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L E S A C C O R D S D ' É V I A N

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JÉRÔME H É L I E

LES ACCORDS D'ÉVIAN

Histoire de la paix ratée en Algérie

Olivier Orban

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© Olivier Orban, 1992 ISBN 2-85565-671-0

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Remerciements

Je tiens à remercier ici MM. René Brouillet, Claude Chayet, Vincent Labouret, Bruno de Leusse, Yves Roland-Billecart et Bernard Tricot pour l'accueil bienveillant qu'ils m'ont tous réservé. A ces noms j'ajouterai celui du général Hubert de Seguins Pazzis, qui, s'il n'a pas voulu évoquer les mauvais souvenirs, ce qui se comprend parfaitement, m'a néanmoins éclairé au début de mes recherches. Je n'oublierai pas non plus Carole Hansen, dont l'aide fut précieuse pour la réalisation de cet ouvrage.

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Quelques termes

CNRA : Conseil national de la révolution algérienne, organe composé à l'origine de 34 membres, né à la Soummam, désignant un Comité de coordina- tion et d'exécution (CCE) de cinq membres jusqu'à la création du GPRA en 1958.

MTLD : Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, créé en 1946 sous la houlette de Messali Hadj. De ce mouvement est née l'Organi- sation spéciale (OS) en 1947. Après une scission en 1954, les membres du Comité Central rejoin- dront le FLN, tandis que Messali fonde le Mouve- ment national algérien (MNA).

UDMA : Union démocratique du Manifeste algérien, créée par Ferhat Abbas, en 1946 également. Rejoint le FLN en 1956, comme les centralistes issus du MTLD.

WILAYA : circonscription territoriale adoptée à la Soummam. Il y a six wilayate : Aurès Nementchas (I), Constantinois (II), Kabylie (III), Algerois (IV), Oranais (V) et Sud (VI).

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Introduction

Voilà maintenant près de trente ans que la guerre d'Algérie a officiellement pris fin. Le 18 mars 1962, Krim Belkacem, l 'ancien chef maquisard de Kabylie, apposait sa signature à côté de celles de trois ministres français sur le long texte des accords d'Evian. Le lendemain, à 12 h 30, c'était le cessez-le- feu dans toute l'Algérie. Depuis, la mémoire de la France s'est figée sur cette date symbolique. Des rues, des places portent la date du 19 mars 1962, comme d'autres avaient été baptisées 11 novembre, 8 mai ou 18 juin.

Pourtant rien n'est simple quand il faut aborder le sujet de la paix en Algérie. La guerre d'Algérie remplit, paraît-il, nos consciences et cohabite avec Vichy dans la mémoire noire de la France. C'est un non-dit de l'histoire de France contemporaine, un non-dit qui a permis d'écrire des centaines de volumes. La paix, en revanche, a eu moins de suc- cès. Si d 'aucuns affirment aujourd'hui que la guerre d'Algérie n'est pas finie pour les Français, l'observa- tion de la bibliographie pourrait leur donner raison.

Il y a certes pléthore de titres. Des souvenirs

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militaires, genre algérien qu 'on cultiva dès avant la fin des hostilités, aux récits d'exode des pieds-noirs, en passant par les souvenirs des anciens partisans de l ' indépendance, le sujet a engendré un genre litté- raire. Parfois un prix vient couronner un roman ancré dans les années d'Algérie. L'issue du conflit n 'a pas eu le même succès qu 'un enlisement où cer- tains se complaisent encore.

Il y avait le général de Gaulle, et ses thurifé- raires, souvent mal avertis, ne trouvaient pas dans la politique algérienne de l 'homme du 18 juin de quoi augmenter la geste gaullienne. En face, les hommes du Gouvernement provisoire de la République algé- r ienne qui avaient mené à bien les négociations avec la France n'étaient pas décidés, dans une Algérie en constante ébullition, à jeter un regard serein sur les accords qu'ils avaient passés avec l 'ancienne puis- sance coloniale, et que l'Algérie nouvelle s'efforçait d'effacer.

Les acteurs des négociations ne voulaient pas être des témoins. A part les livres de Robert Buron et sutout de Bernard Tricot 1 les accords d'Evian n'avaient pas inspiré grand monde. Les diplomates sont manifestement moins bavards que les poli- tiques ou même les militaires. Il nous restait les Mémoires d'espoir du Général, morceau de rhéto- rique sans doute irremplaçable, mais comme devait me le faire remarquer un de mes interlocuteurs : ce n'était pas là qu 'on trouverait la vérité. Pour le reste, lorsque j'ai entrepris ce travail, il n'existait qu 'un opuscule de Jean Lacouture pour parler précisé- ment du sujet2.

A l'origine, il y a donc l'intention, un peu ambi- tieuse, de combler un vide bibliographique. Rien ne nous permettai t de faire une synthèse rapide et qui fût de notre temps. Ici, comme dans la plupart des sujets algériens, la parole était aux souvenirs, aux

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racines, à la mémoire. Plus j'avançais, plus fort était mon désir de parler de l'Algérie avec une voix qui ne serait plus celle des regrets.

Je n'ai, je dois l'avouer, aucune nostalgie sur l'Algérie. Je suis né en 1962, entre les accords d'Evian et la proclamation de l ' indépendance. L'Algérie n'est pas un enjeu majeur de ma mémoire. Je l'ai toujours connue, elle ne me fut jamais occultée. Ni plus, ni moins que l'affaire Dreyfus ou l'Occupation, elle a structuré ma conscience de jeune Français. Je dois ajouter qu'au début de ma recherche, j'avais choisi les accords d'Evian comme un point de départ, à un moment où l'Algérie d'aujourd'hui commençait à faire parler d'elle avec plus d'intensité. Partout, à l 'heure où l'on sentait crouler l'Etat FLN, de bonnes plumes invitaient à nous pencher sur les relations de la France avec ses anciens départements d'Afrique.

J'ai alors choisi d 'aborder la guerre par la paix, pensant retrouver ici les origines des lancinantes douleurs dont on parlait si souvent. Historien de for- mation, je partais à l'assaut d'un sujet qui échappait par définition à l'histoire telle qu 'on me l'avait apprise. Il n'y avait pas d'archives, rien qui pût me permettre d 'ancrer mon enquête. J'ai eu recours à l'histoire orale, cette méthode de journalisme a pos- teriori, qui consiste à interroger, par-delà les décen- nies, les hommes qui furent ou qui firent l'événe- ment.

J'ai ainsi rencontré d'anciens serviteurs de l'Etat, dont les noms n'évoquaient presque rien pour moi. Ici il n'y avait pas de Massu ni de Bigeard, rien de pittoresque. Je connaissais Bernard Tricot par la seule affaire néo-zélandaise de 1985. J'ai vu un homme dont la lucidité grave, trente ans après, m 'a plus appris sur l'Algérie que bien des lectures pas- sionnées et souvent passionnantes. Cette guerre, qui

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n'était autour de moi que bruit et fureur, djebel et fusillades, a pris ainsi le visage de l'Etat meurtri par un travail ingrat. Surtout, mes rencontres m'ont enseigné que la guerre d'Algérie n'était pas aussi vivante qu'on me le disait chaque jour.

Les hommes qui firent la paix en Algérie sont ceux du premier XX siècle. Le général de Gaulle était après tout un ancien de la Grande Guerre et il ne lui restait que dix ans à vivre lorsqu'il conduisit à son terme le désengagement de la France. Louis Joxe était né en 1901. Ses anciens collaborateurs m'avait, en 1991, déconseillé de rencontrer un grand vieillard dont la mémoire défaillait. Car c'était cela, les hommes de la paix en Algérie : non les témoins d'une époque cruelle, mais bien plutôt des acteurs de la vie de l'Etat, qui avait traversé une crise grave, mais combien moins tragique pour eux que les deux guerres mondiales. Après l'Algérie, Ber- nard Tricot avait pu se consacrer, avec le général Ailleret, en tant que secrétaire général de la Défense nationale, à la modernisation de l'appareil militaire de la France. Il y avait quelque peu oublié, avouait-il, l'Algérie. En 1967, devant les problèmes bud- gétaires, il avait décidé tout simplement de suppri- mer la présence française à Mers el Kébir.

« Finalement, tout cela c'est de l'histoire », m'a lancé un des négociateurs, puis se tournant vers moi : « Les gens qui sont nés au moment des accords d'Evian vont avoir trente ans, n'est-ce pas ? » Telle était sans doute la vérité. N'ayant pas eu, et pour cause, vingt ans dans les Aurès, je n'aurai jamais que l'âge d'un anniversaire, ce qui finalement n'est pas grand-chose.

Les accords d'Evian étaient sans doute un sujet de génération, mais c'est le métier d'historien qui me les rendit passionnants, et non le reflet sans cesse masqué d'une tragédie familiale à l'échelle de

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la France. Pour parler d'une paix, encore plus que d'une guerre sans nom, il faut retrouver les inter- locuteurs des deux camps, leurs espoirs et leurs déceptions. Pour un Français, il s'agit d'effectuer une véritable révolution copernicienne, puisque la guerre d'Algérie, qui est pour nous comme un satel- lite de notre passage à la modernité, demeure de l'autre côté de la Méditerranée l'irremplaçable épo- pée des origines. Aussi aurais-je aimé rencontrer ceux qui avaient fait les accords d'Evian pour le GPRA. C'était une démarche qui me semblait natu- relle.

Que dire ? Que Krim Belkacem fut retrouvé un jour de 1970 étranglé dans une chambre d'hôtel de Francfort, victime de la Sécurité militaire de son vieil adversaire, Houari Boumedienne. Que Moham- med Ben Yahia a trouvé la mort dans le ciel d'Iran en 1982. Que Ferhat Abbas ou Ben Khedda, les deux pharmaciens, sont retournés finir leurs jours dans la disgrâce... Un homme seulement m'a manqué, c'est Saad Dahlab, qui fut pour les Français le seul homme d'Etat de l'affaire. Frappé d'hémiplégie, le ministre des Affaires étrangères de l'époque est le seul absent que je déplore vraiment.

Si les hommes sont morts, leur histoire est maintenant en train de quitter l'épopée naïve. Il y a dix ans, Mohammed Harbi, un vétéran de la révolu- tion algérienne, nous a ouvert la voie de la critique. En publiant son FLN, mirage et réalité, il a montré qu'on pouvait faire des vraies recherches sur l'Algé- rie. Dans un autre temps, j'aurais peut-être décou- vert la guerre d'Algérie par Henri Alleg ou Yves Courrières. Il faut que cet ancien militiant du PPA- MTLD soit ici tout spécialement cité pour avoir guidé, à travers ses livres, un Français de ma généra- tion dans le nationalisme algérien.

Avant d'entrer dans les accords d'Evian, j'ai

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plongé dans le monde algérien, un univers musul- man. J'ai essayé de comprendre ce que des années de combat pour la justice nous avaient fait oublier. Les Algériens ne voulaient pas qu'on leur rende leurs droits bafoués, au mépris des principes de la République. Ce n'était pas contre la torture, la pri- son ou la mort qu'ils luttaient d'abord. C'était pour construire un Etat-nation, semblable aux autres. En prenant l'Algérie par le biais d'Evian, j'ai vu que je n'étais pas en train de remuer une nouvelle fois le drame national, de réveiller la mémoire des humi- liés et des offensés. Il s'agissait seulement de voir naître, de l'autre côté de la Méditerranée, dont on disait qu'elle traversait la France comme la Seine traverse Paris, un pays, bien avant de libérer des hommes.

Ainsi ai-je compris que la cause de l'Algérie, et peut-être celle de tout le monde colonial, n'est pas réductible à l'application universelle de nos prin- cipes de 1789. Ce que mes maîtres de l'école républi- caine m'avaient appris pendant les années soixante et soixante-dix, je l'ai un peu plus oublié. Il n'est pas question ici de la France qui se serait retrouvée avec elle-même après s'être dévoyée dans les djebels d'Afrique. Je veux simplement parler de la fin d'une guerre, de la naissance d'un pays, et des difficultés qui s'en suivirent. Je ne crois plus qu'il y ait eu ici des bons et des méchants. Mais la fin d'un monde et le début d'un autre.

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Chapitre premier

LA PAIX IMPOSSIBLE

Dès la fin de l 'année 1958, une fois apaisées les fièvres du printemps et de l'été, une seule certitude sur l'issue du conflit existait : la paix en Algérie passerait par le général de Gaulle. Même si l'effort militaire allait être plus important encore sous la V République que sous la I V l'idée, souvent caressée auparavant, qu 'on parviendrait tôt ou tard au dernier « quart d 'heure » allait s'imposer. Le Général était homme à t rancher le nœud gordien. Chacun s'en persuadait, y compris certains natio- nalistes algériens, frottés à l'histoire récente de la France Beaucoup projetaient sur de Gaulle des espoirs personnels dont il devait être l ' instrument, qu'ils soient libéraux ou partisans de l'Algérie fran- çaise. Ainsi Jacques Soustelle, artisan parmi d'autres du retour de l 'homme qu'il avait tant admiré depuis 1940, pensait que son ancien chef de la France libre saurait garder l'Algérie dans la République. D'autres, par souvenir de la période algéroise du Général, étaient plus sceptiques, sans doute parce que plus rancuniers. L'attente d'un geste spectaculaire concernant les hostilités elles-

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mêmes était cependant partagée par beaucoup, dans tous les camps.

Les choses furent lentes pourtant à se décanter. Le 23 octobre 1958, au cours d'une conférence de presse qui annonçait un rituel de la République gaullienne, le Général faisait sa première offre, celle de la « paix des braves », aux combattants du FLN. « Que vienne la paix des braves, disait-il, et je suis sûr que les haines iront en s 'e f façant » On sait que le GPRA devait refuser une proposition qui restait pour les nationalistes algériens dans la lignée des pacifications coloniales d'antan. Il était hors de pro- pos qu'ils acceptent le destin qui avait fait, un siècle plus tôt, de l'émir Abdelkader l'otage de la France. Cette « paix des braves », critiquée a posteriori comme une erreur d'interprétation du Général, trop confiant dans son charisme 3 n'eut pas le résultat escompté. Plus que la nature de l'offre, c'était la façon de parler de la rébellion qui était nouvelle : « ...je dis sans ambages que, pour la plupart d'entre eux, les hommes de l'insurrection ont combattu cou- rageusement. » Une telle formule, dans la bouche même du chef du gouvernement français, tranchait avec les propos enflammés sur les « terroristes » et autres « voleurs de chameaux » qui avaient eu un certain succès chez les hommes de gauche qui avaient précédé le général de Gaulle. Avant d'être une politique nouvelle, l'action du général en Algé- rie se faisait sur un ton nouveau.

On doit cependant admettre que de Gaulle, quelle qu'ait été son idée profonde, n'était pas un pionnier de la paix en Afrique du Nord. Malgré les déclara- tions fracassantes comme celles de François Mitter- rand sur la guerre comme seul moyen de négocia- tion, l'idée d'une issue du conflit qui ne passerait pas forcément par l'écrasement pur et simple de la rébellion n'était pas étrangère à bien des dirigeants

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de la I V Et c'était, entre autres, pour empêcher un libéral gouvernement Pflimlin, suspect de vouloir la paix, que la foule algéroise s'était soulevée le 13 mai 1958. Jamais, cependant, on n'avait su mêler avec cette perfection toute gaullienne le langage de la fer- meté et celui de l'ouverture. De Gaulle, dès 1958, avait pris un rendez-vous avec la mémoire des Fran- çais : il serait l'homme de la paix en Algérie, celui qui d'une façon ou d'une autre mettrait fin à la crise qui durait depuis près de quatre ans.

Mendès, la République et l'Algérie

La conception républicaine de l'Algérie, qui asso- ciait les territoires conquis au sol national, était pro- fondément originale. Aucune puissance coloniale majeure n'avait jamais agi ainsi à l'égard d'un terri- toire d'outre-mer. Etrangère au raisonnement bri- tannique sur le statut des colonies, la pensée des républicains français sur l'Algérie était unique dans notre propre empire.

Seul le Portugal du docteur Salazar, en provincia- lisant ses possessions africaines, poussa à ce point l'osmose entre les colonies et la métropole. D'où l'obstination ruineuse de Lisbonne à maintenir une tutelle coloniale conçue comme une intégrité natio- nale. La seule politique comparable, pratiquée à l'égard de pays également en majorité musulmans, était l'intégration du Caucase et de l'Asie Centrale dans l'ensemble russe puis soviétique. Ce modèle, perçu alors comme en partie réussi4, retenait l'attention de ceux qui s'intéressaient au destin de l'Algérie française. Curieuse ironie de l'histoire. Après 1962, de Gaulle, libéré de l'obstacle algérien pour enfin être analyste de l'ordre du monde, avan- cera qu'un des problèmes majeurs de l'URSS, serait,

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un jour, le fait qu'elle eût son Algérie à l'intérieur d'un espace national sans solution de continuité.

La France vivait au sujet de l'Algérie dans une illu- sion qu'on saisirait mal sans se remémorer les prin- cipes de l'identité républicaine. Après le royaume arabe de Napoléon III, fondé sur l'administration militaire et les relations établies entre officiers et notables locaux, la I I I République construisit en Algérie un modèle colonial spécifique. Le principe en était l'amalgame des populations européenne et juive dans la nationalité française. Ainsi, les immi- grés venus du bassin méditerranéen, finalement plus nombreux que les Français, et les juifs d'Algérie entrèrent-ils dans le corps de la nation France, pour ne plus la quitter pour la plupart. Alors que le Second Empire jouait sur la particularité « arabe » de l'Algérie, le régime suivant préféra l'absorption. Non pas celle, inconcevable, des populations arabes et berbères, supposées, mais celle d'éléments ayant choisi la République française. Cette notion de la volonté commune, fondement de la citoyenneté française, laissait, malgré le Code de l'Indigénat et les brimades de toutes sortes, une porte entrebâillée pour ceux qui atteindraient le degré de maturité nécessaire à l'adhésion à la France, sorte de récompense.

Dans l'imaginaire politique, l'Algérie était tout le contraire d'une prison des peuples. C'était un lieu où existait une France exemplaire, où le fils d'une immigrée espagnole à peine francophone pouvait devenir Albert Camus. Nulle part, sauf peut-être à Paris ou à Marseille, l'intégration de populations immigrées ne s'était faite avec autant d'aisance, offrant l'appartenance à la France à des hommes d'origines diverses. L'assimilation réussie de ceux qui allaient devenir les « pieds-noirs » devait en témoigner une nouvelle et dernière fois.

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Dans ce contexte républicain, que ne doivent jamais faire oublier des pulsions réactionnaires comme celles de l'époque de Vichy, on ne sera ainsi pas étonné de voir l'existence d'un fort courant radi- cal en Algérie, dont profita René Mayer, pour se constituer un fief à partir de Constantine. Les radi- caux d'Algérie savaient alors défendre l'Algérie fran- çaise au nom de la République, dont elle était un fleuron. Et ce fut à un représentant du radicalisme que devait incomber la tâche de prononcer le juge- ment de la République sur les liens entre la France et l'Algérie, pour constater l'impossibilité du divorce quand éclata l'insurrection.

Il y eut, dans les journées qui suivirent l'insurrec- tion du 1 novembre 1954, abondance de déclara- tions gouvernementales sur l'Algérie. Deux hommes étaient au premier plan. Le premier, ministre de l'Intérieur, était en charge directement des trois départements algériens. François Mitterrand, qui n'avait jamais eu jusqu'alors la réputation d'être un partisan effréné de l'empire, fit des déclarations for- melles : « L'Algérie, c'est la France. » Notons au pas- sage qu'on ne trouve nulle trace du corollaire resté lui aussi fameux : « La seule négociation, c'est la guerre », qui est plutôt une traduction littérale de propos très virulents.

Le président du Conseil intervint plus tard. Il fit lui aussi preuve d'une immense fermeté sur le thème de l'intégrité de la République. Comment le « bradeur d'empire » pouvait-il être le défenseur affirmé de l'Algérie dans la France ? La question s'est souvent posée par la suite, et ce qu'a pu dire Pierre Mendès France sur l'Algérie, retrouvant son engage- ment libéral au début de la V République, ne peut faire oublier la rigidité d'alors. Il est facile d'éluder en reconnaissant les contraintes parlementaires propres à la IV République. Elles n'avaient pourtant

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pas joué dans les crises précédentes. La méthode de Mendès, manifestée dans son énergique discours de Carthage en août 1954, quelques mois avant le début de la crise algérienne, avait mis fin à une tension menaçante, par le choix volontariste et lucide de la séparation. Il ne pouvait l'appliquer en Algérie. L'impossibilité de sortir de la vision contraignante d'une Algérie dans la République lui fit manquer la solution du plus douloureux problème d'outre-mer. Il faut ajouter que dans le cas de Mendès, la profon- deur de ses convictions républicaines était confortée par une vision laïque de la France recevant en son sein des communautés d'apparence hétérogène. Pour un homme dont l'enracinement remontait à l'accueil des juifs de la péninsule Ibérique dans le Sud-Ouest au XVI siècle, il était difficile de conce- voir que l'Algérie était irréductible à la République. Il y avait là-bas une communauté juive qui s'inté- grait magnifiquement, preuve supplémentaire de l'osmose qui se produisait en général sur le terri- toire national.

Pierre Mendès France envoya en Algérie un autre républicain viscéral, Jacques Soustelle. Protestant cévenol, membre d'une communauté à laquelle la Révolution de 1789 avait fini par rendre la totalité de son identité française, le gouverneur général de l'Algérie s'attacha bien davantage que le président du Conseil à l'identité française de l'Algérie. Cette époque connut assurément des ouvertures vers les nationalistes algériens. Jacques Soustelle et son col- laborateur, le commandant Vincent Monteil, multi- plièrent les contacts, tant auprès de personnalités modérées que de combattants prisonniers. L'entre- mise du professeur Mandouze, latiniste de l'univer- sité d'Alger, spécialiste de saint Augustin, fut aussi fort précieuse. Des noms apparaissent ici, comme ceux de Ben Khedda et de Kiouane, qu'on retrou-

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vera par la suite dans les négociations. On ne traitait pas avec le FLN, mais avec des hommes qui, se trou- vant sur ses marges, pouvaient reconnaître la géné- rosité de la France. Abderahmane Kiouane était un produit de l'enseignement secondaire français. Il concevait aisément une solution modérée, passant par l'autonomie interne 5 Ben Khedda, futur pré- sident du GPRA, pharmacien comme Ferhat Abbas, fut libéré en avril 1955, dans l'espoir qu'il servirait de médiateur. Il en profita pour rejoindre le FLN 6. Il n'y eut aucun résultat tangible. Rien dans toutes les manœuvres de l'époque Mendès ne pourrait se comparer avec les démarches entreprises par la suite. L'impossibilité de penser entièrement une séparation de l'Algérie avec la France dans un cadre qui ne serait pas celui de la République conduisait à l'impasse.

Le Front républicain et la paix en Algérie

Après l' « échec » de Mendès, vint celui du gouver- nement du Front républicain, échec qui devait demeurer comme celui d'un homme et d'un parti, Guy Mollet et la SFIO. La tache ne devait pas dispa- raître de sitôt, accompagnant la vieille maison de Blum jusqu'au tombeau dans les années soixante 7 Car c'était le même parti qui associerait son nom à l'enlisement et qui, au temps du Front populaire, avait proposé l'avancée, timide mais significative, du projet Blum-Viollette 8

Les socialistes français n'avaient pas eu le beau rôle en Indochine. Ils manquèrent la solution en Algérie. La campagne électorale de l'hiver 1955, qui faisait suite à la dissolution de l'Assemblée nationale par Edgar Faure, n'était en rien belliciste. Elle pré- sentait un triptyque destiné à devenir fameux : ces-

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sez-le-feu, élections, négociations. L'ordre des mots était d'une importance capitale. Pierre Mendès France y participa en tant qu'homme des issues radi- cales dans les crises indochinoise et tunisienne. On pouvait ainsi dégager deux grandes orientations dans le programme algérien du Front républicain. La première était une mesure qu'on qualifiera d'« assainissement » des mœurs politiques en Algé- rie : il s'agissait en effet de dissoudre l'Assemblée algérienne issue des élections de 1947, lesquelles avaient été notoirement truquées par l'administra- tion du gouverneur Naegelen, lui-même socialiste. Le second axe pourrait se résumer en une volonté de développement économique et social, préalable généreux à tout effort politique réel. On retrouvera ce type de décisions en 1958, lorsqu'en accompagne- ment de l'égalité civique, promise dès le 4 juin, le gouvernement du général de Gaulle lancera le plan de Constantine, entreprise de promotion écono- mique et sociale des Algériens.

Les projets généreux du gouvernement de Front républicain de Guy Mollet tournèrent vite court. Au vieux général Catroux, gaulliste de 1940 et réputé libéral, le président du Conseil préféra, sous la pres- sion de la rue algéroise, Robert Lacoste, qui devint ministre résident en Algérie. La réforme du statut inégal de 1947 fut ajournée, en attendant un éven- tuel cessez-le-feu. Ici aussi, le parallèle avec la poli- tique gaulliste après 1958 est assez éclairant. Jusqu'à ce que s'engagent vraiment des négociations avec le FLN à Evian, le préalable du cessez-le-feu, ou pour le moins d'une trêve, revient en permanence dans la politique algérienne de la France. Le 21 mai 1961, la délégation algérienne sera accueillie par l'annonce d'une trêve unilatérale à Evian, annonce aussitôt rejetée comme une manœuvre. En revanche, la République gaullienne sera immédiatement plus

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généreuse sur la question du statut des électeurs musulmans d'Algérie, offrant l'égalité pleine et entière des suffrages dès le 4 juin 1958.

L'aporie que constituait la politique du gouver- nement Mollet transparut dès son investiture du 1 février 1956. Celle-ci pouvait se résumer comme suit : faire la paix et mettre un terme au terrorisme. Faire la paix, c'était ici bien plutôt pacifier, avec le renfort des soldats du contingent. La pacification s'accompagna, comme l'avait prévu le programme de la gauche non communiste, de mesures écono- miques et sociales qu'il n'est pas dans mon propos d'exposer ici. La cohérence de la politique française d'alors apparaît, avec le recul, sans doute plus grande que ne le voulaient les critiques qui ne tar- dèrent pas à fuser, venant de la droite comme de la gauche. Peu différente des mesures qui seront prises dans la première phase des responsabilités algé- riennes du général de Gaulle, avant l 'annonce de l 'autodétermination, elle pouvait évoquer nombre d'entreprises françaises en situation coloniale diffi- cile. Les principes appliqués étaient simples : trans- férer certaines responsabilités, plutôt que du pou- voir, vers les populations locales, tout en renforçant l'effort militaire. En Indochine, les envoyés les plus inspirés de la République n'avaient pas agi autre- ment, à commencer par de Lattre, combinant une accélération de la vietnamisation avec la stabilisa- tion des fronts face aux troupes de Giap. La même politique avait par ailleurs contribué à faire de l'opé- ration de Diên Biên Phu le désastre que l 'on sait. En voulant à tout prix arriver sur le tapis vert d 'une négociation avec l 'ensemble des cartes militaires en main, la France avait poussé à l 'ultime confronta- tion. En Algérie, la situation militaire était sans commune mesure, mais la volonté de ne pas céder était fort semblable.

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La véritable originalité de la politique entreprise à partir de 1956 par le gouvernement français se trou- vait ailleurs. Jusqu'à ce moment, on avait refusé de négocier avec une rébellion d'abord mal identifiée, puis rejetée comme étant manipulée par des intérêts étrangers, montrant ainsi du doigt l'Egypte du colo- nel Nasser. En 1956, quand la situation militaire s'améliora, d'abord grâce aux renforts venus de métropole et d'Allemagne, la négociation apparut être une porte ouverte. Il y eut ainsi, entre le mois d'août 1956 et l'enlèvement d'Ahmed Ben Bella et de ses compagnons le 22 octobre 1956, une période propice, où la gauche française eût peut-être pu obtenir ce qui serait fait sous une autre République.

Chaque fois qu'il a évoqué l'épisode fameux du détournement de l'avion marocain qui devait conduire à Tunis ceux qu'on présenterait à l'opinion française, avec une certaine emphase, comme les chefs de la rébellion, Ben Bella a laissé entendre qu'on était proche d'un accord identique à celui qui fut obtenu plus de cinq ans après à Evian 9 Sans vou- loir se livrer à des spéculations sur cette hypothèse, il est bien sûr tentant de se demander pourquoi un gouvernement de gauche, dominé par une SFIO sans doute beaucoup moins colonialiste que sa répu- tation posthume ne le fait croire, a échoué dans une telle entreprise. L'explication traditionnelle de l'abus de pouvoir commis par ceux qui décidèrent l'arrestation des dirigeants du FLN, pour satis- faisante qu'elle puisse être, surtout à la lumière de certains comportements civils et militaires en Algé- rie par la suite, laisse sur sa faim.

Les faits qui précédèrent l'« incident » du 22 octo- bre 1956 méritent d'être narrés ici, sorte de préam- bule aux véritables négociations qui commencèrent avec la décennie soixante. En août 1956, les services de renseignements français eurent la certitude de

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pétrole, à la différence des colons dont on avait nationalisé la terre. L'esprit d'Evian était à peu près sauf, dans la mesure où la France n'était pas per- dante dans le domaine pétrolier, prioritaire parmi toutes les questions économiques.

A la fin de l'année 1991, l'Algérie a annoncé qu'elle se préparait à privatiser l'exploitation des hydrocarbures. Le GPRA ne s'était pas beaucoup battu à Evian pour le pétrole. Peut-être avait-il rai- son, puisque celui-ci ne rendit sans doute pas grand service aux Algériens en les rendant tributaires à l'extrême d'une unique source de r e v e n u s

Le duo difficile

Les relations franco-algériennes ne se placèrent pas simplement sur le terrain du pétrole. Comme l'avaient prévu les accords d'Evian, il fallait avant tout penser aux hommes. Le problème était pourtant singulièrement simplifié par le départ des Français d'Algérie dès l'été 1962.

Ceux-ci demeurèrent cependant la principale préoccupation des hommes qui avaient en charge le dossier algérien. A partir de janvier 1963, Jean de Broglie succéda à Louis Joxe au secrétariat d'Etat aux affaires algériennes, tandis que Georges Gorse, qui avait été autrefois pionnier de la négociation avec le FLN, s'installait à Alger comme notre deuxième ambassadeur. Leurs efforts se concen- trèrent vainement sur le cas des personnes dispa- rues.

Pour les biens abandonnés par les Français, en particulier les terres agricoles, les difficultés se firent rapidement sentir. Ahmed Ben Bella se tenait en effet à sa logique d'un socialisme à base rurale ; un des fondements de son alliance avec Boume-

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dienne. En 1963, il nationalisa les terres françaises, déclarant alors se moquer des accords d'Evian.

« Cet homme-là ne nous veut pas de mal », disait de Gaulle après avoir reçu le président de la Répu- blique algérienne au château de Champs en 1964. Et de fait, c'était, comme à chaque fois, une logique interne qui poussait Ben Bella à agir. Celle-ci heur- tait la France, mais ce n'était pas le but recherché. Coincé dans des problèmes internes difficilement solubles, Ben Bella allait de l'avant dans son projet simple et finalement mûri de longue date.

Il y avait un domaine dans lequel les accords d'Evian eussent pu jouer un rôle éminent. C'était l'immigration algérienne en France. Le texte de mars 1962 prévoyait la libre circulation des per- sonnes, et permettait de facto un exutoire au sous- emploi dont souffrait la société algérienne. Il fallut en fait réglementer dès 1964 le flot de main-d'œuvre venu Algérie, où plus des deux tiers des actifs étaient au chômage en 1962. Même si de Gaulle, au soir du 19 mars, parlait à la France des échanges qui se feraient inévitablement avec les anciens départe- ments algériens, nul n'avait songé que l'Algérie maintiendrait ainsi sa présence sur le territoire fran- çais à travers près d'un million de ressortissants.

Paradoxalement, on avait discuté à Evian une situation qui n'exista jamais, celle d'un million de « pieds-noirs » dans l'Algérie indépendante. En revanche, personne n'envisageait ce que serait, trente ans plus tard, le problème de la nationalité et de la citoyenneté d'un chiffre à peu près équivalent d'Algériens en France.

Le seul héritage d'Evian qui sut se maintenir jusqu'en 1988 fut l'édifice scolaire et culturel. Conçu pour protéger les droits des Européens, il servit davantage à l'élite locale qui les avait remplacés. Peu de temps avant d'entrer dans les turbulences, au

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cours de l'été 1988, les Algériens décidèrent d'arabi- ser les établissements scolaires francophones. A l'horizon 2000, l'ensemble du pays devra être ara- bisé.

La revendication première, celle qui était partie du mouvement des oulémas dans les années trente, sera-t-elle enfin satisfaite? Les islamistes du FIS croient fermement que cette arabisation engendrera une Algérie nouvelle. En tout cas, trente ans après Evian, le rêve d'un pays arabe et musulman retrou- vant l'unité dans l'indépendance semble ne pouvoir se réaliser que dans la douleur. Mais ce n'est plus l'affaire de la France.

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CONCLUSION

Au début de l'année 1992, la France pense de nou- veau avec insistance à l'Algérie. Mais elle ne la conçoit plus comme ce monde méditerranéen si proche, où se déroulait une tragédie qui avait partie liée avec notre destin national. La télévision nous renvoie l'image d'une Algérie exotique, orientale, sombre. Naguère elle était une démocratie populaire sous le soleil, aujourd'hui elle est un chaudron de l'Islam.

Les experts parlent, comme jamais ils ne l'avaient fait auparavant. Aux spécialistes du tiers-monde ont succédé les professionnels de l'Islam. Ils décrivent l'Algérie comme les plus arabisants des membres du FLN ne l'auraient jamais rêvé 1 Sans doute n'est-ce pas là la voie de la compréhension, mais la crainte de l'intégrisme algérien prouve un fait : le divorce entre la France et l'Algérie, voulu par le général de Gaulle, est maintenant une réalité.

La France perçoit maintenant l'Algérie comme étrangère. Les accords d'Evian, tout en ménageant une association qui n'a jamais existé, avaient créé les conditions de cette dépossession. Nous sommes désormais séparés de l'Algérie.

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Curieusement, lorsque il s'agit d'aborder l'his- toire, la barrière tombe de nouveau. L'Algérie n'est plus le lieu où s'agitent les barbus, mais une clef de notre mémoire. Elle est le monde du souvenir, du remords, de la nostalgie. Son histoire est toujours dramatique, tragique. Les Français réfléchissent encore à l'Algérie comme on concevait la Révolu- tion française au siècle dernier : une succession de journées, de coups de théâtre et de retournements. Il est grand temps qu'elle devienne au contraire un objet d'histoire, et non un perpétuel enjeu d'une actualité qui paraît s'être figée en 1962.

Pour cela, il faudrait que la France assimile le sens véritable du changement de République en 1958. La V n'est ni le retour de la I I I ni le prolongement de la I V expliquait-on naïvement lorsque fut promul- guée la nouvelle Constitution. Cela va au-delà du simple bouleversement institutionnel. L'articulation des années soixante est à la fois politique et cultu- relle. En choisissant le général de Gaulle pour entrer dans la modernité, les Français ont opté pour la nation, et non pour la cité.

Dans la France qui s'est édifiée pendant la décen- nie qui a suivi la guerre d'Algérie, les travailleurs algériens qui venaient contribuer à la croissance économique sont devenus des étrangers avec une aisance qui surprendrait sans doute les hommes du premier XX siècle. C'est que l'entrée dans l'époque immédiatement contemporaine a été égalemnt pour la France le début d'un âge nouveau pour l'identité nationale.

La crise de celle-ci, qui passe par le régionalisme ou les batailles autour du Code de la nationalité, a de fait commencé avec la fin de l'Algérie française. A Evian, les négociateurs français ont cherché à trou- ver une solution au problème des Européens d'Algé- rie. L'échec des accords est celui de la dernière ten-

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tative pour penser la France autrement que comme un espace hexagonal et sans solution de continuité.

En face, l'Algérie nouvelle s'est bâtie sur le mépris de ce qui avait été décidé à Evian. Pouvait-il en être autrement? Le choix des armes, tel qu'il avait été fait par l'OS, il y plus de quarante ans, a marqué de façon indélébile l'histoire de ce pays. Quand il assiste à la victoire des barbus du FIS, Hocine Ait Ahmed a, le 27 décembre 1991, le réflexe de rappe- ler l'OS et l'éventualité d'un recours aux armes et à la clandestinité. La culture politique de tout un pays a été attirée vers l'action. Evian ne peut donc être une base satisfaisante pour construire une identité nationale. Il faut cette étincelle minimale de gloire sans laquelle une conscience nationale est peu de chose. L'Algérie de Boumedienne l'a façonnée en réécrivant une histoire guerrière et fabuleuse.

Au bout du compte, il reste un texte méconnu de quatre-vingt-treize pages, qui n'est ni l'aboutisse- ment des espérances profondes de la France et de l'Algérie, ni l'aube d'une ère nouvelle. Les accords d'Evian sont d'abord le symptôme d'une façon d'envisager la diplomatie qui va conforter les Fran- çais dans le choix d'un régime qui les a tenus à l'écart d'une crise majeure depuis trente ans. Pour les Français d'aujourd'hui, ils marquent comme une fin de l'histoire, une régression du politique au profit de l'appareil d'Etat. Pour les Algériens, ils sont le souvenir méconnu d'une transition vers l'apparition du fait national. Rien que pour cela, ils n'ont pas été totalement inutiles.

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NOTES

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NOTES DE L'INTRODUCTION

1. Le livre de Bernard Tricot, Les Sentiers de la paix en Algé- rie, Paris, Plon, 1972, est le meilleur à ce jour sur la période.

2. Jean Lacouture, Algérie, la guerre est finie, Bruxelles, Complexe, 1985.

NOTES DU CHAPITRE PREMIER

1. C'était le cas de Ferhat Abbas, ancien leader de l'Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA), rallié au FLN en 1956, et qui allait devenir le premier président du Gouverne- ment provisoire de la République algérienne. Au cours d 'un entretien à Montreux, en février 1958, il avait confié ses espoirs à Jean Lacouture, alors journaliste au Monde. Cf. J. Lacouture, op. cit., p. 19.

2. Cf. le texte complet de la conférence de presse dans Ch. de Gaulle, Discours et messages, t. III, Le Renouveau, Paris, Plon, 1970, p. 51-60.

3. Cette trop grande confiance en lui manifestée par de Gaulle sur la question algérienne est un thème récurrent de l'historio- graphie. Cf. la postface que Jacques Julliard a faite en 1980 à La IVe République, Paris, Calmann-Lévy, 1968, p. 218. Le seul tra- vail universitaire sur la paix en Algérie, une thèse soutenue à Genève, arrive à une conclusion voisine, mettant en avant cet « abus de charisme » : Fabien Dunand, L'Indépendance de l'Algé- rie, décision politique sous la Ve République (1958-1962), Berne, Peter Lang, 1977, en particulier p. 215-216.

4. Avant d'être analysée dans L'Empire éclaté d'Hélène Car- rère d'Encausse, la question de l'Islam en URSS a été traitée par

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des connaisseurs de l'Islam maghrébin, comme Vincent Mon- teil, qui fit une œuvre pionnière avec Les Musulmans sovié- tiques, Paris, Seuil, 1952. L'ouvrage figurait en bonne place dans la bibliothèque de l'ancien « patron » de Monteil au Gouverne- ment général de l'Algérie. De même, Hélie Denoix de Saint- Marc devait mettre à profit sa détention après le putsch d'avril 1961 pour étudier le sujet.

5. Pour connaître les orientations des militants historiques (entrés dans l'action politique avant 1954) du mouvement natio- nal algérien, nous possédons désormais un instrument pré- cieux : Benjamin Stora, Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, Paris, L'Harmattan, 1985. Sur Kiouane, cf. p. 289.

6. Cf. Stora, op. cit., p. 274. 7. Jusqu'à la naissance du PS, et sans doute au-delà, la cri-

tique imparable des autres parties de la gauche contre les socia- listes étaient celle du colonialisme. Sur les difficultés de la SFIO, cf. in J.-P. Rioux, La guerre d'Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990, p. 225-234, l'article de Marc Sadoun, « Les socia- listes entre principe, pouvoir et mémoire ».

8. En 1936, un projet, fondé sur l'avancement des musulmans s'étant distingués pendant la Grande Guerre, échoua sous la pression des représentants de la communauté européenne.

9. Sur ce point précis de la carrière de Ben Bella, on peut consulter le livre de Robert Merle, Ben Bella, Paris, Gallimard, 1965.

10. Cf., plus loin, « Un projet insurrectionnel et révolution- naire ».

11. Les deux hommes se retrouveraient en première ligne à l'heure de la négociation avec la France du général de Gaulle.

12. Cf. R. Merle, op. cit. 13. Un des enjeux majeurs, sinon le plus important, était le

congrès de Lille de la SFIO, et la position de Mollet devant les militants. Un succès diplomatique en Algérie l'eût sans doute conforté.

14. Cf. Christian Pineau, Suez, Paris, Robert Laffont, 1976. 15. Encore dans les propos qu'il tient sur le détournement du

DC3 marocain dans la série d'émissions de Radio France, La guerre d'Algérie, en 1987, Ben Bella affirme qu'on était proche alors d'un accord semblable à celui d'Evian.

16. Mouvement national algérien. Cf., plus loin, « Un projet insurrectionnel et révolutionnaire ».

17. Sic. 18. Gouverneur général au moment de la Libération, réputé

libéral. 19. In Pierre Mendès France, Œuvres complètes, t. IV, Pour

une République moderne, Paris, Gallimard, 1987. 20. Renvoyons ici au livre hagiographique d'un homme, alors

ministre de l'Information, qui fit l'éloge de la grandeur de vue de De Gaulle sur l'Algérie : Louis Terrenoire, De Gaulle et l'Algé- rie. Témoignage pour l'histoire, Paris, Fayard, 1964.

21. La biographie de Jean Lacouture fait maintenant autorité

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pour suivre pas à pas le Général et ses retournements. J'y ren- voie le lecteur curieux des sinuosités de la pensée gaullienne.

22. La I I I République aimait penser sa présence en la compa- rant à celle de Rome. Dans ce cas, le modèle était celui d 'une lente assimilation, au moyen de statuts juridiques hiérarchisés, mais communiquant les uns les autres.

23. Article paru dans L'Entente du 23 février 1936, très souvent reproduit. Cf. Ferhat Abbas, La Nuit coloniale, Paris, Jul- liard, 1962, p. 129-130.

24. Ce texte de Cheikh Ben Badis fut publié en réponse à Fer- hat Abbas dans la revue Ech-Chihab d'avril 1936. Il est cité dans la synthèse algérienne la plus complète sur le nationalisme algé- rien, L'Algérie en armes, de Slimane Chikh, Paris, Economica, 1981, p. 39.

25. Cf. le chapitre sur « L'enjeu saharien ». 26. Pour certains de ses adversaires, Ferhat Abbas éprouvait

des difficultés à s 'exprimer dans une langue autre que le fran- çais.

27. Armée de libération nationale. 28. L'intérêt pour Boumedienne a été fort tardif en France.

Cf. la notice dans B. Stora, op. cit., p. 246. 29. Entretien avec Bernard Tricot, le 7 novembre 1991. 30. Les relations du FLN avec le renouveau de l'Islam en

Afrique du Nord sont anciennes et complexes. Aussi doit-on considérer avec un certain recul le discours présent, qui simpli- fie les tensions algériennes entre un Etat et une armée laïque et un FIS religieux. Ben Bella et Boumedienne n 'ont pas voulu d'une Algérie à l'image d'un Proche-Orient ba'asiste, et la nais- sance d'un Etat moderne en Algérie ne s'est pas faite comme en Syrie ou en Irak sur des bases laïques.

31. Cf. Mohammed Harbi, Le FLN, mirage et réalité, Paris, Jeune Afrique, 1980, p. 193.

32. Bernard Tricot se souvient des villages de la Kabylie en guerre où l 'on rencontrait des hommes vêtus à l 'européenne, arrivés depuis parfois moins d'une semaine de Paris ou de sa banlieue. Les militaires lui avaient montré des cartes où l'on pouvait voir la concordance entre les douars de Kabylie et la répartition de la population nord-africaine de certains quartiers de Paris. Cette interpénétration entre la France et la Kabylie était voulue de longue date par la France qui avait choisi de pri- vilégier l 'élément kabyle dans la main-d'œuvre accueillie pen- dant la Grande Guerre.

33. Dès 1949, au sein du MTLD, s'était déclarée une crise ber- bériste, dont le jeune Aït Ahmed était l 'un des animateurs. Aujourd'hui, le même Ait Ahmed navigue encore sur les flots de la laïcité en Kabylie avec son Front des forces socialistes, dont l'activité, on l'oublie souvent, remonte à 1963.

34. Cf. André Nouschi, La Naissance du nationalisme algérien, 1914-1954, Paris, Ed. de Minuit, 1962.

35. Texte in M. Harbi, Les Archives de la révolution algé- rienne, Paris, Jeune Afrique, 1981, p. 15-49.

36. Cf. M. Harbi, Le FLN, mirage et réalité, p. 197.

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37. Il n'existe pas d'étude française comparable aux travaux de Mohammed Harbi. Trente ans après Evian, notre discours sur le FLN oscille entre la condamnation et la déception.

NOTES DU CHAPITRE II

1. Cette déclaration du commandant de Saint-Marc à son pro- cès est citée par Challe lui-même dans son livre, Notre révolte, Paris, Presses de la Cité, 1968.

2. Cf. le récit que fait Bernard Tricot de la tournée en Algérie du général de Gaulle en août 1959 dans Les Sentiers de la paix, p. 107-110.

3. Le harki soldat de la France est devenu un mythe majeur de l'Algérie française. Son destin s'est condondu avec celui des combattants nord-africains des deux guerres, alors que pour bon nombre d'officiers, le rôle de la plupart des harkis était fort dis- cutable. Cf. les entretiens du général Buis avec Jean Lacouture, parus en 1975 au Seuil sous le titre de Fanfares perdues, en parti- culier p. 206-209. Les plus opérationnels des harkis venaient des maquis de l'ALN, et avaient lié leur sort aux armes de la France. Combattants aguerris, ils accompagnaient les commandos de chasse du plan Challe en première ligne. Mais sur les 120 000 musulmans dont parle de Gaulle dans son discours du 16 sep- tembre 1969, ils étaient peut-être 10 %.

4. Cf. le chapitre « Une guerre perdue ». 5. Cf. Christian Destremau, Jérôme. Hélie, Les Militaires,

Paris, Olivier Orban, 1990. On lira également la biographie d'Hélie de Saint-Marc de Laurent Becarria, Paris, Plon, 1989.

6. Cf. aussi plus loin le chapitre « La paix orpheline ». 7. Entretien avec Claude Chayet le 4 décembre 1991. 8. Cf. Jacques Soustelle, L'Espérance trahie, Paris, Editions de

l'Aima, 1962, p. 58. 9. Cf. Bernard Tricot, op. cit., p. 29. 10. Cf. plus loin le chapitre « La paix orpheline ». 11. Sur le plan de Constantine, outre le rapport publié par

l'Etat, on consultera l'article de Daniel Lefeuvre in J.P. Rioux, op. cit., p. 320-327, « L'échec du plan de Constantine ».

12. Cf. Ch. de Gaulle, op. cit., p. 48-51. 13. Entretien avec Yves Roland-Billecart le 6 décembre 1991. 14. Cf. M. Harbi, p. 235-239. 15. L'épisode qui précède le discours sur l'autodétermination

est narré en détail par Bernard Tricot, op. cit, p. 101-110. 16. Cf. Ch. de Gaulle, op. cit., p. 117-123. 17. Cf. M. Harbi, op. cit., p. 258-259. 18. Cf. Ch. de Gaulle, op. cit., p. 136. 19. Cf. M. Harbi, op. cit., p. 251-257. 20. Cf. B. Tricot, op. cit., p. 175-184. 21. Cf. également les notices biographiques de Si Salah et Si

Mohammed in B. Stora, op. cit. 22. Cf. Ch. de Gaulle, op. cit., p. 224-229. 23. L'avion de Mohammed Ben Yahia s'est écrasé en Iran

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pendant qu'il participait aux négociations entre les deux pays musulmans en 1982.

NOTES DU CHAPITRE III

1. Cf. B. Tricot, op. cit., p. 200-201. 2. F. Abbas, Autopsie d'une guerre, Paris, Garnier, 1980,

p. 293-294. 3. Conséquence de l'affaire de l'U2. 4. La fameuse formule date de cette époque. 5. Texte du rapport in M. Harbi, Les Archives de la révolution

algérienne, p. 303-311. 6. Cf. J. Lacouture, op. cit. 7. Ces indications sur Louis Joxe nous ont été données par

Vincent Labouret. Voir, sur ce sujet précis, son article dans Espoir, publication de l'Institut Charles-de-Gaulle, de juin 1991.

8. Entretien avec Vincent Labouret le 11 décembre 1991. 9. Comité français de la libération nationale. 10. Entretien avec Claude Chayet le 4 décembre 1991. 11. Olivier Long, Le Dossier secret des accords d'Evian, Lau-

sanne, Editions 24 heures, 1988. 12. Et non à Berne, comme on peut le lire parfois. Cf.

J. Lacouture, op. cit, p. 59-60. 13. Cf. B. Tricot, op. cit., p. 225-233. 14. Dans un petit livre, Les Accords d'Evian, Alger, Publisud,

1986, témoignage rare et précieux. 15. Cf. plus loin le chapitre «Le Sahara ». 16. Cet hymne « Oassaman », « témoignons », est en arabe lit-

téral, et ses paroles évoquent l'Islam et ses martyrs. 17. Cf. Ch. de Gaulle, op. cit., p. 310-314.

NOTES DU CHAPITRE IV

1. L'hôtel a été vendu en appartements. 2. Nous empruntons ici à Bernard Tricot, à son livre comme à

son témoignage oral, une bonne partie de nos sources. 3. Entretien avec Bernard Tricot le 7 novembre 1991. 4. Entretien avec Claude Chayet le 11 décembre 1991. 5. Cf. J. Lacouture, op. cit., p. 74. 6. Entretien avec Vincent Labouret le 18 décembre 1991. 7. C'était ainsi que l'on désignait le vieux leader parmi ses

partisans. Le Zaïm, c'est le président, avec en outre une nuance de respect marquée.

8. Son père était un ami personnel du président Abbas. Cf. F. Abbas, op. cit., p. 245.

9. Cf. F. Abbas, op. cit., p. 316-317. 10. Ainsi désignait-on les anciens membres du comité central

du MTLD. 11. Il est frappant de constater que nos positions sur ce point

sont restées les mêmes. Ainsi, la proclamation d'un Etat palesti-

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nien par l'OLP a entraîné une réaction de Paris sur l'absence de territoire de cet Etat. Plus proche de nous dans le temps, le pro- blème de l'indépendance croate s'est heurté à la définition des frontières du nouvel Etat, peu claire selon Paris.

12. Claude Chayet m'a montré cette photo de la table des négociations parue alors qu'il a conservée.

13. En revanche, Ben Bella et les « frères » détenus pouvaient bien sûr communiquer avec leurs avocats librement, y compris des avocats algériens.

14. Cf. Ch. de Gaulle, op. cit., p. 120. 15. Abbas pensait que l'Algérie était musulmane par essence.

Il l'a sans cesse affirmé et avait déjà tendu la main aux Euro- péens pour construire l'Algérie de demain dans une allocution du 17 février 1960.

16. Dans la bouche d'un Kabyle comme Krim, cette profes- sion de foi a une étrange sonorité.

17. Les Algériens mettaient ici le doigt sur la francité récente des « pieds-noirs », trait peu connu de l'opinion française.

18. Cf. B. Tricot, op. cit., p. 254-255. 19. Les données du problème sont exposées plus en détail au

chapitre suivant. 20. Cf plus loin, p. 129. 21. Cf. plus loin p. 155-157.

NOTES DU CHAPITRE V

1. En fait, l'avancée française s'était poursuivie au XX siècle, à la faveur de la politique audacieuse d'expansion marocaine. De cette époque datait le rattachement de Tindouf, dans les pays des Maures Réguibat, riche en minerai de fer.

2. On notera que les hydrocarbures, s'ils symbolisaient la richesse du Sahara français, n'étaient pas les seuls atouts miniers de ces régions méridionales. Il faudrait y ajouter le minerai de fer déjà cité de Tindouf, le charbon du Sud Oranais et les possibilités importantes bien qu'inexploitées du Hoggar.

3. Encore que, en 1956, dans une lettre à Eirik Labonne, ancien résident de France au Maroc, Ramadier, alors ministre de Guy Mollet, eût indiqué que le développement propre de la France ne devait pas être sacrifié aux ambitions sahariennes. Cf. Robert-Charles Ageron, in Histoire de la France coloniale, Paris, Armand Colin, 1990, p. 477.

4. Bien que le Mali de Modibo Keita fût un partenaire peu fiable, lance dans des stratégies de regroupement avec le Ghana et la Guinée, des Etats progressistes qui ne laissait présager rien de bon.

5. Cf. B. Tricot, op.cit., p. 257-265. 6. La meilleure synthèse sur la politique pétolière de la

France au Sahara est paradoxalement due à un historien alle- mand : Hartmut Elsenhans, Frankreichs Algerienkrieg 1954-1962, Munich, Carl Hanser Verlag, 1974. Cf. également in J.-P. Rioux, op cit, p. 316-319, l'article d'Hervé L'Huillier, « La stratégie de la Compagnie française des pétroles ».

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7. Yves Roland-Billecart constate ce fait, en ajoutant que cela dut sembler suspect aux Algériens, qui, jusqu'à la nationalisation de 1971, soupçonnaient les Français de ne plus faire d'effort. Leurs tentatives propres ont également eu par la suite de maigres résultas.

8. Sa construction semble avoir été décidée dans le plus grand secret au moment d'Evian. Il ne fut opérationnel qu'en 1966.

9. La crise congolaise avait commencé l'année précédente. Il semble à ce propos que les services de Michel Debré ont alors bien œuvré en faveur de la partition du Katanga, parce que cet exemple, s'il réussissait, démontrerait la viabilité d'une partition du Sahara français. De même parla-t-on à nouveau de la France et de certaines compagnies pétrolières quand le Biafra entreprit en 1967 sa sécession.

10. Les relations de l'Algérie avec ses voisins tunisiens s'annonçaient déjà fort mauvaises. Les conflits avec le Maroc allaient eux déboucher sur des affrontements armés.

11. Sur ce point précis, voir dans l'étude de Monique Gadant, Islam et nationalisme en Algérie, Paris, L'Harmattan, 1988, faite à partir du Moudjahid, le chapitre sur le territoire national.

12. Le problème diplomatique était fort complexe et remon- tait à des arbitrages franco-ottomans. Sur l'origine, nous renver- rons à la thèse d'André Martel, Les Conflits saharo-tripolitains de la Tunisie (1885-1910), Paris , PUF, 1965. Voir également le livre de Nicole Grimaud, La Politique extérieure de l'Algérie, Paris, Karthala, 1984.

13. Cf. M. Gadant, op. cit., p. 135. 14. Yves Lacoste, André Nouschi et André Prenant, L'Algérie,

passé et présent, Paris, Editions sociales, 1961. 15. Mais comme le fait finement remarquer Bernard Tricot,

Saad Dahlab oubliait que Ghardaïa est moins méridionale que Marrakech, et faire de Dahlab un Saharien, un « bédouin du Sahara » pour reprendre la formule de Lacouture, est un abus évident.

16. Sur la question atomique, les Algériens étaient également peu à même de juger, même s'ils protestaient contre les menaces des retombées. En novembre 1961, Saad Dahlab alla même jusqu'à parler d'une nécessaire coopération avec la France dans ce domaine, qui déboucherait en toute logique sur une bombe africaine.

N O T E S DU CHAPITRE V I

1. Officier, converti à l'Islam, connaisseur à la fois du monde musulman en général et des particularismes maghrébins.

2. Ethnologue, ancienne animatrice du réseau du Musée de l'Homme pendant l'Occupation, Germaine Tillon possédait dans les années cinquante une connaissance en profondeur des socié- tés maghrébines.

3. Cette anecdote significative est citée par Laurent Theis et

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Philippe Ratte, La Guerre d'Algérie ou le temps des méprises, Paris, Marne, 1974, p. 234. Voir également F. Dunand, op. cit., p. 208.

4. A ce sujet, des travaux prosopographiques comme le dic- tionnaire de Benjamin Stora offrent un panorama des tendances du nationalisme algérien. Ce qui a permis à Vincent Labouret de constater, au cours de notre rencontre, que nos fiches étaient mieux faites que celles qu'on possédait alors rue de Lille.

5. Au sein de l 'équipe Joxe, Vincent Labouret était plus préci- sément chargé de la liaison avec les diplomaties étrangères. La position des Britanniques sur l'affaire algérienne, tout en res- pectant la souveraineté de la France, était simple : ils souhai- taient avant tout que les Français quittent l'Algérie, et, à la suite de Suez, ne voulaient plus entendre parler de complications avec le monde arabe.

6. Le CNR français était un front de partis politiques conser- vant leurs personnalités. Le FLN ne pouvait admettre l'existence de courants et demandait l 'adhésion personnelle de chacun de ses membres.

7. Cf. Ben Khedda, op. cit., p. 25. Le chapitre consacré à Tri- poli est titré de façon significative, un peu à « la chinoise » : « Le succès des négociations est fonction de notre unité. »

8. Des hommes influents de l'ALN, comme le colonel Saddek (Slimane Dehilès) qui était désormais un proche de Boume- dienne, n'avaient pas pardonné l'élimination de leur ancien chef. Cf. F. Abbas, op. cit., p. 317. A ce moment, Ferhat Abbas était d 'accord pour avoir Krim comme successeur.

9. Selon les sources, Houari Boumedienne avait alors 29 ou, plus probablement, 36 ans.

10. Djounoud, au singulier djoundi, est le mot arabe qui dési- gnait les combattants réguliers de l'ALN. Il convient de le distin- guer de moudjahidine, qui a une connotation plus mystique, puisque le moudjahid est celui qui est engagé dans un combat sacré. A coté des djounoud, les irréguliers étaient nommés moussebeline. Quant à notre terme de fellagha, il venait de Tuni- sie et se traduit par coupeurs de route.

11. Texte et commentaire in Mohammed Harbi, Les Archives de la révolution algérienne, Paris, Jeune Afrique, 1981, p. 322- 332.

12. F. Abbas, op. cit., p. 318. 13. Figure un peu oubliée de nos jours, ce médecin psychiatre

antillais avait rejoint le FLN et exerça différentes fonctions à Tunis. Son idéologie, exprimée dans des ouvrages comme Les Damnés de la terre, permettait de croire dans les rangs de l'ALN au rôle déterminant des masses paysannes algériennes dans la révolution à venir.

14. De façon étonnante, l'alliance entre les héritiers de Bou- medienne et Boudiaf a enfin eu lieu en janvier 1992, après bien des aléas.

15. Jean-Luc Einaudi, La Bataille de Paris, Paris, Le Seuil, 1991.

16. Sources personnelles de l'auteur.

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17. Cf. Charles-Robert Ageron, « L'opinion française à travers les sondages », in J.-P. Rioux, op. cit., p. 25-45.

18. Significative à ce sujet est l'allocution du 12 juillet 1961. Cf. Ch. de Gaulle, op. cit., p. 322-327.

19. Sur l'ONU, cf. l'article de Maurice Vaïsse, « Une guerre perdue à l'ONU? », in J.-P. Rioux, op. cit., p. 450-462.

20. Les communautés espagnoles d'Algérie n'étaient pas favo- rables au régime de Franco. Parmi elles, il y avait à Oran dix mille réfugiés républicains.

21. C'est un chapitre sur Bizerte qui clôt la partie algérienne de son Histoire des parachutistes français, Paris, Albin Michel, 1980.

22. La katiba était l'épine dorsale de l'ALN, réorganisée en 1956 sur le modèle d'une armée moderne hiérarchisée. Le mot, identique à celui qu'au Liban on traduit par phalange (kataïeb), correspond au français compagnie. Elle représentait 110 djou- noud.

23. A peu près deux divisions. 24. Cf. le texte complet in Ch. de Gaulle, op. cit., p. 333-349. 25. Le pourcentage correspondait alors à une réalité démo-

graphique, mais qu'en eût-il été dix ou vingt ans plus tard? 26. Afrique action, n°57, semaine du 1 novembre 1961. Le

texte est repris par Ben Khedda dans son opuscule déjà cité sur les accords d'Evian.

NOTES DU CHAPITRE VII

1. On peut lire à ce sujet le récent livre de Benjamin Stora, La Gangrène et l'oubli, Paris, La Découverte, 1991.

2. Il faut ici se reporter à la grande synthèse d'Henri Alleg, La Guerre d'Algérie, Paris, Editions sociales, 1981.

3. Bruno de Leusse insiste beaucoup sur cet aspect d'Evian. Il s'agissait de négocier, et seuls des professionnels de la négocia- tion pouvaient mener à bien le règlement de la guerre d'Algérie.

4. Cf. H. Alleg, op. cit., p. 385. 5. Ce dernier devait être assassiné quinze ans plus tard, sans

que cette affaire ait eu un lien avec la guerre d'Algérie. 6. Sur les indépendants, voir l'article de Thierry Billard, in

Rioux, op. cit., p. 218-224 7. Il faut passer par ses Carnets politiques de la guerre d'Algé-

rie, Paris, Plon, 1964, pour retrouver le climat de la négociation. Nous lui empruntons ici nombre de notations significatives.

8. Claude Chayet m'a rappelé combien l'endroit était isolé et dépouillé à l'extrême, sans journaux bien évidemment.

9. Les deux Mostefaï sont souvent confondus : celui des Rousses était le cousin du docteur Chawki Mostefaï, qu'on retrouverait quelque mois plus tard dans l'Exécutif provisoire à Rocher Noir.

10. Selon Saad Dahlab, interrogé par Jean Lacouture en 1984, un militaire obscur, représentant les combattants de la cin- quième wilaya, vota également avec eux contre le projet.

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11. Cf. Ben Khedda, op. cit., p. 35. 12. Cf. F. Abbas, op. cit., p. 321-322. 13. Cf. B. Tricot, op. cit., p. 304. 14. Les points plus particuliers des accords d'Evian seront

détaillés dans les chapitres suivants, où l'on s'efforcera de regar- der d'un peu plus près leur application.

15. Ch. de Gaulle, Mémoires a 'espoir, Paris, Pion, 1956, p. 135.

NOTES DU CHAPITRE VIII

1. Pour les Français de métropole, les accords d'Evian étaient et demeureraient, qu'on le veuille ou non, le traité de la paix en Algérie. Pour le chef de l'Etat en revanche, il était bon d'insister sur le fait qu'il s'agissait d'accords et non d'un traité franco- algérien. Il le répétera dans ses Mémoires d'espoir. Cf. Ch. de Gaulle, Mémoires d'espoir, p. 305.

2. De la même façon, célébrant le primat de l'action armée, on créa une journée du Moudjahid, le 20 août, pour rappeler les sanglants assauts du Constantinois en 1955.

3. La mémoire française n'identifie plus désormais que deux dates, le 1 novembre 1954 et le 19 mars 1962. La seconde est devenue en outre un enjeu de mémoire important. Voir l'article de Frédéric Rouyard, « La bataille du 19 mars », in J.-P. Rioux, op. cit., p. 545-552.

4. La formule est récurrente, à l'époque comme plus tard, sous les plumes de l'Algérie française.

5. Les deux textes se trouvent in Ch. de Gaulle, op. cit., p. 391- 395.

6. Cf. Th. Billard, art. cit., p. 224. 7. Le scrutin eut lieu le 8 avril et Michel Debré démissionna le

14. 8. Découverte qui permettait en effet de conserver un leader

algérien dont l'appartenance au FLN était « présentable ». 9. Le commandement en chef en Algérie fut lui assuré par le

général Ailleret, puis par le général Fourquet. 10. Le général Buis a toujours offert des analyses incisives sur

l'Algérie. Sur cette période, voir les entretiens avec Jean Lacou- ture, sous le titre Les Fanfares perdues, Paris, Le Seuil, 1975, en particulier p. 223-244.

11. La fusillade de la rue d'Isly a donné lieu à une abondante polémique entre partisans et détracteurs de l'OAS. Il est en fait difficile de savoir qui a véritablement commandé le feu, et la thèse de la provocation a été retenue malgré des témoignages contradictoires. On se souviendra ici des images saisissantes de cette journée, et de la voix qui demande, désespérément : « Un peu le d'énergie, mon lieutenant, halte au feu! » Selon les versions, le lieutenant en question est un Européen ou un musulman...

12. Le thème de l'iniquité du référendum est par exemple récurrent chez Jacques Roseau, président du Recours, princi- pale association de rapatriés.

13. En 1965, la minorité blanche de Rhodésie proclama unila-

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téralement son indépendance et se maintint jusqu'à la fin des années soixante-dix, adossée au régime de Pretoria et à l'empire portugais.

14. L'épisode a été raconté en détail par Fernand Carreras, L'Accord FLN-OAS, Paris, Robert Laffont, 1972.

15. On prévoyait la participation des Européens à la force commune de maintien de l'ordre, mais il ne leur était de toute façon pas interdit de se porter volontaires...

16. Ingénieur de l'armement, il avait travaillé dans l'aéro- nautique sur une base saharienne. Lui aussi était un homme de l'ultime épopée saharienne, mais ce furent des motifs de poli- tique générale qui le firent agir.

17. Sur cette complexité des origines de ceux qu'on appelait les Français d'Algérie, voir le livre de Joëlle Hureau, La Mémoire des pieds-noirs de 1830 à nos jours, Paris, Olivier Orban, 1987.

18. L'appellation de sépharades (espagnols en hébreu), cou- ramment utilisée dans la France d'aujourd'hui pour désigner tous les juifs venus d'Afrique du Nord, est impropre et ne traduit pas la complexité du judaïsme maghrébin d'autrefois.

19. Il ne fut rétabli qu'en octobre... 1943 20. Le FLN ne développa jamais de discours hostile aux juifs

et chercha parfois à nouer des contacts avec les Israéliens. En revanche, Ben Bella, par solidarité arabe et amitié avec Nasser, reprendra le thème de la lutte pour la Palestine, proposant 100 000 combattants algériens, plus que l'ALN n'en avait jamais pu rassembler contre la France. Cf. M. Harbi, op. cit., p. 328. Plus tard, l'antisionisme virulent de l'Algérie indépendante fera naître un antisémitisme aujourd'hui très présent et absent aux origines du soulèvement de 1954.

21. Certaines mentions laissaient bien des interrogations. Ainsi « les Algériens de statut civil de droit commun sont en droit de se prévaloir de leur statut personnel non coranique jusqu'à la promulgation d'un Code civil à l'élaboration duquel ils seront associés ».

22. En 1282, les Français de Sicile qui accompagnaient le roi Charles I d'Anjou furent massacrés par milliers.

23. Jacques Soustelle, Vingt-huit ans de gaullisme, Paris, La Table Ronde, 1968, p. 298-299.

24. Cf. Bruno Etienne, Les Problèmes juridiques des minorités européennes au Maghreb, Paris, CNRS, p. 292-300.

25. Cf. M. Harbi, op. cit., p. 364. 26. Entretien avec René Brouillet le 6 décembre 1991. 27. Vice-président de l'Assemblée nationale, le bachaga Boua-

lem devait être la figure marquante des Français musulmans, en particulier à travers un livre, Mon pays la France, Paris, France Empire, 1962.

28. J. Soustelle, op. cit., p. 299. 29. On trouvera tous les éléments du débat idéologique de

Tripoli chez Mohammed Harbi qui y prit part. Les analyses marxisantes sont sans sans doute l'aspect le plus vieilli du livre fondamental de Harbi. Cf. M. Harbi, op. cit., p. 330-338.

30. Cf. M. Harbi, op. cit., p. 323.

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NOTES DU CHAPITRE IX

1. Il s'agissait de matériel soviétique fourni par l'Egypte. 2. Cf. J. Soustelle, op. cit. 3. Entretien avec Yves Roland-Billecart le 6 décembre 1991. 4. Les détails de l'affaire pétrolière après Evian sont exposés

dans l'ouvrage déjà cité de Nicole Grimaud.

NOTE DE LA CONCLUSION

1. Cf. l'article de Gilles Kepel dans Libération du 22 janvier 1992, qui, sous le prétexte de parler de l'islamisme en Algérie, évoque longuement les frères musulmans d'Egypte.

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Cet ouvrage a été réalisé par la SOCIÉTÉ NOUVELLE FIRMIN-DIDOT

Mesnil-sur-l'Estrée

pour le compte des Éditions Orban en février 1992

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Imprimé en France Dépôt légal : février 1992 N° d'impression : 19987

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Immigration ou intégrisme, chacun cherche désormais dans la guerre d'Algérie la genèse de nos problèmes contemporains. Mais c'est dans le règlement du conflit qu'il faut retrouver les éléments prémonitoires de nos relations tumultueuses.

Jérôme Hélie, connu pour la rigueur de son enquête sur les militaires français, a repris le dossier à zéro. Il a rencontré les participants aux négociations d'Evian, exploité les dossiers et rassemblé des informations épar- ses. Il retrace l'histoire secrète de nos multiples abandons : la base de Mers el-Kébir, le centre d'essais nucléaires de Reggane et le pétrole de Hassi Messaoud.

En mettant en perspective les enjeux politiques, éco- nomiques et humains de la paix en Algérie, Jérôme Hélie écrit une nouvelle histoire des rapports passionnés entre la France et l'Algérie.

Les délégations à la conférence d'Evian. Au premier plan, MM. Buron, de Broglie et Joxe

(de gauche à droite). A l'arrière-plan, la délégation du FLN avec Belkacem Krim

(2e en partant de la gauche).

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