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PANORAMA DE PRESSE
20/02/2017 08h15
CGT
Panorama réalisé avec Pressedd
SOMMAIRE
JOURNÉES D'ACTIONS(1 article)
lundi 20 février 2017
Mobilisation Les anti-loi travail lancent leur « premier toursocial » (179 mots)
Pour la première fois, cette année, le samedi 22 avril, veille du premier tour de laprésidentielle, sera aussi une journée…
Page 8
SYNDICALISME(10 articles)
lundi 20 février 2017
Xavier Beulin, le président du syndicat agricole FNSEA, estmort (649 mots)
A quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, la Fédération nationaledes syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a …
Page 10
dimanche 19 février2017
Xavier Beulin, le céréale-killer de la FNSEA (751 mots)
Xavier Beulin en … Page 12
samedi 18 février 2017
« 20 000 fermes sont menacées de disparition » (860 mots)
Propos recueillis par Adeline Daboval et Marc Lomazzi « Calamités climatiques,contre-performances é…
Page 14
lundi 20 février 2017
Le syndicat majoritaire auprès des fonctionnaires de l'ONF(Office national des forêts), (106 mots)
Le syndicat majoritaire auprès des fonctionnaires de l'ONF (Office national desforêts), Snupfen Solidaires, a dénoncé, ven…
Page 16
lundi 20 février 2017
La SGL, premier syndicat lycéen, a réclamé vendredilasuspension du site Bonnenote.fr, (95 mots)
La SGL, premier syndicat lycéen, a réclamé vendredila suspension du siteBonnenote.fr, qui propose aux collégiens, lycéens …
Page 17
lundi 20 février 2017
Diffamation Pierre Gattaz relaxé après avoir assimilé la CGT àdes « terroristes » (184 mots)
Le président du Medef a été relaxé jeudi par le tribunal correctionnel de Bobignydes faits de diffamation dont l'accusait …
Page 18
samedi 18 février 2017
" Voyous ", " terroristes " : Gattaz gagne en justice face à laCGT (644 mots)
Pierre Gattaz vient de remporter une manche dans son face-à-face avec la CGT.Poursuivi pour " diffamation publique " par l…
Page 19
samedi 18 février 2017
Première audition après la plainte en diffamation de la CGT(422 mots)
Villejuif Par Lucile Métout Une étape vient d’être franchie dans la procédure endiffamatio…
Page 20
samedi 18 février 2017
Au Havre, la CGT s’impose dans les centres d’appels (499 mots)
À peine représentée il y a trois ans (10 % des suffrages, aucun siège au sein ducomité d’entreprise), la CGT devient major…
Page 21
lundi 20 février 2017
Militante CGT renversée : le dossier classé sans suite (360 mots)
Une militante CGT avait été renversée par un automobiliste, le 19 mai dernier,lors d'une manifestation à Montmarault. Le p…
Page 22
ACTUALITE SOCIALE(8 articles)
dimanche 19 février2017
Comment emprunter sans CDI ? (700 mots)
Selon la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques(Dares), 86 % des embauches se font actuellement…
Page 24
samedi 18 février 2017
Chômage, une inversion de courbe fragile (679 mots)
Il est des jours où François Hollande doit regretter amèrement de ne pas s'êtrereprésenté. Jeudi 16 février, l'Insee a co…
Page 27
lundi 20 février 2017
Régler le problème des 35 heures dans le public (330 mots)
La réduction du temps de travail a plombé la productivité des fonctionnaires. PourCharles Dennery, normalien, l'amélioration du service pu…
Page 28
lundi 20 février 2017
Chômage : la poursuite du plan 500.000 formations se dessine(500 mots)
C'est la dernière ligne droite. Le ministère du Travail s'active pour bouc…
Page 29
lundi 20 au dimanche26 février 2017
Les nouveaux métiers (pérennes ?) du numérique (1338 mots)
D'ici à 2022, 191.000 postes seraient à pourvoir, d'après le ministère duTravail.Mais la crainte des conséquences sociales et sociétales d…
Page 30
lundi 20 au dimanche26 février 2017
CITS, un crédit d’impôt pour les associations (424 mots)
Les maisons de retraite et les services d’aides à la personne privés bénéficiaientdu Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi …
Page 32
lundi 20 février 2017
« La France a longtemps été un pays de petits entrepreneurs »(571 mots)
Claude Didry Sociologue, chercheur au CNRS …
Page 33
samedi 18 février 2017
Le syndicat des professions libérales s'oppose à la suppressiondu RSI (456 mots)
Pour ou contre la suppression du régime social des indépendants (RSI) ? L'unionnationale des professions libérales (UNAPL)…
Page 34
PROTECTION SOCIALE(2 articles)
lundi 20 février 2017
Renforcement de la Sécurité sociale et création de la sécuritésociale professionnelle (466 mots)
Un gouvernement dirigé par Jean-Luc Mélenchon entend se doter de moyens pourrépondre aux urgences, avec une hausse de 173 …
Page 36
lundi 20 février 2017
L’aide aux éloignés de la Sécurité sociale reconduite (265 mots)
Montreuil Tout le monde, en théorie, peut bénéficier de la CMU, la couverturemédicale universelle — devenue p…
Page 37
MOUVEMENTS SOCIAUX(13 articles)
lundi 20 février 2017
Paris. La CGT finances appelle à un rassemblement pour laréintégration de Marie, salariée (201 mots)
Paris. La CGT finances appelle à un rassemblement pour la réintégration de Marie,salariée du nettoyage travaillant depuis …
Page 39
lundi 20 février 2017
Quand l'université de Franche-Comté perd sa faculté dedialogue (497 mots)
Des policiers en tenue antiémeute, des menottages ventre au sol, le tout au milieude cris d'angoisse et de mobiliers endom…
Page 40
lundi 20 février 2017
L'accord sur les facteurs contesté (644 mots)
Un non ferme et définitif. La Fapt-CGT a annoncé, jeudi, qu'elle ne signerait pasl'accord sur les conditions de travail de…
Page 41
dimanche 19 février2017
Avenir des postiers : un accord au forceps (960 mots)
La direction et les syndicats de La Poste se trouvent dans une situation sociale etjuridique tout à fait inédite. L'accord…
Page 42
samedi 18 février 2017
CGT et SUD s'opposent à l'accord sur les facteurs (119 mots)
La CGT-FAPT, la première force syndicale de la branche services-courrier-colis de-La Poste a annoncé, jeudi 16 février, q…
Page 44
dimanche 19 février2017
La renaissance des madeleines Jeannette (1042 mots)
Cet après-midi de la Saint-Valentin, le petit magasin d'usine de la biscuiterieJeannette 1850 – son année de naissance –, …
Page 45
lundi 20 février 2017
VTC contre Uber : les questions qui fâchent (1643 mots)
Ala suite des propositions de Jacques Rapoport, le médiateur nommé par legouvernement pour trouver une issue au conflit qu…
Page 47
lundi 20 février 2017
Primark : mini prix, maxi mal-être (417 mots)
Créteil Par Laure Parny « On soulève des cartons toute la journée, on estdavantage manuten…
Page 50
samedi 18 février 2017
Quel avenir pour Peugeot Scooters ? (388 mots)
Dans un courrier daté du 13 février, adressé à la direction de Peugeot Scooters,Frédéric Sanchez et Jacques Bauquier, coor…
Page 51
lundi 20 février 2017
La CGT de la Candélie inquiète à court terme (454 mots)
Peut-on faire plus avec autant ? C’est dans le monde du travail, secteur public etprivé confondus, la question éternelle. …
Page 52
vendredi 17 février2017 20:38
Agents des services scolaires : La CGT et Sud demandent plusd'effectifs (440 mots)
Les syndicats CGT et SUD de la ville de Tulle ont adressé une lettre ouverte aumaire et au conseil municipal dans laquelle ils alertent les élus sur la s…
Page 53
lundi 20 février 2017
Les bons chiffres 2016 de la multinationale contrastent avec lafaible hausse des salaires (836 mots)
Le choc des dividendes et des salaires Croissance, hausse des dividendes et a…
Page 55
samedi 18 février 2017
L'examen du code de la route à La Poste soulève lesprotestations de la part du syndicat de la CGT (404 mots)
« Des problèmes de sécurité » L'examen du code par les facteurs ne passe pas …
Page 57
EUROPE ET INTERNATIONAL(4 articles)
dimanche 19 au samedi25 février 2017
PSA-Opel, affaire d’États (739 mots)
AUTOMOBILE Le projet de reprise d’Opel par Peugeot Citroën a déclenché desréactions politico-diplomatiques en chaîne Décidément, l’État français a bie…
Page 59
lundi 20 février 2017
Opel-PSA : questions autour d'un projet de fusion (820 mots)
Deux véhicules légers peuvent-ils faire un poids lourd ? C'est l'inconnue del'équation Opel pour PSA, qui négocie avec General Motors le r…
Page 61
lundi 20 février 2017
« La principale cause des inégalités en Espagne est lechômage » (743 mots)
« Si l’industrie automobile espagnole a attiré tant d’investissements du reste del’Europe, c’est qu’en Espagne il e…
Page 63
lundi 20 février 2017
Outre-Manche, les Européens redoutent d'être des citoyens deseconde classe après le Brexit (1893 mots)
Français, Irlandais, Espagnols… Expatriés en Grande-Bretagne, ils manifestent celundi contre le refus de Theresa May de garantir l…
Page 66
JOURNÉES D'ACTIONS
7
Mobilisation Les anti-loi travail lancent leur « premier tour social »
lundi 20 février 2017Page 9
179 mots
SOCIAL-ECO
P our la première fois, cette
année, le samedi 22 avril, veille
du premier tour de la présidentielle,
sera aussi une journée de mobilisa-
tion sociale. A l'appel de plusieurs or-
ganisations syndicales et militantes,
parmi lesquelles Info'Com CGT, la
CGT Goodyear, la Compagnie Jolie
Môme ou encore SUD PTT 92, un ras-
semblement national de « tous ceux
qui n'en ont pas fini avec la loi travail
» est prévu place de la République, à
Paris, pour « mettre la question so-
ciale au cœur des enjeux politiques
», explique Romain Altmann, secré-
taire général d'Info'Com CGT. Dans
un contexte où la répression antisyn-
dicale a pris de l'ampleur au fil des
manifestations contre la loi El Khom-
ri, « il faut désormais passer à l'action
», a déclaré Mickaël Wamen, de la
CGT Goodyear, lors de la soirée de
lancement de ce « premier tour social
», jeudi dernier, au Théâtre de la
Belle-étoile à Saint-Denis.M. d'A.■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
F49CD3988600160FF5361870930D415194056F56F35F30D382E54F2
Parution : Quotidienne
Diffusion : 35 746 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2015/2016
Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 8
SYNDICALISME
↑ 9
Xavier Beulin, le président du syndicat agricole FNSEA, est mort
lundi 20 février 2017649 mots
DISPARITIONS
A quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, la Fédération natio-
nale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a annoncé, dimanche 19 fé-
vrier, le « décès brutal » à l’âge de 58 ans, de son président Xavier Beulin, qui
était à la tête du principal syndicat agricole français depuis 2010. Le groupe
agroalimentaire Avril qu’il dirigeait a parallèlement annoncé sa disparition.
M. Beulin a succombé à une crise cardiaque, a-t-on appris auprès de la FNSEA.
« Il a donné tout ce qu’il avait pour les idées d’un syndicalisme ouvert et indépen-
dant. (…) Engagé depuis l’âge de 17 ans pour l’agriculture, Xavier Beulin a donné
au syndicalisme et aux filières agricoles des lettres de noblesse et un élan incom-
parable », rapporte le communiqué de la FNSEA.
Céréalier d’origine, Xavier Beulin, également patron du groupe agroalimen-
taire Avril, était un industriel et un businessman siégeant dans de nombreuses
sociétés. Une double casquette d’homme d’affaires et de syndicaliste qui lui a
valu de nombreuses critiques.
Le groupe Avril a salué dans un communiqué « son énergie, son charisme et sa
vision qui ont permis l’émergence de ce qui est aujourd’hui un champion fran-
çais ». M. Beulin a « œuvré sans relâche au développement de l’agriculture fran-
çaise, toujours dans l’intérêt général, comme en témoigne son parcours syndical
qui l’a mené jusqu’à la présidence de la FNSEA », a encore souligné le groupe.
Ni la FNSEA ni le groupe Avril n’ont donné de détails sur les circonstances de
sa disparition.
« Une perte majeure pour la France »
De très nombreuses réactions ont rapidement suivi l’annonce du décès de
M. Beulin, à moins d’une semaine de l’ouverture du Salon de l’agriculture. Il
s’agit d’« une perte majeure pour la France », a commenté le président Fran-
çois Hollande. « Xavier Beulin était convaincu du rôle majeur de la recherche et
de l’innovation. Et il avait investi les organisations dont il avait la charge dans la
préparation de la conférence sur le climat qui a débouché sur les accords de Paris
de décembre 2015 », a souligné le chef de l’Etat.
Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a salué « un pilier du mouvement
syndical agricole », dont il respectait l’« engagement syndical et en faveur de
l’agriculture en général ». « Avec lui, au-delà de nos différences, j’ai toujours tra-
vaillé à trouver des solutions pour soutenir une agriculture qui traverse des mo-
ments difficiles », a souligné le ministre.
M. Beulin s’était notamment illustré pendant l’été 2015 en tentant de canali-
ser les fortes mobilisations d’agriculteurs, en colère contre la chute des prix du
lait, du porc et l’effondrement de leurs revenus. Chahuté, il était resté stoïque.
↑ 10
Xavier Beulin lors d’un discours à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), le 1er septembre2016.
« C’est Le Foll qui aurait dû être à ma place », avait-il glissé sous les sifflets de
jeunes agriculteurs.
Un grand céréalier
Lorsqu’il accède à la tête de la FNSEA en 2010, M. Beulin est le premier cé-
réalier à prendre cette fonction, qui était jusqu’ici occupée par des éleveurs. Il
l’emporte d’ailleurs d’une courte tête (cinq voix) devant un éleveur laitier.
Enfant d’agriculteurs, Xavier Beulin exploitait avec son frère et deux cousins
500 hectares de cultures, mais aussi un atelier de lait, dans les environs
d’Orléans. Autodidacte, il avait dû reprendre l’exploitation familiale au décès
de son père en 1976, à l’âge de 17 ans, alors qu’il était encore en terminale et
n’avait pas pu passer son baccalauréat. Il s’était alors engagé dans le syndica-
lisme agricole, d’abord aux Jeunes agriculteurs, puis à la FNSEA.
L’un de ses mentors, Jean-Claude Sabin, figure de l’agriculture du Sud-Ouest,
est aussi le fondateur de Sofiprotéol, un groupement de céréaliers créé
en 1983. Xavier Beulin lui avait succédé à la tête de cet empire de
l’agroalimentaire français et présidait depuis 2000 la société Avril (ex-Avril-
Sofiprotéol). Un groupe dont le nom est peu connu des consommateurs mais
qui détient des marques d’huiles comme Lesieur ou Puget, ou d’œufs (Ma-
tines).
Syndicalement, Xavier Beulin présidait non seulement la FNSEA mais aussi
l’EOA (Alliance européenne des oléo-protéagineux). Il était aussi vice-pré-
sident du COPA-COGECA, le syndicat agricole européen le plus puissant.
Xavier Beulin lors d’un discours à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), le 1er sep-
tembre 2016.
GUILLAUME SOUVANT / AFP
par Par
Tous droits réservés http://www.lemonde.fr 2017
4b94139588c0560985b415a0560ed1c097e59956a3e4373a933d22a
Parution : Quotidienne
↑ 11
Xavier Beulin, le céréale-killer de la FNSEA
dimanche 19 février 2017751 mots
FUTURS
Xavier Beulin en janvier 2011.
L e président de la FNSEA Xavier
Beulin estmort ce dimanche à
l'âge de 58 ans. Libération dressait
son portrait en septembre 2015, que
nous republions ci.dessous.
Souvent présenté comme le «véri-
table ministre de l’Agriculture», le
tout puissant patron du premier
syndicat agricole français mobilise
ses troupes aujourd’hui à Paris.
Mais l’agrobusinessman est loin
des préoccupations des petits éle-
veurs.
Costume impeccable, chaussures
fines, Breitling au poignet, «petit
pied-à-terre» en Tunisie, Xavier Beu-
lin a la rutilance et le train de vie
d’un PDG de multinationale. Et pour
cause. A 56 ans, celui qui dirige la
FNSEA depuis fin 2010 et que
d’aucuns qualifient de «véritable mi-
nistre de l’Agriculture» tant il obtient
tout ce qu’il veut de François Hol-
lande comme de son précédesseur,
est aussi et surtout un redoutable
homme d’affaires.
Coiffé de multiples casquettes,
l’influent syndicaliste tire en toute
discrétion les ficelles de l’agro-in-
dustrie française... celle-là même qui
entraîne la disparition des agricul-
teurs. Contrairement à ce qu’il avait
promis lors de son accession au som-
met de la FNSEA, il a conservé la plu-
part de ses autres mandats, une
bonne dizaine en tout. En plus de
quantités de responsabilités dans dif-
férentes instances clés du monde
agricole, en province, à Paris ou à
Bruxelles, il préside toujours le port
de commerce de La Rochelle
– deuxième port français pour
l’exportation de céréales – ou le
conseil économique et social régional
(CESER) du Centre. Et s’est même
emparé, en sus, de celle de l’IPEMED
(Institut de prospective économique
du monde méditerranéen), un think
tank fondé par Jean-Louis Guigou,
mari de l’ex-ministre socialiste Elisa-
beth Guigou.
L'homme qui pesait 7
milliards
Surtout, il est à la tête d’un empire
agro-industriel et financier aussi
puissant que peu connu du grand pu-
blic : le géant céréalier Sofiprotéol,
récemment rebaptisé Avril pour
«symboliser la force du renouveau». Ce
mastodonte pèse 7 milliards d’euros
de chiffre d’affaires, regroupe plus de
150 sociétés et se dit présent dans
22 pays, dont – ô surprise – ceux du
Maghreb, l’une des terres que
l’agriculture tricolore doit absolu-
ment conquérir, ne cesse de répéter
Beulin. La raison d’être d’Avril-Sofi-
protéol, ce «maître caché de
l’agriculture française», comme titrait
le site Reporterre.net début 2015 ?
Assurer un maximum de débouchés à
la filière des huiles et protéines végé-
tales (colza, tournesol, pois...).
La holding de Beulin est partout.
Dans nos assiettes, avec les huiles
Lesieur et Puget ou les œufs Mâtines,
marchés qu’elle domine. Dans celle
des porcs, de la volaille ou du bétail,
avec Glon Sanders, numéro 1 français
de l’alimentation animale. Dans la
«santé» et la génétique animale.
Dans nos moteurs, avec Diester In-
dustrie, champion européen du bio-
diesel (une vraie «rente de situation»,
dixit la Cour des comptes en 2012).
Dans nos cosmétiques, peintures ou
matelas en mousse polyuréthane,
puisqu’Avril est aussi leader euro-
péen de l’oléochimie. Dans le finan-
cement de l’agriculture industrielle.
Dans la presse agricole. Dans l’huile
de palme, dans les semences ou dans
les OGM (avec Biogemma)... N’en je-
tez plus !
Ruralité en col blanc
Compte tenu de toutes ses activités
de col blanc, on a du mal à imaginer
Beulin dans un champ. Quand a-t-il
le temps de s’occuper de son exploi-
tation de 500 hectares de blé, orge,
colza, tournesol, maïs et pois protéa-
gineux, cultivés avec son frère et
deux cousins dans le Loiret ? Inter-
rogé par Libération en 2011, le gros
céréalier – fait rarissime à la tête de
la FNSEA – avait bondi : «J’y vais deux
week-ends par mois. Le dernier, j’ai
fait dix-sept heures de tracteur ! Et
quand je vais à l’étranger, la première
chose que je fais, c’est sentir la terre.»
Depuis son fauteuil des beaux quar-
tiers parisiens, l'homme au discours
bien rodé multiplie les gages de rura-
lité.
Il ne se départit de son charisme onc-
tueux et ne montre de signes
d’agacement que lorsqu’on lui parle
des dégâts environnementaux et so-
ciaux causés par l’agriculture indus-
↑ 12
trielle, son modèle absolu. Il est
mort, le sol, il ne produit plus que
sous perfusion, alarment des agro-
nomes. Une fuite en avant, dopée à
la pétrochimie, dont les agriculteurs
sont les premières victimes. «Des cli-
chés !». Bien.
Reste une question : comment peut-
on prétendre défendre les éleveurs
quand son propre intérêt vise à faire
grandir les exploitations pour leur
vendre toujours plus de tourteaux de
colza ? Plus un troupeau grandit,
moins il est facile de faire pâturer les
vaches, plus c’est juteux pour le four-
nisseur Avril. L’herbe, gratuite, n’est
bonne que pour les comptes des éle-
veurs. Vous avez dit conflits
d’intérêts ? Beulin s’en moque. Plus
c’est gros, plus ça passe... ■
fe92b3c88a50f500355e10e07105f10495350d5263f9357bbfa9445Parution : Continue
Diffusion : 11 604 121 visites (France) - © OJD Internet jan.2017
↑ 13
« 20 000 fermes sont menacées de disparition »
Agriculture Xavier Beulin, le patron du premier syndicat agricole, la FNSEA, nous livre sespistes pour sortir l’agriculture française de la crise.
samedi 18 février 2017Édition(s) : Paris, Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Val d'Oise…
Pages 7-7860 mots
ECONOMIE—ECONOMIE
P ropos recueillis par Adeline
Daboval et Marc Lomazzi
« Calamités climatiques, contre-per-
formances économiques, drames hu-
mains… les campagnes françaises
sont éprouvées comme jamais. » A
quelques jours de l’ouverture du Sa-
lon de l’agriculture (du 25 février au
5mars, porte de Versailles, Paris XIV
e), Xavier Beulin, le patron de la prin-
cipale organisation de syndicats agri-
coles, la Fédération nationale des
syndicats d’exploitants agricoles, tire
le signal d’alarme dans un livre au
titre évocateur* sur l’état de santé du
secteur. Rencontre avec celui qui, à
58 ans, dirige aussi Avril, premier
groupe agroalimentaire français
(6,5 Mds€ de chiffre d’affaires avec
les marques Matines, Lesieur,
l’alimentation animale San-
ders, etc.).
Quel est le principal danger qui
menace notre agriculture ?
XAVIER BEULIN. La concurrence de
nos voisins européens. Aujourd’hui,
on importe de l’Union européenne
40 % des poulets consommés en
France, et une tomate sur trois. Et
toutes les productions sont concer-
nées. Conséquence, sur 400 000 ex-
ploitations, 20 000 fermes sont me-
nacées de disparition. Là où il y a des
charges de main-d’œuvre impor-
tantes, nous sommes hors jeu, no-
tamment face à l’Allemagne qui tra-
vaille beaucoup avec des salariés dé-
tachés. La France a aussi surtranspo-
sé des normes européennes, creusant
encore notre écart de compétitivité.
Les Français sont, à vous entendre,
les grands perdants de l’Europe
agricole…
Dans l’Europe à 28, la règle c’est le
marché. Quand vous répondez à un
appel d’offres de la grande distribu-
tion, le critère, c’est le prix. Or, nous
sommes en concurrence frontale
avec des pays qui ont fait des choix
lourds de modernisation, de roboti-
sation, etc. Prenez le cas du porc : en
2000, la France, l’Allemagne et
l’Espagne produisaient 25 millions
de porcs chacun ; quinze ans plus
tard, la France est à 22, l’Allemagne
à 40 et l’Espagne à 46. On nous dit :
« Faites du bio ! » Mais le bio, c’est
20 % de notre production. Que fait-
on des 80 % de paysans qui font de
l’agriculture conventionnelle et ont
un rapport qualité/prix très défavo-
rable ?
Vous évoquez dans un votre livre
un péril chinois. De quoi s’agit-il ?
Les investisseurs chinois veulent
acheter 20 000 ha de terres en
France. Ils ont commencé. Ils pos-
sèdent déjà 100 domaines viticoles et
ont acheté 1 500 ha dans l’Indre pour
exporter notamment le blé cultivé
sur place. Pour éviter cela, les exploi-
tations doivent être gérées par des
agriculteurs dotés d’un véritable sta-
tut auxquels serait réservé 50 % du
capital. Cela devrait suffire à refroidir
plus d’un investisseur.
Les candidats à la présidentielle
vont tous passer au Salon de
l’agriculture. Exceptés Pompidou
et Giscard, peu de politiques
trouvent grâce à vos yeux. Même
pas Chirac !
Oui, certains de mes amis m’ont dit :
« Tu es dur avec Chirac. » Il avait une
aura à Bruxelles mais pas de vision
agricole à long terme. On a perdu ça
en France. Ne restons pas figés sur le
nombre de paysans. Avec l’amont et
l’aval, l’agriculture fait vivre 3,2 mil-
lions de salariés.
Vous saluez cependant l’action de
Montebourg et de Macron à Ber-
cy…
Montebourg avait amorcé un diag-
nostic par filières. Macron s’est ins-
crit dans la même lignée mais, der-
rière, le ministre de l’Agriculture,
Stéphane Le Foll, n’a rien fait. Glo-
balement, le bilan de ce quinquennat
n’aura pas été positif pour
l’agriculture.
Y a-t-il une tentation du FN dans
les campagnes ?
Je ne peux pas le nier. Aux dernières
élections, le vote rural — qui n’est
pas qu’un vote paysan — s’est lar-
gement porté sur le Front national.
Pour nous, c’est clair, le discours du
FN sur l’Europe est intenable. On ne
se trompe pas de combat : l’Europe
a beaucoup apporté à l’agriculture
française depuis quarante ans. Par
contre, il nous faut une Europe plus
↑ 14
protectrice pour les consommateurs
et les agriculteurs. Le tout-marché a
des limites. Il faut revenir, non pas
aux quotas, mais à des limitations
pays par pays pour des productions
comme le lait ou le porc.
Que proposez-vous pour sortir
l’agriculture française de
l’ornière ?
Nous avons fait 13 propositions
concrètes à mettre en œuvre dans les
200 premiers jours du prochain quin-
quennat. Elles portent sur le soutien
à un plan d’investissements de 6 Md-
s€ sur cinq ans, la mise en place
d’une TVA sociale ou encore d’une
réforme de la fiscalité, avec un exer-
cice fiscal glissant sur trois ans pour
résister en cas de coup dur.
Etes-vous favorable à des projets
du type ferme des Mille Vaches ou
des Mille Veaux ?
Je suis favorable à ce que des agricul-
teurs puissent se regrouper pour in-
vestir ensemble. La ferme des Mille
Veaux dans la Creuse, ce sont 40 éle-
veurs réunis pour construire une
étable moderne tout en bois, cou-
verte de panneaux solaires et équipée
d’un méthaniseur pour traiter les ef-
fluents en bout de chaîne. Cette co-
opération ne doit pas être confondue
avec un projet purement capitalis-
tique de ferme géante dans la
Somme.
Vous évoquez dans votre livre
l’agriculture en ville. C’est une
vraie piste d’avenir ?
Avec la multiplication des jardins
partagés et des serres urbaines, on va
de plus en plus produire des fruits et
légumes en ville. On peut même ima-
giner, demain, des immeubles auto-
nomes, fonctionnant sur le principe
de l’économie circulaire et dans les-
quels deux étages seraient réservés
à la production agricole. Il faut que
nous restions très ouverts sur ces
nouveaux sujets. ■
Trainou (Loiret), hier. Le président de laFNSEA, Xavier Beulin, a fait 13 proposi-tions à mettre en œuvre dans les deuxcents premiers jours du prochain quin-quenat afin de sortir l’agriculture fran-
çaise de la crise.
LP/Yann Foreix
* « Notre agriculture en est dan-
ger », de Xavier Beulin et Yannick
Le Bourdonnec, Ed. Tallandier,
220 pages. 17,90 €.
Tous droits réservés Le Parisien 2017
609433f986e07b02851a1a10e40d11b99e45845a83c436a6b99d4c7
Parution : Quotidienne
Diffusion : 208 986 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015/2016
Audience : 1 556 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 15
Le syndicat majoritaire auprès des fonctionnaires de l'ONF (Office national desforêts),
lundi 20 février 2017Page 9
106 mots
SOCIAL-ECO
L e syndicat majoritaire auprès
des fonctionnaires de l'ONF (Of-
fice national des forêts), Snupfen So-
lidaires, a dénoncé, vendredi, « une
atteinte à la liberté d'expression des
personnels », après la diffusion d'une
note de service relative aux interven-
tions de ses salariés dans les médias.
muselière pour tous
enfumage patronal
« A titre personnel ( ), je pense que
la dégressivité (des allocations-chô-
mage) juste dans le calendrier n'est
pas une mesure qui est très efficace.»
Alexandre Saubot, négociateur
pour le Medef.■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
AD9F73DC8AF03F0ED5631DE0D40901249F358E5793443319F02E57C
Parution : Quotidienne
Diffusion : 35 746 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2015/2016
Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 16
lundi 20 février 2017Page 1095 mots
SOCIÉTÉ
La SGL, premier syndicat lycéen, a réclamé vendredila suspension du siteBonnenote.fr,
L a SGL, premier syndicat lycéen, a
réclamé vendredila suspension du site
Bonnenote.fr, qui propose aux collégiens,
lycéens ou étudiants de rédiger leurs de-
voirs, moyennant finances. Il dénonce « un
Uber des devoirs » et « une marchandisa-
tion de l'éducation ».
ubérisation des devoirs
200
C'est, en euros, la somme que l'état va ac-
corder aux particuliers et aux entreprises
pour l'achat d'un vélo électrique jusqu'au
31 janvier 2018. ■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
A49CD3B882208900E5241760BF0991AA9F55F050F35936349E71702
Parution : Quotidienne
Diffusion : 35 746 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2015/2016
Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 17
Diffamation Pierre Gattaz relaxé après avoir assimilé la CGT à des « terroristes »
lundi 20 février 2017Page 9
184 mots
SOCIAL-ECO
L e président du Medef a été relaxé
jeudi par le tribunal correction-
nel de Bobigny des faits de diffama-
tion dont l'accusait la CGT. Dans un
entretien au Monde fin mai, en plein
mouvement contre la loi travail, le
patron des patrons avait appelé le
gouvernement à « ne pas céder au
chantage, aux violences, à
l'intimidation, à la terreur », visant la
CGT. « Faire respecter l'état de droit,
c'est faire en sorte que les minorités
qui se comportent un peu comme des
voyous, comme des terroristes, ne
bloquent pas tout le pays », avait-il
ajouté. Mais la justice a considéré
que ces propos n'étaient « pas suffi-
samment précis pour constituer une
diffamation », a détaillé à l'AFP
maître Maëlle Auché, avocate de la
CGT. Le procureur de la République
avait pourtant requis la condamna-
tion de Pierre Gattaz, estimant qu'«
assimiler des syndicalistes à des
voyous et des terroristes, [ ] n'est pas
digne et n'a pas sa place dans le débat
social ».L. N.■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
649203168780B808950415709209F1B69735E15083DD3485B211A5C
Parution : Quotidienne
Diffusion : 35 746 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2015/2016
Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 18
" Voyous ", " terroristes " : Gattaz gagne en justice face à la CGT
A la suite des blocages de 2016, le patron du Medef s'en était pris aux " méthodes " dusyndicat, accusé de " bafouer les lois républicaines "
samedi 18 février 2017Page 9
644 mots
FRANCE
Pierre Gattaz vient de remporter une
manche dans son face-à-face avec la
CGT. Poursuivi pour " diffamation pu-
blique " par la centrale de Philippe
Martinez, le président du Medef a été
relaxé, jeudi 16 février, par la 14e
chambre correctionnelle du tribunal
de grande instance (TGI) de Bobigny.
Satisfaction supplémentaire pour le
" patron des patrons " : le jugement
lui donne -raison quand il qualifiait
d'illégales certaines des méthodes
employées par le syndicat.
A l'origine de l'affaire, il y a un entre-
tien accordé par M. Gattaz au Monde,
le 31 mai 2016, alors que le conflit
autour du projet de loi El Khomri fai-
sait rage. Figure de proue de la
contestation, la CGT multipliait les
opérations de blocage à l'entrée de
sites industriels, ce qui avait suscité
l'ire des organisations patronales.
Dans nos -colonnes, M. Gattaz avait
exprimé sans retenue sa colère : dé-
nonçant la " conception du dialogue
social " de la CGT, qui recourt " au
chantage, aux violences, à l'intimi-da-
tion, à la terreur ", il avait fustigé ces
" minorités qui se comportent un peu
comme des voyous, comme des terro-
ristes ". A ses yeux, les " méthodes " de
la centrale de M. Martinez " bafou -
ai - ent les lois républicaines ". Conclu-
sion : " Le sigle CGT est égal à chô-
mage. "
Au cours du procès, qui s'est déroulé
le 15 décembre 2016, l'avocat de la
CGT, Me Emmanuel Gayat, a deman-
dé que M. Gattaz soit condamné à 10
000 euros de dommages et intérêts.
Le représentant du ministère public,
Loïc Pageot, a également suggéré au
tribunal de prononcer une peine à
l'encontre du président du Medef,
sans préciser son quantum. Les avo-
cats du prévenu, Me Jean Veil et Me
Dominique de Leusse, ont – évidem-
ment – plaidé la relaxe.
Ligne jaune
Ils ont été entendus, comme
l'indique une première ébauche de
jugement dont Le Monde a eu
connaissance (la version définitive de
la décision n'ayant pas encore été ré-
digée). S'agissant des anathèmes "
voyous " et " terroristes ", les magis-
trats ont conclu qu'ils pouvaient être
considérés comme des injures mais
qu'ils ne présentaient pas, en re-
vanche, de caractère diffamatoire –
contrairement à ce que soutient la
CGT dans la citation délivrée à
l'encontre de M. Gattaz.
L'équivalence " CGT égale chômage "
a été jugée comme une appréciation
relevant de la libre opinion.
Quant à la phrase sur les " lois -répu-
blicaines - bafouées - ", le tribunal a,
notamment, estimé que les conseils
de M. Gattaz avaient " rapporté la
preuve " que la centrale syndicale
avait bel et bien franchi la ligne
jaune. Le jugement mentionne deux
faits – dont s'étaient prévalus Me de
Leusse et Me Veil : l'obstruction des
accès aux dépôts de carburant de
Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône)
par des militants de la CGT et le blo-
cage de l'impression des quotidiens
qui avaient refusé de publier une tri-
bune de Philippe Martinez. Pour le
tribunal, ces actions ne peuvent pas
être rattachées à un " exercice normal
du droit de grève " car elles ont mé-
connu plusieurs principes essentiels
: la liberté de la presse, la liberté
d'entreprendre, la liberté de tra-
vailler et d'accéder à une entreprise.
" Nous nous félicitons de la décision
du tribunal ", confie Me de Leusse.
Me Gayat, de son côté, explique " at-
tendre le jugement pour faire une ana-
lyse plus complète " et ajoute que la
CGT décidera dans les prochains
jours si elle interjette appel ou non.
Bertrand Bissuel■
par Bertrand Bissuel
Tous droits réservés Le Monde 2017
8197438183B0F508C5201C202E0FC13E91D5D25E637B31363A58D1B
Parution : Quotidienne
Diffusion : 264 559 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015/2016
Audience : 2 313 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 19
Première audition après la plainte en diffamation de la CGT
Dans un courrier, l’association Nouvelle dynamique pour Villejuif (NDPV) avait qualifiédes agents de la ville de « peu scrupuleux ».
samedi 18 février 2017Édition(s) : Val de Marne
Page 36422 mots
DEP LOCALE—VAL-DE-MARNE
V illejuif
Par Lucile Métout
Une étape vient d’être franchie dans
la procédure en diffamation intentée
par la CGT des territoriaux de Ville-
juif, avec la première audition au tri-
bunal, jeudi.
Le syndicat avait déposé plainte
après la production, le 3 mai dernier
sur le site Internet de l’association
Nouvelle dynamique pour Villejuif
(NDPV), d’un courrier signé par
17 élus de la majorité municipale.
Dénonçant les pratiques de certains
agents de la ville, qualifiés de « peu
scrupuleux », le document mettait
ouvertement en cause la probité de la
CGT.
Elle était accusée de « [souhaiter]
toujours influencer en mairie les
“promotions” pour certains “encar-
tés” ou encore la “stagnation” pour
d’autres évidemment non syndi-
qués ». En clair, de se rendre cou-
pable de favoritisme à l’égard des
employés adhérant au Parti commu-
niste. Laurent Galloo, alors président
de l’association et responsable de ses
publications en ligne, était convoqué
au Tribunal de grande instance de
Créteil, jeudi matin. Trois mois après
qu’un juge d’instruction a été saisi du
dossier.
Mahrouf Bounegta,
président du NDPV,
ne regrette « pas du tout
»
Hier soir, le parquet de Créteil n’était
pas en mesure de nous confirmer son
éventuelle mise en examen. Joint par
téléphone, cet informaticien villejui-
fois, candidat sur la liste de Philippe
Vidal (DVG) au 1 er tour des munici-
pales de 2014 mais pas élu, a seule-
ment déclaré qu’il « ne souhaite pas
communiquer, en accord avec [son]
avocat ». Pour mémoire, l’association
NDPV (du nom du groupe de la ma-
jorité au conseil municipal) avait été
créée pour faire le « relais entre la
population et les élus ». Sa dissolu-
tion a été actée voici plusieurs se-
maines.
Contacté hier, Mahrouf Bounegta,
président du groupe politique NDPV,
assure qu’il ne regrette « pas du
tout » ce courrier et ses allégations.
« La presse avait publié un article
taxant la nouvelle municipalité de
chasse aux sorcières parmi les agents
communistes, argue l’élu à la propre-
té. C’était notre droit de réponse ! »
De son côté, la CGT n’attend qu’une
chose : « Que l’action entamée aille
jusqu’au bout pour que notre syndi-
cat obtienne réparation. Et, par ex-
tension, que les conseillers munici-
paux ne se permettent plus de né-
gliger leur devoir de protection des
agents dans les journaux et sur les ré-
seaux sociaux. »
Le 28 avril 2016, face à la « lourdeur
des témoignages », rapportés dans
nos colonnes, d’agents ayant notam-
ment déposé plainte pour harcèle-
ment moral, Laurence Loudière
(DVG), l’adjointe aux ressources hu-
maines avait exigé « que soit menée
immédiatement une investigation
interne ». Celle-ci n’a, selon nos in-
formations, jamais eu lieu. ■
par @lucilemetout
Tous droits réservés Le Parisien 2017
3c98338889303d04d5b41910bc0601e29f45935333f635794cf764d
Parution : Quotidienne
Diffusion : 208 986 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015/2016
Audience : 1 556 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 20
Au Havre, la CGT s’impose dans les centres d’appels
Social. La CGT a progressé ou renforcé sa position dans les entreprises havraises SPB etCeacom considérées comme stratégiques.
samedi 18 février 2017Édition(s) : Le Havre - Lillebonne - Bolbec, France-Normandie
Pages 3-10499 mots
LE HAVRE
À peine représentée il y a trois
ans (10 % des suffrages, aucun
siège au sein du comité d’entreprise),
la CGT devient majoritaire au sein de
l’UES (unité économique et sociale)
regroupant notamment les sites du
Havre et d’Amiens avec pile 50 % des
bulletins en sa faveur. La CGC rem-
porte trois sièges (31 % des suf-
frages). Avec 17,5 % la CFDT perd son
pouvoir au sein du comité
d’entreprise. La CGT rafle également
5 des 9 mandats des délégués du per-
sonnel (55,15 % des voix). La CGC,
deux (25,5 %), ainsi que la CFDT (18
%).
Conflits internes
Déjà en décembre, la section syndi-
cale CGT de Ceacom avait conservé
sa place de leader malgré l’arrivée
dans la course aux sièges de la CFTC
quelques semaines avant l’élection.
Elle perdait néanmoins du terrain en
glissant de 66 à 61 %. La CGT obtient
ainsi sept sièges, la CFTC (20,8 %)
trois et la CFDT (17,2 %) deux. «Les
deux autres organisations devront
s’entendre si elles veulent signer des
accords (ndlr: la loi du 20août 2008
impose que 30% est le seuil minimum
de représentativité pour qu’un accord
soit valablement signé)», poursuit
Reynald Kubecki qui voit dans ces ré-
sultats un des effets de la mobilisa-
tion dans ces deux entreprises contre
la loi Travail courant 2016.
En janvier 2014, SPB avait été ébranlépar un mouvement de grève de 14
jours Photo : Image SPB.jpg(21776110)
Elles ont également été ébranlées par
des conflits internes au cours des
mois et années précédents. Chez
SPB, en janvier 2014, malgré une
syndicalisation faible, une partie des
salariés n’avaient pas hésité à se
mettre en grève durant quatorze
jours pour obtenir une revalorisation
salariale supérieure à celle accordée
au terme de la négociation annuelle
obligatoire (3 % au lieu de 1,5 %).
Elles ne l’obtiendront pas au terme
de ce conflit, signant néanmoins un
compromis reposant sur l’accord
d’une prime de 300 € brut annuel.
Au sein des manifestations emprun-
tant les artères havraises, elles
passent pour de véritables pasiona-
rias. Les syndicalistes CGT de Cea-
com sont désormais bien connues. Et
pour cause. En décembre 2012 puis
en octobre 2013, elles menaient deux
mouvements de grève de neuf puis
quatorze jours dans le cadre de négo-
ciations annuelles obligatoires avec
en toile de fond des négociations
portant sur le paiement des temps de
pause.
Aux prud’hommes mercredi
«La seconde étape est désormais de les
aider à s’organiser en syndicats
d’entreprise et plus en simples sections
syndicales. Elles vont pouvoir gagner
en autonomie.» D’ici là, on retrouvera
les Ceacom au tribunal des
prud’hommes du Havre, mercredi 22
février à 14 heures. 58 salariés ré-
clament le versement de rappels de
salaires courant sur 16 mois ainsi que
des dommages et intérêts à hauteur
de 6 000 € par plaignant. ■
Tous droits réservés Paris-Normandie 2017
0192537A88E01209A53214B0AA0151B89475845F63913DB8D4DC1C0
Parution : Quotidienne
Diffusion : 38 845 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2015/2016
Audience : 231 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 21
Militante CGT renversée : le dossier classé sans suite
lundi 20 février 2017Édition(s) : Cantal, Haute-Loire, Issoire, Clermont Limagne, Riom…
Page 5360 mots
FAITS_DIVERS_AUVERGNE
U ne militante CGT avait été
renversée par un automobiliste,
le 19 mai dernier, lors d'une manifes-
tation à Montmarault. Le parquet de
Montluçon a classé l'affaire.
« Après une enquête approfondie, il
n'a pas été possible de caractériser le
délit de blessures involontaires », af-
firme la procureur de Montluçon Ju-
lie Bernier, arrivée à son poste en
janvier dernier, après le classement
de l'affaire, le 27 décembre dernier.
Les investigations ont notamment
montré que les nombreux témoins de
la scène présentaient des versions
discordantes et que le chauffeur rou-
lait très lentement.
Ce 19 mai 2016, en plein mouvement
contre la loi El Khomri, une centaine
de manifestants avaient bloqué le
rond-point de Montmarault, au croi-
sement de la RCEA et de l'A71, quand
un 4 x 4 avait heurté une sexagénaire.
Blessée à la hanche, au genou et au
pied, cette militante CGT porte à pré-
sent une prothèse de la hanche.
« On est scandalisé devant une telle
décision. Après l'émoi, c'est la colère
qui nous anime », déclare Laurent In-
drusiak, secrétaire de l'union dépar-
tementale de la CGT.
La CGT remarque que de nombreux
témoignages pointent le fait que le
chauffeur aurait accéléré au niveau
de deux militants.
« Dans ce pays, il y a une justice de
classe. Il y a deux poids, deux mesur-
es ! Quand on voit comment les syn-
dicalistes sont poursuivis, à l'inverse,
il y a beaucoup de clémence pour
ceux qui les insultent ou s'en
prennent à eux », continue Laurent
Indrusiak. Le parquet affirme de son
côté que le dossier a été traité comme
n'importe quel autre.
A défaut de contester la décision de-
vant le parquet général, le syndicat
annonce qu'une nouvelle plainte va
être déposée pour « violence volon-
taire avec arme » et « délit de fuite
» (l'automobiliste de 57 ans avait été
arrêté sur l'A71 par le peloton auto-
routier de gendarmerie, NDLR) .
Florence Farina et Guillaume Bella-
voine■
Tous droits réservés La Montagne 2017
9E9FC3D484B0CC0905121C40DE0221029065F454E32430F50CB063D
Parution : Quotidienne
Diffusion : 165 418 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2015/2016
Audience : 607 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 22
ACTUALITE SOCIALE
↑ 23
Comment emprunter sans CDI ?
dimanche 19 février 2017700 mots
ARGENT & PLACEMENTS—ÉCONOMIE
Selon la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statis-
tiques (Dares), 86 % des embauches se font actuellement en contrat à durée
déterminée (CDD).
Parallèlement, les « slashers », ceux qui cumulent plusieurs emplois ou em-
ployeurs, seraient de plus en plus nombreux (5 % des salariés). CDD, intéri-
maires, artisans, autoentrepreneurs… : les personnes qui ne bénéficient pas
d’un contrat stable représentent presque le quart de la population active.
Si les façons de travailler évoluent vite, ce n’est pas le cas de la gestion des
risques des banques. Pour les convaincre d’accorder un prêt, les ménages
doivent prouver leur solidité financière à long terme. « Détenir un contrat
à durée indéterminée [CDI] reste le sésame pour décrocher un crédit, même si
d’autres éléments entrent en compte comme, par exemple, la capacité du ménage à
épargner », explique Cécile Roquelaure, directrice de la communication et des
études chez Empruntis.
« Patienter »
Ceux qui détiennent un CDD dans la fonction publique d’Etat, territoriale,
hospitalière (y compris les vacataires et contractuels) ne rencontrent généra-
lement pas de difficulté pour décrocher un emprunt car leur contrat est assi-
milé par la banque à un CDI.
En revanche, les travailleurs qui n’ont pas de contrat stable (CDD, autoentre-
preneurs…) se voient souvent refuser leur demande de crédit. « Aujourd’hui,
nous ne comptabilisons que 4 % d’emprunteurs seuls en CDD dans les dossiers fi-
nançables », révèle Mme Roquelaure.
Comment obtenir un crédit lorsque son profil ne répond pas aux critères des
banques ? « Un jeune de 25 ans qui vient de décrocher son premier emploi en CDD
devra patienter pour emprunter, répond Sandrine Allonier, responsable des re-
lations banques chez Vousfinancer. Mais si l’emprunteur est en CDD depuis plus
de deux ans et que ses comptes sont bien tenus, son dossier a plus de chance d’être
accepté ! »
Si certaines banques ferment la porte aux CDD et aux intérimaires, d’autres
étudient au cas par cas la possibilité d’accorder un prêt en fonction du profil
de risque et de la nature de l’activité exercée. « Dans certains secteurs, comme
dans celui de l’aéronautique à Toulouse, par exemple, qui emploie régulièrement
des salariés en intérim ou en CDD, les banques peuvent se montrer plus souples »,
précise Mme Roquelaure.
Pour les couples, si l’un est en CDD et l’autre en CDI, les revenus du premier ne
seront généralement pas pris en compte pour calculer la solvabilité du foyer.
Enfin, si l’on exerce en tant qu’indépendant ou autoentrepreneur, il faut être
↑ 24
« Aujourd’hui, nous ne comptabilisons que 4 % d’emprunteurs seuls en CDD dans lesdossiers finançables », selon Cécile Roquelaure chez Empruntis.
en mesure de fournir ses trois derniers bilans comptables et mieux vaut que
ces derniers soient stables pour convaincre la banque.
« Sensibiliser les pouvoirs publics »
« Malgré le discours ambiant, la baisse des taux n’a pas solvabilisé tout le monde,
insiste Bernard Cadeau, président du réseau Orpi. C’est une question dont il
faut s’emparer car ceux qui n’entrent pas dans les cases accèdent difficilement à
l’emprunt. »
Dans cette optique, un groupe de travail composé de chercheurs et de profes-
sionnels s’est penché sur le sujet. « L’objectif n’est pas d’inciter les ménages à
s’endetter, mais de donner accès au crédit à ceux qui disposent de revenus suffi-
sants mais n’ont pas de contrat de travail stable », précise Nicolas Pécourt, di-
recteur de la communication au Crédit foncier.
Pas question donc de changer les règles de distribution du crédit, qui
consistent à rapporter le montant des charges sur celui des revenus. Selon le
Haut Conseil de stabilité financière, la France est le pays en Europe qui pré-
sente le taux d’impayés le plus faible sur ce type de prêts (0,1 % fin 2014).
« Ces propositions sont destinées à sensibiliser les pouvoirs publics », insiste
M. Pécourt. L’une d’entre elles suggère de revoir le mode de calcul du taux
d’usure (plafond autorisé pour les prêteurs). « Plus les taux baissent et moins
les banques sont en mesure de proposer une offre adaptée à ces profils atypiques.
Une proposition serait donc d’introduire une partie fixe au-delà du taux moyen »,
poursuit M. Pécourt
Le rapport propose aussi de créer une assurance destinée à faire face à une
baisse temporaire de revenus ou au risque de dépréciation du bien immobilier
en cas de revente rapide liée à un changement d’employeur. Une autre mesure
recommande encore de diminuer les droits de mutation à titre onéreux pour
les jeunes primo-accédants, afin de limiter les freins à la mobilité profession-
nelle.
↑ 25
« Aujourd’hui, nous ne comptabilisons que 4 % d’emprunteurs seuls en CDD
dans les dossiers finançables », selon Cécile Roquelaure chez Empruntis.
YOHANN LEGRAND / FLICKR / CC BY 2.0
Par Pauline Janicot
Tous droits réservés http://www.lemonde.fr 2017
799a83848cd0990a150b1990dc08b10a9cb5615d33bb3e1b695b41b
Parution : Quotidienne
↑ 26
Chômage, une inversion de courbe fragile
samedi 18 février 2017Page 20
679 mots
LETTRE ET CHRONIQUE
Il est des jours où François Hollande
doit regretter amèrement de ne pas
s'être représenté. Jeudi 16 février,
l'Insee a confirmé la tendance déjà -
indiquée par Pôle emploi : pour la
deuxième année d'affilée, le chômage
a légèrement baissé (– 0,2 point) en
2016, soit 68 000 chômeurs de
moins sur l'année. -Selon un calcul
différent, Pôle emploi avait recensé,
fin décembre, 104 000 demandeurs
d'emploi de moins sur un an. Après
huit années consécutives de hausse,
la fameuse inversion de la courbe du
chômage, dont le président de la Ré-
publique avait fait la condition sine
qua non pour briguer un second
mandat, est bien là. Elle est tardive
et insuffisante par rapport à un fléau
qui touche encore, selon l'Insee, 10
% de la population active. Avec 3
730 00 personnes sans activité, selon
Pôle emploi, le chômage reste massif
et demeure un des principaux points
noirs du quinquennat qui s'achève.
Cette inversion de la dernière heure
ne gomme pas l'échec du président.
Pour autant, il y a indéniablement
des signaux positifs qui s'allument.
Il en est ainsi des 191 700 emplois
que l'économie française a créés en
2016. Un résultat d'autant plus éton-
nant que la croissance a été faible
l'an dernier (1,2 %) et que les éco-
nomistes considèrent qu'il faut une
hausse d'au moins 1,5 % du produit
intérieur brut pour que le niveau des
créations d'emplois soit suffisant
pour faire baisser le chômage. Si la
croissance ne peut donc être respon-
sable de cette dynamique inattendue,
il faut chercher les causes ailleurs. Un
certain nombre de mesures prises par
les gou-vernements de Jean-Marc
Ayrault et de -Manuel Valls ont fini
par avoir des effets. Il en est ainsi
du pacte de responsabilité, lancé en
2014 – même si les emplois que de-
vait générer la baisse des charges des
entreprises n'ont pas été à la hauteur
des engagements du patronat –, du
crédit d'impôt pour la compétitivité
et l'emploi (CICE), du plan 500 000
formations, qui aurait provoqué une
baisse de 30 000 chômeurs en 2016,
ou encore de la prime à l'emploi qui
permet, pendant deux ans, de suppri-
mer 2 000 euros de charges par an
sur le smic. Ces petits ruisseaux ont
fait le lit de la baisse du chômage.
Il n'en demeure pas moins qu'il y a
encore des indicateurs alarmants. Si
le chômage des jeunes de moins de
25 ans a baissé en 2016 (– 1,7%),
le niveau reste extrêmement élevé, à
plus de 23 %. L'embellie n'est que re-
lative et la baisse du nombre de de-
mandeurs d'emploi résulte surtout
d'un boom de l'intérim et d'une re-
prise de l'emploi précaire. A cette
nouvelle envolée de la précarité
s'ajoute une hausse de ce que l'Insee
appelle le " halo autour du chômage
". Il s'agit de personnes qui sou-
haitent travailler, mais qui ne re-
cherchent pas activement un emploi,
souvent parce qu'elles ne sont pas
immédiatement disponibles.
L'institut de la statistique en a enre-
gistré 1,5 million au quatrième tri-
mestre 2016, soit une hausse de 65
000 sur un an.
L'inversion est là, mais elle est fra-
gile. En 2017, un nouveau coup de
mou de la croissance, dans un envi-
ronnement international plus
qu'incertain, des décisions politiques
inappropriées, une perte de
confiance des entreprises envers les
décideurs politiques, et le chômage
peut repartir à la hausse. La France
ne fera pas l'économie de nouvelles
réformes structurelles pour lutter
contre ce cancer. Mais pour l'heure,
les politiques de l'emploi sont l'angle
mort de la campagne présidentielle. ■
Tous droits réservés Le Monde 2017
9297132B80102C05150016001704D1819005805AC30431D9FD97495
Parution : Quotidienne
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↑ 27
Régler le problème des 35 heures dans le public
N° 22387lundi 20 février 2017
Page 12330 mots
IDÉES & DÉBATS—LE MEILLEUR DU CERCLE DES ÉCHOS
L a réduction du temps de travail a
plombé la productivité des fonc-
tionnaires. Pour Charles Dennery,
normalien, l'amélioration du service
public passera par la refonte de son
organisation… comme cela se fait
dans le privé.
Mauvaises négociations : « Le temps
de travail est une passion française
et la gauche et la droite se déchirent
toujours sur le bilan des 35 heures.
Baisse du chômage ou cause de tous
les maux de l'économie française ?
La plupart des études sérieuses
montrent que les 35 heures ont eu un
impact limité sur l'emploi et la com-
pétitivité dans le privé. Mais, dans le
public, les conséquences ont été très
négatives, car mal négociées. »
Modernisation pénible : « La plupart
des grandes entreprises privées
avaient négocié des accords de pro-
ductivité en échange des 35 heures.
Les salariés travaillaient donc moins,
mais mieux. Pour beaucoup, les 35
heures étaient l'occasion de mener
une modernisation similaire du ser-
vice public. Mais, en 2000, à deux ans
de l'élection présidentielle, c'était
trop tard. Pas de négociation : les
agents passeraient à 35 heures sans
embauche nouvelle et sans gain de
productivité. »
Gestion RH : « La qualité du service
public dépend peu du nombre
d'agents ou du nombre d'heures tra-
vaillées. Comme dans le privé, il faut
s'intéresser à la motivation, et sur-
tout à l'organisation du service et du
travail. L'année dernière, Renault a
négocié une hausse de productivité
de 45 % sur trois ans dans ses usines.
Tout n'est pas réplicable […], mais
cela montre bien que la productivité
n'est pas une constante. Avec une
vraie gestion RH, on peut faire des
miracles. »
A lire en intégralité sur Le Cercle, le
site participatif des « Echos » lese-
chos.fr/idees-debats/cercle ■
par Les Echos
Tous droits réservés Les Echos 2017
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Parution : Quotidienne
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↑ 28
Chômage : la poursuite du plan 500.000 formations se dessineLes négociations avec les régions devraient être bouclées cette semaine.Les partenaires sociauxsont prêts à mettre 150 millions en plus du demimilliard de l'Etat.
N° 22387lundi 20 février 2017
Page 6500 mots
FRANCE—EMPLOI
C'est la dernière ligne droite. Le
ministère du Travail s'active pour
boucler cette semaine les négocia-
tions avec les régions sur leur par-
ticipation au prolongement, au pre-
mier semestre, du plan 500.000 for-
mations supplémentaires de chô-
meurs. Vendredi au plus tard, on sau-
ra alors combien, sur les 17 régions
qui avaient joué le jeu en 2016, rem-
pileront et se partageront tout ou
partie du demi-milliard mis sur la
table par l'Etat.
Annoncé il y a un an par François
Hollande, ce plan visait à doubler sur
l'année l'effort de formation en fa-
veur des demandeurs d'emploi, et
plus précisément ceux qui sont le
plus éloignés du marché du travail.
L'Etat a déboursé 1 milliard pour fi-
nancer 330.000 formations quali-
fiantes, 50.000 contrats de profes-
sionnalisation ou encore 10.000 vali-
dations des acquis de l'expérience. La
montée en charge a demandé beau-
coup d'efforts aux équipes de Pôle
emploi. L'objectif, au moins quanti-
tatif, a été atteint puisque la barre
du million d'entrées en formation a
été franchie. Pour ce qui est de l'effet
du plan, et donc du taux de retour à
l'emploi, un comité scientifique ren-
dra ses conclusions au début de l'été.
Maintenir les budgets
Convaincu que les résultats seront là,
l'exécutif a proposé aux régions et
aux partenaires sociaux de continuer
sur les six derniers mois de 2017.
Pour financer cette prolongation, il a
été décidé d'arrêter à fin juin la prime
à l'embauche dans les PME (elle de-
vait courir sur toute l'année). Les cré-
dits ainsi dégagés pourront financer
environ 165.000 formations, à raison
de 3.000 euros par formation. Soit
500 millions environ. Mais, comme
en 2016, l'Etat a conditionné son ef-
fort à l'engagement des régions à
maintenir leurs propres budgets à
destination des chômeurs, pour évi-
ter les effets d'aubaine. C'est tout
l'enjeu des négociations en cours.
Elles sont très complexes. Chaque ré-
gion a son calendrier (certaines en-
gagent un tiers de leurs budgets de
formation au premier semestre,
d'autres plus de la moitié). Toutes, et
c'est normal, veulent évaluer ce qui
a été fait l'année dernière avant de
s'engager (à ce titre, le ministère de-
vrait disposer cette semaine des ul-
times statistiques sur les typologies
de chômeurs et de formations dis-
pensées). Certaines, enfin mettent la
barre très haut, parfois pour des rai-
sons politiques.
« C'est de la dentelle région par ré-
gion », confirme-t-on dans
l'entourage de Clotilde Valter, la se-
crétaire d'Etat chargée de la Forma-
tion professionnelle et de
l'Apprentissage. Seule certitude,
l'Auvergne-Rhône-Alpes n'ira pas,
tout comme l'année dernière, lais-
sant la main à Pôle emploi en di-
rect.■
par Alain Ruello
Tous droits réservés Les Echos 2017
AA92631B8EF02C0AE55E11B04F00F12F99451A5933FB33EFA38F97A
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↑ 29
Les nouveaux métiers (pérennes ?) du numériqueLa transformation digitale détruit des emplois, en crée d'autres... à leur tour menacésd'obsolescence, comme celui de développeur. Mais certains jobs sont là pour durer.
N° 22387lundi 20 au dimanche 26 février 2017
Page 11338 mots
DIRECTIONS NUMÉRIQUES—TENDANCE
D 'ici à 2022, 191.000 postes
seraient à pourvoir, d'après le
ministère du Travail.Mais la crainte
des conséquences sociales et socié-
tales de la transformation numérique
de l'économie attiédit l'information
et fait oublier que de nouveaux mé-
tiers remplaceront ceux du siècle
dernier. Grands groupes et start-up
peinent à recruter les talents dont ils
ont besoin dans les domaines du code
informatique, de l'analyse de don-
nées, du design utilisateur ou encore,
moins connu, du trafic ou du product
management. Même les services se-
crets ont fait savoir qu'ils enten-
daient recruter des cyberespions…
Pour les plus pessimistes, la révolu-
tion numérique accélère tout, y com-
pris le rythme d'évolution des jobs
qu'elle a pourtant contribué à créer,
dont une liste non exhaustive figure
ci-dessous. Mais les logiciels - mena-
çants pour l'emploi traditionnel aux
yeux de certains économistes - ne
fonctionnent pas tout seuls. Du
moins, pas encore…
Chief digital officers
Soutenus par les directions géné-
rales, ces messieurs ou dames du di-
gital ont pour mission d'enclencher
la transformation numérique des or-
ganisations. Ces directeurs du numé-
rique renouvellent aussi bien la rela-
tion client et les process internes que
la stratégie. Au contact du manage-
ment intermédiaire, il leur revient de
convaincre de l'importance des chan-
gements à mener. Or, paradoxale-
ment, l'avenir de cette fonction fait
débat. Lors d'une table ronde, en sep-
tembre dernier, Brigitte Cantaloube,
chief digital officer de PSA, jugeait
leur rôle transitoire : « Il n'a plus lieu
d'être une fois que les business units
se sont emparés du sujet. » Mais pour
Antoine Morgaut, le PDG Europe du
cabinet de recrutement Robert Wal-
ters, « le CDO aura d'autres missions
: maintenir le niveau de l'entreprise
sur le numérique demandera autant
d'efforts que la transition initiale ».
Développeurs
Petites mains du numérique ou gé-
nies des langages de l'ordinateur, les
développeurs écrivent le code qui ré-
git le fonctionnement des logiciels.
Ceux qui maîtrisent des technologies
rares ou savent construire une appli-
cation de bout en bout sont « chassés
»quasiment tous les jours. A l'image
de l'école 42 et d'Epitech, les écoles
d'informatique ne doutent pas de
l'avenir de leurs étudiants. Mais les
avancées de l'intelligence artificielle
rendent sceptiques d'autres observa-
teurs. « La fin du code », titrait le ma-
gazine américain « Wired » au prin-
temps dernier. La bible des geeks ex-
pliquait que les logiciels autoappre-
nants s'autocoderont. « Le travail
avec IBM Watson [une marque
d'intelligence artificielle, NDLR]
montre pourtant qu'il faudra tou-
jours des développeurs pour adapter
le service au cas d'usage business de
la technologie », tempère Martin
Sauer, le directeur du numérique de
Manutan.
Community managers
Spécialistes des réseaux sociaux en
ligne, les community managers, ou
social media managers, animent les
discussions en ligne d'une marque,
d'un média ou d'une entreprise avec
ses clients. Leurs missions suivent
l'évolution des plates-formes telles
que Facebook, Twitter ou Instagram.
L'apparition des chatbots, des pro-
grammes de conversations automati-
sées, ne laisse rien présager de bon
pour ces professionnels. Seuls les
plus créatifs et générateurs de buzz
tireront leur épingle du jeu, les ro-
bots étant encore dépourvus du sens
de l'humour.
Référenceurs SEO
Etre le premier résultat d'une requête
sur Google vaut de l'or. Les référen-
ceurs SEO - Search Engine Optimisa-
tion - conseillent leurs clients pour
que leurs sites Web l'emportent sur
la concurrence. Dans le métier, les
mises à jour de la formule du moteur
de recherche font la pluie et le beau
temps. « Les algorithmes sont de plus
en plus complexes, pointe Olivier
Duffez, le fondateur de WebRankIn-
fo. Il faut savoir s'adapter en perma-
nence. » Mais pour l'instant, la no-
tion de classement perdure, et avec
elle l'intérêt des réglages. Jusqu'à ce
que les enceintes sonores connec-
tées, type Google Home, fournissent
directement la réponse aux requêtes
? Sans passer par une sélection de ré-
sultats sur écran ?
↑ 30
Traffic managers
Internet a ses routes désertes et ses
carrefours embouteillés. Le traffic
manager cherche à positionner les
publicités d'une marque là où ses
clients les verront. Ce néomédiaplan-
ner sait placer au meilleur endroit,
et sur le bon site, des liens sponsori-
sés de Google et des réseaux sociaux,
la publicité en amont d'une vidéo ou
encore une bannière de publicité dis-
play. Son travail s'appuie évidem-
ment sur des données de navigation
que des logiciels savent de mieux en
mieux lire. « L'utopie d'un trafic ma-
nagement automatisé ne tient pas, il
faudra toujours un arbitrage humain
pour ne pas être floué par les faux
positifs », estime Aurélien Berrut, le
fondateur d'Htitipi et spécialiste de
l'acquisition de trafic.
Data scientists
Elu « métier le plus sexy du XXIe
siècle » par la « Harvard Business Re-
view », l'analyste de données se met
au service des entreprises pour re-
chercher les corrélations
d'informations pertinentes. Les don-
nées des groupes étant denses et dif-
ficiles à interpréter, les déductions
du data analyst touchent autant à
l'opérationnel qu'au support ou à la
stratégie. « Il faut un traitement in-
telligent des données car, sorties de
leur contexte, elles n'ont plus le
même sens, relève Antoine Morgaut.
Et le recruteur de poursuivre : « Un
humain doit relire le travail des algo-
rithmes. »
Data protection officers
Consacré par le règlement européen
sur la protection des données per-
sonnelles, le data protection officer
s'assure que l'entreprise respecte les
droits des citoyens. Les entreprises
non encore dotées d'un correspon-
dant informatique et libertés
s'inspirent de la fiche de poste de ce
dernier pour recruter leur DPO et
l'intégrer à leur équipe de juristes ou
d'informaticiens (lire p. 5). Des for-
mations bac + 5 émergent.
Analystes cybersécurité
Revers de la transformation numé-
rique, nombre de dangers en ligne
guettent les entreprises : rançonnage
à distance (ransomware), paralysie
de leurs serveurs (attaques DDOS),
cyberespionnage, etc. Chaque jour,
leurs systèmes de protection identi-
fient des milliers d'incidents sur leurs
sites Web et leurs logiciels métier. «
En cybersécurité, la place des
hommes est prépondérante car
l'automatisation sera toujours en re-
tard sur les menaces, explique Ar-
naud Cassagne pour le cabinet de re-
crutement Reboot. Les attaquants ré-
fléchissent sans cesse à des failles
que les logiciels de défense n'ont pas
imaginées. »
Pilotes à distance de
l'usine 4.0
La numérisation des usines a engen-
dré des postes de pilotage à distance
créés pour les spécialistes du process
industriel, en alerte sur la production
assistée par ordinateur. Depuis une
salle de contrôle, ils réalisent une
partie du travail des opérateurs ré-
partis sur différents sites. Ils mettent
en route les actions préconisées par
des algorithmes, tout en nuançant
leurs conclusions par leur connais-
sance du terrain.
Product managers
A ne pas confondre avec le chef de
produit des services marketing, le
product manager fait la synthèse
entre la stratégie de l'entreprise, le
travail des développeurs et les desi-
gners. Au fil des semaines, ils en-
cadrent l'évolution d'une application.
« Cette activité est intemporelle »,
considère Alexandre Irrmann-Tézé,
le cofondateur de la start-up Thiga,
spécialiste de la formation de ces
professionnels multitâches.
UX designer
Rentable depuis peu, Airbnb doit
beaucoup à ses UX designers. Ces
spécialistes de l'expérience utilisa-
teur et de l'ergonomie des interfaces
numériques sont garants de la pra-
ticité des technologies pour tout un
chacun. Attentifs aux retours clients,
ils sont la face humaine des algo-
rithmes. A date, la créativité et le re-
lationnel protègent de toute automa-
tisation. ■
par Florian Dèbes
Tous droits réservés Les Echos Business 2017
8C94F3D189200409655F1BC08003118F9D353252037C33948664863
Parution : Hebdomadaire
↑ 31
CITS, un crédit d’impôt pour les associations
Finances Depuis le 1er janvier, les associations peuvent bénéficier du crédit d’impôt detaxe sur les salaires. Zoom sur ce nouveau dispositif destiné à diminuer le coût du travaildans le secteur non lucratif.
lundi 20 au dimanche 26 février 2017Édition(s) : Edition principale
Pages 10-11424 mots
BUSINESS PROSPECTIVE—TOUTES RUBRIQUES
L es maisons de retraite et les
services d’aides à la personne
privés bénéficiaient du Crédit
d’impôt pour la compétitivité et
l’emploi (CICE) tandis que leurs ho-
mologues du secteur associatif n’y
avaient pas droit. Un déséquilibre
concurrentiel auquel le Crédit
d’impôt de taxe sur les salaires
(CITS), entré en vigueur début 2017,
va au moins en partie mettre fin.
« Cette mesure a pour objectif de sti-
muler les embauches dans ce secteur
mais aussi de contenir le coût des
prestations », analyse Joël Fraisse,
expert-comptable et commissaire
aux comptes du cabinet Sofidec,
membre de France Défi.
A qui s’adresse-t-elle ? « Elle est des-
tinée aux associations, mais aussi
aux syndicats, aux fondations recon-
nues d’utilité publique, aux orga-
nismes de lutte contre le cancer ainsi
qu’aux mutuelles gérant des struc-
tures et services sanitaires et so-
ciaux », détaille Joël Fraisse. Au total,
selon Bercy, près de 15 000 organisa-
tions devraient bénéficier de cette
mesure, dont le coût est estimé à
600 M€ par an. Les salaires concer-
nés ? Tous ceux qui n’excèdent pas
2,5 smic, soit 44 408 € par an pour
l’année 2017, ce qui est le cas d’une
grande majorité des rémunérations
du secteur associatif. « Les heures
supplémentaires ou complémen-
taires entrent également dans le cal-
cul, mais hors majorations. Par
ailleurs, les salaires à temps partiel,
tout comme les contrats à durée dé-
terminée (CDD), doivent être prorati-
sés », précise Joël Fraisse.
Un montant déduit de la
taxe sur les salaires
Quant au taux applicable, il s’élève à
4 % des rémunérations concernées. Il
y a néanmoins une restriction : pour
en bénéficier, les employeurs doivent
être redevables de la taxe de 4 % sur
les salaires et bénéficier de
l’abattement sur cette taxe, (dont le
montant s’élève à 20 304 €). Si le cal-
cul du crédit d’impôt est annuel, les
employeurs doivent transmettre tous
les mois les données relatives au
CITS à l’Urssaf, en même temps que
leur déclaration mensuelle. C’est cet
organisme qui est ensuite chargé de
transmettre les éléments à
l’administration fiscale. « Lorsque le
montant du crédit d’impôt est supé-
rieur à celui de la taxe sur les salaires,
se constitue une créance d’impôt qui
pourra être imputée sur les trois an-
nées suivantes. Ce n’est qu’à l’issue
de cette période que l’excédent sera
directement remboursé aux em-
ployeurs », explique Joël Fraisse.
Comme toute mesure fiscale, les pre-
miers effets de ce nouveau dispositif
seront effectifs avec une année de
décalage. Les premières déductions
auront donc lieu en 2018. ■
Ce crédit d’impôt devrait bénéficier à15 000 structures, parmi lesquelles, no-tamment, les associations, sportives ou
autres.
Tous droits réservés Le Parisien éco 2017
de9843b58650370345101860b204610b98f5835483383355417b916
Parution : Hebdomadaire
↑ 32
« La France a longtemps été un pays de petits entrepreneurs »Claude Didry, sociologue, chercheur au CNRS, auteur de L'Institution du travail, droit et salariatdans l'histoire, éd. La Dispute, 2016.
lundi 20 février 2017Page 15
571 mots
ECONOMIE ET ENTREPRISES—DOSSIER
C laude Didry
Sociologue, chercheur au CNRS
Les indépendants n'ont-ils pas long-
temps été majoritaires en France ?
Claude Didry : On a tendance à
l'oublier mais la France du XIXe
siècle est une France de petits entre-
preneurs, et même de sous-entrepre-
neurs. Dans un monde où domine le
paiement à la pièce, la base juridique
des rapports de production est alors
le contrat de « louage d'ouvrage » :
l'ouvrier qui mène l'ouvrage négocie
les prix avec un négociant et fait lui-
même travailler d'autres ouvriers ou
les membres de sa famille. Ce modèle
du marchandage est très répandu
dans l'industrie textile, industrie do-
minante en France jusqu'à la fin du
XIXe siècle. La révolution de 1848 a
tenté d'abolir ce marchandage. Des
libéraux comme Adolphe Thiers l'ont
défendu, considérant qu'il était une
chance de promotion sociale pour les
ouvriers. Nous ne sommes pas très
loin du débat actuel sur les auto-en-
trepreneurs..
Quand voit-on apparaître le salariat ?
C. D. : Le salariat proprement dit
n'existe pas avant l'adoption du pre-
mier Code du travail, en 1910. Les
lois de protection sociale de la fin du
XIXe siècle, sur le travail des enfants
ou les accidents du travail, appe-
laient une clarification : il fallait
identifier clairement les employeurs
responsables de ces nouvelles obli-
gations légales. L'adoption du code
du travail répondait également à
l'incertitude sur le statut des coutu-
rières à domicile, qui produisaient
pour le compte des grands magasins
au bout d'une longue chaîne de sous-
traitance. Qui était vraiment leur
employeur ? Ce débat n'est pas sans
rappeler celui d'aujourd'hui sur le
statut des chauffeurs Uber.. Tout
l'objet du code du travail a été
d'établir des relations stables entre
les gens qui exercent une activité et
leurs employeurs réels.
Finalement, le souci de protection
des travailleurs précède l'avènement
du salariat..
C. D. : Le salariat n'est pas seulement
synonyme de protection. En regrou-
pant sous une même condition juri-
dique des ingénieurs, des techniciens
et des ouvriers, il a soutenu le dé-
veloppement d'industries très inno-
vantes comme l'automobile et
l'aéronautique reposant sur la réali-
sation continue de nouveaux proto-
types avant leur industrialisation.
Peut-on s'attendre à un regain du
travail indépendant ?
C. D. : En 1995 déjà, le rapport Bois-
sonnat pronostiquait une plus
grande mobilité des travailleurs
entre statuts de salarié et
d'indépendant. Cette prévision trou-
vait sa source dans une prétendue re-
mise en cause du CDI par la montée
du CDD et de l'intérim. Les nouvelles
technologies devaient susciter une
forte croissance des créateurs
d'entreprise. Ceci ne s'est pas pro-
duit. Non seulement les salariés re-
présentent toujours 88 % de la popu-
lation en emploi, mais ils sont aus-
si 86 % à bénéficier d'un CDI. La part
des CDD et de l'intérim a fini par se
stabiliser et l'ancienneté des indivi-
dus dans une même entreprise
s'accroît avec l'âge. Ce qui signifie
que l'emploi à vie existe toujours. ■
Recueilli par Emmanuelle Réju
(1) Auteur de L'Institution du tra-
vail, droit et salariat dans
l'histoire, éd. La Dispute, 2016.
Tous droits réservés La Croix 2017
D399C33B83308D0E558119D03E00B16B9735535D53953674F03CD4F
Parution : Quotidienne
Diffusion : 92 075 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015/2016
Audience : 474 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 33
Le syndicat des professions libérales s'oppose à la suppression du RSIL'UNAPL, organisation patronale des professions libérales, a pris position contre la suppressiondu RSI, dans le viseur de plusieurs candidats à la présidentielle. Les indépendants sont, de leurcôté, toujours très mécontents de ce régime.
N° 6157samedi 18 février 2017
Page 41456 mots
FRANCE
P our ou contre la suppression du
régime social des indépendants
(RSI) ? L'union nationale des profes-
sions libérales (UNAPL) (lien :
www.unapl.fr/espace-presse/com-
muniques/priorites-professions-
liberales-pour-prochain-quinquen-
nat) a pris position contre cette éven-
tualité, évoquée par plusieurs candi-
dats à la présidentielle, lors d'une
conférence de presse organisée le 16
février 2017. "Nous sommes pour le
maintien du RSI", a déclaré Michel
Chassang, tout en précisant que ce
régime n'était pas pour autant
"exempt de toute critique" et qu'il fal-
lait continuer à le réformer et à "le
rendre plus fluide".
Créé en 2006, le RSI, auquel sont rat-
tachés les chefs d'entreprise indé-
pendants (artisans, commerçants,
professionnels libéraux) et leurs
ayants droit, compte 6,8 millions
d'affiliés. Il a versé 18 milliards
d'euros de prestations en 2015. De
nombreux dysfonctionnements,
ayant mis en péril des entreprises,
sont apparus à partir de la réforme de
2008. Cette réforme avait créé un "in-
terlocuteur social unique".
En 2012, la Cour des comptes avait
qualifié le RSI de "catastrophe indus-
trielle". Face au mécontentement, le
gouvernement a pris une série de
mesures afin de simplifier les dé-
marches des assurés et mieux ajuster
les acomptes de cotisations, qui sont
désormais fonction des revenus de
l'année précédente.
Michel Chassang, président de l'UNAPL,ne veut pas que les professions libé-
rales soient rattachées au régime géné-ral.
Une très mauvaise image chez les
indépendants
Si l'UNAPL se déclare donc totale-
ment opposé à une suppression du
RSI, ainsi qu'au fait de rattacher les
professions libérales au régime géné-
ral des salariés, cette idée ne semble
pas être partagée par la majorité des
indépendants. En effet, selon un ba-
romètre réalisé par leur syndicat,
dont les résultats ont été publiés par
le Figaro le 10 février 2017 (lien :
www.lefigaro.fr/social/2017/02/10/
20011-20170210ARTFIG00014-rsi-
les-independants-ne-veulent-plus-
de-leur-regime-social.php), 76% des
indépendants avaient une image né-
gative du RSI. Et la quasi totalité
d'entre eux (94% des sondés) pensent
que sa mise en place n'était pas une
avancé pour leur protection so-
ciale.Les indépendants sont 23% à
souhaiter changer de statut en 2017,
soit 10 points de plus qu'en 2015.
Le régime social des indépen-
dants est dans le collimateur de plu-
sieurs candidats à la présidentielle: le
candidat du PS Benoît Hamon prône
sa suppression. Emmanuel Macron,
lui, propose de l'adosser au régime
général, quand François Fillon veut le
réformer "radicalement".
(avec AFP) ■
par Hugo Baudino
Tous droits réservés La Tribune 2017
EE94435E8B20A200A5F517A03407210F9E45075893B23F07661D99B
Parution : Quotidienne
↑ 34
PROTECTION SOCIALE
↑ 35
Renforcement de la Sécurité sociale et création de la sécurité socialeprofessionnelleRemboursement direct et à 100 % des soins prescrits et retraite à 60 ans sont prévus pour la Sé-curité sociale. La sécurité sociale professionnelle contient, elle, le droit opposable à l'emploi.
lundi 20 février 2017Page 5
466 mots
U n gouvernement dirigé par
Jean-Luc Mélenchon entend se
doter de moyens pour répondre aux
urgences, avec une hausse de 173
milliards d'euros du budget de l'état
et de la Sécurité sociale. Le candidat
entend renforcer et étendre le formi-
dable conquis social bâti par le mi-
nistre communiste Ambroize Croizat
après la Libération. En outre, deux
Français sur trois sont favorables au
remboursement direct et à 100 % des
soins de santé prescrits, selon BVA,
en intégrant les mutuelles à la Sécu-
rité sociale. En termes de santé pu-
blique, la France insoumise destine
également 4 milliards d'euros à la
médecine scolaire infantile, à la mé-
decine du travail, aux médecins gé-
néralistes publics et au plan « zéro
déserts médicaux ». Enfin, face au
manque de personnel criant dans les
hôpitaux, le recrutement sur cinq ans
de 10 000 médecins et 52 500 soi-
gnants pour 3 milliards d'euros est
prévu.
Afin de renouer avec une retraite à 60
ans, à taux plein à partir de quarante
annuités, Mélenchon entend trouver
18 milliards d'euros via un redéploie-
ment du pacte de responsabilité (7
milliards), la suppression de niches
en faveur des retraites par capitalisa-
tion (5 milliards), la hausse de 2 %
des cotisations sur les revenus hors
plafond des retraites (4 milliards),
sans oublier la hausse des cotisations
induites par la relance de l'activité (2
milliards). Le candidat souhaite éga-
lement revaloriser les petites re-
traites avec 13,8 milliards d'euros et
relever le minimum vieillesse au ni-
veau du seuil de pauvreté avec 2 mil-
liards d'euros.
Jean-Luc Mélenchon souhaite aussi
développer une sécurité sociale pro-
fessionnelle. Les 820 000 contrats co-
opératifs prévus seraient pris en
charge par cette structure, en appli-
quant un droit opposable à l'emploi
dans lequel l'état serait employeur en
dernier ressort. Le coût net en fin de
mandat de cette mesure serait de 6,4
milliards d'euros. La sécurité sociale
professionnelle prévoit aussi une in-
demnisation chômage dès le premier
jour de la fin du travail, y compris
pour les démissionnaire. 500 000 per-
sonnes seraient concernées en début
de mandat, contre 300 000 en fin de
mandat, pour un coût total de 2 mil-
liards d'euros. Les créations
d'emplois attendues feraient baisser
les montants des allocations de soli-
darité et du RSA pour une économie
de 4,4 milliards d'euros. Ces créa-
tions viendraient nourrir l'économie,
selon Jean-Luc Mélenchon, qui es-
time que les plus pauvres, comme les
sans-emploi, ne sont pas « une
charge, mais un manque » pour
l'activité et la société. A. S.■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
4C98E31784E04802158D1B50AB0EE1EB96D5AF5893183B82C3D931B
Parution : Quotidienne
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Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 36
L’aide aux éloignés de la Sécurité sociale reconduite
Depuis 2013, les centres municipaux de santé soignent les patients sans couverturemaladie et leur permet de recouvrer leurs droits.
lundi 20 février 2017Édition(s) : Seine St Denis
Page 39265 mots
DEP LOCALE—SEINE-SAINT-DENIS
M ontreuil
Tout le monde, en théorie, peut bé-
néficier de la CMU, la couverture mé-
dicale universelle — devenue protec-
tion universelle maladie l’an dernier
— mais tout le monde ne sait pas for-
cément comment faire
pour l’obtenir. Ainsi, dans l’optique
de remettre les personnes en rupture
de droit dans le circuit, les perma-
nences d’accès aux soins de santé
(Pass) en milieu hospitalier ont été
créées par une loi de 1998. Elles sont
désormais expérimentées dans
quelques communes, comme à Mon-
treuil depuis 2013. Et le conseil mu-
nicipal a récemment prolongé d’une
année cette expérimentation menée
dans ses centres municipaux de santé
(CMS).
Concrètement, si un patient se pré-
sente et qu’il n’a pas de couverture
maladie, il sera soigné mais aussi mis
en relation avec un travailleur social.
Ce dernier l’aidera à remplir son dos-
sier et le transmettra à son relais au
sein de la caisse primaire d’assurance
maladie. Et tout sera réglé environ
un mois plus tard, explique le doc-
teur Pierre Manuellan, à la tête des
CMS de Montreuil.
« Si le patient le fait tout seul, neuf
fois sur dix, un papier va manquer.
Il n’aura toujours pas la couverture
santé et ne le saura pas », constate-
t-il. Selon lui, 80 personnes ont été
prises en charge chaque année depuis
la mise en place de la Pass et « 80 à
85 % d’entre eux ont retrouvé leurs
droits ».
L’Agence régionale de santé (ARS) et
la ville financent ce dispositif, qui
permet notamment « d’aller au-de-
vant des populations vivant en habi-
tat très précaire », considère la muni-
cipalité. ■
La permanence d’accès aux soins de san-té se déroule au centre municipal Léo-La-
grange.
par E.m.
Tous droits réservés Le Parisien 2017
2c9bf30581f02b04651410902f05a1b49f15bf5af31735fa8593dd8
Parution : Quotidienne
Diffusion : 208 986 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015/2016
Audience : 1 556 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 37
MOUVEMENTS SOCIAUX
↑ 38
Paris. La CGT finances appelle à un rassemblement pour la réintégration deMarie, salariée
lundi 20 février 2017Page 2
201 mots
CACTUS
P aris. La CGT finances appelle à
un rassemblement pour la réin-
tégration de Marie, salariée du net-
toyage travaillant depuis 2009 en
contrat à durée indéterminée au
centre des finances publiques de Pa-
ris 11e, à laquelle l'entreprise Nova-
sol refuse l'accès au chantier.
Rendez-vous, aujourd'hui à 16 h 30,
devant le centre des finances pu-
bliques du 11e arrondissement.
Orléans (45). Afin de riposter au fas-
cisme et aux actes de violences,
d'intimidation, de dégradation signés
de l'extrême droite, le PCF, le MJCF,
la CGT, Solidaires, le Mouvement de
la paix, AL, l'Adecr et le Collectif
Acide appellent à un rassemblement,
mercredi 22 février à 18 h 30, devant
la préfecture du Loiret, rue de Bour-
gogne.
Paris. Anas Alaili, auteur palestinien,
lira les textes de son dernier recueil,
étreintes tardives, en arabe, accom-
pagné par le comédien Philippe Tan-
celin, qui les dira en français.
L'échange sera prolongé par une
vente-dédicace et par un pot frater-
nel. Vendredi 24 février à 19 heures,
à la section du PC Paris 13e, 75, bd
Vincent-Auriol. ■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
AE98131C8B70C706D5981E009508C13B9995805BC38A32C30134D32
Parution : Quotidienne
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↑ 39
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Quand l'université de Franche-Comté perd sa faculté de dialogueDélogés manu militari, mardi dernier, d'un conseil d'administration de l'établissement, une ving-taine d'étudiants se voient menacés de poursuites.
lundi 20 février 2017Page 14
497 mots
SOCIÉTÉ
D es policiers en tenue
antiémeute, des menottages
ventre au sol, le tout au milieu de cris
d'angoisse et de mobiliers endomma-
gés Le dernier conseil
d'administration (CA) de l'université
de Franche-Comté, mardi 14 février,
a viré au cauchemar pour une ving-
taine d'étudiants qui, comme dans de
nombreuses autres universités ces
dernières semaines, avaient décidé
d'occuper les lieux pour dénoncer la
mise en place de la sélection en mas-
ter. Mais, contrairement à d'autres
établissement plus prompts au dia-
logue, leur action symbolique s'est
soldée, à la demande du président de
l'université, Jacques Bahi, par une
descente de police des plus musclées,
des dizaines d'heures de garde à vue
et plusieurs plaintes !
Au départ, l'affaire était pourtant bon
enfant. La branche locale de
l'organisation Solidaires étudiant-e-
s, l'Ameb, avait appelé ce jour-là à
bloquer pacifiquement le CA qui de-
vait examiner les capacités d'accueil
des masters de l'établissement, dé-
sormais sélectifs à l'entrée de la pre-
mière année. Vers 14 h 30, un groupe
d'étudiants a donc pénétré dans la
salle, certains avec un masque à
l'effigie de Jacques Bahi, d'autres
avec des brioches. Le président
n'était même pas présent dans celle-
ci. « Rien d'extrémiste dans ce mode
d'action pacifique adopté par des gé-
nérations d'étudiants », souligne
l'intersyndicale (Ferc-Sup CGT, FSU,
FO, SUD éducation, Unef). Qui ajoute
: « Il n'y a eu aucune violence, tout
s'est déroulé dans le calme. » Jusqu'à
l'intervention de la police, une heure
et demie plus tard.
Celle-ci, sollicitée par Jacques Bahi,
débarque en force. Sur une vidéo dif-
fusée hier sur les réseaux sociaux, on
voit les étudiants se faire sortir bru-
talement un à un par une myriade de
policiers surchauffés, équipés de
casques et de boucliers. Les jeunes,
dont une lycéenne, sont pressés dans
un coin de la pièce, empoignés sans
ménagement, plaqués au sol puis
menottés les mains dans le dos. « Le
mobilier de la salle a été projeté
contre les murs, toutes les dégrada-
tions sont le fait des forces de l'ordre
», raconte un témoin. Christian, un
représentant de la FSU, n'en revient
toujours pas : « Envoyer la police an-
tiémeute pour une quinzaine
d'étudiants qui pèsent 50 kg chacun,
franchement On a un président qui
perd ses nerfs. »
Au final, huit plaintes ont été dépo-
sées pour « séquestration » par des
administrateurs, tandis que Jacques
Bahi brandit des menaces discipli-
naires. Une réaction jugée totale-
ment « disproportionnée » par les
étudiants et le personnel qui ré-
clament l'abandon des poursuites et
la démission de l'équipe de direction.■
par Laurent Mouloud
Tous droits réservés L'Humanité 2017
DC99C3D584703E0F65E316E03D07A1F993C56551631C32484DE1481
Parution : Quotidienne
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↑ 40
LA POSTE
L'accord sur les facteurs contestéLa CGT a décidé de ne pas signer le plan sur les conditions de travail des facteurs, jugé « néfaste». De son côté, la direction est prête à tout pour l'imposer.
lundi 20 février 2017Page 9
644 mots
SOCIAL-ECO
U n non ferme et définitif. La
Fapt-CGT a annoncé, jeudi,
qu'elle ne signerait pas l'accord sur
les conditions de travail des facteurs,
validé le 31 janvier dernier par la
CFDT, FO, la CFTC et la CFE-CGC
(représentant 30 % des voix). Après
une longue consultation de ses mili-
tants, l'immense majorité d'entre eux
ont jugé cet accord « néfaste ». « Il ne
répond en rien au malaise social, es-
time Valérie Mannevy, du bureau na-
tional de la Fapt-CGT. 3 000 titulari-
sations de CDD en CDI sont prévues,
ce ne sont pas des renforts, mais des
personnes déjà présentes dans les ef-
fectifs. C'est bien de déprécariser,
mais ça ne comblera en rien les
postes vacants. Rien qu'en 2017 il y
aura 9 000 départs en temps partiels
seniors. Nous demandons le recrute-
ment d'au moins 20 000 précaires
travaillant à La Poste. »
Cette négociation, censée prendre en
compte le malaise social généralisé
dans le secteur courrier et ailleurs,
matérialisé notamment par des ten-
tatives de suicide, semble loin de ré-
gler les problèmes. Un sentiment
partagé par huit cabinets d'experts
qui avaient tiré la sonnette d'alarme
en octobre 2016 sur la situation de
crise dans l'entreprise. Au sortir
d'une réunion avec la DRH du
groupe, le 27 janvier dernier, pour
eux, « la gravité de la dégradation des
conditions de travail et de leur im-
pact sur l'état de santé des agents de
La Poste n'est pas perçue ou reste
sous-estimée ». Pour la CGT, qui a
fait valoir son droit d'opposition
contre cet accord, il va même aggra-
ver les choses, en « déstructurant
profondément le métier de facteur et
d'encadrant ». Car les discussions à
venir sur les normes et cadences,
censées améliorer le quotidien des
postiers, seront au contraire utilisées
pour lancer une refonte d'ampleur du
schéma industriel de la distribution,
avec, à la clé, une polyvalence accrue
des facteurs. Décidée à faire passer
coûte que coûte ce plan qu'elle juge
« historique », la direction du groupe
n'a pas tardé à manœuvrer en cou-
lisse.
Pour éviter toute contestation de sa
validité par la CGT et SUD, majori-
taires dans la branche courrier, elle
a étendu au dernier moment son pé-
rimètre d'application à l'ensemble de
la maison mère. Or, à l'échelle du
groupe, la CGT et SUD ne repré-
sentent plus que 46,71 % des voix aux
élections professionnelles, moins des
50 % nécessaires pour bloquer la ma-
chine. Pour justifier cette volte-face,
la direction utilise des arguments
étonnants. « Ils prennent pour pré-
texte que dans les territoires d'outre-
mer et la Corse les facteurs sont rat-
tachés au réseau et non pas au cour-
rier, c'est un tour de passe-passe dé-
loyal ! » tonne Valérie Mannevy.
Dans ce contexte, le respect du droit
syndical a pris du plomb dans l'aile.
Seuls les signataires de l'accord sur
les conditions de travail pourront
participer aux chantiers complémen-
taires qui seront ouverts courant
mars sur les cadences, le mode
d'évaluation de la charge de travail,
les primes de facteurs Les autres or-
ganisations sont tout bonnement ex-
clues. Mais rien n'est encore joué.
SUD-PTT, qui avait refusé de para-
pher le document le 1er février, « en-
tend étudier tous les recours pos-
sibles afin de contester la décision de
la direction modifiant le périmètre de
représentativité ». De son côté, la
CGT demande au plus vite la réou-
verture du dossier et appelle à la mo-
bilisation le 21 mars prochain, dans
le cadre de la journée d'action inter-
professionnelle pour l'industrie et les
services publics. ■
par Cécile Rousseau
Tous droits réservés L'Humanité 2017
E39D73EB8810E60665BD1010090651949D65245243FC30142DA2324
Parution : Quotidienne
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Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 41
Avenir des postiers : un accord au forceps
La direction de La Poste est parvenue à neutraliser l'opposition de la CGT et de SUD
dimanche 19 février 2017Page 31
960 mots
LE MONDE ECO ET ENTREPRISE
La direction et les syndicats de La
Poste se trouvent dans une situation
sociale et juridique tout à fait inédite.
L'accord sur les conditions de travail
et l'évolution des métiers des fac-
teurs, sur lequel comptent les diri-
geants du groupe pour moderniser
l'entreprise, a été signé par quatre or-
ganisations syndicales (CFDT, CFTC,
CGC, FO-COM) en janvier. En re-
vanche, la CGT et SUD, majoritaires
ensemble dans la branche services-
courrier-colis, ont informé la direc-
tion, les vendredi 10 et jeudi 16 fé-
vrier, qu'ils exerçaient leur droit
d'opposition, jugeant ce texte " né-
faste au quotidien, pour les facteurs et
l'encadrement ".
Si la CGT a " pris acte " des 3 000 em-
bauches promises en contrat à durée
indéterminée (CDI) et de la promo-
tion de 30 000 postiers, les deux syn-
dicats s'opposent à un nouveau sché-
ma industriel qui, selon eux, va " pro-
fondément déstructurer le métier "
etimposer " une adaptation perma-
nente des organisations du travail (…)
contraire à l'objectif d'amélioration des
conditions de travail ". Représentant à
eux deux plus de 50 % de la branche
services-courrier-colis du groupe,
leur opposition aurait dû invalider
l'accord. Mais ce n'est pas le cas.
Car si l'article 1 de l'accord définit le
champ d'application du texte à " tous
les personnels de la branche services-
courrier-colis de la société La Poste SA
", le -périmètre retenu par la direc-
tion est plus large, au motif que
l'accord n'a finalement pas été signé
par le seul directeur général adjoint
du groupe chargé de ces -activités,
Philippe Dorge, mais aussi par la di-
rectrice des ressources humaines
(DRH) groupe, Sylvie François.
Tour de passe-passe
" A partir du moment où la DRH groupe
signe, c'est un accord groupe ", ex-
plique cette dernière. " L'accord signé
le 7 février concerne donc tous les fac-
teurs du groupe quel que soit leur rat-
tachement, même en dehors de la
branche services-courrier-colis ", dit-
elle. " Or, dans l'organisation de La
Poste, les facteurs d'outre-mer et de la
Corse sont rattachés au réseau, qui
n'est pas la branche services-courrier-
colis ", précise Mme François.
Ce changement de périmètre a pour
effet de modifier la représentation
syndicale. De majoritaires, les deux
syndicats CGT et SUD deviennent
minoritaires. Ils ne totalisent plus
que 46,71 % des voix, ce qui ne leur
permet pas d'user du droit
d'opposition. Un tour de passe-passe
qui n'améliorera pas les relations
entre ces organisations et la direc-
tion.
" L'accord est donc valide. Et c'est une
avancée importante pour les conditions
de travail des facteurs et la reconnais-
sance de leur travail ", affirme Mme
François. " Le texte prévoit des pro-
motions avec parcours qualifiants, sur
la qualité de vie au travail, il limite la
sécabilité (tournées instables) à trente
jours par agent et par an, il met en
place une pro-cédure extrêmement
précise au plus près du travail pour si-
gnaler un problème et en demander la
correction ", ajoute-t-elle.
Les trois mois de négociation du
texte ont été accompagnés de larges
débats au sein de chaque syndicat,
car les enjeux de l'accord sont impor-
tants (transformation des métiers,
transformation numérique) et les
bouleversements profonds (malaise
social). Les consultations ont été
longues, que ce soit pour obtenir la
signature de l'accord par FO-COM ou
son opposition par la CGT.
Le procédé utilisé par la direction
pour élargir le périmètre de l'accord
a été aussitôt dénoncé par les deux
syndicats concernés. " Le texte de
l'accord n'a pas changé et le champ
d'application est celui de la branche
services-courrier-colis, au sein de la-
quelle, avec SUD, nous représentons
plus de 50 % - des personnels - ", ré-
agit la CGT.
La première force syndicale du
groupe La Poste, qui justifiait déjà le
rejet de cet accord par " l'absence de
négociation loyale ", -appelle désor-
mais à la mobilisation. " Nous avons
fait valoir -notre droit d'opposition à
La Poste et demandons la réouverture
du dossier rapidement ", indique -Pa-
trick Lasserre, secrétaire fédéral CGT.
Un rassemblement est prévu le 21
mars.
SUD, qui avait exprimé son opposi-
tion à l'accord dès le 24 janvier,
n'avait pas été convié, sept jours plus
tard, à la réunion au cours de laquelle
s'est décidé le changement de péri-
mètre. " C'est FO-COM qui, au mo-
ment de signer, nous a téléphoné pour
↑ 42
nous en informer ", explique Philippe
Crottet, élu national SUD-PTT au co-
mité technique de La Poste. " En ré-
féré ou sur le fond, nous irons jusqu'au
bout de ce qu'il est possible de faire
juridiquement, ajoute-t-il. C'est
l'appréciation du juge qui examinera
point par point s'il y a déloyauté dans
le -dialogue social. "
Pour la direction du groupe, la situa-
tion est claire : " Nous n'allons pas re-
négocier ", affirme Mme François. Cet
accord, qualifié d'" historique " par la
direction, est un élément de la nou-
velle stratégie qui vise à transformer
cette entreprise de plus de 250 000
salariés.
La confiance, toutefois, pourrait être
un atout décisif pour y parvenir. Or,
" dans un accord collectif, la volonté
commune des parties signataires est
évidemment essentielle ", remarque le
professeur de droit social Jean-Em-
manuel Ray.
Anne Rodier■
par Anne Rodier
Tous droits réservés Le Monde 2017
8C9873418C901D0CE5011BD09A0F610A9A65645523C139085A26FB5
Parution : Quotidienne
Diffusion : 264 559 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015/2016
Audience : 2 313 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 43
samedi 18 février 2017Page 25
119 mots
LE MONDE ECO ET ENTREPRISE
SOCIAL
CGT et SUD s'opposent à l'accord sur les facteurs
La CGT-FAPT, la première force syndicale
de la branche services-courrier-colis de -
La Poste a annoncé, jeudi 16 février,
qu'elle ferait valoir son droit d'opposition
à l'accord sur l'amélioration de travail et
l'évolution des métiers des facteurs, validé
le 31 janvier, tout comme SUD-PTT. -"
L'accord signé le 7 février
est valide ", affirme Sylvie -François, la
DRH du groupe, car " il concerne l'ensemble
des facteurs du groupe ",
ce qui élargit le périmètre au-delà de la
branche services-courrier-colis et change
la représentativité des syndicats. ■
Tous droits réservés Le Monde 2017
2F9533A185003E0CE5501C00450461349A15FF59232139BDD8EDA4A
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↑ 44
La renaissance des madeleines Jeannette
La biscuiterie normande doit s'agrandir pour répondre à la demande, après avoir frôlé lafaillite
dimanche 19 février 2017Page 31
1042 mots
LE MONDE ECO ET ENTREPRISE
Cet après-midi de la Saint-Valentin,
le petit magasin d'usine de la biscui-
terie Jeannette 1850 – son année de
naissance –, situé dans la zone
d'activités La Delle du Clos-Neuf, à
Démouville (Calvados), près de Caen,
ne désemplit pas. " Et c'est quasiment
tous les jours comme ça ", sourit une
vendeuse. Dans l'atelier de fabrica-
tion règne l'alléchante odeur des bis-
cuits sortis des fours. Et la bonne hu-
meur. Les employés, majoritairement
des femmes, s'affairent dans le calme
dans cette usine flambant neuve de
1 000 mètres carrés, d'où sortent des
madeleines en forme de coquilles
Saint-Jacques. On est loin, désor-
mais, de la liquidation de l'ancienne
entreprise Jeannette, prononcée fin
2013. La biscuiterie a été relancée en
septembre 2015, par Georges Viana,
un ancien cadre de grand groupe,
alors que personne n'y croyait.
Sur les 23 personnes qui avaient été
licenciées début 2014, 11 travaillent
dans la nouvelle Jeannette, dont
Marie-Claire, la soixantaine, respon-
sable de fabrication : " Terminer ma
carrière chez Jeannette, où j'ai travaillé
tant d'années, c'est tout ce que je sou-
haitais. "
Le produit est monté en gamme, avec
l'utilisation d'ingrédients locaux de
qualité ; le procédé, qui était indus-
triel, est devenu artisanal. " Quand
j'ai commencé chez Jeannette il y a
trente-sept ans, explique Régine, 56
ans, c'était un travail manuel, comme
ici. C'est ma jeunesse qui revient. "
C'est d'abord à elles-mêmes que ces
ouvrières doivent cette résurrection.
Bon nombre d'entre elles avaient
trente ou quarante années
d'ancienneté au moment de la liqui-
dation. A commencé, quelques mois
plus tard, un long -combat pour pré-
server l'emploi dans la région.
La lutte a commencé il y a trois ans
exactement dans l'ancienne usine,
qui se situait à Caen. Une partie des
37 salariés présents à l'époque, soit
23 personnes, décident, le 19 février
2014, d'occuper le site nuit et jour,
avec le soutien actif de l'union locale
(UL) de la CGT. Une vente aux en-
chères du matériel devait se tenir le
lendemain. Elle n'aura pas lieu. Les
ouvriers n'ont pas laissé entrer le
commissaire-priseur. Les machines
sont donc restées sous surveillance
durant trois cent quarante-quatre
jours, ponctués de " ventes citoyennes
" de madeleines qui partaient comme
des petits pains. Emaillés aussi de
procédures d'expulsion,
d'assignation, de coupures de gaz et
d'électricité…
L'usine est en sous-capacité
Sans ce combat, Georges Viana, qui
résidait en région parisienne,
n'aurait sans doute jamais entendu
parler de cette entreprise. Lui aussi a
bataillé pour obtenir la marque Jean-
nette en décembre 2014. " J'avais été
touché par le combat de ces salariés ",
explique-t-il. La présence de la CGT
dans cette lutte aurait pu l'effrayer.
Elle a, au contraire, été un atout.
Franck Mérouze, figure charisma-
tique de l'UL-CGT, dont il est le se-
crétaire, connaissait bien
l'entreprise, les salariés et le proces-
sus de fabrication des madeleines. "
On a apporté des idées, par exemple
sur le positionnement des produits
pour éviter de refaire certaines erreurs
du passé, c'est-à-dire une distribution
classique, de masse, sans qualité. "
Le trio formé par ce cégétiste, les sa-
lariés et Georges Viana a construit le
projet sur une table au sein de l'usine
occupée. Mais les banques ne vou-
laient prendre aucun risque. M. Via-
na a alors trouvé une astuce pour les
amener à lui. Il a lancé, à l'automne
2014, une opération de financement
participatif avec le site Bulb in Town.
Il récolte " 108 000 euros ". Pas assez
pour rassurer les banques. M. Viana
engage alors une campagne
d'actionnariat participatif. Nouveau
carton : 330 000 euros. Ce succès va
permettre de déclencher des prêts
bancaires, notamment. Lui-même et
sa famille ont investi dans Jeannette
et sont " majoritaires à 55 % " du ca-
pital, explique M. Viana, qui a dû
vendre sa maison et en louer une
dans le Calvados. Il n'a pu se verser sa
première paie qu'en janvier 2017.
Aujourd'hui, Jeannette emploie 25
salariés et le conditionnement est
confié à une équipe d'environ 25 per-
sonnes issues d'un établissement et
services d'aide par le travail (ESAT)
pour personnes handicapées. Les an-
ciennes Jeannette ont été rejointes
par des jeunes, comme Mélinda, 19
ans, en contrat à durée indéterminée.
" Je me sens bien ici, j'aime ce travail. "
↑ 45
" Les jeunes apprennent bien le métier,
ils sont tellement contents d'avoir un
emploi ", souligne sa belle-mère, une
" ancienne " de Jeannette. Les deux
déléguées du personnel CGT sont,
elles aussi, des anciennes. La respon-
sable de production, Solène Cadic, 26
ans, est une apprentie ingénieur en
alimentation et santé.
Les six premiers mois de la nouvelle
biscuiterie ont cependant été compli-
qués, selon M. Mérouze. Les an-
ciennes ont dû s'approprier la nou-
velle façon de travailler voulue par
M. Viana, qui laisse aux salariés " une
certaine autonomie dans leur activité ",
explique le syndicaliste. " Or, durant
trente ou quarante ans, leur ancien pa-
tron leur a dit : “fais comme je te dis”.
Elles avaient été en quelque sorte auto-
matisées. Il y a donc eu un peu de flot-
tement entre les salariés et M. Viana ",
ajoute le cégétiste, qui a aidé à sur-
monter les moments un peu délicats.
Aujourd'hui, l'usine est en sous-ca-
pacité. Des demandes arrivent du Ja-
pon, de la Chine, des Etats-Unis… Un
second site de 6 000 mètres carrés
devrait ouvrir en septembre et 15 à
20 personnes seraient recrutées. " Ce
local a été acheté par un de nos action-
naires, un Normand ", précise M. Via-
na. Cette fois, ce sont les banques qui
sont venues vers lui, " prêtes à investir
".
Francine Aizicovici ■
par Francine Aizicovici
Tous droits réservés Le Monde 2017
C69083DE8DF0670E05F31E00B20721C399D5A75353483E1939B39EE
Parution : Quotidienne
Diffusion : 264 559 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015/2016
Audience : 2 313 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 46
DIALOGUE
VTC contre Uber : les questions qui fâchent
Tarif de la course, commission prélevée par l’application, charges, statut… Uber France etles représentants de ses chauffeurs s’apprêtent à entamer des discussions. Face-à-faceentre un syndicaliste conducteur de VTC et le porte-parole du groupe.
N° 11119lundi 20 février 2017Édition(s) : Principale
Pages 18-191643 mots
FUTURS
A la suite des propositions de
Jacques Rapoport, le médiateur
nommé par le gouvernement pour
trouver une issue au conflit qui op-
pose Uber aux chauffeurs de VTC
(voiture de transport avec chauffeur),
la filiale française de la multinatio-
nale californienne va recevoir mardi
les cinq organisations syndicales re-
présentatives de la profession (CFDT,
Syndicat des chauffeurs privés-VTC,
Capa VTC, Actif VTC et UDCF) afin
de discuter, dixit Uber, des
moyens«d’accompagner les chauffeurs
en difficulté vers une meilleure rentabi-
lité». A cette occasion, Libération a
organisé une confrontation entre
Grégoire Kopp, porte-parole d’Uber
France, et Sayah Baaroun, chauffeur
de grande remise et secrétaire géné-
ral du Syndicat des chauffeurs privés
VTC affilié Unsa, qui dialoguent pour
la première fois. Un échange courtois
mais musclé.
Sayah Baaroun : Vous vous dites
prêts à aider les chauffeurs en dif-
ficulté, victimes d’une ubérisation
massive synonyme
d’appauvrissement et de précarisa-
tion dont vous êtes le grand respon-
sable. Le «pompier-pyromane» nous
invite à venir discuter, mais sur la
base d’un ordre de jour défini de ma-
nière unilatérale et qui élude notre
principale revendication, le relève-
ment des tarifs. Alors que les autres
plateformes se disent prêtes à en dis-
cuter, vous refusez qu’une négocia-
tion s’engage d’égal à égal sur ce su-
jet. Or, si je suis un indépendant libre
de travailler quand je veux comme
vous dites, comment expliquer que
vous refusiez d’aborder la question
de ma rémunération ? La vérité, c’est
que vous nous avez placés dans une
situation de dépendance totale et que
votre but n’est pas de nous permettre
de vivre décemment mais de gagner
toujours plus de parts de marché.
Grégoire Kopp : Notre intérêt n’est
pas de vous paupériser, vous êtes
aussi nos clients et il n’y a pas de
«chauffeurs Uber» mais des indépen-
dants qui travaillent librement via
différentes plateformes. Quel intérêt
aurions-nous à vous affaiblir ? Ce se-
rait nous tirer une balle dans le pied.
Dans un marché devenu très concur-
rentiel, si nous augmentions au-
jourd’hui les tarifs, vous auriez
moins de passagers. Nous nous
sommes engagés à aider financière-
ment les chauffeurs dont nous ne
nions pas les difficultés pour certains
d’entre eux, mais ce n’est pas vous
qui allez élaborer notre politique
commerciale. Comme l’a montré une
étude du Boston Consulting Group,
un cabinet reconnu pour son exper-
tise, un chauffeur gagne en moyenne
de 1 400 à 1 600 euros net par mois
pour 45 à 50 heures de travail hebdo-
madaires. C’est la preuve que la plu-
part s’en sortent et que notre poli-
tique tarifaire n’est pas en cause. Le
problème, ce sont les charges trop
importantes qui pèsent sur certains
et nous allons les aider à résoudre ce
problème.
S.B. : Si les chauffeurs sont vos «par-
tenaires» comme vous le dites, il faut
nous écouter. Plutôt que de se baser
sur les évaluations d’un cabinet de
conseil privé que vous avez rémunéré
pour réaliser une étude forcément à
votre avantage, c’est avec les organi-
sations professionnelles de VTC que
vous auriez dû faire ce travail. Depuis
le début, Uber ne cesse de trahir
notre profession. Lorsque vous avez
débarqué en France, vous nous avez
attirés avec de très bons tarifs que
vous n’avez cessé de revoir à la
baisse. A votre premier service haut
de gamme destiné aux chauffeurs de
grande remise, dont je suis, s’est
ajouté une offre «UberX» qui était
une première descente en gamme
avant, trahison suprême, d’ouvrir
UberPop aux particuliers avec les-
quels vous avez cassé les prix sans
qu’ils aient à assumer aucune de nos
obligations professionnelles. La réa-
lité, c’est qu’Uber se moque des pro-
fessionnels que nous sommes. Votre
véritable objectif, c’est de recueillir
un maximum de données person-
nelles et bancaires afin d’alimenter
une bulle qui ne cesse de grossir jus-
qu’au jour où elle va exploser. Nous
ne servons qu’à nourrir le monstre,
temporairement, puisqu’à terme,
avec l’arrivée des voitures auto-
nomes, vous vous passerez de nous.
↑ 47
G.K. : On n’est pas un «monstre», on
a créé énormément d’emplois ! Il y a
en France 22 000 chauffeurs qui tra-
vaillent via les plateformes et leur
clientèle personnelle, dont 15
000 pour Uber. Et s’il y en a autant
chez nous, c’est parce qu’on leur ap-
porte le meilleur service, le plus
grand nombre de clients par rapport
au temps passé dans le véhicule. On
a permis à un grand nombre de
consommateurs qui n’avaient pas ac-
cès au transport particulier d’en bé-
néficier, et ils sont 1,5 million à le
faire. Cela a un coût et nécessite
d’énormes dépenses pour améliorer
en permanence notre plateforme de
mise en relation. C’est ce qui justifie
notre commission pour frais de ser-
vice de 25 %.
S.B. : Vous avez certes ouvert un
marché, mais à quel prix ? En pau-
périsant la profession des taxis tout
d’abord. En attirant le plus grand
nombre de chauffeurs possible sur
votre plateforme, vous avez tué
l’activité d’origine des VTC, qui était
de proposer un service complémen-
taire à l’offre des taxis à un prix un
peu supérieur. J’ai travaillé deux se-
maines pour vous et j’ai tout de suite
compris que c’était une arnaque. Le
problème aujourd’hui, c’est qu’il y a
trop de chauffeurs pour permettre à
tout le monde de vivre et que la qua-
lité ne cesse de se dégrader.
G.K. : C’est Thomas Thévenoud,
l’auteur de la première loi sur la ré-
gulation du secteur, et non Uber, qui
a écrit en 2014 que si l’on voulait
mettre l’Ile-de-France au diapason
de New York en termes d’offre de
transport particulier, il y avait de la
place pour créer 68 000 emplois de
VTC. On est très loin du compte. Et
vous ne pouvez pas dire qu’on ne
tient pas compte de vos demandes.
Nous avons accompagné le relève-
ment de notre commission de 20 à 25
% en décembre d’une hausse des ta-
rifs de 13 % après les avoir baissés de
20 % en 2015 dans un contexte qui
était celui d’une guerre des prix avec
les autres plateformes. A la demande
des chauffeurs, nous avons veillé à ce
qu’ils soient mieux rémunérés sur le
temps de la course, et pas seulement
sur la distance.
S.B. : Uber joue un jeu subtil en met-
tant en avant les charges des chauf-
feurs pour éviter de parler tarifs et
courses à 3,50 euros. Mais si vous
êtes capables de nous trouver des vé-
hicules qui nous coûtent 750 euros
par mois au lieu des crédits à 2
000 euros qui étranglent des chauf-
feurs lourdement endettés pour ré-
pondre à vos exigences de standing,
si vous militez pour que l’on ait plus
de droits sociaux, pourquoi ne
salariez-vous pas directement les
chauffeurs ? Ce serait plus simple.
A force de constater qu’ils ne pou-
vaient plus payer leurs charges en
raison d’une activité insuffisante,
l’Urssaf a décidé de s’adresser direc-
tement à la source, en vous récla-
mant de très grosses sommes. Si vous
voulez décider de tout, alors salariez-
nous ! Sauf qu’en le faisant, votre
système s’écroulerait et mettrait fin
à vos promesses de rentabilité miri-
fique que vous vendez aux marchés
financiers. Vous êtes dans une im-
passe.
G.K. : Le premier attrait du système,
nous disent les chauffeurs, c’est
l’indépendance qu’il leur procure. Ils
y sont très attachés. Le débat ne
porte donc pas sur le salariat mais
sur les conditions économiques per-
mettant de vivre correctement de son
métier et sur une extension légitime
des droits sociaux à laquelle nous
nous efforçons de sensibiliser les
pouvoirs publics. Mais il s’agit d’un
problème plus global, qui ne se limite
pas au seul cas des VTC. Ce dont nous
sommes convaincus, c’est que le sta-
tut d’indépendant est le plus à même
de garantir notre qualité de service
et nous voulons aider les chauffeurs
à maîtriser leur destin économique.
En leur apportant une aide financière
ponctuelle quand c’est nécessaire ;
en gérant mieux leurs charges, grâce
à l’offre que nous avons mise en
place pour acheter un véhicule et
payer son assurance, on peut écono-
miser 1 250 euros par mois. C’est
énorme et cela change tout !
S.B. : Si vous vouliez vraiment aider
les entrepreneurs VTC, vous accepte-
riez d’augmenter nos tarifs afin que
nous puissions vivre décemment de
notre métier et financer nous-mêmes
notre protection sociale et notre re-
traite. Ce n’est pas à vous
d’intervenir dans la manière dont on
gère notre activité, sauf à assumer
qu’il y a bien un lien de subordina-
tion juridique entre Uber et ses
chauffeurs aboutissant à notre re-
qualification comme salariés. Dans
un autre registre, ce n’est pas non
plus à vous de décider seul si nous
faisons bien notre métier en décon-
nectant de manière sauvage des
chauffeurs lorsque vous considérez
que ce n’est pas le cas. Si nous
sommes indépendants, nous le
sommes vraiment, pas à moitié.
G.K. : Les chauffeurs sont déconnec-
tés quand ils «prêtent» leur compte
à un autre chauffeur ou commettent
des infractions au code de la route.
Les notes sont là pour les aider à
améliorer leur qualité de service et
il n’y a aucune déconnexion automa-
tique pour ce simple motif. Mais les
passagers sont avant tout ceux des
chauffeurs et s’il n’y a plus de pas-
sagers, il n’y aura plus de boulot ni
pour eux, ni pour Uber. Nous nous
sommes engagés à mettre en place
un «panel d’appels» composé de
chauffeurs et pourquoi pas de passa-
gers réguliers afin de permettre à un
prestataire qui s’estime injustement
déconnecté de s’expliquer. Nous pré-
senterons ce dispositif aux représen-
tants des VTC lors de notre réunion.
↑ 48
S.B. : C’est aux organisations profes-
sionnelles de gérer cette question en
se mettant d’accord avec vous sur
une charte de qualité. Votre initiative
va dans le bon sens, même si cela au-
rait dû être fait depuis des années.
Notre intention n’est pas de défendre
l’injustifiable, mais que l’on puisse
au moins discuter et mettre fin à un
mécanisme de sanction perçu comme
arbitraire. Les incidents et plaintes se
sont multipliés ces derniers temps,
mais Uber porte une large part de res-
ponsabilité. En cherchant à recruter
toujours plus de chauffeurs tra-
vaillant pour une rémunération tou-
jours plus basse, la plateforme a fait
rentrer le loup dans la bergerie et
transformé ce métier en une jungle
sans foi ni loi. ■
par Christophe Alix
Tous droits réservés Libération 2017
cc96b3a68100c605c5681d40d008c1e79145c05663323518257db09
Parution : Quotidienne
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Audience : 923 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 49
Primark : mini prix, maxi mal-être
Les salariés du magasin de Créteil Soleil, le plus grand de France, étaient engrève pour dénoncer leurs conditions de travail.
lundi 20 février 2017Édition(s) : Val de Marne
Page 38417 mots
DEP LOCALE—VAL-DE-MARNE
C réteil
Par Laure Parny
« On soulève des cartons toute la
journée, on est davantage manuten-
tionnaires que vendeurs ». Ces deux
salariés du magasin Primark de Cré-
teil Soleil, le plus grand de France,
ont listé pendant de longues mi-
nutes, samedi matin, toutes les rai-
sons qui les ont poussés à faire grève
malgré leur petit salaire.
« Perdre une journée de travail c’est
dur, mais je suis une des seules qui
restent depuis l’ouverture il y a trois
ans. On ne peut plus continuer
comme ça », assure cette trentenaire
qui doit se contenter de 1 144 € nets
mensuels pour 35 heures de travail.
« Et zéro avantage, pas même de ta-
rifs sur les vêtements qu’on vend !
Pas étonnant qu’il y ait tant d’arrêts
maladie, il faut même demander la
permission à un manageur pour aller
aux toilettes ! » Samedi, ils n’étaient
pourtant pas très nombreux à fran-
chir le pas de la grève, organisée en
même temps dans le magasin de
Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-
Seine)…
« Seulement 80 salariés sur
700 étaient déjà là à l’ouverture il y a
trois ans, c’est vous dire si les condi-
tions de travail et de salaire sont dé-
gradées », insiste Cathy Vinciguerra,
déléguée du personnel CGT.
Ce mouvement est le deuxième à
Créteil après un débrayage le 18 jan-
vier, pour réclamer une augmenta-
tion et une amélioration de leurs
conditions de travail. Pour ça, ils ont
distribué des tracts et même fait si-
gner une pétition aux clients. « Je les
comprends, mais vu nos salaires à
nous aussi, acheter à bas prix c’est
ce qui compte », soupire une cliente.
« On se sent entouré par les clients,
souvent ils nous disent qu’ils ont vu
qu’on nous parlait mal, qu’on court
partout avec nos cartons en main »,
soutient un vendeur. Les salariés ré-
clament plus que les 4 centimes bruts
de l’heure proposés par la direction.
« D’autant plus qu’on doit nous-
mêmes acheter nos tenues de tra-
vail », rappelle Cathy Vinciguerra,
qui insiste sur le fait que Primark « ne
respecte pas la loi sur le temps de
repos hebdomadaire en nous faisant
arrêter à 20 h 45 le samedi et re-
prendre à 6 h 15 le lundi. »
Ce que conteste l’enseigne d’origine
irlandaise. « Primark respecte le droit
du travail qui définit les conditions
de travail, notamment les heures de
travail et les temps de pause, assure
Primark, qui emploie plus de
5 000 collaborateurs dans dix maga-
sins en France. Depuis trois ans et
conformément à ses valeurs, Primark
recrute et encadre ses collaborateurs
dans le respect mutuel et conformé-
ment aux règles édictées par le droit
français. »■
Créteil, samedi. Les employés del’enseigne de vêtements pas chers ré-
clament notamment une hausse des sa-laires.
par @laureparny
Tous droits réservés Le Parisien 2017
0e95136380504908758114e0d70291f59fc5765113b43708930b73d
Parution : Quotidienne
Diffusion : 208 986 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015/2016
Audience : 1 556 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 50
MANDEURE
Quel avenir pour Peugeot Scooters ?La direction de Peugeot Scooters a accepté, hier après-midi, de recevoir Frédéric Sanchez, secré-taire national de la métallurgie CGT, de passage en Franche-Comté, pour évoquer l’avenir du sitede production de Mandeure.
samedi 18 février 2017Édition(s) : Montbéliard
Page 43388 mots
25B—MONTBÉLIARD-SUD
D ans un courrier daté du
13 février, adressé à la direc-
tion de Peugeot Scooters, Frédéric
Sanchez et Jacques Bauquier, coordi-
nateur régional de la CGT, deman-
daient à être reçus ce vendredi 17 fé-
vrier pour évoquer « le devenir indus-
triel de l’entreprise, les investisse-
ments à réaliser pour relancer
l’activité, les moyens alloués pour ré-
pondre aux besoins sociaux et déve-
lopper l’emploi et la formation pro-
fessionnelle ».
Jacques Bauquier, coordinateur régio-nal de la CGT, rappelle aux militants
présents que « Le syndicat n’arrive pasles mains vides. Nous avons des propo-sitions à faire ».Photo Francis REINO-
SO Photo : L'Est Républicain
La réponse de la direction de Peugeot
Scooters est intervenue dès l’arrivée
de Frédéric Sanchez au siège social
de l’entreprise à Mandeure. Le jour
même où les responsables de PSA
Peugeot Citroën annonçaient
200 millions d’euros
d’investissement sur le site histo-
rique de Sochaux.
Jacques Bauquier, coordinateur régio-nal de la CGT, rappelle aux militants
présents que « Le syndicat n’arrive pasles mains vides. Nous avons des propo-sitions à faire ».Photo Francis REINO-
SO Photo : L'Est Républicain
Toujours est-il que le secrétaire na-
tional de la métallurgie CGT a été re-
çu, accompagné d’une petite déléga-
tion de syndicalistes de la région et
d’un représentant syndical de PMTC.
Demande d’une table ronde
Avant cette rencontre, Jacques Bau-
quier a tenu à faire savoir que « La
CGT n’arrive pas les mains vides.
Nous avons des propositions à faire
pour que le site et les emplois soient
pérennes. Nous demandons notam-
ment que les scooters fabriqués en
Chine ou aux États-Unis soient as-
semblés à Mandeure ».
La CGT demande à Mahindra, action-
naire majoritaire de Peugeot Scoo-
ters, « d’investir dans l’outil de tra-
vail pour moderniser l’outil productif
et anticiper les mutations technolo-
giques avec un service de recherche
et de développement travaillant lo-
calement sur les scooters de nou-
velles générations ». S’adressant aux
pouvoirs publics, le syndicat souhaite
l’organisation d’une table ronde
« pour assurer la pérennité de
l’entreprise et de ses 460 emplois ».
La direction de Peugeot Scooters fait
valoir que « Mandeure accueillera un
nouveau scooter en 2018. Trois nou-
veaux véhicules dont le nouveau Me-
tropolis, Belville dans le segment
Grandes Roues et GenZe, le scooter
électrique, seront lancés au cours de
ce premier trimestre 2017 »
En ce qui concerne les investisse-
ments, Peugeot Scooters fait obser-
ver que plus de 3 millions d’euros ont
été injectés en 2016 et 9,1 millions
d’euros alloués à la recherche et au
développement de nouveaux mo-
teurs et de nouveaux véhicules en
2017 à Mandeure » La direction rap-
pelle que son objectif est « le retour à
l’équilibre financier en 2018 ».■
par Jacques Balthazard
Tous droits réservés Est Républicain 2017
249D53EB81308F0865C11FC0950061459425DC5563553393C307054
Parution : Quotidienne
Diffusion : 123 626 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2015/2016
Audience : 540 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 51
SANTÉ
La CGT de la Candélie inquiète à court termeLa CGT attend peu de la réforme hospitalière pour la Candélie. Le département a des besoinsgrandissants pour la psychiatrie, mais les moyens ne sont pas à la hauteur.
lundi 20 février 2017Édition(s) : Lot et Garonne
Page 16454 mots
LOCALE
Peut-on faire plus avec autant ? C’est
dans le monde du travail, secteur pu-
blic et privé confondus, la question
éternelle. La CGT du centre hospita-
lier de la Candélie y a répondu jeudi
lors de son congrès : c’est non. Et
c’est en tout cas au détriment des pa-
tients.
Les personnels de la santé publique
attendent de savoir à quelle sauce ils
vont être dégustés lors de la mise en
place du groupement hospitalier de
territoire dans le département. La
CGT a déjà mesuré l’impact des me-
sures au centre hospitalier Agen-Né-
rac, sa sœur de la Candélie n’a « au-
cune nouvelle, bonne ou mauvaise »
de la tutelle, signale François Lam-
bert, son responsable dans
l’établissement. « En fait, vu ce qui se
passe depuis quelques années, nous
ne pouvons avoir que des craintes. »
Moins de toubibs
Premier constat pour la prise en
charge des soins psychiatriques : «
L’hôpital compte de moins en moins
de médecins, d’où les difficultés pour
ceux qui restent de répondre à une
demande qui, elle, est de plus en plus
grande. » À titre d’exemple, la CGT
cite un chiffre, 3, pour le nombre de
psychiatres pour adolescents dans le
département.
« C’est tout sauf suffisant, poursuit
François Lambert. Le déficit médical
est la plaie de cet établissement. » Et
Gil Téodomante, autre responsable
CGT de la Candélie, de rappeler «
qu’avant, on pouvait disposer pour le
service aux ados d’un poste à mi-
temps en médecine. Aujourd’hui,
c’est deux heures par semaine ».
Département précaire
Les personnels de soins sont
contraints de faire plus, avec autant,
pour leurs effectifs d’infirmiers,
aides-soignants etc. « Certes les ef-
fectifs globaux augmentent, constate
François Lambert. Mais l’activité glo-
bale aussi. Face à des besoins gran-
dissants, les moyens humains sont
les mêmes. » De source syndicale, la
file d’attente avoisinerait les 10 000
personnes.
« Le champ d’activité s’est élargi
pour la prise en charge alors que, de-
puis 2010, le maillage territorial du
centre hospitalier a été revu. De cinq
territoires, on est passé à trois sec-
teurs immenses. » Les points
d’accueil ont fondu comme neige au
soleil « et les agents ont de plus en
plus de mal au sein des centres
médico-psychologique. » En fait, ex-
plique François Lambert « on éloigne
un peu plus la population des consul-
tations alors que, dans le même
temps, le département se paupérise,
se précarise depuis dix ans.
Ce non-sens est dénoncé depuis une
demi-douzaine d’années par les or-
ganisations syndicales. La CGT es-
time que le groupement hospitalier
de territoire doit « pour la psychia-
trie, permettre à minima de conser-
ver les moyens actuels. » ■
par S.b.
449B139F8DA03D0A55311D00930151DC9525C153531F3753A895369Parution : Quotidienne
Diffusion : 145 540 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2015/2016
Audience : 715 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 52
Agents des services scolaires : La CGT et Sud demandent plus d'effectifs
vendredi 17 février 2017 20:38440 mots
: L ECHO
Les syndicats CGT et SUD de la ville de Tulle ont adressé une lettre ou-
verte au maire et au conseil municipal dans laquelle ils alertent les élus
sur la situation des agents territoriaux des écoles maternelles et pri-
maires. Ils déplorent la baisse constante des effectifs. «Depuis trois ans,
au service scolaire, c’est une dizaine de départs en retraite qui n’ont
pas été remplacés. S’y s’ajoutent, comme dans toute collectivité ou en-
treprise, des agents qui se trouvent, à la suite d’accidents de la vie ou
de maladies graves, en longue maladie. Les agents en poste doivent
mettre «les bouchées doubles», parce qu’ils ont leur mission à cœur,
parce qu’impérativement, les repas de midi doivent être servis, les gar-
deries ouvertes matin et soir et le Centre de Loisirs du Chambon chaque
mercredi et durant les vacances scolaires», indiquent les syndicats qui
demandent un recrutement de cinq agents pour rajeunir le service et
remplacer les départs en retraite. L’embauche de deux contractuels se-
rait aussi nécessaire. Le personnel du service scolaire et les syndicats
espèrent que leurs revendications seront entendues. «Bien conscients
qu’un mouvement de grève serait de nature à mettre en difficulté les en-
fants et les parents, nous espérons ne pas y avoir recours et que des né-
gociations fructueuses sauront l’éviter».
Leur message a été entendu par Dominique Grador, la première adjointe au
maire chargée des affaires scolaires. L’élue reconnaît le déficit de personnel et
la réduction des effectifs, «mais la collectivité n’a pas les moyens d’embaucher
car elle fait face à des contraintes budgétaires et au recul des dotations de
l’Etat». Il faut régler les problèmes autrement, réorganiser «avec un peu de
souplesse mais sans précariser le personnel», insiste-t-elle. Dominique Grador
propose de recruter sur un temps long pour pallier aux absences des agents
en longue maladie. L’autre idée est «d’augmenter le temps de travail des as-
sistants de vie scolaire» qui interviennent auprès des élèves handicapés «pour
qu’ils renforcent les équipes à la pause méridienne par exemple, dans les mo-
ments où ils n’ont pas d’enfants à s’occuper. Pour cela on fera des avenants à
leur contrat de travail». Le personnel du service patrimoine est sollicité aus-
si en renfort pour l’entretien des écoles dans le cadre d’une mutualisation. «Il
faudra aussi réfléchir à des embauches car nous avons deux départs à la re-
traite à remplacer», ajoute la première adjointe.
«On a réussi la réforme des rythmes scolaires, on propose un parcours culturel
et artistique remarquable. On fait des tas de choses bien mais il ne faut pas que
cela soi au détriment de l’accueil dans les services publics de la Ville».
↑ 53
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Parution : Continue
↑ 54
Les bons chiffres 2016 de la multinationale contrastent avec la faible hausse dessalaires
lundi 20 février 2017Édition(s) : Limoges, Creuse, Haute-Vienne
Page 3836 mots
FDJ_LIMOUSIN_POPU
L e choc des dividendes et des
salaires
Croissance, hausse des dividendes et
augmentation moins conséquente
des salaires. Chez Legrand, les an-
nées se suivent et se ressemblent.
Comme en 2015 et 2016, la publica-
tion des résultats annuels de
l'électricien vient percuter de plein
fouet la discussion autour des négo-
ciations salariales annuelles. Et pour
cause : l'augmentation de 3,4 % des
dividendes proposés aux actionnaires
contraste avec l'enveloppe destinée
aux salaires, en croissance de 1,9 %.
« On est de plus en plus dans une
entreprise financière », avance Lionel
Guy, représentant CGT au sein des
instances du personnel. « Il ne faut
pas opposer une partie prenante à
une autre, juge néanmoins Patrice
Soudan, directeur général adjoint du
groupe. Legrand augmente ses sa-
laires tous les ans et ce, plus que
l'inflation. Sur les dix dernières an-
nées, on a 13 % d'inflation et 31 % de
hausse de salaires. »
Mais en 2016, le montant total des
dividendes a dépassé pour la pre-
mière fois les 300 M?, soit une pro-
gression de 180 % depuis 2009. « Mal-
gré une très bonne année, les salaires
ne sont pas au rendez-vous », avance
Karine Cellier (CGT). Le syndicat doit
décider aujourd'hui s'il organise, ou
non, un mouvement de grève jeudi,
jour de la dernière réunion des né-
gociations. « Les salariés ne sont pas
satisfaits », souligne la syndicaliste.
Pour l'instant, la direction propose
une hausse globale de 1,9 % des sa-
laires, assortie d'une prime de 400 ?
quand le syndicat réclame un talon
de 60 ?. « Avec sa prime de 400 ?, la
direction veut acheter la paix sociale,
tacle Lionel Guy. Mais ça fait 23 ? par
mois net et ce n'est pas intégré dans
les salaires les années suivantes. »
Une des clés de la répartition
salaires-dividendes se situe dans les
vecteurs de croissance. L'année der-
nière, elle a été portée « par deux mo-
teurs » : une hausse des ventes « hors
change » (+6,5 %) et la poursuite du
projet Eliot, avec une hausse 40 %
des ventes de produits connectés
(voir ci-contre). « Le groupe a par
ailleurs investi en 2016 plus de 400
M? dans l'acquisition de huit sociétés
bolt-on (dont l'activité est complé-
mentaire de celles de Legrand), to-
talisant un chiffre d'affaires de 170
M? », précise Gilles Schnepp, le PDG
dans le communiqué de presse sur les
résultats. Une stratégie contestée par
la CGT. « La croissance se fait par les
acquisitions à l'étranger », souligne
Olivier Ten.
Au détriment de l'investissement en
France ? « Avec 248 M? consacrés à la
R & D (recherche et développement),
Legrand a activement poursuivi sa
stratégie d'innovation », plaide le
PDG. « L'investissement est toujours
stagnant, malgré un CICE de 10 à 12
M? », nuance Philippe Tarnaud, se-
crétaire CGT au comité de groupe. «
Au total, la R & D et l'investissement
sont en croissance en France, plaide
Patrice Soudan. Idem en Limousin,
où les investissements se calculent
en millions d'euros, notamment à Es-
ter, Magré et Chabanais. » « Il
n'empêche, on donne de l'argent pu-
blic à une entreprise qui perd des em-
plois », contrebalance Karine Cellier.
Avec les dividendes et les salaires,
l'emploi en France constitue l'autre
point d'accroche entre la CGT et la
direction. Legrand table sur 150 à 300
embauches en France sur trois ans,
notamment via le recours aux
contrats de génération. « Il faut se
rappeler une chose, pose d'emblée le
directeur général adjoint : les résul-
tats en France ne sont pas bien orien-
tés. On traverse la 9 e année de crise
et de baisse du chiffre. » « En Limou-
sin, ça se concrétiserait par 20 à 40
embauches par an, souligne Karine
Cellier. Mais le compte n'y est pas.
Avec 140 embauches les trois der-
nières années, on a perdu 86 emplois
et avec la pyramide des âges, on
risque d'en perdre 300 à 400 dans les
prochaines années. » « On a des
craintes pour le site d'Uzerche »,
ajoute Lionel Guy.
Avec 2.100 CDI fin 2016, Legrand
pourrait, d'ici quelques années, pas-
ser sous la barre de 2.000 salariés li-
mousins, contre près de 3.300 il y a
dix ans. « Avec la pyramide des âges,
on a effectivement eu une baisse,
mais on va accélérer le rythme de re-
crutement, avec une grosse partie
prévue, plus de la moitié, pour le Li-
mousin. » « On a une marge brute
de 65 % du niveau des industries du
luxe, souligne Philippe Tarnaud. On
nous dit que nos ateliers coûtent
cher, mais ils sont au contraire d'un
niveau de rentabilité très élevé. ce
sont les salariés qui font le bien de
l'entreprise. »
↑ 55
Sébastien Dubois sebas-
Tous droits réservés Le Populaire Du Centre 2017
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Parution : Quotidienne
Diffusion : 35 810 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2015/2016
Audience : 143 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 56
L'examen du code de la route à La Poste soulève les protestations de la part dusyndicat de la CGT
samedi 18 février 2017Édition(s) : Limoges, Haute-Vienne
Page 8404 mots
HAUTE_VIENNE
« Des problèmes de sécurité »
L'examen du code par les facteurs ne
passe pas comme une lettre à La
Poste. La CGT, qui organisait, jeudi,
une conférence de presse sur le sujet,
pointe un point noir : l'organisation
de session du code de la route au sein
du bureau de Condat-sur-Vienne.
À la différence du centre du Mas-
Loubier, à Limoges, où les sessions
sont mieux encadrées, « Condat est
un bureau avec un agent seul, dé-
taille Alban Gorre. les candidats se
présentent et l'agent doit contrôler
s'il possède des portables, son iden-
tité, alors que d'autres clients at-
tendent. Ça pose des problèmes de
sécurité et de confidentialité. » « Dix
sessions par semaine étaient annon-
cées, il n'y en a actuellement que
cinq. Et il n'y a pas de personne dé-
diée pour recevoir les candidats »,
ajoute Lise Bonnelye (CGT).
Ouverte par la loi Macron, cette pos-
sibilité avait soulevé des objections.
« On considère que ce n'est pas à La
Poste de faire ça », souligne Alban
Gorre. Du refus de principe, les pos-
tiers sont passés à une opposition
concrète, renforcée par la diversifi-
cation de leurs métiers. « On nous
rabâche à longueur de journée qu'il
faut se diversifier, peste Pascal Mo-
maud. Le problème, c'est qu'un agent
se retrouve avec plusieurs tâches. »
« Vente de téléphone, souscription
pour les box, produits bancaires, as-
surance, détaille Alban Gorre. Et on
n'est pas formé sur tous ces produits.
» « Il y a un vrai choc des générations,
complète Julie Traroré, responsable
Haute-Vienne du syndicat CGT La
Poste. Certains sont rentrés à La
Poste pour le service public et on leur
demande d'être des vendeurs. »
La CGT dénonce également le mana-
gement et la pression mise sur les sa-
lariés pour accomplir ces nouvelles
tâches. « On a des menaces de baisse
sur nos notes individuelles », ex-
plique Alban Gorre. Et face aux in-
civilités croissantes, le postier se re-
trouve bien souvent esseulé. « Les
responsables sont rarement présents
et les problèmes ne sont pas réglés »,
conclut Pascal Momaud. Contactée,
La Poste n'a pas souhaité réagir.
Sébastien Dubois sebas-
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EUROPE ET INTERNATIONAL
↑ 58
PSA-Opel, affaire d’ÉtatsAUTOMOBILE Le projet de reprise d’Opel par Peugeot Citroën a déclenché des réactions politico-diplomatiques en chaîne
N° 3658dimanche 19 au samedi 25 février 2017
Page 27739 mots
ÉCONOMIE
Décidément, l’État français a bien du
mal à suivre le rythme des deux Car-
los, Tavares et Ghosn, patrons des
constructeurs automobiles trico-
lores. On avait déjà frôlé l’incident
diplomatique avec le gouvernement
japonais, après un bras de fer musclé
entre Carlos Ghosn et Emmanuel Ma-
cron, autour de l’alliance Renault-
Nissan. Cette semaine, ce sont les re-
lations avec les Allemands et les Bri-
tanniques qui ont évité de justesse la
sortie de route, suite aux révélations
autour de l’affaire Opel. L’intention
de rachat par Peugeot Citroën de la
marque européenne du groupe Gene-
ral Motors, confirmée par PSA mardi,
a pris tout le monde de court.
Les Allemands ont peu apprécié que
Michel Sapin, en déplacement offi-
ciel en Allemagne, la semaine der-
nière, ne souffle mot sur le projet de
PSA à ses interlocuteurs. L’État fran-
çais est pourtant actionnaire du
constructeur à hauteur de 14 %. L’un
de ses deux représentants à la tête du
groupe, Louis Gallois, en est même
président du conseil de surveillance
et siège au sein du comité straté-
gique.
Outre-Rhin, tout ce qui touche
l’industrie automobile tourne vite à
l’affaire d’État, surtout à quelques
semaines du démarrage d’une série
d’élections régionales, et avant le
scrutin national de septembre. Un
éventuel changement de propriétaire
d’Opel intéresse directement près de
18.000 salariés, soit la moitié de
l’effectif total du constructeur. Suite
aux vives réactions du puissant syn-
dicat IG Metal, le gouvernement
d’Angela Merkel a réagi jeudi, avec
la nomination d’un « coordinateur »
entre les parties prenantes : le secré-
taire d’État Matthias Machnig. Il a
promis de « travailler main dans la
main avec les représentants du person-
nel et les syndicats pour le maintien des
lieux de production et des emplois chez
Opel ».
Des explications
attendues jeudi
Dès vendredi, Matthias Machning a
décroché son téléphone pour discu-
ter avec son homologue français,
Christophe Sirugue. Ils devraient se
reparler cette semaine et « autant que
nécessaire au fur et à mesure que les
deux gouvernements approfondiront le
dossier ». Selon nos informations, la
veille, le secrétaire d’État à
l’Industrie britannique, Greg Clark
avait fait un déplacement express à
Paris pour évoquer avec Christophe
Sirugue le sort réservé à la marque
Vauxhall, exploitée par Opel outre-
Manche, si l’opération était réalisée.
Greg Clark n’a pas manqué de rappe-
ler que Vauxhall fait partie du patri-
moine industriel britannique. C’est la
première marque automobile créée
au Royaume-Uni, en 1903, avant son
rachat par General Motors en 1925.
Pendant que les deux secrétaires
d’État prenaient langue, le Premier
ministre français, Bernard Caze-
neuve, devait, lui aussi, s’expliquer
sur les ambitions de son constructeur
avec la Première ministre britan-
nique, Theresa May, à Londres où il
était en déplacement. « Nous sommes
convenus du fait que ce sujet pourrait
présenter des opportunités et impliquer
qu’on se reparle », a-t-il déclaré au
terme de cette rencontre.
Lors de leurs prochains échanges, les
ministres français devraient être plus
au fait des intentions de PSA. Bercy
confirme qu’une rencontre est pré-
vue cette semaine entre Michel Sa-
pin, Christophe Sirugue et Carlos Ta-
vares. Pour détendre l’atmosphère, le
constructeur a annoncé vendredi un
investissement de 200 millions
d’euros sur le site historique de So-
chaux, où justement sera bientôt fa-
briqué un modèle Opel. « Un tiers des
véhicules Peugeot Citroën vendus dans
le monde sont toujours produits en
France », a rappelé très opportuné-
ment Maxime Picat, directeur opéra-
tionnel pour l’Europe.
« L’invitation » de Carlos Tavares à
Bercy vient alourdir un agenda déjà
chargé. Le dirigeant réunit mercredi
son conseil de surveillance, un
rendez-vous prévu de longue date
puisqu’il précède traditionnellement
la présentation des résultats finan-
ciers du groupe, programmée jeudi.
L’occasion pour le patron du
constructeur d’exposer les grandes
lignes de son projet et peut-être de
calmer les inquiétudes exprimées de
Londres à Berlin. ■
↑ 59
L’Opel Zafira, qui sera assemblée à So-chaux, portera à 385.000 voitures la
capacité annuelle du site. ADAM OPELAG
par S.a.
Tous droits réservés 2017 Journal du Dimanche
bd94d37782b00701a5d01a405c0f515494a55a5883c0353a7452a1a
Parution : Hebdomadaire
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↑ 60
Opel-PSA : questions autour d'un projet de fusionLe PDG d'Opel s'est prononcé en faveur d'un mariage avec le français.Les défis en cas de succèsdes négociations sont nombreux.
N° 22387lundi 20 février 2017
Page 18820 mots
INDUSTRIE & SERVICES—LES CONSEQUENCES D'UN RAPPROCHEMENT ENTRE OPEL ET PSA
D eux véhicules légers peuvent-
ils faire un poids lourd ? C'est
l'inconnue de l'équation Opel pour
PSA, qui négocie avec General Mo-
tors le rachat de sa division euro-
péenne (et de sa version anglaise
Vauxhall). Le PDG d'Opel, Karl-Tho-
mas Neumann, s'est dit favorable au
projet - « sur le principe, une affilia-
tion fait sens », a-t-il tweeté vendre-
di. Selon Bloomberg, le deal valorise-
rait Opel à environ 2 milliards de dol-
lars et pourrait être annoncé dès jeu-
di, jour de la publication des résultats
de PSA. A Berlin, on juge être au dé-
but du processus. Le gouvernement
mène des « discussions construc-
tives, a indiqué le ministère de
l'Economie. La priorité est d'analyser
les chances et les défis dans le calme
et la lucidité ». Tour d'horizon des
principaux défis pour PSA.
Articuler les gammes et
les marques
Peugeot, Citroën, DS, peut-être bien-
tôt Opel et Vauxhall, sans oublier
Ambassador, la mythique marque in-
dienne qui vient d'être rachetée. PSA
rivaliserait presque avec Volkswagen
et ses douze marques. Le souci, c'est
que, à part DS (haut de gamme) et
Ambassador (centré sur l'Inde), le
constructeur se retrouverait avec
quatre marques dotées de modèles
équivalents visant la même clientèle
grand public européenne, certes lu-
crative. Les deux entités le savent,
elles collaborent déjà sur trois véhi-
cules communs. Cependant, répète-
t-on chez PSA, Opel est plus puissant
en Allemagne et en Europe du Nord,
tandis que Peugeot et Citroën sont
bien plus présents en France et en
Europe du Sud. La complémentarité
est donc avant tout géographique - ni
plus, ni moins.
Amalgamer les usines
européennes
C'est l'angoisse des salariés des deux
groupes. Quid des usines en cas de
mariage ? PSA et Opel disposent à
eux deux d'une grosse quinzaine de
grands sites industriels en Europe.
Des lignes qui ne fonctionnent pas
souvent à plein régime, les deux en-
tités vendant moins de voitures que
par le passé. PSA serait prêt à main-
tenir les sites d'Opel en Allemagne,
après une sérieuse remise à niveau.
C'est d'ailleurs ce que le groupe a fait
depuis 2014 dans l'Hexagone. Reste
deux enjeux particuliers : l'Espagne,
où les deux potentiels fiancés dis-
posent d'usines, et surtout le
Royaume-Uni, où Vauxhall compte
deux sites (lire aussi ci-dessous). Se-
lon la nature finale du Brexit, PSA
aura intérêt à conserver un site de
l'autre côté de la Manche. Ou pas.
Surmonter l'aspect
politique et culturel
Mardi, l'annonce a fait l'effet d'une
bombe en Allemagne. Les politiques,
bientôt en campagne, se sont empa-
rés du sujet, inquiets pour les salariés
de l'un de leurs industriels séculaires.
Depuis, les autorités britanniques et
espagnoles se sont aussi émues. Et
l'Etat français a prévenu qu'il serait
très « attentif » aux conséquences
dans l'Hexagone. Cet aspect politique
semble gérable - les autorités alle-
mandes, françaises et anglaises ont
dit jeudi soir vouloir suivre ensemble
le dossier. Côté syndicats, IG Metall
et les représentants des « Opelaner
» se sont également déclarés prêts à
discuter de façon constructive, à
condition que les accords existants
soient garantis. Le secrétaire général
de PSA, Olivier Bourges, a été reçu
jeudi par le conseiller économique de
la chancelière, Angela Merkel. Selon
« Bild », PSA s'est engagé à exclure
tout licenciement économique jus-
qu'à fin 2018 et toute fermeture
d'usine jusqu'au moins 2020, confor-
mément aux accords en vigueur. Sur-
montables, les possibles résistances
devraient néanmoins ralentir la re-
structuration d'Opel, en perte depuis
seize ans. Il faudra parvenir à
s'entendre et travailler avec l'état-
major allemand qui doit mener la re-
structuration, ce qui n'est jamais fa-
cile.
Continuer la
transformation malgré
l'acquisition
Bienvenue en termes de volumes et
d'économies d'échelle, une fusion
avec Opel ne changerait pas fonda-
mentalement la donne pour PSA. Il
sera toujours plus petit que ses
grands concurrents, pas plus pre-
mium et encore plus centré sur
↑ 61
l'Europe - lui qui veut monter en
gamme et s'internationaliser. Re-
mettre Opel en selle pourrait même
le ralentir dans sa transformation
vers les services et obérer un temps
ses capacités d'investissement. A
moins que le rachat d'Opel ne soit
qu'un tremplin vers une fusion avec
un autre acteur, ou l'occasion d'un
partenariat plus large avec GM dans
la voiture électrique (ou sur le mar-
ché américain). Alors, on retomberait
sur « l'alliance mondiale » GM-PSA
annoncée en 2013, celle qui a fait
long feu jusqu'ici.
Correspondant à BerlinCorrespon-
dant à Berlin ■
par Julien Dupont-Calbo
et Avec Thibaut Madelin
Tous droits réservés Les Echos 2017
119B73708120A70D15BD1D40BC0CE1849B954D5123D033E37BA2A54
Parution : Quotidienne
Diffusion : 127 475 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015/2016
Audience : 566 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016
↑ 62
« La principale cause des inégalités en Espagne est le chômage »
lundi 20 février 2017743 mots
ÉCONOMIE
« Si l’industrie automobile espagnole a attiré tant d’investissements du reste de
l’Europe, c’est qu’en Espagne il est possible de travailler sept jours par semaine,
avec trois rotations par jour. Et cela, qui plus est, a été accordé avec les syndi-
cats… »
A quelques jours du sommet hispano-français, organisé lundi 20 février à Ma-
laga, en Andalousie, le ministre de l’économie espagnol, Luis de Guindos,
vante devant plusieurs médias français les succès de son pays : une croissance
de 3,2 % en 2015 et 2016 et près de 1,5 million d’emplois créés en trois ans.
Avant les élections législatives de 2016, M. de Guindos, en poste depuis 2011,
avait assuré qu’il ne resterait pas à la tête de son ministère. Il a finalement ac-
cepté de rempiler.
Réduction des déficits
Parce que le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, le lui a demandé ; sans
doute aussi parce que cet économiste à l’anglais fluide et au français très cor-
rect garde l’espoir de prendre la tête de l’Eurogroupe – la réunion des mi-
nistres des finances de l’union monétaire –, qui lui a échappé en 2013. L’actuel
président, le ministre néerlandais des finances Jeroen Dijsselbloem, pourrait
quitter ce poste prématurément, si sa formation politique perd les élections
législatives aux Pays-Bas, en mars.
M. de Guindos refuse de « faire des spéculations ». Mais la quatrième économie
de la zone euro estime qu’elle a droit à un poste important dans les institutions
européennes. Et qu’elle le mérite.
« L’Espagne fait partie des pays qui ont le plus réduit leur déficit durant les cinq
dernières années, de près de 6 points de produit intérieur brut [PIB],souligne le
ministre. Certes, nous avons dû renégocier les objectifs de déficit mais c’est là
l’intelligence du Pacte de stabilité que de s’ajuster à l’évolution de l’économie.
En 2015, nous aurions dû avoir un déficit de 4,3 % du PIB et nous avons clos
l’année à 5,1 %, mais, parallèlement, l’Espagne a affiché l’une des plus fortes
croissances européennes. Je suis sûr que beaucoup de mes confrères à l’Ecofin
échangeraient leurs prévisions de croissance contre nos prévisions de déficit. »
« La réforme du travail fonctionne »
L’Espagne a tourné la page de la « guerre », comme le ministre appelle les an-
nées 2012 et 2013, celles de la pire crise économique qu’ait connue le pays de-
puis les années 1940.
Ses nouveaux défis sont politiques. Avec 137 députés sur 350 à la Chambre
basse, le Parti populaire (PP, droite) gouverne en étant minoritaire. Et si
comme le dit M. de Guindos, « le parti socialiste [PSOE] a fait preuve d’un
↑ 63
Une magasin de Zara à Barcelone, au premier jour des soldes d’hiver, le 7 janvier.
certain sens de la responsabilité » en approuvant notamment l’augmentation
de l’impôt sur les sociétés ou du plafond des dépenses, il ne semble pas
prêt à soutenir le projet de loi de finances pour 2018. Et réclame toujours
l’abrogation de la réforme du travail de 2012, qu’il juge responsable de la pré-
carité de l’emploi.
« La réforme du travail fonctionne, tranche M. de Guindos, qui fut secrétaire
d’Etat à l’économie durant les deux gouvernements du conservateur José Ma-
ria Aznar (1996-2004), avant de devenir président de Lehman Brothers Es-
pagne et Portugal (2006-2008) et responsable des services financiers de Price-
waterhouseCoopers (2008-2010). L’Espagne est aujourd’hui compétitive. Notre
système financier est assaini, notre croissance économique est solide, et notre ba-
lance des paiements courants est excédentaire. Tout cela nous le devons aux ré-
formes de 2012 et 2013. »
Revenir, en 2020, au taux d’activité de 2007
Minimisant l’impact social de la politique d’austérité, le ministre reconnaît
tout juste que « le taux de contrats à durée déterminée – soit 25 % du total – est
élevé. On peut perfectionner la réforme du travail mais il ne faut pas toucher son
noyau dur, qui a permis d’augmenter la compétitivité. On peut revoir les politiques
d’aide au retour à l’emploi, la formation des chômeurs de longue durée, augmen-
ter les mesures d’incitations pour les contrats à durée indéterminée, mais nous ne
pouvons pas revenir, par exemple, sur la possibilité de négocier les conventions
collectives dans l’entreprise. »
Avec près de 1,5 million d’emplois créés en trois ans, M. Guindos ne s’inquiète
pas non plus de la précarité des emplois créés. « La principale cause des inéga-
lités est le chômage, dit-il. Et la meilleure politique sociale pour l’Espagne, en ce
moment, est de créer de l’emploi. »
Le gouvernement s’est engagé à en créer entre 1 et 1,5 million durant les trois
prochaines années, pour revenir, en 2020, au taux d’activité de 2007. « Dès ce
trimestre, nous reviendrons au niveau de revenus de 2007, » souligne le ministre,
en précisant qu’il ne s’en « félicite pas » car « l’Espagne a perdu une décennie… ».
↑ 64
Une magasin de Zara à Barcelone, au premier jour des soldes d’hiver, le 7 jan-
vier.
JOSEP LAGO / AFP
Par Sandrine Morel Madrid, correspondance
Tous droits réservés http://www.lemonde.fr 2017
cb90132782006b0f25ae11b0d50121c79d45685023a23b9ced931fa
Parution : Quotidienne
↑ 65
Outre-Manche, les Européens redoutent d'être des citoyens de seconde classeaprès le BrexitFrançais, Irlandais, Espagnols… Expatriés en Grande-Bretagne, ils manifestent ce lundi contre lerefus de Theresa May de garantir leurs droits.
N° 22560lundi 20 février 2017
Page 61893 mots
INTERNATIONAL
ROYAUME-UNI Ce lundi, Matthieu
Chollet, consultant en informatique,
ne va pas travailler. Sur la réponse
automatique d'absence de son
adresse électronique, ce Français ins-
tallé à Londres explique pourquoi. Il
participe à la journée d'action « One
day without us », organisée pour dé-
montrer la contribution des immi-
grés, européens et autres, à
l'économie britannique. Une mani-
festation doit se dérouler dans
l'après-midi devant le palais de
Westminster pour faire pression sur
les parlementaires, au moment où la
Chambre des lords commence à exa-
miner le projet de loi sur le déclen-
chement du Brexit.
Il y a dix jours, la Chambre des com-
munes avait refusé par 332 voix
contre 290 de garantir les droits des
3,2 millions de citoyens européens
installés au Royaume-Uni après la
sortie de l'UE. Les Lords entendent
remettre sur la table un amendement
en ce sens. Ils pourraient ainsi défier
la volonté de Theresa May de ne rien
promettre tant que les 27 n'auront
pas pris d'engagement réciproque
pour le 1,2 million de Britanniques
expatriés sur le Continent.
« L'Angleterre a plus besoin de nous
que nous n'avons besoin d'elle. Notre
contribution lui est largement plus bé-
néfique que si elle devait récupérer ses
retraités installés dans le sud de
l'Europe », ironise Matthieu Chollet,
41 ans.
Née sur Facebook, l'idée de cette
journée est devenue virale en
quelques mois. « C'est une façon de
restaurer la dignité des immigrants
diabolisés depuis le Brexit par les dis-
cours hystériques des politiciens, qui
créent un climat hostile, propice à
l'expression de la haine xénophobe »,
justifie son initiateur, le journaliste
et écrivain anglais Matthew Carr.
Inspirée d'opérations similaires aux
États-Unis et en Italie, l'idée de dé-
part était d'appeler les immigrés - 13
% de la population – à faire grève
et à boycotter toute consommation
pendant une journée. Mais la légis-
lation britannique très restrictive sur
le droit de grève a découragé les ar-
deurs. Réservés dans un premier
temps, les grands syndicats Unison,
Unite et GMB ont fini par apporter
leur soutien au mouvement. Au lieu
d'un appel à cesser le travail, des di-
zaines d'opérations locales sont pré-
vues à travers le pays, dans les entre-
prises, les universités, les hôpitaux,
avec des degrés divers de mobilisa-
tion. Du port d'un brassard ou d'un
badge symbolique à la fermeture
complète.
C'est ce qu'a décidé Liz Needham.
Cette Irlandaise de 50 ans ferme pour
la journée son petit cabinet
d'experts-comptables à St Albans, au
nord de Londres, et donne leur jour-
née à ses trois employés, tous Britan-
niques. « Cela ne va pas faire beau-
coup de tort à l'économie du pays,
reconnaît-elle en riant. Mais si tous
les immigrants s'arrêtaient de tra-
vailler, ce serait un désastre. Les hôpi-
taux ne pourraient soigner personne. »
Installée depuis vingt-sept ans dans
le pays, Liz a été choquée au lende-
main du référendum de juin de
s'entendre dire par un motard de sa
connaissance qu'elle allait devoir re-
tourner en Irlande. Elle n'a pas digéré
la décision des députés de refuser de
s'engager pour sécuriser son sort. «
J'ai fait ma vie ici. Mes enfants, mes
petits-enfants sont anglais. Or, pour
les politiciens, nous sommes réduits à
une monnaie d'échange dans les négo-
ciations sur le Brexit », s'indigne cette
jeune grand-mère. « Ils ne com-
prennent pas que ma vie et celle de 3
millions d'autres sont prises en otage.
Cela fait déjà huit mois, depuis le réfé-
rendum, et on devrait encore attendre
deux ans de négociations ? Mon avenir
ne peut pas attendre », proteste Joan
Pons La-plana, infirmier originaire
de Barcelone dans un hôpital de Nor-
wich (dans la moitié nord de
l'Angleterre) et père de famille. Dans
le National Health Service, le service
public de santé, seuls 58 % des mé-
decins spécialistes sont britanniques,
17 % viennent d'Europe et 25 % du
reste du monde.
Manifestation contre le Brexit en sep-tembre à Londres.TALLIS/AFP Pho-
to : TALLIS/AFP
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ENCADRÉS DE L'ARTICLE
Risque de pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs
Le nombre d'Européens travaillant en Grande-Bretagne a chuté de 50 000 entre septembre et décembre,
sur 2,3 millions au total, selon l'Office for National Statistics. Certains employeurs commencent à avoir du
mal à recruter. C'est notamment le cas dans l'agriculture et l'industrie agroalimentaire, qui emploient en
grande majorité des Européens de l'Est. Dans le National Health Service (NHS), le service public de santé, le
lancement de campagnes de formation d'infirmières britanniques ne suffira pas à compenser la chute de 90
% de candidatures européennes depuis le vote du Brexit. Les cadres hésitent aussi de plus en plus à partir
pour le Royaume-Uni. LinkedIn note une baisse de 12 % des candidatures de ressortissants du Continent.
Ce ralentissement pourrait à terme peser sur le dynamisme de l'économie britannique, qui a besoin de
main-d'œuvre dans un marché du travail proche du plein-emploi. Les Britanniques redoutent aussi l'impact
futur sur le financement de leurs retraites. F. C.
Arrivé à Londres pour deux semaines
de vacances il y a dix-huit ans, Mat-
thieu Chollet n'en est plus reparti. Il
s'y était toujours senti chez lui. Jus-
qu'à la campagne sur le Brexit. Le ré-
férendum a même entraîné des ten-
sions dans sa propre famille. Les pa-
rents de sa compagne anglaise, avec
qui il a une petite fille de dix-huit
mois, ont voté pour quitter l'Europe.
Depuis, il a fait une demande de pas-
seport français pour sa fille et réflé-
chit à un retour en France, au prix
d'un déracinement pour sa com-
pagne. « On est les grands oubliés du
Brexit. On va sûrement nous imposer
des démarches administratives, devoir
demander des visas de travail pour être
autorisés à rester. Des politiques (la
ministre de l'Intérieur, NDLR) ont
évoqué des listes de salariés étrangers
dans les entreprises. L'atmosphère est
malsaine. Ça fait un peu peur. J'aimais
justement Londres pour son ouverture
et sa tolérance. En tant que Français
blanc, je commence à comprendre ce
que ressentent les minorités discrimi-
nées. Je ne sais pas si j'ai envie d'être
un citoyen de deuxième classe et de
continuer à contribuer à ce pays. »
Avant le déclenchement des discus-
sions formelles dans le cadre de
l'article 50 du traité de Lisbonne, pré-
vu fin mars, le Royaume-Uni et les
Européens se renvoient la balle sur
ce sujet brûlant. « C'est la priorité des
deux côtés de la Manche, l'enjeu lit-
téralement politique de la négociation
», souligne une source haut placée à
Bruxelles. Un groupe transparti-san
d'élus au Parlement européen a lancé
une enquête sur la gestion du dossier
par les Britanniques.
Pour lever l'incertitude sur leur sort,
de nombreux citoyens européens ont
entamé les démarches pour obtenir
une carte de séjour, voire la natio-
nalité britannique. Le nombre de de-
mandes a doublé depuis le référen-
dum. Un processus administratif très
lourd, qui comprend un question-
naire de 85 pages et des monceaux de
justificatifs à fournir : factures, quit-
tances de loyer et détail de tous les
voyages à l'étranger accomplis de-
puis l'arrivée en Grande-Bretagne. La
moindre erreur entraîne un rejet. Ac-
compagné, dans certains cas, d'une
menace de devoir se préparer à quit-
ter le territoire, hors de toute justi-
fication légale. Un comportement «
immoral » des autorités britanniques,
critique la députée européenne néer-
landaise Sophie in't Veld, qui se dit
submergée par les courriels de ci-
toyens européens inquiets pour leur
avenir. ¦ ■
par Florentin Collomp £@fcollomp
C'est une façon “de restaurer la dignité des immigrants diabolisés depuis le Brexit par les discours hysté-
riques des politiciens ” MATTHEW CARR, JOURNALISTE ET ÉCRIVAIN, INITIATEUR DU « ONE DAY WI-
THOUT US »“
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