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Q U E S A I S - J E ?

La recherche-action

J E A N - P A U L R E S W E B E R

Professeur à l'Université de Metz (Département de Sociologie)

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DU MÊME AUTEUR

Sens et Nihilisme, Strasbourg, 2 tomes, 1968. La pensée de Martin Heidegger, Toulouse, Privat, 1971. Le discours théologique à la lumiÚre de la critique heideggérienne de la

métaphysique, Lille III, 1974. La théologie au défi herméneutique, Louvain, Nauwelaerts, 1975. La philosophie du langage, Paris, PUF, « Que sais-je? », 1979 (4 éd.,

1995). La méthode interdisciplinaire, Paris, PUF, « Croisées », 1980. Guillaume d'Occam : Dieu comme terme, in Etre et Dieu, Paris, Le Cerf,

« Cogitatio Fidei », 1986. Langage et déplacements du religieux, publié sous la direction de

J.-P. Resweber, Paris, CERIT/Le Cerf, 1987. L'institution médiévale du discours chrétien et les émergences de la doc-

trine chrétienne au Moyen Age, in Les chrétiens, leurs idées et leur doc- trine, Paris, Desclée, 1988.

Qu'est-ce qu'interpréter?, Paris, Le Cerf, 1988. L'institution. Métaphores, stratégies et méthodes d'analyses, CEFEA (BP 65,

67061 Strasbourg Cedex), Strasbourg, 1989. La relation d'enseignement, CEFEA (BP 65, 67061 Strasbourg Cedex),

Strasbourg, 1989. La fiction pédagogique, CEFEA (BP 65, 67061 Strasbourg Cedex), Stras-

bourg, 1990. Le questionnement Ă©thique, Paris, Cariscript, 1991. Apprendre Ă  apprendre. Fonctions de l'imaginaire et des fantasmes,

Lille III, 1991. La philosophie des valeurs, Paris, PUF, « Que sais-je? », 1992. Les pédagogies nouvelles, Paris, PUF, « Que sais-je? », 1995 (4 éd. revue

et corrigée).

A paraßtre : La modernité (J.-M. Leveratto et J.-P. Resweber). La dynamique du transfert. Le tutorat.

ISBN 2 13 047184 6

DĂ©pĂŽt lĂ©gal — 1 Ă©dition : 1995, septembre

© Presses Universitaires de France, 1995

108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris

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INTRODUCTION

Le terme de « recherche-action » est imprécis et ambigu. Il est imprécis, parce qu'il se réclame d'un paradigme trop vaste : celui d'une recherche qui, quoique théorique, reste empirique, menée sur le ter- rain, comme on dit, avec des fins pratico-pratiques. Il s'agit de clarifier, ici, les objectifs d'une formation ou d'une intervention ; de définir, là, des priorités éduca- tives, éthiques, politiques ou économiques ; de restruc- turer, là-bas, une entreprise, de reconvertir le person- nel, de conquérir un marché. Sans doute, cette relative indétermination explique-t-elle, en partie, l'étrange impression de « déjà-vu » qui enveloppe cette expres- sion. La démarche qui se trouve, d'emblée, codée est celle d'une réflexion sur l'action menée, et, à ce titre, connexe d'une analyse prospective de l'action à mener : elle est, de ce point de vue, action-recherche. En clair, le travail se fait, comme on le dit encore, sur le tas, soit que l'action fasse le lit de la recherche, soit que la recherche fasse le lit de l'action. Si l'on souligne que l'intervention poursuivie présuppose toujours l'es- pace réel d'une institution, d'une association ou d'une organisation et l'espace symbolique d'un projet de renouveau, l'on aura déjà une premiÚre approche, bien vague, mais juste, de ce que l'on entend par recherche- action.

La signification de ces deux mots accolés reste floue, en raison de l ' ou de l'ambivalence qu'elle suggÚre. DÚs qu'elle est, en effet, soumise au crible de

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la critique scientifique, elle tend Ă  se diluer. L'imprĂ©ci- sion relĂšve alors non de la logique complexe qui est mise en Ɠuvre, mais, plus radicalement, de l'absence prĂ©sumĂ©e de toute logique « sĂ©rieuse ». La recherche- action ne serait pas une dĂ©marche scientifique, car ce n'est pas Ă  l'action de dicter Ă  la pensĂ©e ses lois. La recherche est de nature thĂ©orique, gĂ©nĂ©rale, univer- selle, normative et a priori. L'action est, quant Ă  elle, alĂ©atoire, particuliĂšre, singuliĂšre, historique et imprĂ©vi- sible. On ne saurait, par consĂ©quent, associer ces deux mots, sans faire violence Ă  la sĂ©mantique et Ă  la science. D'un cĂŽtĂ©, l'homme de terrain, motivĂ© par l'af- fect de l'action ; d'un autre cĂŽtĂ©, l'homme de science, recherchant le juste concept, fondant l'expertise. Les deux personnages ne peuvent donc cohabiter dans un mĂȘme sujet, menacĂ© de schizoĂŻdie.

Telles sont les deux conceptions, pragmatique et dog- matique, qu'il convient d'écarter, ou bien de conjuguer pour le pire et le meilleur. Selon la premiÚre, dont le paradigme est soumis à une trop grande latitude, toute intervention qui mobilise intellect et travail pratique, schÚmes de pensée et « habitus » comportementaux relÚve de la recherche-action. Selon la seconde, en revanche, qui dénonce l'incohérence du paradigme précédent, les exigences de la recherche et de l'action sont d'emblée jugées sinon inconciliables, du moins opposées les unes aux autres. On ne peut à la fois pen- ser le monde et le transformer. Ne sont plus « idées » les idées qui soi-disant mÚnent le monde.

C'est afin de pallier cette imprécision et cette ambi- valence ou encore de contrecarrer ces préjugés acadé- miques que la recherche-action s'est imposée aussi bien au titre d'une tactique d'intervention ponctuelle dans une situation donnée, qu'au titre d'une stratégie plus élaborée et susceptible d'expliquer et de déclencher un changement social souhaité. On le comprend sans

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doute mieux, ces deux styles de recherche-action sont complémentaires. Le premier, dont la visée s'impose à court terme, est plus respectueux des impératifs de l'ac- tion et se vérifie, le plus souvent, dans une situation d'urgence et dans un contexte proche de celui du labo- ratoire. Pensons à l'analyse institutionnelle ou à l'or- ganisation d'une formation de courte durée. Le second, dont la visée est à long terme, répond, avant tout, aux exigences de la recherche et se réalise dans une situation complexe, engagée dans une plus longue histoire. Qu'il nous suffise d'évoquer le travail d'une psychothérapie ou celui d'une psychanalyse, et, à une échelle plus collective, de rappeler les efforts, concertés et soutenus, de redressement économique, en matiÚre d'emploi, par exemple.

La distinction précédente est essentielle, car elle légi- time l'articulation de la recherche et de l'action, sous un mode hiérarchique, d'abord. Dans les interventions de courte durée, c'est l'action qui suscite, dirige et finalise la recherche. Dans les interventions de longue ou de moyenne durée, c'est la recherche qui prend le pas sur l'action. Finalement, à y bien réfléchir, il est possible de mener de front ces deux types d'intervention. On peut, par exemple, élaborer un programme politique ou édu- catif, en utilisant cette double forme de travail, l'une pri- vilégiant la définition d'objectifs pratiques, l'autre accordant la priorité à l'examen de finalités recherchées. On le voit, d'un cas à l'autre, l'accent porté sur l'action ou sur la recherche circonscrit un espace-temps d'inter- vention, différent selon le recul adopté par rapport à l'urgence de la tùche et selon le délai temporel nécessaire aux opérations de transformation.

On se gardera, toutefois, de s'en tenir à cette inter- prétation trop hiérarchique. Indépendamment de son profil, la recherche-action met en place une logique dialectique, circulant entre la théorie et la pratique,

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entre le travail des usagers et celui des experts, entre les figures du transfert et les opérations d'apprentissage, entre le savoir savant et le savoir construit, entre le sujet individuel et le sujet social... C'est dire combien elle nous oblige à nous interroger sur les conditions pratiques : techniques et historiques de la production des connaissances et sur les conditions théoriques : épistémologiques, esthétiques et éthiques de l'événe- ment ou de l'innovation. C'est cette derniÚre préoccu- pation qui sera le fil directeur de l'écriture de ces pages. Elle nous conduit à remettre en question nos représen- tations classiques du savoir.

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Chapitre 1

LA STRATÉGIE

La recherche-action (action-research) désigne une logique et une stratégie spécifiques. La logique relÚve, à la fois, de la théorie et de la pratique. Elle désigne la mise en discours d'une série d'actions qui composent le profil d'un tout. Mais cette mise en discours n'est pas une simple formalisation de ce qui se trouve dans le champ social. Elle enveloppe, en effet, une intention de modeler, d'infléchir ou de transformer la réalité écono- mique, éducative, sociale, politique ou religieuse. La logique n'est pas une projection formelle ou, si du moins elle se donne pour telle, elle est inséparable d'un projet et, à ce titre, elle inclut une stratégie.

I. — Le cadre historique

La recherche-action s'est dĂ©ployĂ©e dans le cadre de la psychologie sociale de Kurt Lewin, entre 1940 et 1945. Elle naĂźt en rĂ©action contre la sĂ©paration des logiques de la connaissance et de l'action, contre la dichotomie entre la recherche pure et la recherche appliquĂ©e, contre l'opposition des faits et des valeurs. Certes, cette conception est-elle liĂ©e d'abord Ă  une revendication mĂ©thodologique : les sciences sociales se doivent d'ĂȘtre aussi rigoureuses que les sciences exactes. Elles ont, elles aussi, Ă  construire leur objet, Ă 

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analyser la manipulation que lui fait subir l'expérimen- tateur, à tester son adéquation à la réalité observée. Mais, si l'on durcit cette perspective, l'on se heurte à des questions de poids, bien lourdes de conséquences.

RetranchĂ© dans sa tour d'ivoire, le chercheur dĂ©cline toute responsabilitĂ© vis-Ă -vis de l'actualitĂ©, de l'Ă©vĂ©ne- ment, de l'histoire. Par ailleurs, il tend Ă  s'isoler lui- mĂȘme sur son propre territoire, dans les extrĂȘmes replis de sa discipline, dans une hyperspĂ©cialisation qui dĂ©coule de prĂ©supposĂ©s mĂ©thodologiques fallacieux. Aussi, la recherche-action s'emploie-t-elle Ă  dĂ©fier cette idĂ©ologie de la science. Elle refuse le partage d'un savoir qui ne cesse de s'Ă©mietter pour avoir occultĂ©, entre l'espace de la recherche fondamentale et celui de la recherche appliquĂ©e, l'espace tiers de la recherche impliquĂ©e.

La dĂ©fense de la mĂ©thode dĂ©pend d'intĂ©rĂȘts souvent plus politiques que scientifiques. On s'illusionnerait Ă  distinguer, Ă  la suite de L. Althusser, l'Ăźlot rĂ©sistant de la science pure et les archipels errants de l'idĂ©ologie. Le scientisme et le positivisme prĂŽnent un mĂȘme discours qui semble ĂȘtre le reflet des « valeurs » du libĂ©ralisme Ă©conomique, garant de l'expansion des sociĂ©tĂ©s indus- trielles. En revanche, le dĂ©veloppement de la recherche-action se trouve inspirĂ© par la contre-rĂ©ac- tion des pouvoirs centraux, publics ou privĂ©s, qui opposent, au libĂ©ralisme du « laisser-faire », une poli- tique d'interventionnisme. Il s'agit bien de pallier le morcellement du savoir en le re-ciblant sur l'engage- ment du chercheur dans la citĂ©.

Mais, en deçà des décisions méthodologiques et des déterminations politiques, il convient de prendre en compte l'émergence de nouvelles représentations du savoir axées autour des pÎles de la praxis, de l'implica- tion, de l'éthique, de la communication. Le paradigme scientifique du savoir devient ainsi praxéologique. C'est

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dire que la connaissance est insĂ©parable d'un processus de changement qui affecte le monde environnant, le sujet connaissant, les partenaires engagĂ©s dans une mĂȘme aventure de recherche et d'apprentissage. Voici que l'on considĂšre le savoir comme une pratique ayant pour objectif de promouvoir le changement : qu'il s'agisse des conflits entre les groupes, de l'Ă©ducation des enfants, de l'habitat, de l'art ou de l'urbanisme, de la rĂ©glementation routiĂšre ou sanitaire. On s'apercevra aisĂ©ment que ce glissement de paradigme qui en appelle Ă  la recherche-action s'est opĂ©rĂ© dans trois espaces de pratiques privilĂ©giĂ©es : celui de l'institution des soins cliniques avec P. Pinel, J. E. Esquirol et Her- man Simon ; celui de la thĂ©rapie psychanalytique avec Freud ; celui de l'Ă©change Ă©conomique avec Marx.

Gardons-nous, cependant, d'identifier a priori ce nouveau paradigme praxĂ©ologique Ă  celui de la recherche-action. Il convient, en effet, de prĂ©ciser que celle-ci est, d'abord, apparue comme un courant diffus, avant de s'imposer comme une mĂ©thode d'intervention plus ou moins gĂ©nĂ©ralisĂ©e selon les thĂ©oriciens. Ainsi, les repĂšres historiques ci-dessus explicitĂ©s peuvent-ils ĂȘtre contestĂ©s. Il est, en effet, clair que la recherche- action comporte des antĂ©cĂ©dents de nature heuristique exprimĂ©s en terme de logistique et d'utopie.

L'analyse logistique est, en effet, engagĂ©e dĂšs que des acteurs, des experts ou des commanditaires entrepren- nent de transformer en praxis leurs pratiques, c'est-Ă - dire de mettre celles-ci en perspective, pour en dĂ©gager les visĂ©es, les principes et les valeurs. Il est Ă©videmment impensable que les praticiens et les spĂ©cialistes d'un certain « faire » n'aient rĂ©flĂ©chi aux fondements thĂ©ori- ques de leurs conduites, que le jour oĂč le vocable de recherche-action ait commencĂ© de faire recette. D'une façon plus prĂ©cise, on peut prĂ©sumer que le taylorisme est, dans la seconde moitiĂ© du XIX siĂšcle, la forme

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avancĂ©e d'une recherche-action liĂ©e au dĂ©veloppement de l'industrialisation. D'un tout autre bord, mais Ă  la mĂȘme Ă©poque, les courants utopiques, illustrĂ©s notam- ment par Foursier, nous dĂ©couvrent le versant d'une recherche-action visant Ă  transformer l'ordre social existant.

II. — La logistique

SĂ©rions de plus prĂšs la notion de stratĂ©gie que l'on assimile, en gĂ©nĂ©ral, Ă  l'application d'une technique appropriĂ©e. A la diffĂ©rence de la tactique qui dĂ©finit un style d'intervention relativement limitĂ© et urgent, la stratĂ©gie dĂ©signe, quant Ă  elle, le dĂ©roulement d'un ensemble d'opĂ©rations, distribuĂ©es en sĂ©quences et Ă©chelonnĂ©es sur un calendrier suffisamment large, pour redĂ©finir, au besoin, le profil de l'action en fonc- tion de nouveaux objectifs. Si la tactique est de l'ordre de la rĂ©plique, la stratĂ©gie est de l'ordre de la planification. Elle comporte, de ce point de vue, trois caractĂšres. Elle est prĂ©visionnelle, c'est-Ă -dire induite d'analyses de situation, menĂ©es Ă  coup d'interprĂ©ta- tions ou de calculs. Elle est aussi opĂ©rationnelle, dans la mesure oĂč elle dĂ©finit un espace matriciel ou rĂ©fĂ©- rentiel d'actions dont l'efficacitĂ© reste toujours problĂ©- matique. Elle est, enfin, pour une part, hypothĂ©tique et alĂ©atoire, car la dĂ©cision qui engage l'action s'im- pose ici, sans que tout risque d'erreur ou d'Ă©chec ne soit nĂ©cessairement Ă©liminĂ©.

La recherche-action unit logique et stratĂ©gie. Elle est, pour reprendre une expression de P. RicƓur, une « sĂ©mantique de l'action » et ne peut se concevoir qu'en langage de logistique. Gardons-nous, cependant, d'enfermer sa mise en Ɠuvre dans le langage de la thĂ©orisation et de l'application. La recherche-action naĂźt de la rencontre de deux expĂ©riences. L'une thĂ©o-

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rique, qui est celle de la thĂ©orie de la pratique, illustrĂ©e par les acteurs sociaux qui rĂ©flĂ©chissent leur action. Temps de l'Ă©valuation, de la critique, du bilan, de l'analyse. Moment d'une action qui est recherche, questionnement, reformulation. L'autre, pratique, qui est celle de la pratique de la thĂ©orie Ă©laborĂ©e, illustrĂ©e par les mĂȘmes acteurs qui rĂ©flĂ©chissent Ă  leur action prochaine. La recherche-action est insĂ©parablement une action de recherche et une recherche d'action.

Laissons pour l'instant ces considĂ©rations capitales, mais complexes, en raison de leurs incidences mĂ©tho- dologiques et Ă©pistĂ©mologiques. On le pressent peut- ĂȘtre d'emblĂ©e, la recherche-action prend appui sur un modĂšle performant, rĂ©gulant les rapports de la thĂ©orie et de la pratique, et, Ă  ce titre-lĂ , elle dĂ©roule le fil conducteur d'une dĂ©marche propre aux sciences humaines et transposable sur le champ du travail cli- nique, politique, Ă©conomique, esthĂ©tique. Mais elle est, en mĂȘme temps, l'idĂ©al type de la production de savoirs spĂ©cifiques, qui naissent des impĂ©ratifs de l'ac- tion. On n'exclura pas de ce processus la recherche thĂ©orique, dite pure ou fondamentale. Sur le terrain prĂ©servĂ© de la science, le circuit de la thĂ©orie Ă  la pra- tique est analogue. Comme l'a montrĂ© Th. Kuhn, les thĂ©ories scientifiques se rĂ©clament de paradigmes dont l'inversion sanctionne une rupture d'avec les para- digmes jusqu'ici admis. Ainsi le modĂšle kĂ©plerien de la « chute » des astres se dĂ©marque-t-il du paradigme ptolĂ©mĂ©en ou galilĂ©en de la « rĂ©volution ». Mais ces rĂ©fĂ©rents ne sont pas que des constructions intellec- tuelles : ils sont aussi prĂ©levĂ©s sur le champ d'un ima- ginaire social instituant. Kuhn l'a indiquĂ© Ă  sa façon : le paradigme, Ă©laborĂ© dans une Ă©quipe de chercheurs, comporte un aspect socio-affectif dĂ©terminant qu'on ne saurait Ă©luder. La formulation thĂ©orique s'effectue sur le fond d'un horizon constituĂ© par un « monde-en-

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nie par Freud, exprime l'obligation, pour l'analyste, de ne pas s'imposer comme une figure psychosociale, ris- quant de bloquer le transfert sur des choix moraux et politiques, relevant, à coup sûr, d'une reconstitution prématurée du surmoi. Dans la pratique, elle se mani- feste par une attitude d'écoute bienveillante qui sup- pose, pour une bonne part, que soit « neutralisée » le désir éducatif du thérapeute.

Ces prĂ©cisions Ă©clairent la stratĂ©gie qui, dans la recherche-action, reste commune aux usagers et aux experts. Ici, implication et neutralitĂ©, loin d'ĂȘtre posĂ©es comme des valeurs antinomiques, sont mises en posi- tion dialectique. La neutralitĂ© du thĂ©rapeute n'exclut pas l'interprĂ©tation comprĂ©hensive ou la construction explicative. Telle qu'elle est posĂ©e, chez Freud, elle se heurte, cependant, Ă  la question de la vĂ©ritĂ© et de la maĂźtrise. Le thĂ©rapeute, en dĂ©codant le discours du patient, s'autorise d'une vĂ©ritĂ© ultime de l'interprĂ©ta- tion cachĂ©e dans le non-dit, mĂȘme s'il se dĂ©fend de son orgueil « Ă©ducatif », en se gardant bien de le prodiguer par des conseils. C'est ce paradoxe que Lacan rĂ©sout, en substituant Ă  la partition freudienne du non-dit et du dit, soumise au dĂ©codage, la partition de la linguis- tique pragmatique, fondĂ©e sur l'opposition entre le dire et le dit procĂ©dant de la citation. L'analyste est neutre, lorsqu'il entend le dire immanent au dit, disons le vouloir-dire ou encore le vouloir-nommer, qu'il se rĂ©serve alors de citer, renvoyant au sujet la vĂ©ritĂ© qu'il produit. C'est cette double stratĂ©gie, Ă  la fois Ă©thique de la citation et politique du dĂ©codage, que s'emploie Ă  mener la recherche-action.

Nous sommes placĂ©s sur un terrain, oĂč toute inter- vention reste problĂ©matique au double plan du dispo- sitif et de la visĂ©e. Au plan du dispositif, la neutralitĂ© est l'attitude d'experts ou encore de certains usagers adop- tant le rĂŽle de ces derniers, l'implication, par contre,

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restant exclusivement celle des usagers. Cette position autorise les premiers à construire une explication adé- quate de la situation, à partir de l'écoute qu'ils font du discours des seconds, écoute qui restitue, sur le mode de l'évaluation, le style et la portée de leur implication dans le travail du groupe. Telle est la réplique qui, d'une façon complémentaire, permet aux seconds de se reconnaßtre dans les interprétations construites par les experts. Le débat mené en recherche-action a ceci de particulier qu'il repose sur le glissement de la neutralité à l'implication. Les usagers sont sollicités de passer de l'implication à la neutralité, au fur et à mesure qu'ils se reconnaissent dans l'image construite par leurs parte- naires. Les experts vont, en revanche, entrer dans le monde-en-commun des usagers, dont ils discernent les référents et les différends, et auxquels ils proposent une mise en forme provisoire de leurs problÚmes et des solutions correspondantes.

Le parcours de chaque parti est, en fait, inverse l'un de l'autre. Les experts vont d'une neutralité spontanée à une implication forcée et de cette implication à une neutralité calculée. Les usagers, en revanche, vont d'une implication spontanée à une neutralité critique et de cette neutralité à une implication calculée. Tout se passe comme si la neutralité des partenaires d'un camp entraßnait, chez les partenaires de l'autre camp, la neutralisation de leur implication spontanée. Mais il va de soi que ce processus est un artefact. Sur le ter- rain, il s'agit de gérer au mieux l'équilibre entre ces deux paramÚtres.

Au plan de la visĂ©e, les enjeux sont diffĂ©rents. La neu- tralitĂ© qui, en psychanalyse, n'exclut pas l'implication a pour fonction de maintenir ouvert un certain Ă©cart entre la loi du dĂ©sir qui est la parole oĂč doit se risquer le sujet et la loi du politique qui est censĂ©e lui garantir sa place de membre du groupe. Ce faisant, elle est la

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condition de toute expĂ©rience de dĂ©prise ou de dĂ©sap- propriation puisque, ne permettant pas de choisir la voie juste, unique et dĂ©finitive de la vĂ©ritĂ©, elle entre- tient le malentendu, le doute, la recherche. En recherche-action, en revanche, l'intervention se fait souvent dans une situation d'urgence et tend Ă  propo- ser un projet d'oĂč le malentendu soit Ă©liminĂ© dans la mesure du possible. La psychanalyse vise Ă  guĂ©rir le patient, en relativisant le modĂšle d'une santĂ© idĂ©ale. La recherche-action vise Ă  assurer l'efficacitĂ© d'une action concertĂ©e.

IV. — Transfert et apprentissage

Nous voici, enfin, confrontĂ©s Ă  une articulation majeure qui est celle du transfert et de l'apprentissage. Partons du transfert qui, dans ce type d'intervention, prĂ©side, prĂ©cisĂ©ment, Ă  la mutuelle rĂ©versibilitĂ© de l'im- plication et de la neutralitĂ©. Mais, dans ce cadre, il se rapproche et se diffĂ©rencie de sa mise en Ɠuvre dans le processus analytique. Rappelons quelques donnĂ©es pour mieux discerner la spĂ©cificitĂ© ici supposĂ©e.

Le transfert caractĂ©rise, selon Freud, un triple phĂ©no- mĂšne d'appropriation projective, figurative et construc- tive. C'est dans son analyse des rĂȘves que ce dernier dĂ©fi- nit le transfert comme Ă©tant l'investissement d'un dĂ©sir refoulĂ© dans des mots et des images qui, vidĂ©es de leur sens, fournissent un matĂ©riau disponible, fait de restes et de dĂ©bris provenant de l'Ă©tat de veille ( Tagereste). Mais le transfert dĂ©signe aussi, dans une acceptation plus commune, la projection que fait le patient sur le thĂ©ra- peute de figures, gĂ©nĂ©ralement aversives, peuplant l'imaginaire de l'enfant. C'est ce mĂ©canisme que l'on peut observer, notamment, dans la cure de l'hystĂ©rique. Enfin, le transfert recouvre un processus de construc- tion, entrepris par le patient, pour pallier des souvenirs

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dĂ©ficients et, par contrecoup, pour exprimer, sur le mode de l'anticipation, un ensemble de valeurs, de visĂ©es et de projets, constituant son propre dĂ©sir. Il peut, en effet, arriver que des Ăźlots du passĂ© rĂ©sistent aux assauts du langage, comme c'est le cas dans certains traumatismes, oĂč la mĂ©moire restera Ă  jamais blessĂ©e par l'horreur des Ă©vĂ©nements vĂ©cus. MĂȘme si demeure de l'indicible, ce dernier est parfois capable de produire des formations langagiĂšres palliatives.

Laissons lĂ  le protocole analytique, pour revenir Ă  notre objet. Il est sans doute probable qu'ici se mette d'abord en place un transfert de type figuratif. Les membres du groupe rĂ©unis sont d'autant plus exposĂ©s Ă  vivre une telle expĂ©rience qu'ils apparaissent, les uns vis-Ă -vis des autres, comme des « empĂȘcheurs » de tourner en rond, et, par consĂ©quent, comme les sym- boles d'un surmoi castrateur obligeant Ă  supprimer l'ordre ancien, pour substituer Ă  ce dernier un ordre nouveau

La recherche-action n'est cependant pas une psycha- nalyse de groupe. Elle vise avant tout à améliorer les conditions de travail et de communication. Aussi, tend-elle plutÎt à canaliser ce mode de transfert affectif, en définissant des tùches relevant des procédures cognitives de réappropriation du savoir. C'est donc, de façon paradoxale, à la lumiÚre des modÚles d'appro- priation projective et constructive du transfert, que l'on comprendra mieux l'articulation des phénomÚnes affectifs et cognitifs émergeant au cours d'une recherche-action. Reprenons, en l'étendant, aux procé- dures d'apprentissage, les deux modes d'interprétation projective et constructive du transfert.

1. Le transfert, qui prend la forme d'un « intertransfert » (D. Anzieu), porte sur les liens imaginaires du groupe, avant de porter sur les personnes.

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C'est le dĂ©sir qui est l'agent moteur et motivant du changement. Il est dĂ©sir d'innover, d'abord, c'est-Ă -dire de faire Ă©vĂ©nement et de tourner la page, mais aussi de se mesurer Ă  ses propres capacitĂ©s et Ă  celles des autres. Il est, surtout, dĂ©sir de reconnaissance, d'ĂȘtre reconnu par autrui et de le reconnaĂźtre comme autre. Or, c'est ce dĂ©sir Ă  double entrĂ©e qui, dans la recherche novatrice, comme d'ailleurs dans le rĂȘve, va s'emparer des cadres vides proposĂ©s par les experts ou construits par les usa- gers. Il y a lĂ  l'amorce d'un apprentissage, suscitĂ© par appropriation et investissement d'un Ă©quipement men- tal, remaniĂ© au fil des Ă©changes. Tel est le premier moment : celui de l'apprentissage par transfert, c'est-Ă - dire d'un travail engagĂ© par une quĂȘte mutuelle de nou- veautĂ© et de reconnaissance.

L'apprentissage par transfert, c'est-à-dire pour recourir à des termes techniques, l'apprentissage social « vicariant », qui s'exerce par le détour d'un modelage calculé est ici la condition de tout transfert d'apprentis- sage, opérant sous la forme d'un transfert de compé- tences. Le désir de reconnaissance qui pousse chacun à interpréter, pour les assumer ensuite, les représenta- tions ou les cadres mentaux élaborés dans le groupe constitue la motivation initiale de toute motivation ultérieure. Il est, en effet, l'occasion et la cause de la découverte de capacités non mobilisées par les sujets en situation. Il est une loi de l'apprentissage, à savoir que quiconque se trouve reconnu peut se découvrir des compétences qu'il ne croyait pas détenir Ainsi, telle personne ne savait pas qu'elle pouvait aller jusque-là : assumer des responsabilités, s'adapter à un autre poste

1. Le fait de supposer qu'autrui nous aime nous fait l'aimer et cet amour peut, paradoxalement, susciter chez autrui un amour qu'au dĂ©part il n'avait pas. De mĂȘme, le fait de supposer qu'autrui nous Ă©coute, nous reconnaisse, nous juge compĂ©tent, nous consulte, nous met en position d'Ă©coute, de rĂ©ciprocitĂ©, de travail et de recherche...

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de travail, trouver un emploi, maßtriser une situation d'emblée confuse...

Voici que se trouvent alors posĂ©es les conditions d'un apprentissage par transfert, supportĂ© par un pro- cessus de modelage et d'ajustage. La logique ici prati- quĂ©e est d'un type particulier, puisque c'est le dĂ©sir de reconnaissance qui est motivant, dans la mesure oĂč il suscite un climat de complicitĂ© et d'Ă©mulation, favo- rable Ă  la libre circulation des connaissances acquises et Ă  la libre production de connaissances nouvelles. Il existe, en effet, un type de production spĂ©cifique de connaissances instrumentales et procĂ©durales, oĂč se croisent les apports d'expertise et les transpositions ou reformulations des acquis effectuĂ©s par les membres du groupe de travail. C'est Ă  ce point prĂ©cis que s'articu- lent le transfert affectif et le transfert cognitif. Finale- ment, chacun est invitĂ© Ă  puiser, dans le trĂ©sor des signifiants, ceux d'entre eux qui permettent d'analyser au mieux la situation. L'apprentissage par transfert se prolonge dans un transfert d'apprentissage : soit de caractĂšre analogique, s'il s'exerce par mobilisation de schĂ©mas acquis Ă  l'occasion de la rĂ©solution de pro- blĂšmes antĂ©rieurs et semblables, comme c'est le cas lorsque chacun confronte les solutions choisies dans des circonstances similaires ; soit de type sĂ©mantique, s'il procĂšde d'une prise de conscience soudaine et col- lective, comme c'est le cas lorsque, d'un fond confus de discours, surgissent, de façon insistante, des pistes Ă  suivre, des schĂ©mas Ă  dĂ©finir, des projets Ă  clarifier...

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CONCLUSION

La recherche-action, entendue, dans son sens tech- nique, dĂ©signe une double opĂ©ration de formalisation et modĂ©lisation des pratiques sociales. L'opĂ©ration de formalisation consiste Ă  extraire, des contenus vĂ©cus, les formes institutionnelles, langagiĂšres, communica- tionnelles, affectives, cognitives, Ă©conomiques, politi- ques, qui sont censĂ©es servir des rĂ©fĂ©rences implicites aux acteurs sociaux donnĂ©s : Ă©ducateurs, personnel soignant, hommes politiques, chefs d'entreprise, cadres, ouvriers, responsables d'associations... Elle nous invite Ă  nous interroger sur les moyens et le sens de l'action menĂ©es en vue d'amĂ©liorer les rĂ©sultats recherchĂ©s et d'Ă©claircir les conditions gĂ©nĂ©rales qui prĂ©sident Ă  leur quĂȘte. Cette double intervention, Ă  la fois technologique et Ă©thique, reprĂ©sente la double dĂ©termination stratĂ©gique de toute recherche-action.

On comprend que ce premier temps de mise en forme, en formation, en formule ou en formulation puisse aboutir, pour le bon maintien de la dynamique de l'échange, pour l'établissement du projet de recherche, du questionnaire ou du « curriculum », voire du scénario improvisé ou bien remanié, à un consensus qui rende compte de la situation. Telle est la séquence empirique de la recherche-action. Elle a pour fin de rendre visibles les fonctionnements ou les dys- fonctionnements d'un service public, d'une associa- tion, d'un groupe d'intervenants... Elle porte essentiel- lement sur l'analyse objective de l'action, telle qu'elle a été conduite, au dire des usagers.

Le second moment, plus élaboré, fait droit aux exi-

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gences de la recherche. Il recouvre l'interrogation sur la stratĂ©gie « idĂ©ale » de l'action Ă  mener et sur celle de sa traduction en termes de projet et d'objectif. Il com- porte lui-mĂȘme deux temps principaux : celui de la mise en perspective des finalitĂ©s souhaitĂ©es et celui de la mise en prospective du projet nĂ©gociĂ©, en fonction de l'Ă©quipement disponible en idĂ©es, personnel et argent. Le moment de la formalisation fait alors place au moment de la modĂ©lisation, comportant le double jeu de la fiction spĂ©cularisĂ©e et de l'option calculĂ©e.

Nul ne saurait construire un modĂšle, sans chercher l'inspiration dans la part d'un rĂȘve crĂ©ateur qui lui ouvre un espace inĂ©dit de formes symboliques. Ce second moment de la recherche-action s'engage donc sur l'exploration d'un imaginaire rĂ©siduel, libĂ©rant des possibilitĂ©s d'action « relatives », ainsi qualifiĂ©es, parce que refoulĂ©es, notamment en raison des limites et des limitations de l'Ă©quipement. On commettrait une grave erreur Ă  proposer des plans, strictement conformes aux moyens disponibles. Le rĂȘve ici Ă©voquĂ© comporte, on s'en doute, une fonction de transgression de la rĂ©alitĂ©, comme on le dirait dans le discours analytique, ou encore une fonction de falsification des donnĂ©es, comme on l'exprimerait dans le langage critique de K. Popper. En bref, il contribue Ă  faire violence Ă  la loi d'une rĂ©alitĂ© qui s'imposerait comme l'impĂ©ratif d'une limite, d'un impossible, d'un non-retour. La logique discursive est alors facile Ă  dĂ©masquer : « C'est un fait » ; et si « c'est comme ça », il faut faire et refaire ceci, et si c'est ça qu'il faut, « il n'y a qu'Ă  le faire »... La recherche-action rompt sans Ă©quivoque avec la logique d'une rĂ©pĂ©tition qui Ă©rige l'Ă©tat des choses exis- tantes en une exigence de vie ou de survie : le principe de rĂ©alitĂ© (RealitĂ€t) en principe de rĂ©alisation ( Wir- kung), pour employer le vocabulaire de Freud.

Mais on ne passe pas du rĂȘve Ă  l'action, sans la mĂ©dia-

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tion d'une autre formulation qui force le rĂȘve Ă  se dĂ©pas- ser en projet d'action. La recherche-action suit bien le parcours, trop peu explicitĂ©, qui va de la rĂ©alitĂ© au rĂȘve, en passant par l'Ă©preuve du risque, puis du rĂȘve Ă  la rĂ©a- litĂ©, en passant par l'Ă©preuve de la perte. La rĂ©alitĂ© for- malisĂ©e au dĂ©part n'est point de mĂȘme nature que celle qui est reformalisĂ©e en finale. La premiĂšre rend compte de la situation, la seconde la reconstitue. La fonction de la recherche-action est donc d'accuser un Ă©cart entre la forme initiale et le modĂšle conquis.

Qu'y a-t-il entre ces deux termes ? C'est ce que nous venons d'exprimer dans le langage Ă©thique du risque et de la perte. Soit : une sĂ©rie de dĂ©cisions irremplaçables et irrĂ©versibles. Mais le passage ne saurait s'analyser uni- quement sous une entrĂ©e exclusivement phĂ©nomĂ©nolo- gique. Il prend, en effet, appui sur ce que M. Foucault appelle des formations discursives, c'est-Ă -dire sur un sys- tĂšme de valeurs qui cautionne et lĂ©gitime pratiques tech- niques, religieuses, ludiques, esthĂ©tiques, sportives, sexuelles, Ă©conomiques, politiques... et qui ont, de part cette fonction mĂȘme, le statut d'objets transitionnels. D'une façon prĂ©cise, nul ne contestera les formations discursives d'une entreprise qui reprĂ©sentent de vĂ©rita- bles principes normatifs, relatifs au commerce et qui prĂ©- supposent des codes, des valeurs, des rĂ©fĂ©rences et des « idĂ©ologies », de type libĂ©ral ou socialiste... Sans doute, est-ce bien, sous un mode moins formel et, par consĂ©- quent, plus direct et plus empirique que celles-ci sont sommĂ©es de se dire dans une intervention ponctuelle, ou mĂȘme plus Ă©tale, de recherche-action. Toujours est-il qu'elles dĂ©tiennent toujours le rĂŽle fondamental, Ă  tel point que l'objectif primordial consiste Ă  les rĂ©amĂ©na- ger, le recadrer ou les re-produire. C'est en les changeant que la recherche-action produit Ă©vĂ©nement, innovation ou optimisation des pratiques, crĂ©ativitĂ© et parfois vĂ©ri- table crĂ©ation.

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