le suricate - douzième numéro

64
Le Suricate 19 février 2013 Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts À la une Magazine Rencontre avec An Pierlé Après sa collaboration avec White Velvet, la gantoise revient avec un nouvel album N° 12 Véronique Anima 2013 Les meilleures sorties ciné La crème des albums Mais aussi... Bi-mensuel Biefnot Portrait d’une femme aux multiples talents

Upload: le-suricate-magazine

Post on 22-Mar-2016

232 views

Category:

Documents


3 download

DESCRIPTION

L'e-magazine culturel en francophonie !

TRANSCRIPT

Le Suricate19 février 2013

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

À la une

Magazine

Rencontre avec An PierléAprès sa collaboration avec White Velvet,la gantoise revient avec un nouvel album

N° 12

Véronique

Anima 2013Les meilleures sorties cinéLa crème des albums

Mais aussi...

Bi-mensuel

BiefnotPortrait d’une femmeaux multiples talents

Sommaire

19 février 2013

Turf et FindusEdition numérique / traditionnelle

p. 5

Boeufnon comestible

Cinéma

Vive la FranceSightseersBoule & BillSilver linings playbookLe monde / LoreGoodbye Morocco / MoebiusBeautiful creatures / MoebiusPlaying for keepsSorties du 20 janvierSorties du 27 janvierActualités cinémaAnima 2013

p. 7p. 6

p. 8p. 9p. 10p. 11p. 12p. 13

CotationsRien à sauverMauvaisMitigéBonTrès bonExcellent

p. 14

3

Scènes

Sortie de scèneNuit torride à l’hospiceDélivre-nous du mal

p. 38p. 40p. 42

p. 44p. 48p. 50p. 51

Littérature

Véronique BiefnotTu étais le pays que j’aimaisWonderLe dernier des loups-garousCritiques littéraires

p. 56

Happy Birthday Mr Suricate

Thomas FersenLaurent RuquierSealLa vie est un long fleuve...Babylon 550 Cent / 7 jours pour une...

p. 15

Musique

Rencontre An PierléChapelrockSuperclubLes vinylsCritiques CD’sGrammy 2013

p. 20p. 24p. 26p. 28p. 30p. 34

p. 52

p. 57p. 58p. 59p. 60p. 62

p. 17p. 18

Edito

Edition numérique Vs Edition traditionnelle

A l’heure où le virtuel prend de plus en plus de place dans nos vies, il est intéressant de voir si l’édition numérique prendra le pas sur l’édition papier tra-ditionnelle.

L’édition numérique ne représente en-core que 2 % du chiffre d’affaires des éditeurs en 2011. La progression des ventes des ebooks est constante, il va sans dire. De très nombreux éditeurs proposent leurs titres sous forme numé-rique, les grands sites de vente en ligne également. Mais malgré tout, le livre version papier a encore de beaux jours devant lui, du moins, à mon sens pour les 10 années à venir.

Ensuite, les lecteurs évolueront petit à petit vers les nouvelles technologies qui changeront également pour en arriver à des offres plus attractives.

Alors, ne boudez pas votre plaisir, et plongez-vous dans les livres de Véro-nique Biefnot qui constituent le dossier dans ce numéro.

5

Le terrier du Suricate

Une publication du magazine

Le Suricate © http://ww.lesuricate.org

Directeur de la rédaction : Matthieu MatthysRédacteur en chef : Loic SmarsDirecteur section littéraire : Marc BaillyDirecteur section musicale : Christophe Pauly

Relation clientèle : [email protected]

Webmaster : Benjamin MourlonSecrétaires de rédaction : Pauline Vendola, Maïté Dagnelie, Adeline Delabre

Régie publicitaire : [email protected]

Ont collaboré à ce numéro :

Baptiste Rol, Marc Van Buggenhout, Nathalie Beauport, Evelyne Vandooren, Julien Fontignie, Emmanuelle Melchior, Philippe Vincke, Elodie Kempenaer, Emilie Lessire, Cécile Marx, Christophe Mitrugno, Arnaud Pilate, Jérémie Piasecki, Olivier Eggermont, Julien Sterckx, Lise Francotte,

Crédits

19 février 2013

M.B.

Grâce à Findus, Turf fera-t-il plus d’entrées que Le

Baltringue ?

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Et Michaël Youn remit son costume de réalisateur

Direction le Taboulistan, un pays imaginaire à la Sacha Baron Cohen, pour l’ancien trublion du PAF français Michaël Youn. Une comédie intéressante portée par l’excellent José Garcia.

Souvenez-vous : en 2010, l’acteur-animateur-humoriste-produc-teur-scénariste français Michaël Youn réalisait son tout premier film « Fa-tal ». Après avoir émis l’idée d’en écrire la suite, c’est sur une toute autre comédie que le néo-réalisateur a décidé de travailler.Intitulée Vive la France, la toute dernière réalisation de Michaël Youn va vous plonger en plein centre de l’Asie centrale, dans un pays que même Google Maps n’a pu localiser. Le Taboulistan !

Toi aussi tu pensais que la recette de taboulé avait été inventée sur la côte méditerranéenne du Liban ? Tu t’es fait berner, comme tout le monde. Le taboulé a été servi pour la première fois par des bergers sur les collines d’une petite contrée appelée, forcé-ment, Taboulistan. C’est sur ces terres que vivent Feruz et Muzafar (Michaël Youn et José Garcia), deux cousins gardiens de moutons.

Le problème principal du Taboulistan, c’est que personne ne soupçonne l’existence de ce pays. Concernant le taboulé, la concurrence libanaise est féroce. Même l’ONU n’a jamais reconnu l’existence du Taboulistan. Pour le chef d’État du pays (un tyran comme on en voit dans tous les films), c’en est trop. Il faut rétablir la vérité et expliquer au monde que le taboulé a été inventé au Taboulistan et nulle part ailleurs. Par quel moyen arriver à leurs fins ? Le terro-risme ! Engagés (de force), les deux bergers Feruz et Muzafar seront envoyés en France avec comme

mission d’orchestrer un attentat kami-kaze sur la Tour Eiffel.

Alors qu’ils ont été entrainés durant de nombreuses semaines pour ne rien laisser au hasard, les deux protagonistes vont être confrontés au pire obstacle qui soit : les Français ! Feruz et Muzafar devront faire face aux grèves, aux guérillas corses, aux supporters de Marseille, aux erreurs médicales et aux chauffeurs de taxi parisiens insupportables. Les deux bergers vont se retrouver livrés à eux-mêmes jusqu’à ce que Marianne (interprétée par la compagne de Michaël Youn, Isabelle Funaro), jour-naliste tombée du ciel, les prenne en charge, pensant qu’il s’agit de deux sans-papiers persécutés par la Fran-ce. C’est ainsi que les deux pseudo-terroristes vont parcourir le pays hexagonal avec la jeune femme, décidée à leur faire découvrir tous les avantages et la beauté de la France. Au final, Feruz et Muzafar vont se poser THE question existentielle : quel est le sens de la vie ? S’exploser ou s’éclater ?

Comparé à Fatal, premier film de Michaël Youn et expérience mitigée, Vive la France s’en sort plutôt bien. L’acteur-réalisateur a eu l’excellente idée de s’associer à José Garcia, qui n’est pas le premier venu en matière de comédie. Les deux terroristes offrent un spectacle comique et émouvant à la fois. Les vannes du duo Youn-Garcia sont plus légères, plus abordables voire même plus classiques que ce qui a été vu et entendu dans Fatal. Évidemment, Vive la France ne sera pas la

comédie de l’année mais le film aura certainement le mérite de se démar-quer. En conclusion, voici les ingré-dients auxquels vous serez confron-tés : des bergers naïfs interprétés par le duo convainquant Youn-Garcia, une mission parsemée d’obstacles qui mènera les protagonistes au pied de la tour Eiffel, une jeune et jolie journaliste qui cherche à partager les valeurs ô combien égalitaires et fraternelles de la France (et oui…) et enfin, un dénouement plus qu’ex-plosif ! Secouez le tout et vous obtiendrez le cocktail Vive la France.

6

La critique

Philippe Vincke

Vive la FranceComédie

de Michaël Youn

Avec José Garcia, Michaël Youn,

Isabelle Funaro

Muzafar et Feruz sont deux gentils bergers du Taboulistan… tout petit pays dʼAsie centrale dont personne ne soupçonne lʼexistence. Afin de faire connaître son pays sur la scène internationale, le fils du président tabouli décide de se lancer dans le terrorisme «publi-citaire» et de confier à nos deux bergers, plus naïfs que méchants, la mission de leur vie : détruire la Tour Eiffel !

©Jérôme Prébois/Gaumont

20 fé

vrie

r 201

3

Sightseers, quand les voyages formentle meurtrier

Entre alliant horreur et road movie, le dernier film de Ben Wheatley nous a enthousiasmé. Film plein de contrastes, ce long métrage nous dévoile une brutalité jouissive.

Elle n’est pas jolie. Elle n’est pas maline. Ni drôle. Ni forcément attrayante. Elle, c’est Tina. Trente-naire dépendante d’une mère étouf-fante. Lui, il se croit beau. Il se croit drôle aussi. Et intelligent. Lui c’est Chris. Eux, ils s’aiment et ils veulent partir en vacances. En caravane. Durant leur voyage ils vont apprendre qu’ils n’ont pas que leur banalité en commun. Une passion les unit, celle de la violence.

Touristes ! est le nouveau film de Ben Wheatley. Après Kill List, sorti lui aussi en 2012 et qui avait fait parler de lui de par sa noirceur, sa violence passant du thriller psychologique à l’horreur sombre et froide, il est étonnant de retrouver Wheatley dans une comédie telle que Touristes ! Abandonnant le sentiment de terreur, le réalisateur s’oriente cette fois dans le rire, et ça marche !

Touristes ! nous embarque dans ce voyage qu’entreprennent Tina et Chris. Il nous emmène, nous aussi, dans cette caravane miteuse et nous fait découvrir la beauté des paysages anglais. Et quand tout doucement on commence à en avoir bouffé de leurs aventures culturelles, les vacances prennent une tout autre tournure. Plus sanglante. Plus violente. Cette brutalité jubilatoire arrive à pic et lance pour de bon le rythme du film. Alice Lowe et Steve Oram, dont Touristes ! est un peu le bébé, ne sont autres que les alter-ego de Tina et Chris. Scénaristes et acteurs, ils assurent l’un comme l’autre leur rôle

de beaufs paumés et ennuyeux à force d’être trop banals. Les meurtres s’enchainent et parfois se ressem-blent, et pourtant le spectateur ne semble pas s’ennuyer, attendant lui aussi, la nouvelle giclée de sang, le prochain brisement d’os. Jouissive. Telle est l’adjectif de la violence présente dans Touristes ! .

Plus sérieusement qui n’a jamais rêvé de tuer cet imbécile qui sait tout mieux que vous et qui veut bien vous le faire comprendre ? Qui n’a jamais voulu décapiter la gonzesse ma-quillée comme un camion qui lorgnait sur son petit ami ?

Nous avons tous des envies de meurtres, mais dans Touristes !, personne ne les réprime. Et ça fait du bien. À travers leurs défoulements, c’est les nôtres que l’on expulse. Plus qu’un simple Road Movie, Touristes ! est un voyage identitaire, une intro-spection des relations humaines. Celle de Tina et de Chris d’abord, unis par une passion commune, celle du meurtre. Celle qu’ils entretiennent avec les autres ensuite. Comme une colère qui gronde au fond d’eux et qui ne tarde pas à sortir.

Wheatley, plus qu’une histoire, nous donne à voir une réflexion sur le genre humain, sur sa bestialité. La raison des meurtres montant cres-cendo, passant de l’excuse la plus stupide au plaisir simple et délivrant de tuer.

Accompagnez cela d’une bande originale entrainante (Tainted Love

de Soft Cell, c’est vous dire), d’ac-teurs qui semblent être nés pour de tels rôles, de blagues parfois un peu ridicules et vous obtenez une œuvre hilarante et violente. Et si la romance est le point de départ de l’histoire de Touristes !, elle disparaît à notre grand plaisir afin de laisser la place au déchaînement pur et dur. Au final, Wheatley réussit là où beaucoup se sont plantés, faire une comédie de genre savoureuse, jubilatoire. Un réalisateur à suivre de près donc.

La critique

Roxane de Quirini

SightseersComédie

de Ben Wheatley

Avec Alice Lowe, Steve Oram, Eileen

Davies

Tina a toujours mené une vie paisible et bien rangée, protégée par une mère possessive et très envahissante. Pour leurs premières vacances en amoureux, Chris dé-cide de lui faire découvrir lʼAngle-terre à bord de sa caravane. Un vrai dépaysement pour Tina. Mais très vite, ces "vacances de rêve" dégénèrent.

©Cinéart

19 février 20137

20 fé

vrie

r 201

3

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Boule & Bill, Bill efface Boule et l’histoireAdapter une bande dessinée à l’écran est une entreprise quasiment suicidaire. Pour Boule & Bill, la

tâche s’avérait d’autant plus délicate car la bd est intégralement constituée de gags très courts.

L’histoire de Boule et Bill, les enfants et les adultes du monde entier la connaissent. Et pour cause, il s’agit des deux stars de la série de bande dessinée créée de l’imagi-nation du dessinateur belge Jean Roba, aujourd’hui décédé. Un enfant et un chien faisant les quatre cents coups dans la maison et le quartier où ils habitent, c’était là la clé d’un succès qui va perdurer pendant un demi-siècle et qui n’est pas prêt de s’arrêter. Après trente-deux albums, une série animée et la reprise de ce titre phare par Laurent Vernon, c’est au tour du septième art de s’inté-resser pour la première fois à Boule et Bill.

Ce choix n’est pas surprenant au vu de la notoriété de la bande dessinée, mais il faut bien avouer qu’on atten-dait au tournant le film d’Alexandre Charlot et Franck Magnier. On le sait, adapter une bande dessinée humo-ristique au cinéma « réel », c’est-à-dire avec des acteurs en chair et en os, est un pari très risqué, les réa-lisateurs ne réussissant que très rarement à recréer un univers à la fois simpliste et enfantin sans tomber dans la mièvrerie ou le hors sujet. Les multiples adaptations catastro-phiques de Lucky Luke en sont des exemples irréfutables. Connaissant cela, nous étions partis dans l’idée de laisser une chance infime à cette production franco-belge et, au final, nous avons à nouveau été déçus.

Et oui, les deux réalisateurs, qui étaient jadis scénaristes des Gui-gnols de l’info, n’ont pas su recréer une atmosphère donnant l’impres-

sion d’entrer dans l’imaginaire de la bande dessinée. Si on parlait de mièvrerie à l’instant, c’est bien le terme à employer pour qualifier l’histoire de ce long métrage. Quelle déception que nos compères (qui ont par ailleurs travaillé sur le scénario du Lucky Luke de James Huth) n’aient pas réussi à nous faire admirer un duo comique que nous connaissions dans la BD. Au contraire, ils ont préféré travailler sur le personnage de Bill en laissant Boule servir de faire-valoir. Ce choix est très domma-geable pour l’ensemble du récit car il fait entrer cette bobine dans la longue liste des films ayant pour star un chien. Ces productions, souvent américaines, ne réussissent jamais à percer car ils ont un aspect bien trop enfantin. Ainsi, certains diront que cette réalisation est justement desti-née au jeune public, ce que nous acceptons bien volontiers. Mais alors, pourquoi nous avoir imposé comme fil rouge de l’histoire, toute la complexité de la position de la femme dans l’après mai 68 et avoir délibérément installé un climat fami-lial délétère pour Boule ? Si ce climat socio-culturel était de vigueur à l’époque, les enfants d’aujourd’hui n’en ont que faire et s’interrogeraient même sur la teneur des propos des deux protagonistes adultes du récit.

Côté acteurs, si Franck Dubosc semble avoir été castré de toute esquisse humoristique, Marina Foïs arrive néanmoins à faire croire à son personnage et à montrer des qualités dramaturgiques mortellement absen-tes de cette production. Le plus dommageable est sans conteste

l’ombre faite par Bill sur le person-nage de Boule incarné par le néo-phyte Charles Crombez.

En résumé, les deux cinéastes français sont passés à côté de leur sujet et ne feront pas partie des réa-lisateurs ayant réussi à retranscrire les gags d’un album au cinéma. En outre, la réalisation a bâclé le travail technique nous offrant des effets spéciaux d’un autre âge. Cependant, les enfants seront probablement sous le charme de cette comédie légère mais leurs parents (ou leurs aînés) n’y trouveront aucun intérêt. Dommage, c’était bien essayé.

8

La critique

Matthieu Matthys

Boule & BillComédie familiale

de Alexandre Charlot et Franck Magnier

Avec Franck Dubosc, Marina Foïs

Tout commence à la SPA. Un jeune cocker se morfond dans sa cage. Il ne trouve pas les maîtres de ses rêves. Soudain, apparaît un petit garçon, aussi roux que lui. Qui se ressemble s'assemble : c'est le coup de foudre. Pour Boule et Bill, c'est le début d'une grande amitié. Pour les parents, c'est le début des ennuis… Et c'est parti pour une grande aventure en famille !

©LGM / Bruno Calvo

27 fé

vrie

r 201

3

Silver Linings Playbook ou Hapiness Therapy de Tobias Lindholm

Après avoir réalisé «Fighter» ou, plus anciennement, «Les rois du désert», le réalisateur David O. Russell nous revient avec une comédie romantique de très bonne facture... sauf l’épilogue.

Pat Solatona (Bradley Coo-per) sort d’un asile psychiatrique. Il a perdu sa maison, sa femme, son travail, il a perdu tout ce qui faisait de lui un adulte indépendant. Il se voit obligé de retourner chez papa et maman. Mais Pat ne se laisse pas démoraliser. Il est décidé à se refaire une santé mentale et physique pour pouvoir reconquérir en toute légitimité son ex-femme. Il fait alors la ren-contre de Tiffany (Jennifer Law-rence), une « ex-femme de mauvaise vie névrosée ». Ils vont se retrouver eux-même en se cherchant ensem-ble.

L'histoire se tient et est plaisante. On suit sans ennui Pat et Tiffany dans leur recherche d'eux-mêmes. Nous aimons tous cela, ça nous met du baume au cœur. Parce que c'est toujours beau de voir des gens qui s'en sortent en s'entraidant. Ici, c'est une compétition de danse que Tiffany veut absolument disputer qui va servir de remède pour les âmes perdues. Et ce n'est pas mal. Il n'y a aucun moment où nous nous som-mes dis que nous irions bien voir ailleurs si nous y sommes. Les situations ne sont pas «petit bateau».

Il y a de belles trouvailles. Par exem-ple, cette scène où Pat va voir son psychologue, le docteur Patel, et qu'il entend la fameuse chanson qui lui fait irrémédiablement penser à son ex. Sauf que cette chanson ne passe que dans sa tête et que cela a comme effet de le rendre légèrement impulsif. Ou encore... oh et puis non. Allez le voir.

Pat Solatona est délicieusement dé-rangé. Cynique aussi. Perdu. Bref, un bras-cassé touchant et drôle.Il se balade dans les émotions avec aisance. C'est aussi le cas pour Tiffany. Jennifer Lawrence est la petite actrice qui monte et qui monte vachement bien. Ce rôle lui sied au teint. Bref, le couple principal est convaincant.

Dans les seconds rôles tout aussi succulents, le père et la mère de Pat. Robert de Niro et Jacki Weaver. Le couple parental est émouvant. Un peu gauche dans leurs façons d'aider leur fils et de l'aimer. C'est ce qui crée les situations cocasses faisant mou-che. En clair, niveau casting, nous n’avons vraiment pas été déçus.

Nous parlions de l'histoire plus haut, pas mal, je le répète mais... con-naissez-vous cette déception qui peut prendre un téléspectateur quand l'histoire, aussi originale et décalée soit-elle au début prend la pente risquée de la fin à l'eau de rose ?

Rétrospectivement parlant, nous nous attendions à une comédie, pas à une comédie romantique. Du coup, nous avons aimé ce film de bout en bout. Mais évidemment, c’est une question de goût.

C'est un très bon film. Pas d'ennui, de l'émotion, du léger, du drame. Son atout principal est le jeu d'acteurs. L'histoire ne révolutionne rien sans décevoir pour autant. Et oui, nous pouvons vous l’assurer, il n’y a rien à

jeter dans ce long métrage sauf la fin. Cette fin trop mièvre, trop fade, trop stéréotypée, comme si il avait fallu, à l’instar d’un concert classique, ter-miner sur une belle note.

En résumé, Hapiness Therapy fonc-tionne et fera sourire. Marchez vers les salles obscures sans craindre le flop.

La critique

Elodie Kempenaer

The Silver Linings PlaybookComédie

de David O. Russell

Avec Bradley CooperJennifer Lawrence

La vie réserve parfois quelques sur-prises. Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans lʼobli-gation dʼemménager chez ses pa-rents. Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme. Cʼest alors que Tiffany va lui proposer son aide pour reconquérir sa belle.

©The Weinstein Company

19 février 20139

27 fé

vrie

r 201

3

Une nuit, sur un pont… un coup de couteau. Il y a Pouga. Et il y a Julien. Le film montre le destin parallèle de ces deux jeunes hommes qui se ressemblent sans se connaître. Ils partagent les mêmes valeurs et un même désir d’ab-solu. Ils pourraient être amis. Et pour-tant…

On se laisse envouter par ces deux êtres qui paraissent, de prime abord, fort différents mais qui, en fin de compte, ne le sont pas tant que ça. On comprend leurs combats, leurs désirs, leurs envies et leurs ambitions pour un meilleur ou pour exister tout simplement. La volonté d’être re-connu, d’être « quelqu’un », que ça soit au travers du sport ou de la quête déses-pérée d’argent. On se plonge bien volon-tiers dans les beaux yeux bleus de Vincent Rottiers, une indicible envie à la fois de l’aider et de le secouer nous prend tant son personnage est ambigu. Ce film aborde également le manque d’amour et la solitude avec comme message : « derrière tout ce qui nous sépare, il y a quelque chose qui nous unit tous ».

Le monde nous appartient est un film réalisé par Stephan Streker avec, dans les

rôles principaux, Ymanol Perset, Vincent Rottiers, Reda Kateb et Olivier Gourmet. Stephan Streker est né à Bruxelles, a commencé sa carrière en tant que journaliste et a également écrit un essai sur Serge Gainsbourg. Il n’en est pas à son premier film puisqu’il en compte déjà six à son actif : Shadow boxing (1993), Mathilde, la femme de Pierre (1996), Le jour du combat (1998), La guerre du foot n’aura pas lieu (2000), Michel Blanco (2004) et Le monde nous appartient (2012).

Il s’agit donc d’un film belge qui se déroule… à Bruxelles ! Les acteurs sont francophones et néerlandophones et, pour continuer dans la Belgitude, la bande originale, qui a également donné naissan-ce à un album, est signée Ozark Henry.

A déguster en toute conscience !

Le monde nous appartientde Stephan Streker

sortie le 20 février 2013

Drame (88ʼ)

Avec Vincent Rottiers, Olivier Gourmet, Reda

Kateb, Dinara Droukarova, Sam Louwyck

Emilie Lessire

1945, dans une campagne alle-mande bucolique à l'avènement de la guerre finissante.

Lore, une adolescente, en raison de la fuite de son père, haut dignitaire nazi recherché pour crime de masse en Biélorussie, se doit de s'occuper de ses frères et soeurs dans la déroute d'une Allemagne en transition. Un jeune juif rescapé les aidera malgré les réticences de Lore, élevée dans la haine des étoiles jaunes. Un périple dont aucun ne ressor-tira indemne.

Cate Shortland, réalisatrice australienne, dans ce deuxième long métrage réalise une adaptation du livre "La chambre noire" de Rachel Seiffert.

Lore est un film d'une violence rare, où l'esthétisme poétique et bleuté nous séquestre dans une tension permanente et contenue.

Accompagner la descente aux enfers de ces charmantes têtes blondes aux joues rebondies jusque dans les tréfonds de leurs poux, leur crasse et leurs lèvres éclatées de gerçures, nous plonge fata-

lement dans un état de malaise profond nécessaire à l'histoire retranscrite dans ce film et traitée sans pudeur.

La sexualité y est abordée et donne une dimension humaine trop souvent oubliée d'ordinaire dans les films relatant des drames historiques que l'on ose pas bafouer d'érotisme ou de sexe primaire.

Cate Shortland parvient à poser un regard différent sur l'année 1945. La réalisatrice, juive elle-même, (ainsi que son mari germano-juif) reste étonnement empha-tique quant au côté de l'histoire dont elle choisit de parler. Et l'audacieux choix d'avoir ouvert un angle nouveau sur ces enfants allemands confrontés à la prise de conscience des actes de leurs parents adorés, est récompensé par un spectateur bouleversé. Ce film anti manichéen laisse en nous questions et émotions aussi fortes qu'indéfinissables.

Lorede Cate Shortland

sortie le 20 février 2013

Guerre, Drame (109ʼ)

Avec Saskia Rosendahl, Kai Maline, Ursina Lardi,

Hans-Jochen Wagner

Cécile Marx

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

10

Souvent, lorsqu’on pense Maroc, on voit les déserts arides, on sent le vent chaud, l’odeur du cuir de chameau et des épices, le soleil brulant… Ici, rien de tout cela. Le Maroc nous est montré sous son jour le plus vrai.

Nadir Moknèche revient après cinq ans d’absence avec un film qui se veut provocateur sans pour autant l’être. En suivant cette marocaine, divorcée, mère, qui travaille et qui, de surcroit, vit une relation avec un serbe, nous découvrons la honte, le rejet qu’elle peut vivre au sein même de son pays, de sa famille. Et lorsqu’enfin l'action se lance, Goodbye Morocco passe du drame au thriller noir, parfois rude mais qui s’essouffle par moment. La faute à un rythme mal con-densé et à une chronologie bouleversée qui ne nous est pas correctement expli-quée. Passant parfois d’une semaine à l’autre pour revenir ensuite au mois précédent, le spectateur s’y perd et perd du coup toute accroche à l’œuvre.

L’originalité du film en est sans doute son point faible. Cette envie qu’a eu Moknèche de tapisser son œuvre de tous les troubles sociaux présents au Maroc le dessert

grandement. Cette hétérogénéité du thè-me associée à cette chronologie compli-quée nous perd rapidement dans l’intrigue que l’on pense principale sans en être sûr, puisque rien ne tend vers une conclusion pure et simple. On s’en demanderait presque quel pitch est le plus important tant le film semble s’éparpiller en une dizaine de ramifications, de fins possibles ou envisageables.

Déception, en conclusion. Car le film est par moment bouleversant de vérité. Cer-taines scènes vous embarquent bien loin de votre fauteuil moelleux et vous laissent seul, dans ces rues de Tanger, avec cette femme qui doucement perd pied dans ce monde d’hommes. Les paysages du Ma-roc sont sublimés, invitant aux voyages comme peu de films ont pu le faire. Les acteurs sont, pour la plupart, époustou-flants de réalisme, semblant vivre leur rôle plus qu’ils ne le jouent. Un film intéressant mais pas transcendant, original par moment mais qui revient un peu trop vite à la banalité. Une belle tentative de la part de Moknèche malgré tout.

Goodbye Moroccode Nadir Moknèche

sortie le 20 février 2013

Drame (98ʼ)

Avec Lubna Azabal, Rasha Bukvic, Faouzi Bensaïdi,

Anne Coesens

Roxane de Quirini

Robert Miller (Richard Gere) est l’un des magnats les plus puissants de la finance new-yorkaise. Entouré de sa femme, Ellen (Susan Sarandon), et de ses enfants – dont sa brillante fille, Brooke –, il incarne à lui seul le rêve américain. Pourtant, au-delà des apparences flambo-yantes, Miller est piégé. Il doit à tout prix vendre son empire à une grande banque avant que l’on ne découvre l’ampleur de ses fraudes. Il trompe sa femme avec Julie (Laetitia Casta), une jeune mar-chande d’art française, ce qui complique aussi sa vie privée… Alors qu’il est à deux doigts de conclure la transaction espérée, une erreur de trop va le mêler à une affaire criminelle. Pris à la gorge, cerné de toutes parts, Robert Miller va tout risquer pour sauver ce qui compte le plus pour lui. Encore doit-il choisir ce que c’est vrai-ment, et il ne pourra le découvrir qu’en affrontant les véritables limites de sa moralité.

Réalisé par Nicholas Jarecki (Tyson, Informers), on peut dire qu’Arbitrage est un film de plus où Richard Gere joue son propre personnage. Ce genre de gars à qui tout réussit, financier cette fois, lui permet de donner toute l’ampleur de sa

panoplie de jeu stéréotypé. Le film est aussi bourré de clichés sans vraiment d’intérêt.

On peut dire que Richard Gere ne se renouvelle plus vraiment. Il joue sur ses acquis et n’apporte pas grand-chose dans ce rôle. Susan Sarandon rehausse ce film de toute sa classe et de son talent. Mentionnons aussi Brit Marling, que nous avons déjà pu voir dans Another Earth, qui joue la fille de Gere de manière remar-quable.

Ce film ne laissera pas un souvenir grandiose, c’est indéniable. On y apprend que les hommes d’affaires sont faux, tricheurs, pernicieux, opportunistes, bref, un scoop !

Arbitragede Nicholas Jarecki

sortie le 27 février 2013

Thriller, Drame (106ʼ)

Avec Richard Gere, Susan Sarandon, Tim Roth,

Laetitia Casta

Marc Bailly

19 février 201311

Après le film politique (Vive la république !), l’opus hyper-violent (Total Western), la comédie sociale (L’école pour tous) et la série télé (Mafiosa), Eric Rochant revient avec le projet, sûrement le plus ambitieux à ce jour, de mêler romance et espionnage.

Jean Dujardin, espion des services se-crets russes et son équipe sont à Monaco pour faire tomber l’oligarque russe Rotov-ski, suspecté de manœuvres douteuses. Ils vont recruter pour cela une jeune trader ambitieuse, Alice (Cécile de France), qui travaille pour Rotovski (Tim Roth). Suite à un rapprochement entre le chef du com-mando et la taupe visant à le tester, une relation compliquée va se nouer entre eux. Leur histoire d’amour risque de compli-quer l’opération et la carrière de chacun.

L’ambition de Rochant est clairement présente dans le film. Les images de Monaco et les moyens mis en œuvre impressionnent, loin de ce qui avait été fait dans ses précédents films.

Tout le film vogue entre histoire d’amour et film d’espionnage. Cette jonglerie est la qualité et le défaut du film. La qualité car le

couple Dujardin - De France est très réussi et fort sensuel. Les acteurs n’ont pas à rougir de leurs interprétations très crédibles. Mais aussi le défaut, car Rochant n’arrive pas à affirmer un genre plus que l’autre. De plus, le film est souvent trop lent et Tim Roth est loin des performances auxquelles il nous a habi-tué.

Le titre du film renvoie vers le fameux Ruban de Möbius qui est un ruban ne possédant qu’une seule face, contrai-rement à un ruban classique qui en a deux. Il faudra par contre attendre la fin du film pour en comprendre sa signification dans le scénario.

En définitif, Möbius est une ambition louable d’Eric Rochant. Le film est servi par une belle histoire d’amour entre Jean Dujardin et Cécile de France mais perd beaucoup de son intérêt par plusieurs lenteurs à peine re-dynamisées par les scènes filmant le joli corps nu de Cécile de France. Il ne restera pas dans les mé-moires mais est-ce vraiment toujours nécessaire ?

Möbiusde Eric Rochant

sortie le 27 février 2013

Thriller, Drame (103ʼ)

Avec Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth, Emilie

DequenneLoic Smars

Twilight et Harry Potter sont terminés mais les studios ont plus d’un tour dans leurs sacs et rêvent tous de la nouvelle franchise à succès à destination des ados. Après le plutôt réussi Hunger Games qui finalement n’est pas si angé-lique, ce début 2013 accueille l’adaptation cinématographique des nouvelles à suc-cès de Margaret Stohl et Kami Garcia : Beautiful Creatures.

Dans cette nouvelle « future » franchise, on retrouve Ethan, jeune étudiant de la Caroline du Sud passionné de livres, qui rêve chaque nuit d’une femme mysté-rieuse. Un jour en classe apparaît une nouvelle élève, Lena, très enygmatique ressemblant à la fille de ses songes. L’amour s’empare du duo mais Ethan ira de surprises en surprises car Lena est en réalité une sorcière qui attend avec angoisse ses 16 ans où elle saura si elle penche du côté de la magie blanche ou de la magie noire.

L’idée est, comme souvent pour une franchise, de prendre un réalisateur coté, des jeunes acteurs inconnus pour incarner les héros et aller chercher d’autres, confirmés, pour les encadrer et donner le

quota qualité pour plaire à l’intelligentsia du cinéma.

Pourtant, Richard LaGravenese n’arrive pas à lancer l’histoire. Sa volonté d’écono-miser les effets spéciaux est louable, mais rend le tout moins impressionnant pour un film axé sur le surnaturel.

Les jeunes acteurs Alice Englert et Alden Ehrenreich font preuve de beaucoup de charme mais n’ont pas le charisme néces-saire pour donner une aura quelconque au film. Même Jeremy Irons et Emma Thompson, encore une fois excellents, finissent par jouer en roue libre.

Il y a de la bonne volonté dans ce projet. Les acteurs sont mignons mais finalement trop lisses, le réalisateur tente quelques séquences à l’humour décalé mais on n’en retient pas grand chose.

On peut lire sur des forums, des fans francophones reprochant à des inter-nautes de comparer Beautiful Creatures à Twilight. Nous tranchons : Twilight est bien plus palpitant.

Beautiful Creaturesde Richard LaGravenese

sortie le 27 février 2013

Fantastique (118ʼ)

Avec Aiden Ehrenreich, Alice Englert, Jeremy Irons,

Viola Davis

Loic Smars

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

12

George (Gérard Butler) est un ancien professionnel du football. Il est considéré comme un « has been » et il tente de se reconvertir dans le journalisme sportif. George entretient une relation avec son fils (Noah Lomax) qu’il ne voit que sporadiquement. Quand il découvre que son ex-femme, Stacie (Jessica Biel), va se marier avec son petit ami (Matt James Tupper), George perd le moral.

Après être intervenu lors d’un entrai-nement de foot de son fils, George devient le nouvel entraineur. Et la magie hollywoo-dienne commence à opérer. Car George, beau gosse évidemment, attire l’attention des mamans des jeunes joueurs. Il va sans dire qu’elles sont toutes riches, belles et délaissées par leurs maris ou tout simplement célibataires. Il attire particuliè-rement l'attention de Denise (Catherine Zeta-Jones), ex-journaliste sportive, de Patti (UmaThurman) et de Bab (Judy Greer).

S’ensuit un chassé-croisé entre les diffé-rents protagonistes, le bel ex-footballeur ténébreux et les jolies femmes en manque de sexe…

Evidemment, George est toujours amou-reux de son ex-femme, ce qui n’arrange

rien, mais pas de problème, ils parvien-nent à se parler et à se dire les choses qu’ils ne s’étaient pas dites durant leur mariage.

De fil en aiguille, George parvient à passer des auditions et est engagé à ESPN mais on l’envoie dans le Connecticut. Le pauvre George doit abandonner son fils et son ex-future femme… Quel malheur ! Le pauvre George est tout bouleversé et part tra-vailler ailleurs, tout triste.

Mais il ne faut pas s’inquiéter, George réfléchit - il est fort, et se rend compte que sa vie est auprès de son fils et de son ex-future femme. Il revient donc et c’est au ralenti que tout ce beau petit monde se retrouve dans un happy-end digne des studios Disney.

Ce sont pourtant de bons acteurs habituel-lement, mais là… là... vraiment. Les scénaristes nous prennent-ils vraiment pour des imbéciles ? L’histoire est pleine de clichés, et nous sommes encore gentils, ce n’est qu’un gros cliché. Les acteurs jouent mal dans une histoire qui ne pourrait même pas émouvoir nos grand-mères.

Playing for Keepsde Gabriella Muccino

sortie le 13 février 2013

Comédie dramatique (119ʼ)

Avec Jessica Biel, Gerard Butler, Uma Thurman,

Dennis Quaid, Judy Greer

Marc Bailly

19 février 201313

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Films à l’horizon (sorties du 20/02)

14

Ushi Must MarryComédie

de Raul Raven

Avec Patrick Dempsey, Chris Noth

La très populaire Ushi Hirosaki de Wendy Van Dijk, doit suivant la tradition japonaise, se marier avant ses 30 ans. Le temps presse surtout quand ses parents décident de la marier à un énorme sumotori.

Pour lʼhistoire, il faut savoir que Ushi Hirosaki a été créé par la présentatrice hollandaise Wendy Van Dijk. Un genre de pastiche de la journaliste japonaise. Ne soyez donc pas dupes, le film sʼaxe uniquement autour de sa per-sonne et autour de lʼhumour très particuliers de lʼactrice. Ce film est le sixième de la liste et pas le dernier.

Pour voler Lionel Shabandar, l'un des hommes les plus riches d'Angleterre, Harry Deane monte une arnaque minutieusement pensée avec lʼaide de son complice. Il espère lui vendre un faux Monet.

Le casse du siècle est lʼune des intrigues préférées des réalisateurs. dans cet opus, que nous avons vu, Michael Hoffman a déniché la bonne idée. Néanmoins, malgré la prestation impeccable de chacun des acteurs, le film est mortellement plat et tout est servi à la truelle pour éviter au spectateur de réfléchir.

Dans la France du 19e siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d'amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l'affirma-tion intemporelle de la force iné-puisable de l'âme humaine.

Lʼhistoire des misérables est proba-blement lʼune des plus connues de la littérature française. Ce chef-dʼoeuvre signé Victor Hugo a déjà été adapté maintes fois au cinéma. Cette année, cʼest une pléthore dʼacteurs connus qui sʼest lancée dans lʼaventure de la comédie musicale. Un choix très discutable.

Les MisérablesComédie musicale

de Tom Hooper

Avec Hugh Jackman, Russel Crowe, Anne

Hathaway

GambitComédie, Policier

de Michael Hoffman

Avec Alan Rickman, Cameron Diaz, Colin

Firth

Malcom et Keisha viennent dʼemmé-nager dans la maison de leurs rêves. Mais leur bonheur est de courte durée car ils sʼaperçoivent quʼun démon habite leur nouvelle demeure.

Quand on aperçoit au casting le visage rigolo de Marlon Wayans, on sʼattend inexorablement à une comédie com-plètement déjantée. Le héros de Scary Movie ou de Little Man apporte toute son expérience pour nous importer une touche de dérision dont seuls les américains ont le secret. Film loufoque pour adolescents en vue.

A haunted houseComédie

de Michael Tiddes

Avec Marlon Wayans, Essence Atkins

Pas vus!

Albert et JM, deux « lascars » de 5ème, sont contraints par le directeur de rejoindre le journal de lʼécole avec de bons élèves - les « boloss ». Cʼest lʼhumiliation suprême !

Encore une comédie sur la confron-tation scolaire entre les intellos et les glandeurs. Après avoir réalisé le film dʼanimation Lascars, les deux réa-lisateurs restent fidèles à lʼunivers des racailles de seconde zone. Il faut souligner que la glorification du style «banlieue» est en plein essor dans lʼhexagone.

La vraie vie des profs

Comédiede Emmanuel Klotz et Albert Pereira-Lazaro

Films à l’horizon (sorties du 27/02)

Du plomb dans la têteAction

de Walter Hill

Tueur à gages, James Bonomo a pour règle de ne jamais tuer un innocent. Après lʼexécution dʼun con-trat, il laisse derrière lui un témoin, vivant. Pour le punir de ce travail bâclé, son partenaire Louis est abattu par un mystérieux assassin.

Cela faisait dix années que le cinéaste Walter Hill nʼavait plus mis son doigt sur une caméra. Depuis, le réalisateur nʼa pas changé son fusil dʼépaule : il garde lʼesprit action écervelée comme fil rouge de ses scénarios. Ce film ne changera donc pas la face du monde et ne ravira que les fans du célèbre, mais vieux, Sylvester Stallone.

Juin 1939, le Président Franklin D. Roosevelt attend la visite du roi George VI et de son épouse Eliza-beth, invités à passer le week-end dans sa propriété à la campagne. C'est la première visite d'un monarque britannique aux Etats-Unis.

Encore un film sur les coulisses du pouvoir et lʼinfluence des femmes sur les décisions politiques des grands hommes ayant fait de ce monde ce quʼil est aujourdʼhui. Avec Bill Murray et Laura Kinney, on doute cependant que la représentation de ces figures politiques ne soient bien retranscrites. À voir avec des pincettes.

Week-end RoyalDrame

de Roger Michell

Avec Bill Murray, Laura Linney

Pas vus!

19 février 201315

Caché dans le centre culturel d’un trou perdu, voici que Thierry Huls-bosch (archiviste des Charlots) a réalisé son rêve d’enfant en orga-nisant un festival pour les Charlots. Ceux qui les ont oubliés, ces éternel-lement jeunes artistes français étaient dans les années 70 des musiciens et acteurs loufoques. « Merci patron » ou les « Paulette, la reine des paupiettes » ont été des chants à succès et sur grand écran

Les bidasses en folie ou le Grand Bazar passent encore chaque année un dimanche après-midi que la pluie nous enferme chez nous et nous offre le plaisir des rires nostalgiques. Ainsi, nous avons pu découvrir un mini-musée regroupant des cen-taines d’albums et des affiches de leurs films ayant fait le tour du monde. Ensuite, plusieurs films ont été projetés et quelques petits reportages inédits du temps passé.

Les trois Charlots présents étaient Jean-Guy Fechner, Richard Bonnot (qui remplaça quelques fois feu-Rinaldi au cinéma comme en chan-son) et bien entendu, Jean Sarrus, porte drapeau des souvenirs des Charlots. Ce dernier en a d’ailleurs profité pour vendre son dernier ouvrage autobiographique « Définiti-vement Charlots ». Pour ceux qui avaient apprécié son premier « 100% Charlots », sachez que c’est

exactement le même bouquin avec un titre et une couverture différente.

La petite population présente était bien heureuse de pouvoir discuter avec ces légendes du burlesque d’antan, mais peut-être manquait-il quelques pincettes de poudre à Charlots. Il y eut tout de même un très bel hommage à Gérard Rinaldi qui nous a quitté et à quelques témoignages de sa femme.

Lors des séances de questions-réponses tout le monde s’attendait à découvrir de nouvelle anecdotes, de nouvelles blagues, mais même si la bonne humeur était présente, il ne faut pas se leurrer, les Charlots ont vieilli. Cependant, au fur et à mesure des discussions, on se rend compte que, oui, ils ont fait leur temps, mais qu’est-ce qu’ils l’ont bien fait ! Quand on a vécu leur vie, on a plus besoin de croire en la réincarnation. Et oui, ils sont définitivement Charlots… !

Festival des Charlots de Trazegnies

Christophe Mitrugno

l’actu cinéma

Steven Spielberg a choisi de tourner une partie de son prochain film en Belgique. Actuel-lement en tournage dans notre petit pays, The Fifth Estate relate l’histoire du site d’information Wikileaks et de son créateur Julian Assange. Même si Spielberg n’est que producteur, c’est Bill Condon (Twilight chapitre IV) qui a été désigné comme réalisateur.

Ce film au budget très confortable nous dévoilera des acteurs talentueux comme Benedict Cumberbatch qu’on avait pu découvrir dans Amazing Grace de Michael Apted. Il incarnera le mystérieux informaticien australien Julian Assange, toujours poursuivi par la Suède pour une affaire de viol.

Une bonne nouvelle d’obtenir un tournage de cette envergure en Belgique, cela a déjà créé près de 200 emplois dont de nombreux figurants. Malgré cela, il ne faut pas trop se leurrer, il s’agit uniquement de profiter du très attractif système de tax shelter plutôt que de bénéficier d’un coup de cœur de la production pour notre chocolat.

Spielberg et Condon à BruxellesEn France, dans les complexes cinématographiques Pathé, une offre pour le moins navrante vient d’être lancée. Son principe est simple : les fauteuils centrés par rapport à l’écran et situés dans la moitié supérieure de la salle ont été remplacés par des sièges gris plus luxueux. Les places sont alors mis en vente deux ou trois euros plus chers que ceux moins bien placés restés de couleur rouge.

Ce choix économique a créé le buzz car le public y voit, à juste titre, une démarcation honteuse entre les plus nantis et les plus pauvres. Ce symbole est d’autant plus fort que le cinéma est véhiculé de par le monde comme un art accessible à tous. Depuis, les réactions ulcérées sont légions dans l’hexagone. Il faut dire qu’avec une place frôlant les dix euros, il est difficile d’accepter le fait de se faire reléguer dans des fauteuils de seconde zone, désaxés par rapport à l’écran. Pour pouvoir s’octroyer le droit de siéger dans ces fauteuils « première classe », il faut dorénavant s’acquitter d’une somme avoisinant les quatorze euros (places qu’il faut en outre réserver au préalable). Enfin, ce qui déplait aussi au spectateur, c’est l’obligation d’ache-ter des tickets plus onéreux dès que les places « low cost » sont pleines.

Reste à voir si les français accepteront ce nouveau pas en avant dans la scission économique d’un pays en crise ou si le septième art pâtira de ce choix pour le moins discutable.

Pathé-tiquesplaces de cinéma

Pour la 29ème année consé-cutive, le Festival du Film d’Amour de Mons a ouvert ses portes le vendredi 15 février pour sept jours de programmation romantique.

Ce rendez-vous de grande ampleur en Belgique franco-phone verra défiler des personnalités importantes du monde du cinéma. Sont

attendus entre autres : Thierry Lhermitte, Stéphane Freiss, Patrick Timsit, Pascal Légitimus et Laura Morante. La centaine de films sélectionnés seront projetés dans différents endroits de la ville comme le complexe Imagix, le Lotto Mons Expo, Le cinéma Plaza et le théâtre royal.

Amis du cinéma, amateurs de romance, passionnés du septième art ou simples curieux, les organisateurs du FIFA vous attendent pour quelques journées encore.

29ème édition du FIFA MonsBox office Belgique

1. Django Unchained

2. Frits & Franky

3. Hansel and Gretel

4. Flight

5. Lincoln

6. The Impossible

7. The Hobbit

8. Zero Dark Thirty

9. Hotel Transylvania

10. Hitchcock

DVD - Blu ray Ted de Seth MacFarlaneÀ 8 ans, le petit John Bennett fit le voeu que son ours en peluche de Noël s’anime et devienne son meilleur ami pour la vie, et il vit son voeu exaucé. Presque 30 ans plus tard, l’histoire n’a plus vraiment les allures d’un conte de Noël. L’omniprésence de

Ted aux côtés de John pèse lourdement sur sa relation amoureuse avec Lori.

M.M.

M.M.M.M.

19 février 2013

Source : Box Office Mojo

Du 6 au 10 février 2013

17

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Anima 2013 : la crème de l’animationPour sa 32ème édition, le festival a, à juste titre, privilégier la qualité.

La 32ème édition du festival Anima, le festival international du film d’animation à Bruxelles s’est clôturée ce dimanche 17 février au Flagey. Cette édition a connu, cette année encore, un franc succès auprès des spectateurs de tous âges. Ces dix jours riches de projections, confé-rences et évènements se sont ache-vés avec l’annonce du palmarès 2013 ainsi qu’une séance reprenant les différents films primés.

Le jury international a décerné le Grand Prix d’Anima à l’américain Daniel Sousa pour son court métrage Féral. Le public d’Anima a, quant à lui, récompensé le court métrage Fear of Flying de l’irlandais Conor Finnegan.

Du côté des longs métrages, c’est Le voyage de monsieur Crulic d’Anca Damian qui remporte le prix du meilleur long métrage. Le prix du public du meilleur long métrage jeune public a été décerné à Tad l’explo-rateur. À la recherche de la cité perdue. Les autres films primés sont : Palmipedarium, Pripad, Deux îles, Oh Willy... et De Wake.

Rendez-vous l’année prochaine même lieu, (presque) même date (du 28 février au 9 mars) pour la 33ème édition !

Pinocchio d’Enzo D’Alo

Pinocchio est une nouvelle adapta-tion très attendue des célèbres aventures du petit garçon en bois de Carlo Collodi. Réalisé par Enzo D’Alo, il a déjà connu un franc succès puisqu’il affichait complet lors de l’ouverture du festival Anima 2013. On l’a attendu et on a bien fait ! Fidèle au Pinocchio de nos souve-

nirs, Enzo d’Alo donne un coup de jeune au pantin de bois et à ce monde imaginaire. Bien que moins attachant que dans la version de Disney, on lui retrouve son innocence et sa bonne humeur. Les dessins sont originaux et la bande originale du film est le petit pont qui nous décide à investir, nous aussi, ce monde fantastique où les enfants sont rois.

Les enfants loups de Mamoru Hosoda

Hana et ses deux enfants, Ame et Yuki, vivent discrètement dans un coin tranquille de la ville. Leur vie est simple et joyeuse, mais ils cachent un secret : leur père est un homme-loup. Quand celui-ci disparait bruta-lement, Hana décide de quitter la ville pour élever ses enfants à l’abri des regards. Ils emménagent dans un village proche d’une forêt luxuriante où leur secret est à l’abri des hommes, du moins le pensent-ils… Ce film d’animation est un véritable petit bijou. Plein d’émotions et frais, il nous fait voyager au cœur de la nature humaine, là où la crainte de ce que nous sommes rencontre l’amour inconditionnel et le besoin de s’affirmer en tant qu’être, quel qu’il

soit. Sortie dans les salles le 3 avril. A voir absolument !

Après La Traversée du temps et Summer Wars, les enfants-Loups – Ame & Yuki est le troisième film d’animation du Japonais Mamoru Hosoda.

Tad l’explorateur. À la recherche de la cité perdue d’Enrique Gato

Tad, ouvrier de la construction, rêve de devenir un grand archéologue à l’instar de son héros, Max Mordon. Un jour, par un pur hasard, Tad est confondu avec un éminent scien-tifique et envoyé à sa place en mission au Pérou. Avec l’aide de son fidèle chien, d’un perroquet dé-brouillard et de Sarah, la fille du professeur, Tad affronte tous les dangers afin de préserver le trésor très convoité de la Cité Perdue de Païtiti.

Ce long métrage de l’Espagnol Enrique Gato a connu un franc succès en Espagne et on comprend pourquoi. Il est drôle et nous fait un peu penser aux mystérieuses cités d’or, à cela près que Esteban et Zia se sont transformées en une bande de joyeux lurons, tous plus mala-droits les uns que les autres. Le chien à moitié fou, Jef, et le perroquet muet, Bernardo, avec son humour décapant, sont absolument uniques. Aucun ne se prend au sérieux, ce qui les amène à vivre une pléiade de situations plus cocasses les unes que les autres. C’est un film simple où les méchants sont très très méchants et les gentils très très gentils et qui nous permet de redé-couvrir la culture espagnole avec ses matadors et son accent ensoleillé. Sortie sur grand écran prévue pour le 3 avril pour petits et grands.

18

L’ article

©Eurozoom

Le Petit Gruffalo

Vous souvenez-vous de cet horrible monstre, le Gruffalo ? Celui qui a des oreilles toutes crochues, une affreuse verrue sur le bout du nez, des griffes acérées et des dents aiguisées dans une mâchoire d’acier ! Eh bien l’hiver arrive, et sa petite Gruffalo de fille ne veut rien entendre : elle ira se promener dans la forêt, malgré la menace de la souris qui rôde…

Le Petit Gruffalo comprend en fait 4 histoires : «Des pas dans la nei-ge» (Japon), «Le chemin d’un liè-vre» (Pays-Bas), «L’Oiseau et la Feuille» (Suisse) et «Le Petit Gruf-falo» (UK/Allemagne). Ces quatre petits films, drôles et poétiques, portent sur la beauté hivernale et les prédateurs qui rôdent dans la nature. Petit bémol pour « Le chemin d’un lièvre » qui dénote par la tristesse qui s’en dégage, heureusement com-pensée par une bande son magni-fique. Pour les tous petits.

Ronal le barbare

Plutôt Assurancetourix que Conan, Ronal le barbare se retrouve dans l’obligation de sauver les habitants de son village qui ont été capturés par l’ignoble seigneur Volcazor. Le grin-galet n’hésitera pas à affronter ce redoutable ennemi, avec l’aide d’Ali-bert le barde, de Zandra la guerrière et d’Elric le guide lutin, une équipe de choc !

Ce film d’animation danois est interdit au moins de 16 ans et on comprend pourquoi ! Entre des Vikings grivois, des Amazones en chaleur et des méchants SM, vous l’aurez compris mieux vaut que les chastes oreilles restent à l’abri. Inspiré de la Fantasy sur fond de mythologie, Ronal le barbare est un film drôle et complè-tement décalé, où l’humour n’est certes pas de type « anglais » mais où l’on s’amuse beaucoup. Ce film présent l’année dernière au BIFFF et

nommé trois fois au festival d’Annecy est un régal, inhabituel au genre, mais très goûtu.

Padak de Lee Dae-Hee

Enième proie de la pêche intensive, Padak, un maquereau de bonne taille, se retrouve bien malgré lui dans l’aquarium d’un resto de pois-sons. Dès l’arrivée, l’idée ricoche entre ses branchies : EVASION ! Lui aussi rescapé des filets, un véné-rable poisson plat ne l’entend pas de cette ouïe ; il fait la loi parmi tous les poissons et le nouveau venu menace sa dictature piscicole. Padak a encore bien des sushis à se faire…

Les autres poissons l’appellent « Pa-dak » parce que c’est le bruit que son corps faisait, quand il touchait le macadam en sautillant, lors de sa première tentative d’évasion. Voilà qui donne le ton de ce film sud coréen qui dérange. Un peu long par moment, on se laisse néanmoins surprendre par le parallélisme, ame-né de main de maitre, entre les poissons dans leur aquarium et les humains dans leur vie pleine de barrières invisibles placées par leur soin. Pour un public averti à partir de 16 ans.

Rebelle de Mark Andrews

Depuis la nuit des temps, au cœur des terres sauvages et mystérieuses des Highlands d’Ecosse, récits de batailles épiques et légendes mythi-ques se transmettent de génération en génération. Maniant l’arc comme personne, Merida, fille de roi, refuse de se plier aux règles de la cour et défie la tradition millénaire…

Un Pixar très agréable à regarder ! Petite mention spéciale à la première partie de ce film d’animation appelé « La Lune », doux, poétique et drôle.

Lettre à Momo de Hiroyuki Okiura

Elle s’appelle Momo et c’est une ado comme les autres. A la mort de son père, elle quitte la ville pour aller vivre avec sa mère sur une île un peu perdue. Dans cette nature omni-présente, Momo ne cesse de penser à une lettre que son père avait commencée à lui écrire sans avoir eu le temps de la finir… Entre une mère qui ne la comprend pas et des créatures, les « Yoka », qu’elle est seule à voir, Momo finit par se découvrir.

Après un début lent et triste, l’histoire commence et nous entraîne au milieu d’un joyeux petit monde fait de divinités à moitié folles et d’amitiés possibles. Pour petits et grands.

Ernest et Célestine de Benjamin Renner

Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musi-cien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l’ordre établi…

Petit film sur l’amitié, le poids des conventions et le plaisir d’être diffé-rent ensemble. A découvrir en fa-mille !

19

Emilie Lessire

19 février 2013

Ronal le Barbare

©Cinéart

Padak

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Entretien

An Pierlé revient à ses premiers amours

Après l’aventure White Velvet et la naissance de sa petite fille, An Pierlé nous revient avec un nouvel album où l’accent a été mit sur la voix et le piano. Un retour aux sources pour

la gantoise que nous avons rencontré lors de son passage à Bruxelles.

Bonjour, An Pierlé,

Votre nouvel album Strange Days vient de sortir chez {Pias} records. On remarque que cette fois, vous avez préféré travailler en solo contrairement aux autres albums où vous étiez accompagnée du White Velvet.

Pourquoi ce choix?

J’ai toujours su que j’allais encore faire des albums solo. Simplement il fallait attendre le bon moment. On s’était embarqués dans l’aventure avec le White Velvet, on a bâti notre propre studio. Ici, c’était le bon moment. Koen avait beaucoup de boulot en tant que producteur. Et ça m’a donné le temps de retravailler le piano. J’avais envie de voir ce que ça donnait quand je travaillais seul. J’avais des tas d’idées en tête et ça devenait urgent pour moi d’aboutir à des chansons finies.

Est-ce que cet album sonne en quelque sorte le glas de White Velvet?

Non, il n’est pas question ici de rupture. D’ailleurs, les garçons aussi pensent que c’est bien. Cela fait longtemps qu’ils s’investissent dans un même groupe. Ca leur fait du bien aussi de pouvoir jouer avec d’autres gens. C’est en quelque sorte reculer pour mieux sauter. Ca va dépendre sans doute du succès de cet album, des projets que je ferai avec Koen,...

Parlons de vos compositions...Comment travaillez-vous? Êtes-vous inspirée plutôt par un texte, ou une mélodie que vous avez en tête et que vous souhaitez améliorer?

Il y a plein de voix dans ma tête!

Parfois ça vient en marchant, parce que le rythme des pas aide beau-coup. Parfois tu te mets derrière le piano. Ensuite, un accord te donne une idée. Une idée musicale est souvent liée à une phrase (ou l’in-verse). Parfois, je commence une chanson en faisant un exercice. Je prend un dictionnaire d’accords. J’en choisis trois au hasard. Et j’essaie d’apprendre et de me forcer à travailler en suivant ces restrictions. Quand je suis avec Koen, c’est différent. Souvent, une pulsation, un accord te laissent la liberté de créer une mélodie car tu ne dois pas te concentrer sur autre chose.

Quels sont les artistes qui vous ont inspiré dans votre musique et votre chant?

Il y a John Cale pour son côté ryth-mique. Steve Marcolis (le chanteur de Talk Talk), bien sûr. Il a fait un album solo piano-voix aussi. C’est un de mes albums préférés car il est intemporel. Pour moi, Talk Talk était en avance sur son temps et ça explique le fait qu’ils n’ont pu en-chaîner les succès. Mais des grou-pes comme Radiohead, comme Elbow se sont beaucoup inspirés d’eux.

Sinon, il y a aussi Nico, la chanteuse de Velvet Underground. Et puis Mylène Farmer que j’ai beaucoup écouté quand j’avais dix ans. (pen-dant sa bonne période) Elle a réussi à développer son propre monde et à faire en sorte que ses fans lui vouent un véritable culte.

Justement, quel rapport entre-tenez-vous avec vos fans lors de vos concerts par exemple?

Et bien, je vais toujours vendre des albums après les concerts. D’abord parce que ça marche mieux! (rire) Mais aussi parce que je suis remplie d’adrénaline. Donc autant faire quel-que chose de constructif. J’aime bien ça. C’est un moment parfait, parce que les gens ont vécu quelque chose de fort. Et j’aime écouter les gens me raconter ce qu’ils ont ressentis. Ils ont besoin de partager quelque chose. D’un autre côté, on ne me reconnait pas dans la rue, je ne suis jamais harcelée,..

Vous êtes devenue maman depuis peu. Est-ce que cela a changé votre façon de voir la musique ou votre carrière?

Bien sûr! C’est quelque chose que tu ne peux pas t’imaginer quand tu n’as pas d’enfant. C’est tellement bizarre. C’est crevant, mais c’est hyper marrant à la fois. C’est très profond, ça te donnes peur, ça te met dans un état très bizarre parce que tu ne dors pas. Je ne trouves pas que ce soit quelque chose d’immédiat non plus. Je me disais: «oh que c’est bizarre, allo? qui es-tu?» Et immédiatement tu prend conscience de cet autre humain. Il ne t’appartient pas, mais tu en prend soin,...

La rencontre

20

© Athos Burez

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Mais ça change beaucoup de cho-ses. Ca te fait penser, ça te fait jouer aussi. Ca t’impose de jouer aussi avec eux. Et elle chante aussi toute la journée. Et c’est tellement immé-diat, sans complexe. Et ça t’apprend beaucoup de choses. C’est quand tu devient plus vieux que tu com-mences à avoir honte. Et pourquoi as-tu honte? Parce que tu as peur qu’on ne t’aime pas ou ne trouvent pas ça bien. Les enfants ça s’en fou! Tu apprend beaucoup de choses ainsi et c’est très sain.

Sur scène aussi, vous semblez jouer sans retenue et avec beau-coup de sincérité. Il n’y a pas d’artifices comme certains utilisent parfois pour se cacher.

Je ne pense pas que quelque chose de plus élaboré soit moins sincère. Je pense que Lady Gaga est très sincère par exemple. Bowie est très compliqué mais à la fois très vrai aussi. A côté de cela, y a des tas d’albums où les artistes paraissent fragiles et qui ne sont pas du tout sincères. Je pense que l’important est de ressentir quelque chose. Je ne crois pas être toujours sincère. Mais est-ce que c’est nécessaire? L’impor-tant c’est justement de créer une sensation. J’essaie d’être sincère en jouant dans l’instant, en me servant de l’émotion que l’on ressent là, maintenant.

Que pensez-vous du monde de la musique actuellement?

C’est génial! Je deviens très riche! (rires). Non, plus sérieusement, on a eu la chance que nos albums se sont bien vendus. (bien que nous fassions de la musique atypique). Et nous avons investis grâce à cela. Si les gens n’aiment plus ce que nous faisons, on aura toujours le moyen de continuer à faire des albums. Ca c’est notre grande chance, ainsi on peut se permettre beaucoup de temps. Koen peut développer des albums en choisissant avec qui travailler. On n’a pas besoin de grand chose pour vivre. On a notre vieille camionnette et on n’a quand même pas le temps de faire de grands voyages. On a notre cellule de production et c’est un grand luxe. Mais pour les jeunes qui commen-cent maintenant, c’est très, très difficile.

Revenons à Strange Days, la déco de la pochette est particulière. Il s’agit d’une peinture de Chris Be-rens composée de plusieurs sce-nettes qui représentent chaque chanson.Pouvez-vous nous parler de cette peinture et de la façon dont vous avez découvert Chris Berens?

J’ai découvert cet artiste grâce à une amie sur Facebook qui est peintre également et qui a souvent bon goût. J’étais à la recherche de quelque chose d’original pour mon artwork. Je ne voulais pas une simple photo. J’aime bien les photos présentes dans le livret qui sont de Anthos Burez. C’est un jeune photographe qui fait de super photos. Mais je trouve que ce n’est pas assez pour un album. J’aimais bien l’idée d’avoir un objet d’art, de garder une part de mystère. Un soir, j’ai vu l’adresse e-mail de Chris Berens, et je lui ai écris. C’était plus un message personnel pour lui témoigner mon admiration. Je lui ai également dis que je recherchais quelque chose pour ma pochette. Je sais que ce genre de demande n’est pas toujours chouette pour un artiste. Il y a toutes sortes de restrictions venant des maisons de disques. J’ai envoyé ce message de façon très spontanée. Et puis rien, pas de réponses. Et trois semaines plus tard, j’ai reçu un mail de réponse où il disait qu’il était débordé et qu’il avait fait des recherches sur moi parce qu’il ne me connaissait pas. Il a adoré et avait déjà participé à l’élaboration d’une pochette d’album.

J’ai donc envoyé la musique et il a fait la peinture en interprétant les chansons de façon très littérale. Il fait ça avec des collages qu’il peint pour avoir de la profondeur et du con-traste. On peut suivre l’album en regardant chaque scènette. Au final, ça donne un beau travail de graphisme et de typographie. Je suis très contente du résultat.

Cet album me semble plus mélan-colique que les autres...

C’est le choix des chansons qui fait ça. J’avais d’autres chansons que je garde pour les lives etc. Mais comme le disait Koen, il ne faut pas toujours avoir tout sur un seul album. Il y a toujours un morceau

plus fort et un morceau plus gai. Tu peux garder les autres pour un prochain album ou pour le live. Et j’ai choisi de l’écouter.

Vous avez fais une reprise de «Such a Shame» de Talk Talk sur cet album.Est-ce que vous aimeriez que quel-qu’un reprenne votre musique plus tard? Et si oui, qui?

J’ai écris «Suburban Skies» en pensant à Marianne Faithful. Donc ce serait une des personnes que j’aime-rais entendre. Et sinon, j’aimerais bien qu’un groupe de death metal fasse une reprise de «Mad Dog Watch» de mon premier album. Et enfin, je voudrais que Madonna fasse une reprise pour gagner des sous! (rires). Ce serait bien aussi de faire des remixes. Je trouve qu’il y a beaucoup d’espace de liberté avec ces chansons.

Comment voyez-vous le futur?

Je ne sais pas, je vis plutôt au présent. Chaque fois, que je vais à Paris, j’essaie d’absorber tout au maximum parce que je me dis que c’est peut-être la dernière fois que j’ai la chance d’aller jouer là-bas.

Vous avez eu des baisses de suc-cès au cours de votre carrière?

On a eut des vagues quand quelque chose marchait beaucoup mieux. Quand j’ai repris «Il est 5h, Paris s’éveille», on a frôlé la sensation d’avoir un vrai succès en France.

C’était une interprétation originale mais quand même osée, non?

Non, selon moi, ce n’était pas osé. C’était créatif et amusant, mais certainement pas pour choquer. Il y a des gens qui ont trouvé que cette reprise était un blasphème.

22

C’est un peu surprenant quand on sait que l’artiste lui-même ne se prend pas trop au sérieux.

Oui, et puis c’est un peu un accident de parcours. On devait jouer au Francofolies, et les organisateurs voulaient que l’on joue quelques chansons francophones. Donc, on a fait quelques reprises comme «C’est un beau roman» de Michel Fugain, «Comme un ouragan» de Princesse Stéphanie et «Paris s’éveille».

Vous allez entamer une tournée à travers plusieurs pays comme la France et les Pays-Bas. Y a-t-il une différence de perception de ces différents publics?

Il y a une différence de perception, c’est certain. Liège est un très bon public. En Allemagne aussi, c’est un public très attentif et ouvert. Pour ce qui est de la France, je n’ai pas à me plaindre non plus. On dit toujours que

le public de Paris est très difficile à convaincre, mais pas du tout pour ma part. Ca dépend sans doute du style de personnes qui viennent me voir.

Votre meilleur souvenir sur scène?

Je pense que c’est à Louvain-La-Neuve. C’était à l’Aula Magna. On était dans les loges et on entendait le public qui criait fort. On était un peu étonnés. Puis on entre sur scène. Et là, on entend hurler! J’ai jamais vécu quelques chose comme ça! Même pendant tout le concert, ils chantaient avec nous, ce qui est rare avec une musique comme la nôtre. Ensuite, je suis allé vendre des cds après le concert et il y avait une très longue file de fans qui criaient. C’était très étonnant, mais très gai à la fois.

Merci beaucoup pour cet interview. On espère vous voir prochainement en concert!

Si vous souhaitez voir An Pierlé en concert, celui du 22 février est déjà complet. Ceci dit, vous pouvez déjà réserver vos places pour le concert qui se déroulera à l’Ancienne Bel-gique en mai prochain.

19 février 201323

Propos recueillis parChristophe Pauly

© Athos Burez

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Festival

Connaissez vous Chapelle-lez-Herlaimont (la Cité des Tchats pour les intimes)? Située dans les méandres du Hainaut, non loin de La Louvière, cette cité se voit accueillir le ChapelRock festival. Cet évènement à vu le jour il y a peu et à pour but premier de promouvoir les groupes de la région chapelloise. (Si vous en faites partie, n’hésitez donc plus et posez votre candidature via Facebook.)

Nous nous rendons donc tout près de l’église de Chapelle et c’est la lueur des bougies qui nous indique que nous sommes à bon port. À l'intérieur, tout est évidemment prévu pour que personne n’ait soif!

La tête d’affiche de ce soir n’est autre que Inc. Ognito dont nous avons déjà parlé dans d’autres articles. C’est donc pour pro-mouvoir le concept de ce festi-val que nous sommes là ce soir. Et qui de mieux pour nous parler de tout cela que Anthony Tabbuso, l’organisateur de l’évènement?

Bonsoir, et merci de nous re-cevoir.

D’où vient l’idée d’un tel fes-tival?

Tout est parti d’un festival en rhéto pour financer notre voya-ge. J’ai trouvé ça plaisant et on s’est lancé dans une première édition du ChapelRock. On inaugure ce soir la quatrième édition et c’est une franche réussite. Le but est de rencon-trer et promouvoir des groupes de l’entité qui n’auraient pas forcément la possibilité de se faire connaitre autrement.

On veut aussi veiller à faire une soirée complète sans que ce soit trop lourd. On fait donc une grande sélection au niveau des groupes pour ne garder que

le meilleur et assurer une qualité musicale au public.

Comment veux-tu faire évoluer le festival pour sa cinquième édition?

On veut vraiment évoluer vers du plein air, produire quelque chose de plus

gros. (Peut-être un festival pendant une journée entière?)

Et que veux-tu absolument conserver?

La promotion de groupes lo-caux, et un prix abordable pour tous!

Quel est le plus gros défi logistique d’un évènement tel que celui-ci?

On est non professionnels, je suis toujours étudiant. Tout est un défi! Mais on s’en sort pas trop mal, sans oublier que dans tout projet, il peut y avoir un hic!

Et pour finir, quelle serait ta tête d’affiche de rêve pour le ChapelRock?

Ghinzu ou Arno, sans hésiter.

Merci et bonne continuation!

Merci à vous!

Nous allons profiter de la soi-rée, une dernière chose à vous dire : si vous êtes amateur de musique, de petits groupes

prometteurs et encore mécon-nus, n’hésitez plus, le ChapelRock est fait pour vous!

24

Texte de Arnaud Pilate et Jérémie Piasecki

Succès confirmé au Chapelrock Festival 2012

19 février 201325

Inc. Ognito Super Like You

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Entretien

L’aventure continue pour !

Chaque année, beaucoup de gens font la même constatation: on ne parle pas assez du paysage musical belge dans nos médias. Nous avons donc décidé de changer cela et d’aller à la rencontre de Superclub.

Un groupe composé de sept membres qui produisent une musique très festive et engagée qui vous donne la pêche!

Vous vous définissez comme un groupe de pop funky festive et dynamique, comme définissez vous cela?

C’est toujours très compliqué de se définir comme appartenant à tel ou tel style. La pop funky et festive, c’est l’essence de toutes nos influences. Nous en avons beaucoup d’autres vu que nous sommes 7. Mais si on ajou-te que dans une moindre mesure, nous sommes aussi rock, soul ou chanson française, la description devient un peu longue et pas très intéressante. Pour résumer, je dirais que nous faisons de la chanson belge. (Un style qui ratisse large et qui rassemble des gens aussi diffé-rents qu’Arno, Jéronimo ou Sttellla.) Mais bon c’est une vision très per-sonnelle.

Quel sont les grands change-ments opérés entre Mon Petit Pays, votre second EP qui vient de sortir, et The Choice of your Mom since 2009 qui fût votre premier jet?

Pour commencer un changement de chanteur. Sergio nous a quittés pour raisons personnelles, et nous avons eu la chance de trouver Bertrand assez rapidement. Et en quelques semaines, c’est comme s’il avait toujours été là, lui et sa voix rauque. Ensuite il y a eu un an de travail et de concerts. Notre style s’est affiné, précisé, nous nous connaissons tous beaucoup mieux musicalement. Tout ça nous a fait évoluer.

On s’est aussi recentrés sur des textes plus personnels et moins pure déconne à la Pamela, même si « Caméléon » ou « J’aimerais te ressembler » sortaient déjà de ce cadre. Mais c’est surtout Pamela qui a retenu l’attention visiblement… Peut-être parce qu’elle apparaît parfois lors de nos concerts.

Quand on lit votre biographie on voit un côté très déconne à l'ima-ge d'un Didier Super ou des Wam-pas, vous sentez vous proche de ces groupes?

Bien sûr, ce sont des groupes que nous aimons beaucoup, tout comme des Philippe Katerine et des Fatals Picards. Tous ces gens nous ont forcément influencés, ne fut-ce qu’au niveau de l’esprit, mais le fait que nous soyons sept fait que ce côté déconne se mélange à d’autres. Notre musique doit effectivement rester festive voire drôle, mais nous parlons aussi de choses plus sé-rieuses, même si c’est sous le cou-vert de la bonne humeur.

Vous avez des textes très enga-gés, pensez vous pouvoir changer quelque chose à votre niveau grâce à la musique?

Changer quelque chose c’est très utopique, et puis je trouverais ça prétentieux de l’espérer. Dans nos textes, nous nous moquons surtout de nous, mais pas mal de monde s’y reconnaît aussi. Nous tournons ça en autodérision, en bons défenseurs de notre belgitude.

La rencontre

26

Dans « L’insatisfait », nous nous moquons de l’insatisfaction des gens de manière générale, qui se trouvent trop petits, trop gros, trop mince, qui ont régulièrement envie de redevenir adolescents, ne fut-ce que quelques heures, qui critiquent les riches mais rêvent de gagner à Euromillions… Nous sommes tous des insatisfaits, et je trouve assez drôle que chacun puisse s’y retrouver, à des degrés divers bien entendu. Mais pour revenir à la question, espérer changer les choses, proba-blement pas, mais faire réfléchir dans la bonne humeur, pourquoi pas.

Votre titre Mon Petit Pays est très critique envers la Belgique, pour-quoi?

Envers une certaine représentation de la Belgique je dirais. Encore une fois, nous assumons, voire nous réclamons d’une certaine belgitude. Nous sommes Belges et nous ai-mons notre pays. Ce que nous critiquons, c’est sa gestion, le fait que tout est forcément très compliqué pour arriver à un consensus. Une formation de gouvernement qui dure 500 jours, c’est surréaliste non ? C’est de là que cette chanson est partie. Puis le roi nous a fait rire avec ses rimes en «eur». Informateur, préformateur, clarificateur, médiateur, formateur… On était assez contents d’avoir échappé au fossoyeur ou au séparateur… Belgique, pays du sur-réalisme, ce n’est pas qu’en peinture. Mais c’est aussi ce qui rend ce pays attachant. Et puis ce qui nous rend fier, c’est ce qui fait vraiment notre identité ; pas les impôts ni le travail au noir, mais bien le surréalisme justement, les frites, la bière, et même la pluie.

Quand on vous entend on imagine aisément que vous êtes un groupe

à l'aise en concert. Préférez-vous ces derniers aux enregistrements studios?

Les concerts, c’est la salle de restau-rant des grands cuisiniers. C’est là qu’on partage ce qu’on a travaillé entre nous et qu’on voit si c’est bon. La scène reste notre moment pré-féré, mais si on s’éclate en répétition et en studio. Les enregistrements studio restent indispensables pour pouvoir offrir un support de qualité aux gens qui nous suivent. C’est aussi le passage obligatoire pour une diffusion en radio, et donc une chance de partager notre univers avec le plus grand nombre. Et puis on a la chance d’être accueilli dans un studio exceptionnel avec des gens géniaux ; ce sont toujours d’excellents moments partagés. Donc la scène oui, mais le studio aussi.

Comment envisagez vous l'avenir du groupe?

De belles scènes, de belles ren-contres et toujours la même envie de faire notre musique. Nous sortons un clip studio de « J’oublie tout » courant février. Puis nous allons tourner pas mal en 2013, on verra bien où ça nous mènera. Nous ne sommes pas pressés, nous ne nous mettons pas la pression. On va continuer à s’écla-ter, et si ça nous mène au stade de France avec Johnny en première partie, tant mieux.

Et enfin pour terminer, si on vous donnait le choix entre faire la pre-mière partie du Renaud de la bonne époque avant d'avoir vendu son âme ou bien un Arno bien de chez nous, lequel choisissez- vous?

Sans aucune hésitation : Arno ! Il a bercé notre jeunesse, nos festivals, nos concerts, et il a eu une grande influence sur nous. C’est le meilleur représentant de la chanson belge telle que nous la concevons. Jouer pour lui serait une vraie consécration.

19 février 201327

Propos recueillis parOlivier Eggermont

Culture Musicale

28

Coup de projecteur sur... le vinylSupport archaïque pour certains, véritable Graal musical pour d’autres, on le pensait mort et enterré il y a quinze ans de cela et et pourtant, il réalise un come-back fulgurant ces dernières années. Qui ça ? le disque vinyle bien entendu. Je vous propose aujourd’hui un petit article qui vous permettra j’espère, de découvrir un peu l’univers de la galette noire.

Appelé également disque micro-sillon, ses ventes ne cessent depuis quelques temps d’augmenter, alors que l’industrie musicale est de plus en plus en crise. Bien entendu, il reste toujours un support marginal par rapport aux cds. Cependant, il bénéficie d’un réel regain d’intérêt de la part des mélomanes mais également, il faut l’avouer, d’un certain effet de mode. En conséquence, de plus en plus de nouveaux albums sortent aujourd’hui non seulement en cd, mais également en vinyles. Toujours à l’affut du bon filon, les maisons de disques n’hésitent plus du coup à sortir sur ce support de nombreuses rééditions, coffret collector, intégrales et autres picture disc que certains collectionneurs s’arrachent. Certains seulement, car beaucoup res-te assez dubitatifs sur ce soudain re-gain du vinyle, et voient d’un mauvais œil le nouvel attra-pe-sous mis en œuvre par les grands labels. Mais finalement, est-ce seulement un effet de mode, le micro-sillon faisant partie de cette mode «vintage», ou s’agit-il d’un véritable retour aux sources ? Qu’est ce qui explique qu’un amateur de musique se penchera vers le disque noir plutôt que vers les supports plus actuels ?

Le vinyle a, pour le commun des mortels, plus de défauts que d’avantages. On a par exemple, pas encore inventé, et ce n’est pas prêt d’arriver, un lecteur de vinyles minia-ture pour écouter ses galettes préférées dans le tram (quoiqu’il est à noter que beaucoup de disques neufs sont vendus avec un code qui per-mettra à l’heureux utilisateur de charger son album également en MP3). Avec le temps, certains disques se rayent, se cassent, ce qui n’est pas le cas du MP3 par exemple. Et puis, pour les ama-teurs de 45 tours, passer son temps à se lever pour changer de face ou de disque est assez rebutant. Cela dit, les

amateurs vous diront que ce cérémo-nial fait partie du charme d’écouter un microsillon et là encore, ils n’ont pas tort. Alors qu’aujourd’hui, les jeunes enchaînent les morceaux à la mode sur leurs IPod en écoutant à peine la moitié du titre, l’amateur de disque en posant précieusement sa galette sur sa platine se prépare à un moment d’évasion. Ecouter un vinyle tranquillement installé dans son fauteuil, c’est prendre le temps d’apprécier les richesses d’un album et de décrocher un peu du quotidien.

Le vinyle a bien entendu bien d’autres qualités : la grandeur des pochettes en font un objet artistique et élégant. Les livrets accompagnant ceux-ci sont forcément plus grand que ceux qui accompagnent un simple cd. Et puis,

alors que l’industrie musicale tend de plus en plus vers le contenu dématé-rialisé ( MP3 en tête ), le vinyle apparait pour les mélomanes comme le meilleur moyen d’encore posséder un objet de charme. Ces derniers vous diront éga-lement que le son est incomparable entre un White Album des Beatles en pressage original anglais et une énième réédition cd. Ce n’est pas faux en soi, encore faut il posséder une

installation digne de ce nom pour réellement apprécier les nuances. Tou-jours au niveau du son, ce petit crépitement typique a pour pas mal de monde un charme fou. Il reste égale-ment pas mal de vieux titres qu’on ne trouve qu’en 33 et 45 tours, d’où l’intérêt pour les passionnés d’encore posséder une platine à la maison. Les passionnés justement, parlons-en. Il n’y a pas un profil typique de l’ama-teur de vinyle. Certains achèteront assez peu de disques, juste leurs albums cultes et puis c’est tout .Pour eux, seul l’aspect musical compte. A l’autre extrémité, certains collection-neurs rechercheront tout ce qui peut exister sur leurs groupes/style préférés, ne rechignant pas à dépenser de grosses sommes à la recherche de la

perle rare et n’hésitant pas à posséder 50 versions diffé-rentes du même 45 tours, uniquement parce que la pochette ou encore la face B diffère d’un pressage à l’au-tre. À ce moment-là, c’est plutôt le côté collection (com-me on collectionne les tim-bres, les cartes postales,…) qui ressort.

Finalement, au-delà de ces deux caricatures, chaque collectionneur ou presque à sa façon propre d’assouvir sa passion, en fonction de ses envies et de ses mo-yens.

Un autre aspect important pour un amateur de vinyles est tout simplement de trouver ce qu’il re-cherche.

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

29

Comme je l’ai écrit plus haut, beaucoup d’albums actuels sortent maintenant sous ce format, donc pas de soucis pour se procurer le nouvel opus de son artiste préféré. Mais pour les disques plus anciens, cela est loin d’être toujours fort aisé. Il existe cependant beaucoup de façons pour se procurer la perle rare : disquaires, internet ( sites spécialisés, forums ou sites de se-conde main ), brocantes, pillage du grenier de sa grande-tante, etc.

En passant, preuve du retour à l’avant du vinyle, on voit ouvrir pas mal de petits magasins, tenus par des passion-nés, concentrés uniquement sur ce support. Vous ne me croyez pas ? Faites un petit tour dans le centre de Bruxelles, aux alentours de la bourse et de la rue du midi, et vous verrez de quoi je veux parler.

Seulement voilà, qui dit regain d’intérêt dit augmentation des prix, et il devient de plus en plus difficile de trouver certains disques à des prix décents. Il y a une dizaine d’années, le collection-neur trouvait facilement son bonheur en brocante, et ce à des prix tout rikikis.

Maintenant, entre les greniers qui se vident petit à petit et les brocanteurs tentant de vendre à prix d’or un banal 45 tours du Grand Jojo, il est devenu beaucoup moins évident de réaliser la bonne affaire. Du coup, cela tient plus de la chance, voire du miracle de trou-ver un des premier 33 tours des Rolling Stones à 2 euros comme on pouvait le faire auparavant. Internet a également beaucoup changé la donne. On y trouve à peu près tout ce que l’on recherche, mais à nouveau, à un prix conséquent. Vous l’aurez compris, il est quasi impossible de nos jours si on est collectionneur d’assouvir sa passion sans un porte-monnaie bien rempli.

D’autant plus que, pour pleinement profiter de ces disques, il faut comme je l’écrivais plus haut une installation qui tienne la route. Acheter neuf une pla-tine, un ampli et des baffles de qualité

peut s’avérer très couteux. Quant au matériel d’occasion, on peut évidem-ment réaliser de bonnes affaires (sur-tout en brocante) et trouver pour trois fois rien une installation vintage de qualité. Mais à moins d’être bricoleur, il vous faudra sûrement repasser par la case magasin pour rénover votre installation.

Si vous désirez en savoir un peu plus, que l’aventure vinyle vous tente ou que vous désirez rencontrer une commu-nauté de passionnés, je vous conseil-lerai pour terminer de faire un petit tour sur le site (et le forum) de vinyls-collec-tion (www.vinyls-collection.com). Ce site vous sera également très pratique si vous désirez répertorier votre petite collection ou échanger certains de vos disques.

19 février 2013

Julien Sterckx

Cela devient une habitude pour beaucoup de musicien de sortir après chaque album studio, un live de la tournée qui a suivit. Neal Morse ne déroge pas à cette règle. Après avoir gâté ses fans l’an passé avec pas moins de trois album (Momentum, Flying Colors et le fameux Proggy Christmas), il nous revient en 2013 avec ce Live Momentum qui ravira plus d’un fan.

Alors certains diront «encore un live de 3h!» Et bien oui, encore un coffret, encore un live de plus de 3h et une performance toujours aussi intense! Pour ceux qui seraient lassés de cette production intense, il est certain que ce nouveau coffret ne s’adresse pas à vous. Pour les autres, régalez-vous! Neal a de nouveau frappé fort avec ce live enregistré pendant la brève tournée de Momentum. L’agenda de Portnoy étant très chargé à cause de ses divers projets, ce concert fut un des rares que Neal pu donner avec le trio original et d’autres musiciens additionnels. Alors évidemment, le choix des morceaux a été très soigné. Je n’ai pu qu’écouter la version audio de ce coffret, je n’ai donc pas

vu le concert en DVD. Voici donc mes impressions sur ce live.

Neal et sa bande donnent le ton avec bien entendu des titres du dernier disque Momentum (dont vous pouvez voir la chronique dans notre numéro ). Il y a bien entendu «Momentum» qui ouvre l’album avec un pêche d’enfer. «Thought part 5» (il est intéressant d’entendre les cinq parties qui forment une suite très conceptuelle) et le fameux «World Without End» qui dure pas moins de 33 minutes! On est ainsi plongé dans l’univers du grand prêcheur et le public semble déjà très enthousiasmé par ces mor-ceaux sublimes.

Contrairement à Testimony 2: Live in Los Angeles, on aura pas droit à tout l’album en live. Bien qu’étant friand de performances, Neal semble choisir ici de revisiter son vaste répertoire avec tantôt des titres longs comme «The Conflict», tantôt des morceaux courts comme «Cra-zy Horses». Pour reprendre un maximum de son répertoire, le groupe a fait deux suites reprenant l’essentiel des albums Question Mark et Testimony.

L’ensemble sonne toujours aussi juste et le son est meilleur que celui du dernier live. On peut aussi noter la qualité musicale de chacun des musiciens qui participèrent éga-lement vocalement dans des mor-ceaux comme «Author of Confu-sion».

La version filmée doit certainement être un régal étant donné la com-plicité entre chacun et la capacité qu’à Neal Morse à nous emmener dans un univers ou rayonne la lumière divine. Même pour un non-croyant, il faut reconnaître que ce qu’il partage avec le public lors de ses concerts est toujours très intense.

Live Momentum est disponible en coffret triple cd et double DVD (cela devient la norme vu la durée ex-ceptionnelle de plus de 3 heures!) Heureusement, à l’opposé des mai-sons de disques qui cherchent à s’enrichir sur le compte des fans, Inside Out est resté très honnête dans sa politique et ce coffret est à très petit prix.

Neal Morse«Live Momentum»

Inside Out

Christophe Pauly

30

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

War From A Harlots Mouth est un groupe un peu particulier. En effet, ce groupe venu d’Allemagne nous propose un metalcore teinté de nuances empruntées au mathcore, death metal et autre jazz. Voyeur est leur quatrième album et on ne peut pas dire qu’il laisse indifférent. Parmi les avis que j’en ai entendu, certains adorent, d’autres détestent. Pour ma part je dirais que même si ce n’est pas du goût de chacun, WFAHM a su développer un style particulier et livrer un album très intense. Celui-ci commence par une introduction aux sonorités menaçantes jouée par un ensemble à cordes. Puis le groupe entre en action et nous envoi une salve de décibels en plein visage. Les riffs sont chaotiques et la voix de Nico Webers hurle avec rage. Il y a aussi des breaks plus calme mais où les guitares semblent jouer des mélodies empreintes de folie. La section rythmique du groupe est impressionnante et l’on se demande comment les musiciens font pour jouer de telles compositions sans faute. La maîtrise technique est donc l’une de leurs grandes vertus. Il faut d’ailleurs souligner le travail prodigieux du batteur Paule Seidel qui mène la danse à chaque morceau et n’hésite pas à changer constamment de rythme. On ne s’ennuie donc jamais, chaque morceau nous plonge dans le chaos et l’on est curieux d’entendre cette débauche de puissance et folie. Un groupe qui brise les conventions à découvrir en live pour vraiment l’apprécier à sa juste valeur.

War From A Harlots Mouth«Voyeur»

Season of Mist

Christophe Pauly

Décidément, cette année voit l’arrivée de pas mal de projets fort pertinents. Parmi ceux-ci, Disperse, un nouveau groupe venu de Pologne qui frappe fort en nous proposant un second album de metal progressif de très bonne facture. Il s’ouvre avec «Dancing with endless», une mélopée douce et lointaine. Peu à peu les guitares et la batterie se font plus présentes et la tension monte progressi-vement. Ainsi commence vraiment cet album aux sonorités très diverses. Mélangeant le métal, le jazz et d’autres courants fort divers. Disperse a gagné ici en maturité et maîtrise parfaitement les rythmiques atypiques. Il y a des morceaux assez légers comme «Enigma of Adobe» et d’autres beaucoup plus puissants comme «Profane the Ground». Il y a aussi des morceaux qui servent plus de transition vers la suite et installent une certaine ambiance («Prana»). Dans «Be Afraid of Nothing», on a droit à une superbe démonstration à la guitare acoustique. La fin de ce morceau monte la tension d’un cran et amène le morceau suivant. («Unbroken Shiver»). Un album donc très éclectique et surprenant qui plaira aux fans de metal progressif. On ne connait pas assez les groupes venant d’Europe de l’Est et celui-ci prouve qu’il y a beaucoup de matière et de projets solides.

Disperse«Living Mirrors»

Season of Mist

Christophe Pauly

31 19 février 2013

Circle II Circle est un groupe de heavy-metal progressif originaire de Floride. Season Will Fall est leur sixième album et bizarrement, ça n’est visible-ment pas le meilleur.

Tout commence pourtant bien avec «Diamond Bla-de». On a droit à un riff de guitare sympa, un solo d’introduction bien placé. Mais dès que la voix de Zachary Stevens (ancien chanteur de Savatage) entre en action, on est déçu. Pas de puissance, pas de conviction, on cherche le moment où celui-ci va se réveiller. Du coup, le reste de l’album sonne assez plat. Le batteur Adam Sagan est aussi le genre mou du genoux. En faisant des rythmes trop simplistes et prévisibles, il contribue à cette atmosphère trop ouatée.

C’est dommage car tout semble là. Christian Wentz livre pourtant de bons solos de guitare avec beaucoup de sweeping. Les compositions ne semblent pas mal ficelées. Mais le tout manque cruellement de pêche et de conviction.

Vu la quantité de nouveaux projets qui montent, ce disque risque d’avoir du mal à convaincre son public.

Circle II Circle«Seasons Will Fall»

Ear Music

Christophe Pauly

Vingt deux ans après la sortie de leur premier album, Chrome Molly est de retour avec un nouveau disque. Il faut dire que le parcours de ce groupe est assez particulier.

Après avoir fait quatre albums dans les années 80, Chrome Molly disparaît officiellement pour devenir un groupe de covers de Van Halen. Ce n’est qu’en 2009 que Steve Hawkins et sa bande décident de se reformer avec l’ajout de Greg Ellis à la batterie.

Après un travail acharné, voici Gunpower Diplomacy, un album doté de pas mal de qualités. La pochette déjantée accroche le regard, mais c’est bien la musique.

On retrouve ici du bon hard rock teinté de heavy métal. Des morceaux comme «Short Sharp Shock» ou «Bulletproof» sonnent un peu à la manière de Saxon. A côte des morceaux hard, le groupe nous a également servi une très belle balade avec «All In My Mind».

Un vrai retour en force donc pour les anglais qui prouvent qu’ils n’ont rien perdu de leur musicalité.

Chrome Molly«Gunpower Diplomacy»

Ear Music

Christophe Pauly

32

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

C'est après trois ans de silence radio que The Eels nous reviennent, et après ma première écoute de Wonderful, Glorious, je ne peux m’empêcher de penser que cette disparition fût bénéfique. En effet, Wonderful, glorious est un album résolument réfléchit, riche et cohérent.

Mark Olivier Everett, dit « E. » a encore réussi le pari de se renou-veler tout en restant fidèle à son artère musicale.Ce propos paraîtra probablement anecdotique mais ma fervente admi-ration pour ce chanteur me pousse à préciser pour ceux qui l'ignorent que E. a eu 50 ans cette année. Et je trouve que le travail de conti-nuelle innovation de la part d'un artiste à l'aube de sa presbytie sera toujours plus méritant que celui d'un jeune rockeur, qui évolue fatalement dans la découverte et la nouveauté inhérente à la jeunesse.

Wonderful, Glorious est un album sombre, trash et poétique à la fois.

Le timbre délicatement rauque de Mark Olivier Everett donne toute son épaisseur aux mélodies mélan-coliques/obscures des chansons de ce nouvel opus. Maintenant place à quelques conseils ou plutôt direc-

tions, pour écouter cet album au bon endroit au bon moment :

«Bombs Away» : dans la chambre de votre petite nièce de cinq ans, lorsqu'elle s'amuse à casser petit bout par petit bout sa toute nouvelle maison de poupée tout en poussant des cris suraigus sifflant entre ses deux dents de lait.«Kinda Fuzzy» : en partant de l'endroit où vous avez dormi, titu-bant, confus et encore imprégné des effluves d'alcool qui se rappel-lent à votre bon souvenir en rythmant votre migraine.«Accident Prone» : dans votre lit, malade, laid, gonflé, entouré de mouchoirs et de miettes de biscot-tes. En bref lorsque votre vie ne vous donne pas l'impression de valoir la peine d'être vécue.«Peach Blossom» : en retard, quand vous venez de frauder la STIB en passant les portes du métro derrière une grand-mère qui vous insulte et qu'un contrôleur vous attend de l'autre côté avec une joie non dissi-mulée.«On the Ropes» : quand Bob Dylan et Johnny Cash vous manquent simultanément.«The turnaround» : pour masquer le bruit de votre cœur qui se brise, quand l'objet de tous vos désirs vous annonce qu'il/elle sort avec votre meilleur(e) ami(e).

«New Alphabet» : dans votre salle de bain (si son nombre de mètres carrés le permet), quand vous avez envie de danser nu(e) en hurlant dans votre brosse à dent.«Stick Together» : dans un centre commercial, quand vous vous ren-dez compte que quand même, le vernis à ongle noir, les bracelets cloutés et la gérontophobie c'est vraiment classe.«A True Original» : quand vous ressortez votre guitare ou votre xylophone et que vous réalisez que vous ne saurez jamais écrire ces chansons là.«Open My Present» : le matin, dans votre cuisine, lorsque vous ouvrez votre boite de café et qu'il n'y en a plus. Du tout.«You're My Friend» : à n'importe quel moment, quand un ami vous dit qu'il est fier de vous.«I Am Building a Shrine» : La nuit, sur l'autoroute, les yeux rivés sur l'infinité de bandes blanches qui se déroulent devant vous. (Pensez à regarder devant quand même, c'est dangereux la route la nuit).«Wonderful Glorious» : Quand c'est la fin, la fin de l'album.

Eels«Wonderful, Glorious»

Vagrant Records

Cécile Marx

33 19 février 2013

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

actu musicale

34

Les 55ème Grammy Awards ont rendu leur verdict le 10 février dernier. Cette année, pas de grande surprise, les favoris ont (quasi) tous été récompensés. Il n’y pas eu non plus d’immense gagnant comme l’avait été Adele en 2012. Nous n’allons pas détaillé la liste des 81 récompenses remises, mais quelques noms sont à retenir de cette soirée. Si le groupe Fun ne vous parle peut-être pas encore, cela ne serait tarder, les américains sortant vainqueur dans les 2 prestigieuses catégories révélation de l’année et surtout chanson de l’année. Autre groupe à être sorti du lot, les excellents Black Keys ont réalisé le triplé chanson, album et interprétation rock de l’année. Dans la catégorie très convoitée de l’album de l’année, la palme est revenue au groupe rock-folk Britannique Mumford & Sons. Gotye, notre semi-compatriote, est lui aussi reparti avec trois récompenses, dont une remise en main propre par Prince himself. Enfin, dans les autres gagnants, citons en vrac à nouveau Adèle, Kelly Clarkson, Halestorm dans la catégorie Hard-Rock, ou encore Usher, Beyoncé, Jay-Z et Kanye West. A côté de l’aspect musical, les stars avaient cette année reçu des consignes vestimentaires assez strictes, interdiction de voir un sein ou une fesse dépassés de sa tenue. Les stars ont plutôt bien joué le jeu, à l’exception de la petite rebelle Katy Perry, apparemment assez fière de sa poitrine.

Grammy Awards 2013

Reg Presley , le chanteur du mythique groupe des années 60 The Troggs, s’est éteint à l’âge de 71 ans le 4 février dernier. Les Troggs, considérés comme les pionniers du Garage Rock voir même du punk, étaient principalement connus pour avoir enchaîné les succès fins des années 60. Parmi ceux-ci, citons Love is All Around ( Repris avec beaucoup de succès dans les années 90 par le groupe Wet Wet Wet ) et surtout Wild Thing, une des chansons les plus populaires de cette période. Je vous invite également à écouter With a Girl Like You et I Can’t Control Myself, deux chansons pleine de bonne humeur qui ont également le mérite d’être connues. Encore un autre grand personnage de l’histoire du rock qui s’en va donc, et une nouvelle fois, dans la quasi indifférence des médias francophones , mais cela, on commence à s’y habituer..

J.S.J.S.

Dimanche 3 février, avait lieu l’évènement annuel le plus attendu et le plus suivi aux USA , le Superbowl, ou la grande finale de la ligue de Football Américain. L’évènement sportif est à chaque fois l’occasion d’un super concert à la mi-temps du match. Et cette année, c’était Beyonce qui était l’heureuse élue pour mettre le feu au stade. La surprise fut totale lorsque celle-ci fut rejointe sur scène par ses anciennes camarades de Destiny’s Child, pour la plus grande joie des fans. De quoi relancer les rumeurs sur la reformation du très populaire girl’s band. Petite anecdote croustillante, Beyonce n’apprécierait que très moyennement certaines photos prises lors du concert et tenterait de faire censurer celles-ci.

Décès de Reg Presley Le Superbowl, le show

C’est l’histoire de Pierre Monceau, grand auteur à succès qui a eu ses heures de gloires parisiennes en écrivant des comé-dies. Il a désormais quitté ce mon-de artistique depuis dix ans pour écrire des essais polémiques dé-peignant et détestant le milieu qui l’a fait vivre et le reste du monde d’ailleurs.

À maintenant soixante ans, ce sont plutôt les gens du théâtre et les médias qui l’ont quitté, que l’in-verse. Il faut dire, qu’à écrire des lettres aux patrons des grandes entreprises, aux directeurs des théâtres et à décrire ce public mé-diocre qui s’abêtit devant la télé-vision ou même devant du théâtre de boulevard, il n’a pas pris la voie la plus facile pour être apprécié.

Cloitré dans son appartement pa-risien, fâché avec tout le monde, sa famille y compris, et affrontant la maladie, il essaye péniblement de se faire entendre du grand public en insistant auprès de l’animateur

télé en vogue pour qu’il l’invite dans son émission.Choix plutôt intéressant qu’a fait Nicolas Bedos pour un premier essai dramaturgique, que de parler d’un auteur de théâtre en fin de carrière, aigris des médias et des milieux « hypes » parisiens, et

méprisant le théâtre de comédie.On peut y voir un objet réflexif au travers duquel il se demande pour-quoi il commence dans cette voie-là et fait un petit bilan sur ce qu’il est et qu’il fait. Intéressant également car le personnage principal critique le genre de théâtre que les spec-tateurs de Sortie de scène sont venus voir.

Les autres éléments y sont assez clairs, dans le sens où les per-sonnes qu’ils donnent à voir dans le spectacle sont ceux qu’il a de toute

évidence côtoyés, et desquels il a grossis ou non les traits. Du prés-entateur télé ne jurant que par l’audience, du jeune auteur parisien passant son temps à boire et à être vu par les personnalités en soirée ou encore la gouvernante-secré-taire et amie dévouée mais qui ne se laisse pas faire.

Quand au personnage principal, il est certainement permit de ne pas chercher bien loin pour en trouver l’objet principal d’inspiration. Dans la première mise en scène de cette pièce, en effet, c’est son père, Guy Bedos qui en incarnait les traits.

C’est, évidemment, arrivé à un point proche du non-retour que notre protagoniste va voir arriver l’élément perturbateur. Refusant d’avoir des nouvelles de sa famille, c’est sans presque en être prévenu, que Pierre Monceau va voir débar-quer chez lui sa nièce. Cette jeune de vingt-ans balançant entre la dépression et la révolte, est une fer-vente admiratrice des écrits poli-tiques et polémiques de son oncle.

Sortie de Scène, une comédie de Nicolas Bedos

38

La critique

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

« Nicolas Bedos parle d’un auteur de théâtre en fin de carrière (...) méprisant le théâtre de comédie. »

Scènes

Étant excédée par sa famille bour-geoise, elle a décidé d’entrer dans la vie de l’auteur sans y avoir été invitée. C’est à cette rencontre que l’homme de soixante ans qui fuit toute sociabilité depuis maintenant dix ans va devoir faire face.

Le spectacle nous fait passer un très bon moment de comédie, devant lequel il est facile de rire tant les répliques sont efficaces.

Les personnages y sont caricaturaux mais il n’est pas question d’écriture gratuite ; ils ont tous des aspirations qui les font vivre et agir ainsi, et leurs rencontres sont toujours bien menées. La mise en scène de Jean-Claude Idée ainsi que les comédiens servent parfaitement le texte, et l’ennui y est relativement difficile.

Le duo investit par Jean-Claude Frison et Marie-Hélène Remacle, jouant respectivement l’auteur et la gouvernante, fonctionne parfaite-ment bien, elle avec son positivisme et sa distance avec le beau-monde, lui avec la détestation qu’il en a.

De même, les autres acteurs sont convaincants dans leurs rôles tantôt détestables tantôt attachants ou drôles, déterminés et perdus, incar-nant différentes appréhensions de la jeunesse.

En bref, c’est une bonne comédie, bien écrite et bien montée, à la manière d’un théâtre classique, au décor imposant et figuratif d’un salon et au point de vue acerbe et comi-que, sans la férocité et le cynisme parfois poussées à l’extrême que revêtent certaines chroniques de Nicolas Bedos, et qui n’auraient pas leur place dans ce théâtre-là.

Baptiste Rol

39

« Le spectacle nous fait passer un très bon moment de comédie, devant lequel il est facile de rire tant les répliques sont efficaces.»

Sortie de scène

Théâtre des Galeries

Mise en scène: Jean-Claude Idée

Texte de : Nicolas Bedos

Avec : Jean-Claude Frison, Marie-Hélène Remacle, Lisa

Debauche, Damien De Dobbeleer, Frédéric Nyssen

Décors : Francesco Deleo

Costumes : Ludwig Moreau

19 février 2013

jusq

u’au 10

/03/13

Dès le début de cette sai-son théâtrale 2012-2013, planait, un mystère au Magic Land Théâ-tre ; telle une question en sus-pend, à la fin de chaque pièce, ce sujet apparaissait lorsque les conver-sations prenaient un détour et sur les lèvres des habitués, comme des curieux, l'on pouvait lire : mais quelle pouvait-être l'intrigue de la dernière pièce clôturant la saison ?L'équipe, elle-même, ne savait pas trop quoi en dire, mis à part «c'est en gestation».

Le spectateur curieux aurait pu, alors, se référer au livret de pré-sentation de la saison, mais, là-aussi, les indices étaient bien mai-gres. Patrick Chaboud, le directeur artis-tique de ce lieu enchanteur, y écri-vait ces quelques mots d'intro-duction : «Après la trilogie des contes, les sagas oniriques et le mélodrame, j'ai eu envie d'écrire une comédie de boulevard en sui-vant les codes traditionnels. Bien sûr, on ne se refait pas… surtout avec les années… et ce nouveau spectacle déviera immanquable-ment de sa ligne initiale. Alors, oui, il y aura des amants et des pla-cards, mais j'ose croire qu'ils dissi-muleront bien d'autres choses et que ce huis clos verra s'entredé-chirer les passions, basculer les évidences et s'envoler les certitu-des. Au final, le boulevard nous aura servi de toile de fond pour vous entraîner une fois de plus

dans cet univers si particulier qui est le nôtre.»

Finalement, il fallait attendre le mois de décembre pour en savoir un peu plus. En effet, à la fin de la repré-sentation du moment, était dévoilé un renseignement supplémentaire: l'intrigue se déroulerait pendant la Terreur. Cette information se révé-lait pour le moins déconcertante, au vu du début de la saison théâtrale du Magic Land.

La première pièce de l'année, Mélo-polis, nous faisait revivre l'époque des barricades, à Paris, lors de la Commune. Nuit torride à l'hospice allait donc plonger les spectateurs quelques quarante ans plus tôt et, de nouveau, en France.

Le Château de la rue d'Hoogsvorst. s'apprêtait à relever de nombreux défis, et les spectateurs à découvrir le boulevard à la sauce Magic Land.

La curiosité piquée au vif, nous voilà nous dirigeant, dès le 12 février, vers la rue d'Hoogvorst. Les

comédiens nous accueillent dès l'entrée de ce qui devient pour la soirée, la demeure de la Marquise. Nous sommes déjà prévenus que ces souterrains seront notre porte de salut dans le cas où les Révolu-tionnaires viendraient réclamer des têtes. Cette mise en jambe utilise les talents d'improvisation de la troupe, dans laquelle chacun des comédiens détourne un peu son costume pour souhaiter la bienve-nue. Nous «faisant nous sentir chez nous», cet accueil est la marque du Magic Land, la cerise sur un gâteau qui promet d'être savoureux et crémeux.

La crème se veut légère et vapo-reuse, avec des costumes transpo-rtant spectateurs et comédiens dans cette époque où corsages, manches bouffantes et dentelles pour ces dames et les hauts-de-chausses, le velours et les brocarts des vestes pour ces messieurs étaient d'usage à la cour. Cette prouesse technique des costumes sert divinement l'intrigue et rehau-sse, de son apparat, les décors. Ceux-ci nous emmènent dans les intérieurs d'un château, où une pièce va sûrement se jouer, rappe-lant l'une des frasques de Marie-Antoinette, pour l'époque, : installer son propre théâtre dans le domaine du Petit Trianon, lançant par la même occasion la mode des repré-sentations théâtrales dans les fam-illes nobles.

Nuit torride à l’hospice ou la pièce montée, enfin dévoilée, du Magic Land Théâtre !

40

La critique

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

« Mais quelle pouvait-être l’intrigue de la dernière pièce de la saison ? L’équipe elle-même, ne savait pas trop quoi en dire, mis à part : c’est en gestation. »

© Bart Grietens

Une fois le décor posé, nous so-mmes directement installés dans l'intrigue avec la réinterprétation, par l'ensemble de la troupe, de "Tout va très bien, Madame la Marquise". Ce savoir-faire de la troupe est toujours aussi intact, et, malgré quelques voix manquant parfois d'un peu de coffre, la mélodie entraîne le public à chan-ter en cœur le refrain avec les comédiens. Il en sera de même à chaque chanson : les paroles et les airs sont très faciles à retenir, surtout lorsque l'ensemble de l'équipe tech-nique, des costumiers aux déco-rateurs, en passant par les stagi-aires, se cache dans les gradins ! Ce glaçage de musiques et de chan-sons enrobe la pièce comme une forêt noire et nous fait saliver en attendant de découvrir le cœur de cette pâtisserie.

Loin d'être aussi légère qu'aurait pu annoncer ce premier choix musical, la pièce installe très vite un contraste entre sa partie boulevard et sa dramatique, même si une mise en abyme se décèle dans les détails, parfois saugrenus, comme ce diable efflanqué se carapatant plus vite que son ombre, tel un frelon rouge piqué au vif.Par la mise en scène de sa propre vie, la Marquise est un témoin vivant de la misère que connaît toujours le petit peuple alors que la Révolution gronde et commence à faire tomber les têtes. Elle semble, néanmoins, en avoir oublié les désagréments dans sa tour d'ivoire, et ne voit pas

le couperet de la guillotine frapper à sa porte. Au contraire, sa vie n'est parsemée que de rencontres avec ses anciens amants, du temps où elle a dû vendre son corps pour survivre. Cela donne l'occasion de voir et revoir les multiples "effets placards" du théâtre de boulevard et permet de reprendre son souffle entre deux scènes dramatiques.Tout comme les strates d'un mille-feuille bien agencé, l'alternance du feuilleté du boulevard avec la lour-deur de la crème pâtissière de la mise en abyme donne une profon-deur à l'ensemble et sert d'écrin aux tableaux présentés sous nos yeux.De cet ensemble savoureux, l'on découvre au cœur un seul thème : la dignité de chaque homme et femme. Cette dignité humaine qui sous-tend chacun de nos pas.

Les défis que s'était lancé le Magic Land Théâtre sont relevés. Cette dernière pièce renvoie à un registre complètement différent de celui de Mélopolis.En outre, telle une pièce montée, elle pourrait paraître indigeste, tant le nombre de couches et de goûts différents semble si abondant. Pour-tant, la magie du Château d'Hoog-vorst opère une fois encore et devrait continuer à submerger les spectateurs par cette capacité à les emporter loin de leurs tracas quoti-diens, tout en les invitant à réfléchir, par le biais de truchements judicieu-sement choisis, aux problèmes de notre société.

Adeline Delabre

41

« De cet ensemble savoureux, l’on découvre au coeur un seul thème : la dignité de chaque homme et femme. »

Nuit torride à l’hospice

Magic Land Théâtre

Mise en scène et textes: Patrick Chaboud

Musique : Hughes Maréchal

Décors : Yves Goedseels, Isis Hauben, Aline Claus et Anton

Cauvin

Costumes : Fréféric Neuville, Eloïse Damien et Clio

Stevanovitch

Avec : Sara Amari, Muriel Bersy, Christelle Delbrouck,

Claire-Marie Lievens, Thomas Linckx, David Notebaert, John-

John Mossoux, Stéphane Stubbé et Xa

19 février 2013

Jusq

u’au 0

9/03/1

3 !© Bart Grietens

Après le café-théâtre l'Os à Moelle, la Bande à Bréda donne rendez-vous à leurs dévots au TTO, pour deux représentations de Déli-vre-Nous du Mal, avant le déména-gement de leur paroisse à Ixelles.

L'équipe de communication du TTO présente cette pièce comme un savant mélange, d'ingrédients qui ont déjà prouvé leur succès : Le Groupe, la troupe de comédiens constituant le cœur de la Bande à Bréda ; le film comique Sister Act et le célèbre Don Camillo.C'est une combinaison au combien intrigante, et je me demande quelle sera la valeur ajoutée du dernier élément.

La réponse à cette question arrive très rapidement dans la pièce, par le truchement d'un dialogue entre le Père André – un Jean-François Breuer, si imbibé dans son rôle – et la Voix impénétrable du Seigneur. Elle est en effet impénétrable, car passées les premières secondes de rire, j'entends un accent canadien. Pourquoi cet accent canadien ? En quoi apporte-t-il un plus à la pièce ?

Pourtant, le ressort comique fait son effet et m'accroche, avec le reste de la salle, dans le train des montagnes polonaises du rire. Polonaises, oui, car l'un des comiques de situation revenant sans cesse est le nom de cette sœur polonaise que personne n'arrive à retenir, ni à bien pronon-cer. Elle-même ne semble pouvoir se définir que par ce nom, avant de dévoiler des splendeurs de persua-sion corporelle, que ce soit par sa taille imposante ou par ses beautés dissimulées. Françoise Villiers m'ép-

ate dans ce rôle peu commun, sur-tout pour un professeur de décla-mation au Conservatoire de Bruxel-les !

L'apothéose de cette pièce est la reprise du Lion est mort ce soir.Elle arrive à reprendre la sauce au rire qui a fait le succès de Sister Act, pour la magnifier jusqu'au fou rire, avec une chorégraphie qui donne le tournis. Avec le même talent pour la précision et pour la gestuelle que dans Purgatoire, les comédiens s'en donnent à cœur joie et nous trans-portent dans l'allégresse. J'ai même du mal à ne pas croire que Jean-François Breuer n'ait souffert de quelques gifles inattendues, lors des répétitions. Cette chorégraphie, très physique, met tous les comédiens à contribution mais pose aussi la question du peu d'engouement pour l'Eglise de nos jours.

En ce sens-là, le rôle de Julie Duroisin, Sœur Anièce, est le plus révélateur. Non contente d'arborer une croix des plus ostentatoires, elle a un discours très mercantile à propos de la communication de l'Eglise, voire mafieux. Rien que sa première apparition sur scène dé-clenche un rire général, qui empê-che la pièce de continuer pendant quelques minutes.

La mise en scène fonctionne très bien au TTO, où l'aspect monacal des décors est une marque fabrique déposée. Mais qu'en sera-t-il à la Chapelle de Boondael ? En effet, la pièce s'y jouera à la fin du mois de février. Intriguée, je n'allais pas perdre l'occasion de découvrir cet endroit si cocasse.

Après une balade sur l'avenue du Bois de la Cambre, je découvre enfin cette minuscule chapelle. Avec ses jardinets, elle forme un ensem-ble bucolique; qui tranche fortement avec le reste du quartier, beaucoup plus citadin, voire délaissé. Son architecture romane, trapue, m'em-porte dans un autre temps.N'ayant pu voir son intérieur, je ne peux que m'interroger sur la mise en scène pratique ; pourtant, à la voir si perdue et isolée dans cet écrin urbain décousu, je ne peux imaginer meilleur décor à cette satire sur la perte de foi de la société occi-dentale. Les dimensions si exiguës de la chapelle ne peuvent que mettre l'accent sur l'écrasement ressenti par le Père André, sur la vanité de son combat, déjà perdu d'avance dès le début de la pièce.Cet endroit est tellement bien choisi que je ne peux m'empêcher d'imagi-ner la troupe entière, occupée à tracter en pleine rue, à promettre une messe techno avec DJs devant cette petite chapelle perdue, au fin fond d'Ixelles.

Malgré les questionnements concer-nant certains choix, et malgré une sensation d'écriture un peu légère, Délivre-Nous du Mal est une pièce à voir.Une pièce à voir pour ses perso-nnages, si humains dans leurs déf-auts, pour une écriture toujours si affûtée et acerbe et pour une bande son que l'on entend nulle part aill-eurs, surtout pas dans une cha-pelle !Cela vaut vraiment le déplacement et le questionnement !

Adeline Delabre

Délivre-nous du mal

42

La critique

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Le malheur des grenouilles de bénitier

43

On vous fera revivre le temps du grand cabaret, le temps où Bruxelles « Bruxellait », comme le chantait Brel. Nous commençons cette soirée avec la voix divine de notre dandy crooner George Bangable, qui vous mettra dans l’ambiance parfaite pour la suite.

Défileront pour vous ce soir : la pin-up blonde Lolly Wish, la malicieuse Gypsy Wood, la beauté exotique Kimmy Q et Lady Flo, notre petite française. Ces dames vous couperont le souffle avec leurs effeuillages délicats et sensuels. Maintenant que vous êtes échauffés, il est temps de mettre de côte tables et chaises pour agrandir la piste de danse. Dj’ette Blanche vous jouera ses disques de swing des années cinquante, de tubes oubliés à la française, de yéyé et bien plus.

Sensualité, danse et chants sont au programme de ce cabaret dans le décor grandiose de la Tentation, en plein centre de Bruxelles. C'est salle comble, ce soir, et dès que le show commence, on se retrouve instantanément plongé dans les années folles, comme dans une réplique du film "Chicago" grandeur nature ! Un spectacle de music hall où les stars se dénudent en chantant pour

le plaisir des yeux et des oreilles. Que les âmes sensibles se rassurent, tout est fait dans les règles de l'art : voiles et ombres, jeux de lumières et accessoires suggèrent plus qu'ils ne dévoilent !

Un show digne des plus grandes mai-sons, mélangeant histoires et comédie musicale, tantôt triste, tantôt joyeuse, qui nous emmène d'abord dans une croisière où une pauvre passagère cherche le sommeil en chantant, ailleurs lors d'une "battle" où les garçons se mesurent au filles, ou encore face à la Panthère rose qui vous ensorcelle littéralement...

George Bangable (sic!) interprète de façon magistrale le L.O.V.E de Nat King Cole. Notons également les superbes tenues des comédiennes, notamment celles réalisées par la maison Madame Antoine, de Paris.

Les indiscrétions des coulisses nous font part d'une prochaine tournée encore plus fantastique !

La Tentation

Burlesques Follies

Avec George Bangable, Lolly Wish, Gypsy Wood,

Kimmy Q, Lady Flo, D’jette Blanche, Stefanie Lotgering

Julien Fontignie

19 février 2013

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Le regard pétillant, le sourire ravageur, le port altier, Véronique Biefnot est une comédienne et rom-ancière belge qui attire naturellement les regards. Au premier contact, on découvre une femme charmante, énergique, sympathique et très talen-tueuse. Depuis 2011, elle a donné une autre orientation à sa carrière. Elle avait consacré sa vie au théâtre en jouant sur les planches de la plupart des scènes belges. Mais la belle, qui est aussi très éclectique, aime écrire. Et par un heureux concours de circon-stances, depuis 2011 elle est devenue une romancière très prometteuse. En un an et demi, quatre romans et plusieurs nouvelles ont été publiés chez différents éditeurs. Véronique ne compte pas en rester là et va conti-nuer à nous entrainer dans son propre monde, dans son propre imaginaire, passant du drame au thriller, à l’aven-ture et à la romance, sans oublier de faire un détour par le fantastique. Son écriture se distingue par un savant dosage entre drame et romance. Rien n’est tout à faire rose, rien n’est tout à fait noir. Les thèmes qu’elle nous propose sont en partie inspirés par des événements de notre époque. Mais au-delà de ses histoires, ce qui la caractérise le plus c’est son écri-ture, son style fluide et clair, sa sensibilité, son regard sur les autres. Ces textes sont écrits pour être lus à haute voix. C’est un plaisir d’entendre Véronique lire des passages de ses propres textes. Ses talents de comé-dienne et son habitude du doublage rendent ses textes encore plus vivants.

Véronique Biefnot est née à Colfon-taine et vit avec son mari et ses trois

enfants en Brabant Wallon. Après une agrégation en philo et lettres à l’ULB, l’étude de la peinture aux Beaux-arts et de l’art dramatique au Conser-vatoire, Véronique Biefnot a interprété plus de quarante grands rôles sur la plupart des scènes théâtrales belges (théâtre du Parc, des Galeries, Varia, Public, Jean Vilar, ….). Elle a ainsi eu l’occasion d’interpréter quelques grands rôles emblématiques du répertoire, de Susanneke Beulemans à Macha, Helena ou Irina chez Tchékhov, Elmire dans Tartuffe dans trois mises en scène différentes, Hélène dans La guerre de Troyes et Les Troyennes, etc. sans oublier le récent grand succès Le Dieu du carnage joué pendant deux saisons au Public et en tournée… Véronique Biefnot a aussi affronté la scène en solo, avec La lettre d’une religieuse portugaise.

Parallèlement à cette vie de comé-dienne, de présentatrice de télévision et de metteur en scène (Garbo n’a plus le sourire au Théâtre Royal du Parc et Les combustibles au théâtre Le Public), elle a toujours mené des projets en solitaire, creusant le sillon artistique grâce à la peinture et l’écri-ture.Ainsi, outre quelques adaptations théâtrales, elle a écrit et dirigé un moyen métrage, Almée ; elle a mis en espace, pour le Magasin d’écriture théâtrale, des textes inédits de Régis Debray, Jacqueline Harpman, Jean-Marie Piemme…

Véronique Biefnot a présenté plus-ieurs émissions sur la RTBF (Ciné-clip). À l’heure actuelle, elle est aussi chroniqueuse pour l’émission 50 deg-

rés Nord coproduite par la RTBF et ARTE.

En tant que comédienne, Véronique fait du doublage. On lui doit, par exemple, d’être la voix francophone de Lisa McCune (lieutenant Kate McGregor) dans la série Sea patrol (Patrouille des mers). Elle a aussi doublé Pamela Anderson (VIP), Diana Glenn (Satisfaction) ou Hermione Norris (MI-5 et La fureur dans le sang).

En mai 2011, son premier roman, Comme des larmes sous la pluie, est paru aux éditions Héloïse d’Ormesson, suivi du second, Les Murmures de la terre ; en mai 2012. Le troisième tome de cette trilogie est écrit et est pour l’instant chez son éditeur. À partir de novembre 2012, on a eu droit à deux nouveaux livres dans deux autres registres. Sous les ruines de Villers, un court roman sentimental qui s’ins-crit dans la collection Kiss and Read des éditions Luc Pire. Et enfin Elie Owl, l’animalter, roman fantastique qui s’adresse à tous les publics, qui aura une suite.

En ce début 2013, comme roman-cière, Véronique est partie au Salon du livre international de Taipei (TIBE) pour représenter la communauté fran-çaise.Véronique a d’autres projets d’écri-ture. Elle abordera le sujet dans une des interviews présente dans ce do-ssier. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Véronique, ils trouveront sa biographie complète sur son blog.

http://veroniquebiefnot.wordpress.com

44

La rencontre avec Véronique Biefnot

Littérature

Le regard pétillant, le sourire ravageur, le port altier, Véronique Biefnot est une comédienne et romancière belge qui attire naturellement les

regards. Au premier contact, on découvre une femme charmante, énergique, sympathique et très talentueuse.

!

Elie Owl l’animalter

Etrange nom pour un perso-nnage encore plus étrange. Véro-nique Biefnot aborde ici le domaine fantastique. Elie Owl l’animalter est édité par Myriapode, dans une coll-ection qui est dédiée à la jeunesse. Mais est-ce vraiment un roman uni-quement pour les adolescents ? Non, heureusement. Le livre s’adresse à tout public, en particulier à ceux qui aiment le fantastique.

L’histoire se passe à notre époque, à des endroits différents de la planète, où l’on suit Elie Owl à travers ses transformations. Contre son gré, il se retrouve tous les jours dans le corps d’un animal différent. On a donc droit à une narration à la première perso-nne qui décrit ce que ressent Elie Owl dans le corps des différents animaux. Très étrange, surtout qu’il semble avoir perdu ses souvenirs dès le début de l’histoire, et ne comprend pas pourquoi il se réveille à chaque fois dans un autre corps. Et le lecteur se pose aussi la question !

Les chapitres alternent et permettent d’avoir une vue générale sur une situation donnée ou sur une vue à travers le regard d’Elie Owl. À la lecture des différentes transfor-mations, on découvre un personnage qui tient plus de monsieur catastro-phes que d’un héros. Peut-être en est-il un ? Seule Véronique Biefnot le sait. Après une première partie axée sur les transformations, on découvre un second personnage qui va rappe-

ler à Elie Owl qui il est et ce qu’il est réellement. Il découvre que ses actes négatifs ne le sont peut-être pas autant qu’il pourrait le penser. Tout a un but (caché) s’il est là, c’est pour une bonne raison que lui-même ignore.

Heureusement, Véronique Biefnot nous montre l’autre côté du miroir, et l’on accède soudain à une autre vérité en revivant les scènes sous un autre angle. Oh, tout n’est pas révélé, tant s’en faut ! La condition d’ani-malter n’est pas très répandue et n’est pas irrémédiable. Mais quels desseins peut-il bien servir ? Il est l’instrument du destin, comme l’écrit Véronique Biefnot. Le livre laisse planer des questions sur les origines d’Elie Owl et surtout sur son avenir immédiat.

Livre fantastique qui se laisse lire, dans lequel on retrouve certains sujets de prédilection de Véronique Biefnot. L’ouverture avec le chat n’est pas anodine. En lisant ce roman court, j’ai essayé de faire un parallèle

avec quelque chose que j’avais déjà lu ou vu, et je n’ai rien trouvé d’appro-chant. La romancière est vraiment sortie des sentiers battus (de la littérature) pour nous proposer une histoire originale et fantastique. Évi-demment, je reste sur ma faim, car la fin du roman m’oblige à attendre la suite. J’espère que Véronique Biefnot ne tardera pas trop longtemps à fournir le tome deux de ce qui semble être un cycle ou une trilogie.

Personnellement, j’ai beaucoup aimé. D’abord pour l’histoire, ensuite parce que je retrouve le style et le rythme d’une romancière que je connais très bien. À conseiller aux grands comme aux petits, aux jeunes comme aux personnes âgées.

45

La critique

« Heureusement, Biefnot nous montre l’autre côté du miroir, et l’on accès soudain à une autre vérité en revivant les scènes sous un autre angle. »

Marc Van Buggenhout

de Véronique BiefnotEditions Myriapode

19 février 2013

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Véronique, tu as fait des études de lettres, tu fais de la peinture, tu écris. Comment peut-on te présenter ?

C’est vrai que ce côté parfois qualifié de touche-à-tout n’est plus tellement privé à l’heure actuelle. Quoi que, c’est en train de changer. Si on imagine la définition du parfait gentilhomme ou la vision des arts à la Renaissance, il était tout à fait normal de s’intéresser à tous les arts. Et chacun, dans certains mi-lieux, avait une approche de la mu-sique, de la peinture. Malheureu-sement, je trouve qu’on vit dans une société où on a tendance de demander aux gens de devenir de plus en plus spécialisés dans un domaine. On peut le voir dans la médecine, par exemple. Maintenant, les spécialistes s’intére-ssent à tel organe et ne regardent pas ce qui a autour. C’est un peu pareil pour les arts, avec cette petite différence, que l’art et l’artisanat sont à la portée, et surtout, potentiellement intéressent tout le monde. Tout le monde écoute de la musique, tout le monde peut être sensible à la peinture, au cinéma, à la lecture. J’ai toujours trouvé cela intéressant pour mon équilibre personnel. De m’ouvrir à un maximum de choses et dans la mesure où tout ce qui est créatif est pour moi essentiel, j’ai besoin de créer. Créer, cela peut être écrire, peindre. Mais cela peut aussi être : jardiner, cuisiner, coudre. Cela peut être un tas de choses. Je pense que c’est important dans la vie. Et pour moi, aussi loin que je me reporte, cela a toujours été essentiel.

On va un peu parler de ta peinture. Quand est-ce que tu as commencé à peindre ? Comment cela t’est venu ? Et comme peut-on décrire ton style ?

Il a évolué et il évolue encore. J’ai toujours dessiné et j’ai commencé à exposer très jeune, à 15 ans en autodidacte. Et puis, je suis venue à Bruxelles et j’ai fait une licence, une agrégation à l’ULB en philo et lettres, tout en continuant à peindre. Et après l’université, j’ai fait à la fois le Con-servatoire en art dramatique et les beaux-arts en peinture. Donc, j’ai une formation classique. J’ai commencé par faire du figuratif et puis voilà, cela évolue. Je travaille toujours sur d’ass-ez grands formats, même parfois pour des filmographies théâtrales. J’ai joué dans Le dieu du carnage, où j’avais fait la peinture qui servait de toile de fond. Et celle-là, elle faisait dix mètres sur six. C’était gigantesque de tra-

vailler avec des poulies. Mais j’adore ça ! Il y a un petit peu un combat avec la matière, avec la peinture. Mais je fais aussi des plus petites choses : de l’encre, de la calligraphie, des aqua-relles.

Tu as fait des études au conser-vatoire. Pourquoi t’es-tu lancée dans la carrière de comédienne ?

D’abord par hasard. J’ai commencé à faire du théâtre à l’ULB, au théâtre universitaire. Je n’avais pas imaginé devenir comédienne. J’ai commencé l’unif très tôt à 16 ans, et donc, j’avais fini à 20 ans. J’ai donné quelques cours de français en rhéto à l’athénée d’Ixelles. Mais j’avais 20 ans, c’était un peu jeune. Je me suis dit « Non, je ne veux pas devenir tout de suite prof ». Le metteur en scène avec qui j’avais travaillé au sein du cadre universitaire me conseillait de conti-nuer et j’ai présenté l’examen d’entrée au Conservatoire. Il se fait que tout de suite, après 3 mois, j’avais mon premier contrat dans un théâtre profe-ssionnel, le Théâtre des Galeries. J’avais le rôle principal d’une pièce et cela a démarré tout de suite, comme ça. J’ai tout de suite beaucoup joué. Et j’ai aussi commencé cette année-là à faire de la télé.

Tu as aussi bien joué au théâtre qu’à la télévision. Quelle est pour toi la principale différence ?

Il y en a plein ! D’abord le contact avec le public. C’est la différence fonda-mentale. Au cinéma et à la télévision, on a un média qui fait barrage. On n’a pas le retour immédiat du public. La seconde chose, que j’apprécie au théâtre, c’est que même si c’est un travail d’équipe parce qu’il y a le texte de l’auteur, il y a la mise en scène du metteur en scène (je fais aussi de la mise en scène), il y les décors, les costumes et puis il y a l’acteur. Quand la représentation démarre, l’acteur (ou les acteurs) est seul en scène. Donc, il y a un vrai travail de création, un vrai travail de contrôle du rythme. Toute une série de choses très techniques et il y a aussi une interaction avec le pu-blic. Parce que deux représentations ne seront pas les mêmes, en fonction de l’écoute, d’un tas de paramètres qui sont liés au facteur humain, je dirai. Et donc, c’est passionnant parce qu’il y a un vrai travail à faire au quotidien pendant la représentation. Au cinéma par exemple, on ne sait pas très bien le résultat. On ne le connaît pas. L’acteur donne quelque chose et

puis le réalisateur va prendre ce qu’il veut. Il peut couper, il peut faire un gros plan sans que l’on soit forcément au courant, ou bien on peut être dans un plan large. L’acteur est beaucoup plus manipulé au cinéma. Il n’y a pas tellement besoin de technique, c’est la raison pour laquelle il y a des gens qui font du cinéma sans avoir une for-mation d’acteur. Pas besoin d’une technique particulière au cinéma. En revanche, la pose de voix, la respi-ration, ce sont des techniques que l’on doit absolument apprendre. La télévision, il y a tout de même un montage. Il y a ce rapport étrange de pseudo intimité. Les gens reçoivent dans leur salon la personne qui est à la télé. Ils ont un sentiment d’impunité parce qu’il y a une proximité, ce qui n’est pas forcément le cas de la personne qui a été diffusée. Donc cela induit de drôles de rapports.

Tu as joué des rôles totalement différents, assez forts. Quel est celui qui t’a le plus marquée ?

J’ai joué dans plein de registres, la comédie, mais dans des choses plus pointues comme des créations au Varia. Je pense à une pièce de Jean-Marie Piemme qui s’appelle Scanda-leuses. Et on a eu une grande chance, on était quatre comédiennes. Cela s’est joué un peu partout en France. Jean-Marie Piemme a écrit cette pièce pour nous, c’est-à-dire pour les quatre comédiennes, en pensant à nous. Et ça, c’est un cadeau incroyable ! Des rôles qui ne nous ressemblaient pas, mais qui avaient été écrits pour nous. C’était du théâtre avant-gardiste. C’était assez tôt dans ma carrière. Mais j’ai joué Susanneke dans Le mariage de mademoiselle Beulemans. C’est un monument parce que cela touche tout le monde. On l’a joué énormément, et dans la salle il y avait des gamins, des personnes très âgées. C’est folklorique ! Au-delà de ça, c’est une pièce très touchante et très bien écrite. Elle est écrite pratiquement comme une pièce classique, avec les mêmes ressorts et c’est un plaisir de jouer ça. Oh ! J’ai beaucoup joué. J’ai joué du classique, j’ai joué de tout. C’est la seule fois où les gens dans la rue m’appelaient « Susanneke ». C’ét-ait incroyable. C’est un très bon souvenir.

Tu fais aussi de la mise en scène ?

J’en ai fait un petit peu. J’ai nota-mment fait au Théâtre Public Les combustibles d’Amélie Nothomb.

46

L’ interview

J’ai fait Garbo n’a plus le sourire au Théâtre du Parc, qui est une création d’un jeune auteur suisse. Je fais souvent des mises en espace. C’est très chouette aussi. Ce sont des lectu-res de pièces qui n’ont pas forcément encore été éditées et qu’on propose à un public intéressé. Je fais cela très régulièrement.

Quand est-ce que tu as commencé à écrire des romans et des nouvelles ? Tu as d’abord commencé par l’écriture de scénarios ? De mise en scène ? Et puis sont venus les textes, disons plus classiques ?

Oui. Des nouvelles, j’en écrivais. Des nouvelles, des poèmes, des apho-rismes, un peu comme tout le monde qui a envie d’écrire. Mais je n’avais pas écrit un roman, car s’attaquer à un roman ça me fait peur. Je n’y arriverai jamais, ou bien je n’aurai pas la moti-vation suffisante, le temps. Et donc j’ai fait pas mal d’adaptations théâtrales et très souvent je faisais face à des directeurs, des metteurs en scène qui me disaient « Mais tu écris drôlement bien. Pourquoi n’écrirais-tu pas de roman ? » Et un jour, à force d’entendre ça, je me suis dit « Mais dans le fond, ils ont peut-être raison. Je vais essayer. Après tout, qu’est-ce que je risque ? ». Juste de consacrer du temps, voire beaucoup de temps. Lorsque j’ai commencé mon premier roman Comme des larmes sous la pluie, je ne connaissais absolument personne dans le domaine de l’édition. Je n’avais aucune perspective, auc-une idée de comment me faire éditer. Je pense même que je ne pensais pas à me faire éditer. Je me demandais d’abord si j’allais y arriver. Juste pour ma satisfaction personnelle. Et pen-dant que je jouais au théâtre public, je suis arrivé avec le manuscrit et je l’ai donné au directeur. Et puis, il m’a prévenue « Je n’ai pas beaucoup de temps, je sais pas ». Et puis, quelques jours plus tard, il a déboulé dans ma loge en me disant « Ecoute, je l’ai feuilleté pour voir ce que c’était, et puis j’ai été pris par l’histoire. J’ad-ore ! » C’est chouette, parce que c’était le premier avis exté-rieur en dehors de la famille. On sait bien que ce n’est pas complètement objectif. Lui-même me dit « Moi, je te connais, j’ai aimé, mais est-ce que mon avis est objectif ? ». Il a eu une idée amusante, mais un peu stressante. Il a fait quelques copies de ce manuscrit et il en a distribué à des spectateurs du théâtre public sans leur dire qui l’avait écrit, avec un questionnaire à la clé. Les gens rentraient leur questionnaire avec leurs coordonnées télépho-niques. Et puis, moi je leur téléphonais

sans leur dire que c’était moi qui l’avait écrit, comme une employée du théâtre, pour leur poser des questions plus précises par rapport au bouquin. Ils n’avaient aucune censure pour donner leur avis. Les gens ne savaient pas qu’ils avaient l’auteur au téléphone. Je me blindais en me disant que je vais peut-être en prendre plein la tronche. Des choses qui ne vont pas me faire plaisir. Et puis, il se fait que cela s’est très bien passé, que les réponses ont été super positives. Et que parmi ces personnes, il y avait quelqu’un qui a remis ce manuscrit à Marianne Pêtre qui est la première libraire chez Fili-granes. Cette Marianne Pêtre l’a aimé, l’a donné à Marc Filipson qui l’a aimé sans que je le sache. Ce sont des gens que je ne connaissais pas du tout. Héloïse d’Ormesson, qui est mon éditrice principale, venait en signature avec un auteur la semaine suivante. Marc Filipson lui a donné mon livre et une semaine après j’étais à Paris pour signer le contrat. C’est un peu un conte de fées et je n’ai pas réalisé tout de suite. Je me suis rendu compte après, dans des salons, quand je rencontre des auteurs qui galèrent, qui écrivent depuis des années sans possibilité de se faire éditer. C’est très compliqué. J’ai eu une chance din-gue !

Je crois que tu as toi-même essayé des rituels chamaniques pour ton deuxième roman. Pourrais-tu nous en parler ?

C’est marrant parce que dans mon premier roman, il y a des encrages au réel qui sont très visibles, qui sont par exemple Bruxelles. Je décris des quartiers comme Saint-Gilles, le long du canal, le bois de La Cambre. L’encrage réel, il est dans les lieux et il est, par exemple, dans les rapports familiaux avec la petite famille. Et bizarrement dans le deuxième mon encrage au réel est dans les passages les plus hallu-cinés des voyages chamaniques. Parce que ce sont des retranscriptions de voyages chama-niques que j’ai faits moi-même, même si cela semble les passages les plus fantasmatiques. Ce sont des voyages que j’ai réellement faits. Et les ani-maux de pouvoir sont assez omni-présents dans ce que j’écris comme par exemple dans l’Animalter.

Justement, pour Elie Owl l’ani-malter, comment as-tu eu l’idée de créer un personnage qui vivait sa vie à travers les corps de différents animaux, et en qui était frappé d’amnésie ?

J’ai, depuis l’enfance, toujours été entourée d’animaux. La nature et les

animaux font partie de mon équilibre, j’ai toujours été fascinée par la ramure d’un arbre centenaire ou le regard d’un chien. Dès lors, il était tentant d’essayer de me mettre dans la peau d’animaux aussi peu présents dans la littérature qu’une guêpe, un serpent ou un condor. Quant au personnage d’Elie Owl, sans être adepte de la métempsychose, je trouvais intére-ssant de le « balloter » ainsi d’un corps à l’autre, ça ouvre, d’une part, des perspectives romanesques et, d’autre part, l’empathie permet, me semble-t-il, de comprendre mieux les autres, d’essayer en tout cas. Son amnésie permet à Elie Owl de décou-vrir, chaque matin, une nouvelle réalité à travers un nouvel animal, un nou-veau « vaisseau » sans que le personnage soit trop encombré par ses vies précédentes... mais tout ça n’aura qu’un temps, bien sûr...

Est-ce que les animaux que tu as choisis sont symboliques et corres-pondent à quelque chose qui t’a personnellement touchée ou atti-rée ?

Certains oui, d’autres pas.... l’anec-dote du serpent m’est arrivée, toutes proportions gardées : en faisant de l’escalade en montagne, dans une situation assez périlleuse, je me suis raccrochée à une pierre plate pour ne pas basculer dans le vide, la pierre s’est détachée de la paroi et, en-dessous, il y avait un nid de ser-pents.... je suis restée tétanisée un certain temps avec ces reptiles ram-pant autour de moi...

Que peut-on te souhaiter sur le plan littéraire en 2013 et quels sont tes projets littéraires ?

De continuer à écrire des histoires ! Plus sérieusement, le contexte actuel étant particulièrement difficile dans le secteur artistique plus encore qu’aill-eurs, j’espère pouvoir continuer à être éditée. Avec le nombre croissant de librairies et de maisons d’édition qui ferment leurs portes, c’est de plus en plus aléatoire... Quoi qu’il en soit, j’espère que le dernier tome de ma trilogie sortira d’ici un an chez Héloïse d’Ormesson, et que la suite des aventures d’Elie Owl, l’Animalter, se retrouvera bientôt en librairie (il faut d’abord que je les écrive...) et, dans l’immédiat, je termine un roman qui me tient particulièrement à cœur : Place de la Liberté... Voilà, donc, rendez-vous au prochain épisode...

Propos recueillis par Marc Bailly et Marc Van Buggenhout

47 19 février 2013

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

48

La nouvelle : Tu étais le pays que j’aimais

Il y a cette femme, il ne la connaît pas, mais il sait qu’il doit lui parler.Il sait qu’elle porte dans les yeux un moment de sa vie à lui.Quelques secondes ?Quelques années ?Tout le reste du temps qu’il lui reste ?Peu importe, seule compte la cer-titude qu’elle a dans les yeux, dans les mains, un morceau de sa vie à lui.Un endroit où se retrouver, où il se sentirait chez lui, un pays à par-tager ?Peu importe.Il sait qu’il ne la connaît pas, mais il la reconnaît.Il va lui parler...

« Pose le bout de tes doigts sur mon poignet, pose-les, là où ça palpite. Tout entier, je me rassemble sur ces dix centimètres carrés de peau, suivant le doux mouvement du bout pulpeux de tes doigts.Tu hésites, effleures, tu vérifies ma concentration. Moi, tendu, dans l’attente, attentif, je vibre au léger va-et-vient qui s’installe.À peine ébauchée cette sinuosité rythmique, tu m’abandonnes, les doigts en suspens, sur le fil d’une cruauté calculée, d’une hésitation entre l’angle d’attaque et la pression exercée.J’attends, le souffle court, petite demande muette, retenue de pu-deur... touche-moi, touche-moi en-core !Tout mon corps attend, concentré là, autour de ce nœud de petites veines bleues qui palpitent, pour le coup, plus fort.Tu redéposes les doigts, je fris-sonne.L’ongle de ton pouce explore d’a-bord doucement mon poignet, puis s’enfonce le long des tendons, en redessine les contours, palpe les os, entre plaisir et douleur... petite douleur délicieuse.Tu te promènes maintenant sur ma paume, ouverte, abandonnée. Le reste de mon corps n’existe plus, son enveloppe est floue, variant au gré des arabesques que tu graves, nouvelles lignes de vie, d’amour, nouveau parcours du tendre, de plus en plus profond dans ma chair, ondes frissonnantes, galets lancés dans mes eaux si peu dormantes.

La vibration s’amplifie, sourde et ronde, remonte le long du bras, fulgurante, elle contamine conscien-cieusement chaque pouce de peau.Sous la caresse de tes doigts naît une galaxie, un univers, un pays conquis... une histoire. »

Il y a cet homme.Elle sait qu’elle ne le connaît pas, il lui semble pourtant familier.Le réseau de veines qui courent le long du bras... elle ne pourra plus en détacher le regard.Elle voudra le toucher, parcourir ce chemin de vie qui pulse vers le cœur, si rassurant.

« Rien de plus beau, de plus doux, de plus émouvant, que toi, étendu, nu, abandonné à mes côtés pour cette lente sieste écrasée de cha-leur, si loin de tout, si loin du monde.Tu dors, et moi, je m’abîme dans la contemplation de ce coin de bon-heur, des papillons dans le cœur. Moment suspendu, unique et mira-culeux.Ta peau, parfaite et dorée, miel et cannelle savamment mélangés, tes cils longs, si longs, ombrant loin tes joues légèrement rosies par le soleil.Tes mains, posées l’une dans l’autre, un moment immobiles. Ton corps confiant, abandonné à mes côtés, que je regarde, que je n’en finis pas de regarder.Je voudrais graver cet instant dans le marbre fragile de ma mémoire et j’attends.J’attends, pleine du spectacle de ton sommeil, j’attends ton réveil, avec le calme serein qu’offrent les jours doux de la vie. »

Il y a cette femme.Il ne la connaît pas, mais il croit qu’il porte en lui un morceau de sa vie à elle.Il regarde ses yeux, longuement, avec la certitude de voir si loin derrière...Quelques secondes ?Quelques mois ?Le reste de sa vie en lui tenant la main ?En trois secondes, l’être humain a fixé les paramètres d’un visage... si le regard s’attarde davantage, on entre dans un autre rapport.

S’il la regarde fixement plus de trois secondes, si elle ne détourne pas les yeux, il aura lancé un autre fil.Si elle sourit, si elle ouvre la bouche, il entrera dans ses pensées au moins dans ses pensées.

Mais combien de temps prendra l’oubli ?

« Le point le plus troublant, c’est la confusion.J’essaie de me souvenir de ton visage et c’est un autre qui apparaît.J’essaie d’entendre ta voix et son timbre m’échappe.Pourtant, comme je les aimais, comme je les aime.Tout est affaire de contraste et maintenant, tout est flou, incertain, j’en ai la nausée.Je n’arrive plus à voir tes yeux derrière les miens fermés.Pourtant, comme je les aimais, comme je les aime.Qu’est-ce que ça veut dire ?On peut aimer une chose et oublier sa forme ?Quelle est leur couleur exacte ?Combien de pépites d’or autour de leur iris ?Y en a-t-il autant dans l’œil droit que dans le gauche ?Toutes ces questions tournent dans ma tête.Pas de réponse.Je ne pourrai jamais regarder tes yeux assez longtemps, assez pro-fondément pour les compter, les étoiles qui s’y noient.Si je ne peux plus donner de visage à ton souvenir, n’était-ce qu’une illusion d’amour ?L’amour véritable doit-il imprimer sa marque, indélébile ?Est-ce qu’on doit, sans confusion aucune, reconnaître l’être aimé au premier regard, dans la foule... le brouillard... le noir ?Est-ce qu’on doit s’en souvenir sans faille, le temps d’un battement de cil, d’un battement de cœur ?Sans devoir chercher, redessiner, recréer les traits, patiemment, un à un ?Suivre le contour du nez, la trace de l’ange, entre lèvres et narines sans se perdre en chemin...Se raccrocher à l’arcade d’un sourcil pour ne pas tomber...Tomber dans l’oubli ?

49 19 février 2013

Le souvenir précis est-il un signe de l’amour véritable ?Qu’est-ce que l’amour véritable ?L’oubli de soi ?Ta nuque, à toucher, comme un point d’ancrage...un moyen de t’atteindre... une por-te...Mes doigts n’y sont plus.J’aurais dû, quand c’était possible, parcourir ton cou, pouce par pouce, doucement, tendrement, violemment, l’embrasser.Trop tard.Se souvenir, la seule alternative... et quand plus rien ne vient ?Comment est la douceur de ta peau ?Je veux la sentir sur ma langue, sous mes lèvres, m’en souvenir, m’en souvenir vraiment.Qui peut m’aider ?Ton odeur... sucrée... épicée... mus-quée ?Je ne sais plus, je ne sais plus.Parfois je crois l’attraper dans un souffle, un sillage volatile...Trop tard... pas eu le temps de la fixer.Je ne sais plus, je ne sais plus.Ton ventre, ton sexe, tes cuisses se mélangent avec d’autres sexes, d’autres ventres, d’autres cuisses...Ça ne devrait pas...Ça ne doit pas.Pourtant comme je t’aimais, comme je t’aime. »

Il y a cet homme, elle croit qu’elle le connaît.Elle regrette déjà de l’avoir regardé, de ne pas avoir détourné les yeux assez rapidement.Trop tard, le fil est amarré...Elle sent que cet homme n’est pas bon pour elle.Elle sent qu’il tient dans ses yeux un morceau de sa vie à elle.Et que ce morceau est sombre.Une infinité de moments ?Une seconde vertigineuse ?Trop tard... l’histoire a commencé.

« Comment je fais pour te regarder, pour te parler, comme si de rien n’était, comme si on ne s’était pas parlé, regardé autrement... avant ?Comment je fais, maintenant ?On doit se réapprendre ?Redevenir des étrangers ?Se découvrir... inintéressants, ba-nals, tièdes ?Fuir les regards dans lesquels on s’est tellement perdus...Perdus et trouvés.

Ne plus voir cette bouche qu’on a tellement embrassée, sucée, gobée, ne plus sentir sa douceur, sa tiédeur, son élasticité ?Ne plus voir en elle qu’un outil de bavardage ?Qu’un instrument de mise à dis-tance ?De mise à l’écart ?De mise à mort ?Qu’une machine à dire des mots vides, cruels ?Ne plus voir que ça ?Quand c’était une vraie usine à frissons ? »

Il y a cet homme.Son regard l’a accrochée, elle en avait perdu l’habitude.Cette fois, elle n’a pas choisi la fuite.

« Et si c’était la dernière fois...Si c’était la dernière fois que je vois dans les yeux d’un homme qu’il me trouve belle ?Si c’était la dernière fois que je suis belle ?Est-ce que ça arrive ?Je veux dire... s’il y a un jour, une minute, où on a fini d’être belle ?C’est une chose à laquelle on s’habitue, la beauté...Mais, tout à coup, quand on se dit que ça va peut-être s’arrêter...On s’imagine que ce n’est pas très important...Mais quand on se dit que ça s’en va...On sait que ce n’est pas là que réside notre mérite, notre valeur...Mais quand on sent que c’est pres-que parti...On sait qu’on a tant de choses à prouver dans tant d’autres dom-aines...Mais, tout à coup, quand on se dit que plus jamais on ne surprendra dans les yeux d’un homme cette petite lueur qui s’attarde, qui vous embrase en un instant ; qu’on n’y verra plus cette petite promesse qui n’aura presque assurément aucune suite, mais qui aura suffi à vous faire vibrer un instant, une éternité, sur la piste de tous les possibles.Alors, on se dit que...

Et si c’était la dernière fois ?La dernière minute, la dernière sec-onde où un homme me regarde comme ça ? Pas juste comme une femme élégante, intéressante, sub-tile ou cultivée, mais comme une femme excitante et désirable, com-me un homme peut regarder une

femme avec violence et envie, brus-quement, presque par surprise.Est-ce qu’il y a un moment où on se dit que ça n’arrivera plus ? Une minute où on se demande combien de temps durera la magie ?Et pour moi... combien de temps encore ?Et si c’était la dernière fois ?La dernière fois où je me sens désirée... là... maintenant... dans ce regard, pas encore tout à fait séduit, mais déjà très attentif ?Et si c’était aujourd’hui ce dernier jour ?Et si c’était lui ce dernier homme ? »

Il y a cette femme.Elle se dit que c’est une surprise.Elle ne s’y attendait pas.Elle se dit qu’elle a, dans les yeux, un peu de son pays à elle.Loin de ses habitudes, loin de ses certitudes.Un autre miroir, une image inversée, un autre univers.A découvrir... à inventer.

« Laisse-moi me charger de ton corps.Lui trouver son vrai poids, débar-rassé des autres.Laisse-moi te donner la légèreté des mots insouciants, des rires, des pensées qui s’envolent.Laisse-moi m’en charger, trouver sa vraie forme, sa densité lourde.Je pose les paumes de mes mains sur tes yeux, frais.Je ferme ta bouche, encore et encore, elle qui veut s’ouvrir, encore et encore.Veux-tu me parler ? Veux-tu m’em-brasser ?Je prends ta main si froide et blanche, pour une première prome-nade, une première danse.De mon souffle, j’anime tes cils, je t’emmène en voyage, nuages bleus sous tes paupières.J’efface de ton front les sillons sou-cieux.Tu seras lisse et sereine, des étoiles plein la tête, des pensées comme des bulles qui nous emporteront loin... loin vers cet autre pays que j’aimerais tant aimer. »

Véronique Biefnot,Pour Le Suricate Magazine

!

Wonder

« Je ne suis pas un garçon de 10 ans ordinaire, c’est certain ».

Véritable coup de foudre qui nous atteint au détour des pages de ce roman poignant, qui nous mène entre rires et larmes dans la vie d’une bande de jeunes adolescents sur la route de l’indépendance et l’âge adulte.

Auggie a toujours été protégé par sa famille, son entourage. Il n’a connu que l’école à domicile.

Maintenant, il est temps pour lui de rejoindre les bancs du collège et vivre la vie que tout enfant de 10 ans peut avoir.

Avec subtilité et naturel, l’auteure nous fait découvrir, chapitre après chapitre, la vie de ce jeune garçon à travers lui et au travers des yeux de ceux qui sont ou deviendront ses amis.

Dès les premières pages, Auggie se dévoile, raconte avec sa voix et ses mots d’enfant ce qu’il est, ce qu’il ressent et ce qu’il voit dans le regard des autres, sans jamais aborder la description physique…

« On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux »

… Et là, trop tard pour renoncer à l’attachement que l’on ressent pour Auggie ; il est déjà là, bien présent dans notre vie, avec ses valeurs profondes et son énergie.

Malgré notre esprit qui nous pousse à imaginer le visage du garçon, tout ce qu’il est nous fait oublier à quoi il ressemble.

Être, vivre… être reconnu, vivre avec les autres

La colère, La crainte, la peur, l’angoisse même sont les sentiments auxquels Auggie doit se confronter, après la décision de ses parents de l’envoyer à l’école. Il sait comment les autres le regardent, il a appris à ne plus y attacher trop d’importance. Mais cette fois, il ne s’agit pas de quelques regards au passage, mais de ces dizaines d’adolescents qui le

croiseront au quotidien.

On fait comment, quand on a 10 ans, pour pardonner, excuser, compr-endre ?

Et puis, de belles rencontres !

Les adultes sont présents dans la vie d’Auggie : ses parents, les ensei-gnants, les parents de ses amis d’enfance. Ils sont là, mais s’éloi-gnent peu à peu devant la prise d’autonomie de l’enfant.

C’est au travers du regard et de l’histoire de Via, sa sœur, de Jack,

Summer et Julian, ses copains de classe, Miranda, l’amie de toujours, Justin l’amoureux de Via, que l’aut-eur nous fait découvrir Auggie.

Ces enfants-là ne sont pas parfaits. Eux aussi doivent trouver leur place dans un univers scolaire où la conformité est une garantie d’intégr-ation, où la différence devient vite un obstacle terrifiant.

Après la colère et la peur, c’est la joie et l’amour pour soi, pour les autres qui prend toute la place.

Un de mes plus beaux moments de lecture, un livre à lire seul, à raconter le soir avant de s’endormir, à partager avec les personnes qu’on aime.

Un livre à relire, dont on ne sépare pas, dont on tourne les pages éc-ornées plus tard avec plaisir, pour retrouver ces passages, ces épi-graphes qui nous ont fait rire, sourire ou pleurer.

Directrice artistique et graphique dans l'édition pendant de nombr-euses années. R.J. Palacio s'est à son tour essayée à l'écriture, avec talent. Wonder est son premier roman, il a rencontré un immense succès aux Etats-Unis dès sa par-ution.

R.J. Palacio vit à New York avec son mari et leurs deux enfants.

50

La critique

« Après la colère et la peur, c’est la joie et l’amour pour soi, pour les autres qui prend toute la place. »

Nathalie Beauport

de R.J. Palacio(Editons Fleuve Noir)

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

« Je m'appelle August. Je ne me décrirai pas. Quoi que vous imaginiez, c'est sans doute pire »

Né avec une malformation faciale, Auggie n'est jamais allé à l'école. A présent, pour la première fois, il va être envoyé dans un vrai collège...

Pourra-t-il convaincre les élèves qu'il est comme eux, malgré tout ?

Ne jugez pas un livre garçon à sa couverture son apparence

!

Le dernier loup-garou

Jacob Marlow, Jake pour les intimes, est le dernier de sa race. Pourchassé par les tueurs de l'OMPPO qui ont juré de lui trancher la tête, protégé par une organisation secrète désireuse de vivre au grand jour, Jake a décidé d’arrêter de fuir.« Va où tu veux, meurs où tu dois ».La prochaine lune sera sa dernière.Mais pour le lycanthrope suicidaire, rien ne se déroule comme prévu : dans un aéroport, quelques jours avant la pleine lune, il rencontre la belle Talulla Demetriou.On dit qu'une bête blessée ne peut que se défendre. La bête amoureuse et condamnée, elle, n’a qu’une envie, continuer d’exister à travers sa descendance.

Un homme poursuivi par ses dém-ons, par un passé bien plus lourd et plus long que pour tout être humain normal, voilà un sujet qui aurait pu nous conduire dans une histoire pleine de rebondissements.

Tout est présent dans cette intrigue fantastique : une nuit de pleine lune, le dernier des loups-garous, une histoire d’amour qui finit mal, un confident et complice fidèle, une association secrète qui veut le détruire, des alliés anonymes, quel-ques vampires... Et l'espoir.

Dès les premières pages, l’auteur nous fait partager la vie, les pensées et doutes des différents personn-ages.

Jake, homme qui préfère l’amour en toc dans les bras d’une prostituée peau-de-vache depuis la disparition violente de son épouse, un siècle auparavant. Être blasé qui s’aban-donne maintenant avec soulagement

à l’idée de mourir dans les jours suivants.

Harley, majordome fidèle, qui ne peut admettre la défaite sans gloire de son maître, qui refuse de retour-ner dans un monde sans loup-garou, où le sentiment de culpabilité serait le plus fort.

Grainer, le chasseur, animé par la vengeance depuis le décès de son père.

Jacqueline, femme à l’ambition dém-esurée, qui veut sauver coûte que coûte le loup-garou des griffes de l´ OMPPO.

Lu, la belle, celle par qui l’espoir et le désir amoureux reviennent.

Autant de personnages aux personn-alités fortes, animés par des motiv-ations qui semblent profondes.

Là s’arrête la puissance de l’histoire.

Vous avez aimé Twilight ?

Vous aimerez sans doute les aven-tures de Jacob Marlow. Homme gr-and, beau, riche et ténébreux, souff-rant d’un passé qui le poursuit, retrouvant enfin l’amour devant une jeune, belle et intelligente femme qui

se cherche dans sa nouvelle condit-ion de loup-garou femelle.Avec juste ce petit côté érotique et animal qui devrait attirer la curiosité.

Vous avez aimé Entretien avec un vampire ?

Vous perdrez votre temps avec Le dernier loup-garou.

Glen Duncan ne plonge pas assez dans le profil des personnages et finit par les rendre transparents.

L’intrigue se dégonfle comme une baudruche. Aucune surprise, dès les premiers chapitres, le lecteur peut deviner les étapes, la suite et la fin de l'histoire.

Même les promesses de sensations érotiques annoncées ne sont pas tenues.

Impossible d'en savoir plus sur les protagonistes, l’auteur ne nous do-nnant pas les moyens de mieux comprendre les raisons profondes qui les guident.

L’auteur

Né en 1965, Glen Duncan est l’auteur de huit romans, dont Moi Lucifer (Denoël 2011).

Le roman aurait pu être une histoire pour ado, si la violence et le sexe gratuit n’étaient sous-entendus à chaque chapitre.

51

La critique

« Autant de personnages aux personnalités fortes, animées par des motivations qui semblent profondes. »

Nathalie Beaucport

de Glen DuncanEditions DenoëlLunes d’encre

19 février 2013

Découvrez la méthode EFFECT. Beaucoup de gens aimeraient suivre un programme de gestion du temps mais cela ne sert pas toujours à grand-chose…

Ce genre de stage tient rarement compte de la personnalité de chacun…

Ce livre affirme que l’essentiel consiste à partir de votre situation pour atteindre un réel changement de comportement.

C’est donc vous, et vous seul, qui vous trouvez au centre de ce livre. Tim Chris-tiaens a complété les techniques traditi-onnelles avec plusieurs adaptations contemporaines.

Mais qu’est-ce que la méthode EFFECT ? C’est une méthode qui va à l’Essentiel, qui définit vos Fonctions, qui se Focalise sur vos objectifs, sur l’Efficacité de l’exéc-ution des tâches, sur la Créativité et sur la Toolbox.

Ce livre est intéressant à plus d’un titre. Il donne ici la parole à dix personnes fascinantes qui vous parlent de leur

vision. Il s’agit de Herman Van Rompuy, Jacques Rogge, Didier Reynders, Jean-Marc Nollet, Eliane Tillieux, Luc de Brabandere, Franco Dragone, Serge Fautré, Eveline Bouchonville et Alain Flausch. Ils nous parlent d’eux, de leur méthode d’organisation du temps…

Un livre très clair, plein de petits trucs, d’exemples, d’exercices…

Tim Christiaens est expert en time management et coache des cadres en matière de gestion du temps. Toutes les deux semaines, il rédige une chronique dans le magazine Trends Tendances. Il est économiste et il travaille pour div-erses multinationales.

Marc BaillyA la recherche de votre temps

de Tim Christiaens

Editions Racines168 p.

Même s’il a surpris sa fiancée dans les bras d’une autre, Nicholas, vicomte Lancaster, doit l’épouser.

La bienséance et sa fragile situation financière l’exigent. Cependant, lors d’une visite dans son domaine à la campagne, il croit apercevoir son amie d’enfance, Cynthia Merrithorpe, devenue une jeune femme au charme irrésistible.

Cynthia est pourtant portée disparue depuis des semaines, mais son image hante le jeune homme et l’entraîne dans un voyage sensuel. Ensemble, ils défient les conventions et découvrent la vér-itable essence du désir…

Même si la fin est on ne peut plus prévisible, ce livre se lit avec plaisir et nous embarque rapidement dans le monde de nos héros.

En effet, Cynthia ne voyait que la fuite pour échapper à un mariage arrangé mais c’était sans compter sur le vicomte qui vole à son secours et qui change, grâce à elle, sa propre destinée…

Victoria Dahl habite à la montagne avec son mari et ses deux enfants.

Son premier roman La famille York - Cœur rebelle (tome 1) a remporté le prix Golden Heart qui récompense les meilleures œuvres de romance hist-orique.

Elle a écrit deux autres romans : la suite de cet ouvrage La famille York - Cœur brisé (tome 2) et le livre qui nous occupe ici.

Evelyne Vandooren

Les amants égarés

de Victoria Dahl

Editions Milady456 p.

52

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

De nos jours, le crime n'a plus de frontières. Pour le contrer, les polices nationales s'organisent et font appel à Interpol.

Le projet Agence Interpol est une série où chaque épisode est une enquête policière sur des affaires criminelles internationales. A chaque album un nouveau duo dessinateur-scénariste no-us offre des histoires fictives, construites sur des témoignages bien réels de membres d'Interpol.

Après Mexico et Stockholm, l'Agence Interpol se déroule à Rome où l'on suit la carabinière Livia de Angelis. Son enqu-ête nous conduit tour à tour chez des trafiquants d'œuvres d'art, puis sur la piste du gang des « Purple cats », qui cambriolent des bijouteries. Les élém-ents de l'enquête lui font comprendre que les voleurs ont sévi dans d'autres pays et elle contacte Interpol pour demander du support.

Elle le reçoit en la personne de Marie Watteau, une agent française très autoritaire. Depuis Lyon, elle active les services techniques, puis finit par rejoindre Livia sur le terrain, en Italie. Duo de choc, ces fortes têtes arriveront-elles à collaborer ? Parviendront-elles à

découvrir qui se cache derrière les « Purple Cats » et démanteler le réseau mafieux ?

C'est au tour de Lapo et Barboni de s'attaquer à la difficile tâche de monter une histoire autour du thème de la criminalité internationale. Malgré des dialogues un peu chiqués, la crédibilité est au rendez-vous, notamment grâce au travail de la Belge Thilde Barboni qui montre une nouvelle facette de ses talents - metteur en scène au théâtre, auteure de feuilletons radio, traductrice - et de sa connaissance de l'Italie. Le travail graphique est très précis et on retrouve le style d'Alessio Lapo - Seign-eurs de Cornwall, Codex Sinaïticus - qui nous plonge dans Rome et sa région, bien soutenu par le choix des couleurs.

Moins lissé que Mexico, l'épisode rass-urera les lecteurs plus « classiques », le style se rapprochant d'Alpha ou de Lady S...

Un peu trop technique pour être conv-aincant, l'album est toutefois en ligne avec la série.

Julien Fontignie

Agence Interpol : ROME

de Lapo et Barboni

Editions Dupuis56 p.

Cela fait quatre ans que Caitlin Stuart a disparu, elle avait 12 ans. Elle promenait son chien dans le parc, puis elle s'est complètement volatilisée sans laisser aucune trace. Une fugue ? Ses parents Tom et Abby n'y croient pas, pour eux, elle a obligatoirement été enlevée. Pour Tom, le narrateur de cette histoire, qui a toujours gardé espoir et reste persuadé que sa fille est en vie, il est hors de question de tourner la page. Abby, quant à elle, souhaiterait avancer et décide d'ériger un monument à la mémoire de sa fille, même si son corps n'a jamais été retrouvé. Tom n'est pas d'accord, mais cédera malgré tout. Cette tragédie finira malheureusement par avoir raison de leur mariage...

Peu de temps après la cérémonie commémorative en son honneur, Caitlin va réapparaître : comme Tom n'a cessé de le penser, elle était toujours en vie. Seulement, le chemin des retrouvailles va s'avérer long et difficile. Quatre années ont passé, Caitlin a bien changé et surtout elle refuse de raconter quoi-que ce soit de ce qui lui est arrivé. De plus, elle ne semble pas si heureuse que ça d'avoir retrouvé ses parents. Ce roman est donc le récit du dur combat de deux parents pour comprendre leur fille, qui, malgré les choses terribles qu'elle

semble avoir vécues, ne semble att-endre qu'une chose...

Fleur de cimetière est un thriller psy-chologique en huis clos, au suspense palpable tout au long de ses pages. Mais tout se déroule très lentement, on prend connaissance de nouveaux éléments vraiment au compte-goutte. Caitlin, par exemple, ne réapparaît que vers la 150e page. C'est pour moi LE défaut de ce livre : sa lenteur, ainsi que peut-être son dénouement relativement simple et prévisible. Mais malgré cela, David Bell parvient au fil des pages, à nous tenir en haleine avec subtilité, à nous empêcher, à la fin de chaque chapitre, de poser le livre pour faire une pause, tant on a envie de savoir ce que Caitlin a réell-ement vécu et comment tout cela va se terminer.

Ce roman est solide, très bien écrit, fluide, malgré ces petits défauts qui sont vite oubliés grâce au talent de l'auteur américain. Attention, ici pas de violence, ni de sang, mais plutôt une étude comp-ortementale d'une victime, de sa famille et de son bourreau. Dixit Actes Sud : « David Bell s’affirme d’emblée comme un maître du polar en chambre froide. »

Emmanuelle Melchior

Fleur de cimetière

de David Bell

Editions Actes Sud / Actes Noirs

400 p.

53 19 février 2013

!

Troisième tombe tout droitCharley Davidson (tome 3)

Troisième tombe tout droit est le troisième tome d’une nouvelle série bit-lit de l’éditeur Milady.

Outre-Atlantique, celle-ci compte depuis octobre 2012 quatre tomes.

En ce qui nous concerne, il faudra attendre juillet 2013 pour découvrir la suite des aventures de Charley Davidson.

Il s’agit donc au départ d’une trad-uction anglaise du roman de Dary-nda Jones qui a reçu le prix 2009 de la meilleure romance paranormale aux Golden Heart.

Charley, la plus délurée des fauch-euses, est de retour ! Mais elle boit des quantités astronomiques de café pour rester éveillée. Sans quoi, elle n'échappe pas à la vision terrifiante qui s'impose à elle dès qu'elle ferme les yeux : Reyes, le fils de Satan emprisonné pour l'éternité par sa faute ! Depuis que Charley l'a piégé dans son corps, il lui fait la tête et, à raison, puisqu'il est retourné en pri-son !

Dans cet ouvrage, Charley mène de front plusieurs enquêtes. D’un côté, un docteur l’engage pour retrouver son épouse disparue, mais il lui semble bien suspect…

D’un autre côté, elle est engagée par une bande de motards (qui habitent

l’asile de Rocket) pour retrouver celui qui a empoisonné leurs chiens.Sans oublier que Reyes s’évade de prison et lui demande de rechercher l’homme qu’il est censé avoir tué !

Comme si cela ne suffisait pas, son père s’en mêle en voulant lui faire abandonner le métier de détective !

Bref, Charley a énormément de travail et peut heureusement compt-er sur son amie Cookie, son oncle Bob et son collègue Garrett qui va

d’ailleurs nous réserver de grosses surprises.

Sans oublier que notre détective de choc se trouve une alliée inattendue en la personne de sa sœur.

On reparlera également d’Owen Vaughn et de la raison de ses griefs envers Charley ; d’Amador et Bian-ca, les amis de Reyes…

Sans oublier l’arrivée de la fameuse Maîtresse Souci, un personnage on ne peut plus surprenant. Grâce à

elle, on en saura davantage sur la destinée de la Faucheuse.

Ce troisième tome est toujours aussi bien écrit et l’humour toujours au

rendez-vous. Même si les enquêtes prennent ici le pas sur la romance entre Charley et Reyes, on se dem-ande encore toujours comment cela va se terminer entre eux.

Finalement, la « fin » de l’histoire arrive très vite et les rebondiss-ements sont vraiment inattendus (pour les âmes sensibles, préparez vos mouchoirs…).

Je terminerai en disant que ce tome est vraiment génial et qu’il me tarde de découvrir la suite des péripéties de ma faucheuse préférée !

Dommage qu’il faille attendre juillet 2013, à moins que vous vouliez le découvrir en anglais…

54

La critique

« Finalement la «fin» de l’histoire arrive très vite et les rebondissements sont vraiment inattendus. (préparez vos mouchoirs) »

Evelyne Vandooren

de Darynda JonesEditions Milady

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

55 19 février 2013

Fin 2012, début 2013, sont sortis deux livres de Ken Follett en traduction française : Le Scandale Modigliani et Paper Money. Ils sont inédits, car ils n’ont pas été traduits auparavant. Plu-sieurs oeuvres des années 70 de Ken Follett restent inédites à ce jour, souvent sous pseudonyme. Paper Money a, par exemple, été écrit sous le pseudonyme de Zachary Stone. Le point commun entre ses deux ouvrages inédits de la collection Livre de Poche est leur originalité de style a contrario des livres les plus connus de Follett.

Le Scandale Modigliani proposait un li-vre léger, drôle où tout se passe bien, mais pourtant passionnant. Paper Mo-ney est plutôt un exercice de style autour d’une manière d’écrire l’histoire en temps réel.

Dans les années 70 à Londres, on croi-se plusieurs personnes importantes de la ville, dont la vie va basculer : un homme politique se réveille au côté d’une splendide rousse, tandis qu’une Rolls Royce guette au pied de l’immeu-ble ; un mafieux rassemble ses hommes de main ; un magnat de l’édition décide de tout quitter ; un rédacteur en chef adjoint et les journalistes de l’Evening Post tentent de tout recouper de jus-tesse pour l’édition du soir.

Original et palpitant opus de Ken Follett, Paper Money n’atteint par contre jamais la grandeur des romans historiques ou d’espionnage du même auteur.

Loïc Smars

Paper Money

de Ken Follett

Editions Livre de Poche, 272 p.

Les délices de Turquie

de Jan Wolkers

Editions Belfond, 228 p.

L’histoire suit la voix du narra-teur : un peintre et sculpteur sortant à peine de l’école des Beaux-Arts, raconte son amour passionnel avec Olga, une rousse incendiaire, rencontrée au hasard d’un auto-stop et d’un accident. Elle deviendra sa femme, puis le quittera pour un autre. Lui, ne cessant jamais de l’aimer jusqu’à la fin.

La fille de bonne famille qui tombe amoureux de l’artiste bohème et le final tragique a pourtant été écrit des milliers de fois. Ce qui rend si particulier Les délices de Turquie, c’est la liberté de ton et le langage souvent cru employé par l’auteur. Preuve en est avec les premiers instants du bouquin : « J’étais vraiment dans la merde depuis qu’elle m’avait plaqué. Je ne travaillais plus, je ne mangeais plus. Toute la journée, je

restais allongé entre mes draps sales et je collais le nez sur des photos d’elle à poil, si bien que je pouvais m’imaginer voir frémir ses longs cils surchargés de Rimmel lorsque je me branlais ... ».

Wolkers arrive parfaitement à décrire le beau quand le héros se sent bien comme le plus laid quand il se sent mal. Le livre a aussi été adapté au cinéma par Paul Verhoeven. Le film étant considéré comme le chef-d’oeuvre de l’histoire du cinéma néerlandais.

Loïc Smars

Journal d’un mythomane (Volume 1)

de Nicolas Bedos

Editions Flammarion, 336 p.

Nicolas Bedos, à l’origine, est surtout connu pour être le fils de l’humo-riste et acteur Guy Bedos. Dans le milieu professionel, il commence à faire son trou en co-signant les textes de son père. Cela l’amènera à écrire sa pre-mière pièce : Sortie de scène, un gros succès à Paris, qui continue à être joué un peu partout (aux Théâtre des Gale-ries à Bruxelles pour le moment, cf. les critiques théâtres dans ce numéro). Il a aussi signé plusieurs séries télé et collaboré aux Infidèles de Jean Dujardin et Gilles Lelouche. Mais il a atteint une certaine notoriété avec ces chroniques dans l’émission Semaine critique ! sur France 2, présentée par Franz-Olivier Giesbert, et par la suite dans différents journaux comme Marianne. Les vidéos publiées sur Youtube font de lui un chroniqueur incisif et culte pour de nombreuses personnes. Soit le moment idéal pour publier ces textes en deux

livres appelés Journal d’un mythomane.

Dans le premier volume sortant en ce début d’année en poche, nous retrou-vons les différentes chroniques de son émission, ainsi que celles plus confi-dentielles de L’Officiel de la Mode.

Souvent moins intéressant à la lecture qu’à l’écoute, on finit par ne lire que les passages dont les invités nous inté-ressent. Il faut tout de même souligner l’exercice de style des chroniques Co-mment j’ai tué ... très originales.

Un livre intéressant, mais retranscrivant malheureusement, dans la plupart des cas, des interventions audio-visuelles. Pour celles-ci, faites alors un tour sur Youtube.

Loïc Smars

Happy Birthay Mr. Suricate

56

1963

Thomas Fersen fête ses 50 ans

Difficile de croire qu’il a 50 ans. Sous ses airs de lutin espiègle, la même tête depuis 20 ans, Thomas Fersen a pourtant fêté son demi-siècle ce 4 janvier dernier.

Auteur-compositeur-interprète français carrément à part, il est différent de tout ce qu’on connait dans le petit monde de la chanson française. Depuis les années 90, il chante des histoires plus farfelues les unes que les autres : une chauve-souris amoureuse d’un parapluie, un chien qui pue, un type effrayant nommé Hyacinthe qui a les cheveux qui s’en vont et les mains qui sentent le savon, un squelette à qui il propose du saucisson… Autant de petites perles oniriques, de petites aven-tures mettant en scène des per-sonnages décalés, qui font rire (ou pleurer) les adultes et chanter à tue-tête les enfants sur le siège arrière de la voiture.

Mais derrière ces récits étranges et amusants, on peut deviner un deuxième, voire même un troi-sième niveau de lecture, plus ou moins évident selon les titres. Il aborde ainsi, avec un style bien à lui, des thèmes comme l’amour inaccessible (“Irène”), la vieillesse (“Félix”), le sexe (“Chez toi”), la folie (“Hyacinthe”)… et même les tueurs en série (“Monsieur”) ! Le tout raconté avec des mots parfai-tement bien choisis, très imagés et des métaphores colorées.

Bien qu’on ait l’impression, avec sa barbe de quelques jours et ses airs de poète égaré, qu’il est un outsider, Thomas Fersen est (et

l’est depuis ses début) un artiste reconnu et renommé (pour ne pas dire une star, ce terme ne collant pas vraiment avec l’image qu’on en a).

En 1991, après quelques années de concerts par-ci par-là, Fersen signe chez Warner et lance d’em-blée son propre label Tôt ou Tard. En 1993 sort son premier album, Le Bal des Oiseaux, un succès immédiat (il sera disque d’or). Dans la foulée, il rafle également le titre de Révélation Masculine aux Victoires de la Musique! Bref, de très très beaux débuts pour notre ami Thomas, malgré une réussite tardive (il a déjà 30 ans lors de la sortie de ce premier disque). Après ça, il prend un rythme de croisière : environ un album tous les deux ans, des chansons toujours dans la même veine, mais peut-être un peu moins naïves, et un succès systé-matiquement au rendez-vous. Et en chemin, quelques live, un best-of au ukulélé et même des B.O. (il est l’auteur de la chanson thème du film d’animation Ernest et Célestine sorti tout récemment).

Au final, on peut dire qu’il fait partie de ceux qui ont fait naître la nouvelle chanson française…

Curieux détail parfaitement inutile, sachez que Thomas Fersen n’est pas son vrai nom. Comme bien d’autres artistes, me direz-vous… Oui, à ce détail près qu’il y a au moins trois hypothèses sur son réel patronyme. Impossible de démêler le vrai du faux. J’aurais dû lui demander quand je l’ai croisé il y a quelques mois après

son fabuleux concert au Vieux Moulin d’Ecaussinnes !

Son actualité en Belgique :

- Un nouveau spectacle en duo avec Pierre Sangra, “Une Soupe Noire”, qu’il jouera à deux reprises en Belgique : le vendredi 22 mars au Théâtre 140 (Bruxelles) et le samedi 27 avril en concert à La Ferme du Biereau (Louvain-la-Neuve).- Un nouvel album à l’automne 2013.- Un nouveau site web : http://

thomasfersen.fr/

Et en France :

- Des concerts, encore des concerts (plus d’infos sur le site www.thomasfersen.fr).

- Un conte musical, “Histoire du Soldat”, à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet (Paris), du 21/02 au 02/03.

Lise Francotte

©Lise Francotte

57

1963

Laurent Ruquier a 50 ans

Enfance heureuse dans une famille nombreuse

Laurent Ruquier naît le 24 février 1963 dans une famille nom-breuse, d'un père travaillant sur les chantiers du Havre et d'une mère au foyer. Enfant heureux, il suit une scola-rité sans embûche pendant la-quelle il passe le plus clair de son temps à dévorer les bouquins de Pierre Doris et Jean Yanne et à écouter la radio dont il connaît les programmes par cœur.

Après avoir passé son bac, il étudie la comptabilité, mais c’est vers les radios libres que son cœur penche. Très vite il travaille pour diverses radios locales et commence à inventer des émis-sions.

Les débuts dans les années 80

En 1987, il fait alors ses débuts sur scène au Caveau de la République.

En 1988, Jean Amadou le décou-vre et l'engage pour une collabo-ration sur Europe 1.

Au début des années 90, Pierre Bouteiller, responsable des pro-grammes de France Inter, l'en-gage. Il collabore avec Jacques Martin, il passe les tests avec succès et reste un an à Ainsi font font, font. Ce sera sa première saison télévisée.

Années 90 : la consécration

En 1991, il crée Rien à Cirer sur

France Inter. Pendant près de 6 ans il sera le leader d'une équipe qui permettra à de nombreux jeunes de se lancer dans la profession (Sophie Forte, Pascal Brunner, Laurent Gerra, Virginie Lemoine...). En 1996, il occupe toujours la même tranche sur France Inter avec Changement de direction puis Dans tous les sens et ses dimanches matins, On prend la semaine et on recom-mence. Il écrit dans la presse (L’événement du jeudi, Info matin, Télé max) et se lance dans la production du spectacle d’Isabelle Mergault. La télévision l'attire aussi, avec deux courtes expé-riences, sur France 2 tout d'abord avec Rien à Cirer TV (2 mois) puis avec Les Niouzes sur TF1 (pendant 5 jours). Il n'abandonne pas le one-man show pour autant puisqu'en trois ans, 100.000 spec-tateurs ont vu son spectacle entre Paris et la province. Il quitte la scène en 2000 pour se consacrer à la radio et à la télévision.

Année 2000 : la multiplication

Depuis 1999, il est toujours sur Europe 1 dans On va s'gêner.

En 2000, il retrouve des chroni-queurs de la bande pour On a tout essayé.

Depuis 2002, ses pièces de théâtre se jouent à Paris et en province : La presse est unanime, Chicago, Grosse Chaleur, Si c'était à refaire, Landru, Open Bed, Je m’voyais déjà et Parce que je la vole bien.

Il produit aussi des artistes comme Marie Laforêt, Véronique Rivière, Pauline Ester, Michael Gregorio et Gaspard Proust.

Depuis 2006, il anime les deuxiè-mes parties de soirée du samedi dans On n'est pas couché.

En septembre 2010, il anime On n’demande qu’à en rire.

Et il continue à écrire, en diver-sifiant les genres, des parodies de chansons, des pièces de théâtre, des comédies musicales... mets 13 livres à son actif…Depuis 2011, Laurent Ruquier ac-quiert 50 % des parts de la société de gestion du Théâtre Antoine situé dans le 10ème arrondis-sement de Paris. Passionné par l'écriture, Laurent Ruquier n'a pas fini de nous étonner. Il incarne en quelque sorte le rêve américain à la française. Fou de travail, il a su, grâce aussi à son talent évidem-ment, apporter un ton cinglant et plein d’humour au monde de la radio et de la télévision. Depuis qu’il a fait son coming-out, il semble plus détendu, plus libre, pour notre plus grand bonheur. Laurent Ruquier est aussi fort apprécié par ses collaborateurs. Très humain, il pense aussi beaucoup aux autres. Fidèle en amitié, il travaille depuis des années avec les mêmes per-sonnes, ce qui nous donne une certaine continuité dans son travail.

Marc Bailly

©Tout sur lʼécran

19 février 2013

Happy Birthay Mr. Suricate

58

1963

Seal

Né à Londres le 19 février 1963, Seal fête cette année ses 50 ans. Fils d’un couple nigério-brésilien instable, Seal connait un parcours chaotique, vivant même dans la rue quelques temps à l’âge de 15 ans avant d’être adopté par sa famille d'accueil.

Après le collège, Seal entreprend des études d’architecture. Il vit de petits boulots à Londres, tout en exerçant sa passion pour la musique dans des clubs et bars.Dans les années 80, Seal rejoint le groupe Push, qui lui permet de faire une tournée au Japon.

De la reconnaissance à la gloire

Sa participation au groupe Adam-ski, au début des années 90, lui fait connaître son premier succès avec « Killer», dans le style Dance-House. En 1991, la sortie du single « Crazy », morceau soul-pop qu’il compose lui-même, lui apporte la gloire ; deux mor-ceaux sont intégrés à son album éponyme qui connaît un succès phénoménal avec 3 millions d’ex-emplaires vendus.

La reconnaissance de son talent lui permet de rejoindre des grou-pes tels que Metallica,Guns N’ Roses et Extreme à l’occasion du concert Tribute to Freddie Mer-cury, organisé en souvenir du chanteur et en soutien à la lutte contre le SIDA, à Wembley. Il y interprète « Who wants to live forever » avec les membres restants du groupe Queen. Deux ans plus tard, en 1994, Seal sort

son deuxième opus, portant à nouveau son nom.C’est la sortie du single « Kiss from a rose », intégré à la bande originale du film « Batman Fore-ver », en 1995, qui pousse l’album à la tête des hit-parades, avec 4 millions de ventes.

Des hauts et des bas

Après l’échec de « Being hu-man », en 1998, Seal enregistre un single en duo avec Mylène Farmer, « Les mots », en 2001, vendu à 500.000 exemplaires.

A la suite du projet inabouti de « Togetherland » en 2003, Seal revient au-devant de la scène avec « Seal IV », issu d’une colla-boration avec Trevor Horn, déjà présent dans les deux premiers albums du chanteur.

L’enregistrement est adapté au marché francophone, en y ajou-tant la chanson interprétée avec Mylène Farmer. On y retrouve également « Love’s Divine », single disque d'or en Franco-phonie.

L’opus « System », en 2007, sans être un succès, signe le retour de Seal aux sources de la dance, avec des titres sur rythmes pop.

Le succès, à nouveau

En 2008, le chanteur retrouve le chemin de la gloire, d’abord avec « I wish » single enregistré avec le rappeur DMX ; ensuite avec le nouvel album titré « Soul », composé de reprises de stan-

dards tels que « A change is gonna come », « It's a man's man's world », » I can't stand the rain », « Stand by me ». C’est à nouveau la tête des charts qui accueille Seal, dans quasi tous les pays. Deux autres cd’s viennent s’ajou-ter : « Commitment » en 2010 et « Soul 2 » en 2011.

Seal, le cinéma et la télévision

Seal a collaboré à de nombreuses bandes originales de film : Bat-man Forever, Toys, Family Man, Space Jam, Le Sourire de Mona Lisa....

En 2012 il est un des 4 coachs de la version australienne de The Voice.

Seal, un style musical personnel

De ses débuts dans la musique, Seal a intégré un univers soul influencé par la dance et la pop. Il reconnait dans son chemin de vie un parcours initiatique vers une meilleure connaissance et surtout reconnaissance de lui-même.La musique de Seal est marquée par sa vision de la mort, de la vie, de la gloire. Au travers d’une œuvre engagée et créative, des textes profonds, l’artiste, à la voix et à la personnalité charisma-tiques, s’entoure maintenant d’un public fidèle.

Nathalie Beauport

©Vinne Oliveira

59

1988

La vie est un long fleuve tranquille

Réalisé par Etienne Cha-tiliez, sur un scénario d’Etienne Chatiliez et Florence Quentin. Sorti en salles le 3 février 1988.

« Dans une petite ville du Nord de la France, deux familles nom-breuses, les Le Quesnoy et les Groseille, d'origines bien diffé-rentes, n'auraient jamais dû se rencontrer. Mais c'était compter sans Josette, l'infirmière dévouée du docteur Mavial, amoureuse et lasse d'attendre qu'il quitte sa femme. Dans un moment d'égare-ment la douce infirmière a échan-gé deux nouveau-nés, un Gro-seille contre un Le Quesnoy»

Comédie de mœurs caricaturale

La vie est un long fleuve tranquille est avant tout une satire sociale des valeurs familiales dans les années 80, dans laquelle les personnages sont enfermés.D’un côté, les Le Quesnoy, famille bourgeoise BCBG, dont les mem-bres sont riches, cultivés, fiers de leur éducation et de leur position sociale. De l’autre, les Groseille, «beaufs» en puissance, fiers d’être Fran-çais, révolutionnaires et racistes.

Deux familles représentant des classes sociales stéréotypées, que tout oppose : l’argent, la culture, l’éducation, les valeurs.Deux enfants de milieux sociaux pratiquement opposés, échangés à la naissance, dans une vision sociale des nantis contre les démunis.Maurice Groseille, Momo, a inté-gré le mode de fonctionnement de

sa famille d’accueil avec intelli-gence. Il mène sa barque et ses petites arnaques avec brio. Bernadette Le Quesnoy est une sage écolière, dont le côté farou-che est souvent en décalage avec l’univers de sa famille d’adoption. De retour dans sa famille biolo-gique, Maurice s’adapte très bien à son nouvel univers, tout en gar-dant des racines et une place dans son quartier HLM.Bernadette, par contre, ne sup-porte pas la dégringolade sociale dans laquelle elle est embarquée. Pauvreté et vulgarité sont des obstacles insurmontables. Elle n’a plus sa place chez les Le Ques-noy et ne se reconnait pas chez les Groseille.Autour d’eux, une fratrie qui dé-couvre les avantages de côtoyer un univers qu’ils ne connaissaient pas avant la dénonciation.

Film culte – répliques cultes

Lors de sa sortie en 1988, ce film a connu un succès de foule tant en France que dans les autres pays. Certains dialogues ou répli-ques sont d’ailleurs restés dans les mœurs : « C’est lundi, c’est ravioli », ou encore « Ne jurez pas Mireille, ne jurez pas ». Sujet inspiré pour une fable insolente

Un échange de bébés à la naissance… Quelle idée géniale pour aborder une société fran-çaise fractionnée par la lutte des classes. Chatiliez s’est ouvert les portes de la gloire en en abordant les différences sociales avec un

humour décalé, parfois grossier, très bien accueilli à l’époque.Nominé au César du meilleur film, le film a reçu le César du meilleur scénario original, le César du meilleur premier film pour Etienne Chatiliez, le César du meilleur acteur dans un second rôle pour Patrick Bouchitey, le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Hélène Vincent et le César du meilleur espoir féminin pour Catherine Jacob.

25 ans après

Le thème de l’échange a été abordé à nouveau au cinéma de manière plus subtile et poignante par Lorraine Lévy, dans Le fils de l’autre.Franck Lepage a fait de la rupture sociale entre riches et pauvres le sujet de ses conférences-théâtre, en abordant avec humour l’accès à l’éducation et l’origine sociale.

Et pour La vie est un long fleuve tranquille ? le film, l’histoire, les dialogues… tout a mal vieilli.Un vocabulaire argotique à la mode dans les textes de Renaud à l’époque, un ton vulgaire devenu vieillot, un fractionnement social qui paraît maintenant dépassé tant la société a changé en 25 ans.

Le rire est encore présent, à revoir ce film alors qu’on a connu les valeurs de la famille dans les années 80. Pour les générations suivantes, il est bien plus difficile d’y reconnaître un film à succès.

Nathalie Beauport

©MK2 diffusion

19 février 2013

Happy Birthay Mr. Suricate

60

1993

Babylon 5

En 1993, une nouvelle série de science-fiction fait son apparition : Babylon 5. Elle se différenciait des autres séries par le fait qu’elle proposait une histoire unique planifiée sur cinq ans. C’était en tous cas le vœu de son créateur, Michael Straczynski. Elle se différenciait également par ses effets spéciaux entièrement numé-riques et par les différentes his-toires qui s’imbriquaient dans la trame centrale. Le sujet principal, c’est la station spatiale du même nom conçue par les Terriens. Elle est située dans un système solaire voisin, Epsilon Eridani, et a pour seul but d’être le lieu où les différentes races négocient des traités de paix et des traités commerciaux. C’est une station spatiale de cinq kilomètres de long, où vivent un quart de million de personnes.

Michael Straczynski a conçu une histoire qui se déroule en cinq saisons. C’est-à-dire que les spec-tateurs ne découvriront l’issue de l’histoire qu’à la fin de la cinquième saison. C’est risqué, car cela ne s’était jamais produit auparavant. La plupart des séries proposent des histoires qui ne dépassent pas un, deux ou trois épisodes, et parfois un fil rouge soutient l’en-semble d’une saison. Le pilote accepté et la série sur rail pour être produite, c’est l’occasion de passer en revue les personnages principaux : Sainclair, Delenn, G’Kar, Molari, Kosh, Ivanova, Garibaldi, Winters, Franklin, Vir et Lennier. Belle brochette de per-sonnages représentant les Min-bari, Vorlon, Narn, Centauri et

Terriens. Autour de ces cinq races, on en trouve d’autres qui n’ont pas le même statut, mais qui commer-cent avec celles-ci, et qui espèrent avoir le même statut. Les Narns et les Centauri se sont faits la guerre et risquent à nouveau de le faire. Les Terriens ont été en guerre contre les Minbari dix ans plus tôt. Et chose curieuse, au moment où tout était perdu pour la Terre, les Minbari se sont rendus. Et puis, il y a les étranges Vorlons qui inter-viennent rarement dans les affai-res des autres peuples.

En 2258, la station Babylon 5 est opérationnelle depuis un an. Elle a été précédée par quatre autres stations détruites ou disparues. Jeffrey Sainclair, qui dirige Baby-lon 5, était un pilote de chasse, un des rares héros survivants de la bataille de la Ligne contre les Minbari. Pour une raison qu’il ignore, il a été affecté à la station en tant que commandant de celle-ci. L’ambassadeur Delenn semble le surveiller de près. Pendant la première saison, c’est-à-dire en 2258, Sainclair va faire face à des problèmes qui mettent la station en danger. Dangers qui peuvent venir de l’extérieur comme de l’intérieur de la station. Cette sai-son pose le décor et présente le contexte politique, économique, philosophique et religieux de cet univers particulier. On découvre que les Centauri et les Narns sont prêts à se faire la guerre pour le contrôle de colonies aux limites de leur territoire spatial. On apprend que la Terre et Mars ne sont pas en très bons termes, parce que la planète rouge veut son indé-

pendance. Il existe un complot dans le système solaire, qui vise à faire tuer le président Clarke. Il y a aussi les psys qui représentent un danger s’ils ne sont pas incor-porés au Corps Psy. Corps qui est un état dans l’état, dirigé par Bester (clin d’œil à l’auteur de science-fiction Alfred Bester). Les Minbari sont préoccupés par les réincarnations et voient un lien certain entre leur race et les Ter-riens, tandis que les Vorlons res-tent le grand mystère de la gala-xie. Cette race très ancienne surveille les agissements des autres races, mais ne veut pas s’impliquer dans le moindre conflit. L’ambassadeur Kosh reste une énigme que seule la télépathe Lyta Alexander a pu approcher. Une première saison originale, mais qui ne surpasse en rien ce que les autres séries de science-fiction proposent.

C’est la deuxième saison qui va révéler les vraies intrigues qui sous-tendent cette série. Il y a un ennemi ancestral extrêmement dangereux qui est prêt à provo-quer des conflits entre races, puis de s’attaquer aux survivants et les détruire ou les asservir. Les Narns et les Centauri se font à nouveau la guerre, le président terrien est assassiné, une colonie terrienne est attaquée, et le corps psy est à la recherche de personnes dou-ées de pouvoirs pour les incor-porer dans leur rang. Cette deu-xième saison commence par un coup de théâtre où on voit Jeffrey Sainclair céder sa place au capitaine John Sheridan, autre héros de la guerre contre les

61

Minbari. C’est l’occasion pour l’ambassadeur Delenn de subir une mutation qui la rapprochera des humains. La découverte des Ombres va donner à Babylon 5 (B5 pour les intimes) une vraie dimension. La série n’a plus rien de commun avec ce qui a déjà été produit dans le genre.

La troisième saison s’enfonce un peu plus dans la guerre que mène Babylon 5 et ses alliés contre les Ombres. La Terre est de moins en moins une démocratie et la station spatiale est devenue l’objet de toutes les convoitises par les instances politiques et militaires. C’est l’occasion de découvrir les rangers et leurs étoiles célestes, formés et commandés par l’am-bassadeur Delenn. Comman-dement que celle-ci remettra à John Sheridan.

Si le combat contre les Ombres et l’intrigue sur l’assassinat du prési-dent Clarke sont le cœur de l’histoire, les plus beaux épisodes de la série sont ceux qui concer-nent Babylon 4 et Jeffrey Sainclair. Ce dernier réapparait dans la série et est projeté dans le passé où il jouera un rôle de premier plan chez les Minbari. On découvre que Valen, le plus grand person-nage de l’histoire Minbari, est en fait Jeffrey Sainclair qui a subi la mutation inverse de celle de Delenn. Il y a trois épisodes répar-tis sur la saison 1 et 3 qui racon-tent cette histoire. C’est vraiment excellent.

La saison 4 va enfin être l’heure de vérité. John Sheridan se rend

sur Z’Ha’Dum la planète des Ombres, tandis que l’alliance for-mée par Babylon 5 repousse les Ombres grâce aux psys embar-qués sur les vaisseaux, et aux grands anciens qui ont repris leur service pour aider l’alliance. C’est sans aucun doute la plus belle saison. Celle où toutes les histoi-res s’entremêlent, où toutes les rivalités sont exacerbées, celle de la fin des Ombres, mais pas du danger qu’elles représentent. Les Ombres y ont laissé leurs ser-vants, les Drakhs.

Initialement, ce conflit aurait dû avoir lieu dans la saison 5. Mais Michael Straczynski ne savait pas si la série allait être reconduite pour une cinquième et dernière saison. Pour rester cohérent, il a dû avancer certaines parties de l’histoire originale et a postposé les histoires secondaires. Lorsque le budget de la saison 5 a été accordé, il était déjà trop tard pour changer l’ordre des épisodes. Les intrigues annexes allaient trouver leur dénouement dans cette ultime saison.

Pendant un moment, on a pensé voir une suite à Babylon 5. Mais Michael Straczynski n’a pas tenu à ce que celle-ci renaisse sur le petit écran. Si Babylon 5 doit revivre, ce ne peut être que sur grand écran. Voilà pourquoi à l’heure actuelle on n’entend plus parler de la série. C’est dommage, et rien n’indique qu’un film verra le jour. En attendant, la série com-prend 110 épisodes et 6 téléfilms qui sont toujours une référence

dans le monde de la science-fiction.

Babylon 5 reste un classique de la science-fiction, une série qui est l’exemple de ce qu’on peut faire de mieux en matière d’histoire complexe et d’intrigues foison-nantes. Cette série mérite de trouver son pendant sur grand écran. Espérons que Michael Straczynski trouvera la volonté et les moyens pour un jour réaliser cela. En attendant, la série est disponible en DVD.

Marc Van Buggenhout

19 février 2013

62

2003

7 jours pour une éternité

Pour mettre un terme à leur éternelle rivalité, Dieu et Lucifer se sont lancé un ultime défi… Ils envoient en mission leurs deux meilleurs agents, Lucas et Zofia. Lui, envoyé du Diable alias « Président », sème le mal, la haine, la colère, la ven-geance, le néant. Elle, envoyé de Dieu alias « Monsieur », distribue

espoir et bonheur, aide ceux qui en ont besoin et est à l’écoute de son prochain. Ils auront sept jours sur terre pour faire triompher leur camp décidant qui du Bien ou du Mal gouvernera les hommes. Mais la vie, l’éternité, est ainsi faite que les choses ne se déroulent pas toujours comme prévues et quand les deux envoyés se rencontrent, c’est le coup de foudre. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive, ce sentiment réservé au commun des mortels les gagne petit à petit et cet amour interdit donne un autre goût à leur éter-nité. Mais l’enjeu du pari est de taille et leurs employeurs ne sont pas décidés à perdre…

Comme tous les romans de Marc Levy, Sept jours pour une éternité se lit d’une traite, les personnages et l’histoire en elle-même aussi

sont hyperattachants et drôles. Les thèmes abordés, même si quelques-uns sont redondants par rapport aux autres ouvrages de l’auteur comme l’amour avec un grand A, sont néanmoins intéres-sants et c’est avec plaisir que nous nous laissons emmener, quelque part entre San Francisco et l’au-delà.

Ce livre a été adapté en bande dessinée, qui comprend 2 tomes, sortis en 2010 et 2011, et au théâtre sous forme de spectacle musical en tournée en France l’année passée.

Roman à découvrir au coin du feu, sur une plage, dans le métro, bref à dévorer quel que soit l’endroit !

Emilie Lessire

2003

50 Cent - Get rich or die tryin’

C’était il y a dix ans déjà, les rappeurs Eminem et Dr Dre, deux icônes du genre, allaient produire ensemble un nouveau caïd « east-coast » : Curtis James Jackson alias 50 Cent. Le natif du Queens (quartier de New York) va apparaitre comme un éclair dans le paysage du gangsta rap. Son premier album, Get rich or die tryin’, va être le prologue d’une success-story à l’américaine, c’est-à-dire la starification instan-tanée.

Né dans un quartier populaire de la banlieue new-yorkaise, le jeune

Curtis vit une enfance difficile entre la perte des repères fami-liaux, la mort suspecte de sa mère droguée, son décrochage scolaire, la vente de drogue en rue, le port d’armes à feu et son passage en prison. Un passé qui fait de lui le gendre idéal pour… le monde du rap. Et oui, s’il y a bien un milieu usant ouvertement du passé délin-quant de certains, c’est bien celui-là. Car, au-delà de la qualité certaine de l’album, c’est toute une industrie lucrative qui va se mettre en place autour de 50 Cent. En prenant le pseudonyme d’un ancien criminel, le bad boy va conquérir l’Amérique et le monde entier avec un flow qui donne envie de se la jouer racaille de HLM et des paroles volontai-rement insultantes et condes-cendantes envers la gente fémi-nine. Ne parlons même pas des clips vidéos nous refourguant des scènes aussi risibles que vul-gaires.

Mais tout cela, le public n’en a cure. Après avoir écoulé quinze millions d’albums dans le monde

dont huit dans son propre pays, le rappeur a réussi une chose : faire aimer ses chansons au plus grand nombre, bien au-delà du monde du rap. Une icône était née. In da Club, le morceau phare de l’album en est probablement le titre le plus représentatif. Au menu, drogue, alcool, sexe, argent et grossiè-retés. Des paroles que le monde chante à tue-tête, anesthésié par le son inimitable de Dr Dre. Comme quoi une bonne musique peut tout faire accepter. Un film éponyme va, en outre, être réalisé par Jim Sheridan (Dream House) deux années plus tard. Ce passa-ge au cinéma va être une demi-déception, le film ne rentrant que tout juste dans ses frais.

Aujourd’hui, 50 Cent reste un incontournable du gangsta rap ou du hip hop. Néanmoins, ses al-bums marchent de moins en moins et le dernier qui devrait sortir en ce mois de février, Street King Immortal, ne semble pas créer l’engouement médiatique. Le début de la fin ?

Matthieu Matthys

Happy Birthay Mr. Suricate