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Pierrot lunaire 月に憑かれたピエロ Ensemble Musica Nigella Takénori Némoto Jean-Philippe Desrousseaux Marie Lenormand

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Pierrot lunaire 月に憑かれたピエロ

Ensemble Musica Nigella

Takénori Némoto

Jean-Philippe Desrousseaux

Marie Lenormand

Pierrot lunaire - Bunraku 月に憑かれたピエロ – 文楽

Coproduction : Ensemble Musica Nigella / Euphonie - Festival Musica Nigella / Théâtre de

Saint-Quentin-en-Yvelines - Scène Nationale

Création : mai 2015 - janvier 2016

Théâtre musical avec marionnettes

Spectacle chanté en Allemand surtitré en Français

Durée : 1h sans entracte

Spectacle tout public (conseillé à partir de 12 ans)

Œuvres interprétées

Quatorze manières de décrire la pluie (Vierzehn Arten den Regen zu beschreiben) / durée 13’

Musique de Hanns Eisler

Composées en 1941 puis dédiées à Arnold Schönberg pour ses 70 ans en 1944 / Date de création inconnue

Pierrot lunaire / durée 40’

Musique d’Arnold Schönberg

Sur les poèmes d’Albert Giraud traduits en Allemand par Otto Erich Hartleben

Composé en 1912 / Créé le 16 octobre 1912 à la Choralion-Saal à Berlin

Equipe artistique

Direction musicale : Takénori Némoto

Adaptation, mise en scène, costumes et scénographie : Jean-Philippe Desrousseaux

Réalisation des marionnettes : Petr Řezač

Création lumière : François-Xavier Guinnepain

Création vidéo : Gabriele Alessandrini

Marie Lenormand, mezzo-soprano

Ensemble Musica Nigella

Pablo Schatzman, violon & alto

Annabelle Brey, violoncelle

Nicolas Ducloux, piano

Anne-Cécile Cuniot, flûte

François Miquel, clarinette

Jean-Philippe Desrousseaux, marionnettiste

Gaëlle Trimardeau, marionnettiste

Bruno Coulon, marionnettiste

Antonin Autran, marionnettiste

Résumé de projet

Plus de cent ans après sa création, Pierrot lunaire fascine et incite toujours la créativité des artistes

d’aujourd’hui. Parmi les monuments musicaux du compositeur (Gurre-Lieder, Nuit transfigurée, Symphonie de

chambre…) Pierrot lunaire apparait comme une lettre intime, une sorte de déclaration d’amour à la nouvelle

manière de composer la musique que son auteur recherche depuis des années. Si Schönberg ne voit pas

encore clairement le visage de sa future bien-aimée au nom séduisant de dodécaphonie, il est déjà

convaincu de son existence. Dans ce chef d’œuvre, au lieu de renier cet académisme par lequel il est

également passé, il oppose plusieurs éléments pour provoquer une fusion interdisciplinaire et créer un

nouveau mode d’expression : composition tonale et atonale, chanter et parler, musique et théâtre, musique

savante et musique populaire (cabaret) etc. Le choix de la traduction allemande des poèmes d’Albert

Giraud est également un élément primordial. L’adaptation libre d’Otto Erich Haltleben accentue le côté

fantastique des propos et crée une atmosphère si particulière de la pièce qui a fait parler d’elle à travers

toute l’Europe dès sa création en 1912.

Si cette perpétuelle recherche de nouveauté était aussi répandue à Vienne, ce n’est évidemment pas par

hasard. Dans ce carrefour des cultures européennes de l’entre deux siècles, la sécession viennoise avait vu

le jour à la fin des années 1890 avec la fondation de l'Union des Artistes Créateurs d'Autriche qui

s’opposait radicalement à l’académisme et revendiquait sa source d’inspiration puisée dans d’autres formes

d’expression comme l’art japonais auquel l’Union consacre sa 6ème exposition organisée en 1900.

Ainsi, bien que l’idée d’adapter cette œuvre mythique de l’Ecole de Vienne en Bunraku paraisse à la

première vue surprenante, il n’en est rien en réalité. Convaincus que cette idée d’opposition animait

Schönberg pour écrire Pierrot lunaire et que toute une génération d’artistes viennois voire européens de

cette époque revendiquait une valeur artistique anti-académique tout en étant motivée par une attirance

non dissimulée envers l’art japonais, nous ne faisons que suivre la voie évoquée par Schönberg ainsi que par

ses contemporains.

Comme dans une représentation de théâtre Nô (une autre forme de théâtre traditionnel japonais proche

de Bunraku) qui commence toujours par une courte pièce de Kyôgen - légère et joyeuse - précédant la pièce

principale de Nô - grave et dramatique -, il nous semblait important d’intégrer une pièce préliminaire pour

introduire Pierrot lunaire. Ainsi le choix des Quatorze manières de décrire la pluie s’est naturellement imposé,

en rapport direct avec Pierrot lunaire (composée par un élève-ami de Schönberg et dédiée aux 70 ans de ce

dernier dans la même nomenclature) mais dans un travail de création vidéo qui évoque les marionnettes

sans les dévoiler.

Jean-Philippe Desrousseaux & Takénori Némoto

Autour du spectacle

Actions pédagogiques en collaboration avec les établissements scolaires

Durée : 3 à 6 mois précédant la représentation

Les divers sujets seront abordés non seulement en musique (musique totale et atonale, Ecole de Vienne,

Sprechgesang…) mais aussi dans d’autres matières (sécession viennoise, symbolisme, artistes sous le

régime nazi…)

Atelier du spectateur

Durée : 1h

Conférence donnée par Takénori Némoto autour de Pierrot lunaire, son histoire, l’influence que l’œuvre a

exercée sur les générations qui ont suivi ainsi que différentes adaptations scéniques qui ont eu lieu depuis sa

création.

Concert de Musique de chambre

Durée : 1h30

A première vue, la nomenclature choisie par Schönberg pour son chef d’œuvre Pierrot lunaire (flûte,

clarinette, violon, violoncelle et piano) nous semble très originale, du moins hétéroclite. Mais lorsqu’on

étudie la partition de ce chef d’œuvre ainsi que l’ensemble de l’œuvre de Schönberg et de ses disciples de

l’Ecole de Vienne, on comprend très vite que c’est un choix murement réfléchi qui rassemble tous les

éléments sonores d’un orchestre symphonique. La flûte représente la tessiture aiguë des bois (qui remplace

parfois celle du hautbois) et renforce le timbre de violon dans les tutti en lui donnant une brillance

inattendue, la clarinette parcourt (surtout avec l’utilisation en alternance d’une clarinette basse) tout le

reste de tessiture des instruments de bois et imite même parfois le timbre des instruments de cuivre,

donnant ainsi à l’ensemble une force sonore et une couleur particulière chère aux compositeurs de l’Ecole

de Vienne, tandis que le trio formé par violon, violoncelle et piano apporte quant à lui la solidité d’une

structure académique, mainte fois utilisée par nos plus grands compositeurs, créant ainsi un effet à la fois

symphonique et chambriste.

Un grand nombre de compositeurs qui ont suivi Schönberg a pris pour modèle cette ingénieuse

instrumentation pour écrire leurs plus belles pages de musique de chambre comme c’est le cas de Hanns

Eisler (Quatorze manière de décrire la pluie), d’Anton Webern qui a réalisé une magnifique transcription de la

Première Symphonie de chambre de son maître, mais également de Tristan Murail (La Barque mystique) ou de

Gérard Grisey (Talea).

Associées à deux autres œuvres qui ont été créées en France l’année de création de Pierrot lunaire (1912),

ces quatre œuvres seront un parfait panorama de ce que Schönberg a pu influencer directement et

indirectement dans la création musicale du 20ème siècle en Europe.

Claude Debussy Prélude à l’après-midi d’un Faune*

Tristan Murail La Barque mystique

Maurice Ravel Ma mère l’oye*

Arnold Schönberg Première Symphonie de chambre Op 9**

*Transcription de Takénori Némoto

**Transcription d’Anton Webern

Personnages

Pierrot, un poète amoureux de Colombine

Colombine, une jeune geisha travaillant dans une maison de thé et amoureuse de Pierrot

Cassandre, un vieil homme riche, cruel, propriétaire de la maison de thé et de Colombine

Une vielle femme, pleine de vices et dirigeant la maison de thé

La lune

Résumé

L’histoire se situe dans une maison close au Japon de l’époque Edo et se déroule en trois parties, chacune composée

de sept chants.

Pierrot est amoureux de Colombine, mais ils ne peuvent se retrouver qu’en cachette. Car

Colombine doit fuir les regards de l’affreux Cassandre qui voudrait lui aussi l’épouser.

La position de geisha de Colombine l’oblige à obéir cependant à Cassandre. Et Colombine

est toujours surveillée par une vielle femme qui dirige la maison de thé.

Pierrot demande à Colombine de fuir cet endroit et de le suivre. Il est devenu jaloux du

vieux Cassandre et des caresses que le vieil homme prodigue à Colombine. Hélas Colombine est

moralement enchaînée à cette maison de thé. Pierrot lui fait une scène et Colombine, pour montrer son

désespoir, se suicide avec le katana de Pierrot.

Pierrot est assailli de pensées affreuses et il se laisse aller à toutes les faiblesses. La vieille

femme qui surveillait Colombine, tente à son tour de le séduire et Pierrot la tue.

Hanté par le souvenir de Colombine il revoit son fantôme. Et il en veut terriblement au

vieux Cassandre qui faisait souffrir Colombine. Au cours d’une messe qui célèbre la mort

de Colombine, il revoit son corps inanimé et tente une ultime fois de la prendre dans ses

bras. Il en est empêché par le vieux Cassandre. Ivre de douleur, il tue le vieux Cassandre après l’avoir

humilié.

Pierrot, progressivement, recouvre une meilleure santé morale. Il se purifie de toutes ses

actions meurtrières. La lune, qui semble avoir toujours été la confidente de ses pensées,

dispense une nouvelle lumière sur le chemin de vie de Pierrot.

Peu à peu il retrouve la paix et entreprend un voyage. C’est le retour du printemps et

Pierrot retourne à Bergame sa ville natale.

1.

2.

3.

Moments-clés du spectacle Quelques éléments pour mieux comprendre le spectacle

es musiciens restent en place dans le silence qui suit la première pièce (Quatorze manières de décrire

la pluie), la chanteuse les rejoint, et rompant le silence toujours un peu frémissant qui précède le

début d’une magistrale, on entend retentir la percussion un peu creuse et claire des hyôshi-gi. Ce

sont deux bâtons frappés en crescendo rythmique qui annonce le début d’un spectacle de bunraku au Japon.

Et sur ce cliquetis de bois, parfois mal identifiable pour une oreille occidentale et donc par sa couleur

immédiatement singulière, 3 marionnettistes, sur un pas très allant, font entrer Pierrot. Ces entrées rapides

qu’exploite le théâtre de marionnettes japonais créent à la fois la surprise (découverte de la marionnette et

de son personnage) et permettent d’installer immédiatement un code de jeu, sans aucune transition avec le

quotidien ; c’est ce saisissement du spectateur qui le mène instantanément dans le merveilleux. Pierrot fait

quelques mines, joue de son éventail ; la musique peut commencer.

Comme dans un spectacle au Japon, on assiste à l’échange entre la narratrice (la chanteuse) et le jeu des

marionnettes. Du reste, le Sprechgesang (parlé/chanté) de la partition de Schönberg se prête parfaitement

au discours de la narration par le geste. En l’occurrence celui des marionnettes. La conteuse nous déroule

le récit des affres de Pierrot et il devra sembler que dans le même temps elle elle explique aux

marionnettes leur situation.

Sur les vingt-et-un lieder de la partition, trois intègreront la chanteuse au jeu des marionnettes dans leur

espace. En dialogue avec les marionnettes. Elle aura notamment la charge de manipuler, sur le N°7 « Kranke

Mond » (Lune malade) l’ombrelle de Colombine qui symbolise la lune. La lune/Colombine ; objet désiré,

flottant, inaccessible. L’ombrelle, unique accessoire de ce spectacle, est d’abord la propriété de Colombine.

Elle deviendra la représentation de Colombine, après sa mort. Un fétiche pour Pierrot. Une allégorie de la

lune. Et lorsque le jeune héros s’est affranchi de cet amour morbide, l’ombrelle, retournée, devient la

barque par laquelle il regagne le rivage du dernier chant ; « Alter Duft » (Ancien parfum). Une légère pluie de

pétale de cerisiers tombe sur les dernières notes « O alter Duft aus Märchenzeit » (Ô parfum ancien des

contes de fée)

Jean-Philippe Desrousseaux

Pierrot et Colombine

L

Quatorze manières de décrire la pluie Introduction graphique à Pierrot lunaire

La scénographie vidéo qui accompagnera l’œuvre emblématique de Hanns Eisler Quatorze manières de

décrire la pluie sera créée avec l’intention de souligner la partition musicale et d’introduire les spectateurs

dans les atmosphères de Pierrot Lunaire. Cette création vidéo emploie plusieurs techniques de graphisme

numérique avec l’apparition de formes abstraites de couleur sur un fond blanc fusionnant entre elles, et

formant progressivement des silhouettes plus figuratives. Puis ces dernières s’entrelacent à leur tour avec

des images d’archive sur le vieux Japon, ainsi qu’avec celles réalisées expressément pour la création.

Après un début caractérisé par de simples lignes et de points graphiques, et après avoir évoqué les détails

inspirés par les esthétiques typiquement japonaises, l’image se termine par une vision d’anciens parapluies

qui s’enchainera avec l’entrée de la soliste portant un parapluie japonais qui symbolisera ainsi la lune dans

Pierrot lunaire.

Ce parcourt vidéographique servira de passerelle entre : le monde actuel et l’époque Edo, les univers

occidental et oriental, l’homme et la marionnette… le tout, symbolisé par un travail de couleurs : des

séquences colorées du début jusqu’à la sobriété finale en noir et blanc.

Gabriele Alessandrini

A propos des Quatorze manières de décrire la pluie ● Jean-Philippe Desrousseaux

« Quatorze manières de décrire la pluie » est jouée dans la même nomenclature instrumentale que Pierrot Lunaire. Cette pièce est illustrée, pendant son exécution, par une création vidéo qui rassemble tous les thèmes et l’esthétisme choisie pour Pierrot Lunaire. L’érotisme, la solitude, la violence, le désir, la faute meurtrière et la rédemption sont représentés et déroulés sur le cyclo en fond de scène, derrière les musiciens, en empruntant la finesse de trait et des découpes en silhouettes des estampes japonaises. Comme une manière de préluder, sans trop en dévoiler, à l’action et au drame du Pierrot Lunaire.

Hiroshige : Cinquante-trois routes de Tôkaïdô « Shôno » : Voyageurs surpris par l’averse

« Pierrot lunaire », portrait et hommage Note de programme

rnold Schönberg compose en 1912 un de ses chefs-d’œuvre qui met en musique les 21 poèmes

d’Albert Giraud, un poète symboliste belge qui a publié son recueil de 50 poèmes intitulé Pierrot

lunaire : Rondeaux Bergamasques en 1884 qui a d’ailleurs inspiré de nombreux compositeurs du

début du 20ème siècle. Dans cette œuvre atonale mais qui n’emploie pas encore un procédé très théorique

du dodécaphonisme (il faut attendre encore une dizaine d’année), Schönberg utilise une technique vocale

très particulière Sprechgesang (chanté-parlé) inventée par Engelbert Humperdinck dans son opéra Die

Königskinder (Les enfants royaux) qui permet aux chanteurs d’avoir une expression plus libre, proche de celle

du théâtre. C’est une période de transition pour Schönberg qui est en train de terminer son ère poste-

romantique marquée par l’achèvement de son œuvre monumentale Gurre-Lieder, créée en 1913, et le

début de sa composition atonale qui évoluera plus tard vers le dodécaphonisme faisant de la Seconde

Ecole de Vienne un des acteurs majeurs de la musique du 20ème siècle.

Bien que l’accueil du public viennois reste dubitatif voire sceptique envers cette nouvelle vague de la

musique atonale, les jeunes compositeurs assoiffés de nouvelles perspectives de création musicale affluent à

la porte de la Seconde Ecole de Vienne. Parmi eux, on peut remarquer le jeune Hanns Eisler qui éprouvera

une profonde admiration envers son professeur toute sa vie. Commandés pour accompagner le court-

métrage de Joris Ivens, Pluie (1929), il ne termine la composition de ses Quatorze manières de décrire

la pluie qu’en 1941 en reprenant la nomenclature identique du Pierrot lunaire, et en dédiant son œuvre à

son éternel maître Arnold Schönberg.

L’idée est donc d’intégrer cette œuvre symbolique d’Eisler comme un préambule musical accompagné

d’une création vidéo de Gabriele Alessandrini afin d’introduire les spectateurs dans ce monde

fantasmagorique et les faire remonter le temps vers le Japon de l’époque Edo où se situe l’histoire.

Takénori Némoto

Rain - Regen / Film muet de Joris Ivens (1929)

A

Pierrot lunaire, représenté en bunraku Note d’intention artistique

ierrot Lunaire, œuvre écrite pour le cabaret ; l’institution qui mêle la transgression et l’élégance,

le savant et le canaille ! Pierrot Lunaire ; une pièce musicale qui porte en elle un théâtre de figures de

la Commedia dell’arte, et qui cent ans après sa création ne cesse de surprendre et d’étonner, se prête

merveilleusement à une adaptation scénique avec des marionnettes.

Pierrot, Colombine, le bonhomme Cassandre et une vieille femme rouée, héros grinçants, grimaçants et

disloqués d’une fête bergamasque qui vire au drame. Une petite comédie humaine sous le « masque

cassé du rire » qui s’affranchit de la farce pour effrayer, émouvoir et raconter en vingt-et-un mélodrames le

cheminement et la transformation d’un homme dans son jeune âge. Si les personnages de la commedia

dell’arte se prêtent facilement à leur métamorphose en marionnettes, ces dernières ont un pouvoir

d’expression théâtral très immédiat et très éloquent. La marionnette offre une représentation

railleuse mais fidèle de l’humanité, et les personnages, subordonnés au jeu de la manipulation n’en donnent

que mieux l’image de l’homme empêtré dans l’adversité et les petites ironies de son existence.

Pour monter Pierrot Lunaire en marionnettes, nous avons choisi la forme et l’esthétique japonaise du

théâtre de poupées : le bunraku. Une forme du théâtre de marionnettes traditionnel que le Japon connaît

depuis trois siècles et sur lequel on joue des drames comparables à ceux de Shakespeare.

Techniquement et scéniquement, le bunraku offre les mêmes matériaux dramaturgiques, narratifs et

musicaux que ceux suggérés spontanément par la pièce de Schönberg si l’on veut la jouer avec des

marionnettes. On trouve dans ce théâtre japonais des musiciens et au moins un narrateur qui s’exprime sur

un mode qui mêle le parlé au chanté tandis que l’action est jouée par les marionnettes mues « à vue » par

leur manipulateurs entièrement drapés de noir.

Dans l’adaptation que nous proposons, les cinq musiciens sont installés dans le centre de la scène,

légèrement au lointain, la récitante auprès d’eux, ou jouant parfois plus proche des « acteurs », devant les

musiciens les marionnettes occupent de très sobres éléments scéniques. A jardin et à cour, comme sur la

scène japonaise, les portiques par lesquels entrent et sortent les marionnettes. Portées par deux, parfois

trois manipulateurs, au dessus du sol ou sur divers praticables mobiles, la marionnette peut évoluer dans un

espace défini par la lumière, ou d’infimes accessoires (une branche, une ombrelle, une lanterne) mais ce

sont les musiciens, donc la musique, qui constituent le « fond » du décor. La codification et la respiration

gestuelle est nourrie par le discours musical.

Le texte de Pierrot Lunaire, délicate épopée constituée de trois partie (constituée chacune de sept

mélodrames) expose la progression d’un jeune héros, exposé au désir, à la faute meurtrière et à sa

rédemption. L’expressionnisme allemand naissant se prête parfaitement aux codes du théâtre bunraku, avec

la représentation crue des sentiments dans des tableaux grinçants, tragiques et dérisoires. Parfaitement

anthropomorphique, la marionnette de Pierrot et celle de ses partenaires de jeu peuvent se prélasser dans

l’horreur jusqu’au ridicule.

Les personnages du Pierrot Lunaire, saignants, désarticulés, torturés, semblent exister authentiquement, dans

ce mode de jeu affranchi des limites de l’humain, issus d’un cabaret fantastique et onirique. La douceur et

la violence, la mesure et l’excès ; la marionnette exprime tout cela sans intermédiaire ; la

posture, le geste et le mouvement sont immédiatement « parlants ». La commedia dell’arte n’utilise pas la

psychologie. Les individus sont d’abord des archétypes. Comme les marionnettes dont le masque figé

indique spontanément la nature de leur personnage. La transposition de Pierrot, Colombine et Cassandre en

protagonistes « japonisés » fonctionne parfaitement.

P

Pierrot devient un jeune poète épris de Colombine ; une geisha appartenant à une maison de thé dont

Cassandre est le vieux propriétaire libidineux et la vieille femme la maquerelle attitrée. Les rapports des

personnages se fondent comme dans les textes d’Albert Giraud traduits en allemand. Les échanges de désir,

de violence, d’érotisme de cruauté et de nostalgie trouvent un écho très convaincant dans la dramaturgie

des personnages japonais. Le ridicule et le grotesque (propre aux actions de Cassandre) rencontrent

également un miroir ajusté à leur exubérance dans le Kyogen, cette part du théâtre comique japonais.

Quant à la lune, tentatrice autant immatérielle que charnelle, réservoir des passions, instigatrice amoureuse,

astre opiacé ou même exutoire fantasmé, elle prend corps dans une lanterne sphérique et devient une

jouet dans les mains de Pierrot. La lanterne se disloque … et la lune n’est plus qu’une clarté insaisissable et

scéniquement figurée par la lumière.

1912. La vague de japonisme qui a déferlé sur l’Europe de la seconde moitié du XIXème siècle perle

encore d’une écume féconde. Le Levant inspire toujours de nombreux créateurs dans tous les domaines.

Avec notamment, en musique Puccini (Madame Butterfly, 1904) ou, entre autres, Stravinsky (Trois poésies de

la lyrique japonaise, 1912-13). Adopter une dramaturgie d’inspiration japonaise pour mettre en scène

Pierrot Lunaire, c’est choisir une distanciation qui donne aux personnages une vie émotionnelle et physique

qui demeure imparfaite à décrypter pour le spectateur occidental. Il ne s’agit pas de « copier » le Japon,

mais de retrouver dans son univers théâtral une charge émotive, onirique et puissante. Vêtir Pierrot d’un

kimono et nouer un obi à la taille de Colombine pour donner une vie nouvelle à des archétypes séculaires

éternellement habités par leur passions, o alter Duft aus Märchenzeit !

Jean-Philippe Desrousseaux

A propos de Bunraku ● Paul Claudel lors de son séjour au Japon en 1926

L’acteur vivant, quel que soit son talent, nous gêne toujours, en mêlant au drame fictif qu’il

incorpore un élément intrus, quelque chose d’actuel et de quotidien, il reste toujours un

« déguisé ». La marionnette au contraire n’a de vie et de mouvement que celle qu’elle tire de

l’action. Elle s’anime sous le récit, c’est comme une ombre qu’on ressuscite en lui racontant tout ce

qu’elle a fait et qui peu à peu, de souvenir devient présence. Ce n’est pas un acteur qui parle c’est

une poupée qui agit. Le personnage de bois incarne la prosopopée. Il nage dans une frontière

indécise entre le fait et le récit (…).

La marionnette, c’est le masque intégral et animé, non plus le visage seulement, mais les membres

et tout le corps (…) La marionnette n’est pas comme l’acteur humain prisonnière du poids et de

l’effort, elle ne tient pas au sol, elle manœuvre avec une égale facilité dans toutes les dimensions,

elle flotte dans un élément impondérable comme un dessin dans le blanc, c’est par le centre qu’elle

vit, et les quatre membres avec la tête, en étoile autour d’elle, ne sont que ses éléments

d’expression. Les Japonais n’ont pas essayé de la faire marcher, c’est impossible, elle n’a pas de

rapport avec la terre, elle est fixée comme sur une tige invisible et elle tire la langue de tous les

côtés. La jambe et le pied ne sont plus simplement des moyens d’avancement et de support, mais

l’instrument et le ressort de toutes les attitudes, démarches et intrications spirituelles, ce qui sous

nous exprime l’inquiétude, l’élan, la résistance, le défi, la fatigue, le réveil, l’envie de partir ou de

rester.

La Sécession viennoise La modernité viennoise et le japonisme

'Union des Artistes Créateurs d'Autriche, fondée en 1897 par un groupe d'artistes viennois,

reflétait la tendance générale et internationale de rejet du conservatisme. En suivant le mouvement

de l’Art Nouveau, elle s'inscrivait comme une réponse négative à l'académisme de la Maison des

Artistes autrichienne (Künstlerhaus). La Sécession viennoise se voulait être un mouvement représentatif

de toute tendance artistique refusant le conformisme. L'une de ses motivations était de libérer l'art de

l'emprise commerciale à laquelle il était soumis par la Maison des Artistes : et en montant ses propres

expositions, elle empêchait toute évaluation des collections et toute spéculation. La Sécession viennoise

donnait la priorité aux nombreuses expositions qu'elle organisait plusieurs fois par an.

Comme à l’image de son premier président fondateur Gustav Klimt qui possédait une précieuse

collection d'estampes, de rouleaux, de livres japonais ainsi que de kimonos, tous les membres de la

Sécession considéraient la tradition japonaise avec un grand intérêt. Ainsi, dès le début de 1900, du 20

janvier au 15 février, la 6ème exposition de la Sécession, organisée par Koloman Moser, était

entièrement consacrée à l'art japonais. Les nombreux objets exposés provenaient pour l'essentiel de la

collection appartenant à Adolf Fischer de Cologne, qu'il avait constituée au cours de ses fréquents séjours

au Japon.

En relation avec l'exposition, dans la neuvième livraison de Ver Sacrum, la publication de la Sécession,

Moritz Dreger, retraçait brièvement un historique de plus de mille ans d'art japonais, accompagné de

reproductions. Moritz Dreger finissait en concluant que les dessins japonais semblaient représenter le

summum de tout ce à quoi les artistes sécessionnistes s'étaient efforcés. L'exposition avait révélé et motivé

les amateurs d'art japonais. Elle avait aussi stimulé les artistes à confirmer leur élaboration d'un style

particulier. Elle marque précisément le moment où la Sécession avait pris une orientation nouvelle.

L’arbre de vie / Gustav Klimt (1909)

L

Auteurs Arnold Schönberg Compositeur

rnold Schönberg est né le 13 septembre 1874 à Vienne (Autriche). Quasiment autodidacte, il se

forme par l’étude de Johann Sebastian Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van

Beethoven et Johannes Brahms. Par la suite, il sera un pédagogue et théoricien de réputation

mondiale. Ses premières œuvres (la Nuit transfigurée par exemple) sont influencées par Richard

Wagner et Richard Strauss. Mais peu à peu, partant d’une analyse logique de l’évolution de l’harmonie à

la fin du romantisme, il se permet des dissonances de plus en plus audacieuses jusqu’à l’abandon total de la

tonalité à partir de 1908. Le point culminant de ses recherches est son Pierrot lunaire (1912) dans lequel il

va jusqu’à remplacer le chant par un « parlé-chanté » (Sprechgesang). Cependant, il n’évoluera vers le plus

strict dodécaphonisme qu’entre 1921 et 1924. Pour substituer de nouveaux repères au traditionnel

enchaînement « tonique-dominante », il imagine alors la composition sérielle, système qu’il appliquera à partir

de 1923. D’abord enivré par son procédé, il n’hésitera pas par la suite à prendre des libertés avec son

propre système.

Obligé de s’exiler aux États-Unis en 1933 pour fuir le nazisme, il décède à Los Angeles le 13 juillet 1951.

Schönberg apparaît aujourd’hui comme un point de non-retour car, en se détournant aussi radicalement de

toute référence à la tonalité, il a permis à l’ensemble de la musique « savante » de s’autoriser toutes les

audaces. Il faut cependant regretter que le pont soit désormais coupé entre le grand public et la musique

contemporaine.

Hanns Eisler Compositeur

anns Eisler est né à Leipzig le 6 Juillet 1898 et poursuit ses études à Vienne. Après deux ans

passés en tant que soldat à la Première Guerre mondiale, il est devenu un élève d'Arnold

Schoenberg en 1919, dédie sa Sonate pour piano op. 1 à son professeur en 1923. Il s’installe à

Berlin 1925 où il compose la musique pour les chœurs et groupes d'agitprop des travailleurs et collabore à

partir de 1928 avec Brecht (Die Maßnahme, Die Mutter). A partir de 1933, Eisler change de domicile au fur

et à mesure (Paris, Svendborg, et Londres) avant d’exiler en 1938 aux Etats-Unis où il crée ses œuvres de

musique de chambre les plus importantes (y compris Quatorze manières de décrire la pluie).

Parallèlement à la composition de musique pour huit films hollywoodiens, Eisler compose également son

Hollywood Songbook sur des textes de Brecht, Hölderlin, et d'autres auteurs.

Soupçonné à tort de l’espionnage, il est obligé de quitter les Etats-Unis et revient en Europe en 1948, ,

d'abord à Vienne et à Prague puis, finalement, à Berlin-Est. Bien qu'il ait écrit l'hymne national de la RDA

sur un texte de Johannes R. Becher, un conflit éclate avec la bureaucratie culturelle de la RDA lorsqu’il

publie le livret de son opéra Johann Faustus à la fin de 1952. Jusqu'à 1955, Eisler travaille principalement à

Vienne pour Vienna Scala et de Vienna Film à Rosenhügel. En RDA, il écrit des œuvres pour le Berliner

Ensemble et DEFA. En 1959, il assiste à la première de sa Symphonie allemande, composée en grande

partie en exil, au Staatsoper unter den Linden. Il est décédé le 6 Septembre 1962 à Berlin-Est.

A

H

Albert Giraud Poèmes

é à Louvain (Belgique) le 23 juin 1860. Le poète symboliste belge d'expression française, Albert

Giraud entame des études de droit à l’université catholique de Louvain, où il fréquente Iwan

Gilkin, Émile Verhaeren et Max Waller. Ne pouvant poursuivre ses études, il exerce le métier

de journaliste à La Jeune Belgique où il défend « l’art pour l’art » contre « l’art social » que prône

Edmond Picard dans la revue L’Art Moderne. Les deux hommes se battent en duel en 1885.

En 1920, il devient l'un des premiers membres de l'Académie royale de langue et de littérature

françaises de Belgique. Devenu aveugle les dernières années de sa vie, il s'éteint en 1920 à Schaerbeek

où une rue lui est dédiée et son buste, œuvre du sculpteur Victor Rousseau, orne le parc Josaphat.

Otto Erich Hartleben Traduction allemande

é à Clausthal le 3 juin 1864 puis orphelin dès son jeune âge, poète et dramaturge Otto Erich

Hartleben a été élevé par son grand-père à Hanovre. Parmi ses connaissances de jeunesse, on

peut citer Karl Henckel, Arthur Gutheil et le futur industriel et politicien Alfred Hugenberg

avec lesquels il publie un recueil de poèmes Quartett en 1886. Après avoir terminé ses études à Celle, puis

entamé celles de droit à Leipzig ensuite à Berlin (études qu’il abandonne finalement), il a vécu en tant que

pigiste et déménage à Munich. Après la mort de son grand-père en 1893, Hartleben hérite 80 000 marks et

épouse sa compagne de toujours, Selma Hesse.

En 1900, il rencontre un succès retentissant avec « La tragédie de l'officier » qui traite une affaire

malheureuse entre une fille simple et un jeune officier d'une vieille famille militaire. Avec le bénéfice, il

achète la Villa Halkyone à Salò sur le lac de Garde où il fonde en 1903 l'Académie Halkyone pour les

sciences pures, qui comptait parmi ses membres Peter Behrens, Otto Julius Bierbaum, Franz Blei,

Gerhart Hauptmann, Alfred Kubin, Emil Orlik et Ferdinand Pfohl. Il y décède le 11 février 1905.

N

N

Interprètes

Takénori Némoto Direction musicale

é au Japon. Takénori Némoto commence son apprentissage musical dès son jeune âge (le violon à 3

ans et le piano à 4 ans) puis découvre le cor à 15 ans tout en débutant ses études de direction

musicale et celles de composition. Après avoir obtenu plusieurs prix d’excellence (cor, musique de

chambre, orchestre, direction d’orchestre, harmonie, contrepoint, orchestration, analyse musicale…) à

l'Université Nationale des Beaux-Arts et de la Musique de Tokyo, il arrive en France en 1992 et poursuit

ses études à l’Ecole Normale de Musique de Paris où il obtient, à l’unanimité avec les félicitations du jury, le

Diplôme Supérieur d’Exécution ainsi que le Diplôme Supérieur de Concertiste. Entre ces deux diplômes il

complète ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et obtient son premier prix

de cor à l’unanimité ainsi que le Diplôme de formation supérieure avec mention très bien avant d’y

effectuer un cycle de perfectionnement. Il est également lauréat de plusieurs concours internationaux en

cor, en musique de chambre et en composition (Tokyo, Toulon, Trévoux, Marseille, Rome…).

Cor-solo de l’Orchestre Poitou-Charentes et des Musiciens du Louvre-Grenoble depuis 2005, il est invité

régulièrement dans divers lieux prestigieux à travers l'Europe (Théâtre du Châtelet, Royal Albert Hall,

Opéra de Francfort, Académie Franz Liszt à Budapest, Mozarteum de Salzbourg, Théâtre des Champs-

Elysées, Cité de la Musique, La Folle Journée de Nantes et du Japon, Festival International d’Art Lyrique

d’Aix-en-Provence, Festival de Salzbourg, Festival d'Edimbourg, BBC Prom’s…) et se produit en soliste

accompagné par les orchestres tels que l’Orchestre Poitou-Charentes, l’Orchestre Symphonique de

Mulhouse et l’Orchestre de Chambre Pelléas. Chambriste passionné, il se produit aux côtés des interprètes

de renommée comme Maurice Bourgue, Wolfgang Sawallisch, Jean Guillou, Jean-François. Heisser, Mikhail

Rudy, le Quatuor Diotima et le Trio Wanderer en France et à l’étranger.

Directeur musical de l’Ensemble Musica Nigella, sa carrière de chef d'orchestre est remarquée lors des

représentations d'opéras comme Rita de Donizetti au Théâtre de Fontainebleau en 2010, le Voyage d'hiver à

l'Athénée, Théâtre Louis-Jouvet à Paris ainsi que Hänsel et Gretel à l'Espace Pierre Cardin à Paris en 2012.

Egalement compositeur, ses œuvres ont été créées par les ensembles tels que l'Orchestre Victor-Hugo /

Franche-Comté, l'Orchestre Poitou-Charentes, l’Ensemble Justiniana et l'Ensemble Calliopée. Pendant la

saison 15/16 il est invité à diriger l’Orchestre régional Bayonne Côte Basque et l’Orchestre Victor Hugo

Besançon Région Franche-Comté.

Voyage d’hiver à l’Athénée, Théâtre Louis-Jouvet (projet soutenu par Arcadi)

N

L’Ensemble Musica Nigella

’Ensemble Musica Nigella est né en 2010 d’un désir croissant des artistes musiciens, fidèles invités

du festival éponyme et de son directeur artistique Takénori Némoto, de créer le premier ensemble

orchestral professionnel agréé par le Conseil général du Pas-de-Calais autour d’un noyau dur d’une

vingtaine de musiciens. Dès sa création, l’Ensemble reçoit la confiance des artistes renommés et collabore

avec les personnalités artistiques comme Marie-Christine Barrault, Mireille Larroche, Yoshi Oïda, Brontis

Jodorowsky, Marie Lenormand, Marie-Josèphe Jude, Claire Désert, Jean-François Heisser...

Un an après sa création, l’Ensemble Musica Nigella multiplie les concerts et les collaborations,

notamment avec La Péniche Opéra, Compagnie Nationale de Théâtre Lyrique et Musical en présentant

deux productions lyriques sur deux saisons consécutives : Rita, ou le mari battu de Gaetano Donizetti et

Hänsel et Gretel d’Engelbert Humperdinck. Ce dernier a été unanimement salué par les critiques pour sa

qualité musicale et pour le travail de réorchestration que mène Takénori Némoto, son directeur musical .

Depuis 2011, l’Ensemble Musica Nigella s’est notamment produit au Théâtre du Chatelet, au Théâtre de

Fontainebleau, à l’Espace Pierre Cardin à Paris, à la Folles Journées de Nantes et du Japon, à l’Auditorium

du Musée d’Orsay, sur les scènes nationales de Saint-Quentin-en-Yvelines et de Cherbourg et bien sûr au

Festival Musica Nigella.

Les membres de l’ensemble, issus de différents horizons (Orchestre National de France, Les Musiciens du

Louvre-Grenoble, Orchestre National de Lille, Orchestre Symphonique de Lucerne, Orchestre de

Chambre d’Europe…) apportent à cette formation leurs expériences de ces courants musicaux pour

enrichir le répertoire. Bien que ce dernier soit étendu, l’Ensemble Musica Nigella défend tout

particulièrement la musique française et la création contemporaine ainsi que le répertoire lyrique. Il est

aujourd’hui considéré comme ambassadeur de la région Nord/Pas-de-Calais pour représenter l’art

musical français en Europe et à l’étranger.

Maquette de la scénographie conçue par Jean-Philippe Desrousseaux

L

Jean-Philippe Desrousseaux Metteur en scène, marionnettiste

près un parcours en zig-zag entre théâtre, musique, écriture et costumes de scène, Jean-Philippe

Desrousseaux devient marionnettiste. Des cours de théâtre, de musique (flûte traversière) et de

chant l’ont aidé à construire les très nombreuses voix qu’il prête désormais aux marionnettes.

Pour la marionnette, il s’est en partie formé au Théâtre aux Mains Nues, Paris, sous la direction d’Alain

Recoing mais il a enrichi sa formation sur plusieurs techniques (fils, tringle, gaine) auprès de plusieurs

maîtres, en République Tchèque et en Italie. Il enseigne aussi la marionnette dans plusieurs centres de

formation, ainsi qu’en Écosse au Scottish Masked and Puppet Center. Narrateur avec orchestre pour des

œuvres classiques, (Pierre et le loup de Prokovief, l’Histoire de Babar de Poulenc, l’Histoire du Soldat de

Stravinsky, Les Sept Dernières Paroles du Christ de Haydn, …) et contemporaines (à Radio France, à la

Salle Pleyel sous la direction de P. Boulez) il mêle indissociablement la musique à ses spectacles.

En 1997 il devient l’assistant de Philippe Lénaël pour mettre en scène l’opéra Zémire et Azor de Grétry avec

marionnettes, chanteurs et musiciens. En 2005, il met en scène et joue Pierre et le Loup avec l’Orchestre

des Lauréats du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans une version pour

marionnettes à fils. Il mène une recherche sur les œuvres musicales conçues pour être jouées avec des

marionnettes depuis le XVIIe siècle et adapte et met en scène la parodie d’Hippolyte et Aricie de Rameau en

collaboration avec le Centre de Musique Baroque de Versailles et l’Ensemble Philidor. Le spectacle est créé

au Teatru Manoel de Malte en janvier 2014, puis il joué au Théâtre Montansier de Versailles, à l’Opéra

Comique avec un très grand succès et part en tournée en Chine pour le Festival Croisements 2014. Les

engagements pour ce spectacle se poursuivent en France et à l’étranger jusqu’en 2016. Depuis 12 ans il

anime également le Théâtre de Marionnettes du Parc Floral de Paris, pour lequel il a écrit une trentaine

d’histoires. En 2008 la chaîne de télévision japonaise NHK filme son travail. Il rencontre des marionnettistes

japonais qui l’initie au Bunraku. C’est avec cette technique qu’il monte une première fois pour le Festival

Quinzaine Musicale de Saint-Sébastien Pierrot Lunaire de Schönberg avec les musiciens du Smash Ensemble.

À Nantes, Mulhouse et Paris, il remonte des pièces pour marionnettes du 18ème siècle. Il prépare

actuellement une parodie de Carmen pour le Palazzetto Bru-Zane à Venise. Pour les 300 ans de l'Opéra

Comique, il écrit et met en scène un spectacle La Guerre des Théâtres qui sera joué Salle Favart en avril 2015,

avec l'ensemble Les Lunaisiens, direction musicale: Arnaud Marzorati. Jean-Philippe prépare également une

nouvelle parodie d'opéra (Atis de Lully) avec le Centre de Musique Baroque de Versailles pour la saison

2016-17. Il doit également jouer au Japon en 2016 et au Boston Early Music Festival en 2017, ainsi qu'au

Festival Hændel de Halle (Allemagne) et au Théâtre des Etats de Prague (République Tchèque).

Hippolyte et Aricie ou la Belle-mère amoureuse, parodie de Rameau par Jean-Philippe Desrousseaux (2014)

A

Marie Lenormand Mezzo-soprano

près avoir étudié en France, Marie Lenormand s'installe aux Etats-Unis et poursuit de brillantes

études au Conservatoire d'Oberlin où elle travaille avec Richard Miller avant d'intégrer le Houston

Grand Opera Studio. Elle est remarquée lors de plusieurs prises de rôles à Houston, Oberlin et au

Glimmerglass Opera. Puis viendront des récitals au Carnegie Hall de New York et des invitations régulières

au New York City Opera (Zerlina, Despina, La Périchole), ainsi qu'à Boston, Cleveland (Poppea), Los Angeles

(Cherubino), Minneapolis, Cincinnati (Cherubino, Siebel), New Orleans (Siebel, Niklausse), San Francisco,

Kansas city (Dorabella)... dès 2004 sa carrière est de plus en plus internationale : elle se produit à Toronto,

Stuttgart (Dorabella),...

Ouverte à tous les répertoires, elle s'illustre dans la musique baroque avec Il Ritorno d'Ulisse in Patria,

Persée, Serse, Le Couronnement de Poppée, Bauci e Filemone... Souvent sollicitée pour le

répertoire mozartien, elle chante Dorabella (Cosi fan Tutte), Cherubino (Le Nozze di Figaro), Zerlina

(Don Giovanni) ainsi que Annio (La clémence de Titus) et le Requiem. Le répertoire français occupe

également une part importante de son activité. Elle chante dans Faust, L'Etoile, Les Contes

d'Hoffmann, Les Huguenots, Cendrillon... Enfin, elle obtient un grand succès personnel à l'Opéra

Comique dans le rôle-titre de Mignon pour lequel elle reçoit le "Grand Prix de la Critique, Révélation

Musicale de la saison 2009-2010».

Si elle affectionne le grand répertoire (Eugène Onéguine, Walküre, Falstaff, Midsummer night's

dream, La Petite Renarde rusée, Le Nez) elle participe également à la création d'œuvres nouvelles

(Cold Sassy Tree de C. Floyd, The Little Prince de R. Portman...). Sa riche carrière est marquée par

des rencontres avec des personnalités artistiques de premier plan tels que les metteurs en scène L. Pelly, R.

Wilson, JL Benoit, le duo Deschamps-Makeieff, F. Zambello et les chefs d'orchestre S. Osawa, Sir R.

Norrington, A. Gilbert, H. Niquet, FX Roth, C. Rousset, L. Slatkin...

Elle a récemment chanté Le Prince (Cendrillon) à Luxembourg, Saint-Etienne et La Nouvelle-Orléans,

Stefano (Roméo et Juliette) à Tours et Avignon, le rôle-titre de La Périchole au New York City Opera,

Huit Scènes de Faust à Dresde, Atys avec le Cercle de l'Harmonie, L'Enfant et les sortilèges (La

chatte et l'écureuil) au Festival de Saito Kinen, Falstaff à Massy, Carmen (rôletitre) à Compiègne,

Hippolyte et Aricie à Versailles et à l'Opéra Comique. Parmi ses projets, citons dans Le Pré aux clercs

à l'Opéra Comique, Lisbonne et Wexford, Agrippina avec le Boston Baroque Orchestra...

Marie Lenormand interprétant La mort de Cléopâtre accompagnée par l’Ensemble Musica Nigella

A

Petr Rezac Création de marionnettes

etr Petr Rezac Rezac vit et travaille à Prague en République tchèque, un pays où se perpétue une

grande tradition de la fabrication des marionnettes ainsi que celle du théâtre des marionnettes. Il a

étudié la sculpture sur bois à l'école secondaire des arts appliqués, puis devient diplômé de la

section sculpture à l'Académie des Arts, Architecture et Design de Prague. Il réalise différents ouvrages en

bois, en pierre et en bronze dont certains sont conçus spécialement pour l'architecture. Le ministère de la

culture tchèque possède également plusieurs de ses œuvres. Depuis le début des années 90 sa création se

tourne vers essentiellement vers le bois, il participe ainsi à plusieurs symposiums sur la sculpture en bois en

République tchèque et en France. Selon les besoins de ces commanditaires, il change la technique utilisée

pour la création de ses marionnettes d'une part pour la décoration et d'autre part pour les théâtres,

souvent dotées des mécanismes sophistiqués. Beaucoup de ses marionnettes se trouvent aujourd’hui dans

des collections privées, galeries et musées en Allemagne, en France, au Portugal, aux Etats-Unis et au

Canada. Il donne également des cours de sculpture sur bois et de la technique de fabrication de

marionnettes.

A propos des marionnettes ● Jean-Philippe Desrousseaux

Les marionnettes évoluent tantôt en l’air, tantôt sur des cubes de 75cm de hauteur disposés parallèlement à la rampe.

Les marionnettes sont manipulées par deux ou trois marionnettistes. Elles volent, marchent, courent, nagent et peuvent manipuler certains accessoires. La flexibilité des membres et des têtes (avec certaines parties articulées ; sourcils, yeux) leur confère une vie étonnante. Elles mesurent en moyenne 1,10 mètre.

Les marionnettistes sont vêtus de noir, avec des hakamas (pantalons japonais) et le visage voilé de noir ; on les voit au début… puis on les oublie !

Les marionnettes sont en bois et peintes à la peinture à l’huile. Elles sont réalisées à Prague par le sculpteur Petr REZAC, en respectant, pour l’esthétique ; les mécanismes ; les peintures et les proportions, les bunraku du Japon. Les costumes sont semblables ou inspirés du théâtre bunraku ou kabuki. Ils sont confectionnés dans des étoffes de soie brodée japonaise et divers matériaux (cuir, soie, taffetas, lamés).

Têtes des marionnettes pour les personnages de Pierrot lunaire, réalisées par Petr Rezac

P

François-Xavier Guinnepain Création lumière

ngénieur de formation, François-Xavier Guinnepain travaille depuis plus de 10 ans en tant que

concepteur d’appareils d’éclairage pour l’industrie du spectacle. Il conçoit alors des appareils hors du

commun utilisés dans les plus grands lieux et évènements : Metropolitan Opéra de New-York, Jeux-

Olympiques, tournée d’artistes internationaux, Décollage de fusée à Kourou, etc. Son expertise technique

dans le domaine le fait intervenir directement pour répondre aux contraintes spécifiques de lieux et

d’artiste : Opéra de Paris, Théâtre de la Reine du Château de Versailles, Théâtre du Soleil, Théâtre du

Kremlin, etc. Passionné de théâtre, il collabore dès ses études à la création lumière de différents artistes, et

monument : Festival Darc à Châteauroux, Jazzarab de Mamia Cherif, La Grande Duchesse de Gerolstein à

Chantilly, Mise en lumière de la Cathédrale de Senlis, Festival des Nuits de Chéronne, etc. En 2011, il

rencontre Jean-Philippe Desrousseaux qui lui permettra d’allier son expérience de concepteur industriel et

sa passion du théâtre pour mettre en lumière Pierrot Lunaire, puis en 2014 Hippolyte & Aricie ou la Belle Mère

amoureuse et en 2015, La Guerre des Théâtre pour l’Opéra Comique.

A propos de la scénographie & de la lumière ● Jean-Philippe Desrousseaux

Le dispositif scénique permet de saisir dans le même chant visuel du spectateur l’action des marionnettes (à l’avant-scène) et l’exécution musicale (au lointain). L’image est intimement liée au son, les deux respirent de concert.

A cour et jardin, deux portiques de 2,50 mètres de haut, pour les entrées des marionnettes. Au fond, un cyclorama qui permet de recevoir les projections.

La lumière définit toutes les atmosphères de l’action de Pierrot Lunaire. Variations de couleurs en aplat sur le cyclo, traitement des musiciens en silhouettes sur fond de couleur.

Les marionnettes, dont les têtes, les mains et les pieds sont peintes en blanc réclament une lumière chaude pour éveiller cette peinture blanche naturellement très « crue ».

Scénographie conçue par Jean-Philippe Desrousseaux avec une simulation de mise en lumière

I

GABRIELE ALESSANDRINI Création vidéo

é à Madène en Italie. Apres avoir suivi parallèlement une formation littéraire et une formation

musicale au Conservatoire de sa ville natale, Gabriele Alessandrini poursuit ses études à l’Ecole de

la Communauté Européenne pour nouvelles professions dans le milieu de la technologie

audiovisuelle. Une fois diplômé, il poursuit ses expériences professionnelles en divers studios de production

cinématographique et télévisée, et prend part au passage de la technologie analogique à la technologie

numérique.

En tant que auteur-cinéaste, il réalise divers court-métrages couronnés de succès en Italie et a l'étranger

comme son film Solo soli qui a été primé au Festival de Mexico. A partir de 1996, il réalise de nombreux

documentaires (plusieurs documentaires à caractère historique pour la ville de Modène, Sydney, ville

olympique à l’occasion des Jeux Olympiques pour la compagnie aérienne Quantas…) tout en continuant à

enseigner l’utilisation de la vidéo dans diverses écoles d’art dramatique en Italie.

En 2013, sa double formation de cinéaste-musicien lui permet de collaborer pour la première fois avec la

Péniche Opéra, compagnie nationale de théâtre musical et lyrique, en tant que réalisateur d’un

documentaire sur la production Hänsel et Gretel puis prend part en tant que créateur vidéo pour la nouvelle

création de l’opéra d’Aurélien Dumont Chantier Wozeck. Sa créativité ainsi que sa qualité artistique sont

rapidement remarquées par des critiques : « on retient surtout la dimension de la vidéo – celle de Gabriele

Alessandrini - associant la projection d’images de démolition assez impressionnantes et la captation live des visages

des personnages dont l’impact visuel est toujours très percutant. (Michèle Tosi / ResMusica / le 21 mai 2014) ». Il

a également réalisé deux documentaires qui présentent le cheminement d’une création contemporaine

pendant cette collaboration. Il est actuellement en résidence au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine pour

la réalisation de portraits vidéo de la ville et de ses habitants ainsi que du dispositif scénique du spectacle

« 100 Miniatures » (création en mai 2015).

Création vidéo de Gabriele Alessandrini dans Chantier Woyzeck d’Aurélien Dumont (2014)

N