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CHINDRIEUX Appellations anciennes : Croitriacum 1146, Chindriou XIVe s., Chintriacum 1420. Habitants : les ... Population: 516 habitants en 1561, 871 en 1776, 1054 en 1783, 1128 en 1801, 1302 en 1861, 1167 en 1901, 825 en 1936, 805 en 1968, 800 en 1975 et 951 en 1982. Altitude : 300 mètres Superficie : 1642 hectares A 30 kilomètres de Chambéry Province de Savoie. A la Révolution District de Chambéry, canton de Ruf- fieux, puis Province de Rumilly (1816- 1818) et de Savoie Propre, mandement de Ruffieux (1818-1860) . Judicature mage de Chambéry Tabellion de Rumilly depuis 1697. Diocèse de Genève, décanat de Cey- zérieu du Moyen Age à la Révolution, puis Diocèse de Chambéry et Genève (1802-1820) et de Chambéry depuis 1820. Hameaux et lieux dits Les Collets+, Les Carrets +, Chef lieu, avec La Tour, Champfleuri, Châ- tillon, Chaudieu, Lachat, Chevigneu, La Combe+, Les Cordis +, les Déprimaz +, Expilly, Les Goddards +, Groisin, Praz, Les Rattes+, Partout, Rigalet, Vars, Veraz +, Viuz. Chindrieux épouse l'extrémité nord du lac du Bourget et s'étend le long du Rhône à travers un vaste marais jusqu'au versant ouest de la montagne du Sapenay, qui culmine à 950 mètres. Sa situation géographique lui procure un climat tempéré et un ensoleillement exceptionnel. Le torrent de Vinant la sépare de la commune de Ruffieux au nord. Par le col du Sapenay (896 rn) il est possible de rejoindre Cessens en Albanais. La région fut occupés par l'homme dès l'âge du bronze :en 1864 fut décou- verte une station lacustre dans une anse, à l'extrémité nord est du lac, entre le monticule sur lequel s'élève le chateau de Châtillon et le viaduc du chemin de fer. A une profondeur de 2 à 4 mètres, Le la c du Bourget à Chindrieux 348

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Page 1: les ... Population: 516 habitants en

CHINDRIEUX

Appellations anciennes : Croitriacum 1146, Chindriou XIVe s., Chintriacum 1420.

Habitants : les ... Population: 516 habitants en 1561,

871 en 1776, 1054 en 1783, 1128 en 1801, 1302 en 1861, 1167 en 1901, 825 en 1936, 805 en 1968, 800 en 1975 et 951 en 1982.

Altitude : 300 mètres Superficie : 1642 hectares A 30 kilomètres de Chambéry Province de Savoie. A la Révolution

District de Chambéry, canton de Ruf­fieux, puis Province de Rumilly (1816-1818) et de Savoie Propre, mandement de Ruffieux (1818-1860) .

Judicature mage de Chambéry Tabellion de Rumilly depuis 1697. Diocèse de Genève, décanat de Cey-

zérieu du Moyen Age à la Révolution, puis Diocèse de Chambéry et Genève (1802-1820) et de Chambéry depuis 1820.

Hameaux et lieux dits Les Collets+, Les Carrets +, Chef

lieu, avec La Tour, Champfleuri, Châ­tillon, Chaudieu, Lachat, Chevigneu, La Combe+, Les Cordis +, les Déprimaz +, Expilly, Les Goddards +, Groisin, Praz, Les Rattes+, Partout, Rigalet, Vars, Veraz +, Viuz.

Chindrieux épouse l'extrémité nord du lac du Bourget et s'étend le long du Rhône à travers un vaste marais jusqu'au versant ouest de la montagne du Sapenay, qui culmine à 950 mètres. Sa situation géographique lui procure un climat tempéré et un ensoleillement exceptionnel. Le torrent de Vinant la sépare de la commune de Ruffieux au nord. Par le col du Sapenay (896 rn) il est possible de rejoindre Cessens en Albanais.

La région fut occupés par l'homme dès l'âge du bronze :en 1864 fut décou­verte une station lacustre dans une anse, à l'extrémité nord est du lac , entre le monticule sur lequel s'élève le chateau de Châtillon et le viaduc du chemin de fer. A une profondeur de 2 à 4 mètres,

Le lac du Bourget à Chindrieux

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deux sortes de pieux apparurent, sortant de la vase, sur une longueur de 80 à 1 10 mètres. Ils étaient inclinés à 45° vers l'est. Les objets trouvés consistaient en couteaux de fabrication locale à lame ondulée, ornés de gravures sur la partie supérieure, le dos et la poignée, en pote­rie peinte et vases ornés par incrustation de petites bandes d'étain. En 1968 on découvrit une hache à douille de section carrée, rattachée aux haches de type armoricain, et d'un type pratiquement inconnu dans les stations lacustres de Suisse occidentale ou de Savoie. Elle décèlerait des influences bretonnes. Une céramique à marque de potier allobroge SEVERINUS dénote l'occupation romaine, ainsi que la "Solitude", dépo­sée au Musée Lapidaire d'Aix les Bains.

Le cimetière de Chindrieux est situé sur l'emplacement d 'une importante villa gallo romaine, mais il a été miné. On y trouva des monnaies et un frag­ment d'autel.

Seigneurs et châteaux

La commune abonde en châteaux et maisons fortes. Le plus ancien est celui de Chatillon , dont le lac porta le nom à l'origine. Situé sur la pointe Nord du Lac, chargé de la surveillance du trafic portuaire, il fut construit en pierre cal­caire et en tuf. Ses fortifications datent de 1307, puis il fut agrandi et restauré en 1537 par Louis de Seyssel. La tour octo­gonale de la terrasse nord semble dater de l'époque romaine. Dès le Xe s. Cha­tillon parait avoir été la principale sei­gneurie de la région. Elle appartenait à la branche cadette de la famille de Montluel. Quand la Chautagne fut divi­sée en deux juridictions, en 1465, Cha­tillon fut attribué au fils ainé de Jean de Montluel et Chateaufort à Motz. En 1477 Françoise de Montluel apporta en dot Chatillon à Claude de Seyssel. Les Seyssel le gardèrent jusqu'en 1756, date à laquelle ils le vendirent à un magistrat, Joseph Rambert, qui agrandit le châ-

teau, "l'embellit" et aménagea ses ter­rasses . Il en fut investi en 1757, mais à la révolution, redevenu le citoyen Ram­bert, il ne fut pas inquiété et put rester sur place. Ses descendants sont les Angle jan -Chatillon.

Au chef lieu il reste deux châteaux, La Tour, à gauche de la route venant d'Aix et le château Journet. La Tour date du XIIIe s., de sa construction à la révolution ce bâtiment appartint à la famille de La Tour, nommée en 1264. Acheté comme bien national par un avocat, il fut revendu à Hyacinthe Ram­bert. La tour semble avoir été le siège de la chatellenie de Chautagne et possédait encore il y a très peu d'années des dizai­nes de mètres cubes d'archives - rou­leaux de parchemins -qui ont été déver­sées dans le marais ou brulées sans autre forme de procès, ce qui est bien regret­table pour les historiens locaux. Les Ser­vices de la Démoustication s'y sont ins­tallés .

Très. défiguré, le Château Journet, converti en grosse ferme indivise mérite­rait un meilleur sort.

Au croisement des routes RN 491 et RN 514, le charmant petit château de Chaudieu enclos dans ses murs, appa­raît dès 1356. Le chef de la famille qui l'occupe est alors Natermerio de Chou­dieu. Début XVIIe s. les Choudieu s'éteignirent et leurs rentes revinrent aux seigneurs de Châteaufort. Puis les terres furent partagées entre les sei­gneurs de Mécoras et les Rubelin, bour­geois de Rumilly établis en Chautagne depuis peu. Choudieu, ou Chaudieu, appartint par la suite à François Man­soz, fermier du marquis d'Yenne, à son allié le docteur Carret de Chambéry, et enfin à la famille de l'aquarelliste lyon­nais Drevet.

Enfin Champfleury, bien méconnais­sable, est à l 'extrémité sud de la com­mune, dominant le lac. Son seigneur est au XVe s. Claude Robert. Dès 1511 on y trouve les Terrier. Au début du XVIIe s., Pierre Becchi, dit de Caramagne, fer-

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CHINDRII!UX. • CafO-RestA~nnt de la Gare

Le hameau de la gare

mier des revenus de Mécoraz en 1607, épouse en secondes noces Françoise Cochet, la veuve de noble Antoine Ter­rier seigneur de Champfleury, et en devient à son tour seigneur. A la révolu­tion le domaine fut morcelé et vendu à divers cultivateurs dont Claude Gruffat, fermier d'Hautecombe et son frère.

A Viuz, le hameau qui jouxte Ruf­fieux, une charmante demeure, le pavil­lon, ne manque pas d'intérêt.

La maison des Apôtres

Enigmatique, à l'orée du village de la gare, cette maison présente une frise de statues des 12 apôtres. Elle aurait été édifiée au XIXe s. à la suite d'un voeu de son propriétaire.

Le prieuré et l'évolution de la paroisse

Dès 1145 on connaît par une bulle du Pape Eugène III l'existence à Chin­drieux d'un prieuré clunisien placé sous le vocable de Saint Laurent, dépendant

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du monastère de Nantua. Il était habité par deux moines bénédictins, le prieur et le sacristain, et avait sous son patronage trois églises : Chindrieux, Ruffieux et Serrières. La première visite pastorale connue date du 7 juin 1411 :l'évêque de Genève Jean de Bertrand constate que l'église est d'une extrême pauvreté. En 1414 la paroisse compte 80 feux mais elle n'en a plus que 60 en 1444. Cette même année l'évêque ordonne dans l'église plusieurs clercs appartenant à des familles de Chautagne, dont certai-

Détail de la ferme des Ap6tres

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-nes accèderont plus tard à la noblesse : Guigues Rossi, Amédée Bartholomé, Pierre et Henri de Choudieu. La meil­Jeure façon pour une famille au XVe s. d'améliorer sa situation était souvent d'avoir un prêtre parmi ses membres, prêtre qui serait en rapport avec les châ­teaux, comme leurs frères, devenus notaires, parviendraient à devenir offi­ciers des châteaux et obtenir quelquefois des contrats d'arrière fief. En 1481 la paroisse compte 70 feux et le prieur, Louis du Clos, fait élever dans l'église de Chindrieux une chapelle consacrée à Saint André, qui sera encore annexée au fief de la sacristie en 1516. A cette date, l'église possède également une chapelle de construction récente dédiée à Saint Sébastien, appartenant aux seigneurs de Chautagne, et une autre, sous le vocable de Saint Antoine et Saint Blaise, qui a pour patrons des parents du recteur, Robert Terrier de Champfleury et Ludovicus et Petrimandus Joguoz. La quatrième, consacrée à Saint Côme et Saint Damien, saints très en vogue au début du XVIe s. car ils étaient les patrons des Médicis, et que le Pape Léon X appartenait à cette famille, est aux frères Alexandre et Jean du Clos. Dès 1581 cette chapelle avait cessé d'exister, remplacée par celle de Saint Maurice appartenant aux seigneurs de Saint Maurice, les du Four de Valérieu, successeurs des du Clos.

Le 23 novembre 1605 le futur Saint François de Sales visite le prieuré rural de Nostre Dame et Saint Laurent, tou­jours dépendant de Nantua, le couvert du prieuré et le plancher des chambres demandent des réparations, ainsi que le couvert de la nef, ses murs et ceux du clocher. Il y a 4 chapelles intérieures : Saint André, unie au maitre autel, Saint Maurice, Saint Antoine, et Saint Sébas­tien, de la présentation du marquis d'Aix, c'est-à-dire des Seyssel. On admet 5 personnes à la tonsure et 7 aux ordres mineurs. En 1607, par contre, la visite porte surtout sur la conduite scan-

daleuse des moines : le prieur est accusé d'entretenir chez lui une chambrière et de "vaquer plus à la chasse qu'au ser­vice divin", d'avoir chez lui des chiens, des oiseaux, de fort rarement célébrer la messe et de ne pas faire les aumônes qu'il devrait. Quant au sacristain, il ne célèbre aucune messe mais aurait des enfants naturels et débaucherait les filles de la paroisse ...

Les désordres se poursuivent à un plus haut niveau, et, en 1630, le prieuré est cédé, dans des conditions irrégulières aux Bénédictins de Talloires. Talloires, dépendant de l'abbaye de Savigny, était 1 'un des monastères où les moines étaient le plus corrompus. Saint Fran­çois de Sales voulut tenter sa réforme avec le consentement du duc de Savoie et de l'abbé de Savigny. Les religieux réformés de Talloires furent alors sous­traits à Savigny et autorisés à former une nouvelle congrégation : les "béné­dictins allobroges de 1 'Observance" (Bref du pape Urbain VIII en 1624), à condition de réunir 5 communautés en Savoie. Or Chindrieux, dont le prieur commendataire était désigné par la Cour de Savoie, était 1 'un des plus riches prieurés bénédictins de la région. L'abbé Louis de Gerbaix prenait l'habit bénédictin à Talloires. En 1650, la régente Christine de France fit nommer comme prieur commendataire le célèbre François Bertrand de La Pérouse, doc­teur en Sorbonne, Doyen de la Sainte chapelle de Chambéry, l'un des plus élo­quents prédicateurs de son siècle.

Les visites pastorales de 1666 et 1679 sont interessantes : elles signalent 1 'exis­tence des trois chapelles précédentes, Saint Sébastien, Saint Antoine et Saint André, et d'une quatrième consacrée à Sainte Anne, créée par les seigneurs de la Tour. L'évêque adresse une injonc­tion au curé pour qu'il fasse régulière­ment le cathéchisme aux enfants, mais aussi, conformément aux instructions synodales de Madame Royale (Jeanne Baptiste de Savoie Nemours, alors

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- ,.--

régente) d'avoir à tenir de "petites éco­les" .

Tandis que Nantua et Talloires se dis­putaient le prieuré, les moines, souvent très jeunes, recommençaient à donner de déplorables exemples, et la rivalité était grande entre eux et le curé. Les archives paroissiales sont remplies de doléances et de plaintes. Dès 1732 le curé Jaquemard rédigea un journal "manoeuvres des moines de Chindrieu, moi présent, dès mon arrivée dans ladite paroisse", mais il est amusant de remar­quer que ces gens qui semblaient se détester, passaient leur temps à souper ensemble. L'attitude du Conseil syndi­cal de Chindrieux dans ces querelles était variable, ce qui ne simplifiait pas les rapports.

La visite pastorale de 1767 indique 160 feux dans la paroisse, soit 900 habi­tants (5,65 personnes par feu) , dont 600 communiants. Les moines sont partis , les 4 chapelles existent toujours .

Peu après interviendront les édits relatifs aux affranchissements. Celui de 1762 prescrit le rachat des servitudes personnelles (taillabilité et corvées) et celui de 1771 le rachat des servitudes réelles. De 1773 à 1792 la paroisse se libère donc des droits seigneuriaux : elle versera 59 026 livres au prieuré, à Ram­bert seigneur de Chatillon, l'abbaye d'Hautecombe, l'abbaye de Talloires, la Cathédrale de Chambéry et cinq autres seigneurs laïcs dont les Dufour de Valé­rieux.

A l'entrée de l'armée française en Savoie, les principes révolutionnaires triomphent à Chindrieux, une munici­palité provisoire s'établit, qui demande l'autorisation de saisir les revenus du prieuré pour faire face aux obligations du prieur, qui dut émigrer par la suite. Le curé, Blaise Clerc, refuse le serment, mais, trop âgé pour émigrer, sera empri­sonné à Chambéry, et les biens confis­qués par la Nation. L'ancien fief de la sacristie, une maison et 10 journaux de terre, furent vendus 9000 livres au capi-

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taine d'artillerie Pierre Marc Fortis, et passèrent ensuite à son frère Amédée Fortis. Le 27 thermidor an IV, le prieuré et son domaine furent achetés par un agent d'affaires de Rumilly, Jean Louis Pelletaz pour 27 000 francs et revendus à des cultivateurs.

L 'arbre de la Liberté

C'est en 1793 que se situe l'anecdote suivante : les habitants de Chindrieux ayant érigé un ' 'arbre de la Liberté'', les patriotes, non latinistes, contraignirent le curé à en faire la bénédiction solen­nelle. Il aspergea donc l'arbre d'eau bénite en récitant la formule consacrée par le rituel pour la bénédiction de l'encens ... " ab illo benedicaris in cujus honore cremaberis" c'est à dire : "soit béni par celui en l' honneur de qui tu vas brûler" . ..

Les bâtiments du prieuré et de l'ancienne église

Le prieuré ancien, qui servit long­temps de presbytère, déjà en mauvais état, fut incendié en octobre 1872. On lui adjoignit deux tourelles en 1874. Il est situé à gauche de l'ancienne église, dont une partie a été transformée en remise de la pompe à incendie.

Ce bâtiment, d'origine gothique, sub­siste en effet partiellement. Son clocher fut abattu en 1794, et le curé mission­naire Viviant la trouva en piteux état lorsqu' ilia réconcilia en 1797. Les murs et les voûtes étaient à peu près en état, à part le mur de la grande porte et la par­tie attenante à la voûte "qui souffre de ce que le clocher attigu du mur de la grande porte, à laquelle il sert de pavil­lon" (comme on le voit encore à Motz)", soit de chapiteau, en partie abattu, est absolument découvert". En 1805 le maitre autel est dans un état décent, comme celui du Rosaire, mais les deux autels des chapelles particuliè-

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L 'ancienne église

res sont abandonnés. En 1819 la visite de l'ingénieur Trivelli, envoyé par l' Intendant général de Savoie, sera sui­vie de la démolition de la voûte, qui va accélérer Je délabrement de l'édifice . Il fallut donc le réparer en 1825, mais en suivant un plan défectueux, et en con­servant le choeur. Les murs bien trop minces de la nouvelle nef étaient déjà lézardés en 1833.

En 1874, Je Conseil de la fabrique de Chindrieux, "vivement sollicité" céda à la commune les trois nefs de la vieille église pour y établir la remise des pom­pes à incendie, tout en se réservant le choeur et la sacristie pour les transfor­mer en chapelle mortuaire .

La nouvelle église

En effet, depuis 1866, Chindrieux possédait une église neuve, fort grande, de ce style gothique cher au XIXe s., due à l'architecte Duvernay, de Cham­béry, après un premier projet Pellegrini.

Elle mesure 43 rn de long, 19 rn de large, 16 rn de hauteur sous clé de voûte , et la flèche du clocher s'élève à 48 m. Le choix de son emplacement fut comme bien souvent l'objet d 'une vive opposition entre Nordistes et Sudistes. Au vote, la décision finale de l'implan­tation au sud du presbytère l'emporta.

Plan de la nouvelle église

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Ouverte au culte en 1869, elle fut consa­crée le 1er avril 1875 par Mgr Pierre Athanase Pichenot archevêque de Chambéry. Elle avait coûté, avec le ter­rain Goddard 136 000 francs.

La même année, le maire, Alfred Bel­lile, fit faire quelques travaux à l'ancien édifice : on établit des murs de clôture entre les 6 colonnes de la grande nef de 1825, un mur de clôture entre le choeur et la nef, un mur de façade pour rempla­cer celui du clocher, et 1000 tuiles furent posées sur le toit.

Une épidémie spécifique en 1753

La plus grave épidémie de Chautagne est celle qui frappa Chindrieux dans les six premiers mois de 1753, connue grâce à la chronique paroissiale du curé Jaquemard. Les causes? l'hygiène déplorable, la misère de la population dûe en partie aux sévices de l'occupa­tion espagnole, et aux impôts écrasants levés sur l'ordre de l'Infant don Phi­lippe qui gouvernait la Savoie pour le roi d'Espagne, ainsi que des inonda­tions successives, facteurs de miasmes. Les symptômes ? Des envies de vomir, des maux de tête, des points de côté, et des douleurs dans tout le corps succé­dant "aux douleurs des jambes, des cuisses et des bras, avec une altération extraordinaire et continuelle, outre une espèce de constipation''.

Toujours est-il qu'elle frappa mortel­lement la classe d'âge des 20-40 ans. Le Conseil de Santé de Chambéry fit autopsier 4 cadavres en avril, au cime­tière, en présence de "presque tous les paroissiens assemblés avec plusieurs étrangers" ; drôle de prophylaxie .. . En six mois l'épidémie causa 102 décès à Chindrieux sur les 1200 habitants. La communauté se tourna vers Saint Sébas­tien, patron d'une chapelle de 1 'ancienne église, saint thérapeute des cas de peste.

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Le marais de Chautagne et son influence sur la vie économique

de la commune

Dans la zone de Chindrieux prédo­mine le marais tourbeux. "Cet immense espace semi aquatique, réputé incultiva­ble" (J .P. Bravard) était cependant d'une part l'auxiliaire de la viticulture (engrais vert) et le support principal de l'élevage du gros bétail, fournissant du foin de coupe, la litière et des pâturages. Les habitants en eurent une connais­sance très affinée et 1 'utilisèrent à fond jusqu'au début du XXe s. un texte de 1832 en faisait une description avec analyse sommaire de la tourbe. Le pro­blème de l'exploitation du marais a été relié à celui des endiguements du Rhône.

Au XVIIIe s., l'essentiel de la surface des prés marais était indivis entre les communiers de Chindrieux, Ruffieux et Vions : de 1er mai au 1er août, ces trois mois de chaleur et d'inondation qui assuraient la croissance de la blache et du foin de cheval, le marais était fermé ; le premier jour de la fauche était annoncé au son des cloches ; les contes­tations étaient fréquentes. Après l'enlè­vement de la récolte, au bout d'un quin­zaine de jours, on posait des plateaux de

sapin en travers des fossés pour permet­tre au bétail de gagner son pâturage, vaine pâture qui durait toute la mau­vaise saison jusqu'au printemps (J.P. Bravard). Le marais accueillait des bovins, mulets et chevaux, dans des conditions déplorables : le gros bétail s'enfonçait dans les endroits fangeux, jusqu'à en périr, foulait l'herbe nais­sante, diminuant les 3/ 4 de la produc­tion. Chindrieux dut attendre 1860 pour obtenir que la date de clôture du marais soit avancée au 1er avril, avant le démarrage de la végétation à protéger. La révolution accéléra le mouvement de partage des marais : en 1824 la com­mune divisa ses 1100 journaux en deux parties : 600 journaux répartis entre 243

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familles de la commune (2,47 j de moyenne), contre le paiement d'une taxe de jouissance minime, et 500 jour­naux acensés aux "faisant feu", et à défaut à des forains, par baux de 9 ans, contre une taxe annuelle.

Le marais, qui concerne également les communes de Vions, Ruffieux et Serriè­res, présente toujours un intérêt botani­que certain (peupliers, chênes, saules, aulnes, phragmites, typhas) et ornitho­logique, car, outre sa population de courlis, il sert de lieu de nidification, d 'aire de repos et de passage à de nom­breuses espèces d'oiseaux.

A partir de 1878 l'utilisation du marais reçut un coup très dur, pour une triple cause : la crise viticole des année$· 1880, avec le phylloxera, réduisit jes besoins en engrais vert. L'exode rl)ral diminua le nombre des faucheurs, fait aggravé par les morts de la guerre de 1914-18. Le prix du marais subit une baisse, ce qui facilita son acquisition \par l'administration des Domaines, et Pi!r­mit d'envisager leur boisement, lancé en

1936 par le service de restauration des terrains de montagne (SRTM), ce fut le début de la peupleraie de Chautagne.

La peupleraie de Chautagne

Le succès d'une plantation forestière installée à Serrières, bien que le terrain n'ait rien de comparable avec celui de la tourbière, incita à étendre l'expérience entre 1936 et 1940, tentative d'autant plus remarquable que c'était la première fois en France que l'on créait une plan­tation de peupliers - peupliers noirs de Caroline ou peupliers Suisses - sur des terres humides, après un assainissement par drainage. En 1940 on atteignait 870 hectares, mais les difficultés rencon­trées, mauvais terrain, incendies, mala­dies, ont provoqué "la recherche cons­

·tante de solutions de gestion optimale" (Bravard) et de techniques expérimenta­les. En 1966 la gestion de la peupleraie fut retirée au SRTM et confiée au ser­vice des Eaux et Forêts, les arbres sont

Plaotation de peupliers en décembre 1938 (Photothèque SRTM-ONF).

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abattus quand ils atteignent 27 ans, ce qui correspond à une rotation de 30 ans, en considérant la période de vente des bois sur pieds et la replantation.

De l'Annexion à nos jours

Avant l'annexion, en 1833, on sait que Chindrieux, si ses céréales restaient souvent insuffisantes pour sa consom­mation locale, produisait du maïs, du chanvre, et un vin rouge très estimé. A la Saint Mathieu, la foire du 21 septem­bre commercialisait gros et menu bétail, des "poules d'Inde" et du chanvre. Durant 6 mois de l'année, les ouvriers fabriquaient des briques vendues à Aix les Bains. Les terres plastiques de la région servaient en effet à fabriquer des tuiles plates à crochet (comme à Cha­naz), du reste, en 1875, 1/5 des habita­tions étaient couvertes en tuiles .

Après l'Annexion, la période 1861-1875 a correspondu dans la commune avec un fort déclin démographique, les habitants se sont détournés des voûtes supérieures de la montagne du Sapenay

et du Clergeon, les laissant presque à l'abandon (Jean David). Si en 1822 la commune possédait encore deux hameaux occupés par une centaine de personnes au delà de 800 mètres d'alti­tude, en 1980 ce n'étaient plus que rui­nes et granges désaffectées . Les prés sont parfois fauchés par des agriculteurs venus de l'Albanais, mais la population n'y remonte que pour célébrer des fêtes dominicales en juillet-août.

Chindrieux, qui offre un bon éventail de services et de commerces, conserve un caractère rural grâce à son vignoble bien exposé, produisant un cru réputé, le Gamay de Chautagne et propose de bonnes possibilités touristiques et gas­tronomiques. La baie de Châtillon et son petit port de plaisance bien aménagé étale 500 mètres de plage de galets, on y organise des régates en saison d'été. Les vacanciers attirés par le lac, la pêche (truites, perches etc ... ) et la chasse (liè­vres, chevreuils, sangliers, faisans, canards) sur 980 hectares de territoire de chasse, atteignent 100 personnes en hiver et 2200 en été. Mais, tout en

Vue générale

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Peupliers dans les anciens marais communaux en 1949 (Photothèque SRTM-ONF).

s'ouvrant au tourisme, la commune s'efforce de sauver son agriculture (24,30Jo de ses actifs en 1975) par l'éle­vage et la viticulture. Elle arrivait à con­server 68,1% de ses actifs sur place, tan­dis que 20,3% d'entre eux étaient sujets à migrations alternantes, allant chercher du travail ailleurs. L'appropriation extérieure des terres -résidences secondaires- atteignait 29% de sa super­ficie, en 1966, avec 103 résidences secondaires. Elle en comptera 161 en 1975 pour 292 résidences principales. La commune avait perdu 7% de ses habi­tants entre les recensements de 1954 (767 hbts) et 1962 (733), mais depuis

cette date la tendance s'est largement inversée. De 800-805 hbts elle a fait un bond en avant en 1982 avec 951 hbts, qui correspond probablement à la recherche d 'un nouveau mode d'exis­tence, incitant à quitter la périphérie immédiate des grosses agglomérations pour des raisons de qualité de la vie, autant qu 'en fonction de la cherté des terrains.

Bien que n'étant pas le chef lieu du canton, merveilleusement bien située, Chindrieux en occupe le 1er rang pour la démographie, la superficie, et le second pour le potentiel fiscal total.

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