les douleurs (abdominales) en soins pÉdiatriques.€¦ · les douleurs (abdominales) en soins...
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L’HYPNOSE ET SOULAGER LES DOULEURS
(ABDOMINALES) EN SOINS PÉDIATRIQUES.
YVES BATAILLE
QU’EST-CE QUE L’HYPNOSE ?
C’est un état modifié de la conscience, qui est naturel et qui peut se produire plusieurs fois dans une journée.
CARACTÉRISTIQUES DE L’HYPNOSE
En état hypnotique, le patient est éveillé, il garde son libre arbitre , il est capable de se souvenir de la séance (sauf suggestion post-hypnotique qu’il peut garder que ce qui est bon pour lui ).
CARACTÉRISTIQUES DE L’HYPNOSE
• C’est une hyper-absorption de l’attention centrée et focalisée sur une ou plusieurs cibles.
• C’est une diminution du jugement critique et de la censure , ce qui permet de contourner la conscience critique et d’accéder à l’inconscient. Le conscient peut se réactiver en cas de conflit de valeurs.
• C’est une logique plus proche du rêve que de la logique rationnelle.
• C’est une suspension de l’orientation spatio-temporelle habituelle.
PROCESSUS DE CONSCIENCE
COMA SOMMEIL PROCESSUS DE VEILLE
PROCESSUS DE VEILLE
TRANSE
positive ou négative
CONSCIENCE CRITIQUE
positive ou négative
LE CONSCIENT +/- 15%
Il permet la réflexion, l’analyse des informations.
Il permet de comprimer le flux
d’informations afin de le mémoriser.
Il est rationnel, scientifique,
logique.
L’INCONSCIENT +/- 85%
• Processus automatiques : battements cardiaques, respirations (innés), nouer ses lacets (acquis par l’apprentissage).
• Imagination.
• Émotions.
• Créativité.
• Langage symbolique-métaphorique.
CARACTÉRISTIQUES DE L’HYPNOSE CHEZ L’ENFANT.
• Le monde de l’imaginaire est un univers qui est naturel à l’enfant.
• Ils sont connectés à leurs expériences sensorielles du moment.
• Cela implique de développer une capacité à entrer en contact avec le monde de l’enfant, parler son langage, jouer, développer son univers métaphorique, ses préférences.
• Il faut s’adapter à l’âge et donc au stade cognitif de l’enfant.
• La relation thérapeutique est fondamentale.
POUR ENTRER EN CONTACT, LE SOIGNANT VA PUISER DANS DEUX SORTES D’EXPÉRIENCES.
• Les expériences acquises comme adulte.
• Les expériences plus éloignées qui viennent de l’enfance.
• Une richesse est de continuer à cultiver une part d’enfance…
TECHNIQUES POUR CONTOURNER LA CONSCIENCE CRITIQUE
La relaxation
La saturation
La distraction
La confusion
SIGNES DE TRANSE HYPNOTIQUE ( LISTE NON EXHAUSTIVE )
Ralentissement idéo-moteur
Perception différente de la réalité
Larmes physiologiques
Pâleur
Bâillements répétitifs
Fixité du regard
Déglutition répétée
Mouvements oculaires
Mouvements saccadés
Signes de détente ou de tension
SIGNES DE TRANSE NÉGATIVE
• Muscles tendus.
• Visage ridé, contracté.
• Tachypnée.
• Tachycardie.
• Regard anxieux.
• Absence de sourire.
• Perception accrue des messages à connotation negative.
EN TRANSE NÉGATIVE
Le patient n’a plus d’esprit critique
rationnel.
Les fantasmes et l’imaginaire prennent
toute la place.
Il est hypersuggestible et réceptif aux
perceptions négatives.
Il peut générer des résistances si on essaie de trop discuter pour le
convaincre et d’être trop rassurant.
Un enfant effrayé par un soin , anxieux et/ou douloureux est focalisé sur la peur, la douleur.
Il est déjà en transe hypnotique et donc dissocié !!!
LA DOULEUR-DÉFINITION DE L’IASP
« La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans des termes évoquant une telle lésion . »
LES COMPOSANTES DE LA DOULEUR
• Sensorielle et discriminative : quantité, durée, intensité, localisation.
• Emotionnelle : incertitude, peur, angoisse, agressivité.
• Cognitive : interprétation, bénéfices secondaires.
• Culturelle.
• Comportementale : mimiques, positions, gestes.
LES VOIES DE LA DOULEUR
EXEMPLE D’IMAGERIE
LES VOIES DE LA DOULEUR
• Niveau périphérique : nocicepteurs, neurones nociceptifs regroupés en faisceau jusqu’à la moëlle épinière (fibres A Delta et C, sensibilité thermo algique et fibres plus grosses, A alpha et A Bêta, sensibilité tactile et proprioceptive.)
• Niveau médullaire : le message douloureux est acheminé jusqu’au thalamus en passant par le tronc cérébral.
• Niveau cérébral : transformation en message conscient
SYSTEMES DE MODULATION DE LA DOULEUR
• Sécrétion de morphine endogène (effet placebo)
• Gate control ou contrôle médullaire : stimulation de fibres A Bêta bloque la transmission A Delta et C
• Système de contrôle descendant du tronc cérébral : bloque ou amplifie le message douleur selon les influences cognitives , émotionnelles ,…
• Système de modulation psychologique : distraction, suggestions ( hypnose, sport, art,…)
LA COMPRÉHENSION DE LA DOULEUR SELON LES STADES COGNITIFS DE PIAGET.
BUT DE L’HYPNOSE EN SITUATION DE DOULEUR CHEZ UN ENFANT.
• Amener de la transe négative à la transe positive et en conscience critique positive par dissociation.
• Soulager la douleur en complément des autres traitements en réduisant les effets secondaires par une diminution des médications.
• Humaniser les soins.
Cela suppose de rejoindre l’enfant où il est et donc en commençant par RATIFIER son ressenti: « je vois que tu as très mal,peur,… »
IL Y A 3 APPROCHES FACE À UN ENFANT EN SITUATION DE DOULEUR.
La communication thérapeutique
L’hypnose conversationnelle
L’hypnose formelle
CRÉER L’ ALLIANCE THÉRAPEUTIQUE.
• Se présenter et appeler l’enfant par son nom.
• Ratification du ressenti.
• Proxémie.
• Position intermédiaire ou basse.
• Ton de la voix ,respectant des moments de pause, permettant au patient d’intégrer le message.
• YES-SET.
• MIRRORING-PACING.
• Identifier son canal sensoriel par le VAKOG (visuel-auditif-kinesthésique-olfactif-gustatif).
• Utiliser le vocabulaire et les représentations de l’enfant (métaphores).
• Inclure l’enfant en fonction de ses compétences et de ses limites.
PAROLES QUI AGGRAVENT LE RESSENTI
• « N’aie pas peur »
• « Ne t’inquiète pas »
• « Ça ne fera pas mal »
Ces phrases focalisent l’attention sur ce qui est redouté !
469
Surtout, ne pensez pas au chiffre 469!!!
LES PAROLES INDUISENT DES RÉACTIONS, C’EST UN PHÉNOMÈNE IDÉO-MOTEUR.
Les paroles induisent des pensées.
1
Les pensées induisent des images.
2
Les images induisent des émotions.
3
Les émotions induisent des réactions.
4
Suggérer une sensation désagréable la provoque !!!
EX: la douleur.
D’ABORD RATIFIER LE RESSENTI!
• « Je vois que c’est douloureux ce que tu ressens »
• « Tu sembles avoir peur de cette situation »
• « Tu as raison de pleurer , tu peux te l’autoriser »
Pour ensuite attirer son attention vers de l’imaginaire et l’emmener progressivement ailleurs…
CHANGEONS LES MAUVAISES HABITUDES!
Expression courante alternative
Tu n’as pas froid ?
N’aie pas peur !
Ça va brûler !
Ça va être froid !
Ça va faire mal !
Attention, je pique !
Ne bouge pas !
Ça va serrer !
Calme toi !
Nous allons essayer de te soulager rapidement…
L’HYPNOSE CONVERSATIONNELLE
Elle n’implique pas de transe hypnotique visible.
C’est une forme de communication qui utilise des techniques d’hypnose au cours d’une conversation formelle.
Le but étant d’absorber l’attention et de contourner le facteur critique.
TECHNIQUES D’INDUCTION ADAPTÉE À L’ÂGE SELON OLNESS ET KOHEN.
Age préverbal de 0 à 2 ans
• Stimulation tactile, caresses, câlins. • Stimulation kinesthésique: bercer, faire bouger un
bras. • Stimulation auditive: musique ou bruit. • Stimulation visuelle: mobiles, objets qui changent
d’aspect, de couleur. • Tenir une poupée, une peluche.
Age verbal de 2 à 4 ans
• Souffler des bulles.
• Raconter une histoire.
• Livres avec personnages animés.
• L’activité favorite.
• Parler à travers une poupée, une peluche.
Age préscolaire de 4 à 6 ans
• Souffler l’air
• Un endroit favori
• Des animaux multiples
• Un jardin fleuri
• Gommettes sur les doigts
• Histoires télévisées
• Fixer une lettre de l’alphabet
De 7 à 11 ans
• Les jeux vidéos
• L’activité favorite
• Souffler l’air extérieur
• Rapprochement des mains
• L’endroit favori
• Le vélo
• Rigidité du bras
• Regarder les nuages
• Les héros de films, mangas,…
Adolescence de 12 à 18 ans
• L’endroit favori ou l’activité favorite
• L’activité sportive
• La respiration
• Les jeux vidéos
• Ecouter ou entendre de la musique
• Lévitation de la main
• Catalepsie du bras
• Rapprochement des mains
• Séries TV
QUELQUES PISTES À CULTIVER…
• Harry Potter
• Marvel et DC comics
• Game of Thrones, Tolkien,…
• Vaiana, La Reine des Neiges et autres
• Dora, Mickey,…
• Fortnite et autres jeux…
• PNL, Angèle, Lomepal, Eddy de Pretto,…
• Les Mangas: Dragon Ball, Gunm,…
L’ESSENTIEL ÉTANT DE RENTRER DANS L’UNIVERS DE L’ENFANT !!!
NOTIONS D’HYPNOSE FORMELLE
Focalisation Induction Dissociation Perceptude Réassociation RETOUR
LES PARENTS
QUELQUES TECHNIQUES SIMPLES.
Lieu de sécurité ou Safe Place.
Métaphore sur la respiration.
Le gant magique.
Tableau électrique
Réification ou chosification.
Déplacement de la douleur
EXERCICES
• Gant magique
• Réification
• Respiration
• Le toboggan mouillé pour la sonde gastrique
• Le ballon qui dégonfle (crampes abdominales)
LIMITES DE L’ACCOMPAGNEMENT HYPNOTIQUE.
• Appel en dernier recours, en situation de crise quand il y a déjà plusieurs gestes qui ont été posés.
• Quand d’autres membres de l’équipe ou la famille parlent en même temps et demandent à l’enfant d’arrêter de pleurer.
• Les urgences vitales…
CONCLUSIONS
• Complémentarité de l’hypnose aux techniques de soins habituelles (combinaison avec le MEOPA).
• Gain de temps par diminution des résistances et des phénomènes de lutte.
• Humanisation des soins.
• Retour du plaisir d’être soignant par amélioration de la relation de soin.
• Importance d’avoir du personnel formé à l’hypnose dans les soins de santé et de l’adhérence de l’équipe.
• Importance capitale d’être dans des intentions bienveillantes et de respecter le cadre éthique et déontologique.
SOURCES
• Garden-Brèche F. et Desanneaux-Guillou S. (2014). Hypnose médicale en situation difficile. Arnette
• Michaux D. Halfon Y. et WOOD C. (2013).Manuel d’hypnose pour les professions de santé . Paris, Maloine
• Hubert N. Hypnose dans la santé et les soins,orientation hypnoanalgésie. Année académique 2016-2017, Namur, FORS-HENALLUX.
• Olness K, Kohen DP (2006), Hypnose et hypnothérapie chez l’enfant, Satas, Bruxelles.
• Wood C. Bioy A. (2008) Pratiques de l’hypnose chez l’enfant douloureux. Douleur et analgésie, 21 (1): 20-26.