l'art du brodeur

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fi ««< trct < i< ^. f ,,^ «3rt çcj,c < < < v<". < ( «O < ' C cccc v '<.< Ira i 'ci- -cCit -'< e<Ct ' C«3" Ct< mi q cec «f <cc c , c c ; t. <>* c «çç * ' c s c-: C t*0 « «^ . rf< i « ci OG Cf(( c Ct< * t -1 tCC < c* X c MIT f£«< < ce I cv 'C-,l v< CCC r « C '.« <;V <* >ee.<L <-C c «.«<.«, <iX «t C<C '££ L t C< «r*- .c. k c<r tC( « r Cl .'-(CL MCI c (1 C ecc < eCCetCC ' «(g < ce es «tr C'C^iC G et* c ce et 4 C « c ecc (9 «c cçc- Ù '•r*C' '(fcCC «i (C, c< -ci (. s «««<. iC ! C *' C < V Ct CCC tC c ' CC c #* « « >ftt< <-<c et < : **,, ' < -4.ee cc< <<r C t ! <_r ! c «i <C* C «C CC <.c •« O-t tf<t«CC <J" si «.«."«C *ï««jy tO . -< «fcc i<Çj«j cet <*ç . «: < «c < c te c c c «. c * ce « C «. -C! c c- i ec Cxo i c r ê c t -, , c C<fe î i t ' c< < <c È C c C C i ortCvcctC c i te tu C (c t«' - c c c c«< «r : fcCS « f " ^ ( E tvt< .c t fi <C" t M ' (1 g .< < ' t ' cftn' < <xv r-« C t «t -\..v-V " c. -et cet r V>- c (ccc«;<- c ; .c?t ( («ci « > > C l(CC(V< l 5ccc CCÇC < c < c te ' t < " .' (Ut <c^ _' : ,i fe^ c r 3E <fl . _' j? G «Si 5 ^( t( c::.-5t?f cgc «c-: «t < <"«: <-/<y < ( < •C , «-e cX er<; t f cor cc<z< ce * c c ^ * <" A ( i v c càc cic< r c <x l c C ,ro f t (i( tw dt<" , ï« c -ce « < „CC' :,4 i ^ f 'C c «: < .re . c k l <JT -' "<. eu es. f ( Çc <.s >CC r r< « r c t a- «c i c «:</ ^ [ f </ ; - t <~.( .(<-,, f c «.ce •" r «çc c Cf < ce f c -- c «C< c. 't *- "" (fit C C dCif t* C .- m ? C < «Q & *' ( ; £a .C «je, . Gr , ,.J *", c < c < 1 t< C(C CCI t.- < C< ..«r C((C« r, , C( . <" C'CÇ c. < c 4 c < t <t« (- 4 C:CCiCJ8L <.'< CC ' « _ tj:t><e.<L v . ^ o< d c c *.Q. CC C -<- ' £ 1 Sf c<or c< '<<( C< C ftùCi "C & c «co . o < i. c <r«' gc: ce a c c <<«(Ç< «S* CC<f( ecc et? Ctf i < C ' « eT C<_ «: < *r |ll ^ C<C Ct ^C« ce Ce *^> ce «"<«• •<-«: ,c te: ce <-<t ; ^<: ce ;cc JOCJS <ç„ ^«r << «se; r ;e«" « 6C Ce ^ "\CC<( ^ tet C ^e « C^ C (C '. ** >t C( c< , ,,- ««. '<- £t e«C arî <c^c cce toc *C«C r<}< « «. l' C'< •a: <*. c lc e<«f>f ..cceccct» offl C< Cet' <luCCC\<(< t c«rc< [ (arc (Oi l- trtC-. t «ro c < « epee f « «cet icecx f . » iree «rer< c •e<< ter <c?t C«fc<t . «:--'-- ( <<. a < 'c <»t_c , i i r'.fe CC . (. cet CC t* ic été? et t(Ct ï ( c<-« < « «f e. e t c « e t< c c c m c *. e & ce < t ce C CC v occ c f .4.CCC" <(C :ce < je re ; Ci e « <;*, e c ce t «e« «;. c « (i c Cfl !--. g ii '«» e " 6(1 K< t.. I l[ '.r-, . i, t* ,i r çt <"( Ki c ( ci « i C cc e c c( v, C C ( (C < < o^- < C' «rr < II ^" 5 .•' ' 'C e «C^ C o <• CCI < 'Ocèr ' " * ' "*- «Tcc5r. . e e < ( CCCCe t< et (H CLC( ( C'carc ce*-' «e .( c < .-e ( r7<-*XcCC'" < (<•'(' C rç<re m c ro •< e rrc , e c :<r . < «c C < "'. v^ t-' HvC ', /(C « CC*iP t ' (C c< ( t (<«C;:( y ce- 6c«cc e -< 4tC- C( -r. ce i! (TC

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Book about embroidery

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  • fi < trct < i< ^., f,,^ 3rt cj,c

    <

    r ,p des ioncs, cuiraffesdinfees, ongles grin ,

    &r S & STfi , & fur-tout des plumes d'oifeaux : risentremlent les

    noyaux & nuits ecs

    ,

    rde mofaique

    1i fans harmonie comme fansgot ; ce n elt qu une F

    couleurs lans n_m_

    rpnrfente aucun objet.

    Wte,

    quifMXSi:ZZi le^cteu * aurres poils d'a-

    r i T nuis XIII & Louis XIV , ont rendunombre

    () En France, la Broderiefoccede:au- four- Lou ^^ ^^ _ & nominetnent to

    rares fous Philippe le-BeV.Loi de xy q *

    ;^

    SMa5^^ (0 ** le P- du Haide*dures d'habits brodes en foie.

  • Dfinition de la Broderie. ?& de plufieurs plantes : elles infinuent dans leurs ouvrages des peaux de Ser-pents coupes par lanires

    ,des morceaux de fourrure patiemment raccords.'Si

    leur Broderie n'eft pas J clatante que celle des Chinois , elle n'eft pas moinsinduftrieufe.

    Les filles Ngres du Sngal, avant de fe marier, fe font broder la peaude diffrentes figures de fleurs & d'animaux de toutes couleurs (a).

    Les Gorgiennes & les femmes Turques , ruflflent merveilleufement broder fur la gaze la plus lgre

    ,fur le crpe & fur les toffes les plus dlies :

    elles emploient for fil avec une dlicateffe prefque inconcevable ; elles repr-fentent les objets les plus mignons fur maroquin

    ,fans altrer les formes ni cor-

    cher for le plus fin,par un procd qui nous eft abfolument inconnu. Elles or-

    nent quelquefois leurs Broderies de pices de monnoies des diffrentes Nations,& les Voyageurs inftruits ont fouvent trouv dans leurs vieilles nippes , des m-dailles prcieufes & intrefantes ( )

    .

    Les Saxonnes imitent aflez bien les deifins des plus belles dentelles ' leur Bro-derie en fil plat fur mouiTeline, eft la plus dlicate & la plus corre&e que nousconnoiffions dans ce genre.

    Les Broderies de Venife & de Milan , ont long-temps t clbres par leurnuance & leur propret ; leur exceflve chert en a plufieurs fois fait dfendreluiage (c).

    Les Allemands (& fur-tout Vienne ) font prfent les feuls qui le difpu-tent la France

    ,pour la lgret & l'intelligence du colons.

    Depuis environ deux ans, les Fabriquants d'toffes de Lyon, enrichiflent leursbelles nuances de compartiments de paillettes & paillons

    ,qu'ils font broder

    dans leurs Fabriques; ils marient avec beaucoup d'intelligence les chefs-d'u-vres de la navette ceux de l'aiguille : ils viennent de faire des toffes fixcens francs l'aune pour habits d'homme ; & l'on n'eft plus effray de ce prixexceflf.

    Prefque toutes les matires peuvent tre employes en Broderie} l'or les

    fourrures,les perles

    ,le burgos

    ,la marcaffite taille , les pierres prcieufes

    le diamant mme : l'induftrie & la vanit des hommes met toute la Nature contribution

    ;mais ces chofes

    ,toutes prcieufes qu'elles font , n'ont d'agrment

    qu'autant qu'elles font bien mifes en place : diftribues avec got, leur effetaugmente: de la cadence dans les formes, de juftes oppofitions du grand aupetit

    ,du fort au foible

    ,du doux au color , fur-tout des vuides & des repos

    ;

    en un mot une imitation choifie de la Nature , & les principes gnraux tousles Arts.

    (a) Foyef Bomarre, article Pierre fard,& M.de Buftbn , Tome j t page 13 1,

    (b) Voyz\ le Dictionnaire du Commerce 3 art.Compagnie de Gms.

    (c) Voyex le Commiflaire Lamarre , au Traite'de la Police.

  • 4 ART DU BRODEUR.Je ne ferois pas Deffinateur , que je foutiendrois ( & il ne me ferait pas diffi-

    cile de le prouver ) , que le Deffin eft labafe & le fondement de la Broderie.

    Il dtermine les formes & la belle diftribution; il donne de l'harmonie , rgle

    les proportions , ajoute un nouveau mrite l'ouvrage , par l'conomie desdiff-

    rentes matires , & l'oppofition ou le mlange des diffrents procds.

    Il faut donc que le Deffinateur joigne fon talent , la connoiffimce des d-

    tails & des difficults de la Braderie, pour fe conformer aux poffibilits de l'ex-

    cution ; comme il feroit defirer que les Ouvriers euffentau moins les pre-

    miers lments du Deffin, pour ne pas corrompre les formes & les emmanche-

    ments , ainfi qu'il arrive trop frquemment. Je le rpte , le Deffineft lame de

    la Braderie, &c'eftparle Deffin que pchent les ouvrages de laplupart des

    Nations dont je viens de parler.

    Nous autres Franois , qui portons l'attention la plusrflchie fur .ce qui

    a quelque rapport au luxe, il eft tonnant le parti que nous tironsdes dcou-

    vertes faites par les autres Nations , en les variant , les amliorant & les adap-

    tant de la manire la plus agrable de nouveaux ufages : il fuffitpour s'en con-

    vaincre , de voir les chefs-d uvres que renferme leGarde-meuble du Roi

    ,

    &

    le concours des Etrangers pour avoir de nos Broderies, fduitsapparemment par

    la nouveaut des matires , la varit des deffins & la beaut de l'excution ; ils

    prfrent dans les occafons de magnificence , nos produaions l'clat ou la

    dlicateffe des leurs.

    Etat des Brodeurs a Paris.

    L e Corps des Brodeurs , qui n toit d'abord qu'une Confrairie fous l'invoca-

    tion de Saint-Clair , fut runi en Communaut en l'an 1272 , par Etienne Boi-

    leau , Prvt de Paris , fous les noms de Brodeurs , Dcoupeurs , Egratigneurs ;

    Chafublers. Leurs Statuts ont vari fuivant les modes & les circonftances ; les

    derniers font de l'an 17 19. Une particularit de ces Statuts eft, qu'il neftper-

    mis aux Broder de rtaire aider que par des fils ou filles de Matres.Cette

    rgle imagine pour qu'ils Ment tous employs de prfrence , n'empche plus

    qu'on ne fe ferve trs-fouvent d'ouvriers fansqualits

    ,ou de ceux qui logent

    dans les lieux privilgis ; alors les Entrepreneursfont obligs d'aller eux-m-

    mes retirer leur ouvrage quand il eft fini , autrement les Jurspourraient le faifir

    en route. Il eft encore dfendu d'employer dans un mme morceau de Broderie

    ,

    partie d'or ou d'argent fin , & partie d'or ou d'argent faux , il faut tout un ou

    tout autre. Plufieurs autres bons Rglements n'empchent pas que detemps en

    temps il ne fe gliffe quelque fraude qu'on n'a pas fuprvoir.

    Il y a en outre huit Privilges de Brodeurs ,indpendants de la Commu-

    naut,& feulement du reffiort de la Prvt de l'Htel, avec titre de Brodeurs

    du Roi fuivant la Cour; plus, deux Brodeurs du Roi , en charges particulires,

    pour

  • Prparation pour Broder. jpour les Ouvrages de la Couronne. Ces Brodeurs du Roi ont droit, quandleurs entreprifes font trs - preffes , de faire enlever par des Hoquetons lesOuvriers qui leur conviennent chez les Matres.

    Prparation pour Broder.

    Q u a nd un Brodeur eft appelle pour broder un meuble quelconque, il fe

    fait donner les mefures ou patrons de ce qu on projette,par l'Architecle , le Ta-

    pifier,le Sellier

    ,&c ; il fait faire fes deiins au fimple trait ou coloris , fui-

    vant les cas. Quand ces deffins ont t agrs, il les calque (a) au papierhuil (A), double ce papier d'un autre qu'on nomme grand-raijln

    , & les faitpiquer enfemble. Si c eft un habit d'homme qu'il ait broder , aprs avoir faitchoifir celui qui l'emploie, un bout de defln color, qu'on appelle Bord

    yil

    fait faire la taille,la fait piquer en plein ou par retraites. Quand le defln eft tout

    pique,mme les lignes qui tracent les largeurs ou concours extrieurs des pa-

    trons,on le pofe fur l'toffe qu'on veut broder, en obfervant de bien faire ren-

    contrer l'un fur l'autre les angles du defln & ceux de l'toffe;puis avec une

    poncette,on frotte toute la furface du defln aux endroits o il eft piqu , Cms

    lui donner de fecouffes,pour que la plus fine pouflere en partant au travers des

    trous piqus,trace le defln fur l'toffe. Il faut obferver de bien fixer le defln

    avant de poncer,avec plufieurs pingles ou des poids un peu lourds

    ,pour l'em-

    pcher de vaciller, autrement les objets pourroient tre poncs doubles ; il fau-

    drait les effacer en broffant lgrement avec une vergette , ou battre par l'en-vers avec une baguette

    , au rifque de ternir l'toffe.Quand le defln eft fuffifamment ponc , on enlev bien lgrement le pa-

    pier,pour recommencer la mme opration fur d'autres morceaux d'toffe fi le

    cas l'exige;puis avec une plume de dinde ou de corbeau

    ,ou mme un pinceau

    tremp dans de l'encre, du bleu d'Inde , ou du blanc de crufe prpar , on re-

    pffe fur tous les LldLi de la pondre le plus waa.mont ju'l eft poflble * ilfaut que tous les traits foient bien lifibles fans tre gros : la correction de l'ou-vrage dpend en partie de cette opration. Il faut bien prendre garde de ne rienoublier : la ponure fait fouvent illufion ; fi elle toit un peu brouille ou tropcharge de charbon, il faudroit fouffler lgrement deflis mefure qu'on def-fine

    ,pour en chaffer le fuperflu ; ce procd s'appelle ordonner. Quand le mor-

    ceau d'toffe eft entirement ordonn , il faut le broffer , ou paffer deffus unemie de pain rafs bien miette

    ,pour emporter le refte de la ponure qui terni-

    roit l'toffe ou les foies en travaillant.

    Si l'toffe eft d'or en lame,de quelques couleurs qui fatiguent trop la vue

    ,

    ou bariole de nuances brunes & claires , on pourra poncer & ordonner le(a ) Voyez la fin le Vocabulaire

    ,pour ce mot & pour cous les autres qui font propres cet Acr.(*;.ipece de papier de Serpente prparc.

    Brodeur, g

  • 6 ART ' DU BRODEUR.deffmfur du papier ferpente verd , qu'on fixera fur l'toffe par de petits points

    de foie perdus dans les fleurs ; quand on travaille , ces points fe trouvent cachs

    & recouverts par la Broderie : ce qui refte de papier fans ouvrage fe trouve peu-prs dcoup par le coup d'aiguille , & s'enlve facilement. Ce procd ga-rantit les toffes dlicates de la chaleur des mains & de la poufliere qui vole dansl'attelier.

    On peut encore,

    quand ce font des toffes riches en lames , & par conf-quent difficiles recevoir l'encre , les poncer & les defftner par l'envers , enfaifant le trait plus nourri ; il perce affez au travers de l'toffe pour conduire le

    Brodeur , & Ton vite les clabouffures qui arrivent trop fouvent quand il fautgratter la lame de l'toffe pour la deffiner.

    Il eft affez d ufage d'ordonner les fonds clairs en encre ou en bleu ; cependant

    lorfqu'on veut broder en blanc fur blanc , fur-tout fur fatin, il eft bien plus

    propre d'ordonner en blanc , on y voit affez , & quelques traits qui reftent au-tour des fleurs quand elles font brodes , n'apportent aucun dommage l'ou-

    vrage.

    Il y a des morceaux qu'il eft indiffrent d'ordonner fur latable avant de les

    tendre , comme Robes de femme , Tapis , & en gnral toute toffe qui reftequarre ; mais les chofes contournes , comme Houffes , (yoye{ PL j 9 fig.2 9 )Habits d'homme , Ornements d'Eglife , &c , il eft plus sur de les tendre fur le

    mtier aprs en avoir pris la taille & avant de les ordonner. Pour deffiner lesgazes, canevas , marly & autres toffes claires , il fuffit de les pofer fur le deffinfans le piquer ; les traits paroiffent au travers, & l'on peut facilement les tracer la plume ou au pinceau.

    Avant de tendre l'toffe , il eft utile d'en border les parties qui n'ont point de

    lifiere, avec un bon ruban de fil bien coufu, ce qui s'appelle galonner ; ce ru-

    ban ou galon fert rfifter l'effort des ficelles qui doivent bander l'toffe.

    Quelques Brodeurs fe contentent d'un point nou d'un pouce d'ouverture- en

    bonne ficelle , c ^i Aqppctler ircttpr ; d'autres enfin ne mettent rien quand ils

    ont affez de marge pour placer leurs ficelles fans rifquer d'endommager l'toffe,

    ou qu'elle rompe en bandant le mtier.

    Tente du Mtier.

    C e n'eft pas une chofe ngliger que la tente d'un Mtier ; il faut ou unegrande habitude ou une grande attention pour conferver quarrment l'toffe

    dans fon droit fil ; les Matres laiffent trop fouvent cette befogne leurs Appren-

    tifs ; leur peu de foin ou leur mal-adreffe en coufant l'toffe la coutiffe trop

    lche ou trop ferre , ou les deux cts ingaux, dgauchit l'toffe ou l'alonge

    ingalement , ce qui ne fe peut gure rparer quand la Broderie eft faite , qu'en

    lui donnant une eftrapade qui la gte & la corrompt.

  • Tente du Mtier. 7Pour bien tendre un Mtier, il faut premirement pofer les deux Enfubles

    ,

    PL 1 9 fig- 1 , bien paralllement d'un bout fur la Chanlatte , PL 2, , dd,c de

    l'autre bout fur un Trteau a , mme Planche, en obfervant que les clous quiattachent la fangle l'enfuble , foient tourns vers celui qui va coudre l'en-

    fuble qui eft la plus prs de lui , & cependant en regard avec l'autre enfuble ,de faon que la fangle recouvre les clous & garantilTe l'toffe, fi l'on a befoinde la rouler autour de l'enfuble aprs qu'elle aura t coufue. ( Les Brodeurs rou-

    lent toujours l'enfuble en deiTus de l'toffe, & les Tapiffiers au contraire).Enfuite on attache avec deux pingles les deux extrmits d'une mme lifierede l'toffe qu'on veut tendre , aux deux extrmits de la fangle ou eoutiffe d'une

    enfuble;puis on coud avec de gros fil en deux bien cir , la fangle & l'toffe

    ,

    en menant l'toffe ferme de la main qui ne coud pas : il faut arrter fa couture

    aux deux extrmits par trois ou quatre points bien lches ; ils romproient

    en bandant le Mtier, s'ils ne l'toient pas. Quand la premire longueur fera

    coufue & les pingles tes , il faut arrter de mme les deux extrmits de lafconde lifiere aux deux extrmits de la fangle de la fconde enfuble , & com-mencer coudre par le bout pareil celui par ou l'on a commenc ; c eft l

    Imitant de bien faire attention que les mortaifes des deux enfubles tant bien

    parallles , le droit fil de l'toffe foit bien vis--vis l'un de l'autre , & unediftance bien gale de la mortaife.

    Enfuite , fi l'toffe a plus de largeur que la double tendue des bras de

    celles qui doivent broder , & qu'elle foit deflne , on la roule de part &d'autre autour des enfubles

    ,jufqu ce qu'il ne relie entr'elles que la double

    tendue de la main bien carte , ce qui fe nomme empan. Il faut mettre entre

    les roules de l'toffe , du papier fin , des linges lims ou du coton ; c'eft

    mme ce qui convient le mieux fi le fond eft de velours , ou s'il y a de la Bro-

    derie de faite ; car il arrive de rouler & drouler plufieurs fois le mtier dans lecours de l'ouvrage , foit pour en parcourir 1 tendue , foit pour le ferrer quand

    on en ufpend la fin , foit enfin pour en montrer Teffet aux perfonnes qui ont

    command l'ouvrage , ou y ajouter quelques ornements. On infinue enfuite une

    latte, fig. 4 , PL 1 , dans chaque mortaife parallle , qu'onloigne d'abord l'une

    de l'autre le plus qu'il eft poffible , & qu'on fixe ainfi loignes , avec quatreclous ,Jig, 14, PL 1 , que l'on fiche dans les trous de la latte les plus voifins

    de l'enfuble ; on peut mme s'aider , pour bander l'toffe , du fecours des clous

    tendre, /g. 13 , mais modrment; enfuite on enfile dans une trs-groffe

    aiguille une pelotte de ficelle , dont on fait paffer un bout deux fois de fuite

    un pouce de diftance dans le galon ou le treliflage qui borde l'toffe vis--vis

    des lattes e e >fig. 11. On amen enfuite cette ficelle embraffer la latte ; on re-

    tourne faire deux points pareils, embraffer la latte, & ainfi de mme jufqu' cequ'on ait parcouru toute la largeur de l'toffe ; on arrte enfuite le bout de ficelle

    qu'on coupe (pour le fparer de la pelotte) dans un trou de la latte , voifin

  • 8 ART DU BRODEUR.du clou c on dyfig. 1 1 , PL i ; puis on reprend l'une aprs l'autre chaque bou-

    cle de ficelle qui embraffe la latte , en tirant foi d une main , & foulageantl'toffe de l'autre , ce qui doit raccourcir chaque boucle , bander l'toffe & laficelle. ( Il ne faut pas ferrer ce premier ct auffi fort qu'on le pourrait ). Onarrte le dernier bout de ficelle dans un trou de la latte , voifin de l'enfble ;

    cette manire d'arrter doit fe faire fans nuds ni autour des clous , mais en era-

    braint la partie extrieure de la latte avec la ficelle , aprs l'avoir fiche dans un

    trou,

    puis tortillant cinq ou fix fois le bout de ficelle autour du brin qui eft

    band , & ramenant le bout lche foi , comme c ou d ,jg. 1 1 , PL r.On vafaire exactement la mme opration l'autre latte; on peut , cette fois-

    l,bander les ficelles tant qu'on veut ; enfuite avec les clous tendre qu'on

    fiche fucceffivement dans les trous les plus voifins de la mortaife , en amenant

    vers foi la tte de chaque grand clou , & en appuyant la partie infrieure contrel'enfble ; on parvient , par un effort de levier , bander l'toffe fur fa largeur

    peu-prs comme un tambour ; il faut proportionner l'effort la dlkatefle de

    l'toffe. Des gens mal-adroits ont quelquefois crev leur toffe en voulant trop

    la tendre. Quand on la juge affez tendue , on fubftitue un petit clou l'un desgrands ; on maintient de l'autre la rfiftance de l'enfble ; le petit clou en place

    on en va faire autant l'autre bout , & le Mtier eft tendu. Il faut bien fe garderde s'aider du genouil pour pouffer la latte en bandant le Mtier , comme il eft re-

    prfent dans la Vignette, fig. r , PL i , on s'expofe s'eftropier , fi le clou

    tendre vient s'chapper de la latte , ce qui eft plufieurs fois arriv aux Bro-

    'deurs : la routine l'emporte fouvent fur le danger.

    Quand les eniubles font fort longues ou trop minces, & que l'on tend beau-coup l'toffe, elles fe cambrent en dedans & rendent l'toffe lche par le milieu ;on la retend par le fecours d'un garrot vis ou levier

    ,qui redrefle & con-

    tient les enfubles. Voye[ PL 1,fig. 8 , 9 & ir.

    Quand l'toffe eft chancre ou contourne , ou qu elle eft molle , commedraps lgers

    ,toffes tricot^a^ Scc r il faut d'abord cendre ie Mtier en toile

    cholette, ferpilliere ou canevas, bien quarrment & peu bande, puis appli-quer l'toffe bien tale & fixe d'abord avec plufieurs pingles, puis coufuepetits points dans tout fon pourtour ; enfuite on retourne le mtier pour couper

    par l'envers & remployer vers les bords tout ce qui fe pourroit trouver fous laBroderie. On voit bien que cette toile ou canevas ne fert qu' remplir les chan-crures & conferver le Mtier quarr & bien galement tendu. Quand l'toffeeft foible ou point transparente , on peut laiffer la toile tout en plein , cela fou-,

    tient le point du Brodeur , & donne plus de confiftance l'ouvrage.Il faut couvrir toute l'toffe , mme l'envers de ce qui eft roul autour de

    l'enfble,avec des papiers , des linges ou de la ferge , except la place o chaque

    Ouvrire travaille , encore faut-il qu'elle ait fous fa main un petit papier mo-

    bile,pour garantir l'toffe du contact de la main. Plufieurs perfonnes peuvent

    travailler

  • De la diflnbutlon des Etoffes. gtravailler enfemble au mme Mtier , proportion qu'il eft plus ou moins long

    ,

    toutes les gaucheres du ct d un enfubie , la main gauche defus & l'autredefbus

    , & toutes les droiteres de l'autre ct , la main droite de/Tus & l'autredeflbus

    ,pour avoir les unes & les autres le jour en dedans la main

    ;plufieurs

    Ouvriers ne peuvent pas changer la fituation de leur main en changeant decot

    ,& cela eft fort incommode. Dans les cas prefles , il fe place des Ouvriers

    le long de la latte,en mettant un trteau fous chaque enfuble. Si Ton a oubli

    quelques bagatelles dans le milieu du Mtier,ou que ce foit de la dorure dure

    & embarraflnte 9 un Ouvrier fe tient terre fous le Mtier,pour tirer & pouier

    l'aiguille fon camarade qui travaille en deflus.Il faut que les chaifes des Ouvriers foient proportionnes leur grandeur;

    les Ouvrires ne fe fourniffent que d'aiguilles , ds & cifeaux. Les Entrepre-neurs fourniflnt les broches c

    ,bobines d, pts e , talignons A, PL i , le feu

    & l'eau,& toutes les matires qu'ils veulent qu'on emploie. Ceft un des m-

    tiers o les femmes gagnent les meilleures journes : on leur donne ordinaire-ment vingt-cinq fols par jour

    ,ou quatre francs pour l'emploi d'une once de

    paiT ; cela augmente proportion qu il y a plus abondamment d'ouvrage ouque les matires font plus fines ou plus dlicates. Les hommes font pays da-vantage

    , proportion de leur talent ou de leur habilet. La journe doit com-

    mencer fix heures du matin & finir huit heures du foir ; la veille par-del , fepaye double.

    Diflrlbution des Etoffes.

    Si ce qu'on veut broder eft en dorure,le Matre diftribue aux Ouvriers plu-

    fieurs broches s,syPLi, charges, les unes de ligneul , d'autres de fil de Bre-tagne

    ,d'or, de cordon

    ,de trait , &c ; il leur donne encore du fil de Bretagne

    blanc ou jaune,en cheveaux coups par un-bout & natts ; une pelote de cire

    ou de la bougie,des pts , un bouriquet g , PL I , des morceaux de feutre ou

    de ferge d'AumMe ? tout cHa trotte fur le mtier pour le fervice des Ouvriers.Si la Broderie doit fe faire en parte

    ,le Matre diftribue ou des bobines char-

    ges d'or paffer, ou de cordon, ou plus communment en torches r, PL r.Le Matre ploie chaque once d'or en un cheveau de la longueur que doitavoir chaque aiguille

    ; il donne un coup de cifeau chaque bout de cet che-veau

    ,puis effile avec les doigts la lame d or qui recouvre la foie , de la lon-

    gueur de deux pouces chaque extrmit des aiguilles ; il cafte cette effilure &la met au dchet

    ,ce qui donne ncessairement un gros de dchet par once. La

    partie de l'aiguille qui refte en foie dcouverte d'or , fert d'un bout tre enfi-le & arrte vers la tte de l'aiguille , & de 1 autre bout faire le nud ou lespoints perdus dans l'toffe en commenant travailler. Si dans le cours de l'ai-guille

    ,elle s'corche en paffant au travers de l'toffe , il faut dfiler fon aiguille

    ,

    couper la partie corche, la mettre au bouriquet

    , & renfiler le bout d'or quiBrodeur.

  • io ART DU BRODEUR.refte, pour achever de l'employer. Le Matre enveloppe enfuite chaque cheveau

    dans un papier ou parchemin roul, qu'on nomme torche , voye^fig. r , PL i

    ,

    plus court que les aiguilles , afin qu'on puiffe les tirer mefure qu'on en a

    befbin.

    Si l'on doit broder en foie ou laine , le Matre dlivre aux Ouvriers les foies

    convenables dvides fur des bobines ; allez ordinairement ces bobines font en-

    files en chapelet , comme^fg. x 9 PL i.

    Si le Matre donne travailler en ville , il doit pefer toutes les toffes & lesmatires qu'il donne employer , en charger bien exactement un petit livre que

    chaque Ouvrier rapportera toutes les fois qu'il viendra chercher des diffrentes

    matires & quand il rendra fon morceau fini,pour fervir de contrle fa fidlit.

    Toutes ces prcautions ne font de la peine qu'aux coquins.

    Des diffrentes manires de Broder.

    O n brode en ronde-bofe , en bas-relief, en or nu , en paff , en pafTe-par-gn , en guipure , en Broderie de rapport, en couchure, en gaufrure , en fa-rin

    ,en paillettes , en taillure , en jais , en foie , en chenille

    ,en laine , en ta-

    piierie,en chanette , en Broderie de Marfeille , en nuds & en blanc. Nous

    allons expliquer fparment toutes ces diffrentes manires de broder , dont

    plufieurs fe trouvent fouvent runies dans un mme morceau d'ouvrage.

    Comment on Brode en ronde-bofje.

    O n brode des figures & animaux de ronde-bofe,grandes comme nature j

    c eft un ouvrage fort rare & de la plus grande magnificence,qui demande beau-

    coup d'intelligence & de talent. Pour ruftr, il faut d'abord faire modeler lefujet par un habile Sculpteur

    ,

    puis le copier par parties dtaches avec des mor-ceaux de drap blanc, neufs, appliqus les uns fur le* autre* iWant les diff-rentes faillies du modle ; ce drap qui a du tre d'abord bien imbib d'eau pourlui donner plus de foupleffe tre model

    ,prendra l'aide de l'bauchoir ou

    menne-lourd, (yoye[fig.ff9 PL i ,) & de plufieurs points de foie, toutes les

    formes qu'on voudra lui donner. On recouvre enfuite toutes les fuperficies demorceaux de cartes jouer , bien imbibs de colle claire ; il faut que chaquemufcle ou chaque pli foit un peu outr ; les fils d'or qui doivent recouvrir en-gorgent toujours un peu les formes. On recouvre enfuite chaque partie , de mor-ceaux de taffetas blanc ou jaune bien colls & bien tals dans tous les creux& les recoins de chaque pice : quand tout eft bien fec, on define fur ce taffe-tas le dtail des parties & le fens de les coucher

    ;puis avec de la foie bien cire

    on coud les fils d'or ou de trait les uns bien prs des autres , en fuivant le fensdes mufcles ou des draperies

    , & donnant aux points de foie une marche rgu-

  • Manire de Broder en ronde-bojje. tliere & alterne dans leur rencontre : chaque point de foie qu'on ferre beau-coup en travaillant, f trouve cach par les fils d'or qui les avoifinent, &donnent l'or la forme d'un travail d'ofier. Cet ouvrage s'appelle du relief

    farin.

    Quelquefois , au lieu de faire l'enlevure en drap , on modle en carton les

    parties de l'objet qu'on veut excuter ; on applique ces parties fur de petits

    mtiers tendus de toile forte ; on couvre les fuperficies de ce carton avec des

    morceaux de taffetas colls ; on coupe la toile fous le creux de chaque morceau

    qu'on veut broder;puis quand tout eft bien fec, on coud les fils d'or de la mme

    manire que nous l'avons indiqu plus haut. Quand chaque partie eft dore &lifere, s'il en eft befbin

    ,le Brodeur colle l'envers de fon ouvrage avec de la

    gomme pour en arrter les points de foie. Quand ces morceaux font bien fecs,

    il en dcoupe les bords & les rejoint les uns aux autres fuivant fon modle , avecdes points de foie perdus , ou des fils d'or couchs de faon qu'ils cachent les

    raccords : il doit prfrer de fe raccorder dans les endroits o les parties f croi-

    fent ou fe recouvrent. On conoit aifment qu'une tte , un bras , un fruit , nepeuvent fe broder qu'en deux parties au moins , t fbuvent en cinq ou fix. S'il ya dans le fujet quelques parties faillantes & qui doivent badiner , comme plumesde cafques , branches de fleurs

    ,graines ou piftils

    ,le Brodeur les fait en lame

    ,

    frifiire ou paillettes,& les fbutient par des fils de fer cachs dans l'intrieur de

    chaque pice. On ne peut donner que les moyens gnraux pour les diffrentscas ; c'eft l'Ouvrier induftrieux chercher les mthodes les plus sres & lesplus agrables , fuivant que fon defln & les circonftances l'exigent. Les Carya-tides de quinze pieds de haut qui font Verfailles dans l'appartement du Roi

    ,

    & les ornements qui couronnent fon Trne , font des modles & des chef-d'uvres au-defls des dtails que j'en pourrois faire.

    De la Broderie en bas-relief.

    Pour broder en bas-relief des tableaux , rinceaux d'ornement , mafcaronsfruits ou fleurs , comme le caparaon ou la houffe de la Planche 7 , le Brodeur

    ,

    aprs avoir deflin fur un petit mtier les diffrentes parties de fon objet , d-taches les unes des autres comme Planche 2, , commence par exprimer les

    plus grandes faillies, fig. 3 , 3 , 3 , PL 1 > avec de gros fils crus & cirs , qu'il

    conduit avec une broche , & qu'il coud les uns fur les autres plufieurs re-prifes , fuivant le plus ou le moins de relief qu'il veut donner fes fleurs ; en-fite il recouvre ces premiers ligneuls en fns contraire , d'une furface de fils

    de Bretagne bien cirs & paffs l'aiguille ou couchs points de foie. Voyezfis* 4 4 > 4 > P^ 2" Il aflujtit mefure qu'il travaille , ks fils & les modles avecle menne-lourd

    ,pour exprimer toutes les feintes , revers , nervures & ondula-

    tions. Quand chaque objet a toutes fes rondeurs & formes diffrentes bien fen-

  • rx ART DU BRODEUR.fibles & berne un peu outres , (ce qui eft l'ouvrage des plus intelligents Ou-vriers , & fouvent d'aprs un modle en cire ou en pltre ) , les Brodeufes cou-

    vrent le tout en fens contraire aux dernier;, fils , avec de l'or en broche coufu

    petits points alternes, d'une foie bien cire , (yoye[ PL 2. , fig. J , 5 , 5 , 5 0^es

    points fe trouvent perdus dans les fils , on ne voit plus que l'or faifant l'olier.

    On caffe beaucoup d'aiguilles dans cette opration , caufe de la frquente ren-

    contre des fils qui font l'enlevure & de leur duret. Les graines 6 , nervuresde feuilles 6 , & revers 6, fe font affez communment de clinquant guip, oud'or trait

    ,

    pour varier les effets. Si quelque objet qui a de TpaifTeur , fe ter-

    mine en vive arte par le bord , on cache 1 epaiffeur des fils par un cordonnet de

    foie coufu, qu'on appellefaveur ou vernis ; puis on lifere avec la milanefe ou le

    cordon coufu dans le retors, pour exprimer plus purement les formes que les

    diffrents travaux avoient confondus , 7%. 7 , 7 , 7 , 7. Il faut bien fe garder de

    liferer tout ce qui fait horifon , comme dos de revers , horifons de fruits , ron-

    deur de plis d'toffe, &c ; eeft une faute trs-commune aux Ouvriers qui man-

    quent de got. La lifiere doit tre faite par les meilleurs Ouvriers. Quand plu-

    sieurs objets fe jouent, ou doivent dominer les uns fur les autres , on les rend

    plus fenfibles en les brodant d'abord fparment comme fig. 7 , 7 , 7 , 7 ; on les

    rapporte enfuite les uns fur les autres , comme fig. S > $ > 8 , 8 ; & chaquebout de cordon 9fig. 7 , qui a lifer ces parties , & qu'on a laifle trop long enapparence , on le paffe au travers de l'toffe en raccordant ; quelques points

    perdus & cachs fuffifent pour fixer ces diffrents fleurons : on peut augmenterle relief des grandes parties , en coufant la place qu'elles doivent occuper , un

    ou plufieurs morceaux de chapeau plus troits que la Broderie , qui doit les re-

    couvrir : c eft ce qu'on appelle emboutir. Voye^fig. 2 , b e.

    Quand on a excut les diffrents fujets d'un grand morceau , compofs cha-

    cun de plufieurs petites parties, on les dcoupe, on les rapporte fur leur vrai

    fond , fuivant que le deffin qu'on y a trac l'exige , comme le Caparaon de la

    Planche 7. LeS queues # ckafes mignone* , & brodent fui- le fond mme : onle ntoie , on le met en taille , on le colle , & l'ouvrage eft fini.

    De la Broderie en Or nue.

    Pour faire un tableau en or nu, comme PL 3 >fig< 1 , il faut d'abord que

    le fujet foit deffin de traits un peu gros , & par une main habile , fur untaffetas doubl dune toile un peu forte. Le Brodeur commence par couvrir toute

    la furface de fon tableau avec des brins de gros or lancs & arrts feulementaux deux extrmits, comme B 9fig. 1 : quelques Brodeurs eftiment qu'il vautmieux faire les carnations de rapport , & par confquent viter de lancer l'orfous ces parties ; mais la premire mthode eft plus gnrale & plus magnifique.Les brins d'or fe touchent, & l'Ouvrier napperoit les contours qu' chaque

    fois

  • De la Broderie en or nue j^fois qu'il fiche fon aiguille pour recouvrir l'or en embraffant deux brins la foisfuivant les nuances d'un modle peine qu'il doit avoir devant lui ; les points defoie fe touchent de tous les cts dans les endroits fombres

    , & cachent abfolu-mentl'or. Pour les demi-teintes, on laifl voir for de l'paiffeur dune foieentre chaque point, & ainfi en dgradant les nuances, & laiffant appercevoirplus d'or proportion qu'on veut augmenter les lumires

    ,jufqu' ce qu'enfin

    for ne foie plus arrt que de loin en loin par des foies trs-fines & trs-claires,

    comme c, fig. i. Les carnations fe font toutes en foie plate du km contraire

    l'or, points farins trs-fins , comme D

    ,fig. i , ce qui s'appelle point de bou-ture. Les cheveux & la barbe fe brodent en tournant, auffi points fendus dufens que les boucles ou les ondulations l'indiquent. Il n'y a point d'ouvrage oil faille un aflrtiment auffi complet de nuances de toutes les couleurs ; le Bro-deur doit toujours avoir une vingtaine d'aiguilles enfiles, pour moins s'impa-tienter

    ,& ne pas perdre l'ide des dgradations de ton qu'il veut donner fon

    objet : for nu eft lns doute l'ouvrage le plus long , & celui o il faut runir leplus de patience l'intelligence la mieux foutenue.On ne voit plus gure de cette prcieufe Broderie

    ,que fur les orfrois des an-

    ciens ornements d'Eglife ; la dpenfe en eft confidrable , &les Ouvriers en ont peu de chofs prs

    ,perdu l'habitude & le talent.

    L'or nu btard eft moiti moins couvert de fils d'or ; les intervalles fontfaits en foies nues avant de lancer les fils d'or; on recouvre ces fils par lemme procd de l'autre or nu

    , en fe raccordant aux nuances des intervalles,

    ce qui donne peu-prs le mme effet, quoique moiti moins riche & moinsbrillant. Il eft ridicule de liferer ou border les moulures d architecture

    ,quand il

    sqti trouve dans ces tableaux, ou les bords des vtements , avec de gros cor-

    dons d'or ; c'eft abfolument fortir du genre. Plufieurs Brodeurs de l'autre fieclefont tombs dans ce dfaut par une magnificence mal entendue. C'eft peu-prscomme quelques Peintres Allemands

    ,qui

    ,pour mieux reprfneer la lumire

    d'une lampe , font fait en reliefdan* Leurs labteaux,

    De la Broder le en Paff.

    P o u r la Broderie en Paff , comme PL 4 , fig. 3 , & P/.p 9 fig.i> il faut quechaque objet n'ait tout au plus que fix lignes de largeur

    ,afin que chaque point

    n'ait pas trop d'tendue & foit folide ; fi l'objet a plus de largeur, comme legalon de la fig. 3, on le divife en plufieurs parties c , c , c , c , & on le refend demanire qu'on puiffe y revenir plufieurs fois pour l'excuter en totalit.

    Pour que le paff foit folide , chaque point doit embraffer en deffus comme

    en deffous toute la largeur de la partie qu'on brode ; il faut prendre chaque mou-

    lure un peu de biais pour leur conferver mieux leur forme, ferrer & rapprocherimperceptiblement chaque point dans l'intrieur des contours , & les cartant

    Brodeur* D

  • ART DU BRODEUR.auffi imperceptiblement l'extrieur

    du contour parallle , de manire que les

    points tournent petit petit en dcrivantles courbes, & relient cependant

    toujours peu-prs de la mme longueur. Foye^dd, fig. 3. Pour lesornements

    d'Eglife deux endroits* , & les chofes qui ne doivent point tre doubles,

    l'Ouvrier, avec un peu d'attention & fans faire de nud, fait cacher lepre-

    mier & le dernier point qui arrte fou aiguille , comme e,fig. 3 -, il yen a

    mme qui n'arrtent jamais autrement ; ils vitent les paffagesd'une fleur

    l'autre , & font leur pafT avec affez d'adreffe pour qu'on puiffe fefervir indif-

    tintement d'un ou de l'autre ct de ces vtements ;tels font les habits de drap

    rouge d'un ct & bleu de l'autre , qui nous viennent d'Angleterre , & quon

    brode de cette manire : c eft ce qu'on appelle paffh deux endroits. On a mme

    trouv l'art d'orner un des cts de cetteBroderie avec des paillettes & de la

    frifure , fans que les points paroiffent de l'autre ct ;ce qui fe fait en fichant

    fon aiguille en biais & la repayant de mme , fans embraffer aucun fil dor du

    paff le point fe trouve cach deffous. Quelques Ouvriersdreffent leur mtier

    tout debout pour pouvoir regarder l'envets & l'endroit, en travaillant ces

    petits agrments. Pour les queues de fleurs , petitespalmes & deffous de com-

    partiments , comme la partie du galon uniforme de MM. les LieutenantsGi^~

    raux,/',/,^:3,W.4>&^^^ P/ 8 '^ I ' ilfefakunpaf^trs"tr01C,

    dont le point eft plus along que l'autre paff ; ilfaut les mmes gards quand

    on a des courbes dcrire ; ce paff s'appelle enbarbiches : il eft moins brillant

    que l'autre , & fait une varit fouvent nceffaire.On a long-temps brod les fonds de galons & autres parties fourdes en cor-

    don paff , ce qui faifoit trs-bien jouer les diffrents objets , & mettoit des re-

    pos, comme PI S, fig. 1 S % ; mais aujourd'hui on veut tout brillant, & le

    cordon eft relgu aux Frangers.

    Quand on a du paff faire fur velours ou fur quelqu'toffe broche , il eft

    affez d'ufage de faire dcouper le delin en vlin, ou tout aumoins en papier

    ,

    qu'on bfek petits points fur l'toffe , pourfouterur le paff

    ,

    lui donner de l'-

    galit & l'empcher de s'enterrer ; on conoit aifment que cela dpenfe un peu

    plus d'or.

    Le bton de Marchal de France eft revtu de velours bleu,brod en paff

    de trente-fix fleurs de lys d'or ; il a dix-huit pouces delong. Le nom de chaque

    Marchal, avec la date de fa promotion , eft grav fur la virole d'orqui termine

    le bton.

    Du Paffe pargne'.

    Le paff pargn fe fait avec de l'or beaucoup plus fin , enfichant l'aiguille

    en deffous , tout ct du trou par o elle vient de paffer ; l'or n'embraffeque

    * On brode enfemble une moire ciamoifie & une moire blanche ou verte , enles appliquantl'une

    fur l'autre , cela donne deux Chapes ou Chal'ubles , avec les frais d'une feule Broderie.

  • De la Broderie en Guipure* I hla furface extrieure de l'objet qu'il brode ; il faut de mme qu' l'autre parle

    ,

    prendre chaque moulure en biais , & tourner les courbes & rouleaux avec lamme attention. Ce procd dpenfe plus de moiti moins d'or , auffi eft-ilmoins cher & moins fblide que l'autre pafT : on n'en fait gure que des jarre-tires ou des lacs ouvrage.

    La plus grande difficult de l'un & l'autre parle , eft de bien conferver lesformes

    ,& que les points qui expriment les contours courbes

    ,ne faflnt point

    la fcie ou dent de chien. Les Dames qui brodent prefque toutes pour leur plaifir

    ,

    & qui rufliflnt afTez bien par les autres procds , chouent quand elles entre-prennent de broder en pafle : les nuances & les paillettes leur conviennentmieux.

    De la Broderie en Guipure*

    Pour broder en guipure, voye{ PL 4 9fg. 1 , il faut premirement poncer& deffiner fur le vlin , le coupon K de l'objet qu'on veut excuter

    ;quand ce

    coupon doit tre rpt plufeurs fois , on attache l'un fur l'autre quatre ou cinqmorceaux de vlin , avec de petits tenons de la mme matire

    ,qu'on pafle de

    part en part. On fait ainfi cinq ou fix petits livrets pour un habit d'homme, fans

    compter les pattes , foupattes , coins & colets ; ce livret tant pof fur une tablede tilleul , on dcoupe tous les contours & refentes avec un fer tranchant u,u 9PL 1 , en laiflant de temps en temps de petites brides pour contenir les objets dansleurs loignements refpectifs, voy* PL 4, quand on les placera fur l'toffe. Quandtout le deffin eft dcoup & vuid , on arrache les tenons , & cela donne ncefairement 4 ou J coupons bien exactement pareils. Quand on en a le nombre fuf-flfant (ce que la taille indique)

    ,en obfervant que les objets tourns droite

    ,

    ne peuvent gure fervir pour les objets tourns gauche en retournant le vlin,

    caufe d'une petite rondeur que le fer lui donne fur les bords en le dcoupant.Si ce vlin eft deftin pour Broderie en or , il a fallu le peindre en fafran , & lelaifler bien fcher ayant de le dcouper : il y a du vlin de plufeurs paifTeurs.Un bon Dcoupeur fe contente ordinairement de ce talent ; il faut qu'il fcheun peu deffiner.

    Quand le Brodeur a tous fes coupons prts , il ponce le deffin gnral furl'toffe , en deffine feulement les retraites ou points de rencontre de fes cou-pons de vlin ; il deffine auffi les queues

    ,graines

    , fleurs , & tout ce qui ne doitpas tre excut en vlin ; enfuite place ls coupons fur la ponure , fuivant

    que le deffin le lui indique, voye[ PL^ 9fig. i f a 9 l y m 9 Scil les fixera avec des

    points de foie fine,m

    , m. Il ne collera pas fon vlin , comme font quelques

    mauvais Ouvriers ; l'humidit le dformeroit & le feroit racourcir. Quand toutfera bti & arrt , il coupera toutes les brides avec des cifaux , & les fuppri-mera. Les Ouvrires recouvrent enfuite ce vlin en travers , d'un ou de deux

    brins d'or, n,n, roul fur une broche qu'elles conduifent alternativement de

  • 6 ART DU BRODEUR.droite gauche du vlin , en fixant l'or chaque retour avec un point de foie

    cire , le plus prs du vlin qu'il eft poffible , fans pourtant le gner ; de faon

    que l'paiffeur du vlin & les retours de l'or, cachent abfolument le point defoie. Si la partie que Ton guipe eft trop large pour tre faite d'un feul point , &qu'elle foit divife en plufieurs refentes comme o , o , l'Ouvrire conduit fon or

    point point fur toute la largeur de l'objet , en exprimant chaque refente par le

    point de foie qui coud for ; puis elle ramen fa broche en fens contraire , les

    points trs-enfoncs & trs-prs de ceux de la range prcdente , & ainfi jufqu'ce que l'objet foit couvert d'or d'un bout l'autre. On lifere la grotte guipure encordon ou en milanefe

    ,

    pour deffiner & exprimer davantage les contours , fur-tout quand plufieurs compartiments fe jouent les uns fur les autres ,ce qui ne le

    fait cependant que pour les gros ouvrages , comme quipages , ornements d'E-

    glife,&c. On fait de la guipure fans vlin , fur fil ou fur ligneul ; quand on veut

    faire des morceaux dtachs & badinants , on les guipe fur des lames de plomb ,pour empcher que l'humidit ne les racornifte , fi elles doivent tre expofes

    l'air. On guipe en frifure & bouillon points enfils & employs l'un aprsl'autre du mme fens du pa(T , comme g 7 g>g 9 fig. J , 7. 4 , ce qui donneplus de relief que le paiT, fait varit, & eft aufli folide. Quelquefois onguipe les tiges

    ,

    petits tronons d'arbre , & moulures de compartiments , dequatre ou cinq points de frifure

    ,puis quatreou cinq points de bouillon alterna-

    tivement, le fombre de la frifure & le luifant du bouillon font un mlangeagrable : il faut pourtant tre fobre de ce procd. Voye^fig. 7.

    On guipe en trait & clinquant : cette dernire guipure diffre dans fon arran^gement , en ce que les brins d'or fil & la frifure , doivent tre bien exacte-ment rangs ct les uns des autres {ans jamais f croifer ni fe recouvrir ; le

    clinquant, en le guipant, doit chaque retour recouvrir le tiers ou mme lamoiti de fa lame. Voye^ PL 3 fjtg- 4 > une des grandes flammes qui font leplein du manteau de l'Ordre du Saint Elprit. On lifere quelquefois cette gui-pure de milanefe ou de cordon. Le clinquant ne s'empine gure d'autres ua-

    ges ; il faut des deffins affortis ce procd , la lame tant fujette fe cafter

    quand elle a trop de porte, ou qu'elle tourne trop court. Les graines, revers

    de feuilles & petites moulures faites en clinquant , comme s , s , PL 4 yjig. r ,font valoir le refte de l'ouvrage , & lui donnent du mouvement & de lalgret.

    De la Broderie en Rapport.

    Tout ce qui fe brode par parties dtaches fur de petits mtiers,pour tre

    enfuite raiembl l'un fur l'autre, & prendre plus ou moins d'lvation, s'ap-pelle du rapport ; mais on entend communment par Broderie de rapport

    ,les

    bordures d'habits d'homme, compartiments de jupes , brandebourgs & autres

    morceaux que lei Brodeurs tiennent en magafin,prts tre appliqus fur tel

    fond

  • tDe ^a Broderie en Rapport. 17fond qu on voudra. On commence, aprs que le deffin eft ordonn fur taffe-

    tas,code ou paper jaune

    ,par profiler tous ies contours extrieurs avec^

    nette d or,

    nomme pradque , & coufue petits points de foie, commeM , *

    ,

    ' f- *>fa 5 i ifuite s il y a quelques fleurs ou compartiments qu'on veuilletquter lgrement

    ,

    on applique des bandes de rfeau fait au boiffeau, comme

    g,g> que l'on fixe par des points de foie dans les fleurs qui le bordent &qtu cacheront & recouvriront ces points quand elles feront brodes. Quelquefo les Ouvners font eux-mmes leur rfeau fur la place mme, par des pointslances & recroffes,qui n entrent dans l'toffe qu'aux endroits qui doivent tre

    flTZd.

    Brt ri: ' comme ' d; ce procd efi bien pius "*."* il eft plus del.cat & plus exat. Enfuite on brode le paff le deffin l'exi.e -on apphque les fleurs de paillon,p

    ,

    p^ oa les guipe avec la frifijre J^feu Ue^ T

    Iafcn

    t0U^S dbord- peu de la pratique q , q , on fe les

    en iff'

    l

    T ' "eS CmpteS 5 kS **" '"' Cn fiifure S"'?- , toujourstou b d K /

    Pe"Ff^miti

    ^k*

  • j8 art du brodeur.autres. Pour excuter en couchure un objet qui s'alonge en s'largifnt , il faut

    chapper un feul des trois brins d'or qui font fur la broche ; on l'arrte de quel-

    ques points de foie vers le retour, & Ton conferve ainfi le coulant du contouru 9 u y que les trois brins corromproient. Comme les points de foie de la cou-chure paroi/lent beaucoup , on lui donne le nom de la figure que ces points ex-

    priment par leur rencontre ; ainfi on dit couchure de deux points a,a 9 en che-

    vron byby en caille , en lofange > en ferpenteau , &c. On peut varier l'infinices rencontres de points dont je donne ici les figures les plus en ufge. Quel-quefois la couchure f fait contre-fens de plufieurs points de fil comme k 9 k 9

    pour lui donner quelques ondulations & varier les luifants de l'or ; d'autres foison recouvre les points de {oief9f9 avec de la frilure , ce qui s'appelle couchure la barre. Quelque foin que Ton prenne en faifnt la couchure, les formes & con-tours font toujours corrompus ; on leur rend leur puret en les iferant d'un

    frif en deux, comme r, t , conduit la broche & coufu de petits points defoie. On peut divifer la trop grande largeur d'un galon ou compartiment avecdu clinquant pliff coufu de foie comme g ,g 9 ou des mofaques de clinquantplat de diffrentes formes , ornes de points de frilure , comme/, /. Les queuesle font ordinairement en or frif & couch. Quelquefois on ajoute fur les re-tours de la couchure des ombres en foie ; comme la fleur u , u , ce qui fert en

    mme temps cacher les retours , & faire jouer les diffrents objets. D'autres foison reprfente en foie plate une ombre porte fur le fond de deux ou trois lignesde largeur , ce qui fait un fort bon effet fur le gros-de-Tours & fur le velours :cette ombre porte doit tre de mme couleur que le fond. En gnral , la cou-chure eft la plus commune cfc la moins folide des Broderies ; elle fe dgauchit

    & s'altre facilement : on n'en fait gure que les petits ouvrages pour les Foires.L'or frif ne peut tre que couch , il s'corcheroit en paffant au travers de

    l'toffe.

    On fait en couchure de deux brins , des fonds entiers de grands ronds tournsen fpirale

    , commej^.i, en les commenant chacun par leur centre. Ces rondsen fe mlant les uns dans les autres, reoivent diffrents rayons de lumire dontle mlange eft fort agrable , fur-tout s'ils fervent de fond de grands courantsde gros objets brods en nuances. On fait de pareils fonds en jais blancs oujaunes.

    De la Broderie en Gaufrure.

    Pour broder en gaufrure , il faut , aprs que l'objet eft defln fur l'toffelancer tout en travers de cet objet , de gros fiis bien cirs , deux lignes les unsdes autres , comme a , a , fig. i , PL 3. On arrte ces fils bien droits & bien pa-rallles de diftance en dftance

    ,avec de petits points de foie cire

    , comme a ade manire que les fils ne puiflent plus tre drangs

    ; enfuite en commenantpar une extrmit de l'objet, comme b 9 b t on recouvre ces fils en fens con-

  • De la Broderie en Gaufrure. jtraire, avec de l'or en deux brins roul fur une broche, qu'on coud ferme dedeux en deux brins de fil

    , d'un bout l'autre de l'objet, comme c, c; on re-vient enfuite

    ,& l'on fait quatre ranges en fuivant le mme calcul, 'ce qui

    donne chaque rencontre quatre points de foie parallles ; enfuite on conti-nue quatre ranges d'or en rtrogradant d'un fil, chaque point de foie dechaque range

    ,toujours d'un bout l'autre

    , comme d, d;puis on reprend le

    premier calcul de quatre ranges, toujours alternativement, jufqu' ce que lafurface qu'on fe propofe foit abfolument couverte d'or , ce qui imite affezbien l'ofier. Les points de foie doivent fe trouver cachs par le relief du fil;il faut

    ,comme la couchure

    ,lcher & coudre un brin d'or de la longueur

    d'un point aux retours,quand la forme arrondie de l'objet s'alonge en s'largif-

    fant, comme e,

    e. En gnral, il faut, pour tout l'or que l'on coud fur les

    toffes,tant en gaufrure, couchure

    ,guipure

    ,que fatin , bien tirer la broche

    ,

    & mener l'or ferme chaque point avant de tirer tout--fait le point en deffous;

    il faut encore avoir grand foin que les brins d'or ne fe croifent jamais & foienttoujours rangs bien plat les uns auprs des autres

    , fi ce n'eft aux extrmitso cela eft indiffrent. On laiffe ordinairement paffer hors l'objet en commen-ant

    ,huit dix lignes du fil d'or ; on en laiffe autant en coupant l'or pour f-

    parer la broche quand on finit comme/,/ On paffe enfuite ces bouts d'or autravers de l'toffe avec le fecours d'une aiguille paffer les bouts , ou mmeavec celle qu'on tient. Pour rendre la gaufrure fes formes & cacher les re-tours, on la lifere d'une milanefe ou d'un cordon g, g, qui fe coud, non pasen l'embraffant par le point de foie, comme pour la milanefe ; mais en fichantl'aiguille dans le retors du cordon

    , & donnant un petit tour de broche en de-hors

    ,puis en dedans la main

    , ce qui cache abfolument le point. Cette lifieredoit un peu mordre fur la gaufrure. Quand les morceaux gaufrs doivent tredcoups & rapports ailleurs , on les profile de fix ou huit brins de foiebrune coufue trs-petits points : c'eft de ce travail que font faites les fleurs delys des tapis de la Couronne. Il eft plus flide que brillant.

    De la Broderie en Satin.

    L e fatin reffemble la gaufrure dans fa marche ; il en diffre en ce qu'onchange la rvolution des points chaque retour

    ;que fouvent on fatin l'or en

    un feul brin, & que les fils de l'enleyure font trs-prs les uns des autres &

    fouvent d'paiffeur diffrente;pour les ttes , les gros fruits ou les grands rin-

    ceaux,le Brodeur femble oublier quelques points de foie fur les grandes fait-

    lies,pour les laiffer liffes , & augmenter le luifant de l'or en cet endroit. Tous

    les dtails du fatin font l'article du Bas-relief.

  • ao ART DU BRODEUR.De la Broderie en Paillettes.

    Pour broder en paillettes , comme PL 4 , fig. 3 Scjtg. 6 , il faut en avoir prs"de foi de diffrentes grandeurs

    ,par petits tas , fur un ou deux pts , comme

    PL r, fig. e , ainf que du bouillon & de la frifure ; l'Ouvrier enfile une trs-

    fine aiguille de foie cire ( la couleur n'y fait rien ) ; aprs avoir arrt un pre-

    mier point dans l'toffe , il enfile dans cette aiguille un grain de frifure,puis

    une paillette,qu'il fait couler le long de ion aiguille jufques fur l'toffe ; il

    fiche fon aiguille dans l'toffe > la tire de l'autre main , & la ramen tout defuite en defls , la diftance d'une demi-paillette ; il en enfile une fconde

    ,

    puis un grain de frifure qu'il fait couler comme la premire fois : il fiche fonaiguille dans le trou de la premire paillette , retire l'aiguille en de/Tous , cequi fait recouvrir la moiti de cette premire paillette par la moiti de la f-conde. Le fcond point de frifure doit parotre fe rejoindre au premier , & nefaire qu'une ligne ; on l'aide quelquefois avec la pointe des cifeaux

    ,ou celle

    d'une groffe pingle ; le Brodeur ramen fon aiguille en defs, enfile une

    paillette & un grain de frifure,& continue ainfi tant que l'objet l'exige

    , en

    changeant de grandeurs de paillettes , fuivant les places & la forme de l'objetqu'il excute

    ,comme a

    , fig. 6 , & fini (Tant toujours comme il a commenc,

    par un point de frifure pour arrter la dernire paillette ; ce qui fe fait en fri-fure peut fe faire en bouillon, cela eft arbitraire. Les grains de frifure ou debouillon doivent tre coups un peu plus longs que l'efpace qui eft entre lesdeux paillettes

    ,afin qu'en ferrant le point , ils ne paroiffent faire qu'un feul fil

    d'or qui attache & barre les paillettes. On varie l'arrangement de ces pointsde frifure

    ,comme on en peut voir quelque exemple , PL $,fig. 3 , 4

  • De la Broderie en Paillettes.qui efi de fon ct

    , & tout de fuite dans le trou d'une paillette que prfente lamain droite

    ,

    l'toffe entre deux ; alors on tire les deux aiguilles en mmetemps, & le point de frifure de chaque ct fe met fa place comme l'autreprocd

    ;on continue ainfi tant que le fujet l'exige : cette Broderie eft fort

    longue & trs-rare.Quelquefois aprs avoir coufu les paillettes ea foie , on recouvre cette foie

    de trois ou quatre brins de trait, commefig. 6 , PL y , ce qui L/fe bien mieuxbriller les paillettes. D'autresfois on les attache avec de la foie rouge ou vertepour leur donner une teinte d'avanturine

    ; on en recouvre quelques-unes depoints de f01e courts & longs. Ces variations donnent moyen de faire jouer lesobjets qui s'avoifinent

    ,quoique d'une mme matire.

    On emploie des paillettes comptes fur de l'enleyure,pourvu que les formes

    foient /impies.

    On vient tout nouvellement de faire des paillettes colores une une , & dela frifure de couleur.

    On emploie auffi les paillettes fparment pour former des graines de fruitsou des agrments dans les mofaques

    ; on en feme des fonds entiers, puis onles attache chacune de deux points d'or en croix.

    Depuis qu'on a imagin de colorier & vernir des lames d'argent, les Bro-deurs en font des bouquets & des guirlandes, imitant en quelques fortes lespierres prcieufes; ils ont mme depuis peu de temps, trouv l'art de nuer &dgrader le ton de ces lames, en les recouvrant plus ou moins avec des pointsde foie de nuances afforties. Voye^ fig. u , PI. j.En 1755, on a imagin des paillettes d'acier noir-d'eau, & des paillettes de

    verre noir, pour les Broderies de deuil ; il ne fe parle gure d'annes qu'onn invente quelques petites nouveauts que la mode adopte & rforme tour--tour.On appelle paillettes perces, celles qui le font de plufieurs trous; on en

    varie les formes l'infini. Celles qui font le plus en ufage, font deffines PI.5 >fy-%>f>g>h >i,I,m,n,o,p,q,r, & l'on en trouvede toutes prtes chezplufieurs Tireurs d'or. Celles de la figure o, & autres volont

    , doivent tredcoupes fuivantle deffin qu'on en fournit. On voitj%. 8

    , his t &fig. a, fala manire de les attacher avec la frifure ou le bouillon.

    De la Broderie en Talllure.

    Nous avons dit dans l'Introdudtion que la Broderie en taillure toit la pre-mire & la plus ancienne des Broderies : en voici les procds.

    Soit qu'on la faffc en toffe d'or, de foie ou de laine, on ponce d'abord fans

    ordre & le plus rapproch qu'il eft poffible (fur l'toffe qu'on veut dcouper),les fleurs ou compartiments dont on a befoin, comme fig. 11, PI. y, on lesdefline avec toutes leurs nervures

    ; on dcoupe enfuite toutes ces pices avecdes cifewx

    ,

    en les laiffant de trois ou quatre lignes plus longues aux endroitsBrodeur.

    -p

  • 12 ART DU BRODEUR.qui doivent tre recouverts par d'autres. On les numrote par l'envers de nu-mros pareils ceux qui doivent tre fur chaque partie du poncif, & qui fer-viront les reconnotre quand elles feront dcoupes & qu'on voudra les mettreen place. Cette premire opration s'appelle^/Ve l'pargne. Si l'toffe tailler

    eft trop mince , on lui donne de la confiftance en collant du papier l'envers avant

    de la definer ; cela empche les pices dcoupes de s'effiler.

    Si l'toffe qu'on veut dcouper eft prcieufe , ou qu'on ait beaucoup de mor-

    ceaux pareils, voici une autre manire de prparer l'pargne. On pique deux

    papiers enfemble du deffin qu'on veut excuter ; on dcoupe un de ces defns

    en autant de petites parties que le deffin le permet ; on runit toutes ces parties

    fans ordre & le plus rapproches qu'il eft poffible , far un papier blanc de la lar-geur de l'toffe dcouper : on trace tous ces contours en crayon bien exacte-

    ment ; on les pique , & l'pargne eft faite.On ponce enfuite le deffin gnral fur l'toffe qu'on veut broder ; on deffine

    lgrement & un peu en dedans , les principaux contours ; on deffine encoreles queues

    ,

    graines , Sec , qui ne font point de tailiure , comme K , K , fig, i ;puis on enduit de colle ou d'empois l'envers de chaque morceau de tailiure ,

    furtout les bords ; on place chaque morceau fur les contours tracs fur l'toffe

    fuivant les numros du poncif; on l'tal & on l'appuie bien proprement au tra-vers d'un papier bien fec , ayant attention que les emmanchements des compar-

    timents interrompus r 9 r 9 r, r, fe fuivent bien, & ne paroiffent point caffs.Quand tout eft bien fec, les Ouvriers profilent tous les contours extrieurs,

    en mordant un peu les points dans la tailiure ; puis ils liferent tous les contours

    nervures , revers , &c , avec du cordon ou de la milanefe , comme /, /; quel-

    quefois on exprime les ombres par de longs points de foie ou de laine , comme

    m 9 m , ce qui s'appelle harpe ou hachebach. Quelquefois on enlev le deifous

    des feuilles ou compartiments , avec des morceaux de drap ou de ferge , ce qui

    s'appelle emboutir. Les caparaons , tapis d'talage , couvertures de chariots, fe

    font ordinairement en laine , de ce genre de Broderie. Les figures de bannires

    pour la campagne , fe font en fatin , & pour les carroffes & meubles riches , latailiure fe fait de glac ou de tiffu d'or : on y mle quelquefois des feuilles ou

    es moulures de guipure ou de fatin , & de petits enjolivements en paillettes.Il fe fait auffi de la tailiure en peaux d'agneau d'Aftracah , ou hermines teintes ,

    puis rebordes & ornes de chenille ou de paillettes : cette invention n'eft pasancienne , & peut encore fe perfectionner.Comme il feroit prefqu impoffible d'excuter en fabrique des toffes bro-

    ches , fuivant les diffrentes formes des pentes, chantourns , impriales , & au-tres parties d'un meuble complet , on y fupple en dcoupant les fleurs &feuilles de ces toffes

    ,pour en former , en les runiffant fur un fond uni , les

    bordures & encadrements convenables, fuivant les contours donns par le Ta-piffier. Il a d'abord fallu faire un deffin, o ces fleurs & les queues qui doivent

  • De la Broderie en Jais.i ?

    les emmancher, ftflcnt traces; on btit petits points tout autour, chaque

    Heur,

    fuivant la place que le deffin indique; on la profile de foie aflbrriflante au

    tond ou a fa nuance;on brode points

    , les queues, feuilles & autres liaifons

    neceffa.res: on colle l'envers, & l'ouvrage eft fait. Il y a beaucoup d'aop^ta cette forte de taillure. Il y auroit beaucoup d'conomie faire brocher par laFabrique, toutes les fleurs & feuilles pareilles , fur une mme ligne & le plusrapproches poiible. r

    De la Broderie en Jais.LA Broderie en jais fe fait en enfilant chaque grain de jais, ou d'une foie

    bien cre ou dun laiton trs-fin, qu'on emploie enfuite comme la foiepa/Tee

    ,

    fur la fuperficie des objets, voyel PL SJb **, *. a, en choifi/Tant les

    grains plus ou moins longs, fuivant la largeur de l'objet*,*. Il faut que ledeffin fo,t compof exprs pour ce genre de travail

    ,qui ne peut gure expri-

    mer les chofes groupes ou fuyantes : comme le tuyau du jais eft ordinairementfort troit

    ,

    quand on le coud avec de la foie, au lieu d'aiguille

    , on paffie la foiedans la boucle que forme un crin ploy en deux ; cela coule plus librement il eftvrai qu il faut faire le trou dans l'toffe avec une aiguille

    , chaque fois qu'onveut employer un grain. Il eft propos que le point de foie foit un rien pluslong que le grain de jais

    ,autrement

    ,ou le jais cafferoit

    , ou il couperoit la foiequi le coud. On l.fere ordinairement le jais avec de la chenille

    ,pour garantir les

    mains de ceux qui en veulent dans leurs habits; cette matire gratigne facile-

    ment:elle eft en gnral d'un mauvais ufage pour les hardes.

    On couvre des fonds entiers de jais jaune ou blanc, coufu en plufieurs fpiralesqui le confondent les unes dans les autres , & qui imitent affez bien l'or & l'argent

    :les fleurs & fruits brods en chenille reffiortent trs-bien fur ces fortes de

    ronds.

    On entremle quelquefois les fleurs brodes en jais , de paillettes de verremarguentains

    ,& petits grains de diffrentes formes

    , comme c , c , c, fy JLe meilleur jais vient de Milan

    ; il faut qu'il foit court, bien gal de gro(L &

    coup bien net: Paris, ce font les mailleurs qui le font & qui le vendent.

    De la Broderie en Nuances.La Broderie nue, foit en foie, en laine ou chenille

    , exige beaucoup degot & d intelligence ; non-feulement elle exprime la forme des objets

    , commecelle d or ou d'argent

    ;il faut encore qu'elle peigne leur couleur & leur dgra-

    dation: 1 Art de fondre les nuances pour faire fentir la lumire ou la rondeur

    n eft pas un art facile. Combien de gens s'applaudi/Tent de leur ouvrage, quin en ont pas les premiers lments ? Non-feulement les points doivent fe cour-

    ber fuivant les nervures ou les artrioles des feuilles,pour en exprimer le mou-

    vement. Voyel PL i,jig. 7,a,a, a. Il faut encore placer les teintes proposviter les epai/feurs

    ;elles tent la grce & la lgret de l'ouvrage il faut

  • 24 ART DU BRODEUR.encore, & fur-tout pour les fleurs , viter la multiplicit des nuances ; lesO u-vriers mdiocres croyent n'en jamais mettre aflz ; ils n ofent propos fauterune ou deux nuances pour heurter les effets : il faut , tant qu'on le peut, fairede grands points dans les grandes parties

    ,la multiplicit des petits points te

    le luftre de la foie ; il faut , autant qu on le peut , viter de toucher la foie entravaillant, encore moins paffer le dez deflus

    ;que toutes les fleurs dune mme

    efpece ne foient pas toutes du mme ton, comme il arrive trop fouvent, la Na-

    ture en prfente de claires & de brunes , il faut l'imiter , c'en: une matreffe sure.On brode en foie des tableaux d'hifloire de toutes grandeurs , des payfages , &

    quelquefois mme des portraits (a) ; mais ce font des chef-d'uvres trs-rares,

    & ceux qui les ont faits ont toujours eu la docilit de fe laifler conduire par d'ha-biles Peintres. La foie place & la trme d'Alais , font les matires prfrablespour ce genre d'ouvrage ; on l'emploie points fendus & rentrants les uns dansles autres

    ,foit en fuivant le fens des-mufcles , foit tout d'un fens

    , cela eft arbi-traire. Il ne faut point d'enlevure fous la Broderie en foie nue ; cela eft d'auflimauvais got que les lumires en relief dont quelques Allemands ont cru em-bellir leurs tableaux. Comme la foie plate eft fort groffe quand on Tachette , onla refend facilement avec les doigts par aiguilles aufli fines qu'on le defire.

    Les fleurs & compartiments pour meubles ou vtements , fe brodent ordi-nairement avec la foie de Grenade

    , fur-tout fi c eft en pafle. Quoique les ombresne foient dans la Nature qu'une privation de lumire qui prfente les nuancesdes objets plus fombres & plus teints, il eft d'ufage de les exprimer

    ,( fur-

    tout pour les fleurs brodes ) , par des teintes de plus en plus vives ; on n oferoiepas ( mme pour les chofes qui font fenfes plus loignes de l'il) , hafar-der les demi-teintes ni ces couleurs fales & quivoques qui donneroient tant defracheur aux fleurs dominantes, & les rendroient plus vives & plus faillantes:l'habitude fait qu on n'eft point choqu de ces contre-fens

    ,qui dmentent chaque

    jour les meilleurs tableaux. Depuis quelque temps on prfre la foie de Gre-nade

    ,un cordonnet fin & gal, dont le grain eft plus agrable; nous devons

    cet exemple aux Chinois, chez qui plufieurs Curieux ont fait broder des habitsde la plus grande rgularit. Les Marchands en tiennent des afiortiments.Un autre procd beaucoup plus expditif , c'eft de lancer une ou plufieurs

    nuances d'un, bout l'autre de chaque objet,en les fondant l'une dans l'autre;

    & quand la furface eft toute couverte de foies, on la croife d'autres foies fines

    afforties aux premires nuances, & lances la diftance de deux ou trois lignes

    les unes des autres,comme la rofe 9 fig. 6 , PL 3 , ou la feuille de vigne

    ,fg. 4

    ,

    PL 7 ; puis on arrte ces dernires foies de petits points imperceptibles, ce qui

    (a) On peut voir un beau portrait: de LouisXIV

    ,au Garde-meuble du Roi ; les tableaux de

    quelques ornements d'Eglife, & fur-tout les ta-

    blcaux brods du Trne du Roi, Verfailles

    ,

    reprfentant les Titans foudroys , & Jupiter con-

    fie aux Corybantes. M. Rivet, habile Brodeurqui vient de finir ces morceaux d'aprs les ta-bleaux de le Brun, a bien voulu m'aider de (eslumires pour diffrents articles de ce Mmoire.

    s'appelle

  • De la Broderie en Chenille.a f

    s'appelle rcher, comme le prfente la figure. Ce procd eft bon pour les grandespmes

    ,& les ouvrages qui ne doivent tre vus que de loin. La foie en eft fort

    luifante:les queues Se nervures fe font points fendus l'ordinaire.

    Quelques Communauts Religieufes brodent fur de gros papier, des corbeilles & bouquets de fleurs en foie plate

    , nues deux endroits ; la leve depoint ou jonction d'une feuille l'autre , fe trouve -peu-prs coupe par lecoup d'aiguille rpt ct l'un de l'autre , ce qui nuit la folidit

    , & fait quemalgr la propret du travail

    ,ce genre de Broderie n'a gure d'autre ufage que

    d tre mis fous verre ou dans des livres.

    De la Broderie en Chenille.

    H y a deux manires de broder en chenille, l'une en la coufant fur l'toffeavec une foie cire de la mme couleur ; les points fe trouvent cachs par lespoils de la chenille

    ,quand on a foin de faire le point un peu de biais , du fens

    que la chenille eft torfe. Cette chenille a d'abord t roule fur une broche quilert a la mener ferme en la coufant

    , & la garantit de la froiffure de la main oncoupe la chenille

    ,quand la nuance ou l'objet font finis , un pouce de diftance

    du dernier point, & ce bout qui dborde , on le paffe au travers de l'toffe tout au-prs du dernierpoint defoie

    , avecune aiguille palfer les bouts.Voy. Pi.hfig.

  • 26 ART DU BRODEUR.fe nue mieux, eft plus longue travailler, & plus chre en elle-mme : en g-nral, la Broderie en chenille n'eft pas d'un excellent ufage

    ; elle fe fltrit fa-cilement

    ,prend & conferve la pouflere.

    De la Broderie en Laine.

    O n brode en laine fine d'Angleterre points fendus & en paff , comme onfait en foie

    ;il n'y a de diffrence que dans la manire d'enfiler fon aiguille : il faut

    ployer le bout de l'aiguille en deux, & faire entrer la boucle que forme cettelaine dans le trou de l'aiguille; il feroit trs-difficile d'en venir bout autrement caufe du reflbrt des poils dont la laine eft forme. On brode en laine fine lesarmes de bandoulires, fupports de blafon, ornemens d'Eglife, robes de femmes

    ,

    &c On s'en fert encore en chanette ; cette matire a l'avantage de donner des cou-leurs plus vives & de plus de rfiftance que la foie. Il y en a de toutes les nuances.

    Pour les quipages d'armes,& autres gros ouvrages

    , on fe fert de groffelaine, ainfi que pour faire des cordons lifrer la taillure de laine; ces qui-pages font moins lourds

    ,prennent moins d'eau , & font d'un meilleur ufage que

    les caparaons en tapiflerie. L'exprience l'a prouv.

    De la Broderie en Tapiflerie.

    Q u o i q u e la Broderie en tapiflerie ne foit pas du reflbrt des Brodeurs,j'ai

    cru devoir donner une ide des procds de ce travail.On brode en tapiflerie gros & petit point des meubles de toute efpece ; le

    deffein tant trac l'encre fur du canevas gros volont, on le fait retracerpar de petits points de filofelle fur tous les contours, pour indiquer les diff-rentes nuances. Voy. PL 3 ,fig. 2. Les fils du canevas fervent rgler les pointsde foie ou de laine avec lefquels on brode. Le gros point fe fait en embraffantquarrment deux fils du canevas

    ,maille maille , comme fig.(),a,a, tout le

    long de l'objet,

    ou du fond qu'on brode;puis on reprend la mme marche en

    fens contraire, comme b, b, ce qui recroife chaque point & bouche abfolu-ment les trous du canevas

    ;on fent bien qu'il faut proportionner la groffeur de

    la laine la groffeur du canevas, On plaque d'une ou deux couleurs pour imiterle damas

    ,

    comme fig. 10 , ou l'on nue en toutes nuances en fe rglant par lesfils.

    Le petit point fe prend d'angle en angle du canevas , voye{ fig. 8 ; pu js re_venant en fens contraire auffi d'angle en angle pour recouvrir: il donne peu-prs le mme effet, avec cette diffrence

    ,que le petit point exprime mieux les

    formes. Le gros point fe fait fur du canevas fin, & le petit point fur de gros ca-nevas. Ce travail a dans fon mchanifme quelque rapport avec la mofaqueQuelques Marchands tiennent en magafin des fauteuils & fophas , dont les nuan-

  • De la Broderie en Chanette & au Tambour. a_ces font faites il ne refte que les fonds faire pour amufer les perfonnes qui neveulent pas fe donner beaucoup de peine. On brode beaucoup en tapilferie dansles Communauts Religieufes : c'eft un travail facile.

    Quelquefois avant de broder,on applique le canevas tout deffm fur un fondd or ou de foie

    ;quand les fleurs ou fruits font brods en la manire fufdite &

    en embralTant chaque point l'toffe qui eft deffous, on coupe la lifiere du'ea-

    nevas,

    puis on tire adroitement les fils l'un aprs l'autre,jufqu' ce qu'il n'en

    refte pas un feul;

    l'toffe qui toit deffous & qui fe trouve dcouvert, de-vant le vrai fond de l'ouvrage

    ; le canevas n'a fervi qu' rgler le pointLe marly rend Le mme fervice

    , & eft bien plus commode; il fuffi: de le d-

    couper autour des objets quand la Broderie eft faite, & rien ne parot. Commela lame a des couleurs plus vives & qui fe confervent mieux que celles de lafoie, on fait volontiers les nuances brunes en laine

    , & les claires en foie.

    De la Broderie en Chanette & au Tambour.

    La Broderie en chanette dont beaucoup de Dames s'occupent, s'eft long-temps faite ou fur le doigt ou fur un mtier ordinaire avec une aiguille coudreLa ville de Vendme toit renomme pour ce genre de travail. Depuis -peu-pres dix ans qu'on nous a apport de Chine un procd aufl corret & fix foisplus ex-ditif

    ,on a abandonn l'autre manire d'oprer.

    Quand l'toffe a t tendue fur un cercle d'cliffe appelle Tambour, VOye zPL- r,fy 7 &8,& arrte avec la fangle boucle qui l'entoure b,b,h per-fonne qui veut broder prend l'outil,fig. ra , dont la pointe a forme un crochet

    ou hameon imperceptible;la vis b arrte l'aiguille dans un manche c de buis

    ou d ,vo.e. La Brodeufe aprs s'tre affife, avoir pris fur fes genoux le mtierou tambour & tourn devant elle la furface extrieure de fon tambourqu, eft mobile

    .

    ou fur des vis c, c, ou fur un genouil d, fiche la pointede fon outil dans 1 toffe a 1 endroit que le deffin lui indique; elle acroche nvec

    1 hameon de fon outil,

    une premire boucle d'or ou de foie que lui prfente lamain de dilTous

    ;elle ramen cette boucle en deffus avec l'outil & l'autre main

    en appuyant un peu le dos de l'outil pour ouvrir le trou de l'toffe; elle fiche'

    enfuite fon aiguille une ligne plus loin fur le trait deffin, fans l'a fortir de

    premire boucle;accroche le brin d'or que lui prfente la main de deffous

    le ramen en deffus,

    le fort de la premire boucle en contenant l'or un peu'ferme avec la main de deffous

    , & ainf de fuite ; l'habitude fait le refte Pourarrter un dernier point

    ,ou former la pointe d'une feuille

    , on laiffe le dernierpoint en l'air

    ;on en fort l'outil vuide , & une ligne plus loin on ramen l'or

    de deffous;on lui fait embraffer le point qui reftoit en l'air , on tire doucement

    en deffous,& tout eft arrt. L'or qu'on emploie doit tre fouple & fin : ilfaut

    de 1 exprience pour ne le pas corcher.

  • a8 ART DU BRODEUR.Quand la chanette eft faite d'or ou d'argent , on la fait cylindrer pour lui

    donner plus de luifant ; l'or en s'crafant fous le cylindre devient une efpece delame brillante

    : mais l'toffe y perd quelque chofe de fa fracheur. On lifere autambour de petits damas, des toiles peintes , des linons brochs.

    De la Broderie du Blafon.

    Les maux du Blafon fe brodent ordinairement en cordonnet, couch dumme fens que l'on exprime leur couleur fur les deffins & gravures ; c'eft--dire

    ,

    que l'azur ou bleu fe couche en travers de l'cuflbn paralllement, commefig.t,Pt.7'> gueule ou rouge, fe couche perpendiculairement, commefig. 6;finople ou verd

    ,

    fe couche en biais de gauche droite de l'cuflbn , comme fig.7', pourpre ou cramoifi, fe couche de droit gauche, comme fig. 8 ; fable ounoir fe lance volont, rabattu en petits carreaux , comme fig. o: ces rayuresfont confacres par les principes du Blafon. Les mtaux quifont ou or ou argent,fe reprfentent par le jaune ou le blanc

    ,pour les ouvrages communs, couch

    volont. Dans les Blafons prcieux, on emploie l'or ou l'argent couch ou fa-

    cin;quelquefois mme on exprime le champ d'or ou autres pices qui compo-

    fent le Blafon, par des paillons dcoups volont ; fi ce font de trs-petits

    objets, on peut les faire en frifure ou bouillon: rarement trouve-t-on mtalfur mtal, ou mail fur mail; cela n'eft cependant pas fans exemple. Il fauttre exat fuivre les maux ou couleurs annonces parles cachets ou deffinsplufieurs familles portant les mmes pices

    , varies feulement par les couleurs!Il feroit dlirer que tout Brodeur et au moins les premiers lments du

    Blafi

    Il eft affez d'ufage de fparer les quartiers qui compofent le Blafon , ainfi queles furtouts

    ,par une formation ou profil noir. Les couronnes , cartouches

    , ap-ports

    ,&c

    ,doivent tre brods de rapport

    afin de pouvoir tre emboutis vo-lont

    ;les coliers d'Ordres & leurs croix

    , demandent de lWtkude & de ladelicatefle

    :on peut les faire valoir par des formations de foies aflbrties aux objets.

    Les yeux des animaux qui fervent de fupport aux Blafons, fe font fouvent

    avec un gros grain de jais noir, rond ou ovale, perc & rattach de quelquespoints de foie

    ,ce qui exprime trs-bien la prunelle.

    Le cri des Armes,les devifes & lgendes fe brodent communment fur des

    banderolles de laine ou d'argent couch; les lettres fe font en foie ou lainenoue pafte. Pour bien exprimer les angles & les dlis de chaque lettre il eft propos d'en tracer d'abord les contours par des foyes lances d'un bout l'autrede chaque jambage: puis recouvrir ces jambages & les foyes qui les tracent (fansles dranger ) en paff pris un peu de biais. Je fuppofe que l'Orthographe a bient obferve par celui qui a fait le deflin.

    De.

  • De la Broderie en Fourrure.

    De la Broderie en Fourrure.

    Depuis qu'on a rufl teindre l'hermine en toutes couleurs, les Brodeurs

    en ont fait des compartiments & des fleurs dcoupes , coles & ornes de graine& lifiere de paillettes ; on y mle de la peau d'agneau d'Aftracan , fur laquelle onbrode des compartiments de paillettes. Quand on ne veut qu'imiter la fourrureon lance le compartiment qu'on projette , en foie plate, aflbrtie la peau qu'onveut imiter

    ;puis on fait les poils claire-voie , en fens contraire la foie , avec

    de la chenille auffi aflbrtie. Ces nouveauts ont aflez le caracere de l'hiver &rufliflent trs-bien. Il fe fait aufl des Broderies en plumes de geai & de per-drix

    ,

    rches de foies aflbrties, & bordes de paillettes ; on fait encore des com-partiments d'ales de mouches cantharides & autres fcarabes colors, rabattusde fils d or

    ,& mille autres inventions qui clofent de temps en temps.

    De la Broderie de Marfeille.

    L a Broderie de Marfeille fe fait en piquant de petits points de fil blanc, tous

    les contours des compartiments ou fleurs deffines en blanc fur de la batifte oumouifeline double d'une autre toile plus forte & tendue fur un mtier ordinaire.Quand tous les objets font ainfi piqus, on retourne le mtier, puis avec unpoinon ou la tte d'une grofle pingle , oninfinue plus ou moins de coton filentre les deux toffes, par un petit trou fait l'envers de chaque fleur, pourleur donner du relief. Quand on a ainfi rembour tous les objets

    , en prenantbien garde de crever la batifte ou moufTeline , on retourne le mtier, puis onfeme tous les fonds du deffm de nuds de fil , faits l'aiguille l'un aprs l'autre& trs-preifs, ce qui produit un fond fable & les fleurs li/Tes aflez agrables,fur-tout pour des meubles de bains.

    Les couvre-pieds & vtements piqu,, fe font un peu diffremment; aprs

    qu'on a tendu fur un mtier l'toffe qui doit fervir de doublure, on la

    couvre en plein d'une lgre couche de coton card; on recouvre le tout de la

    belle toffe que l'on fixe bien tendue,par des points ou des pingles tout au-

    tour;on trace lgrement avec de la craie , les cailles , carreaux ou mofaques

    que l'on veut reprfenter; puis on pique tous les contours de petits points defoie ou de fil aflbrti l'toffe. Les Tapiff.ers fe font arrogs le droit de broder deslits fuivant ce procd

    ,ce qui a donn matire quelques procs.

    De la Broderie en Nuds.

    O n brode des robes,des meubles

    , en coufnt petits points les noeuds qUafont les Dames en s'amufant avec leur navette , voye^ PI. ; ,fig. I0 . H n'eft pasbefoin

    ,

    comme la Broderie en chenille, de paffer les bouts chaque fois qu'on

    Brodeur. jt

  • 3 o ART DU BRODEUR.eft oblig de couper, il fiiffit d'arrter le derniernud de deux points de foie : il ya peu d'ouvrages aufl folides. Quand les objets font un peu gros, on peut les nuercomme avec la foie ; on recouvre quelquefois par de gros & grands points defoie

    ,pour exprimer des maffes de lumire , ou des formations d'ombre , tout

    cela dpend du got. Il y a des nuds de diffrentes grolfeurs ; il s'en fait en

    laine , en fil , en foie ; ceux deux cts , PL 5 , fg. 15 , font trs-propres li-

    frer les grands compartiments.

    De la Broderie en Blanc.

    On brode ff mourfeline en coton , fil plat , ou fil de Maline , points piqus

    ,

    en chanette , ou en une infinit de petits jours , ou mofaques , imitant les points

    de dentelle ; ce qui fe fait par diffrentes combinaifons des fils de la mouffeline

    qu'on refferre les uns prs des autres avec des points de fil trs-fin compts r-

    gulirement. Si cette Broderie eft deftine faire des manchettes, on y fabrique

    une dent , ou en points nous , ou en petits illets : quelquefois on brode deux

    mouffelines enfemble, foit en brodant les contours du deffein qu'on met defbus,

    d'un cordonnet qu'on coud petits points & qui embraffe les deux mouffelines ;foit en lifrant les objets d'un point nou ou d'une chanette ; puis on dcoupe

    lune de ces deux mouffelines, autour des fleurs & des feuillages. On ne deffinepoint la Broderie de mouffeline fur l'toffe ; mais on btit petits points la mouf-

    feline fur le deffein, qui doit tre en papier ou parchemin jaune ou verd.1 On peut avoir chez foi nombre d'Ouvrires de cette efpece fans craindreles Jurs-Brodeurs.

    Tout ce qu'on brode en or fe peut excuter en argent ; la diffrence eft

    peu-prs du tiers pour le prix des matires , le prix de la main-d'uvre eft le

    mme : tout l'or que l'on emploie en Broderie n'eft que de l'argent dor : leMmoire du Tireur d'or eft utile confulter ; il a beaucoup de rapport avec ce-lui-ci.

    Les odeurs fortes noirciffent facilement la Broderie, fur-tout celle qui eft faite

    en argent ; on la ntoie avec de la mie de pain raffis , qu'on fait chauffer dans unpolon bien net ; on rpand cette mie toute chaude fur la Broderie, on la frotte

    avec la paume de la main , on l'tend de faon qu'il y en ait par-tout fur l'ou-

    vrage, on couvre le tout de plufieurs linges ; quand tout eft refroidi , on re-

    tourne le mtier, on le bat par l'envers avec une baguette ; on vergette la Bro-

    derie, puis on colle avec de la gomme ou de l'empois bien tal fur l'envers dela Broderie.

    On la ntoie encore avec du talc calcin & tamife trs-fin , ou de l'os de fechepulvrif. Quelques perfonnes ont l'art de rendre l'or noirci & trs-paff, fcouleur & fbn clat , fans altrer le fond de la Broderie ; mais c'eft un fcretde pre en fils, dont une famille Paris fait dpendre f fubfiftance.

  • Manire de ntoyer la Broderie. 3

    1

    On rend encore l'or blanchi f couleur pour quelques inftants, en l'expofnt la fume de plumes ou cheveux brls.

    Il y a quelques autres procds drivs de ceux-ci , qu'on peut tendre l'in-

    fini, fuivant les matriaux qu'on emploie , & le gnie de ceux qui oprent : j'aitch d'indiquer dans ce Mmoire, ceux qui font les plus familiers.

    Pour montrer la varit des gots dans l'elpace d'environ un ficle , j'ai joint

    la fin de ce Mmoire,plufieurs deffeins excuts vingt ou trente ans les uns

    des autres , pour des Bordures d'habits d'hommes.

    Fin de l'An du Brodeur*

  • EXPLICATIONDE QUELQUES TERMES

    PROPRES A L'ART DU BRODEUR

    y\icuiLLES ; il en faut de plufieurs fortes :Aiguille de trois pouces de long, greffe

    proportion,

    propre a enfiler la ficelle.Aiguilles moyennes pour l'enlevureenHl.Aiguilles foie c cul rond.Aiguilles de la plus grande fineffe pour

    employer la frifure.Aiguilles chenille , d'un bon pouce de

    long,la tte fort ouverte.

    Aiguille fans pointe pour la tapifferie furcanevas.

    On achette ces diffrentes Aiguilles laCoupe c YYgrec , rue Saint-Honor.

    Aiguille a passer les bouts ; c'eft unegroffe Aiguille enfile deux fois d'un mmefil ou cordonnet, formant une boucle danslaquelle le Brodeur fait pafler chaque boutd'or ou de chenille qu'il veut faire pafler autravers de l'toffe pour l'arrter. Voye^ PL

    Aiguille a chanette pour broder auTambour, doit tre trs-polie , la pointe ouhameon bien dgag ; il y a beaucoup dechoix; les meilleures fe prennent chez lesCouteliers.Les Brodeufes caffent beaucoup d'ai-

    gulles. On donne pour les aiguilles quandon veut hter les Ouvriers , ou qu'on va lesvoir travailler. Les bons Ouvriers enfilentleur aiguille ttons en deflbus le mtier.

    Aiguille , bout d'or ou de foie propor-tionn l'tendue du bras de celui qui rem-ploie j quand on Ta enfile > il faut larderdeux ou trois fois la foie avec la pointe del'aiguille , c la faire pafler tout au traverspour former vers la tte une boucle imper-ceptible qui l'empche de fe dfiler : en com-menant travailler , il faut arrter le boutde l'aiguille dans l'toffe , par deux ou troispetits points perdus ; cela eft plus propre quede faire un nud. On en fait de mme en i-niffant l'aiguille avant del couper en def-fous ; ce qui refte dans l'aiguille, fe met auBouriquet.Argent. L'argent de Lyon eft d'un meil-

    leur ufage pour'pafler que l'argent de Paris :on le vend $ 6 livres le marc.

    Battre. Il eft propos de battre le m-tier avec une baguette avant de travailler,pour faire tomber ce qui pourroit refter deponure ; il faut encore le battre bien fort

    fur l'envers de la Broderie quand elle eftfaite, pour faire fortir toutes les ordures &mie de pain qui ont fervi la ntoyer.Battu , trait d'or trs-fin

    ,paiT au cylin-

    dre c rendu en lame polie.Bille

    ,partie de la chape qui fert runir

    les deux devants, & les fixer fur les paulesde celui qui la porte avec le fecours de deuxagraffes. F~oye^FL 6,fig* 4 , a*Blanc a dessiner. Ilfaut broyer le blanc

    de crufeaveede l'eau ; puis quand il eft bienfin

    , y mettre un peu de gomme d'Arabie,

    un fiel de carpe ou un peu d'eau -de -vie,pour le rendre coulant ; il en faut faire unbon pot la fois , le blanc devient meilleuren vieilliffant : il faut le remuer fouvent avecun petit bton. On l'emploie indiftinclemenrau pinceau ou la plume.Bleu d'Inde, fe prpare de mme, c

    fert aufi pour ordonner fur les fonds.Bobines

    ,petit cylindre de bois blanc

    perc , fur lequel on dvide l'or ou la foie ;il y en a de diffrentes longueurs c groffeurs. Les Tireurs d'or vendent l'or pafferc le cordon fur des bobines par onces fpa-res ; la tare de la bobine c la groffeur del'or font marques fur la patte de chaquebobine. Voye^ PL 1

    ,d

    , d.

    Dans les grands atteliers, on enfile les bo-bines de foie en chapelets de diffrentesnuances

    , de peur qu'elles ne s'garent

    ,

    comme PL I,fig. u.

    Bords, coupons de defn, d environ dix

    pouces,

    lav c marqu des diffrentesmatires qui doivent l'excuter 5 il faut enavoir fouvent de nouveaux, pour donner choifir aux Seigneurs

    ,qui ne veulent pres-

    que jamais du deffin qui a t excut pourun autre. Voye^ PL %,fig. 1 > 3 SC y.

    Boucles,fe font en enfilant un point de

    frifure ou bouillon dans une aiguille djarrte dans l'toffe

    ; puis fichant fon aiguilletout ct du trou par o elle a paff , entirant la foie en deflbus

    ,le grain de frifure

    forme un petit arcade qu'on nomme boucle,Voyez PL s yfig. 8 , bis f. On en entoure

    fouvent les grandes paillettes, & quelque-

    fois des compartiments entiers.Bouillon

    ,petite lame qui a t roule

    en tire-bourre fur une longue aiguille , c quiforme un tuyau d'environ 12 pouces. On le

    coupe

  • propres a Art du Brodeur* 33coupe par grains de deux ou trois lignes de Broderies pour en extraire la foie & les corps

    trangers. Si les Orfvres n'ont pas eux-m-mes brl for fil, ils ne l'achtent quecomme de l'argent , n'en pouvant faire ladiffrence qu'au creufet; ils paient l'onced'or fept livres , c l'once d'argent fix livrescinq fols.Calle

    ,

    petite cheville de bols qu'on faitquelquefois entrer force dans la mortaifeextrieure du mtier, pour contenir les lat-tes quarrment, quand elles font beaucoupplus troites que les mortaifes.Calquer, fe fait en deftinant fur du pa-

    pier huil,tous les traits d'un deflln qui eft

    deffous , & qu'on voit au travers. On calquefur le papier verni avec une pointe. On cal-que encore un deffin pointe ou milieu

    ,

    quand aprs avoir deffin une moiti un peufeime , on ploie le papier en deux , & qu'ongratte par l'envers avec l'ongle ou quelquescorps durs & polis , ce qui rpte l'objettout entier.

    Canetille. On nomme ainfi dans la fo-cit , la frifure & le bouillon.La canetille eft aufi un gros trait d'or on-

    dul ou boucl, puis applati au