l'histoire de nathalie et du guardia

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Tomas Di Giovanni

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La fabuleuse Histoire de Nathalie et du Guardia - conte originale

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Page 1: L'histoire de Nathalie et du Guardia

Tomas Di Giovanni

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Il était une fois, il y a très longtemps, régnaient des êtres magiques que l’on appelait Guardia. Ces Guardia étaient partout. Chacun d’entre eux était l’incarnation d’un élément : l’eau, les montagnes,

les forêts, les vents ou même les plantes. Ensemble, ils veillaient à maintenir l’équilibre de l’ordre naturel, depuis toujours et cela pour les siècles à venir. Les Guardia ressemblaient à des humains, bipèdes et bilatériens. Ils possédaient comme nous, deux yeux, un nez et une bouche. Cepen-dant, chacun d’entre eux avait une particularité physique en rapport avec l’élément qu’il symbolisait. Par exemple, Montanea, représentant des montagnes et vivant dans les sommets, avait certaines parties de son corps constituées de roche, sur lesquelles étaient parsemées de la mousse et autres végétaux.Avec le temps, cet équilibre si bien maintenu permit l’évolution. Ain-si, comme les dinosaures devinrent des lézards, les singes devinrent des hommes. Au début, les hommes se pliaient aux lois de la nature, ils arrivaient à puiser dans les richesses naturelles pour survivre. Mais très vite ce ne fut plus suffisant, mégalomanie humaine oblige. Ils com-mencèrent à construire des habitats, de plus en plus grands et de plus en plus solides.

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Comme ce n’était toujours pas suffisant, ils voulurent être aussi puis-sants que ces dieux créateurs. Ils voulaient prouver qu’eux aussi étaient capable de créer. Alors ils commencèrent à représenter le monde, avec des peintures, des dessins, tel qu’ils le voyaient, supprimant toute la magie des Guardia. Ces derniers ne comprenaient pas quel était ce be-soin de représentation. Aux yeux des Guardia, les hommes étaient des animaux comme les autres et non pas des bêtes pensantes. Petit à petit, les hommes perdirent toute connexion avec la nature.Plus l’homme tentait de recréer la nature autour de lui, plus les princes Guardia s’éloignaient.

Bien des années plus tard, le monde avait complètement oublié l’exis-tence des Guardia. Mais ils étaient là, errant dans les éléments qu’ils incarnaient, en s’interdisant de reprendre leur forme légendaire.

Il était aussi une fois, bien des siècles plus tard, en mille neuf cent soixante dix-neuf, l’histoire d’une jeune fille. Cette jeune fille, pré-nommée Nathalie, aimait partir à la rencontre de la nature. Il était

fréquent de la voir, au crépuscule, explorer les forêts avec son vélo. Ce qu’elle aimait, en plus de se perdre, c’était de prendre des photos. Elle avait l’ambition, par ces photos, de percer le mystère de la nature. Elle était de ces rares personnes, si pure et sensible qu’elle avait la sen-sation de communiquer avec la terre, le vent, la pluie et les nuages. Un jour, comme à son habitude, Nathalie décida de prendre des photos dans sa forêt préférée. Le temps était superbe. Le ciel légè-rement gris contrastait avec la noirceur des branches des arbres nus.

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Elle adorait lorsque celles-ci dessinaient des veines dans le ciel. Elle commença à prendre des photos, quand soudain, elle vit, dans l’ob-jectif de son appareil, perché en haut d’un arbre... une créature. Il était impossible de la décrire, alors elle prit et reprit des photos, elle arma son appareil d’un flash et mitrailla de plus belle. Surpris par les éclairs artificiels, la créature tomba de l’arbre. Nathalie s’approcha douce-ment et le vit…C’était un homme grand, au corps parsemé d’écorce d’arbre. Il avait, sur le sommet de son crâne, des branches, comme des ramures de cerf. Celles-ci étaient légèrement feuillues. Il était d’un calme apaisant, et dégageait une force tranquille.Malgré l’étrangeté de la situation, Nathalie n’eut pas peur. En s’appro-chant, elle vit qu’il était blessé. Elle décida donc de le ramener chez elle.Lorsqu’ils furent hors de portée des regards, Nathalie voulut en savoir un peu plus sur cette créature. Elle lui demanda son nom. Il s’appelait Boscus, il était le prince du bois et de la forêt. Nathalie était fascinée par son histoire. Intérieurement, c’est comme ci elle l’avait toujours su, son paradis perdu prenait vie. La chute avait causé de graves blessures sur les jambes de Boscus, et tous les médicaments ou pansements de la terre n’y pouvaient rien. Boscus expliqua à Nathalie que pour le guérir, il fallait lui apporter une fleur très spéciale qui poussait au coeur de la forêt, une fleur appelée Orchis.Mais Boscus ne pouvait pas s’éloigner trop longtemps des bois. Oui, car lorsqu’un Guardia quittait sa place, l’équilibre n’était plus établi et cela pouvait provoquer une destruction apocalyptique. Déjà, la forêt s’assombrissait, les arbres, les plantes et les pierres n’obéissaient plus. Nathalie partit chercher la fleur. La forêt qu’elle aimait tant était mé-connaissable: elle était sombre, profonde, et littéralement vivante. Nathalie pénétra, un peu inquiète dans cette forêt maléfique. Les arbres la suivaient du regard, ils tentaient de la faire tomber en sou-

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levant leurs racines. Nathalie commençait à avoir peur, les branches des arbres essayaient de la capturer, de l’écarteler ! Mais la courageuse jeune fille réussit à s’en défaire. Avec de la terre humide, quelques pierres et des branches mortes, elle construisit une sculpture à son effi-gie, ainsi les arbres ne l’attaqueraient pas. Plus loin dans la forêt, elle fit la rencontre des Rocca. Les Rocca étaient de petits êtres très mauvais qui ressemblaient à des nains de pierre, sans yeux mais avec des oreilles, elles aussi de pierre. Boscus avait déjà mentionné leur existence. Elle sa-vait que pour les amadouer il suffisait de chanter. Alors, quand Nathalie vit l’agressivité des Rocca à son égard, elle chanta. Les Rocca s’arrê-tèrent aussitôt. Nathalie continua son périple de plus en plus confiante.

Pendant ce temps, alors que la forêt se décomposait, la mai-son de Nathalie commençait à témoigner de la présence de Boscus. En effet, on pouvait voir pousser des plantes sur les murs, les sols et les plafonds. La nature commençait à faire acquisition de l’habitat de Nathalie .

Nathalie, toujours en quête de la fleur magique, s’engouffrait de plus en plus dans la forêt. Elle touchait presque au but. Enfin, elle la vit, la fleur Orchis. C’était la seule plante qui était restée colorée, un tableau magnifique. Elle s’approcha doucement pour cueillir son Graal, mais les tiges de l’Orchis l’attaquèrent. À croire que la fleur était aussi féroce que sublime. Nathalie était prise au piège, elle ne pouvait plus bouger, ni ses jambes, ni son bras, ni sa tête. Avec son dernier bras libre, elle sortit son appareil photo et mitrailla un peu au hasard. Comme elle l’avait espéré, les flashes aveuglèrent la plante; prise de panique, l’Orchis la libéra. Nathalie cueillit la fleur, l’enferma dans une bouteille, et courut hors de la forêt.

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En rentrant chez elle, Nathalie fut surprise de retrouver sa maison envahie par les plantes. Il y en avait partout, le moindre meuble, le moindre bibelot en était recouvert. La magie de Boscus avait entièrement délabré sa maison. Elle lui tendit la fleur et pendant qu’il l’étalait sur ses blessures, elle lui raconta son aventure. Lorsqu’il eut terminé, il se leva. Il allait prendre la porte mais Nathalie s’inter-posa, lui suppliant de rester. Il lui répondit que c’était impossible, que la forêt avant besoin de lui car il devait ré-instaurer l’équilibre et l’ordre naturel. Ce fut avec déchirement que Nathalie le laissa partir.En chemin, Boscus se mit à réfléchir. Il comprit que le fait de créer ne venait pas d’un besoin de supériorité, mais était une véritable façon de s’exprimer. Qu’en réalité, l’art était partout dans la nature, dans le trait d’une fleur, la majesté d’un arbre ou même dans le chant d’un oiseau. Il comprit surtout que la représentation artistique n’était pas un double de la réalité affaibli, et que malgré la rationalité humaine, il existait toujours des êtres purs, au coeur assez grand pour ressentir l’esprit des éléments. Nathalie quant à elle reprit le cours de sa vie. Après le départ de Bos-cus, sa maison avait repris son état initial. Cette aventure avait changé sa vie. Quelques années plus tard, ses photos contribuèrent à une nouvelle vision artistique. Sa nouvelle autorité ne l’avait guère changée, elle res-tait la jeune fille qui aimait se perdre dans le bois. Encore, il lui arrivait de retourner dans cette forêt, en espérant recroiser Boscus. Elle ne le revit jamais. Elle comprit qu’il ne suffisait pas de le voir pour sentir sa présence. Qu’il était partout où elle voulait le voir. Et, c’était assez pour la rendre heureuse.

FIN

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Photgraphies Tomas Di Giovanni

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