la commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du...

102
1 VIGNE Maud Master 2 Développement et marketing des territoires et des aménagements touristiques Université Lumière Lyon 2 La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour les Comités Départementaux du Tourisme aujourd’hui ? Quelle est la pertinence de cette mission ? Réflexions engagées dans le cadre d’un stage effectué à Rhône Tourisme, de février à août 2012 Maître de stage : Corinne Brassart Tuteur pédagogique : Valia Filloz Année universitaire 2011/2012

Upload: others

Post on 13-Aug-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

1

VIGNE Maud Master 2 Développement et marketing des territoires et des aménagements touristiques Université Lumière Lyon 2

La commercialisation est-elle devenue une

nécessité pour les Comités Départementaux du

Tourisme aujourd’hui ?

Quelle est la pertinence de cette mission ?

Réflexions engagées dans le cadre d’un stage effectué à Rhône Tourisme,

de février à août 2012

Maître de stage : Corinne Brassart Tuteur pédagogique : Valia Filloz Année universitaire 2011/2012

Page 2: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

2

Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier toute l’équipe de Rhône Tourisme, et sa directrice, Mme

Catherine Infante-Laffay, pour son accueil chaleureux au sein de cette structure.

Je remercie plus particulièrement mon maître de stage, Mme Corinne Brassart, pour son

suivi, son écoute et ses conseils tout au long de mon étude réalisée lors de mon stage. Son

encadrement et son implication ont été pour moi une grande aide pour la réalisation de ma

mission.

Je remercie également toute l’équipe des professeurs du département Tourisme de

l’Université Lyon 2, pour leurs enseignements, qui, j’en suis convaincue, me guideront dans ma

future vie professionnelle. Mes remerciements vont de même à ma tutrice pédagogique, Mme

Valia Filloz, pour son suivi et ses conseils concernant la réalisation de ce mémoire.

Je n’oublie pas toutes les personnes que j’ai contactées et interrogées lors de mon stage à

Rhône Tourisme. Je les remercie grandement pour leur disponibilité et leur collaboration à mon

étude. Ces personnes sont citées à la fin de ce mémoire.

Page 3: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

3

Sommaire Introduction ................................................................................................................................................... 5 I. Le contexte de mon stage ........................................................................................................................... 7

A. Les Comités Départementaux du Tourisme, de leur création à aujourd’hui ........................................ 7

1.Des organes créés par les départements afin de prendre en charge le développement

touristique ........................................................................................................................................... 7 2.Des missions et des structures qui ont évolué ................................................................................... 9

B. Rhône Tourisme, des missions et une organisation adaptées au territoire du Rhône ....................... 13

1.Le Rhône, un territoire contrasté et hétérogène, dominé par l’activité touristique de Lyon .......... 13 2.Les schémas départementaux de développement touristique du Rhône et la nouvelle orientation stratégique de Rhône Tourisme, adoptée en 2009 .......................................................... 16 3.Une organisation adaptée aux missions d’un CDT et à la stratégie marketing de Rhône Tourisme .............................................................................................................................................. 18 4.L’intégration de ma mission de stage au sein du pôle Marketing /Communication........................ 20

C. La mission principale de mon stage : évaluer les éventuelles opportunités de commercialisation de prestations touristiques dans le Rhône ................................................................ 21

1.Contexte, enjeux et objectifs de l’étude .......................................................................................... 21 2.Déroulement de l’étude ................................................................................................................... 23 3.Lien avec ma problématique de mémoire – présentation de la problématique ............................. 26

II.La commercialisation de prestations touristiques est-elle devenue une nécessité pour les CDT aujourd’hui ? .............................................................................................................................................. 28

A.La commercialisation de prestations touristiques, entre opérateurs privés et institutionnels ............ 28

1.La vente de séjours et autres prestations touristiques en France : contexte .................................. 28 a.Un secteur privé bouleversé par l’explosion de l’e-tourisme ........................................................ 29 b. Le cadre institutionnel et juridique de l’organisation et la vente de prestations touristiques ....................................................................................................................................... 36

2.La commercialisation par les institutionnels .................................................................................... 43 a.Une activité commerciale très répandue parmi les CDT mais des volumes d’affaires très

divers .............................................................................................................................................. 43 b.La commercialisation par les autres OLT ...................................................................................... 49

B.Pourquoi commercialiser ? Les enjeux de la commercialisation pour les CDT ..................................... 52

1. De l’aide à la mise en marché à la commercialisation : plateformes d’info-dispo-réservation et autres modes de commercialisation plus classiques ................................................... 52

a. L’aide et l’accompagnement des professionnels du tourisme à la mise en marché .................... 52 b.L’agrégation ou l’apport de trafic ciblé .......................................................................................... 53

c.La distribution ................................................................................................................................. 56 d.La vente .......................................................................................................................................... 59

e.Les partenariats avec les opérateurs privés ................................................................................... 60

Page 4: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

4

f.Les modèles mixtes ......................................................................................................................... 62 2.Commercialiser pour répondre à certaines problématiques ou ambitions ..................................... 64

a.Un contexte de baisse de budget : la recherche de financements, une illusion pour beaucoup ........................................................................................................................................ 64

b.Des territoires au tourisme souvent diffus : structurer et promouvoir l’offre, tout en accompagnant les prestataires ......................................................................................................... 65

3.Des succès différents selon les CDT .................................................................................................. 67 a.Comment expliquer de telles différences de volume d’affaires entre les CDT ? ........................... 67 b.Préalables à la commercialisation .................................................................................................. 69

C.Quelle est la pertinence de la mission de commercialisation pour les CDT ? ....................................... 72

1.Réflexions sur le rôle des institutionnels ......................................................................................... 72 2.Avenir et positionnement des CDT dans le cadre de la réforme territoriale ................................... 73 3.Vers une restructuration de la cartographie touristique en France ? .............................................. 76

III.Rhône Tourisme et la commercialisation de prestations touristiques ................................................... 82

A.Synthèse de mon étude ......................................................................................................................... 82 B.Préconisations et perspectives pour le Rhône et son Comité Départemental du Tourisme ................ 86

Conclusion ................................................................................................................................................... 90 Table des annexes ....................................................................................................................................... 92 Annexes ....................................................................................................................................................... 93 Bibliographie.............................................................................................................................................. 101 Sitographie ................................................................................................................................................ 102

Page 5: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

5

Introduction

Ce mémoire fait suite à mon stage au sein de Rhône Tourisme, le Comité Départemental du

Tourisme du Rhône. Durant ce stage, j’ai été en charge de la réalisation d’une étude portant sur

la faisabilité et la pertinence de la commercialisation de prestations touristiques par Rhône

Tourisme. Celle-ci s’intitule : « La commercialisation – mise en marché de l’offre touristique du

Rhône : quelles opportunités pour Rhône Tourisme et le territoire ? ». Dans son étude dédiée à

la commercialisation des produits et destinations touristiques, François Victor, directeur du

cabinet de conseil en tourisme Kanopée, définit la commercialisation comme : « l’ensemble des

démarches et moyens mis en œuvre pour établir un lien entre une offre et une demande

touristique ».

Mon stage à Rhône Tourisme a duré six mois. Cette étude a été la mission principale de mon

stage, bien que j’ai eu l’opportunité de participer à certaines opérations du pôle Marketing /

Communication, dans lequel j’ai été intégrée.

Mon étude comporte deux parties principales. La première a été dédiée à l’analyse du

contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation

était possible, considérant son offre et sa demande touristique. La deuxième partie a fait l’objet

d’une analyse des différents modes et outils de commercialisation existants pour un Organisme

Local de Tourisme (OLT) tel que Rhône Tourisme. Pour chaque mode et outil, j’ai réalisé une

enquête afin de déterminer ses coûts et bénéfices. Ces deux grandes parties de mon étude ont

été réalisées à partir de recherches empiriques mais également d’entretiens avec de nombreux

acteurs du tourisme, locaux ou non, institutionnels ou privés.

Lors de mon stage à Rhône Tourisme, j’ai ainsi pu interroger d’autres Comités

Départementaux du Tourisme (CDT) et OLT (Offices de tourisme, Regroupements d’offices de

tourisme, Comités Régionaux du Tourisme) concernant leurs pratiques de commercialisation.

Leurs témoignages et leurs exemples parfois très éloignés m’ont permis d’appréhender tous les

enjeux d’une telle opération par des institutionnels du tourisme. C’est pourquoi j’ai décidé, dans

ce mémoire de traiter d’une manière générale de la commercialisation par les CDT, et non pas

que du cas de Rhône Tourisme. Toutefois, mes réflexions sont bien basées sur les données

recueillies lors de mon étude pour ce CDT.

Nous nous interrogerons donc, dans ce mémoire, sur cette question : la commercialisation de

prestations touristiques est-elle devenue une nécessité pour les CDT aujourd’hui ? En effet, dans

un contexte touristique actuel incluant la baisse générale des financements publics pour les OLT

et l’hyper-concurrence des destinations provoquée par l’explosion de l’e-tourisme, on peut se

demander si une telle mission n’est pas devenue incontournable ou tout du moins conseillée

Page 6: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

6

pour un CDT, que ce soit d’un point de vue financier ou stratégique. Mais également, on peut

s’interroger sur la pertinence de la commercialisation de produits touristiques par un CDT. Est-

ce une mission légitimée, est-ce vraiment leur rôle face aux opérateurs privés? Ne faudrait-il pas

plutôt laisser faire le marché ?

Dans une première partie, nous nous intéresserons à ma structure d’accueil, Rhône

Tourisme, et mes missions imparties. Les modalités de la réalisation de ma mission principale, à

savoir l’étude de commercialisation, y seront détaillées.

La deuxième partie, quant à elle, sera consacrée à répondre à la problématique citée

précédemment. Le contexte de la vente de prestations touristiques en France sera tout d’abord

présenté, que cette vente soit effectuée par des privés ou des institutionnels. Nous essayerons

ensuite de comprendre les enjeux de la commercialisation par les institutionnels du tourisme,

avec une présentation des différents modes et outils de commercialisation ou de mise en

marché existants, les différentes raisons et ambitions justifiant la mise en œuvre de cette

mission par les CDT, et ensuite les facteurs de réussite ou d’échec de celle-ci. Finalement, nous

essayerons de déterminer si la commercialisation fait vraiment partie du rôle des CDT, et si oui,

quels moyens permettent d’en maximiser les retombées.

Finalement, dans une dernière partie, nous verrons les conclusions que j’ai dégagées de mon

étude pour le Rhône et Rhône Tourisme, ainsi que les préconisations faites en vue d’une

éventuelle démarche de commercialisation.

Page 7: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

7

I. Le contexte de mon stage

A. Les Comités Départementaux du Tourisme, de leur création à aujourd’hui

1. Des organes créés par les départements afin de prendre en charge le développement

touristique

Les CDT sont des organes indépendants, dont les missions sont de contribuer au

développement et à la promotion du tourisme départemental. Ils ont été créés à l’initiative des

Conseils généraux et sont les « bras armés » de leur politique touristique.

Le premier statut de CDT a été créé en 1979, suite aux statuts-types établis par la FNCDT

(Fédération Nationale des Comités Départementaux du Tourisme) afin d’harmoniser la

dénomination et les statuts de ces structures. En effet, les Comités Départementaux existaient

avant cela, à partir des années 1950, certains sous la forme d’ODT (Offices Départementaux du

Tourisme), mais il n’existait pas de réelle homogénéité entre ces organismes. La première

convention avec l’Etat a été établie en 1980, la seconde en 1984, ces conventions reconnaissant

la mission de service public des CDT.

Aujourd’hui, tous les Conseils Généraux ont retenu la compétence Tourisme et se sont dotés

d’un CDT ou ADT (Agence de Développement Touristique). Il existe donc 112 organes

départementaux chargés du tourisme. La totalité des CDT/ADT ont le statut d’association de loi

1901, même si les conseils généraux sont libres du choix de leur forme et statut.

Les Comités départementaux du tourisme exercent leurs compétences dans le cadre de la loi

du 13 décembre 1992, désormais codifiée. Selon l’article L132-2 du livre premier du Code du

tourisme, les CDT « préparent et mettent en œuvre la politique touristique du département ».

Les CDT « contribuent notamment à assurer l'élaboration, la promotion et la commercialisation

de produits touristiques, en collaboration avec les professionnels, les organismes et toute

structure locale intéressés à l'échelon départemental et intercommunal. » (article L132-4).

La politique touristique des départements est généralement inscrite dans un « schéma

départemental de développement touristique ». Le schéma est réalisé par le Conseil Général

avec l’aide et les préconisations du CDT. Il doit prendre en compte les orientations définies par

le schéma régional de développement du tourisme, émis par la région, en collaboration avec son

Comité Régional du Tourisme. Cet outil départemental a pour objectif de définir les grandes

Page 8: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

8

lignes stratégiques de la destination, pour ensuite les concrétiser en plan d’actions et fiches-

actions précises. Ces fiches-actions peuvent concerner le développement de filières spécifiques,

le positionnement marketing à adopter, la mise en place d’une démarche qualité, par exemple.

Les CDT sont ensuite les exécutants de ce plan d’action.

Les liens entre CDT et Conseil Général (CG) sont généralement très étroits. Tout d’abord, les

deux organismes mènent des missions complémentaires visant à développer le tourisme

départemental. Les conseils généraux, à travers leur service tourisme, assurent le financement

et le suivi de projets d’aménagements touristiques, de classement des hébergements, etc.

De plus, ce sont généralement les Conseils Généraux qui financent les actions des CDT (sauf

dans le cas de recettes propres). Le budget moyen des CDT est de 2 millions d’euros1. Et, selon

Rn2D, les investissements touristiques (investissements comprenant les aménagements, les

subventions aux projets touristiques menées par les services tourisme généraux, mais

également les subventions de fonctionnement aux CDT et autres organismes locaux de tourisme

du département), effectués par les CG représentent 1 à 5% de leur budget.

Finalement, les conseillers généraux sont très présents dans les décisions prises par les CDT.

En effet, les conseils d’administration des CDT comprennent des consulaires, OTSI (Offices de

Tourisme et Syndicats d’Initiatives), CRT (Comités Régionaux du Tourisme), et d’autres acteurs

économiques : hôtellerie, campings, agents immobiliers, activités de loisirs, mais également en

moyenne 49% des personnes sont des conseillers généraux.

1 Rn2D, Tour d’horizon sur les comités départementaux du tourisme et les agences de développement touristique,

2011

Page 9: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

9

2. Des missions et des structures qui ont évolué

Depuis 1979 et la création du premier CDT, ces derniers ont bien évolué, s’adaptant au

contexte touristique. On ne parle plus aujourd’hui seulement de CDT, mais d’ADT (Agence de

Développement Touristique, d’ART (Agence de réservation Touristique) ou d’ADRT (Agence de

Développement et de Réservation Touristique)… Ces nouvelles dénominations correspondent en

fait à l’évolution des missions des CDT.

Figure 1 : Carte des adhérents Rn2D : ADT, ADRT et ADT + ART

Source : http://www.tourismevosges.fr/UserFiles/File/tourisme_en_france_evolution.pdf

A leur création, les Comités Départementaux du Tourisme étaient de simples organismes de

promotion du département. Puis, ces organismes ont intégré de vraies missions de

développement touristique. Aujourd’hui, ils sont devenus des organismes

d’ « accompagnement / assistance » auprès des acteurs du tourisme et des porteurs de projets

publics ou privés. De même, ils intègrent la commercialisation, autrefois à la charge des SLA.

Bien souvent organisés en pôles de compétence, les CDT/ADT/ADRT sont au service du

territoire et de ses élus, des prestataires touristiques et toute autre personne œuvrant pour le

tourisme, mais également au service de la destination. Dans la plupart des CDT, on retrouve une

organisation structurée comme ceci :

Page 10: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

10

Les pôles au service du territoire :

Le pôle Ingénierie et Développement

Les pôles ingénierie et développement sont dédiés à l’accompagnement des acteurs

touristiques départementaux, publics et privés, à la mise en place de gamme de services, en

particulier aux collectivités, et à la qualification de l’offre touristique.

Bien que chaque CDT n’ait pas les mêmes actions, les missions de ces pôles regroupent

généralement :

- l’évaluation et l’amélioration de l’offre touristique (Hébergements, activités de loisirs…) via

l’accompagnement des porteurs de projets : pré-études opérationnelles, diagnostic, études,

assistance à la rédaction de cahier des charges, formations, assistance à la maîtrise d’ouvrage,

recherche d’investisseurs

- la sensibilisation et le développement de filière et de labels : Tourisme et Handicap,

Fleurissement, label de meublés de tourisme, Plan Qualité tourisme, France Vélo tourisme

- l’aide à la création de sites Internet pour les professionnels du tourisme et les associations de

développement touristiques locales

Le pôle Observation du tourisme (pôle supports)

Souvent pôle à part dans l’organigramme des CDT, les observatoires départementaux du

tourisme apportent leur analyse du tourisme dans le territoire à travers leurs études et leurs

diagnostics (observation statistique et économique). Les observatoires font également parfois

de la veille touristique (étude des nouvelles tendances, des nouveautés technologiques liées au

tourisme, étude de la concurrence, par exemple). Ils ont donc essentiellement un rôle

d’apporteur de ressources et de connaissances pour le CDT mais également pour tout autre

demandeur d’informations car celles-ci sont publiques.

Les pôles au service de la destination :

Le pôle Information / Communication

La mission principale de ce pôle est la promotion de l’offre touristique départementale en

France et à l’étranger, à destination des consommateurs français et internationaux, mais aussi

Page 11: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

11

des journalistes, des professionnels du tourisme, des collectivités territoriales et des habitants

du département (locaux).

Après avoir élaboré une stratégie marketing, ces pôles mettent en œuvre des actions de

promotion à travers différents outils : éditions, sites internet, publicité, salons, relations presse,

workshops. Ces actions permettent de renforcer ou développer l’attractivité territoriale.

Il peut aussi être du ressort de ces pôles de développer des partenariats avec des privés, et

animer des clubs de professionnels. Egalement, le pôle peut collecter et mettre à disposition des

informations touristiques à travers des études et conseils marketing.

Le pôle Production et Mise en marché

Ce pôle a pour mission de développer les marchés en prenant le rôle de réceptif

départemental ou de centrale de réservation, ou en mettant à disposition des prestataires

touristiques du territoire des outils de vente en ligne.

A travers la création de séjours de type forfaits, avec bien souvent des thématiques comme

les séjours bien-être, les séjours nature, par exemple, le pôle production et/ou mise en marché a

pour objectif de mettre en valeur l’offre touristique du département. Vendant ensuite ces

produits, le pôle peut également établir des partenariats pour la distribution, notamment. Dans

certains CDT, le pôle a pour rôle de développer les marchés cibles.

Ce pôle peut également prendre en charge la gestion d’outils de disponibilités et de

réservation, mis à disposition des prestataires touristiques.

Les pôles Production et Mise en Marché sont souvent issus des anciens Services Loisirs

Accueil (SLA). Les SLA étaient des centrales de réservation départementales, externes aux CDT.

Celles-ci ont également été créées sous l’impulsion des autorités départementales. Les SLA

avaient une mission d’information et d’accueil du public, mais également et surtout un rôle

d’agence de réceptif dans les départements où les opérateurs privés étaient absents. Les SLA

commercialisaient de l’hébergement (surtout de type locatif : Gîtes de France) et des forfaits

touristiques. Souvent critiqués par le Syndicat National des Agents de Voyages (SNAV), pour leur

concurrence envers les agences de voyages, les SLA avaient pourtant pour objectif d’aider les

prestataires touristiques locaux à s’intégrer à un processus de production touristique, et ainsi de

participer au développement économique du territoire.

Page 12: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

12

Pour des raisons financières et stratégiques, les SLA ont petit à petit étaient intégrés aux CDT.

Suivant cette tendance, la FNCDT (Fédération Nationale des Comités Départementaux du

Tourisme) et la FNLAF (Fédération Nationale des Loisirs Accueil France) ont fusionné en 2009,

donnant naissance à Rn2D, le Réseau National des Destinations Départementales.

Les CDT étaient en effet regroupés auparavant sous la FNCDT, association de loi 1901,

depuis 1977, date de sa création. La FNCDT avait pour objectifs de rassembler, fédérer les CDT

pour harmoniser leurs objectifs et leurs méthodes et représenter l’ensemble des adhérents dans

les instances nationales et européennes. Elle avait également un rôle de conseil et d’information

auprès de ces derniers. En 1982, une autre fédération a été créée : la Fédération Nationale des

Loisirs Accueil France (FNLAF), qui animait et fédérait un réseau d’environ 60 Services Loisirs

Accueil.

Depuis 2009, les missions de Rn2D sont un peu les mêmes que la FNCDT : soutien et

coordination, représentation de ses adhérents et de leurs intérêts au niveau national, animation

du réseau, apport de ses analyses et expertise, mutualisation des moyens, diffusion

d’informations, soutien de l’emploi et de la formation des adhérents. Cependant, Rn2D mène

aujourd’hui des missions d’aide à la commercialisation : développement de partenariats

opérationnels pour les agences de réservation, opérations de promotion des produits groupes

de ses adhérents, par exemple.

Suite au mouvement d’intégration des SLA aux CDT et à la fusion des deux fédérations, la

dénomination des Services Loisirs Accueil disparait petit à petit. En parallèle, et afin de souligner

l’évolution des CDT dans leurs missions, Rn2D, depuis 2010, impulse un mouvement de

modernisation des CDT. Parmi les 96 CDT présents sur le territoire français, depuis quelques

années, plusieurs ont opté pour une nouvelle dénomination : ADT (Agence de Développement

Touristique), ADRT (Agence de Développement et de Réservation Touristique), ART pour les

anciens SLA non intégrés au CDT/ADT. En effet, quelques centrales de réservation

départementales sont encore externalisées : par exemple, Savoie Mont Blanc Réservation (SARL,

Société A Responsabilité Limitée), Destination Haute Alsace (SAS, Société par Actions Simplifiée),

Eure et Loir Réservation (Association loi 1901).

Page 13: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

13

B. Rhône Tourisme, des missions et une organisation adaptées au territoire du Rhône

Rhône Tourisme, le Comité Départemental du Tourisme du Rhône, a été créé en 1990 par le

Conseil Général du Rhône, sous la forme d’une association de loi 1901. Avant cela, de 1965 à

1989, le CDT était en fait intégré à l’Office de Tourisme de Lyon et était dirigé par le même

directeur que ce dernier.

Aujourd’hui, Rhône Tourisme exerce la plupart des missions des Comités Départementaux

du Tourisme évoquées précédemment, sauf celles de production et de mise en marché.

Toutefois, il faut noter que les missions et actions d’un CDT sont déterminées en fonction de son

territoire, de ses caractéristiques touristiques, mais également de ses acteurs (privés, publics,

élus). Nous allons ainsi nous intéresser dans cette partie tout d’abord au territoire du Rhône et à

ses caractéristiques touristiques. Connaître son contexte touristique nous permettra de

comprendre les orientations et le positionnement opéré par Rhône Tourisme en matière de

développement et de communication touristique. Nous nous intéresserons ensuite à

l’organisation du CDT du Rhône et comment se situe mon stage dans ce contexte.

1. Le Rhône, un territoire contrasté et hétérogène, dominé par l’activité touristique de

Lyon

Le Rhône est situé dans la région Rhône-Alpes, entre la Loire, l’Ain, la Saône-et-Loire et

l’Isère. C’est un petit département doté d’une faible superficie : 3249 km², avec une densité

moyenne de 500 habitants/km². Comprenant 1 670 000 habitants, c’est le quatrième

département le plus peuplé de France. Ces chiffres s’expliquent par la présence de Lyon et ses

479 803 habitants (données INSEE, recensement de 2009). Cependant, malgré une image assez

focalisée sur Lyon, le Rhône est un territoire assez rural, composé de trois autres territoires

touristiques : le Pays Beaujolais au nord, le Lyonnais, Monts et Coteaux, à l’ouest, et la Région de

Condrieu, également appelée Pilat Rhodanien (parce que faisant partie du Parc Naturel Régional

du Pilat) au sud.

Page 14: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

14

Figure 2 : Les territoires touristiques du Rhône

Source : Rhône Tourisme

La spécificité du Rhône est en fait son hétérogénéité en matière d’offre touristique, mais

également le contraste concernant la notoriété touristique des zones de son territoire.

C’est bien sûr le Grand Lyon qui attire le plus de touristes dans le département, avec 615 000

visiteurs à son office de tourisme en 2011, soit 80% des visiteurs des OT du Rhône. La seule ville

de Lyon accueille également 47% des nuitées hôtelières (soit 2 121 610 nuitées) et si l’on

considère le territoire du Grand Lyon (communauté d’agglomération), cette proportion monte à

84,8% des nuitées hôtelières du département2 (soit 3 784 510 nuitées). De plus, contrairement

aux autres OT du Rhône, ses visiteurs sont majoritairement étrangers, si l’on s’appuie sur la

provenance de ses contacts au guichet de l’office de tourisme : 52% d’étrangers contre 48% de

Français.

L’agglomération lyonnaise dispose d’une large offre culturelle et patrimoniale qui permet un

tourisme urbain. Ses sites, musées et évènements sont parmi les plus fréquentés du

département : le Musée des Beaux-Arts peut se prévaloir d’une fréquentation de 267 566

visiteurs en 2011. Quant aux évènements, c’est la Biennale d’art contemporain qui remporte le 2 Bilan Touristique Rhône Tourisme 2011

Page 15: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

15

plus de visiteurs avec 202 400 visiteurs en 2011, suivi du Festival Les Nuits de Fourvière avec

environ 133 000 spectateurs la même année. La gastronomie lyonnaise et le shopping sont aussi

des éléments attractifs. Le Grand Lyon mise également sur le tourisme d’affaires, en attirant les

entreprises.

L’Office de Tourisme du Grand Lyon a développé une stratégie de marketing territorial très

forte, et clairement orientée vers l’international comme destination de city-break, mais

également envers la clientèle française ou de proximité avec la création du site Internet

monweekendalyon.com et la campagne correspondante. L’OT dispose de sa propre centrale de

réservation : Lyon Réservation et propose des hébergements, des visites guidées, la location de

gyropode, des balades en bateau et le City Pass en ligne. Il commercialise également des

prestations dans le Pays Beaujolais, prestations proposées par des agences réceptives.

Le Lyonnais, Monts et Coteaux, à l’ouest de Lyon, est caractérisé par une toute autre

fréquentation et notoriété touristique. C’est un territoire rural, dominé par des paysages de

moyenne montagne, car situé aux contreforts du Massif Central. Caractérisé par ses collines et

vallons verdoyants, c’est une terre d’agriculture, malgré une urbanisation de plus en plus forte.

Le Lyonnais comprend six offices de tourisme, mis en réseau par l’ADTL (Association de

Développement Touristique du Lyonnais). L’ADTL s’occupe également de promouvoir et de

structurer l’offre touristique du territoire, en collaboration avec les communautés de communes

et les syndicats mixtes des Monts et Coteaux du Lyonnais.

Le Lyonnais est un territoire de randonnée et de loisirs de plein-air, à la clientèle à 83,35% de

proximité, c’est-à-dire Rhodanienne, si on se réfère à la provenance des contacts des offices de

tourisme du territoire. Le Lyonnais est un territoire d’excursionnisme. Outre les loisirs de plein-

air, le Lyonnais comprend une offre agritouristique, avec de nombreux hébergements labellisés

Gîtes de France ou Bienvenue à la Ferme. C’est un territoire qui a également un potentiel

oneotouristique, avec le vin AOC Coteaux du Lyonnais et ses nombreux viticulteurs. Mais le

Lyonnais est surtout un territoire méconnu, à la notoriété faible et à l’activité touristique

marginale (cf CDDRA).

Au moment de mon stage, ni l’ADTL, ni aucun Office de Tourisme ne commercialisait de

prestations touristiques, même si des démarches avaient été entreprises à des degrés divers.

Le Pays Beaujolais est le territoire rhodanien disposant de la plus grande notoriété et

fréquentation touristique, après Lyon. Ce territoire est bien sûr dominé par une offre

oenotouristique, que ce soit à travers ses caveaux de dégustation, mais également des pôles

oenotouristiques (Sources du Beaujolais, Hameau du vin, Pôle oenotouristique de

Page 16: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

16

Clochermerle). Mais le Beaujolais, ce sont aussi les Villages des Pierres Dorées, au sud, et le

Beaujolais vert et ses forêts de sapins à l’Ouest. C’est un territoire très hétérogène ou

l’oenotourisme côtoie la randonnée et le tourisme culturel.

Le pays Beaujolais comprend 9 offices de tourisme, dont un office de tourisme (Pays de

l’Arbresle) qui fait également partie du Lyonnais. Ces offices de tourisme accueillent

généralement une clientèle de proximité, sauf les OT du pôle Beaujolais Vignobles (à Beaujeu et

Belleville) qui accueillent également une clientèle européenne et française variée. Les OT sont

mis en réseau et la destination est promue par une association appelée Destination Beaujolais.

Cette association avait l’autorisation de 1992 à 2006, et commercialisait des séjours. Après une

faillite financière, la structure a abandonné cette mission de commercialisation.

Le dernier territoire touristique du Rhône est la région de Condrieu. Région intégrée dans le

Parc Naturel Régional du Pilat, sa superficie est très réduite. Ce territoire offre principalement

des possibilités de loisirs de plein-air : randonnées, sports aériens, cyclistes et autres. Cette

région est commercialisée par la Maison du Tourisme du Pilat, qui vend des journées et séjours

pour individuels et groupes.

2. Les schémas départementaux de développement touristique du Rhône et la nouvelle

orientation stratégique de Rhône Tourisme, adoptée en 2009

Depuis 2001, le département du Rhône et Rhône Tourisme s’appuient sur un schéma

départemental de développement touristique, qui les guide dans leurs actions. Le premier

schéma départemental de développement touristique élaboré et adopté par le département du

Rhône couvrait la période 2001 - 2006. Ensuite, après s'être appuyé sur le bilan de ce schéma,

sur un diagnostic du tourisme rhodanien réalisé en 2006 et sur une concertation avec

l'ensemble des acteurs du tourisme, le Rhône a adopté un nouveau schéma départemental de

développement touristique pour la période 2007-2012. Les orientations et les fiches-actions qui

en ont résulté ont été axées sur un positionnement : "Le Rhône, destination de court séjour

pour une clientèle individuelle".

Les enjeux de cette orientation étaient :

- Passer au statut de destination, ne plus être la somme de composantes touristiques

leaders (Lyon et le Beaujolais)

- Devenir une destination touristique identifiée donc désirée

Page 17: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

17

- Faire d’une démarche identitaire un levier commercial, en y faisant adhérer la population

locale, afin d’installer le positionnement marketing du Rhône

- Etre compétitif et original

- Consolider Rhône Tourisme dans une position de tête de réseau : le Rhône devait être une

marque ombrelle

- Faire du positionnement touristique une image globale

A la suite de ces orientations, trois volets d’actions ont été déclinés : l'organisation des acteurs,

l'identité du territoire, l'adaptation et la structuration de l'offre3.

Dans le cadre du volet intitulé « Définition de l’identité du territoire », une étude a été

réalisée en 2007 par un cabinet d’étude, Cadran Solaire, afin de déterminer un nouveau

positionnement marketing pour le Rhône. Le nouveau positionnement devait donc permettre au

département de passer au statut de destination : une « destination touristique identifiée,

repérée, donc désirée, choisie et consommée dans son ensemble »4. La signature « Rhône,

connexion instantanée » est née. Les cibles étaient des populations susceptibles de passer un

week-end ou plus dans le département, comme les Parisiens ou les habitants de PACA.

Puis, en 2009, avec l’arrivée du nouveau président à Rhône Tourisme, une nouvelle

orientation politique, radicalement différente, a été fixée autour de 4 axes d’intervention :

- Valoriser les atouts du Rhône

- Renforcer la synergie entre les différents territoires du Rhône

- Capitaliser sur la notoriété de Lyon et du Beaujolais

- Développer un tourisme de proximité : cibler les 1 670 000 Rhodaniens pour leur faire

découvrir leur département, leur faire consommer l’offre de loisirs et les inciter à devenir les

ambassadeurs du Rhône.

Aujourd’hui, l’objectif de Rhône Tourisme n’est plus de positionner le Rhône en tant que

destination touristique, mais de communiquer en direction des Rhodaniens, les habitants du

Rhône, afin qu’ils découvrent leur département.

3 Schéma Départemental de Développement Touristique du Rhône, période 2007-2012

4 Rhône Tourisme, un nouveau positionnement pour le Rhône, étude de Cadran Solaire, juillet 2007

Page 18: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

18

3. Une organisation adaptée aux missions d’un CDT et à la stratégie marketing de Rhône

Tourisme

En 2010, suite au changement de stratégie du CDT, une restructuration de son organisation

a été engagée. Le nouvel organigramme de Rhône Tourisme, instauré le premier janvier 2011,

est aujourd’hui scindé en 4 pôles : le pôle Administratif, le pôle Ingénierie / Conseils, le pôle

Information / Multimédia et le pôle Marketing /Communication. La structure emploie 16

personnes. Son président est M. Frédéric Miguet et sa directrice Mme Catherine Infante-Laffay.

En accord avec l’évolution générale des CDT, les pôles de Rhône Tourisme répondent à

différentes missions :

Les missions de qualification / structuration de l’offre

Ces missions sont assurées principalement par le pôle Ingénierie / Conseils, qui comprend

quatre personnes.

La qualification de l’offre passe tout d’abord par le conseil et l’accompagnement aux

porteurs de projet. L’accompagnement peut concerner l’hébergement (classement, rénovation),

ou tout autre projet touristique. L’équipe du pôle est alors présente afin de conseiller les

demandeurs, répondre à leurs questions et les orienter vers les structures ressources propres à

leur démarche. Rhône Tourisme apporte également une expertise (audit) aux musées et sites

touristiques et de loisirs voulant améliorer leur accueil du public.

De plus, le pôle Ingénierie / Conseils a une mission de développement du tourisme adapté

dans le département. Cette mission comprend l’accompagnement des prestataires voulant

proposer une offre adaptée, la réalisation d’un pré-audit pour la labellisation Tourisme &

handicap, la sensibilisation des acteurs à cette thématique et la valorisation des sites labellisés.

Le pôle est également en charge de la labellisation des gîtes et chambres d’hôtes

Clévacances, la gestion et animation de l’antenne Clévacances Rhône, le développement de la

notoriété du label grâce à des actions de promotion et communication.

Quant à la structuration de l’offre, celle-ci est réalisée à travers la mise en réseau des acteurs

touristiques, par l’organisation d’éductours, les formations génériques ou spécifiques aux OT/

musées, le suivi du réseau des OT (le pôle abrite l’ancienne UDOTSI) et du réseau SITRA.

Une nouvelle mission relative à l’accompagnement des prestataires touristiques a été initiée

cette année 2012 à Rhône Tourisme, c’est l’animation numérique de territoire. Pour des raisons

Page 19: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

19

de compétences techniques, cette mission est assurée par deux membres du pôle Information /

Multimédia. L’animation numérique de territoire est mise en œuvre à travers l’organisation

d’ateliers, qui permettent aux prestataires le désirant de se former et d’échanger autour de

thématiques liées au numérique et à Internet. Par exemple, des ateliers ont été mis en place

autour des thèmes : « Optimiser son site pour le référencement naturel sur le web »,

« Augmenter sa visibilité avec la Google Adresse », ou « Se sensibiliser aux outils du web

social ».

Les actions de promotion et de communication de l’offre auprès des Rhodaniens

Ces actions sont mises en œuvre par le pôle Marketing / Communication, auquel j’ai été

intégrée lors de mon stage, et le pôle Multimédia / Information. En accord avec la stratégie

marketing établie en 2009, le pôle Marketing / Communication est en charge de la réalisation

des campagnes de communication. La communication passe par le biais d’éditions annuelles de

brochures d’information touristique. Plus précisément, ces brochures concernent surtout les

loisirs, car elles sont à destination des locaux : guides loisirs, guides randonnées, balades, cartes

touristiques. Rhône Tourisme n’édite pas de guide de l’hébergement, par exemple, mis à part le

guide Clévacances.

Les dernières années ont donc été marquées par des actions marketing plus particulières en

direction des Rhodaniens, toujours dans le but de leur faire découvrir l’offre de loisirs du

département et d’en faire les ambassadeurs du territoire. Dans le cadre de la campagne

« Demandez le programme », un jeu dénommé « Inventez le programme » a ainsi été lancé en

2010, afin que les Rhodaniens évoquent leurs envies d’activités dans le Rhône et proposent des

idées de création d’animations par Rhône Tourisme. Suite aux idées retenues, une fête gratuite

des loisirs, « Loisirs en fête », a ensuite été organisée en 2011, réunissant les professionnels des

loisirs du Rhône au Domaine de Lacroix-Laval, pendant quelques jours. En 2012, la campagne de

communication « Demandez le programme » a été remplacée par le lancement de la carte de

fidélité loisirs du Rhône, la carte Tip Top, lancée en juin dernier.

Outre la communication traditionnelle et les actions marketing de type jeux-concours,

évènements, le pôle gère également les relations presse dans une optique de promotion du

Rhône et de Rhône Tourisme.

De plus, Rhône Tourisme participe à des salons de type Foire de Lyon, Salon du randonneur,

afin de promouvoir son offre de loisirs.

Page 20: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

20

En complément du pôle Marketing / Communication, le pôle Information / Multimédia gère

également la promotion et la communication de Rhône Tourisme à travers le site Internet et

l’application mobile IRhône. Une personne est en charge des éditions.

Les actions transversales

L’Observatoire du tourisme a pour rôle d’évaluer et de connaître l’offre et la fréquentation

touristique du Rhône, et d’en mesurer l’activité touristique. L’Observatoire recense donc l’offre

d’hébergement, de musées, les lieux de visite, les évènements, festivals et autres. Il réalise des

enquêtes de fréquentation des hébergements, sites et manifestions également. L’emploi et la

consommation touristique dans le Rhône sont aussi analysés. Un suivi de la conjoncture

touristique est également fait.

Le but de ces études est de connaître l’activité touristique du territoire afin d’adapter les

politiques du département, mais également de transmettre ces informations à toute personne

ou structure intéressée.

4. L’intégration de ma mission de stage au sein du pôle Marketing /Communication

Lors de mon stage à Rhône Tourisme, j’ai été intégrée au pôle Marketing /Communication,

sous la supervision de sa responsable, Corinne Brassart, également ma tutrice professionnelle.

Quatre personnes constituent ce pôle en plus de la responsable : une chargée de

communication, une attachée de presse, et deux personnes chargées de l’accueil, de la diffusion

et de l’organisation des formations.

La mission principale de mon stage au sein de cette structure a été l’élaboration d’une

étude de faisabilité concernant la commercialisation de prestations touristiques par le Comité

départemental du Tourisme du Rhône. Pour cette mission, j’ai été conseillée et orientée dans

mon analyse par Corinne Brassart. Mon étude étant une étude de faisabilité, un

questionnement et non un projet concret, son élaboration ne s’est pas faite en collaboration

avec toutes les personnes de l’équipe du pôle. J’ai plutôt travaillé seule sur cette étude, tout en

demandant des informations à d’autres services de Rhône Tourisme : Observatoire,

Clévacances, par exemple.

L’étude de commercialisation a été ma mission principale, mais j’ai participé à d’autres

missions du pôle Marketing /communication : l’accueil et le standard téléphonique et

l’organisation d’un éductour en juin. J’ai également participé à des actions ponctuelles du pôle :

Page 21: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

21

Bourse aux documents, relances téléphoniques pour les journalistes, actions en lien avec le

lancement de la carte Tip Top : contact des prestataires afin de leur proposer d’adhérer à la

carte, mailing pour son lancement.

Finalement, mon étude, et par extension ma mission, étaient un peu annexes aux actions

du pôle. On peut comparer cette mission à un travail de consultant, mais interne à son donneur

d’ordre.

C. La mission principale de mon stage : évaluer les éventuelles opportunités de

commercialisation de prestations touristiques dans le Rhône

1. Contexte, enjeux et objectifs de l’étude

La commande officielle de cette étude provenait du Conseil général du Rhône, mais une

demande de l’ADTL (Association de Développement Touristique du Lyonnais) et de ses offices de

tourisme avait également été formulée.

Concernant la demande du Conseil général du Rhône, cette volonté d’étudier la possibilité

de créer une certaine forme de commercialisation avait pour antécédent une précédente étude,

réalisée en 2011, par une stagiaire du Master 1 Tourisme, Loisirs et Patrimoine, de l’université

Lyon 2, Marion Richez. Intégrée au sein du service du Développement économique et du

tourisme du Conseil général, Marion Richez a effectué une réflexion sur les possibilités de

meilleure efficience de Rhône Tourisme, en analysant son fonctionnement, ses actions, et en

s’appuyant sur un benchmarking des autres CDT. Cette étude a été menée dans un contexte

bien particulier : le prochain renouvellement de la convention triennale 2010-2012, la fin du

Schéma Départemental de Développement Touristique en 2012, la prochaine réforme

territoriale et les actuelles contraintes budgétaires publiques. L’objectif était de dresser un bilan

des actions menées par le CDT et d’évaluer les possibilités d’amélioration et d’enrichissement de

ses actions. Ce bilan, inclus dans une étude plus large du tourisme dans le Rhône, devait

permettre de proposer un nouveau mode de pilotage du département sur les actions du CDT et

de déterminer les futurs axes stratégiques de développement touristique du territoire. Le

Conseil général du Rhône étant le principal financeur de Rhône Tourisme, une attention

particulière a été apportée à la situation financière de Rhône Tourisme. Ainsi, parmi les

préconisations d’amélioration de l’efficience du CDT émises par Marion Richez, la

Page 22: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

22

commercialisation a été conseillée, en tant que source possible de financement. Suite à cette

préconisation, le CG a donc demandé une étude concernant la faisabilité de cette action.

L’objectif de mon stage est donc « d’apporter une réponse concrète à la problématique de

mise en place d’un système de commercialisation de séjours touristiques dans le Rhône ». Les

questions étaient : « Est-ce possible que Rhône Tourisme ou éventuellement une autre entité

institutionnelle commercialise des prestations ? Si oui, comment et si non, pourquoi ? »

Le but de l’étude était d’évaluer les coûts et bénéfices d’une commercialisation par Rhône

Tourisme en étudiant des exemples de commercialisation déjà mis en place par d’autres CDT, le

contexte touristique du département et les facteurs extérieurs pouvant influencer la réussite ou

non d’une telle démarche. Une étude de la législation en vigueur encadrant la commercialisation

de prestations touristiques devait également être menée. La finalité de l’étude était de donner

lieu à des préconisations pour Rhône Tourisme.

Concernant la demande de l’ADTL, cette demande émanait plus particulièrement des

offices de tourisme du Lyonnais, Monts et Coteaux. En effet, la plupart d’entre eux étaient très

en attente d’une action de commercialisation mise en place soit par l’ADTL, soit par un autre

organisme qui aurait pu être Rhône Tourisme. Des forfaits journées avaient été créés par tous

les OT afin d’accueillir des groupes, forfaits incluant des visites et un repas. Mais ces derniers

n’étaient pas en mesure de les commercialiser, faute d’immatriculation au registre des

opérateurs de voyages. Pour les offices de tourisme du Lyonnais, la commercialisation de leur

territoire était nécessaire afin de dynamiser le tourisme. L’ADTL attendait donc mon étude et la

décision prise par Rhône Tourisme de commercialiser pour se lancer ou non dans la

commercialisation de son côté.

J’avais donc un double objectif : permettre au CDT de se positionner sur une éventuelle

commercialisation de prestations couvrant le département et permettre aux OLT du Lyonnais

Monts et Coteaux (ADTL et OT), de disposer d’informations concernant la commercialisation,

s’ils voulaient eux-mêmes entreprendre cette démarche.

Cette étude a été menée dans un contexte particulier. En effet, la commercialisation est un

sujet auquel a déjà été confronté Rhône Tourisme. En 2001, dans le premier schéma de

développement touristique du Rhône, une réflexion autour de la commercialisation par Rhône

Tourisme faisait déjà partie du plan d’action. En 2002, une étude avait alors été commanditée. A

Page 23: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

23

cette période, Destination Beaujolais, association de développement touristique du Pays

Beaujolais, dont la directrice actuelle, Catherine Infante-Laffay, est également la directrice de

Rhône Tourisme, exerçait une activité commerciale à travers sa centrale de réservation depuis

1992. Suite à l’étude, la décision a été prise de laisser la gestion de la commercialisation du

territoire du Rhône à Destination Beaujolais. Mais, en 2006, pour des raisons de difficultés

financières, Destination Beaujolais a été restructurée et son activité commerciale abandonnée.

Cet arrêt de la commercialisation par Destination Beaujolais, pour cause d’endettement, le

contexte de baisses budgétaires de Rhône Tourisme (budget réduit de 10% en 2012, passé de

1 745 000 à 1 600 000€), et les difficultés financières rencontrées par d’autres centrales de

réservations départementales ont fait que mon étude a été réalisée dans un contexte de fort

doute de la part de Rhône Tourisme quant au bien-fondé d’une éventuelle action de

commercialisation.

2. Déroulement de l’étude

Mon stage a duré six mois, de février à août 2012. Dans un premier temps, avant de

commencer mon étude, j’ai effectué des recherches préalables sur le territoire du Rhône, son

offre touristique et son organisation afin de savoir quel était son contexte. Je me suis également

intéressée à la problématique de la commercialisation. Suite à cette mise en situation, j’ai

élaboré le plan de mon étude et un rétro-planning pour bien gérer les mois qui s’annonçaient.

Mon travail a été basé sur des recherches empiriques et des entretiens avec différents

acteurs touristiques du Rhône et d’autres territoires.

Tout d’abord, j’ai étudié les aspects juridiques de la commercialisation de prestations

touristiques, pour Rhône Tourisme, mais également les offices de tourisme du Lyonnais, Monts

et Coteaux. Suite à l’application en 2010 de la loi de développement et de modernisation des

services touristiques, de nombreuses questions se posaient quant à ce qui était légal ou non

pour les organismes locaux de tourisme en matière de vente de produits touristiques. Les

modalités de l’immatriculation au registre des opérateurs de voyages, les activités et produits

concernés par la loi devaient être clarifiées. Pour cette partie de l’étude, après avoir étudié le

code du tourisme et plus particulièrement la section concernant l’organisation et la vente de

voyages et de séjours, j’ai été en contact avec Atout France, car certains points demeuraient

sans réponse. En effet, les articles sont parfois assez vagues et peuvent prêter à confusion. Atout

France étant l’organisme en charge de l’immatriculation au registre des opérateurs de voyages,

des conseillers juridiques ont pu répondre à mes questions.

Page 24: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

24

Parallèlement à cette étude juridique, j’ai analysé les aspects techniques et financiers de la

commercialisation. Premièrement, j’ai recherché les différents modes et outils de

commercialisation existants, qu’ils soient en ligne ou hors ligne. Ces modes et outils vont de la

carte-cadeau classique à la centrale de réservation en ligne. Il y a aussi des outils de mise en

marché de l’offre : agrégateur, place de marché, organisateur de circuits. Pour chaque outil, j’ai

évalué son fonctionnement et les ressources à mobiliser, pour sa mise en place et son suivi. Afin

de disposer d’exemples concrets, j’ai contacté et/ou rencontré plusieurs institutionnels ayant

disposant des différents outils, afin qu’ils me fassent part de leur expérience :

- Pour les cartes cadeaux : Roannais Tourisme et la Maison du Tourisme du Pilat, l’OT de

Montélimar

- Pour l’agrégateur : Rhône-Alpes Tourisme et le CDT Béarn Pays Basque (également pour

l’organisateur de circuits, Yourtour)

- Pour la place de marché : La Drôme Tourisme

- Pour la centrale de réservation : Gard Tourisme, Loire Tourisme, Manche Tourisme

J’ai également consulté les rapports d’activités de plusieurs CDT afin de disposer d’informations

complémentaires. De plus, j’ai contacté les éditeurs de solutions techniques de réservation et de

vente en ligne : Alliance Réseaux, B2F Concept, Constellation, pour des estimations de prix.

L’objectif de cette partie de l’étude était de comprendre les outils et savoir s’ils pouvaient être

inclus aux actions de Rhône Tourisme, sachant que la contrainte principale était la baisse des

budgets et l’impossibilité d’embaucher une nouvelle personne qui s’occupe de la

commercialisation. Ainsi, en contactant des OLT, j’ai pu évaluer le coût financier, humain et

matériel de chaque outil présenté dans mon travail.

J’ai ensuite relié chaque outil avec le territoire du Rhône pour savoir s’il s’y adaptait et s’il

était pertinent, apporteur de valeur ajoutée pour le département et ses prestataires

touristiques. Car, en plus de l’aspect financier de l’opération, il était également important de

déterminer ce que pourrait apporter la commercialisation au territoire, en termes de retombées

économiques, accompagnement des prestataires, image, etc.

La deuxième partie de mon étude a été consacrée à l’analyse du territoire dans une optique

de commercialisation. L’objectif de cette deuxième partie était de déterminer quelles

prestations touristiques seraient susceptibles d’être commercialisées dans le Rhône. Cette

analyse comprenait une étude de l’offre et de la demande du Lyonnais et du Beaujolais, de leur

mise en marché. Le but était d’évaluer l’offre commercialisable d’un point de vue quantitatif,

mais surtout qualitatif. L’offre était-elle structurée, mise en valeur ou réseau, les prestataires

professionnels ? Quelle était la demande, la clientèle des territoires ? Que pourrait-on leur

Page 25: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

25

vendre ? Telles étaient les questions auxquelles l’étude de l’offre et de la demande devait

répondre. L’étude de l’offre a été réalisée grâce à un recensement de celle-ci sur SITRA, les

brochures touristiques des OLT, mais également des visites de terrain, des rencontres avec des

prestataires touristiques. Quant à l’étude de la demande, malheureusement, par manque de

temps, j’ai dû croiser des données venant d’anciennes études de cabinet de conseil en tourisme,

des informations venant d’offices de tourisme et de l’Observatoire du tourisme du Rhône.

De même, la volonté des offices de tourisme et des prestataires touristiques d’être intégrés à

une démarche de commercialisation départementale a été évaluée grâce à des entretiens semi-

directifs, et également un sondage envoyé par email à environ 900 prestataires touristiques

(hébergeurs, restaurateurs, prestataires de loisirs, transporteurs) concernant leur possible

adhésion à l’outil « place de marché ».

Je me suis également intéressée aux possibles « concurrents » privés et publics de Rhône

Tourisme : les organismes commercialisant déjà des prestations touristiques dans le Rhône, et

notamment des forfaits touristiques. Il était important de déterminer si une action de

commercialisation par des institutionnels était nécessaire, s’il existait une carence ou non.

Finalement, j’ai étudié le contexte touristique actuel en général : les nouvelles pratiques de

consommation des Français, les principaux acteurs de la vente de séjours et d’autres prestations

touristiques en France. Cela m’a semblé important de resituer cette étude dans un contexte plus

large. Le fait est que toute action de commercialisation doit être pensée dans un contexte de

concurrence élargi, concurrence venant des opérateurs privés, mais également des autres

destinations.

Toutes les données collectées et les analyses en découlant m’ont permis de dégager des

préconisations pour Rhône Tourisme et le Lyonnais, Monts et Coteaux. Les avancées de mon

étude ont d’ailleurs été suivies de près par l’ADTL, à qui nous avons fait une première

présentation en mai. Une prochaine présentation de l’étude devrait être faite en septembre,

cette fois en présence de tous les offices de tourisme du Rhône.

A la fin de ce mémoire, sera présenté un résumé de mon étude, ainsi que les préconisations

faites à Rhône Tourisme en matière de commercialisation.

Page 26: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

26

3. Lien avec ma problématique de mémoire – présentation de la problématique

Au fur et à mesure de mon étude, j’ai pu constater que la commercialisation faisait l’objet de

controverses et de questionnement parmi les CDT, mais également parmi les autres OLT : OT,

destinations touristiques, CRT. Les enjeux, objectifs et moyens mis en œuvre sont en effet très

divers selon le territoire.

Concernant les CDT, la commercialisation est une mission bien présente dans ces structures

puisque 69 adhérents de Rn2D, soit 61,6% d’entre eux avaient une activité commerciale

(centrale de réservation) en septembre 20115. A cette proportion, il faut ajouter que de

nouveaux outils en ligne de mise en marché sont également de plus en plus utilisés par les CDT,

sans avoir à commercialiser en direct mais en laissant la main aux prestataires touristiques.

L’outil dénommé « place de marché » est l’un de ces outils et se déploie à grande vitesse chez

les CDT.

Aujourd’hui, le terme générique « commercialisation » doit être nuancé car c’est une mission

qui peut prendre différentes formes, et s’apparenter soit à de la pure commercialisation (vente

via une centrale de réservation), soit à ce que l’on appelle communément de la mise en marché

(via des outils tels que les agrégateurs ou les places de marché, outils présentés ultérieurement).

La mise en marché n’est pas de la commercialisation, car l’OLT, et en l’occurrence, le CDT, est

seulement un intermédiaire entre le touriste et le prestataire. Il n’est pas un vendeur, il n’y a

donc pas de commercialisation au sens pur du terme. Toutefois pour des raisons pratiques, le

terme générique « commercialisation » sera utilisé dans ce mémoire et signifiera

commercialisation et mise en marché, sauf pour les parties où la différence entre mise en

marché et commercialisation en est l’objet.

Lors de mon étude pour Rhône Tourisme, j’ai pu remarquer que de plus en plus d’organismes

locaux de tourisme se mettaient à la commercialisation, et surtout les OT. Suite aux entretiens

que j’ai pu passer avec des professionnels du tourisme, la commercialisation m’a été présentée

comme souvent inévitable par une bonne partie des interrogés. Plusieurs raisons justifient cette

évolution. Tout d’abord, et la commande de cette étude par le Conseil Général du Rhône le

justifie, face au contexte actuel public (baisse des financements publics, réforme territoriale en

2014), commercialiser peut apparaitre comme une escapade possible, une manière d’amener

5 Rn2D, Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché,

Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4, 9 pages

Page 27: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

27

des fonds là où on en perd. Outre l’apport financier que peut engendrer de telles opérations,

l’un des principaux bénéfices évoqués par les professionnels du tourisme (prestataires et

institutionnels) est la mise en valeur du territoire et de ses prestataires.

Cependant, d’autres personnes m’ont apparues plus mitigées quant au sujet de la

commercialisation, évoquant les difficultés financières que celle-ci peut engendrer pour la

structure concernée.

On ne peut oublier dans ce contexte l’arrivée d’Internet, qui a changé la donne pour les

institutionnels, que ce soit en terme de coûts de commercialisation, de marge de manœuvre,

mais aussi de visibilité. Avec les nouveaux outils de réservation en ligne, la commercialisation ou

la mise en marché en ligne apparait plus facile, moins coûteuse. Mais également plus nécessaire

pour faire face à l’hégémonie des opérateurs privés et ainsi promouvoir une destination et/ou

des prestataires relayés hors des circuits de commercialisation. Face à une hyper visibilité des

agence de voyages en ligne, comparateurs, etc., il faut redoubler de stratégie pour amener le

visiteur à consommer des prestations plus « marginales » et mettre en valeur des territoires

moins connus. Il faut aussi s’adapter aux nouveaux modes de consommation : les touristes sont

de plus en plus adeptes de la réservation à dernière minute, ils ne préparent plus en amont leurs

vacances comme avant. L’information, la promotion et la réservation doivent être liés, sous

peine de voir partir le visiteur acheter sa prestation chez un opérateur marchand, qui ne lui

proposera que les « standards » de l’hébergement, des visites, etc.

La promotion d’un territoire passe aujourd’hui par sa commercialisation, c’est ce que nous

verrons dans ce mémoire.

Ainsi, entre les missions de promotion, de mise en marché du territoire et

d’accompagnement des prestataires des CDT, et la question de la rentabilité financière des

actions de commercialisation, loin d’être évidente, on assiste à un questionnement chez les CDT

et un bouleversement des pratiques.

La commercialisation de prestations touristiques par les CDT est un sujet qui fait débat, et le

sera encore plus dans les années à venir. En effet, de plus en plus d’OT commercialisant leurs

propres forfaits et autres produits touristiques, un ajustement entre les échelons territoriaux

deviendra nécessaire, afin d’éviter des doublons et une confusion pour le touriste

consommateur. Le contexte actuel public, la prochaine réforme territoriale, sont également des

facteurs qui nourrissent le débat concernant cette question chez les CDT : faut-il commercialiser

/ mettre en marché l’offre touristique du département ou non? Ainsi, nous nous demanderons

dans ce mémoire si la commercialisation / mise en marché de prestations touristiques est

Page 28: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

28

devenue une nécessité pour les CDT aujourd’hui ? Quelle est sa pertinence, sa légitimité, face à

d’autres organismes locaux de tourisme comme les OT, CRT, ou face aux opérateurs privés ?

Est-ce vraiment leur rôle ? Ne faut-il pas laisser faire le marché ? Tant de questions auxquelles

nous essayerons de répondre dans ce mémoire.

Nous relierons ensuite ces réflexions au cas du Rhône, afin de répondre à la question à

l’origine de mon stage au Comité Départemental du Tourisme du Rhône : « La commercialisation

- mise en marché du Rhône : quelles opportunités pour Rhône Tourisme et le territoire ? »

Les données de ce mémoire sont issues de recherches documentaires, mais également des

entretiens que j’ai pu passer avec des CDT/ADT/ADTR, lors de mon étude pour Rhône Tourisme.

Page 29: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

29

II. La commercialisation de prestations touristiques est-elle devenue une

nécessité pour les CDT aujourd’hui ?

A. La commercialisation de prestations touristiques, entre opérateurs privés et

institutionnels

La France reste la première destination mondiale avec 77 100 000 arrivées en 2010, devant

les Etats-Unis (59 800 000 arrivées) et la Chine (55 700 000 arrivées)6. En termes de recettes, la

France est au troisième rang mondial avec 46 milliards de dollars de recettes en 2010 (-5,6% par

rapport à 2009), après les Etats-Unis (103 milliards de dollars de recettes) et l’Espagne (52

milliards de dollars). Mais qui se cache derrière ces chiffres mirobolants ? Afin de mieux

comprendre le contexte touristique de la France et ceux qui promeuvent et vendent la

destination, il est nécessaire de s’intéresser aux acteurs privés et institutionnels du tourisme.

1. La vente de séjours et autres prestations touristiques en France : contexte

Le secteur du tourisme français représentait 219 767 entreprises en 2010 (réparties entre

les secteurs de l’hébergement, la restauration, et les activités des agences de voyages,

voyagistes, services de réservation et activités connexes), pour environ 600 000 emplois en 2010

selon la DGCIS, mais les secteurs représentés semblant restrictifs face à la diversité des activités

touristiques, nous prendrons le chiffre de Rn2D : 900 000 emplois.

En août 2012, sur le registre des opérateurs de voyages d’Atout France, il y avait 7269

immatriculés7. Parmi eux, 4 145 étaient des agences de voyages. Ce sont ces acteurs du

tourisme dont nous allons déchiffrer les évolutions, afin de mieux comprendre le contexte de

l’organisation et de la vente de prestations touristiques, dans le secteur privé du tourisme. En

effet, ce secteur a été fortement impacté par l’arrivée d’Internet.

6 DGCIS, Mémento du tourisme 2011, mars 2012

7 https://registre-operateurs-de-voyages.atout-france.fr, site consulté le 24 août 2012

Page 30: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

30

a. Un secteur privé bouleversé par l’explosion de l’e-tourisme

Avant l’arrivée de l’e-tourisme, que l’on pourrait situer au début des années 2000, on

consultait les guides, les brochures, les avis des amis, etc. On se rendait dans les agences de

voyages, qui commercialisaient des offres constituées par des tiers (transport, hôtellerie). Au

départ, les agences de voyages ne commercialisaient que des prestations sèches. Puis, à partir

des années 1970, les tour-opérateurs ont émergé, proposant des catalogues internationaux de

séjours packagés, également vendus dans les agences de voyages. Les moyens de promotion des

opérateurs de voyages étaient alors traditionnels : sourcing du produit, mise en catalogue,

publicité, salons puis la vente se faisait au comptoir, par courrier et par téléphone. En parallèle

des agences et tour-opérateurs, les prestataires touristiques, quant à eux, commercialisaient

leur propre prestation avec leurs propres moyens.

Les agences de voyages, bien avant Internet, utilisaient les GDS (Global Distribution System)

afin de consulter les disponibilités des vols, des hôtels et la location de voitures ou les autres

offres packagées des tour-opérateurs. Ces GDS étaient installés sur des appareils informatiques

traditionnels. Puis, dans les années 1980, vient le minitel en France, qui a démocratisé l’achat de

prestations touristiques, et enfin Internet dans les années 1990. L’arrivée d’Internet a

bouleversé l’environnement touristique, favorisé l’apparition de nouveaux acteurs, et

finalement changé les pratiques de consommation et de réservation des vacances.

Avec les premiers sites marchands de produits touristiques : Govoyages, en 1997, Edreams,

en 1999, Easyvoyages en 2000 et Opodo en 2001, est apparu l’e-tourisme. Selon la

DGCIS (Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services), l’e-tourisme

désigne « toute activité de vente ou de promotion touristique sur Internet ». Au début, ces sites

marchands proposaient seulement de la distribution en ligne de billets d’avion. Ensuite, ces

distributeurs ont élargi leur offre, en proposant toute la gamme des prestations touristiques et

notamment les séjours, ont mis en place des partenariats avec d’autres tour-opérateurs ou

agences de voyages, ou en proposant leurs propres offres. Plus tard, sont apparus les premiers

comparateurs de vols en ligne, qui étaient avant l’affaire des agents de voyages grâce à leurs

GDS. Les agences traditionnelles ont alors dû développer leur stratégie de développement en

ligne.

Sourcing : action de recherche, localisation et évaluation. Cela peut concerner un fournisseur ou un produit. GDS : plates-formes électroniques de gestion des réservations qui permettent aux agences de voyages de connaître l'état du stock des différents fournisseurs de produits touristiques (compagnies aériennes, chaîne d'hôtels, société de location de voiture, tour-opérateurs) et de réserver à distance.

Page 31: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

31

Très rapidement, les « pure players » sont apparus : ce sont des agences de voyages ou des

tour-opérateurs basés uniquement en ligne. Concurrents des agences traditionnelles, les pure-

players font ont l’avantage de réaliser de grandes économies d’échelles : économies de

personnel, pas de charges liées à points de ventes, mais ils sont également très réactifs,

proposent des tarifs compétitifs, adaptés à l’offre et à la demande (principe du yield

management). Ces pure-players, dont on pourrait citer Promovacances, Lastminute,

Travelfactory, détiennent aujourd’hui une part importante du marché de la vente en ligne :

environ 40%8. Ils ne sont plus basés sur la chaîne de distribution habituelle (fournisseur > tour-

opérateur > agence de voyages), et en concomitance avec l’apparition des compagnies low-cost,

des agrégateurs/comparateurs d’offres, mais également des réseaux sociaux, des sites d’avis de

voyageurs, ils ont considérablement modifié la cartographie de l’offre de produits touristiques,

l’environnement concurrentiel, mais également les rapports qui existaient entre les acteurs de

l’offre et de la demande.

Depuis une dizaine d’année, on assiste donc à de rapides évolutions dans le secteur

touristique. Les fournisseurs et les producteurs sont devenus leurs propres distributeurs. Et,

grâce à Internet, ils peuvent maintenant approcher le consommateur en direct. De leur côté, les

réseaux physiques d’agences souffrent du développement de la réservation en ligne et tentent

de s’adapter à cette nouvelle donne en lançant leurs propres sites marchands.

La croissance de l’e-tourisme n’est pas près de s’arrêter : dix ans après l’apparition des

premiers sites marchands, ce secteur est, avec l’habillement, l’un des deux moteurs de la

croissance générale du commerce en ligne en France. Au cours du premier trimestre 2012, l’e-

tourisme a connu un taux de progression de 12%. Le top 5 français des agences en ligne est

représenté par Voyages-sncf.com (avec 7,086 millions de visiteurs uniques par mois), loin devant

Promovacances (2,278 millions). Suivent VoyagePrivé, Opodo et Lastminute9.

Comprendre ces évolutions « e-touristiques » est important, car elles ne se traduisent pas

seulement dans le passage d’une technologie à une autre, du GDS à Internet notamment, mais

surtout, elles modifient les modèles économiques et contractuels des acteurs de la production

et de la distribution touristique. L’e-tourisme a en effet engendré des phénomènes de

concentration des agences de voyages et tour-opérateurs. C’est un secteur hyper-concurrentiel,

Yield management : consiste à maximiser le chiffre d’affaires généré en jouant sur les variables prix et le coefficient d’occupation à l’aide d’une politique de tarification différenciée 8 LE ROSSIGNOL ALEXIS, Livre blanc du social travel, 2012 (en ligne sur www.locita.fr)

9 http://www.lechotouristique.com/article/l-e-tourisme-progresse-de-12-au-premier-trimestre,51156

Page 32: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

32

et cela l’est d’autant plus qu’aucun intermédiaire n’est absolument incontournable. On peut

maintenant réserver sa chambre d’hôtel directement auprès de l’hôtelier en ligne ou en direct,

via une centrale, en achetant un forfait tout compris, en passant par une agence de voyages,

etc.

Comprendre le fonctionnement de la réservation en ligne et en connaitre les acteurs

principaux est important. Cela permet, quand on est un institutionnel et qu’on veut se lancer

dans de la commercialisation, d’évaluer le marché, ses difficultés, ses concurrents et donc se

positionner face à eux.

La réservation en ligne des Français

Se positionner en ligne est aujourd’hui primordial : une étude Opinionway pour

Voyagermoinscher.com indique que pour cet été 2012, 82 % des Français ont utilisé Internet

pour réserver leurs vacances, soit 30 % de plus qu'en 2009 et 11 % de plus qu'en 201110.

L’enquête a également révélé un net recul des réservations auprès des agences de voyages

traditionnelles (seulement 10 % des personnes y ont eu recours en 2012 contre 16 % en 2011).

Comparer les prix est de loin la raison principale (82 %) de l'utilisation d'Internet pour préparer

ses vacances. L'étude indique également que plus d'1 personne sur 2 utilise internet pour se

renseigner sur son lieu de vacances à travers les photos (56 %) et les avis laissés par les

voyageurs (51 %). Les modes de consommation de prestations touristiques ont changé. Avant,

l’avis d’amis, d’agents de voyages ou la consultation d’une brochure permettait de prendre sa

décision de partir en voyage. Aujourd’hui, l’acte d’achat passe essentiellement par Internet, et

surtout par une foule de possibilités pour rechercher, comparer et acheter son voyage. Il y a

dorénavant un avant, un pendant et un après le voyage.

Le schéma suivant nous montre le processus d’achat en ligne d’une prestation touristique.

10

http://www.quotidiendutourisme.com/site/distribution-82-des-francais-utilisent-internet-pour-reserver-leurs-

vacances-66334.html

Page 33: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

33

Figure 3 : Le processus d’achat d’un produit touristique

Bien que les Français consultent Internet pour préparer leurs vacances, seulement 38%

d’entre eux les réservent en ligne, selon le cabinet Raffour-Interactif (baromètre « Courts

séjours, vacances, E et M-tourisme 2011). Cela peut s’expliquer par la grande part de séjours

non-marchands effectués par les Français.

Parmi les prestations de voyage en ligne, les internautes privilégient le transport : ils sont

plus d’1 sur 3 (35%) à acheter des billets de train et près d’1 sur 4 (23%) à réserver d’autres

billets de transport (surtout des billets d’avion). Près d’1 internaute sur 3 (31%) va également

effectuer en ligne des réservations d’hôtellerie et d’hébergement.

Concernant les locations, 1 internaute sur 5 se tourne vers internet pour trouver sa location

de vacances. 1 sur 6 achète ses séjours en France et 1 sur 7 ses séjours à l’étranger.

Les internautes restent nettement moins nombreux (8%) à recourir au web pour réserver des

prestations de restauration. Une part toutefois en progression (+ 3 points en 1 an) au même

titre que les prestations d’hôtellerie et hébergement11.

11

http://www.fevad.com/espace-presse/7eme-barometre-sur-les-comportements-d-achats-des-internautes

Source : Slideshare « Réservation en ligne dans le tourisme », Mathieu Vadot, consultant Marketing et Tourisme, février 2012

Page 34: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

34

Les disparités de présence en ligne des différentes filières touristiques

S’il existe des disparités entre les prestations touristiques achetées en ligne, cela vient

également du fait que les prestataires touristiques sont inégalement « réservables en ligne ». En

ce qui concerne les hôtels, la vente en ligne directe est très pratiquée et le recours aux

intermédiaires est indispensable pour gagner la guerre de la visibilité. Les principaux

intermédiaires sont les sites de réservation en ligne d’hôtels : Booking, Accor, Venere,

Hotels.com. Et ce n'est pas une surprise de constater, suite une étude de Médiamétrie, que 78%

des internautes utilisent le web pour réserver un séjour à l'hôtel et que 90% y mènent une

recherche d'informations concernant ce même séjour.

Figure 4 : La réservation de séjours à l’hôtel : moyens utilisés et types de sites Internet

Source : http://www.journaldunet.com/ebusiness/tourisme/reservation-d-hotel-sur-internet

Concernant les campings, la vente en ligne est également une réalité mais il existe peu

d’intermédiaires marchands et beaucoup d’ « annuaires » : Outcamp, Via-camping,

CampingFrance, par exemple. L’internaute y contacte directement le prestataire pour effectuer

sa réservation, contrairement à des sites comme Booking. Il n’y a pas de commission prise sur la

réservation mais un système d’abonnement au site. Il n’existe pas d’études qui évaluent la part

de réservation en ligne des campings.

Pour les meublés et gîtes, les propriétaires sous-exploitent généralement les possibilités du

web (site Internet, mise en ligne des disponibilités par exemple).Parfois, la commercialisation en

ligne est mono-canal : seulement en centrale de réservation, bien souvent les Gîtes de France. Il

Page 35: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

35

faut également savoir que la centrale Gîtes de France n’encourage pas les propriétaires à mettre

en valeur leur propre site Internet. De plus, il existe peu d’intermédiaires marchands, mais

énormément d’annuaires : Abritel, Homelidays, 1000gites.com, etc.

Pour les chambres d’hôtes, l’offre est bien représentée sur le web, mais la vente en ligne est

peu pratiquée. Il existe de nouveaux intermédiaires marchands : Guides de charme ou Resagora,

cependant les chambres sont surtout référencées dans des sites annuaires : Wimdu, Bedycase,

Bedandbreakfast.com, par exemple. Les pratiques de l’e-distribution de cette filière

s’apparentent de plus en plus à l’hôtellerie avec des chambres d’hôtes présentes sur

Booking.com et Tripadvisor, par exemple.

Pour les sites touristiques et les prestataires de loisirs, la prestation concernée est

principalement la billetterie (billets d’entrées, ticket de spectacle, d’évènements sportifs). Il

existe peu d’intermédiaires marchands en ligne, mais des distributeurs majeurs : Fnac,

Francebillets, Voyages-sncf.com, Ticketnetetc. pour certains produits phare. L’achat en ligne

d’entrées de sites ou de prestations touristiques (activités) est peu répandu. Pourtant, avec

l’évolution de l’Internet mobile (sur smartphones et tablettes numériques), cette pratique

pourrait se développer, permettant au visiteur d’éviter les files d’attentes trop longues dans les

sites touristiques les plus fréquentés.

Concernant les restaurants, la vente en ligne est peu pratiquée par les restaurateurs et peu

demandée par les clients. Il y a quand même deux intermédiaires marchands principaux : La

Fourchette et toptable.fr.

On voit donc que la présence en ligne de toutes les filières touristiques et de loisirs est loin

d’être homogène. La réservation en ligne concerne principalement l’hébergement, mais surtout

les hôtels. En France, il y a encore 40% des acteurs qui ne disposent pas de leur propre module

de réservation en ligne12. L’e-tourisme dispose donc encore d’une large marge de progression.

Cependant, même si l’e-tourisme épouse les tendances de consommations actuelles des

Français (réservations 24h/24, à la dernière minute, sur internet, sur mobile, comparaisons,

exigence), il ne faut pas penser que les modes de réservation traditionnels, en agence ou par

téléphone, vont disparaître. Selon Guy Raffour, l’avenir appartient à la distribution multicanal :

12

RAFFOUR Guy, Les Français et l’achat de voyages en ligne, Cahier Espaces, Décembre 2010, n°107, pages 29-33

Page 36: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

36

« On peut donc tabler sur une importante progression des réservations en ligne dans les années à

venir, même si « l’humain » n’est pas prêt de disparaitre de la chaîne de vente, que le

consommateur se rende dans son agence de voyages ou qu’il finalise son achat en ligne via un

appel téléphonique ». En témoignent certains pure-players qui ont signés des partenariats avec

des réseaux d’agences physiques et sont ainsi devenus des « click and mortar » (se dit d’un pur-

player ayant ajouté des canaux de distribution physique (mortar) à son modèle tout internet

(click) : lasminute, travelfactory avec selectour. Certains ont même ouvert leurs propres agences

(promovacances). En effet, l’acheteur a parfois besoin d’être conseillé et rassuré, qu’on

complète les informations qu’il a trouvé sur le web. Ce rapport humain rassure.

b. Le cadre institutionnel et juridique de l’organisation et la vente de prestations

touristiques

Après s’être placé du côté des vendeurs et distributeurs de prestations touristiques privés,

plaçons nous du côté de la destination, la France, et de ses institutionnels du tourisme, œuvrant

à promouvoir et vendre cette destination.

Ce qui fait la richesse et l’attractivité de la France, ce sont ses territoires variés, comme le

rappelle Véronique Brizon, directrice de Rn2D : « La destination France est bien la somme des

destinations touristiques, et si elle est une destination touristique majeure, elle ne le doit pas au

hasard, mais à la diversité de ses territoires ». Pour promouvoir et développer le tourisme dans

ces territoires, le pays s’appuie sur ses collectivités territoriales et leurs organismes

indépendants : les CRT, CDT et OTSI. Selon Rn2D, en 2011, il y avait 26 CRT, 112 ADT/ART et plus

de 3000 OT en France13.

Les rôles et missions des différents organismes chargés du tourisme en France ont été

clarifiés par la loi codifiée du 23 décembre 1992, portant répartition des compétences dans le

domaine du tourisme. La loi du 22 juillet 2009, dite loi de développement et de modernisation

des services touristiques, a ensuite été mise en application le 1er janvier 2010. Cette nouvelle loi,

également codifiée, a été édictée dans le but de moderniser l’offre touristique de la France et de

renforcer sa compétitivité, à travers la simplification du cadre juridique des services

touristiques14.

13 Rn2D, Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché,

Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4, 9 pages 14

http://www.tourisme.gouv.fr/reglementation/loi-tourisme.php

Page 37: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

37

Outre la définition des missions du nouveau Groupement d’Intérêt Economique qu’est Atout

France, la loi a entériné la modernisation de la procédure et des critères de classement des

hébergements touristiques, ainsi que la réglementation concernant les chèques-vacances et le

régime juridique des voitures de tourisme avec chauffeur. Mais surtout, la loi de développement

et de modernisation des services touristiques avait pour but de simplifier la réglementation

applicable aux agents de voyage, tout en assurant un niveau élevé de protection aux

consommateurs. Les conditions d’immatriculation au registre des opérateurs de voyages et de

séjours ont été clarifiées et unifiées. En effet, l’immatriculation au registre est nécessaire si un

organisme veut commercialiser des prestations touristiques. Aujourd’hui, il n’existe désormais

plus qu’un régime unique pour toutes les structures, qu’elles soient des agences de voyages, des

OLT ou autres.

La répartition des compétences touristiques parmi les échelons territoriaux : que dit la

loi en matière de commercialisation?

L’article L111-1 du Code du tourisme indique que le tourisme est une compétence

partagée entre l’Etat, les régions, les départements et les communes. Ces échelons territoriaux

exercent leur compétence « en coopération et de façon coordonnée ». Ainsi la loi fixe les rôles

et missions de chaque échelon, tout en leur laissant une certaine liberté d’organisation

territoriale. Il n’existe pas de bloc de compétence obligatoire pour l’un ou l’autre. Chaque

échelon territorial peut choisir l’ampleur des moyens qu’il accorde à une mission, selon sa

compétence et ses ressources, mais également le modèle de coopération avec les autres

organismes locaux de tourisme et collectivités territoriales.

L’Etat et Atout France

L'Etat définit et met en œuvre la politique nationale du tourisme. Il réglemente, agrée et

classe les équipements, organismes et activités touristiques. Il fixe les règles et les orientations

de la coopération internationale dans le domaine du tourisme et assure la promotion du

tourisme français à l'étranger et au sein des organisations internationales compétentes. Il

apporte son concours aux actions de développement touristique des collectivités territoriales,

notamment par la signature de contrats de projets avec les régions (programmation et

financement de projets importants : création d’infrastructures, soutien de filières). L'Etat

favorise la coordination des initiatives publiques et privées dans le domaine du tourisme. Outre

ses services déconcentrés, il opère également à travers son organisme sous tutelle qu’est Atout

Page 38: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

38

France, Groupement d’Intérêt Economique, issu du rapprochement d’Odit France et de Maison

de la France.

Atout France, agence de développement touristique de la France, a pour objectifs principaux

: la promotion de la destination France, la réalisation d'opérations d'ingénierie touristique et la

mise en œuvre d'une politique de compétitivité et de qualité des entreprises du secteur

touristique15. C’est donc Atout France qui est chargée de réguler l’organisation et la vente de

voyages et de séjours en France. L'agence comprend une commission chargée d'immatriculer les

personnes physiques ou morales au registre d'immatriculation des agents de voyage et autres

opérateurs de la vente de voyages et de séjours. Les personnes physiques ou morales souhaitant

commercialiser des prestations touristiques doivent remplir certaines conditions, afin d’être

immatriculées à ce registre. Ces conditions seront présentées ultérieurement.

Les régions et les Comités Régionaux du Tourisme

La région élabore les objectifs à moyen terme du développement touristique régional, dans

le cadre d'un schéma régional de développement du tourisme et des loisirs. Le schéma régional

de développement du tourisme et des loisirs fixe les modalités et les conditions de mise en

œuvre des objectifs ainsi définis par le plan régional, notamment en matière de financement16.

Des conventions entre les collectivités territoriales de la région peuvent être signées afin de

répartir les actions contribuant à l'exécution des objectifs fixés par le schéma régional.

Concernant ses missions, le conseil régional assure le recueil, le traitement et la diffusion des

données relatives à l'activité touristique dans la région. Il joue un rôle de coordonnateur des

initiatives régionales, publiques et privées, dans les domaines du développement, de la

promotion et de l'information touristiques.

Bien sûr, le conseil régional fixe le statut, les principes d'organisation et la composition du

Comité Régional du Tourisme, auquel il confie tout ou partie de la mise en œuvre de la politique

touristique de la région. Le Comité Régional du Tourisme est plus particulièrement compétent

dans le domaine des études, de la planification, de l'aménagement et de l'équipement, des aides

aux hébergements, et de la promotion touristique de la région, en France et à l’étranger.

Concernant la commercialisation, l’article L131-8 du Code du Tourisme prévoit seulement un

rôle d’assistance technique à la commercialisation ainsi que de la formation professionnelle.

15

Article L141-2 du Code du Tourisme 16

Article L131-1 du Code du Tourisme

Page 39: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

39

L’échelon régional ne serait pas l’échelon prévu pour prendre en charge la commercialisation

d’un territoire, mais serait plutôt un échelon « support ».

Les départements et les Comités Départementaux du Tourisme

L’échelon départemental ayant déjà été présenté précédemment à travers la présentation

des CDT, nous nous contenterons de rappeler l’article L132-4 : « Le conseil général confie tout

ou partie de la mise en œuvre de la politique du tourisme du département au comité

départemental du tourisme qui contribue notamment à assurer l'élaboration, la promotion et la

commercialisation de produits touristiques, en collaboration avec les professionnels, les

organismes et toute structure locale intéressés à l'échelon départemental et intercommunal. »

La commercialisation de produits touristiques est bien prévue pour les CDT.

Les communes, les intercommunalités et les offices de tourisme

La commune peut créer un office de tourisme chargé des missions d'accueil et d'information

des touristes et de la promotion touristique locale. Elle choisit librement le régime juridique de

l'office du tourisme. De même, un groupement de communes ou plusieurs groupements de

communes, regroupés au sein d’un syndicat mixte peuvent créer leur organe en charge de la

promotion touristique, également office de tourisme.

Selon l’article L133-3 du Code du Tourisme, l'office de tourisme assure l'accueil et

l'information des touristes ainsi que la promotion touristique de la commune ou du groupement

de communes, en coordination avec le comité départemental et le comité régional du tourisme.

Il peut être chargé, par le conseil municipal, de tout ou partie de l'élaboration et de la mise en

œuvre de la politique locale du tourisme et des programmes locaux de développement

touristique, notamment dans les domaines de l'élaboration des services touristiques, de

l'exploitation d'installations touristiques et de loisirs, des études, de l'animation des loisirs, de

l'organisation de fêtes et de manifestations culturelles. De plus, « L'office de tourisme peut

commercialiser des prestations de services touristiques dans les conditions prévues au chapitre

unique du titre Ier du livre II. »

La loi prévoit donc des missions de commercialisation de prestations touristiques par les OT

et les CDT. Les CRT, quant à eux, sont supposés seulement apporter leur contribution technique

à la commercialisation. L’échelon régional a plus un rôle d’étude et d’aménagement en matière

touristique, même si la promotion de la région fait également partie de ses missions.

Page 40: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

40

La commercialisation, une activité encadrée

Mais qu’entend-on vraiment quand on parle de commercialisation de prestations

touristiques ? Que dit le Code du Tourisme ?

Le Livre I du Code du Tourisme étant consacré à l’organisation du tourisme, le Livre II est,

quant à lui, consacré aux activités et professions du tourisme. Le titre 1er de ce dernier, et son

chapitre unique, sont consacrés à la législation et à la réglementation encadrant le régime de la

vente de voyages et de séjours. Le chapitre et ses articles s'appliquent « aux personnes

physiques ou morales qui se livrent ou apportent leur concours, quelles que soient les modalités

de leur rémunération, aux opérations consistant en l'organisation ou la vente :

- De voyages ou de séjours individuels ou collectifs

- De services pouvant être fournis à l'occasion de voyages ou de séjours, notamment la

délivrance de titres de transport, la réservation de chambres dans des établissements hôteliers

ou dans des locaux d'hébergement touristique et la délivrance de bons d'hébergement ou de

restauration

- De services liés à l'accueil touristique, notamment l'organisation de visites de musées ou de

monuments historiques17 ».

Ces trois points sont considérés comme prestations touristiques au sens de la loi. Le chapitre

unique s’applique également aux opérateurs produisant ou vendant des forfaits touristiques. Le

forfait touristique comprend au moins « deux opérations portant respectivement sur le

transport, le logement ou d'autres services touristiques non accessoires au transport ou au

logement et représentant une part significative dans le forfait »18. Le forfait dépasse également

24 heures ou inclut une nuitée. Il est vendu à un prix tout compris. Le forfait s’oppose à ce que

l’on appelle une « prestation sèche ».

Tout organisme, qu’il soit privé (agence de voyages, tour-opérateur, association) ou qu’il soit

un Organisme local de tourisme, s’il veut organiser, produire ou vendre une des prestations

touristiques citées ci-dessus, et même en tant qu’activité accessoire (sauf lorsqu’il s’agit de

location de meublés), doit s’immatriculer au registre des opérateurs de voyages et de séjours.

L’immatriculation remplace les quatre précédents régimes d’autorisation : licence, habilitation,

agrément, autorisation. Le manquement à cette réglementation occasionnera, pour la personne

morale ou physique responsable, 7 500€ d’amende. La structure exerçant dans l’illégalité peut

17

Article L211-1 du Code du tourisme 18

Article L211-2 du Code du Tourisme

Page 41: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

41

également voir son activité suspendue pour une durée temporaire ou définitive, sous décision

du préfet de département.

Il existe toutefois certaines exceptions à cette obligation d’immatriculation. En effet, les

producteurs de leur propre service (par exemple un office de tourisme qui organise ses propres

visites guidées et n’embauche par pour cela un guide extérieur) ne sont pas tenus de

s’immatriculer. Cela est également le cas lorsque l’on ne retire aucune rémunération de cette

activité d’organisation ou de vente de prestations touristiques (par exemple un office de

tourisme qui vend des prestations pour le compte d’un autre organisme mais ne prend aucune

commission). Le fait de n’être qu’un distributeur, et de n’apporter aucun conseil ni suggestion

au consommateur dispense également de cette obligation. Un régime spécial est également

accordé aux structures qui, par exemple, louent des meublés touristiques (prestation considérée

comme touristique), mais donc l’activité de location est plus élevée que l’organisation et/ou la

vente de prestations touristiques. Celles-ci dépendent alors de la loi Huguet et se doivent de

disposer de la carte professionnelle d’agent immobilier.

On remarque ici que la réglementation, bien qu’ayant été simplifiée par la loi du 22 juillet

2009, est assez complexe quant à la nécessité ou non d’être immatriculé au registre des

opérateurs de voyages et de séjours. Il en résulte une certaine appréhension de la part des OLT

désirant entreprendre une opération de commercialisation. Lors de mon étude pour Rhône

Tourisme, j’ai du être en contact plusieurs fois avec Atout France afin qu’un conseiller juridique

m’éclaircisse certains points. En effet, être immatriculé nécessite tout d’abord de satisfaire à

certaines conditions. Pour un OLT (par exemple, un petit office de tourisme) ne disposant que de

faibles moyens financiers, l’opération peut s’avérer risquée.

Qu’implique l’immatriculation au registre des opérateurs de voyages et de séjours ?

Trois conditions sont nécessaires pour obtenir l’immatriculation19 :

- Pouvoir justifier d’une assurance garantissant les conséquences pécuniaires de la

responsabilité civile professionnelle. Cela implique que l’opérateur immatriculé est responsable

de la bonne exécution du contrat de réservation passé avec le client, et non les prestataires

touristiques.

- Pouvoir justifier d’une garantie financière auprès d’un organisme de garantie collective, d’un

établissement de crédit ou d’une entreprise d’assurance. Cette garantie financière permettra à

19

Article L211-18 du Code du Tourisme

Page 42: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

42

l’organisme immatriculé de rembourser, en cas de problème, les fonds reçus au titre des forfaits

touristiques et de ceux des prestations touristiques sèches. Elle doit couvrir des frais de

rapatriement éventuels. Pour les OLT, la garantie financière est de 30 000€ la première année,

puis de 10% du chiffre d’affaires les années suivantes.

- Pouvoir justifier d’aptitudes professionnelles : soit par la réalisation d'un stage de formation

professionnelle d'une durée minimale définie par décret ; soit par l'exercice d'une activité

professionnelle, d'une durée minimale fixée par décret, en rapport avec les opérations

mentionnées au I de l'article L. 211-1 ou avec des prestations d'hébergement touristique ou de

transport touristique ; ou par la possession d'un diplôme, titre ou certificat mentionné sur une

liste fixée par arrêté pris par les ministres chargés du tourisme, de l'éducation et de

l'enseignement supérieur.

Des conditions particulières pour les organismes locaux de tourisme :

Les organismes locaux de tourisme sont donc autorisés à avoir une activité commerciale,

mais celle-ci est soumise à des conditions supplémentaires. Selon l’article L211-1, ceux-ci

« peuvent se livrer ou apporter leur concours, dans l'intérêt général, à des opérations

mentionnées au I, dès lors que celles-ci permettent de faciliter l'accueil ou d'améliorer les

conditions de séjour des touristes dans leur zone géographique d'intervention ».

Ainsi, l’activité commerciale des OLT doit être en adéquation avec leur mission de service

public. Outre faciliter l’accueil des touristes et respecter un périmètre géographique

d’intervention, leur activité ne doit pas entrer en concurrence avec des organismes privés

proposant déjà les mêmes prestations. Pour justifier la commercialisation de prestations

touristiques, il faut qu’il y ait une carence quantitative (non-existence de concurrence) ou

qualitative (existence de concurrents mais qui ne présentent pas exactement les mêmes services

ou produits) de la part des organismes privés du même secteur géographique.

Tout cela n’est parfois pas respecté, notamment la mission de service public et de non-

concurrence. L’obligation de respect du périmètre géographique d’intervention est également

parfois contournée, grâce à la signature d’une convention entre deux offices de tourisme, par

exemple, pour que l’un d’eux commercialise l’offre touristique du territoire de l’autre.

Ainsi, l’activité commerciale des OLT est subordonnée aux mêmes conditions que les agences

de voyages, en plus de leur nécessité de respecter une mission d’intérêt général. La loi de

développement et de modernisation des services touristiques a en fait mis sur un pied d’égalité

Page 43: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

43

les institutionnels et les privés. En effet, les mêmes garanties financières sont maintenant

exigées : avant la loi, les OLT ne devaient justifier que d’une garantie financière correspondant à

3% de leur chiffre d’affaires. Les arrangements de type « convention de mandat » entre les OLT

(un OLT ayant l’autorisation étant responsable du contrat de réservation, mais la vente était

réalisée par un OLT partenaire, qui prenait une commission) sont également maintenant

caduques, ce qui demande à certains OLT de revoir leur organisation.

2. La commercialisation par les institutionnels

En août 2012, il y avait 7 269 organismes touristiques immatriculés au registre des

opérateurs de voyages et de séjours20. Parmi ces 7 269, 605 étaient des Organismes Locaux de

Tourisme : OT, Associations de développement touristiques subventionnées, CDT, CRT, soit 8,3%

des opérateurs. En mars 2012, Atout France annonçait 103 nouveaux opérateurs parmi les OLT,

c’est-à-dire des opérateurs qui se déclaraient pour la première fois opérateur de voyages, et qui

ne renouvelaient pas une autorisation ou une licence21.

Cette partie propose un panorama des types de commercialisation opérés par les OLT, avec

une description plus développée de l’activité commerciale des CDT, sujets de cette étude.

Connaître le type d’activité commerciale des autres OLT permet de resituer l’action des CDT

dans un contexte institutionnel, après le contexte privé.

a. Une activité commerciale très répandue parmi les CDT mais des volumes d’affaires

très divers

En 2010, le réseau Rn2D comprenait 112 membres, dont plus de la moitié, 61%, c’est-à-dire

69 départements, avaient des centrales de réservation. Comme nous l’avons vu auparavant, le

réseau se partage entre :

- ADT (agences de développement touristique) ou CDT

- ADRT (agences de développement et réservation touristique) : CDT dotés d’une centrale de

réservation

- ADT + ART (Agence de réservation Touristique) : nouvelle appellation des SLA : centrales de

réservation indépendantes

- ART (Agence de réservation indépendante et le CDT n’est pas adhérent à Rn2D)

20

https://registre-operateurs-de-voyages.atout-france.fr, consulté le 24 août 2012 21

http://www.pros-du-tourisme.com/actualites/detail/51554/immatriculation-1370-nouveaux-entrants-depuis-2010.html

Page 44: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

44

Figure 5 : Les adhérents de Rn2D ayant une activité commerciale en 2010 (via une centrale de

réservation)

Source : Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché, Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4

Sur cette carte, nous pouvons voir la répartition des centrales de réservation

départementales. Comme nous pouvons le remarquer, les centrales de réservations sont bien le

plus souvent intégrées aux CDT. Les points rouges, comme indiqué, représentent les places de

marché / agrégateurs / métamoteurs, donc les systèmes de réservation en ligne recensés par

Rn2D. Ces outils seront présentés plus particulièrement dans la partie suivante.

Un volume d’affaires très varié selon le département

L’activité commerciale des ADRT ou ART, en termes de volume d’affaires est très variable

selon le département, comme le montre la carte suivante:

Page 45: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

45

Figure 6 : Le volume d’affaires des centrales de réservations départementales en 2010

Source : Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché, Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4

Nous remarquerons que Rn2d emploie le terme de volume d’affaires et non de chiffre

d’affaires. Le volume d’affaires correspond au total des encaissements. Il n’est pas question de

chiffre d’affaires car tout l’argent des réservations, même s’il transite par la centrale de

réservation, est reversé intégralement aux prestataires touristiques. Certaines ADRT, et nous

pouvons citer celle du Gard, ont pris le parti de ne retirer aucun bénéfice de leur activité

commerciale. Ce cas est exceptionnel, mais les ADT/CDT ayant une mission de service public, on

ne parle donc pas de chiffre d’affaires.

L’activité commerciale des centrales de réservation représente plus de 96 M€ de volume

d’affaires cumulé. Ce dernier s’échelonne de moins de 500 000€ à plus de 5 millions d’euros

pour les ADT/CDT, avec 1,4 M€ de volume d’affaires en moyenne. Les départements ayant le

Page 46: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

46

plus gros volume d’affaires sont : la Manche (5 millions d’euros de volume d’affaires22), la Seine

et Marne, la Touraine (Indre-et-Loire) et la Lozère (chiffres non disponibles).

Rn2D nous apprend que l’évolution du volume d’affaires par rapport à 2009 et aux années

précédentes est également très variée selon les départements. Toutefois, un recul de l’activité a

été remarqué pour près de la moitié des départements, due à la baisse des vente de séjours

packagés pour individuels, et plus particulièrement des coffrets-cadeaux Dakotabox, partenaire

du réseau.

Figure 7 : L’évolution du volume d’affaires des centrales de réservations départementales

2009/2010 :

Source : Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché, Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4

Quels sont les produits vendus par les centrales de réservations départementales ?

Les produits les plus vendus par les CDT sont : l’hébergement sec (2/3 de l’activité

commerciale), viennent ensuite les produits groupes (journées et séjours) qui représentent 26%

du volume d’affaires et finalement les produits individuels (8%).

22

Source : Entretien téléphonique passé en juin 2012 avec M. Paul-Antoine Huet-Dufour, responsable du pôle

supports de communication à Manche Tourisme

Page 47: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

47

L’hébergement sec

51 CDT proposent la réservation d’hébergement sec. Le volume d’affaires général généré a

été de 64M€ en 2010. La forte part de l’hébergement dans le volume d’affaires vient du fait que

tout d’abord l’hébergement sec est la prestation qui se vend le mieux en centrale de

réservation, en général. Et également, que certains CDT commercialisent les Gîtes de France

(200 établissements à la location et 1,08 M€ de volume d’affaires en moyenne par CDT), qui

constituent un grand parc d’hébergement, et également les Clévacances (48 établissements à la

location et 137 000€ de CA en moyenne par CDT), label en forte progression quant au nombre

d’établissements labellisés. Le volume d’affaires constitué sur les réservations d’hébergement

sec est en fait dominé par les réservations de locations saisonnières Gîtes de France et

Clévacances : ce type d’hébergement représente environ 55M€ de volume d’affaires sur les

64M€ engendré par les CDT en 2010.

Nous pouvons ainsi remarquer que l’activité commerciale des CDT est majoritairement basée

sur la vente de locations saisonnières Gîtes de France et Clévacances.

Les produits groupes

58 adhérents vendent des produits groupes (excursions et séjours, produits adultes et

scolaires). En 2010, l’activité générale a généré 23 millions de volume d’affaires. Les résultats

sont très variables selon les départements mais on remarque une tendance à moins de 200 000€

de volume d’affaires. Environ 56% des contrats portent sur des journées, excursions groupes et

non des séjours avec nuitées. Afin de mutualiser les actions de promotion, Rn2D a mis en place

le réseau « Destination groupes » dont 45 CDT/ADT sont adhérents. 20 M€ de volume d’affaires

est généré par les adhérents de ce réseau : 87% de l’activité groupes.

Page 48: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

48

Source : Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché, Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4

Figure 8 : Le volume d’affaires 2010 des centrales de réservation départementales,

exclusivement relatif à la vente de séjours groupes

Les produits individuels

57 CDT/ADT vendent des séjours packagés, ce qui représente 7,7 millions d’euros en volume

d’affaires. Entre 2009 et 2010, l’activité a connu une baisse de volume d’affaires et de nombre

de contrats de l’ordre de 35% et 30%. Cela est dû, selon Rn2D, à la baisse des ventes de coffrets-

cadeaux pour le réseau, mais également en général en France. En effet, Rn2D a établi des

partenariats avec des opérateurs marchands, donc l’éditeur de coffrets-cadeaux Dakotabox, afin

de faire bénéficier aux CDT de plusieurs canaux de distribution à des prix négociés et avantageux

(commissions sur vente moins élevées par exemple). Concernant Dakotabox, plus de 50

adhérents avaient distribué leurs forfaits séjours via cet opérateur.

Page 49: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

49

Figure 9 : Le volume d’affaires 2010 des centrales de réservation départementales,

exclusivement relatif à la vente de séjours individuels

Source : Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché, Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4

b. La commercialisation par les autres OLT

Les offices de tourisme : une activité commerciale hétérogène

En mars 2012, sur les 3 000 offices de tourisme de France, 350 étaient immatriculés au

registre d’Atout France23. Avant le 1er janvier 2010 et le passage de la loi obligeant à disposer

d’un numéro d’immatriculation, ils étaient environ 400 à disposer d’une autorisation, d’un

agrément ou d’une habilitation. La plupart ont donc demandé leur immatriculation et poursuivi

leur commercialisation, mais certains offices de tourisme ont abandonné, car commercialiser

demande du personnel, une caution et une garantie financière élevée. D’autres préfèrent

privilégier les partenariats public / privé : réalisation de brochures en commun avec des agences

réceptives, vente des séjours par les agences.

Le type de commercialisation des offices de tourisme dépend beaucoup du territoire

d’intervention. En effet, il faut distinguer les stations touristiques, de montagne ou balnéaire, où

la commercialisation correspond à une gestion des disponibilités et des réservations

23

MAUTALENT Catherine, Les offices de tourisme ont tiré le bon numéro. Bus & Car Tourisme de Groupe, Mars 2012,

n°13, pages 10-12

Page 50: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

50

d’hébergements locatifs ou hôteliers, et les communes, où la commercialisation correspond

généralement à d’autres prestations : visites guidées, offres groupes.

Tout d’abord, il faut savoir que les premières centrales de réservation ont été créées dans les

stations de montagne pour permettre aux propriétaires de résidences secondaires non présents

sur place d’optimiser le remplissage de leur logement.

En 2007, on recensait plus d’une centaine de centrales de réservation dans les stations de

montagne. Les plus importantes sont gérées sous forme de sociétés d’économie mixte (SEM) ou

d’autres sociétés, distinctes de l’office de tourisme et gèrent de 1 000 à 2 000 lots. Les centrales

les plus modestes ne disposent que d’une centaine de lots. On peut estimer que les centrales de

station couvrent entre 10 et 30% du parc locatif24.

La situation est quelque peu différente pour les offices de tourisme des villes, car la demande

porte avant tout sur les disponibilités de dernière minute dans les hôtels, et non de locations

saisonnières. Les offices de tourisme ont mis en place depuis longtemps des systèmes simples

de collecte des informations sur les disponibilités (par exemple, le téléphone) sans chercher à

créer de véritables centrales avec allotements. Ce genre de centrale de réservation,

commercialisant de l’hébergement, n’existe que dans quelques villes, en particulier les stations

balnéaires (Nice, Cannes, Biarritz) ayant un gros volume de groupes et de congrès, et pouvant

justifier une centralisation des disponibilités ou des réservations.

Ailleurs, l’activité commerciale des offices de tourisme est variée. Il y a tout d’abord ceux,

immatriculés donc, qui commercialisent leurs propres produits. Outre les grandes villes vendant

des nuitées en hôtel, ce sont plutôt des produits destinés à la clientèle groupes : excursions,

séjours packagés ou visites guidées de sites, par exemple.

Certains offices de tourisme se sont, quant à eux, regroupés sous la forme d’une association

immatriculée : c’est le cas de Roannais Tourisme et de ses sept offices de tourisme et syndicats

d’initiatives. L’association Roannais Tourisme commercialise alors l’offre issue des territoires de

ses membres constituants.

Il y a ensuite ceux qui ont établi des partenariats avec d’autres structures commercialisant à

leur place. Cela peut être un CDT : l’OT conçoit les produits, le CDT les commercialise, c’est par

exemple le cas de l’office de tourisme de Strasbourg ou celui du Grau-du-Roi. Cela peut

également être une agence réceptive qui commercialise les produits créées par l’OT (visites,

packages). En effet, certains offices de tourisme considèrent que ce n’est pas leur rôle de

24

VICTOR François, Cabinet Kanopée, La commercialisation des produits et des destinations touristiques, en quoi Internet change-t-il la donne ?. Etude réalisée à la demande de la Direction du Tourisme, Ministère du Tourisme, Avril 2007

Page 51: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

51

commercialiser : « Ce n’est pas notre rôle de vendre car nous avons parallèlement d’autres

missions. Ici, notre objectif est de mettre en relation des professionnels vers d’autres

professionnels. », explique Corinne Russo, directrice de l’office de tourisme intercommunal de

Cavaillon-Lubéron, dans un article publié par le magazine Bus & Car – Tourisme de Groupe25.

Les CRT : un rôle d’appui technique à la commercialisation

Comme vu précédemment, le rôle des CRT concernant la commercialisation est plutôt une

mission d’assistance technique à travers la mise à disposition d’outils de mise en marché, la

formation, la promotion régionale et le développement des marchés. En effet, les CRT

interviennent peu directement dans la commercialisation touristique de leur territoire, tant sur

le marché des groupes que des individuels. La motivation principale de ceux qui l’ont fait était

d’accompagner leurs actions de promotion.

On peut tout de même citer deux exemples, les régions Midi-Pyrénées et Bretagne :

- Le CRT Midi-Pyrénées mutualise les moyens commerciaux en proposant une centrale de

réservation régionale proposant les produits des CDT. En fait, cette centrale de réservation

correspondrait plutôt à un call-center.

- Le CRT Bretagne a sa production propre avec des allotements pour des produits forfaités et a

mis en place un système de réservation d’hébergements secs.

D’autres régions ont mis en place plutôt des outils de mise en marché, c’est-à-dire de

réservation en ligne, mais ce ne sont pas des centrales de réservation. C’est le cas de la Picardie

et plus récemment, de Rhône-Alpes. Le cas de Rhône-Alpes est développé dans une partie

suivante.

25

MAUTALENT Catherine, Les offices de tourisme ont tiré le bon numéro, Bus & Car, Tourisme de groupe, Mars 2012,

n°13, pages 10-12

Page 52: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

52

B. Pourquoi commercialiser ? Les enjeux de la commercialisation pour les CDT

1. De l’aide à la mise en marché à la commercialisation : plateformes d’info-dispo-

réservation et autres modes de commercialisation plus classiques

Outre la traditionnelle centrale de réservation et la création de produits touristiques dans un

but de vente directe, les CDT disposent d’un éventail de solutions afin de commercialiser ou

mettre en marché l’offre de leur territoire. L’implication dans la commercialisation du territoire

peut aller d’un simple accompagnement des prestataires à la vente directe de prestations

touristiques. Le CDT n’est ainsi pas obligé d’être un vendeur, il peut également être un

agrégateur d’offre, ou un distributeur, un intermédiaire.

Il existe donc plusieurs modes de mise en marché et de commercialisation pour les CDT, qui

sont utilisés dans le but d’atteindre différents objectifs. Le choix du mode de commercialisation

ou de mise en marché dépend des priorités stratégiques du CDT, du rôle qu’il désire jouer au

sein de son territoire et auprès des prestataires touristiques, mais ce choix dépend aussi du

département et de son contexte touristique.

Les différents modes de commercialisation et de mise en marché sont présentés ici afin de

mieux comprendre comment peut s’intégrer la commercialisation dans les missions des CDT.

Tous ces modes peuvent être opérés simultanément par le CDT, selon sa stratégie.

a. L’aide et l’accompagnement des professionnels du tourisme à la mise en marché

Tout d’abord, dans le cadre de sa mission d’accompagnement des prestataires touristiques,

qu’il commercialise, mette en marché l’offre du département ou non, le CDT peut jouer le rôle

de « centre de ressources » pour des prestataires touristiques qui voudraient commercialiser

leurs prestations, qu’elles soient sèches ou packagées. Il est alors au service des prestataires,

sous forme de mission d’ingénierie, d’apport de compétences. Il donne les outils aux

prestataires pour qu’ils prennent en charge eux-mêmes leur commercialisation. L’objectif est

d’accompagner les prestataires de la destination, les aider dans leur mise en marché, afin qu’ils

soient présents sur plusieurs circuits de distribution et maximisent leurs taux d’occupation et/ou

ventes. Ainsi, des ateliers, animations, formations ou même des guides peuvent être créés pour

informer, sensibiliser ou former tous les prestataires touristiques du territoire :

- aux nouveaux modes de distribution et de vente existants :

Page 53: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

53

Qu’ils soient en ligne : formation aux web plannings (plannings hôteliers en ligne), informations

sur les sites majeurs de réservation en ligne de type Booking, Venere, les systèmes de paiement

en ligne, la création de boutiques en ligne, l’obtention d’un contrat de vente à distance, etc.

Ou hors-ligne : Informations sur les coffrets cadeaux existants et leurs modalités de

participation, les partenariats avec agences ou tour-opérateurs

- à la création de produits touristiques packagés

- à la réglementation en vigueur concernant l’organisation et la vente de prestations

touristiques, la rédaction des conditions générales de vente

Ces actions sont en continuité avec les missions d’accompagnement des prestataires et

d’ingénierie des CDT. Elles deviennent de plus en plus importantes aujourd’hui suite au contexte

touristique actuel et l’hyper-compétitivité qu’implique l’explosion de l’e-tourisme.

b. L’agrégation ou l’apport de trafic ciblé

La deuxième méthode utilisée par certains CDT est l’agrégation de l’offre touristique. Cette

tendance est en hausse depuis 2011 chez les organismes locaux de tourisme de par la faible

implication dans le processus d’achat (peu ou pas de relation avec le client final) et la relative

simplicité des technologies. A l’heure actuelle, une poignée de CDT ont adopté l’agrégation.

« Agréger », dans une optique de mise en marché, signifie rassembler toute ou partie de

l’offre touristique et de loisirs d’un territoire, réservable en ligne ou non, et la rendre accessible

à l’internaute sur un même site Internet. Les techniques utilisées reposent soit sur la mise en

place de « marques blanches » associées chacune à des plateformes de vente (système de

l’affiliation), soit sur la mise en place d’un agrégateur (ou métamoteur) qui permet d’effectuer

simultanément des recherches sur plusieurs plateformes.

Le but est de faciliter l’accès de l’internaute à une large offre sur un même site Internet, celui

de la destination, afin d’éviter que cet internaute consulte ou effectue sa réservation sur un

autre site marchand. Grâce à l’agrégateur, l’internaute découvre l’offre touristique exhaustive

du territoire qui ne lui serait pas forcément présentée sur un site marchand de type agence de

voyages en ligne. A travers un agrégateur qui a la forme d’un moteur de recherche, l’internaute

a accès à une grande quantité d’hébergements disponibles et à un choix de loisirs à faire au

Marque blanche : Intégration de l’interface de réservation du vendeur sur un autre site Internet, en lui apportant la même charte graphique. L’internaute réserve sur le site du vendeur mais il ne le sait pas. L’affiliation Internet est le principe par lequel un site marchand ou à vocation commerciale propose à un réseau de sites partenaires affiliés de promouvoir ses produits ou services par le biais de bandeaux, de liens textes, de moteurs de recherche ou de tout autre support (définition issue du site : http://www.definitions-webmarketing.com)

Page 54: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

54

moment de son séjour. Outre la possibilité de réserver en ligne, ce dernier accède également à

une foule d’informations : description de l’objet, horaires d’ouverture, prix, etc.

Le CDT est ici un intermédiaire entre les vendeurs et l’internaute. On dit également qu’il est

un « apporteur de trafic aux vendeurs ». Il ne lui est donc pas nécessaire d’être immatriculé au

registre des opérateurs de voyages.

L’outil « agrégateur »

Concrètement, l’agrégateur est un outil en ligne, permettant l’accès à des produits vendus

via différentes centrales de réservation, sites de réservation en ligne ou systèmes de réservation

de prestataires indépendants. Les systèmes de réservation sont les logiciels de gestion de

réservations des hôteliers (permettant la gestion des disponibilités, émission des contrats de

réservation, etc.). Ils sont généralement connectés en ligne, permettant la réservation. Les

centrales de réservation (type Gîte de France) fonctionnement également avec ces systèmes de

réservation, tout comme les hôteliers indépendants. En se connectant avec ces différents

systèmes (par exemple : Reservit, Pegasus, Citybreak, Ctoutvert, Resinsoft, Resae, Novaresa),

l’agrégateur peut rassembler l’offre d’hébergement réservable en ligne provenant :

- de sites de réservation en ligne de type Expedia, Booking, Venere

- de centrales de réservation de type Gîte de France

- d’hébergeurs indépendants (hôteliers, campings)

L’agrégateur est donc un outil qui s’appuie sur les vendeurs en ligne existants, et par

conséquent principalement les hébergeurs (prestataires touristiques les plus réservables en

ligne). Pour les autres prestataires, de loisirs, par exemple, il est possible, techniquement,

d’accéder à leurs billetteries, à la condition qu’elles soient en ligne, comme c’est le cas des

billetteries de type FNAC ou Ticketnet.

Il est également possible d’agréger une offre touristique et de loisirs non réservable en ligne.

Pour cette offre, l’internaute a accès à des « fiches » avec des informations descriptives sur les

hébergements, sites, activités. S’il veut réserver, il devra entrer en contact directement avec le

prestataire par email ou téléphone. Toutes ces informations peuvent provenir d’un SIT (Système

d’Information Touristique) comme SITRA, le Système d’Information Touristique de Rhône-Alpes.

Finalement, l’intérêt de l’agrégateur est d’amener l’internaute, via sa recherche

d’informations touristiques, à réserver : les informations touristiques sont présentes au même

endroit que la possibilité de réserver. C’est ce que l’on appelle l’inforéservation. Cet outil cible

les touristes en quête d’informations. Son but est essentiellement la promotion d’une offre

touristique exhaustive.

Page 55: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

55

Rhône-Alpes Tourisme a récemment mis en ligne un moteur de recherche de type

agrégateur, dénommé Hexatourisme, permettant aux internautes d’accéder à l’exhaustivité de

l’offre touristique de la région26. Initié au premier trimestre 2011, le projet portait au départ le

nom de code Newco et a compté parmi ses actionnaires Atout France, Voyages SNCF et la Caisse

des dépôts. L’outil a été mis en place sur le site Internet d’Atout France et sur celui de Rhône-

Alpes Tourisme parallèlement. « Le but de cet agrégateur, pour Atout France et Rhône-Alpes

Tourisme, est de faciliter l’accès à l’offre pour l’internaute et de rassembler l’offre touristique de

Rhône-Alpes, qui est très diffuse et très diverse. Le but n’est pas de vendre, mais de faciliter les

recherches et la réservation de l’internaute.»27. Les offres d’hébergements d’Hexatourisme

proviennent actuellement d’Expedia (agence de voyages en ligne), Travelhorizon (tour-

opérateur en ligne spécialisé dans la location de vacances), Reservit (logiciel permettant la

réservation en ligne pour les hôteliers indépendants), Abritel (annuaire de locations de

meublés), Octopode, Ctouvert (logiciel permettant la réservation en ligne pour l‘hôtellerie de

plein-air) et de Sitra pour les autres. Les évènements et les activités proviennent aujourd’hui

principalement de Happytime et également de Sitra.

Hexatourisme agrège donc des informations venant de sites et opérateurs marchands : les

tarifs et disponibilités, que l’on nomme « données chaudes » parce que mises à jour en temps

réel, et des informations venant du Système d’Information Touristique de Rhône-Alpes :

descriptifs, que l’on nomme « données froides » parce que venant d’une base de données. Cette

fusion des données permet le contrôle, l’exhaustivité et l’harmonie des informations présentes

sur le site Internet.

Au total, ce sont environ 20.000 offres d’hébergements et d’activités qui ont été disponibles

lors de la mise en ligne de l’agrégateur. Le projet prévoit d’intégrer à terme de la billetterie

spectacles et évènements sportifs.

Cet outil est plus dirigé en faveur de l’internaute, donc du touriste, ou dans une optique de

promotion du territoire, qu’en faveur des prestataires touristiques. Ce n’est pas un outil

d’accompagnement des prestataires touristiques, il agit peu en faveur du développement

économique et touristique du territoire. A ce jour, il est mieux adapté à des CRT, même si

plusieurs CDT l’ont adopté : le CDT Béarn Pays Basque (logiciel développé en interne), Marne et

Haute-Marne Tourisme (Logiciel Dest’Résa, société Infotour) et le CDT du Lot et Garonne

(logiciel B2F Hub, société B2F Concept).

26

http://reserver.rhonealpes-tourisme.com/mashup/page/index 27

http://pro.rhonealpes-tourisme.com/7464/rhone-alpes-prepare-son-agregateur-de-disponibilites-en-ligne.html,

site consulté le 20 mars 2012

Page 56: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

56

C’est principalement pour cette raison que près d’une cinquantaine de CDT ont adopté un autre

outil de réservation en ligne : la place de marché, afin d’accompagner les prestataires qui ne

sont pas encore dans des réseaux de distribution en ligne.

c. La distribution

Une autre approche de mise en marché consiste à organiser et à structurer l’offre touristique

d‘un territoire, afin qu’elle se commercialise d’elle-même et alimente les sites web

institutionnels. Le CDT joue alors le rôle d’organisateur, de distributeur, et non de promoteur

comme avec l’agrégateur. L’outil utilisé est la « place de marché ». Selon la définition de Rn2D28,

la place de marché est un système de e-distribution de produits touristiques, composé d’un

moteur de recherche multi-critères connecté à des systèmes de production et webplannings.

Les objectifs de la création d’une place de marché pour un CDT sont :

- Favoriser la vente en ligne des prestations touristiques du territoire en se positionnant comme

l’organisateur d’un réseau de mise en marché

- Professionnaliser les prestataires, les rendre autonomes dans leur mise en marché en leur

proposant un outil qui leur permettra d’être compétitif et d’augmenter leurs réservations en

ligne

- Mettre à disposition un outil de gestion et d’affichage des disponibilités pour les autres OLT du

département : Offices de tourisme et autres associations de développement touristiques

(destinations, regroupement d’OT)

L’outil place de marché

La place de marché offre la possibilité à tous les professionnels du tourisme du territoire de

proposer la réservation en ligne de leurs prestations, via leurs webplannings connectés. Les

offres disponibles apparaissent alors sur un moteur de recherche. La place de marché peut

regrouper tous les types de prestataires : hébergeurs, restaurateurs, gérants de sites,

prestataires d’activités de loisirs, transporteurs et proposer n’importe quelle prestation à la

réservation en ligne : nuitée, réservation d’une table, billets d’entrée, location de matériel de

loisirs (par exemple, canoë-kayak, vélo, etc.), location de voiture. Il est également possible de

proposer à la réservation des forfaits (séjours packagés).

28 Rn2D, Référentiel « Les plates-formes d’info-dispo-résa » : De l’aide à la mise en marché à la commercialisation,

Décembre 2011, 22 pages Webplanning : planning de disponibilités en ligne, permettant à l’internaute de réserver

Page 57: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

57

Comme avec l’agrégateur, l’internaute achète sa prestation directement auprès des

vendeurs, le CDT n’est qu’un intermédiaire. La différence avec l’agrégateur repose dans le fait

que celui-ci ne permet que de se connecter à des prestataires qui ont déjà leur propre système

de réservation et sont déjà en ligne, alors qu’à travers la place de marché, le CDT propose un

système de production à faible coût aux prestataires qui n’en sont pas équipés. Le logiciel est

généralement installé par un professionnel du CDT et le prestataire est ensuite formé à

l’utilisation de son webplanning.

La place de marché peut être également reliée aux prestataires déjà réservables en ligne, qui

disposent donc déjà d’un webplanning quelconque, ce qui en fait un outil adaptable à toute

l’offre du territoire. Il est également possible de faire remonter l’offre d’une centrale de

réservation ou d’agences immobilières, si des passerelles de communication ont été créées par

l’éditeur de la place de marché.

Comme pour l’agrégateur, il est possible d’intégrer la place de marché sur plusieurs sites web

d’institutionnels du tourisme du département, en l’adaptant à leur périmètre géographique.

Cependant, ce qui diffère de l’agrégateur, c’est qu’un module de réservation en ligne ou un lien

renvoyant vers le site du CDT peut être intégré au propre site Internet du prestataire adhérent à

la place de marché. Cette modalité est très intéressante, par les sites des prestataires

touristiques sont très souvent consultés lors de la recherche d’informations. Pour la Drôme

Tourisme, qui a mis en œuvre sa place de marché depuis 2003, 60% des réservations sont

effectuées directement sur les sites des prestataires, après consultation du site de l’ADT29.

Une fonctionnalité que l’on trouve dans certains modèles de place de marché, et notamment

dans la solution « Open System » éditée par la société Alliance Réseaux, est la possibilité de

créer des forfaits : séjours ou des bons plans. Si le CDT n’a pas d’immatriculation, les

réservations en ligne sont effectuées directement auprès des prestataires (ils doivent donc être

adhérents à l’outil). Si le CDT possède une immatriculation, il peut donc prendre la réservation

et reverser ensuite le prix de celle-ci aux prestataires.

Cet outil permet donc la mise en marché d’une destination, tout en évitant les contraintes

liées à une centrale de réservation. Mais il permet surtout d’accompagner les prestataires qui ne

seraient pas encore présents en ligne, en leur proposant leur propre outil de gestion des

disponibilités et des réservations. La place de marché offre la possibilité d’être visible en ligne,

Passerelle de communication : connecteur vers un autre système de production / plateforme de réservation, permettant à la place de marché d’accéder à ses données et de les intégrer dans le moteur de recherche 29

Source : Entretien passé avec Sylvie Lopez, chargée de mission commercialisation en ligne et développement de l’offre à La Drôme Tourisme, en avril 2012, à Valence (Drôme)

Page 58: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

58

et surtout d’être distribué via différents canaux : sites web institutionnels, autres sites, sites des

prestataires.

Initialement, ce sont en premier lieu les CDT ne disposant pas d’une centrale de réservation

qui se sont équipés de l’outil place de marché. Puis de nombreuses ADRT/ART ont intégré la

place de marché à leur stratégie commerciale et sont devenues « mixtes » afin de proposer

plusieurs niveaux de services à leurs professionnels du tourisme : une centrale de réservation

et/ou l’intégration à la place de marché. Les modèles mixtes seront présentés plus

particulièrement dans une partie suivante.

Figure 10 : Les CDT ayant mis en place un outil d’aide à la mise en marché en 2010

Source : Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché, Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4

Le volume général d’affaires des places de marché est estimé par le réseau Rn2D à 13 M€, et

le volume moyen est estimé à 280 000€. On convient ici que ces chiffres sont bien des

estimations, car les CDT n’étant que des intermédiaires et le montant total des réservations

allant aux prestataires, il est difficile de calculer exactement le montant des réservations

effectuées via l’outil.

Il n’existe pas de chiffres concernant les retombées des agrégateurs car ces outils sont trop

récents et n’ont pas encore fait l’objet d’une enquête.

Page 59: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

59

d. La vente

Le CDT prend en charge la commercialisation de la destination et endosse le rôle de

vendeur à travers la création d’une centrale de réservation. La centrale fonctionne sur

allottements ou disponibilités en temps réel, le modèle économique étant généralement la

commission sur les ventes. Le CDT a la totale maîtrise de la vente de l’offre de son territoire et

peut créer des assemblages de prestations touristiques : forfaits ou « packages ». Comme vu lors

de la première partie, la centrale peut être intégrée au CDT ou externalisée. La centrale peut

également être en ligne ou non. Toutefois, concernant les produits groupes, la réservation se

fait généralement par email ou téléphone, car ces produits demandent du sur-mesure.

L’objectif de la création d’une centrale de réservation est la promotion commerciale du

territoire. En effet, grâce à la création de packages, à la prospection de nouvelles clientèles, la

centrale fonctionne comme un outil de promotion. Le but recherché n’est pas le profit, nous le

verrons plus tard. Le CDT se positionne comme un apporteur d’affaires aux prestataires

touristiques. Pour créer une centrale de réservation, le CDT étant un vendeur, il faut une

opportunité, par exemple la carence de commercialisation de produits groupes sur le territoire.

Sinon, la centrale de réservation n’est pas légitime, les CDT devant respecter les contraintes de

leur mission de service public.

Ce modèle est le plus ancien et est bien un modèle de commercialisation, et non pas de mise

en marché. C’est le seul mode qui apporte des recettes, de la part la prise de commission sur les

ventes. Toutefois, c’est un modèle qui rencontre aujourd’hui des difficultés.

Ces difficultés viennent tout d’abord des coûts élevés que demande cette opération. Aux

coûts d’édition, de promotion, il faut y ajouter les coûts salariaux. Trois personnes sont au moins

nécessaires au bon fonctionnement d’une centrale de réservation départementale. Il existe

également aujourd’hui une forte concurrence des acteurs privés, en particulier les spécialistes

par filière (Booking, Abritel). Ces sites de réservation en ligne sont mieux référencés dans les

moteurs de recherche. Ils disposent également de plus gros budgets donc de plus grosses

campagnes de communication, et finalement d’une plus grosse visibilité sur le web. Afin de

lutter contre cette concurrence, certaines centrales de réservation demandent l’exclusivité des

réservations pour conserver un avantage concurrentiel. Mais cela est négatif pour la destination,

Allotement : Mise à disposition de lots (hébergement) par le propriétaire à la centrale afin que celle-ci gère tout le

processus de réservation des lots Source : Entretien passé avec Annick Pailleux, responsable de la centrale de réservation de Loire Tourisme, Avril 2012

Page 60: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

60

car aujourd’hui, la distribution multi-canal est nécessaire pour les prestataires afin d’obtenir un

taux de remplissage maximal. Toutefois, les pratiques des centrales de réservation

départementales évoluent et s’orientent également de plus en plus vers de la distribution multi-

canal (marques blanches, partenariats avec distributeurs privés) et offrent de plus en plus de

possibilités aux prestataires touristiques (mini-site, moteur de réservation en marque blanche).

De telles évolutions sont nécessaires afin que ces centrales soient considérées comme des

partenaires du développement commercial et non comme seulement des apporteurs d’affaires,

qui pourraient se révéler moins bénéfiques que d’autres sites Internet à forte audience.

e. Les partenariats avec les opérateurs privés

S’il y a création et vente d’offres packagées via une centrale de réservation, il est donc

nécessaire de multiplier les canaux de distribution. Dans cette optique, certains CDT ont établi

des partenariats avec des distributeurs privés. Nombre de ces partenariats ont d’abord été

négociés par Rn2D, afin de permettre à ses adhérents de bénéficier de tarifs privilégiés. Ces

partenariats rentrent dans ce que l’on appelle les partenariats public / privé. L’objectif est, en

distribuant les produits de la centrale de réservation via plusieurs canaux, d’en augmenter la

visibilité et par conséquent les ventes. Un partenariat commercial avec un opérateur privé de

type agence de voyage permet de bénéficier d’une plus grande force de frappe.

Il existe plusieurs façons de distribuer l’offre touristique via les opérateurs privés. C’est ce

que l’on appelle les opérations B to B (Business to Business) : commercialisation via un autre

professionnel, en opposition aux opérations B to C (Business to Costumer) : commercialisation

en direct.

La première façon de distribuer l’offre est de la promouvoir sur un site Internet éditorial

(c’est-à-dire non marchand). Quand l’internaute consulte l’offre et veut la réserver

(hébergement, séjour), il est renvoyé sur le site Internet ou vers la centrale de réservation de

l’OLT vendeur. C’est un système d’affiliation* : l’OLT (l’affilieur) met en ligne ses offres sur un site

affilié. Cela passe généralement par la location d’espaces. Ces sites Internet peuvent être des

comparateurs (exemple : Kelkoo) ou des sites de vente de voyages en ligne (exemples :

Travelzoo, Graines de voyageurs, 52 week-ends).

* Affiliation : technique marketing permettant à un webmarchand (affilieur) de diffuser son catalogue de produits

sur des sites web affiliés.

Page 61: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

61

La deuxième est la distribution par un opérateur marchand qui vendra le produit et en

retirera une commission. Les opérateurs marchands peuvent être des émetteurs de coffrets-

cadeaux, des agences de voyages, ou des tour-opérateurs. Ainsi, Rn2D a établi des contrats

partenariaux avec Dakotabox, Happytime (éditeurs de coffrets cadeaux) La France du Nord au

Sud et Visit France (tour-opérateurs).

Etablir des partenariats commerciaux avec des opérateurs marchands privés apporte aux

deux acteurs un avantage car :

- les opérateurs marchands ont la compétence technique et commerciale pour vendre des

produits touristiques

- les organismes territoriaux ayant une expérience issue des centrales de réservation

traditionnelle ont une capacité à faire remonter une offre qualifiée et à recruter des prestataires

fiables de par leur proximité avec le terrain.

Certains CDT sont allés plus loin dans ces partenariats. On peut, tout d’abord, citer le CDT de

la Vendée, qui a établi un partenariat avec le réseau AFAT, réseau comprenant près de 600

agences de voyages en France. Le CDT Vendée propose sur son site Internet un espace en ligne

de réservation et d'achat de produits touristiques pour les agences qui le souhaitent. Cet espace

permet aux agences de réserver en quelques clics, à partir d'un code sur la brochure, ou de

commander en ligne un stock de brochures. De plus, une demande de devis est possible

directement en ligne pour l'agent de voyage qui souhaite vendre un séjour hors du cadre des

formules proposées.

Manche Tourisme est probablement le cas le plus abouti concernant les partenariats public

/privé. Manche tourisme commercialise des produits pour groupes adultes et scolaires

(packages), des produits pour les individuels (packages), de l’hébergement sec (principalement

de la location de meublés touristiques Gîtes de France et Clévacances) et des prestations sèches

(guidages). Les produits sont vendus soit en B to C (à travers la centrale de réservation, les sites

marchands dont un mini-site dépendant du site Internet de SNCF-Voyages), soit en B to B.

Manche Tourisme a en effet développé des partenariats avec les autocaristes, les agences de

voyages, les tour-opérateurs et les émetteurs de coffrets-cadeaux, ces derniers étant ses

distributeurs pour la cible individuelle. Concernant la distribution via les agences de voyages,

Manche Tourisme essaie de répondre aux besoins de celles-ci, que ce soit à travers l’édition de

brochures thématiques, la création d’un site professionnel permettant la réservation en ligne

des produits, la création de coffrets cadeaux « Manche », une commission attractive et des

Page 62: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

62

produits « en stock » pour concrétiser les ventes. De même, Manche Tourisme assure

l’animation de ces points de distribution en orchestrant les promotions.

Mais tous les partenariats ne concernent pas que la distribution des produits touristiques. Ils

peuvent aussi être mis en place pour la création des offres. C’est notamment le cas du CDT du

Tarn, qui a créé des séjours packagés avec la CCI, la compagnie Airlinair, et l’agence de voyages

Selectour, Tarn Voyages. Ces séjours sont vendus par les agences de voyages.

Quant à Auvergne Tourisme, centrale de réservation issue de l’agence de réservation Puy-de-

Dôme Tourisme, son capital est possédé à 40% par le tour-opérateur La France du Nord au Sud.

Auvergne Tourisme a été la première structure de commercialisation régionale à être détenue à

la fois par des fonds publics et des capitaux privés. Ce partenariat permet une mutualisation des

moyens et des savoir-faire. Ainsi, La France du Nord au Sud apporte son expertise de

commercialisation et de promotion sur Internet de la destination France, qui complète celle

d’Auvergne Tourisme concernant le marché régional et de ses acteurs touristiques.

f. Les modèles mixtes

L’évolution des technologies et les efforts des éditeurs de solutions informatiques pour

s’adapter aux besoins des institutionnels du tourisme font que des outils de plus en plus

complexes voient le jour. Ainsi les différents modes et outils vus précédemment peuvent

s’utiliser simultanément. La stratégie d’un CDT peut ainsi être mixte. Par exemple :

- L’outil « agrégateur » peut être couplé à une centrale de réservation afin de proposer une offre

élargie mais également la production propre de la structure, dont les packages. La centrale

permet d’accompagner les prestataires qui le souhaitent dans leur mise en marché.

- De même, l’outil « place de marché » peut être couplé à une centrale de réservation. Cela

permet de laisser le choix aux prestataires touristiques d’être totalement pris en charge

(centrale) ou d’être libre de leurs réservations. C’est le cas d’Ain Tourisme, qui propose les deux

possibilités à ses prestataires.

- L’outil « place de marché » peut également être relié à un agrégateur. Il est tout à fait possible

qu’un agrégateur rassemble l’offre touristique d’une place de marché. Par exemple,

techniquement, Hexatourisme, l’agrégateur de Rhône-Alpes Tourisme, peut faire remonter dans

son moteur de recherche les systèmes de productions Open System (place de marché de la

Page 63: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

63

société Alliance Réseaux). Si Rhône Tourisme mettait en une place de marché, les prestataires

adhérents pourraient être visibles et réservables en ligne sur le site de Rhône-Alpes Tourisme.

- La place de marché peut être enrichie via la création de passerelle(s) de communication vers

des systèmes de réservation. La place de marché et son offre peut ensuite être mutualisée à

l’échelle d’une région, grâce au système de la marque blanche. C’est le cas de la place de

marché régionale de l’Auvergne.

Figure 11 : Schéma de l’organisation de la place de marché régionale de l’Auvergne

Source : http://www.allier-tourisme.com/dolce-vita/pro/open-system.php, site consulté le 21 mai 2012

Sur ce schéma, on voit que la place de marché rassemble l’offre et les disponibilités des

prestataires indépendants adhérents à l’outil ou intégrés via des passerelles avec les systèmes

de réservation Ctoutvert, ITEA, par exemple. La place de marché est également reliée aux

centrales de réservation régionale et départementales, leur offre et les disponibilités remontent

dans le moteur de recherche. Les offres disponibles apparaissent ensuite sur tous les sites

Internet disposant de l’outil en marque blanche : institutionnels, prestataires et sites partenaires

(filières, labels).

Page 64: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

64

Ces différents modes et outils de commercialisation témoignent de l’éventail des possibles

qui se présente aux CDT. On peut voir que la commercialisation ne se limite plus qu’à la vente de

prestations touristiques, qu’elles soient sèches ou packagées. Aujourd’hui, la tendance est

plutôt à la mise en place d’outils de réservation en ligne, moins coûteux et plus adaptés aux

actuelles pratiques de consommation touristiques. De plus, ces nouveaux outils permettent aux

CDT de n’être que des intermédiaires, et de ne pas prendre part au processus d’achat de vente.

2. Commercialiser pour répondre à certaines problématiques ou ambitions

a. Un contexte de baisse de budget : la recherche de financements, une illusion pour

beaucoup

Comme nous l’avons vu précédemment, un seul mode de commercialisation permet d’en

retirer des recettes, c’est la vente (centrale de réservation mais également cartes et coffrets-

cadeaux). Vu de l’extérieur, commercialiser des prestations touristiques pourrait être un moyen

pour les CDT de diversifier leurs sources de financement. En effet, avec la baisse des fonds

publics, de nouvelles sources de financement sont recherchées, comme à travers la mise en

place de la taxe de séjour par exemple. Cette recherche de nouveaux financements fut à

l’origine de mon étude à Rhône Tourisme.

Bien sûr, si l’on met en place une centrale de réservation, les commissions prises sur les

ventes permettent de ramener des fonds. Mais financièrement, les recettes ne permettent

généralement que d’équilibrer les dépenses. En effet, les commissions vont généralement de 10

à 15%, le reste du chiffre d’affaires est entièrement reversé aux prestataires. La mission de

service public et la concurrence avec des opérateurs privés ne permet pas aux CDT d’opérer des

modes de commissionnement plus élevés. Le bénéfice dégagé ne permet alors que de financer

les outils de réservation en ligne, les actions de promotion et les salaires des employés.

Les centrales de réservation, mis à part certains CDT, comme celui de la Manche par

exemple, qui fonctionne comme une véritable petite entreprise, sont donc largement

subventionnées afin de persister. Tous les CDT et autres OLT que j’ai interrogés se sont tous

entendus sur le fait que la commercialisation ne doit pas avoir comme but d’être rentable.

« Nous ne perdons pas d’argent mais nous n’en gagnons pas ». C’est donc purement dans une

logique de promotion commerciale que doit être envisagée la commercialisation. Certains CDT

sont même allés plus loin dans cette logique de promotion, dont celui du Gard, déjà évoqué. Sa

centrale de réservation ne prend aucune commission sur les ventes. C’est un choix politique de

la part du Conseil Général du Gard qui subventionne à 100% les actions commerciales du CDT.

Page 65: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

65

Ce qui conditionne la souvent faible rentabilité des centrales de réservation

départementales, c’est également le fait que, contrairement aux entreprises privées, les CDT ne

choisissent pas leurs produits vendus en fonction de la demande, mais en fonction de l’offre.

Cela rejoint la deuxième problématique liée à la décision de commercialiser.

b. Des territoires au tourisme souvent diffus : structurer et promouvoir l’offre, tout en

accompagnant les prestataires

La recherche d’une rentabilité financière étant écartée quant à la justification d’une action de

commercialisation par les CDT, les apports se trouvent donc ailleurs. Nous distinguerons ici

commercialisation et mise en marché et n’évoquerons que les apports de la logique de vente,

ceux de la mise en marché ayant déjà été mentionnés précédemment, lors de la présentation

des outils agrégateur et place de marché.

Tout d’abord, les centrales de réservation départementales auraient une vocation

pédagogique : apprendre aux prestataires à monter des produits, en particulier à ceux qui

n’adhérent pas à un réseau commercial ou qui sont situés hors des zones de forte attractivité

touristique30. Mathieu Vadot, consultant marketing et tourisme, dans un article publié dans les

Cahiers Espaces en décembre 2010, justifie également l’intervention publique par : « il faut

reconnaitre que, dans certaines filières, le locatif en particulier, le manque d’autonomie et de

professionnalisme des propriétaires justifie parfaitement l’existence d’un modèle public. »31

Parallèlement à la professionnalisation des prestataires touristiques, la commercialisation

permet également la structuration de l’offre touristique diffuse en milieu rural. Les centrales de

réservation ont parfois été considérées par les politiques locales comme la suite logique des

autres actions engagées en faveur du tourisme diffus, à savoir la labellisation des hébergements

Gîtes de France et Clévacances pour les hébergements locatifs et Logis de France pour

l’hôtellerie. Ces labellisations permettaient et permettent toujours de qualifier et structurer

cette offre, par la mise en place de critères et un suivi. L’accompagnement des CDT, qui va

parfois de la subvention d’investissement, de la labellisation, à l’adhésion à une centrale a

largement contribué à organiser et à professionnaliser l’offre diffuse.

30

VICTOR François, Cabinet Kanopée, La commercialisation des produits et des destinations touristiques, en quoi

Internet change-t-il la donne ?. Etude réalisée à la demande de la Direction du Tourisme, Ministère du Tourisme, Avril 2007 31

VADOT Mathieu, Commercialisation en ligne, quel rôle pour les institutionnels ?, Cahiers Espaces, Décembre 2010, n°107, pages 106-109

Page 66: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

66

Les centrales permettent également la promotion de cette offre. A travers la conception de

packages, il est possible de mettre en avant des thématiques valorisantes pur l’image du

territoire. On est ici dans une logique de promotion commerciale, mais également de

structuration de l’offre touristique.

La justification de la création de centrales de réservation a également beaucoup répondu à la

mission d’intérêt général des CDT, suite à une carence de l’offre réceptive privée. Auparavant,

c’est-à-dire avant l’arrivée des sites Internet de réservation en ligne, ou même la possibilité de

créer facilement son propre site, il n’y avait pas pour les prestataires locaux d’autres moyens de

se vendre que le recours aux SLA. La carence de l’offre privée a longtemps été une réalité pour

une grande majorité de prestataires, puisque les agences réceptives ne s’intéressaient qu’aux

prestations rentables et que les centrales de réservation distribuaient surtout les hôtels de

chaîne ou indépendants situés en ville.

Cette carence de commercialisation de la part des agences réceptives persiste encore dans

certains territoires. Le Rhône est un bon exemple de ce délaissement des agences réceptives

d’une partie du département et de ses prestataires touristiques. En effet, les agences réceptives

du Rhône ne proposent dans leurs brochures d’appel que la visite de Lyon et du Beaujolais. Le

Lyonnais, pourtant territoire occupant une grande partie du Rhône est complètement délaissé

par celles-ci « parce qu’il n’y a pas de demande. Nous ne commercialisons que ce que les

touristes demandent »32. Ainsi, le Lyonnais est parfois demandé, alors les agences réceptives

conçoivent des prestations sur mesure à ce moment-là, mais elles ne mettent pas en valeur

cette partie du département dans leur communication. La raison est le manque de notoriété du

Lyonnais, son manque de sites touristiques. C’est un territoire rural, au tourisme diffus. Situé

aux abords de Lyon, il dispose pourtant de certains atouts touristiques : terroir, vignobles,

villages pittoresques. Dans ce cas-là, la commercialisation par les institutionnels est pleinement

justifiée.

Professionnaliser les acteurs, qualifier, structurer, puis promouvoir une offre diffuse : c’est

finalement là que prend toute la dimension de mission de service public des CDT et que leur

action commerciale est légitimée.

32

Entretien téléphonique passé avec Fontana Tourisme, agence réceptive basée à Brignais et Neuville-sur-Saône (Rhône), en juin 2012

Page 67: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

67

3. Des succès différents selon les CDT

a. Comment expliquer de telles différences de volume d’affaires entre les CDT ?

Cette différence de volume d’affaires s’explique tout d’abord par l’offre vendue. Bien sûr, les

destinations les plus renommées auront un avantage sur les autres. Par exemple, le CDT Seine et

Marne figure dans le top 5 des CDT réalisant le plus gros volume d’affaires. Il n’y a pas de

surprise à cela, quand on considère que la centrale de réservation vend des séjours à

Disneyland, premier parc d’attraction en Europe.

L’une des clés de la réussite financière d’une centrale de réservation est également son

stock. Or, la prestation la plus vendue par les CDT est l’hébergement sec (66% des ventes en

2010), et plus particulièrement les meublés touristiques.

Figure 12 : Répartition du volume d’affaires des CDT en 2010

Source : Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché, Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4

Il s’avère que les centrales de réservation départementales commercialisant les Gîtes de

France réalisent un volume d’affaires plus conséquent. Avec en moyenne 200 meublés à la

location par centrale départementale et un volume d’affaire moyen de 1,08M€, contre

seulement 48 lots pour les Clévacances et 137 000€ de volume d’affaires en moyenne33, on voit

bien toute l’importance de ce stock. Or, afin de commercialiser les Gîtes de France, un CDT doit

demander un agrément à l’association Gîtes de France, celui-ci n’étant pas toujours accordé.

33 Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché, Repères

Rn2D, Septembre 2011, n°4

Page 68: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

68

Outre le stock, la qualité de l’offre est également une donnée essentielle. Vendre une offre

structurée, de qualité, apparait comme l’eux des pré-requis de la commercialisation. Ainsi, le

CDT de la Touraine, outre d’être une destination phare de France grâce aux Châteaux de la Loire,

est l’un des CDT réalisant le plus gros volume d’affaires en 2010. Or, ce CDT développe de

nombres actions de qualification de son offre, mais aussi de son organisation. En effet, le CDT

encourage les sites de son département à obtenir le label Qualité Tourisme, à travers

l’animation du dispositif territorial, déléguée par le ministère du Tourisme. Le CDT a également

l’objectif d’obtenir la norme ISO pour son organisation.

De même, les moyens commerciaux déployés sont primordiaux pour la réussite d’une

centrale de réservation, ici évaluée en termes de volume d’affaires et de rentabilité

économique. Nous citerons encore une fois l’exemple de Manche Tourisme, dont la forte

logique commerciale influe fortement son organisation et l’attribution de son budget. Tout

d’abord, à Manche Tourisme, toute l’organisation ou presque est dédiée au développement de

l’offre, sa promotion et sa vente. L’organigramme comporte un pôle développement des

produits, un pôle développement des marchés, un pôle supports de communication et un autre

pôle fonctions supports. Sur les 60 employés du CDT, le pôle développement des marchés

emploie une vingtaine de personnes, dont des chargés de réservation, des forfaitistes et des

commerciaux afin de prospecter les agences de voyages, les comités d’entreprises, les

associations, etc. Outre cette organisation, les nombreux partenariats commerciaux présentés

précédemment, Manche Tourisme alloue un budget conséquent à la communication, et

notamment en ligne. Celle-ci s’élève environ à un million d’euros34. Selon Pierre-Antoine Huet-

Dufour, responsable du pôle supports de communication de Manche Tourisme, le plus

important lors d’une démarche de commercialisation et qui détermine son succès financier,

c’est la logique marketing mise en œuvre et la campagne de communication en découlant.

Mais la hauteur des moyens alloués à cette démarche dépend tout d’abord d’une volonté

politique plus ou moins forte. Pour Manche Tourisme, c’était bien tout d’abord une volonté

politique, et une carence de structures privés et institutionnelles commercialisant des

prestations touristiques, qui a déterminé son orientation très « commerciale ».

Généralement, les moyens commerciaux déployés vers le marché grand public sont

insuffisants et les démarches BtoB ne donnent pas les résultats escomptés, parce que les stocks

disponibles sont trop faibles et que l’organisation et la communication du CDT ne sont pas assez

34

Source : Entretien téléphonique en juin 2012 avec M. Pierre-Antoine Huet-Dufour, responsable du pôle Supports de communication à Manche Tourisme

Page 69: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

69

effectives. On notera quand même les efforts de Rn2D afin de développer les partenariats avec

des distributeurs et tour-opérateurs, et les efforts de mutualisation des moyens de

communication avec le club Destination Groupe : brochure, actions de promotions communes,

présence à des workshops, etc. D’ailleurs, le volume d’affaires des produits groupes, nous

l’avons vu, est en hausse générale depuis 2009.

b. Préalables à la commercialisation

La connaissance de l’offre touristique du territoire et de la maturité de ses prestataires

La commercialisation repose avant tout sur l’offre touristique et ses prestataires. Cette offre

doit être structurée, mature et de qualité. La structuration et la qualification passe notamment

par les labels et les réseaux de qualité. L’offre que l’on voudrait commercialiser doit également

être fiable : on peut s’appuyer sur des prestataires professionnels qui accueilleront bien le client.

Et elle doit également être mobilisable, disponible.

La connaissance de l’offre du territoire et de ses caractéristiques est très importante. On

peut prendre ici l’exemple du Rhône, et plus précisément du territoire touristique du Lyonnais,

Monts et Coteaux. Les offices de tourisme de ce territoire avaient pour objectif, avant la

réalisation de mon étude, de commercialiser des journées forfaitées pour les groupes. Ces

journées se présentaient souvent sous le même programme : visite guidée d’un site ou musée le

matin, repas, et autre visite guidée ou atelier l’après-midi. Toutefois, lors de mes visites de

terrain, j’ai pu visiter les sites figurant dans ces suggestions de journées. Certains freins à la

commercialisation me sont alors apparus : contraintes d’espace pour l’accueil d’un groupe, offre

muséographique désuète, mais surtout le fait que la plupart des sites étaient gérés par des

bénévoles d’un certain âge. Leurs qualités d’accueil ne peuvent être remises en compte bien sûr,

mais plutôt leur disponibilité. En effet, la question posée était : seraient-ils prêts à être

disponible n’importe quand et à recevoir beaucoup plus de groupes? Il faut aussi noter que la

plupart des sites et musées n’étaient ouverts que très rarement dans l’année, suite à cette

gestion bénévole (parfois jusqu’à une après-midi par mois). La maturité professionnelle des

prestataires est donc une donnée primordiale avant toute commercialisation.

Justifier d’une offre mature et de qualité est nécessaire, mais la capacité à recruter à

référencer les prestataires est également primordiale. L’offre doit être également d’une certaine

ampleur, afin que le stock justifie l’opération.

Page 70: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

70

De plus, aujourd’hui, grâce à Internet, les CDT ont le choix entre une solution de

commercialisation ou de mise en marché. Toutefois, il semble évident que, quelque soit le

modèle choisi, celui-ci devra proposer un outil de réservation en ligne.

Afin de choisir quel modèle est le plus adapté à son territoire, il faut donc bien connaître son

offre, mais aussi sa représentativité dans les différents systèmes de

commercialisation traditionnels : agences réceptives et en ligne : systèmes de commercialisation

individuels, centrales de réservation, distributeurs. Le modèle choisi ne doit pas s’ajouter à

l’existant, mais plus le compléter et l’enrichir. En effet, il serait inutile de vouloir lutter contre

des opérateurs privés commercialisant déjà le territoire et ses prestataires.

Un choix à faire entre maîtrise de la commercialisation et étendue de l’offre

Le choix repose également entre maîtrise de la commercialisation et étendue de l’offre. Ainsi,

la centrale de réservation avec partenariats privés ou non, l’agrégateur, la place de marché, ne

proposent pas le même degré de maîtrise de la commercialisation. L’agrégateur, par exemple,

ne permet de pas de « filtrer » son offre et la dépendance aux partenaires sur lesquels il

s’appuie est grande : il n’y a pas de contrôle de qualité, de professionnalisme des prestataires. Il

ne permet pas non plus d’apporter de la valeur ajoutée à la prestation, par exemple en créant

des offres de séjours à thème. Le processus de réservation est également laissé au prestataire,

qui le gère directement. Cela ne permet pas de relever des données sur la clientèle, données qui

pourraient orienter une stratégie marketing. La maîtrise de l’offre commercialisée ne peut se

réaliser que via deux modes : la centrale de commercialisation et la place de marché.

L’autre donnée à considérer est l’étendue de l’offre, son stock. Une grande offre de produits

correspond à la demande actuelle. En effet, les internautes privilégient, sur les sites

d’information touristique l’étendu du contenu, la mise à jour en temps réel des informations, et

la possibilité de réserver en ligne.

La stratégie du CDT

Avant toute commercialisation, il est nécessaire d’avoir une stratégie car, quelque soit le

mode de commercialisation ou de mise en marché choisi, il faut savoir que celui-ci impactera

forcément le fonctionnement et l’organisation de la structure. Ces changements doivent être

prévus. Le personnel doit être adapté, soit avec des formations, soit par l’embauche de profils

commerciaux, marketing, e-marketing, etc. Une réorganisation et un changement de

management sont parfois inévitables chez les institutionnels.

Page 71: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

71

Les coûts supplémentaires induits sont également à prévoir : ils concernent les ressources

humaines, les coûts des moyens techniques (un logiciel de réservation en ligne est essentiel), et

les coûts de promotion. La stratégie de promotion doit être pensée avant de se lancer dans la

commercialisation. Outre la stratégie, il faut mettre les moyens : travail de sourcing, générer du

trafic, générer des transactions, gérer la relation client.

Finalement, la commercialisation doit être intégrée en amont à toute la stratégie du CDT.

Selon Philippe Fabry, chargé de mission e-tourisme à Atout France et auteur de l’article : « Un

enjeu majeur du e-tourisme institutionnel est la commercialisation »35, « La mise en place d’un

cadre stratégique et opérationnel est essentielle. La démarche de commercialisation doit être

intégrée au schéma de développement touristique […]. Le rôle de l’organisme institutionnel du

tourisme est au cœur de la réflexion stratégique. »

La mise en place d’une opération de commercialisation ou de mise en marché n’est donc pas

une démarche anodine. Le choix du modèle doit être fait suite à un réel questionnement et une

connaissance du contexte touristique général et local. Il doit également être fait selon le rôle

que veut jouer l’OLT, et notamment le CDT. Plus particulièrement, le rôle endossé par le CDT est

important, de par ses missions d’accompagnement des prestataires touristiques. Contrairement

à un office de tourisme, dont la mission sera plutôt l’accueil et la promotion, il existe certains

enjeux que les CDT ne doivent pas perdre de vue.

.

Sourcing : expression anglo-saxonne utilisée pour désigner l’action de recherche, localisation et évaluation d’un fournisseur 35

FABRY Philippe, Un enjeu majeur de l’e-tourisme institutionnel est la commercialisation, Espaces n° 279, Mars 2010, pages 40-41

Page 72: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

72

C. Quelle est la pertinence de la mission de commercialisation pour les CDT ?

1. Réflexions sur le rôle des institutionnels et plus particulièrement des CDT

Lors de mon étude, j’ai parfois entendu dire que la commercialisation / mise en marché par

les institutionnels était vaine car la plupart des réservations se faisaient maintenant sur les sites

majeurs de réservation en ligne d’hébergement : Booking pour les hôtels, Abritel pour les

meublés par exemple, et qu’il ne servait à rien de vouloir concurrencer ces sites. Ce serait

également du ressort des prestataires eux-mêmes de se mettre en marché, les institutionnels ne

pouvant le faire à leur place. Finalement, le rôle des OLT ne serait que de qualifier l’offre. Quelle

est alors la place des CDT dans la commercialisation ou la mise en marché des territoires? Cette

mission est-elle inappropriée ?

Tout d’abord, il faut savoir qu’il reste encore beaucoup d'hébergements non distribués en

ligne. Et, qu’à part l'hôtellerie, tout un pan de l'offre touristique et de loisirs n'est pas vendue,

notamment les activités ou visites sur le lieu de séjour. Selon Mathieu Vadot, consultant en

marketing et tourisme, en 2010, on ne trouverait que 30 à 40% de l’offre réservable en ligne

dans certains territoires36. On voit mal comment, en 2012, l’offre touristique serait totalement

réservable en ligne.

Nous l’avons évoqué précédemment, des différences existent parmi les filières touristiques,

concernant leur présence en ligne. Seuls les hôtels bénéficient d’une présence conséquente en

ligne et de plusieurs canaux de distribution permettant la réservation de leurs chambres. Quant

aux campings, meublés, gîtes et prestataires de loisirs ne disposent pas tous d’un logiciel de

gestion des réservations en ligne. Ils ne font également pas partie de réseaux de distribution. La

réservation en ligne, ou tout du moins, la présence en ligne est aujourd’hui primordiale, à

l’heure où 82% des Français ont déclaré préparer leurs vacances sur Internet. En prenant part à

la commercialisation, à la mise en marché, les OLT, et notamment les CDT, peuvent aider les

prestataires à être plus compétitifs.

Il reste encore une large marge de manœuvre pour rendre tous les prestataires touristiques

et de loisirs égaux dans leur mise en marché. Le rôle des CDT se trouve alors ici, accompagner

ses prestataires sur cette thématique, comme ils les accompagnent sur d’autres: le handicap, le

36

VADOT Mathieu, Commercialisation en ligne, Quel rôle pour les institutionnels ?. Cahier Espaces, Décembre 2010,

n°107, pages 106 -111

Page 73: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

73

classement, les démarches qualité, par exemple. Plus que n’importe quel échelon, de par leur

proximité avec le terrain et leurs autres actions de coordination et structuration de l’offre

touristiques, les CDT sont pertinents dans une mission de commercialisation ou de mise en

marché. Finalement, on peut considérer que la commercialisation / mise en marché par les CDT

entre dans un objectif plus large de développement économique du territoire. Si l’on en revient

à la compétence tourisme, celle-ci est bien assurée par les collectivités locales et leurs

organismes locaux de tourisme dans ce but-là.

2. Avenir et positionnement des CDT dans le cadre de la réforme territoriale

Cependant, on peut se questionner sur l’avenir des CDT et la pertinence de cette mission de

commercialisation / mise en marché dans un contexte de réforme territoriale.

Entérinée par la loi du 16 décembre 2010, la réforme territoriale prévoit à l’échéance 2014,

de supprimer les conseillers généraux et les conseillers régionaux afin de n’avoir que des

conseillers territoriaux et ainsi, éviter certains doublons. Les départements et les régions ne

seront pas supprimés, mais le conseiller territorial siègera au Conseil régional et au Conseil

général de son département d’élection. La création du conseiller territorial a pour objectif de

favoriser une meilleure articulation entre l’action des départements et celle des régions,

respectant leurs compétences et leurs spécificités : la proximité pour le département, la vision

stratégique d’avenir pour la région. Les communes auront la compétence générale (capacité

d'initiative d’une collectivité territoriale dans un domaine de compétences au-delà de ceux qui

lui sont attribués de plein droit37), et les départements et régions, des compétences spécialisées,

attribuées par la loi. Cependant, le tourisme, la culture et le sport resteront des compétences

partagées entre tous les échelons territoriaux. De même, ces secteurs, contrairement aux

autres, pourront toujours bénéficier de financements croisés entre région et département

concernant les subventions de fonctionnement.

Ainsi, la compétence tourisme reste de la compétence des départements. Pour rappel,

l’article L111-1, adopté en 2006, stipule que : « L'Etat, les régions, les départements et les

communes sont compétents dans le domaine du tourisme et exercent ces compétences en

coopération et de façon coordonnée. ». La raison de cette liberté d’organisation est que le

tourisme est une filière transversale, qui nécessite d’intervenir simultanément sur plusieurs

secteurs : transport, formation, aide aux entreprises, urbanisme, sport, etc. qui relèvent de la

compétence de collectivités territoriales différentes. Ce secteur nécessite de la souplesse quant

37

Wikipedia, Réforme des collectivités territoriales françaises : http://fr.wikipedia.org/wiki/

Page 74: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

74

à la coopération de ces dernières, en ce qui concerne les actions d’aménagement, de

financement, de développement. En effet, chaque collectivité territoriale participe au

développement touristique local, en fonction de ses compétences et de ses ressources.

Toutefois, les CDT restent dans une situation précaire quant à leur avenir. En effet, la

réforme prévoit, après l’élection des conseillers territoriaux, l’élaboration d’un schéma

d’organisation des compétences et des services entre la région et le département. Ce schéma,

élaboré par le président du conseil régional et le président des conseils généraux permettra

d’identifier les niveaux d’intervention les plus pertinents dans plusieurs domaines identifiés par

la loi : le développement économique, la formation professionnelle, la construction,

l’équipement et l’entretien des collèges et des lycées, le transport, les infrastructures, les

réseaux, etc. L’objectif de ces schémas est de prévoir des mutualisations de service et des

délégations de compétence de la région aux départements ou de ceux-ci à celle-là. Il organisera

également les interventions financières de chaque niveau.

De plus, selon la loi du 16 décembre 2010, les départements et les régions pourront

fusionner, ainsi que plusieurs départements entre eux, à la demande des conseils généraux

et/ou régionaux concernés, sous contrainte de l’approbation par référendum de la population

locale et de la décision finale de l’Etat.

Ainsi, juridiquement, le tourisme reste une compétence partagée, mais dont l’organisation

sera probablement soumise à des changements. Ces changements pourront impacter l’existence

même des CDT, ou seulement leurs missions, leurs compétences. Selon Jean-Luc Boulin,

directeur de la MOPA (Mission des Offices de tourisme et des Pays touristiques d’Aquitaine),

cela n’est pas un mal car il existe un véritable dysfonctionnement dans l’organisation du

tourisme en France. C’est ce qu’il souligne dans son article publié en février 2011 dans la revue

Espaces consacrée aux élus et à leurs territoires38. Dans cet article, où il qualifie l’organisation

institutionnelle du tourisme de mille-feuille touristique, dû à la superposition des niveaux de

compétences, le directeur dénonce l’enchevêtrement des structures chargées de la promotion

et du développement touristique des territoires.

Après la réforme territoriale, la commune (ou plutôt l’intercommunalité), le département et

la région seront toujours compétents dans la promotion, l’observation ou la qualification de

l’offre. Si rien ne change, la difficulté de lisibilité pour les prestataires persistera. Les prestataires

ne savent parfois pas à qui s’adresser parmi les échelons territoriaux et leurs OLT

38

BOULIN Jean-Luc, Le mille-feuille touristique, c’est pas du gâteau !. Espaces, février 2011, n°289, pages 8-10

Page 75: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

75

correspondants. Jean-Luc Boulin dénonce également, dans son article, « l’inadaptation des

actions publiques aux enjeux du tourisme ». Le mille-feuille du tourisme local disperse les

énergies et les moyens. L’offre touristique doit être mieux organisée afin d’être plus attractive et

lisible, le personnel formé et spécialisé pour être adapté au contexte actuel.

De plus, ce mille-feuille induit un nombre trop élevé de structures alors que les budgets

baissent. Malheureusement, c’est le budget « actions » qui diminue et non la masse salariale.

Cela porte également atteinte au dynamisme du tourisme en France.

Entre répétition des missions et baisse des financements publics, on peut se demander s’il ne

faudrait pas redéfinir les missions des CDT. Certes, on ne peut remettre en cause leur

propension à structurer, qualifier l’offre et professionnaliser les prestataires. Cependant, quelle

est leur légitimité dans la promotion, et par conséquent, dans la commercialisation d’un

territoire? Sont-ils les mieux placés pour « vendre un territoire »? Le succès de toute vente

repose sur une stratégie marketing établie, pensée en amont. Or, ce que les départements

veulent vendre, c’est une destination de séjour. Mais tous les départements sont-ils considérés

comme des destinations par le public ?

Nous pouvons ici reprendre le cas du Rhône et de l’étude que j’ai mené pour Rhône

Tourisme. Le CDT se questionne sur la faisabilité, notamment financière, d’une opération de

commercialisation. Mais une autre problématique est apparue essentielle lors de ma réflexion :

la notoriété touristique du Rhône. Le Rhône n’est pas considéré comme une destination

touristique. Son image n’est pas évocatrice, ou alors renvoie au fleuve. Il n’y également aucune

campagne de communication commune autour du « Rhône » entre tous les acteurs locaux du

tourisme rhodaniens. Le Rhône n’est pas une destination, il est seulement la somme de ses

entités touristiques : Lyon, le Beaujolais, le Lyonnais et le Pilat Rhodanien. Ce constat est, par

ailleurs, probablement à l’origine du changement de stratégie marketing et le repositionnement

de Rhône Tourisme sur la cible locale.

Pour la commercialisation, le manque de notoriété touristique du département du Rhône

pose un problème. En effet, comment vendre un séjour dans une destination inconnue et

surtout non évocatrice d’image ? De nombreuses questions se posent alors quant à la solution à

apporter si la commercialisation est décidée par Rhône Tourisme et le Conseil Général.

Cette question de la notoriété touristique, de l’imaginaire des touristes est essentielle. Elle

doit être prise en compte lors d’opérations de promotion ou de commercialisation. Alors

comment faire quand le territoire de production / territoire administratif n’est pas considéré

Page 76: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

76

comme une destination ? Cette problématique est inhérente au secteur institutionnel du

tourisme en France, comme le souligne Jean-Luc Boulin : « Il est une vérité qu’il faut sans cesse

rappeler aux élus : le territoire administratif, défini par le périmètre de la communauté de

communes, du pays ou du département, n’est pas souvent celui de la destination touristique.

On ne cessera donc de le marteler : un territoire de projet n’est pas forcément un territoire de

destination ! »

Certains institutionnels ont bien compris la différence et se sont adaptés, réorganisés. C’est

ce que nous allons voir dans la partie suivante.

3. Vers une restructuration de la cartographie touristique en France ?

Face à ces problématiques de notoriété touristique rencontrées par les OLT, qui s’ajoutent à

celles de la réforme territoriale et de la baisse des financements publics, on peut s’interroger sur

la bonne organisation du tourisme en France. Cette question n’est pas nouvelle, Rn2D avait déjà

publié en 2002, dans son « Livre blanc : Tourisme et territoires » des propositions pour renforcer

l’efficacité du tourisme en France à travers son organisation institutionnelle :

« Notre réseau considère depuis longtemps qu’il faut différencier « territoire de développement

ou de production », d’une part, et « territoire de communication », d’autre part. Le « territoire de

production » est celui sur lequel les organismes institutionnels élaborent, animent et développent

des stratégies touristiques, sous le contrôle et avec l’aide financière des collectivités territoriales.

Le « territoire de communication » est un espace organisé et lisible pour le client et le

consommateur : c’est la destination touristique. L’un ne s’oppose pas à l’autre. Ils peuvent

recouvrir le même territoire, mais aussi des territoires différents. » explique Véronique Brizon,

directrice de Rn2D39.

Depuis plusieurs années, de multiples projets de coopération concernant la promotion et la

mise en marché ont vu le jour entre institutionnels du tourisme. Ces collaborations sont

également parfois transversales et concernent d’autres actions : observation, qualité,

information et gestion des bases de données, entre CRT, CDT et OTSI. Les objectifs sont

généralement d’être pertinent en termes de communication touristique, mutualiser les moyens

et éviter les doublons.

39

BRIZON Véronique, Quel échelon territorial pour quelles marques de destination ?, Vers de nouvelles intelligences

territoriales, revue Espaces, Mai 2012 ? n°303, pages 8-12

Page 77: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

77

De même, certains CDT, CRT et OTSI ont déjà engagé des actions ou au moins des réflexions

en vue de la réforme territoriale, pour réduire leurs coûts, se coordonner et développer et

promouvoir le territoire plus efficacement. Par exemple, chaque mois, les directeurs des CDT de

Rhône-Alpes et le CRT se rencontrent afin d’élaborer une redistribution des missions et une

coopération en vue de la réforme territoriale.

Le CDT des Deux-Sèvres : la répartition des missions entre échelons territoriaux

Certains ont déjà sauté le pas et choisi d’opérer une clarification et une nouvelle distribution

des missions en matière de développement, de promotion et d’accueil touristique entre les trois

échelons territoriaux : communautés de communes, départements et régions.

C’est le cas de la région Poitou-Charentes et du CDT des Deux-Sèvres : les missions de chaque

échelon ont été redéfinies et délimitées et un fonctionnement par pôle touristique a été adopté,

laissant la promotion et la commercialisation à la charge des offices de tourisme de pôle. Les

présidents des 6 OT de pôle des Deux-Sèvres, de l’ADT des Deux-Sèvres et du CRT Poitou-

Charentes, après une longue réflexion concertée, ont signé une convention qui établit une

répartition de leurs domaines de compétences et un mode opératoire de collaboration.

Tout d’abord, les domaines qui font l’objet d’actions de la part d’OLT ont été listés, soit :

développer et améliorer l’offre touristique : réalisation et adaptation des infrastructures et des

services ; promouvoir et mettre en marché : rendre visible et attractif un produit ou un service

jusqu’à son achat ; accueillir, informer, animer : tout ce qui contribue, lors et après le séjour, à la

satisfaction du visiteur.

Ensuite, le CRT, le CDT et les OT de pôles ont identifié un chef de file par spécialité :

- Echelon départemental : pilotage des actions de développement et de qualification de l’offre

- Echelon régional : pilotage des actions de promotion et de mise en marché

- Echelon intercommunal : pilotage des actions de satisfaction des visiteurs

Le CDT est apparu comme l’échelon le plus pertinent pour le développement et la

qualification de l’offre : proche du terrain, capable de mobiliser des moyens techniques pour

répondre à des sollicitations diverses et précises. Quant aux offices de tourisme, ils déploient les

services facilitant le séjour des visiteurs. Parmi ces services, ils produisent et prennent la

réservation des séjours. Ce sont eux qui sont chargés de la commercialisation du territoire.

Concrètement, ce qui différencie l’organisation du tourisme dans la région Poitou-

Charentes, ce n’est pas tant la répartition des missions entre échelons, mais la définition

Page 78: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

78

concrète des missions de chacun. Chacun échelon a sa « spécialité », ce qui n’empêche pas le

CRT de proposer des formations, ni les CDT de promouvoir les territoires en direction de la

presse, lors de salons, ou sur Internet. Un autre point fort de la région Poitou-Charentes, c’est

la concertation et la volonté commune de s’accorder sur les actions.

La création d’une destination et les actions communes de communication

Certains CDT ont, quant à eux, choisi la création d’une marque et d’une destination qui

dépasse leurs frontières administratives.

L’expérience la plus aboutie est celle de Savoie Mont Blanc Tourisme. Après un

rapprochement initié par les deux conseils généraux de la Savoie et de la Haute-Savoie, et une

première appellation « Savoie Haute-Savoie », la marque collective Savoie Mont Blanc a été

créée en 2004. En 2005, les fonctions promotion, marketing, communication, relations médias,

observation, mise en réseau de l’information touristique et distribution de l’offre, des deux CDT

ont fusionné. Une entité juridique distincte, Savoie Mont Blanc Tourisme a été créée, ayant pour

but de mener l’ensemble des actions de promotion, de marketing et de commercialisation de la

destination. Seules les actions de développement touristique sont restées du domaine des deux

CDT et des conseils généraux.

L’exemple de Savoie Mont Blanc Tourisme est particulier car la Savoie est un territoire qui

jouit d’une grande attractivité touristique, et d’une histoire commune entre les deux

départements, ce qui explique ce positionnement.

On peut également citer la démarche de collaboration entreprise par les CRT Franche-Comté

et Rhône-Alpes, et les CDT de l’Ain, du Jura et du Doubs, démarche soutenue par le

Commissariat du Massif du Jura, qui a abouti à la création de la destination Montagnes du Jura

en 2002. Les cinq structures ont mutualisé leurs actions de communication sous une même

destination, afin d’atteindre une taille critique et d’être mieux identifiés par les clients parmi les

autres destinations touristiques. Aujourd’hui, sous la marque Montagnes du Jura, sont réunis

des moyens autrefois dispersés (CDT, CRT, partenaires et stations, prestataires). Le but est de

« faire à plusieurs ce que l’on ne peut pas faire seul »40. Les actions de communication-

commercialisation de la destination sont animées et coordonnées par un collectif composé de

deux comités, stratégique et opérationnel. Concernant la commercialisation de la destination,

40

CHOPARD Jean-Pascal, Le Jura : un département, un massif, deux marques, Revue Espaces, Mai 2012, n°303, pages

37-38

Page 79: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

79

un site Internet « Montagnes du Jura » a été créé afin de promouvoir la destination. Les offres

présentes et réservables sur le site, ont été restructurées afin de mettre en valeur la destination

en fonction des cibles choisies. Elles sont toujours vendues par les centrales de réservation

départementales. Cependant, un seul call-center au nom de « Montagnes du Jura » a été mis en

place.

A l’échelle départementale, on peut également citer l’initiative des CDT de l’Indre et du Cher,

qui ont créé la marque « Berry » et ne communique plus sur leurs départements mais sur cette

destination. Cette marque a fait l’objet d’une décision, rendue à l’unanimité, des deux

assemblées départementales. Elle donne lieu chaque année à un plan d’actions commun de

communication. Quant à la commercialisation, elle est assurée par seule une structure, Berry le

Cher Réservation.

La promotion commerciale d’une destination commune

Les CDT du Gard et de la Lozère, en collaboration avec la CCI Alès Cévennes, ont quand à eux

crée tout particulièrement un site Internet qui est en fait la vitrine commerciale de la

destination Cévennes. Les Cévennes forment une chaîne montagneuse à cheval sur les

départements de la Lozère et du Gard, prolongeant au sud les monts du Vivarais situés en

Ardèche et en Haute-Loire, et au nord les monts de Lacaune et de l'Espinouse situés en partie

dans le département de l'Hérault. Les Cévennes sont un Parc National, une réserve de biosphère

UNESCO mais sont également inscrites au patrimoine de l’UNESCO, avec les Causses, en tant

que paysage culturel. De par la délimitation géographique de cette destination touchant

plusieurs départements, et ses qualités paysagères, naturelles et culturelles, le projet a pu

bénéficier de l’appui de partenaires divers : CCIs (dont celle de Montpellier par exemple),

Conseils généraux (Gard et Lozère), financements régionaux et européens.

Le site Internet est le fruit d’une collaboration des prestataires touristiques, des offices de

tourisme et des deux CDT. Il permet l’information touristique et la réservation, car il comporte

une place de marché. Son but est de fédérer les professionnels et améliorer la visibilité de la

destination Cévennes sur Internet.

Concrètement, les offices de tourisme sont chargés d’entrer les informations touristiques du

site (présentation du territoire et des villages, mise à jour des évènements). Ce sont également

eux qui répondent aux demandes d’information des internautes. Les disponibilités des offres

touristiques et les réservations sont gérées directement par les prestataires touristiques eux-

mêmes, qui, pour adhérer à la place de marché, doivent s’inscrire auprès d’un organisme

Page 80: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

80

référent : CCI Gard, Lozère, Hérault, Chambre d’agriculture ou des métiers du Gard). La place de

marché fait donc remonter plus d’une centaine de prestataires indépendants mais également

l’offre de centrales de réservation départementales : celles du Gard et de la Lozère, et les Gîtes

de France du Gard. Les disponibilités apparaissent ensuite, en marque blanche, sur les sites des

partenaires : OT, autres sites relatifs aux Cévennes.

La promotion par filières plutôt que par destination

Outre la création de marques de destination, on peut également, lorsqu’un territoire

manque de notoriété touristique en tant que destination, privilégier la promotion par filière.

C’est le cas de la région Centre.

La région Centre et son CRT ont dû faire face au fait que le « Centre » n’était pas une

destination dans l’esprit du public. Le CRT Centre-Val de Loire a alors choisi de valoriser des

« marques socles » de type destinations : Val de Loire, Berry Province, Touraine, ou de type

produits : les Châteaux de la Loire, la Loire à vélo. Une stratégie régionale de gestion partagée

de ces marques touristiques majeures a ensuite été élaborée avec les CDT. Celle-ci s’appuie sur

trois principes principaux :

- Passage d’une marque ombrelle à des marques socles. Les marques constituent des produits

d’appel. Grâce à ces produits d’appel qui attirent les visiteurs, l’offre touristique régionale est

ensuite valorisée. En effet, les internautes sont par exemple redirigés vers d’autres destinations

de la région ou d’autres filières.

- Nouvelle approche de l’organisation : Les marques guident les actions et structurent le

fonctionnement des équipes. Le travail est fait en collaboration avec les CDT : gestion partagée

des actions de structuration et de promotion des marques.

- Nouvelle approche de la promotion : la gestion partagée des sites internet des marques est

partagée. Les actions de promotion bénéficient de financements conjoints.

Quant à la commercialisation, elle est assurée par les CDT du Val de Loire, de la Touraine et du

Cher.

Ces différents exemples montrent qu’il est tout à fait possible d’élaborer une stratégie

cohérente avec l’imaginaire des touristes, pour qui certains départements n’évoquent rien, ou

tout du moins rien de touristique, et finalement de maximiser les facteurs de succès d’une

démarche de commercialisation ou de mise en marché. Une communication adéquate est en

effet primordiale, car les deux opérations sont inextricablement liées. A l’image de Berry

Province et des Cévennes, une destination peut être promue et mise en marché, sans pour cela

Page 81: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

81

suivre forcément les limites administratives d’un territoire. Grâce aux nouvelles technologies,

ces nouvelles façons de mettre en marché un territoire deviennent de plus en plus aisées.

Finalement, ce qui conditionne la réussite d’un tel projet réside dans la coopération des

institutionnels, et surtout, leur volonté de travailler ensemble. Les règles de coopération doivent

être fixées, délimitées dès le départ, afin que chaque partie comprenne ses missions et soit

efficiente dans le projet. Il n’est donc pas nécessaire de créer de nouvelles structures, il faut

plutôt mutualiser les moyens et les stratégies et intervenir dans des espaces cohérents.

On voit bien, à travers ces exemples, que la question de la nécessité et la légitimité des CDT

d’entreprendre des démarches de commercialisation / mise en marché est complexe. Mais

surtout qu’elle est propre à chaque territoire, à son offre et à ses acteurs. Plus largement, les

objectifs de la commercialisation et/ou mise en marchés sont variés, et la solution apportée par

le CDT ne sera pas la même si le but est la promotion, l’accompagnement des prestataires ou la

structuration de l’offre.

Après nous être intéressés à la commercialisation par les CDT d’un point de vue général,

intéressons-nous maintenant au cas du Rhône et à la possible commercialisation de ce territoire

par Rhône Tourisme. Dans la partie suivante, sont présentés les résultats de mon étude.

Page 82: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

82

LE CONTEXTE TOURISTIQUE GENERAL / HABITUDES DE CONSOMMATION

ACTUELLES ET FUTURES

LE CONTEXTE INTERNE A RHONE TOURISME :

- MOYENS FINANCIERS, HUMAINS - STRATEGIE MARKETING

LE MODE ET L’OUTIL DE COMMERCIALISATION :

- COUT FONCTIONNEMENT + ACTIONS DE PROMOTION

LE CONTEXTE TOURISTIQUE LOCAL : - OFFRE COMMERCIALISABLE

- VOLONTE ET IMPLICATION DES ACTEURS DANS LA DEMARCHE

- ACTEURS LOCAUX - NOTORIETE DU RHONE ET DE SES

TERRITOIRES

- MISSION DE SERVICE PUBLIC

- MISSION D’ACCOMPAGNEMENT DES PRESTATAIRES

COMMERCIALISATION OUI / NON ?

SI OUI, COMMENT ?

III. Rhône Tourisme et la commercialisation de prestations touristiques

A. Synthèse de mon étude

En résumé, ce qui conditionne la faisabilité d’une démarche de commercialisation, c’est la

prise en compte de quatre éléments : le contexte touristique général, le contexte touristique

local, le choix du mode et outil de commercialisation ou mise en marché, mais également le

contexte interne à la structure désireuse d’entreprendre la démarche. Ces quatre éléments sont

d’égale importance et ont été pris en compte lors de l’élaboration de préconisations pour Rhône

Tourisme.

Les éléments ci-contre sont détaillés ci-dessous, sous forme de synthèse. Cette synthèse est le

résultat de l’étude menée.

Page 83: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

83

Le contexte touristique général et les tendances actuelles de consommation

Ces facteurs externes sont importants, ils permettent de connaître le marché et de s’y adapter : Contexte de concurrence exacerbée entre les opérateurs privés sur le web :

- Concentration des opérateurs privés de type agence de voyages, tour-opérateur

- Suprématie des sites de réservation en ligne de type Booking, Venere, Hotels.com, etc.

- Course à la visibilité sur la toile

Nouvelles habitudes de consommation touristique :

- De plus en plus de réservation en ligne : 42% des Français partis en 2010 ont réservé leurs

vacances sur Internet

- Tendance des consommateurs à consulter les comparateurs de prix

- Départ à la dernière minute, tendance au tourisme de proximité, escapades

- Besoins d’authenticité, d’originalité, d’exclusivité, de ressourcement, etc.

Le contexte touristique local Analyse par territoire

Dans cette analyse, ont été pris en compte la notoriété propre à chaque territoire du Rhône, la

qualité et la structuration de son offre, la concurrence privée existantes et les démarches

institutionnelles locales en matières de commercialisation :

BEAUJOLAIS : - notoriété relative au vin - offre qualifiée et structurée - communication pertinente - opérateurs privés commercialisent

déjà le Beaujolais Vignoble et Pierres Dorées

GRAND LYON : - Bonne notoriété - offre qualifiée et structurée - communication pertinente - opérateurs privés et institutionnels

commercialisent déjà

LYONNAIS, MONTS ET COTEAUX - manque de notoriété - offre qui manque parfois de maturité

et de structuration - communication, image à revoir - peu d’opérateurs privés

commercialisent le territoire

REGION DE CONDRIEU / PARC DU PILAT: - notoriété relative - offre qualifiée et structurée - communication pertinente - 1 opérateur institutionnel

commercialise déjà

Page 84: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

84

Analyse à l’échelle du Rhône :

Puis une analyse globale a été faite à l’échelle du Rhône :

Notoriété touristique : Le Rhône est mal identifié, il n’est pas considéré comme une destination.

Offre : qualifiée et structurée dans l’ensemble, malgré des faiblesses dans le Lyonnais, Monts et

Coteaux

Diversité de l’offre touristique et de loisirs :

- offre de loisirs de plein-air

- offre culturelle / évènementielle

- offre oenotouristique

- offre agritouristique / produits du terroir / gastronomie

Clientèle du Rhône :

- Excursionnistes (Rhodaniens) dans une majeure partie du département

- Touristes français et étrangers dans le Beaujolais Vignoble et à Lyon

Positionnement marketing / communication de Rhône Tourisme : Promotion du Rhône

réalisée uniquement en direction des Rhodaniens depuis 2 ans – Non pertinente en termes de

commercialisation de prestations touristiques

Commercialisation du territoire :

- Des territoires qui sont déjà commercialisés par des institutionnels du tourisme : le PNR du

Pilat et le Grand Lyon

- Un territoire doté d’une notoriété internationale déjà commercialisé par des opérateurs

privés, avec des initiatives locales de commercialisation par 5 offices de tourisme sur 9 : le

Beaujolais

- Un territoire où tous les offices de tourisme, sauf un, souhaitent commercialiser leurs

prestations touristiques dans un objectif de développement touristique et de soutien à ses

prestataires : Le Lyonnais, Monts et Coteaux

Pas de carence de commercialisation du Rhône à part pour le Lyonnais, Monts et Coteaux (et

le Beaujolais Vert). Le Rhône est généralement bien commercialisé par les acteurs locaux, qu’ils

soient institutionnels ou privés.

Pas d’attente départementale homogène envers une opération de commercialisation

touristique du Rhône. Les attentes, objectifs et cibles des institutionnels sont divers, surtout

dans le Beaujolais.

Page 85: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

85

Le contexte interne de Rhône Tourisme

L’issue de l’étude était également largement influencée par le contexte interne de Rhône

Tourisme :

Contrainte de budget :

- Peu de moyens financiers à octroyer à une action de commercialisation / mise en marché

- Pas de possibilité d’embaucher une personne : il faudrait restructurer l’organisation du CDT

et abandonner certaines missions

Contrainte liée au positionnement marketing actuel :

- Difficulté de commercialiser des prestations touristiques (hébergement, séjours packagés) à

des locaux

Le modèle et l’outil de commercialisation ou de mise en marché

Pour faire un choix, les coûts, fonctions et apports des outils doivent être estimés avant :

A considérer :

- Le coût de l’outil technique (nécessité d’un outil de réservation en ligne)

- L’apport au territoire et au plus grand nombre de prestataires touristiques et de loisirs

- L’investissement humain en temps

- Les coûts de promotion

Rappel des modes et outils dédiés :

Destinés à une clientèle touristique individuelle :

La mise en marché de l’offre et des prestataires touristiques à travers :

- L’agrégation : l’agrégateur

- La distribution / l’organisation : la place de marché

La vente des prestations touristiques à travers :

- Les cartes-cadeaux

- La centrale de réservation

Adaptable à une clientèle touristique de groupes :

La vente :

- La centrale de réservation

Page 86: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

86

- Eventuellement les cartes-cadeaux pour les entreprises

Suite à l’analyse détaillée de ces quatre éléments pour Rhône Tourisme, et afin que celui-ci

puisse effectuer un choix concernant un éventuel mode de commercialisation ou de mise en

marché, certains pré-requis m’ont parus nécessaires. Ils sont détaillés dans la partie suivante,

ainsi que mes préconisations.

B. Préconisations et perspectives pour le Rhône et son Comité Départemental du Tourisme

PRE-REQUIS N°1 : Si commercialisation / mise en marché, revoir le positionnement de Rhône Tourisme

Le premier pré-requis est directement lié à la stratégie de communication de Rhône

Tourisme. Nous l’avons vu précédemment, une bonne stratégie de communication et de

promotion est l’un des facteurs-clés du succès de la commercialisation. Un pré-requis, si Rhône

Tourisme se lance dans une telle démarche, est de revoir son positionnement marketing. Le

Rhône doit communiquer en tant que destination, et non en tant que seulement territoire de

loisirs pour les Rhodaniens.

La raison est simple : il faut prendre en compte que la prestation vendue la plus « rentable »

est l’hébergement sec. Si des opérations de commercialisation sont mises en place, pour amortir

les coûts que cela occasionnerait, il est préférable de commercialiser également de

l’hébergement. Pour cette raison et parce que la plupart des modes de commercialisation sont

basés sur la vente de prestations touristiques (au sens de la loi), et surtout l’hébergement sec, il

est nécessaire de cibler les touristes. En effet, il apparaît difficile de vendre de l’hébergement à

des Rhodaniens qui ne sont qu’à une heure de voiture du lieu de leur séjour, mis à part peut-

être de l’hébergement insolite, qui peut attirer des touristes de proximité.

PRE-REQUIS N°2 : Ne pas envisager la commercialisation / mise en marché comme une source de financement, mais comme un outil de développement et de promotion touristique

Ce pré-requis est directement lié à la commande de l’étude, qui au départ considérait la

commercialisation comme une éventuelle source de financement.

Avec un taux de commission sur les ventes entre 15 et 6% (opéré par les OLT interrogés), la

marge financière permet souvent seulement de financer les actions de promotion et les salaires

des employés travaillant sur les missions de commercialisation. Dégager un bénéfice

considérable de la commercialisation impliquerait un gros volume d’offre et des opérations

Page 87: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

87

commerciales afin de bénéficier de nombreux canaux de distribution (partenariats avec

opérateurs privés). Or, le territoire du Rhône est déjà commercialisé en grande partie par des

opérateurs privés et des institutionnels. L’offre serait, de toutes les manières, réduite. Quant

aux partenariats public/privé, ceux-ci nécessite un suivi et Rhône Tourisme devrait alors

embaucher une personne de plus. De plus, il est à noter que seulement les cartes-cadeaux et la

centrale de réservation permettraient de dégager une marge, l’agrégateur et la place de marché

étant souvent proposé gratuitement aux prestataires par les CDT, ou moyennant un coût

d’adhésion dérisoire.

La commercialisation doit être envisagée dans un objectif réfléchi, tout en étant adaptée aux

missions de Rhône Tourisme. Le choix du mode de commercialisation doit être fait en prenant

en compte la plus-value apportée au territoire, en termes de développement et de promotion

touristique.

La commercialisation ou mise en marché du département par Rhône Tourisme doit

permettre :

- D’accroître la promotion touristique du Rhône et sa visibilité sur le net notamment

- D’accompagner les prestataires dans leur mise en marché, leur permettre d’être compétitif en

multipliant les canaux de distribution

- De fédérer les acteurs locaux autour d’outils communs et mutualisables : cela nécessite un

outil qui bénéficie à tous

- De développer le taux d’occupation des prestataires touristiques du territoire

Les préconisations finales

Pour des raisons principalement financières et concurrentielles, Rhône Tourisme n’a pas

intérêt à entreprendre une démarche de commercialisation, c’est-à-dire vendre ses propres

prestations touristiques à travers une centrale de réservation. L’orientation préférable est une

mise en marché de l’offre touristique du Rhône à travers des outils de type agrégateur ou place

de marché. La mise en marché n’est pas une solution financière, car elle n’apporterait pas de

bénéfices à Rhône Tourisme. Toutefois, c’est la solution la plus économique, en termes de coûts.

Mais surtout, à travers la mise en œuvre d’une telle démarche, le Comité Départemental du

Tourisme aurait l’opportunité d’accompagner les prestataires touristiques du Rhône dans leur

mise en marché. L’outil choisi permettrait d’augmenter leur visibilité et par conséquent, leurs

réservations en ligne.

Page 88: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

88

Entre l’agrégateur et la place de marché, j’ai préconisé la place de marché, bien que celle-ci

engendre un coût supérieur et la nécessité de dédier au moins une personne à plein temps sur

cette mission (prospection de nouveaux prestataires, installation du logiciel chez eux, création

de suggestions séjours, etc.). Rhône Tourisme ayant de grosses contraintes de budget, l’intérêt

de cet outil repose sur d’autres critères.

Le premier est la légitimation du Comité Départemental du Tourisme dans ses missions à

travers l’accompagnement à la mise en marché de tous les prestataires touristiques et de loisirs,

même ceux qui ne disposaient pas d’un outil de réservation en ligne auparavant.

Le deuxième critère est que la place de marché est un outil du développement et de la

promotion touristique du territoire, créateur de retombées économiques, car il permet une

meilleure distribution en ligne de l’offre touristique grâce à la possibilité d’intégrer la place de

marché en marque blanche sur d’autres sites Internet : celui des territoires, celui des OT (et

d’autres). Cette fonctionnalité favorise la visibilité et la distribution multicanal de l’offre

touristique du Rhône. La place de marché, et notamment l’outil le plus répandu, l’Open System

de la société Alliance Réseaux, permet un nouveau marketing de l’offre touristique à travers la

possibilité pour les prestataires de proposer leurs offres packagées en ligne et la possibilité pour

Rhône Tourisme de créer des forfaits sans être responsable des ventes.

Le dernier critère est l’adaptation au contexte touristique général et local. La place de

marché est un outil complémentaire et non concurrent des gros sites de réservation en ligne de

type Booking, Venere. Il est également complémentaire d’Hexatourisme, l’agrégateur mis en

place par le CRT Rhône-Alpes : l’offre intégrée dans la place de marché départementale pourrait

être agrégée par Hexatourisme. Finalement, c’est un outil mutualisable pour les territoires et

offices de tourisme rhodaniens qui le souhaitent.

Concernant le choix d’un outil de mise en marché, il ne faut pas oublier le but principal pour

tout OLT comportant une mission de service public : maximiser les taux d’occupation /

réservations des prestataires du territoire. C’est pourquoi je pense que l’outil place de marché

est généralement mieux adapté aux CDT que l’outil agrégateur, qui ne mettrait en valeur encore

une fois que les prestataires déjà réservables en ligne. Je reprendrai ici un extrait de l’article de

Mathieu Vadot, déjà évoqué précédemment : « Si en 2010, dans certains territoires, on ne

trouve encore que 30 à 40% de l’offre réservable en ligne, c’est bien le signe qu’il reste un

important travail à accomplir pour professionnaliser les prestataires dans la vente en ligne, et ce

problème ne se résout pas en agrégeant une offre déjà commercialisée sur le web […]. En outre,

fournir ou favoriser l’équipement individuel des prestataires en solution de commercialisation est

Page 89: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

89

un excellent levier pour les sensibiliser et les accompagner ensuite sur toutes les problématiques

propres au processus de réservation […]. »41

A ce jour, Rhône Tourisme n’a pas encore pris de décision concernant une démarche de mise

en marché. Toutefois, si aucune décision n’est prise concernant la mise en œuvre de cette

nouvelle mission, il serait préférable qu’un accompagnement des prestataires touristiques sur ce

sujet soit fait à travers : l’édition de guides, la formation, ou l’intégration de la thématique

« réservation en ligne » aux ateliers numériques du territoire.

41

VADOT Mathieu, Commercialisation en ligne, quel rôle pour les institutionnels ?, Cahiers Espaces, Décembre 2010,

n°107, pages 106-109

Page 90: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

90

Conclusion

A travers les analyses de ce mémoire, nous avons pu déterminer quels étaient les enjeux de

la commercialisation pour les CDT aujourd’hui. A la question « La commercialisation est-elle

devenue une nécessité pour les Comités Départementaux du Tourisme? », il est difficile de

répondre, car cette nécessité est différente selon le territoire et son contexte. L’offre

touristique, les démarches de commercialisation du territoire déjà engendrées par des

institutionnels ou des opérateurs privés, mais également les volontés politiques et les moyens

investis sont des facteurs et contraintes incontournables aux démarches de commercialisation

ou de mise en marché.

Nous avons pu voir que pour le département du Rhône, ce sujet est complexe et l’issue n’est

pas encore déterminée. Toutefois, si une démarche de mise en marché est décidée, celle-ci

impactera forcément la stratégie de Rhône Tourisme, et probablement, à terme, son

organisation.

Ce stage et cette étude menée pour Rhône Tourisme m’a permis de découvrir et de maîtriser

un vaste sujet qu’est la commercialisation par les institutionnels du tourisme. A travers les

entretiens passés avec des responsables de centrales de réservation, chargés de

commercialisation en ligne, responsables marketing, directeurs d’offices de tourisme ou

professionnels du tourisme, j’ai pu appréhender les enjeux et les difficultés de la

commercialisation par les institutionnels.

Plus généralement, j’ai pu découvrir les missions des CDT, organismes essentiels du

développement touristique territorial.

Outre mes connaissances acquises, ce stage a été pour moi très intéressant car il m’a donné

l’opportunité de prendre des initiatives concernant la réalisation de l’étude, sa forme, les

exemples intégrés, les personnes rencontrées. J’ai beaucoup apprécié cette liberté d’initiative,

et le fait de mener une réflexion.

Les difficultés rencontrées durant mon stage concernent la réalisation de l’étude. La

première difficulté a été de répondre à deux demandes préalables : celle du Conseil Général du

Rhône et de Rhône Tourisme, et celle de l’ADTL. La commercialisation ne correspondant pas aux

mêmes enjeux et objectifs pour toutes les structures, il m’a été difficile d’organiser et orienter

mon étude au début.

Page 91: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

91

Une autre difficulté pour moi a été de synthétiser et organiser toutes les informations que

j’avais recueillies lors de mon étude. Trier, restituer et analyser ces informations m’a été difficile

au départ, car je n’avais pas vraiment de méthode, n’ayant jamais réalisé une étude de cette

ampleur.

Le contexte dans lequel cette étude a été menée était également particulier, car Rhône

Tourisme était très dubitatif quand à la faisabilité d’une opération de commercialisation ou de

mise en marché. La volonté de s’interroger sur cette question venait vraiment du Conseil

Général, Rhône Tourisme ne voyant pas l’issue d’une telle démarche avec un budget déjà en

baisse. Ce contexte a pu parfois me dérouter, car je n’ai pas senti une attente générale et

enthousiaste envers cette étude.

Malgré ces quelques difficultés qui n’ont pas entamé ma motivation, je retire un bilan très

positif de ce stage. Sa thématique m’a beaucoup intéressée, et m’a permis de mettre en

application des méthodes dispensées en cours, telles que le diagnostic territorial, par exemple.

Mon étude a également touché des sujets qui m’intéressent beaucoup, notamment l’e-tourisme

et l’e-marketing. Mon projet professionnel est de travailler en lien avec ces derniers. J’ai

d’ailleurs récemment trouvé un emploi à durée déterminée, en tant qu’animatrice numérique à

l’Office de tourisme du Pays de Nyons, dans la Drôme. Cet emploi correspond tout à fait à mes

attentes professionnelles et, je l’espère, me permettra de renforcer mes compétences en e-

marketing touristique.

Page 92: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

92

Table des annexes Annexe 1 : Tableau synoptique de la période de stage

Annexe 2 : Abréviations et signes utilisés dans le rapport Annexe 3 : Sommaire de mon étude « La commercialisation – mise en marché de l’offre touristique du Rhône : quelles opportunités pour Rhône Tourisme et le territoire ? » Annexe 4 : Rétroplanning de l’étude Annexe 5 : Liste des personnes contactées et interrogées durant mon stage Annexe 6 : CV

Page 93: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

93

Page 94: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

94

ANNEXE 2 : Abréviations et signes utilisés dans le mémoire

OT : Office de tourisme

OTSI : Offices de tourisme et syndicats d’initiative

CDT : Comité Départemental du Tourisme

CG : Conseil Général

ADT : Agence de Développement Touristique

ART : Agence de Réservation Touristique

ADRT : Agence de Développement et de Réservation Touristique

ADTL : Association de Développement Touristique du Lyonnais

FNCDT : Fédération Nationale des Comités Départementaux du Tourisme

SLA : Service Loisirs Accueil

FNLAF : Fédération Nationale des Loisirs Accueil France

Rn2D : réseau National des Destinations Départementales

CRT : Comité Régional de Tourisme

OLT : Organisme Local de Tourisme

Page 95: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

95

ANNEXE 3 : Sommaire de mon étude « La commercialisation – mise en marché de l’offre touristique du Rhône : quelles opportunités pour Rhône Tourisme et le territoire ? » Les enjeux et objectifs de l’étude .................................................................................................. 2 La méthode .................................................................................................................................... 3 Introduction : Contexte touristique général et tendances de consommation ......................... 6 1. Le marché du tourisme .............................................................................................................. 7 2. Les pratiques de consommation touristique des Français ........................................................ 8 3. La réservation en ligne : des démarches et une présence sur le web différente selon la filière touristique ......................................................................................................................... 11 1ère partie : Contexte touristique du Rhône ........................................................................ 14 A.L’activité touristique dans le Rhône ............................................................................... 15

1. Données touristiques à l’échelle du Rhône .......................................................................... 15 2. Un point sur l’orientation stratégique de Rhône Tourisme .................................................. 17 3. La commercialisation de prestations touristiques dans le Rhône (acteurs privés et publics) ...................................................................................................................................... 18

a. Les agences réceptives ...................................................................................................... 18 b. Les transporteurs .............................................................................................................. 20 c. Les institutionnels ............................................................................................................. 21

4. Les prestataires du département et la réservation en ligne................................................. 23 B.Le Lyonnais, Monts et Coteaux ....................................................................................... 24

1. Contexte touristique du territoire ........................................................................................ 24 a. Les principaux acteurs du tourisme dans le Lyonnais ....................................................... 24 b. Une notoriété à construire, un référencement difficile .................................................... 25 c. Un territoire qui peut manquer d’accessibilité, mais entouré de larges bassins de

clientèles ........................................................................................................................ 25 2. Quelle offre serait susceptible d’être commercialisée dans le Lyonnais ? ........................... 28 3. La demande........................................................................................................................... 40 4. La mise en marché du territoire du Lyonnais ....................................................................... 41

a. Le positionnement marketing du Lyonnais, Monts et Coteaux ........................................ 41 b. Les démarches de commercialisation de l’ADTL et des offices de tourisme .................... 43

Synthèse de l’analyse du Lyonnais ..................................................................................... 46 SWOT Commercialisation du Lyonnais ............................................................................... 47 C.Le Pays Beaujolais .......................................................................................................... 48

1. Contexte touristique du territoire ........................................................................................ 48 a. Les principaux acteurs du tourisme en Beaujolais ............................................................ 48 b. Une notoriété essentiellement liée à l’image du vin ......................................................... 49 c. Une accessibilité à nuancer ............................................................................................... 50

2. Quelle offre serait susceptible d’être commercialisée dans le Beaujolais ? ........................ 53 3. La demande........................................................................................................................... 65 4. La mise en marché du territoire du Beaujolais ..................................................................... 69

a. La stratégie marketing impulsée par Destination beaujolais, adoptée par les OT ........... 69 b. Les démarches de commercialisation de Destination Beaujolais et des offices de

tourisme ...................................................................................................................................... 71

Synthèse de l’analyse du Beaujolais ................................................................................... 74 SWOT Commercialisation du beaujolais ............................................................................. 75

Page 96: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

96

D.La région de Condrieu .................................................................................................... 76 E.Le Grand Lyon ................................................................................................................ 78 2ème partie : Quel mode et outil de commercialisation / mise en marché conviendrait au Rhône et à Rhône Tourisme ............................................................................................... 80 A. Panorama des différents modes et outils de commercialisation / mise en marché de l’offre touristique .............................................................................................................. 81 1. Modèle n°1 : L’accompagnement, l’aide à la mise en marché par la formation ..................... 82 2. Modèle n°2 : L’agrégation de l’offre touristique du territoire ................................................. 83 3. Modèle n° 3 : La distribution de l’offre touristique ................................................................. 90 4. Modèle n°4 : La vente .............................................................................................................. 97

a. Via la création de cartes-cadeaux ...................................................................................... 97 b. Via une centrale de réservation ...................................................................................... 101 c. Via les partenariats avec les opérateurs marchands ....................................................... 107 d. La proposition de partenariat de l’OT du Grand Lyon ..................................................... 107

5. Vers des modèles plus complexes de mise en marché .......................................................... 108 B.Le cadre légal de la commercialisation de prestations touristiques ................................ 109 3ème partie : Synthèse et préconisations ........................................................................... 113 1. Synthèse ................................................................................................................................ 114 2. Pré-requis et considérations en vue d’une éventuelle commercialisation par Rhône Tourisme .................................................................................................................................... 118 3. Préconisations Rhône Tourisme ............................................................................................ 121 4. Préconisations concernant les volontés de commercialisation émergeant des territoires touristiques du Rhône ............................................................................................................... 125 Remerciements ......................................................................................................................... 129 Les personnes rencontrées et contactées dans le cadre de cette étude .................................. 130

Page 97: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

97

Page 98: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

98

ANNEXE 5 : Liste des personnes contactées et interrogées durant mon stage Josiane Viry et Bernard Rostaing, techniciens de l’Office de tourisme Pays de l’Arbresle (L’Arbresle) Jean-Claude Voute, technicien de l’Office de tourisme des Hauts du Lyonnais (Saint Martin en Haut) Maryline Guilbert, technicienne de l’Office de tourisme des Vallons du Lyonnais (Brindas) Réjane Le Méhaut, technicienne de l’Office de tourisme de Chamousset-en-Lyonnais (Brussieu) Emilie Brandon, technicienne de l’Office de tourisme de la Vallée du Garon (Chaponost) Isabelle Gourinel, directrice de l’Office de tourisme des Balcons du Lyonnais (Mornant) Séverine Sage, directrice des Offices de tourisme Au cœur du beaujolais et Beaujolais Val de Saône ( Beaujeu et Belleville) Alain Dessablons, directeur de l’Office de tourisme du Lac des Sapins (Amplepuis) Emmanuelle Cheminat, technicienne de l‘Office de tourisme du Haut Beaujolais (Monsols) Françoise Revellin, directrice de l’Office de tourisme de la Haute Vallée d’Azergues (Lamurs-sur-Azergues) Nelly Noailly, directrice de l’Office de tourisme de VIllefranche-sur- Saône (Villefranche-sur-Saône) Anne-Laure Léguillier, directrice de l’Office de tourisme du Beaujolais Pierres Dorées (Oingt) Karine Tricaud, conseillère en séjour à l’Office de Tourisme du Pays de Tarare (Tarare) Olivier Occelli, directeur marketing de Lyon Tourisme & Congrès (Lyon) Thierry Werkoff, directeur de l’ADTL (Association de Développement Touristique du Lyonnais) (Saint Martin en Haut) Catherine Infante-Laffay, directrice de Destination Beaujolais (Villefranche-sur-Saône) Céline Grison, chargée de promotion à Destination Beaujolais (Villefranche-sur-Saône) Julienne Arnaud, chargée de commercialisation à la Maison du Tourisme du Pilat (Pélussin) Xavier Raynal, responsable Internet à Rhône-Alpes Tourisme (Lyon) Sylvie Lopez, chargée de mission commercialisation en ligne et développement de l’offre à La Drôme Tourisme (Valence, Drôme) Lionel Pascale, Adjoint de direction à La Drôme Tourisme (Valence, Drôme) Annick Pailleux, responsable de la centrale de réservation de Loire Tourisme (Saint Etienne, Loire) Olivier Richard, directeur de Roannais Tourisme (Roanne, Loire) Pierre-Antoine Huet-Dufour, responsable du pôle supports de communication, Manche Tourisme (Saint Lô, Manche) Sandrine Rieutor, responsable de la centrale de réservation de Gard Tourisme (Nîmes, Gard) Nicolas Graeff, Manager du pôle e-tourisme au CDT Béarn Pays Basque (Bayonne, Pyrénées Atlantiques) Fabien Vignal, chargé d’oenotourisme à Inter Beaujolais (Villefranche-sur-Saône) Fanny Debrun, directrice de French Flair (Villefranche-sur-Saône) Christelle Del Campo, directrice du Musée des Conscrits (Villefranche-sur-Saône) Franck Duboeuf, directeur du Hameau Duboeuf (Romanèche-Thorins) Estelle Jonchier, Agent d’accueil aux Sources du Beaujolais (Beaujeu) Vincent Milli, webmaster du Camping Les portes du Beaujolais (Anse) Ann Matagrin, Guide de pays Beaujolais, Association Déambule (Le Bois d’Oingt) Laura Fargeot, Agent d’accueil également en charge du secrétariat de la communication du Musée Thimonnier (Amplepuis) Florence Damet, agent d’accueil et guide au Couvent de la Tourette (Eveux)

Page 99: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

99

Frédérique Vannson, responsable de l’espace de vente de la Cave des Coteaux du Lyonnais (Sain Bel) Marie-Caroline Janand, directrice du Musée-Théâtre Guignol (Brindas) et du Musée Antoine Brun (Sainte Consorce) Gaëtane Thieffry, responsable de Yzeron Aventure (Yzeron) Patricia Vidal, responsable du Parc de Courzieu (Courzieu) Monique Sochan, Musée de la Mine (Saint Pierre la Palud) Henri Jullian, Domaine de Prapin (Taluyers)

Page 100: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

100

Page 101: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

101

Bibliographie

DGCIS, Mémento du tourisme 2011, mars 2012 BANNWARTH Claude, Il était une fois… la distribution touristique, Cahiers Espaces, Décembre 2010, n°107, pages 8-14 FABRY Philippe, Distribution en ligne, La révolution Internet n’est pas terminée, Cahiers Espaces, Décembre 2010, n°107, pages 15-19 RAFFOUR Guy, Les Français et l’achat de voyages en ligne, Cahiers Espaces, Décembre 2010, n°107, pages 29-33 Rn2D, Photographie 2010 des adhérents Rn2D : L’activité commerciale des ART/ADRT & les places de marché, Repères Rn2D, Septembre 2011, n°4, 9 pages Rn2D, Référentiel « Les plates-formes d’info-dispo-résa » : De l’aide à la mise en marché à la commercialisation, Décembre 2011, 22 pages VICTOR François, Cabinet Kanopée, La commercialisation des produits et des destinations touristiques, en quoi Internet change-t-il la donne ?. Etude réalisée à la demande de la Direction du Tourisme, Ministère du Tourisme, Avril 2007 VADOT Mathieu, Commercialisation en ligne, quel rôle pour les institutionnels ?, Cahiers Espaces, Décembre 2010, n°107, pages 106-109 FABRY Philippe, Un enjeu majeur du e-tourisme institutionnel est la commercialisation, revue Espaces, mars 2010, n°279, pages 40-41 MAUTALENT Catherine, Les offices de tourisme ont tiré le bon numéro , Bus & Car, Tourisme de groupe, n°13, pages 10-12 BRIZON Véronique, Quel échelon territorial pour quelles marques de destination ?, Vers de nouvelles intelligences territoriales, revue Espaces, Mai 2012 ? n°303, pages 8-12 BOULIN Jean-Luc, Le mille-feuille touristique, c’est pas du gâteau !. Espaces, février 2011, n°289, pages 8-10 CHOPARD Jean-Pascal, Le Jura : un département, un massif, deux marques, Revue Espaces, Mai 2012, n°303, pages 37-38 GARNIER Vincent, Les marques touristiques en région Centre, Un enjeu partagé dans la compétition internationale, Revue Espaces n°303, mai 2012, pages 33-36 BLANC-EBERHART Claudie, Savoie Mont Blanc, La destination crée l’organisation touristique, Revue Espaces n°303, mai 2012, pages 28-32 RICHET Marc, La fin du mille-feuille touristique ? L’expérience des Deux-Sèvres, Revue Espaces n°303, mai 2012, pages 8-15

Page 102: La commercialisation est-elle devenue une nécessité pour ...€¦ · contexte touristique du Rhône, dans le but de déterminer si une opération de commercialisation était possible,

102

Sitographie

www.rn2d.net/

http://fr.locita.com/lifestyle/livre-blanc-sur-le-social-travel-le-phenomene-qui-revolutionne-le-e-tourisme/

http://www.lechotouristique.com/article/l-e-tourisme-progresse-de-12-au- premiertrimestre,51156

http://blog.edreams.fr/industrie-voyage-online/ http://www.tourisme.gouv.fr/reglementation/loi-tourisme.php http://www.pros-du-tourisme.com/actualites/detail/51554/immatriculation-1370-nouveaux-entrants-depuis-2010.html http://pro.rhonealpes-tourisme.com/7464/rhone-alpes-prepare-son-agregateur-de disponibilites-en-ligne.html http://www.etourisme.info/reservation-en-ligne-ne-pas-laisser-faire-le-marche http://www.allier-tourisme.com/dolce-vita/pro/open-system.php