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23471 VOL. 2 LE SECTEUR PRIVÉ ET LE DÉVELOPPEMENT: CINQ ÉTUDES DE CAS RESULT TS SUR LE TERR: IN Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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23471VOL. 2

LE SECTEUR PRIVÉ ET LE DÉVELOPPEMENT: CINQ ÉTUDES DE CAS

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BOLIVIE

Lawrence Bouton

JORDANIE

Yannis Karmokolias

TANZANIE

Walter Elkon

TURQUIE

Robert R. Miller

URUGUAY

Delbert A. Fitchett et

Frederick Z. Jospersen

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Copyright © 1998Société financière internationale2121 Pennsylvania Avenue, N.W.Washington, D.C. 20433 (États-Unis d'Amérique)

Tous droits réservésFabriqué aux États-Unis d'AmériquePremière édition juillet 1998

La Société financière internationale (SFI) institution affiliée à la Banque mondiale, encourage le dévelop-pement économique de ses pays membres par des investissements dans le secteur privé. C'est la plus gran-de organisation multilatérale au monde qui apporte une aide financière directe, sous forme de prêts et departicipations au capital, aux entreprises privées des pays en développement.

Les constatations, interprétations et conclusions qu'on trouvera dans le présent rapport n'engagent que lesauteurs et ne doivent être attribuées en aucune manière à la SFI, à la Banque mondiale ou aux membresde leur Conseil des Administrateurs, ni aux pays qu'ils représentent. La SFI et la Banque mondiale negarantissent pas l'exactitude des données figurant dans cette publication et déclinent toute responsabilitéquant aux conséquences de leur usage, quelles qu'elles soient.

Certaines sources citées dans le texte peuvent être des documents officieux qui ne sont pas à la disposi-tion du public.

Le contenu de cette publication fait l'objet d'un copyright. Toute demande d'autorisation d'en reproduiredes passages doit être adressée au Directeur, Département de l'économie, SFI, à l'adresse indiquée ci-des-sus. La SFI encourage la diffusion de ses travaux et accorde normalement cette autorisation sans tarder et,si la reproduction répond à des fins non commerciales, à titre gratuit. L'autorisation de copier des passagesà des fins d'enseignement doit être obtenue auprès de: Copyright Clearance Center, Inc., Suite 910, 222Rosewood Drive, Danvers, Massachusetts 01923 (États-Unis d'Amérique).

Distribué par la Banque mondiale.

Toutes les publications disponibles de la SFI figurent dans l'Index des publications annuel de la Banquemondiale. Cet index contient une liste alphabétique des titres; des index par sujets, auteurs, pays etrégions, et tous les renseignements nécessaires pour commander les ouvrages. L'édition la plus récentepeut être obtenue gratuitement aux adresses suivantes: Service de la distribution, Bureau des publications,Banque mondiale, 1818 H Street, N.W., Washington, D.C. 20433 (États-Unis d'Amérique), ou Publications,Banque mondiale, 66 Avenue d'Iéna, 75116 Paris (France), ou encore en consultant le site des publica-tions en ligne à l'adresse : http://www.worldbank.org, sous la rubrique - publications

La présente publication est répertoriée comme suit par la Bibliothèque du Congrès

Library of Congress Cataloging-in-Publication Data

The private sector and development : five case studies. Lawrence Bouton ...let al.].p. cm -(Results on the ground)Includes bibliographical references.ISBN 0-8213-4199-51. Economic development projects-Case studies. 2. Business

enterprises-Developing countries-Case studies. 3. InternationalFinance Corporation. I. Bouton, Lawrence et al.HD75.8 P75 1998 98-14422338.9-dc2l CIP

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TABLE DES MATIERES

Remerciements vii

Introduction ix

1 Bolivie: extraction de l'or, Empresa Minera Inti Raymi S.A. Lawrence Bouton 1

2 Jordanie: production de médicaments, AI Hikma PharmaceuticalsYannis Karmokolias 12

3 Tanzanie: exploitation avicole, Tanbreed Walter Elkan 19

4 Turquie: construction de l'hôtel Conrad International d'Istanbul Robert R. Miller 28

5 Uruguay: culture des agrumes, Azucitrus DelbertA. FitchettandFrederickZ.Jaspersen 35.

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viiREMERCIEMENTS

Des études comme celles qui sont présentées Les auteurs sont aussi profondément recon-ici ne pourraient pas être menées à bien sans naissants à tous ceux qui ont accepté de lirel'assentiment et la participation des parte- les avant-projets et de formuler un grandnaires commerciaux de la SFI. Nous les nombre d'observations utiles; ils remercientremercions tout particulièrement du temps en outre Mary Locke, rédactrice, et Kathleenqu'ils nous ont généreusement accordé pour A. Lynch, rédactrice senior et chef de projet,répondre à des questions détaillées sur leurs de leurs contributions à la mise en forme défi-activités. nitive de cette étude.

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INTRODUCTION

Comment le développement économique se resse ont bien failli paralyser l'un de ces pro-produit-il ? Les théories ne manquent pas mais jets, celui de Tanbreed, un élevage de volaillesune chose est certaine: il faut des personnes en Tanzanie. Après un apport modeste de capi-ingénieuses, de bonnes idées et de l'argent à taux et un changement de propriétaire,investir dans les unes et les autres. La Société Tanbreed reconstitue son stock de poulets etfinancière internationale fournit des capitaux espère redresser rapidement la situation. Lad'investissement et propose son savoir-faire à sécheresse a également touché Azucitrus, unedes promoteurs privés dont les entreprises plantation d'agrumes en Uruguay. Seuls lefavorisent la croissance économique dans les choix judicieux des variétés de plantes et unpays en développement et permettent à tous système d'irrigation à la pointe du progrès, pré-les investisseurs de réaliser un bénéfice. Qui vus dès la planification du projet, ont sauvé lesplus est, la SFI respecte ses engagements. vergers récemment plantés en 1989-1991. La

restructuration du prêt et des mesures de ren-Deux des cinq études de cas décrites ici sont forcement de l'efficacité ont remis le projet entout à fait représentatives des entreprises par- marche. En Turquie, des retards de construc-rainées par la SFI: les mines d'or et d'argent tion, ajoutés à l'instabilité politique et écono-de Kori Kollo en Bolivie et la société de pro- mique dans la région, ont mis en péril la troi-duits pharmaceutiques AI Hikma en Jordanie. sième opération, l'hôtel Conrad HiltonChoisies à cause de leur viabilité commerciale *Istanbul. Une restructuration opérée avec l'ai-et de leur potentiel de développement, ces de de la SFI a apporté un répit à la société pourentreprises tiennent leurs promesses au ryth- la gestion de sa dette et l'hôtel développe etme prévu. fidélise aujourd'hui une clientèle de voyageurs

d'affaires et de tourisme dans une ville où laLes trois autres opérations se sont heurtées à concurrence s'intensifie.une série inhabituelle de difficultés mais sem-blent être à nouveau sur la voie du succès, La Société financière intemationale a pour mis-après avoir reçu une certaine aide de la SFI. sion première d'encourager la croissance éco-Une épidémie de salmonellose et une hausse nomique dans les pays en développement pardes prix des aliments provoquée par la séche- l'intermédiaire du secteur privé. Elle finance

INTRODUCTION

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donc des entreprises du secteur privé et leur au développementdonne des conseils, en partenariat avec lesautres investisseurs privés. Ses projets favori- * Deuxièmement, le Département a créésent le développement en encourageant la une base de données concernant l'impactcroissance d'entreprises productives et en sur le développement à partir des rensei-créant des marchés financiers efficaces. La gnements recueillis au moyen d'un ques-réussite de la SFI se mesure donc à la fois à sa tionnaire et portant chaque année sur 30 àpropre rentabilité et à l'étendue de la contribu- 35 projetstion que les entreprises qu'elle finance appor-tent au développement de leur pays d'accueil. * Troisièmement, le Groupe de l'évaluation

rétrospective des opérations de la SFI aEn 1995, le Conseil d'administration de la SFI, renforcé ses propres activités de mesurepar l'intermédiaire de son Comité pour l'effi- de l'efficacité du développement dans lecacité du développement, a demandé à la cas des projets ayant plus de cinq ans.Société d'établir et d'exécuter un programmequi permettrait de mieux connaître sa contri- Le présent rapport, intitulé Résultats sur le ter-bution au développement. Le programme s'est rain 2, relève de la deuxième activité citée ci-

x développé dans trois directions: dessus. Il présente cinq études de cas faitespar le Département de l'économie de la SFI.

. Premièrement, le Département de l'écono- Les cinq projets retenus ont été choisis comp-mie de la SFI procède chaque année à te tenu de la diversité géographique et parcel'examen de cinq ou six projets de la qu'ils représentent plusieurs secteurs dont laSociété pour apprécier leur contribution SFI s'occupe traditionnellement.

RÉSULTATS SUR LE TERRAIN

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L'ouverture d'un secteur nationalisé depuis

de nombreuses années suppose de nom-

breux ajustements, financiers et psycholo-

giques notamment. Le cas des mines d'or et

d'argent de Kori Kollo, en Bolivie, montre

comment des capitaux étrangers peuvent

aider à introduire les technologies modernes

nécessaires à la réussite financière. Le déve-

loppement de ces mines a eu pour effet

d'améliorer les conditions de vie au niveau

aussi bien local que régional, et d'atténuer

l'hostilité traditionnelle envers les prises de

participations étrangères.

LAWRENCE BOUTON

BOLIVIE: EXTRACTION DE L'OR,EMPRESA MINERA INTI RAYMI S.A.

La mine d'Inti Raymi à Kori Kollo, la plus pement durable de la région est un modèlegrande de Bolivie, est une entreprise très en pour les autres compagnies minières duvue. Premier exemple d'investissement étran- monde entier.ger direct dans le secteur minier bolivien, ellea eu un puissant effet de démonstration. La La société minière américaine Battle Mountainréorientation de la politique économique de Gold, aujourd'hui l'actionnaire majoritairel'État et la réussite financière évidente d'Inti étranger d'Inti Raymi, a sollicité initialement laRaymi ont encouragé d'autres sociétés participation de la SFI pour se prémunirminières étrangères à investir dans le secteur contre le risque qu'une évolution politiquedes minéraux de la Bolivie. Actuellement, plus hostile en Bolivie pouvait faire courir à l'en-de 40 sociétés minières mènent des activités treprise. La SFI a décidé de participer à l'opé-de prospection dans ce pays. Le succès de ration parce qu'elle a estimé qu'elle pouvaitl'entreprise a en outre aidé à élargir l'accès du rassurer Battle Mountain Gold et aider à réali-secteur aux marchés financiers mondiaux. ser le montage de la dette à long terme néces-

saire, montage qui n'aurait pas été possibleDans le passé, les Boliviens étaient extrême- aux mêmes conditions sans sa présence.ment méfiants à l'égard des activités dessociétés minières étrangères. Selon une idée DESCRIPTION GÉNÉRALEcommunément reçue, celles-ci s'appro- DU PAYSpriaient les richesses du sous-sol sans riendonner en échange aux communautés L'extraction minière est la principale activitélocales. Les activités d'Inti Raymi ont com- économique de la Bolivie depuis l'arrivée desmencé à modifier cette perception. Certes, la Espagnols au XvIe siècle. Des centaines dequestion de sa contribution fiscale n'est tou- gisements différents contenant une grandejours pas réglée, mais Inti Raymi a su se faire variété d'éléments métalliques sont exploitéesaccepter par son souci de l'environnement et dans tout le pays. Certains des tout premierssa contribution au développement de l'éco- gisements découverts sont toujours en exploi-nomie locale et nationale. L'activité de la tation aujourd'hui. Cependant, malgré laFondation Inti Raymi en faveur du dévelop- longue histoire minière du pays, une grande

BOLIVIA: MINING GOLD

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partie des richesses minérales de la Bolivie droits de propriété, la liberté des rapatrie-reste inexploitée. ments de capitaux et des bénéfices et l'égalité

de traitement entre sociétés étrangères etLe secteur public a dominé le passé récent de nationales. Ces transformations ont ouvert lala Bolivie dans le secteur minier. Le porte à une expansion considérable de la par-Mouvement révolutionnaire nationaliste, porté ticipation du secteur privé dans l'activitéau pouvoir au début des années 50, avait fait minière. Suivant la voie tracée par Inti Rayni,de la nationalisation des mines d'étain l'un de les sociétés minières privées modifient aujour-ses thèmes économiques majeurs. En 1952, le d'hui le paysage minier bolivien en ajoutant àGouvernement bolivien a nationalisé toutes l'extraction traditionnelle de l'étain la pros-les grandes mines privées, les plaçant sous pection et l'exploitation des gisements del'autorité de la Corporaciôn Minera de Bolivia zinc, d'argent, de plomb et d'or.(Comibol), administrée par l'État. Le secteurprivé s'est trouvé réduit à quelques petites OBJECTIFS DE LA SOCIÉTÉentreprises, pratiquant notamment la petiteexploitation minière. Les gisements aurifères et argentifères de Kori

Kollo, situés à environ 200 kilomètres au sud-2 De 1952 à 1985, la Comibol a joué un rôle est de La Paz, à Saucari-Oruro, se rattachent à

majeur dans la politique sociale et dans les une longue tradition dans l'histoire minière deaspects économiques de l'exploitation minière la Bolivie. L'activité minière dans la régionbolivienne. En tant qu'instrument de la poli- date d'avant l'arrivée des conquistadors espa-tique de l'État, la Comibol était responsable de gnols. Les gisements de Kori Kollo ont étél'emploi et de la protection sociale d'un exploités jusqu'au début du XXe siècle.nombre croissant de mineurs et de familles de Cependant, les caractéristiques du minerai demineurs. Les décisions d'investir ne prenaient la région ne permettaient pas une extractionguère en compte les considérations écono- rentable à l'aide des méthodes traditionnelles.miques. Après des années de mauvaise ges- De nombreuses sociétés nationales et étran-tion, l'effondrement des cours internationaux gères avaient fait une évaluation des gise-de l'étain a mis au jour la fragilité fondamen- ments de minerai, mais aucune n'avait réussitale de l'économie bolivienne et précipité la à mettre leur potentiel en valeur.Comibol et le pays tout entier dans une criseéconomique. En 1979, une société minière bolivienne a

acquis les droits sur la concession. Elle a com-Le Gouvernement arrivé au pouvoir en 1985 mencé à prospecter et installé la premièrea tourné le dos au modèle de développement usine pilote de lixiviation de Bolivie. En 1982,économique étatiste suivi jusqu'alors et lancé à une époque de crise économique, financiè-une nouvelle politique d'ajustement macroé- re et sociale pour la Bolivie, elle s'est associéeconomique et structurel. Les mines au coût à Westworld Resources, Inc. (société pétroliè-d'exploitation élevé de la Comibol ont été re et de production d'électricité basée àfermées et tout son appareil de protection Houston) pour fonder Inti Raymi, S.A.sociale a été supprimé. Le nombre d'emploisa été ramené de plus de 30 000 à moins de 5 Jusqu'à l'entrée en scène de la SFI, Inti Raymi000, et la Comibol elle-même a été restructu- se concentrait essentiellement sur des activitésrée et transformée en société holding pour les à petite échelle de lixiviation en tas du mine-actifs miniers de l'Étatl. De nombreux tra- rai oxydé. Cette méthode consiste à placer levailleurs ont trouvé à s'employer dans des minerai concassé sur une plate-forme étanche,exploitations minières coopératives où les puis à arroser le tas à l'aide d'une solution desalaires sont nettement inférieurs et le travail cyanure de sodium. En s'infiltrant à travers leplus dangereux. minerai concassé, la solution dissout l'or et

l'argent contenus dans la roche. La solutionUne nouvelle loi sur les investissements, est ensuite recueillie et traitée pour récupéreradoptée en 1990, a instauré une garantie des l'or et l'argent. En 1982-1983, la société a

RÉSULTATS SUR LE TERRAIN

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achevé la prospection de la zone et construit En 1991, le Conseil d'administration de la SFIune usine pilote de lixiviation en tas. Au cours a approuvé un financement de 40 millions dedes quatre années suivantes, le centre de trai- dollars comprenant un prêt A3 de 35 millionstement existant a été perfectionné constam- de dollars et un prêt convertible de 5 millionsment et une nouvelle usine a été construite de dollars. La Overseas Private Investmentdans la région. La capacité de traitement est Corporation (OPIC) et la Corporaciôn Andinapassée de 400 à 4 000 tonnes par jour, la pro- de Fomento (CAF) ont aussi assuré respecti-duction d'or passant de 5 176 onces2 en 1984- vement des financements de 40 millions de1985 à 26 470 onces en 1986-1987. dollars et de 15 millions de dollars sous la

forme de prêts de premier rang. L'approbationL'extraction et le traitement du minerai sulfuré du Conseil pour Inti Raymi prévoyait la possi-réfractaire (qui se trouve en dessous du mine- bilité de syndiquer jusqu'à 15 millions de dol-rai oxydé) à Kori Kollo nécessitaient des lars en agissant au mieux. Sur les trois grandesmoyens en capital et en technologie moderne banques étrangères pressenties, aucune n'adépassant ceux dont la société pouvait dispo- finalement accepté de participer au projet. Laser. Inti Raymi en a pris conscience et a cher- SFI a donc décidé de prendre à son compteché à créer un partenariat avec Battle propre la totalité des 35 millions de dollarsMountain Gold, société minière américaine sous la forme d'un prêt A. 3bien connue. En 1989, Battle Mountain Gold apris une participation de 33 % dans Inti Raymi, Comme les impôts et droits ont été moindresapportant des capitaux et des technologies que prévu sur les biens d'équipement et quenouvelles. Sa part a été portée à 51 % en 1990 les aléas avaient été estimés très prudemment,et, à la fin 1995, Battle Mountain Gold avait les coûts du projet ont été inférieurs de 18investi un total de 41,1 millions de dollars en millions de dollars aux projections de la SFI.capitaux et 9 millions de ses actions ordinaires En définitive, le projet a coûté au total (inves-(d'une valeur d'environ 76,3 millions de dol- tissements à fonds perdus compris) 146 mil-lars) pour acquérir une participation de 88 % lions de dollars. Des prêts subordonnésdes fonds propres d'Inti Raymi. Des Boliviens consentis par les promoteurs, pour un mon-détiennent les 12 % restants. Avec la participa- tant de 36,2 millions de dollars, et 7,8 millionstion de Battle Mountain Gold, Inti Raymi est de dollars de ressources de trésorerie internedevenue la première grande entreprise d'ex- ont complété le financement du projet.traction de l'or en Bolivie contrôlée en majori-té par des intérêts étrangers. MOBILISATION DE CAPITAUX

La lixiviation en tas du minerai oxydé a conti- La Bolivie a un long passé d'instabilité poli-nué à produire de modestes quantités d'or tique et d'intervention des pouvoirs publics(172 552 onces en 1988-1991), tandis que les dans le secteur minier. Étant la plus grandeactivités de prospection se poursuivaient pour entreprise minière étrangère du pays, avecmettre en valeur les réserves de minerai sul- une proportion considérable de ses réservesfuré présentes à une plus grande profondeur. et de sa production venant de la mine de KoriD'après une étude de faisabilité sur le projet Kollo, Battle Mountain Gold a sollicité l'inter-d'exploitation des sulfures de Kori Kollo, il vention de la SFI. À l'époque, à cause defaudrait investir 164 millions de dollars pour l'image d'instabilité économique qui était cou-exploiter les gisements et construire une usine ramment associée à la Bolivie, Inti Raymi avaitde traitement par lixiviation avec addition de du mal, en tant qu'investisseur pionnier danscarbone et l'infrastructure d'accompagnement. le secteur minier bolivien, à mobiliser desDans l'incapacité de trouver des financements financements à long terme assortis des condi-à long terme en Bolivie, et poussée notam- tions du marché4 . Le fait que la SFI n'ait pasment par l'importance du risque politique, la réussi à syndiquer une partie du financementsociété a demandé à la SFI de l'aider à réali- est, du reste, révélateur de l'attitude des mar-ser le montage financier du projet. chés financiers internationaux à l'égard des

investissements en Bolivie au début des

BOLIVIE: EXTRACTION DE L'OR

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années 90. La situation est différente aujour- Les installations du projet ont été achevées end'hui car le succès d'Inti Raymi facilite la janvier 1993 et ont commencé à être exploi-mobilisation des ressources pour les entre- tées à pleine capacité en février, soit deuxprises minières du pays. C'est ainsi qu'à la fin mois et demi avant la date prévue. En 1993,de 1995, la SFI est parvenue à syndiquer un première année de production, 208 538 oncesprêt B de 5 millions de dollars5 destiné à d'or ont été extraites, soit presque autant queComsur, compagnie minière bolivienne pri- la production totale depuis la fondation d'Intivée. Sans la participation financière de la SFI, Raymi en 1982. Depuis lors, la productionle projet aurait, sans aucun doute, subi un annuelle d'or dépasse les 300 000 onces.long retard.

La figure 1.1, qui indique la production d'orDESCRIPTION ET totale d'Inti Raymi jusqu'à la fin de 1996, faitDÉROULEMENT DU PROJET apparaître une forte hausse de la production

d'or après le démarrage du projet en 1986.En 1992, l'exploitation du minerai oxydé tou- Quand les réserves d'or de la mine serontchait à sa fin et la construction de la nouvelle épuisées (dans six ans environ), quelque 4,0usine et de l'infrastructure d'accompagnement millions d'onces d'or auront été produites. La

4 a commencé. Le projet comportait l'extension prospection en cours dans la zone autour dede la mine à ciel ouvert pour extraire le mine- la mine indique que d'autres gisements d'orrai sulfuré exploitable; la construction d'une pourraient se prêter à l'exploitation.nouvelle usine de traitement selon le procédéd'adsorption par le charbon actif d'une capaci- Inti Raymi est une réussite financière: le tauxté quotidienne de 14 000 tonnes des installa- de rentabilité financière du projet, après impôts,tions d'électro-extraction, avec l'équipement est estimé à 21 % 6 Le taux de rentabilité éco-nécessaire pour produire les barres de doré nomique (25 %) est, lui aussi, considérable.(mélange non raffiné d'or et d'argent); l'amé-nagement de la décharge de déchets ; la LE PRODUIT ET LE MARCHÉconstruction d'un bassin de retenue des rési-dus; un programme de dénoyage. Une digue Le doré d'or et d'argent d'Inti Raymi est expor-de protection contre les crues de la rivière té en totalité vers l'Europe. La société a desDesaguadero à la saison des pluies a été contrats de vente de doré à trois raffineriesconstruite pour protéger la mine et les autres différentes. Comme le prix de la plupart desinstallations. Des équipements pour l'eau, le autres matières premières, celui de l'or a étégaz et l'électricité ont également été construits, extrêmement instable ces dix dernièresde même que des installations auxiliaires années. Depuis le lancement du projet encomme des ateliers et des logements. 1993, le prix de l'or a fluctué entre un maxi-

mum de 405 dollars l'once en 1996 et un mini-Figure 1.1 Production d'or d'Inti Raymi. 1986-1996 mum de 283 dollars atteint en 1997.

(milliers d'onces)OUNCES La figure 1.2 illustre l'évolution du prix de l'or450

Sulfure, absorption par charbon actvé depuis l'entrée en activité de l'entreprise en1982. Selon les estimations, un mouvement du

350 prix de l'or de 10 % fait varier le taux de ren-300 r t tabilité financière du projet d'environ 2 points250 M M - de pourcentage sur l'ensemble de la durée de200 _ l'opération.

150 Oxside, lxWiationen tas - L'instabilité du cours de l'or peut avoir des10o I - conséquences radicales pour les recettes des50 ____*_*___ventes et les bénéfices de la société. Les

- |UI. * ** * * | ventes à terme et les autres techniques de1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 couverture peuvent certes atténuer l'instabilité

RÉSULTATS SUR LE TERRAIN

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Figure 1.2 Prix de l'or, 1982-97 (dollars E.U. l'once) les six premiers bacs pour extraire l'or et l'ar-DOELAt gent du minerai. Dans les six bacs suivants, dusoo charbon actif est ajouté pour capturer l'or et

Démarrae l'argent. Au bout de 24 heures, le carbone char-450 du Ra)et gé est transféré dans un bain d'acide pour éli-

nminer toutes les impuretés. L'or et l'argent sontlw ̂ 11 1lt ^récupérés par électro-extraction, puis fondus

pour obtenir le doré, qui est le produit final.Enfin, les déchets et les résidus de cyanure sont

350 détoxiqués et envoyés à la décharge.

300 } L'usine traite plus de 18 000 tonnes de mineraipar jour et récupère quotidiennement jusqu'à

________________________ _________ 29 kg d'or et 85 kg d'argent. L'optimisation du1982 94 1986 19 l9 1992 14 1996 procédé d'adsorption par le charbon actif à

Inti Raymi a permis d'atteindre un ratio demais elles peuvent aussi empêcher la société récupération de l'or d'environ 70 %.de tirer pleinement parti des hausses du prix 5de l'or. La stratégie de couverture de l'entre- IMPACT SURprise cherche donc à garantir les flux de tré- LE DÉVELOPPEMENTsorerie futurs pour couvrir les frais d'exploita-tion courants, le service de la dette et les Principale entreprise de la région, Inti Raymi abesoins de dépenses de capital fixe, et assure eu un impact considérable sur le développe-une protection contre les fortes baisses du ment à l'échelon local et régional.prix de l'or. Actuellement, Inti Raymi vend à L'infrastructure locale s'est améliorée et la pré-terme environ 35 % de sa production. Les sence de la société a contribué à une éléva-décisions de couverture à prendre dans l'ave- tion du niveau de vie de la population vivantnir dépendront de l'état du marché de l'or et à proximité de la mine. Au plan national,de la façon dont la direction évaluera le risque grâce à sa parfaite réussite financière, la socié-lié au prix de l'or. té a démontré l'efficacité de l'investissement

privé et étranger direct pour développer unLE P ROC E S S U S secteur essentiel de l'économie bolivienne.MÉTALLURGIQUE

Création d'emploisBien qu'elle soit nouvelle en Bolivie, la tech- Avec un effectif de 627 salariés, Inti Raymi estnique introduite par Battle Mountain Gold le principal employeur de la région. La plu-avait déjà fait ses preuves. Le minerai est part des salariés sont employés directementextrait d'une mine à ciel ouvert classique à par Inti Raymi (396 personnes). La filiale de lal'aide de foreuses, d'explosifs, d'engins de société pour l'exploitation du matériel lourd,levage et de camions. Transporté par camion l'entretien et le transport (Sermat) et sa filialejusqu'à un concasseur, le minerai est broyé, chargée de la prospection (Comba) emploientpuis déversé par tapis roulant sur un tas de respectivement 187 et 44 personnes. La fusionstockage en vrac. Le minerai concassé stocké de ces deux filiales avec la société mère est enen tas permettra à l'usine de continuer à fonc- projet. Par catégorie professionnelle, le per-tionner en cas d'interruption des opérations sonnel d'Inti Raymi se compose de 66d'extraction. cadres/techniciens, 36 employés de bureau et

294 travailleurs manuels. Seuls 2 salariés sontDepuis le tas de stockage, le minerai est des expatriés.convoyé vers des broyeurs où il est pulvériséen poudre fine, émulsionné à l'eau, puis Depuis l'achèvement de la construction de l'usi-pompé vers douze bacs de lixiviation de 16,5 ne d'adsorption par le charbon actif, Inti Raymimètres de haut. Du cyanure est introduit dans a pour pratique de ne faire appel qu'à des

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entreprises locales pour ses travaux de génie Santé et sécuritécivil. L'entreprise utilise également les services L'infirmerie de l'entreprise, installée sur le lieude 20 sous-traitants qui emploient environ 500 de la mine, est ouverte à tous les salariés etpersonnes pour les travaux de génie civil et aux membres de leur famille. Outre les soinspour les opérations de dynamitage. dispensés pour les accidents du travail, les

services de santé de la société encouragent lesLe taux de rotation du personnel est excep- soins préventifs. Tous les salariés passent unetionnellement bas. Étant donné la propension visite médicale annuelle et des examens spé-traditionnelle des syndicats boliviens à la ciaux ont lieu pour les travailleurs exposés àgrève, il est également significatif que le per- des risques tels que ceux qui sont associés ausonnel, fortement syndiqué, ne se soit jamais plomb et à la poussière.mis en grève.

À l'intention des familles du personnel, laComme il est fréquent en Amérique latine, les société offre des cours d'hygiène et d'éduca-salariés d'Inti Raymi perçoivent 14 mois de tion sanitaire, par exemple pour améliorer lasalaire par an, dont un mois de prime de Noël manipulation des aliments et la nutrition, etet un mois de prime annuelle. Ils ont aussi droit pour apprendre à donner les premiers secours

6 à quatre semaines de congés payés par an. aux blessés (elle distribue des trousses de pre-miers secours au personnel et aux commu-

Inti Raymi a 31 tranches de salaire différentes nautés voisines). Les deux ambulances de l'en-pour ses salariés, la fourchette allant de 268 treprise sont mises à la disposition de la popu-dollars à 776 dollars par mois. Le salaire lation locale pour transporter les patients à l'in-moyen payé par la société est d'environ 700 firmerie ou à l'hôpital d'Oruro. Le programmedollars par mois daris un pays où le salaire de vaccination de l'entreprise est ouvert égale-mensuel moyen dans l'industrie est de 400 ment à la population locale et la société testedollars et où le produit intérieur brut par habi- régulièrement la qualité de l'eau de boissontant n'est que de 78 dollars par mois. Au cours locale. Dans un pays où le taux de mortalitédes cinq dernières années, la rémunération infantile est élevé, l'entreprise assure des soinsréelle des salariés de la société a augmenté prénataux et néonataux aux épouses des sala-d'environ 30 %, mais il est peu probable que riés et aux femmes de la communauté localecette tendance soit durable vu la chute du prix (par l'intermédiaire de la fondation de la socié-de l'or et les mesures de compression des té, décrite plus loin). Ce programme est à l'ori-coûts décidées par l'entreprise. Au total, les gine d'une nette diminution des naissancessalaires et avantages du personnel ne repré- d'enfants mort-nés, qui sont maintenant trèssentent qu'environ 13 % du total des frais de rares. L'entreprise a observé que l'augmenta-fonctionnement de l'entreprise. tion du taux de survie a fait baisser le taux de

natalité parmi la population qu'elle emploie.Outre leur traitement, les salariés d'Inti Raymibénéficient de nombreux avantages, dont une Le dispensaire de l'entreprise surveille les condi-prime de 10 dollars pour leur consommation tions de sécurité dans la mine. Les travailleursdomestique d'électricité, une prime de loge- doivent porter du matériel de protection et res-ment de 20 dollars, un casse-croûte au cours pecter les règles de sécurité. Grâce à l'adoptionde la journée de travail et un panier alimen- du Programme de fomation à la sécurité conçutaire d'une valeur de 500 dollars par an. À par Dupont, pour enseigner les techniques deNoël, la société offre des cadeaux aux contrôle de la sécurité, renforcer les pratiquesmembres du personnel et à leur famille. assurant la sécurité du travail et modifier lesL'impact économique direct de la mine, mesu- comportements et les situations nuisibles à laré par les salaires et avantages reçus par le sécurité, la mine peut se targuer de conditionspersonnel, représente 5,2 millions de dollars de sécurité remarquables. Elle a reçu de nom-par an pour Inti Raymi, 2,4 millions de dollars breuses distinctions, notamment pour n'avoirpour la société Sermat et 600 000 dollars pour eu pendant une année entière aucun accidentla société Comba. n'entraînant de perte de temps de travail.

RÉSULTATS SUR LE TERRAIN

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Activités de formation sorption par charbon activé, les corpsDu point de vue technique, le personnel de broyants (7 millions de dollars) en provenan-l'entreprise a un bon niveau de qualification ce des États-Unis et du Pérou, pour la pulvé-et d'expérience, et les cadres sont, pour la risation du minerai, le gazole (4,6 millions deplupart, diplômés de l'université. La société dollars) et les pièces détachées (2,9 millionsoffre de nombreuses possibilités de formation de dollars) pour les engins des marquesà son personnel d'encadrement. Parmi les Caterpillar et Komatsu qui appartiennent à lacadres, neuf sur dix ont reçu une formation à société. La Bolivie est un pays enclavé et Intila gestion et presque tous ont suivi les cours Raymi fait appel à des transporteurs locauxd'anglais et d'informatique offerts par l'entre- pour acheminer ces produits importés depuisprise. Une formation technique est dispensée les ports chiliens jusqu'à la mine (à un coûtsur place à la mine et l'entreprise prend en moyen d'environ 60 dollars la tonne).charge les frais d'études du troisième cycle àl'Université d'Oruro dans des domaines Sur les 18 millions de dollars dépenséscomme la gestion des mines, la métallurgie et annuellement pour les fournitures et servicesl'environnement. acquis sur place, 6,9 millions de dollars cor-

respondent aux achats d'électricité fournie parInti Raymi offre à son personnel une forma- une centrale électrique privée installée dans lation et un enseignement de rattrapage et de ville d'Oruro. (Les activités à forte intensiténiveau intermédiaire pour l'aider à élever son d'énergie d'Inti Raymi font en fait de l'entre-niveau d'instruction. L'organisme privé prise le principal consommateur d'électricitéInfocal, qui a pour mission de promouvoir d'Oruro.) Le marché intérieur fournit aussil'éducation des adultes, fournit les moyens pour 1,4 million de dollars de chaux. Dans lad'enseignement et les enseignants, et Inti région d'Oruro, la société achète pour 1,2 mil-Raymi finance les cours. Seuls ceux qui le lion de dollars de produits alimentaires, dedésirent suivent ces cours donnés sur place, matériaux de construction et d'articles diversen dehors des heures de travail. Jusqu'à pré- qui vont des souliers et uniformes de travailsent, quelque 120 salariés ont décidé de les aux fournitures de bureau.suivre. L'entreprise propose également uneformation spécifique pour améliorer les Seuls 294 salariés de la mine vivent à proxi-connaissances techniques et les compétences mité de l'exploitation; la plupart des autresde ses salariés, ainsi qu'une formation spécia- font le trajet depuis Oruro (à une quarantainele à tous les aspects de l'activité minière, y de kilomètres), tandis qu'une partie du per-compris l'entretien, la protection de l'environ- sonnel technique et d'encadrement vient denement et le contrôle de la qualité. La Paz et de Cochabamba. Les services de

transport locaux se sont considérablementRelations interindustrielles développés. Environ 25 travailleurs locaux ontLes activités d'extraction minière et d'adsorp- trouvé des emplois nouveaux pour le trans-tion par charbon activé utilisent de nombreux port des salariés de leur domicile à la mine.produits intermédiaires et moyens d'équipe-ment qui ne sont pas fabriqués sur le marché Les salaires élevés payés à la mine ont aussiintérieur. La société s'efforce d'acheter le plus permis d'améliorer le bien-être des communau-possible sur place mais doit néanmoins tés dans lesquelles les travailleurs vivent etimporter près de 70 % de ses facteurs de pro- achètent des biens et services. La société estimeduction (42 millions de dollars). Les États-Unis qu'une cinquantaine d'entreprises indépen-fournissent environ 90 % de ces importations, dantes vivent de la prospérité créée par la mine.le reste provenant surtout du Chili, du Pérou, Les membres du personnel de la société et leursde Sri Lanka, d'Australie et d'Afrique du Sud. familles créent eux-mêmes de petites entre-

prises et achètent des taxis, des minibus et desLes principales importations sont le cyanure camions de transport des déchets. L'immobilierde sodium (19 millions de dollars) en prove- à Oruro et les terrains à La Paz ont la faveur desnance des États-Unis, pour le processus d'ad- salariés de la mine désirant faire un placement.

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Comme la totalité de l'or et de l'argent est été en moyenne de 110 et de 25 millions deexportée, les activités de la mine créent peu dollars respectivement. La légèreté relative dede retombées en aval dans le pays. Le trans- la charge fiscale est à l'origine d'un débatport de l'or de la mine à La Paz pour son animé en Bolivie, mais le fait est que la socié-expédition à l'étranger (à un coût moyen de té est soumise au même régime fiscal que0,38 dollar par once de doré) constitue le toute autre entreprise minière dans le pays.principal effet d'entraînement de ces activités. Les paiements d'impôts d'Inti Raymi représen-

tent 50 % des recettes provenant de l'en-Recettes fiscales semble du secteur minier bolivien. À mesureInti Raymi est une importante source de que la décentralisation fiscale progresse enrecettes fiscales à l'échelon aussi bien local Bolivie, les collectivités territoriales perçoiventque national. une plus grande part de ces recettes. Les divi-

dendes versés à Battle Mountain Gold sontAvec la contribution d'Inti Raymi, les autorités soumis à une taxe à la source de 12,5 %. Suront adopté un nouveau code minier au début les 15 millions de dividendes de Battlede 1997. Ce nouveau code a éliminé les dis- Mountain Gold pour 1996, la taxe de transfertpositions relatives au maintien des droits s'est élevée à 2 millions de dollars.

8 acquis en matière de paiement de l'impôt surles bénéfices pour les sociétés minières, Les revenus des salariés sont soumis à l'impôtdatant d'avant 1992. Toutes les sociétés sont sur le revenu des personnes physiques.aujourd'hui soumises, d'une part, à un impôt Compte tenu d'un taux de prélèvement de 13de 25 % sur les bénéfices des sociétés et, %, le personnel d'Inti Raymi paie chaque annéed'autre part, à une redevance modulée sur les environ 1,4 million de dollars d'impôt sur leventes d'or. La redevance, ou impôt complé- revenu des personnes physiques. Les salariésmentaire sur l'exploitation minière, variera paient aussi la taxe à la valeur ajoutée de 13 %entre 3,5 % et 7 %, sur la base des cours sur sur leurs achats personnels et domestiques.le marché international du métal. Selon lesestimations d'Inti Raymi, sa charge fiscale aug- Contribution à l'infrastructurementera si le prix de l'or dépasse 380 dollars L'expansion de la mine a conduit à déplacerl'once et diminuera s'il tombe en deçà. En le village de Chuquifia, réimplanté à environ 11997, le prix moyen de l'or a été inférieur à kilomètre à l'ouest de son site d'origine. Avant350 dollars l'once. l'entrée en activité d'Inti Raymi, le village était

très peu peuplé, d'après les chiffres du recen-La législation fiscale bolivienne autorise les sement officiel de 1970. Au recensement deexportateurs à récupérer les droits d'importa- 1992, il comptait 30 familles. Quand la socié-tion acquittés sur les facteurs de production té a annoncé qu'elle prévoyait de financer lautilisés dans la transformation ou la fabrica- construction d'un nouveau village, plus d'unetion des produits exportés, de même que les centaine de familles ont revendiqué un droittaxes à la valeur ajoutée acquittées à chaque de résidence. Leurs droits ont été reconnus et,stade de la production. Comme Inti Raymi en coopération étroite avec les habitants, Intiexporte la totalité de sa production et impor- Raymi a financé la construction du nouveaute une large part de ses facteurs, elle a pu village de Chuquifna, à un coût d'environ 1,2récupérer la totalité de ses paiements de taxes million de dollars.à la valeur ajoutée et de droits d'importation(plus de 67 millions de dollars sur la période Le nouveau village constitue un net progrès1993-1996). par rapport à l'ancien. Les 120 maisons nou-

velles ont toutes été équipées de l'électricité,Nets des remboursements de taxe à la valeur de l'eau potable et du tout-à-l'égout. Une nou-ajoutée et de droits d'importation, les paie- velle école a été construite, de même qu'unements d'impôt de la société ont représenté en église, un dispensaire, un bâtiment pour lesmoyenne quelque 4 millions de dollars par services municipaux et un local pour le syndi-an. Les recettes brutes et le bénéfice net ont cat des travailleurs. La société s'est engagée

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également à entretenir l'ancienne église et son comme ailleurs. De 30 % à 50 % des eauxcimetière dans le vieux village de Chuquifia. usées sont rejetées dans les rivières et polluent

les eaux et les sols si elles ne sont pas géréesLa ville voisine de La Joya, où vivent un grand correctement. De plus, l'exploitation à cielnombre des salariés de la mine, a profité éga- ouvert défigure le paysage si rien n'est prévu àlement de l'ouverture de la mine. Aux frais de l'avance pour remettre le site en état. Du pointla société, la ville a été alimentée en électrici- de vue écologique, l'arrivée de sociétésté et c'est toujours la société qui paie ses fac- minières étrangères expérimentées, qui onttures d'électricité. Avec l'aide financière d'Inti des connaissances à jour et qui appliquent desRaymi, l'église de la ville, datant de l'époque normes strictes dans les domaines technique etcoloniale, le centre commerçant et la grande écologique, est une bonne chose. Dès leplace ont été restaurés. début, Inti Raymi a été particulièrement sou-

cieuse de protéger l'environnement.Le réseau routier bolivien est rudimentaire:4,4 % seulement des routes sont revêtues. Extrayant et traitant chaque jour plus de 18Pour faciliter les activités de la mine, la socié- 000 tonnes de minerai, plus des quantités sub-té a construit une route en terre de 42 km, de stantielles de déblais, Inti Raymi produit unla mine à la ville d'Oruro. Elle a également volume considérable de déchets solides et 9renforcé la route en terre de 230 km entre la liquides. Les déblais qui n'ont pas été enmine et la frontière chilienne (depuis lors, les contact avec les réactifs chimiques sont dépo-pouvoirs publics ont construit une route revê- sés dans des terrils de 30 mètres de haut.tue jusqu'à la frontière). En dehors des routes, Lorsque l'exploitation minière cessera, cesla société a construit une ligne électrique de décharges occuperont une superficie de 2055 km, de la ville d'Oruro à la mine, un pipe- kilomètres carrés. Leur aménagement a déjàline pour le gaz naturel de 39 km et une piste commencé. Comme le terrain reviendra à sesd'atterrissage de 3 300 mètres. La société par- propriétaires d'origine et à sa destination ini-ticipe à la construction et à l'entretien tiale, le pacage, Inti Raymi expérimente l'utili-d'écoles, de postes de santé, de terrains de sation de variétés végétales importées quisport et d'autres équipements collectifs dans résistent à la sécheresse, à la haute altitude, àtoute la région. la forte salinité du sol et au gel fréquent dans

la région. Les plantes mises à l'essai sont aussiTransfert de technologie une meilleure source alimentaire que lesLa mine de Kori Kollo est la première mine à plantes autochtones pour les moutons locaux.ciel ouvert de Bolivie. La méthode de l'adsorp-tion par charbon activé, la technique d'électro- Les matériaux déchargés dans les bacs deextraction et la surveillance de l'environnement récupération après l'extraction de l'or et deintroduits par Battle Mountain Gold sont nou- l'argent par adsorption par charbon activéveaux en Bolivie mais correspondent à des produisent aussi d'importants volumes detechnologies déjà bien éprouvées. Alors que la déchets solides. Le bassin circulaire de récu-plupart des mines du pays ont des coûts de pération de la mine, d'un diamètre de 2 500production élevés et une faible productivité, mètres, occupe environ 4,9 kilomètres carrés.extrayant moins de 1.000 tonnes de minerai par Pour éviter les fuites, il est revêtu d'unejour, Inti Raymi extrait quotidiennement 18.000 couche de 30 cm d'argile étanche. L'eau trai-tonnes de minerai. Ses coûts sont en moyenne tée stockée dans cette décharge s'évaporede 150 dollars à 200 dollars l'once et la société continuellement et les rayons ultravioletsgère ainsi l'une des exploitations minières les détruisent les restes de cyanure.plus rentables au monde.

Peu après l'entrée en exploitation de la mine,Limitation des dommages causés des concentrations de cyanure plus fortes queà l'environnement prévu ont été découvertes dans le bassin deOù que ce soit, l'exploitation minière perturbe récupération. Celui-ci n'est pas directementl'environnement naturel et humain, en Bolivie accessible à la faune terrestre: il est entouré

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d'un mur de ceinture et d'une clôture, et des dollars pour des programmes régionaux,canons à air comprimé, disposés tout autour, mobilisant souvent des ressources supplémen-tirent à intervalle régulier pour éloigner les taires par la méthode du cofinancement.oiseaux. Malgré ces précautions, on a craintque le niveau de cyanure ne crée une mena- Comme les responsables de la fondationce pour la faune locale. À titre de précaution savent bien que l'aide financière d'Inti Raymisupplémentaire, Inti Raymi a installé un systè- ne durera pas éternellement, depuis 1996,me INCO de destruction du cyanure par la tous les programmes ont une durée maximaleméthode dioxyde de soufre-air, d'un coût de de cinq ans. Au bout de cinq ans, leur gestion6,3 millions de dollars, afin de faire baisser sera confiée aux autorités locales. Au fur et àdavantage la teneur en cyanure des eaux reje- mesure que la décentralisation fiscale pro-tées. Quand la mine fermera, la décharge sera gressera, les collectivités territoriales devraientrecouverte d'une couche de résidus rocheux disposer des recettes fiscales nécessaires pournon traités et sera réaménagée. se substituer à la fondation.

Autour de la mine de Kori Kollo, la nappe Les activités de la fondation sont concentréesphréatique n'est qu'à 2 mètres de profondeur. sur trois grands domaines: les soins de santé,

10 Des puits permettent de pomper les eaux d'in- l'éducation rurale et la formation.filtration vers des bassins d'évaporation pourque le minerai puisse être extrait. Quand l'ex- Soins de santé. Utilisant les installations duploitation de la mine cessera, le site à ciel dispensaire de Chuquina financé par la société,ouvert, qui pourrait avoir une profondeur de la fondation dispense des soins de santé pri-250 mètres, sera rempli naturellement par maires à la population locale. Ce programmel'eau souterraine et formera un lac. vise principalement à abaisser les taux de mor-

bidité et de mortalité maternelles et infantiles,Le réaménagement de la zone d'exploitation élevés dans la région. La fondation paie leset des bassins de récupération demandera salaires du personnel du dispensaire, soit deuxenviron deux ans et emploiera une centaine médecins, deux infirmières/infirmiers et unde salariés, d'après les calculs de la société qui dentiste. Les indicateurs sociaux comme ledépense déjà quelque 2 millions de dollars poids à la naissance et la nutrition indiquentpar an pour la remise en état et les préparatifs que les communautés locales sont déjà en pro-du réaménagement futur. grès par rapport aux autres communautés rurales.

Création d'une fondation au service Pour améliorer la qualité de l'eau dans lades communautés région, la fondation participe à l'extension duL'un des aspects originaux du projet a été la réseau d'approvisionnement en eau pour lescréation, en 1991, de la fondation Inti Raymi, communautés locales. Les résidents de laorganisme privé à but non lucratif qui finance région sont également formés à l'exploitationdes programmes sociaux au profit des 1.132 et à l'entretien des équipements.famnilles vivant dans les 25 communautés ins-tallées aux alentours de la mine de Kori Kollo. Éducation rurale. La fondation s'emploieLes bureaux de la fondation et son centre d'ar- activement à améliorer la qualité de l'ensei-tisanat sont situés dans le nouveau village de gnement dispensé dans les 18 écoles ruralesChuquifia. La fondation est gérée indépen- des environs (1 394 élèves et 87 enseignants).damment d'Inti Raymi. Elle a son propre En collaboration avec un organisme publicconseil d'administration et emploie actuelle- (FIS), la fondation a financé la construction dement 58 salariés à plein temps. Elle accepte les dix écoles nouvelles et participe à l'entretiendonations d'origine interne et extérieure mais et à la rénovation des écoles existantes.son financement est principalement assuré pardes subventions annuelles d'environ 840 000 Pour aider les communautés à attirer et à fixerdollars versées par Inti Raymi. Jusqu'à présent, des enseignants qualifiés dans les écoles relati-la fondation a dépensé près de 4 millions de vement isolées, la fondation verse une prime

RÉSULTATS SUR LE TERRAIN

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aux enseignants, en sus de leur traitement offi- ratif local a été créé et les améliorations appor-ciel. Malgré cette aide, le niveau des enseignants tées au traitement et à la commercialisation deslaisse à désirer. En leur offrant une formation et moutons locaux ont permis aux éleveurs d'aug-des cours d'orientation, la fondation cherche à menter la valeur ajoutée de leurs produits. Lesaméliorer leurs compétences et leurs services. activités de la fondation sont ouvertes de la

même manière aux agriculteurs et éleveursLe programme de petits déjeuners et de déjeu- locaux et aux personnes vivant en dehors desners scolaires est, lui aussi, un important élé- 25 communautés rurales environnantes.ment du programme d'éducation rurale de lafondation. Cette aide alimentaire cherche à amé- Le projet d'artisanat donne aux femmesliorer les résultats des élèves des écoles locales. locales la possibilité de travailler et d'augmen-

ter leurs revenus. À partir de modèles impor-Dans la ville d'Oruro, le Centre polyvalent tés, les deux ateliers d'artisanat financés par lad'éducation et de services interculturels fondation tissent à la main des châles, des(Cemei) de la fondation met à la disposition écharpes et des couvertures en alpaga dedes enfants une bibliothèque, un ordinateur, haute qualité. La plupart de leurs produitsdes installations sportives et d'autres res- sont écoulés sur le marché intérieur, mais lessources. Employant 20 professionnels, le ateliers envisagent aussi des débouchéscentre offre des cours de rattrapage et d'autres importants sur les marchés internationaux,activités pour développer les talents des particulièrement en Allemagne.élèves dans les domaines des arts, de l'artisa-nat et du sport. Les enseignants locaux peu- Aide de bon voisinagevent suivre des cours sur l'organisation de la Outre le financement des activités de laclasse, les activités interculturelles, l'égalité Fondation Inti Raymi, la société elle-mêmeentre les sexes et l'environnement. dispose d'un budg et annuel d'environ 230

000 dollars pour financer des projets d'origineFormation. Consciente du fait que le déve- communautaire. Chaque vendredi, le direc-loppement durable dépend d'activités écono- teur technique de la mine rencontre lesmiques qui iront au-delà de la période d'ex- membres de la communauté qui recherchentploitation de la mine de Kori Kollo, la fonda- une aide. Leurs demandes portent générale-tion a plusieurs projets en cours pour dévelop- ment sur de petites sommes d'argent, parper l'économie locale. Comme la plupart des exemple pour financer des fêtes rurales, lescommunautés voisines tirent leurs moyens équipes de football, les championnats et lesd'existence de l'élevage des moutons et de trophées, pour restaurer des églises locales oul'agriculture de subsistance, la fondation des équipements collectifs ou pour achetercherche avant tout à procurer une assistance des fournitures scolaires. La direction de latechnique et une formation par l'intermédiaire mine voit dans cette activité une occasionde son projet pour l'agriculture et l'élevage. supplémentaire d'exercer ses responsabilitésDans le cadre de ce projet, un abattoir coopé- sociales de membre de la communauté.

* NOTES

1. u Constitution bolivienne interdit la privatisation pure et simple de ces actifs.2. Une once = 28,349 grammes.3. Un accord de prêt unique entre la SFI et l'emprunteur fixe normalement le montant total du financement devant être

fourni par la SFI et les institutions participantes. Un prêt typique de la SFI comprend deux volets: le prêt A, qui cor-respond à la part de la SFI, financée par les ressources propres de la SFI et soumise à ses conditions de prêt conve-nues, et le prêt B, qui est financé par les participants à des conditions qui peuvent différer de celles de la SFI.

4. Au début de 1990, Institutional Investor ne donnait à la Bolivie qu'une note de 10 sur 100, la plaçant parmi les paysà plus haut risque.

5. Voir la note 3 ci-dessus.6. Si d'autres réserves ne sont pas trouvées, le paiement initial élevé fait par Battle Mountain Gold, principalement à des

investisseurs boliviens pour acquérir ses parts de la société, n'assurera qu'un rendement relativement faible sur l'in-vestissement réalisé.

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Il n'est pas facile d'affronter la concurrence

internationale pour une entreprise opérant

une économie où le secteur manufacturier estpetit et a gardé son caractère traditionnel. Etpourtant, c'est ce qu'a réussi à faire AI Hikma,en Jordanie. Exportant aujourd'hui près de 70% de sa production, cette entreprise produit

des médicaments de haute qualité qui sont àla portée d'une grande partie de la popula-

tion jordanienne. L'assistance technique de laSFI a été aussi importante que ses investisse-ments financiers pour aider la société à se2 positionner sur le marché mondial.

YANNIS KARMOKOLIAS12

JORDANIE: PRODUCTIONDE MEDICAMENTS,AL HIKMA PHARMACEUTICALS

AI Hikma, l'un des premiers laboratoires phar- concurrentielle en Jordanie et sur les marchésmaceutiques de Jordanie, est une entreprise de régionaux voisins. Ils l'ont aidée également àhaute technologie dans un pays où le secteur obtenir l'agrément de la Food and Drugmanufacturier est petit et a gardé son caractè- Administration (FDA) des États-Unis, nécessai-re traditionnel. Sa réussite a montré que la re pour exporter vers ce pays, ce qui est unJordanie est un marché où les entreprises succès de taille pour une société de produitsmodernes peuvent prospérer et elle a servi de pharmaceutiques d'un petit pays en dévelop-modèle à d'autres entrepreneurs jordaniens pement. Malgré des résultats financiersqui souhaitaient eux aussi être capables d'af- inégaux, le bilan de l'intervention de la SFI estfronter la concurrence internationale. globalement positif et démontre une nouvelle

fois que des apports modestes de capitauxLa SFI a effectué plusieurs investissements peuvent favoriser l'activité commerciale et ledans la société AI Hikma sur une période d'en- développement.viron sept ans. Ces investissements (prêts etparticipations) ont aidé l'entreprise à se déve- BRÈVE DESCRIPTIONlopper et à se moderniser ainsi qu'à intégrer DU PAYSses activités en Jordanie et à construire des uncentre de production au Portugal. La SFI a La Jordanie est un petit pays du Moyen-fourni un financement à long terme en devises Orient, comptant environ 4 millions d'habi-et une assistance technique qui a aidé l'entre- tants. La population vit en majorité dans lesprise à améliorer ses techniques de produc- villes, principalement à Amman qui regroupetion, et elle lui a permis d'établir des contacts 1,3 million de personnes. La population aug-qui se sont révélés utiles pour obtenir des mente rapidement, de 3,3 % par an en moyen-financements supplémentaires au Portugal. ne ces dix dernières années.

Les fonds et l'assistance technique venus de la L'économie croît à un taux moyen de 7 % parSFI ont aidé AI Hikma à préserver sa position an depuis 1990, grâce au dynamisme du sec-

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teur du bâtiment financé par les envois de tinationale américaine. Lui-même et sa famillefonds des Jordaniens travaillant à l'étranger, à détiennent 40,8 % des actions, le reste étantl'augmentation des exportations agricoles et réparti entre 50 particuliers et la SFI (6,5 %).de produits manufacturés et au développe-ment du tourisme. Dès l'origine, la société s'est fixé comme but

principal de produire des médicaments deLa Jordanie possède peu de ressources natu- haute qualité que la population aurait lesrelles. L'agriculture est concentrée dans la val- moyens d'acheter et pourrait se procurerlée du Jourdain, dans l'ouest du pays, en même en temps de crise. Elle s'est égalementdehors des cultures pluviales pratiquées dans donné pour mission de développer la techno-le nord. Le reste du pays est essentiellement logie arabe dans le domaine des produitsaride. Les richesses minérales comprennent pharmaceutiques.des gisements de potassium et de potasse.

Al Hikma vise un créneau bien défini sur unL'économie est dominée par le secteur des immense marché à fortes marges où prédomi-services mais les activités manufacturières nent les entreprises multinationales et lesprogressent. Le secteur privé est ancien et petits préparateurs de produits tombés dans ledynamique mais beaucoup plus petit que le domaine public. Le pilier du groupe AHI, AI 13secteur public. Le programme de privatisation Hikma Pharmaceuticals (AHP), basé enavance très lentement. Jordanie, fabrique et commercialise un mélan-

ge de produits de marque et de produitsLes liens économiques avec les pays arabes génériques. La plupart sont basés sur desvoisins sont étroits. La plupart des exporta- médicaments bien connus dont le brevet esttions jordaniennes sont destinés à ces pays et expiré, auxquels s'ajoute un nombre croissantde nombreux Jordaniens travaillent dans la de médicaments sous licence. Le groupe com-région du Golfe persique. Leurs envois de prend huit sociétés dont les principales sont,fonds assurent à la Jordanie une part impor- en dehors d'AHP:tante des gains de ses rentrées de devises. Lesrelations économiques avec Israël sont limi- * AI Hikma Chemicals, établi également entées mais, depuis le traité de paix, la Jordanie Jordanie, qui fournit des produits chi-reçoit un nombre croissant de touristes israé- miques à AHPliens attirés par les sites archéologiques et lesstations balnéaires. * AI Hikma Farmaceutica, au Portugal, seul

producteur de céphalosporines injectablesLa lourde dette extérieure grève l'économie. dans le groupe AI Hikma;Des financements concessionnels restent

*West-Ward U.S.A., producteur de produitsnécessaires pour soutenir les efforts de stabili- msation et d'ajustement structurel déployés par * eles pouvoirs publics. * Une coentreprise entre AHI (49 % des

actions) et Ibn AI Baytar (51 % des actions),OBJECTIFS DE LA SOCIETE basée en Tunisie, qui prépare et condition-

ne des produits pharmaceutiques. CetteAI Hikma, fondée en 1979 en tant que société coentreprise importe et distribue égalementprivée par actions, est un groupe pharmaceu- les produits d'AHP provenant de Jordanie.tique jordanien qui comprend AI Hikma Baytar est une société locale de distributionInvestments (AHI) et plusieurs filiales. Son de produits pharmaceutiques dans laquellefondateur, de nationalité jordanienne, avait de la société d'État Pharmacie centrale détientnombreuses années d'expérience internatio- une participation de 10 %.nale dans l'industrie pharmaceutique, ayantnotamment exercé pendant dix ans les fonc- L'expansion des opérations en direction detions de directeur général pour le Moyen- plusieurs autres pays en est toujours au stadeOrient dans une société pharmaceutique mul- des projets.

JORDANIE: PRODUCTION DE MÉDICAMENTS

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Les exportations tiennent une place importan- ce systématiquement et gratuitement les stockste dans les activités de l'entreprise car le mar- de produits périmés détenus par les détaillantsché jordanien est exigu et AHI a pour stratégie en Jordanie.de diversifier sa clientèle. Les exportationsreprésentent en moyenne entre 70 % et 80 % PARTICIPATION DE LA SFIdes ventes, les 20 % à 30 % restants étantabsorbés par le marché local. AI Hikma est La SFI a des relations déjà anciennes avec AIbien placée pour atteindre les grands marchés Hikma et a fait trois investissements distincts.régionaux du Moyen-Orient qui étaient autre-fois le domaine réservé des sociétés multina- En 1987, elle a accordé un prêt de 2,2 millionstionales qui vendent leurs médicaments à des de dollars à AHP pour l'aider à moderniser sesprix supérieurs à ceux d'AI Hikma. Si la installations et à augmenter sa capacité.Jordanie ne représente qu'un marché de 40 Depuis plusieurs années, l'entreprise étaitmillions de dollars, le Moyen-Orient (sans l'É- dans l'impossibilité de satisfaire toutes sesgypte) est un marché de 1,2 milliard de dollars commandes pour les produits qu'elle fabri-et représente environ 3 % des ventes annuelles quait, même en travaillant à pleine capacité.mondiales de produits pharmaceutiques. Elle était aussi handicapée par le montant très

14 élevé du solde débiteur des comptes clientsAHP écoule près de la moitié de sa produc- qui représentait souvent 80 % ou davantagetion dans le cadre d'appels d'offres pour la de ses ventes. Le paiement intégral des ventesfourniture en vrac de volumes élevés de médi- de médicaments, en particulier, pouvaitcaments avec une faible marge, ses principaux prendre jusqu'à deux ans. La société cherchaitacheteurs étant les ministères de la santé des à remédier aux problèmes de liquidité créésdifférents pays. L'autre moitié est vendue sur par cette situation en contractant de coûteuxle marché du commerce de détail à marge éle- emprunts à court terme et en consentant desvée, pour fournir aux pharmacies les médica- remises sur ses créances allant jusqu'à 70 %.ments délivrés sur ordonnance et les produits Ces expédients ne pouvaient apporter qu'unpharmaceutiques en vente libre. bref répit et, en tout état de cause, cette situa-

tion ne pouvait pas durer.Les matières premières sont achetées parappels d'offres sur le marché mondial, sauf Pour atténuer ces difficultés, AHP a décidélorsque des accords de licence obligent à se d'augmenter sa capacité et de fabriquerfournir auprès des donneurs de licences. davantage de produits sous licence. Afin

d'améliorer son statut d'entreprise respectueu-La société a un solide département de se des bonnes pratiques de fabrication, larecherche-développement et s'efforce constam- société a dû séparer la production des anti-ment de mettre au point des produits nou- biotiques de type pénicilline de celle desveaux ou des caractéristiques nouvelles pour autres produits, car il fallait éviter les risquesdes produits établis, par exemple des goûts de contamination croisée. En produisantplus acceptables, des cachets plus petits ou des davantage de médicaments sous licence, laformules plus actives pour réduire le nombre société réduirait sa dépendance à l'égard desde doses à prendre dans un délai donné. Le ventes en vrac et se tournerait davantage verscontrôle de la qualité est très strict. Toutes les les ventes de spécialités aux détaillants, pourprocédures de production et de laboratoire, lesquelles les conditions de paiement sontcodifiées par écrit, sont conformes aux bonnes plus favorables.pratiques de fabrication internationales (GMP)recommandées par l'Organisation mondiale de Le projet de 1987 a coûté un total de 6,6 mil-la santé (OMS), le Ministère de la santé du lions de dollars, financés par autofinancementRoyaume-Uni et la FDA des États-Unis. Ces à hauteur de 2,2 millions de dollars, par unnormes de qualité s'appliquent non seulement prêt de la SFI de 2,2 millions de dollars enaux activités de la société mais aussi après la devises et par un prêt de 2,2 millions de dol-vente des produits puisque l'entreprise rempla- lars en monnaie nationale accordé par

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Industrial Development Bank of Jordan. Le les prévisions d'une demande croissante etprojet a été exécuté dans les délais prévus. d'une concurrence modérée ou inexistante

dans la région se sont avérées exagérémentEn 1990, la SFI a investi de nouveau dans Al optimistes. L'usine n'a toujours pas atteint saHikma pour deux projets distincts: une prise pleine capacité et, pour cette raison, les coûtsde participation de 2 millions de dollars par de production ont été régulièrement plus éle-laquelle la SFI a acquis 6,5 %/o des actions vés que prévu. Ayant cessé toute activité pen-d'AHP (échangées ultérieurement contre des dant l'installation d'une chaîne de productionactions d'AHI) pour aider à financer la qui permettra de traiter de nouveaux produitsconstruction d'un laboratoire de synthèse pour stériles, l'usine devrait être pleinement opéra-les produits pharmaceutiques intermédiaires tionnelle dans le courant de 1998.utilisés par AHP. La SFI a accordé en outre unprêt de 2 millions de dollars pour aider l'en- L'usine installée au Portugal et utilisant destreprise à créer une usine au Portugal. techniques de pointe a elle aussi éprouvé des

difficultés. Elle devait servir de plate-formeL'usine de produits chimiques devait fournir à d'exportation, principalement vers le marchéla société environ 35 % (en valeur) des européen, avec les États-Unis et l'Afrique dumatières premières et des produits intermé- Nord comme rarchés secondaires. Le Portugal 15diaires qu'elle importait. Plus précisément, AI a été choisi de préférence à d'autres emplace-Hikma souhaitait acquérir les technologies ments envisageables en Europe à cause de sesnécessaires pour faire elle-même la synthèse coûts d'exploitation peu élevés, de sa main-des matières premières servant à ses produits d'oeuvre qualifiée, de la facilité d'accès au vasteà base de pénicilline. Cette activité utiliserait marché européen et des aides à l'investisse-environ la moitié de la capacité de l'usine de ment accordés par l'Union européenne (UE).produits chimiques. Le reste de la productionserait vendu à d'autres préparateurs de pro- L'usine du Portugal fabrique des antibiotiquesduits pharmaceutiques de la région. injectables, domaine dans lequel AI Hikma a

une vaste expérience et est capable de main-Cette intégration verticale devait abaisser le tenir des normes de qualité élevées. Aucoût des facteurs de production d'AI Hikma, moment de l'investissement, le Portugal avaitpermettre des économies de devises, augmen- un marché de 650 millions de dollars qui aug-ter les recettes d'AHI et élargir son accès au mentait de 25 % par an et l'UE représentait,marché. AI Hikma serait, dans l'avenir prévi- dans son ensemble, quelque 30 % des ventessible, le seul producteur de matières pre- annuelles mondiales.mières pour les produits à base de pénicillinedans la région du Golfe. Ses coûts inférieurs à La construction de l'usine a été achevée enceux des fournisseurs européens la position- 1993 et la production a commencé à l'autom-neraient favorablement pour approvisionner ne de la même année, en retard sur les prévi-les 25 laboratoires de préparation dont l'ins- sions, principalement à cause des délaistallation était annoncée dans la région du nécessaires à l'obtention du permis deGolfe avant 2000. Grâce à la nouvelle usine de construire. Les coûts de construction ontproduits chimiques, AHI deviendrait un four- atteint quasiment le double du budget initial,nisseur intégré et s'ouvrirait ainsi l'accès de à la suite de l'adoption de spécifications pluscertains marchés des pays du Golfe, fermés exigeantes pour le matériel et pour la confi-aux producteurs non intégrés en vertu des guration des installations afin d'améliorer laréglementations officielles locales. qualité des produits et d'augmenter la capaci-

té de production. Pour s'adapter aux nou-En réalité, AHI s'est heurtée à de grosses diffi- velles normes techniques imposées par lacultés pour mettre en route l'usine de produits FDA pour les zones stériles, AI Hikma a déci-chimiques. Il a fallu beaucoup plus longtemps dé, en consultation avec ses donneurs deque prévu pour régler les problèmes de pro- licence, Fujisawa et SKF, de revoir la concep-duction et de contrôle de la qualité. En outre, tion de l'usine de manière à se conformer

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pleinement à la réglementation de la FDA. Par Hikma, à cause de difficultés datant deailleurs, les projections de la demande qui jus- l'époque des propriétaires précédents. AItifiaient une expansion de la capacité se sont Hikma a pris des mesures qui ont permis àavérées exagérément optimistes et l'entreprise West-Ward U.S.A. d'être à nouveau agréée paravait sous-estimé le besoin d'un solide réseau la FDA et, depuis 1993, date à laquelle lade commercialisation à travers l'Europe. société a atteint le seuil de rentabilité, la situa-Depuis son entrée en service, l'usine fonc- tion financière s'est améliorée.tionne à 20 à 30 % de sa capacité.

Les activités au Portugal ont avancé plus len-Un troisième investissement de la SFI a été tement que prévu et n'ont pas été rentables,approuvé en février 1993. Il a donné lieu à un sauf durant une brève période. La pénétrationprêt de 5 millions de dollars pour aider à finan- du marché européen a été limitée et la majeu-cer la construction, en Jordanie, d'une nouvel- re partie de la production est vendue à l'inté-le usine de production de céphalosporine rieur du groupe à AI Hikma, en Jordanie.administrée par voie orale, un nouveau réamé-nagement de l'usine de produits pharmaceu- R Ô LE C O N S U LTAT I Ftiques et la modernisation et l'agrandissement DE LA SFI

16 de l'usine de produits chimiques. Comme lasociété prévoyait d'exporter vers les États-Unis, L'assistance technique fournie par la SFI a étéil fallait que la nouvelle usine de production de au moins aussi importante que les prêts de lacéphalosporine soit conforme aux règles d'ho- Société pour le développement d'AI Hikma.mologation de la FDA qui exigeaient des ins- Avec l'aide de membres du personnel et detallations séparées pour la céphalosporine et consultants de la SFI, l'entreprise s'est rappro-pour la pénicilline. Le projet a été achevé, l'ins- chée des meilleures pratiques mondiales danspection préliminaire par la FDA a été positive les domaines de la fabrication, de la sûretéet, d'après la société, l'approbation définitive des produits et des procédures de protectionpour le cefadroxil en vrac est imminente. Entre de l'environnement. La SFI a notamment orga-temps, AI Hikma a obtenu les autorisations nisé un audit fondé sur les « pratiques mon-nécessaires de la FDA et exporte un cachet diales de fabrication " (GMP) qui a déterminéanalgésique sur le marché des États-Unis. que les pratiques de fabrication d'AHI étaient

correctes mais qu'elles pouvaient encore êtreR É S U LTAT S F I N A N C I E R S améliorées dans plusieurs domaines. Il fallait,

par exemple, perfectionner les méthodes etLes sociétés du groupe AI Hikma ont eu des les systèmes de stockage et d'étiquetage pourrésultats financiers inégaux. AHP, en Jordanie, réduire au minimum le risque d'erreurs dansopérant sur les marchés locaux et étrangers l'étiquetage des produits. Les auditeurs ontconcurrentiels, a constamment dégagé des recommandé également l'installation d'un sys-bénéfices. Les produits à base de céphalospo- tème informatisé complétant la méthode desrine ont été très rentables à cause de la étiquettes de couleur pour différencier lesconcurrence relativement faible au Moyen- produits selon qu'ils sont mis en quarantaine,Orient et de l'expérience de la production et commercialisés ou rejetés. Ils ont recomman-de la commercialisation que possède la socié- dé en outre que l'étiquetage et l'éliminationté. Plus récemment, la récession et les longs de tous les résidus chimiques aient lieu dansdélais de paiement sur les principaux marchés des délais corrects. La société a pris en consé-d'AI Hikma au Moyen-Orient, surtout en quence des mesures qui doivent aider à obte-Arabie Saoudite, les ont rendu moins ren- nir l'agrément de la FDA.tables. L'usine de produits chimiques souffretoujours de problèmes de technologie, de Suivant les conseils de la SFI, un audit de la sécu-stratégie au niveau des produits et de gestion. rité a également été réalisé. La société y a réagi

en nommant un ingénieur de la sécurité, chargéWest-Ward U.S.A. a cessé d'être agréée par la de donner suite aux recommandations de l'au-FDA peu après l'achat de la société par AI dit et de surveiller régulièrement la situation.

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Avec le recul, le personnel de la société a esti- a créé peu de liaisons interindustrielles versmé qu'Al Hikma aurait probablement réalisé l'amont ou l'aval. La plupart des facteurs deces améliorations de son propre chef mais production et des matières premières sont soitque les conseils de la SFI avaient eu l'avanta- importés soit produits dans l'entreprise et lesge d'accélérer le mouvement et de réduire le liaisons vers l'aval se limitent aux ventes auplus possible les risques d'erreur. détail. L'entreprise assure des recettes à l'État,

mais la plupart de ses importations sont exo-Au cours de sa longue collaboration avec la nérées de droits et les entreprises manufactu-SFI, l'entreprise a considérablement élargi ses rières bénéficient d'une réduction des impôtsactivités. Elle a augmenté ses ventes, agrandi sur les sociétés.sa gamme de produits, conquis de nouveauxmarchés et créé des usines à l'étranger, en Il y a cependant d'importants effets non quan-pleine propriété ou en coentreprise avec des tifiables. AI Hikma a joué un rôle de pionnierpartenaires locaux. Les cadres de la société dans le développement de l'industrie pharma-considèrent que la SFI lui a ouvert de nom- ceutique jordanienne et a créé des emploisbreux contacts qui l'ont aidée à se procurer pour des travailleurs qualifiés dans un domai-des fonds, à établir des relations d'affaires for- ne où l'impératif de la qualité est capital.melles ou informelles et à créer des circuits de L'entreprise a formé sa main-d'oeuvre, fait ren- 17distribution. trer des devises et amélioré l'image de la

Jordanie en tant que pays où les entrepre-La SFI a également aidé l'entreprise par l'effet neurs peuvent réussir. Enfin, l'activité d'AIde sa propre réputation, bien qu'une telle Hikma a amélioré la santé publique en offrantcontribution soit toujours difficile à quantifier. un approvisionnement stable en médicamentsDes représentants de la société ont déclaré à des prix abordables.que l'intervention de la SFI avait aidé AlHikma à obtenir des capitaux auprès d'autres Innovationsources. Selon eux: « la participation de la SFI La direction d'AHI a compris très tôt que l'in-a donné aux projets une légitimité reconnue e. novation et l'application de technologies nou-

velles seraient la clé du succès dans un secteurÀ la suite des difficultés rencontrées par l'en- hautement concurrentiel. AHP possède sontreprise dans ses activités aux États-Unis et au propre département de recherche-développe-Portugal, les tentatives d'élargir les activités en ment mais a souvent constaté que la collabora-dehors du Moyen-Orient et de créer un vaste tion avec d'autres sociétés de produits pharma-réseau international d'installations de produc- ceutiques et l'accès aux résultats de leurstion et de moyens de commercialisation ont recherches étaient plus rentables que lasuscité, commi-e on l'a déjà vu, un certain scep- recherche-développement maison. Pour cetteticisme au sein de la SFI. Quand AI Hikma a raison, AHP fabrique de nombreux produitsmis au point sa stratégie d'expansion et de sous licence dans le cadre d'accords avec dediversification géographiques, la SFI a finale- grandes sociétés de produits pharmaceutiquesment décidé de la soutenir mais en suggérant telles qu'Eli Lilly, Fujisawa et SKF. Dans la quasi-une expansion par étapes, qui commencerait totalité des cas, ces sociétés ont fourni unepar une opération de marketing, suivie de la assistance technique à AI Hikma pour assurer lafabrication des produits par des tiers puis, si la qualité du produit et maîtriser les coûts.situation le justifiait, de la création d'installa-tions de production en propre. Comme l'entreprise souhaitait accéder au

marché des États-Unis, elle a dû se trouver àIMPACT SUR la pointe de l'innovation. Pour obtenir l'ap-LE D É V E LO P P E M E N T probation de la FDA, nécessaire pour expor-

ter vers les États-Unis, et des agréments simi-La contribution de l'entreprise au développe- laires dans d'autres pays, elle a dû adopter desment est difficile à mesurer car une produc- pratiques qui assurent la sécurité des produitstion pharmaceutique comme celle d'AI Hikma et le respect des normes GMP.

JORDANIE: PRODUCTION DE MÉDICAMENTS

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Effet d'entrâînement Création d'emploisÀ sa création, en 1979, AI Hikma était l'une L'emploi a augmenté au fur et à mesure dedes trois seules sociétés de produits pharma- l'expansion des activités de l'entreprise quiceutiques de Jordanie. Ces entreprises ont avait 35 salariés en 1979 alors qu'elle enouvert la voie dans un secteur d'activité compte aujourd'hui 530, tous citoyens jorda-aujourd'hui florissant. Dix-huit laboratoires niens, travaillant en Jordanie. La compositionpharmaceutiques appartenant à des du personnel par niveau de qualification seJordaniens ont actuellement des installations présente comme suitde fabrication en Jordanie et 12 d'entre euxsont cotés à la bourse des valeurs d'Amman. 1979 1996Niveau d'éducation ('% du totl) (% du towl

Cette croissance très spectaculaire a néan- Secondaire ou moins 36 21moins créé un excès de capacité par rapport à Post-secondaire, 2 ans 9 32la demande du marché local, tandis que le Llniversjiaire, ' ans 3M 26marché régional donne lui aussi des signes de blaiuibe 9 qsaturation. Une vaste restructuration semble Doctorat 10 7s'annoncer à travers une série d'alliances: les

18 sociétés en position de faiblesse sont absor-bées par leurs concurrents plus solides et des Pour ses activités en Jordanie, l'entreprisecoentreprises se forment entre sociétés jorda- verse des salaires (avantages sociaux compris)niennes ou étrangères. d'environ 204 000 dollars pour chacune des 13

mensualités, soit une masse salariale annuelleLiens limités avec des de 2,66 millions de dollars. Cette somme com-fournisseurs locaux prend la rémunération du personnel et lesLes projets n'ont guère généré de liaisons cotisations de sécurité sociale ainsi que les ver-interindustrielles vers l'amont en Jordanie. sements faits à un fonds d'épargne du person-L'entreprise est en partie intégrée verticale- nel. L'entreprise récompense également lesment, ce qui fait que les achats à des fournis- comportements professionnels exceptionnelsseurs locaux sont limités. La quasi-totalité des par des primes, des incitations diverses et lamatières premières et des produits intermé- distribution d'actions de la société. Les salairesdiaires est importée, que ce soit pour l'usine et avantages offerts par AHI sont nettementd'AHP ou pour l'usine de produits chimiques. supérieurs à la moyenne en Jordanie.Seules, les matières premières destinées à lachaîne d'emballage de l'entreprise sont ache- Les femmes représentent environ 25 % detées sur place: sur les 2,6 millions de dollars l'ensemble du personnel. Trois femmes occu-dépensés pour les matériaux d'emballage en pent des postes de direction (marketing,1996, 70 % l'ont été en Jordanie. exploitation et contrôle de la qualité).

L'entreprise offre des services de crèche pourCertaines liaisons vers l'aval sont créées par les les enfants des salariées remplissant les condi-ventes au commerce de détail. Toutefois, ces tions voulues.ventes ne peuvent pas être considérées commeun apport propre à l'entreprise puisque d'autres Activités de formationproducteurs, situés dans le pays ou à l'étranger, L'entreprise s'emploie très activement à formerauraient de toute façon fourni le marché. son personnel. Tous les salariés reçoivent une

formation formelle en cours d'emploi, spéciale-Le montant total des investissements dans la ment pour le contrôle de la qualité des produitsconstruction d'installations en Jordanie a été et la sécurité des travailleurs. L'entreprise ad'environ 12 millions de dollars. Selon les esti- financé les études de 12 de ses salariés actuelsmations, 15 % de cette somme, soit 1,8 million : trois ont obtenu un diplôme universitaire dude dollars, ont été dépensés sur place pour premier degré, cinq une maîtrise et trois undes matériaux et de la main-d'oeuvre, ce qui a doctorat. AHI subventionne également les fraisaidé le secteur jordanien de la construction. de scolarité des enfants de certains salariés.

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Un programme de bourses d'études de l'en- Renforcement de la position en devisestreprise aide à former de jeunes médecins AI Hikma a fortement contribué à renforcer laarabes en cardiologie, en médecine interne, position en devises de la Jordanie. À l'époqueen rééducation et en néphrologie. La bourse du premier investissement fait par la SFI dansque reçoivent les lauréats comprend une la société, la Jordanie importait, selon les esti-rémunération annuelle et une subvention mations, 80 % de sa demande intérieure depour les frais de subsistance et de transport. produits pharmaceutiques. Malgré l'absenceL'entreprise offre aussi une formation pour le de statistiques directement comparablespersonnel du ministère de la Santé jordanien. aujourd'hui, il ne fait aucun doute que la

dépendance envers les importations s'estImpact fiscal réduite spectaculairement grâce à la produc-AHI contribue aux recettes de l'État par ses tion d'AI Hikma et au rôle que l'entreprise apaiements au titre de l'impôt sur les sociétés, joué pour encourager les entrepreneurs jorda-soit quelque 2 millions de dollars par an jus- niens à se lancer dans la fabrication de pro-qu'en 1995. En 1996, à la suite de la réforme duits pharmaceutiques.de la fiscalité des entreprises manufacturières,l'impôt acquitté par AHI a été légèrement infé- AHP, qui exporte entre 75 % et 80 % de sarieur à 1 million de dollars. La société verse production, a assuré des rentrées de devises 19également 275 000 dollars par an de cotisa- d'environ 19 millions de dollars en 1996. Pourtions de sécurité sociale. la même année, les importations de matières

premières et de produits intermédiaires de laComme les autres sociétés de produits phar- société ont coûté 13 millions de dollars, lemaceutiques, AI Hikma est exonérée de la gain net de devises s'établissant donc à envi-plupart des droits d'importation. Sa contribu- ron 6 millions de dollars.tion aux recettes publiques au titre des prélè-vements à l'importation est d'environ 350 000 Protection de l'environnementdollars par an. Hormis les moyens de finance- AI Hikma est une entreprise soucieuse de l'en-ment des exportations à taux d'intérêt bonifié, vironnement. Grâce à la participation de la SFI,offerts par la Banque centrale à tous les les activités de la société en Jordanie ont faitexportateurs, la société ne reçoit aucun servi- l'objet d'audits d'environnement et de sécurité.ce spécial de l'État. Ses pratiques ont été jugées généralement cor-

rectes avec, toutefois, quelques insuffisances.Amélioration de la santé Les améliorations suggérées ont été bienEn mettant des médicaments à la disposition accueillies par la direction et le personnel. Afindu public à des prix généralement inférieurs à d'appliquer les recommandations des audits etceux des produits importés comparables, AI de suivre la situation de manière continue, laHikma a aidé à améliorer la qualité de la vie société a créé une nouvelle fonction d'ingénieuren Jordanie. L'entreprise a aussi créé un chargé de la sécurité, de la prévention descentre d'information médicale et une base de pertes et de la protection de l'environnement.données médicales qui sont à la dispositiondes médecins, des pharmaciens et des étu- À l'heure actuelle, l'entreprise respecte lesdiants en médecine. Elle finance régulière- directives de la Banque mondiale au sujet dement des programmes de soins médicaux gra- l'environnement. Toute l'eau utilisée dans lestuits et a fait des dons de médicaments à usines subit un traitement biologique avantl'Algérie, à l'Arménie, à la Bosnie, à l'Irak et d'être rejetée, des filtres spéciaux ont été ins-au Soudan. Elle a aussi donné des sels de tallés pour purifier l'air expulsé et les déchetsréhydratation par voie orale aux programmes solides sont transportés correctement à ladu Fonds des Nations Unies pour l'enfance et décharge locale pour y être incinérés.de l'Organisation mondiale de la santé qui lut-tent contre les maladies diarrhéiques dans les Questions soulevées par les investisse-pays en développement. ments de suivi

La société garde pour stratégie de diversifier ses

JORDANIE :PRODucTrION DE MÉDICAMENTs

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activités vers différents marchés hors de la ment pour financer des investissements relaisJordanie et du Moyen-Orient pour deux raisons dans des pays développés ? Dans le cas d'AHI,: profiter de la proximité des marchés en répar- la SFI a aidé l'entreprise à développer ses acti-tissant le risque commercial, et réduire autant vités en Jordanie, puis à la fois en Jordanie etque possible le risque politique. Comme indi- au Portugal. L'entreprise a investi égalementqué plus haut, AHI s'est implantée en Égypte, au aux États-Unis, mais la SFI n'a pas participéPortugal, en Arabie Saoudite, en Tunisie et aux directement à cette opération. La directionÉtats-Unis. Elle étudie actuellement les possibili- d'AI Hikma a fait valoir que l'investissementtés que pourraient offrir la Chine, la République était commercialement justifié à l'époque: il atchèque, l'Indonésie, l'Italie et d'autres pays. permis à la société de mieux connaître le mar-

ché international, de former son personnel surCette stratégie amène à poser certaines ques- place et, dans le cas de l'entreprise située auxtions quant à la capacité de l'entreprise à gérer États-Unis, a permis de mieux connaître lesune expansion aussi ambitieuse. Elle conduit réglementations de la FDA. Quant à la ques-aussi à réfléchir à l'impact de développement tion de savoir si ces investissements à l'étran-des investissements de la SFI. Est-il bien ger ont contribué au développement de laconforme à l'objectif de la SFI * qui est d'aider Jordanie davantage que ne l'auraient fait des

20 les pays en développement à développer leur investissements comparables en Jordanieéconomie * d'utiliser les gains réalisés sur un même, on peut y apporter des réponses toutinvestissement dans un pays en développe- à fait contradictoires.

RÉSULTATS SUR LE TERRAIN

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Une modeste injection de capitaux faite aubon moment dans une entreprise bien choi-

sie peut procurer d'amples avantages finan-

ciers et contribuer sensiblement au dévelop-pement. Pour la SFI, investisseur attachant lamême importance à ces deux aspects, l'éleva-

ge de volailles est apparu comme un créneautout indiqué enTanzanie, pays ayant un reve-nu par habitant de seulement 200 dollars. Lasociété Tanbreed, productrice de poussins, a

des liens étroits avec les petits agriculteurs,femmes principalement, qui gagnent leur vie. 3 en élevant des poulets destinés à la consom-mation des restaurants et des ménages.

WALTER ELKAN

TANZANIE: EXPLOITATION 21

AVICOLE,TANBREED

Il n'est pas toujours facile de trouver en grandes exceptions près. En effet, bien queAfrique des projets qui s'annoncent financiè- les activités de la société respectent les règlesrement sains. Pourtant, une entreprise avicole environnementales locales, celles-ci étaientde Tanzanie a non seulement trouvé la voie moins rigoureuses que celles établies par ledu succès commercial mais aussi créé des Groupe de la Banque mondiale pour sesdébouchés économiques nouveaux pour ses emprunteurs éventuels. La SFI/FEA a doncclients et ses fournisseurs, tout en améliorant fourni des services de consultants qui ont aidéle régime alimentaire de la population. l'entreprise à mettre ses pratiques de protec-

tion de l'environnement en conformité avecEn 1994, le Fonds pour l'entreprise en Afrique les normes de la Banque mondiale. Elle a(FEA) de la SFI a prêté 1 million de dollars à aussi foumi une assistance technique pour laTanzanie Breeders and Feedmills Ltd prophylaxie et les soins contre les maladies.(Tanbreed), entreprise avicole créée en 1992 àMbezi, à une vingtaine de kilomètres de Dar- BRÈVE DESCRIPTION DUes-Salaam, capitale de la Tanzanie. Tanbreed, PAYSqui vend des poussins d'un jour aux agricul-teurs et qui engraisse le reste de ses couvées Avec un revenu annuel par habitant de 200pour produire de la viande congelée, est une dollars seulement, la Tanzanie est l'un desentreprise du Groupe Interchick, producteur pays les plus pauvres d'Afrique. Ses 30 mil-d'aliments pour les volailles. Tanbreed et lions d'habitants sont dispersés sur une vasteInterchick sont connus partout sous le nom de superficie. La région qui entoure Dar-es-" Interchick ", qui est aussi la marque des ali- Salaam a une population plus dense, dements pour les volailles. même que les régions fertiles sur le pourtour

du Lac Victoria, entre Moshi et Arusha, et lesLe FEA a été créé pour aider les entreprises hauts plateaux du Sud.africaines désireuses d'obtenir des prêts d'unmontant inférieur à ceux dont la SFI traite nor- La Tanzanie est un pays essentiellement agri-malement. Hormis le prêt, l'intervention de la cole où prédominent les petites exploitations.SFI/FEA a été relativement limitée, à deux Les cultures commerciales pratiquées sont le

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coton, le café et la noix de cajou. Le sisal, priétaires. Installées sur 11 parcelles indus-exploité en plantations, qui était autrefois la trielles adjacentes d'une superficie totale de 14première culture commerciale, a été largement hectares, elles utilisent les mêmes bureaux,éliminé par les fibres synthétiques, beaucoup sont placées sous l'autorité du même directeurmoins onéreuses. La première tentative d'in- général tanzanien et fabriquent des produitsdustrialisation faite par la Tanzanie après l'in- complémentaires. Les aliments pour la volailledépendance a été entravée par des politiques sont en vente sur le marché mais la majeureéconomiques dogmatiques qui étaient prati- partie est achetée par les acheteurs de pous-quement voués à l'échec. Depuis le départ de sins à qui l'on dit que le régime équilibré pro-l'ancien président Nyerere, il y a dix ans, la curé par les aliments Interchick sont leurTanzanie a cherché à transformer en économie meilleure garantie de réussite commerciale.de marché un système jusqu'alors essentielle- Interchich estime que ses prix légèrementment dirigiste. Les agriculteurs sont libres de plus élevés que ceux du marché se justifientvendre leurs excédents. Les entreprises privées par une qualité régulièrement supérieure.sont encouragées à racheter les anciennes Lorsque les fluctuations des prix des facteursentreprises publiques. De nombreux contrôles de production obligent à changer les ingré-ont été abolis, notamment la législation sur le dients, les aliments produits par Interchick

22 contrôle des changes, et le pays retrouve la sont soigneusement rééquilibrés, au moyenvoie de la stabilité macroéconomique en d'un programme informatique, pour préserverréduisant les dépenses publiques. Après des leur valeur nutritive.décennies de baisse des revenus, le change-ment commence à porter ses fruits. Ensemble, les entreprises produisent annuelle-

ment près de 5 millions de poussins d'un jourBUTS DE L'ENTREPRISE dont 4,5 millions sont vendus et 300 000 sont

conservés pour être engraissés avant d'êtreTanbreed a été créée pour augmenter l'offre abattus, congelés et commercialisés sousde poussins d'un jour vendus directement aux forme de viande congelée. Sur la productionpaysans et destinés également à l'engraisse- totale de poussins d'un jour, 75 % sont desti-ment, à la transformation et à la vente pour la nés à la consommation sous forme de viandenouvelle ligne de poulet congelé que l'entre- et 25 % à la ponte (pour la productionprise prévoyait de vendre aux magasins de d'oeufs). Tous les poussins d'un jour engrais-détail de haut de gamme. Plutôt que d'élargir sés par Interchick sont destinés à la productionl'activité de la société Interchick Ltd propre- de viande; l'entreprise ne vend pas d'oeufs. Sament dite, fondée en 1988, une société nou- production totale d'aliments pour pouletsvelle a été créée de manière à profiter des représente environ 36 000 tonnes par an.aides à l'investissement prévues par la Charte L'entreprise vend aussi en petite quantité lepour la protection des investissements. Les vaccin qui doit être ajouté à l'eau de boissonavantages comprenaient notamment une exo- des animaux. Bien qu'ils soient vaccinés avantnération d'impôts de sept ans et l'importation la vente, les poussins attrapent facilement desen franchise de l'équipement lourd, des maladies et doivent être revaccinés durant lamachines et la première livraison de poulets période d'engraissement. Les poussins d'unnaisseurs. Tanbreed ne reçoit cependant jour sont vendus deux jours par semaine auaucune subvention pour ses facteurs de pro- siège de l'entreprise et à partir de cinq autresduction courants. points de vente dans la région de Dar-es-

Salaam et sur le côte. Un quart environ sontLa production d'aliments d'élevage a été lais- expédiés par autobus ou par avion verssée aux soins d'Interchick et la nouvelle socié- d'autres régions de la Tanzanie. Ces poussinsté a pris en charge ou entrepris toutes les ne sont pas encore exportés, bien qu'il soitautres activités. Les deux sociétés restent prévu d'en exporter environ 20 %.néanmoins étroitement liées, sauf du point de L'exportation s'est heurtée à des difficultés etvue comptable. Elles soumettent des comptes la croissance rapide du marché intérieur laséparés mais appartiennent aux mêmes pro- rend peu attrayante.

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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Les aliments sont vendus en sacs fabriqués et plupart d'entre eux n'élèvent que quelquesimprimés dans l'entreprise elle-même à l'aide poulets, le marché rural est très restreint.de matériaux d'emballage importés deTaiwan. Ils sont vendus en partie à l'usine Dans les villes, principalement à Dar-es-même mais surtout par l'intermédiaire de plus Salaam, le marché des poulets et des oeufsde soixante agents dans les régions de Dar-es- s'est développé au rythme de l'urbanisation etSalaam et de la côte, et par 25 autres agents de l'augmentation des revenus. La populationdans le reste du pays. Les aliments se vendent de Darles-Salaam, qui comptait 1,4 millionen sacs de 50kg; 36 000 tonnes représentent d'habitants au moment du recensement deenviron 720 000 sacs. 1988, a doublé d'après l'estimation officielle la

plus récente mais elle est officieusement chif-Les deux entreprises sont rentables et ont uti- frée à près de 3,5 millions d'habitants. Leslisé leurs bénéfices pour augmenter la pro- villes de Mwanza, Arusha, Tanga, Dodoma etduction en construisant et en achetant des ins- Iringa, beaucoup plus petites, ont aussi connutallations supplémentaires. En 1995, Tanbreed une expansion rapide. La population urbainea réalisé à elle seule un bénéfice net de 55 000 achète la majeure partie de son alimentationdollars. Les ventes de poussins d'un jour ont au lieu de la produire elle-même, et les per-augmenté rapidement sonnes qui en ont les moyens achètent de la 23

viande de poulet et des oeufs.Année Nombre vendu1991 l 800 Dans les villes, le dynamisme du commerce,1992 2 000 000 formel et informel, a fait augmenter le nombre1993 2 700 000o des consommateurs qui peuvent acheter du1 99q 2 9-)0 o000 poulet et des oeufs. Les acheteurs les plus évi-1995 4 300 000 dents sont les hôtels qui s'adressent à la clien-

tèle d'affaires internationale et aux touristes,ainsi que les boucheries et les magasins fré-

Entre 1991 et 1995, les ventes ont augmenté quentés par la clientèle expatriée, la popula-de 140 %. Chaque année depuis le prêt de la tion asiatique et la classe moyenne locale.SFI en 1992, la société a réinvesti ses béné- Cependant, des acheteurs moins visibles peu-fices pour augmenter la production en prévi- vent aussi acheter davantage: les consomma-sion de l'expansion de la demande. Si la crois- teurs situés beaucoup plus bas sur l'échellesance économique s'accélère comme prévu, des revenus, les nombreux petits restaurantstout indique que la demande de poulets et que ne fréquentent ni la population expatriée,d'oeufs augmentera elle-même de manière ni les touristes ni la classe moyenne, et lescontinue. Jusqu'à une date récente, Interchick vendeurs ambulants de morceaux de pouletn'a eu qu'un seul véritable concurrent. rôtis et d'oeufs durs.

LE MARCHÉ DES POULETS Les aviculteurs de la périphérie de Dar-es-E T D ES O E U FS Salaam, de Mwanza et des autres villes vendent

leurs poulets et leurs oeufs à des intermédiairesLe marché des poulets et des oeufs produits à itinérants ou les livrent aux marchés en pleindes fins commerciales est essentiellement air, aux hôtels, aux magasins ou aux restaurantsurbain et concentré à Dar-es-Salaam. C'est ce avec lesquels ils ont souvent des arrangementsdébouché que vise l'élevage commercial de durables. Certains éleveurs possèdent et appro-volailles. La plupart des poulets des zones visionnent leur propre point de vente.rurales sont élevés en libre parcours et se nour-rissent de tout ce qu'ils trouvent ; leurs pro- IMPACT DE DÉVELOPPEMENTpriétaires consomment l'essentiel de leur pro-duction d'oeufs et de viande. De temps à autre, À une époque où l'on met l'accent sur les acti-ils vendent ces produits sur le marché local vités tournées vers l'exportation, ce projet,pour se procurer de l'argent mais, comme la destiné principalement à approvisionner le

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marché intérieur, est plutôt original. morceaux de poulet congelés, à raison deL'entreprise n'est pas à l'abri de la concurren- deux ou trois employés chacune. Les femmesce interne, si ce n'est à cause de la taille de sont majoritaires parmi les employés de maga-ses activités, et elle ne bénéficie d'aucune pro- sin comme parmi la clientèle. À l'usine, la plu-tection tarifaire contre les importations part des travailleurs sont des hommes, tandisconcurrentielles. Des poussins d'un jour ou que ce sont des femmes qui cousent les sacsdes oeufs à couver sont importés de temps à d'aliments et qui sont affectées à d'autres tra-autre du Botswana, du Kenya, de l'Ouganda, vaux manuels et à certaines tâches de bureau.de la Zambie et du Zimbabwe pour être ven-dus dans des villes plus proches des frontières Un certain nombre de cadres et d'autres sala-de ces pays que de Dar-es-Salaam. L'objectif riés sont logés à proximité de l'entreprise.de remplacement des importations poursuivi Hormis le responsable de la comptabilité, ori-par le projet n'est aucunement incompatible ginaire de Goa, tous les salariés, y compris leavec la recherche d'un effet de développe- directeur général, sont Tanzaniens. La plupartment. Ses activités créent des emplois, d'entre eux habitent leur propre maison, àouvrent des débouchés aux entrepreneurs pri- proximité de l'entreprise. La région de Dar-es-vés, opèrent un transfert de connaissances et Salaam a une population assez dense et

24 de technologie, améliorent l'alimentation et Interchick n'a aucun mal à recruter des tra-les conditions de vie de la population locale vailleurs à tous les niveaux. Le personnelet économisent des devises. reçoit une formation en cours d'emploi.

Création d'emplois Comme les poulets attrapent facilement desL'impact économique d'Interchick se propage maladies et qu'il est indispensable d'imposerde l'entreprise elle-même à ses clients et à ses des règles d'hygiène rigoureuses au person-fournisseurs. nel, l'accès au poulailler est strictement régle-

menté. Une infirmerie installée dans l'entre-Interchick emploie en temps normal environ prise traite les maux ou accidents mineurs.540 salariés permanents et de 50 à 100 tra-vailleurs temporaires, ce qui en fait un Les salaires payés par Interchick sont à peuemployeur important pour la Tanzanie (voir près sept fois supérieurs à la moyenne natio-tableau 3.1). La majorité du personnel travaille nale, évaluée à 200 dollars par personne, soitau siège de la société, à 20 km du centre de le double du chiffre officiel. La plupart des tra-Dar*es-Salaam. Les autres travaillent dans vailleurs ont aussi hérité ou acheté de petitesquatre magasins d'Interchick installés à des exploitations à proximité, ce qui non seule-emplacements stratégiques dans la ville, et à ment assure à eux-mêmes et à leurs familles leun nouveau magasin de vente de poussins logement et une partie de leur alimentationd'un jour et d'aliments à Kibaha, capitale mais leur assure aussi, dans bien des cas, und'une région voisine. La société a aussi quatre revenu monétaire complémentaire grâce auxboucheries qui vendent des poulets et des ventes de produits agricoles ou d'animaux.

Sans la présence de l'élevage avicole, la plu-part des salariés devraient probablement aller

Tableau 3.1 Effectifs et rémunération brute dinterchiclc travailler à Dar-es-Salaam en autobus.

Masse salariale (en dollars EU.) La création d'emplois va au-delà d'InterchickEffectifs employésa Par mois Paran Par an et par personne proprement dit. Beaucoup de ses clients, les

Encadrement 21 ' '00 88 800 - 230 aviculteurs, emploient quelqu'un pour s'occu-Autres 521 60 o600 727 200 1 40) per des volailles. Les plus gros aviculteurs, quiTotal 542 68 000, 816 000 1 5()0' peuvent avoir jusqu'à 6 000 animaux,

emploient un gérant et plusieurs gardiens.Note: Remuneraton bnute signifie avant déductions des kmpôts et des cousanons Toutefois, faute de statistiques officielles,de sécurnte soc"ale. toute estimation du nombre total d'animauxa. Les chiffres ne comprennent pas les travailleurs temporaires.b. Taux de change :TSh 650 = I dolar E U. relève de la conjecture.Source: lnrerchicklTanbreed

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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Création d'activités commerciales Tableau 3.2La principale activité d'Interchick est la vente Ventes de poussins d'un jour et d'alimentsde poussins d'un jour aux aviculteurs. La plu-part des clients sont des femmes, vivant Moyenne Prix moyenpresque toutes sur de petites exploitations à la hebdomadaire (en dollars E.U.)périphérie de Dar-es-Salaam. Dans les régions Pour la production 65 CK10 65 le centde Dar-es-Salaam et de la côte, Interchick four- de viandenit environ 80 % de tous les poussins d'un jour Pour la ponte 2i 000 9t:k le centmais une moindre proportion des aliments. Aliments 9 000 i 10 le centPour les poussins d'un jour et la viande conge- Il 000 sacslée, Interchick n'a qu'un concurrent de taille etseulement une poignée d'autres, plus petits. Lemarché des aliments, produits par plusieurs des entreprises parapubliques qui sont enfabricants, est beaucoup plus concurrentiel. cours de privatisation ou ont cessé ce type deInterchick emploie une soixantaine d'agents production. Même la plus grande, appeléequi conduisent des camions de la société dans Kibaha Educational Center, qui bénéficiaitDar-es-Salaam et autour de la ville pour livrer d'un financement important de l'Organisationà la clientèle les gros sacs de 50 kilos d'ali- des Nations Unies pour l'alimentation et l'agri- 25ments. Les agents vendent à des prix fixés par culture (FAO), ne produisait que 6 000 pous-Interchick et perçoivent une commission d'en- sins d'un jour par semaine. Les aviculteursviron 0,50 dollar sur chaque sac, vendu aux étaient donc beaucoup moins nombreux.environ de 10 dollars. La société verse une L'augmentation de leur nombre est étroite-prime à tout agent qui s'engage à vendre ment liée à l'expansion d'Interchick.exclusivement les aliments d'Interchick.

L'élevage de volailles diffère de la culture duInterchick vend en moyenne, chaque semai- coton ou du café. Les frais de démarrage sontne, 65 000 poussins d'un jour pour la produc- plus lourds et l'aviculteur doit être à proximi-tion de viande et 24 000 pour la ponte, plus 9 té d'une ville pour alimenter son marché.000 à 11 000 sacs d'aliments de 50 kilos Quand le coton et le café ont été introduits en(tableau 3.2) Tanzanie, les semences ou les plants ont été

distribués gratuitement et plantés par uneLa demande de poussins pour la production main-d'oeuvre sous-employée sur des terresde viande fluctue selon la saison. Bien que la inutilisées. Des intermédiaires se chargeaientdemande soit stable, il y a des pointes saison- de ramasser et de stocker les récoltes et sup-nières bien connues. Comme la clientèle aime portaient les coûts d'investissement élevés liésacheter du poulet à Noël, à Pâques et à l'oc- au transport, à l'égrenage ou au décorticage.casion des fêtes musulmanes, les aviculteurs Entre le moment où ils plantaient et celui oùcherchent à en mettre davantage sur le mar- ils récoltaient, les agriculteurs se nourrissaientché pour ces dates. De ce fait, la demande de de leurs propres cultures vivrières.poussins d'un jour pour la viande augmenteenviron huit semaines plus tôt. Malgré tout, La somme d'argent nécessaire pour monterles prix de la viande montent habituellement une entreprise avicole dépasse les moyens deau moment des fêtes, ce qui stimule davanta- l'agriculteur tanzanien « type ". L'aviculteurge encore la production. débutant doit acheter au moins 100 poussins

d'un jour et plutôt même 200. Deux centsIl est quasiment impossible de connaître le poussins d'un jour à élever pour l'engraisse-nombre des aviculteurs. Interchick et les ment coûtent 130 dollars. Leur alimentationautres spécialistes pensent qu'ils sont environ pendant huit semaines pour les amener à un1 500 à 2 000 autour de Dar-es-Salaam. poids d'environ 1,6 kg nécessite 15 sacs d'ali-D'autres entreprises produisaient des poussins ments, qui reviennent à 150 dollars. Les vac-d'un jour avant qu'Interchick ne fasse son cins contre les maladies de Newcastle et deapparition en 1988. Trois d'entre elles étaient Gumboro, les médicaments et le charbon de

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bois pour l'incubation représentent encore jours occupées de la volaille et il n'est donc110 dollars de plus. Si l'éleveur envisage pas surprenant que beaucoup, sinon la majo-d'avoir, par exemple, 1 000 volailles au même rité, des éleveurs commerciaux de volaillesmoment, il est préférable de construire immé- soient des femmes. Mais alors, comment trou-diatement un poulailler suffisamment vaste vent-elles les fonds nécessaires pour couvrirplutôt que de recommencer toute l'opération les frais de démarrage ? Il faut, semble-t-il, dis-plus tard. Le vaccin qui est ajouté à l'eau de tinguer trois catégories. La première com-boisson des volailles coûte cher parce qu'il ne prend les épouses d'hommes occupant despeut pas être acheté en quantités suffisam- emplois à revenu intermédiaire dans la fonc-ment petites pour 200 animaux. La plus petite tion publique ou ailleurs, ou ayant leur propredose vendue sur le marché correspond au entreprise, dans la construction ou les trans-traitement de 1 000 volailles et un éleveur qui ports par exemple. La deuxième regroupe desn'en a que 200 en gaspille donc la plupart. femmes qui ont un cercle d'amis ou de

parents à revenu intermédiaire qui sont prêtsIl y a encore d'autres coûts. Il faut d'abord à contribuer aux frais de départ. La troisièmetransporter les poussins jusqu'au lieu d'éleva- est celle des femmes qui ont, ou qui ont eu,ge où ils seront engraissés, puis les transpor- elles-mêmes des emplois leur assurant un

26 ter à nouveau au point de vente. Il faut éga- revenu intermédiaire.lement payer le transport des aliments et, par-fois, engager de la main-d'oeuvre extérieure. L'aviculture commerciale nécessite un mini-Au total, la dépense nécessaire pour mettre mum d'instruction. C'est une activité délicate200 poulets de chair sur le marché sera pro- où se posent de nombreux problèmes. Unbablement voisine de 500 dollars. poussin d'un jour sur dix ne parvient pas à

maturité. Il faut administrer les vaccins au bonSi l'aviculteur veut produire des oeufs, les frais de moment et à la bonne dose. L'alimentationdémarrage, y compris un pondoir, le transport et doit être contrôlée soigneusement. Enfin,la main-d'oeuvre, approcheront les 1 000 dollars. l'éleveur doit savoir que faire quand les jeunesAprès 20 semaines, les poules commencent à poulets attrapent une maladie, ce qui n'est paspondre. À partir de ce moment, les ventes rare. Pour réussir dans l'élevage avicole, il fautd'oeufs font plus que couvrir le coût des aliments donc un certain niveau d'instruction, ce qui(pâtées préparées par l'éleveur). La production explique que les agents économiques à reve-atteint un maximum de 900 oeufs par semaine nu moyen ou leurs épouses prédominentdurant 28 semaines. Les poules pondeuses, dans le secteur.généralement élevées pendant environ deux ans,ont deux périodes de ponte maximum. Un autre groupe de personnes est attiré par

l'aviculture: les fonctionnaires de rang moyenSept semaines d'attente pour récupérer 500 dol- qui ont été mis à pied et qui ont utilisé leurlars ou 20 semaines pour récupérer 1 000 dol- indemnité de départ pour monter leur entre-lars sont tout simplement hors de la portée de prise. Cette possibilité n'est ouverte qu'à ceuxla plupart des petits paysans tanzaniens, à sup- d'entre eux qui disposent d'un petit lopin deposer même qu'ils puissent rassembler une telle terre à le périphérie de Dar-es-Salaam. La plu-somme. Aucune banque n'acceptera de leur part des citadins appartenant à la classeprêter 500 dollars et encore moins 1 000 dollars moyenne ont un petit terrain quelque part à lacar l'aviculture est une activité à risque. S'ils campagne mais l'aviculture ne peut se prati-peuvent emprunter, ils devront probablement quer qu'à proximité du marché urbain.payer au moins 35 % d'intérêt, ce qui à touteschances de rendre l'opération non rentable. Le fond du problème

Combien rapporte l'aviculture ? InterchickDans ces conditions, il ne faut pas s'attendre estime que si 9 poussins d'un jour sur 10 sur-à ce que les aviculteurs soient de petits agri- vivent, un éleveur qui commence avec 200culteurs tanzaniens typiques. Dans la majeure poussins pour la production de viande doitpartie de l'Afrique, les femmes se sont tou- pouvoir faire un bénéfice net de 85 dollars au

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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bout de sept semaines. Pour les poules pon- Dar-es-Salaam, où elle écoule une partie desdeuses, le bénéfice est de 171 dollars par mois produits de l'exploitation. Son mari a unedurant les 28 semaines de la saison de ponte, entreprise de construction. Un gérant s'occu-les frais de départ des 20 premières semaines pe de la ferme. Il semble que de 30 à 50 avi-étant récupérés au moment de la vente des culteurs aient des exploitations d'une tailleanimaux. Une production continue (six lots comparable dans les régions de Dar-es-Salaamde 200 poulets élevés pour la viande ou, pour et de la côte. La plupart ont commencé avecles poules pondeuses, une saison de 28 200 poussins d'un jour, puis élargi progressi-semaines de ponte) devrait rapporter. un vement leurs activités pour profiter des liai-bénéfice annuel net de 500 dollars pour les sons vers l'aval. Par exemple, JM Industriespoulets de chair et de 1 000 dollars pour le élève 6 000 poulets, du bétail et des porcs,poules pondeuses. cultive des fruits et possède et approvisionne

quatre hôtels. Une autre exploitation est pro-Bien qu'ils soient confirmés dans l'ensemble priétaire de magasins situés à des emplace-par les aviculteurs, ces chiffres s'appuient sur ments commerciaux de premier choix.les propres calculs d'Interchick, plutôt opti- Beaucoup d'éleveurs qui n'ont pas leursmistes, figurant dans un prospectus que l'en- propres points de vente ont des commandestreprise distribue aux clients potentiels. Ils ne permanentes de clients importants. 27tiennent pas compte des coûts de capital fixe,de transport et de main-d'oeuvre et, pour les Les gros aviculteurs courent des risques pluspoulets de chair, se fondent sur l'hypothèse, lourds. Une épidémie de maladie derarement réalisée, que tous les poulets sont Newcastle peut anéantir tout un élevage. Unevendus dans un délai de deux mois après baisse temporaire des prix à un moment cri-l'achat et que le stock est reconstitué immédia- tique peut aussi entraîner des pertes sévères.tement, six fois par an. En réalité, le prix et la La diversification peut les aider à supporter lesdemande fluctuent davantage pour la viande risques mieux que les petits exploitants. Il y ade poulet que pour les oeufs et on peut consta- aussi des économies d'échelle, surtout pour leter facilement que peu de petits éleveurs ayant coût du transport et celui des vaccins. Les200 animaux maintiennent leur activité pen- grands acheteurs d'aliments pour les volaillesdant toute l'année. En outre, tout retard pour se fond livrer gratuitement et chaque dose detrouver des acheteurs des poulets de chair aug- vaccin coûte moins cher si elle est achetéemente immédiatement les coûts puisque les pour des milliers d'animaux plutôt que pouranimaux continuent à manger et que le coût des centaines.des aliments supplémentaires n'est générale-ment pas récupéré en totalité à la vente. Encouragement de l'initiative privée

Pour réussir, les entrepreneurs doivent recon-Si la plupart des aviculteurs semblent s'en naître les occasions de profit lorsqu'elles setenir à un élevage de 200 animaux à la fois, présentent, les saisir et avoir les capacitéscertains dépassent ce chiffre, parfois même nécessaires pour gérer correctement l'opéra-largement. Une exploitation située à proximi- tion. De ces trois points de vue, l'élevage deté de l'usine de l'entreprise élève 6 000 pou- volailles stimule puissamment l'initiative pri-lets pour la viande, répartis en trois lots de 2 vée et ouvre des possibilités à de nombreuses000 qui doivent arriver à maturité à des inter- personnes qui ont seulement les moyens devalles de deux à trois semaines, et élève éga- commencer leurs opérations sur une petitelement 4 000 poules pondeuses qui donnent 2 échelle. Les aviculteurs qui réussissent peu-400 oeufs par jour. L'exploitation a aussi 30 vent augmenter progressivement la taille devaches laitières qui produisent 85 litres de lait leur entreprise et ensuite diversifier leurs acti-par jour, et cultive des bananes, des noix de vités en y ajoutant l'élevage de bétail et la pro-coco, des légumes et du maïs sur un peu dtiction de fruits, de légumes et d'autres cul-moins de quatre hectares. Elle est dirigée par tures. Ils peuvent aussi choisir de se diversifierune femme qui a aussi une épicerie bien vers l'aval en créant des points de vente pourachalandée dans le quartier résidentiel de leurs produits.

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Il faut être perspicace pour prévoir le moment concurrents plus petits dans la mesure où l'en-où les marchés de la viande et des oeufs treprise dispose d'un fonds de roulement suffi-seront plus dynamiques et pour réunir à temps sant pour avoir des stocks. Elle peut acheter àles ressources voulues. Les commandes de l'avance quand les prix sont au plus bas.poussins d'un jour doivent être passées etpayées partiellement au moins deux semaines Les ingrédients qui entrent dans la composi-d'avance et même plus tôt avant les fêtes et les tion des aliments comprennent des cosses etautres périodes habituelles de forte demande. du son et certains poissons très petits,

impropres à la consommation humaine et quiIl faut aussi prendre des décisions au sujet des seraient jetés. Les producteurs d'aliments pouraliments: savoir si l'on achètera les aliments les volailles ouvrent aux agriculteurs, auxd'Interchick ou ceux d'un concurrent, ou enco- pêcheurs et aux usines d'égrenage et dere si les aliments seront mélangés ou si l'on y décorticage un débouché pour des produitsajoutera des suppléments. L'addition de farine qu'ils ne pourraient vendre nulle part ailleurs.de poisson dans les aliments raccourcit lapériode d'engraissement, le coût supplémentai- Les seuls ingrédients des aliments qui ne peu-re qu'elle représente peut être compensé par vent pas être produits sur place sont les

28 une économie en aliments de base et l'argent mélanges de vitamines. Ils doivent être impor-est immobilisé durant moins longtemps. Les tés et coûtent environ 1 million de dollars dedécisions de ce type forment à la pratique des devises par an, soit de 10 à 15 % du coût totalaffaires et permettent d'acquérir des aptitudes des facteurs.utilisables ensuite dans d'autres activités.

Outre le revenu procuré aux agriculteurs etUn marché aux pêcheurs, la production d'aliments et lespour les fournisseurs locaux ventes de poussins d'un jour dans les régionsNon seulement Interchick donne des emplois éloignées permettent à tout un ensemble d'in-et permet aux aviculteurs de se procurer un termédiaires et de transporteurs de s'assurerrevenu grâce aux poussins d'un jour de bonne un revenu. Interchick a besoin de quantitésqualité qu'elle leur fournit, mais l'entreprise telles que,l'achat direct aux agriculteurs seraitachète aussi des ingrédients très divers qui inefficace. Il est impossible de donner uneentrent dans la composition de ses aliments. estimation chiffrée mais une entreprise quiQuatre-vingt-dix pour cent d'entre eux sont produit chaque année quelque 36 000 tonnesproduits dans le pays même, notamment le d'aliments pour les volailles a un impact consi-mais, les tourteaux de coton, le manioc et le dérable sur les fournisseurs d'ingrédients.poisson séché. Interchick offre aux produc-teurs, marchands et transporteurs de ces pro- Transfert de connaissancesduits des possibilités de s'assurer un revenu. et de technologieLes ingrédients varient de temps à autre, selon L'aviculture est une activité qui exige desl'évolution des prix. Par exemple, quand le prix compétences, pleine d'embûches pour quidu poisson pêché dans le lac Victoria a aug- n'est pas préparé. Interchick ne s'est pasmenté fortement à la suite d'achats massifs contentée d'utiliser des méthodes complexespour les réfugiés rwandais dans la région, dans ses propres activités et de former sond'autres sources de protéines ont été utilisées à personnel, mais elle a aussi abondammentla place de la farine de poisson. Un program- conseillé sa clientèle. L'entreprise a rédigé uneme informatique assure que la proportion de série de prospectus en swahili sur différentsglucides, de protéines et d'autres nutriments aspects de l'élevage des volailles et les distri-reste constante. La production d'aliments pour bue gratuitement à ses clients. Les exploitantsles volailles suppose un bon sens des affaires qui achètent des poussins d'un jour peuventpour savoir comment maintenir les coûts des aussi demander conseil au personnel desfacteurs au plus bas niveau possible. Le choix points de vente sur tous les sujets, qu'il s'agis-des bons ingrédients au bon moment est essen- se de l'alimentation, des vaccins, des médica-tiel. Interchick a un avantage sur certains de ses ments ou des conditions d'hygiène, ou même

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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de la taille des poulaillers et de ce qu'il faut consommation de viande et d'oeufs par habi-mettre sur le sol. tant inférieure à celle de la plupart des autres

pays. Néanmoins, sa ration calorique moyenneLa société emploie deux représentants com- (2 250 kcal par jour selon les estimations de lamerciaux techniques principaux (. vulgarisa- FAO) est légèrement supérieure à la moyenneteurs .) et trois assistants, qui font la tournée de 2 007 kcal pour l'ensemble de l'Afriquedes aviculteurs et donnent des conseils à ceux subsaharienne. Comme dans les autres paysqui ont des problèmes; ils se rendent parfois d'Afrique subsaharienne, la carence en pro-sur les exploitations sans y avoir été invités. téines est largement répandue et toute aug-Les deux représentants principaux ont des mentation de la production commerciale dediplômes d'aviculture obtenus à l'étranger et volailles et d'oeufs représente un progrès.les assistants ont eux aussi une formation spé-cialisée. Avant l'époque des compressions Les statistiques de la production agricole sontbudgétaires, c'est le service vétérinaire de l'É- notoirement peu fiables. Quoi qu'il en soit,tat qui aurait accompli ces tâches. selon le Ministère de 1 'agriculture, au débutAujourd'hui, l'administration n'en a pas les des années 90, la Tanzanie avait la productionmoyens ou fait payer des redevances en de viande et d'oeufs par habitant la plus basseéchange des services, l'idée étant que les agri- en Afrique de l'Est: 0,65 kilo de viande et 9 à 29culteurs qui tirent un avantage financier des 10 oeufs. De tels chiffres sont bas quel queconseils qu'ils reçoivent doivent contribuer au soit le critère utilisé. La libéralisation de l'éco-financement des coûts correspondants. nomie et notamment l'élimination des

contrôles des prix de la viande et des oeufsInterchick donne des conseils gratuitement. ont provoqué une forte expansion de la pro-L'entreprise considère que le service assuré par duction et de la consommation de volailles. Ilses représentants est un moyen d'aider les a cependant fallu une entreprise efficace etclients à réussir dans leur entreprise tout en bien financée comme Interchick pour aug-favorisant les ventes. Elle s'adresse à un vétéri- menter rapidement l'offre de poussins d'unnaire diplômé de la région de Dar-es-Salaam jour issus d'une génération de poussins depour traiter des problèmes dépassant la com- reproduction de bonne qualité, importés depétence des agents de vulgarisation. Comme l'étranger. Le seul concurrent sérieux de l'en-toujours dans les situations de ce type, les plus treprise avait des antécédents incertains et ilgros aviculteurs accaparent une part dispropor- n'aurait pas pu provoquer l'augmentationtionnée du temps des agents vulgarisateurs et régulière de l'offre qui s'est produite.les petits exploitants ayant accès au téléphone L'importation d'oeufs et de viande de pouletou au transport obtiennent davantage que ceux n'aurait pas été une solution viable. La viandequi ne disposent pas des mêmes moyens. importée aurait dû être congelée, ce qui aurait

posé de grands problèmes de distributionInterchick a également entrepris de créer un sous un climat tropical où les réfrigérateursclub d'aviculteurs pour organiser des sémi- sont rares. Il est beaucoup plus simple etnaires de formation, offrir des vaccins gratuits, moins cher de garder les volailles en vie jus-superviser les campagnes de vaccination et qu'au moment où elles doivent être consom-promouvoir généralement la lutte contre les mées. Les oeufs n'auraient pu être importésmaladies pour remédier au taux élevé de que par avion et auraient alors coûté beau-décès prématuré de poulets dû à des carences coup plus cher que les oeufs produits surdans les mesures prophylactiques et dans la place. Il n'y a aucun doute: Interchick a effec-gestion. Le club aidera spécialement les tivement contribué à améliorer le régime ali-exploitants désireux de se lancer dans l'avi- mentaire d'un très grand nombre de gens.culture et leur offrira un cadre pour discuterde leur expérience. Utilisation efficace de devises peu

abondantesAmélioration du régime alimentaire Interchick n'est pas soumise aux mesures dePays à très bas revenu, la Tanzanie a une protection associées autrefois à l'industrialisa-

TANZANIE : EXPLOITATION AVICOLE

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tion destinée à assurer le remplacement des Tanbreed, le client de la SFI, qui est à l'origineimportations. La monnaie tanzanienne n'est d'environ 75 % des bénéfices combinés desplus artificiellement surévaluée, il n'y a pas de deux sociétés, n'a importé que pour environcontrôle des changes et il n'existe aucun droit 530 000 dollars, soit moins d'un tiers. Parou licence d'importation. Par ailleurs, aucune ailleurs, les dépenses totales en devises (1,67réglementation interne n'empêche quiconque million de dollars) sont peu élevées par rapportde se lancer dans la production de poussins au coût total ou au chiffre d'affaires total. Ellesd'un jour, de viande congelée ou d'aliments sont même peu importantes en proportion despour les volailles. Dans le cas des poussins avantages considérables liés à la forte augmen-d'un jour, le seul obstacle à l'entrée vient de tation de l'offre interne de poulets et d'oeufs,la taille considérable d'Interchick et de l'exis- sans parler des revenus ni des emplois.tence d'un réseau de commercialisation quipourrait probablement dissuader d'autres C O N C LU S IO Nentrepreneurs de s'implanter dans ce secteur.Dans le cas de la viande congelée, Interchick Les maladies, le mauvais temps et les capricesa au moins un concurrent sérieux mais le coût du marché contribuent à faire de l'avicultureen capital élevé de la transformation des pou- une activité à risque. À partir de mars 1997,

30 lets en viande congelée et de la distribution plusieurs de ces risques se sont concrétisés enpar camionnettes frigorifiques peut découra- même temps. Une grande épidémie de salmo-ger les nouveaux venus. nellose a anéanti la totalité des reproducteurs

de l'élevage d'Interchick à Mbezi et toutes lesDans un certain sens, Interchick est protégée poules pondeuses de sa Top Farm. Seuls lescontre la concurrence étrangère pour sa vian- poulets de chair ont survécu. La chute desde transformée (congelée). Des poulets ventes de poussins d'un jour a provoqué unecongelés peuvent être importés de France à perte financière substantielle.bon marché mais la population de Dar-es-Salaam et de la région côtière est en majorité Au même moment, la sécheresse a réduit lamusulmane. Or, les musulmans ne mangent production de céréales et une taxe à la venteque de la viande d'animaux abattus confor- de 10 % sur les aliments pour les animaux amément à certaines règles alimentaires encore aggravé la hausse des prix de ces(Halal), qui est précisément celle que fournit produits. Ces facteurs ont fait baisser laInterchick. Le plus souvent, la viande impor- demande d'aliments et de poussins chez lestée ne répond pas à cette norme. éleveurs et alourdi les frais d'exploitation

d'Interchick. Celle-ci a cherché à réduire lesInterchick n'exporte pas, bien que cette éven- coûts mais la qualité de sa production d'ali-tualité ne soit pas à exclure dans les années à ments fabriqués a baissé. La viande devenir si le marché national perd son dynamis- volaille étant considérée comme un luxeme. Il ne semble pas non plus que ses clients superflu en Tanzanie, le ralentissement de laaviculteurs exportent de leur côté, si l'on excep- demande a fait chuter les prix de la volaille àte peut-être un certain commerce transfronta- un point tel qu'Interchick n'arrivait plus àlier, surtout autour de Mwanza. Interchick est couvrir ses coûts de production.donc utilisateur net de devises, puisque l'entre-prise importe la totalité de ses machines et des Enfin, l'arrivée de nouveaux producteurs deses véhicules. Le tableau ci-dessous décrit les volailles plus efficaces en Tanzanie a aug-importations effectuées en 1996: menté la concurrence rencontrée par

Interchick. La direction d'Interchick a concluImportations Dollars E.U. qu'elle ne pouvait rivaliser avec les nouveauxMachmes et matériel 520 000 producteurs qu'en améliorant et en moderni-Poussins de reproduction et î5r) 000 sant les installations de production.multiplication pour produire lespoussins d'un jour En décembre 1997, les propriétaires/dirigeantsingredients des alimenLs 1 000 00<) d'Interchick ont fait savoir à la SFI que lapour les volaillesTotal l 6-70 0L

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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société rencontrait des difficultés qu'elle ne nouveaux propriétaires pensent que l'entre-pourrait surmonter que grâce à de nouveaux prise est viable et ont commencé à injecterinvestissements et à une augmentation du une quantité substantielle de capitaux pourfonds de roulement. Convaincus que de tels faire des améliorations. Le principal marchéinvestissements n'auraient guère de sens, les d'Interchick est toujours la vente de poussinspropriétaires ont déclaré qu'ils souhaitaient aux éleveurs indépendants. Comme la séche-renoncer à la direction de l'entreprise et mettre resse s'est atténuée et que les prix desl'entreprise entre les mains d'un liquidateur. céréales ont diminué, la demande pour la pro-

duction d'Interchick a augmenté et l'entrepri-Un personnel nouveau a été nommé pour se a commencé à reconstituer ses élevages. Ladiriger l'entreprise jusqu'à ce que des repre- nouvelle direction prévoit de réduire l'emploineurs se manifestent. Après avoir dirigé l'en- direct dans l'entreprise mais les principauxtreprise pendant un certain temps, les intéres- avantages économiques décrits dans la pré-sés ont décidé de s'en porter acquéreurs. Les sente étude de cas persistent.

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TANZANIE EXPLOITATION AVICOLE

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Lhôtellerie est une branche d'activité hôteliè-re qui peut-être imprévisible: elle est soumi-se aux caprices des touristes et du climatautant qu'à l'incertitude économique.Cependant, pour un pays comme la Turquie,riche en sites anciens, héritier d'une culturemillénaire et plein de promesses sur le planéconomique, l'hôtellerie de haute qualitépeut faire naître l'intérêt et l'attention desmilieux d'affaires internationaux qui stimulentl'activité économique. L'histoire de l'hôtelConrad Hilton d'lstanbul est une histoiretumultueuse mais la persistance et la créativi-té de l'investisseur trouvent finalement leurrécompense.

ROBERT R. MILLER32 TUR^QUIE: CONSTRUCTION DE

L'HOTEL CONRAD INTERNATIONALD'ISTANBULDurant la guerre du Golfe, en 1991, alors que des difficultés, il faut que les promoteurs et lesles visiteurs étrangers reportaient ou annu- prêteurs se sentent engagés de telle manièrelaient leurs voyages en Turquie, le moment qu'ils aient la volonté de rechercher des solu-n'était certainement pas le plus favorable pour tions. Ils ont essentiellement deux choix: soitouvrir un hôtel dans ce pays. Pourtant, la liquider le projet, ce qui entraîne une perteconstruction étant finalement achevée et les financière immédiate pour les deux partiesremboursements de prêts venant à échéance, mais peut encore aboutir à un projet écono-l'hôtel Conrad Hilton d'Istanbul n'avait pas le miquement viable 1 ; soit rechercher deschoix. L'hôtel, construit avec une aide sub- moyens pratiques de remettre le projet surstantielle de la SFI sous la forme de finance- pied, toujours au prix d'un risque financierments directs et indirects, a rencontré des dif- supplémentaire. Dans le cas du Conrad, leficultés dès le premier jour. La guerre du risque a été pris et tout indique que ce choixGolfe, en effet, n'était pas son seul problème était le bon.: plusieurs hôtels cinq étoiles avaient étéconstruits à peu près en même temps, provo- BRÈVE DESCRIPTION DUquant une augmentation soudaine du nombre PAYSde chambres d'hôtel de luxe au momentmême où la demande pour ce créneau s'ef- L'économie turque s'est étonnamment bienfondrait. De plus, un léger dépassement des comportée ces dix dernières années, malgrécoûts et un retard de six mois à l'ouverture l'instabilité des gouvernements et les incerti-étaient venus aggraver les difficultés du tudes politiques en général. Depuis 1990, laConrad et une restructuration financière s'im- croissance réelle a été proche de 5 % par anposait d'urgence. en moyenne. Elle a toutefois été irrégulière,

l'expansion alternant avec la récession, et lesL'hôtel Conrad International illustre une vérité taux d'inflation étant régulièrement élevéspremière : un projet privé ne peut contribuer mais changeants. En 1994, par exemple, l'éco-au développement que s'il est d'abord viable nomie turque s'est contractée de 5 % avant deet rentable. Quand les sociétés rencontrent se redresser l'année suivante pour réaliser une

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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croissance de 8 %. L'inflation annuelle a varié nombre de visiteurs étrangers est passé, entreentre 60 % et beaucoup plus de 100 % depuis 1983 et 1997, de 1,2 million à environ 10 mil-1990, sa tendance générale étant à la hausse. lions, et leurs dépenses de 400 millions deLe caractère imprévisible de l'inflation est dollars à 7,5 milliards de dollars. Le tourismel'une des principales raisons pour lesquelles est devenu la deuxième source de devises deles banques turques refusent de prêter au-delà la Turquie, après les textiles.d'une durée relativement brève2 . De plus, lesrisques élevés associés par les prêteurs à la OBJECTIFS DU PROJETsituation économique en Turquie ferment à laplupart des promoteurs l'accès au finance- Le projet de la SFI portait sur la constructionment des projets par des capitaux extérieurs. et l'aménagement à Istanbul d'un hôtel de

luxe de 667 chambres, qui devait ouvrir à laLes gouvernements nationaux successifs ont fin de 1991. L'hôtel était situé dans la partieété incapables de s'attaquer aux problèmes moderne de la ville, à proximité d'un quartierstructurels fondamentaux du pays. Les déficits d'affaires en pleine expansion. Depuis le sitebudgétaires sont considérables, creusés par les à flanc de colline, de nombreuses chambrespertes substantielles des entreprises publiques, offraient une vue spectaculaire sur lepar l'inefficacité d'une administration plétho- Bosphore. La SFI est entrée en scène en 1989, 33rique et par un système de protection sociale lorsque les promoteurs, après avoir longtempsgénéreux. Incapable d'assainir ses finances cherché des prêteurs, ont dû constater que lepubliques, la Turquie traverse des crises financement du projet hôtelier poserait desmonétaires périodiques et souffre d'une forte problèmes. Sur un coût total estimé à 93 mil-inflation. Dans une telle situation, qui toutefois lions de dollars, la SFI s'est engagée à fournirpermet encore une croissance économique 18 millions de dollars de prêts pour sonpar à-coups sous l'influence du secteur privé, compte propre (prêts A), à syndiquer 24 mil-le climat des affaires est tel que les investisse- lions de dollars supplémentaires à desments à long terme financés par des capitaux banques participantes (prêts B) et à prendrelocaux sont aussi difficiles que risqués. une participation de 4 millions de dollars. Le

financement direct et indirect de la SFI repré-Outre les problèmes causés par la situation sentait donc une part importante du finance-macroéconomique en Turquie, les affaires en ment total de l'opération.général, et le tourisme en particulier, subissentle contrecoup de la menace du terrorisme et Le plan financier initial prévoyait aussi quede l'instabilité ou des conflits dans les pays Conrad International, branche mondiale devoisins. L'embargo imposé à la suite de la Hilton Hotels (États-Unis), serait l'un des prin-guerre du Golfe contre l'Irak, l'un des princi- cipaux promoteurs. Cette société s'est enga-paux partenaires commerciaux traditionnels de gée à apporter 18 millions de dollars pourla Turquie, n'a pas favorisé l'économie turque. acquérir 40 % du capital de YeditepeL'hôtellerie est particulièrement sensible aux Veynelmilel Otelcilik Turizm ve Ticaret A.S., laralentissements économiques et la menace de société turque créée pour construire et exploi-la violence provoque de profonds bouleverse- ter l'hôtel. Conrad International devait aussiments. Dans le tourisme de loisirs, les clients gérer l'hôtel. Les actionnaires comprenaientvoyagent en fonction de leurs désirs et ont le également le Groupe Aksoy, groupe familialchoix entre d'innombrables destinations. Ainsi, turc, qui avait conçu l'idée et monté le projetles hôtels des stations balnéaires de la côte de initial. Selon le plan de financement, Aksoyla mer Égée ont ressenti les effets de la guerre apporterait 4 millions de dollars, soit 19,3 %du Golfe plus fortement que les hôtels des fonds propres. Outre la SFI les autresd'Istanbul, fréquentés par les hommes d'af- actionnaires étaient EMEK, la caisse defaires et non pas uniquement par les touristes. retraites turque, propriétaire du terrain sur

lequel l'hôtel devait être construit, et SSK, laGlobalement, le tourisme est aujourd'hui une caisse de sécurité sociale turque. L'apport desource majeure de devises pour la Turquie. Le ces institutions devait être respectivement de

TURQUIE: CONSTRUCTION DE L'HôTEL

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2 millions de dollars et de 5 millions de dol- PREMIÈRES DIFFICULTÉS ETlars. Le plan de financement prévoyait donc R E ST RU CT U R AT I O Ndes fonds propres s'élevant à 33 millions dedollars, soit près de 35 % du total des res- L'hôtel Conrad International a été ouvert ensources. Les autres financements devaient être mai 1992, avec près de six mois de retard et àassurés par des prêts à court terme (5 millions un coût supplémentaire de 9 millions de dol-de dollars) et une subvention de l'État (13 mil- lars par rapport au budget initial. Ce dépasse-lions de dollars)3 . ment a été dû essentiellement à une hausse

imprévue de la taxe à la valeur ajoutée, pas-Les prêts A et B de la SFI, d'un montant total sée de 8 à 18 %, au versement tardif d'unede 45 millions de dollars, constituaient la partie de la subvention de l'État, à des pertesmajeure partie de la dette contractée pour le initiales avant l'entrée en fonctionnement,projet. Des prêts à court terme de 5 millions caractéristiques de tout hôtel nouveau maisde dollars devaient venir de banques locales. sous-estimées dans le projet, et enfin, auUne part importante du financement, qui allait retard de l'ouverture. La date d'ouverture s'estfinalement être à l'origine de grandes difficul- aussi révélée mal choisie, puisqu'elle a coinci-tés, était fournie par une subvention de l'État dé avec l'ouverture de plusieurs autres grands

34 au titre d'un programme d'encouragement du hôtels dans la ville. Au lendemain de la guer-secteur du tourisme turc. Comme cette sub- re du Golfe, l'ensemble du marché était dépri-vention devait être versée en livres turques, mé et les taux d'occupation et les prix de lason paiement en temps voulu était essentiel chambre ont chuté pour tous les hôtels depour le financement définitif du projet. Or, le luxe4 . Le taux d'occupation du Conrad n'a étépaiement a été retardé et l'inflation en a dimi- que de 36 % et le prix des chambres de 92nué la valeur. dollars, au lieu des 61 % et 123 dollars prévus

à l'origine. Très vite, la direction de la sociétéÀ l'époque où la décision a été prise, la contri- s'est rendu compte qu'elle pourrait difficile-bution du projet au développement et le rôle ment disposer des sommes nécessaires pourde la SFI dans l'opération semblaient clairs. Il commencer à rembourser les banques à partirn'y avait pas d'autres possibilités de finance- de septembre et pour financer les commis-ment, le secteur du tourisme était un objectif de sions de gestion à base de primes.développement primordial du Gouvernementturc et Istanbul semblait avoir grand besoin Les difficultés de remboursement ont assom-d'au moins un hôtel d'affaires supplémentaire. bri immédiatement l'horizon mais il est pro-Toutefois, au fil du temps, le bien-fondé de l'in- bable qu'elles seraient apparues de toutetervention de la SFI est devenu moins évident façon, quoique peut-être moins brutalement.car plusieurs autres hôtels cinq étoiles étaient Le financement de l'hôtel, calculé au plusen construction à Istanbul, tous sans finance- juste, ne laissait pratiquement aucune margeiment de la SFI. d'erreur, ni dans la construction ni au démar-

rage. En outre, la proposition initiale pré-voyait un doublement du nombre desTableau 4.1 Structure des fonds propres de la soctét chambres d'hôtel de luxe entre 1989 et 1992,

ce qui était une sous-estimation. Pour toutesPart en ces raisons, ajoutées à un calendrier d'amor-Fonds propres Part prévue Fonds propres pourcentage tissement commençant très tôt après la miseprévus (X) Déc 1992 Déc. 1992 en service de l'hôtel, il était encore plus pro-

Conrad 18.00 40,0 11.25 25,0 bable qu'un financement supplémentaire dûtInternational intervenir de toute manière 5 .Groupe Aksoy 4,010 19.3 7.50 29.8EMEK 2,00> 6,2 3,' 11(0 Les remboursements de la dette envers lesSSK 5.00 ] 5.2 6.75 15,0 banques du consortium devant commencer enSFI 4,00 19,3 4,00 19.2 septembre 1992, alors que le marasme duTotal 33,00 100,0 33,20 100.0 marché hôtelier à Istanbul paraissait devoir

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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durer, la société a demandé en mai à la SFI de Tableau 4.2 Taux d'occupation et tarif moyen desl'aider à trouver un financement supplémen- chambre4. Conrad InternationaWsetanbulf 1992-96taire. Les fonds serviraient à couvrir les dépas-sements de coût et fourniraient des liquidités 1992 1993 1994 1995 1996suffisantes pour assurer le service des prêts et Taux doccupation 36 'i6 41 65 73financer le fonctionnement de l'hôtel jusqu'à (pourcenage)ce que la situation écononique s'améliore.L'hypothèse était que la situation du secteur Tai moyen des 91,60 89,20 91,64 79,91 92,31hôtelier, et celle de l'hôtel Conrad en particu- chambres (dollars E.U.:)lier, se redresserait dans un délai d'un à deuxans. Elle était audacieuse à l'époque, dans lamesure où d'autres hôtels encore étaient en le Groupe Aksoy, permettant à l'une ou l'autreconstruction. Mais l'hôtel était achevé et les des parties de déclencher une cession de partsactionnaires se trouvaient devant un choix dif- de la SFI à Aksoy à des conditions bien déter-ficile: mettre l'hôtel en cessation de paiement minées. La SFI pouvait, par exemple, vendreà l'égard des prêteurs et risquer alors la liqui- ses parts à Aksoy durant une période donnéedation, ou trouver une forme ou une autre de avec un taux de rentabilité garanti. De sonfinancement relais (espéraient-ils). côté, Aksoy pouvait acheter des parts de la 35

SFI, également durant une période donnée etÀ la fin de 1992, la structure des fonds moyennant une rentabilité garantie pour lapropres était passablement différente de celle SFI. L'accord offrait à la SFI une porte de sor-envisagée à l'origine (tableau 4.1). La princi- tie automatique pour ses actions, sous réservepale modification dans la répartition de la des dispositions de l'accord.propriété des fonds propres était une diminu-tion de la part de Conrad International et une L'accès du Groupe Aksoy au crédit bancaire àaugmentation de celle d'Aksoy, d'EMEK et de court terme en Turquie a permis à la sociétéla SSK. Ce changement était intervenu pour hôtelière d'éviter une restructuration plus radi-répondre au souhait des promoteurs turcs. cale. Les ressources obtenues et l'acceptation

par Conrad International d'un report de la dateEn avril 1993, le Conseil d'administration de la de paiement de ses commissions ont permis àSFI a approuvé la restructuration financière. l'hôtel de fonctionner sans faire appel au nou-Dans cette opération, la SFI et ses partenaires veau fonds pour imprévus de 6,5 millions deconsortiaux ont fourni 6,5 millions de dollars dollars et sans avoir à recourir à de nouveauxde prêts nouveaux, remboursables à partir de apports de fonds propres. Comme SSK etseptembre 1994. Les 45 millions de dollars de EMEK étaient dans l'impossibilité de participer,prêts antérieurs ont été rééchelonnés, les pre- l'appel à de nouveaux apports de fondsmiers remboursements venant à échéance propres aurait été difficile de toute façon.trois ans plus tard que prévu initialement. Àelles seules, ces deux mesures ont apporté un Conrad International a continué à gérer l'hô-véritable ballon d'oxygène à la société. La tel durant cette période difficile et en assurerestructuration a comporté également la toujours la gestion aujourd'hui. L'accord deconstitution d'une dette subordonnée supplé- gestion conclu avec cette société est de typementaire pour les trois principaux action- courant pour le secteur, prévoyant des com-naires, essentiellement afin de créer un fonds missions basées en partie sur les recettespour imprévus qui augmenterait les liquidités brutes de l'hôtel et en partie sur des paie-disponibles en cas de besoin. ments incitatifs calculés sur la marge d'exploi-

tation de l'hôtel mais passant après le serviceUn autre volet de la restructuration devait pro- de la dette privilégiée de l'entreprise. De cecurer une garantie à la SFI, s'ajoutant aux ver- fait, la rentabilité financière pour Conrad nesements en compte de garantie bloqué. Un dépend qu'en partie des dividendes et desaccord sur une opération combinée de vente gains en capital, ce qui n'est pas le cas pouret d'achat a en effet été conclu entre la SFI et les autres actionnaires.

TURQUIE: CONSTRUCTION DE L'HOTEL

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La restructuration financière de la société avait Conrad International et le Groupe Aksoyété conçue principalement comme une for- avaient, l'un et l'autre, engagé des capitaux sub-mule relais qui permettrait de traverser la stantiels dans l'opération. En fait, la structurepériode difficile ayant fait suite à l'ouverture financière de la société, qui mettait un quart desde l'hôtel en 1992-1993, jusqu'à des temps actions entre les mains de la société respon-meilleurs, en principe un ou deux ans plus sable également de la gestion, était inhabituelletard. Mais que s'est-il produit en fait depuis la à l'époque du montage du projet. Dans larestructuration ? Le taux d'occupation et le mesure où toute restructuration éventuelle crée-prix des chambres depuis l'ouverture mon- rait inévitablement une dette supplémentaire, ettrent que le délai supplémentaire procuré par augmenterait par conséquent le risque suppor-la restructuration financière n'était certaine- té par les actionnaires, la coopération des prin-ment pas excessif (tableau 4.2). Les taux d'oc- cipaux actionnaires et leur acceptation de l'ac-cupation se sont généralement redressés cord définitif étaient essentiels. En toute hypo-durant la période considérée, suivant l'évolu- thèse, la participation substantielle des deuxtion générale du secteur, mais l'amélioration a grands actionnaires aux fonds propres était unété lente jusqu'en 1995 6 La progression des gage de coopération de leur part dès lors quetaux d'occupation au cours de cette dernière la liquidation de l'hôtel leur aurait coûté une

36 année a été obtenue moyennant une baisse grande partie de leur mise de fonds initiale7.du tarif moyen des chambres.

La coopération des prêteurs était nécessaireLe taux d'occupation et le tarif des chambres également mais eux avaient au moins un cer-à l'hôtel Conrad se sont nettement améliorés tain espoir de récupérer l'essentiel de leuren 1996, puis de nouveau en 1997. En consé- investissement en cas de liquidation. De leurquence, le bénéfice d'exploitation s'est redres- point de vue, la difficulté venait du risquesé suffisamment pour que l'hôtel n'ait pas à d'une procédure de liquidation très longue, àutiliser son fonds pour imprévus pour assurer issue incertaine. Le choix raisonnable étaitle service de la dette. La restructuration finan- donc entre la radiation de tout ou partie descière semble donc avoir atteint son objectif, prêts et la prise d'un risque en acceptant unqui était de donner à l'hôtel un délai supplé- rééchelonnement qui nécessiterait un apportmentaire pour rembourser sa dette, bien que de fonds supplémentaires.rien ne soit jamais totalement sûr dans l'éco-nomie turque, sujette aux à-coups. I M PAC T SU R

LE DÉVELOPPEMENTL'expérience de l'hôtel Conrad Intemationald'Istanbul permet clairement de tirer deux Les hôtels de classe internationale rendentenseignements: possibles les relations d'affaires internatio-

nales mais Istanbul n'en comptait que* Il est prudent d'avoir des plans d'urgence quelques-uns jusqu'à la multiplication récentetout prêts, car même les meilleures prévi- des établissements de cette catégorie. Lasions économiques peuvent être déjouées construction de l'hôtel Conrad International etau moment où un projet est achevé. Cette des autres hôtels internationaux a créé uneremarque vaut en particulier lorsque le masse critique d'établissements capables d'at-financement initial est calculé au plus juste. tirer des activités d'affaires qui, sans eux,Certains documents du projet établis très tôt auraient eu lieu ailleurs. Cet effet a été impor-avaient envisagé l'éventualité d'une restruc- tant à Istanbul, bien qu'il soit difficile à quan-turation mais aucun plan d'urgence n'avait tifier ou à attribuer à un seul établissement.apparemment été conçu à l'époque.

Il est possible, en revanche, de mesurer le taux* Rien n'est plus important qu'un engage- de rentabilité économique, qui donne une esti-

ment solide de la part des promoteurs et mation quantitative de l'efficacité d'un projetdes prêteurs. dans l'utilisation des ressources économiques.

Cette mesure est similaire au taux de rentabili-

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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té interne, qui donne une estimation des gains Tableau 4.3 Activités de formationprocurés aux fournisseurs privés de capitaux. de l'hôtel Conrad depuis mars 1995Avant la construction de l'hôtel, le taux de ren-tabilité économique prévu était de 16 %, ce qui T de f Salriés formésest considéré comme largement satisfaisantpour les projets de la SFI. Ce calcul n'avait Connaissance dec produits 419cependant pris en compte ni les difficultés ren- Lutte contre les incendies 3:§89contrées après l'ouverture de l'hôtel ni le bas Travail d'équipe 376niveau des recettes qui s'est ensuivi. Sûreté et sécurité 361

Hygiène 295Le plus récent calcul du taux de rentabilité Santé 263économique, fait en 1993 après la restructura- Alaquillage 140tion financière, tient compte des conséquences Premniers secours 139des retards dans la réalisation des objectifs pré- Apprentissage de l'anglais 122vus pour les recettes et intègre également le Vente de boissons 97dépassement de coût. Le taux de rentabilité Formtadon pratique 57économique recalculé pour le projet, à partir Communications 49d'hypothèses réalistes pour les tendances des Advantages d'un emploi au Conrad 45 37recettes et des coûts, n'était que de 9 %, soit Droit du trvail 40un taux sensiblement inférieur aux projections. Épanouissement indhiiduel 38Bien que les chiffres d'exploitation actuels Formation des Formateurs 32annoncent des résultats meilleurs que ceux qui Total 2.852ont servi d'hypothèse aux calculs faits en 1993,le taux de rentabilité ne serait guère différent rent des salaires inférieurs et trouvent d'autress'il était calculé de nouveau aujourd'hui car, moyens de compléter la rémunération. Quoidans toute analyse de flux de trésorerie, les qu'il en soit, même après correction pour tenirflux anciens pèsent davantage que les plus compte de ces distorsions, les salaires versésrécents dans la rentabilité. par les grands hôtels internationaux sont net-

tement supérieurs à ceux qu'offrent les entre-Création d'emplois prises de la place. De ce fait, les emplois dansEn moyenne, l'hôtel Conrad International les hôtels comme le Conrad sont très recher-emploie chaque jour environ 450 personnes et chés et le personnel est stable8.peut faire appel rapidement à une cinquantai-ne de travailleurs temporaires en cas de La Turquie ayant un taux de chômage comprisbesoin. La plupart du personnel est assez peu entre 8 et 9 % pour l'ensemble de la popula-qualifié (maîtres d'hôtel, femmes de chambre, tion et plus élevé parmi la main-d'oeuvre nonserveurs, chasseurs, préposés aux lessives) et qualifiée, il est certain que les emplois crééssemi-qualifié (réceptionnistes, électriciens et par l'hôtel Conrad ont contribué au dévelop-peintres). Environ un quart du personnel de pement à Istanbul. Quant à savoir si cette villel'hôtel pourrait être considéré comme une avait besoin d'un hôtel cinq étoiles supplé-main-d'oeuvre qualifiée. mentaire alors qu'elle avait déjà un excédent

de chambres de luxe, c'est une autre question.Les salaires moyens du personnel du Conrad En définitive, l'offre et la demande semblentsont de deux à trois fois supérieurs aux avoir trouvé un équilibre. Dans ces condi-salaires officiels pratiqués à Istanbul, à niveau tions, l'ouverture du Conrad et des autresde compétences égal. Toutefois, cette propor- nouveaux hôtels a créé un marché destion est trompeuse dans la mesure où les trai- chambres de luxe très compétitif, en mêmetements versés par les hôtels internationaux temps que de nombreux emplois.constituent en totalité une rémunération ver-sée à un salarié et sont soumis à une retenue Action de formation et d'éducationfiscale à la source de 35 %. Pour échapper à L'exploitation d'un hôtel de luxe dans un paysl'impôt, beaucoup d'autres employeurs décla- en développement nécessite la formation

TURQUIE: CONSTRUCTION DE L'HOTEL

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continue de personnel. Plus de 2 400 salariés l'attention à une multitude de détails est uneont participé aux programmes de formation condition essentielle de succès. Cette attentionorganisés par l'hôtel Conrad 9. Ces pro- suppose la maîtrise de techniques de gestiongrammes de formation ont un caractère élé- mises au point de longue date, en principementaire et certains consistent à faire transférables, dans lesquelles les sociétésconnaître au personnel certaines particularités internationales excellent.de l'emploi dans un hôtel de la chaîne(tableau 4.3). Comme la plupart des sociétés multinatio-

nales, Conrad International préfère recruter laPour se situer favorablement par rapport à ses majorité de ses cadres de gestionl dans le paysconcurrents, l'hôtel dépend de la capacité de d'accueil. Les nombreuses raisons qui justi-son personnel à offrir des services régulière- fient cette préférence sont notamment de pro-ment supérieurs. Le programme de formation fiter de coûts moins élevés, de bénéficiercherche à amener des personnes très peu d'une meilleure connaissance des besoins etqualifiées à un niveau où elles peuvent être des goûts locaux et de mieux s'intégrer à lafonctionnelles, polies et efficaces dans un collectivité locale. Conrad a effectivementcadre de travail souvent exigeant. Les salariés remplacé peu à peu les cadres expatriés par

38 peuvent tirer profit d'une grande partie du des résidents locaux. Sur la nombreuse équi-savoir-faire qu'ils acquièrent, quel que soit le pe de cadres étrangers chargés de l'ouverturedomaine où ils travaillent ultérieurement. de l'hôtel, cinq ou six seulement restent enL'investissement dans la formation présente poste, dont le directeur général, le directeurégalement un intérêt pour une entreprise s'il résident, le directeur financier et le chef cuisi-contribue à stabiliser le personnel, comme nier. Aujourd'hui, les autres cadres, respon-c'est le cas au Conrad. sables des ventes et du marketing, des res-

sources humaines et de l'entretien, sont tousÀ part ses programmes de formation élémen- de nationalité turque.taire, le Conrad offre des possibilités de stageen coopération avec les collèges et universités Outre le transfert de connaissances en matièrelocaux. De 150 à 200 étudiants par an ont reçu de gestion, l'hôtel a mis en place des systèmesune formation à l'hôtel ces dernières années. modernes d'information de gestion. Ces sys-Ces stagiaires entreront ou n'entreront pas au tèmes n'ont pas été achetés sur place mais ilsConrad mais leur formation illustre la participa- sont utilisés à la fois par le personnel d'enca-tion des universités à l'effort déployé pour sou- drement et par les employés à quasiment toustenir le secteur du tourisme, en pleine expan- les niveaux. La connaissance et l'utilisation desion en Turquie. L'Université du Bosphore pro- ces techniques informatiques représentent unepose, par exemple, un programme d'études de modeste forme de transfert de technologie.gestion hôtelière qui comprend un stage de 15semaines dans l'un des hôtels locaux. Ce pro- Avantages économiques procurés à lagramme a été conçu spécialement pour fournir communauté sur placedes diplômés au secteur du tourisme, à Les hôtels établissent des liens économiquesIstanbul et dans le reste de la Turquie. avec la communauté environnante en achetant

des biens et services sur place, en payant desTransfert de technologie impôts et en hébergeant une clientèle qui faitLes hôtels n'offrent guère d'occasions d'opérer des dépenses en dehors de l'hôtel. Le premierun transfert traditionnel de technologie et le dernier de ces deux effets externes ontpuisque leurs produits sont exclusivement des des chances d'être substantiels mais ils sont dif-services, assurés le plus souvent de manière ficiles à quantifier. Des estimations trèsdirecte et personnelle. Dans ces conditions, approximatives faites dans d'autres pays sem-pour apprécier si un transfert a lieu, il faut que blent indiquer que pour trois emplois situésla définition englobe les connaissances et les directement dans le secteur de l'hôtellerie et desystèmes de gestion. Or, les hôtels de luxe la restauration, un emploi supplémentaire estbien gérés sont des entreprises complexes où créé dans le secteur du tourisme, et que pour

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chaque emploi dans le tourisme, deux emplois ne locale. Les dépenses des clients de l'hôtelindirects sont créés. Si donc l'hôtel Conrad n'ont pas pu être estimées.emploie 450 personnes, un nombre analogued'emplois serait créé indirectement dans l'éco- Impact sur l'environnementnomie. Ces estimations sont certes très impré- La plupart des préparatifs de ce projet ont eucises mais elles donnent au moins une idée des lieu bien avant que la SFI ne rende ses normeseffets multiplicateurs de l'activité hôtelière. environnementales plus strictes en 1990 et

n'augmente son personnel résident spécialiséLes entretiens organisés pour la présente dans les questions d'environnement.étude avec les fournisseurs du Conrad Cependant, la conception et la construction deIstanbul ont conduit parfois à des constata- l'hôtel ont reçu l'agrément du Département detions surprenantes. Par exemple, le Conrad et l'environnement de la Banque mondiale qui, àun autre hôtel de luxe ont cherché l'un et l'époque, assurait ses services pour les projetsl'autre, quand ils ont ouvert leurs portes, à se de la SFI. Tous les aspects de l'opération ontprocurer des produits frais d'un type et d'une été jugés acceptables.qualité qui n'étaient pas encore disponiblesalors en Turquie. Le grossiste local qui a obte- L'impact d'un hôtel sur l'environnementnu le marché a expliqué qu'au départ, il ne concerne avant tout le rejet d'effluents 39savait pas où il pourrait acheter les fruits et liquides et aussi la protection contre les incen-légumes désirés. Il a finalement pu trouver dies et les autres mesures de sécurité (distri-des fournisseurs à l'étranger, mais aujourd'hui bution d'eau potable et conception de bâti-ce sont des sources locales qui procurent un ments capables de résister aux séismes). Lagrand nombre des produits. À lui seul, l'hôtel municipalité d'Istanbul traite les eaux uséesConrad représente un tiers de l'activité com- de l'hôtel moyennant une redevance. Aumerciale, pourtant assez considérable, de ce moment de la construction de l'hôtel, lefournisseur. Cet exemple montre bien que le réseau d'égouts d'Istanbul était en cours decourant d'affaires externes de l'hôtel ne crée rénovation avec l'aide financière de la Banquepas seulement des emplois supplémentaires mondiale. Les systèmes de protection contremais modifie aussi le caractère des entreprises l'incendie, conformes aux normes améri-fournisseuses, provoquant une amélioration caines, comprennent des détecteurs de fuméede la qualité et de la logistique. et des arroseurs automatiques dans chaque

pièce. La distribution d'eau potable est unAu total, en 1996, le Conrad a acheté des four- problème pour les hôtels dans la plupart desnitures, des services et de l'énergie pour un pays en développement et le Conrad n'échap-montant de 5,5 millions de dollars, et payé pe pas à la règle: de l'eau en bouteille est10,1 millions de dollars d'impôts. La plupart mise à la disposition des clients et servie dansdes achats ont porté sur des produits d'origi- les restaurants de l'hôtel.

TURQUIE: CONSTRUCTION DE L'HOTEL

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NOTES

1 Bien que l'échec financier limite les possibilités, les hôtels achevés ne disparaissent pas. Après un échec financier,une autre partie reprend parfois les actifs et, comme ceux-ci ont été cédés à bas prix, elle finit par gérer l'investis-sement avec succès.

2. L'emprunt de capitaux dans une économie à forte inflation comporte lui aussi des risques, surtout si le taux d'infla-tion est imprévisible. En pareil cas, même si les institutions financières sont disposées à prêter, la demande de capi-« taux à long terme sera probablement faible.

3. En comptabilisant la subvention de l'État comme un apport de fonds propres, la part des fonds propres dans le fmian-cement total avoisine les 50 %. Un apport substantiel de fonds propres par les promoteurs des projets hôteliers faitpartie des conditions de financement de la SFI car les risques ainsi acceptés renforcent leur engagement à l'égard del'opération.

4. Quelques-unes de ces ouvertures d'hôtels avaient été prévues, mais pas toutes.5. Dans une étude ultérieure du secteur du tourisme, le Groupe de l'évaluation rétrospective des opérations de la SFI

a recommandé de traiter les projets hôteliers différemment des projets industriels, notamment pour l'établissementdu calendrier d'amortissement. Le plus souvent, selon cette étude, il faut attendre jusqu'à deux ans pour que lesrecettes deviennent raisonnablement stables. - An Evaluation of IFC's Experience in tle Tourism Sector ., mémoran-dum au Conseil des Administrateurs et au Président, 5 juin 1992 (IFC/SecM92-119).

6. Comme on l'a vu, l'année 1994 a été marquée par la récession en Turquie, cause d'une chute des taux d'occupationet du tarif des chambres pour tous les hôtels d'Istanbul.

7. Plusieurs autres nouveaux hôtels construits à Istanbul ont rencontré des difficultés financières, parfois aggravées parla structure du financement qui comprenait souvent une proportion de dette plus élevée que dans le cas du ConradInternational.

8. Les salaires dans les hôtels internationaux vont de 9 000 dollars à 13 000 dollars, personnel de gestion non compris.9. De nombreux salariés ont participé à plusieurs programmes.

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La mondialisation oblige les entreprises às'adapter à des conditions nouvelles. EnUruguay, les autorités ouvrent progressive-ment le marché à la concurrence internatio-nale. La situation d'une entreprise d'un sec-teur, celui des agrumes, illustre non seulementles difficultés mais aussi les possibilités que

I r peut offrir le changement Ses aspects dou-loureux de même que les avantages qu'ilcomporte sont mis en pleine lumière.

DELBERT A. FITCHETT ET FREDERICK Z. JASPERSEN

URUGUAY: CULTURE DES 41AGRUMES, AZUCITRUS

Azucitrus, entreprise uruguayenne de culture tence de son personnel d'encadrement etet de transformation des agrumes, a eu un technique et la loyauté de sa main-d'oeuvreimpact remarquable sur le développement, locale, l'entreprise était dans une impasse.malgré la lutte incessante qu'elle mène pour.préserver sa viabilité commerciale. La manière La SFI a décidé d'investir dans ce projet àdont le promoteur et la SFI ont réglé les pro- cause de son potentiel de développement surblèmes à mesure qu'ils sont apparus a une le plan stratégique. Grâce à son intervention,valeur exemplaire. Azucarlito a pu créer une société distincte

pour la culture des agrumes, achever la miseAu moment de l'entrée en scène de la SFI, en en valeur de 2 000 hectares de plantations irri-1982, Azucarlito, raffineur de sucre autrefois guées d'agrumes et construire une usine deprospère qui allait devenir le promoteur du conditionnement et de transformation, unprojet, était dans une situation financière laboratoire et des logements pour la main-désespérée. L'entreprise opérait dans un sec- d'oeuvre. La nouvelle société, exploitant lateur en déclin qui dépendait fortement de première plantation d'agrumes modernesubventions publiques massives. Le raffinage d'Uruguay, devait produire toute une sériedu sucre produit à partir de betteraves d'agrumes et de produits à base d'agrumessucrières cultivées sur place, et bénéficiant (comme la pectine) destinés à l'exportation.d'un niveau de protection élevé, était sa prin- Les méthodes d'exploitation étaient conçuescipale activité depuis 30 ans. Quelques années pour permettre une production sans déchetsavant l'intervention de la SFI, les partenaires et à forte valeur ajoutée.uruguayens d'Azucarlito avaient réagi à unchangement de la politique de l'État en inves- Le mauvais temps était le principal risquetissant dans des vergers et en se lançant dans auquel était exposé le projet et le long délail'exportation d'agrumes frais. Le désordre de mise en route aggravait les incertitudes. Unfinancier du début des années 80 avait donné nouveau réseau d'irrigation destiné à fournirun coup d'arrêt à ce programme de diversifi- un supplément d'eau durant les périodes decation et réduit la capacité de la société à atti- faibles précipitations devait atténuer ce risque.rer des financements privés. Malgré la compé- La décision d'irriguer a, en fait, permis d'évi-

URUGUAY: GROWING CITRUS

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ter la perte totale du verger nouvellement donner des résultats depuis la création duplanté lors de la sécheresse qui a sévi de 1989 Mercado Comun Sudamericano (Mercosur).à 1991. Néanmoins, la sécheresse a sérieuse- Les exportations augmentent plus de deuxment réduit la production et entamé les fois plus vite que le PIB. À mesure que l'éco-recettes de la société et sa capacité à assurer nomie s'est ouverte, la majeure partie de lale service de sa dette. croissance est venue de secteurs non tradi-

tionnels, comme l'exportation d'agrumes. LesDes restructurations du financement ont per- secteurs traditionnels des produits manufactu-mis à Azucitrus de continuer à fonctionner et rés légers et des activités agricoles autrefoisd'atteindre certains des objectifs de dévelop- protégées ont décliné parallèlement aupement initiaux du projet. Opérées avec la démantèlement du dispositif protectionniste.participation de personnel et de consultants L'inflation est en recul.de la SFI, elles ont aidé l'entreprise à amélio-rer l'efficacité de son exploitation grâce à de OBJECTIFS DU PROJETfortes réductions des coûts pour augmenterles marges. Aujourd'hui, le projet est finale- Azucarera del Litoral, S.A. (Azucarlito) produi-ment sur la bonne voie. sait du sucre raffiné à partir des betteraves

42 sucrières cultivées dans le pays depuis 1950.BRÈVE DESCRIPTION DU En réaction à l'ouverture de l'économie à laPAYS concurrence internationale à partir de 1973,

l'entreprise a réorienté ses ressources vers laDurant une grande partie du XXe siècle, production plus rentable d'agrumes et del'Uruguay a été l'un des pays les plus riches concentrés de jus. L'investissement d'Azucarlitod'Amérique latine et du monde en développe- a été la première tentative de produire desment. L'agriculture était, et est encore, un sec- agrumes frais destinés au marché d'Europeteur clé, puisque avec l'agro-industrie, il assu- occidentale, rémunérateur et exigeant surre environ 30 % du PIB et 70 % des recettes la qualité.d'exportation du pays. Cependant, à partir desannées 40, une stratégie de développement Organisé comme un producteur intégré deindustriel visant à remplacer les importations a fruits et de jus d'agrumes basé à Paysandu,systématiquement pénalisé l'agriculture et les dans le nord-ouest du pays, Azucarlito a com-exportations. Elle a eu pour effet de découra- mencé, au milieu des années 70, à planter desger les investissements dans l'agriculture et, de arbres pour créer des vergers à 100 km au nordmanière générale, dans la production destinée de la ville de Paysandu. Une fois achevé, leà l'exportation. L'autosuffisance pour des pro- projet devait comporter une plantationduits comprenant le sucre faisait aussi partie d'agrumes et, à la périphérie de Paysandu, unintégrante du remplacement des importations. centre de conditionnement, une usine de pro-

« À partir du milieu des années 50, les crises fré- duction de jus d'orange concentré, d'huilesquentes de la balance des paiements et la stag- essentielles, d'écorces déshydratées et d'ali-nation économique ont signalé l'échec de ces ments pour bétail en granulés. Azucarlito a puchoix économiques. se procurer du matériel importé en obtenant

des autorités un régime fiscal favorable et s'estLa remontée a été lente et difficile, les gou- lancée dans les investissements initiaux. Cesvernements successifs cherchant, non sans un investissements et les apports ultérieurs decertain succès depuis le début des années 70, fonds propres dans le projet de cultureà remédier aux problèmes macroéconomiques d'agrumes appuyé par la SFI ont été financéstout en restructurant les incitations écono- par des liquidités provenant des activitésmiques. Dernièrement, les performances de sucrières de la compagnie, largement tribu-l'économie uruguayenne se sont améliorées. taires de la protection considérable assurée parLes tentatives de stimuler le commerce exté- l'État à l'industrie sucrière nationale. En 1982, larieur en général, et spécialement les échanges trésorerie de la société s'est détériorée grave-avec les pays voisins, ont aussi commencé à ment, en grande partie à cause de politiques du

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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taux de change (tablita) qui ont réduit à néant tion dépasserait 5 000 tonnes par an. Le pro-les incitations accordées aux exportateurs. jet avait un coût estimatif de 36 millions de

dollars; il devait être achevé pour avril 1991PARTI CI PAT ION INITIALE DE et atteindre sa vitesse de croisière en 1999.LA SFI

Au moment où le projet a été soumis auDésireuse d'aider à restructurer l'économie à Conseil d'administration de la SFI, les vergersl'échelon des entreprises, la SFI a pris contact couvraient déjà une superficie de 1 426 hec-avec Azucarlito pour participer éventuelle- tares. Ces vergers, les autres travaux en coursment au financement du projet d'agrumes, et les dettes correspondantes ont été cédés àdéjà en cours. À l'ouverture des discussions, Azucitrus par Azucarlito. La société Azucarlitoen mai 1982, l'entreprise avait commencé à est donc devenue le promoteur du projet,utiliser des technologies d'irrigation haute- actionnaire majoritaire d'Azucitrus (85 %). Lament perfectionnées venant de Californie et SFI a prêté 6 millions de dollars, dont la moi-avait importé et planté des variétés d'agrumes tié en deutsche marks (9,3 millions de DM) etde classe internationale à une échelle com- la moitié en dollars E.U. Elle a également prismerciale sans précédent en Uruguay. Elle une participation au capital de 2,4 millions deavait aussi une pépinière bien tenue pour dollars'. Les deux prêts devaient être rem- 43reproduire et diffuser les variétés importées. boursés en douze versements semestriels àSuivant la suggestion de la SFI, Azucitrus a été partir du 15 octobre 1991 et étaient garantisconstituée comme une société distincte char- par Azucarlito. Une dette à long terme sup-gée des activités de production et de transfor- plémentaire de 13,2 millions de dollars devaitmation d'agrumes d'Azucarlito. La séparation prendre la forme d'un prêt de Banco de lavisait à créer une société indépendante, finan- Repûblica Oriental del Uruguay (BROU), utili-cièrement viable, capable d'établir et de gérer sant en partie des ressources de la Banqueun plan de financement à long terme pour interaméricaine de développement (BID).l'exploitation des agrumes. Une évaluation aeu lieu courant 1984 et le Conseil d'adminis- La forte protection tarifaire a joué un rôletration de la SFI a approuvé le projet en jan- important dans le financement initial et dansvier 1985. le sauvetage ultérieur d'Azucitrus. Les contri-

butions d'Azucarlito au projet, sous la formeÀ cette époque, dans le cadre du projet, on aussi bien de sa participation aux fondsaménageait une plantation d'agrumes irriguée propres que du remboursement des dettesde 2 021 hectares qui devait commencer à d'Azucitrus envers la SFI, ont été (et sont tou-exporter des fruits frais vers les marchés de jours) financées en partie, directement oul'hémisphère nord dès 1985, puis, en 1988, du indirectement, par une taxe payée par lesjus d'orange concentré congelé et des huiles consommateurs uruguayens de sucre. À l'ori-essentielles. Le calendrier d'exécution, très gine, ce prélèvement devait favoriser la pro-étalé, prévoyait qu'Azucitrus achèverait la duction sucrière du pays pour lui permettrephase de plantation pour 1987, soit huit ans de parvenir à l'autosuffisance. À la suite deaprès le démarrage du projet. Quand les l'adhésion de l'Uruguay au régime du com-arbres atteindraient leur pleine maturité (en merce international du Mercosur, en 1991, laprincipe au bout de neuf ans), les fruits expor- taxe s'est transformée en un tarif différentieltables de haute qualité devaient représenter sur les importations de sucre brut et de sucreenviron 68 % de la production. Des installa- raffiné. Elle a permis à Azucarlito de continuertions de transformation industrielle seraient à exploiter ses raffineries de sucre à un niveauconstruites au fur et à mesure de l'augmenta- de capacité relativement bas et de générer suf-tion de la production de fruits frais. L'usine de fisamment de liquidités pour s'acquitter de sesproduction de jus d'orange concentré congelé obligations en tant que promoteur garant deset d'huiles essentielles devait entrer en service prêts de la SFI. Pour justifier sa demande quien 1988, date à laquelle la production de fruits a provoqué la hausse la plus récente du tariffrais d'une qualité insuffisante pour l'exporta- douanier pour le sucre (septembre 1995),

URUGUAY: CULTURE DES AGRUMES

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Azucarlito a invoqué ses obligations envers la PREMIÈRE RESTRUCTURA-SFI à la suite du sauvetage financier du projet TION DE LA DETTEd'Azucitrus.

L'insuffisance de la production et des ventes aPREMIÈRES DIFFICULTÉS mis à mal la trésorerie de la société. Azucitrusa commencé à accumuler des arriérés de paie-

L'usine de concentré de jus d'orange conge- ments d'intérêts en 1989. En octobre, la SFI alé est entrée en service à la date prévue, avec dû suspendre les décaissements du prêt et deune capacité doublée pour pouvoir transfor- sa participation aux fonds propres. Lesmer les fruits d'autres producteurs en plus Administrateurs de la SFI ont ensuite approu-des rejets du centre de conditionnement vé une restructuration du montage financierd'Azucitrus. Une chaîne de production a été en avril 1992. Les prêts consentis à Azucitrusajoutée également pour traiter les écorces par la BROU (pour son compte propre et pourd'agrumes déshydratées destinées à l'expor- le compte de la BID) ont également ététation. restructurés avec la SFI.

Dès 1989, cependant, de fortes gelées et des Alors qu'Azucitrus était aux prises avec des44 pluies anormalement faibles ont perturbé l'ex- problèmes de production et que sa dette étaitploitation. Durant deux ans, à partir de la fin en cours de rééchelonnement, Azucarlito, lede 1991, le nord-ouest de l'Uruguay a subi promoteur, a été victime d'un autre choc exter-l'effet combiné catastrophique des gelées et ne. Soucieux de faire avancer les réformesde la sécheresse, événement qui ne se produit structurelles pour améliorer la compétitivitéque tous les cinquante ans, d'après les clima- internationale de l'Uruguay, les pouvoirstologues. Les coups de gel, qui n'avaient pas publics ont introduit des modifications visant àété prévus dans la préparation du projet, ont éliminer la protection du sucre d'origine inter-anéanti les jeunes arbres déjà affaiblis par la ne, conformément à ses obligations nouvellessécheresse. La sélection des variétés, l'empla- de membre du Mercosur. Pour donner aux raf-cement et l'échelonnement des récoltes n'ont fineurs le temps de se restructurer, un disposi-pas suffi pour faire échec aux effets dévasta- tif intérimaire leur permet d'importer du sucreteurs du climat. Les chutes de production, brut à des conditions tarifaires favorables, tan-allant de 10 % à 50 % pour les récoltes de dis que des tarifs dissuasifs frappent les impor-1988 à 1992, ont été encore aggravées par la tations de sucre raffiné. Ce régime d'exemp-baisse de qualité des fruits, due à la sécheres- tion temporaire des conditions de libéralisa-se, au gel et au vent. Pour la période 1987- tion immédiate des échanges imposé par le1992, la récolte de fruits de qualité exportable Mercosur expire le ler janvier 2001. Azucarlitoa été inférieure à la moitié des projections a immédiatement cessé d'acheter des bette-faites dans le rapport d'évaluation. raves sucrières à ses fournisseurs agriculteurs

et converti l'activité de son usine au raffinageDe graves dépassements de coût, eux aussi du sucre brut importé, fonctionnant à unprovoqués en partie par la sécheresse, se sont niveau de capacité relativement bas. Trois desproduits dans le programme d'investissement. quatre autres raffineries de sucre uru-Le coût du projet avait été estimé initialement guayennes ont cessé leurs activités.à 36 millions de dollars, mais, au début de1991, quelque 45,7 millions de dollars avaient NOUVEAUX PROBLÈMES DEdéjà été investis. Le coût total définitif du pro- P R O D U C T IO Njet était alors chiffré à 52,3 millions de dollars,soit 45 % de plus que l'estimation faite à l'éva- Malgré une augmentation générale de la pro-luation. Les dépassements de coût ont entrai- duction, Azucitrus a continué à rencontrer desné une augmentation des dettes à court et problèmes en 1992 et 1993 à cause des condi-long terme, principalement envers la BROU et tions météorologiques et de la qualité des pro-la SFI. duits. Les ventes sont restées insuffisantes,

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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même par rapport aux projections révisées en SECONDE RESTRUCTURA-baisse du premier plan de restructuration TION DE LA DETTE(tableau 5.1). Les apports de capitaux faits parle promoteur local ont été insuffisants pour La seconde opération de restructuration,couvrir les besoins de financement. Au début approuvée en septembre 1996, a cherché àde 1993, Azucitrus a de nouveau pris du ramener les engagements de la SFI et la detteretard dans le service de sa dette envers la SFI. de l'entreprise à un niveau où son serviceUn second plan de restructuration a été mis puisse être assuré par la création interne d'unau point pour permettre à Azucitrus de dispo- volume réaliste de liquidités. Le plan pré-ser d'un délai supplémentaire afin de stabiliser voyait des mesures pour:sa situation.

Tableau 5.1 Azucitrus: production, ventes et bénéfices projetés et effectifs, 1985-2003(équivalents en dollars E.U. de 1984)

45Producdon (mglhiers de tonnes) Ventes (milliers de dollars EU) Benéficel(pere) (rmilliers de doaars EU)Eerc:ise Rapport Restuctu- Restruau- Rapport Restructu- Rest-uctu- Rapport Restcru- Restruct.clos au déval. du raon de ration de Chiffres d'val. du rtaion de rawn de Chiffres déval. du ration de ration de Chiffes30 avril prqec 1992 1996 efifcfs prjet 1992 1996 effectifs prolet 1992 1996 effecifs

1985 1 .q 230 (547)198Xo -< 1 -) 10 f188 il 1 i t 3)1987 9.0 8,0 1 665 816 (I 625;> (514)19h8 lo.l 18f, I 668 1 -r2- il 929C I -IIl)1989 25, 23. 0 6 071 4 635 (1 883' (1 291)1990) 0.3 1 ]3t h h 522 9C2 i (2 69211991 '-,1 39.6 i1 G64 7 3'2 138 (644)1992 5~.') S'J.0 -J8h- 1- 2-i9 - 61i3 - 10)2 2 1-1:,2 il 392) (1 974)1993 65,1 55,0 52,2 16 475 10 159 7 371 -I Oqi (54) (2 973)199-i 1.1 62.1 -1 'ti 18 I-t 1|1 2-<l oi o'3 s8 9 q 1 i tI 352)1995 65.0 68,8 57,7 19 336 i1 i36 9 80oi 7 373 52 (1 096)19%i -8.(& '- 3'-, 20 (s0 12 529 8 5)-t-i 8 5H 1 i_('6 (5361997 80,0 7,7.0 n.d. 7,6 20 qf89 13 488 9 636 9 324 9 196 1 828 411 (25q)I 998 801.': 80.0 n.d 21' - 1- 13- 1 1 0 C15-t '1'- 2 2C3 131999 81,0 81.0 n.d. 20 798 13 908 10 620 9 929 2 474 64120-0(1 81 .1: ' h 11 n d 2( -'98 13 938 11 160 9 98C S 2 65O -292001 81.0 81.0 n.d. 20 798 13 920 Il '96 10 180 2 '74] 1 (1432f(10 il rd 13 3-2 Il 88- 2821 1 lt32003 n.d. I] 91'7 1 256

n d - non dLsponible.Nrte les prnx c«urnits pour les ventes et les bênÉfices.per1es effectifi. pour la restructuration de 1992 (prtx de 1991) eL pour la restructuratIon de199v' (ancn indiqué- manis -uppoxes étre sur la baiw des prux pour 1996i sonrt expnmés en prx onnsinr.r daprés lindice MIUV G-5 publié par laBIRD. pour ère cnnvenrs en équivalents en dUllars EU. de 1984..

URUGUAY : CULTURE DES AGRUMES

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* renforcer la création de liquidités (notamn- détérioration plus grave des ventes et desment en révisant les dispositions prises recettes. Grâce à l'augmentation de la récoltepour atténuer les dommages causés par (estimée à 47 632 tonnes) pour l'exercice 1997les gelées et en abaissant les coûts d'ex- (21 131 tonnes pour l'exportation), Azucitrusploitation); ne devait subir qu'une perte limitée (estimée

à 0,4 million de dollars). Un petit bénéfice net* réduire l'encours total de dette; est prévu pour l'exercice 1998. Si aucun choc

imprévisible (comme un changement de cli-* allonger les échéances de la dette. mat permanent dans la région) ne survient

dans l'avenir, les résultats devraient être bonsLa création de liquidités d'Azucarlito s'est dans les prochaines années.redressée après la hausse du tarif douanierpour le sucre intervenue en septembre 1995 et I M PAC T SU Rla société a obtenu un crédit supplémentaire L E D É V E LO P P E M E N Tpour faire face aux obligations liées au projet.Ces mesures ont soulagé Azucitrus du poids Étant donné l'exiguité du marché intérieur, lades arriérés de remboursement de la dette. croissance de l'Uruguay dépend de sa capaci-

46 L'exercice 1995 a été relativement faste pour té à développer et maintenir une écononiela production et les recettes d'exportation compétitive sur le plan international. Pourd'Azucitrus (tableau 5.2). Malgré une baisse tourner le dos aux politiques de remplace-de la production provoquée par de graves ment des importations, défavorables à lagelées durant l'exercice 1996, l'amélioration croissance, les gouvernements successifs dede la qualité des fruits a permnis d'éviter une l'Uruguay essaient, depuis les années 70,

Tableau 5.2 Production et ventes d'Azucitrus, exercises 1990 à 1996

Exercise 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996

Superficie plantée (ha) 2 030ù 2 03) 2 030r 2 030 2 030 2 030 2 030Arhref parenus 1 808 I 891 1 918 2 u3l' 2 013"- 2 030 2. 030à mantriteArbres non encore 222 139 112à maturité

Production tt) 18 0]7 39 569 48 69-7 52 1&8 4;d 368 57 (680 37 421

Destination (ri 18 tl'7 36 973 -- 316 51 480 40 227 57 388 36 '753Exportatiorns 2 613 ll 254 12 122 16 8-760 21 886 32 592 25 502Venies sur pl3ce 1 1l07 t 0 3 '50 2 276 5 082 1 97,Transformation 14 29- 25 l719 35 191 30 854 16 065 19 714 9 274

Ventes ($ E.U. 000a q 517 10 i30 il 110 il 680 107 s0 17 174 15 003Exporrations 916 3664 4 070 i 4il 6 b62 12 754 I 197Sur place 123 0 0 522 234 042 265jsLc 2 -80 5 122 5 +1-4 -t 95 2 581 2 796 2 641Autreb o98 1 tu-j 1 596 I 760 1 0'.3 982 90d

Bénéfices <$E Li 000) -3 956 -9).7 . 093 - 645 -2 189 -1 920 -900

a Les chJf!re' de, tencts ne comprennent pas 1eh remnie, a I e.%pr,n,rari jntL'Urce AzuCu[ru>

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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d'ouvrir l'économie et de faire jouer davanta- du sucre de betterave est généralement lage les forces du marché. Par une série de pro- façon la plus onéreuse de produire du sucre.grammes de libéralisation et de réformesstructurelles, ils ont tenté d'éliminer progressi- Pour remédier à ces problèmes, les pouvoirsvement les activités agricoles non écono- publics ont complété leurs réformes de libéra-miques et d'implanter des industries nouvelles lisation par des mesures visant à restructurerplus conformes à l'avantage comparatif de l'agriculture et à ne plus affecter de ressourcesl'Uruguay. La relative abondance des terres, aux secteurs non rentables. Azucitrus en est lecombinée à des mécanismes d'incitation mal résultat. À partir du milieu des années 70, lesconçus, avait favorisé une agriculture à basse efforts soutenus pour restructurer l'économietechnologie qui épuisait les ressources natu- ont donné un résultat positif. Afin de renforcerrelles. Ainsi, la pratique de l'élevage extensif la compétitivité du secteur privé, l'économie aet de la monoculture donnait des rendements été ouverte à la concurrence étrangère et lesminimes et appauvrissait la base de res- distorsions du marché ont été réduites. La pro-sources. gression des exportations s'est alors accélérée,

favorisant un net accroissement de la produc-La stratégie de développement d'autrefois tion et la création d'emplois. À l'échelon devisait à assurer l'autosuffisance en sucre. À l'entreprise, Azucitrus, première grande tenta- 47l'abri de barrières tarifaires et non tarifaires tive de créer un secteur des agrumes, a jouétrès élevées, la production intérieure a été un rôle majeur dans la réorientation, vers uneaugmentée pour répondre pleinement à la activité pour laquelle l'Uruguay possède undemande de sucre uruguayenne. Le secteur avantage comparatif, de ressources auparavantsucrier comptait plusieurs producteurs qui consacrées à un secteur en perte de vitesse, leavaient tous des coûts d'exploitation élevés sucre. Cinq autres exportateurs d'agrumes enmais qui assuraient leur rentabilité en fixant Uruguay suivent aujourd'hui l'exempleeux-mêmes les prix de détail du sucre dans le d'Azucitrus. Les pouvoirs publics n'ont accor-pays. Une fois que la demande de sucre du dé à ces producteurs d'agrumes aucun privilè-marché intérieur était pleinement satisfaite, ge permanent particulier.l'excédent de production ne pouvait pas êtreexporté avec profit, à cause des coûts de pro- Renforcement de l'avantage compara-duction élevés. L'octroi d'une protection (et tif de l'Uruguayde fortes - rentes » économiques) au bénéfice Traditionnellement, l'Uruguay bénéficie d'und'activités inefficaces peut créer des secteurs « avantage comparatif régional et internationalmalades ". En Uruguay, la production de bet- marqué pour certains produits agricoles. Unteraves sucrières était préjudiciable à l'écono- avantage comparatif existe si les produitsmie, non seulement parce qu'elle introduisait obtiennent une note au moins égale à undes distorsions dans l'affectation des res- d'après les indices de l'avantage comparatifsources mais aussi parce qu'à la longue elle révélé (ACR). L'Uruguay a un désavantagediminuait la productivité des sols. L'extraction comparatif pour le maïs, le blé et le sucre,

Tableau 5.3 Uruguay: production d'agrumes et destination, 1971-96 (tonnes)

Année 1971 1981 1991 1993 1994 1995 1996Production totale -3 900 116 '00 226 500:l 246 000 25l-i 000( 231 0u0 2F2 lttOExportLations de 13 400 28 (O0 78 100 114 000 1 41 `O(` 118 50) 16 101fruits fraisExportations de n.d n.d. 6- 400 56 400 49 00<) 52 500 -tt 0(0Ofruits trnsformésMarché intérieur (60 500 88 '00 81 0)00 '5 60X) 60 000 6u' (100 80 (:JOOn d - non dispunLhie

URUGUAY CULTURE DES AGRUMES

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Tableau 5.4 Part d'Azucitrus dans la production d'agrumes et dans lesexportations d'agrumes frais de l'Uruguay, 1981-96Année 1981 1991 1992 1993 1994 1995 1996Production (t)

Llruguay 116 000 226 500 256 000 246 000 250 000 231 000 239 025Azucdtrus n.d. 39 569 48 697 52 184 40 368 37 421 47 632Part d'Azucitrus 17 19 21 16 16 70(% du total)

Exportations defruiLs frais (r)

Uruguav 28 OOd 78 100 108 300 114 000 141 000 118 500 118 503Azucitrus n.d. 12 122 16 876 21 886 32 592 25 502 21 131

Pari d'Azuciurus 16 16 19 23 22 18(% du total)

n.d.- non disponible.48 .Source, * Cumisin Hoinoaria Nacional diel Plan Citrcola Lannée ch-de, et Azucitru% texercise comptable (1r mai

au 30 rvnil expirant tuts moi-s avant l annee chile correspondante).

pour lesquels les indices ACR ont été calculés nus sont d'autant plus remarquables que ce sec-à 0,03 à 0,65 en 1995. En revanche, une amé- teur était pratiquement inexistant jusqu'aulioration spectaculaire s'est produite depuis le milieu des années 70.début des années 80 pour les fruits, qui ont unACR égal à 1. Suivant cette mesure de l'avan- Premier producteur d'agrumes d'Uruguay,tage comparatif, l'Uruguay obtient de bons Azucitrus a tenu une place de choix dans cetterésultats pour certains fruits, et les agrumes réussite, ayant réalisé 18 % du total des expor-viennent en haut de l'échelle. tations d'agrumes du pays en 1996 (tableau

5.4). Du fait que l'entreprise est le premier pro-La production d'agrumes a plus que doublé ducteur d'agrumes et qu'elle est implantée dansdurant la période 1981-1996 (233 %) et les la principale zone où ceux-ci sont cultivés, lesexportations ont plus que sextuplé, passant de difficultés qu'elle a rencontrées ont servi d'aver-moins de 10 millions de dollars par an à 60 mil- tissement aux autres producteurs, exposés auxlions de dollars. La croissance rapide des mêmes problèmes, et ont aidé à montrer lesrecettes assurées par les exportations d'agrumes voies à explorer pour trouver des solutions.a été due à la forte augmentation de la produc-tion de qualité exportable (tableau 5.3) et à l'im- Transfert de technologieportance de plus en plus grande accordée aux La création en Uruguay d'une entreprise deproduits de haute qualité et de haute valeur production et d'exportation d'agrumes à ladestinés à l'Europe occidentale plutôt qu'aux pointe du progrès a permis l'introduction deproduits de valeur et de qualité limitées, écou- technologies nouvelles dans le pays. Àlés sur les marchés d'Europe de l'Est. Plus de 70 chaque étape critique, la direction d'Azucitrus% des exportations d'agrumes uruguayennes se a incorporé des techniques perfectionnéesdirigent aujourd'hui vers l'Amérique du Nord et dans la conception de ses activités de produc-l'Union européenne. Cette évolution a été ren- tion et de transformation. L'irrigation, qui uti-due possible par l'aménagement de terres irri- lise une technologie importée de Californie,guées convenant à la production de fruits de est assurée par un système de micro-injectionhaute qualité, par l'importation et l'adaptation à basse pression, constitué de conduites per-des meilleures variétés d'agrumes et par l'utili- manentes en PVC et en polyéthylène qui dis-sation de techniques de transformation et de tribuent l'eau de trois réservoirs, amenée parcommercialisation efficaces. Les résultats obte- des pompes électriques. Le système, qui peut

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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être mis en place rapidement, permet d'utili- tement supérieure à la nornne habituelle pourser l'eau très efficacement et peut aussi servir les zones rurales. L'aide financière fournie pourpour l'application d'engrais. le projet a aidé à financer le fonctionnement et

l'amélioration d'un poste de santé et d'équipe-Le réseau d'irrigation est couplé à des appa- ments sociaux pour les travailleurs. Comme lareils météorologiques qui mesurent chaque plantation est très isolée, Azucitrus fournit unjour l'évapotranspiration pour déterminer les logement, des installations, des soins médicauxbesoins d'irrigation en tenant compte égale- et des équipements sociaux à la majeure partiement des données provenant d'un tensio- de ses travailleurs à temps partiel. Le projet amètre. Les investissements effectués récem- amélioré les conditions de vie dans la régionment pour protéger les vergers contre les grâce aux revenus directs et à des avantagesgelées comprennent l'installation de matériel indirects, comme des progrès au niveau demétéorologique perfectionné, relié au service l'état de santé de la main-d'oeuvre.météorologique national. Si les températurestombent en dessous de certains seuils cri- Investissements induitstiques, on crée de la chaleur avec des res- Azucitrus et Azucarlito ont investi dans lasources locales. La plantation de variétés don- société Frigofrut, S.A. (dont elles sont action-nant des récoltes précoces sur les superficies naires), qui est propriétaire d'un terminal fri- 49les plus exposées au gel aide également à gorifique de transport maritime, situé à envi-remédier au problème. ron 216 km au sud de Paysandu, dans le port

de Nueva Palmira, sur le fleuve Uruguay. CettePour approvisionner les marchés d'Europe et société fonctionne depuis plusieurs années etd'Amérique du Nord en pamplemousses, en vend des moyens de réfrigération et des ser-oranges, en citrons et en mandarines fraîches, vices de chargement à plusieurs condition-Azucitrus a importé des variétés de plantes neurs et expéditeurs de fruits de la région.qui constituent la norme internationale2. Ces Grâce à ces installations, Azucitrus n'a plusvariétés importées ont été adaptées aux condi- besoin de transporter ses exportations de fruitstions locales par un programme continu de frais par camion jusqu'au port de Montevideo,recherche mené dans le laboratoire et la pépi- situé à près de 450 km de Paysandu 4. Il estnière de l'entreprise. clair que d'autres entreprises ont également

tiré des avantages du projet, tout comme l'éco-Création d'emplois nomie uruguayenne en général.Azucitrus est un employeur important dansla région de Paysandu. L'entreprise emploie Protection de l'environnement1 500 travailleurs et cadres, dont 200 sont des La réorientation des ressources au profit de lasalariés permanents, les autres étant engagés culture des agrumes plutôt que celle des bet-de façon saisonnière ou à temps partiel. Pour teraves sucrières sur des terres marginales ala récolte, jusqu'à 750 saisonniers viennent élevé la productivité des sols dans la région.s'ajouter à l'effectif normal de 125 personnes La production de betteraves sucrières pro-employées dans les vergers, selon l'abondan- voque une grave érosion des sols et favorisece de la récolte et les conditions climatiques. la présence de parasites comme les néma-De même, au centre de conditionnement et à todes qui s'attaquent aux racines. La culturel'usine de transformation de Paysandu, 570 des agrumes n'a pas d'effet défavorable sur lestravailleurs à temps partiel peuvent venir sols. Le projet n'a, en fait, aucun effet négatifs'ajouter aux effectifs normaux d'environ 70 connu sur l'environnement.personnes3. Les saisonniers sont employés enmoyenne sept mois par an. Leurs gains sont Valeur exemplairenettement supérieurs au salaire minirmum en Avant le projet, l'Uruguay n'avait pas de plan-vigueur en Uruguay. tation d'agrumes moderne. L'expérience

d'Azucitrus, qui a été la première entrepriseDans la région du projet, les pouvoirs publics du pays à se lancer dans une opération privéeont construit des logements d'une qualité net- à l'échelon mondial dans le domaine des

URUGUAY: CULTURE DES AGRUMES

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agrumes, a eu un puissant effet de démons- À mesure que le projet s'est développé, untration et a contribué à la création d'un secteur grand nombre des défauts et des difficultés ini-des agrumes aujourd'hui en pleine expansion. tiales ont disparu. Cependant, le long proces-En surmontant plusieurs graves chocs sus - d'apprentissage par l'expérience D a eu unexternes, des difficultés de production et des coût plus élevé et a donné des résultats moinsproblèmes financiers sérieux, Azucitrus a spectaculaires que prévu. L'apprentissage aprouvé que souplesse et persévérance sont coûté cher au promoteur du projet et à sespayantes. En innovant dans de nombreux créanciers. Aujourd'hui, Azucitrus semble tou-domaines importants, notamment l'exporta- tefois pouvoir compter sur une certaine renta-tion, l'irrigation utilisant les techniques les bilité financière pour les prochaines années.plus modernes, la commercialisation interna-tionale, le conditionnement, l'adaptation des Le projet a-t-il eu un effet globalement positifplantes et la recherche, l'entreprise a montré à sur l'économie uruguayenne ? Le taux de ren-un grand nombre d'autres sociétés uru- tabiité économique (TRE) projeté au momentguayennes la voie à suivre pour entreprendre de l'évaluation indiquait une rentabilité satisfai-des activités similaires. Par exemple, ses sante (16 %) pour l'économie. Le calcul le plusméthodes d'irrigation ont influencé profondé- récent, pour lequel les données projetées ini-

50 ment la manière dont l'agriculture sera prati- tiales ont été remplacées par les résultatsquée dans le nord-ouest du pays. connus jusqu'à la fin de 1996 et par les projec-tions les plus récentes (Annexe 5.A1), donneAvantages pour l'économie un TRE à peu près nul. Un TRE inférieur au

L'une des grandes questions auxquelles doit coût d'opportunité du capital généralement uti-répondre l'analyse de l'impact produit par le lisé par le Groupe de la Banque mondiale (10projet est de savoir si ses avantages pour le à 12 %) semblerait indiquer que les avantagesdéveloppement ont été obtenus à un coût procurés par le projet ont été obtenus à unéconomique excessif. Bien qu'elle n'ait pas coût excessif pour l'économie. Ce résultat n'estréussi à atteindre les objectifs de production et pas surprenant au vu des difficultés rencon-d'exportation envisagés initialement, l'entre- trées dans l'exécution du projet et des restruc-prise a néanmoins acquis une taille qui lui turations financières qui ont dû avoir lieu.donne une position de choix parmi les expor-tateurs uruguayens d'agrumes frais. En aidant L'économie uruguayenne se serait-elle mieuxà créer à partir de zéro un secteur des portée si le projet n'avait pas été entrepris ? Ceagrumes capable d'affronter la concurrence n'est pas certain. L'impact positif du projet surinternationale, le projet a fortement contribué le développement n'est pas quantifiable et neà la restructuration de l'économie pour tirer peut pas entrer dans les calculs du taux departi de l'avantage comparatif du pays. Le rentabilité économique. Les contributions autransfert de technologie, l'impact sur l'envi- développement à tous les niveaux ont étéronnement, les avantages pour la main- considérables et doivent être prises en consi-d'oeuvre et les effets de démonstration sont dération si l'on veut évaluer l'avantage écono-tous positifs. mique total résultant du projet.

NOTES

1. Le prêt en deutsche marks portait un intérêt de 10,25 %/o par an et le prêt en dollars un intérêt égal au Libor plus 2,75%. À la date de l'approbation du prêt, le taux de change était de DM 3,23 5 E.U.1,00. Aucune disposition n'a étéprise pour couvrir le risque de change de l'emprunteur.2. Ces fruits et variétés comprennent: citrons, Lisbon; pamplemousses, Marsh Seedless, Ruby Red, Star Ruby; oranges,Valencia, Navel, Salustiana, Cadenera, Hamlin; mandarines, Ellendale, Satsuma, Urunique, Clemendor, Malaquina,Saltenita, Malvasio, Mineola, Murcott, Improved, Clementine, Lee, Tangelo Orlando.3. Jusqu'à 80 % de ces travailleurs à temps partiel dans les ateliers de conditionnement peuvent être des femmes. Lestravailleurs employés à la récolte, au transport et à l'usine sont presque uniquement des hommes.4. Les jus d'orange concentrés congelés et les fruits frais en bacs sont toujours expédiés par le port de Montevideo.

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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ANNEXE 5.A1

LE TAUX DE RENTABILITÉ DUPROJET AZUCITRUS

La présente annexe propose une estimation À la suite de la libéralisation progressive dedu taux de rentabilité économique du projet. l'économie uruguayenne depuis le milieu desElle suit une méthode semblable aux tech- années 80, les écarts que les autorités d'autre-niques de base utilisées lors de l'évaluation, fois avaient introduits entre les prix intérieursconforme aux méthodes appliquées normale- et les prix étrangers ont largement disparu etment dans les rapports d'évaluation jusqu'au le solde des paiements courants devient demilieu des années 80. plus en plus supportable. Pour ces raisons, les

ajustements à appliquer aux prix du marchéLes ajustements appliqués aux prix du marché pour exprimer plus exactement leur véritableobservés dans l'analyse d'origine ont été rela- valeur économique sont insignifiants. Enfin, letivement peu nombreux et ont porté surtout fait que les comptes financiers du projet sontsur les prix des biens non échangeables, tenus en dollars et que le projet n'a guèrecomme le précisait le paragraphe suivant tiré généré de recettes fiscales rendait moinsdu rapport d'évaluation du projet nécessaire l'application d'ajustements aux

chiffres signalés par l'entreprise (en dehorsLes calculs économiques se fondent sur les des ajustements du niveau des prix pourprix à la frontière pour les biens échangeables exprimer tous les chiffres en équivalents en(c'est-à-dire les recettes du projet, les engrais, dollars de 1984).les produits chimiques, les carburants, leslubrifiants, les matériaux d'emballage, les Quant aux estimations des coûts d'investisse-machines et le matériel) et sur les prix du mar- ment, près d'un tiers des investissements pré-ché hors taxes pour les biens non échan- vus avaient eu lieu avant la soumission dugeables. Le coût économique du terrain a été projet au Conseil d'administration de la SFIajusté en baisse pour compenser sa suréva- durant l'exercice 1985. Pour simplifier les cal-luation financière durant la période de 1978 à culs, les estimations initiales des coûts d'in-1982 à cause de la surévaluation de la mon- vestissement sont utilisées pour cet aspect dunaie (le prix financier par hectare a baissé de calcul. Cependant, cette méthode ne tient pas32 % en dollars E.U. entre 1978 et 1983). compte des dépassements ultérieurs du coût

des investissements.

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Quant aux coûts d'exploitation présentés dans les calculs, les coûts d'exploitation non finan-le rapport d'évaluation du projet, les coûts ciers effectifs (en équivalents en dollars ded'exploitation non financiers indiqués dans le 1984) indiqués dans les états financiers oudossier pour le cash flow du projet ne diffè- projetés dans le document sur la seconderent que de quelques points de pourcentage restructuration de la dette (1996) sont-ils utili-des chiffres utilisés pour calculer le taux de sés dans le calcul du taux de rentabilité éco-rentabilité économique. Aussi, pour simplifier nomique.

Tableau 5.A I Estimation du taux de rentabilité économique du projet

Rapport initial d'evaluation du projet Nouveaux cakuls de 1997Coûts Advantages Coûts Advantages

Coûts Produit d'exploi- econom- Produit d'exploi- économ-Année d'investissement des ventes tadon Iques nets des ventes tation iques nets

19-9 1 11I -I 1î5 1 1 151980 ] 063 1 1-103 -1 0 ̀ 3

52 1981 1 -i i2 -1 A-t2 1 -I-i21982 2 273 -22-?3 2 23198;3 2 ooI' -2 ull' -2 600198q 1 558 -1 558 -I 558I989 1 339) 2 î1 33 -I 5 -i2 -1 3391986 2 889 710 8'9 -3 058 688 623 -2 82419.Rn 3 982 1 665 1 386 -3 '03 81(' 1 020 -S 1861988 2 503 3 688 2 3'1 -1 186i 1 q2- 1 489 -2 565198M9 1 n9'-) 1 1 'I i -' I 9u{ -i L13; S S-- -91(181990 3 068 8 807 642 109_ 3 522 3 780 -3 326199'1 1 52n! 1 I o-w S t88 -'z! 2o - r'4 --3

1992 79-r 1.- 249 6 892 6 5.33 ' 162 6 09F 27419)93 -I' Io ( -3 -'5 S -1''2 - 4-1 - -19 -861199q 319 18 1q7 8 369 9et59 6 o3' 6 6-1 -3531'91'5 25- 1 0 33') ? -' 1'' 3o5 lt $'ii - 1 8 2 4.t91996 556 20 070 9 0'71 10 qi3 8 9¾ z ' 2-71 1 1119Q- -i68 2'.' -83t8 C 225 1C -9O 9 *2 32< %f' -S-o1998 3-1 20 717 9 320 Il 026 Il 05)4 8 -.02 2 281l9 CC, 32-t 21' -98. 'J 339 l l 135 lu 620:1 8 3 1 91)9

200<) 218 20'7987 9 339 ]] 241 1] 160 8634 23082u(11 322 211' -Qx '3 Il 1 1 I 91 8 922 2 3522002 250 20 798 9 339 Il 209 il 88' 8 950J 2 68-72'1"1'3 25' 211 -98 9 I1 2(i 1 1 f )- 99 2 -tb2004 250 207 ',98 9 339 11 209 1i1 97' 8 979 2 '7482i_.11n ' 21-251' 2'1 -98 ') 339 Il1 21,19 11 - b c)-') 2 -. 8

Taux de rentabilité interne i'.') 16.1 -0.6NoLte Touie les v'aleur- sont exprrmees en équit-aJenu en S ELU. di: 19P-

RESULTATS SUR LE TERRAIN

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Le tableau 5.A1 présente les chiffres obtenus.Le TRE du projet, calculé à partir de ces fluxde coûts et avantages effectifs et projetés pourla période 1979-2003, ressort à -0,6 %.Comme le projet est sur le point d'être ache-vé, il reste peu d'années pour lesquelles lesavantages ou les coûts risquent de s'écartersensiblement des estimations indiquées autableau 5.A1.

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