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Página 1 de 68 La monarquía Incaica de Francisco Miranda ¿Primer imaginario de identidad continental hispanoamericana? Un estudio comparativo de 1790 a 1830. Auteur : J.Alberto NAVAS SIERRA, Historiador, Miembro de la Academia colombiana de Historia París, marzo del 2010 La monarchie d’après le modèle Inca de Francisco de Miranda : Première tentative d’imaginer une identité continentale hispano-américaine? Une étude comparative de 1790 à 1830 Version en français par Claudia NAVAS-COURBON, Historienne de l’art diplômée de l’École du Louvre – (Avec tous mes remerciements à Pascaline COURBON pour sa relecture) Paris, novembre 2010 Résumé La présentation qui suit traite de la Colombeia - legs extrêmement riche que nous devons à Francisco de Miranda - et de l’impact qu’a pu avoir à son époque la diffusion des quatre versions connues du “Plan de gouvernance pour une Amérique colombienne” élaboré par Francisco de Miranda (Caracas, 1750- Cadix, 1816) et publié tout au long de son engagement politique pour l’indépendance de l’Amérique Hispanique. Malgré les deux occasions manquées de 1801 et 1806, quand il fit la tentative de mettre en partie en place son “Plan de Gouvernance”, l’on sait que celui-ci n’a jamais réellement été adopté en tant que modèle et pour une organisation politique du nouvel ordre de l’Amérique latine post- coloniale (que se soit dans les anciennes colonies espagnoles ou au Brésil). Pourtant, il serait pertinent de se demander si le dit “Plan de gouvernance” a été pris en compte par ceux qui à l’époque prirent les décisions politiques des nouveaux états américains tout au long du processus d’émancipation et de formation constitutionnelle des pays hispano- américains. La proposition politique de Miranda prevoyait en même temps le démentèlement de l’Etat monarchique hispano américain et l’appropriation de quelques notions appartenant à l’empire des Incas. Il apparait donc essentiel de savoir si dans le reste du continent hispano américain d’autres projets pré-constitutionnels comme celui proposé par le “Précurseur”avaient été élaborés. Dans l’affirmative, il faudrait alors se demander s’il a existé un lien ou une parenté idéologique entre Miranda et ceux qui, à l’époque ou plus tard, ont élaboré de tels projets constitutionnels pour un nouveau modèle de gouvernement en l’Amérique Latine. Tel est l’objectif du présent travail. Il sera présenté par zones géographiques : nous étudierons d’abord le projet Inca dans l’Amérique du Sud, puis en deuxième partie les modèles apparentés dans la Méso Amérique.

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Proyecto y sueño histórico en pleno proceso de las guerras independentistas en Suramérica.

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    La monarqua Incaica de Francisco Miranda Primer imaginario de identidad continental hispanoamericana? Un estudio comparativo de 1790 a 1830.

    Auteur : J.Alberto NAVAS SIERRA, Historiador, Miembro de la Academia colombiana de Historia

    Pars, marzo del 2010

    La monarchie daprs le modle Inca de Francisco de Miranda : Premire tentative dimaginer une identit continentale hispano-amricaine? Une tude comparative de 1790 1830

    Version en franais par Claudia NAVAS-COURBON, Historienne de lart diplme de lcole du Louvre (Avec tous mes remerciements Pascaline COURBON pour sa relecture)

    Paris, novembre 2010

    Rsum

    La prsentation qui suit traite de la Colombeia - legs extrmement riche que nous devons Francisco de Miranda - et de limpact qua pu avoir son poque la diffusion des quatre versions connues du Plan de gouvernance pour une Amrique colombienne labor par Francisco de Miranda (Caracas, 1750- Cadix, 1816) et publi tout au long de son engagement politique pour lindpendance de lAmrique Hispanique.

    Malgr les deux occasions manques de 1801 et 1806, quand il fit la tentative de mettre en partie en place son Plan de Gouvernance, lon sait que celui-ci na jamais rellement t adopt en tant que modle et pour une organisation politique du nouvel ordre de lAmrique latine post-coloniale (que se soit dans les anciennes colonies espagnoles ou au Brsil).

    Pourtant, il serait pertinent de se demander si le dit Plan de gouvernance a t pris en compte par ceux qui lpoque prirent les dcisions politiques des nouveaux tats amricains tout au long du processus dmancipation et de formation constitutionnelle des pays hispano-amricains. La proposition politique de Miranda prevoyait en mme temps le dmentlement de lEtat monarchique hispano amricain et lappropriation de quelques notions appartenant lempire des Incas. Il apparait donc essentiel de savoir si dans le reste du continent hispano amricain dautres projets pr-constitutionnels comme celui propos par le Prcurseuravaient t labors. Dans laffirmative, il faudrait alors se demander sil a exist un lien ou une parent idologique entre Miranda et ceux qui, lpoque ou plus tard, ont labor de tels projets constitutionnels pour un nouveau modle de gouvernement en lAmrique Latine.

    Tel est lobjectif du prsent travail. Il sera prsent par zones gographiques : nous tudierons dabord le projet Inca dans lAmrique du Sud, puis en deuxime partie les modles apparents dans la Mso Amrique.

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    Considrations pralables.

    Dun point de vue strictement historique et mthodologique, nous voulons ici prsenter le Plan de Gouvernance de Francisco de Miranda projet indit et innovant. Dun point de vue historique, il semblerait que a serait la manire la plus apte de le faire. Tout indique que, en tant que Prcurseur, Miranda fut le premier avoir labor un projet constitutionnel spcifique pour un nouvel tat qui tait cens remplacer celui de lempire ibrique en Amrique1. Dans le cas o il y aurait exist des propositions de gouvernance, prcdentes ou postrieures, celle de Miranda, il est du devoir de lhistorien de les comparer, ne serait-ce qupistmologiquement, celle du Prcurseur.

    Demble, deux faits deviennent vidents : part les destinataires, peu nombreux, auxquels Miranda adressa les diffrentes versions de son Plan pour lAmrique LatineWilliam Pitt (1798, 1801)2, Ption (1792) (cf. La confrence de Marcel Dorigny), Vice comte Castlereagh (1808)3 et Duc de Gloucester (1809)4 , personne dautre ne connaissait lintgralit de son Plan. Entre autres, John Adams (1798)5, les Cabildos de Buenos Aires et Caracas et dune faon particulire, son compatriote le Marquis del Toro (1808)6.

    Curieusement dans lActe de Paris de 1797 signe avec dautres dputs hispano-amricains, il est peine mentionn son Plan7. Le Gnral Archibal Campbell semble avoir t le seul connaisseur du Plan de Miranda pour le Brsil8.

    I. Les Carabes et lAmrique du Sud : Le plan militaire conu par Miranda ne sest jamais ralis et, par consquent, son plan politique est rest inachev9. En fin de comptes, tant Pitt que Addington et Grenville se sont servis des propositions de Miranda pour leurs propres desseins gopolitiques face la couronne espagnole. Tout dabord, durant la dite crise de Baha de Notka (1789-1790) et ensuite, partir de 1796 au moment o l Espagne sest allie avec la France rvolutionnaire de la Convention, puis plus tard. Et pourtant, il est curieux de constater que certains lments du Plan de gouvernance de Miranda ont russi avoir une rpercussion sur le continent amricain. Il est encore plus curieux de constater lexistante de projets ou plans politiques comportant des similitudes avec le Plan de gouvernance du Prcurseur.

    1.1 Hati Mme sil sagit dun fait sans grande consquence et jusqu prsent peu expliqu , il est tonnant de constater que les troupes de la dernire arme qui a obtenu lindpendance de Saint Domingue (la partie franaise de lle) sous les ordres du chef Jean-Jacques Dessalines (Guine, 1758-Jacmel, 1806), se soient auto proclames incas, comme anticipant la ncessit de se forger une identit nationale, et ce dautant plus90% de la population introduite pendant

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    les deux derniers sicles avait t transporte de lAfrique par lesclavage i. Des diffrentes hypothses ont t avances ce sujet. Lune entre elles se rfre la connaissance qu la mme poque les hatiens ont pu avoir du soulvement des incas de Tupac Amaru (hritier Inca)10. Une deuxime hypothse fait allusion aux origines inca du peuple Taino que lon a voulu honorer ainsi11. Une troisime thorie, renvoie Miranda et Brissot, en particulier la connaissance dont celui-ci et la Socit des Amis des Noirs ont eu du Plan de Gouvernance du Prcurseur et en particulier sa prtendue vocation des peuples inca12 qui se serait dune faon ou dune autre rpandue dans lle. De toute manire, une fois lindpendance acquise, lappellation inca ne sest pas perptue.

    1.2 Venezuela. Lon sait que le Plan de Gouvernance connu par Miranda na pas pu tre mis en place dans son Venezuela natal ni en 1806 ni 1810-1812, au moment mme o le Prcurseur a jou un rle important pour lIndpendance de la Capitainerie Gnral du Venezuela. Malgr les rparations que Miranda pu consigner concernant la premire constitution vnzulienne du 25 dcembre de 1811, il dclara dans le neuvime chapitre de son chapitre final, que la nouvelle Rpublique du Venezuela tait bien place pour obtenir lunion de la majorit des Peuples de Colombia, ou dune partie considrable de celle-ci ii . Ceci dans la mesure o ces peuples du continent taient reprsents par leurs provinces et furent runis dans un corpus national ou congrs gnral que celles qui pourraient les constituer. Ainsi, les provinces pourraient garantir tant lintgrit de leurs territoires respectifs que les droits essentiels de leurs habitants.

    Simon Bolvar et Francisco de Miranda Le hasard fait que le pre de Simon Bolivar (Caracas, Venezuela 1783 Santa Marta, Colombia, 1830), Juan Vicente Bolivar (La Victoria, Venezuela; 1726 Caracas, Venezuela 1786) un des plus illustre mantuano iii , avec trois autres membres de la classe dirigeante du Venezuela, aient sign deux communications adresses au bien-aim compatriote Francisco de Miranda pour limplorer de venir les librer du joug espagnol13.Ces lettres sont dates de juillet 1781 et fvrier 178214. On peut alors dire que les destins des deux grands hommes des indpendances sud amricaines: Francisco de Miranda et Simon Bolivariv furent runis pour la premire fois. Plus tard, en 1810, Bolivar persuada Miranda de retourner au Venezuela pour rejoindre la lutte pour lindpendance qui stait alors initie au Venezuela en avril, 1810. Cette nouvelle demande faisait, alors, cho celle de son pre , 29 ans plus tt15. Entre ces deux appels des Bolivar, Simon eut loccasion de frquenter Miranda Londres de juillet septembre 1810 loccasion de son sjour en Angleterre quand le jeune caraqueo fut envoy en mission diplomatique par la premire Junte patriotique. Puis, ils partagrent

    i) Cf. Marcel Dorigny et Bernard Gainot, Atlas des Esclavages, Pars : Ed. Autrement, 2006. NtD. ii) Colombia tait le nom invent par Miranda pour nommer le continent Latino amricain, NdT. iii) Les mantuanos tait la plus haute classe crole du Venezuela, NdT iv) Mme si ce lien ne fut quun lien de filiation paternel, NdT)

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    galement des moments importants pendant la premire mais phmre Rpublique vnzulienne, en particulier au sein de la Sociedad Patritica, fonde probablement par Miranda et Bolivar. Cette socit fut un lieu dchanges politiques et le cadre pour le premier dbat politique16 vnzulien. Pourtant, il na pas t encore clairement dtermin quel fut le degr de linfluence idologique de Miranda sur Bolivar. Bien que ce dernier ait reconnu publiquement lapport politique et idologique de ses contemporains, il ne sest jamais rfr son an lorsquil prsentaient ses ides pour lAmrique Latine. Ce qui est certain cest que le Libertador Simon Bolivar joua un rle notable en ce qui concerne laspect idologique et constitutionnel des nouveaux tats sud-amricains. En effet, un grand nombre des propositions novatrices du Plan de Gouvernance de Francisco de Miranda furent proposes par Bolivar, mais leur source dorigine resta voile tout au long de la carrire libratrice de Simon Bolivar 17 , et jusqu nos jours. Rien que lutilisation de lappellation Colombia et continent colombiano revient indubitablement Miranda. la suite des vnements de juillet 1812, alors que Miranda se vit oblig de capituler face aux forces royalistes il fut livr aux espagnols. Les avis sont encore mitigs face au rle que Bolivar joua dans ce triste vnement qui condamna Miranda a vivre les dernires annes de sa vie emprisonn par la couronne espagnole et y mourir la Carraca Cadix. la suite de la dportation de Miranda, Bolivar s empara du projet unificateur du continent "americo-colombien" en prenant comme base les ides de Miranda. Dans au moins quatre des textes les plus importants de Simon Bolivar sont repris explicitement des lments du Plan de Gouvernance de Francisco de Miranda. Le Manifeste de Carthagne (1812), La Lettre de Jamaque (le 15 dcembre 1815), son message au Congrs dAngustures (1819), le message aux constituants de Bolivia et le projet constitutionnel respectif (1826) ainsi que son bauche pour la cration de la Confederacion Andina (1826-27). Le Manifeste de Carthagne (15 de dcembre de 1812): Quatre mois aprs la dportation de Miranda vers lEspagne, Bolivar crit son Manifeste de Carthagne18, en prvision de lannonce Reconquista espagnole laquelle menaait le sort de la Capitainerie Gnral du Venezuela et celui du Vice royaume de la Nouvelle Grenada. Bolvar parla pour la premire fois de la libert de Colombia cest--dire comme synonyme dun destin commun. Il encouragea alors les no-grenadins insistant sur le devoir de ceux qui pour sauver lhonneur des deux territoires devaient invitablement marcher pour librer le Venezuela, berceau de lindpendance colombienne,i de loppression royaliste.

    La Lettre de Jamaque (6 de septembre de 1815) : Lors de la chute de la deuxime Rpublique du Venezuela (1814), Bolivar, alors dj acclam comme Libertador, crivait sa Carta de Jamaica19 depuis son refuge antillais en faisant les siens de nombreux idaux du Prcurseur Miranda. Dans sa bien connue Lettre de Jamaque bien que Bolivar ait rejet lide de monarchie pour le continent sud amricain, il a revendiqu au mme titre que Miranda, les tourments inaudibles et les abus les plus honteux infligs par

    i) Au sens large employ par Miranda, NdT.

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    les dpostes souverains castillans aux empereurs incas, mexicas et autres grands caciques amrindiens. Il parle galement de lhmisphre de Coloni et Bolivar employa la formule smantique que Miranda avait donne au terme ius soli au tant quidentit continentale. Il excluait en mme temps le fait de natre et dtre amricain. partir de cette forte notion nationaliste, et conforme au projet de Miranda, Bolvar dduit des droits inalliables les 16 millions dhabitants des provinces hispano-amricaines. Parmi ces droits, lindpendance et lusufruit des gouvernements paternels qui, selon Bolivar, seraient ceux qui gurissent les blessures du despotisme et de la guerre. Comme Miranda lavait alors propos en 1809, Bolvar identifia lIsthme de Panam au Corinthe amricain o, devait se runir lassemble continentale qui tait cense confirme la runion des anciennes colonies espagnolesii. Lune dentre elles devait tre Colombia fruit de la fusion de la Capitainerie Gnral du Venezuela et du Vice Royaume de la Nouvelle Grenade. En dcembre 1824, Bolvar exprima, dans sa convocation au Congrs amricain, son dsir de les runir dans le Corinthe symbolique situ au Panama. Cette dernire convocation fut faite Lima, deux jours avant la Bataille dcisive de Ayacucho.

    Le Congrs dAngusture, (15 fvrier, 1819):

    Dans ce clbre discours du Congrs dAngusture20, Bolvar rpta presque textuellement et de manire explicite certains principes philosophiques et politiques du Prcurseur Miranda. En particulier, il faut citer le quatrime pouvoir ou pouvoir moral. En effet, le Plan de Gouvernance de Miranda incluait, dune faon novatrice pour son poque, la cration dun quatrime pouvoir rserv aux censeurs ou curacasiii. Il est tout fait remarquable de noter cet apport de nature prcolombienne du Prcurseur mme si Miranda (puis Bolivar) puisa ses idaux galement dans dautres sources qui faisaient parties de lair du temps savoir, des inspirations classiques (grecques et romaines), anglo-saxonnes, franaises et napolitaines 21 . Donc, cest plus le modle de lempire Inca22, que le grecque ou le romain, que Miranda forgea lide selon laquelle six fonctionnaires seraient les reprsentants de lducation des citoyens et les garants des bonnes coutumes, de la morale publique. Ils devaient alors tre les juges de cette morale et veiller la bonne application de ces prceptes, mais aussi, chtier les vices23. Cest cette rsolution qui fut institue par les constituants vnzuliens en lAn 19, et aprs dintenses dbats ils crrent un quatrime pouvoir appel aropageiv nomm aussi le tribunal essentiellement irrprhensible et saint, par Bolivar24.

    i) Propre lide de Colombia de Miranda, NdT. ii) A limage du Golfe du Corinthe que protegait le santuaire de Delphes et o se runissaient les dlgus de la ligue militaire athnien portant le mme nom, NdT. iii) Anciens souverains pre-incas de Cuzco, ensuite fonctionnaires de lempire, positionns en dessous de lInca, qui devaient assurer la nutrition de la socit inca, lduquer et proposer des plans sociaux aprs avoir entendu les membres de la communaut, NdT.iv) Daprs le nom du Conseil qui se runissait sur la Colline dArs en Grce, NdT.

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    Suivant la proposition initiale de Miranda, ce dernier pouvoir fut conform par deux chambres ; celle de la morale et celle de l ducation publique. La premire des deux chambres devait nommer autant de censeurs quelle juge convenable. La hirarchie la plus leve serait attribue au censeur qui par ses services et vertus mriterait le titre de Catn25. Le pouvoir Lgislatif propos par Bolvar tait divis en deux chambres lune dorigine populaire et lautre aristocratiqueselon ce que Miranda avait dj propos en 179026. Dans le schma de Bolivar, le Snat, en tant que pouvoir neutre, ne serait pas lu par le pouvoir Excutif les Incascomme lavait souhait Miranda mais plutt par le Congrs27. Quatre mois plus tard de la libration de la Nouvelle Grenade aprs la bataille de Boyac, de nouveau Angusture, le 17 dcembre, 1819, le Prsident du congrs vnzulien, le no-grenadin Francisco Antonio Zea28 (en prsence de Bolvar), dclara la cration de la Rpublique de Colombia. Cet acte fit suite ce que Simon Bolivar avait prn cinq ans auparavant dans sa Carta de Jamaica. La constitution approuve la Villa del Rosario de Ccuta le 6 octobre, 1821, habilita le fonctionnement de lUnin Colombia29. Par la suite, lappellation originale que Miranda avait prvu pour lensemble du continent amricain post-colonial (Colombia) se rduit significativement. Il est intressant de noter, que lors du dit Congrs Constituant colombien, le quatrime pouvoir ou pouvoir moral mentionn ci-dessus ne fut pas retenu.

    La constitution pour la Bolivie et la Confdration Andenne (1826) : Nanmoins, Bolivar revint sur la notion de ce quatrime pouvoir, sept ans plus tard, lors de la cration de la toute nouvelle Rpublique de la Bolivie i . En effet, par gratitude envers les dputs constituants du Alto Peru (le Haut Prou) qui lui avaient charg de promulgu un projet constitutionnel pour la Bolivie, Simon Bolivar, envisagea de crer le quatrime pouvoir tel que dcrit auparavant, et limage du pouvoir moral dj propos par Miranda, il prvoyait galement linstitutionnalisation dun prsident vie et hrditaire30 ce qui fut phmre en Bolivie et au Prou. Dans son Projet de Gouvernance de 1801 de Francisco de Miranda, dans lequel il avait imagin un pouvoir excutif, compos par deux reprsentants Incas, dont un des deux devrait se dplacer dans le territoire americo-colombien pour inspecter lensemble des besoins des provinces de lempire 31 , Bolivar, proposa un pouvoir excutif semblable en 1826 son bauche de la Confdration Andenne. En effet, quand le Libertador conu la cration dune confdration qui tait cense de runir la Colombie, le Prou et la Bolivie sous la dj cite constitution vie il proposa un pouvoir excutif bicphale compos par un vice-prsident rsidant dans chacun des tats fdraux et un prsident itinrant qui devait se dplacer entre les diffrents tats andens ainsi fdrs32.

    i)Originalement nomme Bolvar, puis Bolivia, en honneur Bolivar NdT.

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    1.3 Ro de La Plata.

    Les tensions de classe et dintrts qui ont eu lieu au sein et ds les dbuts de la revolucin de mayo de 1810 qui se forma suite la Premire Junte du gouvernement de Buenos Aires sont bien connus. galement, sont connus les liens que Miranda eut, dune part avec le Ayuntamiento de Buenos Aires qui existait avant la dposition du vice-roi Cisneros. et dune autre part, la correspondance que le Prcurseur a entretenu avec Saturnino Rodrguez Pea, Aniceto Padilla, D.R. Larrea et Mathias Yrigoyen33. Un autre fait de la plus haute importance pour le Rio de La Plata eut lieu aprs le dpart de Miranda de Londres au Venezuela en 1810 : le sjourde caractre initiatique pour certainsde quatre latino amricains Jos de San Martn, Carlos Mara de Alvear son cousin, Jos Matas Zapiola et Toms Guido au 58 Grafton St Londres. Il est galement vrai que La Gaceta de Buenos Aires, organe officiel de la Junta de Mayo (Junte de Mai), fonde et dirige par son Secrtaire, Maiano Moreno (Buenos Aires, 1778 -Alta Mar, 1811), a bien reproduit les premiers numros du journal El Colombiano, publi Londres par Miranda le 15 mars, 1810 34.

    Mariano Moreno, la Junta de Mayo et El Plan de Operaciones Pourtant, cest la fin aot 1819 quand le premier lien concret entre le Plan de Gouvernance de Miranda y la Junta de Buenos Aires apparat. Lors de la session secrte du 30 aot, celle-ci approuva le dit Plan de Operaciones, rdig par Mariano Moreno, qui en plus dtre le Secrtaire de la Junta il avait sa charge les Affaires de Guerre. Si bien le document nest pas compltement valid et son authenticit est mise en question35, encore aujourdhui, il est tout de mme intressant de signaler que malgr la confusion de son texte, la cration dun tat continental sud amricain y faisait lobjet36. Cet tat comprendrait, en plus du Rio de la Plata, le Bandeau Oriental, le Paraguay, le Prou et une bonne partie du Brsil37 . Dans cet tat, lesclavage devait tre aboli ainsi que le commerce des esclaves. Lgalit et la Libert entre les diffrentes castes de la socit 38 , devaient tre appliques. Dans ce dessein, ses protecteurs, lAngleterre et le Portugalses allis dans le Rio de la Plata devaient recevoir en change pour leur protection de concessions commerciales39. Deux semaines aprs, Moreno dsigna comme Commandant de lArme du Nord Juan Jos Castelli Villarino ((Buenos Aires, 1764 - idem, 1812), un collgue de Junte et ancien camarade lUniversidad de Chuquisaca. Cette fraction de lArme devait assurer lindpendance du Alto Prou. Huit mois plus tard, le 25 mai, 1811, Castelli rendait hommage aux incas sacrifis devant les peuples amrindiens dans les ruines du somptueux complexe palatial des Incas Tiawuanaku avec lobjet de lutter pour leur libert et les inciter venger les cendres (de ces anctres) dans un rassemblement fraternel. cette mme occasion, le Deuxime Commandant de Castelli, Bernardo de Monteagudo Cceres (Tucumn, 1789 - Lima, 1825), diplm de l Universidad de Chuquisaca, avait lu les dcrets qui restituaient aux peuples originaires du Haut Prou tous leurs droits, o sliminaient les tributs coloniaux et se rglementer llection des caciques des communauts des caciques pour chacune des

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    communauts40. la mme poque, Manuel Belgrano Casero (Buenos Aires, 1770 idem., 1820), membre galement de laile radicale de la Junte en charge alors des troupes de la capitale- fait en sorte de prendre les mmes mesures. Victorieux, Castelli demande des instructions la Junte dirige par Cornelio Saavedra, alors reprsentant des grands propritaires terrains pour continuer vers le Prou jusqu Santaf et Caracas: Mais il nobtint pas cette autorisation. la mme poque, Miranda demande au Congrs constituant du Venezuela la dclaration absolue de lindpendance de la Capitainerie Gnrale du Venezuela. Mais la fin de 1810 a lieu la chute de laile dite jacobine de la Junte: Castelli jug, meurt, avant dapprendre la nouvelle de sa sentence de sa mort par fusillade (?). Belgrano est quant lui est proscrit et Monteagudo est forc lexil. Curieusement, en 1809, quand la nouvelle de loccupation de lEspagne par Joseph Bonaparte arrive Rio de la Plata, Monteagudo, tait alors tudiant en Droit l Universidad de Charcas, crit une pice de thtre intitule Dilogo entre Atahualpa y Fernando VII en los Campos Elseos (Dialogue entre Atahualpa et Ferdinand VII aux Champs lyses). Dans celle-cisadressant ses camarades de lAcademia Carolingia, Monteagudo clairement prne le modle de gouvernement des Incas et le place en tant que modle de justice. Dans la continuation de Garcilaso de la Vega et du Pre de Las Casas que Miranda avait galement luMonteagudo condamne linjustice de la conqute et les faux titres provenant du pape sur lesquels la domination de lempire espagnole stait assise dans lancien Tawantinsuyu, ce que Miranda avait galement condamn. Monteagudo crit alors une proclamation ladresse des peuples originaires du Haut et du Bas Prou qui les encouragea rtablir lempire Inca.

    Manuel Belgrano et Jos Gabriel Condorcanqui Tpac Amaru

    Ce nest pourtant que six ans plus tard que la pense de Miranda retrouve celle du Rio de la Plata. Le retour se fait lors de la runion du Congrs Constituant--congrs runi dans la rgion du nord du Rio de la Plata--le Tucuman. Dans la sance secrte du 6 juillet, 1816i, le Gnral Manuel Belgrano tout juste revenu de son exil volontaire en Europe (et en particulier Londres o il sjourna longuement) expose son ide dun gouvernement qui devrait tre institu au sein des dites Provincias Unidas del Ro de la Plata41 (Provinces Unies du Rio de la Plata). tant au courant du changement vident vis--vis de la monarchie qui sopra en Europe, Belgrano proposa cette occasion la cration dune monarchie modre avec un rtablissement de la dynastie des Incas. Le nouvel empire sigerait Cuzco o lhritier de lEmpire Inca42 tait suppos rsider. Tout indique que le Gnral Belgrano a pralablement consult la proposition quil allait prsenter au Congrs avec ses plus proches, en particulier les gnraux Jos de San Martn Matorras (Yapey, Misiones 1778 - Boulogne-sur-Mer, Francia, 1850) et Martn Miguel de

    i) Miranda dcda le 14 juillet 1816 la Prison de las Cuatro Torres del arsenal de la Carraca, Cdiz. NtD.

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    Gemes ( Salta, 1785 idem, 1821)i. Tous les deux acquiescrent cette proposition du Gnral Belgrano43. Au mme moment, les gnraux Gemes et San Martn prvoyaient la grande expdition de la cordillre des Andes pour la libration du Chili. Ces campagnes taient semblables celles que Miranda avait imagines tant de fois auparavant44.

    De son ct, Jos Gervasio Artigas Artigas Arnal (Montevideo,1764 Ibiriray, Paraguay 1850) ainsi que les autres caudillos gauchosii furent de mme dans le Bandeau Oriental, les provinces du Littoral et la province basilienne du Ro Grande do Sud dans le but dunifier le tout sous un seul tat. De cette manire le grand projet dunifier politiquement la quasi totalit de lAmrique du Sud situe au dessous de lquateuriii pourrait aboutir.

    Le Congrs approuva la Dclaration dIndpendance absolue trois jours aprs que la proposition de Belgrano et le nom des Provincias Unidas en Sud Amrica fut adopt. Cette acte fut traduit dans les langues amrindiennes, le quechua et laimara. Linitiative de Belgrano fut reue favorablement par la plus grande partie des dputs des provinces du Nord. Les dputs de la Province de Buenos Aires furent plus rticents. Les premiers voyaient la proposition de Berlgrano comme la porte de sortie la lthargie coloniale dans laquelle le Vice royaume du Prou sombrait. Ils percevaient cette initiative comme le passage vers une totale indpendance de lAmrique du Sud et la cration de la Grande Patrie sud-amricaine, grce lappui quils espraient recevoir des amrindiens et leurs descendants. Opposs une telle dmarche, les dputs de Buenos Aires, rests perplexes par une telle proposition, la qualifirent de ridicule et extravagante 45 . Les priori lis la question raciale taient fort prsents, lide de se retrouver gouverns par un monarque de la caste des chocolats (indiens ou mtis). Ils estimaient que les mtis ou amrindiens vivaient soules et couverts de vieux tissus dans des chicheriasiv.

    Le bon accueil apparent fait lide de la restauration de lempire inca neut pas lieu uniquement lintrieur du Congrs Tucumano. Daprs une communication de lpoque, trois semaines aprs la prsentation de Belgrano, sur la plaine du Tucumano, il est dit que :

    plus de cinq mille indiens, certains cheval, dautres pied, arms de diffrentes manires, certains avec des lances, sabres, fusils, cordes et boleadoras, coutrent attentivement, comme en transe les paroles du Gnral Belgrano alors quil annonait avec grande vhmence que le Congrs souverain tait en faveur de une monarchie

    i) Aprs le dpart de Miranda pour le Venezuela, le Gnral San Martn passa 5 mois avant son retour au Ro de la Plata dans le sanctuaire rvolutionnaire Colombo-Americano de Grafton St. Le trs influent Gnral Gemes tait alors le gouverneur de la Province de Salta qui runissait les jurisdictions de Salta, Jujuy, Tarija et Oran. ii) Leaders de la Pampa, NdT. iii ) Cest--dire sur la latitude 0, NdT. iv) Taverne de mauvais genre donde se beba un licor de la fermentacin del maz (chicha), NtD.

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    constitutionnelle reconnaissant par ce fait linstauration de lancienne maison des Incas pour occuper le trne amricain. Cuzco serait le sige de cette nouvelle monarchie.46.

    Un mois aprs, le Gnral Martn Gemes, gouverneur de Salta, adressa depuis Jujuy o il sigeait, un manifeste par lequel il proclamait aux pruviens devant le Congrs Tucumano, le 6 aot, 1816, son souhait de voir le prompt rtablissement de la dynastie des Incas et faire siger sur le trne et lancienne cours de Cuzco le successeur lgitime de la couronne [espagnole]47.

    Le projet de la monarchie des Incas fut approuv lors du Congrs par une majorit simple. Mais, il na pas russi obtenir les deux tiers des votes requis pour le ratifier. Henry Chamberlain, le ministre britannique Rio de Janeiro informa ponctuellement le Secrtaire du Foreign Office, le Vicomte de Castlereagh (Dubln, 1769 - Londres, 1822) 48 des dbats du Congrs tucumano et en particulier sur le projet de la monarchie partir du modle Inca ainsi que de la cration de lEmpire de lAmrique du Sud dans lequel le Brsil y faisait partie. Le Vicomte de Castlereagh tait probablement le dernier homme politique anglais avoir eu connaissance du Plan de Gouvernance de Miranda.

    Lhritier inca qui devait trner sur cet empire devait tre, selon Belgrano, Juan Bautista Tupac Amaru (Tungasuca, Per, 1747-Buenos Aires, 1827), le demi-frre cadet de Jos Gabriel Condorcanqui Tupac Amaru (Tungasuca-Tinta, Per 1738 - Cuzco 1781). Ce dernier avait command la grande subversion indienne pruvienne de 1780 qui marqua tellement la pense de Miranda.

    Libr en 1813, aprs 38 ans passs Cadix et Ceuta, Juan Bautista Tupac Amaru, grce un dcret damnistie avec la cours de Cadix, sinstalla la mme anne Bue nos Aires o il devint ami de Belgrano, San Martn y Gemes49.

    En 1822, quelques annes plus tard alors que personne ne parlait plus de la restauration de lempire Inca au Ro de la Plata, un dcret fut vot le 24 octobre, sign par Bernardino Rivadavia alors secrtaire du gouvernement et charg de RR.EE. de la province de Buenos Aires. Ce dernier accepta finalement de donner la pension et la protection que Juan Bautista Tupac Amaru avait demand quelques annes auparavant. Grce cette pension, Juan Bautista Tupac Amaru, pu crire ses mmoires, publies Buenos Aires, mme en 182450. Le dernier successeur de la dynastie Inca mourut cinq ans plus tard, le 2 septembre 1827. Ses restes reposent dans le cimetire de La Recoleta de Buenos Aires.

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    II. La Mso-Amrique

    Le Prcurseur Miranda a rappel que le nom [des Incas] tait vnrable dans le pays51, mais il na pas t le trs explicite sur les motivations qui lont pouss proposer une restauration de la dynastie des Incas comme le sommet de son projet politique qui couvrait pour le continent Amrico-Colombiano, tel quil limaginait. Il est difficile dtablir si Miranda tait conscient quavec un tel projet il limitait la gouvernance la sphre uniquement sud-amricaine, qui dailleurs tait en ralit le seul territoire avoir t occup par l empire pr-hispanique des Incas

    2.1 La Nouvelle Espagne : La difficult tant dinstaurer la dynastie Inca dans les territoires mso amricains qui avaient t gouverns par les Aztques (au pouvoir larrive des espagnols en 1492) et par les Mayas. Ces riches dynasties bnficiaient dune toute assise politique que celle de lempire Inca. Entre les deux empires, des multiples peuples semi-nomades ou ancrs par petites familles linguistiques et ethniques habitaient le reste du territoire msoamricain ainsi que le nord de la Nouvelle Espagne. Dans cette partie, nous dmontrerons quel point le projet amrindien cher Francisco de Miranda fut similaire dautres projets amricains proposs par les leaders indpendantistes de la Nouvelle Espagne. Ceux-ci se rattachrent plutt la tradition amrindienne propre la Mso-Amrique (et non pas lInca)i. Dans un premier temps, nous tudierons lintronisation dun Canek (roi maya), Juan Uc de los Santos qui tant dorigine maya se fit appel Moctezuma (en honneur au dernier empereur Aztque). Ensuite, nous nous intresserons au culte dAnahuac ii travers la pense mystificatrice de fray Servando Teresa de Mier qui allia la dvotion la Madone de Guadalupe avec le culte de lAnahuac. Pour conclure, nous prsenterons le projet constitutionnel de Severo Maldonado et la manire dont la pense de Miranda se rpandit en Mso-Amrique par le biais, notamment, de pamphlets et journaux rvolutionnaires.

    Juan Uc de los Santos, premier roi des Indes

    En 1761, alors que Miranda ne terminait que ses tudes primaires, naissaient les premiers projets unificateurs dorigine amrindien dans la Nouvelle Espagne. En septembre 1761, Jacinto Uc de los Santos (San Francisco, Campeche 1730- ? 1761), alors g de 30 ans, et suite des divers plerinages de type initiatique parmi les leaders des communauts mayas du i) Le syncrtisme entre les traditions maya et aztque est visiblement prsent crant un melting pot de notions amrindiennes anachroniques et plutt symboliques. NtD ii) Cest dire le territoire politico-religieux des msoamricains. NtD

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    Yucatan i , fut proclam comme Can Ek 52 , le Roi Moctezuma. Ce nouvel empereur personnifiait un roi de nature messianique puisque longtemps attendu et promis dans le Chilar Balamii. Lintronisation eut lieu dans le village du Cisteil, Yucatn. Ce tournant de lHistoire devait donner lieu au nouveau cycle qui tait cens mettre fin la domination espagnole. Un des premiers actes du nouveau roi Canek fut labolition du tribut et des rpartitions parmi les tribus amrindiennes. Il sigea en tant quempereur tout-puissant, en charge des pouvoirs politiques, militaires et religieux du nouvel empire pourtant coiff de la couronne de Notre Dame de lglise Cisteiliii. Pour consolider le nouveau cycle historique quil inaugurait Canek, dcrta que les femmes espagnoles devaient se marier avec des natives. Pour tablir cette nouvelle rgle il lut la premire pouse blanche53. Assez vite, un affrontement cruel opposa le roi Canek aux troupes royalistes. Cest ainsi quune grande arme damrindiens, mal quipe subit une dfaite totale. Le nouveau Canek fut condamn mourir tortur et incinr. Ses cendres furent mises dans le vent. Huit leaders mayas furent pendus et mutils. Leurs ttes et leurs mains furent exposes publiquement. Lors du procs sommaire de Canek, il apparut quavant davoir initi sa rbellion, il avait fait une escale Belize ayant tait ramen au Yucatan par un navire anglais. son dbarquement, Canek aurait entrepris lexcution de son plan no imprial54. De cette faon, il fut tabli que Jacinto Uc et ses suiveurs avaient anticip de neuf ans la rbellion du Prou. La rbellion de linca Condorcanqui quant elle avait pour objet dtablir le Tuhwantysuwu de la dynastie Inca iv . Elle fut censure encore plus cruellement que la mexicaine. Elle fut cite par Miranda nombreuses fois.

    Miranda et les descendants de Moctezuma

    Cest durant la guerre d indpendance des tats-Unis dAmrique que Miranda rencontra pour la premire un membre de la dynastie amrindienne de la Nouvelle Espagne. En avril 1781, loccasion du sige du fort de St Georges Pensacola, Miranda tait aide de camp du Brigadier Gernimo Girn y Moctezuma (Ronda, Espaa 1741Sevilla, 1819), Commandant de la 1re brigade qui eut sa charge laction de la prise de Pensacola. Cet officier descendait dans la 9me ligne maternelledu dernier empereur mexica, Moctezuma II55. Il est fort probable qu ce moment Miranda commena songer au projet dmancipation du continent hispano-amricaine limage de lmancipation des colonies nord-amricaines sans pour autant pouvoir dire dans quelle mesure cette rencontre linfluena.

    i) Encore vivantes o la rbellion eut lieu, NdT. ii) Livre sacr Maya, NdT. iii) dont la nature est dinspiration htroclite et anachronique partir des diverses cultures amrindiennes de la Msoamrique, NdT. iv) Cest--dire, le plsu vaste territoire occupe pour le empire inca, NdT)

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    Miranda et Clavijero

    Tout indique que la deuxime rencontre du Prcurseur avec la Nouvelle Espagne eut lieu en fvrier 1786, cinq ans plus tard, pendant sa premir sjour Rome. En effet, Miranda stait procur la liste des jsuites hispano-amricains qui furent expulss des colonies espagnoles et rsidant dans les tats Pontificaux. cette occasion, il rencontra Francisco Xavier Clavijero (Veracruz, Mxico 1731Bolonia Italia 1787) dont luvre majeure, Storia antica del Messico56, avait t publie quatre ans auparavant et que Miranda stait procur avant de poursuivre son voyage vers le Sud de la Pninsule italienne57. Neuf ans plus tard en 1798, le Prcurseur retrouva parmi les documents hrdits Londres de lex-jsuite pruvien Juan Pablo Vizcardo y Guzmn (Pampacolca, Prou , 1748 Londres, 1798), le mmoire que Clavijero avait crit pour celui-ci avec des informations relatives aux populations et les singularits des audiences du Mexique, Guadalajara et du Guatemala; Ses anotations taient accompagnes de donnes en relation aux loyers perus par les archevques rentiers du Mexique et de Puebla.

    Quelques annes plus tard, Miranda publia ce document dans la revue Revista de Edimburgo sen servant comme instrument de communication en divulgant notamment les abus et les privilges sans limites de la part des pouvoirs civils et ecclesiastiques espagnoles au sein des colonies amricaines. Ce prcdent, ainsi que quelques rfrences que Miranda fit dans ces documents appartenant Clavijero, ont pu crer la fausse impresion que Clavijero tait anti espagnol et un activiste pro-indpendantiste en lien Vizcardo 58 . En tout tat de cause, Clavijero ntait pas au courant de la fin pro-indpendantiste que Vizcardo allait sen servir de son memoire. Dailleurs, Clavijero est mort sans le savoir. Ceux qui ont anlays les liens du Prcurseur avec les jsuites hispano-amricains expulss, sont daccord pour dire que ceux-ci servirent comme un lment de plus pour la construction estratgique que Miranda faisait ce moment pour lindpendances latino amricaine. Miranda sen servit doublement du cas des jsuites natives des colonies espagnoles et qui avait t expulses par un mre patrie indolante face leurs racines et au communatues au prs de qui les missionaires avaient exercer leur uvres au nom de lOrdre. Dune part, devant Pitt en particulierr59, il sappuya sur limage de cette Espagne illustre qui tait capable de draciner de ses terres natales les hommes qui lui servait. Et, dune autre part, Miranda assuma que les familles et proches de ces jsuites croles se rallieraient sa cause indpendantiste, une fois son plan de libration sur le terrain latino amricai serait abouti. Miranda, avant son dpart Cuba, avait connu luvre classique de labbaye Guillaume-Thomas Raynal (Lapanouse in Rouergu, France 1711 Paris, 1796) 60 , et possiblement la critique que Clavijero avait faites dans son Storia antica du benign monsieur concernant son incrdubilit sur les vidences historiques attribues aux civilisations pr-hispaniques61 les mxicaines en particulier, aurait induit le Prcurseur rencontrer personnellement labbaye, philosohpe et historien franais Marseilles vingt-deux mois plus tard et lanne daprs. Miranda dit quil stait procur luvre de Clavijero pour la faire traduire langlais. Tel comme il lavait fait pour les uvres de Las Casas, Garcilazo de la Vega et Vizcardo Guzmn, entre autres. Pourtant, il est clair que le Prcurseur sest servit, et ce de manire systmatique, de

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    la estigmatisation avec laquelle labbaye Raynal avait fait connatre la conqute et la colonisation des espagnoles en Amrique62. Il nest par ailleurs pas visible linfluence que Clavijero aurait pu avoir sur la pense de Miranda concernant la s valeur historique des peuples originaires de l Anhuac. Encore moins vident, que ce modle aurait motiv son Plan de Gouvernance et son chma pour ue monarchie autochtone et amricaine63. Cette faible attention porte envers le modles de lAnahuac par Miranda, pourrait expliquer le pourquoi il ait inclu dans sa proposition pour la restauration monarchique caractre amrindienne que le modle bas sur lEmpire Inca.

    Le roi Mariano, le roi Amrindien

    Le 1er janvier 1801, Juan Hilario Rubio ( ?, ? 1805), un amrindien colotleco, provenant de la province de Nayarit i, convoqua depuis la capitale de Tepic tous les peuples amrindiens nayarits. Le but de cette convocation tait dacclamer le roi Mariano, le roi Indien, porteur dun masque dor, fils du gouverneur de Tlaxcalilla et qui avait t nomm roi des Indes par le roi Charles IV. cette mme poque, Miranda se rfugiait des hommes de Fouch dans son domicile parisien du 1497 de la Rue Saint Honor.

    Ce roi Mariano, en semployant de nombreux dguisements et se dplaant dans la Nouvelle Espagne, avait russi obtenir le soutien de nombreuses communauts amrindiennes pour se proclamer roi des Indes. Sa mission tait de rcuprer leurs terres. Le signe de rbellion devait tre un tendard rouge portant limage de la vierge de Guadalupe qui serait plant au centre de la Place principale de Tepic o Mariano devait tre couronn avec la couronne dpines du bien-aim Christ conserve lglise de Tepic 64.

    Ce plan rvolutionnaire fut dcouvert deux jours aprs la convocation. Les troupes du vice royaume terminrent avec cette rbellion au cours de deux ans de poursuites. Il fut estim que sept mille amrindiens se mobilisrent dans des diffrents endroits, mais avec une pauvre stratgie militaire et mal arms. Trois cents entre eux furent jugs et emprisonns. Lors des investigations, il apparut que cinq notables de la capitale du vice royaume avaient soutenu le mouvement, dont le Comte de San Lorenzo65.

    En tous les cas, le roi Mariano na jamais t retrouv. La prsence dautres rois amrindiens fut constate dans la rgion au cours des dix annes suivantes. Et la lgende du roi Mariano se propagea : En 1810, de nombreux leaders amrindiens, emprisonns alors, dclarrent avoir vue le roi Mariano marchant dans un char noire derrire le pre Hidalgo. Ils ordonnaient, la mobilisation des peuples amrindiens conformment, disaient-ils, leur avait proscrit le roi

    i) Le royaume de la Nouvelle Galice, tait une des deux plus grandes divisions politique et administratives de la Nouvelle Espagne, situe au Nord-est de lactuel Mexique. NdT.

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    dEspagne. Le but tant de tuer le vice-roi et tous les gachupinesi pour ensuite partager les biens et les terres parmi les peuples amrindiens.

    Il ne semble pas quavant 1809 il est eu dautres vnements reliant spcifiquement Miranda avec la Nouvelle Espagne, mme si les mouvements indpendantistes avaient dj commenaient dans le reste du continent hispano amricain ce moment l.

    Miranda et le Marquis dApartado:

    la fin de 1809, au moment o Miranda avait refus de se joindre larme du Gnral Arthur Wellesley qui devait envahir la Pninsule ibrique, arrivrent Londres les membres de la puissante famille mexicaine, Les Fagoaga. la tte de cette riche famille de propritaires de mines, tait le marquis de Apartado, Jos Francisco Fagoaga y Villaurrutia (Ciudad de Mxico 1788Ib., 1851) 66 Manuel Corts de Campomanes (Espaa 1775 ?- 1835?) et Jos Mara Antepara y Arenza (Guayaquil, 1770 Idem, 1821) 67 . Miranda eut connaissance de cette arrive grce deux de ses proches amis.

    Le mcnat des Fagoaga envers la cause indpendantiste et les projets de Miranda, en particulier, fut dune grande importance68. Grce au soutien du Marquis, le groupe ditorial pu publier les cinq numros du journal El Colombianoii. Ce journal fut distribu dans la Nouvelle Espagne au sein dun cercle select69 ce qui provoqua la censure de celui-ci par le vice-roi Vanegas 70 . Nombreux des lecteurs de ce journal furent acteurs des vnements qui se succdrent partir de 1810.

    Il semblerait, galement, que les Fagoaga financrent une nouvelle circulation de la correspondance de Miranda contenant ses instructions mancipatrices contre la menace napolonienne, en tous les cas, en accord avec la politique du cabinet de St James (celle-ci prvoyait de combattre Napolon pour prserver le roi Ferdinand VII au pouvoir). Cette correspondance avait t transmise par Miranda aux Cabildos de Caracas y Buenos Aires ds la fin de juillet do elle passa Santa F de Bogot, Quito, Lima et Santiago de Chile, ainsi que dans le Mexique et La Havane71.

    De la mme manire, avec laccord de Antepara, les Fagoaga ont financ une nouvelle dition du manuscrit de la Lettre aux espagnoles amricains (Carta a los espaoles americanos) de Juan Pablo Vizcardo. la fin de 1810, Antepara, soutenu galement par les Fagoaga, publia Londres son South American Emancipation, (mancipation de lAmrique du Sud)72.

    Fray Servando Teresa de Mier y Noriega et Miranda :

    Dans la continuation de son mcnat, la marquis dApartado a soutenu gnreusement l ex-Dominiquin Fray Servando Teresa de Mier (Monterrey 1763-Ciudad de Mexico 1827), qui fut

    i) terme dnigrant utilis par les hispano-amricains envers les ibriques, NdT ii) Journal publi 5 fois tous les quinze jours partirdu10mars.NdT

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    un, et peut-tre bien le plus engag pour lindpendance Novo Hispana.En effet, la Marquis dApartado, Fagoaga Villaurrutia, accueilla chez lui Fray Servando et il publia son, Historia de la Revolucin de Nueva Espaa, antiguamente Anhuac Londres en 1813 sous le nom de Francisco Guerra 73 , un des nombreux pseudonymes utiliss par le religieux durant sa longue et tumultueuse vie rvolutionnaire. Celle-ci fut initie deux annes avant Cadix, et termine dans la bibliothque de Miranda de Grafton St. En voulant viter la souverainet de la dynastie de Moctezuma74, Fray Servando De Mier, exposa que le futur indpendantiste de la Nouvelle Espagne tait li galement au culte de la Madone de Guadeloupei.

    Le mythe fondateur de lempire du Anahuac dans la pense de Fray S. de Mier : Dans cette premire histoire documente de la rvolution qui commenait peine dans la Nouvelle Espagne, Fray Servando comme il lavait dj fait en 1794 la Colegiata de Nuestra Seora de Guadalupe devant le vice-roi et lvque, a soutenu que la rbellion de la Nouvelle Espagne ne pouvait tre mene bien que par le peuple lu celui du Anhuac 75 ... en qute de sa rdemption. Selon sa thorie, ce peuple qui depuis 1521 avait t humili par les hommes de Corts76 cherchait donc sa revanche. Le sentiment national au tour de lanctre de lAnahuac repris son essor identitaire avec Sentimientos de la Nacin de Jos Mara Morelos quil prsenta au Congrs de Chilpancingo le 14 septembre, 1813. Ses Sentiments la Nation prsentaient comme une feuille de route pour la premire constitution de la Nouvelle Espagne libre dans lequel, Morelos, dcrtait lindpendance absolute de toute lAmrique espagnole, labolition de lesclavage et la supression du systme de castes77.

    Laspect catholique dans la pense de Fray S. de Mier : Mais cette rbellion devrait avoir galement, selon De Mier, un caractre de renaissance de lhritage quil appelait la trs ancienne rpublique chrtienne prhispanique msoamricaine. En effet, le religieux croyait au courant qui affirmait que Saint Thomas lAptre avait christianis en personne les peuples originaires de la Valle du Mexique78 vers 1250, donc, avant la dcouverte et lvanglisation hispanique, ce qui, ses yeux, pouvait expliquer la rapidit et la facilit dont les conquistadores espagnols avaient mene bien la colonisation.

    Pendant lintervale pr-constitutif de lEmpire, Fray Servando Teresa de Mier fir nouveau apparition. En aot, 1821, il publia en Philadelphie son Memoria poltico-instructiva qui sadressait dconstruire le projet imprial de Iturbe (qui est dvelopp dans loriginal en espagnol et qui sera dveloppe plus amplement pendant lexposition qui sera consacre Francisco de Miranda prochainement). De Mier tait arriv aux tats-Unis fin du mois de mai, 1821 aprs stre enfuit de la prison de La Havane, apparament soutenu par Juan Manuel de Cagigal y Nio, lami et protecteur de Miranda79.

    Sappuyant sur le Sens Commun de Thomas Paine et sur le succs de la Colombia bolivarienne, il proposa comme la meilleure option de gouvernance le systme rpublicain pour ceux que Mier continua a nomm comme tant les peuples de lAnhuac. Il a, par

    i)Madonne mtisse du Vice Royaume de la Nouvelle Espagne aprs 1531, dix ans aprs que Hernn Corts ait domin Tenochtitlan, capital de imperio. Cette Madonne qui avait suscit un fort sentiment identitaire parmi les peuples amrindiens est encore lobjet de sentiment unificateur en raison des desses amrindiennes. Cf. Exposition sur la Vierge de Guadaloupe au Mexican Fine Arts Museum of Chicago. NdT.

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    ailleurs, invit Iturbe rennoncer ses rves imprialistes et muler la grandeur et la gloire du Libertador Simn Bolvar.

    Voulant en finir avec toute ide imprialiste au Mexique, Fray Servando-- tout en se decrtant lhritier lgitime par droit de sang de la dynastie impriale mexicaine80--refusa toute prtention au trne mexicain. En ce faisant, il esprait que Iturbe et les autres aspirants au trne imprial de lAnhuac81.

    la suite de Fray Servando, dautres hommes politiques proposrent des projets et des modles constitutionnels pour lempire emergent du Mexique. Francisco Severo Maldonado, n dans la rgion de Jalisco, labora un projet pour lempire. Celui-ci, omprenait de nombreuses similitudes avec le denier texte du Plan de gouvernance de Miranda. Ces ressemblances ne permettront pas de dmontrer que le philosophe mexicain ait eu une connaissance pralable du texte du Prcurseur.

    Francisco Severo de Maldonado et Miranda:

    Francisco Maldonado y Ocampo (Tepic, 1775-Guadalajara, 1832), de la rgion de Jalisco et considr comme le plus brillant et culte des intellectuels mexicains de son poque, fut lauteur de trois textes politiques.

    Le premier, Nuevo Pacto social82 fut rdig en 1821. Ne pouvant pas se rendre en personne aprs avoir t lu il envoya son Nouveau Pacte Social pour sa prsentation aux Cortes del Trienio. Diffus au Mexique, ce nouveau contrat devait tre assimil par tous mme les plus rudes et ignorants des infimes classes sociales83.

    Les deux autres textes de Maldonado prsentent avec une prcision euclidienne le modle dEtat quil souhaitait instaurer dans le nouvel Empire mexicain84 . Il sagit de : Contrato de Asociacin et du Proyecto de constitucin. Cette proposition constitutionnelle fut minente.

    Selon lui, des corporations locales devraient runir tous les citoyens actifsen tenant compte de plus dun millions damrindiens et danciens esclaves prsents au Mexique. Ces corporations reprsenteraient les voix conjointes des diffrents intrts et mtiers ; ces entits pourraient tre rapproches des collges lectoraux, lies au vote indirect (propre la reprsentation que dominait poque dans toutes les socits occidentales).

    Pour Maldonado la structure politico administrative de lEmpire mexicain devait reposer sur deux piliers principaux: les ayuntamientos et les provinces. Comme pour Miranda dans son Plan de Gouvernance, chaque corporation lirait un congrs de la localit/proximit ou un ayuntamiento radical. Les municipalits devraient lire les congrs de provinces, ces derniers devraient compltant le sommet du systme politique en dsignant les membres qui devaient alors intgrer un congrs national.

    Les convergences entre la proposition de Madonado et le Plan de Miranda nont pas t que de la pure nomenclature car la labeur lgislative propose par Maldonado tait galement un devoir et une responsabilit partage par les trois niveaux de la reprsentation citoyenne. Ainsi les lois gnrales devaient tre votes par le congrs national puis soumises rvision soit par un rfrendum au niveau des congrs

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    provinciaux et locaux, ensuite tre approuves et mendes, en fin, votes par le congrs gnral dans un ration de 4+1.

    La loi dfinitive devait tre renvoye aux congrs provinciaux qui devaient ladopter unanimit pour quelle soit applique dfinitivement. Ces lois qui ntaient qu approuves que par les deux tiers sappelaient dans cerains caslois provisionnelles85.

    Les pouvoirs excutif et judiciaire sapparentaient au systme complexe de poids et contrepoids (check and balance) au sein des organes de la reprsentation populaire mit par le Prcurseur. Ce modle, labor par le Prcurseur, quisolaient demble ces organes des pouvoirs excutif et judiciaire, permirent alors de garantir librement la participation permanente et active du vote citoyen.

    Comme le supposait Miranda, en favorisant la concurrence gnrale de tous et chacun des citoyens la formation des lois (...) laveugle et parfaite soumission assurerait la volont citoyenne pour promulguer des lois lui concernant86.

    Tel le conu Miranda, le congrs national aurait comme tche celle dunifier harmonieusement dans un seul corps ou code de loiset avec la plus grande toutes les lois qui seraient approuves pour la sauvegarde des droits de tous et chacun des habitants de lEmpire mexicain87

    Maldonado proposa un pouvoir Excutif en conservant un modle semblable celui de lancien Anhuac avec ses charges et ses hirarchies. Dans ce projet, lempire mexicain serait rgi par un Chef Suprme. Cette charge serait hrditaire partir dIturbide et jusqu lextinction de la dynastie. dfaut dhrditaires directs, un Administrateur de lEmpire mexicain serait alors nomm pour gouverner. Dans les deux cas, un ministre serait en charge du bureau universel qui serait, neuf ans durant, la fois le gnral majeur de larme du Anahuac. Francisco de Miranda avait pens galement une figure semblable dans son Plan de Gouvernance quil appelait un Hatun-Apu. Dans le plan de Maldonado, lEmpereur serait exempt de toute responsabilit et serait protg par son statut politico-religieux tandis que le ministre universel serait dpourvu de toute grce sacre.

    Les deux hommes avaient lambition 88 dinstituer des censeurs , chargs de contrler les qualits des citoyens qui aspireraient accder toutes les charges publiques impriales selon les trois ordres de pouvoir. Les critres tenir en compte taient la vertu, lducation et le mrite citoyens. Cela supposait un systme complexe et des fonctionnaires chargs de garantir linstruction gnrale et le contrle des bonnes coutumes des mexicains.

    Selon Miranda et afin davoir la garantie dun exercice efficace de la souverainet nationale, dans chacune des provinces de lEmpire il y aurait un gouverneur lu par les citoyens, sa faon de gouverner serait comme celle de lempereur gnral.

    Par ailleurs Miranda, le pouvoir judiciaire du projet de Maldonado devait tre indpendant des autres pouvoirs et devrait tre exerc alternativement appliqu en alternance par tous les citoyens intgres et honntes du peuple qui dmontreraient suffisamment le talent naturel pour juger avec intelligence les affaires sur lesquelles il devait apporter son jugement.

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    Les artisans, agriculteurs, miniers, commerants devraient juger deux-mmes les affaires en lien avec leurs corporations respectives. Suivant le modle mdival, chaque citoyen serait jug par ses gaux ou par ses confrres de corporation et les affaires trangres seraient juges par le droit commun. Certains juges seraient vie, dautres temporaires89. Pourtant tant Maldonado que Miranda taient convaincus que lagriculture serait la base de la future conomie de lAmrique espagnole post-coloniale90.

    Ce complexe systme dengrenage de lexercice de la souverainet citoyenne par le biais des trois pouvoirs qui devait tre nourri linstruction et lducation dans lequel les curs des paroisses taient engags pour lorientation de la vie future de chaque citoyen. LEmpire mexicain devait tre un tat laque sui generis, puisque Maldonado (comme dune certaine manire lavait prvu Miranda) avait opt par une voie troite de subrogation de lglise catholique au service de lEmpire : la religion catholique et son culte le seul officiellement tolrune dpendance du pouvoir excutif. Elle serait ainsi assimile un quatrime ramification de ce dernier pouvoir91 , celui-ci mme qui ne devait pas exclure une relation harmonieuse avec le Saint Sige Apostolique et Romain92.

    Similairement ce que le Prcurseur avait propos dans son Plan de Gouvernance, le Proyecto de Constitucin de Maldonado prvoyait que la permanence et la sauvegarde de lempire mexicain serait garanti par la participation militaire, active et permanente, de chaque citoyen. Ceci voulait bien dire que chaque citoyen tait considr la fois comme un lecteur et un fusil.

    Le projet de Maldonado comme celui de Miranda furent utopistes.93. En fin de compte, cette poque, ce seuls deux projets constitutionnels post- coloniaux (lun rpublicain et lautre caractre monarchique et imprial), sopposaient pour maintenir lancienne unit politico territoriale coloniale : la Unin Colombia dans le cne nord sud amricain, dune part ; et dune autre part, lEmpire de Iturbide dans la Mso-Amriquei.

    N.B. : Conformment aux chiffres alors disponibles (Annexe 1), ces deux ples hispano-amricains prtendirent maintenir unifi 1/3 du territoire latino-amricain (non anglo-saxon ni francophone), ce dernier abritant un peu plus de 50% de la population des anciens empires espagnol et portugais.

    Miranda tait dcd ce moment depuis il y avait 5 ans dans sa prison de Cadix des Cuatro Torres.

    i) Il faut garder lesprit que le premier empire mexicain comprenait lancienne vice royaut de la Nouvelle Espagne, la Capitainerie Gnrale contenant son tour les provinces de lAmrique centrale sauf le Panam et Veraguas qui staient uni la Unin Colombiana. NdT.

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    ANNEXE n1: TABLE GEOPOLTIQUE DU MONDE c. 1830 % sur le Territoire % sur le population

    Grandes aires Territoire (Millas2)

    Population (miles) % Sup.

    Mundial % Sup. Amrica

    % Sup. Ibero Amrica

    % Hab. Mundial

    % Hab. Amrica

    % Hab. Ibero Amrica

    Territoire(Km2)

    Le Vieux Monde 23 427.0 677 700.0 62.4% 92.0% 60 675.7 Europe 2 793.0 227 700.0 7.4% 30.9% 7 233.8 Asie 12 118.0 390 000.0 32.3% 52.9% 31 385.5 Afrique 8 516.0 60 000.0 22.7% 8.1% 22 056.3

    Le Nouveau Monde : lAmrique non espagnole 11 046.0 39 000.0 29.4% 5.3% 28 609.0 tats-Unis 1 570.0 11 600.0 4.2% 14.2% 1.6% 29.7% 4 066.3 Brsil 2 313.0 5 000.0 6.2% 20.9% 34.2% 0.7% 12.8% 21.1% 5 990.6

    LAmrique Espagnole 4 456.9 18 646.0 11.9% 40.3% 65.8% 2.5% 47.8% 78.9% 11 543.3 Mxico (*) 1 242.0 7 500.0 3.3% 11.2% 18.3% 1.0% 19.2% 31.7% 3 216.8 Colombia 828.0 2 800.0 2.2% 7.5% 12.2% 0.4% 7.2% 11.8% 2 144.5 Ro de la Plata et Patagonie 683.0 700.0 1.8% 6.2% 10.1% 0.1% 1.8% 3.0% 1 769.0 La Patagonie 650.5 106.0 1.7% 5.9% 9.6% 0.0% 0.3% 0.4% 1 684.8 Caribe espaol 35.4 1 240.0 0.1% 0.3% 0.5% 0.2% 3.2% 5.2% 91.7 Resto HA 1 018.0 6 300.0 2.7% 9.2% 15.0% 0.9% 16.2% 26.6% 2 636.6

    Autres : Amrique 2 706.1 3 754.0 7.2% 24.5% 0.5% 9.6% 7 008.8 Hati 22.1 950.0 0.1% 0.2% 0.1% 2.4% 57.2 LAmrique anglaise (Canada & Caraibes) 1 930.0 2 290.0 5.1% 17.5% 0.3% 5.9% 4 998.7 LAmrique franaise 30.0 240.0 0.1% 0.3% 0.0% 0.6% 77.7 LAmrique holandaise 30.0 114.0 0.1% 0.3% 0.0% 0.3% 77.7 LAmrique danoise 324.0 110.0 0.9% 2.9% 0.0% 0.3% 839.2

    LAmrique ruse 370.0 50.0 1.0% 3.3% 0.0% 0.1% 958.3 Australasia 3 100.0 20 300.0 8.3% 2.8% 8 029.0 Total du Monde 37 573.0 737 000.0 100.0% 100.0% 97 313.7

    Mxico et Centro Amrica 1 381.0 9 150.0 3.7% 12.5% 20.4% 1.2% 23.5% 38.7% 3 576.8 LEmpire Mexicain & lUnion Colombienne 2 209.0 11 950.0 5.9% 20.0% 32.6% 1.6% 30.6% 50.5% 5 721.3

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    Sources: Andrien Balbi, Balance politique du globe en 1828 a l'usage des hommes d'tat ,des administratieurs, des ngociants et des jeunes gens; Paris 1828. Charles Bowen. (ed.) The American Almanac and Repository of Useful Knowledge for the year 1830. A calendar for the year; astronomical information; miscellaneous directions, hints, and remarks ; and statistical and other particulars respecting foreign countries and the United States; New York: Collins and Haknay,1833; pp: 142 y ss. (*) Selon les calcules de Humboldt dans ses Tablas geogrficas polticas de Nueva Espaa de 1803, lextension totales de la Nouvelle Espagne inclues dans les PP. II, n excedait pas de 730 296 milles2. Henry George Ward, Mxico en 1827, Mxico: FCE,1981, pp. 9 et 31

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    La monarqua Incaica de Francisco Miranda Primer imaginario de identidad continental hispanoamericana?

    [La monarchie daprs le modle Inca de Francisco de Miranda : Premire tentative dimaginer une identit continentale hispano-amricaine?]

    J.Alberto NAVAS SIERRA

    Pars, marzo del 2010

    Resumen

    La presente ponencia tiene que ver con un tema del rico acervo Colombeia, probablemente no estudiado suficientemente. Tal es la eventual difusin e incluso proyeccin-que en su momento pudieron tener cualquiera de las cuatro versiones conocidas del Plan de Gobierno para la Amrica colombina que Francisco de Miranda elabor e hizo pblicas a lo largo de su carrera conspirativa de poco ms de 29 aos.

    Por fuera de las dos fugaces ocasiones en que el Precursor mismo intent poner en ejecucin parte al menos de su Plan de gobierno94, [1801 y1806] es sabido que este jams lleg a ser adoptado como modelo de organizacin poltica del nuevo orden americano pos colonial, bien fuera en las antiguas colonias espaolas o en el Brasil mismo.

    No obstante, cabra preguntar si en algn momento a lo largo del complejo proceso emancipador y constituyente iberoamericano, dicho Plan de gobierno lleg a ser tomado en cuenta por quienes en su momento asumieron la tarea de dar o decidir la conformacin poltica de los nuevos Estados americanos.

    Ms an, cabra preguntar si en alguna ocasin, alguien ms fuera de Miranda concibi un proyecto pre constitutivo como el ideado por el Precursor. De haber sido as, obviamente tendra que indagarse si existi un vnculo o parentesco ideolgico entre Miranda y quienes, coetnea o posteriormente, elaboraron tales iniciativas poltico-constitutivas. Tal es el propsito del presente trabajo.

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    Consideraciones previas.

    Desde un punto de vista estrictamente histrico-metodolgico, lo que aqu se intenta hacer implica conferir al Plan de gobierno de Miranda un carcter pre-paradigmtico 95 . Historiogrficamente, parece consecuente hacerlo as. Todo indica que, como Precursor, Miranda fue el primero que concibi un proyecto constituyente especfico para el nuevo Estado que deba remplazar ambos imperios en Amrica. De haberse dado planes o propuestas, anteriores o posteriores a las suyas, existe la opcin cuando no la tentacin epistemolgica de comparar y en cierta medida validar los otros planes o proyectos polticos del caso de acuerdo a lo propuesto por Miranda.

    De entrada, dos son los hechos que saltan a la vista. Por fuera de los pocos destinatarios para quienes Miranda redact las diferentes versiones de su Plan para Hispanoamrica William Pitt (1798, 1801) 96 , Vizconde Castlereagh (1808)97 y Duque de Gloucester (1809)98, no ms fueron los que conocieron en su integridad dichos textos. Entre estos, John Adams (1798)99, los Cabildos de Buenos Aires y Caracas y de modo particular, su paisano el Marqus del Toro (1808)100. Curiosamente, en el Acta de Pars de 1797 suscrita con varios diputados hispanoamericanos, se mencion apenas tangencialmente su Plan101. El general Archibal Campbell parece haber sido el nico conocedor de su proyecto para el Brasil102.

    Proyeccin internacional Sabido es que el plan militar concebido por Miranda nunca se concret y consiguientemente tampoco su plan poltico103. Al final de cuentas, tanto Pitt como Addington y Grenville utilizaron sus propuestas como un comodn ms dentro de su estrategia geopoltica frente a Espaa, primero durante la llamada crisis de la Baha de Notka (1789-1790) y ms tarde a partir de 1796 cuando Espaa se ali con la Francia revolucionaria de la Convencin y posteriores gobiernos revolucionarios. Sin embargo, resulta al menos curioso que algunos elementos de su Plan de gobierno hubieran alcanzado a tener eco en alguna parte del continente americano. Todava ms extrao resultara constatar la existencia de proyectos o planes polticos afines al Plan de gobierno del Precursor y cuyos autores no aparecen especficamente relacionados con este.

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    Hait

    Aunque se trate de un episodio meramente incidental hasta la fecha no explicado del todo, resulta ciertamente extrao que las tropas del ltimo ejrcito negro que consum la independencia del Santo Domingo francs al mando del lder Jean-Jacques Dessalines, se hayan auto proclamado incas, anticipando con ello una pretendida identidad nacional. Diferentes hiptesis han sido elaboradas al respecto. Una refiere al conocimiento que en su momento se tuvo en la isla del alzamiento de los incas de Tupac Amaru cuyo ancestro se propuso evocar 104 . Otra, alude a una supuesta evocacin del origen incaico del pueblo taino cuyo ancestro se quiso recuperar entonces105. Una tercera, remite a Miranda y Brissot, en particular al conocimiento que este y colegas de la Amis des Noirs tuvieron del Plan de Gobierno del Precursor y en particular de su pretendida evocacin incaica106 la que alguna manera se habra filtrado a la isla. Lo cierto es que una vez ganada la guerra y consolidada la independencia haitiana, no se conoce que hubiera perdurado tal apelativo incaico.

    Venezuela. Es sabido que el Plan de gobierno concebido por Miranda tampoco pudo ser ejecutado, ni siquiera en su Venezuela nativa en ninguna de la dos ocasiones -1806 y 1810-1812 en las que vanamente intent incorporar parte al menos de su ideario poltico. Pese los reparos de disentimiento que consign Miranda respecto de la constitucin del 25 de diciembre de dicho ao, el capitulo noveno en su apartado final, sin articulado especfico, declar que la nueva Repblica de Venezuela estaba dispuesta acomodar su constitucin al objeto de lograr la unin de la mayora de los Pueblos de Colombia, o de alguna parte considerable de ella, representados por sus provincias y reunidos en un Cuerpo nacional o Congreso general que estas decidieran constituir; convirtindose todas ellas en garantes recprocas, tanto de la integridad de sus respectivos territorios, como de los derechos esenciales de todos sus habitantes.

    Ro de La Plata. Son bien conocidas las tensiones de clases e intereses que se dieron desde el comienzo en el seno de la primera Junta de gobierno bonaerense que surgi de la revolucin de mayo de 1810. Igualmente, son conocidos los nexos que

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    tuvo Miranda, tanto con el Ayuntamiento de Buenos Aires preexistente a la deposicin del virrey Cisneros, como la correspondencia que el Precursor mantuvo con Saturnino Rodrguez Pea, Aniceto Padilla, D.R. Larrea y Mathias Yrigoyen107. Despus de la salida de Miranda para Venezuela a finales de 1810, es igualmente recordada la escala inicitica para algunos que hicieron en el 58 Grafton St, Jos de San Martn, Carlos Mara de Alvear su primo, Jos Matas Zapiola y Toms Guido. Es tambin conocido que la Gaceta de Buenos Aires, rgano oficial de la Junta de Mayo, fundada y dirigida por su Secretario, Mariano Moreno, reprodujo parte de los primeros nmeros de El Colombiano londinense108. No obstante, fue a finales de agosto de 1810 cuando aparece el primer vnculo especfico entre el Plan de gobierno de Miranda y la Junta bonaerense. En la sesin secreta del 30 de dicho mes, esta aprob el llamado Plan de Operaciones, supuestamente redactado por el citado Mariano Moreno, quien adems de Secretario de la Junta tena a su cargo los Asuntos de Guerra. Si bien el documento no goza de plena autenticidad109, resulta interesante sealar que en su enmaraado texto se propona la creacin de un estado continental suramericano110 que abarcara, adems del Ro de la Plata, la Banda Oriental, el Paraguay, Per y buena parte del Centro y Sur del Brasil111. En el mismo, no slo habra de prohibirse la esclavitud sino el comercio de esclavos y establecerse la igualdad y libertad entre las distintas castas que tiene el Estado112. La concrecin de dicho Plan supona la proteccin de Inglaterra y por ello forzadamente del Portugal su aliado en El Plata apoyo que les sera gratificado con diferentes concesiones113. Dos semanas despus, Moreno design a su colega de Junta y compaero en la Universidad de Chuquisaca, Juan Jos Castelli, como comandante del ejrcito del Norte que deba asegurar la independencia del Alto Per. Ocho meses despus -25 de mayo de 1811-, en un acto realizado en las ruinas del suntuoso Palacio, Castillo y Jardn de los Yncas de Tiawuanaku, en frente de los pueblos indgenas congregados con el objeto de estrecharnos en unin fraternal, Castelli rindi homenaje a la memoria de los incas sacrificados por conseguir su libertad y les incit a vengar sus cenizas. Su segundo al mando, Bernardo de Monteagudo, tambin egresado de la Universidad de Chuquisaca, ley a continuacin los decretos por los que se restituan a los pueblos naturales del Alto Per todos sus derechos, se eliminaban los tributos coloniales y se reglamentaba la eleccin de los caciques por las comunidades114. Por las mismas fechas, Manuel Belgrano,

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    miembro tambin del ala radical de la Junta entonces al mando de las tropas capitalinas sobre los rebeldes del Paraguay, tomaba medidas similares. Victorioso hasta entonces, Castelli pidi instrucciones a la Junta, ahora en manos del ala terrateniente liderada por Cornelio Saavedra, para continuar hasta Per y desde all a Santaf y Caracas; cosa que le fue negado. Para entonces, Miranda peda al Congreso constituyente venezolano la declaratoria absoluta de la independencia de la Capitana General de Venezuela. Es igualmente conocida la cada del llamado brazo jacobino de la Junta a finales de dicho ao 10. Castelli enjuiciado y finalmente muerto de cncer. Belgrano proscrito y Monteagudo obligado a marcharse al exilio. Curiosamente, en 1809 luego de conocerse en el Ro de la Plata la casi total ocupacin de Espaa por Jos Bonaparte, el an estudiante de Leyes en la Universidad de Charcas, Monteagudo haba escribi una obra teatral, Dilogo entre Atahualpa y Fernando VII en los Campos Elseos. En esta pieza que estuvo dirigida a sus compaeros de la Academia Carolingia, Monteagudo hizo una clara reinvidacin del Incanato como sinnimo de gobierno bueno y justo. Siguiendo a Garcilaso de la Vega y al Padre de Las Casas a quienes tambin ley Miranda fustig la injusticia de la conquista y los falsos ttulos papales sobre los que se haba asentado el dominio colonial espaol en el antiguo Tawantinsuyu lo que tambin hizo Miranda, para terminar con una proclama dirigida a los pueblos originales del Per, Alto y Bajo, instndolos a restablecer dicho imperio. Sin embargo, debieron pasar seis aos para el reencuentro de Miranda con El Plata, lo que sucedi en el recinto del Congreso Constituyente reunido en la nortea Tucumn. En la sesin secreta del 6 de julio de 1816, el General Manuel Belgrano recin regresado de su exilio voluntario en Europa, Inglaterra en particular, fue invitado a exponer sus ideas sobre la forma de gobierno que debera decretarse en las antes auto declaradas Provincias Unidas del Ro de la Plata115. Atenido al cambio de actitud evidenciado en Europa hacia el rgimen monrquico, Belgrano propuso en dicha ocasin la creacin una monarqua moderada mediante el restablecimiento de la dinasta de los incas con sede en el Cuzco, en donde se supona andaba el vstago en quien deba recaer dicha corona116.

    Todo indica que Belgrano consult antes su propuesta con sus ms allegados, en particular con los Generales Jos de San Martn y Martn Miguel de Gemes quienes la acogieron sin reparos117. Sabido es que San Martn, antes

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    de regresar a Buenos Aires pas casi 5 meses en el santuario Colombiano de Crafton St., cosa que aconteci despus de la partida de Miranda para Venezuela. Al momento de la propuesta de Belgrano, Gemes y San Martn planeaban entonces la gran campaa tras andina y continental tan semejante a las que tantas veces ide Miranda118 la que despus de liberar Chile deba continuar hasta Lima. Por su parte, Jos Gervasio Artigas Artigas y dems caudillos gauchos deban hacer lo propio en la Banda Oriental, las provincias del Litoral ausentes en Tucumn y coaligadas entonces con Artigas y la extensa provincia brasilea de Ro Grande do Sud. Entonces, se concretara el gran proyecto de unir polticamente casi toda la Amrica del Sur situada por debajo del Ecuador.

    Tres das despus de escuchada la propuesta de Belgrano, el Congreso aprob la Declaracin de Independencia absoluta de las que pasaron a llamarse Provincias Unidas en Sud Amrica, acta que fue traduca al quechua y aimara.

    La iniciativa de Belgrano fue acogida casi textualmente por buena parte de los diputados de las provincias del Norte y Noroeste, no as por los diputados capitalinos. Los primeros y el mismo Belgrano estimaron que la misma, antes que nada, lograra sacar de su letargo colonial al virreinato del Per siendo fcil afianzar con el apoyo de las huestes indgenas y castas afines, la total independencia y creacin de la Gran Patria suramericana. Los diputados bonaerenses, que se haban quedado atnitos ante semejante proposicin, la calificaron de idea ridcula y extravagante, repitindose calladamente el desprecio que les causaba a muchos de ellos poner en el trono ro platense a una monarca de la casta de los chocolates, cuya persona , si exista, probablemente [tendra que ser sacada] borracha y cubierta de andrajos de alguna chichera119.

    No obstante, el aparente beneplcito de la restauracin del imperio inca no fue slo al interior del Congreso tucumano. Segn un relato de la poca, tres semanas despus de la comparecencia de Belgrano, se congregaron en la inmensa planicie de Tucumn ms de cinco mil indgenas, unos a caballo, otros a pe, armados de diferente manera, unos con lanzas, sables, fusiles, lazos y boleadoras, quienes en absoluto orden y disciplina escucharon, como electrizados al General Belgrano anunciar con mucha vehemencia que el

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    Congreso soberano estaba sabiamente a favor de una monarqua constitucional, reconociendo como legtimo llamar a la antigua casa de los Incas a ocupar el trono suramericano, cuyo asiento estara situado en el Cuzco120.

    Por su parte, el citado General Martn Gemes, gobernador de Salta, desde Jujuy, un mes despus de la comparecencia de Belgrano ante el plenario del Congreso 6 de agosto de 1816, dirigi una proclama a los peruanos en la que manifest que los sentimientos generales del momento buscaban ver restablecida muy en breve la dinasta de los Incas y as sentar en el trono y antigua corte del Cuzco al legtimo sucesor de la corona [espaola]121.

    El proyecto de monarqua incaica fue aprobado en el plenario del Congreso por aclamacin y por una mayora simple. Sin embargo, no alcanz los dos tercios de votos requeridos para que quedara vigente. Basta saber que los debates del Congreso tucumano, en particular lo relativo a la monarqua incaica y proyecto ms ambicioso de crear el Imperio de la Amrica del Sur, el Brasil incluido, fueron seguidos por el ministro britnico en Ro de Janeiro, Henry Chamberlain, quien los report puntualmente al Secretario de Foreign Office, Vizconde de Castlereagh122, muy seguramente el ltimo poltico ingls en conocer el Plan de gobierno de Miranda.

    El inca propuesto por Belgrano era Juan Bautista Tupac Amaru, medio hermano menor de Jos Gabriel Condorcanqui Tupac Amaru, quien haba comandado la gran revuelta indgena peruana de 1780 que tan presente estuvo en la mente reivindicativa de Miranda. Despus de 38 aos de presidio en Cdiz y Ceuta, en 1813 Juan Bautista haba sido liberado gracias a un decreto de amnista de las Cortes de Cdiz, habindose trasladado dicho ao a Buenos Aires en donde se dice entabl amistad con el citado Belgrano, San Martn y Gemes123. Seis aos despus, cuando ya nadie en el Ro de la Plata haba vuelto hablar de la restauracin del incariato, un decreto del 24 de octubre de 1822, firmado por Bernardino Rivadavia entonces secretario de gobierno y encargado de RR.EE. de la provincia de Buenos Aires, otorg finalmente la pensin y proteccin que Juan Bautista haba solicitado aos atrs, gracias a la cual pudo escribir sus memorias que aparecieron publicadas en 1824 en dicha capital124. El ltimo sucesor de la dinasta incaica muri cinco aos ms

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    tarde 2 de setiembre de 1827- y sus restos reposan en el cementerio de La Recoleta de Buenos Aires.

    Nueva Espaa Ms de all de recordar que el nombre [de los Incas era] venerable en el pas125, el Precursor no fue suficientemente explcito en cuanto a los motivos que lo llevaron a proponer la restauracin dinstica de los Incas como vrtice superior de su proyecto poltico para todo el continente Amrico-Colombiano. Pero todava aparece menos claro si al momento de convocar a dicho trono a los herederos de los Incas, Miranda estuvo consciente que por fuerza reduca su proyecto Colombiano al mbito sudamericano, en verdad al espacio que una vez abarcara dicho imperio pre hispnico. Lo anterior, por cuanto a pocos ayer y hoy escapara la dificultad que existira de querer implantar tal dinasta incaica en el cono norte suramericano y ms an entre los pueblos meso americanos Mayas y Aztecas, en particular, poseedores de una herencia precolombina igualmente viva y dominante; cosa que pareca menos factible respecto de los pueblos semi nmadas del entonces vastsimo extremo norte novo hispano. Lo anterior, no obsta para que se hubieren dado en el extremo Norte hispanoamericano propuestas polticas pos coloniales tendientes a restaurar alguna de tales dinastas originarias en trminos afines a los concebidos por Miranda. En principio, alguno de dichos planes se dieron en la Nueva Espaa durante la segunda mitad del siglo XVIII. En septiembre de 1761, cuando el Precursor terminaba sus estudios de primaria, Jacinto Uc de los Santos, entonces de 30 aos, luego de varias peregrinaciones de tipo mesinico y haber alcanzado ascendencia entre los principales de las comunidades mayas del Sur-Este de la Nueva Espaa, fue proclamado como Can Ek126, Rey Moctezuma, el nuevo emperador prometido en el Chilar Balam que un da volvera del distante Oriente para reinar por siempre. La ceremonia tuvo lugar en el pueblo de Cisteil, Yucatn, y la misma dara inicio al nuevo ciclo histrico que marcara el final de la dominacin espaola. Uno de los primeros actos del rey Canek fue la abolicin del tributo y los repartimientos indgenas. Para consolidar el nuevo ciclo histrico que con l comenzaba, Canek dispuso que las mujeres espaolas fueran obligadas a casarse con los indios siendo l quien primero elegira una esposa blanca. A su vez, Canek asumi el mando superior poltico, militar y religioso del nuevo

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    imperio maya, portando en la cabeza la corona de nuestra seora de la iglesia de Cisteil. La rebelda pronto se convirti en un cruento y despiadado enfrentamiento con las tropas reales. Dos meses despus, un numeroso ejrcito de indios mal armados y sin mayor entrenamiento militar sucumbi prontamente. Canek fue condenado a morir atenaceado y cremado [debiendo ser] esparcidas al viento sus cenizas. Ocho cabecillas mayas fueron ahorcados y descuartizados y sus cabezas y manos exhibidas pblicamente como escarnio entre las comunidades mayas involucradas en tal revuelta. En el proceso sumario que le juzg apareci que antes de iniciar su rebelin, Canek haba deambulado por Belice habiendo sido transportado en un navo ingls hasta Yucatn para dar comienzo a su plan neo imperial127. As pues, Jacinto Uc y sus huestes mayas se haban anticipado nueve aos a la rebelin que con motivos y propsitos casi idnticos habra de encabezar en el altiplano peruano el inca Condorcanqui con el objeto de restaurar el Tuhwantysuwu incaico. Dicha sublevacin y la todava ms cruel represin, estuvo reiteradamente presente en la mente de Miranda. A su vez, en agosto de 1766, cuando el Precursor, con algo ms de 16 aos iniciaba sus cursos en la Universidad de Caracas, pasados 4 aos despus de la toma de La Habana por Gran Bretaa, se devel en Madrid un supuesto plan para independizar a la Nueva Espaa con el auxilio de Inglaterra. Dicha trama haba sido ideada por un par de nobles criollos de la provincia de Puebla quienes en Madrid haban armado dicha conjura revolucionaria. Descartada la ereccin de una monarqua en el inmenso territorio novo hispano, se creara la republica de Mxico cuya independencia y soberana seran reconocidas por Inglaterra, quedando excluidos los Pueblos de Orizaba, Jalapa, Crdoba, y Pases dependientes hasta Veracruz que seran convertidos en un ducado hereditario bajo el nombre de Orizaba y los que sera otorgado al principal de los proponentes. Este Estado sera igualmente protegido militarmente por Inglaterra. Por su apoyo y alianza, esta recibira a perpetuidad las plazas de Veracruz y la fortaleza de San Juan de Ula, adems de la exclusividad del comercio con la nueva repblica128. Dicho plan no pas de ser una mera tentativa. En 1785, justo cuando Miranda desembarcaba en Londres por primera vez, Francisco de Mendiola fue enviado a la capital inglesa con la encomienda secreta de solicitar a SMB, Jorge III, la valiosa ayuda de Inglaterra para independizar el virreinato de la monarqua espaola. No consta que Miranda haya sido luego informado por Pitt de dicho pedido, si en algn momento est

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    lleg a sus manos129. No obstante, en 1790, instalado en Londres luego de su periplo europeo, al inicio de sus plticas con Pitt, Miranda manifest a ste saber que desde 1773 Nueva Espaa gestionaba su independencia con Inglaterra130. En los das siguientes, para apoyar sus gestiones ante el gobierno britnico, Miranda manifest a Pitt que actuaba como agente principal de las Colonias Hispanoamericanas segn nombramiento efectuado por una Junta de Diputados, varios de ellos originarios de Mxico131. No consta que uno de dichos diputados fuera el renegado cannigo novo hispano, Francisco Vives, quien para tales fechas y desde Pars testimoni haberlo conocido en La Habana en 1882, precisamente en casa del capitn Cagigal. Diez aos despus, a finales de 1792, comunic a la capital mexicana los xitos militares y polticos del Precursor anunciando que despus de la guerra le darn el gobierno de Santo Domingo, pues est lleno de victorias, manda una armada y todo lo vence132. Casi dos meses despus, luego de afirmar que Miranda se llamaba Jos y no Francisco, ratific que era caraqueo, del pas del buen chocolate [el que ] se lo hace beber bien caliente a los prusianos e imperiales refirindose a su accin heroica en Valmy, donde dijo haba tomado 200 prisioneros prusianos133. Por ser caraqueo y criollo Miranda era desinteresado; gasta todos sus sueldos en la mesa y en ella tiene desde el tambor[ilero] hasta el general a sus rdenes, uno de cada clase diariamente. Como si fuera poco, comunic que en la sesin de la Asamblea del 18 de de febrero de 1793 haba obtenido muchos votos para ser designado Ministro de Marina corriendo el rumor que de vacar el Ministerio de la Guerra se lo daran a Miranda134 No parecen haber existido otros eventos que vinculen especficamente a Miranda con la Nueva Espaa, al menos hasta mediados de 1809, cuando ya para entonces, el ms rico, poblado y extenso dominio espaol americano se haba anticipado al resto del continente en su carrera independentista135.

    Curiosamente, el 1 de enero de 1801, cuando Miranda vctima del acoso de los sabuesos de Focuh se haban visto forzado a encerrarse en su domicilio parisino del 1497 de la Rue Saint Honor, un indio colotleco, Juan Hilario Rubio, convoc desde Tepic a los pueblos indgenas nayaritas y jaliscienses del centro occidental novo hispano con el objeto de aclamar a Mariano, el Rey Indio, portador de la mscara de oro, hijo del gobernador de Tlaxcalilla y quien en Espaa haba recibido de Carlos IV la corona de las Indias. De peregrino y usando mil disfraces, Mariano haba obtenido la anuencia y socorros de todos los indios para coronarse rey de las Indias y recuperar sus

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    tierras. La sea clave del evento sera la colocacin en la plaza principal de Tepic de una bandera roja con la imagen de la virgen de Guadalupe que servira de estandarte de la rebelin. En dicha ceremonia, Mariano sera ungido con la corona de espinas del muy venerado Cristo de la iglesia de Tepic.

    Aunque la conjura india fue descubierta dos das despus de la aludida convocatoria, las autoridades y tropas virreinales tardaron casi dos aos en extinguirla del todo, estimndose que no menos de siete mil indgenas se haban movilizado en mltiples partidas, rsticamente armados, siempre dispersos y psimamente conducidos136. Trescientos de ellos fueron hechos presos y enjuiciados.

    En la pesquisa que instruy la conjura aparecieron involucrados cinco influyentes personajes, varios de ellos de la capital virreinal, entre estos el conde de San Lorenzo. Los mismos haban contado con el conocimiento y apoyo de los ingleses, dos de cuyas naves haban sido avistadas a finales de diciembre de 1800 cercanas a las costas del Pacfico central novo hispano.

    Lo cierto es el rey Mariano nunca apareci. Durante los diez aos siguientes, aunque bajo otros nombres, deambularon por la regin varios reyes indios. Todos dijeron tener el mismo mandato y poseer el apoyo de ingleses y franceses. En 1810, varios cabecillas indgenas presos aseguraron que el rey Mariano marchaba en una calesa negra detrs del cura Hidalgo ordenando la movilizacin de los pueblos indgenas conforme se lo haba ordenado el mismo rey de Espaa con el propsito de asesinar al virrey y todos los gachupines para luego repartir sus bienes entre los pobres.

    Cuatro aos ms tarde, a comienzos de enero de 1805, cuando en vano Miranda apremiaba a William Pitt una decisin favorable para sus planes expedicionarios y se preparaba a actuar por su cuenta, Antoine Franois de Bertrand-Moleville quien haba sido ministro de la marina real francesa durante Luis XVI y tras la revolucin se haba refugiado en Londres, dirigi al vizconde Melville, primer lord del Almirantazgo, un pormenorizado plan para formar varas monarquas independientes en la Amrica espaola137. En realidad se trataba de armar una expedicin de 15 mil hombres, parte de ellos reclutables en Hait entre los negros de Dessalines los ya recordados Incas haitianos los que con suficiente soporte naval y el financiamiento requerido,

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    caeran sobre las costas orientales de Mxico. El mando de dicha invasin ira el Duque de Orlens quien sera designado monarca de la Nueva Espaa independiente. Todo indica que muy a continuacin fue el mismo Duque de Orleans quien se ofreci directamente para comandar la expedicin que debera entronizar una monarqua en Mxico bajo el auspicio y proteccin de Gran Bretaa138. Lord Castlereagh, entonces Secretario de Guerra y Colonias, en su famoso Memorando al gabinete sobre Sur Amrica, propuso que los generales Miranda y Dumouriez por entonces exilado e igualmente asesor del gobierno britnico deberan mandar las tropas del caso 139 . Fue precisamente este eterno enemigo del Precursor quien a continuacin remiti varias y reiterativas memorias al gobierno britnico apoyando la ereccin de dicho trono en Nueva Espaa. En las ltimos de ellas, el Duque de rleans y su trono en Mxico, constituan la mejor opcin que tena Gran Bretaa para recuperar su maltrecha imagen en Hispanoamrica luego de las desafortunadas invasiones de Buenos Aires y en especial despus de la insensata expedicin del aventurero, republicano, demcrata y jacobino General Miranda sobre Caracas140. A fines de 1809, cuando las tropas al mando del General Arthur Wellesley a quien Miranda se haba negado a acompaar empezaban a derrotar los ejrcitos napolenicos en la Pennsula Ibrica, llegaron a Londres varios miembros de la toda poderosa familia minera de los Fagoaga, encabezados por quien ostentaba el ttulo de segundo marqus del Apartado, Jos Francisco Fagoaga y Villaurrutia141. Luego de conocerse el encargo especial que los haba llevado a la capital inglesa, el arribo de los Fagoaga fue comunicado a Miranda por dos de sus allegados, Manuel Corts de Campomanes y Jos Mara Antepara142.

    Es de sobra conocido el mecenazgo de los Fagoaga a la causa y proyectos de Miranda durante sus ltimos aos en Inglaterra. Gracias a su patrocinio, se conform el notable grupo editorial que dio vida a los cinco nmeros quincenales que alcanzaron a salir de El Colombiano, que en lo que tocante a Nueva Espaa logr a tener una selecta lista de destinatarios 143 llegando incluso a ser prohibida su circulacin por el virrey Vanegas144. Muchos de sus lectores se veran involucrados en los sucesos de 1810 y aos siguientes.

    Se afirma, igualmente, que los Fagoaga financiaron tambin la recirculacin de la correspondencia e instrucciones emancipadoras que para combatir la acechanza napolenica y bajo pretexto de conservar la soberana de Fernando VII tal cual era entonces la poltica del gabinete de St James Miranda haba

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    enviado desde fines de julio 1808 a los cabildos de Caracas y Buenos Aires para que desde all pasaran a Bogot, Quito, Lima y Santiago de Chile, hacindose lo mismo con Mxico y La Habana145.

    De igual forma, se asegura que los Fagoaga patrocinaron una nueva edicin esta vez respalda por Antepara del manuscrito de la Carta a los espaoles americanos de Juan Pablo Viscardo. Tambin con el apoyo de los Fagoaga, a