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Le mardi 5 octobre 2010 - Volume 100 Numéro 5, le seul journal francophone de l’Université McGill. le délit Les organismes «C’entraident» > 3 Les réserves de l’éducation > 5, 7 L’Allemagne en trois œuvres > 10-11 Le théâtre du corps avec Omnibus > 12 Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill. Marginaux sur les bancs publics depuis 1977. delitfrancais.com From Montréal-Nord with love Profilage racial: choc entre jeunesse immigrée et police démunie

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Les organismes «C’entraident» > 3 Les réserves de l’éducation > 5, 7 L’Allemagne en trois œuvres > 10-11 Le théâtre du corps avec Omnibus > 12 delitfrancais.com Marginaux sur les bancs publics depuis 1977. Le mardi 5 octobre 2010 - Volume 100 Numéro 5, le seul journal francophone de l’Université McGill. Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill.

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Le mardi 5 octobre 2010 - Volume 100 Numéro 5, le seul journal francophone de l’Université McGill.

le délitLes organismes «C’entraident» > 3

Les réserves de l’éducation > 5, 7 L’Allemagne en trois œuvres > 10-11

Le théâtre du corps avec Omnibus > 12

Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill.

Marginaux sur les bancs publics depuis 1977.

delitfrancais.com

From Montréal-Nord with loveProfilage racial: choc entre jeunesse immigrée et police démunie

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3Nouvellesxle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

Le mardi 28 septembre, l’avenue McGill College était fermée aux voitures

à l’occasion du lancement de la campagne de collecte de fonds annuelle de Centraide, une organi-sation parapluie qui soutient des organismes locaux offrant de l’aide aux résidents de leur communau-té. Centraide a annoncé son objectif de récolter 55,3 millions de dollars, soit un million de dollars de plus que l’année dernière. L’argent sera redistribué à 360 différentes or-ganisations, qui tentent toutes de s’attaquer à un problème qui af-flige leur communauté respective.

«Le défi est important, mais les besoins le sont tout autant : le décrochage scolaire, la délinquan-ce et le suicide chez les jeunes, les conditions précaires des familles monoparentales, l’itinérance chez les jeunes adultes, l’intégration des immigrants. Ne perdons pas de vue que les gens qui vivent ces difficultés peuvent s’en sortir avec de l’aide» explique Sophie Brochu, coprésidente de la campagne de souscription 2010 de Centraide du Grand Montréal, dans un commu-niqué de presse.

Selon les estimations, quel-que 17 000 personnes ont parti-cipé à la marche en ouvrant leurs parapluies, geste symbolisant la solidarité de Centraide et de son réseau avec 360 organismes qui apportent leur soutient aux per-sonnes vulnérables. Parmi les gens présents se trouvaient des repré-sentants de la branche montréa-laise de Centraide, des employés et des dirigeants d’entreprises, des bénévoles, des représentants d’or-ganismes communautaires et des bénéficiaires de l’argent récolté.

«Nous croyons sincèrement que le développement de la fa-mille est une valeur importante pour la société», explique une représentante de Famille à cœur, une organisation soutenue par Centraide qui fournit des moyens d’améliorer la qualité de vie des familles.

La campagne vise non seu-lement à récolter les fonds né-cessaires pour bâtir une commu-nauté soucieuse de ses membres, mais aussi à créer un sentiment de solidarité entre tous les acteurs de la communauté montréalaise: démunis, entreprises, ou encore étudiants.

«Je suis toujours passionné et intéressé par le développement

communautaire», dit Nicholas Salter, étudiant en travail social à McGill. «Centraide offre une pos-sibilité de collecter des fonds et de bâtir une communauté indépen-damment d’un agenda de gouver-nement». Ayant eu la chance de collaborer avec l’organisme À deux mains qui fait du bénévolat dans sa propre communauté (Notre-Dame-de-Grâce), Nicholas Salter a pris l’initiative de se joindre à l’organisation parapluie qui sou-tient cet organisme local.

Les employés de McGill sont régulièrement impliqués à Centraide. L’année passée, ils ont donné plus de 300 000 dollars à l’organisation caritative.

Il est regrettable, cependant, que trop peu d’étudiants soient au fait des actions de Centraide. «J’essaie de créer un lien entre les étudiants de McGill et les différen-tes organisations communautai-res», explique Nicholas Salter. «Ça donnera aux étudiants l’opportu-nité de s’impliquer et d’avoir une

expérience bénévole». L’étudiant en travail social travaille au dé-veloppement d’un programme structuré pour mettre en œuvre ce projet. Il a pris contact avec diffé-rents clubs de McGill dont l’orga-nisation-mère bénéficie des dons de Centraide. Avec eux, il espère tenir un événement de collecte de fonds au profit de l’organisation parapluie, plateforme d’informa-tion pour les étudiants, ayant pour but d’assurer leur implication à long terme. x

Centraide mobilise l’action bénévole dans les communautés de Montréal et de McGill.

COMMUNAUTAIRE

Le parapluie, symbole des liens à tisser entre les organisations et les bénévoles.Augustin Chabrol

Il vous reste peu de temps pour soumettre vos questions

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Rally CanadaideAugustin ChabrolLe Délit

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Une manifestation s’est tenue mardi dernier à Montréal, en prévision

de la publication officielle d’un rapport de l’ONU, finalement diffusé vendredi, qui fait état des massacres perpétrés contre les civils hutus de la République Démocratique du Congo (RDC) au cours des années 90 et jusqu’en 2003.

Plus d’une centaine de per-sonnes provenant de différentes organisations congolaises, rwan-daises, et pacifistes s’étaient ras-semblés pour «appuyer le rap-port sur les massacres commis, et dénoncer les agitations sur le contenu» a déclaré Jean-Pierre Wafuana, vice-président de la Communauté Congolaise du Montréal Métropolitain.

Ce rapport a finalement été «accueilli avec satisfaction» dé-clarait M. Wafuana. Le document accuse le Rwanda, l’Ouganda, et le Burundi d’avoir participé aux attaques et recommande à la communauté internationale de saisir la justice internationale pour faire juger les responsables des crimes. Ce rapport a déclen-ché l’ire des autorités gouverne-mentales de ces trois états qui prétendent notamment que l’in-formation principale du rapport est erronée et dangereuse.

M. Wafuana a tenu à rap-peler que la manifestation avait pour but de «lancer un appel très clair à l’ONU pour qu’elle assu-me ses responsabilités jusqu’au bout». Il estime qu’il est du de-voir du Conseil de Sécurité de l’ONU de créer un tribunal spécial pour les exactions com-mises en RDC. «Cette instance judiciaire internationale aura la

compétence sur la matière, les personnes, et les lieux où les cri-mes ont été commis.» affirme-t-il. Avant tout, «les auteurs de cette tragédie doivent répondre de leurs actes, ils doivent être dé-férés devant la justice, une justi-ce internationale, indépendante, et réparatrice.»

Le conflit, les violences, et l’instabilité qui ont persisté au Congo-Kinshasa ont fait plus de 5 millions de morts depuis 1993. À la suite du génocide des Tutsis en 1994, plus de 2 millions de Hutus auraient fuit le Rwanda pour le Congo, par peur des re-présailles. Ils se sont alors alliés au gouvernement de Mobutu et ont commencé à attaquer les Tutsis du Congo.

«Le gouvernement Rwandais a depuis revendiqué son droit d’intervenir au Congo-Kinshasa, arguant que ses actions avaient pour but de poursuivre les mi-lices armées qui étaient respon-sables des atrocités de 1994 au Rwanda». Ils ont attaqué les troupes hutues comme les trou-pes congolaises dans une «tuerie aveugle qui est devenue un fond de commerce pour Paul Kagame» selon Jean-Pierre Wafuana. Bien que la fin des hostilités fût for-mellement entérinée en juin 2003, l’instabilité est toujours présente, tout spécialement dans la province du Nord Kivu, à l’est, à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda. x

Vous êtres contre la publica-tion du rapport de l’ONU dans son intégralité concernant la RDC? Réagissez au www.delitfran-cais.com

RDCINTERNATIONAL

«L’ONU doit assu-mer ses responsabilités jusqu’au bout.»

«Les auteurs de cette tragédie doivent répondre de leurs actes, ils doivent être déférés devant la jus-tice, une justice interna-tionale, indépendante, et réparatrice.»

Les proches des victimes attendent une reconnaissance internationale.André Thiel

4 Nouvelles xle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

Geneviève Lavoie-MathieuLe Délit

Des Montréalais d’origine africaine appuient l’ONU dans sa con-damnation des gouvernements rwandais, burundais et ougandais.

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BONJOUR MES POULETS... LE cabot soigne sa caboche et se remet genti-ment de Pop Montréal…

Statistique Canada nous le dit dans une nouvelle enquête: la communauté anglophone aurait fortement changé au cours de ces quarante dernières années. Il se trouve que l’exode des anglos qui a suivi l’élection au pouvoir du Parti Québécois en 1976 a en fait été compensé, depuis, par une vague d’immigration. Résultat: le tiers des anglos sont aujourd’hui nés hors du

Québec, comparé à un petit 7% des fran-cophones.

Cependant, leur poids démographique est resté stable: si les anglos représentaient 16% de la population québécoise en 1971, le chiffre tourne aujourd’hui autour des 13%. Première réaction possible de cer-tains (comme moi): Hein ? Que 13% ? Il est facile de s’imaginer, vivant à Montréal, qu’il y a plus d’anglophones qu’en réalité.

Mais, le plus intéressant –surtout pour nous, bilingues– c’est que la proportion de couples mixtes est passée de 25% en 1971 à 46% aujourd’hui. Alors où se trouve l’hos-tilité, si près d’un anglophone sur deux en couple vit avec un conjoint francophone?

Cela peut paraître idiot, mais a priori, malgré ces tendances sociales récentes, francos et anglos persistent dans leurs dis-torted perceptions l’un de l’autre. Le direc-teur de l’Association des études canadien-nes, Jack Jedwab, résume ainsi la situation: «dans l'histoire du Québec, il n'y a jamais eu autant d'anglophones en termes de pourcentage qui sont capables de parler le français. Les anglophones sont un peu frustrés, parce qu'au lieu de reconnaître cette réalité, on parle plutôt de menace.»

Encore cette histoire de menace… Lors de ma dernière chronique, je ten-

tai de vous résumer «l’affaire loi 103», dans laquelle radicaux et autres conser-vateurs avaient encore peur de l’invasion anglo sous forme des écoles passerelles. Rappelons-le, s’il n’y a que 13% d’anglo-phones au Québec, la menace –si menace il y a– ne provient pas d’eux mais des allo-phones réticents à adopter le français. La vérité est que beaucoup d’anglophones au Québec savent parler le français. Encore plus sont more than happy d’inscrire leurs enfants dans des programmes d’immer-sion française.

Les commentaires sur le site de Radio-Canada permettent aux internautes de raconter leur histoire personnelle. On fait souvent le reproche suivant aux allo-phones immigrés qui ont appris l’anglais: pourquoi donc avoir choisi le Québec, plutôt qu’une autre province? Tout sim-plement, selon mon-avis, un des contribu-teurs du site, «le Québec offre plus d'aides financières pour les familles, pour le chô-mage, que d'autres provinces, à l'image de la France…» Beaucoup d’autres commen-tateurs revendiquent l’attrait de la culture américaine, visiblement une force omni-présente et convaincante. De plus, la fron-tière entre subjectivité et réalité sociale se brouille… Le même mon-avis avoue: «Ma

famille a toujours voulu que je parle l'an-glais. Ça faisait mieux.»

En dépassant un peu ces histoires de pourquoi et de comment, qu’en est-il des relations entres francos et anglos ces jours-ci? Vous l’aurez deviné: il y a du bon et du mauvais. Ainsi, progrès2020 se plaint: «Je travaille avec des anglophones à Québec […] et ils sont outrés lorsqu'on leur parle en français ou bien répondent un cordial "sorry french is really hard for me" et on doit travailler en anglais pour qu’ils participent». D’autre part, nicoftime témoigne: «Une fois, j'ai demandé à mon père pourquoi sa fa-mille entière, native de Montréal, avait choisi d'émigrer en Ontario. Sa réponse fut très simple: "We're not wanted here." Je tra-vaille avec des anglophones à Québec et leur vie est une éternelle frustration contre la discrimination "légale" basée sur la lan-gue. » (Mais qui sont donc ces anglophones à Québec…)

Ma coloc’ me dit avoir rencontré de nombreuses familles anglophones mon-tréalaises qui ont le projet d’émigrer dans un avenir proche. Pourquoi? Parce que «It’s getting worse.» x

Alors? Persécutés, les anglos?Commentez sur delitfrancais.com.

Le cabot bilingueMaya Riebel

Persécution des anglos?CHRONIQUE

Vendredi, le 24 septembre, les ministres provinciaux et territoriaux de l’Éduca-

tion ont accentué la pression sur le gouvernement fédéral pour l’inciter à augmenter le finan-cement des institutions d’ensei-gnement destinées aux étudiants autochtones. Les ministres ont, de plus, dénoncé la surpopulation et la dégradation de certaines écoles situées sur des réserves. Ils ont no-tamment demandé un accroisse-ment du soutien destiné aux étu-diants autochtones qui quittent les réserves pour fréquenter des universités et des établissements d’éducation professionnelle. Selon la ministre de l’éducation

supérieure du Manitoba, Mme Diane McGifford, la politique de financement ne correspond pas au nombre croissant d’élèves qui décident de fréquenter ces établis-sements hors réserves. Les minis-tres ont indiqué qu’ils avaient, malgré tout, fait construire des écoles dans les régions plus iso-lées du Canada tout en intégrant la culture autochtone dans ces établissements.

Le cri d’alarme des minis-tres provinciaux de l’éducation est survenu juste après la Semaine d’action en éducation (du 19 au 23 septembre) à laquelle Ghislain Picard, le Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), a pris part. Dans le cadre de cette semai-ne de sensibilisation et d’action,

une marche de la communauté de Kitigan Zibi, au Québec, jusqu’à Ottawa a été organisée. Un grand rassemblement sur la colline par-lementaire a conclu l’activité. Le Chef Picard a assisté au départ de la marche, ainsi qu’à la journée de représentation à Ottawa le 21 sep-tembre.

L’objectif de cette semaine était de dénoncer la discrimination des jeunes des Premières Nations dans le domaine de l’éducation, et la présumée menace du gouver-nement fédéral de mettre fin au Programme d’aide aux étudiants autochtones de niveau postsecon-daire.

L’éducation des autochtones du Canada porte une tâche in-délébile

Au XIXe siècle on créait les pensionnats indiens au Canada. Ils avaient pour objectif d’éloigner les autochtones canadiens de l’in-fluence de leur communauté et de les retirer à leur culture, que le gouvernement de l’époque consi-dérait inférieure. Environ cent trente-cinq pensionnats ont été ouverts par le gouvernement au fil des années, dont 58 dans les Prairies, 15 en Ontario et 10 au Québec. Ce système a pris fin en 1969 avec la fin d’inscription obli-gatoire pour les jeunes autoch-tones âgés de sept à quinze ans. Malgré cela, le dernier pensionnat a seulement été fermé en 1996. 150 000 enfants ont fréquenté les pensionnats indiens, dont les trois -quarts étaient dirigés par l’église catholique.

En avril 2009, le pape Benoît XVI a exprimé ses regrets pour les brutalités subies par les enfants autochtones dans les pensionnats indiens. Il n’a toutefois pas émis d’excuses officielles comme l’ont fait les Églises protestantes. x

POLITIQUE PROVINCIALELa mauvaise éducationL’éducation des premières nations est toujoursinadéquate et sous-financée.

Le chef Ghislain PicardGracieuseté de Eric Cardinal

Devon Paige WillisLe Délit

5Nouvellesxle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

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6 Nouvelles xle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

LE MOIS D’OCTOBRE EST le mois du commerce équitable aux États-Unis. En effet, Transfair USA a lancé cette initiative dont le slogan est «Chaque achat compte» pour rappeler l’impact de nos habitudes de consomma-tion sur les pays en développe-ment. Même si Transfair Canada n’est pas de la partie et que nous avons déjà eu droit à la quin-zaine du commerce équitable au mois de mai, il est intéressant de retracer un peu la source des chocolats qui seront distribués pour Halloween. Même s’il reste près d’un mois avant cette date, la majorité des magasins ont déjà placé au centre de leurs étalages ces friandises tant convoitées et essaient d’attirer le plus de clients en s’y prenant à l’avance, un peu comme Noël qui com-mence en novembre.

Le commerce équitable est fondé sur des règles respectueu-ses de l’environnement et de la société. La plupart des organis-mes qui sont engagés dans ce processus pratiquent l’agricul-ture biologique ou d’agrofores-terie, en plus d’obéir à des exi-gences sociales telles que l’in-terdiction du travail des enfants. Cependant, ils sont affectés plus lourdement par les changements de température et les catastro-phes naturelles causées par les changements climatiques, tout en les affrontant avec des infras-tructures et des moyens réduits.

Selon le Laboratoire du Commerce Equitable, un orga-nisme qui vise à favoriser le dé-bat sur le commerce équitable en vue d’une meilleure compré-hension de ses enjeux, la pro-duction des denrées équitables n’émet que 10% de gaz à effet de serre (GES) du total des GES émis par le produit fini. Le trans-port jusqu’aux pays du Nord et l’emballage, qui se fait souvent dans ces mêmes pays industria-lisés, comptent pour le reste. Néanmoins, ce sont les pays en développement qui paient le

plus lourd tribut aux GES. Un juste prix pour leur travail leur permettrait tout de même de construire de systèmes plus ré-silients.

Comme quoi les change-ments climatiques n’affectent pas seulement les glaciers et les ours polaires ! Mais cela reste bien loin de notre réalité quoti-dienne et lorsque nous choisis-sons un chocolat nous le faisons plutôt pour la saveur inscrite sur son emballage que pour sa saveur équitable. Pourtant, de grands noms de l’industrie ont choisi de rompre avec la tradi-tion; Ben and Jerry’s, déjà recon-nu comme utilisant des ingré-dients équitables pour certaines de ses crèmes glacées, annonçait, en mars dernier, qu’il virait équi-table pour tous ses arômes avant fin 2013, et ce, partout dans le monde. Cadbury a récemment lancé son chocolat Dairy Milk certifié équitable par Fairtrade Labelling Organizations (FLO) avec une grande campagne mar-keting dénotant la fierté de l’or-ganisation de s’engager dans cette voie. Les groupes comme Equita et Équiterre, de grands promoteurs du commerce équi-table au Québec, ont accueilli chaleureusement cette initiative comme un pas en avant vers un commerce qu’ils promeuvent depuis longtemps.

D’ailleurs, l’organisme en-vironnemental Équiterre avait lancé, l’année dernière, un court métrage animé, intitulé « Pareil pas Pareil » que l’on peut trou-ver sur le site du même nom. Un moyen instructif et amusant de s’initier au commerce équitable et à ses retombées, un peu dans l’esprit du déjà fameux «The story of stuff». Bon visionnement! x

Besoin de conseils pour l’achat de vos bonbons équitables? Friands de courts métrages bio-logiques? Faites des commentaires sur www.delitfrancais.com

Bulle climatiqueAndreea Iliescu

Pareil... ou pas!CHRONIQUE

L’héritage de SuzukiL’écologiste vancouvérois plaide pour un meilleur traitement de la Terre pour les générations futures.

ENVIRONNEMENT

De passage à McGill pour promouvoir son dernier livre intitulé The Legacy

(L’héritage), David Suzuki s’est adressé pendant près de deux heu-res à une salle comble, mardi soir

dernier au Pollack Hall. Généticien accompli et vulgarisateur des plus appréciés des Canadiens, M. Suzuki fait de l’écologie son che-val de bataille depuis plus de vingt ans. À soixante-treize ans, il mul-tiplie les références à «l’héritage» et au «legs» que l’on doit laisser aux générations futures. «Alors

que j’approche inéluctablement de la tombe, dit le septuagénaire, je peux me permettre de parler du coeur, de dire la vérité sans égard aux considérations de carrière ou d’argent.»

L’ère de l’Homme«L’être humain est mainte-

nant devenu une puissance iné-galée en 3,9 milliards d’années depuis l’apparition de la vie sur Terre, dit Suzuki. Les géologues ont déjà nommé l’ère actuelle Anthropocène: l’ère de l’Homme. L’humain exerce maintenant son influence jusqu’à l’échelle géolo-gique». D’où l’importance d’agir de notre vivant pour laisser une planète intacte aux générations fu-tures, selon Suzuki: «Ce qu’on ap-pelle notre maison est-il un foyer ou un simple bien immobilier?» demande-t-il. L’économie occupe une place démesurée dans le dis-cours politique, estime Suzuki: «[C’]est une invention humaine qui a pourtant la même racine lin-guistique, oikos (maison), que le mot ‘écologie’. Se prosterner de-vant l’économie et vouloir à tout prix la libérer, c’est le comble de la folie» lance-t-il.

Le retour aux sourcesSuzuki raconte une anecdote

dans laquelle sa famille et lui, en excursion de camping dans une forêt ancienne de la Colombie-Britannique, ont croisé sur leur chemin le P.D.G. d’une compa-gnie forestière qui lui a demandé: «Es-tu prêt à payer, Suzuki, pour qu’on ne coupe pas cette forêt?». David Suzuki croit que notre so-ciété n’accorde pas assez de valeur à la nature et, par conséquent, aux vraies sources du bonheur hu-main: «Il y a de ces choses infini-ment précieuses qui n’ont aucune valeur dans le système économi-que, dit le scientifique. Nous de-vons tous ra-len-tir: prendre le temps de connaître notre famille et nos amis, travailler et jouer dans le même quartier, donner à ce dernier une vie de quartier [...] Nous devons changer la direction de la société. [...] Cela s’est déjà fait dans le passé. Tout ce que ça prend c’est une vision et la volon-té de changer les choses. Alors al-lons-y,» exhorte-t-il en terminant, déclenchant une copieuse ovation de l’auditoire. x

Louis AiméLe Délit

David Suzuki pense aux générations futuresAnabel Cosette Civitella / Le Délit

EXCLUSIF WEBLe boycott vise-t-il Aramark?Les présidents s’expriment.Tout sur delitfrancais.com.

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En trois vitesses

É[email protected]

7Éditorialxle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

Excellente nouvelle: le nombre d’autochtones désirant entreprendre des études postsecondaires est plus

élevé que jamais. La mauvaise: ils n’en ont absolument pas les moyens.

Plusieurs s’insurgent face à la situa-tion. Les sommes d’argent consenties par le fédéral ne suffisent pas à assurer à tous ceux ayant l’âge et le talent, la possibilité d’étudier. La situation était d’ailleurs dé-noncée en grande pompe par les ministres provinciaux et territoriaux de l’Éducation (à lire l’article de Devon Willis en page 5), mais rien ne bouge.

Allez voir : sur la page d’accueil du site web de l’Université canadienne des Premières Nations, on trouve une courte vidéo dans laquelle la présidente du bureau des gouverneurs et la présidente par inté-rim appellent les étudiants au calme en les référant aux conseillers pédagogiques de l’Université. Il ne faut pas s’inquiéter, di-sent-elles l’une après l’autre, on ne fermera pas leur campus, comme certaines rumeurs le veulent. Pourtant, annoncent-elles, on devra montrer la porte à une poignée de professeurs, et à encore plus d’assistants ad-ministratifs. Comble des tribulations, elles expliquent que l’université a dû vendre son seul et dernier avoir, la propriété du campus

Saskatoon. En bref, elles doivent faire avec 3 millions de moins que l’an dernier.

Ping-pong En octobre 2008, le gouvernement

de la Saskatchewan donnait 1,6 million de dollar à l’université. En février 2009, il en reprenait deux cent mille. Juin 2009, le gouvernement fédéral réclame 2.4 millions, alors qu’en février 2010, Saskatoon gèle sa contribution annuelle. À la fin du mois, Ottawa annonce officiellement qu’il ne donnera plus un denier, alors que, le mois suivant, la province lui en redonnait. En juin 2010, Ottawa versait 4 millions à l’uni-versité, cette fois à travers la gouvernement saskatchewannais.

On justifie cette (ridicule) politique de ping-pong par un manque de reddition de comptes, par des maux administratifs de la part des officiels de l’université, et des pro-blèmes de coopération de la part gouverne-mentale. Or, comment pourrait-il être pos-sible pour des gestionnaires universitaires de convenablement planifier la santé finan-cière d’une université alors que le caractère des créanciers est si imprévisible?

A-t-on vraiment besoin de rechanter les vertus de l’éducation? On le sait –mais puisqu’on a besoin de se le faire rappe-ler– les autochtones détenant un diplôme universitaire gagnent de meilleurs salaires, sont en meilleure santé, traversent moins

de période de chômage. Selon les données publiées cette semaine par l’Association des Collèges et Universités du Canada, l’éduca-tion a un pouvoir «transformateur» sur tou-tes les populations, et la nécessité d’investir en ce sens est scandaleusement criante.

Historique justificationPersonne ne pourrait s’exprimer mieux

qu’un des professeurs de l’Université cana-dienne des Premières Nations lorsqu’elle articulait : «Le gouvernement fédéral doit reconnaître qu’il ne peut pas, d’un côté, s’excuser pour les séquelles laissées par les pensionnats indiens [qui voulaient sous-traire les autochtones aux influences dites «dégradantes» de leur milieu pour transfor-mer l’identité des enfants et l’apparenter à celle des Blancs], et de l’autre, détruire la seule Université des Premières Nations au pays, obligeant ainsi les étudiants autochto-nes à s’assimiler aux étudiants des établis-sements d’enseignement réguliers.»

Pourquoi ne pas assurer à l’Univer-sité canadienne des Premières Nations un financement adéquat et stable? En majo-rant l’aide financière aux établissements d’études postsecondaires, les autochtones et les autres (puisqu’ils sont accueillis à bras ouverts par cette Université) peuvent recevoir un genre d’enseignement qui tient compte de leur histoire et de leur culture, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. x

Éléna ChoquetteLe Délit

al-qaeda VS eUROPe

Depuis la fin de la dernière se-maine, les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni ont émis de nouvelles mises en garde pour leurs voyageurs à destination de la France et le l’Allema-gne signifiant qu’il y a une augmenta-tion des risques d’attaques terroristes. En effet, au cours du mois de septem-bre seulement, la Tour Eiffel a été fer-mée deux fois en raison d’alertes à la bombe. Selon les services de défense français, les attaques pourraient viser davantage les sites publiques et très touristiques de Paris.

en hausse au neutre

aRReSTaTIONS SUR le CaMPUS

Cinq étudiants se sont fait arrêtés sur le Campus de l’Université Carleton pour avoir défié la décision de l’Uni-versité leur interdisant la possibilité d’afficher des messages anti-avorte-ment sur le campus. Quatre d’entre eux faisaient partie d’un groupe Pro-Vie. L’Université a apparemment rendu sa décision en raison de la taille et du caractère offensif de leurs photos. Quoi qu’il en soit, l’événement a de quoi re-lancer le débat sur la place qu’occu-pent de tels groupes sur les campus universitaires.

en baisse

TOUT CONNaîTRe

Les connaissances humaines sur les fonds marins sont en baisse rela-tive. En effet, quelque 80% de ce qui vit dans les océans demeure toujours hors de la portée des scientifiques. Si les connaissances des hommes sur leur environnement sont très bien docu-mentées, celles sur les fonds marins semblent être en régression constante, au fur et à mesure que les scientifiques réalisent que l’inaccessibilité des fonds marins mine notre capacité à l’étudier.

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L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire.Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill.

Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la repro-duction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal.Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec).Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF).

Volume 100 Numéro 5

le délit

L’Université canadienne des Premières Nations souffre de sous-financement instable.Daryl Mitchell

Premières nations: dernières financées

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xle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com8

Société[email protected]

Sabrina Ait AkilLe Délit

Profilage racial:

Ah, Montréal! Hameau urbain de paix par excellence. Ville où règne la joie de vivre et la désinvolture….C’est ce côté charmant de Montréal que la plupart

d’entre nous connaissons. Montréal ne semble en aucun cas être le berceau de l’obscurantisme et de l’injustice, mais, pourtant, comme toute grande ville, Montréal est le théâtre d’événements choquants et parfois violents. C’est d’ailleurs pour cette raison que Le Délit a décidé de se pen-cher sur un phénomène qui est loin d’être hors normes dans notre ville: le profilage racial.

Le point de départ de cette enquête est l’affaire Villanueva. Cette histoire est devenue synonyme ou exem-ple de profilage racial. Mythe ou réalité? Il n’est pas ques-tion ici de manichéisme. Les faits, reconnus par les médias montréalais, concernant les comportements déviants de la police de notre ville, seront questionnés et décortiqués, sans tomber dans les clichés.

Retour en arrière

Le 9 août 2008, Fredy Villanueva, est abattu par bal-les à l’âge de 18 ans. Cette tragédie fait le tour des médias montréalais, laissant la population de Montréal Nord dans la rage et le service de police de la ville de Montréal (SPVM) dans l’embarras. Le choc est si grand que tout le monde s’empresse de donner une version «officielle» pour ne pas que la situation s’envenime. Mais que s’est-il réellement passé? Comment ces jeunes des quartiers au nord de la ville se sont-ils retrouvés dans le collimateur de la police? La version des jeunes présents lors de l’événement est ca-tégorique. Ce sont deux policiers, Jean-Loup Lapointe et Stéphanie Pilote, qui étaient à l’origine du désastre et qui avaient attisé le feu. Il n’y avait pas de provocation, un simple jeu impliquant des mises en argent aurait poussé les policiers à réagir de manière excessive.

S’en suivirent les émeutes de Montréal Nord. La colère s’est emparée de la population, mais surtout des jeunes qui souvent se disent victimes d’une stigmatisation enrageante. Environ 500 policiers ont été déployés sur place, subissant des attaques de toutes parts. Les citoyens des environs ont

pu entendre les coups de feu, voir à la télévision des voi-tures incendiées et des appartements lourdement endom-magés. Le spectre de l’exclusion sociale a décidemment fait surface de manière brutale en laissant tout un quartier dans la tourmente et la population montréalaise devant un fait accompli mais énigmatique.

Tenter de comprendre

Ce dont on peut être témoin dans la rue, le métro ou dans d’autres lieux publics est un bon indicateur de la dy-namique entre les jeunes et les policiers, mais l’expérience subjective doit être mise de côté lorsqu’il est question de pro-filage racial.

Selon Nicole Filion, coordonnatrice à la Ligue des Droits et Libertés, il faut se questionner et s’inquiéter des in-terventions policières. Sur l’affaire Villanueva, madame Filion parle d’«enquête contradictoire». Le SPVM s’est assuré d’en-treprendre l’enquête entourant les événements de Montréal Nord. Cela signifie qu’il y a eu un manque de transparence flagrant de la part de la police de Montréal. Filion ajoute que le contexte de cette tragédie a poussé la consultation de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeu-nesse (CDPDJ) sur le profilage racial et ses conséquences à mener une investigation indépendante, en 2009, allant servir de contrepoids aux démarches prises par le SPVM. On peut lire dans ce rapport que «des recherches portant sur les ar-restations de jeunes par les agents du SPVM, confirment que les jeunes de race noire sont plus susceptibles d’être interpel-lés et arrêtés par un policier que les jeunes de race blanche». L’origine ethnique joue donc un rôle prépondérant lors des contrôles policiers.

De plus, Nicole Filion a pris soin de spécifier que la police semblait participer à la détérioration des relations qu’ils entretiennent avec les jeunes des quartiers dits sensi-bles. En effet, selon elle, aux lendemains de la mort de Fredy Villanueva, le SPVM a mis en place une nouvelle équipe policière: le groupe ÉCLIPSE. Le mandat de cette nouvelle ramification du SPVM était d’intensifier les interventions en matière de criminalité sur l’île de Montréal. Des effectifs ont

été évidemment déployés dans la zone rouge qu’est devenue Montréal Nord, et c’est justement ce qui a renforcé le clivage entre les jeunes et les policiers. En fait, le SPVM s’est claire-ment concentré sur le côté criminel des jeunes de quartiers défavorisés issus de l’immigration récente. Toujours selon Mme Filion, il s’agit de l’exemple parfait d’une rupture de confiance. Le fait qu’ils se sentent rejetés et non-protégés par le système de justice, pousse ces jeunes à se replier sur eux- mêmes dans une logique cinglante.

Ces informations semblent confirmer qu’il y a bel et bien de l’injustice dans l’air. Certes les enquêtes ne mentent pas (le dernier rapport interne du SPVM a été fustigé par les quotidiens La Presse et Le Devoir pour cause de «racisme pur et simple»), mais le problème semble être dépassé le niveau de la culture policière pour atteindre l’ensemble de la socié-té. Les jeunes sont perçus comme des êtres perturbateurs. Lorsqu’ils font partie d’une minorité visible, la peur s’accen-tue et des stéréotypes, bien ficelés, commencent à influencer les faits concrets. Montréal est-elle en train de devenir un état policier? Selon le CDPDJ, on ne serait pas loin d’un tel scé-nario, si aucune initiative n’est prise pour le bien de tous.

Un souci d’efficacité

Jean-Claude Icart, professeur associé en sociologie à l’UQAM, a affirmé au Délit qu’il est pressant que les services de police agissent rapidement et avec efficacité. Il explique «qu’il est nécessaire que le SPVM tisse des liens sacrés avec la population et surtout les jeunes. Après tout, la police est gardienne de la paix et de la sécurité, donc, a priori, son rôle est de veiller sur toute la population et non de semer la pa-gaille». Professeur Icart mentionne d’ailleurs que le SPVM a fait d’énormes efforts en termes de rapprochement avec la population dans certaines zones prioritaires.

La tolérance semble être le nouveau mot d’ordre du SPVM. Le professeur Icart stipule que c’est loin d’être facile pour les policiers de tout gérer sans complications. Certains policiers fraîchement sortis de l’Académie de po-lice n’ont pas grandi en milieu urbain. Ils ne sont donc pas familiers des réalités d’une grande ville comme cel-le de Montréal et n’ont pas été exposés à cette diversité culturelle. Ils se retrouvent parachutés dans un monde qui n’est pas forcément hostile, mais qui leur est étranger et cela peut expliquer la peur et l’incompréhension vis-à-vis des minorités ethniques. C’est un argument qui doit être pris en compte au niveau de l’analyse du problème. Cette méconnaissance de l’autre n’excuse néanmoins en rien les comportements abusifs de certains policiers à l’égard de certains jeunes d’origine étrangère. Le sociologue insiste donc sur l’importance du travail de la police avec la com-munauté, mais surtout celle des suivis lors d’enquêtes ou encore lors de création de nouveaux projets visant à réunir les policiers intervenant sur le terrain et les habitants de ces quartiers. Le but est de bâtir des ponts entre deux entités qui semblent être faites pour ne pas s’unir, mais qui peu-vent, au contraire, se compléter. Un esprit de collaboration peut donner naissance à une symbiose entre la police et les jeunes, et toute une communauté.

S’attaquer aux vrais problèmes

Icart demeure toutefois réaliste et spécifie que ce qui mine aussi le SPVM, c’est son habitude à se concentrer sur des délits mineurs plutôt que d’attaquer le problème à la source. D’ailleurs, il dit qu’il y a abus du terme «gang

«Certains policiers se retrouvent parachu-tés dans un monde étranger.»

«Il y a abus du terme “gang de rue”»

Quand la diversité culturelle fait face à la loi.

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9Société

Profilage racial:

de rue» , qu’on l’utilise parfois à tort pour justifier des interventions qui n’ont pas nécessairement de lien avec les groupuscules criminels. Dans ces cas-là, la police ne fonde par leurs arrestations sur un doute raisonna-ble, mais ils font du profilage racial. Comme l’illustre la cinéaste montréalaise Michka Saal, dans son film Zéro Tolérance, des jeunes témoignent du manque de tact de la part de la police qui venait les arrêter pour avoir occupé des bancs d’un parc situé dans le quartier Saint-Michel. Ces jeunes d’origine hispanique ont subi un contrôle policier qu’ils ont perçu comme étant méprisant et ont été obligés de déserter le parc où ils discutaient.

Pris dans le collimateur

Ces jeunes, souvent accusés de rejeter en bloc toute forme d’autorité, seraient victimes d’un système qui leur est injuste. La CDPDJ affirme ainsi qu’il y a «une ab-sence de procédure d’enquête impartiale et objective à la suite d’un incident impliquant un policier». Cela ex-plique aussi le manque d’aboutissement dans l’enquête chargée de démystifier l’incident Villanueva. Le SPVM protège ses policiers coûte que coûte. Il faut aussi dire que si la police est dans la mire des médias depuis août 2008, le problème ne date pas d’hier. D’ailleurs, dans le film de Saal, tourné en 2004, on voit que le profilage racial est un fléau qui s’est propagé à travers le temps et que les manières de faire de la police restent inchangées malgré les nombreuses formations policières visant la familiarisation à la de diversité culturelle. Cela n’empê-che en rien la continuité d’une certaine technique boi-teuse en matière de jugement et d’arrestations. Michka Saal a donné la parole à de jeunes Noirs, Maghrébins et Latinos sur un sujet qui est tabou. Leur version semble sincère et ils semblent chercher une voix contre l’atti-tude belliqueuse des policiers qui jouissent d’un pouvoir sans équivoque.

Y-a-t-il une lueur d’espoir? Est-ce que le SPVM saura s’adapter aux mutations de notre société multi-culturelle? D’autre part, est-ce que les jeunes issus de l’immigration sauront trouver leur place dans un monde qu’ils décrivent souvent comme hostile? Il semble que l’avenir n’est pas tout à fait gris. Selon professeur Icart, la police fait des efforts considérables et le prochain défi est l’établissement de stratégies de travail visant non seule-ment à donner des formations aux policiers, mais aussi à mettre en place des suivis et des évaluations du corps policier en entier. x

«Des effectifs ont été évidemment déployés dans la zone rouge de Montréal Nord, et c’est justement ce qui a renforcé le clivage entre les jeu-nes et les policiers.»

Crédit photos: Xavier Plamondon / Le Délit

Quand la diversité culturelle fait face à la loi.

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10 Arts & Culture xle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

Des visages aux traits déformés, des corps nus qui s’exposent sans pu-deur, des sujets étranges et énigma-

tiques. On entre dans le monde d’Otto Dix, un monde sombre mais coloré, «effroyable» mais «beau». Un monde où la laideur est magnifiée.

Maître du portrait, le peintre allemand nous offre une vue sur les bas fonds de la société, sur la déchéance humaine élevée à des sommets de beauté. Il nous plonge dans un univers de tristesse et de pauvreté, de vieillesse et de disgrâce, où les scènes de bordel et de port ont une place de choix. Il choisit d’exposer un monde débridé, cultive le hideux comme d’autres le font du beau, et parvient, par cela même, à rendre la laideur infiniment belle. Sa maîtrise des couleurs

et des reflets est remarquable, et ses traits, d’une infinie précision, sont irréprochables.

Rouge Cabaret s’attache à créer un lien constant entre la carrière artistique du maî-tre et le contexte historique. C’est on ne peut plus pertinent lorsque l’on considère que l’artiste a connu deux guerres mondia-les et a vécu en Allemagne sous le IIIe Reich. L’exposition s’ouvre d’ailleurs sur cinquante gravures de la Première guerre mondiale. Le peintre, pour qui «tout art est exorcisme», y présente l’horreur de la guerre dans toute sa terrible splendeur. Des corps mutilés, des champs de bataille ravagés, des maisons en ruines, rien n’est dissimulé. Dans les repré-sentations guerrières de Dix, qui était lui-même soldat à l’époque, rien de noble, rien de glorieux.

Au fil de l’exposition, on explore les dif-férentes phases qui ont marqué la carrière

de l’artiste: la guerre, la période dada, les portraits de femmes, puis l’ère de la censure sous Hitler. Toujours, la trame historique reste bien présente, même si l’attention du visiteur est avant tout happée par l’étrange attrait des sujets choisis par l’artiste, qui ont tous des airs de bêtes de cirque, de clowns tristes. Ces corps et ces visages presque monstrueux et pourtant si humains fasci-nent, intriguent, dérangent. Certaines re-présentations flirtent avec le grotesque et le burlesque, d’autres sont carrément horribles. Plusieurs toiles s’imposent avec violence. Mais toujours, l’œil observe avec intérêt, ne peut se détacher du spectacle «effroyable et beau» imaginé par Dix.

Un portrait, particulièrement, attire l’attention: le Portrait de l’avocat Hugo Simons. Pas parce qu’il est plus réussi que les autres, quoique son exécution soit impeccable, mais

parce que près de lui est placée une photo-graphie du sujet. Le visiteur constate alors que la représentation de l’avocat n’est guère fidèle à la réalité. Tout au plus peut-on re-connaître quelques traits, un je-ne-sais-quoi de familier dans la lèvre inférieure C’est vers la fin de l’exposition que l’observateur est amené à comprendre que cette étrangeté et ce côté mystérieusement atypique des toiles ne viennent pas de leurs sujets, mais sont is-sus de l’imagination même du peintre. C’est là, assurément, que réside toute la grandeur de l’entreprise artistique d’Otto Dix. x

Otto Dix, Portrait de groupe : Günther Franke, Paul Ferdinand Schmidt et Karl Nierendorf (1923)Gracieuset. du MBAM

Arts&[email protected]

En essayant de moderniser et d’épurer L’Opéra de quat’sous, considéré com-me l’un des plus célèbres opéras du

XXe siècle, Robert Bellefeuille semble avoir échoué à mettre en scène l’atmosphère sin-gulière qui a fait de la pièce du dramaturge allemand Bertolt Brecht un classique du théâtre.

L’Opéra de quat’sous raconte l’histoire de Mac the Knife, un bandit célèbre qui épouse la fille d’un chef de syndicat de mendiants. Le père de la jeune femme convoque le chef de police, un allié de Mac, et le fait chanter pour qu’il procède à l’arrestation du ban-dit. Entre prostituées, voleurs, mendiants

et policiers corrompus, Mac the Knife est finalement, par un coup de théâtre pure-ment brechtien, libéré et gracié par la reine elle-même.

Ce qui fait de l’Opéra de quat’sous un spectacle à ne pas manquer, c’est incon-testablement la musique, intimement liée à la mise en scène. En effet, tout au long de la pièce, les comédiens se transforment en musiciens et s’intègrent au petit orchestre qui prend place directement sur scène. Les mélodies du compositeur Kurt Weill sont immenses, sombres et dissonantes, mais toujours justes. Serge Postigo, dans son complet noir à chemise de corps, se confronte au talent brut d’Émilie Bibeau le temps de quelques apparitions. Connue pour son rôle de Rosalie dans Annie et ses

hommes, Émilie Bibeau explore une fois de plus des humeurs extrêmes, frôlant par-fois l’hystérie et la vulnérabilité dans une même lancée.

Malheureusement, le manque d’unité dans le décor et les costumes, ainsi qu’un éclairage pour le moins maladroit, ruinent tout ce qui a été précédemment bâtit. Dans son désir de moderniser un classique et de l’arranger au goût du jour, le metteur en scène a finit par en perdre l’essence. Le décor moderne dérange le jeu des acteurs au lieu de le compléter et la mise en scène, faute de servir le texte de Brecht, reste sta-tique, exposant avec encore plus de clarté le manque de finition flagrant du cabaret. Malgré toutes ces maladresses, l’Opéra de quat’sous est sauvé par l’intelligence de son

texte. Le public, très réceptif, a absorbé avec avidité l’humour noir, cru ou encore subtil de Brecht.

Alors que nous vivons présentement une reprise économique et que le temps est aux dénonciations de pratiques écono-miques douteuses, la question bien célèbre lancée par Mac The Knife juste avant sa pendaison résume bien l’âme de la pièce: quel est le plus grand crime? Voler une banque, ou en fonder une? x

Étrange beautéCatherine Côté-OstiguyLe Délit

Rouge Cabaret: le monde effroyable et beau d’Otto Dix, une exposition fascinante aux mille visages. Au musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 2 janvier.

8 X L’ALLEMAGNE: THÉÂTRE

Le TNM s’improvise un opéraS’attaquer à un classique du répertoire théâtral, c’est souvent prendre le risque de perdre quelques plumes. Le Théâtre du Nouveau Monde ne fait pas exception avec l’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht.

Marion Provencher LangloisLe Délit

8 X L’AllEMAGNE: ARTS VISUELS

Yves Renaud

Rouge Cabaret: le monde effroyable et beau d’Otto Dix

Où: Musée des Beaux-Arts de Montréal 1380 Sherbrooke OuestQuand: jusqu’au 2 janvierCombien: 7,50$ (étudiant)

L’Opéra de quat’sousOù: Théâtre du Nouveau Monde 84 Sainte-Catherine OuestQuand: jusqu’au 23 octobreCombien: 33 $ ou 20$ (étudiant)

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11Arts & Culturexle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

Dans le cadre de 8 X L’Allemagne, et de l’événement «L’Allemagne au féminin», le Goethe-Institut Montréal organise chaque semaine des projections de films réalisés par de jeunes allemandes au cours de ces dix dernières années.

Valeska Grisebach et la banalité de l’amour

8 X L’ALLEMAGNE: CINÉMA

«L’Allemagne au féminin: la nou-velle génération de réalisatrices allemandes» est consacré à la ten-

dance féminine du cinéma allemand contem-porain. Les réalisatrices, dont les films ont été primés et encensés par le public et la critique (à l’échelle nationale et au-delà) sont en effet nombreuses. Ces films, réalistes et naturels, mettent en scène des gens ordinaires, par-ticulièrement des femmes et des jeunes. La première projection de cet événement a eu lieu jeudi dernier. Le film Longing (Sehnsucht) réalisé par Valeska Grisebach [dont le nom vous est peut-être familier pour le succès de Be my Star (Mein Stern)] met en scène Markus (Andreas Müller) et Ella (Ilka Welz), un cou-ple dont le bonheur conjugal s’effondre suite

à un étrange faux pas de Markus. Afin de filmer cette très simple et presque

banale histoire d’amour, Valeska Grisebach a choisi de porter une attention marquée à la banalité du quotidien, et ce notamment à travers de longues scènes sans action, met-tant en valeur la lenteur et la simplicité de la vie de ces personnages tourmentés par leur désir. Longing est, en effet, fait de souffles, de silences et de longs regards. Le tout est entre-coupé de nombreuses scènes d’amour, plus ou moins suggestives. Ces inévitables lon-gueurs pourront décourager les impatients amateurs de films d’action, mais séduiront inconditionnellement les adeptes du cinéma des frères Dardenne. L’interprétation des co-médiens, qui ne sont pas des professionnels, est à souligner. Ilka Welz est magistrale dans le rôle de la femme éperdue d’amour et de désir tandis qu’Andreas Müller est boulever-

sant de sincérité dans son interprétation d’un homme tiraillé par ses passions et ses peurs.

Ce qui paraît relativement étonnant, et peut-être réducteur, c’est de considérer, comme l’ont fait de nombreux critiques (ain-si que cet événement indéniablement intitulé «L’Allemagne au féminin»), que Longing est avant tout un film de femme. Il semble au contraire que la réussite de la réalisation de Valeska Grisebach soit l’universalité de son regard, sa capacité à filmer aussi bien l’homme que la femme dans une histoire d’amour qui dépasse un regard féminin, mais touche bel et bien à l’universel. C’est justement ce qui fait qu’il sera à même de toucher femmes et

hommes, jeunes et moins jeunes, Allemands et étrangers.

Le Goethe-Institut Montréal prend la relève de 8 X l’Allemagne avec une foule d’activités dont des conférences, un rallye «Montréallemand», une exposition Tatort – Lieu du crime et une série de projections ciné-matographiques. x

Annick LavogiezLe Délit

Huit institutions s’unissent pour célèbrer le vingtième anniversaire de la réunification de l’Allemagne jusqu’à mars 2011: la Cinémathèque québécoise, la Fondation Arte Musica, le Goethe-Institut Montréal, la Grande Bibliothèque, Les Grands Ballets Canadiens de Montréal, le Musée des Beaux-Arts de Montréal, l’Opéra de Montréal et le Théâtre du Nouveau Monde. Pour plus d’informations: www.lavitrine.com/contenu/Allemagne.

«L’Allemagne au féminin»Où: Goethe-Institut Montréal 418 Sherbrooke EstQuand: jusqu’au 10 décembreCombien: 6$ (étudiants)

Gracieuseté de bfi Distribution

ÉTUDIANTS DE PREMIÈRE ANNÉE

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12 Arts & Culture xle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

La compagnie de mime québécoise Omnibus met en scène Rêves, chimères et mascarade, une pièce dans laquelle

sont mis à nu et disséqués les tourments et préoccupations de la vingtaine.

Six jeunes, trois hommes et trois femmes dans la même tranche d’âge et d’expériences diversifiées, sont dirigés par trois «maîtres d’œuvre»: Réal Bossé, Pascal Contamine, et Christian Leblanc. Jean Asselin, directeur de la compagnie, précise qu’à la différence d’un metteur en scène, un maître d’œuvre supporte, dirige la mise en scène, mais ne la constitue pas totalement: il laisse aux comé-diens multidisciplinaires (danseurs, choré-graphes, mimes) l’art d’en constituer la ma-

nière. Les maîtres dœuvre sont en quelque sorte des mères porteuses; une fois la pério-de de gestation (la matière) mise à terme, ce sont les comédiens qui héritent du pouvoir créateur. À ce propos, Jean Asselin parle de «l’encre de l’écrivain, la matière du sculpteur, des interprètes-créateurs».

L’Espace Libre a dû subir, pour ce spec-tacle, une métamorphose physique: plus question d’une scène italienne classique, c’est à un immense rectangle gris, rappelant un large podium ou un terrain de jeux, que fait face le public. L’espace scénique est en-cadré par les spectateurs. Cette architecture renforce la communication avec ces derniers, leur attribuant un rôle de premier plan.

Reposant essentiellement sur une nar-ration achronique, une utilisation minimale (voire nulle) d’éléments décoratifs, et une

diégèse complètement déconstruite et écla-tée, le spectacle est un ensemble d’expéri-mentations sur le corps de l’Homme et ses pouvoirs de suggestions. Entre la danse, le théâtre, l’improvisation, et le mime, Rêves, chimères et mascarade s’inscrit dans cette ten-dance esthétique de l’extrême contemporain: c’est-à-dire l’art de se définir par l’indéfinis-sable. Ainsi, l’œuvre donne l’impression de se construire et de se déconstruire durant la représentation; non pas qu’elle soit arbitrai-re, mais qu’elle ait l’improvisation comme principe.

Des scènes de combats et de luttes, d’autres de baisers et d’actes amoureux, de débats politiques et philosophiques consti-tuent le «propos» de la pièce. Son éthique a comme fil conducteur celui de la violence et de la tendresse. Et le corps dans tout ça?

Tout y prend forme: il est le réceptacle des multiples réifications. Ce corps devient alors le noyau d’(im)pulsions organiques orches-trées par la musique originale d’Éric Forget.

Rêves, chimères et mascarade demeure mal-gré tout un morceau d’art difficile à évaluer, du moins à juger. C’est un feu d’artifice qu’on se plaît à regarder, et dont on ne garde qu’un souvenir fragmentaire, quelque peu oniri-que. Morceau modeste et iconoclaste, certes, la pièce reste toujours fidèle à son objectif premier: le plaisir et encore le plaisir. x

Opium_37 met en scène le quartier de Montparnasse avec ses cafés, ses ca-barets et ses bordels, divers lieux où

les artistes se mêlent au peuple. Mais, sous les airs de fête, tout n’est pas beau, la guerre guette. Dès les premières minutes, ce double ton est donné: les dix acteurs d’abord assis au fond de la scène, comme des rescapés de guerre au regard absent, prennent rapi-dement vie. Autour de deux êtres qui ont marqué cette époque, Anaïs Nin et Antonin Artaud, se développent d’autres personnages, tous à la recherche d’une façon de dépasser leur pauvre existence terrestre, de s’inscrire par rapport aux autres et dans l’Histoire.

Les artistes, comme ces «en-fants bâtards», tentent d’oublier les me-naces de la guerre en se noyant dans l’ivresse, la drogue, le sexe et la poésie. Catherine Léger, qui a écrit le texte avec Éric Jean, explique qu’Opium_37 n’est pas un portrait réaliste de cette époque, mais du «fantasme que nous en avons». De surcroît, ils ont plutôt tenté d’illustrer notre contem-porain «à travers une sorte de rétroviseur [...] Tenter de nommer ce que nous avons l’im-pression d’avoir perdu: délinquance, frivolité et engagement.» En effet, la dizaine de per-sonnages d’Opium_37 possède une énergie insatiable. Malgré la violence croissante, ils

se réinventent par leurs rêves et par l’art, en s’appropriant par exemple des œuvres, tel la fille de joie (Martine-Marie Lalande) qui of-fre à la fois son corps et récite des poèmes. Leur vie est un théâtre: ils croient pouvoir écrire l’avenir. Mais les futurs événements tragiques sont rappelés par une vieille dame (Muriel Dutil) qui lit l’avenir dans l’urine des autres comme certaines peuvent le faire dans les feuilles de thé. Un parallèle peut-être vulgaire, mais qui fait écho aux camps de concentration.

L’atmosphère de l’époque est merveilleu-sement rendue par la scénographie de Pierre-Étienne Locas et la mise en scène d’Éric Jean. Ce dernier a choisi de garder les personnages sur scène même lorsqu’ils ne jouent plus, ce qui donne aux scènes une allure splendide de tableau ou de photo. D’ailleurs, Éric Jean dit s’être inspiré des photographies de Brassaï, qui s’immisçait dans les fêtes nocturnes pa-risiennes des années 1930 et s’intéressait à un Paris interlope et à ses intellectuels. Le travail d’éclairage avec ses jeux d’ombres et de lumière, rappelle Edward Hopper et ses tableaux dans lesquels règnent une certaine solitude et mélancolie, et où le décor et l’at-mosphère plus que les visages traduisent la tension refoulée et l’aliénation. Si on regarde bien, les murs blancs du café prennent par-fois l’air morbide d’un asile.

Toutefois, les segments musicaux, inté-ressants et d’une certaine façon appropriés,

tendent parfois vers le cliché et ternissent quelque peu la pièce. Ainsi, le chant, qu’il nous semblerait mieux de garder pour les instants où l’émotion est trop forte et que les mots ne suffisent plus, ne permet pas d’alléger cette pièce dont le texte peut, par endroits, être lourd et hermétique. Les élans poétiques d’Antonin Artaud peuvent aussi peser sur certains, mais l’interpréta-tion de ce grand poète par Daniel Thomas est nettement réussie. En outre, les jeux de Yann Perreau dans la peau d’un dandy et de Normand Daneau dans celle d’un artiste méconnu et paranoïaque, car ses œuvres semblent lui être volées au moment même

où il les pense, méritent d’être soulignés. En somme, Opium_37 est un monde fait de murs de papiers -littéralement, comme si l’Histoire n’était qu’une fiction qui pour-rait être créée ou de laquelle on pourrait s’évader. Une pièce réussie, mais qu’il faut davantage chercher à ressentir qu’à expli-quer, un peu comme pour une peinture. x

Habib HassounLe Délit

Une expérience théâtrale du corps«Entre l’acte et le verbe», la nouvelle pièce d’Omnibus propose un monde déconstruit de réflexions éparpillées. Yanick Macdonald

Rêves, chimères et mascaradeOù: Espace Libre 1945 FullumQuand: jusqu’au 16 octobreCombien: 22$ (étudiant)

THÉÂTRE

L’artiste est une pute qui se drogueL’ambiance d’un café bistro de Paris, nouvelle capitale de l’avant-garde artistique, quelques années avant la Seconde Guerre mondiale prend enfin les planches du Théâtre de Quat’sous avec Opium_37.

THÉÂTRE

Mai Anh Tran-HoLe Délit

Yanick Macdonald

Opium_37Où: Théâtre de Quat»sous 100 des Pins EstQuand: jusqu’au 15 octobreCombien: 22$ (étudiant)

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13Arts & Culturexle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

Le documentaire L’eau brûle [Burning Water] ne pouvait tomber plus à pic. Écrit par Tadzio Richards et coréali-

sé par Cameron Esler, le reportage allie les deux reporters pour présenter un contenu explosif: les conséquences néfastes de l’ex-traction des gaz de houille [similaire au gaz de schiste] pour un couple de fermiers al-bertains.

L’histoire se passe en 2003, lorsque la compagnie de pétrole et de gaz na-turel EnCana s’installe à Rosebud, une petite communauté rurale de l’Alberta. Les deux exploitants, Fiona et son mari Peter Laurisden rêvaient d’un petit pa-telin où élever leur bétail, mais se re-

trouvent rapidement aux prises avec un problème de taille. EnCana leur empoi-sonne littéralement la vie. Des produits qui ne devraient pas se retrouver dans les sols contaminent l’eau et brûlent la peau. Vers qui les Laurisden peuvent-ils se tourner pour prouver que l’intoxica-tion de leur eau résulte des activités de la compagnie, et régler ainsi le problème qui nuit à leur entreprise et à leur bien-être? Malheureusement, il semblerait que personne ne souhaite prendre parti dans cette affaire délicate. Après une requête au gouvernement albertain pour une étu-de de leur nappe phréatique, Fiona, qui tente de prendre le taureau par les cornes, se heurte à un mur. La compagnie s’auto-amnistie et le ministère de l’environne-ment s’en lave les mains. On leur répond

qu’ils ont probablement, faute de soin, contaminé leur eau eux-mêmes.

Le documentaire a la qualité d’ap-porter émotions et frissons à l’auditoire. Le combat vécu par deux personnages réalistes dans un contexte authentique donne une dimension intimiste au film qui marque la conscience. La trame so-nore vient souligner les émotions en montagnes russes exprimées par Fiona Laurisden, lorsqu’elle tente par tous les moyens de recevoir des excuses de la part de la compagnie. De plus, le documen-taire aborde explicitement le côté social du débat: le combat fratricide qui agite tous les citoyens de Rosebud. En effet, le combat du couple Laurisden remet en cause les contributions de la compagnie EnCana à la communauté: subventions

de la bibliothèque, du théâtre, du centre communautaire… Devant l’immobilisme des citoyens, du gouvernement et même de ses proches, Fiona se sent complète-ment dépourvue de ressources.

L’eau brûle dépeint un problème qui pourrait bientôt devenir une préoccupa-tion québécoise. Amir Khadir crée en ef-fet un lien entre cette réalité albertaine et la question des gaz de schistes à travers la projection d’un court-métrage pendant le-quel le chef du parti Québec Solidaire sou-ligne avec ferveur l’importance de la tenue d’un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste au Québec.

Un film d’actualité à l’heure où la Belle Province est sur le point de statuer sur ce dossier brûlant. Présenté au Cinéma du Parc jusqu’au 7 octobre. x

Tout feu tout flamme

Anabel Cossette CivitellaLe Délit

CINÉMA

Que dire, lorsque toutes les évidences sont là, devant vos yeux? Que dire à des gens qui voient le projet d’une vie s’enflammer au benzène, toluène et autres chimiqueries?

Après une dizAine d’Annéesde recherches et de documentation, Louis Hamelin fait enfin paraître La Constellation du lynx à temps pour le quarantième anniver-saire d’Octobre 1970.

Dans cette vaste fresque romanes-que, un «tâcheron de la plume» du nom de Samuel Nihilo (notez le subtil anagramme)

se lance la tête la première dans une enquête cherchant à éclaircir les nombreuses taches d’ombre encore présentes aujourd’hui dans cette crise politique qui a marqué le Québec. Le récit en chassé-croisé fait pénétrer le lec-teur au cœur des motivations de ceux qui ont participé de près ou de loin à l’affaire, que ce soit les membres des cellules terro-ristes, les acteurs politiques ou encore les agents des services secrets.

En entrevue avec Le Devoir, Louis Hamelin a décrit La Constellation du lynx comme l’œuvre d’un pamphlétaire s’en pre-nant à la version officielle des événements. L’écrivain dénonce tout particulièrement la thèse de l’innocence de la police, de l’ar-mée, et du gouvernement dans la mort du Ministre du Travail Pierre Laporte (Paul Lavoie dans le roman). La Constellation du lynx apporte donc de l’eau toute neuve au moulin de Jacques Ferron et Pierre Vallières, qui avaient déjà crié au complot par le pas-sé.

Après une décennie de travail, on a en-vie de croire à l’alternative d’Hamelin. C’est ainsi qu’on en est venu à citer La Constellation

du lynx comme référence dans un article du Devoir sur les «théories conspirationnistes» (30 septembre). Jacques Godbout lui-même aurait déclaré dans un communiqué de la maison d’édition du Boréal que «plus per-sonne n’osera parler de ces événements sans se référer à La Constellation du lynx».

Qu’est-ce qui cloche ici?

De telles affirmations sur le livre, remâ-chées par des journalistes avides de man-chettes, me semblent contestables. En fai-sant de La Constellation du lynx un document historique, un moyen d’approfondir notre connaissance des faits et de donner un por-trait fidèle d’Octobre 1970, les média se per-dent –et nous perdent– dans un argument fallacieux et finissent par se détourner de la nature même du projet d’Hamelin: écrire un roman.

Peut-être est-ce le romancier lui-même qui brouille les cartes; s’il prétend dans une entrevue avec Le Devoir dévoiler 100% de la vérité historique, il se retranche en d’autres lieux derrière l’art romanesque, sa liberté, son imagination, afin de contester cette am-

bition de vérité que tous ont applaudi chez lui depuis la parution de La Constellation du lynx. «Mon livre n’est pas un essai», insiste-t-il. Contrairement à l’historien, le roman-cier n’est pas tenu de se maintenir dans la simplicité d’une interprétation unique. Ce n’est donc pas pour rien que l’enquêteur, dans le livre, est un écrivain. «Êtes-vous conspirationniste?», lui demande-t-on au tout début. Et lui de répondre: «Sceptique, plutôt.»

Si Hamelin a choisi d’emprunter les «voies et détours de la fiction», il me semble que c’est plutôt parce qu’il a voulu explo-rer la complexité d’un événement qui ne fait toujours pas consensus parmi les historiens. Octobre 1970 a marqué l’histoire, mais il est aussi devenu histoire à travers de multiples interprétations. Le roman se présente donc comme un terrain tout désigné pour inter-roger notre manière de fabriquer les récits qui nous définissent: «Peut-être que les ex-plications que nous cherchons ne sont ja-mais que des approximations, des esquisses chargées de sens». Les yeux de lynx d’Ha-melin sont tout entiers dans cette phrase.x

Rêveries familièresVéronique Samson

Les yeux de lynxCHRONIQUE

Gracieuseté de Bunbury Films

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14 Arts & Culture xle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

Lorsque Claire Pelletier joue «Le jour n’en finit plus», la première chanson de son

nouvel album Six, la scène baigne dans une lumière dorée qui vire au bleu métallique accentuant la cou-leur de sa guitare électrique. La com-positrice-interprète a fait son appari-tion vêtue d’un haut scintillant et de bottes noires, le sourire aux lèvres.

Cela fait trente ans que Claire Pelletier se produit sur scène avec son complice de tous les jours, Pierre Duchesne. Mais pour la pre-mière fois, trois choristes les accom-pagnent, ce qui permet au groupe de chanter certaines chansons a cappella, notamment «Le vaisseau fantôme», dans lequel la chanteuse dévoile ses souvenirs d’enfance. La pratique du guzheng, un instrument chinois, met en valeur l’admiration et l’émerveille-

ment pour cette période de la vie, tout en apportant une touche asia-tique surprenante qui provoque une harmonie musicale exceptionnelle. Claire Pelletier a le pouvoir de faire voyager le public au son de sa voix chaude et au rythme de ses mélodies tantôt enivrantes, tantôt planantes et toujours entraînantes. Elle existe sur scène à travers sa musique, laissant paraître dans ses yeux une sincérité déconcertante.

L’album Six évoque le thème du désenchantement et raconte des tragédies humaines et écolo-giques. Malgré ces sujets pour le moins tragiques, ses paroles sont porteuses d’espoir, espoir qu’elle reconnaît principalement dans le regard lumineux des enfants: «le soleil et l’amour ayant été crées pour ces yeux là». La mélancolie nous entraîne dans notre propre mémoire. Les thèmes de l’enfance et de l’émerveillement sont re-

pris lorsque la chanteuse évoque Kamouraska, sa ville natale.

Le contact avec le public est naturel, la chanteuse est à l’aise, présente ses musiciens avec af-fection et taquinerie et suscite des rires lorsqu’elle partage quelques anecdotes. Le public se montre à son tour très enthousiaste, lui offrant une ovation après son interprétation de «Trop loin d’Ir-lande», une chanson devenue un classique de son répertoire, qu’el-le prend le soin de dédier à sa fille Lysandre, sur le point de la faire grand-mère.

À la sortie de ce concert don-né dans une des plus belles salles de Montréal, on éprouve une réel-le paix intérieure. Claire Pelletier a su trouver un équilibre entre mi-sère et espoir, mélancolie et admi-ration du monde. Le tout sur des mélodies touchantes se mariant à sa voix puissante, pénétrante et

d’une douceur éternelle. Au bout de trente ans de carrière, Claire Pelletier se montre sereine et épa-nouie. Son caractère doux, taquin

et sincère apporte à sa musique une dimension très personnelle capable de toucher les spectateurs au plus profond d’eux-mêmes. x

Anouk ManassenLe Délit

Six au GesùClaire Pelletier a récemment présenté son nouvel album, le sixième en trente ans de carrière, dans la salle du Gesù.

MUSIQUE

Je ne sAis pAs si c’est moi, les autres, la température ou autre chose, mais cette an-née, Pop Montréal, ça ne me tentait pas. Au moment même où je vous écris ces lignes, em-mitouflée dans ma veste psy-chotronique préférée, je suis, comme promis dans ma derniè-

re chronique, fatiguée et dépei-gnée. Mais ce n’est pas par abus de Pop. En vérité, je n’ai assisté qu’à un seul spectacle, celui de Pypy (side project de mem-bres de Duchess Says et de Roy Vuchino de Red Mass) samedi à la Casa del Popolo, et même là, j’ai failli rebrousser chemin en voyant la queue. Pourtant, il y avait au moins trois autres groupes que j’avais envie de voir: Negative Approach (old school hardcore américain), Shonen Knife (groupe de Japonaises sur le-quel Kurt Cobain trippait) et Shortpants Romance (featuring un ancien chroniqueur du Délit à la guitare, Ralph Elawani). La performance de ces derniers à l’Abreuvoir a malheureusement tourné au vinaigre, gracieuseté d’une pitoune cokée qui a lancé

un tabouret sur la guitare de Ralph.

En ce qui concerne Pop Montréal, O.K., peut-être que j’ai ma poutine du Fameux de cette nuit sur le cœur mais je veux pas les voir, les hipsteux qui

sentent le curry et qui jouis-sent de leur propre personne en jouant avec leur iPhone; je veux pu aller à Puces Pop, où la moi-tié des cochonneries artisanales qui y sont vendues à un prix hal-lucinant pourraient se retrouver sur la première page de regretsy.

com; et je ne peux pas, par peur de sombrer dans une misanth-ropie sans fin, mettre les pieds à la Puces Pop Record Fair, où une surabondance d’étudiants en Cultural Studies et d’artisses en tous genres du Mile-End vont acheter une tonne de viny-les trop chers, sans même avoir de table tournante chez eux. Je pense qu’avant de signer mon propre acte de décès social, je vais me retirer.

Vous vous doutez sans dou-te (je suis tellement coquine avec mes jeux de mots) de ce que j’ai fait à la place de Pop: tévé tévé tévé. Vendredi soir, j’ai écouté le dossier spécial que Radio-Cadenas a préparé pour les qua-rante ans de la Crise d’Octobre. Juste après, à Télé-Québec, un spécial sur les Nordiques. C’est

comme si la télévision avait sen-ti que j’avais besoin de récon-fort dans ma mélancolie super émotive et profonde.

Parlant des Nordiques, vous avez sûrement vu l’horri-ble vidéo faite par les Grandes Gueules pour promouvoir le retour de cette belle équipe dans la capitale de notre pays du Québec. Sur l’air de «We Are the World», les moins sportifs de nos chanteux et chanteuses rallient les troupes autour de ce symbole de l’identitaire qué-bécois. Sérieux, ils peuvent-tu revenir, les Nordiques, que j’ar-rête de vivre dans l’univers fic-tif de Réjean Tremblay et que je réalise enfin mon rêve de deve-nir Linda Hébert, en chair et en os? We Are the World, We Are the Tabarnak… x

Billet incendiaireCatherine Renaud

We are the World, We Are the Tabarn***CHRONIQUE

Gracieuseté de Claire Pelletier

«(...) Je suis, comme promis dans ma dernière chronique, fatiguée et dé-peignée. Mais ce n’est pas par abus de Pop»

L’EXCELLENCE À VOTRE PORTÉE VENEZ NOUS VOIRDes responsables des admissions en médecine seront sur place pour répondre à vos questions.

JOURNÉE PORTES OUVERTES DE MCGILL

LE DIMANCHE 24 OCTOBRE 2010SÉANCE D’INFORMATION SUR LE PROGRAMME M.D.,C.M À 12 H 00

Visitez notre site Web: www.mcgill.ca/medadmissions/fr Courriel : [email protected]

Dates limites de dépôt des demandes : 15 novembre (non-résidents du Québec) 15 janvier (résidents du Québec)(l’examen MCAT optionnel pour les citoyens et résidents permanents bacheliers d’universités canadiennes)

Université McGill, 1200, avenue des Pins Ouest (entre Peel et Drummond)Station de métro Peel

Faculté deMédecine

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15Arts & Culturexle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

Un film canadien, en an-glais, dont l’action ne se déroule ni à Toronto, ni

à Vancouver, mais à Montréal, voilà qui a de quoi attirer l’at-tention. Mais si c’est d’abord la curiosité qui nous pousse à po-ser un oeil sur The Trotsky, on est rapidement conquis. Dès les premières minutes, le ton est donné: on a affaire à une comé-die intelligente comme il s’en fait peu.

Léon Bronstein (Jay Baruchel) est un adolescent plutôt particulier. Ayant souffert d’être «l’enfant du milieu» dans une famille juive assez conser-vatrice, il s’est retiré dans des lectures historiques qui l’ont persuadé qu’il était la réincar-nation de Léon Trotsky. Entêté, il compte faire coïncider les évé-nements de sa propre vie avec ceux du révolutionnaire russe. C’est ainsi qu’il entreprend de trouver «son Staline», pour faire de lui son allié, mais, plus impor-tant encore, «son Alexandra», celle qui a été le premier grand amour de Trotsky. Cette femme (Emily Hampshire), il la trou-vera sur le campus de McGill: une étudiante en droit qui se nomme, elle aussi, Alexandra et qui est de neuf ans son aînée, comme c’était le cas de l’épouse de Trotsky. Dans cet alignement de coïncidences, le jeune Léon voit la confirmation de sa desti-née. Il entreprend alors de faire la révolution dans son école secondaire et de mener les étu-diants dans une révolte contre la direction du collège.

Jay Baruchel, acteur d’ori-gine montréalaise qui s’est déjà

constitué une carrière intéres-sante à Hollywood et ailleurs, revient donc au bercail pour no-tre plus grand bonheur. Son jeu est juste et le personnage lui va à ravir. Emily Hamphire est éga-lement attachante dans le rôle d’Alexandra, sans toutefois se démarquer outre mesure. C’est à Jacob Tierney qu’il convient de lancer des fleurs, puisque c’est à lui qu’on doit le scéna-rio et la réalisation du film. Ce jeune cinéaste d’à peine trente ans nous livre ici un second long métrage qui ne manquera pas d’attirer l’attention sur lui. Il s’est d’ailleurs distingué aux festivals de Tokyo et de Toronto, de même qu’à l’Atlantic Film Festival. On comprend rapide-ment pourquoi: l’humour y est abondant sans être facile, les personnages sont attachants et les dialogues sont habiles.

On parle souvent de l’amé-ricanisation du cinéma québé-cois, et il est vrai que The Trotsky a quelque chose de très améri-cain qui va au-delà de la langue. Mais il a également un côté très montréalais: les images de la vil-le et celles du campus mcgillois sont abondantes et la formation Malajube assure la trame musi-cale. On y sent également la co-habitation un peu compétitive de deux langues, de deux com-munautés culturelles, qui fait le propre de Montréal. Lorsque, embarrassée par les ambitions révolutionnaires du héros, sa sœur lui demande s’il n’a pas honte de faire de sa famille la ri-sée de la ville, Léon répond, du tac au tac: «Half the city, Eli. The French don’t care.»

The Trotsky, un film à voir, assurément. Disponible en DVD dès cette semaine.x

Catherine Côté-OstiguyLe Délit

The TrotskyCOUP DE CŒUR

Le virage et l’impasse

L’ÉDITO CULTUREL

Quel regard le Canada anglais porte-t-il sur la culture québécoise? La

question intrigue certainement. Comment perçoit-on nos pro-ductions et nos industries, alors qu’aucune autre province n’in-vestit autant dans leur développe-ment? La réponse que laisse pré-sager une série publiée ces deux dernières semaines dans le Toronto Star inquiète quelque peu.

Le virage numérique ap-porte son lot de bouleversements (nous en avons notamment parlé dans l’édition du 14 septembre). D’ailleurs, l’un mènerait à une redéfinition majeure de la cultu-re canadienne (celle du «Rest of Canada», comprenons-nous bien). C’est du moins ce que la jour-naliste Kate Taylor avance dans Northern Lights, sa série d’une dizaine d’articles consacrés à la culture populaire du pays à l’ère 2.0: «Nous soutenons la culture canadienne depuis longtemps par nos programmes de bourses et de subventions mais aussi par nos politiques culturelles. Nous exigeons, par exemple, qu’une certaine quantité de contenu ca-nadien soit diffusé à la télévision. Mais toutes ces initiatives vont bientôt frapper un mur puisque tout sera transposé vers le net, où les demandes des consommateurs font la loi et les frontières géo-graphiques sont de plus en plus difficiles à maintenir», explique la journaliste.

Hors du cadre «protection-niste» qui permet sa diffusion, la culture canuck pourra-t-elle se dé-marquer, ou même survivre, lors-

que confrontée au cyberespace? Tout cela peut sembler fataliste. Et pourtant, une population qui a tant de mal à définir sa propre culture (pensons à la piètre tentati-ve de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Vancouver) a bien des rai-sons de s’inquiéter. La production cinématographique du pays est très limitée et suscite peu d’intérêt chez une majorité de Canadiens. Sur le petit écran, rares sont les séries ou variétés locales qui récol-tent beaucoup de cotes d’écoutes. L’heure de gloire d’Ann of Green Gables est bel et bien écoulée La culture américaine envahirait sans doute tous les médias et tribunes du ROC, si ce n’était des exigen-ces du Conseil de Radiodiffusion et des Télécommunications Canadiennes (CRTC). Les entre-prises culturelles devront donc re-voir leurs façons de faire afin d’as-surer la viabilité d’une production à l’image du pays. Et voici que le Québec est décrit comme un vé-ritable modèle qui, tant bien que mal, a réussi à se constituer un milieu culturel bien à son image.

Ce qu’avancent Kate Taylor et les artisans qu’elle a rencon-trés est loin d’être entièrement faux. Le fait que notre milieu ait, par exemple, réussi à créer son propre star system a certainement contribué à intéresser le public à ce qui se fait ici. Il est vrai qu’il est également plus facile pour les producteurs et artistes de connaî-tre les consommateurs de culture populaire, la population québé-coise étant tout de même plus homogène que celle du Canada anglophone. Mais quelque chose de véritablement troublant se dégage des éloges de Taylor. Les séries québécoises dont elle souli-gne le succès retentissant ne sont,

pour la plupart, que des adapta-tions d’émissions américaines ou anglophones. Le Banquier et Dieu merci!, par exemple, ne permettent en rien une diffusion de la culture québécoise. Côté cinéma, il n’est pas étonnant de retrouver Bon cop, bad cop parmi les films les plus populaires auprès du public. Or –mais peut-être est-ce discutable– l’œuvre d’Éric Canuel s’apparente indéniablement à n’importe quel film d’action américain, exception faite des quelques blagues sur la confrontation des deux solitudes égrenées au fil de l’œuvre.

Le cinéma et la télévision québécoises se sont tout de même énormément développés depuis quelques décennies. Impossible d’ignorer les succès de plusieurs œuvres qui n’ont pour objet que la réalité d’ici. Pourtant, explique Taylor, leur spécificité fait en sor-te qu’elles ne sont pas exportables, ce qui est malheureusement vrai.

La culture populaire québé-coise, contrairement à celle des autres Canadiens, est sans aucun doute bien affirmée. Pourtant, on pourrait croire que cela sera appe-lé à changer avec le virage numé-rique. Ce que craint Kate Taylor pour le Canada anglophone pourrait sans doute affecter le mi-lieu culturel d’ici. Quelles seront alors nos avenues pour tailler une place de choix à la création locale dans le cyberespace? Une chose est certaine: la diffusion en fran-çais ne suffira plus à nous donner une quelconque spécificité. Et les créations qui font figure d’excep-tion ne confirment malheureuse-ment pas la règle. Entre l’imitation des voisins du Sud et nos blagues privées, il reste beaucoup de che-min à faire avant de pouvoir se féliciter. x

Émilie BombardierLe Délit

Du 13 au 24 octobre, se tiendra la 39e le Festival du nouveau cinéma (FNC).

Avec, entre autres, une série de longs et courts métrages de fiction et documentaire, des films d’ani-mations, des hommages variés et des rétrospectives, cet événement cinématographique présente une fois de plus une programmation ri-che en surprises. En provenance de cinquante et un pays, plus de 295 films (dont trente trois premières mondiales et soixante quatre pre-mières nord-américaines) ont été sélectionnés pour cette nouvelle édition.

L’ouverture du FNC se tiendra au Cinéma Impérial avec, en pre-mière mondiale, 10 ½. Le deuxième long métrage de Podz, mettant en vedette Claude Legault et Robert Naylor, s’annonce plus que pro-

metteur. Tommy, un enfant trou-ble, est jugé irrécupérable par de nombreux éducateurs avant de rencontrer Gilles, qui entrevoit la possibilité d’aider ce jeune garçon qui ne sait répondre à l’autorité que

par la violence. Curling le cinquième long métrage de Denis Côté avec Emmanuel Bilodeau et sa fille, Philomène Bilodeau, fera la clôture du FNC. Deux films à ne manquer sous aucun prétexte.

Dix-neuf films, principale-ment des œuvres de cinéastes in-

dépendants, seront présentés dans la Section internationale («Louve d’or»), tandis qu’en présentation spéciale, trente quatre cinéastes de renoms offriront des œuvres pour le moins attendues. Parmi celles-ci, Another Year de Mike Leigh, La Belle Endormie de Catherine Breillat, Tamara Drewe de Stephen Frears et The Strange Case of Angelica de Manoel de Oliveira.

A noter aussi: une section riche en courts-métrages, un hommage/rétrospective consacré au cinéaste et polémiste Pierre Falardeau, une carte blanche à Groland et de nom-breuses soirées de performances ci-nématographiques mariant cinéma et musique.

Les billets seront en prévente dès le 9 octobre. Pour plus d’infor-mations, rendez-vous au www.nou-veaucinema.com.x

CINÉMA

Le FNC dévoile sa programmation

Gracieuseté d’Alliance Vivafilm

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16 Arts & Culture xle délit · le mardi 5 octobre 2010 · delitfrancais.com

Fondée en 1880 par les frères Darling, la Fonderie Darling est cachée dans le Vieux-Port de Montréal sur la rue

Ottawa, entre les rues Duke et Prince, l’ancien quartier industriel de Griffintown. La compa-gnie, spécialisée dans la fonte de pièces de métal, a longtemps produit des équipements industriels, des pièces de tramways, de chauf-fage ainsi que différentes sortes de pompes. Durant les guerres, elle a servi à la fabrica-tion d’armements.Incapable financièrement de suivre les avancées technologiques de son temps, la Fonderie ferme ses portes en 1991.

Tombée dans l’oubli, la Fonderie est abandonnée. Elle devient vite infestée par la vermine et finit par servir de piquerie. Cependant, dix ans après sa fermeture, l’im-meuble industriel est restructuré par les fir-mes d’architectes Atelier in situ et l’Œuf pour le rendre accessible –et fonctionnel– à la com-munauté artistique montréalaise.

La galerie Quartier éphémère en occupe désormais une partie: deux salles dédiées à l’exposition d’œuvres d’artistes contempo-rains. Le reste de l’espace est occupé par des studios et des résidences pour une quarantai-ne d’artistes. L’établissement est très convivial et propose, au deuxième étage, une cuisine commune, un salon et, sur demande, un D.J. (le Cluny ArtBar). Plusieurs soirées réunissant amateurs d’art, collectionneurs, artistes, étu-diants et curieux (ou curiosités!) sont d’ailleurs organisées à la Fonderie Darling tout au long

de l’année. Assister à ces festivités ne néces-site pas, contrairement à ce que l’on pourrait croire, de carton d’invitation ou de connexion particulière. La Fonderie Darling organise aussi souvent –parallèlement aux vernissa-ges– des évènements appelés «Ateliers Portes Ouvertes». Ces événements permettent aux visiteurs d’entrer dans les studios des artistes, d’y voir leur environnement de travail et leurs œuvres (finies ou en cours).

Les œuvres des résidents de la Fonderie Darling frappent par leur variété. Certaines réalisations traitent du quotidien et de notre relation aux objets tandis que d’autres, comme celle de Sayeh Sarfaraz, sont assez politisées. Établie dans la Fonderie depuis quelques an-nées, Sarfaraz affirme véritablement apprécier l’endroit: l’espace volumineux de son studio lui offre une liberté idyllique au niveau de la création d’installations. Il avoue affectionner particulièrement les soirées du Cluny ArtBar, car elles lui donnent l’occasion d’interagir di-rectement avec le public. Le lieu est en effet très vivant et l’effervescence des échanges ar-tistiques et intellectuels est palpable.

Ne reniant jamais ses origines industriel-les, le design intérieur de la Fonderie Darling épouse ce passé et l’utilise à des fins artisti-ques. Plusieurs matériaux d’origine de l’usine sont intégrés à l’architecture intérieure des lieux et à sa décoration. En plus de son ac-tive participation au rayonnement de l’art contemporain, la Fonderie Darling promeut son aspect historique; le gouvernement fédé-ral lui a même attribué le titre de «Patrimoine national». x

Véronique MartelLe Délit

La bd de la semainepar Martine Chapuis

La Fonderie DarlingLE DÉLIT AIME...

Daviel Lazure Vieira

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