les États profonds de l'hypnose - albert de rochas

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Les états profonds de l'hypnose (5e édition) Albert de Rochas Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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Albert de Rochas d'Aiglun sur les états profonds de l'hypnose.

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Page 1: Les États Profonds de l'Hypnose - Albert de Rochas

Les états profonds del'hypnose (5e édition)

Albert de Rochas

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Page 2: Les États Profonds de l'Hypnose - Albert de Rochas

Rochas d'Aiglun, Albert de (1837-1914). Les états profonds de l'hypnose (5e édition) Albert de Rochas. 1904.

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ÉTATS PROFONDS'

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CINQUIEME KHITIOX \

PARIS

LIBRAIRIE GÉNÉRALE DES SCIENCES ÇCCÙtTESBIBUOTHKQUE ÇHACORNA(ÉÏ W

- II, QJUAI SAIST-MICHEL

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W%TS PROFONDS

DE

L'HYPNOSE

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BU MEME AUTEUR

La Science des philosophes et l'art des Thaumaturgesdans l'antiquité. Paris, Masson, 1882. Grand in-8* de218 pages avec planches hors texte Épuisé

Les Origines de la Science et ses premières applica-tions. Paris, Masson, 1884. Gr. in-8° de 228 pages avec gra-vures dans le texte (Bibliothèque de la Nature). . .

Épuisé

Les Forces non définies. Paris, Masson, 1887. In-8 de392 pagc3 avec planches dans le texte et hors texte .

Épuisé

Le Fluide des Magnétiseurs. — Précis des expériences duBaron de Reichembach sur ses propriétés physiques et phy-siologiques. Paris, Carré, 1891. Gr. in-8° de 180 pages avecplanches dans le texte Épuisé

Les Efiluves odiques. — Conférences faites en 1866 par leBaron de Reichembach £ l'Académie I et R des Sciences deVienne, précédées d'une notice sur les effets mécaniques dePod. Paris, Flammarion, s. d. Gr. in-8° de 192 pages avec fi-

gures Épuisé

L'Extériorisation de la Motricité. -—Recueil d'expériences

et d'observation. Paris, Chamuel. In-8° de 482 pages avec fi-

gures • . • Épuisé

L'Extériorisation de la Sensibilité. Un vol. in-8' avecgravures sur bois et 4 planches en couleurs ... 7 fr. »»

Les Etats superficiels de l'hypnose. 1 vol. in-8° carréavecgravures 2 fr. 80

Les Frontières de la Science, 1" série. 1 vol. in-8° carréavec gravures 2 fr, BO

SOUS PRESSE t

Les Frontières de la Science. 2' Série.

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ALBERT DE ROCHAS

LES

ÉTATS PROFONDS

DE

Î7HYPN0SE

CINQUIEME EDITION

PARIS

LIBRAIRIE GÉNÉRALE DES SCIENCES CCCULTESBIBLIOTHÈQUE CHACORNAC

II, Q.UAI SAINT-MICHEL

1904

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Les États profonds de l'hypnose(1>

CHAPITRE PREMIER

CLASSIFICATION DES ÉTATS

Les-trois états de l'hypnose décrits par M. Gharcotsont devenus classiques, malgré l'école de Nancy,qui, ou bien n'a point opéré sur des sujets assez sen-sibles, ou bien n'a point pris toutes les précautionsnécessaires pour constater des phénomènes qu'ellen'avait point découverts la première.

Ces états sont : la léthargie, la catalepsie et le som-nambulisme. Je ne reviendrai point sur leurs carac-tères spécifiques, et je me bornerai à faire remarquerque les médecins de la Salpètrière semblent ne pasêtre allés plus loin que l'état somnambulique, puis-qu'ils n'ont jamais signalé d'autres phases que cer-tains états secondaires reliant les étapes principalesque nous venons de nommer.

Cela provient sans doute de ce que ces expérimen-

(1) J'ai publié en 1888, dans la Revue d'Hypnotisme ; deux articlessous co mémo titre. Les phénomènes que je décrivais alors ayantété pour la plupart confirmés par d'autres observateurs, je me Buisborné ici & reproduire mon ancienne rédaction en la précisant et lacomplétant par de nouvelles expériences.

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6 LCS ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

tateurs, redoutant un rapprochement entre leurs re-cherches et les pratiques des magnétiseurs, se sontbornés à produire Phypnose, soit avec des agents trèsfaibles, comme un bruit subit, la pression des globesoculaires ou du.vertcx, soit par des procédés dontl'effets'arrêtedès qu'un premier résultat s'est produit;telle est, par exemple, la fixation du regard, qui cessed'agir aussitôt que les sujets ont les yeux fermés.

Suivant que ces sujets sont plus ou moins sensibles,

on semble arriver d'emblée à une phase ou à une au-tre de ce que l'on appelle l'état hypnotique, et cela enquelques secondes.

Les magnétiseurs agissent d'une toute autre façon.À l'aide de passes, ils prolongent leur action sur lesujet pendant un quart d'heure, une demi-heure etquelquefois plus ; ils ne se préoccupent nullement de

ce qui peut se produire au début, et ils ne s'arrêtentque lorsqu'ils ont reconnu, à l'aide de certains signesextérieurs, que le sujet a atteint le degré do htciditèqu'il cherchent à obtenir (1).

(1) En outre Ils avaient, pour former leurs sujets, uno patienceinconnue aux hypnotiseurs habitués a produire d'emblée les phéno-mènes de suggestion, de catalepsie, etc. ; ils n'appelaient somnam-bules que ceux qui étalent déjà parvenus a l'état que j'ai appeléétat de rapport et dout on trouvera plus loin los caractères.

c II est rare, dit Charplgnon [Pays, du Magn.) qu'a la premièreséance on obtienne le somnambulisme, encore moins la lucidité,car il peut y avoir somnambulisme sans que pour cela il y ait clair-voyance.

o La magnétisation répétée plusieurs jours de suite, a la mêmeheure s'il est possible, est nécessaire parce qu'il est uno loi du sys-tème nerveux qui le porte a répéter périodiquement tes sensationsSut l'on affecté et qu'alors l'organismea déjà fait soûl une partie

e l'action exercée la veille per la magnétisation. Celte remarque asoulevé l'objection de l'imagination ; mais il suffit pour l'éloigner,de rappeler quo les phénomènes nerveux provoqués par la magné-tisation se produisent sur des gens dormant du sommeil ordinairesur des enfants à la mamelle, sur des personnes non prévenues, et

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PI. i. — Etat de rapport.

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CLASSIFICATION DES ÉTATS 9Les uns et autres s'imaginent n'avoir rien de com-

mun. C'est une erreur. J'ai prié un magnétiseurd'agir sur son sujet suivant sa méthode ordinaire, àl'aide de laquelle il mettait une vingtaine de minutespour obtenir la vue avec les yeux fermés, et je l'aiarrêté à diverses reprises pour essayer de déterminerles caractères du sommeil au moment de la pause.

Je suis parvenu à contaster ainsi que le sujet passaitpar tous les états que j'ai décrits dans mon livre surtes Forces non définies, à savoir :

1° Etat de crédulité;2° Léthargie (l) ;3° Catalepsie ;

4° Léthargie ;b'° Somnambulisme ;

dans dos circonstances tout h fait différentesde celles où on les ma*gnétise.

« La répétitiondes magnétisationsest quelquefois très longue avantd'amener le somnambulisme', elle peut durer des semaines, desmois, et à la fin couronner de succès la patience du magnétiseur.D'autres fois où l'on espère beaucoup d'un état cataleptique et d'iso-lement complet, on attend eu vain pendant des mois entiers sansobtenir plus au dernier jour qu'au premier. Pour nou^, quand lacinquième magnétisation ne nous a nen donné d'apparent du côtédu système nerveux, nous cessons d'espérer aucun phénomène;quand, à la trentième, un sommeil magnétique avec isolementn'est pas devenu somnambulisme,nous ne l'attendons plus. Unefois pourtant nous avons eu une somnambule très lucide h la cin-quième séance. »

(1) J'accepte le terme consacréde léthargie pour désigner un étatdans lequel le sujetprésente uno apparence do prostration beaucoupplus accentuée que dans les états voisins. Cet état ou ces états (caril y en a loute une série) sont nssez difficiles a définir i il est cer-tain que l'ouïe n'est pas abolie: la parole no l'est pas toujours; lavue n'existe pas plus que dans beaucoup d'autres phases de l'hyp-nose. Quand il est en lélhargio, le sujet parait Insensible, sesmembres retombent inertes, sa tète s'incline sur les épaules ; quandil en sort, il redresse au contraire la lôte et resnire fortement deuxou trois fois. Les figures 1 et 6 de la pi. i représententDenoist dansla lélhargio qui précèdo l'état de rapport et dans celle qui la suit ;la figure 2 le montre au moment où 11 entre dans l'état do rapport.

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10 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

6° Léthargie;7° Etat de rapport ;8° Léthargie.Après cette dernière phase, la magnétisation a duré

encore une dizaine de minutes, mais il me fut impos-sible de constater de nouveaux changements d'états,parce que j'ignorais alors les phénomènes qu'il fallait

provoquer pour les caractériser.J'ai repris, depuis, celle étude, et je suis arrivée des

résultats assez concordants pour qu'on puisse, aumoins provisoirement, formuler une loi.

Je vais d'abord décrire ce qui se passe, avec celuides sujets sur lequel j'ai expérimenté le plus souventet qui peut être considéré comme un type par la régu-larité absolue des manifestations.

J'indiquerai ensuite les variantes rencontrées chezles autres sensitifs.

Benoist a dix-neuf ans ; c'est un garçon fort intelli-gent, bien portant et très sensible à la polarité (1).Depuis trois ans, il se prête à mes recherches, et jeconnais assez son organisme pour éviter la plupartdes causes d'erreur.

L'agent employé pour doser l'hypnose, dans le casqui nous occupe, a été l'application de la main sur lesommet de la tète, de manière à agira la fois par po-larité sur les deux hémisphères célébraux.

En imposant la main droite sur le front, je déler-

(i) Il y a des sujets facilement hypnotisablesqui ne sont pointsensibles à la polarité. J'appelle sensible à lu polarité une personnesur taquello je produis des effets détermines par l'application decertains agonis, notamment des agents électriques, suivant des loisexposées par MM. Déclo et Chazarin, ainsi que dans mon livre surles Forces non définies.

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CLASSIFICATION DES ÉTATS 11

mine en premier lieu l'état de crédulité, puis l'étatléthargique caractérisé par la contractibilité muscu-laire, l'état cataleptique avec ses deux phases do rigi-dité et d'imitation automatique, un deuxième état lé-thargique sans contractibilité musculaire, et enfin lesomnambulisme.

Après cela, nous entrons dans la période non encoreétudiée par les écoles modernes avec un troisième étatde léthargie. Cette léthargie (pi. i,fig. 1) paraît n'êtreautre chose que le sommeil ordinaire (l); car, si jesurprends le sujet dans ce sommeil et que je diminuel'hypnose par l'application de la main gauche sur latète, je ramène l'état somnambulique ; si au contrairej'emploie la main droite, je détermine l'état suivantque j'appelle l'état de rapport. Dans cette phase lé-thargique, la contractibilité neuro-musculaire existe àpeu près au même degré que dans l'état normal.

ÉTAT DE RAPPORT

Le sujet n'est en rapport qu'avec le magnétiseur,quel quHlsoit (2) ; cet état, comme la catalepsie, pré-sente deux phases.

(1) Comme dans le sommeil ordinaire, on trouve le rôve avecmanifestation parlée.—• Je n'ai du reste pu conslator l'identification

de cette phase léthargique avec le sommeil ordinaire quo sur unseul sujet, Benoist.

(a) Si l'on a poussé jusqu'à cet état le sujet en le chargeant d'é-lectricité au moyen, soit d'une machine statique soit d'une pile,soit d'un aimant, il ne perçoit plus que la personne en contact avecl'agent qu'a produit l'hypnose.

Pour des sujets très sensibles a la polarité, on ne peut arriver apousser jusqu'à l'état de rapport uno partie positive de leur corps(par exemple) par le simple contact prolongé de cette partlo avec unODlet d'or ou avec un diamant. Alors la partie hypnotisée ne per-çoit plus que l'objet qui a agi sur elle ou un objet de morne nature,

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12 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

Dans la première, le sujet perçoit encore les sensa-tions provenant d'autres agents que le magnétiseur,mais ces sensations, de quelque nature qu'elles soient,lui paraissent également désagréables, notammentcelles qui proviennent du contact des animaux..Interrogé sur la nature de la souffrance qu'il exprime,quand il touche un chien par exemple, Benoist ré-pond que ce qu'il touche n'est pas organisé comme

elle ne sentira pas la piqûre faite avec uno épingle de cuivre ou lefrottement exercé avec un morceau de cristal. On aura ainsi cons-titué, pour quelques instants, une véritable pierre de touche orga-nique.

Celte faculté de porter isolément a l'état de rapport telle ou tellepartiedu corps du sujet peut produire le phénomène singulier duRapport multiple.

Voici Benoist qui, mis en état do rapport par M. A... au moyendu procédé ordinaire (la main droite sur la tète), n'entend plus quelui. — Alors M. B... lui applique, par oxemplo, la main dans ledos ; au bout de quelques instants, le sujet éprouvo de la lourdeur,du inalaiso à la partio touchée, commence par entendre, puis entendtout à fuit M. B... mais seulement quand celui-ci lo touoho ou luiparle dans le dos. H continue h entendre M. A..., sauf quand M. A...lui parle dans lo dos qui est en rapport avec M. B... — SI M. C...lui applique alors la main sur le côté, il se produit une troisièmemise en état de rapport parliol, analoguo à la précédente, etc.

Quand le sujet est réveillé par l'opérateurA..., il ressent de la gônodans les parties touchées par 13... et C... qui no vibrent plus commele rcslo du corps ; quelques frictions font tout disparaître

Lo phéuomèue que nous venons do décrire est analoguo à celuide la personnalité multiple qu'on peut donner dans les premiersétats de l'hypnose, alors quo le sujet est très suggestlblo.

Ou a étudié déjà lo phénomènedo la double personnalité l'uno hdroite l'autre a gaucho. David, un des sujets connus do la Charité,m'en u fourni un exemple piquant : j'avais donné h sa partie droitela personnalité de M"* X..., un autre sujet, et, h sa partie gauche,celle de M Y.., son protecteur. David qui les connaissait person-nellement tous les deux, nous fit assister ù uno querelle de ménagedu plus haut comique où les injures et les coups plcuvaient d'uncote et do l'autre. Avec Ucnolst j'ai pu obtenir trois personnalités,une A... h droite, l'uutro B... h gaucho et la troisième C... nu milieudu corps ; lo dialogue a pu s'engager entre les trois individus quis'étaient ainsi constitués avec leur caractère propre ; chaque partiorépond il l'appel de son nom, M. C.. parle du milieu des lèvres,M. A... du coté droit do la bouche, M. B... du côté gaucho ; quandA.., veut toucher C..., il loucho lo milieu du corps, etc.

L'cxpéricuco est fatigante, mais ollo a do l'importance eu ce qu'elle

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CLASSIFICATION DES ÉTATS 13

lui, et que cela lui cause un bouleversement par toutle corps.

Dans la seconde phase, lo sujet ne perçoit plus quele magnétiseur. Si celui-ci joue du piano, Benoistl'entend ; mais Benoist n'entend plus le son de l'ins-trument si c'est une autre personne qui en touche ;

pour qu'il entende dans ce cas, il suffit que le ma-gnétiseur place ses doigts contre l'oreille du sujet, dotelle manière que le son passe par les doigts avantd'arriver à l'oreille.

D'une façon générale, le sujet no perçoit aucunobjet, à moins qu'il no soit en contact avec lo magné-tiseur (1) ; le regard de ce dernier peut être suffisant

pour établir le contact, et c'est probablement ce quiexplique, dans la plupart des cas, comment les an-ciens magnétiseurs trouvaient que leurs sujets étaientnaturellement en rapport avec certaines personnes etnon avec d'autres.

Toute excitation cutanée (piqûre, pincement, etc.),produite par le magnétiseur ou par un objet en contactavec lui, est agréable au magnéti&é,à moinsqu'elle neprovoque une douleur trop violente ; cette môme exci-tation, produite par une personne non en rapport, n'estpas perçue, à moins aussi qu'elle ne soit trop forte (2)è

détruit l'explication de la double personnalité par uno suggestions'appliquent l'une au lobe droit, l'autre au lobe gauche du cerveau.

(1) Lo sujet voit généralement la personne du magnétiseur commosuspendue dans le vldo ou sur un fond grisâtre.

(2) Quand te sujet, sensible a la polarité, peut so pousser lui-mémojusqu'à l'état de rapport par l'imposition sur la tôto de sa maindroite, il manifeste de l'inquiétude, du malaise, dans la premièrephase, sous l'influence des regards des spectateurs qu'il perçoitencore un peu. Si on so met en rapport avec lui, en le touchant, Ilmanifeste pour lui-même cette affection exclusive qu'a toujours losujet pour celui qui l'a magnétisé.

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14 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSK

Un caractère commun aux deux phases de l'état derapport est un sentiment de béatitude (pi. 1, fig. 2)extrêmementcaractérisé, manifesté par la plupart dessujets qui résistent presque toujours si on veut lesréveiller ou les endormir davantage.

Dans l'état de rapport, certains phénomènes psy-chiques provoqués par des pressions sur différentspoints du crêne, et que je décrirai plus tard, se pro-duisent avec une très grande intensité. La fig. 3 (pi. 1)montre l'extase avec vision religieuse obtenue par lapression sur le milieu du front. Dans la figure 4,Benoist est représenté au moment où il éprouve unaccès de contrition sous l'influence des paroles qu'ilcroit entendre; ses yeux sont remplis de larmes, et,si on lui demande ce qu'il éprouve, il répond que lasainte Vierge lui fait des reproches. Enfin, dans lafigure 5, la vision a complètement changé de naturesous la simple influence de la pression d'unpoint de lanuque, correspondantaux idées erotiques.

Les yeux s'ouvrent généralementpar suite du ren-versement de la tête en arrière ; le sujet objective sesvisions à l'extérieur, car il écarte vivement la maindu magnéliseur quand celui-ci la lui place devant lafigure, comme un écran entre les yeux et l'apparition.

Quand le sujet n'a pas naturellement les yeuxouverts dans cet état, il suffit de lui ordonner de lesouvrir pour qu'il les ouvre. Il voit alors plus oumoins distinctement le fluide qui s'échappe des yeux,des doigts, des narines, des oreilles du magnétiseurou des personnes avec lesquelles on le met en rapport.Ce fluide se présente, d'ordinaire, sous la formed'efiîuves bleus du côté gauche, ci rouges du côté

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CLASSIFICATION DES ÉTATS lodroit ; il parait également, pour le sujet, sortir desaimants, des cristaux, etc. Je ne fais qu'indiquer iciuri sujet d'éludés sur lequel j'ai porté mon attentiondepuis plusieurs années et que je traiterai dans unouvrage spécial.

Beioist qui, dans les premiers états de l'hypnose,est sensible, dans des conditions mal déterminéesencore, à l'action des médicaments qu'on se borne àapprocher de lui, possède cette faculté d'une façonbeaucoup plus constante dans l'état de rapport, pourvuque ce soit la personne qui l'a endormi qui tienne lasubstance. L'ipéca lui a donné l'envie de vomir;l'essence de laurier-cerise contenue dans un flaconbouché à l'émeri près do sa nuque a provoqué l'ex-tase. Dans les mômes conditions, l'essence de valé-riane lui a causé d'abord de l'inquiétude; il se sentaittransformé, avait envie de faire quelque chose dontil ne se rappelait pas le nom, puis il faisait mine degriffer en soufflant comme un chat.

Deux sujets mis à 1 état de rapport par le mêmemagnétiseuréprouventgénéralemcnt^l'un pour l'autre,quand ils sont mis en présence, une répulsion trèsvive. Celte répulsion peut même se manifester chezl'un pour des objets simplement touchés depuis quel-

que temps par l'autre. Dans certains cas, elle persisteaprès le réveil et provoque des querelles.

Quand on pousse l'hypnose plus loin que l'état derapport,on amène une nouvelle léthargie (pi. 1. fig. 6),où la contractibilité neuro-musculaire est suspendueet où le pouls est sensiblement ralenti ; puis vientl'état de sympathie au contact.

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16 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSB

ÉTAT DB SYMPATUIU AU CONTACT

Le sujet çontinuo a n'ôtro en rapport qu'avec lomagnétiseuret les personnesque toucho celui-ci

•mais

ce qui différencie cet état du précédent, c'est qu'ilsuffit que le magnétiseur éprouve une douleur pourquo lo sujet en contact avec lui la porçoive.

Si moi, magnétiseur, je tiens la main do Bonoist etqu'une tierce personne mo pique, me pince ou metire les cheveux, Benoist perçoit les mômes sensations

quo moi et aux mômes points, Si j'endure unosouffrance ou môme une èimplo gèno par suite d'unomaladie, Benoist la perçoit également J ce phénomène

cesse dès que le contact n'a plus lieu.Si je me contente de mettre la main de Benoist en

contact avec celle d'un autre individuet que j'établissele rapport en laissant ma propre main en contact avecles deux autres, Benoist ue perçoit point les piqûresou pincements qu'on fait éprouver à ce tiers, et quisont trop légères pour modifier l'état do son orga-nisme, mais il ressent les symptômes des maladies etdes infirmités, C'est ainsi qu'il a éprouvé la migraineau contact d'une dame qui avait la migraine, qu'il estdevenu dur d'oreille au contact d'un officier affligéde cette infirmité, qu'il n'a plus pu parler quand onFa mis en rapport avec un enfant paralysé de la lan-gue et qu'on avait amené pendant son sommeil, qu'ila éprouvé une cuisson au col de lavessie en touchantun monsieur souffrant d'une cystite chronique.

J'ai essayé plusieurs fois de lui faire ressentir Ja

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CLASSIFICATION DES ÉTATS 17

maladie d'une personne absente, en lui faisant tou-cher un objet ayant appartenu à cotte personne ; jen'ai jamais réussi, Il a palpé l'objet avec attention,mais constamment il m'a répondu qu'il n'éprouvaitrien de particulier.

Une voit plus les effluves qu'il apercevait dansl'état de rapport.

Après l'état de sympathie au contact vient encoreuno période de léthargie dont lo sujet sort en état delucidité,

ÉTAT DB LUCIDITÉ

Le sujet, qui continue à percevoir les sensationsdespersonnes avec lesquelles on le met en rapport, nevoit pas davantage que dans l'état précédent leseffluves extérieurs, mais a acquis uno propriété nou-velle. 11 voit ses organes intérieurs et ceux des per-sonnes avec lesquelles il est en rapport.

Il les décrit avec les termes qui lui sont familiers àl'étatdoveille, surtoutquand ces organes sont malades.Interrogé pourquoi il voit mieux ceux-là que les au-tres, il répond que c'est parce que la souffrance ou laperturbationqu'il éprouvoparsympathie concentre sureux son attention. Il voit vibrer les cellules cérébralessous l'influence de la pensée et il les compare à desétoilesqui se dilatent et se contractent successivement.

Quand on lui fait toucherune personne et qu'on leprie de l'examiner, il compare ce qu'il voit chez cettepersonne avec ce qu'il voit dans son propre corps.Par exemple, pour l'officier souffrant d'une oreille,

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18 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

il a dit : « 11 y a dans l'oreille une petite peau en tra-vers commo choz moi, mais derrière jo vois unbouton que je n'ai pas, et ce boulon suppure, »Pour la cystite, il a vu, tout autour du col de la ves-sie, un gonflement un peu moins gros que lo petitdoigt, et plein do sang comme les veines gonflées quifaisaientsaillie sur la main de l'opérateur, etc.

Si on lui domande ce qu'il y a à faire pour amenerla guôrison, ou bien il répond qu'il ne sait pas, oubien il indique des remèdes provenant évidemmentdo ses souvenirsde l'état de veille ; ainsi, dans uneseconde expérience relative à la cystite, le maladeavaitvolontairement attribué devant lui, avant qu'il fûtendormi, cette infirmité à une certaine cause ; Benoista répété l'assertion'qui était fausse et a recommandédes boissons rafraîchissantes.

Dans cet état, le eujet acquiert encore une autre fa-culté, c'est de reconnaître la trace laissée par un con-tact, même remontant à plusieurs jours. Voulant, unjour, m'assurer si je pouvais le faire voyager dansl'espace et dans le temps comme certains somnam-bules, je le menai devant une armoire où je ne retrou-vais pas un objet et je lui demandai s'il pouvaitvoiroù étaitcetobjet etdésignercelui quii'avaitenlevé.Il me répondit « non », mais en palpant, il ajouta :

G Je sens ici le contact d'une autre personne quevous. » Je le conduisis alors vers plusieurs autresmeubles qu'il palpa également, tantôt ne ressentantrien tantôt retrouvant son impression de l'armoire;enfin, je lui présentai divers vêtements appartenantà des gens de ma maison, et il reconnut le contactdans la paire de gants d'un domestique. Je n'ai pu

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CLASSIFICATION DES ÉTATS 19

vérifier la réalité du fait, mais j'ai obtenu plusieursfois la contre-épreuve en faisant toucher plusieursobjets par une personne, puis la personne parle sujet,Le sujet retrouve toujours l'objet touché,

ETAT DE SYMPATHIE A DISTANCE

Après de nombreuses séances je suis parvenu à fairefranchir à Benoist la léthargie qui suit l'état do luci-dité. Pour obtenir ce résultat, il m'a fallu agir, nonseulement sur la tète, mais encore sur l'estomac; fautede celte précaution, la respiration s'arrête, parce que;semble-t-il, lo sujet n'est plus homogène et que sapoitrine ne vibre plus comme la tête, J'ai été ainsiconduite adopter les procédés des anciens magnéti-seurs qui opèrent soit par des passes descendantessur la tète et le tronc, soit par la pression des pouces.

Dans ce nouvel état, Benoist continue à n'être enrapport qu'avec moi et à ne pas voir le fluide exté-rieur, mais il voit encore les organes intérieurs, et sasensibilité est tellement accrue que je n'ai plus besoinde le toucher pour qu'il perçoive mes propres sensa-tions, si elles sont un peu vives ; il localise du resteces sensations comme cela est arrivé dans l'expériencedu Havre dont il sera question au chapitre m.

Cependantj'ai vainement essayé d'obtenirla sugges-tion mentale : impossible de faire exécuter même lemouvementle plus simple par la concentration de lapensée, aussi bien dans cet état que dans les autres.

Je n'ai pas pu également lui faire dépasser cet état.Quand le sujet est pour ainsi dire saturé, il no peut

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20 LES ÉTATS PROFONDS DE i/llYPNOSB

plus rien recevoir et semble se dèdoser par rayonne*ment en revonant peu à pou à l'état de voille.

Avec l'imposition de la main gaucho sur le front etquelques passes transversales pour réveiller complè-tement, je ramène graduellement et on sens inversetoutes les phases dont je viens de décrire les phéno-mènes les plus caractéristiques.

Mais ces phénomènes ne sont pas los seuls,A mesure qu'on avance dans l'hypnose, les souve-

nirs de l'état de veille, surtout ceux qui ont trait auxindividualités, s'affaiblissent peu à peu. Le sujet neconserve avec netteté quo ceux dos phénomènes quise sont produits dans des états semblables à celui oùil se trouve au moment où on l'jnterrogo. Quand ilest arrivé à la lucidité, il n'y a plus que deux per-sonnes au monde : le magnétiseur et lui ; encore nesait-il plus ni leurs noms ni aucun détail sur eux.

L'aptitude à la suggestion commence à l'état decrédulité; elle paraît atteindre son maximum aumoment de la phase do la catalepsie automatique,puis décroit légèrement pendant le somnambulisme,pour disparaître presque complètement dans lesdébuts de l'état do rapport (1).

(1) A partir de ce moment, si l'influence du magnétiseur sur lemagnétisé ne s'exerce plus par suggestion, elle n'en est pas moinstrès considérable, parce quo toute l'affection du magnétisé est con-centrée sur le magnétiseur auquel il cherche à étro agréable partous le3 moyens possibles pourvu qu'ils ne choquent pas trop ni sesinsllncts ni ses resolutions prises au moment de s'endormir.

La suggestibilitô parait liée a l'insensibilité cutanée; certainssujets qui restent sensibles jusque dans la première léthargie nesont pas suggestibles jusque-là.

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CLASSIFICATION DES ÉTATS 21

Le dialogue do la pago suivante fera mieux corn-prondro ces modifications do la mémoire qui laissentintacto la faculté do raisonnement (i).

Dans l'état do sympathie à distance et dans lesétats plus profonds, la rapport diminue et la mémoirerevient pou à peu.

On peut donner des suggestions très compliquéesdans la période de léthargie qui précède le somnam-bulisme où le sujet parait ne rien voir, no rienentendre.

Si on touche lo sujet sur sa peau ou ses vêtements,soit dans cet état soit dans l'une des léthargies consé-cutives, il suffit, pour qu'il se rappelle au réveil lecontact qu'il a subi, soitde le lui prescrire, soit môme,

pour la plupart d'entr'eux, de déterminer par la pres-sion d'un point au miliou du front la mémoire quej'appellerai somnambuliqué) parce qu'elle embrassetous les états de l'hypnose.

Ainsi le moi persisto malgré ses modificationsapparentes ; mais, dans les périodes de léthargie, lesnerfs sensiblesconservent leur activité pour porterà saconnaissance les impressions de la périphérie, tandisque les nerfs moteurs, momentanément paralysés,sont incapables de remplir leur office ordinaire.

Il se passe alors un phénomène analogue à celuiqui se produit dans les cas d'empoisonnement parle curare.

(i) Il y a là une étude extrêmement intéressante à /aire pourexpliquer comment lo sujet peut conserver, outre la faculté du rai-sonnement, une mémoire des mots assez nette pour comprendre lesquestions et y répondre sans hésitation tandis qu'il a perdu com-plètement la mémoire des personnes, des localités, des chiffres, été.

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22LES ÉTATS PROFONDS DK L'HYPNOSB

Réponse*

Etat Etat Etaldo rapport do «ynipalhio do lucidité

Vous sentez-voit»Oh ouil Un peu lourd. Assez lien.bien?Comment vous ap- (Avec quelque hé- (Avec beaucoup Je ne jais pas, ça

peiez-vous? si(alion) Benoist. d'hésitation)Benoist. m'est bien égal,Quel est le nom de ( Avec beaucoup Je ne Sais plus. Je no sais pas,baptême de votre d'hésitation ) ïhéo-père ? phile.Quel Kl mon nom? Le commandantde Le commandant... Je no sais pas,Rochas, je ne sais plus le

reste.Combien ai-je d'en- Trois (j'en ai qua- Je ne sais pas si Connais pas,fanls ? Ire.)vous en avez.Comment se nom- Il cherche etdonne Connais pas, Connais pas,ment-Us ? des noms ayant à

peu près la mêmeconsonanceque ceuxde mes enfants qu'ilconnaît pariai*lement.

Dans quelle ville A Hiois (il hall- (il cherche). Je Je n'en fais rien,ttes-vous ? tait Mois avant de ne me souviens pius.venir à Grenoble oùil est actuellement).Quelle est votre Comptable. Je n'en ai pas, Je ne sais pas.profession î

Comptez;un, deux, Un, deux, trois, Uii,dcux,qualre.„ Un.deux...ju netrois, etc. quatre... six.., je no roo rappelle *ai« plus,plus.Combien font deux (Avec beaucoup Deux et trois Je ne sais pas,et trois ? d'hésitation.) Cinq, stpf,Comment sa fait-il» » Il y a certainesque vous ne vous ' choses que je nerappeliez pas ?

puis ine rappeler,surtout co qui aIrait aux personneset aux lieux.Voussentez uno dé- Mais hcn... Ah! Je ne sens rien, Je ne soni rien (je '(mangeaison sur oui, un peu, me grallo Je nez),le nez (j'insiMemais c'est vous quiavec force et àsentez uno déman-plusieurs repri-geaison au nez, ceses).n'est pas moi.Endormez-vous da- Je ne veux pas. Je ne peux pas; Ce que vous mevantage. Laissez-moi Iran-ce que vous médites est inutile,quille ; je suis bien dites ne sert à rien, vous ne m'endormi-comiue cela.rez pas du tout, jesens du resto quecela me fatiguerait.Au réveil vous fe- (La suggestion (La «uggestion (Lasuggestion nerez teile chose, ne s'exécute qu'en no s'exécute pas, s'exécute pas),partie).

^

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CLASSIFICATION DES ÉTATS 23

« L'intolligence, la sensibilité et la volonté ne sontpoint atteintes par le poison mais elles perdent suc-cessivement les instruments du mouvement qui refu-sent de leur obéir. Les mouvements les plus expressifsde nos facultés disparaissent les premiers, d'abord lavoix et la parolo,en9uito les mouvementsdes membres,

ceux de la face et du thorax, et enfin les mouvementsdes yeux qui, comme chez les mourants, persistent lesderniers. Peut-on concevoir uno souffrance plus hor-rible quo celle d'une intelligence assistant ainsi à lasoustraction successive de tous les organes qui, sui-vant l'expression do M. de Donald, sont destinés à laservir, et se trouvant en quelque sorte enferméetoutevivo dans un cadavre (1) ».

J'ai expérimenté sur plusieurs autres sujets, mais,malheureusement, il ne m'a pas toujours été possiblede le faire avec toute la précision désirable. Il faut, eneffet, essayer à plusieurs reprises son instrument, afind'en connaître lo degré de sensibilité, avant do pou-voir en jouer avec précision, et le temps a manquéaussi bien aux uns qu'aux autres. Voici, cependant,quelques observations plus ou moins sommaires :

Joseph, garçon coifieur, 18 ans, extrêmement sen-sible à la polarité, passe régulièrement par tous lesétats décrits plus haut (2) et vaau delà. J'ai déterminé,à plusieurs reprises, trois ou quatre séries de léthar-gie et de réveil apparent après l'état de sympathie à

(i) Encycl. Larousse, v» Curare.(2i Dans l'état de rapport, les phénomènes d'extase religieuse et

sensuelle se produisent par la pression des points correspondants;la tête se renverso en arrière, mais les yeux ne s'ouvrent pas et lesujet raconte ses visions.

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24 LES ÉTATS PROFONDS DB l/llYPNOSE

distauce; mais, ignorantles phénomènes qui les carac-térisent, jo n'ai point su les mettre en évidence; je mesuis borné à chercher la suggestion mentale et jo l'aiobtenue uno fois à l'un de ces états extrêmes. J'aipensé: « Levez le bras droit », il'alevé lentement lebras droit ; — a Embrassez-moi », il a arrondi les bras,mais m'a manqué et a embrasséle vide ; — a Dressez-vous », il s'est dressé progressivement comme unautomate.

Tout cela s'opérait avec un retard d'une ou deuxminutes, et le sujet, interrogé sur la matière dont ilpercevait l'ordre mental, a réponduqu'il n'en avait pasconscience, mais qu'il sentait ses muscles se raidirpeu à peu pour accomplir certains mouvements.

Joseph perçoit aussi les maladies des personnesaveclesquelles on le met en rapport ; il s'imagine à telpoint les sentir lui-même, qu'il se lamente sur sontriste état, lui, si jeune! ... Il indique volontiers lesremèdes les plus extraordinaires et les raisonne enamalgamant les fragments de consultationdont il a puêtre témoin. Pour la cystite dont il a été question, il afait des inductions d'après la position de l'organemalade et a prescrit du mercure.

Un jour, un médecin lui a apporté le bonnet d'unepersonne malade quo je ne connaissais nullement etil a, paraît-il, exactement décrit les symptômes de lamaladie de cette femme'; il est bon d'ajouter que lapersonne en question souffrait de la tête et que lebonnet avait pu lancer son imagination sur cettepartie du corps. L'expérience n'a point été renouvelée.

R..., 25 ans, forgeron, ancien chasseur à pied, apassé nettement par tous les états, jusqu'à la sympa-

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CLASSIFICATION DES ÉTATS 25

thie, et n'a pas été poussé au delà, On n'a opéré quodeux, fois sur lui, et l'expérience faite séparément pardeux personnes différentes a donnéJes mômes résul-tats ; à l'état do sympathie, il ressent les piqûres faites

sur le magnétiseur, mais il ne perçoit pas les maladies.Clotilde, 20 ans, gantière. — Mme veuve I),,.,

25 ans, Observations identiques, jusqu'à l'état desympathie. Chez ces deux dames, le réveil se faittrès rapidement, et il est très difficile do suivre lesphases du retour, tandis que celles do l'aller ne sefranchissent qu'avec une certaine lenteur et sans lesprofondes inhalations qui marquent nettement chezBenoist les changements d'état,

Louise et Maria, 1U ans, lingères. Mêmes observa-tions, avec cette différence que la sensibilité est sigrande, qu'il a fallu beaucoup d'attention et de légè-reté de mains pour reconnaître les phases, aussi biende l'aller que du retour.

Mmo X... 35 ans, mèro de famille, excellente santé,habituée aux courses à pied et à cheval, d'un espritsupérieur, s'était prêtée sans succès une seule fois àun essai de son médecin qui parlait d'hypnotisme ;elle s'est endormie avec la [plus grande facilité dès

que je l'ai eu touchée.A l'état de somnambulisme, elle a les yeux ouverts

et sans fixité; il faut recourir à l'exploration de la sen-sibilité et à la constatation de la suggestibililé pourreconnaître qu'elle n'est point complètement éveillée.

Elle peut être poussée très loin et, dans tous lesétats autres que les états léthargiques, elle a les yeuxouverts, mais ne voit que l'opérateur ou les objets

avec lesquels celui-ci la met en rapport. Les caractères

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26 LES ÉTATS PROFONDS DE i/UYPNOSF,

spécifiques des états n'ont été déterminés avec préci-sion quo jusqu'à l'état do sympathie à distance, Danscet état comme dans les suivants, quand je pensefortement, ello sent uno congestion à la tôto, mais nodevine pas ce quo je pense, J'ai obtenu cependant unefois, une seule, à distance do plusieurs kilomètresaveccetto dame uno communication de ponséo très carac-téristique, sur laquello je reviendrai dans lo ch. ni.

Bien quo, comme tous les autres sujets, elle noconnaisse plus, depuis l'état do rapport, quo lo ma-gnétiseurpour lequel ello témoigne la plus vivo affec-tion, ayant oublié complètement mari et enfants, elle

conserve sa volonté et il m'a été impossible do luifaire exécuter une action déterminée qu'elle avait pris,à l'état de veille et sur ma prière, la ferme résolutiondo no pas accomplir. Jo suis parvenu cependant àtromper sa résistance par un subterfugo, parce que lavivacité de l'esprit s'était ralentie.

Mra0 K..., jeune femme de 30 ans, intelligente,instruite, qui n'a jamais été magnétisée que par moi(à l'exception de deux ou trois essais auxquels elles'est prêtée pendant quelques instants) est d'une sen-sibilité extrême pour tous les phénomènes qui carac-térisent ces premiers états, sauf pour les suggestionsde l'ouïe qui prennent difficilement. Il m'a fallu plu-sieurs séances pour l'amener à l'état de rapport, oùelle conlinue à entendre tout le monde (l), maiselle no voit plus que moi pour qui elle éprouve alorsl'affection exclusive habituelle.

(1) La condition d'isolement n'est pas rigoureusement indispen-sable car nous avons rencontré do très bons somnambules qui en-tendaient tout et dont l'ouïe était même devenue d'une finesseextra-

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CLASSIFICATION DES ÉTATS 27

Il m'a fallu encore plusieurs séances pour l'amenerà la sympathie au contact où elle éprouve mes sensa-tions sans les localiser ; en revanche ello éprouva,même à une certaine distance, mes émotions, souriantquand jo souris derrière elle, s'attristant quand jem'attriste.

Je n'ai pu, au bout d'une dizaine de séances, dépas-

ser cet état, etj'attribue cette difficulté d'uno part à sonextrême vivacité d'esprit, de l'autro aux distractionsextérieuresprovenantde co que son ouïe nes'endortpas.

Mm,K„., comme Mmo X..., n'ayantété magnétiséesque par moi et l'ayant été régulièrement, s'endormentsimplement par la pression des pouces, et so réveillentau commandement en passant très rapidement parlos phases aussi bien à l'aller qu'au retour (,l).

Anna, anciensujet de AÏ. R,.., a été longtemps tra-vaillée pour obtenir la lucidité; elle présente les phé-nomènes ordinaires de suggostibililôau début, de sen-sibilité et d'oubli au réveil, s'endort profondémentsous l'influence des passes, mais ne présente aucundes autres caractères des états décrits plus haut; dans

ordinaire. Cette anomalie est épineuse et doit mettre lo magnétiseursur ses gardes ; on doit toujours chercher a la détruiro et, avec dola patience, on y parvient après plusieurs séances.

f II en est de mémo de l'oubli au réveil, circonstance que nousconsidérons comme très importante ; car, sans ces deux caractères,l'isolement à tout ce qui n'est pas le magnétiseur et l'oubli au réveil,quelles garanties sérieuses peut-on avoir du somnambulisme? »(CiuhriG.\on, Phys du Alagn., p. 5O.)

(1) Chez quelques-uns de ces sujets, l'aptitude a la suggestibilitôcommence dès la veille : ce sont des gens naturellementcrédules, etelle se continue avec uno certaine intensité, jusque pondant l'étatde rapport Mme X .., II... et Maria ne se lèvent plus quo très diffi-cilement de leur chaise après lo réveil, quand, h. l'état de rapport,ils ont reçu l'ordro do no pas pouvoir se mettre debout.

Ces variations de la suggestibilitô sont expressément importantesà noter ; il en résulte, en effet, qu'on peut généralement produire

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28 LKS ÉTATS PROFONDS DE l/HYPNOSE

son sommeil ello a des visions qui, paratt-il, se sontquelquefois trouvé des prévisions,

Mp0 Vix, sujet professionnel, bien connue à Paris,très nettement polariséo, passe avec une régularitéextrême, comme Benoist, par toutes les phases ci-dessus décrites, et, en outre, par des phases que jen'ai pu déterminer, jusqu'à la syncope.

Si, au lieu d'imposer la main droite sur sa tête, onimpose la main gauche (imposition en hôtéronome),on détermine d'abord, comme chez les autres sujets,uno excitation, puis un engourdissementet enfin uneparalysie générale présentant de telles ressemblancesavec la mort que jo n'ai point osé continuer les expé-riences.

On peut se demander si, en prolongeant cette action,on n'obtiendrait pas une série d'états séparés par desléthargies et possédant des propriétés spéciales ; l'étatde veille ne serait ainsi qu'une phase particulière ethabituelle des diverses modalités dont lo cerveau peutêtre doué; il constituerait la partie médiane du cla-vier intellectuel,

Qui sait ce que nous réserve l'avenir ?

ou enlever l'hypnose ail simple commandement jusqu'à l'état derapport, mais, lorsqu'on veut aller plus loin, il faut employer desagents physiques. L'action de ces agents, dans les états profonds,montre bien que, dans les états inférieurs, ils agissent aussi, et quela théorie de l'auto-suggestion pour expliquer leurs effets n'est pasadmissible d'une façon absolue.

On voit aussi, par les différences présentées par mes sujets, queles caractères que j'ai décrits pour les états de l'hypnose ne sontpas lo résultat do l'éducation. C'est ù tort que certains observateurssuperficiels prétendent qu'on peut façonner les sujets à sa guise ; ondéveloppe plus ou moins leurs facultés naturelles, mais c'est là tout.

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CHAPITRE II

LES ÉTATS PROFONDS D'APRÈS LES ANCIENS MAGNÉTISEURS

ET CHEZ LES Y0G1US DE L'INDE

Les phénomènes de rapport, de sympathie et de

vue à travers l'organisme étaient connus depuis long-temps des magnétiseurs ; je me suis borné à les cons-tater de nouveau et à les classer par états en indi-quant d'autres traits spécifiques ; c'est ce qu'a faitM. Charcot pour les phénomènes du Braidisme.

Cette classification avait du reste déjà été plus oumoins vaguement entrevue.

« Est-il bien philosophique, dit le docteur Char-pignon (Physiologie du Magnétisme, 1848, p. 110),do réunir, sous le nom générique d'extase, tous lesphénomènes d'insensibilité, de catalepsie, de visionsdiverses, de lucidité, que ces phénomènes soient spon-tanés, déterminés par la magnétisation ou bien parl'action d'intelligence surhumaine.

« Bien que la signification absolue du mot extase(de statu dejicio, renversement de l'état ordinaire).semble légitimer cette manière de voir, nous pensonsqu'il serait plus convenable de classer tous les phéno-

/

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30 LES ÉTATS PROFONDS DE L*HYPNOSE

mènes dont nous parlons dans le magnétisme, qui,

comme nous l'avons dit, présente des groupes bientranchés, soit relativement aux espèces dans les-quelles on l'observe, soit par rapport aux causes occa-sionnelles des phénomènes qui sont toujours sponta-nés ou volontaires. »

Trente ans auparavant, M. de Lausanne (Desprincipes et des procédés du magnétisme animal)divisait les phénomènes du'magnétismo en demi-criseetencme complète; il indiquait huit degrés pour lademi-crise et quatre pour la crise complète (1), et endécrivait ainsi les traits principaux :

DEMI-CRISE

« l*r degré. La personne éprouve uno sensation dechaleur ou de froid qui semble suivre la main du ma-gnétiseur. Cette sensation est quelquefois assez in-tense pour être pénible à supporter. Elle produit gé-néralement chez le magnétisé un étonnement quifixe sa pensée sur l'action du magnétisme et qui aug-mente conséquemment son aptitude à recevoir cetteaction.

(t) Dès l'annéo 1786, le comte de Lutzebourgavaitclassé les étatsdes somnambulesen degrés et nuancesqu'il décrit d'uuo façon assezconfuse en s'attuchant Burtout à la propriété de reconnaître les ma-ladies. (Extrait des journaux d'un magnétiseur attaché à la so-ciété des Amis réunis de Strasbourg,p. 28-42.)

Il commence ainsi la description :'« Uno expérience acqulso parl'étude des crises nie fait croire qu'il y a quatre degrés dans lescrises magnétiques et qu'au dire des quelques somnambules qui encomptent sept, les trois premiers doivent ôtre réputés demi-crises ;au reste, comme lo dirait ma somnambule,qu'un escalier ait quatreou sept marches, ou plus, du palier au faite, c'est toujours la mémohauteur. »

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MAGNÉTISEURS ET Y0GHI3 31

« 2e degré. La personne magnétisée devient lourde,

ses yeux se ferment et, sans être endormie, elle nepeut p'ius ouvrir les paupières, ou remuer les bras etles jambes; ce n'est pas un simple engourdissement:il lui semble que sa volonté n'a plus d'action sur sesmembres.

« 3e degré. Le magnétisé est absorbé ; sesyeuxfermés

ne peuvent s'ouvrir et ses paupièreslui paraissent col-lées ensemble : quoiqu'il entende tout ce qui se ditauprès de lui, il ne peut répondre. Le bruit l'incom-mode et il désire lo plus profond silence. Cet étatest souvent suivi immédiatement de la crise com-plète.

« 4° degré. Le magnétisé est légèrement assoupi etne se rappelle que commo un rôvo ce qu'il peut avoirentendu pendant lo temps qu'il était dans cet état. Lebruit le réveille et l'incommode.

« 5* degré. Le magnétisé entre dans un assoupisse-ment profond que le magnétiseur est obligé de faire

cesser après uno heure ou deux, parce qu'il pourraitse prolonger fort longtemps.

« 6° degré. L'action magnétique provoque un som-meil doux et léger; le magnétisé se trouve dans unétat de bien-être qu'il ressent encore quelque tempsaprès lo réveil.

« 7e degré.Le magnétiséest dans un état apparentdesommeil ; ses paupières et tout son corps restent en-tièrement immobiles ; mais il entend ce qu'on lui ditet peut répondre; il prévoit la durée de son sommeil

ou la fixe, guidé par l'instinct qui commence à sedévelopper.

« 8° degré, État de sommeil dans lequel le système

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32 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

viscéral a acquis assez d'irritabilité pour transmettreses impressions; mais comme la translation de lasensibilité au centre épigastrique n'est point complète,le malade ne voit que confusément son mal, et lesremèdes qu'il s'ordonne ne peuvent être que douteux,parce qu'il lie ses impressions et les combine suivantles lois de sa raison ; dès lors, il ne sent plus, il juge,et aucune certitude ne peut accompagner des juge-ments qui ont pour élémentsdes impressions confusesde l'instinct. A ce degré, le magnétisé est isolé pourcertaines personnes, tandis qu'il ne Test point pourd'autres, c'est-à-dire qu'il entend les premières et nonles secondos, ce qui vient du plus ou moins d'ana-logie qu'il a avec elles.

CRISE COMPLETE

« Les quatre degrés delà crise complète présententdes traits communs qui sont les suivants : Le ma-gnétisé ne peut ouvrir les yeux ; il est dans un étatapparent de sommeil ; il est entièrement isolé et,quelque bruit qu'on puisse faire autour do lui, il n'en-tend que lo magnétiseur; en se réveillant, il perdcomplètementle souvenir do tout ce qu'il a pu voiroudire pendant la crise, si bien qu'il lui semble mêmen'avoir point dormi. Le contact de tout ce qui n'estpoint magnétisé, et particulièrement celui des ani-maux, lui cause une sensation désagréable qui peutaller jusqu'à lui occasionner des crispations de nerfs,

« Quant à leurs caractères particuliers, les voici :

« 1er degré. Le malade voit parfaitement son mal

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MAGNÉTISEURS ET YOGIIIS 33

présent et peut indiquer les remèdes qui lui sont néces-saires', sans cependant prévoir le développement d'unautre mal dont la cause existe déjà et lui échappe. 11

peut encore annoncer avec précision l'époque de gué-rison du mat qui l'occupe.

« 2e degré. Le magnétisé peut entrevoir, de plus, lesmaux des personnes sur lesquelles le magnétiseur afixé sa pensée ; cette vision est quelquefois très impar-faite, et il serait dangereuxde se fie* aveuglément auxremèdes qu'il ordonne.

« 3e degré. Le magnétisévoit avec certitude le malprésent et le germe do toute autre maladie qui peutexister, soit chez lui, soit chez les personnes avec les-quelles il est en rapport. Il annonce l'époque du déve-loppement et les périodes de la maladio on indiquantles remèdes avec la plus grande précision.

« 4° degré. Le magnétisé voit> de plus, des choseséloignées et étrangères à son état. Il prévoit des évé-nements qui n'ont aucun rapport avec ce qui l'inté-resse, et ses prévisions s'accomplissent exactement.

« NOTA. — Dans les troisième et quatrième degrés, le-

magnétisé lit dans la pensée du magnétiseur et agit,dirigé par celte pensée, sans que le magnétiseur aitbesoin de la manifester par aucun signe extérieur. »

On le voit, les anciens magnétiseurs s'étaient beau-

coup plus préoccupés des applications pratiques quedes caractèrespouvant servir do bases aune théorie;ils n'avaient pas reconnu nettement ces alternativesde léthargie et de révoil apparent que nous avonsconstatées, et, comme le fait remarquer M. do Lau-

3

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34 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

sanne, leurs sujets brûlaient généralement les étapesconstituées par les cinq derniers degrés de la demi-crise.

La sensationdo bien-être si caractéristique de notreétat de rapport semble cependant signalée dans lesixième degré de la demi-crise ; nous la retrouvonsindiquée avec plus de précision dans une lettre que ledocteurFitz Gibbon, médecin royal et agrégé au col-lège de médecine de Bordeaux, écrivait, le 22 mai 1785,

au marquis de Puységur pour lui rendre compte deses expériences magnétiques :

c Une particularité que j'ai remarquée dans monpetit traitement est un état de plaisir extrême que.ressentent certains hommes ; c'est une extase, un étatextatique de plaisir qui surpasse tout autre connu etlequel dure quelquefois un quart ou vingt minutes auplus, et qui se manifeste par ces paroles : 0 mon Dieu,que c'est bon! et ces mots répétés constamment; lesyeux sont tout ouverts, le corps dans une espèce deraideur, la respiration un peu gênée, comme si l'onétouffait de joie ou de plaisir, comme l'on dit commu-nément. Ils sont vraiment moitié somnambuliquas etmoitié cataleptiques, pendant cette crise. Les femmesn'y sont point sujettes, du moins je n'en ai point vudans cet état-là. Je ne sais, monsieur, si vous en avezvu dans l'état quo je vous décris; il ne m'a jamaisfallu plus de trois ou quatre minutes pour les mettredans cet état. »

Les Orientaux ont fait, depuis des siècles, des obser-vations analogues. Le Dr Nobin Chauder Paul,, assis-tant chirurgien militaire aux Indes, a publié, il y a

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MAGNÉTISEURS ET YOGIHS 35

quelques années, un traité théorique et pratique duyoga, c'est-à-dire de l'art employé par les extatiquesindous pour s'abstenir de manger et do respirer pen-dant un temps considérable.

Dans ce traité qui a été reproduit parle Lotus (n0813

et suivants), on trouve relativementaux états de l'hyp-nose les renseignements suivants :

« Les mystiques indous (yoghis) qui pratiquent le

yoga demeurentdans des retraites souterraines (gaep-na) ; ils s'abstiennent de sel dans leurs aliments etsont extrêmement friands de lait dont ils font leurprincipale nourriture ; ils sont noctambules et restentenfermés pendant le jour : leurs mouvements sontlents et leurs manières engourdies; ils mangent et sepromènent durant la nuit. Ils prennent deux posturesappelées padmdsana et sidhâsanay en vue de respireraussi pou fréquemment que possible. Ils craignent leschangements rapides et les inclémences de la tempé-rature.

« Quand les yoguis sont capables de se tenir deuxheures durant dans les deux postures tranquilles dontil vient d'être parlé, ils commencent à pratiquer leprdndyamay phase de transe volontaire caractériséepar une transpiration abondante, par des tremblementsde tout le corps, et un sentimentde légèreté dans l'éco-nomie animale (1). Ils pratiquent ensuite lepalyàhara,

(1) J'ai retrouvé ce sentiment de légèreté chez Mme K. quand elleest traversée par un courant voltaïque utt peu fort (le pôle •+- dansla main droite et le paie — dans la main gauche) étant alors danslo commencement de l'hypnose et insensible ; ses membres so sou-lèvent naturellement et ello dit quo si l'on augmentait l'action elles'enlèverait jusqu'nu plancher. Jo n'ai pas eu l'occasion de pousserencore plus loin l'expérience.

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36 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

phase de l'auto-magnétisation durant laquelle lesfonctions des sens sont suspendues. Ensuite ils pra-tiquent le dhârana, phase durant laquelle la sensibi-lité et le mouvementvolontaire cessent complètementtandis que le corps est capable de rester dans n'im-porte quelle posture. On dit que l'esprit est quiescentdans cette phase de la transe volontaire.

« Après avoir atteint le degré de dhârana (état cata-leptique) les yoguisaspirentà ce qu'on appelle dhyâ-na, phase de l'auto-magnétisation dans laquelle ilsprétendent être entourés par les éclats de la lumière oude l'électricité éternelle, appelée anonta-jyoti (dedeux mots sanscrits signifiant lumière sans fin ou om-nipénélrante) qu'ils disent être l'àme universelle (l).Dans l'état do dhyàna, les yoguis sont dits clair-voyants. Le dhyana des yoguis et la turya avaslhades védantins, l'extase des médecins, la soi-contem-plation des magnétiseursallemands, et la clairvoyancedes philosophes français.

« L'état de samddhi est la dernière phaso do l'auto-transe. Dans cet état les yoguis, comme la chauve-souris, le hérisson, le hamster et le loir, acquièrentle pouvoir de se passer de l'air atmosphérique et de sepriver de nourriture et de boisson.

« Il y a eu, dans ces vingt-cinq dorniôres années,trois cas de samdhdi ou hivernage humain. Le pre-mier cas s'est présenté à Calcutta, lo deuxième àJesselmero et lo troisième dans le Punjab. J'ai ététémoin oculaire du premier cas.

(1) Ils voient VOd qui s'échappede tous les corp3 ; jo rappelle quocette perception no se produitgénéralementquo dans l'étatde rapport»

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MAGNÉTISEURS ET YOGHtS 37

a II y a deux variétés de samâhdi, appelées sam-prajnd et asamprajna. Le colonel Townsend, quipouvait arrêter le mouvement de son coeur et do sesartères à volonté, et mourir ou expirera son gré puisrevivre, était un exemple de samprajna samâdhi. Lesyoguis do Jesselmere, du Punjab et de Calcutta, quientraient dans un état pareil à la mort en avalant leurlangue, et qui ne pouvaient pas reprendre la vie àvolonté, étaient des exemples à'asamprajna samâ-dld ; ils ne pouvaient ressusciter qu'avec l'aided'autres personnes qui reliraient la langue enfoncéedans lo pharynx et la remettaient à sa place nor-male.

« En raison de l'obscuritéréelle inhérente à la phy-losophie yoga et démon ignorance absolue de la lan-

gue sanscrite dans laquelle sont écrits les principauxouvrages mystiques de l'Inde, je réclame un peu d'in-dulgence pour le cas où j'aurais manqué de traiterconvenablement ce sujet de la transe volontaire tellequ'elle est pratiquée par les philosophes orientaux àsang froid et hivernants. »

Il n'y a pas lieu de s'étonner que les descriptions desdifférents états que je viens de rapporter ne soient pasidentiques. Non seulement il n'y a pas deux hommessemblables et réagissant de môme sous l'influenced'une même action (1), mais les procédés des opéra-

(1) M«« K..., par exemple, est hallucinablo par la vue dans tousles elats, bien qu'elle garde dans ces états un grand empire sur savolonté ; les hallucinations auditives sont bien plus difficiles à ob-tenir, et elle persiste a entendre tout lo monde; il semble que, chez

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38 LES ÉTATS PROFONDS DE LHYPNOSE

teurs doivent certainement influer ; il s'agit en effetvraisemblablement, dans tous ces phénomènes, deforce vitale qu'on accumuloâtantôtsur un point, tantôtsur un autre. Enfin ceux qui ont l'habitude d'expé-rimenter savent combien il est difficile de bien voirce qui se passe et de le rapporter exactement ; le faitle plus simple, le plus aisé à obsorver est racontéd'une manière différente par chacun do ceux qui yont assisté. Les remarquables concordances quo lelecteur a pu constater sont donc uno preuve réelle-ment très sérieuse do la généralité des grandes lignes

que nous avons tracées.

elle, l'organe de l'ouïo no participe pas a lliynnoso des autres or-ganes qui bénéficient do cette insensibilité relative

* Les divers somnambule, dit Dclouze (Instruction pratique surle magnétisme animal, p. 142), présentent des phénomènes trèsdifférents ; et le seul caractère distmctlf et constant du somnambu-lisme, c'est en KOUVBAU UODB DK rEucEPitoi». Ainsi il est des somnam-bules isolés, d'autres qui no lo sont pas ', il en est qui sont mobilescomme des aimants, d'autres n'ont que des facultés intérieures ; ilen est chez qui, toutes les sensations sont concentrées îi l'épigastre,d'antres font usage de quelques-uns de leurs sens ; il en est enfinqui, après le réveil, conservent, pendant un certain temps, le sou-venir des impressions qu'ilB ont reçues et des idées qu'ifs ont euesen criso. J'ai dû me borner a exposer ce qui a lieu le plus commu-nément,, »

Un môme somnambule ne présentemémo pas toujours des facultésconstantes ; ces facultés so modifient plus ou moins suivant les in-fluences physiques extérieures et l'état moral Inférieur. No voyons-nous pas les machines de Wlmhurst donner sur uno do leurs arma-tures tantôt de l'électricitépositive, tantôt de l'électricité négative,selon te caprice de la machine ! disent les constructeurs.

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CHAPITRE III

L EXTERIORISATION DE LA SENSIBILITE

La question de la sympathie et de la vue des or-ganes a été posée même avant les magnétiseurs quiont eu lo mérite de l'étudier avec le plus grand soin.

En 1699, une prétendue sorcière, Marie Bucaille,fut poursuivie et condamnée à mort par le parlementde Valognes, sur le motif qu'elle ressentait sympathi-quement le mal des autres, ce qui ne pouvait sefaire que par art magique et opération du démon. Loparlementde Rouen mitigea la sentence en une con-damnation auïouet et au carcan. Une demoiselle AnneSeville et un curé de Godeville furent condamnés parle môme motif. (Luc DBSAGB, De VExtase.)

Carré do Montgeron rapporte qu'il arrivait souventaux convulsionnaircs « de prendre les maladies sanssavoir si les personnes sont malades, ni la nature deleurs maux. Ils en sont instruits par le sentiment dedouleur qu'ils éprouvent dans les mêmes parties. i>

Delcuze (Histoire critique du Magnétisme, 1*° par-

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40 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

tie, ch. vm) énumère ainsi les propriétés des somnam-bules :

«Le somnambule... ne voit et n'entend que ceuxavec lesquels il est en rapport. Il ne voit quo ce qu'ilregarde, et il ne regarde ordinairement que les objetssur lesquels on dirige son attention... Il voit ou plutôtil sent l'intérieur do son corps ; mais il n'y remar-que ordinairement que les parties qui ne sont pasdans l'état naturel et qui troublent l'harmonie. »

« Si uno personne malade,:dit Charpignon (Phy-siologie du Magnétisme), est mise en rapport avecune somnambule suffisamment lucide, il se passel'un de ces deux phénomènes : la somnambule voitles parties malades et les décrit avec plus ou moinsde perfection, se servant d'expressions figurées, si elle

ne connaît pas d'avance les noms de ce qu'elle voit ;

ou bien sent, souvent très vivement, les mômes souf-frances que le malade, et indique ainsi le siège du malet toutes les sympathies...

« La plupart des somnambules, ajoute-t-il ailleurs,ressentent les douleurs des personnes avec lesquelles

on les met en rapport. Cette sensation est fugitive etne laisse pas de traces au réveil si l'on a bien le soinde rompre le rapport : si c'estlemagnétiseurqui souffre,la sensation est des plus vives et elle persiste souventau réveil. Si Ton continue plusieurs jours à magnéti-ser dans cette disposition maladive, on inocule à cessomnambules impressionnablesla même maladie. »

Ce dernier fait avait déjà été affirmé par le marquisdu Puységur dans ses Mémoires :

« La susceptibilité qu'ont les malades en crisesmagnétiques de gagner avec promptitude certaines

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EXTÉRIORISATION DE LA SENSIBILITÉ 41

maladies a été plusieurs fois démontrée. Le dangerque courent les somnambules en touchant certainsmalades ne doit cependant pas effrayer au point de

ne plus les consulter sur les maladies des autres, maisil faut le faire avec précautions. »

Le Dr Ch, Bertrand, ancien élève de l'École poly-technique et père du secrétaire perpétuel do l'Aca-démie des sciences, rapporte trois cas de sympa-thie ou de vue magnétique qu'il a observés lui-môme.

« J'observais, dit-il (1), une somnambule qu'onm'avait dit avoir la faculté de reconnaîlre les mala-dies... Je ne me contentai pourtant pas de ce qu'onm'en rapportait et je voulus éprouver la somnambulesur une malade dont l'état me fût connu d'avance. Jela mis en conséquence en rapport avec une demoi-selle de..., dont la principale affection consistait dansdes accès d'asthme qui la tourmentaient très sou-vent. Quand la malade arriva, la somnambule étaitendormie, et j'étais sûr qu'elle ne pouvait connaîtrela personne que je lui amenais, Cependant, aprèsquelques minutes de contact, elle parut respirer diffi-cilement, et bientôt elle éprouva tous les symptômesqui accompagnent une forte révolution d'asthme.Sa voix s'éteignit; elle nous dit avec ^beaucoup depeine que la malade était sujette au genre d'oppres-sion que sa présence venait de lui communiquer àelle-même, »

(t) Traité du Somnambulisme et des différentes modificationsqu'tl présente. ~ Paris, 1823, p. 229.

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42 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

Une autre de ces somnambules, mise en rapportavec un enfant qui avait un dépôt dans une articula-tion du bras, fit des efforts inutiles pour soulever sonbras à elle, en y ressentant lo même mal. (lbid,tp. 232.)

Cette môme personne, mise en rapport avec unjeune homme blessé qu'elle ne connaissait pas et quiétait entré dans la chambre pendant son sommeil,s'écria : « Non, non, ce n'estpas possible ; si un hommeavait eu une ballo dans la lôte il serait mort. — Ehbien, dit Bertrand, que voyez-vousdonc?—Il faut qu'ilse trompe, il me dit que ce monsieur a une ballodansla tête. » Et sous l'influence do son instinct ainsipersonnifié, elle indiqua très exactement le trajet dela balle au travers de la tête, en entrant par la bou-che, où aucune cicatrice extérieure ne pouvait servird'indice.

Dans son second livre (Du Magnétisme animalen France, Paris, 1820), Bertrand revient encoresur ce sujet : « Je crois, dit-il (p. 428), qu'il n'estpersonne, pour peu qu'il ait observé quelques som-nambules, qui ne les ait vus souvent ressenlir, parsuite d'un simple contact, les douleurs des maladesavec lesquels on les mettait on rapport. »

Le docteur Pétetin, de Lyon, raconte qu'un jour,voyant la physionomie d'une do ses somnambulesexprimer l'étonnemont le plus complet, il lui demandace qu'elle avait :

« Je vois l'intérieur de mon corps, dit-elle, et l'é-trange formo do tous mes organes environnés d'unréseau de lumière. Ma contenance doit exprimer ce'

quo je sens, étonnçmont et crainte. Un médecin qui

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EXTÉRIORISATION DE LA SENSIBILITÉ 43

aurait ma maladie serait bien heureux, car la naturelui révélerait tous ses secrets, et, s'il était dévoué à saprofession, il no voudrait pas, comme moi, d'uneprompte guérison. — Voyez-vous votre coeur? de-manda le docteur Pétetin. — Oui, il est là. »

Et la malade décrivit les quatre cavités du coeur, ladifférence de sang à droite et à gauche, les vaisseauxqui partaient de chaque côté.

Une commission, nommée en février 1820 parl'Académie do médecine pour étudier les phénomènesdu magnétisme, publia, cinq ans après, un volumi-neux rapport signé : Bourdois de la Motte, Fouquier,Guéneau de Mussy, Guersent, ltard, J. Leroux, Marc,Thilloye et Ilusson, rapporteur. Il y est dit quo, mal-gré les recherches faites sur un assez grand nombre desomnambules, la commission n'en trouva qu'uneseule qui ait indiqué les symptômes de la maladie detrois personnes avec lesquelles on l'avait mise enrapport.

« La commission, dit le texte, trouva parmi sesmembres quelqu'un qui voulut bien se soumettre àl'exploration de la somnambule : ce fut M. Marc.MUe Céline fut priée d'examiner avec attention l'étatde la santé do notre collègue ; elle appliqua la mainsur le front et la région du coeur, et, au bout de troisminutes, ello dit quo lo sang se portaitàla tôle; qu'ac-tuellement M. Marc avait mal dans le côté gaucho docette cavité ; qu'il avait souvent de l'oppression, sur-tout après avoir mangé ; qu'il devait avoir souventune petite toux ; que la partie inférieure de la poitrinoétait gorgée do sang ; que quelque chose gênait lo pas-sage des aliments ; quo celte partie (et elle désignaitla

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44 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

région de l'appendice xiphoïde) était rétrécie ; que,pour guérir M, Marc, il fallait qu'on lo saignât large-ment, que l'on appliquât des cataplasmes de ciguë etque l'on fit des frictions avec du laudanum sur lapartie inférieure de la poitrine ; qu'il bût de la limo-nade gommée, qu'il mangeât peu et souvent, et qu'ilne se promenât pas immédiatement après le repas.

« Il nous tardait d'apprendre do M, Marc s'il éprou-vait tout ce quo cetto somnambule annonçait ; il nousdit qu'en effet il avait de l'oppression lorsqu'il mar-chait en sortant de table ; que souvent il avait de latoux et qu'avant l'expérience il avait mal dans le côtégauche de la tète, mais qu'il ne ressentait aucun gènedans le passage des aliments,

« Nous avons été frappés de cette analogie entre cequ'éprouve M. Marc et ce qu'annonce la somnam-bule; nous l'avons soigneusement annoté et nousavons attendu une autre occasion pour constater denouveau cotte singulière faculté. Cette occasion futofferte au rapporteur, sans qu'il l'eût provoquée, parla mère d'une jeune demoiselle à laquelle il donnaitdes soins depuis fort peu de temps »

La sensation dès maladies d'une personne, par lesimple contact du sujet magnétisé avec un objet ayantappartenu à la personne, a été affirmée parPuységuretTardy de Montravel,

Le docteur Charpignon cite un très grand nombrede cas observés par lui (Physiologie du Magnétisme,

p. 233-207), où le rapport avait été établi à l'aided'une mèche de cheveux.

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EXTÉRIORISATION DB LA SENSIBILITÉ 45

« J'ai vu, dit Lafontaine (l'Art de magnétiser,p. 00), une somnambule se gratter tout lo corps et yaccuser des démangeaisons atroces qui étaient pro-duites par le seul contact des cheveux d'un malade,La personne avait des dartres vives sur toute la sur-face du corps. »

Lo Dr Luys obtient le transfort des maladies ner-veuses sur certains de ses sujets par l'imposition surleur tête d'un aimant en fer à cheval qui a séjournésur la tête des malades (1).

De ce qui précède, on doit conclure que certainssujets peuvent, dans certains états de l'hypnose,éprouver les symptômes de la maladie do la personneavec laquelle ils sont mis en rapport et môme voir les

organes intérieurs de cette personne,L'admission de ces deux faits, ou seulement du

premier, a une grande importance au point do vuolégal, car il en résulte que, si l'on peut poursuivre lessomnambules donnant des consultations médicales,

pour exercice illégal do la médecine, il n'y a pas lieude leur appliquer nécessairement l'article 405 du Codepénal;

« Quiconque, soit en faisant usage de faux nomsou de fausses qualités, soit en employant des ma*noeuvres frauduleuses pour persuader l'existence dofausses entreprises, d'un pouvoir ou d'un crédit ima-

(i) Du Transfert à distance h n'aide d'une couronne aimantée,par MM, Luys et Encausso. (Communication faite à la Société deBiologie, séance du 14 novembre 1890.) '

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46 LES ÉTATS PROFONDS DE L'UYPNOSB

ginaire, ou pour faire naître l'espérance ou la crainted'un succès, d'un accident ou de tout autre événementchimérique, se sera tait remettre ou délivrer ouaura tenté de so fairo remettro ou délivrer des fonds,et aura, par un de ces moyens, escroqué ou tenté d'es-croquer la totalité ou partie do la fortune d'autrui,sera puni d'un emprisonnement d'un an au moinsou de cinq au plus, »

Bien que la cour do cassation ait confirmé, en 1851,celle manière de voir dans l'affaire des époux Mon-gruel et du médecin Pyrabouski, associés pour l'ex-ploitation d'un cabinet de consultations magnétiques,la question se pose encore assez souvent devant lestribunaux,

La confiance dans les facultés spéciales de som-nambules doit cependant être très limitée, Doleuzeiraconte à ce sujet (1) une anecdoto tout à fait topique.

« J'ai été, dit-il, dernièrement témoin d'une con-versation fort intéressante entre deux somnambules•qui ne se connaissaient point; elles se sont récipro-quement consultées sur leurs maux; si elles eussentété plus clairvoyantes, elles auraient été parfaitement'd'accord. G'est ce qui n'est point arrivé; chacunea vuune partie des maux de l'autre, mais sans les voirtous, ce qui produisait une différence notable dans lotraitement. Une troisième somnambule a été présen-tée à la première; celle-cta fort bien reconnu quelétait l'organe affecté ; mais les détails qu'elle a donnés

sur la lésion de cet organe annonçaient qu'elle ne

(1) Histoire critiqué du Magnétisme1animai, t. I, j» 229,

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EXTÉRIORISATION DE LA SENSIBILITÉ 47

voyait pas distinctement la nature de la maladie.

« Jene douto point quo ces trois somnambules nevissent très clairement leur propre état, mais il m'estdémontré qu'olles n'ont pas vu do même l'état de celle

avec qui on les a mises en rapport ; d'où il suit qu'onpeut obtenir par les somnambules des indications trèsutiles, mais que c'est le comble do l'imprudence des'en rapporter à eux pour les remèdes sans avoirsoumis leurs consultations au jugement d'un méde-cin. »

Des expériences toutes récentes, faites par desobser-vateurs habitués aux recherches scientifiques, ontconfirmé la réalité du phénomène de la transmissionde sensation à dislance, même sans aucun contactapparent (1),

« Mra0 B,,., dit M. P. Janet, semble éprouver laplupart des sensations ressenties par la personne quil'a endormie. Elle croyait boire quand cette personnebuvait. Elle reconnaissait toujours exactement la sub-stance que je mettais dans ma boucho et distinguaitparfaitement si je goûtais du sel, du poivre ou du sucre.

« Nous avons remarqué que le phénomène se passe

(l) Ce dernier fait avait déjà été signalé par les magnétiseurs,« Lo phénomène de la transmission de sensation, du magnétiseur aumagnétisé, dit Lafontaine (Mémoires, t I, p. 157), se déclara unjour chez Clarisse; je dt .emîis alors à l'étage inférieur avec deuxpersonnes qui me firent subir mille petites tortures, me tirèrentles cheveux, me chatouillant, me piquant, etc. Quand nous remon^tàmes, on nous dit que la somnambule avait indiqué toutes cessouffrances, dans l'ordre où elles m'avaient été Infligées, C'est laun des phénomènes que ['ai le plus rarement rencontrés. »

.

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48 LES ÉTATS PROFONDS DE L'IIYPNOSE

encore, môme si jo me trouve dans uno autrechambre,., Si, môme dans une autro chambro, on mepince fortement lo bras ou la jambe, ello pousso descris ot s'indigne qu'on la pinco ainsi au bras ou aumollet,Enfin, mon frôro, qui assistait à ces oxpérienceset qui avait sur elle une singulière influenco, car ellolo confondait avec moi, ossaya quelque chose de pluscurieux. En se tenant dans une autre chambre, il sebrûla fortement le bras, pendant que Mmo B,,, étaitdans la phase de somnambulisme léthargique où elloressent les suggestions mentales, Mra0 B„. poussa descris terribles et j'eus do la peine à la maintenir. Elletenait son bras droit au-dessus du poignet et se plai-gnait d'y souffrir beaucoup. Or je ne savais pas moi-même où mon frôro avait voulu se brûler. C'était bienà celle place-là. Quand MmoB... fut réveillée, jo visavec étonnement qu'ello serrait encore son poignetdroit et se plaignait d'y souffrirbeaucoup, sanssavoirpourquoi, Le lendemain, elle soignait encore son brasavec des compressesd'eau fraîche, et, le soir, je cons-tatai un gonflement et une rougeur très apparente àl'endroit exact où mon frère s'était brûlé, mais il fautremarquer qu'elle s'était louché ot gratté le bras pen-dant la journée.,. Ce phénomène do la communica-tion des sensations ne se produit qu'après une longuesuito do séances et à la fin d'une séance qui a duré elle-même plusieurs heures ; aussi ne l'ai-je pas revu unoautre fois avec la môme netteté (1). »

La Society for psychical researches a étudié cettequestion pendant trois ans, de 1883 à 1880, et a

(l) Revue philosophique,n» 8, avril 1830.

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EXTÉRIORISATION DE LA SENSIBILITÉ 49

publié les procès-verbaux de ses oxpérioncos qui ontdonné des résultats concordant dans la très grandomajorité des cas. Voici un extrait du préambule dol'un do ces procès-verbaux ;

«,,,,. Nous avons souvent observé une commu-nauté do sensations véritablement romarquablo entrel'opérateur ot son sujet, phénomène qui pourrait êtrenommé, d'une façon plus oxacte, une transmissiondo sensation. Co phénomène est évidemment intime-mont lié à ceux donts'occupe le comité do la transmis-sion mentale. Nos expériences diffèrent ^d'ailleurs onceci des expériences faites par co dernier comité, quele sujet n'est pas dans son état normal, mais se trouveplongé dans le sommeil mesmérique. Voici commentelles ont été arrangées : Ered. Walls(unjeunohommede vingt ans, le somnambule) était assis sur unechaise, les yeux bandés, et M, Smith se tenait derrièrelui. Le sujet fut endormi par M, Smith à l'aide de

passes. Ce dernier fut alors piqué ou pincé dans diffé-rents endroits assez fortement ot cette opérationduraitgénéralement une ou deux minutes. Un silence absolufut observé, à l'exclusion d'une question nécessaire :

« Sontez«vous quelque chose? » Cette question étaitprononcée par M. Smith, puisque le sujet paraissaitne pas entendre les autres personnes. Dans la pre-mière série d'expérience, M. Smith tenait l'une desmains du sujet, mais cette précaution ayant été cons-tamment trouvée inutile, tout contact entre l'opéra-teur et son sujet a été rompu dans les expériencesultérieures (1). »

(1) Proceedings of the Society for psyehioal researches, V, I,Fart. III,

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80 LBS ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

La question de Yaction des remèdes à distance,dont j'ai dit un mot à propos do l'état de rapport, asoulevé de telles protestations lors d'une communica-tion faite sur ce sujet par le Dr Luys à l'Académio demédecine qu'il ne me paraît pas inutile do rappelerqu'ello a été maintes fois observée pardes expérimen-tateurs opérant d'une façon tout à fait indépendante.

Parmi les contemporains, jo me bornerai à citer lesprofesseurs Bourru et Burot, à Rochofort, lo D'Dufour,à l'asile départemental do Saint-Robert, ot à renvoyerpour lo détail de leurs expériences et des miennes àmon livre sur les Forces non définies ([).)

Dans le livre premier, chapitre xxu de la Magienaturelle, J.-B, Porta affirmait déjà que des sym-phonies, exécutées sur des instruments fabriquésavec des planches de bois médicinal, produisaient lemême effet que les médicaments tirés de ces plantes-mômes.

En 1747, un médecin do Venise, Pivati, avait cons-taté d'abord que, lorsque des substances odoriférantesse trouvent dans l'intérieur d'une bouteille en verre etque l'on électrise cette bouteille, les odeurs transpi-rent à travers le verre et se répandent dans l'atmos-phère ; puisque, lorsque des substances sont placéesdans les mains de personnes que l'on électrise, cessubstances communiquent leurs vertus médicales à cespersonnes qui peuvent ainsi éprouver l'effet des méducaments sans les prendre à la manière ordinaire.

(1) Voir aussi : La Suggestion mentale et l'action à distance,par les D" Bourru et Burot. Paris, 1887. (Biblioth. Scient, intern.)

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EXTÉRIORISATION DE LA SENSIBILITE 5lf

Pivati effectua ainsi, dit-on, des cures remarquables;^os expériences do Pivati furent confirmées par

celles do Vêrati (de Bologne), de Bianchi (de Turin),ainsi que par le professeur Wintkler (do Leipsig) quis'est assuré du pouvoir do l'électricité sur lo soufre* lacanelle et le baume du Pérou,

Ily a uno quarantaine d'années, le DP Viancin ropritces oxpériences, peut-être sans les connaître, et voiciquelques passages des lettres qu'il écrivait au Dr Char-pignon (1).

« L'ingestion des actions dynamiques des substancesest constante sur tout le monde. Cette ingestion.se faitpar des insufflationsle plus souvent et à l'aide do tubesdo verre dont la forme a la plus grande influence.Pour la plupart des remèdes, quoi que soit le pointque Ton magnétiso par insufflations ou autrement,toute l'organisation ne peut manquer d'être envahie

par le dynanismo du remède, dont les; symptômes iSetrahirontsur leurs points d'élection ordinaire, exceptétoutefois l'ipécacuanha et plusieurs autres substances.Ainsi, par le magnétisme, l'ipécacuanha donne le té-tanos comme la strychnine et agit surtout sur le coeuret sur le poumon ; le mercure donne le plus souvent letremblement mercuriel.

« Léonidas Guyot a failli faire périr un médecinréfractaire

1, en le magnétisant à travers la; noix vor-mique;. il a ensuite dissipé les accidents, comme onle fait ordinairement, avec des passes. Avec du.col^-chique, il a purgé toute une chambrée..... J'ai guéri

(!) Dr Charplgnon, Physiologie, médecine, et métaphysique disMagnétisme, p. 59,

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52 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

d'une manière éclatanto, dans dix jours, uno ménin-gite chronique sur un enfant, en lo magnétisant à tra-vers le laudanum Rousseau, M. J.,so magnétisant àtravers l'iode par insutfisation, s'est guéri d'un hydro-cèle compliquéd'oedèmo du cordon. M, Toupiellevientde corriger un employé, stupide et vioux réfractairo,en lo magnétisant pendantdeux heures avec de i'aloès jle lendemain, le vieux récalcitrant a été pris d'unediarrhée qui dura plusieurs jours, »

H n'y a là, du reste, sauf la différence du véhicule,qu'un phénomène identique au transport invisible desparticules matérielles d'un corps sous l'influence del'électricité, transport qui s'effectue tous les jours sousnos yeux sans que nous nous en étonnions (1).

Lo tort qu'on a dans toutes les expériences de cegenre, c'est de croire qu'on peut les reproduire àvolonté ; il est, en effet, facile à comprendre quo dessujets assez sensibles pour percevoir des impressions

(1) La galvanoplastie n'est, en effet, pas autre chose et les deuxexpériences suivantes, récemment relatées dansune chronique scien-tifique par le Dp Fovcnu de Courmelles, font, pour ainsi dire, sauteraux yeux ce transport 5

i° Dans une cuve do verre remplie d'eau dont le fond est incliné,on place a la partie la plus basse un globule de mercure nu contactde l'électrode positive d'une pile; a la partie la plus relevée du fonddu vase on fait aboutir l'électro négative. Quand lo courant a passéquelque temps on reconnaît quo des particules infinitésimales demercure

-ont traversé l'eau de bas en haut, d'une façon invisible

pour nous,, et sont venues recouvrir la surface de l'électrode néga-tive qui donne le précipité laiteux caractéristique du chlorure demercure quand on le met en présence d'un chlorure quelconque,dissous et incolore,

2» Si l'on place du prussiate di potassea Vintérieurd'unmorceaude peau de poulet plusieurs fois repliée sur elle-même, et qu'exté-vieurement on applique deux électrodes imbibées do sulfate de fer,on ne larde pas à voir se développer sur la peau de poulet la colo-ration bleue caractéristique de la réaction do la dissolution incoloredu sulfate de fer dans l'eau sur la dissolution légèrement jaunâtredu prussiate de potasse.

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EXTÉRIORISATION DE LA SENSIBILITÉ 53

aussi faibles que les émanations dont il est questiondoivent ôlro profondément troublés par les regardset; môme par la simple atmosphère des assistants ;c'est commo si l'on voulait étudier les oscillationsd'un pendulo en moeîlo de sureau exposé à tous lesvents.

Le phénomène do la transmission de pensée estaffirmé par tant do magnétiseurs sérieux, qu'il meparaît fort difficile d'en nier l'existence (1). Mais jecrois que cette transmission est infiniment plus rarequ'on no le supposo ; on va certainement beaucouptrop loin quand on prétend expliquer, par cette fa-culté des sujets, les expériences analogues à celles deReichenbach, où les faits mettent en évidence des loisqu'on suppose n'exister que dans l'esprit de l'opéra-teur. Pour ma part, depuis plus de dix ans, je n'aijamais négligé l'occasion dé constater la transmissionde pensée et j'y suis très rarement parvenu.

J'ai déjà parlé do ce garçon coiffeur qui, une seulefois, avait exécuté deux ou trois de mes ordres men-taux. Voici quelques autres cas que j'ai observés :

Un soir, après une longue séance où Mm0 X***,

(1) Au dernier Congrès de 1'Associnlion britannique pour l'avan-cement des sciences, M, Lodge, président de la Section des Sciencesmathématiques, s'exprimait ainsi dons son grand discours :

« Tout lo inonde sait qu'une pensée éclose dans notro cerveaupeut être transmise au cerveau d'une autre personne, moyennantun intermédiaire convenable, par une libération d'énergie, sousforme de son par exemple, ou par l'accomplissement d'un acte méca-nique, l'écriture, etc. Un code convenu d avance, le langage et unintermédiairematérielde communicationssont les modes connus detransmission de ponsées, Ne peut-il exister aussi un Intermédiaireimmatériel (libéré peut-être) 1 Est-il donc impossible qu'une penséepuisse être transportée d'une personne à une autre par un processus

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54 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

déjà citée, avait été magnétisée par moiet avait donnédes preuves d'une sensibilité extraordinaire, j'eusl'idée, en rentrant dans mon appartement situé àplusieurs kilomètres do son hôtel, do lui donnerl'ordre do mo rapporter, lo lendemain à onze heures,

un gros.livre que je lui rivais prêté dans la journée.Jo mis toute mon énergio à cet ordro et jo lo répétaiplusieurs fois à bauto voix, supposant qu'à cetteheure Mmo X*'* devait ôlro endormie ou du moinsdans un calme et un isolement favorables, Lo lende-main je ne vis rien venir, ce qui no m'étonnapas-;mais le surlendemain je fus fort surpris do voirun domestique m'apporter le livre que Mro0 X***

n'avait certainement pas eu le temps do lire, Je cou-rus cliez elle, et lui dit : « Mon livre no vous a donc

pas intéressé, quo vous mo le renvoyez si vite? — Aucontraire, répondit-ello, mais depuis hier à onzeheures, je suis obsédée do l'idée que vous en avezbesoin, et jo vous l'aurais rapporté moi-même si jen'avais été fort occupée, »

J'ai essayé plusieurs fois depuis de reproduire desphénomènes analogues avec la même personne ; j'aiconstamment échoué,

Zamora liseur de pensées, s'est prêté aux expé-riences d'un petit groupe de chercheurs dont jo faisaispartie, Je suis parvenu, à deux ou trois reprises,

auquel nous ne sommes pas accoutumésot a l'égard duquel nous ne•«avons rien encore ? Ici j'ai l'évidence pour mol. J'affirme que j'aivu et je suis parfaitement convaincu de la vérité du fait. D'autresont vu aussi. Pourquoi alors parler do cela à voix basse comme d'une'Chose dont il faille rougir? De quel droit rougirions-nous donc dela vérité?

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EXTÉRIORISATION DE LA SENSIBILITÉ 55

dans uno mémo soiréo, à lui faire exécuter, par unordro montai, des actions peu compliquées, commed'aller chercher un parapluie dans lo vestibule, dol'ouvrir et do le présenter à une des personnesprésentes ; mais, pour cela, il a fallu, sur ses propresindications, décomposer l'ordre, et répéter énergique-ment en moi-môme : « Allez dans le vestibule » ;puis, quand celto action était accomplie; c Pi/enoz

un parapluie » ; puis ; « ouvrez-le », et enfin ;

« Apportez-le à M. A, »Quelquosessais n'ont pas réussi ; dans tous les cas,

Zamora était en somnambulisme quand il opérait.Le somnambulisme était produit simplement parl'occlusion des yeux sous le bandeau qu'il se faisaitmettre dans l'unique but, croyait-il, de s'isoler davan-tage des distractions extérieures; j'ai pu, en effet,lorsqu'il avait le bandeau, lui donner des sugges-tions à échéances qu'il ne se rappelait pas lorsqu'ilavait les yeux ouverts ot qu'il exécutait ponctuelle-ment, bien qu'il ne soit pas suggestible à l'état doveille,

Zamora nous disait que, dans des cas fort rares, ilpercevait, d'un seul coup, la pensée de certaines per-sonnes ; mais c'était là un éclair fugitif dont il mepouvait se rendre compte.

Je ne ferai que rappeler ici uno autre faculté qu'au-raient certains somnambules de voir à distance etde prévoir l'avenir. Je crois quo cetto faculté existeréellement parce qu'on en cite des exemples trèsfrappants ; mais je suis convaincu aussi que, comme

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S6 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

la transmission do pensées, elle est extrêmementrare,ne se manifeste que par éclairs, et que l'on est presquetoujours abusé par l'imagination du sujet, Chaquefois que j'ai pu faire la preuve, j'ai reconnu que lesujet n'avait eu quo des hallucinations, Jo suis dureste en cela du mémo avis que Deleuze qui rapportelo fait suivant (1) :

« Mm0 de ***, mèro de deux enfants dont elleest uniquement occupée, étant malade depuis quel-ques jours, son mari a essayé do la magnétiser, et,dès la première fois l'a mise en somnambulisme.Danscet état, Mrae do *** a annoncé les crises et Pissuede sa maladie et a donné d'utiles conseils pour unde ses enfants qui étoit indisposé. Son mari, enchantéde la pénétration qu'elle monlroit et de la facilité

avec laquelle elles'énonçoit, l'a laisséeparler sur diverssujets et, après sa guérison a continué à la mettreen somnambulisme par curiosité. Bientôt l'imagina-tion do Mme do *** s'est exallée et elle a vu leschoses les plus extraordinaires. Elle a indiqué à sonmari le lieu où étoient cachés des papiers importantspour sa famille, Ces papiers, disoit-elle, y avoient étédéposés dans des temps de trouble par un de sesparents, mort depuis plusieurs années qui lui appa-roissoit et lui donnoit tous les renseignements pos-sibles pour les retrouver,

« Les visions de Mwe *** s'étant prolongées pen-dant trois mois sans qu'elle en conservât lemoindre souvenir à l'état de veille et tout ce qu'elle

(l) Histoire critique du Magnétisme animal, lro partie, p. a30.

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EXTÉRIORISATION DE LA SENSIBILITÉ 57

disoit étant parfaitement lié, son mari, qui ne voyoitdans tout cela qu'un phénomène incompréhensible-,s'est cependant déterminé à vérifier lès faits, poursavoir d'une manière positive à quoi s'en tenir.Il s'est en conséquence transporté dans l'endroit quilui avoit été désigné, et non seulement il n'a rientrouvé, mais il s'est assuré quo les lieux qui luiavoientété décrits no ressembloient nullement à la descrip-tion et qu'il n'y avoit rien do vrai dans les visions de

sa femme, »

On peut se rendre compte de la plupart des faitsprécédents, qui tous procèdent do l'extériorisation dola sensibilité, à l'aide des études que je poursuis en cemoment et dont j'exposerai plus tard les résultats; jome bornerai ici à en indiquer lo phénomène fon-damental que j'ai été le premier, jo crois, à re-connaître.

Dès qu'on magnétise un sujet, la sensibilitédisparaitchez celui-ci à la surface de la peau. C'est là un faitétabli depuis longtemps ; mais ce que l'on ignorait, c'estque cette sensibilité s'extériorise : il se forme, dèsl'état de rapport, autour de son corps une couche sen-sible séparée de la peau par quelques centimètres. Sile magnétiseur ou une personne quelconque pince,pique ou caresse la peau du sujet, celui-ci ne sent rien;si le magnétiseur fait les mômes opérations sur lacouche sensible, le sujet éprouve les sensations cor-respondantes.

De plus on constate qu'à mesure que l'hypnoses'approfondit, il se forme une série de couches ana-

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2>8 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

iogues àtpeuprès équidistantes (1), dont la sensibilitédécroît proportionnellement à leur éloignement duijorps. Avec Mm0 K,.,, j'ai pu reconnaître ces couchesà plusieurs mètres. Elles traversent presque toutes lessubstances, et ce sont elles qui fon.t percevoir les«organes intérieurs du corps.

D'après les sujetsqui voient bien le fluide à l'état derapport, on peut représenter le phénomène par leschéma ci-dessous où l'intensité de la sensibilité

est indiquée par l'intensité de la teinte qui, pour eux,est une lueur plus ou moins vive ; on y reconnaît laprésence de noeuds et de ventres comme dans toutesles propagations do mouvement scientifiquementétu-diées jusqu'ici (2)

Fig. 2. — Schéma des couches sensibles.

(1) Cette ûquidlslnnce est le double de la distance qui sépare lapremière couche sensible de la peau du sujet qui est insensible.

l2) L'homme qui se contente du témoignage tfo ses senspour appré-cier ce qui se passe autour do lui est naturellement conduit a ra-mener le monuo entier u deux entités essentielles : la Matière etVfinerpiê t

La Matière Inerte et l'Energie qui la fait mouvoir.Mais si. par la pensée, il cherche u aller plus an tond des choses,

il no tarde pointa s'apercevoir que la première fait» pour ainsi dire,devant lut. Quelque petit quo soit Morne auquel il la réduise, Il.peut concevoir un atome encore plus petit t et cet atome, il peut,par l'imagination, le dépouiller successivement de toutes les pro-priétés qui constituent pour lui la matière telle qu'il la perçoit tous

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EXTÉRIORISATION DE LA SENSIBILITÉ 1)9

L'écaftement des couches sensibles varie.avec l'étatde santé du sujétion degré d'élection ipouv le magné-tiseur, et la profondeur de l'hypnose: je l'ai vu de0m05 chez Mmo K... et<do près de Am50 chezMmo V.*.

les jours ; il peut lo supposer sans étenduo, sans lumière, sans cha-leur, sans poids, etc.

'L'énergie au contraire se montre partout,; aussi loin qu'on plongoses regards dans l'infiniment grand comme flans.l'intinlthent petit,son action s'affirme évidente, pour soutenir les mondes et pourréunir les alomc3 Inconcevables.

Do telle sorto qu'on est arrivé a se demander si la Matière existaitet s'il y avait aulro chose que l'Energie

D'autrepurt, il n'est guère possible de comprendre que l'Energien'ait ,pas pour support uno entité différente qui sert a propager son•action. Du reste une science positive, la mécanique rationnelle, par-vient a expliquer nca .seulement le mouvement des astres, maisencore la plupart des phénomènes physiques que nous observons'al'aide de lliypothèso d'un milieu transmissîf do la force, composed'une substance à la fols très subtile et très élastique.

Dès lors tous les corps seraient formés de particules matériellesInfinitésimales animées chacune do mouvements propres extrême-ment rapldos dont telle composante affecte tel ou tel de nos organeset non les autres de manière à produire la sensation du 'toucher, dola vue, du son, do la chaleur, etc.

Voila bien l'hypothèso moderneMats comment ces atomes dont la petitesse défio l'imagination,

s'ils existent, peuvent-ils nous donner a Tnldo de simples vibra-tions, ces impressions diverses. La chose est assez difficile à conce-voir pour qu II ne soit point sans Intérêt d'en chercher une preuvodirecte dans d'autres conditions. Celte preuve sera fournie par unoexpérience qu'il est facile do répéter.

Mettess un sujet dans l'état de somnambulisme, les yeux ouverts,présentez lui votro montre et donncz-lnl la suggestion suivante :

« Au réveil vous verrez sur cotte table quatremontres semblablesh celle-ci.

« La première, placée ici, vous la verrez seulement, mats ce nosera qu'une apparence, vous ne la sentirez pus quand vous essulrczde la prendre.

« La deuxième, placée tel, vous la verrez, vous la sentirez autoucher, mais ello n'aura pas de poids.

*'Ux troisième, Ici, vous la verrez, vous sentirez son contact» sonpoids, mais vous n'entendrez pas son ticlac, vous ne verrez pasmarcher les aiguilles.

« La quatrième, ici, vous In verrez, vous sentirez son contact, fonpoids | vous entendrez son ttetac \ vous verrez marcher les ai-guilles : celte des secondes, celle des minutes ot celle des heurescomme elles doivent marcher. »

En opérant sur différents sujets on obtient des résultats légère-

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60 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

qui relevait d'une grave maladie. Il semble que, danscertains cas, les positions de ces zones se modifientcomme si le magnétisé cherchait toujours à maintenirle contact avec le magnétiseur.

Le contact de l'or sur une des couches provoquechez certains sujets une sensation très vive de brû-lure. Des sensations analogues sont provoquées parles sels d'or, par le mercure et ses amalgames,l'argent, etc.

ment différents suivant la vivacité de leur imagination : mais, pourtous, si la suggestion a été donnée avec la précision nécessaire etle degré d'énergie qui convient à leur impressionabllité, l'illusionest si complète qu'ils ne parviennent pas à distinguer la montre n°4de la montre véritable quand on la leur présente a la fin de l'ex-périence.

La matière, telle qu'elle extsto pour nous, a' donc été reconstituéepour eux par l'adjonction successive de ses diverses propriétés ; seu-lement au lieu de la percevoir à l'aide des vibrationscommuniquéesaux extrémités extérieures des nerfs sensittfs par les vibrations descorps eux-mêmes, ils la perçoivent à l'aide des vibrations eommu-ntquées aux extrémités Intérieures de ces mêmes nerfs par laPensée, c'est-à-dire par quelque chose que nous ne concevons pascomme matière mois comme force.

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CHAPITRE IV

LE FLAIR ET LA PISTE

L'hyperesthésie du sens du toucher que j'ai signaléepour Benoist dans l'état de lucidité rappelle lo cascélèbre du sourcier dauphinois Jacques Aymar qui,

eu 1692, suivit à la piste un meurtrier depuis Lyonjusqu'à Avignon. J'ai été pour ainsi dire témoin, àBlois, en 1880, d'un fait analogue.

Le sergent B,.,, du 113* de ligne, sur lequelj'avaisfait quelques expériences relatives à la polarité, étaitsujet à des accès de somnambulismenaturel se repro-duisant eu moyenne tous les huit ou dix jours» L'ac-cès s'annonçait généralement dans la journée par ungrand besoin de sommeil; et, le soir, B.., s'endormaitdès qu'il était au lit. Deux heures après environ, il selevait, s'habillait, allait s'asseoir à sa table, et parlantalors tout haut, il racontait le plus souvent co que fai-saient à ce moment-là les personnes avec lesquelles ilétait en relation ; de là des révélations piquantes, mais

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62 LES ÉTATS PROFONDS DE L'ilYPNOSE

fort ennuyeuses, parce quo son camarade do cham-brée était toujours là pour les recueillir.

Un vol fut commis au régiment ; on avait pris pen-dant la nuit le porte-monnaio d'un sergent-major dansla poche de son pantalondéposésur uno chaise près do

son lit. Quatre ou cinq nuits après, B..., qui avaitbeaucoup entendu parler de l'affaire, prend son accèsdo somnambulisme à l'heure ordinairo, mais, au lieud'aller à sa table, il sort do sa chambro, suivi de soncamarade qui tenait à savoir ce qu'il allait faire.

Il se rend droità la chambre du sergent-majorvolé,regarde le pantalon, fiaire le plancher, et, la tôle pen-chée, les narines ouvertes, comme un chien qui suitune traco, il longe les corridors, descend les étages,traverse la cour, s'arrôtant parfois pour se coucher àterre et renifler en maugréant de ce. qu'il, ne sentaitpresque plus ; enfin, après quelques crochets vers lesangles des bâtiments où. le voleur, imaginaire qu'ilsuivait ainsi sombluit avoir guetté s'il n'y avait per-sonne plus loin, il enfile un corridor, monte un étageet va droit au lit d'uni soldat qu'il ne connaît pas dutout et dans la chambrée duquel il n'avait jamais misles pieds ; là,, après quelques secondes d'examen» iL ditavec dépit: « Trop tard! » puis retourna se coucher.

Le lendemain,, l'histoire se répandit. Le soldai ainsidésigné avait une mauvaise réputation; ou,l'arrêta,on fît une. enquête, aUvcours de laquelle, étonné de laprécision avec laquelle on lui,décrivait son itinéraire,,\l se laissa allerà dire : « O^m'a donc suitii ? » Maiscette preuve ne pouvait,suffire et on dut le relâcher,bien que tout le monde;fut convaincu do sa culpabilité.

Doux ans plus tard, à Grenoble, se produisit un

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LE FLAIR ET LA PISTE 63?

fait plus curieux encore, en ce sens que lo chercheuret le voleur ne faisaient probablement qu'un.

On avait volé un billet de cant francs, faisant partied'une somme plus considérable, dans le tiroir du chef-d'un bureau où travaillait un commis qui m'avaitservi de sujet. Tous ses collègues l'accusaient; mais,ayant peine à le croire coupable, je cherchai à le' dis-culper en essayant de lui faire trouver le véritable'voleur. Trois jours après l'événement, je l'endormis-et le poussai aussi loin que possible dans l'hypnose ;-

puis je lé conduisis jusqu'au tiroir; je lui fis toucherle sac sur lequel il reconnut un contact qu'il suivîtimmédiatement, les yeux fermés; en palpant le sol etles murs avec ses mains, lime conduisit ainsi jusqu'àla porte de sa chambre située dans la môme maison,maïs là il se rejeta brusquement en arrière, pleurantot geignant: a Ce n'est pas moi! cen*estpas moit ».Puis il reprit la piste, descendit un escalier de service,traversa en diagonale une cour intérieure où je re-connus, sur le chemin qu'il parcourait, des traces depas encore empreintes dans la terre d'un petit jardin,ouvrit une porte de remise à deux battants fermée aclef, en soulevant la barre d'appui, et il s'apprêtait àcontinuer sa course dans la rue où donnait cette porte,quand jo l'arrêtai.

Interrogé sur l'heure où le vol s'était produit, ils'écria avec terreur : « Je te vois!je lé vois ! », et ilajouta en pleurant que c'était à H heures, le dimanchesoir (on s'était aperçu de la soustraction le lundimatin).

Je lo ramenai alors au tiroir et lut présentai diversobjets appartenant aux employés du bureau, H palpait

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64 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

successivement ces objets, puis le sac qui avait con-tenu le billet, et déclarait que ce n'était pas le môme•contact ; mais si l'objet présenté lui appartenait, ilretirait vivement les mains comme s'il s'était brûlé,en sanglotant et en protestant de son innocence.

Quelquesjours après, une secondeexpérience donnales mêmes résultats. Plus tard, sur d'autres indices,on acquit les convictions de la culpabilité de ce jeunehomme, presqu'un enfant, et on se borna à le ren-voyer.

Bien que ce cas, pas plus que le précédent, ne puisseêtre invoqué comme une preuve certaine, il n'endonne pas moins des indications intéressantes surcette sorte d'instinct analogue à celui qui lanceaveuglément le chien de chasse sur la piste du gibier,et sur la persistance, dans le sommeil, des résolutionsprises à l'état de veille.

On est ainsi conduit à admettre que le corpshumain dégage, dans certaines conditions encore maldéterminées, des émanations qui peuvent être actives

ou passives, suivant les cas.Le problème me semble poséd'une façon déjà suffi-

samment nette pour qu'on prenne la peine de l'étu-dier,

v

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CHAPITRE V

L'EXTASE

Or confond souvent sous le nom d'extase des phé-nomènes tout à fait différents.'

On sait combien est vive l'action produite par lamusique sur la plupart des sujets à l'état cataleptique.Si la musique est douce, le sujet, tout entier au plai-sir qu'elle lui cause et aux idées qu'elle lui suggère,joint les mains (fig. 3), lève les yeux au ciel et prendles poses qu'on voit dans l'extase religieuse. Mais si lamusique était gaie, le sujet manifesteraitde la gaieté :si elle était triste, de la tristesse,etc. Lapose représentéepar la figure 4 et provoquée par l'air de h Marseillaisemontre qu'il n'y a là qu'une mimique plus ou moinsparfaite des sentiments que fait naître l'air joué.

Les poses extatiques pourraient être égalementproduites dans cet état par la simple pression dumilieu du front, ainsi qu'on l'a déjà vu dans lechapitre I". Là encore, il n'y a qu'un sentiment

5

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66 LES ETATS PROFONDS DE L HYPNOSE

développé par une action physique sur certaines cel-lules du cerveau, car on amène des sentiments et desposes différentes par d'autres attouchements.

Quand l'hypnose est plus profonde, le magnétiseurpeut provoquer les mêmes phénomènes parles mêmesprocédés (musique et attouchements sur le crâne) avecplus d'intensité encore, car dans l'état cataleptique le

Fig. 3.

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L'EXTASE 67

sujet est muet et se borne à exprimer ce qu'il ressentpar des gestes tandis que, dans l'état de rapport etdans les suivants, il raconte les visions qu'il perçoit.

D'après' les anciens magnétiseurs, certains sujetsUnissent par arriver à un état où ces impressionssontpoussées à un tel degré d'intensité qu'on a cru devoirles expliquer en disant que l'àme se dégageait ducorps.

Fig. 4.

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68 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

« L'extaso magnétique, dit Charpignon (1), semontre encore bien plus rarement que le somnambu-lisme ; à peine la rencontre-t-on une fois sur vingtcas de somnambulisme lucide, ce qui suppose presquedeux cents sujets magnétisés, car nous croyons quebien souvent on a pris do la haute lucidité pourl'extase.

ce Ce phénomène ne se manifeste que chez les som-nambules très lucides, et principalement chez ceuxqui sont portés à des sentiments d'une religion tendreou élevée ou qui sont animés d'un amour profond ;

sur ce3 sujets la crise s'opère spontanément ; sur lesautres, elle peut être provoquée par l'art. Etudionsd'abord l'extase déterminée par le magnétisme.

« Il arrive qu'en magnétisant avec énergie un som-nambule prédisposé à la crise dont nous parlons, ilcesse tout à coup d'entendre son magnétiseur ; ilpâlit,ses membres s'affaissent complètement, et, si Von nesentait encore des battements au coeur, on croiraitque la mort vient de frapper te somnambule. C'est quece surcroît de fluide magnétique a comme rompu lescentres où la circulation nerveuse se faisait, et quel'àme inondée de cette lumière se trouve sur le pointde perdre ses rapports avec te corps. Elle est sur lalimite du monde physique, attirée par le monde spi-rituel qui est lumièro pure. Alors, si l'on reste obser-vateur, on voit lo visage de l'extatique exprimer unsourire de bonheur ; il demeure silencieux ordinaire-ment, quelquefois il parle seul et très bas ; ce que Ton

(1) Physiologie du Magnétisme, p. 93 et suivantes.

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69

peut saisir, ce sont les expressionsd'amour, do béati-tude, adressées à un être qui semble converser aveclui:, ou bien ce sont des paroles de consolation, desconseils sur un événement d'avenir adressés à celuiqui occupe les pensées de l'extatique } très rarementilpense pour lui : il a oublié la terre... Après une demi-heure de durée, cette crise s'éteint, et le somnambu-lisme se rencontre comme avant sans qu'il reste aucunsouvenir de ce qui s'est passé dans l'extase... La plu-part des extatiques qu'on laisse libres dans la crisedisent voir un ange qui s'intéresse à eux et les con-seille...

« Les extatiques qui ont ces visions célestes et cestendances d'abnégation personnelle sont toujours desjeunes personnes dont l'âge n'a pas permis au souffledes passions de ternir la candeur de l'àme, ou des indi-vidus dont la vie est remplie de vertus. Quelle quesoit d'ailleurs leur religion, le caractère mystique estle même; amour, indifférence pour les affections ter-restres, désir ardent du ciel, visions d'êtres spirituels.Cette assertion que nous répétons d'après Deleuze

nous paraît fort contestable et demande, pour êtreadmise, plus d'études comparatives en différents

pays.« Ce n'est guère que dans l'extase que l'on observe

de ces vues à distancesubite et sans qu'il existe aucunrapport entre les lieux et lo sujet, ou de ces commu-nications intimes des pensées... ou bien encore qu'onle voit pris de la maladie d'un étranger en symptômeset en douleurs, et te malade subitement soulagé,.......... ........

« Parmi les extatiques religieux ou très affectueux,

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70 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

on en observe qui se font un bonheur de mettre àprofit la faculté d'influence dont jouit tout somnam-bule lucide pour soutirer le principe morbide quientretient une maladie dans une personne qu'ils ontprise en amitié. Ainsi, auprès d'eux, le malade ne sentplus ses souffrances; ce soulagement continue plusou moins longtemps; et si le rapport est souventrépété, la guérison a lieu, tandis que l'extatique estpris de fièvres et de douleurs, et les mêmes organesprésentent chez lui tes mêmessymptômes de maladie.Cette absorption de maux a lieu sans qu'on s'endoute ; l'extatique est concentré : il vous prend ordi-nairement la main comme d'amitié, et, pendant quevous lo contemplez et que vous donnez cours à votreréflexion, il aspire volontairement le mal qui vousdétruit. »

Ceux qui suivent la marche de la science moderneont certainement été frappés du rapport entre les der-niers faits que je viens de rapporter et les guérisonspar transfert obtenues à l'hôpital de la Charité par leDr Luys (1) M. Luys détermine artificiellement, aumoyen de passes avec un aimant sur le malade, unodèsêquilibration entre les états nerveux des deuxindividus mis en présence, do telle sorte quo l'un, se

(1) Voici un exemple de transfert produit par Lafontatne d'unefaçon tout e, fait imprévue et cité par lut :

« J'ai magnétisé un jeune peintre, M. Devienne ; j'étais extrême-ment fatigue en arrivant chez lui, et je lui demandai un verred'eausucrée. 11 m'apporta du vin et du sucre ; et j'en bus* tout en magné*Usant, plusieurs verres qui auraient pu, en toute autre circons-tance, agir sur mot. J'étais excessivementcalme, mais, au réveil,M. Devienne était tout a fait gris, au point même de ne pouvoirmanger de toute la journée. » (L'Art de Magnétiser, Paris, 1852,p. 245.)

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L'EXTASE 71

trouvant, pour ainsi dire, rempli jusqu'au bord, sedéverse dans l'autre. C'est, pour employer une autreimage, comme si l'on avait deux vases dont le premiercontiendrait une liqueur toxique et le second de l'eau jen mettant le premier en communication avec lesecond, on dilue la liqueur qui s'y trouve et, à la fin'de l'opération, le liquide contenu dans les deux réci-pients est le même ; la toxicité de l'un s'estaffaiblie dotoute celle qui a été transmise à l'autre. Auboutd'uncertain nombre d'opérations anatogues, la liqueur dupremier finira par être devenue tout à fait inoffensive.

D'après cette manière de concevoir les choses onpourrait arriver à peu près au même résultat en satu-rant lo malade d'un fluide quelconque non morbide,soit avec des passes à la main, soit avec une machineélectrique : c'est en effet ce qui se produit.

Dans le transfert extatique, les choses paraissent nepas se passer exactement de la même façon. J'emploieencore une comparaison à laquelleje prie le lecteur de

ne pas attacher d'autre importance que celle d'unprocédé mnémonique : lo vide se fait dans le corpsde l'extatique par l'extériorisation de son fluide sousl'influence de cause morale ou physique, et alors cecorps aspire le fluide du malade. On a vu, en effet,qu'à mesure quo lo sujet s'approfondissait dansl'hypnose, sa sensibilité se transportait plus au dehors*

Voici maintenant comment certains somnambulesexpliquent eux-mômes cette crise suprême de l'extase:

Le D> Chardel rapporte (1) qu'un jour, ayant poussé

(1) Esquisse de la nature humaine expliquée par le magné»tisme animal, Paris, 1826.

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72 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

très loin une somnambule,il lui récita, sur sa demande

une tragédie de Racine, et il le fit en exprimant avecémotion les sentiments suscités par le poète. La jeunefemme qui l'écoutait s'exalta au point de tomber sansconnaissance. Jamais privation de sentiment ne futplus effrayante ; le corps avait loutela souplesse de lamort : chaque membre que l'on soulevait retombaitde son propre poids, la respiration s'était arrêtée, lepouls et les battements du coeur no se faisaient plussentir ; les lèvres et les gencives se décolorèrent et lapeau, que la circulationn'animait plus, prit une teintelivide et jaunâtre? Cherdcl parvint à ranimer par desinsufflations sa somnambule qui, dès que la parole luifut revenue, l'assura que, bien que la circulation san-guine fût revenue partout, la circulation nerveusen'étaitencore rétablie que dans la tête et la poitrine,en sorte qu' « elle voyait son corps comme un objetétranger dont elle répugnait à se revêtir. Ello n'y con-sentit qu'en cédant à ma volonté, et me prévint quoc'était ma vie spiritualisêe (fluide magnétique) quirétablissait chez elle la circulation nerveuse. »

LeDr Charpignon avait une malade qui tombaitspontanément en extase pendant la nuit ot éprouvaitdes sensations analogues.

« J'entre, dit-elle (1), dans un étatsemblable à celui

quo lo magnétisme me procure ; puis peu à pou moncorps se dilate et je le vois très distinctement loin domoi, immobile, pàlo et froid comme un mort ; quantà moi, je mo parais uno vapeur lumineuse,je me sens

(i) Charpigaon, Physiologie du Magnétisme, p. 105.

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L'EXTASE 73

penser séparée de mon corps (dans cet état, jo com-prends et je vois bien plus do choses quo dans le som-nambulisme), tandis que, dans,le somnambulismemagnétiquo, je pense sans être séparée de mon corps.Après quelques minutes, un' quart d'heure au plus,cette vapeur se rapproche do plus en plus do moncorps ; jo perds connaissance et l'extase a cessé. »

J'ai eu récemment l'occasiondo pouvoir magnétisertrès régulièrement uno jeune femme qui était un sujetneuf et d'une sensibilité exlrômo ; je faisais peu d'ex-périences et jomo bornais à essayer d'approfondir doplus en plus l'hypnose.

Ce n'est qu'au bout de huit ou dix séances que jeparvins à dépasser l'étal do rapport ; dans cet étatcomme dans les précédents, j'obtins dès le début avecla plus erando facilité, par les procédés décrits précé-demment, les phénomènes de l'extase ordinaire. Cesphénomènes étaient do plus on plus accentués à me-sure que le sommeil était plus profond, mais il y avaitentre eux uno continuité évidente : c'étaient bien lessouvenirs d'impressionsantérieures quis'objectivaientavec uno intensité croissante. Un jour, la vision, nulieu do porter sur des vierges en robe bleue, desenfants Jésus et des anges, fut tout à fait païenne ; lesdieux do l'Olympe avaient remplacé les habitants duparadis chrétien et la scène vue par Mmo Z... étaitl'exacte reproduction d'un tableau de mon cabinetdevant lequel jo l'avais trouvée en contemplation aucommencementdo la séance,

Tout à coup, au bout d'un mois environ, la crisedécrite par Doleuze, Chardel, Charpignon, etc.. sedéclara, absolument nette, caractérisée par lo mépris

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74 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

des choses terrestres et le souvenir au réveil non seu-lement de sa derniôrovision, mais encore de toutes lesvisions antérieures.

Dès lors les allures de MmeZ... se modifièrentcom-plètement. Elle, qui jusqu'alors admettait sans con-teste mes explications, déclara que, cette fois, elleavait été réellement transportée hors de son corps:qu'elle ne s'était pas bornée à voir, comme dans lesséances précédentes, ses souvenirs matérialisés, mais

que son âme avait été directement en communication

avec l'esprit de Dieu : que du reste ces choses-là nepouvaient s'expliquer et que c'était les profaner qued'en parler devant des gens qui refusaient d'y croire.

Ello revint encore une fois chez moi ; j'appris alorspar son mari que, depuis sa dernière visite, elle étaittombée plusieurs fois spontanément en extase, et que,quand on la réveillait, elle se plaignait mélancolique-ment d'être ramenée aux misères do la vie. Puis je nola revis plus.

J'appris également quo, depuis quelques jours, elleavait eu l'occasion de causer avec un spirite. Sont-ceces conversations qui l'ont suggestionnée? C'est pos-sible, mais ce n'est pas là mon impression.

Co qui reste acquis, c'est l'existence d'un état exta-tique particulier décrit d'une façon presque identiquepar tous ceux qui ont eu l'occasion de l'observer.

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CHAPITRE VI

LA VARIATION DES ETATS DE CONSCIENCE

ET LES EXPÉRIENCES DE M. P. JANET

Les pages précédentes étaient déjà écrites lorsquej'ai eu le loisir de lire lo savant et consciencieux tra-vail de M. Pierre Janet sur l'Automatisme psycholo-gique (1); }'y B\ trouvé la confirmation d'un certainnombre de phénomènes que j'ai exposés au lecteuret aussi beaucoup de faits nouveaux. De son côté,M. Janet a ignoré quelques-unes de mes expériencesqui auraientpeut-être modifié ses propres conclusions

Quoi qu'il en soit, les points sur lesquels noussommes d'accord suffisent à prouver que l'hypno-tisme, jusqu'ici seul étudié officiellement, n'est que lovestibuled'un vaste et merveilleux édifice déjà exploréen grande partie par les anciens magnétiseurs.

M. Janet, qui est professeur do philosophie, s'estpréoccupé surtout des variations1 de la conscience du

(i) Paris, 1889, Germer Batîllère, grand in-8* de 498 pages, 7 I. B0t

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76 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

sujet qu'il rattache aux variations de sa mémoire etde sa sensibilité ; je vais exposer ses constatations enlaissant de côté ses hypothèses, extrêmement ingé-nieuses et subtiles, mais qui demandent, pour êtreappréciées à leur valeur, le gros volume qu'il aconsacré. J'espère que le lecteur qui a bien voulu mesuivre jusqu'ici n'aura pas de difficulté à retrouverdans ces exemples particuliers les lois générales que*j'ai sommairement indiquées.

Dès l'année 1823, le D' Bertrand (1) distinguait,par des états spéciaux de( mémoire, diverses phases dusomnambulisme.

Le sujet était une jeune fille de 13 ou 14 ans tom-bant soit en somnambulisme naturel, soit en somnam-bulisme magnétique, « Quoique la malade eût le libreexercice de son intelligence, dans tous ces différentsétats, elle ne se souvenait, dans son état ordinaire, derien de ce qu'elle avait fait ou dit dans chacun d'eux.Mais, ce qui paraîtra étonnant, c'est que, dans lesomnambulisme magnétique dominant pour ainsidire sur toutes les espèces de vie dont elle jouissait,elle se souvenait de tout ce qui était arrivé soit dansle somnambulisme, soit dans les crises nerveuses, soità l'état de veille. Dans le noctambulisme, elle perdaitle souvenir du sommeil magnétique et sa mémoire nes'étendait que sur les deux états inférieurs. Dans lescrises nerveuses, elle avait en moins le souvenir dusomnambulisme; enfin dans l'état de veille, commeau plus bas degré, elle perdait le souvenir de tout ce

(1) Traité du Somnambulisme, p. 318.

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 77

qui s'était passé en elle dans les états supérieurs. »Le Dr Herbert Mayo (1) cite un cas de quintuple

mémoire : l'état normal du sujet était interrompu parquatre variétés d'états morbides dont il ne conservaitpas le souvenir au réveil, mais chacun de ces étatsprésentait uno forme de mémoire qui lui était propre.

,

Un de mes éminents confrères de la Société an-glaise des recherches psychiques, M. Gurney a COUST*

tatéaussi troisphasesdusomnambulisme(2) et il décritainsi (3) les états do mémoire qui leur sont propres :

a Après avoir amené un état particulier de sommeilque nous appelons l'état À, nous causons d'une chosequelconque avec le sujet. Celui-ci est alors amené à

un état plus profond, l'état B, et, si on veut continueravec lui la conversation précédente, il se trouve toutà fait incapable de s'en souvenir et môme de se sou-venir que quelque chose lui a été dit. On lui posealors une nouvelle question en le priant de se la rap-peler ; après quoi on le ramène à l'état A. H ne peutse rappeler ce que l'on vient de lui dire dans l'état B,mais il continue la conversation commencée dans lepremier état A dans lequel il se retrouve. Mené denouveau à l'état B, il se rappelle de nouveau ce quilui a été dit dans cet état, mais il a oublié ce qui a étéimprimé en lui dans l'état A. Eveillé, il ne se ressou-vient de rien de ce qui lui a été dit (4).

(1) Appendix tô the report on Mesmerism (Proceedings S. P. 11.1882, p. 288.)

(2) Stages of hypnotic memor. (Proceedings S. P. R,, 188T,p. 522.)

|3) AL, p. 515.(4) Il faut remarquer que tous mes sujets se rappellenta l'étatde

veille ce qui s'est passé dans les états où persiste la suggcstiblltté,

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78 LES ÉTATS PROPONDS DE L'HYPNOSE

Comme les autres, M. Janet a été amené, pour ainsidire malgré lui, à reconnaître l'existence de plusieursphases distinctes du somnambulisme qu'il désigneen faisant suivre de chiffres le nom du sujet. C'estainsi que Lucie 1, Lucie 2, Lucie 3 désignent le pre-mier, le deuxième, le troisième état de Lucie, le pre-mier état étant l'état de veille (1).

a J'ai commencé, dit-il (2), par endormir simple-ment Lucie de la manière ordinaire, et j'ai constaté, àpropos de ce second état, les phénomènes de mémoirepropres à toutes les somnambules. Un jour, à proposd'une suggestion que je voulais lui faire et qui neréussissaitpas, j'ai essayéde la faire dormir davantage,espérant augmenter ainsi la suggestibilité du sujet.J'ai donc recommencé à faire des passes sur Lucie 2,comme si elle n'était pas déjà en somnambulisme.Les yeux qui étaient ouverts se fermèrent, le sujet serenversa et sembla s'endormir de plus en plus. Il yeut d'abord une contraction générale qui ne tarda pasà se dissiper, et les muscles restèrent fiasques commedans la léthargie, mais sans aptitude aux contracturesprovoquées ; aucunsigne, aucune parole ne pouvait

quand je leur prescris dans cet état, même si cette suggestion estdonnée dans un état oh ils semblent ne pas entendre comme dansla léthargie et la catalepsie. Il suffit même pour certains d'entreeux de presser avec le doigt le milieudu front a l'état de veille pourramener la mémoire de tous les faits passés pendant les états Bom-nambullques. Cette observation, qui a une grande Importance aupoint de vue médico-légal, avait déjà été faite par les anciens ma-gnétiseurs.

(1) Cette notation est très rationnelle, ne préjuge rien relativementaux propriétés caractéristiques de chaque état et doit être adoptéede préférence aux noms dont je me suis servi dans mes premièressfôcuôrctiûs

(2) P. Janet, l'Automatismepsychologique, p. 87 et BUIV.

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 79

amener le plus léger mouvement. C'est là cet état de

syncope hypnotique quej'ai déjà signalé ; je l'ai revusouvent depuis, et, chez certains sujets, il m'a paruformer une transition inévitable entre les divers étatspsychologiques. Après une demi-heure de ce som-meil (1), le sujet se redressa de lui-môme et, les yeuxd'abord fermés, puis ouverts sur ma demande, il semit à parler spontanément. Lo personnage qui meparlait alors, Lucie 3, se souvenait parfaitement de

sa vie normale, elle se souvenait également des som-nambulismes provoqués précédemment et de tout ceque Lucie 2 avait pu dire; en outre, elle pouvait meraconter en détail ses crises d'hystérie, ses terreursdevant des hommes qu'elle voyait cachés dans lesrideaux, ses somnambulistnes naturels pendant les-quels elle avait été se préparer à dîner ou faire sonménage, ses cauchemars, etc., toutes choses dont niLucie 1, ni Lucie 2 n'avaient jamais présenté lemoindre souvenir. Il fut assez long et difficile deréveiller alors ce sujet; après un passage de quelquesminutes dans la syncope déjà décrite, il se retrouvaen somnambulisme ordinaire; mais Lucie 2 ne putme dire alors ce qui venait de se passer avec Lucie 3,elle prétendit avoir dormi sans rien dire. Quand jeramenai plus tard et plus facilement le même état,Lucie retrouva immédiatement ces souvenirs en appa-rence disparus.

« Cette observation si curieuse, que je croyais plus

(1) Pendant lequel on continue à agir sur le sujet au moyen âopasses (p. 105).

Cet étal de Lucie 3 CBt celui que j'ai appelé état de rapport.

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80 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

inconnue qu'elle ne l'était réellement, m'inspira ledésir de recommencer la même expérience sur unautre sujet également très intéressant, sur Léonie.Cette personne a un premier somnambulisme, état deLéonie 2, très facile à produire; attendons d'abordque cet état soit bien complet et bien développé, cequi n'a lieu qu'au bout de deux ou trois heures.Essayons alors d'endormir Léonie 2, comme si elleétait une personne normale, et employons pour celales mêmes procédés auxquels elle est habituée : attou-chements de pouces, passes, etc. Léonie 2 peu à peucesse de parler, s'endort profondément et finit partomber en léthargie. Continuons les passes, malgré laléthargie ; le sujet pousso un soupir et paraît se réveil-ler ; mais ce réveil singulier est très lent. Les senssemblent se réveiller l'un après l'autre : le sens mus-culaire d'abord, car le sujet garde maintenant lesmembres dans la position où ils sont mis, le tactensuite quand un objet mis dans la main provoqueun mouvement, la vue enfin quand le sujetvoit et imiteles mouvements qui sont faits devant lui. Ces phasescataleptiques déjà décrites dans le chapitre précédentsont bien ici, comme nous l'avons vu, des formes dela conscience à l'état naissant. En effet, si nous conti-nuons les passes, surtout sur la tète pendant la cata-lepsie même, l'état du sujet se transforme et la cata-lepsie se développe en un somnambulisme nou-veau.

a Le sujet qui était dressé pendant la catalepsies'est peu à peu renversé, il a doucement fermé les

yeux et semble dormir profondément. Ni la pres-sion des tendons comme dans la léthargie, ni la fric-

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 81

tiondela peau comme dans le somnambulisme neprovoquent de contractures, les bras restent encoredans la position où je les mets, si j'insiste quelquepeu, La figure est pâle, les yeux e'rifoncés, les lèvresserréesavec une expression de sévérité et de tristessequi ne lui est pas habituelle. Cet état semble se rap-procher delà catalepsie dont elle n'est que le dévelop-pement; mais il y a une différence capitale, c'est quele sujet peut maintenant comprendre la parole etrépondre. Il parle d'une manière singulière, il com-mence par répéter mes questions comme dans l'écho-lalie cataleptique, mais il répond ensuite. « M'entendez-

vous, lui dis-je. M'en-ten-dez-vous... — Oui mon-sieur », répondit-elle après un instant de silence.Cette parole n'existe pas toujours, car il y a, dans cesecond cas de somnambulisme, comme dans le pre-mier, des alternatives de veille ot de sommeil qui nese distinguent d'ailleurs l'une de l'autre que par laprésence ou l'absence de la parole. Si on parvient àmaintenir ce même état pendant quelque temps, uneheure par exemple, ce qui est difficile, l'intelligencesemble grandir, le sujet quo nous pouvons appelermaintenant Léonie 3, répète moins les questions et yrépond davantage (l).

« Nous pouvons constater, comme pour Léonie 3,

(1) Les observations présentées dans co paragraphesont tout à faitnouvelles et très Intéressantes. Elles montrent que pour passer del'état 2 h l'état 3 le sujet traverse exactement les mêmes phases quepour aller de l'état 1 a l'état 2. Différentes remarques m'avalentconduit a soupçonner ce phénomène, mats je n'avais pu le recon-naître nettement parce que mes sujets, très sensibles et allant trèsloin, brûlaient pour ainsi dire les étapes secondaires. SI les phasesdo l'état 1 a l'état 2 sont si bien connues aujourd'hui» c'est parcequ'on les a étudiées sur des sujets très peu sensibles, chez lesquels

6

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82 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

des faits psychologiques intéressants (1), mais il fautmaintenant étudier seulement l'état de la mémoire.1° Le sujet dans cet état se souvient de tout ce qu'il afait ou entendu dans les somnambulismes du mêmegenre; 2° le sujet se souvient facilement de ce quiaété fait pendant l'état de veille par Léonie 1 ; enfin lesujet dans cet état se souvient du somnambulismeordinaire et des actions de Léonie 2 (2).

« Je croyais avoir amené pour la première fois cetétat de Léonie 3, mais elle me raconta qu'elle s'étaitautrefois fréquemment trouvée dans le même état,quand elle avait été endormie par M. le Dr Alfred Per-rier, qui l'avait trouvée comme moi en essayantd'ap-profondir le sommeil de Léonie 2. Cette résurrectiond'un personnage somnambulique disparu pendantplus de vingt ans était fort curieuse, et je lui ai natu-rellement conservé, quand jo lui parle, le nom de

elles se développaient lentement. Il est probable qu'avec des pré-cautions suffisantes on arrivera à constater les mômes phases del'état 3 à l'état 4, do l'état 4 a l'état 5. etc.

(1) « Un caractère singulier do Léonie, c'est quo tout changementd'état, quel qu'il soit, est toujours caractérisé par un soupir brusque,uno sorte de petite convulsion respiratoire. » (Autom. psych., p. 47.)Benoit présentait cette particularité d'une façon très nette. —Mme X... renversait brusquement la tête en arrière chaque folsqu'elle entrait dans Un nouvel état.

(2j M. Janet formule ainsi (p. 73) d'une façon générale les troislois de la mémoire somnambulique : 1° Oubli complet pendantl'état do veille normale do tout ce qui s'est passé pendant lo som-nambulisme ; 2<> souvenir complet pendant un somnambulismenouveau do tout ce qui s'est passé pendant les somnambulismesprécédents \ 3» souvenir complet pendant le somnambulismedo toutce qui s'est passé pendant fa veille. — La troisième loi présentopeut-être, njouto-t-11, plus d'exceptions et d'irrégularités que lesdeux autres.

On a vu que, dnns les états supérieurs a l'état 3, la mémoire dol'état do veille et des étals précédents s'oblitérait de plus en pluset paraissait revenir avec toute son intégrité dans les états supé-rieurs comme l'état extatique. Cetto question n'est pas encore suffi-sammentélucidée.

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 83

Léonore qui lui avait été donné par son premiermaître (1). C'est pour éviter les confusions quenous la désignerons ici sous le nom de Léonie 3.

« Le caractère le plus important de ce nouveausomnambulisme ne s'observe que lorsqu'il se ter-mine.

» En effet, on fait cesser cet état de différentes ma-nières : le sujet retombe en léthargie, puis se réveille

en somnambulisme ordinaire, état de Léonie 2. Celle-ci reprend la conversation au point où elle a étéinterrompue avec elle dans le même état et n'a jamaisle moindre souvenir de ce qui s'est passé dans l'étatde Léonie 3. Cette perte de souvenir n'est pas causée

par la léthargie intermédiaire, car Léonie 2 se sou-vient de toute si vie à elle, quoiqu'elle ait été coupée

,.

par de nombreuses léthargies. En un mot Léonie 2

ne se souvient pas plus de Léonie 3, que Léonie 1,tout éveillée, ne se souvient du somnambulisme. Cetétat de Léonie 3 est donc bien un nouveau somnam-bulisme par rapport à Léonie 2, comme celui-ci enétait un par rapport à l'état de veille. »

Passant à l'étude des variations de la sensibilité de

ses sujets dans les divers états, M. Janet nous apprendque Lucie, à l'état de veille ou de Lucie 1, ne possèded'à peu près intact que le sens de x% vue. C'est unehystérique qui n'a gardé la sensation tactile sur aucunpoint du corps ; elle n'a aucune sensation musculaire :

(1) Les états do conscience dans les différents états sont parfoissi différents que le sujet dans un état parle de lui dans un autreétat, comme si c'était d'une personne étrangère. De là, l'habitudedes anciens magnétiseurs do désigner par do3 noms différents lespersonnalités diverses de ces états somnambuliques.

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84 LES ÉTATS PROFONDS DE L*HYPNOSE

« On peut remuer ses membres, même les attacherderrière elle, arrêter ses mouvements spontanés, letout sans qu'elle s'en aperçoive si elle ne regarde pas.Cette anesthésie très profonde lui a enlevé complè-tement tout souvenir ; ello prétend que tout le mondeest comme elle. Outre cette perte du sens tactile, Lucie

a presque complètement perdu le sens de l'ouïe, ellen'entend parler que si la voix est assez forte et assezproche ; elle ne perçoit pas le tic-tac de ma montre,même si je l'applique contre son oreille. La vue,quoique très diminuée (acuité visuelle, un tiers;champ visuel restreint à 20°), est encore le meilleursens qu'elle possède. Aussi s'en sert-elle continuelle-ment, elle ne fait pas un mouvement, ne marche passans regarder sans cesse ses bras, ses jambes, lesol, etc. ; si on lui fermait les yeux entièrement,elle ne pourrait môme plus parler et elle dormirait (1).

« Endormons-la maintenant profondémentet, pouravoir des différences nettes, passons les intermé-diaires : mettons-la dans son plus grand somnambu-lisme, l'état do Lucie 3, qui n'arrive qu*au bout d'unedemi-heure de passes, La voici qui se relève et ouvreles yeux... Les sens qu'elle avait à l'état de veille nesont pas perdus ; au contraire, ils ont augmenté, maisce qui est frappant, c'est qu'elle a retrouvé complète-ment et avec délicatesse tout le sens tactile et muscu-laire. Elle sait parfaitement où sont ses membres,

(1) L'occlusion des yeux détermine le somnambulisme chez uncertain nombre de sujets, même non anesthésiques a l'état de veille.Il suffit pour reconnaître qu'ils sont en somnambulisme, de leurdire quelque chose quand ils ont les yeux fermés et de constaterqu'Us ne se rappellent rien lorsqu'ils ont ouvert les yeux.

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 83

elle distinguo au toucher les plus petits objets, recon-naît ma main au simple contact, marche et mêmeécrit sans regarder ni ses pieds nitsa main. Ces nou-velles sensations ne la surprennent pas, d'ailleurs, elleles trouve encore très naturelles (p. 106)...

« Qui n'a été frappé de ce fait qu'une hystérique,anesthésique à l'état de veille, n'est plus anesthésique

en catalepsie? Fermez le poing gauche de Léonie oudeLucie pendant la veille, elle ne s'en apercevra pas,et cependant, si je leur ferme le poing en catalepsie,même sans qu'elles puissent le voir, jo leur suggé-rerai un sentiment de colère. Que l'on mette une clefdans la main gauche de Léonie pendant la veille etelle ne saura ce que c'est; mettons le môme objetdans la main gauche pendant la catalepsie et ellefera le geste d'ouvrir une porte. Il y a donc une sen-sibilité tactile pendant la catalepsie qui n'existait pasdans la veille (p. 110) (1).

« Ces modifications de la sensibilité, eflectuées

par le sommeil hypnotique, ou par les passes, peu-vent être obtenues par d'autres procédés, quels qu'ilssoient, pourvu qu'ils rendent momentanément ausujet des sensibilités qu'il a perdues.

«Ilya des somnambules,disait déjàCharpignon(2),

(1) Qu'on rapproche l'observation des anesthêstques à l'état [dveille qui deviennent sensibles au somnambulisme de celle rapportea la p. 57 des sujets sensibles a l'état de veille, dont la senslbllltdisparaît d'abord de la surface cutanée, puis se reporte sur unsérie d'enveloppes extérieures, et l'on se demandera sans doute sl'effet do la magnétisation n'est pas de prolonger au delà de l'ex-trémité des nerfs les courants transmetteurs de la sensation, et sil'anesthésie chez les hystériques ne provient pas do ce quo ces cou-rants s'arrêtent avant d'arriver a la peau.

(2) Physiologie du Magnétisme, p, 171.

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86 LES ÉTATS PR0F0ND3 DE ï/llYrNOSE

que l'onpeut endormir par une machine électrique.C'est là une grande vérité ;, nous avons vu les effetspartiels d'un petit courant électrique (i) ; on connaîtles excellents effets du bain électrique sur les hysté-riques, Le célèbre Louis V*** « récupère (2) toutes lessensibilités par le bain électrique... et, quand soncerveau est ainsi ouvert, il se rappelle toute sa vie ».Je mis convaincu que les appareils électriques serontprochainement le véritable instrument scientifique

pour produire à volonté et régulièrement toutes lesvariétés du somnambulisme. Mais actuellement biend'autres procédés arriventau même résultat: l'aimant,les plaques métalliques de Burq, etc, JulesJanet n'a-t-ilpas montré que, dans la période d'excitations duchloroforme,une hystérique anesthésique retrouvaitsa sensibilitéet entrait dans un véritable somnam-

(1) < J'ai reconnu que l'on pouvait rendre momentanémenta Rosela sensibilité d'une partio de son corps par trois procédés : ou bienpar l'application prolongée d'un fort aimant ou par l'applicationde plaques métalliques d'étain ou de plomb, ou enfin et plus faci-lement encore au moyen d'un courant électrique de moyenne inten-sité (20 ou 30 éléments Trouvé). Il y aurait h faire Ici, si je voulaisdiscuter celte question, uno étude intéressante sur l'action de cesprocédés. Il me semble que, dans lo cas présent, il est bien diffldled'expliquer leur influence, par Yexpectant attention, ou par un phé-nomène de suggestion, puisqu'il s'agit précisément d'un sujet surlequel la suggestion d'hallucination tactile n'avait aucune prise etqui ne possédait plus d'images tactiles. La suggestion se sert d'unétat psychologique, elle ne le crée pas (/lut. psych., p, 98).

« D'autre part, il me semble que l'aimant, comme les plaques mé-talliques, comme l'électricité, a une action véritable sur ces sys-tèmes nerveux affaiblis. Lucie, qui n'a jamais été dans un hôpital,qui ne connaît rien à ces questions, qui s'était jusque là prêtée atoutes les expériences sans aucuno émotion, est tombée raide, con-tracture© depuis les mâchoires jusqu'aux pieds, pour avoir touchéun aimant. Rose reprend, grâce a l'aimant, une sensibilité tactileque la suggestion ne peut lui rendre. Bien d'autres faits, dans l'é-tude desquels jo ne puis entrer, me portent à croire a cette action(P. JASET, Ibid. p. 157). »

(2) Bourru et Burot, Variations de la personnalité, 1886, p. 52.

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 87

bulisme, La môme observation so trouve d'ailleursdarçs Despine, Je lis dans un ouvrage du Dr Bail

uno observation bien curieuse à co propos: « Parmiles conséquences les plus paradoxales do l'usagehypodermique do la morphine, il fautciter le rétablis-sement de la sensibilitécutanée sur les sujets qui l'ontporduo... Une hystérique anesthésique, morphinéo àla dose de huit centigrammesparjour, vit ses douloursdisparaître et sa sensibilité normale so réveiller...L'abstinenco ramène les symptômes hystériques. »(Pages 110-111.)

« Le somnambulisme est, chez les hystériques, unaccroissement de l'esprit par uno excitation quel-

conque et non une diminution. Peut-être existe-t-ildeux somnambulismesdifférents. L'hypnotisalion dessujets sains possédant déjà tous leurs sens ettouteslesimages ne peut guôro, s'il est possible, que les dimi-nuer et leur supprimer divers sensations. Des sujetssains peuvent par exemple devenir anesthésiques. Ilserait curieux de chercher si, chez des sujets de cegenre, la suppression ne porte pas quelquefois surles images dont ils se servent le plus habituellementà l'état de veille et si le somnambulisme dans co cas-là n'amène pas l'oubli des phénomènes de la veille...Je n'ai rien vu qui vérifiât cette supposition : il estvrai que je n'ai guère hypnotisé que des malades (1).Je no puis donc pas parler d'une observation que je

(1) Contrairement a M. P. Janet, j'ai presque toujours eu poursujets des personnes se portant fort bien, nullement anesthésiquesà l'état de veille, et vivant comme tout le monde. On a vu que,chez ces personnes, l'oubli des phénomènes de la veiUe s'accentuaitde plus en plus avec la profondeur de l'hypnose.

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00 LES ETATS PROFONDS DE L HYPNOSE

n'ai point faite j dorénavant, en psychologie commedans les autres scionces, on no peut parler quo de cequ'on a vu. » (Pages 112-113.)

a 11 n'y a pas, commo nous l'avons vu, un seulsomnambulismo, mais plusieurs qui sont caractéri-sés chacun par une mémoire particulière..,

« Si l'on no considérait qu'un sujet comme Lucie,

on pourrait croire que cette division du somnam-bulisme a quelque importance et qu'il y a toujoursainsi trois mémoires... En réalité il n'y a ni deux, nitrois mémoires indispensables ; il peut s'en présenterun nombre quelconque et indéterminé, Rose a aumoins quatre ou cinq somnambulismes différents,ayant chacun une mémoire particulière (1). Il y a dessujets, comme N,,.,qui sont tellement instables qu'ilsno reprennent le môme somnambulisme qu'en étantendormis par la môme personne et de la môme ma-nière ; sinon ils entrent dans un état sensitivo-senso-riel difl'érent et ne retrouvent pas les souvenirs dupremier somnambulisme. » (Page 113.)

« Considérons maintenant lo problème d'uneautre manière et demandons-nous si lo somnambu-lisme, lorsqu'il existe et peut être vérifié par d'autrescaractères, est toujours accompagnépar un hautdegréde suggestibilitô. Si la suggestion agit souvent en

(1) Il est probable que Rose allait jusqu'à l'état do lucidité ou desensibilité à distance ; malheureusement M. Janet, absorbé par sesrecherches sur les rapports do la mémoire et do la sensibilité, anégligé volontairement ou involontairement toutes les autres fa-cultés des somnambules. Dans toutes les sciences, chacun envisageles questions sous un pointdo vue spécial et c'est de la comparaisonde ces divers aspects que ressort la vérité.

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VARIATION DUS ÉTATS DE CONSCIENCE 89

dehors du somnambulisme, est-elle au moins tou-jours toute-puissante sur les somnambules? Il fautreconnaître qu'il y a des individus très suggestiblospendant leur sommeil hypnotique, surtout au début.Si on les endort rapidement à des intervalles éloi-gnés, si on les réveille peu de temps après leur entréedans le somnambulisme, en un mot si on no laisse

pas à la seconde existence le temps de so développeret do se compléter (l), on no verra que ces débuts dusomnambulisme dans lesquelsla suggestion est toute-puissante. Mais, si on se résigne à consacrer plus detemps à l'étude du somnambulisme, on fera bien,c'est du moins co qui m'a paru utile, de ne paspresser ni bousculer les sujets et do les maintenirlongtemps en somnambulisme ; on constatera alorsdes modifications intéressantes. La plupart des au-teurs insistent sur l'inertie des sujets, incapables defaire un mouvement spontané et qui par eux-mêmesne pensent à rien. C'est qu'ils n'ont pas dépassédans leurs études cette première période du somnam-bulisme, cet état presque cataleptique dans lequelcertains sujets demeurent assez longtemps, Quand laseconde existence est complète, le sujet est loin d'êtreinerte ; il remue, veut se lover et marcher, songe àfaire mille folies, et est souvent, comme Léonie ouLucie, fort difficile à maintenir.

« A ce moment les suggestions sont loin d'êtretoutes puissanteset peuvent provoquer toute espèce dsrésistance... Cette résistance est variable suivant les

(1) M. Janet revient souvent avec raison sur la recommandationde laisser aux états le soin de se compléter.

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90 LUS ÉTATS PROFONDS JE L'HYPNOSE

actes quo l'on commando ; ello n'existe guère si l'acteest insignifiant; ello est très grando si l'acte est pé-nible ou simplement désagréable pour le sujet :jamais je n'ai pu par suggestion consciente faire age-nouiller Lucie pendant lo somnambulisme ; jamaisje n'ai roussi à fairo lover Lucie de son lit quand elleest couchée,,,

« Si les sujets en somnambulisme sont ainsi ca-pables de résistance, ils sont aussi capables de con-sentement volontaire. Bien souvent la somnambulefait co qu'on lui dit par une sorte de complaisancequi lui est inspirée par diverses raisons : d'abord elle

a presque toujours quelque sympathie pour son ma-gnétiseur ot n'aime pas à se disputer avec lui ; ensuiteelle est très paresseuse et no veut pas essayer do résis-tances inutiles ; enfin elle s'amuse elle-même desexpériences et prend souvent à coeur de les faireréussir...

« Mais une remarquo beaucoup plus importantenous est fournie par l'étude de certains sujets danscertains somnambulismes particuliers que l'on peutreproduire à volonté. Il existe des son.nambulismesparfaits, indiscutables à tous les points de vuo, danslesquels toute espèco de suggestibilitô a complète-ment disparu, et cela môme chez ses sujets qui sont,à l'état do veille, extrêmement suggestibles. Plusieursauteurs ont déjà remarqué que quelques somnam-bules, dans certains états, possèdent une grandeliberté. Puységur notait déjà l'indépendance relativede son somnambule. M. Bernheim remarque que ledegré de suggestibilitô n'est pas toujours en rapportavec la profondeur du somnambulisme; mais ces

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 91

observations sont restéos isolées, n'ont pas été repro-duites, volontairement (1) et no semblent pas avoirmodifié l'opinion des auteurs sur la relation entre losomnambulisme et la suggestion.

« Nous avons décrit, d'après plusieurs sujets, unosérie de somnambulismes de plus en plus profondsqu'il est quelquefois très long ot très difficile de pro-duire, mais dans lesquels lo sujet récupère peu à poutoutes les sensibilités (2) et tous les souvenirsqu'ils pa-raissent avoir perdus. Dans le dernier de ces états lesujet, si malade et si amoindri qu'il soit à l'état deveillo, devient, au point de vue des sens et de la mé-moire, absolument identique à l'individu le mieuxpor-tantet lo plus normal. Quand j'ai observécet état pourla première fois chez Lucie,j'ai voulu répéter les expé-riences ordinaires de suggestion que l'on fait avec lessomnambules ; Lucie paraît surprise, ne bouge pas etfinitpar éclater: « Mais vous me croyez donc bien botepour vous figurer que jo vais voir un oiseau dans machambre et courir après l » Il est à [remarquer qu'ellevenait de le faire précédemment pendant son premiersomnambulisme, mais maintenant toute, suggestibi-litô avait disparu. 11 en est de même, un peu moinsnettement peut-ôtre, pour Léonie : très suggostible enpremier somnambulisme, elle l'est de moins enmoins à mesure qu'elle enfonce dans le second. Lephénomène est surtout curieux chez Mario et Rose,

(1) Mes expériences sur la perte de la suggestibilité dans les étatsprofonds se publiaient dans la Revue d'Hypnotisme au moment oùM. Janet faisait paraitro son livre.

(2) Je rappelle que tous les sujetsde M. Janetétaient anesthésiquesa l'état de veiUe.

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92 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

d'abord parce quo le passage d'un état à l'autre no sefait pas, comme chez Lucio, par un sommeil de vingtminutes et un révoil brusque, mais s'accomplit lente-ment et par degrés,ensuiteparce qu'elles sont entière-ment suggestiblesà l'étatdo veille,On voit ces femmessi hallucinables, si passives quand elles sont éveillées,reprondro, à mesure qu'elles entrent dans ce soi-disant sommeil, non seulement tous leurs sens ettous lours souvenirs, mais toute leur spontanéité ettoute leur indépendance. La catalepsie mémo desmembres, leur immobilité dans la position où ilssont mis, qui existe toujours dès que l'individu estlégôremont suggestible, disparaît aussi absolument.Ce caractère, il est vrai, et touto la suggestibilitôréapparaissaient quand on détruisait co somnambu-lisme particulierpour ramener les sujets à leur étatde veille,

ce Jules Janet a essayé de reproduirecesexpériencesrelatives au somnambulisme supérieur sur un sujetcélèbre, Witt. Il a, comme j'avais été amené à le faire,prolongé les passes après le premier somnambulismeet môme après la léthargiedu sujet, et il a été obtenules mêmes résultats (l) qu'il n'avait pas prévus. Cettefemme, dont lo somnambulisme avait servi pourétudier toute la théorie des suggestions, avait unsomnambulisme facile à produire et absolumentignoré, pendant lequel il était impossible de faire

aucune suggestion. Ces derniers phénomènes mesemblent importants ; ils nous montrent que, si le

(i) Jules Janet, Hystérie et somnambulisme d'après la théoriede la double personnalité, dans la Revue scientifique, 1888, 1,616.

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 93

somnambulisme est une seconde existenco, co n'estpas nécessairement une existence faible, sans spon-tanéité et sans volonté. » (Pages 178-179.)

« Il reste une dernière question àso poser à proposde ces nouvelles formes d'exisloncos psychologiques.Sont-elles inférieures ou supérieures à l'état de veille?Est-co une décadence ou un progrès pour un sujetdo passer de l'une à l'autre ? Beaucoup d'autoursse sont prononcés pour le seconde solution, a Cedernier phénomène, l'oubli au réveil, nous laissecroire que l'état du somnambulisme magnétiqueest l'état parfait (l). » M. Myers, dans ses études sicurieuses sur l'écriture automatique, se demande sil'état somnambulique, au lieu d'être un état régressif,ne pout pas ôtro quelquefois un évolutif (2). Ici

comme partout, d'ailleurs, on ne peut faire de réponsegénérale à cause des nombreuses variétés do som-nambulisme. U y a un nombre infini do formes d'exis-tences psychologiques, depuis celle qui ne contientqu'un seul fait isolé rudimentairo sans jugement etmôme sans personnalité jusqu'à la pensée de lamonade supérieure dont parle Leibnitz et qui repré-senterait en raccourci tout l'univers. Nous avons vuque l'hypnose peut amener les sujets au premier étatque nous avons appelé la catalepsie ; c'est une preuvequ'elle peut leur donner une forme d'existence trèsinférieure. Peut-elle aussi les rapprocher d'une formede pensée supérieure ? Cela dépend, je crois, de lanature de leur pensée à l'état normal. Quand on

'1) Baragnon, Magnétisme animal, 1853, p. 172.|2) Myers, Proceed. S. P. R„ 1887, p, 5:4.

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9t LES ÉTATS PROFONDS DE l/lIYPNOSE

s'adrosso à des hystériques dont la penséo, la sensa-tion, la mémoire sont diminuées, réduites au-dessousdo la limito normale, la moindre excitation dusystème nerveux — et les passes comme le courantélectriqueen sont une très forte — leur rend los facultésqu'elles ont perdues et leur donne uno forme d'exis-tence supérieure.

« Jl est évident quo Lucie 3, Rose 4 ou Léonie 3sont supérieures ot do beaucoup à Lucio 1, Rose 1,Léonie 1, Mais il s'agit là dos femmes hystériques, etcette existenco supérieurequ'on leur rend est simple-ment une existenco normale, cello dont elles devraientjouir continuellement, si elles n'étaient pas malades.Cet état est si peu supérieur à la vie réolloquo, mômechez ces femmes, il est identique aux moments desanté plus ou moins parfaite qu'elles ont traversés.Est-il possible d'aller au delà ? Peut-on dépasser cesétats somnambuliques chez ces sujets ou donner àd'autros sujets sains, qui sont déjà naturellement enpossession de cette formed'oxistence, une autre-formed'existenco supérieure ? C'est co qu'ont pensé presquetous les anciens magnétiseurs quand ils étudiaientsur leurs sujets des sons nouveaux ou des facultéssurnaturelles. C'est ce que pense M. Myers quand ilparle de réadaptations nouvelles de notre personnalité

en rapport avec de nouveaux besoins. C'est là unoétude dans laquelle nous ne pouvons pas entrer ; il

nous suffit d'avoirmontréàquelpoint elle touchenotresujet et comment ello est possible. » (Pages 135-136.)

Je regrette do n'avoir pu me procurer l'ouvrage deM. Myers, mais lo lecteur a pu voir déjà que la ques-tion est assez complexe et qu'il faudra encore bien des

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 9S

recherches pour l'élucider. Nous avons trouvé en effetdes propriétés comme la suggestibilité et la vue desémanations lumineuses qui naissent dans l'un oul'autre des premiers états, croissent, passent par unmaximum, puis décroissent et disparaissent tout à faitdans les états plus profonds ; d'autres, comme la mé-moire des états précédents,décroissent,passent par unminimum et semblent croître ensuite pour atteindroun degré remarquable dans l'état extatique ; d'autres,comme la vue des organes internes et la sensibilité àdistance, n'apparaissent quo dans les états profonds ots'accentuentdo plus on plus ; d'autres enfin, commela lecture des pensées ou la vue à distance, n'ont étéquo rarement observés et d'une façon irréguliôrc sansqu'il soit encore possible de leur assigner uno placodéterminée dans la série des phénomènes. Toutefois,comme nous sommes, actuellement, déjà on posses-sion d'une première esquisse générale, il devient bienplus facile de voir les lacunes des observations et dechercher à les combler (1).

Nous sommes naturellementconduitsparles travauxdo M. Janet à poser do nouveau, et avec plus d'assu-rance, la question qui termine lo ch. ior de cette étude.

N'y a-t-il pas actuellement, n'y a-t-il pas eu, n'yaura-t-il pas, par suite de l'évolution de l'humanité,des individus ou môme des peuples entiers ayant pourétat normal un état analogue à l'un de ceux quo nousavons décrits ?

M. Janet rappelle que ces états peuvent souvent se

(1) Aubin Gautier. Histoire du Somnambulisme, 1842, t. U,p. 363.

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9fi LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

prolonger sans inconvénients pour la vie animale.a On a souvent signalé des somnambulismes artifi-

ciels qui ont été longtemps prolongés. Le célèbreabbé Faria prétend quo certains de ses sujets sontrestés endormis pendant des années et oubliaient àleur réveil tout co qui s'était passé pendant cettolongue période. Un magnétiseur nommé Chardel en-dormit deux jeunes filles pondant l'hiver et no losréveilla quo plusieurs mois après au milieu du prin-temps ; elles furent bien surprises en se réveillant devoir des feuilles et des fleurs sur des arbres qu'elles sesouvonaient d'avoir vus couverts de neige avant dos'endormir (1). » Souvent, raconte un autre auteur, jelaissais mes somnambules endormies toute la journée,les yeux ouverts, afin do me promener a\ec eux pourles observer sans exciter la curiositépublique. Il m'estarrivé de prolonger pendant quatorze ou quinze jourslo somnambulisme d'une jeune fille qui était à monservice. Dans cet état elle continuait ses travauxcommesi elle eût été dans son état ordinaire.,. Elle se trouveau réveil comme dépaysée dans la maison, n'étantplus du tout au courant de ce qui s'est passé.

ceCes récits ne doivent pas ôtre mensongers, car la

vérification en est assez facile à faire. J'ai maintenumoi-môme Rose on somnambulisme pendant quatrejours et demi sans difficulté, car elle se portait fortbien pendant ce temps, mangeait et dormait beaucoupmieux que dans son état normal. Jules Janet, qui asurtout étudié la période intéressante de ces somnam-

(i) Delatour, dans l'Hermès (journal magnétique), août 1826,

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 97

bulismes pendant laquello une hystérique, anormaleà l'état do veille, retrouvo toutes ses sensibilités etressemble à une personne bien portante, a prolongécet état bien plus longtempsencore. Pourrait-on lais-ser les sujets indéfiniment dans co socond état ? Ceserait un moyen bien facile do guérir complètementl'hystérie. Malheureusement la chose mo paraît fortdifficile. Cet état a paru, au moins pour mes sujets,être une fatigue et les épuisor rapidement. Certaines,comme Léonie et Lucie, ont besoin do dormir fré-quemmentpendant quelques minutes, pour se reposer,et les hystériques en général ne so maintiennent danscet état d'intégrité sensorielle qu'au moyen d'excita-tions renouvelées do temps en temps, passas, courantélectriques, etc. Il est propable que, peu à peu, leshystériquesreprendraient leurs tares, leurs anosthésieshabituelles et rentreraient dans leur état normal avecl'oubli de tout ce qui s'est passé pendant leur exis-tence plus complète. Cependant mes observationssont sur ce point tout à fait incomplètes et je ne puisconclure avec précision. » (Pages 135-130.)

De plus on a constaté bien des fois quo ces états seproduisent spontanément.

Un jeune homme, cité par Georget, passait subite-ment après un cri initial dans un état nouveau où ilavait un autre caractère qu'à l'état normal, tout en luiconservant ses facultés. « Il revenait à lui, si on leserrait à bras le corps; étonné, il avait tout oublié; ilretrouvait tout dans l'état suivant, et néanmoins il secroyait dans son état habituel, en sorte que c'étaientcomme deux existences différentes (1). » Erasme Dar-

(1) Georget, Maladies mentales, 1827, p. 129.

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98 LES ÉTATS PROFONDS DE L'ilYPNOSE

win rapporto qu'il a traité uno domoiselle jeune et spUrituelle

<caffectéo d'une rôverio qui revenait d'un jour à

l'autro et durait presquo toute la journée. Comme elleconservait pondant ces accès des idées do la môme os-pèco qu'elleavait eues lo jour précédent et qu'elle ne serappelait plus l'instant suivant quand il y avait absenced'accès, ses parents s'imaginaient qu'elle avait deuxâmes. » (1).

Les exemples les plus curieux sont certainementceux de Félidaet do Louis V., si complètement étudiésde nos jours par le DrAzam (2) et par Drs Bourruet Burot (3).

Félida est née à Bordeaux vers 1841 de parentsbien portants ; elle est intelligente, instruite et dirigeprobablement encore aujourd'huiun commerce d'épi-cerie,

A l'âge do quatorze ans, après la puberté, sa santéfut ébranlée, son humeur devint sombre et elle pritses premiers accès qui revenaient d'abord tous lescinq ou six jours.

Voici comment les décrit le Dr Azam, appelé à lessoigner :

a Félida X... est assise, un ouvrage quelconque docouture sur ses genoux ; tout à coup, sans que rienne puisse le faire prévoir, et après uno douleur destempes plus violente qu'à l'habitude, sa tôte retombe

sur sa poitrine, ses mains demeurent inactives et des-cendent inertes le long du corps ; elle dort ou paraît

(t)Er. Darwin, Zoonomie, trad., 1810, tome H, p. 163.(2) Dr Azam, Hypnotisme, double conscience, 1887.(3) Bourru et Burot, Variations de la personnalité, 1888.

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 99

dormir, mais d'un sommeil spécial, car ni lo bruit,ni aucuno excitation, pincomonts ou piqûres ne sau-raient l'éveiller ; do plus cetto sorte de sommeil estabsolument subit, Il dure doux ou trois minutes ;autrefois il était beaucoup plus long,

» Ap:ôs ce temps, Félida s'éveille, mais elle n'estplus dans l'état intellectuel où elle était quand elle s'estendormie. |ïout parait différent. Elle lèvo la tôto et,ouvrant les [yeux, salue on souriant les nouveauxvenus, sa physionomie s'éclaire et respire lagaioté; saparole est brôvo et elle continue en fredonnant l'ou-

vrago d'aiguille quo, dans l'état précédent, elle avaitcommencé. Ello se lève, sa démarcheest agile, et elle

so plaint à peine des mille douleurs qui, quelques mi-nutes auparavant, la faisaient souffrir; ello vaque auxsoins ordinaires du ménage, sort, circule dans la ville,fait des visites, entreprend un ouvrage quelconque ;

ses allures et sa gaieté sont celles d'unejeune fille bienportante et do son âgo. Son caractôro est complètementchangé ; de triste ello est devenue gaie, et sa vivacitétouche à la turbulence; son imagination est plusexaltée; pour le moindre motif, elle s'émotionne, ontristesse ou on joie; d'indifféronte à tout qu'ello était,elle est devenue sensible à l'excès. Dans cet état, ellese souvient parfaitement de' tout ce qui s'est passépendant les autres états semblables, et aussi pendantsa vie normale. J'ajouterai qu'elle a toujours soutenuque l'état, quel qu'il soit, dans lequel elle so trouve aumoment où on lui parle, est l'état normal qu'ellenomme sa raison par opposition à l'autre état qu'ellenomme sa crise.

« Dans cette vie comme dans l'autre, ses facultés

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100 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSB

intellectuelles et morales, bien que différentes, sontincontestablement entières; aucune idée délirante,aucune fausse appréciation, ancuno hallucination. Jedirai même que, dans ce deuxième état, dans celte« condition seconde » toutes les facultés paraissentplus développées ou plus complètes. Celte deuxièmevie, où la douleur physique ne se fait pas sentir, est debeaucoup supérieure à l'autre ; elle l'est surtout, parle fait considérable quo nous avons déjà indiqué, que,pendant sa durée. Félida se souvient, non seulementde ce qui s'est passé pendant les accès précédents,mais aussi de toute sa vie normale, tandis que, danscelle-ci, elle n'a aucun souvenir de ce qui s'est passépendant les accès.

« Après un temps qui, en 1858, durait trois ouquatre heures presque chaque jour, tout à coup lagaieté de Félida disparait, sa tôte se fléchit sur sa poi-trine et elle tombe dans l'état do torpeur que nousavons décrit.

« Trois ou quatre minutes s'écoulent et elle ouvreles yeux pour entrer dans l'existence ordinaire. Ons'en aperçoità peine, car elle continueson travail avecardeur, presqu'avec acharnement ; lo plus souvent,c'est un travail de couture entrepris dans la périodeprécédente. Elle ne le connaît pas (par suite de l'oubliau réveil do l'état somnambule) et il lui faut uneffort d'imagination pour comprendre. Néanmoinselle continue comme elle peut, en gémissant sur samalheureuse situation; sa famille, qui a l'habitude docet état, l'aide à se mettre au courant. Quelques mi-nutes auparavant, elle chantonnait quelque romance;on la lui redemande, ello ignore absolument ce qu'on

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 101

veut dire; on lui parle d'une visite qu'elle, vient derecevoir, elle n'a vu personne.

« Je crois devoir préciser les limites de cette amné-sie. Cet oubli ne porte que sur ce qui s'est passé pen-dant la condition seconde; aucune idée généraleacquise antérieurement n'est atteinte', elle sait parfai-tement lire, écrire, compter, tailler, coudre etc., etmille autres choses qu'elle savait avant d'être maladeou qu'elle a apprises pendant les périodes précédentesd'état normal.

« Si j'avais pu avoir des doutes sur la séparationcomplète de ces deux existences, ils eussent été levés

par ce que je vais raconter. Un jeune homme de dix-huit à vingt ans connaissait Félida depuis son enfanceet venait dans la maison. Ces jeunes gens ayant l'unpour l'autre une vive affection s'étaient promis le ma-riage. Un jour, Félida plus triste que d'abitude, medit, les larmes aux yeux, que sa maladies'aggrave, queson ventre grossit et qu'elle a, chaque matin, desenvies de vomir ; en un mot, elle me fait le tableau leplus complet d'une grossesse qui commence. Auxvisages inquiets deceux qui l'entourent, j'ai dos soup-çons qui devaient être bientôt levés. En effet, dansl'accès qui suit de près, Félida me dit devant lesmômes personnes : « Je me souviens parfaitement de

ce que je vous ai dit, vous avez dû facilement mecomprendre: je l'avoue sans détour, je crois êtregrosse. »

« Dans cette deuxième vie, sa grossesse ne l'inquié"tait pas et elle en prenait assez gaiement son parti.Devenue enceinte pendant sa condition seconde, ellel'ignorait donc pendant son état normal, et ne le

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102 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

savait que pendant ses autres états semblables ; maiscette ignorance ne pouvait durer : une voisine devantlaquelle elle s'était exprimée fort clairement et qui,plus sceptique qu'il ne convient, croyait que Félidajouait la comédie, lui rappela brutalement ses confi-dences après l'accès. Cette découverte fit à la jeunefille une si forte impression qu'elle eut des convulsionshystériques et je dus lui donner des soins pendanttrois heures. »

Félida épousa peu de temps après le jeune hommedont il vient d'être question, et, de 1859, époque deses premières couches, jusqu'en 1876, elle eut dixnouvelles grossesses ; mais elle n'a conservé que deuxenfants.

La période d'accès ou de condition seconde, qui,en 1859, n'occupait environ qu'un dixième de l'exis-tence, a augmenté peu à peu de durée ; elle est deve-nue égale à la vie normale, puis l'a dépassée pourarriver à remplir l'existence presque entière. Il estplusieurs fois arrivé que s'endormant le soir dans sonétat normal, elle s'est éveillée le matin dans l'accès,

sans qu'elle ni son mari en aient eu conscience : latransition a donc eu lieu pendant le sommeil.

Cette transition est, du reste, devenue presque in-saisissablepar sa rapidité même dans l'état de veille,

ce qui rend sa situation fort triste par suite deslacunes constantes qui se produisent dans sa mémoireet par suite des perturbationsapportées dans son com-merce et ses relations d'affaires ou de famille.

Au point où en est aujourd'hui la science, on estdonc certainement autorisé à rechercher dans des phé-nomènes de cet ordre l'explication des médiums, des

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VARIATION DES ÉTATS DE CONSCIENCE 103

voyants, des envoûteurs et des guérisseurs ; en touscas/ il n'est plus permis de rejeter a priori des faitsappuyés sur de sérieux témoignagnès parce qu'ilsnousparaissent impossibles. C'est ce que disait déjàMon-taigne dans un chapitre de ses Essais que nos lecteursnous sauront certainement gré de reproduire en ré-ponse à ceux qui, par une singulière contradiction,prétendent imposer des bornes à notre science, touten proclamant la loi du progrès.

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CHAPITRE VII

C'EST FOLIE DE RAPPORTER LE VRAY ET LE FAULX

AU JUGEMENT DE NOTRE SUFF18ANCB

a. Ce n'est pas à l'adventure sans raison que nousattribuons à simplesse et ignorance la facilité de croireet de se laisser persuader : car il me semble avoirapprins aultrefois que la créance estoit comme uneimpression qui se faisoit en nostrc orne ; et, à mesurequ'elle se trouvoit plusmolle et de moindre résistance,il estoit plus aysé à y empreindre quelque chose. Utnecesse est, lancem in libra, ponderibus impositis,de-primi;sicanimum perspicuis cedere (1). D'autant quol'ame est plus vuide et sans contrepoids, elle se baisseplus facilement soubs la charge de la première persua-sion : voyla pourquoy les enfants, le vulgaire, lesfemmes et les malades sont plus subiects à estre menezpar les aureilles. Mais aussi, de i'aultre part, c'est unesotte presumption d'aller desdaignant et condamnant

(1) Gomme il est nécessaire qu'un des bassins de la balance soitpoussé en bas par le poids dont on le charge, il faut do même quenotre esprit se rende à l'évidence des choses. (Cic., Quest. Acad.,1. IV, c. «

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106 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

pourfaulx ce qui ne nous semble pas vraysemblable ;

qui est un vice ordinaire de ceux qui pensent avoirquelque suffisance oultre la commune. J'en faisoisainsi aultrefois ; et si i'oyoy parler ou des esprits quireviennent, ou du prognostique des choses futures,des enchantements, des sorcelleries, ou faire quelqueaultre conte où ie ne pousse pas mordre,

Somnia, tenores magicos, miracula, sagas,Nocturnos lémures, portentaquo Tessala (1),

il me venoit compassion du pauvre peuple abusé de

ces folies. Et, à présent, ie treuve que i'estoy pour lemoins aultant à plaindre moy mesme ; non que l'ex-périence m'aye depuis rien faict veoir au-dessus de

mes premières créances, et si n'a pas tenu à ma curio-sité ; mais la raison m'a instruict que, do comdamnerainsi résolument une chose pour fautse et impossible,c'est so donner l'advanlage d'avoir dans la teste lesbornes et limites de la volonté de Dieu et de la puis-sance de nostre nature; et qu'il n'y a point de plusnotable folie au monde que de les ramènera lamesurede nostre capacité et suffisance. Si nous appelonsmonstres, ou miracles, r.e où nostre raison ne peutaller, combien s'en présente il continuellement h.

nostre vue? Considérons au travers de quels nuageset comment à tastons, on nous mène à la cognoissancede la plupart des choses qui nous sont entre mains :

(1) De songes, do visions magiques, de miracles de sorcières,d'an*Earittons nocturnes» et d'autres effets prodigieux, (florat., Epist. 2,

,

11, v. 208, 209.)

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INCERTITUDE DE NOTRE SCIENCE 107

certes, nous trouverons que c'est plustost accoustu-martce que science qui nous en osto Pcstrangcté :

Iam nemo, fessus saturusque videndi,Suspicere In coell dignatur luclda lempla (1,1 :

et que ces choses là, si elles nous estoyent présentéesde nouveau, nous les trouverions autant ou plusincroyables qu'aulcunes autres.

SI nunc prlmum mortalibus adsintEx improviso, ceu sint objecta repente,Nil magis his rébus poteratmirabile dici,Aut minus anto quodauderent foro crederegentes(2)

Celuy qui n'avoitiamais veu de rivière, à la premièrequ'il rencontra, il pensa que ce feust l'océan ; et leschoses qui sont à nostre cognoissance les plus grandesnous les iugeons estre les extrêmes que nature face

en ce genre :

Scillcct et fluvius qui non est maximus, ei'stQui non antè aliquem maiorem vidit : et ingensArbor, homoquo videtur ; et omnia do genero omhiMaxlma quro vidit quisque, hoec ingentioe fingit (3).

Consueludine oculorum assuescunt animi, neque admirantur, neque requirint rationes earum rerum,quas semper vident (4). La nouvelleté des choses nous

(i) Fatigués et rassasiés do la vue du ciel, nous ne daignons pluslever les yeux vers cette voûte touto brillante do lumière. (Lucret.,1, II, v. 1037, 1038.

(2) SI présentement ces objets se montraient tous d'un coup auxhommes comme venant d'être formés, tien ne pourrait leur paraîtreplus admirable ; et auparavant ils n'auraient jamais pu se figurerrien de pareil. (Id.. t. Il, v. 1032,1035.)

(3) Un fleuve médiocre parait très grand a qui n'en a point vu doplus grand. Il en est de même d'un arbre, d'un homme, et do toutautre objet quand ce sont les plus grands qu'on ait vus de ccltoespèce. (Id., 1. Vi, v, 674, 676.)

(4) Notre esprit familiarisé aux objets de la vue n'admire pointles choses qu'il volt continuellement et ne songe pas a en rechercherles causes. (Cto., De nat. deor., 1. H, c. xxxviu.)

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108 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

incite, plus que leur grandeur, à en rechercher lescauses. Il fault iuger avecques plus de révérence decelte infinie puissance de nature, et plus de recognois-sance de nostre ignorance et foiblesse. Combien y ail de choses peu vraysemblables, tesmoignées pargents dignes de foy, desquelles, si nous ne pouvonsestres persuadez, au moins les fault-il laisser en sus-pens l Car, de les condamner impossibles, c'est se fairefort, par une téméraire presumption, de sçavoirinsques où va la possibilité. Si l'on entendoit bien ladifférence qu'il y a entre l'impossible et l'inusité, etentre ce qui est contre l'ordre du cours de nature etcontre la commune opinion des hommes en necroyant pas témérairement, ny aussi ne descroyantpas facilement, on observeroit la règle de Rien tropcommandée par Chilon....

« C'est une hardiesse dangereuseet de conséquenceoultre l'absurde témérité qu'elle traisne quand et soy,de mespriser ce que nous ne concevons pas : car aprezque, selon vostrebelentendement,vous avez establyleslimites de la vérité et de la mensonge, et qu'il se treuveque vous avez nécessairement à croire des choses oùil y a encore plus d'eslrangeté qu'en ce que vous niez,vous vous estes desia obligé de les abandonner...

« Que ne nous souvient il combien nous sentons decontradictionen nostre jugement mesme 1 combien dechoses nous servoient hier d'articles de foy, qui noussont fables aujourd'hui I La gloire et la curiosité sontles fléaux de nostre ame : cette cy nous conduict àmettre le nez partout ; et celle là nous deffend de rienlaisser irrésolu et indécis. »

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CHAPITRE VIII

LA SCIENCE FUTURE

Il est donné à notre génération d'assister à larencontre de deux courants puissants, qui, dans lemonde intellectuel, se pénètrent et s'influencentmaintenant au point de laisser prévoir l'époque pro-chaine où, réunis dans une direction unique, ilss'élèveront majestueusement ensemble vers la vérité.

L'un est le fruit de nos civilisations occidentales ;l'autre nous arrive du fond de l'Orient, tirant sonorigine soit de révélations supra-humaines, soit decivilisations depuis longtemps disparues.

D'une part, en effet, la physique, la chimie, l'astro-nomie, l'histoire naturelle sont amenées, par leursobservations et leurs calculs, à considérer comme deplus en plus probables l'unité de la matière, l'unité deforce, et le perfectionnement par l'évolution, ou lahiérarchisation, de la matière et de la force, touteschoses contenues dans les doctrines ésotériques desphilosophes de l'antiquité.

« Du côté de la théorie pure, disait récemmentM. Cornu (1), de grands résultats s'annoncent : lesgéomètres continuateurs d'Ampère, Poisson, Fourier,

(1) Associationfrançaisepour l'avancementdes sciences (Congrèsde 1890). Discours da Président.

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110 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

Ohm, Gauss, Helmholz, Thomson, Maxvell, qui onttant aidé à rattacher l'électricité aux lois do la méca-nique, préparent une synthèse grandiose qui foraépoque dans l'histoire do la philosophie naturelle ;ils sont bien près de démontrer que les phénomènesélectro-magnétiques et les phénomènes optiquesobéissent aux mômes lois élémentaires ; quo ce sontdoux manifestations du mouvement d'un mômemilieu, l'éther; ainsi les problèmes do l'optiquepeuvent so résoudre avec les équations de l'électro-magnétisme. Au point de vue expérimental, on adéjà des résultats pleins de promesses : la vitesse dela lumière, fixée par les méthodes optiques, se déter-mino aussi par des mesures purement électriques ; ona môme pu croire récemment, après les retentissantesexpériences do M. Hertz, que l'identification expéri-mentale des décharges électriques et des ondulationslumineuses était un fait accompli. S'il reste encoredes preuves décisives à apporter on peut dire que,dans l'esprit des physiciens, le lion intime entrel'électricité et la lumière est bien près d'être rigoureu-sement défini. »

D'autre part, pendant que nous découvrons chaquejour on électricité des phénomènes qui ne rentrentplus dans les théories classiques (1), les sciences, dites

(l) Dans un discours prononcé, lo 13 novembre 1891, au dîner dela Société des Electriciens, M. Crookcs s'exprimait ainsi :

* Les phénomènes do l'électrolyso ne sont pas encore bien connuset bien coordonnés ; cependant co que nous en savons nous laissecntrovolr quo, suivant toute probabilité, l'électricité est atomique,et qu'un atome d'électricité est une quantité aussi exactement dé-finie qu'un atome chimique,.. On a calculé quo, dans un seul piedeubo do l'éther qui remplit les espaces, il y a, a l'état latent,îO.000 tonuos d'énergio qui avalent jusquola échappé u nos obscr-

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LA SCIENCE FUTURE 111

occultes, jusqu'ici abandonnées presque complètement'aux rêveries des mystiques ou à l'exploitationdes char-latans,commencent à livrer une partie de leurs secretsà coux qui ont le courage do cherchera y introduire lesméthodes lentes mais sùresde la science positive. N'est-ce point déjà un progrès immense que d'avoir vu poserofficiellementet d'une façon magistrale la nécessité deleur étude, au dernier congrès do l'Association britan-nique pour l'avancement des Sciences, par M. Lodgo,président de la section des sciences mathématiques etphysiques.

« La conservation de l'énergie est devenue un lieucommun; larelation entre la vie et Vénergie est encoreincomprise. La vie n'est pas do l'énergie ; la mort d'unanimal n'affecte pas le moins du monde la somme dol'énergie; toutefois un animal vivant exerce sur l'ôner-

vallons. S'emparer de ce trésor et l'assujétir au service do l'huma-nité, telle est la tâche qui B'offro aux électriciens do l'avenir. Lesrecherches les plus récontes donnent l'espoir fondé que ces vastesréservoirs do puissanco ne sont pas absolument hors do notreportée..... Au moyen do courants alternatifs d'uno oxtrêmo fré-quence, le professeur Tesla est arrivé à porter a l'Incandescence lefilament d'une lampo, par Induction, à travers lo verro, ot sans larelier par des conducteurs a la source d'électricité. Il a fait plus,il a illuminé une pièce entière en y produisant des conditionstelles qu'un appareil d'éclairage,placé n'importe où y était misenjeu sans être relié électriquement aveoquoi que ce soit.

... « Les vibrations lentes auxquelles nous faisions allusion nousrévèlentencore un fait surpronant : la possibilitéd'établir des télé-graphes sans fils, sanspoteaux, sans câbles, sans aucuno des coû-teuses installations actuelles. >

SI l'on so rappelle encoro les expériences do M. Ellhu Tompsonqui, a l'aide des courants alternatifs dont il vient d'étro question,a pu produire à distance des mouvements considérables d'un corpsquelconque suffisamment conducteur pour des courants induitsde même nature, on sera certainement tenté do no plus considérercomme Improbable l'explication naturelle, dans un avenir plus oumoins lointain, de la TÉtimiiiB, de la LÉVITATION ot des HIKHOSIÈNES

umiABUx produits par los médiums.

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112' LES ÉTATS PROFONDS DE L'IIYPNOSE

gie une action qu'il n'exerce plus mort. La vie est unprincipe dirigeant qui n*a pas encore trouvé sa placedans ledomainede la physique. Si le transfertde l'éner-gie s'explique par l'accomplissement d'un travail, ladirection de l'énergie n'exige aucun travail, elle nedemande que de la force. Qu'est-ce donc que la force,et comment les êtres vivants la dépensent-ils? La tota-lité des choses par lesquelles chacun doit admettre queles actions sont guidées ne renferme-t-ellepas le futurcomme le passé et nos tentations de déductions desactes du seul passé ne sont-elles pas des tentationsvaines? De quelle façon la matière peut-elle être dé-placée, guidée, dérangée par l'intermédiaire des êtresvivants? comment s'exerce la puissance directrice quirègle les événements ?

« Comment la force s'exerce-t-elle, et qu'est-ce endéfinitive que la force ? c'est là une question qui nepeut guère être posôed'une façon intelligible, sauf pourceux qui ont abordé et méditéces questions. Mais j'osele dire, il y a quelque chose que n'a pas prévu la phy-sique orthodoxe ; oui, jo le déclare, la physique mo-derne n'est pas complète, et dans la voie que j'indique,de grands progrès sont possibles. Mais allons plusloin. Cette dépense de force déterminée par un acte donotre volonté, par quel mécanisme s'effectue-t-ellc ?

N'existe-t-il pas une lacune dans des connaissancesentre l'idée consciente d'un mouvement et l'énergiemusculaire nécessaire à son accomplissement? Et s'ilen est ainsi, comment pouvons-noussavoir si un corpsne peut être mis en mouvementpar un acte de volonté

sans le contact matérielauquel nous sommes habitués?

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LA SCIENCE FUTURE 113

... La découverte d'un nouveau mode de communi-cation à travers l'éther n'est nullement incompatible,il faut lo dire, avec le principe de la conservation dede l'énergie ni avec aucune de nos connaissances ac-tuelles, et ce n'est pas faire preuve de sagesse que derefuser d'examiner des phénomènes parce que nouscroyons être sûrs de leur impossibilité. Comme sinotre connaissance do l'universétait complète !...

«Ceque nous savons n'est rien auprès de co quinous reste à apprendre, dit-on souvent, quoique par-fois sans conviction. Pour moi c'est la vérité la pluslittérale, et vouloir restreindre notre examen aux ter-ritoires déjà à demi-conquis, c'est tromper la foi deshommes qui ont luttépour le droit de libre examen,c'esttrahir les espérances les plus légitimes de la science. »

Il faudra cependant biendes années pour que les habi-tudes d'espritdonnées par notre éducation scientifiquepermettent à ces études nouvelles de prendre leur essor.

A mesure, en effet, que les connaissances humainesse développent, elles s'appliquent à des phénomènesde plus on plus difficiles à reproduire.

La physique des anciens était presque uniquementconstituée par l'étude des effets dus à l'élasticité del'air et aux conditions d'équilibre des solides. Nuln'eût osé mettre en doute des affirmationssi aisémentcontrôlables par tous ; la parole du maître suffisait.Il en a été ainsi tant qu'on s'est avancé pas à pas surun terrain ferme et consistant ; mais nous voici arrivésà la limite du domaine des forces bien définies et les

gros bataillons des manouvriers de l'esprit hésitent às'aventurersur un sol mouvantde peur de tomber dansquelque fondrière.

8

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114 LES ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

11 n'y a pas longtempsqu'ona cesséde rejeterau rangdos fables l'oxistenco des aérolithes et des éclairs enboule ; on connaît l'accueil fait par le Dr Bouillaud auphonographe; les expériencesde Herz sont encore con-testées ; quant à certaines découvertes do Zoellner, deCrookeSjdo Gibier, plutôt que do les admettre on pré-fère accuser d'une naïveté grotesquedes hommes quoleurs autres travauxdevraient mettre à l'abrid'une pa-reille injure,Lesplusavancésenflntrouvaientuneoxpli-cation universelle et commode dans la suggestion quel'Académie do Belgique n'ose môme pas reconnaître.

On s'explique du reste fort bien la dôfianco de cer-tains pontifes de la science officielle envers une autrescience qui, si elle no bouleverse pas toutes leurs con-naissances si péniblement acquises, leur montre dumoins, au déclin de leur vie, une religionnouvelle oùils doivent se résigner à n'être que des écoliers.

« Limitrophe à la fois à la physique et à la psycho-logie, cette région intermédiaire entre l'énergie et lavie, entre l'esprit et la matière, est bornée au nord parla psychologie, au sud parla physique, à Test par laphysiologie, et à l'ouest par la pathologie et la méde-cine. Un psychologue tente-t-il de s'y avancer en tâ-tonnant, il se transforme métaphysicien. Un physi-cienquis'yestaventuréaperdupiedetestdevenul'objetde la répulsion de ses anciens frères. Les biologistesregardentce territoire d'un mauvais oeil et en nientl'existence ; quelques médecins praticiens après avoirgardé longtempscette attitude malveillante, commen-cent à annexer une partie de la frontière occidentale.Toute la contrée paraît habitée par des sauvages adon-nés encore, autant qu'on en peut juger à distance, à

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LA SCIENCE FUTURE US

de grossières superstitions, Peut-être quolquos hardisvoyageurs ont-ils traversé le pays à la hâte et on ont-ils relevé le plan grossier, mais leurs récits paraissentpeu dignes de foi. »(1)

C'est cependant cette foi que nous réclamons, nousqui, bravant les préjugés, osons pénétrer en éclaircurs,à nos risques et périls, dans les contrées brumeuses etsemées d'écueils où les sens ordinaires no suffisentplus pour nous guider.

Nousno demandonscertespas une foi aveugle,maisseulement une foi provisoire équivalente à celle qu'onaccordeauxhistoriens, auxvoyageurs,aux naturalistespour les faits dont ils ont été les témoins, et qu'ilspouvent, comme nous, avoir mal vus ou mal inter-prétés, ainsi que pour les récits rapportés d'après lesindigènes qui ont pu so tromper ou les tromper,comme nos sujets peuvent s'halluciner ou nous in-duire en erreur.

Qu'on n'exige pasdosprouvesabsolues,irréfutables;il ne saurait y en avoir pour des phénomènes qui nedépendent pas de nous ou qui ne se produisent quedans ces circonstances non encore déterminées.

Celui qui rejette à priori nos observations ressembleà l'homme qui nierait César parce qu'il ne l'a pas vu,l'électricité parce qu'il n'a pu tirer uno étincelle de lamachine par un temps humide, l'harmonie parce queson oreille est incapable de discerner une consonanced'une dissonance.

(1) Lodge, 1. c.

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116 LRS ÉTATS PROFONDS DE L'HYPNOSE

Chaque silence, chaque période de science môme, ades procédés d'investigation qui lui sont propres ; lephysiologiste qui étudie la vie des fleurs et des feuillesd'un arbre emploie une autre méthode que le mécani-cien qui expérimente la résistance du tronc.

Les physiciens ont construit, avec des substancesinertes, des galvanomètres que constatent certainsmodes de vibrationde l'éther engendrés par le contactd'autres substances inertes. Ils doivent s'habituer àconsidérer le système nerveux de nos sujets hyperes-thésiéscomme un instrument nouveau propre à enre-gistrer d'autres modes de vibration de l'éther dus àl'action d'un organisme vivant sur un autre et à l'ac-tion, plus délicate encore,de la pensée sur l'organisme,

Cet instrument, nous ne le connaissons que fortmal ; sa sensibilité môme le rend d'un emploi difficile,incertain ; mais ce sont là des obstacles qui se ren-contrent à l'origine do toutes les sciences.

« Tout d'abord les choses paraissent mystérieuses,Une comète, la foudre, l'aurore, la pluie sont autantdo phénomènes mystérieux pour qui les voit la pre-mière fois. Mais vienne le flambeau de la science, etleurs relations avec d'autres phénomènes mieux con-nus apparaissent ; ils cessent d'être des anomalies, etsi un certain mystère plane encore sur eux, c'est lemystère qui enveloppe les objets les plus familiers dela vie de chaque jour.

u Conduites au hasard, les opérations d'un chimistene seraient qu'un mélange indescriptible d'efferves-cence, de précipités, de changements de couleur et denature ; mais, guidées par la théorie qui groupe etcoordonne les faits, ces opérations deviennent intelli-

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LA SCIENCE FUTURE U7

gibles, et les explosions môme qui peuvent se produiresont susceptibles d'explications » (1),

Pour l'étude de la force nerveuso, nous en sommesà la période qui correspond à l'alchim?

, nous man-quons du fil conducteur et les faits eux-mêmes ne sontni assez nombreuxni assez bien établis pour permettred'y asseoir lo moindre de ces fragiles édifices qu'onappelle théorie.

Il faut observer d'abord ; mais les observations nene deviennent réellement fécondes qu'en servant depoint de départ à des expériences. Un phénomène seproduit-il?On le rattachera, si c'estpossible, à d'autresphénomènes déjà connus et on en tirera des consé-quences qu'on chorchera à vérifier en ayant soin denoter aussi bien les insuccès que les succès.

Quand des travaux do cette nature auront été effec-tués et publiés par un certain nombre d'hommes cons-ciencieux, opérant par des procédés et à l'aide d'ins-truments différents, les constantes apparaîtront, leserreurs s'éliminerontd'elles-mêmes, et alors sera réel-lement fondéecette science future que Reichenbach anommée la Science de l'od.

(1) Lodge, 1, c.

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NOTE SUR LA MEMOIRE SOMNAMBULIQUE

J'ai insisté, à plusieursreprises (pp. 2i et 77, note 4) surce fait qu'il suffisait, chez la plupart des sujets, do presserun point situé sur le milieu du front, pour rappeler, à l'étatde veille, le souvenir de ce qui s'était passé dans le sommeilmagnétique.

Mes expériences ayant été conduites dans le but de mon-trer que le sujet avait des perceptions, même en état de lé-thargie,j'avais été amené à supposer que, si le sujet ne réa-gissait pas, c'était seulement par suite de l'engourdissementmomentané des nerfs moteurs ; mais cette hypothèse ne meparaît plus suffisante après l'expérience suivante faite ré-cemment aveoMne V..,, ainsi notée après la séance :

« Dans un des états profonds de l'hypnose, où elle avaitla peau insensible, j'ai touché un point qu'elle ne pouvaitvoir, et je lui ai dit : « Vous vous rappellerezéveillée où je« vous ai touchée. — Comment voulez-vous que je me le

« rappelle, m'a-t-elle répondu, puisque je ne sais pas oùa vous nie touchez; je ne sens ni ne vois rien,

x>Au réveil,

elle n'avait aucun souvenir, mon ordre ayant été donnédans une phase où elle n'est pas suggestible: mais dès quej'ai eu pressé avec le doigt le milieu du front, elle m'a dé-signé exactement le point touché, »

Je dois ajouter que je n'ai pas eu l'occasion de répéterl'expérience, soit avec elle, soit avec un autre sujet; maiselle viendrait à l'appui de celte conception étrange de Vin-conscient qu'il me répugne.d'admettre, malgré qu'elle soità la mode. /.^^' f; /\

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TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE l«r, — Classification des États profonds del'Hypnose 5

CHAPITRE H. — Les États profonds d'après les anciensmagnétiseurs et les Yoghis de l'Iude. 29

CHAPITRE III. — L'Extériorisationde la Sensibilité,. ,

39CHAPITRE IV. — Le Flair et la Piste 6iCHAPITRE V. — L'Extase 65CHAPITRE VI. — La Variation des États de conscienceet

les expériences de M. P. Janet.. ,

75CHAPITRE VII, — C'est folie de rapporter le vray et le

faulxaujugementde notre suffisance, 105CHAPITREVIII.— La Science future 109Note sur la mémoire somnambulique. ...... 118

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nent une mince place dans cet ouvrage. Trente deux pagessuffisent, il en faut cent quatre-vingt-douze pour la notice.Ceux qui ont suivi les récentes querelles h ce sujet n'en au-ront aucun étonnement. Pour s'en faire une idée, nous signa-lons h nos lecteurs l'ouvrage ci-dessus, le traite de la rein-tégration des Etres et la notice, et tous les ouvrages dePapus sur la même question.... Et je ne crois pas que la dis-pute soit.... terminée.

RAYMOND LULLE.Ars Brevis. Résumé et abrégé du grand art. Traduit pour la

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FABRE D'OLIVETLa langue hébraïque restituée, et le véritablesens des motshébreux, rétabli et prouvé par leur analyse radicale. Nou-velle édition, 2 vol. in-4 couronne. Prix des deux vol. 25 fr.

Ouvrage dans lequel on trouve réunis : i» une Dissertationintroductive sur l'origine de la Parole, l'étude des languesqui peuvent y conduire et le but que l'auteur s'est proposé ;

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124 LIBRAIRIE GÉNÉRALE DES SCIENCES OCCULTES

2» une grammaire hébraïque fondée sur de nouveaux prin-cipes et rendue utile a l'étude des langues on général ; 3° unesérie de Racines hébraïques, envisagées sous des rapportsnouveaux et destinées a faciliter l'intelligence du langage etcelle de la science étymologiquo; 4° un Discours nrélimi*naire ; 5* une traduction en français des dix premiers cha-pitresdu Sépher contenant la Cosmogonie de Mot/se,

L'édition de cet ouvrage est depuis longtemps épuisée etvaut couramment 50 à 60 francs, Aussi doit-on être recon-naissant a l'éditeur Chacornao d'en avoir fait une réédition,de tous points conforme a la première, les pages ayant étéclichées sur reproductions photographiques, page par page(Pour parattre prochainement),

FLAMBART (Paul),Le Langage astral, traité sommaire d'astrologie scienti-fique. Un vol, in-8. Prix 6 fr,

Démonstration claire et déductive faite par un esprit scien-tifique, de la vérité de l'astrologie, appliquée au présentet auPassé' Le contrôle est donc facile & faire par ceux qui traitent

astrologie de.,., charlatanisme; mais quelles colères co livreexcite chez les astrologues qui veulent appliquer la scienceastrologique,., a l'avenir I Très curieux ouvrage.

GIRAUD (A).Petit dictionnaire de graphologie. Vol. in-18 jésus, avecnombreux autographes. Prix 2 fr.

Ouvrage d'un intérêt immédiat et éminemment pratique. Ilest le premier de ce genre qui soit paru sur la graphologie.

— Alphabet des signes graphologiques. Brochure in-18 jésusavec nombreux exemples. Prix 1 fr.

Complément indispensable du Petit Dictionnaire de gra-phologie, du même auteur. Ces deux ouvrages bien étudiéspeuvent faire du lecteur un avisé graphologue.

GUAITA (Stanisïas de).ESSAI DE SCIENCES MAUDITES.

Au seuil du Mystère. Beau volume in-8 avec deux plancheskabbalistiques en héliogravure. Prix 6 fr,

Stanislas de Guaita est l'un des kabbalistes contemporainsles plus savants et les plus aimés des lecteurs de l'occultisme(Papus).

Ce volume forme avec le Temple de Satan et la clef de laMagie noire, l'examen le plus complet des faits de l'occul-tisme; étude transcendantale et d'une lecture passionante,cette oeuvre doit figurer dans toutes lesbibliothèques dont lespossesseurs s'enrichissent de livres hermétiques.

— Clef de la Magie noire. Beau volume in-8 carré de 800 pages,orné de nombreuses reproductions d'estampes rarissimesdont 8 planches phototypiques hors texte et une dizaine dedessins d'Oswald Wirth. Prix 16 fr.

La Clef de la Magie noire est l'étude la plus détaillée quiait jamais paru sur la lumière astrale dans l'homme et dansl'univers. Les mystères de la pensée, ceux du destin, de l'âmehumaine, de l'alchimie sont étudiés, analysés et comparés,et de ce travail énorme surgissent les conclusions les pluslumineuses.

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EXTRAIT DU CATALOGUE RAISONNA 125

HAATAN (Abel).Traité d'Astrologie judiciaire, Vol, in-8 carré avec nom*breux tableaux, tables, figures et dessins et deux portraitsrares, Prix 7 fr, 50

Cet ouvrago, fort bien conçu, présente clairement la vraieecienco astrologique. Une lecture attentive permet h toutepersonne qui le voudra, de dresser un thème génétbllaque etd'en interpréter aisément les présages. Les calculs sont ré-duits h leur plus simple expression au moyen des tables quel'auteur a ingénieusementdressées.

KERNER (D'Justinus).La Voyante de Prévorst, Traduit par le Dr Dusart etpublié sous la direction du colonel de Roohas. Vol, in-8.

Prix 4 fr,Psychologie assez juste d'une voyante : Analyse complète

et détaillée des phénomènes dont elle est tantôt la cause ettantôt l'effet. L'auteur ne se contente pas de dire ce qu'il saitdes contingences que nous qualifierons de vitales, mais II ditencore ce qu'il pense des diverses influencesdes objets animés,— Et, les observations relatées sont a souligner et a retenir,

LÉVI (ELIPHAS).Le livre des Splendeurs. — Le Soleil Judaïque,

-— LaGloireChrétienne, — L'Etoile Flamboyante, Beau volume in-8,

Prix 7 fr.Etude sur les origines de la (Kabbale avco des recherches

6ur les mystères de la Franc-Maçonnerie, suivi do la pro-fession de fol et des éléments de la Kabbale.

— Le Grand Arcane ou l'occultisme dévoilé, Vol, in-8 carréde 420 pages. Prix 12 fr.

Ouvrage le plus important sur la science occulte, où l'ontrouve : le mystère hiératique c'est-à-dire les documents tra-ditionnels do la haute initiation ; le mystère royal, c'est-à-dire l'art de se faire servir par les puissances et enfin lemys-tère sacerdotal ou l'art de se faire servir par les esprits.

— Le catéchisme de la paix. — Suivi de quatrains sur lesgravures de la Bible de la Liberté. Vol. in-8 carré. Prix 4 fr.

A l'heure ou les questions d'arbitrage, de désarmement, etde paix universelle passionnent tant d'esprits, on voudraconnaître les opinions d'EIiphas Lévi sur ce sujet, et en mêmetemps sur la paix religieuse, sociale, publique, familiale, etc..{Papus),

~ Clefs Majeures et Clavicules de Salomon. Vol. in-16 jésuscontenant cent dessins d'EIiphas Lévi. Prix 20 fr.

Exclusivement réservée aux initiés et recommandée toutparticulièrement aux Kabbalististes et aux disciples du

maître, cette oeuvro porte un caractère unique qui la dis-tingue et la place au premier rang des rares traités do magiepratique que nous possédions.

MULFORD (Prentice).Vos Forces et le moyen de les utiliser. Un vol, in-18 jésusavec portrait de l'auteur (Deuxième édition). Prix 3 fr.

Nous prenons do plus en plus l'habitude de lire moins pour

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orner notre esprit que pour nous distraire Si ceux qui lirontceci ne se contentaient point de satisfaire leur curiosité, maispratiquaient l'enseignement et suivaient les conseils deM. Mulford, ils en éprouveraient sans tarder !•? effets bien-faisants, a tous les points do vue ; santé, joie et richesse.

PAPUS.La Cabbale, Tradition secrète de l'Occident, Ouvrage pré-cédé d'une lettre d'Ad. Frank, (de l'institut) et d'une étudepar Saint-Yves d'Alveydre. 2e édition, considérablementaugmentée, renfermant de nouveaux textes de Lenain,Eliphas Lévi, Stanislasde Gualta, Dr Marc Haven,Seoir, Jacob, Saïr, et une traduction complète du SepherIetzirak, Et suivi de la réimpression partielle d'un traitécabbalistique du chev, Draoh, Avec figures et lableaux.Un volume in-8, Prix 8 fr.

Voici du maître Papus l'ouvrage qu'il est Indispensabled'avoir lu, ne fut-ce que pour bien posséder sos auteurset lesconnaître autant qu'ils veulent bien le permettre. Si l'ouvragen'était point précieux par ses documents, il le serait par laclarté de l'enseignement qu'il comporte. AYCC raison, il estdit dans la préface que la lecture do ce livre no créera pasdes kabbalisles ; mais il est permis de croire que, si on lecomprend, .bien des bévues et des aneries nous seront épar-gnées.

— La Magie et l'Hypnose, contrôle expérimental des phéno-mènes et des enseignements de la magie au moyen del'hypnose, Vol. in 8 carré avec gravures. Prix 8 fr.

Observations, travaux, faits, expériences d'occultisme pra-tique, tel est le sujet de cotte oeuvre de Papus. Tout savantquela telépathio, la clairvoyance et la clairaudlence inquiètentou intriguent doit posséder cet ouvrage. 11 y trouvera forceIdées neuves et des découvertes fertiles.

— Martines de Pasqually, Sa vie; Ses pratiques magiques;Son oeuvre ; Ses disciples. D'après des documents entière-ment inédits Vol. in-18 jésus. Prix 4 fr.

Grâce aux archives des illuminés français miraculeusementconservées, Papus a pu restituer au grand jour la figure sipeu connue de Martines de Pasqually par la publicationd'une série de lettres du maître. Après avoir élucidé la vie,les prestiges magiques et l'oeuvre de réalisation du fondateurdu Martinismo l'auteur publie les catéchismes do tous les éluscoëns,

— L'Illuminisme en France, 1771-1803. Louis Claude de Saint-Martin. — Sa vie, sa voie théurgique. ses ouvrages, sonoeuvre, ses disciples, suivi de la publication de 50 lettresinédites. Un vol. in-18 jésus, avec fac-similé et tableaux.

Prix 4 fr.Rénovateur, ardent apôtre et historien du mouvement Mar-

tiniste, Papus met en lumière, dans cette oeuvre, L. Claudede Saint-Martin ; le sujet no parait pas épuisé, mais nousrecommandons à nos lecteurs, ce nouveau livre qui, dansdans tous les cas, établit définitivement bien des points dis-cutés, encore qu'il y ait matière à controverseet des affirma-tions un peu.,, vives.

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EXTRAIT DU CATALOGUE RAISONNÉ 127

PASCAL (D'Th,).Les Sept Principes de l'Homme, ou sa constitution occulted'après la Théosophie. Vol. in-18 jésus. Prix 2 fr,

1 Exposé plein d'érudillon et de clarté de la constitution del'Homme selon l'école théosophiste contemporainequi suit le3théories de l'ésotérisme hindou.

PÉLADAN (Joséphin).Amphithéâtre des sciences mortes :I, COMMENT ON DEVIENT MAGE, — Ethique — avec un portrait

pittoresque gravé par G, Poirel,II, COMMENT ON DEVIENT FÉE.

•—Erotique — avec un portrait

du Sar héliogravé.III. COMMENT ON DEVIENT ARTISTE. — Esthétique

<— avec unportrait idédit du Sar.

IV. LE LIVRE DU SCEPTRE, — Politique,V. L'OCCULTE CATHOLIQUE, — Religion.

Cinq beaux volumes in-8 carré se vendant séparément,Chacun Prix 7 fr. 50

Il était bon que le Sar Péladan se décidât un jour h nousfaire connaître sa doctrine et sur quels fonds et de quellemanière il avait établi son éthopée. C'est ainsi qu'il nousrend encore plus lumineuses les meilleures pages de sonoeuvre et quo, dans les cinq volumes de VAmpnitéâtre dessciences mortes, nous assistons plus intimement à la manifes-tation vitale des héros qui animent ses livres, depuis le Vicesuprême, jusqu'à Pe're'at, le dernier do l'éthopée. En consé-quence, quiconque possède ceux-ci, doit se procurer ceux-là,s'il veut savoir la puissance de forme et de pensée d'un denos meilleurs écrivains.

VI. TRAITÉ DES ANTINOMIES, — Métaphysique. — Beau vol.in-8 carré. Prix 6 fr.

De la philosophie avec des variations psychologiques, de lamoralo avec des sous entendus métaphysiques, de la théologieavec des aperçus littéraires, le tout traité au point de vueartistique, telle est l'oeuvre que Joséphin Péladan nous donnesous ce titre. Vous ne concevez pas un thème moins banalque celui-ci, je suppose. Et c'est un des meilleurs titres degloire de l'archimage.

POISSON (Albert).Histoire de l'Alchimie au xiv° siècle. Nicolas Flamel, savie, ses fondations, ses oeuvres ; suivi de la réimpression duLivre des figures hiéroglyphiques. Un vol. in-8, orné d'unportrait et d'une reproduction en phototypie des figuresd'Abraham le juif et de l'arche du Charnier des Innocents.

Prix 5 fr.Initiation à la vie intime d'un alchimiste du Moyen-Age,

Flamel, type grandiosede chercheur convaincu,dépens© vingtans de sa vie h la recherche d'un problème et quand il atrouvé, il emploie ses nouvelles richesses h faire irradier lebien autour de lui et continue h vivre modestement.

— Cinq Traités d'alchimie des plus grands philosophes :Paracelse, Albert le Grand, Roger Bacon, Raymond Lulle,Arnaud de Villeneuve. Un vol. in-8 avec figures. Prix S fr.

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128 LIBRAIRIE OÉNÉRALEVDÉS SCIENCES OCCULTES

Voici un livre fort bien fait où est admirablementexposéela littérature alchimique. On ne saurait trop le recommanderà ceux qui veulent savoir comment de l'alchimie a pu naîtrela chimie. Ce précieux recueil contienten outre des notes bio-graphiques sur les cinq plus grands alchimistes, le Chemindu Chemin, d'Arnaud de Villeneuve, la Clavicule, de Ray-mond Iiulle, le Composé des Composés, d'Albert îe Grand, leThrésor des Thrésors, de Paracelse, etl& Miroird'Alchimie,de Roger Bacon,

SÊDIR (Paul).Les Plantes Magiques. — Botanique occulte. — Constitutionsecrète des végétaux. — Vertus des simples, — Médecinehermétique. — Philtres. — Onguents. — Breuvages ma-Siques. — Teintures. — Arcanes. — Elixirs spagyriques.

n vol. in-18 jésus Prix 2 fr.Livre précieux comme recueil des théories et des opinions

des principaux occultistes, rassemblées en un ordre a la foisméthodique et pratique. La première partie, intéresse parl'étude des relations du Règne végétal avec l'Univers et avec

.l'homme, la seconde partie par les vertus de la plante, em-ployée comme remède ou comme aliment magique.

— Les Incantations. Le verbe divin, le verbe humain, mys-tères de la parole, les sons et la lumière astrale. Commenton devient enchanteur. Un vol. in-18 jésus, avec de nom-breux dessins dans le texte et hors texte. Prix 3 fr. BO

Ce petit traité, extrêmement substantiel et concis, révèletoute une partie très peu connue delà magie pratique; on ytrouve une étude originale et suggestive sur les formes et lescouleurs des sons dans la lumière invisible.

SELVA (H.).Traité théorique et pratique d'astrologie généthliaque; unvol. in-8. Prix 7 fr.

Livre destiné surtout à justifier et expliquer l'astrologieparla science positive en discutant à fond les forces qui y sonten jeu et leur mécanisme sur les trois plans élémentaire,animique et psychique ; et l'on peut dire que le sujet y estépuisé avec toute l'érudition que l'on puisse demander./ '\^'--;.' ' / X.

Satnt-Arnaud (Cher), — Imprimerie Bussièut-,

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LE LOTUS.^

Renie mensuelle des Hautes Études. Publiée par K F.Gabonau. A\ec la collaboiation spdciale de H. P. Blavatsky.Chaque numéro in-8 2fi\>*»>

Celle îcuic a \écu deux ans; sous sa foime complète, elle est in-trouvable, et >aut 100 fi* La Librairie générale des sciencesoccultes en possède des^ nuiriéios sepaiés, qu'elle a gtoupés detaion à pouvou serui à>ses, clients, les traiavx complets les plusintéressants, Enlic autres aiticlcs a lue, ceux «le Mudantc I)!a>dtsk>,lusse naturaliste ameiicainc, pour ne citer que CLUX-ÎJ, justifientlaelut de cc(lc ic>uc, mtmc pat licitement. On j trouve les noms dessavant^, des philosophes, des liltéiattuis, des théologiens, qu'on a1 habitude d'applaudu et de cilébiei. Un catalogue détaille spécial endistribution a la Hibhothcque Lhacornao, donne un dpcH.ii des nu-tieies ti ailées.

LE VOILE D'iSIS.Organe hebdomadaire du Groupe indépendant d'Éludésesotériques de Paiis. Années 1890-1898.

(Les 9 années, tout ce qui est pniu) .... 3b fr »»l'onde pour répondre aux attaques pcisonnellcs a côté de l'Initia- "1

(to<>, qui ne détail donnei asile quu la discussion de dorliînc, leVoile dIsi\m élé l'oiganc de combat du Gioupe Par lonsÉquentquiconque \cut sa icndiô compte vitalcment des faits ol gesles desOccultistes, du 12 novembre 1890 au9 novcmbic. 18'JfcS, doit consulterla collection de ce joui liai. C'est en quelque soilo l'encyclopédie dede 1 Occultisme, et la collection csl d'autant plus pi ecieusc qu'on

.peut .connaître par les nombreux articles publiés, le -tempéramentmoral et le degré de culture-hermétique de presque tous les ctrî-

,

vains qui ont aujourd'hui un nom en occultisme. l)e plus, on y trouveles

•Vers dorés de Pyihagore; Caïn, mystère dramatique par

Fabrè;d'0livét; YËnchiridion du pape Léon; Des tiois époquesdu traitement de.Vdme humaine, par Louis-Claude deSt-Murtin;l&'Mapiè asirologiquéAti P. Constanlius Albînus Ullanoveiîsis;,Le inirqit .spirituel d'Amo, *— Etudes sur la Maihèse^ oùAnarchie ëi;iIiéfàl:cHie de la Science, du Dr Jean Mailatlj de...Monteréggio.

.— •Discours sur l'Essence et la forint'âel.la

poésie, par Fabrc d'Olhct. — L'OçcUlte ches^esKrAboYipèUésd,è_l'Amérique du Sud, par le D' Henri •1CjrpfloisV'~[/î«>l,dito>î.';:.^ri'

\ •diqùe.de'la vie, de la iudrf, des, auprès ei des]doctrines, deJàçob'Ècehme, par paul SédiiV — Lé Gui et sa philosophie,-'doPëto^pividsonf traduit de l'anglais pnivPaul Sédir. '#Les Iliéro-

,"j)AaMÏ^de ^abrc;dcs.EssartSiTvtf--''-:^x '" : ' \ï&''';^u-:'-:':-':-,.- •Ces quatrcs/dcrnîèrs; ouvrages forment..dés brochures tirées îi pari

que les cliclifs pourront faire r'cïici* où brocher à leur ciiôix. >;.

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