n°127 septembre 2007 - infociments.fr · temps ordinaire des représentations théâtrales,des...
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DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Anne Bernard-Gély • DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : François L’Huillier • CONSEILLER TECHNIQUE : Serge Horvath • CONCEPTION, RÉDACTION ET RÉALISATION :– 41, rue Greneta – 75002 Paris • RÉDACTEUR EN CHEF : Norbert Laurent • RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : Maryse Mondain • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Philippe François •
MAQUETTISTE : Sylvie Conchon • DESSINS TECHNIQUES ET PLANS : Xano • Pour tout renseignement concernant la rédaction, tél. : 0153007413 • La revue Construction moderne est consultable surwww.infociments.fr • Pour les abonnements, envoyer un fax au 01 55 23 01 10 ou un e-mail à [email protected] •
éditorialLa 8e session du concours “Bétons,matière d'architecture”organisé par Cimbéton a tenu toutes ses promesses. Lesélèves des écoles d’architecture et des écoles d’ingénieursont fait preuve d’imagination, de créativité et d’audace.Le travail entre élèves architectes et ingénieurs continue de sedévelopper et de porter ses fruits. Les candidats témoignentde leur souci d’intégrer la démarche HQE® dans leurs projetset d’inscrire le développement durable comme une prioritédans leur pratique de concepteurs. La cérémonie de remisedes prix s’est déroulée au siège de l’Unesco, dessiné dans lesannées 50 par trois grands noms: l’architecte américainMarcel Breuer, l’ingénieur italien Pier Luigi Nervi et l’architectefrançais Bernard Zehrfuss.Cet édifice emblématique del’architecture en béton de l’époque est entré dans lepatrimoine architectural du XXe siècle.C’est là, dans la grandesalle de l’Unesco, remarquable par ses voûtes en bétonuniques, qu’a eu lieu la proclamation des résultats.Un beausymbole du lien qui se tisse entre les générations à travers la passion partagée de l’architecture et du béton.
FRANÇOIS L’HUILLIER
Directeur de la rédaction
7, place de la Défense • 92974 Paris-la-Défense CedexTé l . : 01 55 23 01 00 • Fax : 01 55 23 01 10
• E-mail : [email protected] •• internet : www.infociments.fr •
>> CouvertureGroupe scolaire Les Alizés,à Bailly-Romainvilliers (77), de l’atelierMarjolijn et Pierre Boudry.Photo : Jean-Michel Landecy
Sommaire n°127
>> PAGE 01> Créhange – Médiathèqueet centre culturel – Architecte : Maxime Busato
>> PAGE 23 > Palaiseau – École polytechnique Architectes : Agence Canale 3
>> PAGE 06 > Saint-Nazaire – LogementsArchitectes : Philippe Vion et Philtre
>> PAGE 26 > Avignon – INRAArchitectes : Serge Leclair
& Jean-Bernard Bethgnies
>> PAGE 29 > Île-de-France – ÉcolesArchitectes : Marjolijn & Pierre Boudry
>> PAGE 10 > Juvignac – Hôtel de villeArchitecte : Pierre Tourre
>> PAGE 15 > Bâtiments tertiaires,zones d’activité et démarche HQE®
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Transparenceet simplicité géométrique>>> Signé Maxime Busato, le nouveau bâtiment qui abrite la médiathèque et le centre culturel
et social de Créhange, en Moselle, est un volume compact de forme simple, façonné par un enchaînement
de parois verticales et horizontales en béton recouvertes d’un enduit blanc. Ce volume émerge d’un
socle de pierre surmonté d’un espace transparent très largement vitré qui le fait paraître en
“lévitation”. La qualité des espaces intérieurs témoigne de l’attention accordée par l’architecte aux
gestes du quotidien, agrémentés qui d’une belle lumière, qui d’une vue, qui d’une sensation inédite.
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L e réaménagement du centre-ville etde son artère principale, la rue de
Metz, la rénovation complète de la placede l’Hôtel-de-Ville, la réouverture dans denouveaux locaux du centre médico-socialdu conseil général, participent de lavolonté de la municipalité de Créhangede renforcer l’attractivité de la communeet la qualité du cadre de vie offert auxcitoyens. Inauguré en 2006 et baptiséCréanto, le nouveau bâtiment abritant lamédiathèque ainsi que le centre culturelet social joue un rôle majeur dans cettepolitique de mise en valeur du centre-ville.Il est un pôle essentiel de la vie culturelleet sociale locale.
Une architecture moderne qui se fond dans l’existant
Cet équipement culturel et citoyens’élève le long de la rue de Metz, entreles rues de Bretagne au nord et du Poi-tou au sud. Il dégage un parvis sur la ruede Metz, qui sera traité en espace végé-talisé dans le cadre du réaménagementdu centre-ville en cours de réalisation.Conçu par Maxime Busato, l’édificeaffiche une architecture contemporainequi exprime sa modernité et son identitétout en s’inscrivant, par sa volumétrie,
son épannelage et son échelle, dans lecontexte bâti existant. Par sa présence,par sa personnalité, il marque d’uneprofonde empreinte l’image urbaine dela commune.La médiathèque comprend une sectionadultes et adolescents ainsi qu’une sec-tion enfants, assortie d’une salle pourl’heure du conte, réunies dans un mêmevolume. S’y ajoutent les bureaux de l’ad-ministration, les salles de réunion et dupersonnel, un atelier et les réserves. Unebibliothèque-relais complète le pro-gramme. Le centre culturel et social secompose des bureaux de l’administra-tion, de différentes salles de réunions etd’activités destinées aux associations(informatique, atelier bois, etc.), d’unesalle de danse avec vestiaires et sani-taires et d’une salle de spectacles poly-valente. D’une capacité de 400 placesassises, équipée de gradins escamo-tables et d’une scène démontable quipermettent de la transformer en vued’accueillir des réceptions, des ban-quets, des expositions, elle abrite entemps ordinaire des représentationsthéâtrales, des concerts, etc.À l’angle des rues de Metz et du Poitouse dressent les deux façades urbaines dubâtiment qui se perçoit comme un édi-
fice unitaire regroupant dans une mêmeenveloppe blanche le centre culturel et lamédiathèque. L’un et l’autre sont unisdans un même volume compact deforme simple, façonné par l’enchaîne-ment des parois verticales et horizon-
tales en béton recouvertes d’un enduitblanc, dont le dessin et la compositiondégagent de généreuses ouvertures etde grandes transparences. Le volumeblanc qui émerge d’un socle de pierreparaît en lévitation au-dessus d’un
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rue de Bretagne
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>>> Plan de masseEntrée principale Médiathèque2
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espace transparent très largement vitré.Le socle de pierre permet de gérer la dif-férence de niveau d’environ un étage quisépare la limite haute du terrain, aunord, et sa limite basse, au sud. Revêtud’une lave de Bourgogne de teinte rougequi fait écho à la couleur dominante desconstructions environnantes, il donneson assise au bâtiment et souligne soncaractère d’équipement public au cœurdu paysage urbain.
Figure en équerre
Le projet s’inscrit dans une figure enéquerre et dégage un petit jardin inté-rieur au cœur de la parcelle. Le centreculturel et social occupe la branche sudlongeant la rue du Poitou, tandis que lamédiathèque prend place dans labranche ouest qui borde la rue de Metz.Surmontée de trois canons à lumièretronconiques, une grande poutre enbéton habillée de lave de Bourgognecaractérise la façade sur la rue de Metz.Événements atypiques dans le volume
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général ciselé par le jeu aérien des plansde béton verticaux et horizontaux, cestraits signalent la présence de la média-thèque dans l’espace urbain. Entre lesocle et l’étage, la transparence totaledu rez-de-chaussée ouvre la média-thèque sur la ville qui apparaît ainsicomme un équipement accessible àtous. La façade sur la rue du Poitou se litcomme un grand voile blanc franchis-sant le socle. La présence d’une longuebaie vitrée au premier étage renforce lasensation de volume suspendu au-des-sus du socle. L’ensemble ainsi composémet en scène et affirme la présence ducentre culturel et social.Derrière cette façade à la géométriesimple, équilibrée et affirmée, s’organi-sent tous les espaces du centre, très diffé-rents par leur nature, leur fonction et leurtaille. À l’arrière, les façades des deuxéquipements sont largement ouvertessur le jardin d’agrément aménagé aucœur de la parcelle. Orientée à l’est, cellede la médiathèque se compose d’unerésille structurelle en béton gris brut,
constituée d’éléments verticaux et hori-zontaux larges de 80cm. Dans ce cadrede béton sont enchâssées des alvéoles enlave de Bourgogne et sont serties desbaies vitrées posées à différents nus. Cetravail sur la façade épaisse nourrit un jeud’ombre et de lumière et crée une anima-tion par le rythme des modénatures etdes matières. Il permet aussi d’aménagerà l’intérieur des alcôves des niches, desrangements. Le cadre de béton se pour-suit à l’intérieur du bâtiment, dans legrand hall d’entrée.
Deux rez-de-chaussée pour un bâtiment double
Du fait de la pente naturelle du terrain, lebâtiment possède un rez-de-chausséebas, celui du centre culturel de plain-piedavec la rue du Poitou, et un rez-de-chaussée haut, correspondant à l’accueilde la médiathèque et situé en balcon surle parvis et la rue de Metz. Depuis la par-tie haute du site, le socle supporte unecirculation extérieure qui permet de
rejoindre l’entrée de la médiathèque.L’usager bénéficie ainsi d’une prome-nade à l’air libre où il peut profiter de lavue sur la vie à l’intérieur de la média-thèque, ou jouir des panoramas sur lepaysage urbain alentour. À l’angle avecla rue du Poitou, le socle se termine parun escalier extérieur qui met en relationces deux niveaux de référence du projet.Le socle s’interrompt ici sur quelquesmètres, signalant l’entrée principale dede l’édifice.Plus loin, il se poursuit le longde la rue du Poitou et dessine trois boîtesde pierre abritant les bureaux du centreculturel et social, ainsi que les loges et lacuisine desservant la salle polyvalente.Le hall d’entrée est un généreux espacetriple hauteur, ouvert et lumineux. Foyerspatial du projet et véritable lieu de ren-contre, il offre un jeu de vues et de pers-pectives entre les deux entités, maisaussi sur le jardin intérieur et l’espaceurbain. Tout un ensemble de circula-tions, de passerelles et d’escaliers par-courent ce hall et mettent en relation,autour de son vide central, les trois
>>> L’édifice affiche une architecture contemporaine qui exprime sonstatut d’équipement public dans le paysage urbain. Trois canons à lumière et une grande poutre en béton revêtue de pierre signalent la présence de lamédiathèque. La transparence du rez-de-chaussée haut ouvre lamédithèque sur la ville. À l’angle de la rue du Poitou, un escalier met enrelation les deux niveaux de référence du projet.
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niveaux du centre culturel et social ainsique les deux programmes. Une fois laporte d’entrée franchie, le visiteurdécouvre à sa droite la résille structu-relle en béton de la façade est, prolon-gée à l’intérieur du bâtiment et peinteen blanc. Intégrant le comptoir d’accueilet une composition de boîtes rouges,elle devient en quelque sorte la façadeintérieure du centre culturel et social
dans le hall. En face, le volume arrondide l’heure du conte en porte-à-fauxattire l’œil vers la médiathèque, dont onpeut voir différents espaces à travers desparois vitrées ouvertes sur le hall. Enangle, une faille vitrée permet un regardfurtif sur le jardin intérieur. Enfin, sur sagauche, l’usager découvre l’escalier etl’ascenseur qu’il peut emprunter pourrejoindre la médiathèque ou atteindre
les étages du centre culturel et social.Pour ce dernier, le volume de la salle despectacle occupe l’essentiel du rez-de-chaussée et du premier niveau. Lessalles de réunion, de danse et d’activitéprennent place au dernier étage.Dans la continuité de l’escalier extérieur,la zone d’accueil de la médiathèque s’af-fiche en vitrine sur la rue de Metz. Lagrande poutre en béton habillée de
pierre de la façade principale se pro-longe à l’intérieur et marque le lieu de saprésence. Franchissant sans point por-teur intermédiaire toute la longueur dela médiathèque, elle souligne, comme unportique symbolique, le passage entrel’accueil et les salles de la médiathèque.La section enfants s’organise dans unespace double hauteur au rez-de-chaus-sée haut et au rez-de-chaussée bas du
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>>> Coupe BB longitudinale sur la médiathèque
>>> Coupe AA longitudinale sur la salle de spectacles
Hall RDC bas
Espace adultes et adolescents
Espace enfants
Espace enfants
Gradins espace enfants
Espace adultes et adolescents Salle de danse
Hall RDC bas Salle polyvalenteHall RDC haut
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B
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projet. Ces deux niveaux sont reliés parun large escalier. Bien plus qu’une simplecirculation, cet escalier est dessiné pouroffrir des gradins sur lesquels des empla-cements sont aménagés en vue de per-mettre aux enfants de s’installer libre-ment, le temps de feuilleter un ouvrageou de lire une bande dessinée. Le jeu surla simple ou la double hauteur, combinéavec des espaces plus fermés et d’autresplus ouverts, offre, dans cette section,une appréciable diversité de lieux etd’ambiances.
Volumes en creux
Le traitement de la façade épaisse à l’in-térieur de la médiathèque permet decréer des niches, des rangements, desalvéoles qui participent à cette diversité.Il en va de même pour les vues en pro-fondeur, en plongée ou en contre-plon-gée sur la médiathèque elle-même, sur lehall et sur le reste du bâtiment, ouencore sur le paysage environnant. À lafois en porte-à-faux sur le hall principal
et sur la médiathèque, le volume courbede l’heure du conte crée un événementludique dans le bâtiment. Ce volumeparticulier, développé sur la base d’unplan ovale, abrite une véritable salle despectacles à l’échelle des jeunes enfants.Le niveau bas de la section enfantsdonne sur le jardin, dont on peut profiteraux beaux jours en ouvrant les baiesvitrées. En relation avec le jardin et pro-longeant à l’extérieur le dessin du grandescalier intérieur, on trouve une série degradins en béton brut qui font comme unpetit amphithéâtre de plein air. La sec-tion adultes et adolescents prend place àl’étage supérieur. Une rampe relie tousles niveaux de la médiathèque, telle unlien symbolique entre les générations.Elle offre le plaisir d’une promenade endouceur pour passer d’un lieu à un autre.Amenée par les trois canons à lumière enbéton blanc, la lumière naturelle glisse lelong de la rampe. Il s’en dégage uneambiance harmonieuse et sereinecomme il sied d’en trouver au sein d’unemédiathèque.
L’ensemble du projet est construit enbéton coulé en place. L’écriture architec-turale décline des effets de porte-à-fauxou de suspension a priori audacieux. Lesgrandes parois verticales et les dalleshorizontales qui semblent franchir degrandes portées sont en fait reprises pardes poteaux intermédiaires en bétoncoulés dans des tubes métalliques defaible section, placés derrière les menui-series des grandes baies vitrées. En don-nant l’impression d’appartenir auxmenuiseries des baies, les éléments por-teurs sont ainsi camouflés, renforçantl’effet recherché. Les toitures-terrassessont végétalisées, choix qui participe auconfort visuel des utilisateurs ou des rive-rains, qui ont des vues directes sur cer-taines de ces terrasses.
Insertion harmonieuse
Tout en exprimant une architecturecontemporaine et une identité forte, leprojet conçu par Maxime Busato estattentif au rapport harmonieux avec lesbâtiments voisins et s’inscrit sans rupturedans le tissu existant. L’agencement, ledessin et la qualité des espaces intérieurstémoignent d’une attention constanteportée par l’architecte aux gestes du
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>>> Le volume général en béton recouvert d’un enduit blanc semble en lévitation sur le socle. Dans la résille structurelle en béton brut sont enchâssées des alvéoles revêtues de lave de Bourgogne et sont serties desbaies vitrées posées à différents nus. Le hall d’entrée est un généreuxespace ouvert et lumineux. Vue sur les espaces de la médiathèque depuis le hall principal.
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Maître d’ouvrage :ville de Créhange
Maître d’œuvre :Maxime Busato, architecte Rolf Matz et Emmanuelle
Fortin, architectes assistants
BET structure :Trigo
Entreprise de gros œuvre :Cristini
SHON :3 657 m2
Coût :
4,43 M€ HT(hors mobilier spécifique et sièges médiathèque)
quotidien, qu’agrémentent une bellelumière, une vue ou une sensationinédite. Le plaisir de vivre l’architectureest ici offert à tous. ❚
TEXTE:NORBERT LAURENT
PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS
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r é a l i s a t i o n Saint-Nazaire (44) – Logements
Des loisde l’équilibre urbain>>> Implantée à proximité des imposants chantiers navals de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique,
une petite opération de quinze logements vient structurer et densifier le quartier ouvrier de Méan.
Réalisé par Philippe Vion et Philtre, architectes, l’ensemble se distingue par son écriture contemporaine.
Construit en béton et protégé par une laque naturelle, ce groupe d’habitations durables et
confortables exprime sa modernité au travers d’une architecture soignée,
multipliant volumes et détails en béton coulé en place.
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S aint-Nazaire. La dernière ville del’estuaire de la Loire avant l’océan,
reconstruite après guerre, affiche uneimage plurielle : industrieuse avec sesquartiers de logements populaires, bal-néaire avec son front de mer. Le toutdans la plus pure tradition modernisteque tempère une nonchalance provin-ciale immortalisée par Jacques Tati dansLes Vacances de M.Hulot.
Béton-patrimoine
Alignés sur une trame orthogonale, lesimmeubles organisent une successiond’espaces publics pensés pour unecohabitation réussie entre piétons etvéhicules automobiles. Des édificespublics, bâtiments “signaux”, ponctuentle dessin de l’urbaniste Noël Le Mares-quier. Ces réalisations, où le béton a lapart belle, constituent autant de piècescontemporaines qui, à n’en pas douter,s’inscriront au patrimoine architecturaldu XXe siècle.
Tournée vers son port, la ville est marquéepar l’empreinte des chantiers navals qui lafont vivre. Dans cet univers où se mêlentles signes de l’industrie – emprises ferro-viaires, réservoirs d’hydrocarbures, ate-liers de montage et ponts roulants –, lesbassins à flot abritent les plus grandsnavires du monde. Pétroliers, cargos,mais aussi paquebots géants, sourced’inspiration privilégiée des architectesmodernes,ont été construits ici.Tout contre cette “ville flottante” se sontdéveloppés les quartiers ouvriers deMéan. Un contexte urbain hétéroclite,composé de petits immeubles et de mai-sons en bande, ponctué de commerces,d’équipements de proximité, d’hôtelsmeublés et d’agences d’intérim quitémoignent du caractère populaire,vivant et spontané de ces quartiers.C’est au détour de l’un de ces îlots demaisons blanches que Philippe Vion aconstruit un ensemble de logementssociaux à l’écriture moderne et soignée.Le terrain, de 1390 m2, est situé au bout
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>>> Quinze logements sociaux, du T2 au T5, organisés dans une architecturecubique, opèrent une greffe urbaine au sein d’un quartier populaire de la périphériede Saint-Nazaire. Les volumes s’agencent les uns par rapport aux autres en ménageant des vides entre lesquels sont disposés les circulations et les espacesde transition.
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d’un îlot, à proximité du port du Brivet.Un modeste port de bateaux d’agré-ment, aménagé dans les méandres de cebras de rivière qui, partant de l’estuairede la Loire, alimente les marais deGrande Brière.
Un nécessaire travail de couture urbaine
Le maître d’ouvrage, l’OPAC Silène de laville de Saint-Nazaire, insistait, dans lesattendus de la consultation de maîtred’œuvre, sur la greffe urbaine et la cou-ture à réaliser entre cette opération de 1 630 m2 de SHOB et l’existant mitoyen.Il s’agissait “de créer une proximitéentre les habitants tout en préservantleur intimité, de leur donner des espacesextérieurs tout en limitant la charge fon-cière”, explique Philippe Vion, archi-tecte. Et de construire 15 logementssociaux, du T2 au T5, sans déstabiliserl’équilibre fragile de ce quartier ouvertsur le port, à deux pas de la rivière.
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sur l’arrière se développe la figure plusdiscrète des logements en bande. Cesderniers composent un ensemble longi-ligne ponctué par une suite de retraits etde redents qui individualisent les diffé-rentes habitations. À y regarder de plusprès, les logements semi-individuels sontregroupés par trois dans des villasurbaines accolées, tandis que l’extrémitéde la pièce urbaine est tenue par unindividuel “pur”. La fragmentation duvolume est accusée par les escaliersextérieurs qui desservent les apparte-ments des premiers niveaux. Leurimplantation en recul de la rue évite lesombres portées sur les constructionslimitrophes et crée un espace de station-nement planté de tilleuls.
Studios,appartements,duplex
L’organisation intérieure des édifices, à lafois complexe et parfaitement ration-nelle, se lit sur leurs façades. Les loge-ments présentent une grande variété deconfigurations tant dans leurs surfacesque dans leur aménagement. Ils s’agen-cent suivant une combinatoire alternantstudios, appartements et duplex. Leurimbrication en coupe et en plan permetde développer des séjours double hau-
Dressée sur un terrain d’angle, l’opéra-tion articule deux typologies deconstructions. Sur la rue de Trignac, quiregroupe les commerces, un petitimmeuble de deux niveaux sur rez-de-chaussée prolonge le gabarit urbain. Du
côté de la rue du Pas-Nicolas, c’est unensemble de maisons en bandes imbri-quées qui fait face au tissu pavillonnaire.Les deux bâtiments trouvent leur cohé-rence dans leur implantation en T et dansleur écriture architecturale. Entièrement
en béton, les logements s’organisentdans une architecture cubique à la foissimple et complexe. Les volumes s’agen-cent les uns par rapport aux autres enménageant des vides entre lesquels sontdisposés les circulations et les espacesde transition entre l’intérieur et l’exté-rieur. Les ouvertures sont traitées de lamanière la plus simple qui soit, par despercements géométriques.
Deux blocs reliés par un vide couvert
L’immeuble sur rue propose cinq loge-ments semi-collectifs. Il distingue deuxblocs reliés entre eux par un vide cou-vert dans lequel est organisé l’escalierextérieur qui dessert les appartements.Implantée sur l’alignement de la rue deTrignac, la première partie présente unefaçade aveugle, percée d’une uniqueet très large ouverture. Cette fenêtreurbaine ouvre l’opération sur la rue duPort-du-Brivet et permet des vues versl’intérieur de l’îlot. Le second volumemarque l’angle du quartier. Il est implantéen léger retrait par rapport à la rue, justeassez pour permettre la plantation d’unarbre de haute tige. Son expressionmonolithique affirme l’angle, tandis que
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>>> Plan du rez-de-chaussée et de l’étage. L’imbrication des logements en coupe et en plan permet de développer une combinatoire alternant studios,appartements et duplex.
Rez-de-chaussée
1er étage
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teur (3,50 m sous plafond) mais aussides différences de niveau de quelquesmarches entre les différentes pièces d’unmême logement. Marque de caractère,ces changements de niveau s’accompa-gnent d’accès individualisés aménagésdirectement depuis la rue ou au traversde circulations verticales extérieures.Tous les séjours, associés à une cuisineaméricaine, sont traversants. Ils ouvrentsur le cœur d’îlot par une grande baievitrée donnant sur une terrasse ou unjardin. Tous les logements possèdent uncellier donnant à proximité des espacesde stationnement. Cette multiplicationdes espaces annexes apporte unegrande satisfaction aux habitants qui,au-delà de la qualité spatiale de l’en-semble, trouvent de grandes qualitésd’usage à l’opération.L’ensemble de la construction est réaliséen béton banché. Le bon sol étant pro-fond, le recours à des fondations en puitsrapprochés a conduit le concepteur àopter pour un rythme serré de refendsséparatifs et une structure en voiles
béton sur longrines. Il s’est appuyé surcette disposition systématique des por-teurs pour imposer une réalisation entiè-rement coulée en place dans des moulesmétalliques. Alignés orthogonalementpar rapport aux façades, les voiles sou-tiennent des planchers en béton couléen place sur des prédalles.Les façades, exécutées dans le mêmetemps, sont également en béton ban-ché. Seuls les escaliers extérieurs indivi-duels, en acier galvanisé, sont dissimu-lés derrière des structures habillées debardages bois.
Le béton en vérité
L’édifice est peint en blanc avec unepeinture naturelle. “J’aime montrer lavérité de la mise en œuvre du béton sansopérer de ragréage ni de reprise, détaillel’architecte. La peinture brillante, unelaque à l’eau, met en valeur le relief etenrobe les aspérités. C’est souvent monchoix que d’utiliser le béton brut et lepeindre ‘grassement’ avec une laque
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>>> Sur l’arrière, des villas urbaines accolées composent un ensemblelongiligne. L’intégration des appuis de fenêtres et des volets roulants dansl’épaisseur du mur renforce la pureté du dessin. Les séjours traversantsouvrent sur le cœur d’îlot par une grande baie vitrée donnant sur une terrasse ouun jardin. La construction est réalisée en béton banché et peinte en blancavec une peinture naturelle brillante qui met en valeur le matériau.
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Maître d’ouvrage :OPAC Silène de la ville
de Saint-Nazaire
Maître d’œuvre :Philippe Vion, architecte, et
Philtre, architectes
BET :AEB et Fluides Ingénierie
Entreprise de gros œuvre :Guihéneuf et fils ;
Biadatti IBSE, ingénieur
Coût :
1,17 M€ TTC
sombre ou blanche.” Le recours systé-matique au béton a permis au concep-teur de traiter les détails avec soin, ensystématisant les solutions de mise enœuvre tant pour les auvents de protec-tion des entrées que pour les gardes-corps des terrasses ou le traitement desacrotères. C’est d’abord au niveau dutraitement des ouvertures que se révèlece soin apporté aux détails. Ces der-nières sont toutes dessinées comme desdécoupes carrées ou rectangulaires dansles parois de béton. L’apparente absenced’appui de fenêtre renforce la pureté etla simplicité du dessin, ne laissant trans-paraître que le percement du mur der-rière lequel sont dissimulés les châssis.Ces derniers sont en fait intégrés dansl’épaisseur des parois tout comme lesvolets roulants. La mise en œuvre de cedétail s’effectue lors du coulage desfaçades. Un mannequin en bois, intégrédans les banches, permet de réaliser unegorge de récupération des eaux auniveau de l’appui de fenêtre, les eauxétant évacuées par une petite gargouillemétallique centrale collée sur le bétonaprès démoulage.Sans nostalgie, les concepteurs ont ainsimis en œuvre une architecture contem-poraine qui intègre les problématiques
urbaines et participe à la continuité d’unquartier vernaculaire. Un bel exerciced’intégration à l’ombre des mégastruc-tures navales qui ont tant inspiré l’archi-tecture moderne. ❚
TEXTE:HERVÉ CIVIDINO
PHOTOS : HERVÉ ABBADIE
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r é a l i s a t i o n Juvignac (34) – Hôtel de ville
Prémicesd’une requalification urbaine>>> Le nouvel hôtel de ville de Juvignac, dans l’Hérault, s’inscrit dans un environnement urbain
inintéressant, constitué de zones pavillonnaires et d’une importante zone commerciale. La mission
dévolue à l’architecte Pierre Tourre était en fait de marquer le point de départ d’une nouvelle centralité
pour la ville. L’agence a donc privilégié la question de l’implantation et de l’affirmation
du bâtiment en tant qu’équipement public. Une démarche “HQE®”, souhaitée par les élus de la commune,
s’est également invitée dans le processus de conception architecturale.
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Concevoir un hôtel de ville au milieude rien… Disons plutôt au milieu
d’un environnement indéfini, dans unezone urbaine plus ou moins anarchique,sur une commune de huit mille habi-tants, située à quelques kilomètres deMontpellier.D’un côté, des séries de lotissementsassez récents – des “pavillons de ban-lieue” de style méditerranéen, certes –se sont propagés rapidement dans lesannées 90. De l’autre est implanté uncentre commercial important en surfaceet en volume : Les Portes du Soleil. Toutun programme…Un terrain libéré par une entreprise four-nit l’opportunité à la municipalité de seréinstaller plus largement, et dans unespace de la ville plus centralisé. La mai-rie occupait jusque-là une petite maisonà l’entrée de Juvignac, devenue trop exi-guë pour loger tous les services de lacommune, et plutôt mal placée étantdonné le développement urbain de labanlieue montpelliéraine.
La question s’est alors posée de savoircomment donner une ampleur à cebâtiment de 2000 m2 pour qu’il ne soitpas “écrasé” par le mastodonte voisin,doté d’immenses enseignes lumi-neuses et entouré de parkings et autresénormes panneaux d’affichage.
L’idée: intégrer les espacesextérieurs au bâtiment
L’idée de l’architecte Pierre Tourre, aidéde sa collaboratrice Bich Tran sur ce pro-jet, était qu’ils se devaient d’une manièreou d’une autre de déployer l’édifice, enconsidérant tout particulièrement lesespaces extérieurs comme faisant partieintégrante du bâtiment. Il fallait égale-ment jouer sur les volumes et lesniveaux, de façon à dilater au maximumson enveloppe.L’idée fut donc d’implanter la mairie aucentre du terrain pour créer un parvis quisoit le point de départ d’une nouvellecentralité urbaine, l’hôtel de ville étant
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>>> Vue de la place en béton lavé créée devant l’hôtel de ville, côté nord.Une “boîte” de béton habillé de pierre se glisse sous la dalle du premier niveau.
Les dalles débordantes en béton blanc des premier et second niveaux donnentune assise au bâtiment. Le bandeau vitré allège l’ensemble.
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>>> Plan de massePlaceHôtel de villePatio3
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1 Équipements culturels (en projet)Parkings5
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un lieu véritablement symbolique de lavie de la cité. Il s’agissait aussi de sedémarquer en tant qu’espace public, enopposition avec les locaux commerciauxet industriels environnants.
Vocation affirmée
En fait, les architectes n’ont pas souhaitéune intégration dans le site ou dans laville, mais plutôt une affirmation de lafonction de l’équipement au moyend’une conception architecturale singu-lière. Cette affirmation passait égale-ment par la création d’un espace public,ici une place, partie intégrante du projet.Au nord, côté entrée de la mairie, un par-vis en béton désactivé planté d’arbresest agrémenté de deux bassins peu pro-
fonds d’une dizaine de centimètres, trai-tés dans la continuité du sol (sans bor-dure ou muret) qui entourent le passaged’accès à la mairie. Ceux-ci forment desmiroirs qui servent à élargir l’espaceextérieur. De ce côté, des marches engradins rattrapent le dénivelé de la rue ;elles participent à la mise en valeur del’ensemble et à une sorte de mise enscène du bâtiment, due à l’effet de pro-gression qui en résulte.Ailleurs, tout autour, des jardinières encascade construites en béton blanc, desmurets, des petits voiles verticaux ouhorizontaux définissent les espaces exté-rieurs en les délimitant, notamment ausud, où ils circonscrivent le patio central.Ces murets sculptent le site pour mettreen relief les façades et former une jonc-
tion avec la ville. Ils forment des “lignes”blanches parallèles au sol qui répondentà celles – verticales – de l’édifice.
Une fonction pour chaque aile
Le bâtiment est assez simple. Il est conçuen forme de U autour d’un patio central,chaque aile abritant une fonction muni-cipale spécifique : au centre, le hall d’ac-cueil, à l’ouest, les bureaux qui se déve-loppent en L sur deux niveaux, à l’est, lasalle des mariages et du conseil. Cetagencement en trois volumes était là
encore, pour les architectes, un moyende dilater la surface et la hauteur dubâtiment,de le déployer sur le site.La façade principale est marquée par lesdeux dalles de plancher débordantes (àR+1 et R + 2) en béton blanc, formantdeux lignes horizontales fortes et dyna-miques.Elles sont la marque extérieure dela structure en béton du bâtiment. Celledu premier niveau se retourne en équerreà l’ouest pour créer un petit auvent; celledu second étage forme une “casquette”de protection contre la lumière, et sou-ligne le rythme horizontal de l’ensemble.
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>>> La façade est est bordée de jardinières de béton blanc disposées en cascade. Les baies vitrées donnant sur le patio orienté au sud sont dotéesde brise-soleil empilables et orientables. Vue sur le hall d’accueil quipossède de larges ouvertures traversantes du nord (côté place) au sud (côtépatio). L’escalier de béton blanc, bois et verre, a fait l’objet d’un soinparticulier tant dans son épure que dans sa construction. Il est un élémentmajeur de l’aménagement intérieur.
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>>> Les aménagements extérieurs,les bassins, les jardinières en bétonblanc, le revêtement de sol, font partiede la conception architecturaled’ensemble. Il s’agissait de donner del’ampleur au bâtiment. Ici, vue de lafaçade ouest, avec le retournement enpignon de la dalle de plancher.
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À l’est, légèrement décollée de la dalle parun bandeau vitré qui en allège la masse,une “boîte” de béton coulé en place ethabillée de pierre, qui semble se glissersous la dalle, abrite la salle des mariages.Celle-ci s’élève sur deux niveaux, offrant àl’intérieur un magnifique volume, lumi-neux, propice aux circonstances solen-nelles de son usage.La façade sud est creusée par le patio; àgauche un pignon aveugle de bétonblanc, constitué par le retour en équerrede la dalle de plancher du second étage,est juste percé d’une longue meurtrière.Au centre, une paroi de verre contrasteavec celle-ci et avec le pignon en pierreégalement aveugle de la salle du conseil.Les dalles des premier et second niveauxsont comme des traits d’union reliant lesdifférentes parties de l’édifice.Tous ces éléments de béton apparentsmarquent structurellement l’ensemble etlui donnent une certaine assise, en for-mant une continuité de l’extérieur versl’intérieur. Le patio protège une partie dubâtiment des vents dominants, ce qui faitpartie de la démarche HQE® vivementsouhaitée par des élus qui “construisentpour l’avenir” et souhaitaient donnerune dimension civique à ce projet. Laconsommation d’énergie est divisée par
trois et le confort technique, acoustiqueet visuel est amélioré. Les architectes ontbien suivi cette ligne de conduite avecune conception architecturale et desoptions adaptées, notamment enmatière de chauffage, de choix desmatériaux,d’orientation.
Conception bioclimatique
“Cette articulation des espaces s’inscritdans un concept d’architecture méditer-ranéenne et garantit une bonne efficacitébioclimatique”, explique Pierre Tourre,très tourné vers ce type de constructionqui constitue pour lui une évolutionmajeure et certainement pas une “gesti-culation technologique”. Et d’ajouter :“Le bâtiment fait dos au vent et capte lesrayonnements solaires en hiver ; il s’enprotège en été. Sa compacité permet deréduire les besoins de chauffage et derafraîchissement, son ouverture centralesur le patio permet de réduire les besoinsd’éclairage artificiel, et la végétalisationpartielle des toitures accentue l’inertiethermique générale en agrémentant l’as-pect paysager.”Un puits provençal assure la ventilationdes bureaux. L’hiver, l’air passe par destubes enterrés à 2 m de profondeur où il
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questions à Daniel Fauré,INGENIEUR2
Quel avantage y avait-il à installer un puits provençal ?
L’installation d’un puits provençal demande une importante surface de terrain pourpouvoir réaliser les terrassements nécessaires. À Juvignac, c’était tout à fait pos-sible puisque le terrain était vierge et suffisant pour le débit recherché. Le maîtred’ouvrage souhaitait réduire de 50 % la dépense en ventilation, ce qui est parfaite-ment réalisable avec ce système. En fait, le puits provençal consiste à faire passer,avant qu’il ne pénètre dans les locaux, une partie de l’air neuf par des tuyaux enter-rés dans le sol à une profondeur d’environ 2 m. En hiver, à cette profondeur, le solest plus chaud que l’air extérieur : l’air froid est donc préchauffé lors de son pas-sage dans les tuyaux, d’où une économie de chauffage. En été, le sol est plus froidque la température extérieure : le puits va donc utiliser cette fraîcheur relative pourtempérer l’air entrant dans le bâtiment.
Quelles relations les ingénieurs entretiennent-ils avec les architectes?
En fait, nous sommes complémentaires. Pierre Tourre s’intéresse beaucoup à ladémarche HQE®. Lui et ses collaborateurs ont suivi des formations sur la question.Mais il y a des points sur lesquels nous sommes les uns et les autres plus aptes à don-ner des réponses et des solutions. Quatre thèmes en particulier nous intéressent : larelation du bâtiment avec l’environnement, le choix des matériaux et la gestion desdéchets, qui sont plus de la compétence de l’architecte, et les flux, l’eau et la gestiondes déchets de fonctionnement du bâtiment, ainsi que le confort thermique et lesrésultats en termes d’économie, qui sont plus de notre ressort. Mais nous mettons toutcela en commun, et nous réfléchissons ensemble pour trouver des solutions. Ce sontdes allers-retours permanents entre les uns et les autres… ❚
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détails. Deux limons de béton blanc sontprofilés en forme de marches, la sous-face également en béton blanc est bienlisse et les joints en sont calepinés, carelle est visible depuis le rez-de-chaus-sée. Les marches sont en bois, et legarde-corps transparent est inséré dansun interstice entre le bois et le béton. Unvoile de béton blanc longe l’escalier, quiprend appui sur le plancher du premierétage. Cette paroi épaisse et percéed’une vaste ouverture donne un cadrelégèrement décollé à l’escalier qui, parce dispositif, prend du relief. Elle par-ticipe aussi à l’inertie thermique duvolume du hall, qui n’est pas climatisé.
Des dalles très présentes
La présence des dalles de plancher – qui,nous l’avons vu, le dessinent véritable-ment à l’extérieur – est également trèssensible dans l’ensemble du bâtiment.Ce sont elles qui orientent le regard car,comme des plaques tournantes, ellesmarquent la structure de l’édifice et l’im-brication des volumes. Les terrasses for-mées par le décalage des volumes sontvégétalisées ou habillées de bois (audeuxième niveau nord) et ménagent desvues agréables depuis les étages.
L’hôtel de ville de Juvignac est un bâti-ment qui s’inscrit dans une approchenouvelle de la construction, alliant esthé-tique architecturale et contraintes tech-niques,ou même technologiques,commel’impose la démarche HQE®. ❚
TEXTE:CLOTILDE FOUSSARD
PHOTOS : HERVÉ ABBADIE
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>>> L’élargissement de la trémie monumentalise l’escalier et permet une transparence, une ouverture du volume intérieur. Le voile de béton sur lequel s’ancrel’escalier forme un cadre utile à sa mise en valeur et définit le vaste espace du hall.
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Maître d’ouvrage :commune de Juvignac
Maître d’œuvre :Pierre Tourre, architecte,
assisté de Bich Tran
BET structure :Best-Melchers
BET thermique :Adret
Entreprise : Eiffage
SHON : 2 120 m2
Coût :
4,2 M€ HT
L’air chaud est évacué par des tourelles stato-mécaniques
Un complément de fraîcheur est amené par le courant d’air rafraîchi par le plan d’eau
Les façades sont occultées par des brise-soleil fixes ou mobiles
L’air se rafraîchit en cheminant dans le puits provençal
Les photopiles assurent 18 % de la consommationénergétique annuelle
L’air frais provenant du puits provençalest pulsé dans les bureaux
>>> Coupe transversale. En hiver, l’air froid venant de l’extérieur se réchauffedans les tuyaux intallés à 2m de profondeur, d’où une économie de chauffage.
se préchauffe avant d’alimenter leslocaux ; l’été, il se rafraîchit. Durant cettemême saison estivale, les locaux sontrafraîchis par une surventilation. Descapteurs photovoltaïques de 170 m2,dis-posés en toiture, apportent un complé-ment d’énergie. À l’intérieur, la présencede voiles de béton contribue égalementà garantir une bonne inertie thermique.Seuls deux locaux sont climatisés etchauffés parce qu’ils sont utilisés ponc-tuellement : la salle des mariages et lasalle du conseil.Lorsque l’on pénètre dans la mairie, lehall d’accueil apparaît comme l’élémentmoteur du fonctionnement des lieux. Ilest architecturalement traité comme tel,
d’ailleurs. Dans sa partie principale, ils’élève à R + 1, dégageant un magni-fique volume qui dispose d’une largeouverture traversante sur l’extérieur, parle biais de baies vitrées sur toute leurhauteur, côté nord (entrée) et côté sud(patio). La trémie élargie de l’escalierouvre plus largement encore l’espace surle deuxième niveau, créant une superbeperspective sur une coursive de circula-tion, dotée d’un garde-corps transparentpour ne pas bloquer la vue. Cette dispo-sition permet de valoriser l’escalier, de lemonumentaliser, comme un élémentd’architecture à part entière. Cet escaliera été conçu avec attention, soigneuse-ment dessiné, jusque dans ses moindres
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B E T O Nsolutionssolutions
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>>> IL N’EST PLUS IMAGINABLE, AUJOURD’HUI, D’IGNORER L’INFLUENCE
QU’UNE CONSTRUCTION PEUT AVOIR SUR SON ENVIRONNEMENT. L’EFFET DE
SERRE, LES BOULEVERSEMENTS CLIMATIQUES, LE GASPILLAGE DES RESSOURCES
EN ÉNERGIE ET EN MATÉRIAUX, IMPOSENT UN COMPORTEMENT NOUVEAU
QUI CONCERNE EN PRIORITÉ LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION.
NÉCESSAIRE, CETTE AMBITION RESPECTUEUSE EST AUSSI COMPLEXE. GUIDER
LES ACTEURS DANS CE NOUVEAU DÉFI EST LE SENS DE LA DÉMARCHE HQE®.
PRÉSENTÉE DANS LE CAHIER “SOLUTIONS BÉTON” DE CONSTRUCTION
MODERNE N° 123, ELLE CONNAÎT UN DÉVELOPPEMENT RÉGULIER.
AU POINT QU’ELLE S’INTÉRESSE MAINTENANT AUX BÂTIMENTS TERTIAIRES,
APRÈS AVOIR FAIT LA CONQUÊTE DU LOGEMENT COLLECTIF ET INDIVIDUEL.
LÀ ENCORE, LE BÉTON AVANCE DES ATOUTS QUI LUI SONT PROPRES.
La démarche HQE®
Bâtiments tertiaires et zones d’activité
� La démarche L’origine, les principes, les enjeux p.16
� Les équipements Choix techniques inventifs
et présence du béton p.21
� Les bâtiments de bureaux Une lecture “développement durable” rabat
�Les zones d’activitéUne volonté commune des acteurs p.19
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s o l u t i o n s b é t on
>>> La problématique de la haute qualité environnementale se décline jusque surles zones d’activité, comme ici à Valence, au voisinage de la gare TGV.
L e concept de haute qualité environne-mentale, répandu sous la marque
déposée HQE®, est apparu en France audébut des années 90, sous l’égide du Planconstruction architecture*, avec le soutiendu ministère de l’Environnement et del’Ademe.L’Agence pour la défense de l’en-vironnement et la maîtrise de l’énergie estd’ailleurs membre fondateur de l’associa-tion HQE®, créée en 1996 “dans le but dedévelopper la qualité environnementaledes bâtiments de manière concertée”**.
Un management de projet
Volet d’action essentiel pour l’associa-tion, des “référentiels” ont été élaboréspar ses soins qui fondent la démarcheHQE® dans le secteur du bâtiment. Pourautant, le concept de haute qualité envi-ronnementale ne doit pas être accueillicomme une nouvelle norme ou un labelsupplémentaire. La HQE® est d’abord unedémarche,celle d’un management de pro-jet visant “à limiter les impacts d’une opé-ration de construction ou de réhabilitationsur l’environnement tout en assurant àl’intérieur du bâtiment des conditions devie saines et confortables”**. Elle prenden compte la globalité des enjeux – esthé-tique, confort, économie d’énergie et deressources, agrément, insertion et protec-
tion de l’environnement, durabilité – etjoue la carte du développement durable,ambition qui la place à l’avant-garde del’art de construire. La démarche HQE® estdonc une méthode pour mener à bienun projet. Elle s’est rapidement complé-tée d’un système d’évaluation: la certifica-tion. C’est d’ailleurs le secteur du bâti-ment tertiaire qui a fait l’objet de lapremière certification, suivi par d’autrescatégories de bâtiments, neufs ou enréhabilitation. Depuis mai 2006, parexemple, existe une marque “NF MaisonIndividuelle démarche HQE®”, accordéepour la première fois à un modèle de maison en octobre de la même année.Mais la démarche HQE® s’est aussi éten-due aux établissements de santé,aux mai-sons de retraite,aux grandes surfaces com-merciales,où les opérateurs sont de plus enplus sensibles au principe de “coût glo-bal”: le surcoût éventuel au moment de laconception et de la construction est couvertpar les économies réalisées tout au long dela vie du bâtiment. ❚
TEXTE:PHILIPPE FRANÇOIS
� La démarche HQE® :l’origine, les principes, les enjeuxConcrétisation des aspirations des uns et des autresen matière de protection de l’environnement et de développement durable, la marque “HQE®” estentrée dans notre culture il y a près de quinze ans.
* Instance à vocation interministérielle créée en1971, en charge de développer la recherche incita-tive et l’expérimentation dans le domaine de laconstruction, de l’architecture, de l’habitat et del’aménagement.**Propos issus de la plaquette de présentation del’association et de sa démarche.
La démarche HQE® s’exprime au travers de 14 “cibles” qui se décomposentchacune en cibles élémentaires. Le maître d’ouvrage aura à établir une listede priorités, en choisissant trois ou quatre cibles qui lui sembleront les plusimportantes et sur lesquelles un maximum d’effort sera concentré. Quatre oucinq autres cibles seront retenues pour un traitement particulier. Les autrescibles seront, au minimum, traitées conformément à la réglementation.
l es c ib les HQE®
Éco-construction
Cible 01 Relation harmonieuse avec l’environnement immédiat
Cible 02 Choix intégré des procédés et produits de construction
Cible 03 Chantier à faibles nuisances
Éco-gestion
Cible 04 Gestion de l’énergie
Cible 05 Gestion de l’eau
Cible 06 Gestion des déchets d’activité
Cible 07 Entretien et maintenance
Confort
Cible 08 Confort hygrométrique
Cible 09 Confort acoustique
Cible 10 Confort visuel
Cible 11 Confort olfactif
Santé
Cible 12 Conditions sanitaires
Cible 13 Qualité de l’air
Cible 14 Qualité de l’eau
Maîtrise des impacts sur l’environnement extérieur Création d’un environnement intérieur sain
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L a certification HQE®, rappelons-le,est une démarche volontaire propo-
sée à ceux – maîtres d’ouvrage, aména-geurs, maîtres d’œuvre, entreprises – quisouhaitent valoriser leur action enmatière de qualité environnementale.Elle fait aujourd’hui la preuve de sa perti-nence dans le secteur des bâtiments tertiaires et plus largement dans ledomaine des bâtiments et zones d’acti-vité, où la protection de l’environnementet les problématiques de développementdurable prennent une acuité particulière.Les raisons en sont multiples.
Une logique nouvelle
Le coût de plus en plus élevé de l’énergiecompte bien sûr au nombre de ces rai-sons, mais c’est bien la logique du “coût
global” qui s’installe progressivementdans l’esprit des maîtres d’ouvrage.Comme le résume Joël Maurice [lire soninterview p. 21 bis], “un bâtiment, c’està la fois une construction et de l’usage”.Il est donc difficilement envisageable,aujourd’hui, de retenir une solutionconstructive bon marché qui entraîneraensuite des dépenses inconsidérées enchauffage ou en climatisation. Et ce, quelque soit le cas de figure. Si le maîtred’ouvrage entend utiliser le bâtimentpour son compte, le coût à l’usage feranaturellement partie de ses priorités.Mais le principe reste vrai si le maîtred’ouvrage n’est pas l’exploitant : lasociété candidate à l’occupation d’unbâtiment aborde désormais d’un œillucide les enjeux économiques qui vontcourir tout au long du bail. En l’occur-
rence les dépenses liées au chauffagel’hiver, à la climatisation l’été, à l’éclai-rage en toute saison, sans oublier la mul-tiplicité possible des affectations tout aulong de la vie du bâtiment.
Une approche spécifique pour le tertiaire
Construire en accord avec la démarcheHQE® est un acte réfléchi, fruit d’unemotivation réelle du maître d’ouvrage etde son maître d’œuvre. Pour autant, laproblématique des bâtiments tertiaireset des locaux d’activité est spécifique. Ence sens, la liste des 14 cibles HQE® (voirci-contre) sera lue d’un œil particulierdès la première question, celle de l’inser-tion dans l’environnement. Il est certesplus facile d’intégrer une maison dans le
� Le bâtiment tertiaireet la qualité environnementaleObjet des premières initiatives HQE® dès 1995, les bâtiments tertiaires sont à nouveau sous les feux de la haute qualité environnementale. Cetteproblématique spécifique exige une réflexion et des moyens adaptés, ratifiéspar des critères de certification spécifiques.
Un référentiel “sur mesure”Certivéa, la filiale de certificationdes acteurs et des ouvrages deconstruction du groupe CSTB (Centrescientifique et technique du bâti-ment), a d’abord mis au point unréférentiel pour les bâtiments d’en-seignement et les bureaux. Un totalde 77 opérations sont certifiées à cejour et le référentiel s’élargit pro-gressivement aux secteurs du com-merce, de la logistique, de la santé,etc. “Les référentiels HQE® sontapplicables à tous les types deconstructions et donc trop imprécispour une certification qui repose surdes critères objectifs, expliquePatrick Nossent, président de Certi-véa. C’est pourquoi nous mettons aupoint des référentiels spécifiquespour chaque type de bâtiment.” Etpour chaque contexte.Dans un bâtiment logistique, en l’oc-currence, la surface des locaux seravaste, mais peu éclairée et peuoccupée. Dans un immeuble debureaux, au contraire, on observeraune grande concentration de per-sonnel et un fort besoin de lumièrenaturelle pour répondre aux exi-gences de confort. Dans un hôtel,enfin, la consommation d’eau seratrès élevée et comparable à celled’une habitation. “Nous nous atta-chons davantage aux usages qu’aubâtiment lui-même”, résume PatrickNossent, confirmant ainsi que 80 %de l’impact environnemental d’unbâtiment est lié à son exploitation.
technique
>>> À Gennevilliers, un investisseur luxembourgeois signe le premier projet HQE® 2006 certifié pour l’ensemble du programme. L’Hôtel d’entreprises commandé par le syndicat mixte de la Plaine de l’Ain, sur la ZAC du même nom.2
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Cible 1 – Intégration dans le paysageLa qualité esthétique du bâtiment est un paramètre qui s’impose peu à peudans le domaine des locaux d’activité. L’ère des volumes standard est doncen partie révolue et les immeubles de bureaux comme les locaux de stockagedoivent soigner leur intégration. Le béton, matériau minéral, apporte unequalité spécifique (diversité des formes et des textures, couleur, variété desparements, etc.).
Cible 2 – Procédés et produits de constructionLe béton avance des arguments en matière d’impact environnemental desmatériaux. Les FDES (fiches déclaratives environnementales et sanitaires),notamment, font valoir les qualités environnementales des produits et dessystèmes béton.
Cible 3 – Nuisances de chantier La préfabrication en usine des éléments béton, la facilité de mise en œuvredes nouveaux bétons (BAP), les arguments du matériau à l’étape de la dé-construction, sont autant d’atouts dans ce domaine.
Cible 4 – Inertie thermiqueL’inertie thermique du béton contribue à la performance énergétique du bâti-ment : dallages, éléments de toiture et murs, entre autres, atténuent lesécarts thermiques au cours de la journée, été comme hiver, et permettentainsi d’importantes économies d’énergie.
Cible 5 – Gestion de l’eau Le matériau béton s’impose par ses qualités dans la récupération des eauxde ruissellement. Les toitures végétalisées en béton apportent aussi leurconcours dans ce domaine.
Cible 7 – DurabilitéL’un des atouts majeurs du béton est sa durabilité qui permet aux bâtimentsconstruits dans ce matériau de conserver longtemps leurs qualités esthé-tiques. Les réparations successives, cause possible d’importants surcoûts,sont ainsi éliminées.
Cibles 8 et 9 – ConfortLe béton s’associe volontiers à une démarche de pérennité et de soin archi-tectural qui va de pair avec un meilleur confort à l’usage. L’inertie thermiqueet le confort hygrothermique sont les premiers arguments d’un matériau quicontribue aussi à un meilleur confort acoustique.
Cible 12 – Conditions sanitairesMatériau inerte, le béton contribue à la préservation des conditions sanitaireset peut donc être employé en toutes circonstances,avec tous les publics.
Les réponses du béton
s o l u t i o n s b é t on
En quoi votre cabinet est-il concernépar la démarche HQE® ?Thierry Murat : Pour certains, le vocable“HQE®” est d’abord un argument com-mercial. Pour nous, la démarche est unedynamique qui tire vers le haut ceux quichoisissent de s’engager dans ce sens.C’est pourquoi nous avertissons nosclients de ce que le projet engage plu-sieurs dimensions. Il s’agit d’éviter que lemaître d’ouvrage ne tombe dans le piègedes solutions “écolo” toutes faites etempilées en vrac. Car cette démarche nepeut être que l’incarnation d’une logiqued’analyse, un raisonnement qui se
construit pas à pas à partir d’un terrainet avec un objectif à atteindre. Nousapprenons donc à nos clients à avoirl’esprit critique.
Quels sont les atouts du béton dans la démarche HQE® ?T. M.: Ils sont multiples. Au niveau descanalisations, à partir d’un certain dia-mètre, le béton s’impose. Dans le casdes zones de stationnement, sa résis-tance à l’arrachement et au poinçonne-ment autorisera des zones de béquillagedurables, avec l’avantage d’une grandeinsensibilité à l’échauffement.
questions à Thierry Murat,DIRECTION DU DEVELOPPEMENT DE SAFEGE,
SOCIETE-CONSEIL SPECIALISEE DANS LES DOMAINES
DE L’EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT2
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paysage qu’une plate-forme logistiquede plusieurs dizaines d’hectaresconstruits, environnés d’une surfaceéquivalente de parkings et autres zonesde manœuvre. La gestion de l’eau prendà son tour une dimension spécifique,qu’il s’agisse des eaux pluviales drainéespar des surfaces de toiture importantesou des eaux sanitaires utilisées par unpersonnel nombreux. L’étanchéificationdes sols, pour les mêmes raisons, devientun facteur décisif. La notion de confortelle-même sera différente selon qu’elletouchera un immeuble de logements ouun immeuble d’activité, l’usage et lesdimensions influant évidemment sur cetaspect.Autant de raisons qui expliquentpourquoi la démarche HQE® se structuregrâce à de nouveaux référentiels adap-tés aux spécificités du tertiaire (surfaces,éclairement,utilisation cyclique,etc.).
Bâtiments logistiques et zones d’activité
Longtemps parent pauvre de la construc-tion, les plates-formes logistiques et leszones d’activité s’ouvrent aujourd’hui àla problématique HQE®. Des exemples
montrent que les collectivités locales etles aménageurs se sont maintenantemparés de ces territoires spécifiques. Àpreuve, la zone d’activité de Valence TGVet sa politique d’aménagement rigou-reuse (cf. infra). À preuve encore, la zoned’activité de la Plaine de l’Ain, entre Lyonet Bourg-en-Bresse: la problématique dudéveloppement durable et de la protec-tion de l’environnement s’y impose sansdétour, jetant les bases d’une logiquecommune à l’ensemble des acteurs de laZAC (unité de couleur pour les bâtiments,signalétique commune, etc.), dans uncadre lui-même conçu selon une logiqueHQE® (soin spécifique apporté à la végé-talisation). Il n’est pas jusqu’à l’implanta-tion géographique de ce parc d’activitéqui n’ait été envisagée dans une optiquede développement durable.D’autres acteurs encore se préoccupentde l’impact environnemental de leur acti-vité, comme les acteurs du transport.Aéroports de Paris, pour ne citer que lesecteur aéronautique, s’est illustré avec leterminal 2G de Paris-Charles-de-Gaulle,nouveau bâtiment certifié “haute qualitéenvironnementale”. Dans tous les cas,l’environnement ressort gagnant. ❚
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PARC INDUSTRIEL DE LA PLAINE DE L’AIN
(SAINT-VULBAS, 01)
�Des gains à long termeLe parc industriel de la Plaine de l’Ain
est tout simplement le premier parc
industriel certifié ISO 14001 et enregis-
tré EMAS (Environmental Management
Audit System). Placé dans une position
stratégique entre Lyon et Bourg-en-
Bresse, il offre un cadre privilégié aux
entreprises qui font le choix de s’y ins-
taller. Parmi elles, plusieurs sociétés de
transport de marchandises (et donc
plusieurs plates-formes logistiques),
mais aussi des imprimeries, des socié-
tés d’agroalimentaire, etc. Toutes res-
pectent scrupuleusement le cahier des
charges qui impose entre autres un
nuancier “réglementaire” et un dessin
soigné pour les façades. Le béton est
lui-même apprécié sur le parc, où il
apporte ses qualités spécifiques en
réponse au risque incendie. “C’est une
zone d’activité exemplaire sur le plan
du développement durable, explique
André Daumail, du bureau d’études
AndréD,qui prépare la réalisation d’une
extension de bâtiments sur le parc d’ac-
tivités. C’est aussi la preuve qu’il est
possible de faire de la haute qualité
environnementale sans rendre l’initia-
tive inaccessible aux entreprises. Pour
ma part, j’ai fait une question de prin-
cipe de respecter les exigences des
référentiels sans aucun surcoût par rap-
port à un choix plus classique, voire
même en dégageant des économies
pour le maître d’ouvrage.”
Retours sur investissement
André Daumail se fait volontiers le “pro-
moteur” de la démarche, qu’il propose
spontanément à ses clients : “La HQE®
amène des gains à long terme. C’est une
forme d’investissement.” L’argument
est encore plus vrai pour l’investisseur,
qui louera plus facilement un bâtiment
HQE®, d’où une rentabilité accrue pour
l’opération. Certains choix techniques
comme la production photovoltaïque
d’électricité, par exemple, peuvent être
amortis dans des délais plus serrés: le
“retour sur investissement” s’en trouve
bien sûr accéléré. “La généralisation
de la démarche est économiquement
viable pour toute la filière, y compris les
exploitants locataires, à condition de
bien comprendre l’esprit d’une régle-
mentation qui est d’abord là pour
éveiller l’attention des acteurs”, conclut
André Daumail.❚
PHOTOS : DR
�Exemples de zones d’activité HQE®
Une volonté commune des acteurs
Maître d’ouvrage : Syndicatmixte de la Plaine de l’Ain
Superficie : 900 ha (dont 150 ha d’espaces paysagers)
Architectes coloristes : Franceet Michel Clerc
f iche technique
Un hôtel pour les petites entreprises L’hôtel d’entreprises (ci-dessus àgauche) est un bâtiment spécifiquedu parc industriel de la Plaine del’Ain. Son maître d’ouvrage, en effet,n’est autre que le Syndicat mixte dela Plaine de l’Ain, autrement dit leparc industriel lui-même.“L’hôtel d’entreprises est un bâti-ment qui a vocation à proposer des petites surfaces de bureaux et d’ateliers en location, explique Marc Giroud, en charge du projet au Syndicat mixte. Pour donner de lanoblesse à ce bâtiment relativementpetit, nous avons choisi le béton quiapporte une tonalité haut de gamme.C’est une question d’image maisaussi d’attrait pour les locataires.Les deux sont indissociables.”
technique
s o l u t i o n s b é t on
C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 2 7 • 19
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20 • C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 2 7
s o l u t i o n s b é t on
Aménageur : Syndicat mixte deRovaltain
Superficie : 150 ha (300 ha à terme)
f iche technique
ZAC DE VALENCE-TGV (26)
�Un programmeexemplaire Au début des années 90, un collège de
maires et de députés s’interroge sur le
projet de prolongement de la ligne TGV
Méditerranée. Une vingtaine de com-
munes autour de Valence se constituent
en association pour peser dans la défini-
tion du tracé de la ligne, et plus précisé-
ment sur l’emplacement de la gare. Le
collectif se donne Rovaltain (Romans-
Valence- Tain) pour nom de baptême.
La gare est une opportunité de renfor-
cer les infrastructures existantes et de
développer un parc technologique et
scientifique en région Rhône-Alpes.
Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi
créer une offre complémentaire sus-
ceptible d’attirer des activités nou-
velles dans ce secteur périurbain. En
1995 est créée une zone d’aménage-
ment différé (ZAD), en vue de désigner
un périmètre de préemption qui per-
mettra de maîtriser le foncier et le prix
des terrains. En 1998 est tracé au sein
de ce territoire le périmètre d’une ZAC
de 160 ha. “Implanté en territoire
rural, le site invitait les acteurs à pré-
server le contexte, explique Olivier
Baudy, géographe, urbaniste et chargé
de mission au syndicat mixte d’aména-
gement Rovaltain (qui a remplacé l’as-
sociation du même nom en 1994). Le
développement durable est devenu
une modalité d’approche, pour le syn-
dicat comme pour les candidats à l’im-
plantation sur le territoire de la ZAC.”
Le premier bâtiment à émerger est
celui du pôle “développement du-
rable” de la chambre de commerce et
d’industrie de la Drôme : l’INEED
(Innovation pour l’environnement et
l’économie durables). Un système de
planchers bois-béton contribue à l’ori-
ginalité de ce bâtiment.
Management “global”
Le principe du management environ-
nemental accompagne l’aménage-
ment,mais aussi la gestion des espaces
et l’entretien. “Nous avons défini une
charte de qualité environnementale
qui englobe la qualité du paysage, la
maîtrise de l’impact sur l’eau, le res-
pect du référentiel HQE® pour les bâti-
ments, et enfin le respect d’un cahier
des charges spécifique présidant à la
cession des terrains (hauteur et densité
du bâti, pourcentage d’espaces verts,
etc.)”, précise Olivier Baudy. Tout per-
mis de construire, on l’aura compris, ne
peut être déposé qu’avec l’avis favo-
rable de l’aménageur Rovaltain. “Nous
avons défini une grille HQE® qui reprend
les 14 cibles, déclinées en sous-cibles
concrètes, complète le chef de projet.
Cette grille ne fixe aucun parti pris
concernant le choix des matériaux,
mais la précision attendue en matière
de consommation d’énergie impose de
constituer une équipe de maîtrise
d’œuvre complète dès l’étape du per-
mis.” Seul un bureau d’études,en effet,
peut fournir les chiffres exigés.
Côté gestion de l’eau, le principe est
d’imperméabiliser le moins possible.
Le trajet naturel de l’eau est respecté
pour l’essentiel, et seules les eaux de
chaussée sont recueillies dans des
caniveaux béton puis guidées vers des
noues d’infiltration plantées de végé-
taux macrophytes.
Précision d’importance, le soutien finan-
cier des communes, du conseil général
de la Drôme et de la Région Rhône-
Alpes permet de conserver aux terrains
un fort pouvoir d’attractivité. Le prix du
foncier est tout à fait concurrentiel.
“Surtout, l’investisseur est gagnant en
termes de coût global, car le système de
management favorise l’économie à tous
les niveaux”, conclut Olivier Baudy. ❚
PHOTOS : DR
Un écrin de béton pour Rovaltain Construit en deux tranches, dont laseconde s’achèvera fin 2007, unbâtiment en béton clair (ci-dessus)accueille d’ores et déjà les locaux du syndicat mixte Rovaltain, maisaussi l’antenne Drôme Rovaltain dela Région Rhône-Alpes, une agencebancaire, le service marketing d’uneentreprise privée, et bientôt unebrasserie fort utile sur ce site quiregroupe 700 emplois. La secondetranche accueillera une partie desservices du conseil général de laDrôme. Au total, 6 500 m2 de surfaceet un béton blanc et gris pour l’en-semble du volume, superposé deprotections solaires en métal noirdestinées à éviter les surchauffesdurant l’été. “Notre seule réserve aconcerné la teinte uniformémentblanche retenue au départ, que nousavons fait nuancer de gris pour évi-ter une trop forte réverbération danscette région particulièrement enso-leillée”, détaille Olivier Baudy. Lapréfabrication “totale”, pour le bâti-ment mais aussi pour ses fonda-tions, fait l’originalité de ce bâtiment.
technique
1 2
>>> Le bâtiment circulaire abrite le SDED (Syndicat départemental d’énergie de la Drôme). Un immeuble tertiaire en promotion.21
CM 127_4 pages.qxd 08107122 9:55 Page 20
C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 2 7 • 21
�Équipements collectifs Des choix techniques inventifsGYMNASE À HOURTIN (33)
� Le confort,été comme hiverAu départ, il est question d’un gym-
nase très classique. Le conseil général
de Gironde,maître d’ouvrage de l’équi-
pement, n’a pas d’ambition particu-
lière en matière de développement
durable. Consulté par concours, le cabi-
net BDM architectes va pourtant faire
le choix d’une solution “solaire” qui
l’emportera finalement.
Les arguments du développement
durable ont su convaincre, à commen-
cer par la notion de coût global et la
pérennité de l’ouvrage. “En chauffant
ce bâtiment selon les normes actuelles,
le budget énergie est d’ores et déjà
inférieur de moitié à celui d’une solu-
tion classique, explique Joël Maurice,
de BDM architectes. Mais si l’on se pro-
jette plus loin dans l’avenir, ses argu-
ments se montrent encore une fois per-
tinents.” En matière d’équipements
publics, en effet, la hausse probable du
coût de l’énergie pourrait amener une
révision à la baisse des minima ther-
miques. Il sera peut-être exigé d’at-
teindre une température plancher de
19°C au sein d’un équipement destiné
à des activités sportives, tout au moins
physiques. “Dans ces conditions, le
gymnase d’Hourtin serait encore par-
faitement utilisable du fait de son
caractère passif”, relève l’architecte.
Un mur Trombe pour gérer les échanges thermiques
À la base du système (le bâtiment est
en cours de réalisation),un mur Trombe
côté sud, constitué d’une triple paroi
en polycarbonate et d’un mur béton de
20cm d’épaisseur, peint en noir pour
mieux absorber la chaleur. En saison
froide, la paroi laisse passer les rayons
du soleil qui provoquent un effet de
serre dans l’interstice (60 cm) séparant
la paroi en polycarbonate du mur
béton. L’air ainsi réchauffé est alors
capturé en partie haute et insufflé à
l’intérieur du gymnase. L’air de la salle,
quant à lui, est capté en partie haute et
“réinsufflé” dans le système. Le mur
béton lui-même, du fait de son inertie,
contribue à réchauffer le volume par
rayonnement.
La nuit, dans cette même période d’hi-
ver, l’objectif est de ne pas perdre les
calories gagnées le jour. Un volet rou-
lant isolé est alors abaissé qui renforce
l’isolation thermique du mur. Ce volet
blanc est également utilisé en demi-
saison et en été pour éviter le réchauf-
fement de la salle.
En période chaude, d’ailleurs, la circu-
lation de l’air est inversée : le mur
Trombe est ventilé sur l’extérieur. Au-
tant de caractéristiques qui feront du
gymnase d’Hourtin un équipement
solaire, à même de répondre aux prin-
cipes du développement durable. “Le
bâtiment restera utilisable en toutes
circonstances, même par des tempéra-
tures hivernales très basses et sans
chauffage,” insiste Joël Maurice. Sans
apport calorique extérieur, en effet, la
température minimale ne devrait pas
descendre pas en dessous de 10 °C, et
ce, sans condensation ni autre dé-
sordre susceptible de menacer la
pérennité du bâtiment. Le léger sur-
coût par rapport à une solution clas-
sique trouvera alors sa justification. ❚
PHOTOS : DR
>>> En période hivernale, le rayonnement solaire qui frappe la cloison en polycarbonateprovoque un échauffement de l’air. Cet air chaud est récupéré en partie haute et diffusé dans la salle du gymnase.
Maître d’ouvrage :conseil général de la Gironde
Maîtrise d’œuvre :BDM architectes, mandataire
f iche technique
Diffusion de la chaleuraccumulée par rayonnementet par convection
Température intérieure minimale : 14°c
Reprise d’air (déstratification de la salle)
Buse de diffusion d’air chaud
Reprise d’air de la salle
Le mur en béton banché (mur rayonnant) stocke la chaleur solaire
Serre étanche en polycarbonate triple peau
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Le mur Trombe en béton banché (mur rayonnant) stocke la chaleur du bâtiment
Volet roulant : empêche le rayonnement solaire de traverser le mur Trombe
Évacuation de la chaleur cumulée dans le mur vers l’extérieur
Ventilation fermée
La serre étanche est ventilée sur l’extérieur
Chaleur intérieure stockéepar le mur Trombe (inertie)
Température intérieureminimale : 14°c
Le volet roulant limite les déperditions vers l’exterieur
Le mur Trombe en béton banché (mur rayonnant) stocke la chaleur solaire
Diffusionde chaleur accumulée par le rayonnement
Reprise d’air(déstratificationde la salle)
>>> La nuit, un volet roulant “retient” la chaleur de manière à maintenir une température suffisante dans le gymnase.
>>> En saison chaude, le système fonctionne sur un mode inverse:la chaleur accumulée dans le gymnase est évacuée vers lextérieur.
L’argument de la qualité environnementale est aussi l’occasion de redécouvrir les qualitésplastiques du béton ❯❯
❯❯
Sous quels aspects le cabinet BDM
architectes est-il concerné par la
démarche HQE® ?
Joël Maurice : Il serait plus juste
de parler de qualité environnementale
que de démarche HQE® au sens strict.
L’association a effectivement permis
de faire avancer les choses, mais
nombre d’architectes et d’entreprises
n’ont pas attendu ce signal pour se saisir
par eux-mêmes des enjeux liés à la
protection de l’environnement. Différents
labels sont apparus dans ce sens
en Europe – Passiv Haus en Allemagne,
Minergie en Suisse, Green Building
en Grande-Bretagne – qui sont autant
de preuves que l’acte de construire
ne peut plus se soustraire de son impact
environnemental. C’est précisément
la philosophie de BDM Architectes, pour
qui le principe du développement durable
consiste à se préoccuper de l’impact
environnemental du bâtiment tout
au long de sa vie, depuis la construction
jusqu’à la déconstruction.
Vous semblez affectionner le béton.
En quoi le matériau rencontre-t-il les
exigences de votre démarche ?
J. M. : Le béton a deux qualités
essentielles. La première est la durabilité,
qui donne aux structures une réelle
permanence dans le temps. Corollaire
de cette pérennité, la conception
doit envisager dès le départ l’évolution
possible du bâtiment vers d'autres
vocations, par exemple en faisant le
choix d'une structure poteaux-poutres
qui autorisera des plateaux libres de
toute entrave. Une nouvelle destination
pourra être donnée aux locaux sans
buter sur des obstacles créés par
la structure. Un surdimensionnement
des espaces techniques doit aussi
être envisagé pour des réseaux
qui apparaîtront peut-être dans l’avenir.
L’autre qualité du béton est son inertie
thermique. Nos initiatives visent
précisément à valoriser cette inertie.
Bien mieux qu'une toiture béton “brute”,
par exemple, une dalle de béton
végétalisée va amortir l’échauffement
en journée et restituer la chaleur
la nuit. De même, un plancher béton
associé à un système de chauffage-
rafraîchissement par le sol va participer
à la régulation thermique. On peut aller
plus loin encore avec des parois en
béton, à condition qu'elles soient isolées
par l’extérieur.
3Ces qualités sont-elles vraies pour
tous les types de bâtiments?
J. M. : De par ses qualités d’inertie,
le béton répond facilement aux attentes
de régulation thermique rencontrées
dans le cas des bâtiments de stockage
et d’archivage. On aboutit facilement
à des solutions totalement “passives”
garantissant un minimum de 14°C
et un maximum de 25 °C. Dans
les hôpitaux et les maisons de retraite,
cette même inertie qui amortit les écarts
de température sera très appréciée
du personnel, des malades et
des résidents. Mais surtout, l’argument
de la qualité environnementale sera
l’occasion de redécouvrir les qualités
plastiques du béton, du “beau” béton
qui traverse les âges sans jamais
se départir de son élégance.
questions à Joël Maurice, BDM ARCHITECTES
D’ap
rès
sché
mas
de
BDM
Arc
hite
ctes
CM 127_rabats intérieurs.qxd 08107123 11:32 Page R1
�Équipements collectifsPrésence minérale et inertie du béton
ÉQUIPEMENT DE QUARTIER À NANTES-NORD (44)
�Une premièrepour la villeSix cibles ont été retenues pour ce bâti-
ment à vocation multiple, conçu par
l’agence Roulleau. Précisons que Michel
Roulleau, son fondateur, président de
l’UNSFA, n’en est pas à sa première
expérience en matière de développe-
ment durable:“La première maison que
j’ai réalisée était bioclimatique. C’était
en 1979.” Décidément très sensible à
la problématique, Michel Roulleau a
Maître d’ouvrage : ville deNantes
Maîtrise d’œuvre : AgenceRoulleau architectes, mandataire
SHON : 1254m2
f iche technique
N
d’ailleurs complété son expérience per-
sonnelle par une formation “HQE®-
environnement” dispensée par l’école
d’architecture de la Villette,en 2000,pour
parfaire ses connaissances. “Aujourd’hui
la maîtrise d’ouvrage a compris les
enjeux,explique l’architecte. La maîtrise
privée sait que la qualité environne-
mentale est une valeur ajoutée au bâti-
ment, et que la qualité d’usage est une
notion fondamentale qu’il n’est plus
possible de négliger. La maîtrise publi-
que, quant à elle, s’ouvre à la notion
de coût global et revient progressive-
ment sur ses modes de décision.”
L’équipement de quartier est le premier
projet “HQE®” lancé par la ville de
Nantes: l’agence Roulleau, après avoir
remporté l’appel d’offres, a travaillé
avec le maître d’ouvrage et le program-
miste pour adapter le projet à son
contexte,et lui donner le sens voulu.
Une rue intérieure en réponseaux différents besoins
“Je suis toujours pour le dialogue qui
enrichit le programme. Or avec la rue, le
tramway et le bâti environnant, c’est un
quartier où l’on est toujours à la limite
de quelque chose, précise Michel
Roulleau.Pour répondre aux différentes
attentes environnementales, c’est-à-
dire l’énergie, l’acoustique et la lumière,
nous avons proposé la création d’une
“rue intérieure” qui permettrait de trai-
ter les trois paramètres.” La rue consti-
tue donc une frange, un interstice qui
marque la limite entre un domaine (la
rue, le tramway) et un autre (l’intimité
des bureaux,des salles d’activité).À l’ar-
rière,au contraire, le bâtiment qui ouvre
sur un jardin n’exige aucune “protec-
tion” particulière. Le béton, pour sa
part, est venu apporter sa présence
minérale (il est brut en plusieurs
endroits du bâtiment) mais aussi son
inertie thermique, renforcée par une
terrasse végétalisée. La chaleur est
emmagasinée dans l’épaisseur des
parois et donc de la toiture, qui toutes
restent chaudes en continu et contri-
buent ainsi au confort d’hiver.
Régulation thermique
Les espaces de bureaux, composante
majeure de ce bâtiment qui abrite plu-
sieurs associations, sont les premiers à
jouir du confort ainsi apporté. Mais les
salles utilisées pour diverses manifesta-
tions festives profitent également de
cet apport de chaleur, en soirée notam-
ment, c’est-à-dire au sommet de leur
activité. Michel Roulleau tient d’ailleurs
à rappeler que ces performances ne
s’obtiennent pas au prix d’un important
surcoût : “Avec un budget de l’ordre
de 1160€/m2, on peut estimer que l’en-
veloppe budgétaire n’a pas souffert de
ce supplément de réflexion architectu-
rale. Et d’ajouter: La mission de l’archi-
tecte se situe dans le sensible. Il ne peut
pas tout prendre en compte mais c’est à
lui qu’il revient de faire les choix oppor-
tuns. La clé de la réussite est là.” ❚PHOTOS : STÉPHANE CHALMEAU
>>> Coupe tranversale. Plantée d’arbustes, une “rue intérieure”, à gauche,permet d’isoler le bâtiment de son contexte urbain. Végétalisée, la toiture-terrasserégule les écarts de température entre la journée et la nuit.
CM127-rabInt_R21 08107122 10:51 Page R21
s o l u t i o n s b é t on
Maître d’ouvrage : Arcadie SA
Contractant général de bâtiment : EM2C Groupe
f iche technique
maître d’ouvrage, puis il est fait appel à
un assistant à la maîtrise d’ouvrage spé-
cialisé en vue de résoudre l’ensemble
des problèmes techniques. “Nous avons
demandé la certification sur les trois pre-
mières phases du projet : programme,
conception et réalisation, la troisième
devant s’achever fin 2007”, complète
Bruno Dehan. Le béton, quant à lui,
apporte son inertie thermique et sa faci-
lité de mise en œuvre avec une structure
poteaux-poutres et des éléments préfa-
briqués.Apparent en façade, le matériau
répond également aux impératifs d’inté-
gration et de durabilité en apportant
une dimension “patrimoniale” à cet
immeuble qui abritera 13140m2 de bu-
reaux sur 14400m2 SHON. L’immeuble
comportera également une crèche, un
restaurant interentreprises, une salle de
sport, un espace lounge et un amphi-
théâtre-auditorium. Livrable en sep-
tembre 2007, le bâtiment se distingue
par son isolation intérieure renforcée
“qui a rendu secondaire le choix de
BÂTIMENT DE BUREAUX À GENNEVILLIERS (92)
� CertificationHQE® “intégrale”Le premier projet “HQE® 2006”certifié
pour l’ensemble du programme…
Autrement dit pour la conception, le
chantier, la réalisation et l’exploitation.
Une réussite d’autant plus surprenante
qu’à l’origine, le maître d’ouvrage
Arcadie SA – un investisseur luxem-
bourgeois – n’avait pas d’intention par-
ticulière en matière de développement
durable. Mais EM2C Groupe, contrac-
tant général de bâtiment, a su trouver
les arguments pour convaincre son
client de s’intéresser à la démarche.
“Les choses étaient rendues plus com-
plexes par cette décision prise sur le
tard, mais le terrain et l’implantation
du bâtiment s’y prêtaient”, détaille
Bruno Dehan, de l’agence EM2C.
S’engage alors une réflexion sur le fond
pour mieux fouiller les attentes du
l’énergie, comme l’indique Bruno
Dehan. Avant d’ajouter : Bien que les
besoins en apports thermiques soient
très faibles, nous avons tenu à respecter
l’esprit HQE® à la lettre, avec un sys-
tème combinant photovoltaïque et
géothermie.” ❚
TEXTE: PHILIPPE FRANÇOIS
PHOTOS : DR
�Bâtiments de bureaux Une lecture “développement durable”
22 • C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 2 7
CM127-rabInt_22 08107122 11:00 Page 22
r é a l i s a t i o n Palaiseau (91) – École polytechnique
Un voile blanc qui libère l’espace>>> Il fallait remplacer un couloir aveugle par une galerie aérienne attenante à un bâtiment existant,
et construire sept amphithéâtres. Le tout au sein de l’École polytechnique de Palaiseau. L’agence
d’architecture Canale 3 a remporté le concours sur un agencement spatial fonctionnel,
en organisant l’ensemble du projet autour d’un voile de béton blanc comme élément moteur, structurel,
architectural et esthétique. Une vaste galerie lumineuse, sept salles de cours et un espace de travail
ouvert étaient au programme de cette belle opération.
C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 2 7 • 23
CM127_p23 08107122 9:03 Page 23
Ecole polytechnique de Palaiseau, un14 mai, 10h30. Un parc immense,
fleuri, entretenu comme un parcours degolf, un lac autour duquel tournent descavaliers, quelques étudiants en grandcostume d’apparat, épée au côté, lon-gent les allées d’un pas décidé, d’autresbaguenaudent ; vision idyllique de la vieestudiantine…
Un contexte architectural hétéroclite
Des bâtiments de diverses époques sontrépartis sur le site : des équipementssportifs, des bâtiments administratifs,des salles de classe et des amphi-théâtres, des foyers d’étudiants, l’infir-merie, l’aumônerie, des logements, bref,une vraie ville en miniature.Devant la pièce d’eau se dresse un grandbâtiment construit par un architecte Prixde Rome, dans les années 70, tout debéton brut, de brique et de métal mar-ron, avec des accents modernistes à laStartreck. Intéressant.À l’arrière de cet imposant édifice, uncouloir aveugle, triste et glacial – sur-nommé de ce fait “le couloir de la mort”– et une sinistre galerie souterraine lereliaient à un foyer d’étudiants. Pour
l’agence d’architecture Canale 3, ils’agissait de détruire ce couloir, et de leremplacer par une galerie aérienne fonc-tionnelle, lumineuse, chaleureuse. Il fal-lait aussi implanter sur cette portion desite des amphithéâtres: six petits amphi-théâtres de 50 places (en fait, des sallesde classe conçues en gradins et équipéesde matériel vidéo avec une régie), et unplus grand, un vrai celui-là, d’une conte-nance de 220 places. “Nous avons rem-porté le concours sur l’agencement spa-tial, plus que sur un ‘look’, explique l’undes architectes, Pierre Boudon. “Le bud-get était tellement serré que nous avonsvraiment privilégié l’implantation et lafonctionnalité. De plus, nous avonsramassé le plus possible le bâtiment surlui-même pour ne pas trop envahir lesespaces extérieurs”, ajoute-t-il.
Suture avec l’existant
De fait, il s’agit avant tout d’un travail desuture avec l’existant, modeste, sans vraisouci d’imitation de l’ancien ou d’inté-gration dans l’environnement très hété-roclite (ce qui est peut-être ici une qua-lité), mais sans désir non plus de “gestearchitectural”. La nouvelle galerie de70 m de long, plus large que la précé-
dente, s’élève maintenant sur deuxniveaux. Elle distribue au rez-de-chaus-sée et à l’étage les sept amphithéâtresattenants. Elle est venue se poser d’uncôté sur l’assise du passage souterrain ;de l’autre côté (à l’est), son assise se pro-longe au-delà des fondations existantes,pour éviter les problèmes de descentesde charges sur le vide du corridor, quel’on a dû conserver du fait des réseauxélectriques et de chauffage de toutel’école qui empruntent ce trajet.L’ensemble du bâtiment neuf s’organiseautour d’un long voile courbe en bétonblanc qui en est l’élément majeur, struc-
turellement, architecturalement, esthéti-quement. La coursive supérieure estprise dans cette belle paroi et forme unporte-à-faux. Elle constitue une sorte delongue mezzanine qui laisse apercevoirl’ensemble du volume, et donne à lagalerie de l’ampleur et de la clarté, avecses 7m sous plafond.Côté est, une alternance de panneaux àossature bois, habillés de panneauxcolorés, et de baies vitrées toute hauteurapporte un flot de lumière naturelle. Làencore,par ce système constructif léger, ils’agissait de restreindre la masse et lepoids du bâtiment.
r é a l i s a t i o n Palaiseau (91) – École polytechnique
24 • C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 2 7
1 2
>>> Plan du rez-de-chaussée. L’extension, ramassée sur elle-même le long de l’espace de circulation, comprend six petits amphithéâtres – trois sur chaqueniveau – et un plus grand au nord.
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À l’entrée de chaque amphithéâtre, enhaut et en bas, une niche colorée ensignale l’accès. Ces sas ouverts sur lagalerie rythment le long couloir et l’ani-ment par leurs teintes vives et gaies. Àl’ouest, les six petites salles branchéessur la circulation sont conçues sur unmodèle strictement identique (ce qui futtrès avantageux financièrement). Elles sesuperposent trois par trois.
Des retraits et des avancées qui donnent du relief
À l’extérieur, les trois volumes de bétonblanc coulé en place sont disposés enépi, ce qui crée un jour indirect par lebiais d’une meurtrière prise entre deuxvoiles. Cet agencement constitué delégers retraits et d’avancées confère durelief à la façade ; des meurtrières hori-zontales, disposées par séries de sixbaies, la rythment régulièrement. Unbandeau métallique courbe, soutenu pardes doubles poteaux, délimite une ter-rasse pour les étudiants, tout en cadrant
le bâtiment. La finesse de cette ossaturecontraste avec la masse blanche de laparoi en la dilatant.Plus loin, un espace de travail, ouvert surla galerie et sur l’extérieur par degrandes baies vitrées, forme l’articulationentre l’aile des petits amphithéâtres et legrand; c’est un espace tampon convivialqui permet aux étudiants de travaillertranquillement entre deux cours. Cet élé-ment transparent est construit en avan-cée, en “affleurement” avec la paroiaveugle en béton blanc du grand amphi-théâtre, ce qui engendre un contrasteintéressant entre les trois différentes par-ties de la façade.À l’extrémité, le grand amphithéâtre enforme de trapèze présente au nord unmur courbe à ossature bois revêtu depanneaux colorés qui repose sur un soclede béton blanc. Celui-ci referme unesorte de cour. Ici encore, les architectesont créé un espace tampon – extérieurcette fois – qui constitue une jonction encreux entre le bâtiment existant et la nou-velle construction.
En fait, le point de suture entre les deuxédifices se fait par l’intermédiaire d’uneseule travée de la structure métallique del’ancien édifice. Celle-ci fut évidée surdeux niveaux, et la galerie vient simple-ment se coller contre la paroi, sans péné-tration aucune. À l’ouest, c’est une baievitrée verticale prenant appui sur cettestructure métallique qui constitue lepoint de jonction avec le voile de béton.La surface totale de l’extension s’élève à1 970 m2 SHON, pour un budget totalhors taxes de 2 400 000 euros, soit1218euros le mètre carré, y compris leséquipements audio et vidéo des amphi-théâtres. La solution béton était en effetla plus intéressante pour rester dans cebudget très serré autorisé par le maîtred’ouvrage. Les parois de béton de cimentclair coulé en place, destiné à resterapparent, évitaient l’habillage des mursd’une part, et permettaient d’autre partaux architectes de garder une expressionarchitecturale moderne et affirmée, avecl’utilisation du long porte-à-faux de lagalerie, ou encore la façade ouest, dotéede meurtrières horizontales.Les architectes, à travers ce projet assezmodeste, ont respecté les enjeux archi-tecturaux, techniques et économiquessouhaités par le maître d’ouvrage: créer
des espaces clairs et conviviaux, limiterl’impact des constructions neuves dansle grand espace planté, proposer dessolutions constructives économiquesmais efficaces. ❚
TEXTE:CLOTILDE FOUSSARD
PHOTOS : HERVÉ ABBADIE
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>>> Vue de la façade ouest, traitée en béton clair. Au centre, une partievitrée abrite un espace de travail. Elle forme l’articulation entre les deux ailes du bâtiment. Des meurtrières horizontales rythment cette partie de la façadeet diffusent la lumière naturelle dans les six petits amphithéâtres. La galerieest conçue sur une double hauteur (environ 7 m sous plafond). Vue de lacoursive supérieure distribuant les accès aux salles de classe.
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Maître d’ouvrage :Ministère de la Défense
Maître d’œuvre :Agence Canale 3
BET structure :Soret
Entreprise :Boyer
SHON :1 970 m2
Coût :
2,4 M€ HT
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Dialoguede l’opacité et de la transparence>>> Inscrit au cœur du domaine Saint-Paul à Avignon, le nouveau laboratoire de recherche sur
la forêt méditerranéenne participe d’un projet de restructuration destiné à requalifier l’ensemble
du site. Le bâtiment, remarquable par ses lignes rythmées et épurées, s’impose par un élégant jeu
de volumes qui associe béton architectonique et béton blanc préfabriqué. S’y développe une
architecture riche en détails et en solutions intelligentes, clé d’une belle réussite signée de l’atelier
d’architecture Jean-Bernard Bethgnies et Serge Leclair.
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Paré de béton blanc et gris, le “bâti-ment forêt” se détache avec clarté
et rigueur d’un fond que les extensionssuccessives ont contribué à déstructurer.et qui va prochainement faire l’objetd’un programme de requalificationurbaine et recentrera l’ensemble du
domaine autour d’un vaste espace cen-tral réservé aux piétons. Inscrit volontai-rement en alignement sur ce futur mail,le bâtiment lui présente son pignon est,caractérisé par la présence de l’espacede documentation, élément le plus sin-gulier et le plus représentatif, partagé partous et susceptible d’accueillir du public.L’entrée y a naturellement trouvé saplace tandis que les stationnementsétaient reportés sur le côté,au sud.
Un plan en équerres
Le bâtiment se découpe en unités fonc-tionnelles verticales, avec les bureauxplacés au sud, et les laboratoires au nordafin d’y avoir une lumière diffuse et conti-nue. Ces deux pôles se combinent en for-mant deux équerres qui enserrent en leurcentre les locaux communs et de convi-vialité: hall, salles de réunions, cafétéria,et enfin un vaste patio. Développé sur lesdeux niveaux du bâtiment et entière-ment vitré, il assure un lien visuel à la fois
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>>> Au sud, les dispositifs architecturaux protègent les baies vitrées du soleil d’été pour éviter les surchauffes et favoriser le confort thermique.L’hiver, le soleil plus bas chauffe naturellement les locaux. Le pignon ouest estcaractérisé par ses cadres de béton qui permettent de masquer les édiculestechniques (local à poubelles et cour de service).
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entre les secteurs et entre les niveaux, etconfère à l’organisation de l’ensembleconvivialité et “intuitivité”. Les circula-tions, qui distribuent d’un côté lesbureaux et de l’autre les laboratoires,sont réparties de part et d’autre de cetespace central et bénéficient ainsi d’unéclairage naturel. Il en résulte desespaces extrêmement flexibles et d’unegrande générosité.Deux volumes en simple rez-de-chaus-sée se détachent de cette volumétrieprincipale : la salle de documentation, àl’angle nord-est, qui profite de sa façadevitrée pour s’ouvrir sur le futur espacepiéton ; et à l’angle opposé, l’ensembledes ateliers où les chercheurs peuventmettre en œuvre les éléments néces-saires à leur expérimentation.L’ensemble traduit une volonté sculptu-rale qui s’exprime dans l’organisationdes masses, l’articulation des différentsvolumes et la recherche d’une certainemassivité. Les percements variés en fonc-tion de l’orientation de la façade et la
NLaboratoiresBureauxLocaux commerciaux
>>> Plan du rez-de-chaussée
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protection solaire de la baie étaientautant d’occasions de traduire cetteintention sculpturale.Chaque façade bénéficie donc d’un trai-tement particulier, adapté à son orienta-tion de façon à ce que la baie soit systé-matiquement protégée, non pas par desdispositifs ajoutés mais par les élémentsarchitecturaux eux-mêmes (débord dedalle par exemple). L’adaptation àl’orientation confère à chacune d’ellesun dessin particulier.
Gestion des rayons solaires
À l’est, la façade principale est traitéecomme un socle au-dessus duquel lesouvertures du dernier niveau sont inté-grées dans un système en attique : unbandeau vitré continu couronné par delarges casquettes en béton préfabriquéblanc qui coupent les rayons du soleilpour assurer un bon confort d’été, maisqui sont dimensionnées pour laisserpénétrer le soleil d’hiver et ainsi profiterdes apports passifs.Au sud, le dispositif de bandeau vitréfilant protégé par une casquette se
retourne et s’appuie sur un élément pré-fabriqué placé en saillie qui apporte uneépaisseur supplémentaire à la façade. Celarge appui en béton blanc permet deréfléchir la lumière et garantit un meilleurconfort lumineux dans les bureaux. Ilforme, par ailleurs, une alcôve de range-ment côté intérieur. La façade nord, quine nécessitait aucune protection solaireparticulière, joue à l’inverse sur un aspectlisse. Enfin, à l’ouest, équerres et cadress’organisent pour masquer les élémentsde la plate-forme technique (réservoird’azote liquide,par exemple).D’un point de vue constructif, la structureest relativement simple. Elle se définitpar un système de refends porteurs, per-pendiculaires aux façades, positionnéssur une trame régulière qui soutiennentles dalles de plancher. Les façades exécu-tées en béton clair ont été coulées enplace pour tout le rez-de-chaussée, etpréfabriquées pour l’étage. L’ensemble,construit sur des effets de rythme, deproportion, d’équilibre, s’impose par sastabilité et sa relation au sol.L’intérieur révèle une approche plastiquedu béton qui se fait encore plus sensuelle
et tactile qu’à l’extérieur. Le travail réalisésur le mur d’échiffre de l’escalier devientludique, tout en restant toujours aussiexigeant. C’est un noyau central éclairézénithalement et savamment percé quisoutient l’escalier. Les ouvertures réali-sées dans les épais voiles en béton habi-lement colorés, amènent la lumière duciel jusqu’au cœur de l’escalier. Ellesdonnent une importance et uneconscience renouvelée de la matière etde sa mise en œuvre, mais aussi de sonabsence ; de l’ombre et de la lumière ; dela couleur et de la blancheur…
Une architecture faite d’oppositions
L’architecture mise en œuvre parJ.B.Bethgnies et S. Leclair donne à res-sentir les différences et révèle les élé-ments primordiaux comme le plein et levide, l’opaque et le transparent, le nordet le sud. Les concepteurs, comme dessculpteurs de l’espace, ont travaillé avecune matière, en l’occurrence le béton,pour mettre en œuvre du plein, del’opaque, afin de mieux faire ressentir levide. Définissant l’espace, ils révèlent lalumière. La matière a été placée pourcréer des opacités, pour s’adresser aux
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>>> Équerre, casquette et débord de dalle : comme une sculpture,le bâtiment est pensé en trois dimensions. La réalisation marie des bétonscoulés en place au rez-de-chaussée et des bétons préfabriqués à l’étage.L’ensemble est d’une grande qualité malgré le budget limité.
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Maître d’ouvrage :Inra, centre d’Avignon
Maître d’œuvre :Atelier d’architecture
J.-B. Bethgnies et S. Leclair
BET TCE :Pingat
Entreprise gros œuvre :Berthouly
SHON :3 300 m2
Coût :
3,3 M€ HT
sens et à l’émotion, pour rendre lalumière sensible, pour qu’elle se déposesur certaines surfaces et les fasse vibrer.La disposition de cette matière, de cessurfaces et ces volumes opaques, estl’objet même de cette architecture dontle béton est l’essence. ❚
TEXTE:SOLVEIG ORTH
PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS
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r é a l i s a t i o n Ile-de-France – Écoles
L’émotioncomme inscrite dans la matière>>> Deux établissements scolaires construits au cours de la même période. Les contraintes et
les contextes sont différents, mais pour chacun de ces projets Marjolijn et Pierre Boudry se sont servis
de leur expérience passionnelle et raisonnée de l’architecture, de l’urbanisme et du territoire.
Lauréats de nombreux concours d’idées, dont l’Europan, ils réussissent à insuffler à leurs réalisations
cette réflexion profonde menée depuis de nombreuses années, parfois paradoxale, à l’image de la vie, du
plein et du vide, de l’ombre et de la lumière qu’ils mettent en scène avec maîtrise.
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L ’ombre de Disney plane sur leschamps alentour et transforme pro-
gressivement les parcelles pour les urba-niser et les peupler de constructions pas-tiches chargées d’abreuver un espoirsouvent inconscient, parfois insoup-çonné… Celui de posséder une villa auxvagues allures de château. Face à cettearchitecture de complaisance nourrie denostalgie, se dresse un nouvel équipe-ment ayant fière allure – au sens pre-mier. Sa position stratégique et son profilcaractéristique attirent les regards etapaisent l’esprit tout en stimulant lacuriosité. Situé à la croisée d’un tissud’habitat prévu pour être très dense etd’un ensemble d’équipements publicspaysagers, sportifs et de loisirs, le groupescolaire Les Alizés impose une échelle etun volume plus qu’élégant : évident. Parla teinte forte choisie pour l’habiller de latête aux pieds dans la palette des cou-leurs de la commune, mais aussi par lejeu des volumétries, inspiré de la typolo-
gie des fermes et des hameaux avoisi-nants. Par cette imprégnation du passéet ce respect des traces, le bâtiment s’in-tègre avec aisance dans le site, sansfausse modestie, utilisant un acquis ruralpour créer le futur urbain. Car l’échelleest puissante. La façade offerte côté parcurbain annonce un équipement d’impor-tance. Surprise… Il s’agit d’un groupescolaire abritant 12 classes. Cependantl’échelle est juste.Ni trop,ni trop peu.
Le mouvement à cœur
Cette construction, conçue comme desmaisons dans la maison, brouille la com-préhension. Les formes des toits, pansobliques et lignes horizontales mêlées,ne signalent pas de façon claire quellepourrait être la nature et la répartition duprogramme, effort de densificationoblige. Le bâtiment, compact, et lesimbrications volontaires préservent laparcelle – une économie spatiale qui
laisse suffisamment de place pourconserver des bouquets d’arbres remar-quables, l’objectif étant de prolonger lefutur parc urbain et de laisser glisser unecoulée verte au travers du terrain. L’effetde surprise est double, car ce que cettecompacité extérieure ne dévoile pas estmultiple et riche. Les deux écoles réuniesfont bien plus que se côtoyer. L’organisa-tion des espaces intérieurs est telle queces deux écoles sont effectivement sépa-rées comme le demande le programme.Cependant, elles communiquent constam-ment par la précision des vues ménagéeset des cadrages offerts à tout élève qui ychemine. Un large patio en devient lecentre névralgique, le point servant derepère, d’échappée visuelle, de boufféed’air. La mise en scène des mouvementsfrôle l’obsession mais demeure inven-tive. Les enfants scolarisés dans cet éta-blissement bénéficient sans doute deleur première promenade architecturaleau sens “corbuséen” de l’expression.
Leurs déplacements deviennent l’occa-sion de perceptions spatiales condition-nées par leurs propres mouvements.Autant d’émotions générées par la jux-taposition des croisements, l’enchaîne-ment des différentes volumétries et lesséquences installées.
Une belle richesse spatiale
Ainsi, par un savant jeu d’ouvertures, lesécoles primaires et maternelles sont liéesvisuellement et permettent aux enfantsde s’apercevoir même s’ils ne font paspartie de la même école. Petits et grandsdevinent leurs mouvements. À toutmoment, la perception et surtout l’émo-tion créée change, au gré de la lumière,plus ou moins intense ou chaude, enfonction du temps, des matières misesen scène. Monochrome pour sa peauextérieure, le groupe scolaire peut êtrequalifié de multicolore dans ses espacesintérieurs.De grands aplats vifs et vitami-nés impulsent une généreuse gaieté auxlignes épurées de cette architecturemoderne, servie par un béton exploitédans sa plus simple expression.Aucuneprouesse à citer. Recouvert côté extérieurde plusieurs couches d’une lasure brunorangé, ce béton offre aux passants une
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�Bailly-Romainvilliers (77)Le dessin et la matière
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surface mate et vibrante, plus que cha-leureuse, attirante et accueillante, versa-tile à bon escient. Il exprime la force tran-quille d’un équipement à vocationéducative dont la fonction est de proté-ger et d’enseigner dans une atmosphèrede confiance, de confort et d’ouverture.Les espaces intérieurs, et notamment lescirculations, sont généreux dans leursproportions, baignés de lumière natu-
relle dès que possible. S’y promener tuel’ennui… On peut même rêver que cettedéambulation puisse stimuler la curiositéde chaque enfant, lui apporter une formed’éducation spatiale. Les architectes ycroient, quoique le challenge s’avèretoujours plus difficile avec des délais deconception et de fabrication qui se res-serrent et nuisent au développement desbelles matières.
À Bailly, une peau très en relief se faitjour lorsque le béton ne se pare pasd’une belle robe brun orangé. Vedettedes façades du patio, des panneaux deparement (certains sont porteurs), matri-cés et colorés dans la masse, affichentleur ressemblance avec des planches debois mal équarries – un jeu de lignes jux-taposées et confrontées aux panneauxbrise-soleil, constitués de vraies lames debois, qui servent à abriter les salles declasse des rayons trop ardents. Cettepalette de matières est tenue par un des-sin général extrêmement rigoureux.
Une rigueur expressive
La composition, pourtant sans rondeur,s’avère chaleureuse. Une qualité qu’ilfaut attribuer à l’expressivité et à la puis-sance des matières et des teintes utili-sées pour construire ce groupe scolaire.L’utilisation du béton reflète cette prisede position. Le matériau est ici placé auservice des volumes imbriqués, descadrages.Voiles, poteaux, dalles ou pan-
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>>> Magistrale, la façade principale annonce un équipementd’importance. La composition, très anguleuse, tire son expressivité de lapuissance des matières et des teintes utilisées pour la réalisation du bâtiment.
La position stratégique du groupe scolaire et son profil caractéristiqueattirent les regards. Les éléments en béton coulé en place affichent unesimilitude avec des planches de bois mal équarries.
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Maître d’ouvrage :SAN du Val d’Europe
Mandataire :EPA France
Architectes mandataires :Atelier d’architecture
et d’urbanisme Marjolijn et Pierre Boudry
BET :Bethic
Entreprise gros œuvre :Demathieu & Bard
SHON :2 780 m2
Coût :
4,01 M€ HT
rue des Mérons
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neaux de parement coulés en placen’ont aucune spécificité particulière. Leurforce tient de la qualité du dessin et de lanature d’une matière dont la surfacepeut être habillée, imprimée, et servirtout autant l’échelle de la masse quecelle de l’émotion. ❚
>>> Plan de masse
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L e paysage horticole disparaît. Lesbelles parcelles tout en longueur,
caractéristiques des serres et des pépi-nières environnantes, sont progressive-ment urbanisées. Le collège Simone-Veils’inscrit avec réussite dans le site en pré-servant cette typologie si particulière. Il yglisse ses allures de paquebot amarréavec élégance et sans effort, du moins enapparence… Car le challenge du plan-ning aurait pu faire échouer cette belleaventure.Dix mois pour réaliser les milliersde mètres carrés de planchers nécessairesaux trois programmes inclus dans ce pro-jet: un tel calendrier laissait peu le droit àl’erreur. Faire les bons choix et travailler enétroite collaboration furent les clés pourlivrer le collège en temps et en heure.Sans hésiter, il fut décidé d’installer unecentrale à béton sur le site afin d’aug-menter la disponibilité d’une matièreexploitée à souhait dans ce projet. Le cli-mat n’aidant pas, il a fallu avoir recoursaux bancs chauffants pour continuer à
couler les nombreux éléments préfa-briqués en place, quelles que soient lesconditions météorologiques. Grâce à quoiles élèves ont pu déambuler dans lesespaces du collège dès la rentrée 2006.Depuis lors, ils explorent ce nouveau terri-toire peuplé de surprises dissimulées dansun bâtiment dense, travaillé à l’horizon-tale pour accentuer son insertion et souli-gner un paysage ouvert et calme.
Composition en bandes
Les trois programmes – des logementsde fonction, un centre sportif et un col-lège – trouvent leur place dans une com-position en bandes plus ou moinsépaisses. La plus large et la plus com-pacte est occupée par le collège et par lecentre sportif qui se glisse sous le col-lège. Une imbrication qui permet de per-cer des vues, de mettre en abîme desvolumes, de rythmer un bâtiment quiaurait pu être écrasant sans cette réelle
habileté à sculpter les volumes par l’inté-rieur. Jouer sur la compacité et la com-pression avait d’autant plus de sensqu’une bande de lilas existante a pu êtreconservée. Elle forme un écran végétalqui protège des regards la série de loge-ments prévus au programme. En écho àcette part laissée au végétal, le patiocentral assure la continuité des bandesde jardin au cœur du collège. C’est endéambulant qu’il est possible de mesurerle travail sur les flux, sur la mise en scènedes mouvements. Chaque partie du pro-jet propose des cheminements, desambiances différentes, des continuitésvisuelles, des invitations à communiquergrâce à un réel souci du cadrage, que cesoit dans les salles de classe où chaqueélève peut profiter d’une très belle vuesur le paysage alentour, ou par la créa-tion d’ouvertures laissant deviner la pré-sence du centre sportif depuis l’école. Icila densité s’équilibre par l’ouverture, lasobriété s’adoucit par le jeu des matières
et le mouvement est facilité par la fonc-tionnalité parfaitement étudiée des flux.Mêmes vides, les locaux semblent habi-tés sans doute en partie grâce à lalumière capturée à souhait, aux teinteschoisies pour animer les couloirs, auxperspectives toujours riches. Là encore,qu’il s’agisse de la grande salle de sport,du dojo, du centre de documentation ousimplement d’une salle de classe, lesespaces sont généreux et apaisants.
Un bâtiment massif et léger
Le challenge réussi dépasse la seulecontrainte de temps. Pierre et MarjolijnBoudry signent là un outil efficace pourleurs usagers mais surtout une sourced’émotions. Ils y développent et y maté-rialisent les fondamentaux qui régissentleur mode de conception.Par là même, ilsréussissent à apporter de la légèreté àune architecture assez massive en tra-vaillant des failles, des cadrages, desfentes qui laissent passer de la lumière,de l’air. Pour y arriver, ils exploitent avecconviction les possibilités offertes par lebéton, une matière que ces deux archi-tectes, frère et sœur, ont pu apprivoiser etapprécier dès leur enfance dans une mai-son faite exclusivement de béton brut.
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�Mandres-les-Roses (94)Dense,efficace et multiple
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À Mandres-les-Roses, le béton sert à réa-liser des porte-à-faux de 7 m, à créer despanneaux de façade polis à base demarbre comme granulat principal, àmatérialiser une poutre en T de 8,5 m delong, de 2,6 m de haut et de 7,9 m delarge. Elle semble flotter sur la salled’arts plastiques, juste maintenue parses deux extrémités. Elle y crée uneatmosphère étonnante et offre une vue
sur le ciel et une plongée sur le centre dedocumentation – un des exemples demise en abîme. La pièce dédiée à lamusique n’est pas en reste. Installéedans un cône, elle peut être transforméeen petite salle de concert. Pour réalisercette forme conique, l’entreprise aconfectionné un coffrage en bois de typecoque de bateau pour en déterminer laforme.Puis une armature y a été installée
et plusieurs couches de béton ont étéprojetées, lissées à la main jusqu’à obte-nir le bon profil. Ajoutons quelquespoutres échelles, quelques pièces spé-ciales, des voiles et des poteaux clas-siques, des dalles pleines ou alvéolaireset la structure du bâtiment se dessineentièrement.
Le béton,versatile à souhait
D’un point de vue esthétique, les pan-neaux en béton poli utilisés en façadeforment une peau soyeuse dont les parti-cules de marbre miroitent sous les rayonsdu soleil. Ils font de cette constructionune boîte un peu précieuse dont lesfaces, toutes différentes, s’adaptent à leurenvironnement. En bon navire, elle s’im-pose comme un équipement depuis lavoie qui le dessert. Courbe, la route frôlele bâtiment de façon tangentielle etaccentue l’effet d’étirement à l’horizon-tale. Un seul regret, peut-être. Il est lié àcette course contre la montre et ne remetaucunement en cause la qualité de ceprojet… Comment assurer de belles fini-
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>>> Le collège s’impose dans son cadre comme un paquebot amarréavec élégance. Les panneaux de façade forment une peau soyeuse dont lesparticules de marbre miroitent au soleil. Massive, l’architecture du bâtiments’allège grâce à des failles, à des fentes qui laissent passer la lumière.
L’intérieur du bâtiment révèle la qualité du travail sur les flux.4
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Maître d’ouvrage :Département du Val-de-Marne
Architectes mandataires :Atelier d’architecture
et d’urbanisme Marjolijn et Pierre Boudry
BET :Eurotec
Entreprise de gros œuvre :Urbaine de travaux
SHON :10 855 m2
Coût :
18 M€ HT(VRD-paysage inclus)
tions et un second œuvre de qualité, eneffet, lorsque l’étau du temps se resserreà ce point ? Avis aux maîtres d’ou-vrage… Donnons les moyens aux bellesarchitectures de prendre corps et dedurer, notamment lorsqu’elles doiventsubir les assauts de jeunes adolescentsplein de fougue ! ❚
TEXTE:BÉATRICE HOUZELLE
PHOTOS : JEAN-MICHEL LANDECY
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>>> Plan de masse
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a c t u a l i t é s
expos i t ion
“Sacré béton”Sculptures contemporaines
ÀSaint-Quentin-la-Poterie, près d’Uzès, une initiativeaudacieuse a célébré “l’alliance du béton et de la
nature” dans le site paysager du jardin de la Noria. Cet événe-ment est l’aboutissement d’une démarche culturelle du pro-priétaire des lieux, Jean Deparis, passionné d’histoire des jar-dins et amateur d’art contemporain.Après la restauration desbâtiments du mas dans les années 90, commence en 2001,sur un hectare en friche autour des vestiges d’une anciennnenoria, une “aventure paysagère”. L’aménagement du jardinde la Noria s’achève en 2007,avec l’ouverture de la Prairie desSculptures,dédiée au béton.Pour marquer cet événement exceptionnel, une expositionunique en Europe a eu lieu cet été, en partenariat avec Cim-béton, réunissant une quinzaine d’artistes utilisant le béton.Le catalogue de l’exposition “Sacré béton” est disponibleauprès de Cimbéton à : [email protected].
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Cimbétonlance le site Internet
�Livio Vacchini
Située à proximité de la place Stanislas,l’école d’architecture de Nancy est un élément urbain à l’échelle de la ville.
La rédaction de Construction moderne a appris avec beaucoup de tris-tesse le décès de l’architecte suisse Livio Vacchini, à Bâle, le 2 avril 2007.
Cet éminent représentant de l’école d’architecture tessinoise naît le 27 février 1933 à Locarno. Il fait ses études à l’École polytechnique fédéralede Zurich, où il obtient son diplôme d’architecte en 1958. Ensuite, il vit et tra-vaille à Stockholm et à Paris. De retour à Locarno, il fonde sa propre agenceen 1961. Il travaille seul ou en association avec Luigi Snozzi, puis avec Aure-lio Galfetti. Les travaux de Livio Vacchini obtiennent rapidement une recon-naissance internationale. Parmi ses principales réalisations, on peut citer lesécoles de Locarno, de Losone (avec Aurelio Galfetti) et de Montagnola, le
bâtiment de la poste de Locarno, la salle polyvalente deLosone et la réorganisation de la Piazza del Sole à Bellinzona.Il a également retenu l'attention internationale avec laconstruction de la nouvelle école nationale supérieure d'archi-tecture de Nancy (cf. n°88 de Construction moderne). LivioVacchini a aussi enseigné en tant que professeur invité àl'École polytechnique fédérale de Zurich et à l’École polytech-nique de Milan. En 1995, il ouvrait une nouvelle agence avecSilvia Gmür à Bâle. [Construction moderne, dans son n° 110,aconsacré un portrait à Livio Vacchini.] ❚
Ce site propose aux acteurs de la construction de découvrir les réponses constructives proposées par la filière béton dans les différents segments du marché de la construction.Le premier volet du site est dédié aux bâtiments d’activité. À partir d’une entrée libre ou par profils d’utilisateurs, le site “Solutions béton” propose :
�des renseignements sur les solutions techniques,leurs caractéristiques et leurs atouts;
�des dossiers thématiques pour aller plus loin sur certains points précis;
�une abondante documentation en téléchargement libreissue de la collection Cimbéton.
B E T O Nsolutionssolutions
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PARIS
Léa DUVERGÉ, Camille SAINT-PAUL et Ludovic CHAMBREÉcole d’architecture de Paris Val-de-Seine et ENS Cachan
c o n c o u r s
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Concours “Bétons, matière d’architecture” 2006-2007
Un palmarès dynamique et inventif
� Les lauréats
L’objectif de ce projet est celui de la naissance d’une place, lacréation d’un lieu de passage, un lieu où l’on puisse aussi
rester. Notre intervention permet de réaffirmer l’échelle piétonne,seule condition de l’existence d’un réel lieu. Nous souhaitons quela maison des initiatives soit le moyen de créer non seulement dulien social, mais aussi un lien urbain, grâce à l’insertion d’une nou-velle échelle au sein de la porte. À des usages nouveaux, nous super-posons des parcours nouveaux : nouvelles continuités urbaines,nouvelles promenades, nouveaux espaces plantés […] Les lignesdirectrices du projet sont nées en opposition avec un paysage quis’organise parallèlement au périphérique, accentuant la notion defrontière inscrite dans la ceinture de Paris. Nous avons choisi defaire de la maison des initiatives un projet urbain dans le projeturbain, un pont entre Paris et la banlieue, un pont entre les habi-tants de ces territoires. La maison des initiatives est l’espace publicpar excellence, elle est donc pensée comme son prolongement natu-rel. Elle ne se lit pas comme un bâtiment à proprement parler, maiscomme un paysage, comme la résultante d’un nouveau relief. »
Les résultats complets du concours sont présentés
sur la plaquette Résultatséditée par Cimbéton.
Disponible sur demande à :[email protected]
« Comment valoriser la diversité culturelle et la mixité sociale dans une période ou la politique de la ville fait partie des thèmes majeurs de la société contemporaine ? » Cette problématique a inspiré le choix du sujet de la 8e session du concours “Bétons, matière d’architecture” : il s’agissait de concevoir un nouveau type d’équipement public – une maison des initiatives – pour donner corps aux dynamiques locales, qu’elles soient sociales ou productives. Il fallait donc inventer une architecture évolutive et modulable qui permette la coexistence de fonctions très diversifiées dans un même lieu.Sous la présidence de l’architecte-urbaniste berlinois Klaus Zillich, le jury a récompensé trois lauréats,décerné cinq mentions – dont une spéciale ingénierie – et cinq citations.Vous pouvez découvrir ici un aperçu des projets primés, avec les présentations des étudiants architectes et ingénieurs.
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GRENOBLE
Sébastien GUIRAO, Alexandra BILLION, Mathieu GRENIER et ThomasMOUILLONÉcole nationale supérieure d’architecture de Grenoble
CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE
Sophie GARAT et Lise POIROTÉcole nationale supérieure d’architecture de Nancy
Le projet se pressent comme une vasque venant, d’une part,recueillir un intérieur à protéger et, d’autre part, contenir les
ardeurs d’un extérieur hostile. Poreux dans un sens et imperméabledans l’autre, il articule deux façades aux ambiances distinctes. L’une,lisse, laisse les éléments glisser le long de ses flancs ; l’autre, délitéeet creuse, vient accueillir les courants s’égarant dans ses interstices.Le projet cherche à considérer la parcelle comme un véritable tout,dans lequel espace construit et espace libre se confondent et dialo-guent littéralement, lançant aux passants un éternel message debienvenue… La nouvelle place créée dans le projet est un lieu deconfluences générant de l’organisation urbaine. La partie construitedu projet vient abriter cette confluence et chacun de ses prolonge-ments, comme un réceptacle. À l’intérieur de la maison des initia-tives, de grands plateaux s’étirent les uns au-dessus des autres pardélitement, ménageant des vides, des pleins, des percées, et se ren-voyant des images tronquées de ce qu’ils sont eux-mêmes. Un jeude mise en abîme. »
La maison des initiatives se veut comme une sculpture d’unionet de rencontre entre les volumes des deux grands ensembles
du quartier (barre et tour). Son accroche en hauteur, près de la tour,signal du quartier, vient confirmer l’envie d’une implantation fortesur le site, sans toutefois négliger un travail de proximité des initia-tives. La construction permet de recoudre l’îlot et de réhabiliterl’espace de la tour…On se propose de recréer un parc arboré, véri-table pièce végétale urbaine, continuant la promenade déjà exis-tante à l’arrière des grands ensembles. On garde le champignon dusite initial, offrant ainsi un support éventuel à des manifestationséphémères. »
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� Les mentions architecture � Les citations
PARIS
Adrien COSNEFROY – Écoled’architecture de Paris-Belleville
PARIS
Carole LENOBLE – Écoled’architecture de Paris-La Villette
GRENOBLE
Jérôme THIBAULT – École nationale supérieure d’architecture de Nancy
CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE
Pamela DURASAMY et Alexandre ROUBAUD – Écoled’architecture de Paris Val-de-Seine
GRENOBLE
Robin JUZON, Benoît LAROCHE etFlorian TEISSONNIÈRE – École nationale supérieure d’architecture de Montpellier
CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE
Guillaume BERNARD,Jean-Luc PELLINGHELLI et Simon BERGOUNIOUX – Écoled’architecture de Marne-la-Vallée
GRENOBLE
Brice LAUNAY MÉNÉTRIER et Violaine OUVRARD – École nationalesupérieure d’architecture de Grenoble
PARIS
Gwénaëlle MORICE, Marie GASPARINI et Christian CANONICO – Écoled’architecture de Paris-Belleville, ENPCet École d’architecture de Versailles
PARIS
Christophe GUEVILLE – Écoled’architecture de Paris-Belleville
GRENOBLE
Georges BELIGNE, Grégoire SEIDELet David NICOMMETTE – INSAStrasbourg (architecture, génie civil)
� La mention ingénierie
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Le 14 juin dernier, Cimbéton, Centre d’information sur le ciment et ses applications, remettaitles prix du concours “Bétons, matière d'architecture” qu'il organise depuis maintenant 16 ans.
Le nombre d’inscrits pour cette édition 2006-2007 était encore une fois élevé : 571 étudiantsdont 33 élèves ingénieurs, associés en 321équipes. Au final, 95 de ces équipes, constituées de202 étudiants (187 architectes et 15 ingénieurs), ont rendu un projet. Vingt écoles d’architectureet 8écoles d’ingénieurs étaient représentées.
C’est à l’Unesco qu’a eu lieu la remise des prix. M. Sergueï Lazarev, chef de la section “lutte contrela discrimination et le racisme” de l’institution, était présent lors de la cérémonie, aux côtés desreprésentants du ministère de la Culture et de la Communication et du ministère de l’Écologie, duDéveloppement et de l’Aménagement durables, et bien sûr de Mme Anne Bernard-Gély, directeurgénéral de Cimbéton. M. Paul Quintrand, membre de l’Académie d’architecture, M. DanielKahane, architecte, président de Bétocib, et M. Christophe Rousselle, architecte, étaient égale-ment présents.
Cette 8e session du concours s’inscrivait dans une logique prospective. Le projet, une “maisondes initiatives”, proposait d’inventer un nouveau type de programme, permettant aux administrésdes villes partenaires – Châlons-en-Champagne, Grenoble et Paris – de pratiquer des activitésdans les champs les plus divers. Mais il exigeait aussi d’imaginer un bâtiment flexible et modu-lable, capable d’évoluer à court, moyen et long terme. Un “rêve” d’actualité, donc, parce qu’inscritdans une perspective de développement durable, rendu possible par le potentiel technique desnouveaux bétons.
Ce concours, orienté à la fois sur la conception architecturale et sur l’utilisation des nouveauxbétons, était donc ambitieux. La question posée aux concurrents de cette session – “Comment lebéton, matériau opaque, solide et monolithique, peut-il devenir un vecteur symbolique et tech-nique de flexibilité ?” – n’était donc pas simple. Force est de reconnaître que les réponses furentsouvent pertinentes. ❚
� • 1 – Daniel Kahane, architecte, président de Bétocib • 2 – Christophe Rousselle, architecte, lauréat de la 7e session du concours • 3 – Pierre Kermen, ville de Grenoble, adjoint/élu à l'urbanisme et à l'environnement • 4 – Dominique Alba, directrice du Pavillonde l’Arsenal • 5 – Bruno Bourg-Broc, président de la communauté d'agglomération, député-maire de Châlons-en-Champagne• 6 – Paul Quintrand,Académie d'architecture • 7 – Anne Bernard-Gély, directeur général de Cimbéton, et Hugues de Penfentenyo, présidentde la commission de promotion de l’Industrie Cimentière • 8 – Jean Gautier, directeur, adjoint au directeur de l’Architecture et du Patrimoine,chargé de l’architecture, et Sergueï Lazarev, chef de la section “lutte contre la discrimination et le racisme” de l’Unesco • 9 – Frédéric Kamondi,architecte, membre de la commission d’expertise, et Anne Bernard-Gély • 10 – Anne Bernard-Gély et Roland Dallemagne, commissaire duconcours “Bétons, matière d’architecture” • 11 – Les équipes mentionnées • 12 – L’ensemble des équipes primées.
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Remise des prix
Les étudiants à l’honneur
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