libro - amatus de montecassino - l ystoire de li normant et la chronique

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    ri':

  • LTSTOIRE

    DE LI NORMANT

    LA CHRONIQUEDE ROBERT VTSCART.

  • A PARIS,

    DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET,RUE DE VAUGIRARD

    ,N" 9.

    M DCCC XXXV.

  • L'YSTOIRE

    DE LI NORMANT,ET

    LA CHRONIQUEDE ROBERT VISCART,

    PAR AIM, MOINE DU MONT-CASSIN;PUBLIES POUR LA PREMIERE FOIS

    ,

    D'apm un illanusmt franois inttii ru xii\' siffle,APPARTENANT A LA BIBLIOTBEQl'E OYAI.E

    ,

    POUR LA SOCIT DE L'HISTOIRE DE FRANCE,

    PAR M. CHAMPOLLION-FIGEAC.

    ^p-A PARIS,

    CHEZ JULES RENOUARD,LIBRAIRE DE LA SOCIT DE l'hISTOIRE DE FRANCE,

    RlE DE TOURNON,N 6'.

    i835.

  • iS9f^

  • AL'ACADMIE ROYALE DES SCIElNCES

    DE TURIN

    HOMMAGE RESPECTUEUX

    DE L'DITEURl'uk de ses associs coruespondans

    et en tmoignage

    DE LA PLUS VIVE GRATITUDE

    POUR LE MONUMENT

    qu'elle a consacr

    AVEC l'agrment DU ROI

    DANS SON MUSEE GYPTIEN

    A LA MMOIRE

    DE CHAMPOLLION LE JEUNE.

  • EXTRAIT DU RGLEMENTDE LA SOCIT DE L'HISTOIRE DE FRANCE.

    Art. 12. Le Conseil dsigne les ouvrages publier, et

    choisit les personnes les plus capables d'en prparer et d'eu

    suivre la publication.

    Il nomme,

    pour chaque ouvrage publier, un com-

    missaire responsable qui sera charg d'en surveiller l'ex-

    cution.

    Le nom de l'diteur sera plac la tte de chaque

    volume.

    Aucun volume ne pourra paroitre sous le nom de la

    Socit sans l'autorisation du Conseil , et s'il n'est accom-pagn d'une dclaration du commissaire responsable

    ,

    por-

    ta it que ce travail lui a paru mriter d'tre publi.

    M. Hase, Membre du Conseil, ayant t nomm com-missaire responsable

    ,

    par dcision du Conseil en datedu 7 avril i834 , pour l'dition de Vlstoiie de li Nonrinntet de la Chronique de Robert Viscart , a dlivr le certificatsuivant :

  • viii EXTRAIT DU RGLEMENT.de li Norrnant et de la Chronique de Robert Viscart, d'aprs

    un manuscrit indit de la Bibliothque du Roi, avec desProlgomnes et un Appejidix , telle que M. Champollion-Figeac l'a conue et excute

    ,m'a paru mriter d'tre

    publie, conformment aux dcisions del Socit en datedes 7 avril et >. juin i834. '>

    Fait Paris,le 1*"^ fvrier 1835.

    Sign HASE.

    Cevlific, le Secrtaire de la Socit de V Histoire de France.

    Si^ne J. DESNOYERS.

  • PROLGOMNES.

    . I. Du Manuscrit. . II. De l'Ystoire de li Normant.. III. De son Auteur, . IV. De la version franoise. . V. Du texte latin restitu. . "VI. De la Chro-nique de Pvobeit Yiscart. . VIL De son Auteur.

    . YIII. De la version franoise. . IX. Du texte latin. . X. Du Traducteur des deux ouvrages, de sonstyle, et de son poque. . XI. De Tdition des deuxouvrages. . XII. De l'Appendix qui les suit.

    . I. Du Manuscrit.

    Le manuscrit indit , appartenant la Biblio-thque royale , dont nous nous occupons danscette premire section de nos Prolgomnes , estun volume de format in-folio , sur vlin , trsbien conserv, et qui a t reli depuis peud'annes , comme on l'apprend par des N sur-monts de la couronne impriale de France, em-preints en ornement dor sur le volume. Ilest cependant depuis bien des annes dans cettebibliothque. On le trouve port sous le n y i35,

    ' au catalogue des Manuscrits, qui fut rdig en

    1729; il y est dcrit sous ce titre : Chroniquedepuis la cration du monde

    ,

    particulirement

  • ij PROLGOMNES.du royaume de Sicile et de Naples. Il est dsi-gn par le mme numro et par le mme titredans le prcdent catalogue dress en l'anne1682

    ,et c'est par une note crite la marge de

    cet ancien inventaire des manuscrits du Roi

    ,

    qu'on apprend que ce volume, n 71 35, prove-noit de la bibliothque du cardinal Mazarin ; iltoit l'article n io43 des manuscrits qui, dela bibliothque de ce prlat, passrent dans celledu Roi en 1668. Il y a donc plus de 160 annesqu'elle possde ce beau volume, jusqu'ici bien peuremarqu.

    Avant d'entrer dans la bibliothque du cardi-nal

    ,ce manuscrit avoit cependant appartenu des

    savans bien capables d'en apprcier le mrite.Andr Duchesne, qui publia en 16 19 la pre-

    mire partie de ses crivains de l'histoire desNormands, connoissoit ce volume, et en avoitfait copier une portion en 1612. L'ouvrage

    franois toit alors dans la bibliothque d'unconseiller nomm Jean-Pierre Olivier. Enfin , ilavoit appartenu prcdemment l'illustre Peiresc,qui , trs vraisemblablement , avoit enrichi laFrance de ce prcieux manuscrit , videmmentexcut en Italie.

    La premire page est orne d'un encadrementlarge d'un doigt et dont le fond en marqueterie

    est colori et rehauss d'or. Le haut de cette

    premire page , dans l'intrieur de cet encadre-ment

    ,est occup dans toute la largeur, par une

  • PROLGOMNES. il]miniature divise en huit compartimens, un peuplus hauts que larges, dont le fond, colori etdor, est alternativement losange, cartels en sau-

    toir, chiquet, ou fleurdelis, et dans lesquelssont reprsentes

    ,

    par des personnages de 1 8 20 lignes de hauteur, les principales scnes dela cration du monde selon la Bible (i).

    La baguette suprieure de l'encadrement de

    cette premire page, est plus troite que celle dubas ; le milieu de celle-ci est orn d'un cussonattentivement effac ; il avoit des anges pour sup-

    port. Plusieurs autres manuscrits de la Biblio-

    thque Royale , venus galement d'Italie,

    portent

    le mme cusson,

    presque toujours effac ; ony a parfois substitu les armes de France.

    D'autres scnes,

    qui sont aujourd'hui presquedtruites , toient peintes en miniature la marge

    infrieure de cette mme page. On peut y dis-tinguer encore un guerrier arm, un lion et unefemme

    ,

    qui rappelleront , si l'on veut , les infor-

    tunes de Pyrame et de Thisb. Le reste de cettepeinture est entirement dgrad.

    Les lettres armories ou histories et les lettresd'or abondent dans ce manuscrit, qui est d'uneexcution riche et soigne ; les plus grandes de ceslettres, ornes tout la fois avec got et avec r-serve, sont au commencement de chaque ouvrage

    (1) Le Crateur est figur avec deux ttes humaines, et tles ailest'est un symbole de la Trinit.

  • iv PROLGOMNES,et de chacun de ses Livres ; les plus petites , au com-mencement de chaque chapitre. Des premires , ilen manque trois dans l'ensemble du volume (3 P),et l'on doit en regretter la perte, chacune desgrandes lettres du manuscrit ayant dans son blancde jolies miniatures reprsentant des personnagesde conditions varies , et d'un grand intrt pourl'tude des costumes du temps. Ces figures, par lanature des ouvrages oii on les a places

    ,

    peuvent

    avoir trait aux usages des Lombards et des Nor-mands d'Italie. On y voit aussi (page 255) unefigure d'empereur; et ailleurs, des figures all-goriques de femmes. Les ornemens y sont trsvaris ; mais on ne voit de fleurs de lis dans aucunblason. Ce beau volume fut excut hors de Franceet pour un prince d'Italie.

    L'criture du corps du manuscrit est une minus-cule italique, massive, serre, sans traits superflus,

    montans peu levs. Tout, dans ce prcieuxmanuscrit, lui donne pour date la fin du treizimesicle ou les premires annes du quatorzime.Comme toutes les autres pages du texte du

    manuscrit, la premire, qui occupe l'espace queles ornemens y ont laiss vide, est partage en

    deux colonnes, contenant un avertissement dontl'importance est annonce par ce titre en rubrique :

    Ci se comence le prohme de la translata- tion , laquel a fait faire le seignor conte de Mi-

    ce litre, etc. j>

    Ce prohme est ainsi conu :

  • PROLGOMrJES. v Seconl ce que iiouz dit et raconte la sage

    phylosofo , tout home natui aiment desine de savoir, et la raison si est ceste : car toute choze covoite et desirre sa perfection. Mes il n'est(f nulle choze qui face l'orne plus parfait que science, quar par la science est homo fait sem-ft blable Dieu. Adonc l'omo doit desirrer et covoitier come pour sa perfection la science. Et

    toutes voiez savoir et science sont acquestesa et suez

    ,

    par espcialment,

    par littrature. Et

    non portant toz les homes qui sont , ne poent pas estre si grans maistres en littrature qu'il

    puissent entendre la sentence de la letre, et pour ce juste choze est que ceauz lesquelz ne poent prestement entendre la grammre par laquellesont ordenez et faiz les livres, qu'il facent translater la lettre en alcune vulgal langue, pour ce qu'il puissent savoir et entendre aucunes escritures desquelles il ont dlectation et vo- lente de savoir. Et pour ceste choze devant dite, plot et pensa monseignor conte de Militre

    ,

    qu'il feroit translater en vulgal la Cronique de Ysidorre secont la lettre , et pour ce qu'il set lire et entendre la lengue fransoize et s'en d- litte, a fait translater par ordre secont la lettre en franois la devant ditte Cronique, et esp-ce cialmeiit pour sa dlectation , et pour la d- lectation de ses amis. Mes pour la rayson de ce(c que aucune foiz plusors Croniques parlent trop brief

    ,

    je,

    qui li livre escrive de lettre en vulgal,

  • vj PROLGOMNES. se je puiz j'ajoiidrai aucunes bonnes paroles de vrit. Explicit prologus.

    Le traducteur parot donc s'tre propos sp-cialement de mettre en Dulgal sermon et en lenguefransoize, pour la dlectation de son seigneur etde ses amis, la Chronique d'Isidore; toutefois,en y ajoutant aucunes bonnes paroles de mrit,quand il trouve que la Chronique parle trop bref.La translatation de l'ouvrage d'Isidore suit en

    effet immdiatement le prohme,et elle est pr-

    cde de cette autre rubrique : Ci se comence li livre de la Cronique del vail-

    lant evesque Ysodore , lequel a fait expositiona en aucune choze del premier livre de la Bible

    ,

    et aprs , de moult croniques de papes et d'em- perators

    , et de moult autres estoires et bataillez et conquestes.

    Une autre rubrique termine cette traduction

    ,

    la page 21 : Ci se finist la Cronique de Ysodore , la est

    escripte en vulgal fransoiz.

    Vient ensuite ( page 22 ) une autre sorte deprohme du traducteur, annonc par ces mots :ce Ci comence le prologue en vulgal y>

    ,et c'est

    par ce prologue que le plan de ce traducteur semanifeste plus clairement, et nous porte penserque, dans l'intention de suppler l'extrme bri-vet de l'ouvrage d'Isidore de Sville, et pour sa-tisfaire plus srement aux dsirs et la volontdu prince

    , il a alongi la chronique d'Isidore

  • PROLGOMNES. vijd'autres chroniques et histoires

    ,dans l'intention

    vidente de composer, par cet assemblage dechroniques et d'histoires particuhres

    ,traduites

    du latin en Franois,un corps d'histoire gnrale

    de l'Italie, depuis le commencement du mondejusqu'au milieu du douzime sicle de l're chr-tienne. Ce recueil, qui est notre manuscrit mme,s'ouvre en effet par la Chronique d'Isidore quiremonte la cration du monde et descend jus-qu'au rgne de l'empereur Hraclius , embrassantun intervalle de temps que le traducteur estime cinq mille ans. A cette chronique succde lesommaire de l'histoire romaine par Eutrope

    ,

    d'aprs la rdaction et avec les additions de Pauldiacre , commenant au rgne de Janus et finis-sant au milieu de celui de Justinien. Vient ensuitel'histoire des Lombards par le mme Paul ; enfinle recueil est termin par l'Histoire et la Chroni-que des Normands d'Italie et de Sicile, lesquellesfinissent vers l'an 1 135, poque o Roger II s'-toit dj fait roi de Sicile depuis quelques aimes.

    Laissons parler le traducteur franois et cou-tons son prologue, qui va rellement nous ap-prendre quelques faits intressans et encore igno-rs dans l'histoire littraire du moyen ge.

    ce Car \ sidoire parla moult brvement par toutea la matire. Corne se puisse alongier, juste cose est y d'altre choze et d'autre cronique et ystoire, mtre main ce que misire le conte plus pi-ce nement et sa volont soit contente. Et pour ce

  • vii] PROLGOMNES. dirons et raconterons en li capiule de souz , ce que Eutroppe romain escrit de l'ystoire dece Rome , laquel Paul dyacono et moine de Mont-e de-Cassim aorna par diversez ajonctions. Digne choze est lui de translater en vulgal sermon

    ,

    et de savoir que cestui Paule dui foiz escript

  • PROLGOMNES. ix celui d'Eutrope , une composition historique

    relative aux temps anciens de l'Italie, dont le

    Breviarium d'EutrojDC fait rellement le fond,

    mais qui a t diversement modifie , revue , cor-

    rige, augmente, dans les diverses ditions quien ont t donnes depuis la premire

    ,

    qui date

    de l'anne 1471-Ces ditions nous font connotre en effet :1. L'ouvrage mme de l'abrviateur Eutrope,

    divis en dix Livres , commenant avec la fonda-tion de Rome par Romulus, et finissant au rgnede Valentinien

    ;

    ^. Un autre ouvrage sous le nom du mmeEutrope, conservant l'ordre des matires du pre-mier, mais augment d'assez frquentes addi-tions qui ne peuvent pas tre de la main d'Eutrope.Les dix premiers Livres ne dpassent pas non

    plus le rgne de Valentinien , mais ils sont plustendus, par le fait mme de ces additions. Enfin,ces dix Livres sont suivis d'un supplment de sixou sept autres Livres

    ,

    qui en portent le nombre seize ou dix-sept, et font descendre la narration

    primitive d'Eutrope jusqu'au rgne de Justinien.Paul diacre est reconnu, sans contestation, pour

    l'auteur de ce supplment et de ces additions autexte primitif d'Eutrope : c'est l'Eutrope rdig

    et augment par Paul diacre;

    3. Sous le nom d'Eutrope encore, et de Paul

    diacre, et d'un certain Landulphus Sagax, uneautre composition historique, galement revue,

  • X PROLGOMNES,corrige et augmente , oii les seize ou dix-septlivres de la seconde rdaction sont ports vingt-quatre et mme vingt-six , et o la narration estconduite jusqu'au rgne de l'empereur Lon l'Ar-mnien. Cette composition est connue sous letitre de Historia Miscella;

    4. Enfin, et dans cette Historia Miscella , ondiscerne facilement un quatrime ouvrage

    ,

    por-

    tant aussi les noms d'Eutrope et de Paul diacre

    ,

    en seize Livres seulement, comme le deuxime ou-vrage de notre srie , mais qui , commenant parles mmes mots que ce second ouvrage , arrts la mme phrase , traitant des mmes sujets , dansle mme ordre et dans les mmes termes , sauf leplan, se compose dans le quatrime tat de quinzemille lignes d'une justification typographique d-termine, tandis qu'il n'en avoit pas plus de cinqmille dans le second , et il n'y a cependant encoreici pour auteurs que les mmes Eutrope et Pauldiacre.

    Muratori a insr en tte de sa Collection descrivains de l'histoire d'Italie, VHistoria Miscellatout entire , dcrite sous notre n 3 , et conduitejusqu'au neuvime sicle. Mais on voit dans laprface que ce savant critique a publie sur cettecomposition historique (i), combien d'opinionsont partag les savans au sujet de l'origine ou desorigines de VHistoria Miscella; de la part plus

    (1) Rer. Italicarum Scriptores , tom. I, pars i.

  • PROLGOMNES. xjOU moins grande que Paul diacre y avoit eue ;de celle qu'il falloit faire ses continuateurs , en-

    fin sur l'authenticit et la lgitimit des textes

    latins de cette mme histoire , et des quatre r-dactions si diffrentes que nous venons de faire

    remarquer.

    Pour se reconnotre dans ce ddale de textes si

    dissemblables entre eux , il suffira peut-tre d'exa-

    miner avec quelque attention un certain nombrede manuscrits de ces mmes textes, et de voir si lesdiffrences qu'on y trouvera ne pourroient pas

    s'expliquer au moyen des renseignemens nou-veaux et prcis que fournit le prologue transcrit

    un peu plus haut.La Bibliothque royale possde dix-huit ma-

    nuscrits latins ports aux catalogues sous les noms

    d'Eutrope et de Paul diacre. Le plus ancien est

    assign au douzime sicle, et le plus moderneau quatorzime.En les comparant entre eux sous le rapport

    du texte latin et de son tendue, on range cesdix-huit manuscrits en trois classes trs distinctes

    l'une de l'autre.A la premire appartiennent trois manuscrits

    de l'ancien fonds numrots 58o2,7240, 61 13,

    et le volume n 5o du fonds de Notre-Dame deParis

    ;

    A la deuxime classe, les volumes numrots5796, 6797, 5798, 5799, 58oo, ii32o A, 4963 B,6692, 5693, 681 5, de l'ancien fonds, et les

  • xij PROLGOMNES.manuscrits n 1 27 de Notre - Dame , 289 deSaint-Victor

    ;

    Et la troisime classe , les deux manuscrits del'ancien fonds marqus n 499^ et 5795.

    Les quatre manuscrits de la premire classequi commencent par les mots Res romanas, oubien Romanum imperium, et finissent par ceux-ci : ad majorem scribendi diligentiam reserva-mus

    , n'ont rien de commun avec Paul diacre;c'est le Breviarium d'Eutrope , en dix livres

    ,pur

    de toute addition , et tel que les meilleurs criti-ques l'ont publi; il n'y a de diffrent que les le-ons plus ou moins utiles l'amlioration dutexte de cet abrviateur.

    Paul diacre , au contraire,

    est l'auteur et le

    rdacteur du texte des douze manuscrits de ladeuxime classe. Ils contiennent le mme Brevia-rium d'Eutrope, tel que Paul diacre l'a allong aumoyen d'additions de toute espce, tires descrivains sacrs ou profanes. Tous ces manuscritscommencent par ces mots : Primus in Italia,ut quibusdam placet, regnavit Janus. C'est Pauldiacre qui a fait remonter jusqu'au rgne deJanus le prcis historique commenc par Eutrope la naissance de Romulus, et cette addition, dequatre pag. in-8 d'tendue, conduit le lecteur auxpremiers mots d'Eutrope, Romanum imperium,qui se rattachent naturellement cette premireaddition de Paul , l'aide d'une simj^le con-jonction , /?oma7^m iGiTUR imperium. Celui-ci a

  • PROLGOMNES. xiijcontinu de suivre fidlement le texte de l'abr-

    viateur romain; mais, comme l'a dit notre trans-

    lateur , ce Paul diacone l'a aorn par diverses(c adjonctions , et on peut le dire , il n'a pas faitlong-temps attendre ces adjonctions. Aprs la hui-time ligne du texte profane d'Eutrope , arrive

    ,

    d'aprs les historiens sacrs , la mention des dixtribus d'Isral exiles par Sennachrib. Paul puise

    aussi d'autres sources, et c'est ainsi qu'entre le

    quatrime et le cinquime chapitre du deuximeLivre d'Eutrope, il ajoute la mention d'une grandepeste qui , durant deux annes , affligea la ville deRome aprs la mort de Camille ; et pour l'anned'aprs, le gouffre et le dvouement de Curtius.A la fin du sixime chapitre du mme Livre,il ajoute , comme des vnemens contemporainsdu combat de Valrius Gorvus contre les Gau-lois

    ,une prolongation surnaturelle de la nuit

    ,

    une pluie de pierres , et la naissance d'Alexandre-

    le-Grand ; et avec le secours du mot interea oud'autres analogues celui - l , Paul donne sanarration compose rellement de pices et demorceaux , l'apparence d'une composition pro-duite d'un seul jet : c'est nanmoins le texte desdix Livres d'Eutrope interpol et augment parPaul diacre. Il y a de plus ajout un supplmentqui porte le nombre total des Livres de dix seizeou dix-sept; mais tous ces manuscrits n'avertissentpas de ces circonstances diverses; quelques uns

    indiquent tout simplement le commencement du

  • xiv PROLGOMNES,onzime I^ivre

    ,aprs le explicit du dixime.

    D'autres donnent une premire indication quimentionne les additions faites au texte d'Eutrope,mais non pas sa continuation : Explicit liber A '".Hucusque hystoriam Romanorum Eutropius coin-posuit; cui tamen aliqua Paiilus diaconus addicUt.Incipit Romance historie liber XI'''. Quelques ma-nuscrits prservent le critique de toute mprise surce sujet, par ces mots ajouts la note prcite :Deinde qu sequuntur idem Paulus ex diversisauctoribus proprio stilo coiinexuit. Incipit liberXI"'. D'o il suit positivement que ces manuscritsrenferment les dix Livres d'Eutrope avec les ad-ditions de Paul diacre

    ,

    plus le supplment rdigpar ce mme Paul, et qui forme les Livres XIet suivans des manuscrits de la deuxime classe.L'dition de 1 47 1 a t arrange avec une parfaiteconnoissance de ces dtails; les ditions post-rieures l'ont gnralement suivie, et seulement lesunes ont divis en dix-sept Livres la mme matirerduite seize dans les autres; enfin les ditions nesont pas uniformes sur la partie du texte o doitfinir le travail de Paul diacre , et nous reviendronssur cette difficult pour la rsoudre au moyen d'untmoignage nouveau et des plus authentiques.

    Nous arrivons la troisime classe de manu-

    scrits; elle n'en comprend que deux (i), commen-ant par les mmes mots que les manuscrits de la

    (1) Ceux qui sont numrotes 4998 et 5795, ancien fonds.

  • PROLGOMNES. xv(eiixime classe, Primas in Italiciy ut quibusdamplacet, regnavit Janus ; mais de nouvelles addi-

    tions aux additions mme faites par Paul diacre

    ,

    s'y font bientt remarquer ; ds la deuximepage, deux phrases formant quatre lignes se pr-sentent comme nouvelles ; un peu plus bas , une

    autre interpolation de seize lignes entires; ainsi il

    n'y a pas moins de 260 lignes d'additions au pre-mier Livre, qui n'en a que yoo en tout, ce qui faitun tiers d'additions dans l'tendue totale de cepremier Livre, et cette proportion ne diminue cer-tainement pas dans les Livres suivans jusqu'auXVP inclusivement.

    L'ouvrage entier a vingt-quatre Livres, et c'est

    celui que Muratori a publi sous ce titre (i) : Eu-TROPii HiSTORiA, ci Paulus Aquileusis diaconusaddidit....\ (eam) deinde idem Paulus..., usque adtempora Justiniani perduxit : quem LandulphusSagax sequutus ,.... perduxit (historiam) usquead imperium Leonis; compilation plus connue sousle titre de Historia Miscella, plusieurs fois impri-me, et qui est conforme aux deux manuscritsde notre troisime classe, diviss l'un et l'autreen vingt-six Livres, quoiqu'ils ne contiennentrien de plus que les vingt-quatre Livres de l'di-tion donne par Muratori.

    Voil bien l'ouvrage d'Eutrope et de Pauldiacre dans toute son ampleur ; mais ce sont rel-

    (1) Ouvrage cit.

  • xvj PR0LM30MNES.lement quatre ouvrages en un seul, et qui furentrdigs quatre poques diffrentes : essayons deles discerner et d'en dresser en quelque sorte lagnalogie.

    Des vingt-quatre Livres eVHistoiia Miscella,les huit derniers, dit Muratori (i), ont t sansnul doute tirs presque en entier des crivainsgrecs qui ont t traduits en latin par Anastase lebibliothcaire. Or, cet Anastase vcut et crivitplus d'un demi-sicle aprs la mort de notre Pauldiacre : les huit derniers Livres de VHistoriaMiscella sont donc totalement trangers notrePaul , et nous n'avons plus considrer , relative-ment cet crivain

    ,

    que les seize premiers Livresde cette histoire mle, telle qu'elle existe dansles manuscrits de la deuxime classe et dans ceuxde la troisime. Dans les uns et dans les autres,elle reste dans les limites chronologiques del'Eutrope rdig et augment par Paul diacre; lanarration s'ouvre galement dans tous ces manu-scrits par le rgne de Janus, et se termine au mi-lieu du rgne de Justinien ; mais dans les manu-scrits de la troisime classe , cette mme narration

    ,

    galement divise en seize Livres, comme dansceux de la deuxime classe, et borne, dans lesdeux classes, au mme intervalle de temps, est pluslongue d'un tiers dans les manuscrits de la troi-sime classe , compars ceux de la deuxime.

    (1) Prface dj cite.

  • PROLGOMNES. xvijDe cet ouvrage donc, universellement attribu

    Paul diacre , et contenu en seize Livres , nousaurions ainsi deux rdactions, toutes deux trai-tant les mmes sujets, se proposant le mmebut, rdiges dans le mme esprit, renfermesdans le mme intervalle chronologique, commen-ant et finissant par les mmes mots

    ,identiques

    dans la contexture des phrases , dans l'ensembledu langage; et ne diffrant absolument entreelles que par la plus grande tendue de l'unedes deux

    ,

    qui est d'un tiers plus longue quel'autre.

    Cette identit dans les caractres essentiels decette composition

    ,

    porte naturellement le cri-

    tique attribuer au mme crivain ces deuxrdactions diffrentes du mme ouvrage. La pluscourte des deux appartient sans nul doute, del'avis de tous les savans , et d'aprs le tmoignagede tous les manuscrits, Paul diacre, moine duMont-Cassin. L'autre rdaction lui appartien-droit-elle galement, et Paul diacre auroit-il re-fait son ouvrage, moins pour le perfectionner,pour en tendre la narration au-del de l'poquehistorique laquelle il s'toit d'abord arrt

    ,

    quepour amplifier son rcit, pour parier plus au longdes mmes temps renferms dans le mme inter-valle ?

    C'est prcisment ce que certifie l'auteur duprologue rapport plus haut, et dans des termeson ne peut pas plus affirmatifs. Digne chose est

    b

  • xvij PROLGOMNES. de savoir , dit-il

    ,

    que cestui Paule dui foiz escript ceste ystoire de lo devant dit Eutrope , la ptition de dui nobillissime marit et moillier... Mes pour ce que celle premre estoit trop fort stille alla dame , une autre foiz celle meissme ystoire comensa : Ensi cornent dient li autre, Toutez voiez pour celle seconde est trop prolixe(c et trop longue; et non (pour) tant par manire de ystoire quant par manire de prdicationce procde exponner la premire, laquelle enco- mence : Premier en Ytalie ; et adonc plasoit l'escrivain de (la) recevoir (prfrer).

    Il est donc acquis aujourd'hui l'histoire lit-traire du moyen ge, que Paul diacre rdigeadeux fois le Prcis de l'Histoire romaine pour le-quel le Breviarium d'Eutrope lui servit de cadre

    ;

    que la premire composition commenoit par lesmots latins qu'un traducteur franois du treizimesicle a rendus par ceux-ci : Premier en Ytalie;que les premiers mots latins de la seconde com-position se traduisoient en franois par ceux-ci :

    Ensi cornent dient li autre , etc.Il s'agiroit maintenant de reconnotre la-

    quelle, des deux rdactions qui nous sont con-nues, fut la premire, laquelle des deux fut la se-conde. Les phrases latines prcites seroient peuutiles pour parvenir cette distinction

    ,

    puisqueles deux phrases franoises Premier en Vtalie, etEnsi cornent dient li autre , sont la traduction dela phrase Primus initalia, ut quibusdam placet^

  • PROLGOMNES. xixqui est la premire de l'une et de l'autre rdac-tion.

    Mais le prologue de notre translateur nous sertencore merveilleusement pour distinguer l'ordre

    successif des deux ouvrages de Paul diacre. Cetraducteur dclare qu'il a prfr et qu'il traduit

    la premire rdaction commenant par Premieren Vtalie; cette traduction suit en effet le prolo-

    gue; le plus lger examen y fait reconnotre la

    version franoise du texte latin tel que le don-nent les douze manuscrits de la deuxime classe

    ,

    diviss en seize Livres, et reproduits dans lesditions de 1 47 1 , et de Paris 1012 ( i ) , commen-ant par le rgne de Janus , et finissant celui deJustinien. Le texte de ces douze manuscrits, celuides ditions de 1 47 1 et 1 5 1 2 , en tout conformes la version franoise de notre manuscrit, estdonc la premire rdaction de l'histoire de Pauldiacre ; et il en rsulte ncessairement que la se-conde existe dans les seize premiers Livres deYHistoria Miscella des manuscrits de la troisime

    classe, oii cette histoire est en effet la mme,\n2is plus longue^ plus prolixe, comme la dit

    notre savant translateur (2).

    C'est ce texte plus long et plus prolixe de la

    (1) Celle-ci 'tant borne au septime Livre des Additions.

    (2) Muratori fait observer dans la mme prface , page 2 , qu'ily a toutefois quelques interpolations postrieures Paul diacre

    ,

    dans les textes mmes qui lui appartiennent bien certainement..

  • IX PROLGOMNES,deuxime rdaction

    ,

    que Muratori a publi; etpar la manire dont il est typographiquementexcut, il reprsente, par un heureux hasardsans doute, les deux rdactions fondues en uneseule, mais bien distinctes l'une de l'autre; lapremire , la plus brve

    , y tant imprime encaractres romains, et la deuxime, la plus lon-gue

    ,en caractres italiques : il en est ainsi pour

    les seize Livres tout entiers. Ces seize Livres

    nous reprsentent donc la fois le Breviarlumd'Eutrope,les deux amplifications successivementrdiges par Paul diacre; et en y ajoutant le sup-plment tir d'Anastase, nous connoissons dis-tinctement les quatre ouvrages ou les quatre g-nrations du mme corps d'ouvrage qui a t])ubli sous le titre 'Historia Miscella.

    Eutrope, crivain romain, a fourni le premierfond jusqu'au rgne de Valentinien ; Paul diacre,moine chrtien, a travaill deux fois l'tendrejusqu'au rgne de Justinien, en y introduisantprincipalement les faits de VHistoire sainte; d'au-

    tres ont conduit cette compilation jusqu'au neu-vime sicle de l're vulgaire, et nous savonsaujourd'hui avec certitude

    ,

    que Paul diacre a

    travaill deux fois sur cette compilation, et qu'en

    tant des seize premiers Livres de XHistoria

    Miscella, le peu qui en appartient Eutrope,

    tout le reste est sorti , mais en deux fois , de laplume de Paul diacre; qu'il entreprit ce travailpour plaire une duchesse de Bnvent; que

  • PROLGOMNES. xxjcette dame ayant d'abord jug l'ouvrage de tropfort stilLe, Paul diacre en fit une nouvelle rdac-tion plus longue, plus prolixe que la premire;enfin que, des dix-huit manuscrits que nousavons examins

    ,les douze manuscrits de la

    deuxime classe sont le texte mme de la premirerdaction, que les deux manuscrits de notre troi-sime classe sont, dans lenrs seize premiers liivres,le texte mme de la seconde, et que les quatremanuscrits de la premire classe ne contiennentque le texte primitif du Breviarium d'Eutrope. 11seroit peut-tre de quelque utilit, ce seroit dumoins de l'exactitude, d'avoir gard ces notionspositives dans la classification bibliographique etle catalogue des ouvrages d'Eutrope , de Pauldiacre , et de leurs continuateurs.

    Les douze manuscrits de la deuxime classe,qui contiennent la premire rdaction de Pauldiacre, traduite en Franois dans le volume quenous dcrivons, se terminent uniformment ladfaite des Goths par Narss , envoy contre euxen Italie par Justinien, aprs quoi, dit le texte,toute Vtalie retonia lo impre. La versionfranoise finit par ces mots, qui sont aussi lesderniers de nos manuscrits , et cette concordancesuppose que, ds les temps les plus anciens, l'ou-vrage de Paul diacre, qui vit Gharlemagne, s'ar-rtoit nanmoins au rgne de Justinien.On le savoit par des tmoignages assez cer-

    tains, quoique de quelques sicles postrieurs

  • xxij PROLGOMNES.Paul diacre. Ainsi Lon d'Ostie nous disoit (i) :Duos libellas tempore Juliani apostat , inquem ipsam Jdstoriam Eutropius tenninaverat

    ,

    usque ad tempora primi Justiniani imperatoriseidem annexait. Les manuscrits et les ditionsdisoient aussi que Paul avoit entrepris son ou-

    vrage par l'ordre de la princesse de Bnvent,Adelperga , fille de Didier , dernier roi des Lom-bards, et femme du prince Arighis (Arigise),mort en y87, Paul diacre, fils de Warnefride etd'origine lombarde, ayant t le secrtaire duroi Didier, et tant demeur fidle sa mmoireet sa famille. Mais nous avons aussi de tous cesfaits un tmoignage contemporain, jusqu'ici in-dit

    ,dont l'existence est la fois rvle et accr-

    dite par le manuscrit franois qui est le sujetde ce premier chapitre de nos Prolgomnes.

    Aprs le curieux prologue dont le texte esttranscrit plus haut, on lit dans ce manuscrit,page 22, en rubrique :

    Ce est la Epystole de Paul dyacone et mo-(c nache de Mont de Cassino , son trs excellentce et excellente compre et commre siens de Bo- nivent.

    UEpystole annonce est en effet une ptreddicatoire aux seigneurs de Bnvent , le gendreet la fille du roi Didier, ptre qui est reste in-

    (1) Chronic. Cassin. , lib. I, cap. 15, pages 117 et 118; Neap.,

    1616, in-4.

  • PROLGOMNES. xxiijconnue tous les diteurs de Paul diacre , et quenous a conserve en francois notre translateur,qui l'accrdite en effet par son anciennet. J'ai dm'empresser de la chercher dans nos manuscrits

    ,

    et j'en ai trouv deux copies en tte des deuxmanuscrits numrots 58oo et 49^3 , B ; unetroisime copie est transcrite , aprs coup , maisanciennement , la marge d'un troisime ma-nuscrit, de celui qui jjorte le n ^Siio, A. Voicile texte latin de cette ptre indite, avec l'an-cienne traduction franoise en regard :

  • xxiv PROLGOMNES.

    Ruhrica. epistola pauli dyaconi, monasteri sAnctiBENEDICTI.

    Domne Adilpekge eximie summeque Ductrici , Paulusexiguus et supplex. Cum ad imitationem excellentissimicompaiis

    ,

    qui nostre etatis solus pne principum sa-pientie palmam tenet, ipsa queque subtili ingenio, saga-cissimo studio, prudentium archana rimeris, ita ut phyloso-phorum aurata eloquia poetarumque gemmea tibi dicta inpromptu sint :^ hystoriis etiam seu commentis tam divinisinhereas quam mundanis : ipse, qui eleganlie tue studiissemper fautor extiti, legendam tibi Eutropii hystoriam tri-pudians obtuli. Quam cum avido, ut tibi moris est, animoperlustrasses , hoc tibi in eius textu, prter immodicametiam brevitalem, displicuit, quia, utpote vir gentilis, innullo divine hystorie cultusque nostri fecerit mentionem.Placuit itaque tue excellentie ut eandem hystoriam paulolatius, congruis in locis, extenderem , eique aliquid exSacre textu Scripture, quo ejus narrationis tempora eviden-tius clarerent, aptarem. At ego, qui tuis semper venerandis

    imperiis parre desidero , utinam tam efficaciter imperatafacturus

    ,

    quam libenter arripui ! Ac primum,

    paulo supe-

    rius ab ejusdem textu hystorie narrationem capiens, eamquepro loci merito extendens, quedam etiam temporibus ejuscongruentia ex divina lege interserens, eandem sacratissimehystorie consonam reddidi. Et quia Eutropius usque adYalentis tantummodo imperium narrationis sue in ea seriemdeduxit , ego deinceps , meo ex maiorum dictis stilo subse-cutus, sex in hbelUs, superioribus in quantum potui hauddissimilibus , usque ad lustiniani Augusti tempora perveni jpromiltens , Deo presule , si tamen aut vestre sederit volun-tati, aut mihi, vita comit, ad huiuscemodi laborem maio-rum dicta suffragium tulerint , ad nostram usque aetatemeandem hystoriam protelare. Vale , divinis Domina materfulta presidiis . relso cum compare , tribusque natis , etutere felix !

  • PROLGOMNES. xxvCE EST LA PYSTOLE DE PAUL DYACONE ET MONACHE DE MONT

    DE CASSINO , A SON TRS EXCELLENT ET EXCELLENTE COM-PERE ET COMMERE SIENS DE BONIVENT.

    A misire Adelpergo pitouz et alla dame et somme dameDuctrice , Paul vostre petit ami et bien voillant, salut, et oprire vouz escrit. Coment soit choze que la unit et Tornor del trs excellent compre Adelpergo , liquel estezen vostre aage tenut autresi comme palme de sapience; et

    vouz autresi, madame Ductrice, o subtil enging et sageestude, les chozes de li sage home cerch, si que vouzsont empront li raisonnable parlement de li philosophe et li

    parole pleinez de gemmez de li phylosofe et de li pote; etautresi vouz apoiez l'estoire, tante devine quante mun-

    dane ! Je , la vaillantize laquelle m'estudie de plaire

    ,

    me offre liement lire la ystoire de Eutrope , loquel , se-

    conde que vouz avez en acostumance, grant volent vous

    receustes ; mes il vouz desplot,

    que estoit trop brieve : et

    pour ce que le devant dit Eutrope estoit pagane, non fist

    mention en nulle manire de l'ystoire de Dieu ne de la r-gule Christiane, plot la excellence vostre que celle ystoire

    en cert lieuz s'estendist en acomenceant, et aioniant elle

    aucune cose qui en la Sainte escripture et en chascun temps

    clarement se racontast. Mes je, qui desirre obdir vostrevnrable commandement

    ,

    prenant la narration de celle

    ystoire , et estendant celle meisme estoire , et aiongant au-cune chose covenable de la Sainte escripture, laquelle en

    science et lieu a elle ystoire son consonant , la vouz rent

    appareilli. Et que Eutrope mena son dit et sa narrationiusque l'empire de Valentin , et je de celle bore en avantdel mon stille et dit et secutai li mien maior, aioingnant sexlivrez non semblablez cil desus , en descendant iusque lotemps de lustinien improur. Et promet Dieu o tt la soeaiutoire, s'il plaist vostre volent, et la vie m'acompain-gnera , et se li dit de li ancessor mie et maior me aideront

    ,

    iusque la nostre aage estendre ceste ystoire. Diex te salvedame de Dieu, mre adjude de lo adjudeor, del lo grantcompre, et de troiz fils! Soies benoite!

  • xxvj PROLGOMNES.La version Franoise de ce texte latin, telle

    du moins que le manuscrit nous la donne , feroitsupposer que le traducteur a pris le nom d'Adel-perge pour celui du duc de Bnvent , et ce nomest celui de la duchesse. Il est vraisemblable

    ,

    toutefois,

    que cette mprise est du fait du calli-graphe ; elle est vite partout ailleurs o elleauroit d tre commise si elle et t un effet del'ignorance du translateur. Ce qui doit tre parti-culirement remarqu dans cette ptre, c'est ceque Paul diacre y dit de lui-mme et de son ou-vrage. Il vante d'abord l'rudition de la duchesse qui les propos dors des philosophes, les sen-tences gemmes des potes, et les dits des histo-riens sacrs ou profanes , sont trs familiers.

    Aussi, Eutrope a-t-il dplu la savante duchessepar sa concision d'abord

    ,ensuite parce qu'en sa

    qualit epagane, il ne dit rien de l'histoire chr-tienne. Pour ces motifs, Paul a entrepris de com-plter l'histoire abrge d'Eutrope; il avertit qu'ill'a en consquence commence plus haut ; qu'il aensuite tendu le texte en y introduisant ce quilui a paru de plus intressant , tir surtout de

    l'histoire sainte ; et que Eutrope n'ayant conduit

    sa narration que jusqu'au rgne de Valentui,il l'a prolonge jusqu'au temps de Justinien, aumoyen de six nouveaux Livres de sa composition.C'est dans cet tat que notre manuscrit contientla version franoise de l'Eutrope de Paul diacre

    ,

    en seize Livres, prcde de cette autre rubrique :

  • PROLGOMNES. xxvij Ci se commence l'ystoire romaine , de Eu-

    trope romain, faite et composte, et puiz aprs

    C4 de Paul , dyacone et moine del Mont de Cassin

    ,

    aorne de addictions catholiques ; de laquelle

    ystoire vouz trouverez le prohme escrit dedens le livre. Et ci se commence autresi li premier

    ce Livre.

    Le prohme ici indiqu est celui mme qui estdj rapport plus haut (pages vij et viij ) , et quiprcde immdiatement la epystole de Paul etcette rubrique. Vient ensuite le texte de Paul

    diacre , traduit en Franois ; et la fin du diximeLivre, page iiy du manuscrit, on trouve cetavertissement :

    ce Ci se fenist li dcime livre et toute la expo-ce sition de Eutroppe , et ce que Paul dyacone

    ce a joinst auvec lo dit de Eutroppe par le com-te mandement de madame Adelperga , ducesse dete Bonivent , dame christianissime , et moillier dece misire Arechis. Ci commence li Livre onze.

    La traduction des six Livres du texte de Pauldiacre occupe les vingt-six pages suivantes ; cette

    traduction, toutefois, n'y est partage qu'en trois

    Livres; Paul diacre a lui-mme dclar qu'il enavoit compos six ; mais la traduction est un peuabrge et finit nanmoins comme les manuscritsde la deuxime classe et les textes imprims

    ,

    par

    la narration de la victoire de Narss sur les Gothsen Italie.

    Dans le texte publi par Muratori , c'est au mi-

  • xxvlij PROLGOMNES,lieu d'une des premires phrases de la page io8

    ( premire colonne ) de son dition, que tombentles derniers mots de nos manuscrits et de la tra-duction Franoise : Italiam ad reipuhlic jurareduxit j et toute Ytalie retorna lo iinpre.Dans le texte de Muratori , le reste de la phraseest relatif aux Lombards et leur alliance tem-poraire avec l'empire de Byzance.

    Nos Manuscrits ne contiennent pas cette men-tion des Lombards ; au contraire , ils porteroient croire que Paul diacre avoit rellement ter-min son travail avec le mot reduxit prcit , versle milieu du rgne de Justinien, se proposanttoutefois de complter l'histoire de ce rgne :quia vero restant adhuc qu de Justiniani Aug.felicitate dicantur, in sequenti, Deo presule, libellopromenda sunt. Mais le Livre suivant, qui auroitt le septime , ne parot pas avoir t rdig , etPaul, dans son ptre Adelperge, dclare n'enavoir ajout que six. Il faut donc, quant au nom-bre des Livres, s'en tenir nos Manuscrits, ainsiqu' notre version franoise; et quant leurphrase finale , on pourroit , d'aprs un autre

    avertissement de notre traducteur, croire que ladernire partie de cette phrase, telle que Mura-

    tori l'a donne , et relative aux Lombards , ap-partient rellement Paul diacre, qui auroit dit :

    Universamque Italiam ad reipuhlicjura reduxityet Longobardos honoratos multis munerihus adpropria rcniisit, omnique tenipore

    ,quo Longo-

  • PROLGOMNES. xxi'xhardipossederimt Pannonias, Romance reipuhlicadversus mulos adjutoresfuerunt. (i)

    Notre manuscrit Franois, aprs ces mots, quisont les derniers de la traduction : Et toute Yta-lie retorna lo impre

    ,et aprs un blanc des-

    tin une rubrique de quelques lignes, ajouteceux-ci : Parl avoit Paul dyacone , exponant et adjongeanl lo ystoire de Rome secont Eu- troppe

    ,

    quant ce venoit la matire de li Goth et de li Wivole ou Longobart; toutes foiz secont la matire

    ,

    prise estoit trop petite ou quasi

    noient laquelle est ditte. Adonc mostrant toutes les clozes que que dire s'en peust, de li Longo- bart fist especial livres , et les parti en VI Li-ce vres de li Lomgobart , secont que met en son livre Paul dyacone , mes poi ou noient si peutadjoindre (pages i43 et i44)-Le traducteur semble donc nous avertir que,

    aprs le texte de Paul diacre,

    qu'il vient de tra-duire

    ,l'auteur latin ajoutoit quelques lignes au

    moins sur les Lombards , mais que ce qu'il endisoit tant jug trop laconique , eu gard l'im-portance de la matire , il en avoit fait le sujetd'un ouvrage spcial en six Livres.

    C'est en effet celui qui nous est parvenu sous ce

    titre : Pauli Pf^arnefridi Langobardi, diaconiFo-rojuliensis, de gestis Lajigobardorum,Libri /^/(s),

    (1) Muratori, Script, rerum Ital., I, pars 1, p.

    (2) Ibid., 395.

    108.

  • XXX PROLGOMNES,et dont la traduction Franoise occupe les pagesi45 25i de notre Manuscrit. A sa traductionparfois abrge, l'crivain en vulgal sermon afait aussi quelques additions tires souvent del'histoire de son temps , et quoiqu'il vct quatreou cinq sicles aprs Paul diacre : nous auronsplus bas l'occasion de discuter une de ces addi-tions ou ajonctions du traducteur de l'histoiredes Lombards.

    Le texte francois de cette histoire finit ladeuxime colonne del Si^ P^g^ de notre Ma-nuscrit, et avec cette rubrique : Ci se complit l'ystoire de li Lomgobart, laquelle compila un moine de mont de Cassin , et li manda lo abbce Dsidre du mont de Cassym.

    Il n'est pas besoin d'une grande attention cetexte pour s'apercevoir des inexactitudes qu'ilrenferme. Ce seroit en effet une grave erreur dedire que Paul diacre , contemporain de Charle-magne

    ,ddia son histoire des Lombards D-

    sidre, qui ne fut abb du Mont-Cassin que dansle douzime sicle. Il y a donc ici une lacune etnon pas une grossire erreur. La rubrique devoit

    annoncer deux choses: d'abord la fin de l'histoire

    des Lombards par Paul diacre , et ensuite lecommencement de l'ouvrage qui suit immdiate-ment cette rubrique, lequel ouvrage, compospar un crivain moine du Mont-Cassin , toit d-di Dsidre, abb de cette maison; et commel'ouvrage qui vient aprs cette rubrique est VyS'

  • PROLGOMNES. xxxjtoire de li Normnty en huit livres , il est videntque cette rubrique s'exprimoit en ces termes dansson intgrit :

    Ci se complit l'ystoire de li Lomgobart , et se commence Vystoire de li Normant, laquelle(c compila un moine de Mont de Cassin, et li manda(c lo abb Dsidre de mont de Cassym.

    Examinons cette Vstoire qui, avec la Chroniqueen deux I^ivres , sa suite , complette notre ma-nuscrit. Il se termine avec la deuxime colonnede la page 4^4 > entirement crit de la mmemain, parfaitement conserv, et sans autres notesou rubriques qui nous paroissent dignes de quel-

    ques remarques gnrales.

    . II. De V Vstoire de li Normant.

    Le texte de cette ystoire est fidlement repro-duit dans cette dition, qui en est la premire.L'ouvrage entier du moine du Mont de Cassin, quien est l'auteur , se compose, i. d'une ptre d-

    dicatoire Dsidre ( ou Didier ) , abb de ce mo-nastre clbre

    ,fond par saint Benot; 2. d'une

    invocation, jadis en vers, pour clamer de Dieul'aide de samain destre; 3. deVystoire proprementdite , divise en huit Livres

    ,dont chacun , com-

    pos d'un nombre ingal de chapitres, est prcdde la table de leurs sujets principaux. Les quinzepremiers du premier Livre parlent des Normandsen gnral, de l'le de Nora, leur habitation primi-

  • xxxi] PROLGOMNES,tive, de leurs migrations suscites par la surabon-dance de la population , de leur prminence danstous les pays o ils pntrrent , enfin de leursinvasions en Espagne, en Angleterre, et de la d-livrance fortuite de la ville de Salerne par deschevaliers normands qui revenoient de la TerreSainte. Ce fut l'occasion , et c'est l le premierfait de l'histoire de l'tablissement des Normandsfranais en Italie et en Sicile.

    Un grand nombre de seigneurs de Normandieprirent part ces entreprises successives ; commetoutes celles de cette nature , elles leur cotrentbeaucoup d'hommes , beaucoup de temps , et cene fut qu'aprs un sicle entier d'hrosme et decombats, que le second fils du dernier des douzefils de Tancrde de Hauteville en ralisa les r-sultats

    ,en plaant sur sa tte la couronne royale

    de Sicile.Notre historien , en parlant de tous les guer-

    riers dont le nom fut illustr par ces entreprises

    ,

    s'attache cependant avec quelque prfrence

    deux des enfans de Tancrde , Richard,

    prince

    de Capoue, et Robert, duc de Calabre, parce

    qu'il voit accomplie en ces deux princes la parole

    que Dieu dit Cyrus , selon le prophte Isae :cf Et pour ce , ajoute-t-il , ai-je mise ma volent et

    mon corage escrivre l'ystoire lor. On trouve,en effet, dans presque tous les chapitres de cette

    ystoire, la mention de ces deux princes qui, par

    l'autorit qu'ils avoient acquise la pointe de leur

  • PROLGOMNES. xxxiijpe, dvoient naturellement dominer tous lesfaits de cette narration. Elle se termine la mortde Richard , survenue le Jeudi-Saint de l'anneloyS. L'auteur n'y ajoute que ce qu'il a promis,dit-il , ce au commencement de ceste ovre, de dire(.( brvement lo bien qu'il firent nostre monas- tier ces ij seignors. Richard, en effet, se mon-tra dfenseur attentif des intrts du monastre

    ,

    il dtruisit ceux qui dtruisoient ses possessions;

    il lui donna plusieurs chteaux, ce que li frre

    priassent Dieu pour lui continuement, et quant il jjunoient , les consoloit de poisson.

    Quoique la mort de Richard,

    prince de Ca-poue, en 10^8, soit le fait le plus rcent de cetteYstoire, elle auroit pu nanmoins tre composebien des annes aprs ; on pourroit supposeraussi que la narration de cet vnement a tpostrieurement ajoute au texte primitif; maisla ddicace de l'ouvrage Didier, abb de Mont-Cassin , dmontre que l'auteur fut un des con-temporains du prince Richard, et qu'il a critles vnemens de son pays et de son temps. Cetabb Didier fut en effet lu pape sous le nom deVictor III, le ^4 mai de l'anne 1 086 : cette Ystoirefut donc rdige, et ddie Didier, quand il toitencore abb et avant son lvation la papaut.L'auteur donne d'ailleurs, au chap. 49, Livre ll, labiographie de l'abb Didier ; il parle de l'ouvrageque cet abb composa sous le titre de Dialogues,au sujet des hommes distingus de l'ordre de

  • xxxiv PROLGOMNES.Saint-Benot; ce kar, dit l'historien, se non laissa

    de dire la nativet et la vie de li autre home,(c cornent se peut tacer de cestui ab et pre de lo monastier ? et il termine sa biographiepar ces mots : Je dsirre de morir lo temps de

  • PROLGOMNES. xxxvAppuli historicum poema ( i ) , et la relation enprose et en quatre Livres , de Malaterra , Gau-fredi Malaterr Historia slcula (2). \JYstoire deH Normant est entirement diffrente de tousles ouvrages publis par Muratori, non pas ence qui concerne les faits , les lieux , les dates etles personnages ; mais dans ce qui constitue l'ou-vrage lui-mme , la forme , la division

    ,le style

    ,

    l'tendue et la rdaction. Notre 1 stoire fut com-pose avant que Didier , abb du Mont-Cassin

    ,

    ft lev la papaut , c'est--dire avant l'anne1086

    ,et Guillaume de la Pouille dclare qu'il en-

    treprend sa relation, en vers latins, la demandede Urbain II, qui fut le successeur de ce mmeDidier pape sous le nom de Victor III

    ,et celle

    de Roger , fils et successeur de Robert Viscart

    ,

    duc de Calabre, mort en 1080. De mme, l'His-toire de Malaterra comprend la vie entire deRoger , comte de Sicile

    ,

    qui mourut en l'anneiioi, quatorze ans aprs l'abb Didier, quinotre Ystoire fut ddie. Il faut donc chercherhors de la liste des crivains dont les ouvragessont dj publis

    ,l'auteur de V Ystoire de li Nor-

    mant, et la connoissance prcise de l'poque 011elle a t compose, rtrcissant ncessairementle terrain de nos recherches, doit les rendre peut-tre plus certaines , au moins plus circonscrites.

    (1) Muratori, tome V, page 245.

    (2) Ibidem, iome V, page 537.

  • xxxvj PROLGOMNES.Nous pensons trouver , ds l'abord , le signale-

    ment de notre ouvrage, et le nom de son auteur,

    dans une chronique commence par un crivainqui fut son contemporain

    ,

    qui vcut avec l'abb

    Didier, et qui mourut peu d'annes aprs lui :

    c'est la Chronique du Mont-Cassin (i) de Lond'Ostie (Xeo cardinalis et episcopus Ostiensis).Au chapitre 35 du Livre III, on rappelle les nomsde quelques hommes distingus , du temps del'abb Didier, par leur science et leurs crits,

    tels que Albric, le mdecin Constantin d'Afrique,Alphane, archevque de Salerne, moiie duMont-Cassin

    ,et on ajoute cette liste un Amat,

    auteur d'inie histoire des Normands , ddie l'abb Didier : Amatus quoque episcopus, ethujusmonasterii monachus , his diehus scripsit versusde Gestis apostolorum... ; ystoriam quoque Nor-MANNORUM COMPONENS , NOMINI EJUSDEM ABBATIS(desiderii) DICAVIT. Le continuateur de Lon d'Ostie , dont les

    paroles n'ont pas moins d'autorit, Pierre diacre,moine et bibliothcaire du Mont-Cassin , contem-porain aussi de l'abb Didier, mentionne trsexpressment, dans son opuscule sur les hommesillustres du Mont-Cassin, ce mme auteur Amatet ce mme ouvrage , en ces termes : Amatus epi-scopus, et Casinensis monachus, in Scripturis di-

    (1) Chronica Casinensis, lib. III, cap. 35. Ap. Murator.

    ,

    IV, 455, A.

  • PROLGOMNES. xxxvijsertissimus et versijcator admirabilis. Scripsit adGregoriumpapam versus de Gestis apostoloriim...HiSTORlAM QUOQUE NORTMANNORUM EDIDIT, EAN-DEMQUE IN LiBROS ocTO DivisiT. Fit autem tem-porbus supradictorumimperatorum (i). (Alexis 1

    en Orient , et Henri IV en Occident. )Il est impossible de dsigner plus formellement

    et plus compltement notre Ystoire de li Nor-mant , compose par un moine du Mont-Cassin,ddie lo abb Dsidre , et divise en huit Li-vres. Le signalement ne laisse rien dsirer;

    l'identit est hors de doute; nous avons donc sousles yeux une version Franoise de l'Histoire de

    l'tablissement des Normands en Italie et en Si-cile, compose en latin par le moine et vqueAmat ou Aim, Amotus

    ,qui fut contemporain

    de ce grand vnement.Les savans de tous les pays ont unanimement

    dplor la perte de cet ouvrage (2) ; nous ne par-

    tagerons plus leurs justes regrets,

    puisque notre

    beau manuscrit est une bonne copie en francoisde cette Histoire , et qu' ce premier mrite djbien grand, il joindra encore celui de nous faireretrouver la presque totalit du texte latin, commenous le dirons au paragraphe V ci-aprs.

    (1) Ptri diaconi opusculum de V^iris illustribus Casinensibns^

    ap. Murator., VI, p. 1, et cap. xx, p. 35.

    (2) Ang. (le Nuce , apud Murator., Script. Rerum Italie, V,455 , not. 4, Hist. littraire de la France , IX

    ,p. 230 , et les

    Biographies modernes.

  • xxxviij PROLGOMNES.Quoiqu'on ne ft aucun doute de la perte de

    cette histoire des Normands, on ne se dispensapas pour cela de chercher en connotre l'auteur.L'ouvrage de Pierre diacre , sur les hommes il-lustres du Mont-Cassin , et la Chronique du mmemonastre

    , avoient rvl son nom et la liste deses crits en prose ou en vers ; ce ne fut cepen-dant qu'assez tard que les diteurs de ces deuxcompositions s'attachrent les claircir parquelques notes. On n'en trouve aucune, du moinsde relative Amat moine et vque

    ,dans les di-

    tions du Chronicon de Lon d'Ostie,

    faites Venise en 1 5 1 3 , Paris en 1 6o3 , Naples en1616; mais dans la premire qui fut donne del'opuscule de Pierre diacre (Rome, i655), par lechanoine Marus , d'aprs un manuscrit de la bi-bliothque Barberine ( dition reproduite tex-tuellement par Muratori (i) ) , l'diteur, l'articleAmatus ( cap. 20 ) , dit que cet vque , d'un sigequ'on ne peut indiquer , toit originaire de laCampanie. Dans une quatrime dition du Chro-nicon

    ,donne Paris

    ,

    par Angelo de Nuce , enI )^*^ ( et rimprime galement dans la collec-tion de Muratori ) (2) , le commentateur , au su-jet de l'historien des Normands , Amatus, secontente de renvoyer la note prcite de Marussur Pierre diacre , en ajoutant seulement que

    (1) Ouvrage cit, VI , 1,

    (2) Ibidem, IV, 247.

  • PROLGOMNES. xxxixTespraiice de Marus , au sujet de l'existenced'un manuscrit d'Amat dans la bibliothque duMont-Cassin , est nialheureusenient vaine. Lessavans d'Italie ne poussrent pas plus loin leursrecherches, et il faut convenir que les moyensleur manqurent rellement, plutt, sans doute,que la bonne volont. On doit donc louer leurrserve ce sujet. Mais en France

    ,

    peu d'annesaprs, le docte Baluze ft, inopinment, de lapersonne et des ouvrages d'Amat , une questiond'histoire littraire nationale. 11 trouva en 1661,et publia en 16^9, dans le deuxime volume deses Miscellanea (i), une narration du diffrendsurvenu entre les moines de Saint-Aubin d'Angerset ceux de la Trinit de Vendme , au sujet del'glise de Saint -Clment de Craon

    ,diffrend

    remis par le pape Urbain II au jugement de sonlgat dans l'Aquitaine

    ,nomm Amat et arche-

    vque de Bordeaux. De quelques mots de cettenarration, et de la qualification de domnus Ania-tiis

    ,par laquelle l'archevque de Lyon , dans

    quelques unes de ses lettres, dsignait cet Amatarchevque de Bordeaux, Baluze conclut d'abordque cet vque Amat fut aussi moine ; et commePierre diacre , dans ses Hommes illustres duMont-Cassin

    ,

    parle d'un Amat , vque et moine,qui vcut du temps de Grgoire VII

    ;que de plus

    ,

    ce fut par ce mme pape qu'Amat,

    vque

    (1) Page 168.

  • xl PROLGOMNES.d'Oleroii d'abord, et ensuite archevque de Bor-deaux

    ,fut nomm lgat en Aquitaine , Baluze

    conclut,en second lieu

    ,

    qu'Amat , moine etvque d'Oleron

    , et Amat moine et vque dontparle Pierre diacre , sont un seul et mme indi-vidu : conjectura non levi certe neque contemnen-da ducor ad suspicandum illum ( Amatum

    ,

    Oleronensem episcopum ) non esse diversum abeo quifuit nionachus Casinenis (i); et par l, cemme Amat d'Oleron et de Bordeaux se trouveratre l'auteur de l'histoire de l'invasion et de l'ta-blissement des Normands en Italie.

    Cette conjecture de Baluze ne demeura pas st-rile

    ; on la recueillit dans les Annales de l'ordrede saint Benot , et le clbre diteur de cet ou-vrage, D. Mabillon, l'accrdita par son adhsionformelle {i). Les bndictins de Saint-Maur adh-rrent aussi pleinement, dans l'Histoire littrairede la France (3) , aux conjectures de Baluze etde Mabillon, et ils dirent, en lySo, qu'Amat,archevque de Bordeaux , toit l'auteur de l'his-toire des princes normands. Mais dom Ceillier,dans son Histoire des auteurs ecclsiastiques,tome XXI, publi en 1767, relata avec une neu-tralit remarquable l'opinion de Baluze et deMabillon. Il est vrai que les auteurs du nouveau

    (1) Miscellaneorum lib. II, Prf., p. v,

    (2) Annal, ord. S. Benedicti , tome V (1713), lib. 67, n^ 28h 32, p. 239 241.

    (3) Tome IX , page 226.

  • PROLGOMNES. xljGallia christiana lui avoient dj donn l'exempled'une pareille rserve (i). Les biographies , en se

    copiant successivement, n'ont nullement avanc,

    depuis, la solution de ces difficults.

    On en conoit aisment toute la diversit dansune question environne, ds son origine jusqu'ce jour, d'ternelles incertitudes que l'autorit dequelques faits nouveaux pouvoit seule dissiper :

    ce moment est venu, puisque nous avons acquisla connoissance incontestable de quelques faits

    rellement nouveaux, et du plus important sansdoute, qui est la possession de l'ouvrage mmedont on cherche l'auteur. Nous le disons d'avance

    et regret, l'Histoire des Normands en Italie nepeut pas tre attribue Amat , archevque deBordeaux; l'auteur de cet ouvrage n'toit pas

    Franois.

    On se rappelle les termes de la conjecture deBaluze; je ne pense pas que celles que Mabiilon ya ajoutes puissent intresser autrement que parle nom de leur auteur; ni les unes ni les autres

    n'noncent des faits propres entraner la con-viction ; il n'y a rien de certain dans leur solution

    de la question qui est examine. A ce doute g-nral on peut substituer diverses considrations

    qui en clairciroient peut-tre certains points;

    il se peut en effet qu'un moine et vque Amat,du Mont-Cassin, ft le mme qu'Amat archevque

    (1) Tome II, page 806, publi en 1720.

  • xlij PROLGOMNES,de Bordeaux ; mais voil la fin assez iiisignitianteo conduiroit la discussion ; elle n'apprend rienrellement; il valoit peut-tre autant s'abstenir,comme l'ont fait les auteurs du Gallia christianaet de l'Histoire des crivains ecclsiastiques.

    Les rdacteurs de l'Histoire littraire ajoutent tout ce qu'ont ditBaluze et Mabillon, qu'Amat,promu l'piscopat, lgat du saint sige, occupd'un nombre immense d'affaires, prsidant fr-quemment des conciles en Espagne, dans l'Aqui-taine, et trop loign des lieux oii la guerre desprinces normands s'toit passe , avoit sans doutecompos leur histoire avant d'tre lev l'pi-scopat, et que depuis il n'auroit eu ni le temps niles moyens de s'en occuper (i). Or, Amat futnomm vque d'Oleron en loyS, et l'Histoiredes Normands ne se termine qu' la mort de Ri-chard, prince de Capoue, en loyS; il a mmecrit jusqu'aprs l'anne io85 : il n'y a doncrien conclure de cette autre considration desauteurs de l'Histoire littraire, et il n'en resteque cette opinion fort juste et qui leur est propre

    ,

    savoir, que l'archevque Amat ne put s'occuperd'crire une histoire qu'avant l'anne ioy3; or,celle des Normands en Italie s'tendant jusqu'auxannes 10^8 et mme io85, l'archevque iimatne peut donc pas, dans le systme mme de l'His-toire littraire , en tre l'auteur.

    (1) IX, page 230.

  • PROLGOMNES. xllijLes motifs de cette dduction sont tirs de

    l'ouvrage manuscrit que nous avons sous les yeux,et qui fut inconnu nos illustres Bndictins.Nous rectifions leurs conjectures , non certes pointavec le secours de notre humble rudition, sinc-rement respectueuse devant de tels noms et de telsouvrages , mais par l'usage de quelques documensignors de leur temps

    ,

    que le hasard a heureuse-

    ment rvls au ntre; et la raison commande,pour un tel bonheur, un bien modeste orgueil.

    Les auteurs du Gallia christiana (i) disentqu'Amat, vque d'Oleron, et ensuite archevquede Bordeaux, toit, selon l'opinion commune,Barnois de naissance. C'est Pierre de Marca,qui, dans son Histoire de Barn, indiqua le pre-mier cette origine de l'vque Amat ; il entre , ausujet de ses fonctions de lgat du saint sige

    ,

    dans quelques minutieux dtails, pour l'orne-ment, dit-il, de cette histoire, et du pais deBarn, qui a produit un personnage de si grandeconsidration (p). Les auteurs de l'Histoire lit-traire, considrant l'vque d'Oleron commetant le mme que l'historien des Normands

    ,

    s'appliquent faire voir comment, quoique Bar-nois, cet Amat, vque, a pu d'abord tre moinedu Mont-Cassin (3). Mais cette dmonstration

    (1) Premire dition, III, 829 , A ; et 1" dit., I , col. 1265.(2) Liv. IV, p. 328, un vol. in-fol., publi Paris en 1640,(3) IX , 230.

  • xliv PROLGOMNES,toit encore inutile, car le chanoine Marus, diteurdes Biographies de Pierre diacre, affirme, dansses notes, qu'Aniat, moine du Mont-Cassin, etauteur de l'Histoire des Normands, toit origi-naire de la Campanie : Fuit Amatus provinciaCampania, scriptor non contejnnendus , acdeinceps episcopus {\). Ces deux opinions, d'aprslesquelles Amat, archevque de Bordeaux, futoriginaire du Barn , et Amat, auteur de l'Histoiredes Normands, le fut de la Campanie, distin-guent singulirement ces deux personnages l'unde l'autre, et s'opposent de plus en plus ce quela critique les confonde en un seul ; une autoritnouvelle tire de notre manuscrit, conduit invi-tablement ce mme rsultat, et fait cesser tousles doutes sur la patrie de l'historien Amat.Le traducteur en francois de l'Histoire latine

    de ce moine ajoute souvent des rflexions oudes claircissemens sommaires aux divers chapi-tres du texte , et il commence le VHP Livre parcet avertissement : Puis par ordne de lo Ystoire devons dire la prise de la cit de Salerne

    ,

    a DONT Fu cESTUi MOINE (2). Aiusi, d'aprs letmoignage du traducteur mme de XYstoire , sonauteur, Amat, toit de Salerne, et on n'a jamaisdonn cette ville pour patrie l'archevquede Bordeaux. L'assertion du traducteur est ici

    (1) Muratori, VI, 36, annotatio , col. 2.

    (2) \j'' Ystoire , page 228 ri-aprs.

  • PROLGOMNES. xlvd\ine grande autorit; et celle de Marus, qui faitnatre l'historien des Normands dans la Campa-nie, lui est tout--fait analogue , semblable mme,et de plus, comme on le verra, le sige piscopald'Amat dpendoit de l'archevch de Salerne.

    Il faut donc, ce nous semble, laisser dfiniti-vement l'Italie, la Campanie, la ville deSalerne , ou l'un des lieux de son voisinage

    ,

    des dpendances de son archevch ou de saprincipaut

    ,Amat

    ,vque , moine du Mont-

    Cassin, l'auteur de l'Histoire des Normands di-vise en huit Livres, ddie l'abb Didier avantqu'il ft le pape Victor III ; lequel n'a plus riende commun avec Amat, barnois , et archevquede Bordeaux. C'est aussi des glises d'Italie qu'ilfaut fouiller les annales , la recherche d'unvque Amat dont la vie puisse s'accorder avectoutes les circonstances que nous connoissonsdj de celle de notre historien des Normands.

    La seconde dition de Yltalia sacra, de Fer-dinand Ughelli (i)

    ,mentionne huit vques

    d'Italie du nom ^Ainatus. De ce nombre , septsont hors d'examen relativement notre sujet,par le fait seul de l'poque o ils ont vcu, long-temps avant ou long-temps aprs l'abb Didieret l'tablissement des Normands en Italie. Lehuitime personnage de ce nom , au contraire , seplace sans aucun effort

    ,

    pour les faits , les lieux

    (1) Venetiis, ColetI , 1721, 10 vol. in-fol.

  • xlvj PROLGOMNES.et les dates, dans les conditions dj connues dela vie de l'vque Amat , auteur de l'Histoire desNormands.

    Cet Amat fut vque de Nusco {Nuscum Hir-pinorwn)

    ^dans la Province ultrieure, vingt

    milles l'est de Bnvent, dans la Campanie mme,et cet vch toit suffragant de l'glise mtropo-litaine de Salerne (i). Ce fut l'archevque de cetteville , Alphane

    ,contemporain de l'abb Didier

    et nomm dans notre Ystoire, qui fit, dit-on,crer cet vch. Amat, vque, fut minemmentdistingu par la saintet de sa vie et par son in-struction dans les lettres : litteris moribusquesanctissimis exornatus (2). Cet vque fut moineaussi, car l'office de cet Amat, devenu saint, futintroduit trs anciennement dans la liturgie del'glise de Nusco ; et dans l'hymne pour ses se-condes vpres, on lit cette strophe, qui est la

    deuxime (3) :Amatus jide claruit

    ,

    Carens parentum nebul ;Deo sert^ire studuit

    Siib rgula monastica.

    Enfin cet Amat mourut, dans un ge trs avanc,l'an de l're chrtienne loj^S (4)-

    (1) Ughell, Italia sacra, VII, 532.

    (2) Ughelli , ibidem.

    (3) Acta sanctorum , 31 Aug. , p. 703.

    (4) Ugtelli, ibid., et Noja, Discorsi critici, etc.; Fr. Orlendiusin Orbe sacro et prof.., II, 4, cap. xi ; Acta SS., 31 Aug., p. 709,

    .v.

  • PROLGOMNES. xlvijOn trouve dans les Bollandistes, au dernier

    jour du mois d'aot, une discussion de vingt-deux pages in-folio sur cet Amat et les circon-stances de sa vie. Elles ont t, en Italie, le sujetde vives et de longues controverses ; elles sontexamines

    ,rsumes et juges dans les cta

    sanctorum. Ughelli,

    que nous suivons ici , fait

    natre et mourir Amat dans le onzime sicle;ses antagonistes ajoutoient uniformment centans toutes les dates donnes par Ughelli, et ilsplaoient Amat dans le douzime sicle, n'en ap-portant rellement d'autre raison que celle qu'ils

    tirent de l'poque de la fondation du monastrede Montevirgine (dans la Province ultrieure), laquelle ils donnent ce douzime sicle pourdate (i). Mais les Bollandistes n'adoptent nulle-ment cette opinion (2) ; s'il y eut un Amat dansl'ordre de Montevirgine fond au douzime sicle,ce ne fut pas l'vque de Nusco, dont la mort estgnralement fixe, par les autorits que nousvenons de citer, l'anne loc^S.On n'est pas d'accord sur l'anne de la fonda-

    tion de l'vch de Nusco ; mais on l'attribueunanimement l'archevque de Salerne Alphane,qui occupa ce sige de io58 io85 (i). Ce quiest certain , c'est premirement qu'une bulle du

    (1) Vers 1123; Acta SS. ; 31 Aug., p. 724, not./(2) Ibidem, p. 715, A.

    (3) Ughelli, VII, 379 391.

  • xlviij PROLGOMNES,pape Lon IX, de l'anne io5i , dans laquellesont mentionns tous les vchs alors suffragansde l'archevch de Salerne , ne fait aucune men-tion de l'vch de Nusco (i) ; il en est de mmeen loyi, sous Alexandre II, dans l'acte de laddicace, faite par le pape, de la nouvelle glisedu Mont-Cassin,o assistent trente-huit vques,y compris les suffragans de Salerne; et c'est vrai-semblablement sur le tmoignage fort significatifde cet acte pontifical, que Francesco Noja, qui acrit sur la vie de l'vque Amat, fonde l'opiniond'aprs laquelle l'rection de l'vch de Nuscoseroit postrieure cette mme anne loyi (12).

    Il est vrai que Ughelli a publi une pice latinequ'il donne pour le testament vritable de l'vqueAmat, pice date de l'anne logS, et dans la-quelle le testateur se dit le premier vque deNusco, et. tre la quarante -cinquime annede son piscopat. Les critiques postrieurs Ughelli ont runi dix bonnes raisons contre lavracit de ce testament, et ceux d'entre eux quise sont rendus exprs Nusco pour examinercette pice, n'ont pas mme russi la voir ; aussia-t-on unanimement conclu , et les Boliandistesavec tous les critiques dont ils rsument les ob-servations (3), que ce prtendu testament d'Amat

    (1) Ughelli, ibid., 533, note 1.

    (2) ActaSS., 31 Aug., 712, C.

    (3) ActaSS., 31 Aug., 706, F.

  • PROLGOMsES. xlxtoit une pice apocryphe fabrique par un faus-saire, et cju'elle ne mritoit aucune confiance.

    Jl rsulte de tout ce qui vient d'tre dit surAmatus, vque de Nusco, qu'il toit originairede la Campanie et de l'archevch de Salerne;qu'il fut la fois moine et vque

    ;qu'il toit

    distingu par son instruction et adonn la cul-ture des lettres

    ;qu'il vcut dans le onzime sicle

    et fut le contemporain de l'tablissement desNormands en Italie et en Sicile

    ;qu'il mourut

    ,

    dans un ge avanc, en ioc)3; et comme de tousles prlats qui portrent en Italie le nom d'Amat,il est le seul de ce nom sur qui se runissent toutesces conditions de temps, de lieu, de science etde profession; le seul aussi qui puissent s'ap-plicjuer sans restriction comme sans effort toutesles notions runies sur Amat, auteur de l'Histoiredes Normands , donnes par la Chronique duMont-Cassin de Lon d'Ostie, et par Pierre diacreson continuateur : l'vque de Nusco est par con-squent aussi le seul auquel puisse tre attri-bue l'Histoire des Normands, de mme, commeon le verra plus bas. que la Chronique qui la suitdans notre prcieux manuscrit.A ces motifs gnraux nous pouvons en ajou-

    ter de plus spciaux, tirs du texte mme de notreVstoirc, et pour cela de plus en plus concuans.

    i". L'Histoire des Normands, connue nousl'avons dj dit, finit la mort de Richard

    ,

    princedo Capoue, arrive ci lorS; la Chronique de

    d

  • 1 PROLI^.GOMNES.

    Robert Viscart, si elle est du mme auteur, finitaussi la mort de ce Robert, qui est de l'anneio85 : et Amat, vque de Nusco , ne mourutqu'en l'anne iog3.

    2.. Au Chapitre lo du premier liivre, le tra-ducteur dit qu'un merveilleux signe , l'estoille

    qui se clame comte, apparut moult de nuiz, pour une forte bataille venir (dans l'anne)

    ,

    laquelle bataille fu faite en lo temps de cestui

    qui escrist ceste Ystoire,

    quar cestui moine fuce lo temps que ces Normans vindrent. Il s'agitde l'apparitiou indique par les Chroniques l'anne 1066, et des victoires des Normands enItalie; l'ge d'Amat, vque de A^usco, mort vingt-sept ans aprs cette apparition, et aprs l'tablis-

    sement des Normands en diverses principautsd'Italie, s'accorde ainsi entirement avec le ren-

    seignement fourni par notre traducteur franois.3. L'ouvrage a t crit au-del des Alpes ;

    au chap. 19 du premier Livre, l'historien dit que,

    parmi les seigneurs de Normandie engags passer en Calabre , alcun se donnrent bonne(c volent et corage venir en ces parties de sa ,c'est--dire en Italie , et le moiiie et vque Amatdemeuroit dans cette mme contre.

    4^. Un autre passage fixe expressment sa de-meure dans la Campanie mme et les pays au-jourd'hui napolitains. Au chapitre 10 du septimeLivre, racontant les marches du duc Robert surles possessions l\u prince Richard , il dit que Ro-

  • PROLGOMSES. Ijbert alla de Bnvent Capoue

    ;qu'il brla toutes

    les villes d'alentour;que de l il alla avec le fils de

    Burielle la Padulle prs de Canoville,

    plnece de villes et de bestes , et garnie de aiguez pro-cc fondissinies, mtant tout proie; et puiz vin-ce drent de sa de la rippe de Garigiane , et illecc( estendirent lor paveillons Cil de la cit dece Trajette et de Suie se dourent lo duc avantce qu'il i venist eaux. Ainsi, le duc Robert,marchant en ennemi sur les terres de son frreRichard , se rend de Bnvent Capoue , ets'avance ensuite au nord-ouest, jusqu'au-del duGarigliano , sur la rive droite o sont les villesde Trajetto et de Sujo, qu'il occupe; puis il re-passe le Garigliano, et revient de sa, dit l'histo-rien, sur la rive gauche, o il crit son ouvrage;et c'est ainsi , et non pas autrement

    ,

    qu'a ds'exprimer notre Amat en crivant l'Histoire desNormands au Mont-Cassin

    , Salerne , Nusco

    ,

    dans la Campanie enfin, puisque le Garigliano,l'antique Liris , sparoit le Latium , sur la rivedroite, de la Campanie

    ,sur la rive gauche (i),

    o habitoit notre moine historien.Nulle part il n'est qualifi d'vque dans ses

    crits , ni dans les additions du traducteur ; etceci s'explique d'abord par l'incertitude mmede l'poque o Amat fut appel l'vch deNusco, ou en lo/JB, ou en loyi , ou bien plus

    (1) Cam. PcUegrino, Campania felicc , I, 61.

  • lij PROLGOMNES,tard encore. Toutefois

    ,

    quatre dates sont cer^

    taines l'gard de cette circonstance : i*'. l'his-toire que Amat, avec sa qualit de simple moine,ddia l'abb Didier, finit avec l'anne loyS;2. cet abb Didier fut lu pape en 1 086 ; 3. Amatmourut en lo^S; 4 ds i io4 , et mme aupara-vant, Guido est nomm dans l'histoire comme lesuccesseur d'Amat l'vch de Nusco. Un autrefait non moins certain que ces chiffres , c'est queAmat fut vque de Nusco : il n'est question dece sige, suffragant de Salerne, que long-tempsaprs l'anne lO'yi ; le testament d'Amat, d'aprslequel ce sige auroit t tabli en io48 et auroitt occup par Amat pendant quarante-cinq ans,est une pice apocryphe et sans autorit aucune :il est donc certain que jusqu' l'poque oii fiuitnotre Histoire des Normands par Amat , c'est--dire jusqu'en ioy8, il n'est absolument parlnulle part de l'vch de Nusco ; il n'en estpas davantage question jusqu'en 1086, anne 011l'abb Didier est lu pape sous le nom de Vic-

    tor III; enfin,cet vch est mentionn pour la

    premire fois l'occasion de la mort d'Amat, un ge trs avanc, et qui occupa ce sige jus-qu'en ior)3.

    Ces dates nous disent hautement qu'une his-toire qui se termine l'anne iO'78, compose })arun moine qui n'est pas encore vque, et ddie un abb qui n'est pas encore pape, a d trerdige entre cette anne 10^8 et l'anne 1086,

  • PROLGOMINES. liljqui est celle oii l'abb a t lu pape

    ^et qu'alors,

    en 1 086 ou I o8y, l'abb lu pape a pu faire vquele moine qui lui avoit ddi cette Histoire, et quimourut vque en ioc)3. Nous pouvons ainsi, ceme semble, et en ne s'cartant aucunement des

    rgles les plus imprieuses de la critique histo-rique, conclure de tous ces faits combins, quele moine Amat, qui ddia son Histoire des Nor-majids Didier abb du Mont-Cassin

    ,et qui la

    composa entre les annes 10^8 et 1086, fut faitvque de Nusco par ce mme Didier, lu papesous le nom de Victor Kl en cette mme anne1086 ou 1087, et que Amat, dj avanc en gelors de son lvation l'piscopat, occupa cesige six ou sept annes seulement, jusqu' l'an-ne 10^3, qui fut celle de sa mort.

    Nous avom cherch soigneusement et sansproccupation , mais sans succs , des faits con-traires cette conclusion. Les textes que nouspublions fourniroient plutt quelques considra-tions de plus trs propres l'appuyer. Ainsi, lapage 106 (ci-aprs) , chap. 5o du troisime Livre,le moine Amat parle fort irrvrencieusement dela cour de Rome. L'onor y dfailly, dit-il

    ,

    puizce que faillirent li Thodesques

    ;quar si je voill

    dire la costune et lo lection lor , ou me co-

    vient mentir, et se je di la vrit, aurai-je lyre de li Romain. )> Et ceci s'appliquoit aux troispapes successeurs d'Etienne IX

    ,contemporains

    de notre moine historien, qui, par ces sentimens,

  • liv PROLGOMNES,ne s'ouvroit certainement pas la voie qui menoit l'piscopat. Les oavrages de Lon d'Ostie etde Pierre diacre confirment aussi notre conclu-sion au sujet de la tardive lvation d'Amat cet piscopat; car ces historiens du Mont-Cassin,qui, dans les passages de leurs ouvrages djcits (i), donnent le titre d'vque au moineAmat, n'ont crit qu'aprs sa mort, Lon d'Os-tie, son contemporain et habitant aussi le Mont-Cassin, ayant entrepris sa Chronique par l'ordrede l'abb Oderisius, qui fut le successeur imm-diat de l'abb Didier, et Pierre diacre, continua-teur de Lon

    ,n'ayant compos son ouvrage que

    cinquante ans plus tard, vers i i5o (2).Nous concluons de la longue discussion con-

    tenue dans ce troisime paragraphe :I . Que Amat , vque d'Oleron

    ,lgat du saint-

    sige en Aquitaine,archevque de Bordeaux

    ,n

    dans le Barn , est un personnage diffrent dumoine du Mont-Cassin et vque Amat , n dansla Campanie, qui crivit l'Histoire des Normandsddie l'abb Didier

    ;

    2. Que cette Histoire a pour auteur Amat,Campanien d'origine, moine du Mont-Cassinpendant que Didier en toit l'abb (de io58 1 086 ) , qui fut ensuite nomm , trs vraisembla-blement, parce mme Didier lu pape en 1086

    (1) Supr, pages xxxvj et xxxvij.(2) Chronicon monast. Cassinensis j Prologus libri IV.

  • PROLGOMiNES. IvSOUS le nom de Victor III, levch de Nusco

    ,

    qu'il occupa jusqu' sa mort, survenue en l'an-ne 1098; et qu' ce mme Amat apj^artieinientaussi les autres ouvrages que Lon d'Ostie etPierre diacre attribuent l'auteur de notre His-toire des Normands.

    Occupons -nous maintenant de la vieille tra-duction Franoise de cette Histoire, de son ori-gine

    ,de son poque , et des circonstances qui

    nous l'ont conserve.

    . IV. De la Version franoise de VYstoire.

    Cette version franoise des compositions histo-riques de notre moine Amat, n'toit pas demeureinaperue par les savans ni par les bibliogra-phes. Nous avons dj indiqu (i) la copie quien fut faite pour Andr Duchesne en 1 6 1 2 , etc est de cette copie qu'il a t parl depuis dansplusieurs ouvrages. I^e P. Lelong, dans la pre-mire dition de sa Bibliothque historique de laFrance

    ,

    publie en 1 7 1 9 , au chapitre relatif l'histoire civile de la Normandie , a indiqu cettecopie manuscrite qui se trouvoit alors dans labibliothque de M. Colbert, entre les manuscritsde Duchesne , et le P. Lelong lui a fait ce titre,qui n'existe nulle part : Traduction en viel roman franois de l'histoire de li Normant

    , ou

    iV) Siipr, page ij , note 1.

  • Ivj PROLGOMINES. des Normands qui conquirent la Fouille, divi-(c se en dix Livres , et compose par un moinedu Mont-Cassin, ddie Dsidre, abb dece monastre, et la traduction de l'histoire de Robert Guiscard, in-fol.)> (i). Il est vident quele P. Lelong donne dix Livres l'histoire desNormands, parce qu'aux huit Livres de V Vs-toire proprement dite , il ajoute les deux de laChronique, ce dont son titre n'avertit pas dutout. Aussi les crivains postrieurs ont-ils attri-

    bu dix Livres VYstoire, quoiqu'elle n'en aitrellement que huit, et cette mprise du P. Lelonga peut-tre empch qu'on remarqut plus tt,au moyen de ce nombre de Livres bien certai-nement de huit

    ,

    que cette histoire pourroit bien

    tre l'ouvrage du moine Amat,

    que Pierre diacre

    disoit expressment tre divis en ce mme nom-bre de Livres. Dom Remy Ceillier, dans son His-toire gnrale des auteurs sacrs et ecclsiasti-

    ques ( 2 ) , est encore bien autrement inexactdans ce qu'il dit de notre manuscrit ; et c'est biende cette mme copie qu'il parle

    ,

    puisqu'il l'indi-

    que d'aprs la Bibliothque du P. Lelong, etcomme tant entre les manuscrits de M. Colbert

    dans la Bibliothque du Roi. Il la considre donc comme la traduction en langue romane , del'histoire de Sicile compose par Geoffroy de

    (1) Bibliothque historique. Paris , 1719, p. 748, n" 14643; etoouv. dit., Paris, 1771, tom. III , n" 34995.

    (2) Tom. XXI, p. 95.

  • PROLGOMNES. IvijMalaterre ; il attribue cette traduction au moineAtton , chapelain de l'impratrice Agns , morteen loyy, lequel avoit mis en vers romans quel-

    ques ouvrages de son matre, le mdecin Constan-tin

    ,et avoit divis en dix Livres , comme on le

    voit par notre manuscrit , l'histoire que Malaterre

    avoit partage en quatre ; enfin , ce fut l'abb

    Didier que Atton ddia sa version romane, w Ceil-lier est toutefois un peu embarrass pour faireconcorder avec l'lvation de Didier la papauten 1086 , et avec sa mort en 1087, la ddicace ce mme Didier abb , de la traduction en fran-ois d'un ouvrage latin qui s'tend jusqu' l'an1098; et cet embarras nat de l'erreur principalede Ceillier, qui prend mal propos notre histoired'Amat pour celle de Malaterre (i). Il n'est pas,je crois, plus fond attribuer notre versionfrancoise au moine Atton et au onzime sicle ;nous reviendrons sur cette question , et il r-

    sulte de ce qui vient d'tre dit, que D. Ceilliern'avoit pas suffisamment examin , ou n'avoitpeut-tre pas vu, notre copie manuscrite deWstoire de li Normant. Enfin, pour tre juste

    ,

    il faut dire que D. Ceillier n'a fait que copier

    ,

    en 1767, sans en avertir, ce que l'Histoire Litt-

    raire de la France avoit publi , sans plus de fon-

    dement , en 1746. (2)

    (1) Supr, page xxv.f2) Tom. IX, Avertissement, p. Ixj.

  • Iviij PROLGOMNES.Andr Duchesne devoit employer cette copie

    ,

    faite pour lui, dans ses Histori Normannorumscriptores antiqui , collection destine runirtous les crivains relatifs aux guerres des Nor-mands dans la France, l'Angleterre, la Fouille,la principaut de Capoue , la Sicile et l'Orient

    ,

    dont le premier volume a t seul publi en 1619.C'est par sa prface que nous apprenons que letome deuxime devoit renfermer spcialementles relations relatives l'tablissement des Nor-mands dans la Fouille et la Sicile (i) , et par con-squent les deux ouvrages d'Amat dont Duchesneavoit fait faire la copie.

    Ce projet ne fut point ralis par Duchesne, quimourut en i64o

    ,et il ne parot pas que son ma-

    nuscrit,

    qui passa avec sa collection dans la bi-bliothque de Colbert, et de l dans celle du Roi,oii il existe encore ( n 9612 , ^mni, ^nn. ), aitt l'objet de beaucoup d'attention depuis D. Ceil-lier {p). En i83o, il fut consult par M. Gaut-tier d'Arc, qui publia, cette mme anne, la pre-

    (1) Horum {scriptorum) prcipiLos,qui tm latino, quin verna-

    cvlo sermone lucubrationes suas tcxuerunt, in trs diisi tomos

    Chronicum vero cnobii Bcccensis.... in tomum II hujus colletionis rejeci, un cum Historiis de rbus Normannis per Siciliamet Apuliam gestis. Prf.

    ,

    pages i et v.

    (2) Madame V. de C a suivi Malaterra dans sa noble etpotique histoire des Chevaliers normands en Italie et en Sicile ;Paris, 1816. M. Scrofani n'a pas non plus consult notre ma-nuscrit dans ses Discorsi dclla Dominazione degli stranieri inSicilia ; Paris, 1824,

  • PROLGOMNES. lixmire j3artie de son Histoire des conqutes desNormands en Italie , en Sicile et en Grce. Avertij3ar M. Floquet (i) de l'existence de ce manu-

    scrit, M. Gauttier alla l'examiner : Il reconnut,

    dit-il^que cette chronique , en langue romane

    ,

    a n'toit autre chose qu'une traduction de la chronique d'Aim

    ,

    qui n'a jamais t publie... Il lui parut que ce manuscrit avoit t la pro-

    prit de M. Peiresc , conseiller au parlement (2).M. Gauttier en donne ensuite le titre

    ,

    qui

    ,

    comme nous l'avons dit, est d'invention mo-

    derne, et de plus quelques fragmens dans les notesde son texte , et la fin , la table des huit Livres

    de Wstoire, sans faire aucune mention de laChronique qui la suit et la complte.Dans tout ce travail , M. Gauttier d'Arc a

    prouv tout le dsavantage qui rsulte de l'em-ploi de la mauvaise copie d'un texte dont on n'apas l'original (3).

    C'est sur cette copie seule, faite pour AndrDuchesne, en 161 s, que les savans dsigns au

    commencement de ce paragraphe, ont tous fond

    (1) Ancien lve de l'cole des Chartes, et qui a publi, en 1833,une intressante et consciencieuse Histoire du Prit^ilge de Saint-Romain (Rouen

    , Legrand , 2 vol. in-8.) , bien digne des hono-

    rables suffrages qu'elle a unanimement obtenus.

    (2) Prface, p. xix, et Notice, p. 439.

    (3) M. Leroux de Lincy avoit entrepris de confrer cette copie

    avec l'ancien manuscrit original, le n" 7135. Il y a renonc, le

    nombre des erreurs ou des omissions tant trop considrable.

  • Ix PROLGOMNES,les opinions diverses qu'ils ont mises de cet ou-

    vrage ; l'ancien manuscrit , sur lequel cette copiefut faite, leur tant inconnu. Il n'a t, en effet,

    remarqu que trs rcemment,

    par suite du d-pouillement dtaill des nombreux volumes ma-nuscrits de la Bibliothque royale , o sont con-tenus plusieurs ouvrages; et c'est M. P. Paris,

    premier emploj^, charg de ce dpouillement,qui a signal le premier cet ancien texte.

    L'tat du manuscrit original, dcrit au premierparagraphe, prouve assez l'identit de la copiede Duchesne avec cet ancien volume. L'enlve-ment de deux lettres armories et histories (i)aux feuillets 189 et 209 (aux pages 879 et 419)?a occasionn une lacune chacune des pagesprcdentes de l'ancien manuscrit. Ces deux la-cunes se retrouvent exactement dans la copie de

    Duchesne ; elle a donc t faite sur cet ancienmanuscrit, et il en rsulte un mrite de plus pour

    notre beau volume, n 71 35, puisqu'il peut treconsidr comme l'unique exemplaire ancien des

    ouvrages franois qu'il renferme, ouvrages qui

    sont tous d'un trs grand intrt, les uns comme

    tant la plus ancienne version francoise d'histo-

    riens latins qui nous sont parvenus (2) , et pour

    (1) Supr, page iv.

    (2) Le manuscrit franois n" 7856 est aussi une ancienne ver-3.3.

    sion d'Eutrope en neuf Livres ; mais elle est plus moderne que celle

    qui se trouve dans notre manuscrit n" 7135.

  • PROLGOMNES. Ixjquelques autres, cette version f'ranoise reprsen-

    tant pour nous des textes latins qui ne nous ont

    pas t intgralement conservs. Il en toit ainsi

    de la rdaction originale de l Fstoire de li Nor-mant : nous devons nous occuper maintenant desnotions qui nous restent de cet ancien texte latin.

    . V. Du texte latin de l'istoire, restitu.

    Nous avons rappel dans un des prcdensparagraphes combien de justes regrets avoientt exprims au sujet de la perte des ouvrageshistoriques composs par Amat, la dernire es-prance, celle d'en trouver une copie dans labibliothque du Mont-Cassin , s'tant mme va-nouie (i). Le manuscrit de la Bibliothque Royalenous rend donc une traduction peu prs com-plte de ces ouvrages; et, de plus, il nous aideen mme temps nous enqurir avec succs, siquelque crivain contemporain d'Amat, ou ayantvcu un peu aprs lui, n'auroit point, selon leshabitudes de ces temps anciens , oii il y avoit sipeu de copies du mme ouvrage, profit des critsd'Amat de manire nous laisser reconnotreencore aujourd'hui les emprunts partiels qu'ilauroit pu leur faire, et nous aider par ces em-prunts restituer le texte latin de ces crits qu'ona d considrer comme perdus.

    (1) Biographie universelle, art. Amat, de feu Ginguen.

  • Ixij PROLGOMNES.Parmi les crivains de l'Histoire des Normands

    en Italie , on connot , comme contemporainsd'Amat, Lon d'Ostie, Guillaume de la Fouille,Geoffroy Malaterra; et aprs eux, Orderic Vital,et Pierre diacre, continuateur de Lon.

    Ce Lon, de Marsi, vque d'Ostie, entrepritla Chronique, ou l'histoire dans l'ordre des temps,du monastre du Mont-Cassin, par l'ordre del'abb Oderisius, le successeur immdiat de l'abbDidier. Oderisius gouverna cette maison de io8j iio5; ce fut donc durant cet intervalle queLon composa sa chronique. Il annonce , dans leprologue de son ouvrage, qu'il a consult les an-nales des empereurs romains et des papes , l'his-toire des Lombards

    ,la chronique de l'abb Jean

    (mort en 936), les chartes originales qui avoientchapp aux deux incendies du monastre ; et pourles temps modernes, ceux qui avoient pu en ap-prendre prochainement les vnemens ou mmeen tre les tmoiis. JNotre historien des NormandsAmat mourut en lo^S; Lon le connut sans nuldoute ; il dut aussi ne pas ignorer l'existence de

    son Historia Normannorum , nomini ahhatis De-siderii dicata

    ^mentionne dans l'ouvrage mme

    de Lon, soit par lui-mme, soit par son conti-nuateur. On pourroit donc retrouver dans lachronique de Lon des morceaux plus ou moinsconsidrables de l'Histoire d'Amat : c'est en effetce qui arrive. Lon a copi Amat dans tout ce({u'il rapporte des Normands selon le plan de son

  • PROLGOMNES. Ixnjouvrage; nous en donnons ici trois exemples, qnisuffiront pour justifier notre assertion :

    I. LON d'oSTIE. livre II, CHAP. 6'J

    .

    Per idem lempus dux Moniacus ab imperatore Constan-finopolltano cum exercitu ad debellandos Saracenos inSiciliam transmissus , cum Apuliae alque Calabriae milites

    in auxilium ascivisset , ad Guaima