L'incroyable aventurede Marcel etClodomir

Texte de Christine NAUMANN-VILLEMIN © Éditions Nathan (Paris, France), 2014

Le chapitre de l’auteur

Clodomir Mousqueton n’aimait pas ses voisins. Ni leurs enfants. Clodomir n’aimait rien. Ni personne. Sauf son jardin, son fauteuil à oreilles et sa télévision.Un matin, Clodomir trouva un paquet dans sa boîte aux lettres.Il l’ouvrit. C’était un livre.Clodomir n’avait que faire d’un livre ! Il songea à le mettre directement à la poubelle, mais il n’avait rien pour caler la porte de la cuisine qui claquait sans arrêt.Ensuite, dans la chaleur de midi, il bricola avec le bouquin un parasol de parfaite dimension pour ses délicats frai-siers.Dans l’après-midi, le livre lui fut encore bien utile et dès le soir, il lui servit à faire le noir complet dans sa chambre car les volets étaient coincés.

Le lendemain matin, dring, on sonna à la porte.– Ho, sacréboudiu de bouloche en poil, qui ose me déran-ger alors que mon feuilleton va commencer ?Un enfant !– Heu, bonjour m’sieur. Voilà, je me présente, je m’appelle Marcel. On ne vous aurait pas livré un paquet ? Un livre ? – Et alors ? bougonna Clodomir.

– Parce que, voilà, c’est une erreur, j’habite à côté et je me demande si le facteur ne s’est pas trompé. J’attendais mon tome 3 des Aventures dan-gereuses et fort amusantes d’Alfredine Parfaite, et…– Un livre, oui, je l’ai. Mais je le garde. J’en ai besoin… Il repasse ma chemise. Allez, file !– Mais, mais, protesta l’en-

fant… Mes Aventures d’Alfredi…Vlan ! La porte était déjà claquée.

1 Une surprise pour Clodomir

Les chapitres des élèves2

Première tentative de Marcel

Marcel retourna chez lui et alla dans sa chambre pourréfléchir. Il tapa avec son pied dans sa bibliothèqueparce qu'il était énervé. Le meuble se mit à trembler. Unlivre tomba. C'était le tome 1 d'Alfredine Parfaite. Ils'ouvrit et Marcel vit Alfredine sauter de lianes en lianes.Le petit garçon décida d'utiliser à la manière de sonhéroïne un grappin pour escalader le muret. Il voulaitpénétrer dans le jardin de Clodomir et espérait récupérerson livre préféré.Marcel attendit le soir pour ne pas se faire remarquer.Quand la nuit tomba, il alla au grenier prendre la corde etle grappin de son père. Sur la pointe des pieds, pour nepas réveiller ses parents, Marcel se dirigea vers le jardinde Clodomir. Arrivé devant le muret, il jeta le grappin.Raté ! Il retenta. Cette fois-ci, il réussit. L'enfant grimpaau mur et atterrit dans le jardin de son voisin. Marcel s'approcha de la fenêtre du salon. Il aperçutClodomir dans son fauteuil. Il avait calé l'antenne de latélévision avec son précieux livre. Marcel vit que leroman était de plus en plus abîmé. Les pages étaientfroissées. Impossible de le récupérer. Le garçon étaitmalheureux et découragé.

Soudain, Clodomir se retourna, leurs regards secroisèrent. Marcel stressé se mit à courir comme un fou.Il avait le coeur qui battait très fort. Il respira un bon coupet grimpa au mur. Une fois de l'autre côté, il se sentitmieux. Soulagé de ne pas avoir à faire à Clodomir, ilregagna sa chambre. Il se mit dans son lit et cogita toutela nuit à une nouvelle idée.

Le lendemain matin, il demanda conseil à sa maman.Après une longue discussion, sa mère comprit que sonfils avait besoin d'aide. Elle décida de lui préparer un bongâteau à la crème chantilly. C'était sa spécialité ! Ilsallaient essayer d'amadouer ce vieux papy.Marcel tapa à la porte de son voisin. Dans les mains, ilavait le gâteau qu'il voulait lui offrir. Clodomir ouvrit. - Que veux-tu ? marmonna l'homme.- Bonjour, murmura Marcel un peu angoissé, je voudraisvous offrir ce délicieux gâteau à la chantilly.- Pourquoi ? Qu'est ce que tu me veux avec ton gâteau ?répondit Clodomir- C'est pour faire votre connaissance, monsieur.Clodomir réfléchit et finit par lui dire :- Entre, nous allons le partager.- Merci, vous êtes bien gentil.Marcel s'assit et essaya de repérer son livre dans lapièce. Mais l'enfant ne le trouva pas.Clodomir lui tendit une assiette. Marcel fit tomber sacuillère et aperçut son roman! Le livre servait à suréleverle fauteuil. Marcel tendit son pied pour essayer de lereprendre. Le fauteuil bougea et grinça. Clodomir le vit etlui ordonna : « Finis vite ton assiette et déguerpis envitesse sale fripouille ! »

3Mission réussie !

Marcel retourna chez lui. Cette fois, il demanda de l'aideà son papa.- Je voudrais avoir des graines pour le jardin du voisin.- Pourquoi ? demanda son père.- Pour l'aider à faire un potager. Peut être qu'en devenantson ami, je pourrai enfin récupérer mon livre, avouaMarcel.- Tu essayes de l'apprivoiser ? dit son père en riant.Les deux complices revinrent du magasin chargés desacs. Le garçon frappa à la porte de son voisin unenouvelle fois et lui proposa son aide :- Bonjour, c'est encore moi ! Je vous apporte desgraines.- Des graines ? Pour quoi faire ?! s'exclama Clodomir.- Vous aimez bien votre jardin, non ? - Oui et alors ?- J'aimerais vous aider à nettoyer votre potager, réponditMarcel.Clodomir réfléchit : c'est vrai que son jardin était malarrangé. Ses fraisiers n'étaient pas l'ombre et il fallait lesreplanter sous un arbre. - Bon d'accord. Tu peux m'aider.- Super ! s'écria l'enfant.Les deux compères passèrent l'après-midi à travailler età discuter.

Aux vacances, Marcel profita de l'absence de Clodomirpour lui faire une surprise. Il convoqua ses meilleursamis et leur expliqua qu'il voulait récupérer son livre etque pour cela, il avait besoin d'eux. Il comptait nettoyer lejardin des mauvaises herbes. Ils allèrent vite chezClodomir et travaillèrent 3 heures sans s'arrêter. A 4heures de l'après-midi, tout était fini. Clodomir rentra etdécouvrit la surprise. Les enfants l'attendaient assis surl'escalier. Clodomir demanda : - Vous avez fait ça pour moi ?- Évidemment ! répondirent en choeur les enfants.Clodomir se sentit ému. Il avait des larmes de joie. Lepapy les invita à goûter pour les remercier. Autour de latable, le vieil homme commença à parler de son enfance.Il avoua que son père était mort quand il était petit et iln'avait pas pu aller à l'école car il avait du aider sa mère.Il leur donna un conseil : « Allez à l'école et travaillez.Faites attention de ne pas finir comme moi. Je n'ai jamaispu apprendre à lire et je le regrette beaucoup. »

Le lendemain matin, Marcel revint voir son nouvel ami.- Je peux vous apprendre à lire ?- A lire ? Pourquoi pas. Il n'est jamais trop tard pourapprendre, affirma Clodomir.- Et si on prenait le livre des aventures d'Alfredine ? Le petit garçon avait une idée derrière la tête. Il lui apprità lire. Le garçon était patient. Après un moisd'apprentissage, Clodomir avait enfin fini le livre.- Je te remercie infiniment, dit Clodomir. Attends, je vaisau salon chercher une petite surprise.Il revint avec le fameux livre.- Tiens.

- Merci ! s'exclama Marcel.

Depuis ce jour, Marcel et Clodomir sont amis. Ilss'invitent régulièrement à goûter et font la lectureensemble.

Les auteursClasse de Lydia chapuisECOLE PRIMAIRE PUBLIQUE ANATOLE FRANCE

Christine Naumann-VilleminWalid AncelLindsay Basset-DussouliéYassin Ben YakhlefRahim BoughendjourEzilda FeydedieFélix HabenNadir HarirJeanne SéquierAline Deleurence