccord de Libre-‐‑Echange d'ʹAmérique Centrale (CAFTA), ou l’accord de libre-‐‑échange entre les États-‐‑Unis et la Colombie (FTA). Malgré des foules immenses qui protestent contre chacun de ces accords, ils ont néanmoins été ratifiés. Même après ratification, les manifestants continuent à envahir les rues. Par exemple, en août 2013 plus de 200 000 paysans, mineurs, camionneurs, travailleurs de la santé, enseignants et étudiants se sont mobilisés dans les rues de Columbia, appelant à la renégociation de l’accord de libre-‐‑échange entre États-‐‑Unis et Colombie. Deux nouveaux ALE Accords de Libre Echange importants sont en cours de négociation, en grande partie à huis clos de façon caractéristiquement antidémocratique: le Partenariat Trans-‐‑Pacifique (TPP) et le Trans-‐‑Atlantique (TAFTA). Ces deux accords menacent de déréglementer le commerce et les finances et d'ʹendommager la souveraineté démocratique des gouvernements locaux et nationaux. Il y a un certain nombre d’organisations qui travaillent actuellement à sensibiliser le public au sujet de ces accords de libre-‐‑échange et à mobiliser les citoyens à protester contre eux. Résister aux accords de libre-‐‑échange et à des accords similaires est un élément clé du mouvement de localisation, c'ʹest essentiel pour protéger l’autonomie économique locale, à l’échelle mondiale. Mouvement anti-‐‑Big-‐‑Box Des citoyens du monde entier ont lancé des campagnes pour mettre la pression sur les gouvernements locaux et passer des injonctions restreignant des magasins de grandes surfaces comme Wal-‐‑mart ou Tesco au Royaume Uni d'ʹopérer dans certains endroits. Ces campagnes ont empêché avec succès certaines grandes sociétés subventionnées d'ʹendommager de petites entreprises, de drainer des ressources publiques cruciales aux collectivités et d'ʹéroder le caractère unique des économies locales. Les Mouvements pour une Alimentation Locale Peut-‐‑être l’élément le plus connu de la localisation, est le mouvement des produits locaux car il n'ʹa fait que s'ʹaccroitre partout dans le monde, ces dix dernières années. Les marchés de producteurs, l'ʹAgriculture Soutenue par la Communauté (ASC), les coopératives alimentaires communautaires, les ‘’food hubs’’, les entreprises alimentaires locales, les jardins partagés, les conseils de politique alimentaire locale, les groupes de Slow Food, les projets d’agriculture urbaine, et autres initiatives similaires ont commencé à créer des systèmes alimentaires locaux plus justes, résilients et durables, qui nourrissent déjà des millions de personnes. De plus, les gouvernements locaux ont commencé à lancer des programmes et des politiques à eux dans le but explicite de promouvoir une alimentation locale : ils investissent dans l’infrastructure de l'ʹalimentation locale, en initiant des programmes de fermes à l’école, en enlevant les obstacles juridiques empêchant la culture, le traitement et la vente de produits locaux et en mettant des terres communales à la disposition de petits agriculteurs. Le mouvement des produits locaux est souvent critiqué comme étant confiné aux riches élites de l’hémisphère Nord. Toutefois, d'ʹautres mouvements comme la 'ʹfood justice'ʹ ('ʹjustice alimentaire'ʹ) et la 'ʹfood sovereignty'ʹ ('ʹsouveraineté alimentaire'ʹ) démontrent que les aliments locaux ont un soutien sérieux.
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Souveraineté alimentaire et Via Campesina Le concept de « souveraineté alimentaire » a été développé par le mouvement paysan international La Via Campesina au Sommet Mondial de l'ʹAlimentation de 1996. La Via Campesina définit la souveraineté alimentaire comme : ‘’le droit des peuples à une nourriture saine et culturellement appropriée, produite par le biais de méthodes durables et leur droit à définir leurs propres systèmes d’alimentation et d'ʹagriculture. Il développe un modèle de production durable à petite échelle qui bénéficient les communautés et leur environnement. Cela met les besoins, les moyens de subsistance et les aspirations de ceux qui produisent, distribuent et consomment les aliments au coeur des politiques et systèmes alimentaires plutôt que soumis aux exigences des marchés et des multinationales... La souveraineté alimentaire donne la priorité à la consommation et la production alimentaire locale. Il donne à un pays le droit de protéger ses producteurs locaux des importations à bas prix et de contrôler sa production. Il s’assure que les droits d’utiliser et de gérer les terres, les territoires, l'ʹeau, les semences, le bétail et la biodiversité sont entre les mains de ceux qui produisent la nourriture et non des grosses entreprises... La souveraineté alimentaire apparaît désormais comme l’une des meilleures solutions pour contrecarrer la pauvreté et les crises alimentaire et climatique actuelles.’’ La Via Campesina est facilement un des plus grands mouvements populaires contre la mondialisation et pour la localisation de la nourriture au niveau mondial. Elle compte parmi ses membres « des millions de paysans, des petites et moyennes exploitations agricoles, des gens sans-‐‑terre, des agricultrices, des autochtones, des migrants et des travailleurs agricoles, partout dans le monde. Elle défend une agriculture durable à petite échelle en vue de promouvoir la dignité et la justice sociale. Elle s’oppose fortement à l'ʹagriculture menée par les grosses entreprises et les multinationales qui détruisent les hommes et la nature... » La Via Campesina comprend près de 150 organisations locales et nationales, représentant environ 200 millions d’agriculteurs venant de 70 pays à travers l'ʹAfrique, l'ʹAsie, l'ʹEurope et les Amériques.
Les villes de Transition et les Groupes de Résilience Le mouvement de Transition a commencé avec deux groupes en 2006 à Kinsale, en Irlande et à Totnes, en Angleterre. Il s'ʹest multiplié spectaculairement dans plus de 43 pays à travers le monde pour atteindre plus de 1107 initiatives en 2013. Selon le réseau de Transition, le but est « de vous aider à être le catalyseur dans votre communauté pour réaliser une poussée historique qui verra le lieu où vous vivez devenir plus résistant, plus sain et regorger d'ʹopportunités au niveau local, de créer des moyens de subsistance, tout en réduisant son empreinte écologique. » Le mouvement de Transition a pour but de transformer les économies grandes consommatrices d’énergie, dépendantes des multinationales, gaspilleuses et aliénatrices, tellement typiques des pays développés d'ʹaujourd'ʹhui, en communautés locales autonomes, auto-‐‑suffisantes et résilientes. L'ʹaccent est très majoritairement mis sur la prévision et la réalisation de solutions locales et pratiques qui fournissent des exemples de changements passionnants et tangibles. Les secteurs clés que le mouvement Transition privilégie sont les suivants: les projets qui contribuent à un véritable bien-‐‑être au niveau local y compris les petits producteurs, les petites et moyennes entreprises du coin, les projets d’énergie renouvelable basés dans la collectivité, tout ce qui établie des relations collectives plus fortes, des formations offrent des possibilités de se recycler, et ce que l'ʹon appelle des projets REconomy (offrent outils, réseautage et soutien pour planifier et élargir l'ʹéconomies locale). Il y a aussi les 'ʹResilience Groups'ʹ et 'ʹResilience Circles'ʹ qui sont deux autres initiatives similaires au mouvement de Transition. Et enfin des villes, où les gens se rejoignent en groupes locaux pour créer
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des communautés plus autonomes moins dépendantes de la mondialisation et son économie instable.
Le Mouvement des Droits Communautaires Tout comme le mouvement de la souveraineté alimentaire, le mouvement des droits communautaires aide les collectivités à reprendre leur pouvoir de décision démocratique au niveau local en passant des ordonnances interdisant des activités qui endommagent l’environnement. En Amérique du Nord, une des organisations fondatrices de ce mouvement est Community Environmental Legal Defense Fund (CELDF) ou Fond Communautaire pour la Défense Légale de l'ʹEnvironnement. D'ʹaprès leur site internet: « CELDF travaille avec les collectivités pour établir des droits communautaires – afin que ces collectivités aient le pouvoir de protéger la santé, la sécurité et le bien-‐‑être de leurs habitants et l’environnement naturel, et d'ʹétablir une durabilité économique et environnementale ». A ce jour, CELDF a aidé plus de 150 lieux à établir des « ordonnances de droits communautaires » pour protéger des communautés contre certaines activités comme la fracturation hydraulique, le forage de puits de gaz de schiste ou la plantation de cultures OGM. New Economy Movement Le New Economy Movement est un mouvement international multidimensionnel qui oeuvre, sur le terrain, à la création de plus d'ʹinitiatives économiques locales, durables, équitables et démocratiques. Comme on l'ʹa fait observer dans les chapitres précédents, le mouvement comprend un large éventail de projets, de stratégies et d'ʹinitiatives visant à ancrer la richesse dans l’économie locale par le biais de nouveaux modèles de distribution, de financement, de production, d'ʹéchange et de consommation. Les nouvelles initiatives économiques incluent : les financements communautaires innovants ; les campagnes 'ʹMove Your Money'ʹ et ‘Bank Local'ʹ ; les projets ayant pour but d'ʹenrichir les communautés tels que les coopératives de travailleurs et de consommateurs, les incubateurs d’entreprises locales ou les 'ʹentreprises sociales'ʹ ; aussi les programmes municipaux à budgets participatifs et liés au développement économique local ; les campagnes « Achetez local » ; les initiatives de monnaies locales ; les alliances pour la défense des petites entreprises et les réseaux intersectoriels de coopératives locales. En bref, le nouveau mouvement économique incarne le slogan stratégique de Helena Norberg-‐‑Hodges qui réclame du local à grande échelle. Campagnes pour une Energie Locale Les initiatives d’énergies renouvelables locales de petite envergure, aident les collectivités à devenir plus énergétiquement autonomes, tout en créant des emplois verts et en réduisant les impacts négatifs de la production d'ʹénergie sur l'ʹenvironnement. Que ce soit des éoliennes appartenant à une collectivité, des 'ʹjardins solaires'ʹ municipaux, des installations solaires partagées au niveau de quartiers ou des systèmes micro-‐‑hydro au niveau de villages, l'ʹénergie renouvelable communautaire révèle sa viabilité dans les milieux ruraux comme dans les milieux urbains. En plus de ces projets d’énergie de base, beaucoup de gouvernements locaux adhèrent à des politiques d’énergie progressive qui rendent plus facile la mise en œuvre de projets d’énergie communautaire. Dans certains cas, les campagnes citoyennes ont même poussé les gouvernements locaux à inverser des décennies de privatisation en reprenant le contrôle démocratique de systèmes énergétiques jusque là dominés par des compagnies d’énergie non locales. Par exemple, des citoyens à Boulder, dans le Colorado ont mené une campagne qu'ʹils ont appelé la « municipalisation » de leur système d’énergie locale qui est actuellement (légalement) monopolisé par Xcel Energy. La campagne
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citoyenne a été lancée parce que Xcel ne répondait pas aux objectifs ambitieux de la ville de réduire son « empreinte carbone » et de promouvoir une économie de l’énergie propre.
Le Mouvement Eco-‐‑Village Dans le souci de reconnaître le besoin humain fondamental de connexion et l’impératif écologique de créer des modes de vie plus durables, des gens partout dans le monde ont commencé à créer des communautés durables, appelées Eco-‐‑villages. Les Eco-‐‑villages permettent aux gens de mettre en place des structures sociales favorables, de partager des ressources communes et d'ʹatteindre un haut degré d’autonomie au sein d'ʹune collectivité. Les Eco-‐‑Villages typiques combinent vie privée et vie en commun et des espaces de travail. Ils incorporent souvent des technologies appropriées (par exemple des systèmes d’énergie renouvelable à petite échelle ou des ateliers de création artisanale fournis d'ʹoutils), des services de garderie pour les enfants, du jardinage style permaculture, une production d’aliments biologiques et des techniques de construction naturel.
En savoir plus
Liens: Global Trade Justice
Bilaterals.org www.bilaterals.org Focus on the Global South http://focusweb.org/ Global Exchange http://www.globalexchange.org/ International Forum on Globalization www.ifg.org Our World Is Not For Sale http://www.ourworldisnotforsale.org/ Public Citizen – Trade Watch www.citizen.org/tradewatch Transnational Institute www.tni.org Third World Network www.twnside.org.sg Anti-‐‑big-‐‑box Movement Big-‐‑Box Toolkit http://www.ilsr.org/big-‐‑box-‐‑tool-‐‑kit/
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Good Jobs First http://www.goodjobsfirst.org/
Tescopoly Alliance http://tescopoly.org/
Local Food Movement & Food Sovereignty
Food First: Institute for Food and Development Policy www.foodfirst.org
Food Sovereignty www.foodsovereignty.org/
GRAIN www.grain.org/
Grassroots International http://www.grassrootsonline.org/
Local Food Policy Council www.foodfirst.org/en/about/programs/policycouncils
Local Harvest (CSAs, farmers’ markets, food co-‐‑ops, etc) www.localharvest.org/
National Young Farmers Coalition www.youngfarmers.org/
Slow Food International http://slowfood.com/
Social Association www.soilassociation.org/
Via Campesina http://viacampesina.org/en/
Transition Towns & Resilience Groups
Resilience Circles http://localcircles.org/
Resilience Groups http://www.resilience.org/groups
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Transition Network http://transitionnetwork.org/ http://transitionnetwork.org/initiatives/national-‐‑hubs
Community Rights Movement Community Environmental Legal Defense Fund http://celdf.org/section.php?id=423 Community Rights Program -‐‑ Global Exchange http://www.globalexchange.org/programs/communityrights New Economy Movement Business Alliance for Local Living Economies (BALLE) http://bealocalist.org/ Community-‐‑wealth.org http://community-‐‑wealth.org/strategies/index.html Global Transition to a New Economy http://gtne.org/map Grassroots Economic Organizing www.geo.coop Institute for Local Self Reliance www.ilsr.org/localist-‐‑policy-‐‑agenda Move Your Money www.moveyourmoneyproject.org www.moveyourmoney.org.uk New Economics Foundation www.neweconomics.org New Economics Institute http://neweconomicsinstitute.org New Economy Working Group www.neweconomyworkinggroup.org Other Worlds Are Possible www.otherworldsarepossible.org REconomy Project: www.reconomy.org
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RIPESS -‐‑ Intercontinental Network for the Promotion of Social and Solidarity Economy www.ripess.org/about-‐‑us/?lang=en
Schumacher Center for a New Economics http://centerforneweconomics.org
The Rise of the New Economy Movement www.yesmagazine.org/new-‐‑economy/the-‐‑rise-‐‑of-‐‑the-‐‑new-‐‑economy-‐‑ movement
Community Energy Movement
Boulder Votes to Free Its Electric Company http://www.yesmagazine.org/issues/9-‐‑strategies-‐‑to-‐‑end-‐‑corporate-‐‑rule/how-‐‑ boulder-‐‑freed-‐‑its-‐‑electric-‐‑company
Community Energy Coalition http://www.forumforthefuture.org/project/community-‐‑energy-‐‑coalition/ overview
Community Power Network http://communitypowernetwork.com/
Community Power Report http://www.communitypowerreport.com/
Eco-‐‑Village Movement
Global Eco-‐‑Village Network http://gen.ecovillage.org/
Global EcoVillage and Sustainable Community Network http://www.globalecovillages.org/
La
17 ◦ FUTURS LOCAUX
a première partie de L'ʹEconomie du Bonheur montre comment la mondialisation a aggravé bon nombre des crises sociales, psychologiques et environnementales les plus importantes de notre temps. C’est la continuation d’un processus qui a commencé il y a 500 ans et qui a entraîné le démantèlement, partout dans le monde, d’économies et cultures locales. Dans le même temps, la propagation d’une monoculture de consommation mondiale a détruit le sentiment de soi et le bien-‐‑être psychologique, alors qu'ʹun nombre croissant de personnes se sentent isolées, déprimées et en manque de sécurité. Peut-‐‑être plus alarmant encore, l’expansion de l’économie de consommation au niveau mondial aggrave une crise environnementale qui menace la vie telle que nous la connaissons. Cependant, l’Economie du Bonheur ne montre pas juste comment ces multiples crises sont liées à la mondialisation. Le film montre également comment un changement systémique vers la localisation peut agir comme un « multiplicateur de solution », en revitalisant simultanément des communautés et des économies, en améliorant le bien être social et psychologique et en restaurant la santé écologique. À la fin du film, Helena Norberg-‐‑Hodge stipule qu'ʹ « au niveau le plus profond, la localisation parle de connexion, qu'ʹil nous faut rétablir notre sentiment de connexion avec les autres et le monde naturel. « Et que cette connexion est un besoin humain fondamental ». Helena parle plus amplement de ce sujet à la fin de son livre, Ancient Futures : « Les changements que nous devons faire peuvent grandement enrichir nos vies. Pourtant ils sont souvent traités, même au sein du mouvement écologiste, comme un sacrifice. On insiste plus sur le fait qu'ʹil nous faudra abandonner certaines choses et se satisfaire de moins, plutôt que de reconnaître ce que l'ʹon pourrait y gagner. On oublie que le prix à payer pour une croissance économique et une prospérité matérielle sans fin a été un appauvrissement spirituel et social, l'ʹinsécurité psychologique et la perte de notre vitalité culturelle... Peut-‐‑être la leçon la plus importante du Ladakh parle de bonheur. Ce fut une expérience précieuse, que j'ʹai mis bien du temps à apprendre. Seulement après des années à peler les couches de mes idées préconçues n’ai-‐‑je commencé à voir la joie et le rire des Ladakhis et ce que cela représentait véritablement : une appréciation réelle et sans entraves de la vie elle-‐‑même. Au Ladakh, j'ʹai connu des gens qui considèrent la tranquillité d’esprit et la joie de vivre comme un droit de naissance incontesté. J’ai vu à quel point des relations étroites avec la communauté et la terre peuvent enrichir une vie humaine, et ceci sans comparaison possible avec nos richesses matérielles ou notre sophistication technologique. J’ai appris qu’une autre façon de vivre est possible. »
Certains diront que le genre de bonheur dont jouissent les Ladakhis nous est tout simplement inaccessible parce que nous sommes maintenant par trop conscients des nombreuses crises auxquelles la planète est confrontée : Comment pourrait-‐‑on être heureux quand on sait que le monde est tellement lourd de problèmes sociaux, environnementaux, économiques et politiques ? Nous pensons qu'ʹune partie de la réponse apparaîtra quand nous 'ʹrelocaliserons'ʹ, et que nous recommencerons non seulement à créer des connexions avec les autres mais aussi avec le monde naturel, les fondements du vrai bonheur. Il nous faut le faire en prenant en même temps des mesures pour résoudre les crises en question. Le reste de la réponse se trouve dans ce poème de Wendell Berry, intitulé « La paix des Choses de la Nature » :
Quand un désespoir croissant pour le monde m'ʹenvahit et que je me réveille la nuit au moindre bruit dans la crainte de ce qu'ʹil pourrait advenir de ma vie et de la vie de mes enfants, je pars et vais m’allonger au bord de l'ʹeau où le malard sommeille en sa beauté et où le grand héron se nourrit. Je rejoins la tranquillité des choses sauvages qui n'ʹaccablent pas leur vie à prédire des peines futures. Je suis un avec les eaux tranquilles. Et je sens au-‐‑dessus de moi, les étoiles qui m'ʹattendent de tout leur éclat nocturne. Et, pour un moment, Je suis suspendu dans la grâce du monde et je suis libre.
L’Economie du Bonheur nous dit que de passer du niveau mondial au niveau local est un des moyens les plus efficaces que nous ayons de remplacer la compétitivité, l'ʹanonymat et l’insécurité que représente la mondialisation, par des réseaux locaux de coopération, interdépendance, appartenance et entraide mutuelle. Ce message d’espoir suggère que la localisation est à la fois une solution stratégique pour faire face aux crises, auxquelles nous sommes confrontés et le fondement même pour atteindre une économie de bonheur véritable.
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Pour en savoir plus et découvrir comment rejoindre le
mouvement mondial pour la localisation visitez :
www.theeconomicsofhappiness.org/ get-‐‑active-‐‑what-‐‑we-‐‑can-‐‑do