punto de vista naissance d'une nouvelle critique

Punto de Vista (1978-1983) :naissance dune nouvelle critique, Baptiste Gillier

Punto de Vista (1978-1983) : naissance dune nouvelle critique

Baptiste Gillier i

(DOCTORANT CRAL/ EHESS)

Resumen - El proyecto crtico de Punto de vista (1978-1983)

En marzo de 2008 sali el 90vo y ltimo nmero de la revista cultural argentina punto de vista.

Beatriz sarlo, directora oficial de la revista desde 1981, escribe en su editorial: ms que un lugar donde

escribir, la revista fue una manera de escribir sobre literatura y poltica. En este artculo el autor

interroga el proyecto crtico inherente a esta manera de escribir, durante los primeros aos de la

publicacin (1978-1983). Surgida en plena dictadura en forma de samizdat, la revista devendr, a

partir de la transicin democrtica, un referente importante del campo intelectual argentino y

latinoamericano. Esta primera etapa underground de la revista, durante la cual se dibuja su proyecto

crtico, es entonces decisiva. Vamos a relevar dos operaciones crticas mayores durante este perodo:

- una reinvencin de la tradicin intelectual y literaria. Los intelectuales de pdev se inscriben en una

genealoga crtica que va desde la generacin del 37 hasta contorno, pasando por jos hernndez,

martnez estrada y forja. Cul es el proyecto crtico que se manifiesta bajo esta tradicin?

- una puesta al da, una modernizacin de la crtica que se traduce en la importacin de teoras y de

conceptos. A qu estrategias responde la importacin de raymond williams o pierre bourdieu? Y estos

nuevos tiles tericos, abren la va a una posibilidad de discurso en el seno de un campo intelectual

estallado y censurado?

Rsum - Le projet critique de Punto de Vista (1978-1983)

En mars 2008 est apparu le 90me et dernier numro de la revue culturelle argentine Punto de Vista.

Beatriz Sarlo, directrice officielle de la revue depuis 1981, confie dans lditorial : Ms que un lugar

donde escribir, la revista fue una manera de escribir sobre literatura y poltica . Dans cet article,

lauteur interroge le projet critique inhrent cette manire dcrire durant les premires annes

de la publication (1978-1983). Apparue en pleine dictature sous forme de samizdat, la revue deviendra

partir de la transition dmocratique un rfrent important du champ intellectuel argentin et latino-

amricain. Cette premire tape underground de la revue durant laquelle se dessine son projet

critique est donc dcisive. On relve deux oprations critiques majeures durant cette priode :

-une rinvention de la tradition intellectuelle et littraire. Les intellectuels de PdeV sinscrivent dans

une gnalogie critique allant de la Generacin del 37 Contorno, en passant par Jos Hernndez,

Martnez Estrada et FORJA. Quel projet critique de PdeV se manifeste-t-il derrire cette tradition?

-une mise jour, une modernisation de la critique qui se traduit par limportation de thories et de

concepts. A quelles stratgies rpond limportation de Raymond Williams ou Pierre Bourdieu? Et en

quoi ces nouveaux outils thoriques ouvrent-ils la voie une possibilit de discours au sein dun champ

intellectuel clat et censur ?


En mars 2008 est apparu le 90me et dernier numro de la revue culturelle argentine Punto de Vista.

Beatriz Sarlo, directrice officielle de la revue depuis 1981, confie dans lditorial : Ms que un lugar

donde escribir, la revista fue una manera de escribir sobre literatura y poltica ii. Je me propose

dans cette brve tude dinterroger le projet critique loeuvre -cette manire dcrire - durant les

premires annes de la publication (1978-1983). Cre en mars 1978 par Beatriz Sarlo, Carlos

Altamirano et Ricardo Piglia, la revue trimestrielle revendique ds sa naissance un point de vue au

sein dun champ intellectuel musel et clat. Cette premire tape, que lon qualifiera

d underground , va se rvler fondamentale dans la cration dune nouvelle critique. Car si la revue

circule durant la dictature sous forme de samizdat et se situe en marge de la marge iii, elle deviendra

partir de la transition dmocratique un rfrent incontournable du champ intellectuel argentin et

latino-amricain.

Le projet critique des intellectuels de PdeViv se caractrise par deux oprations majeures : une

rinvention de la tradition intellectuelle et littraire dune part, et dautre part une mise jour de la

critique. La premire opration contraste avec le projet critique de Los Libros (1969-1976)v, qui fut la

premire exprience ditoriale commune des trois fondateurs de PdeV. En effet, LLvi ne revendiquait

aucune tradition intellectuelle argentine. Jutilise le terme de rinvention car ce que ralise PdeV

durant ces quelques annes cest une critique de la critique. La publication se rinvente donc une

tradition. Nanmoins, que signifie cette volont de sinscrire au sein dune gnalogie ? Et quelle est

cette dernire ? Et enfin que nous dit-elle du projet de PdeV ? La seconde opration, que nous

analyserons dans le second point de cette tude, sinscrit quant elle dans la mme stratgie que celle

mise en place par LL. Cependant, paradoxalement, LL modernise la critique non pas durant ltape du

triumvirat Sarlo-Piglia-Altamirano, mais durant la premire tape de la publication. Nous nous

apercevrons que PdeV est en ralit beaucoup plus proche au niveau de la conception de la critique de

la premire que de la seconde priode de LL, caractrise par une politisation constante de la critique.

Cette modernisation de la critique se traduit par limportation de thories et de concepts. quelles

stratgies rpond limportation de tel ou tel auteur ? En quoi ces nouveaux outils thoriques ouvrent-

ils la voie une possibilit de discours au sein dun champ intellectuel isol ? Enfin, ces nouveaux

discours sont en eux-mmes une option intellectuelle rfractaire au discours autoritaire. B. Sarlo

souligne que les textes de cette premire tape eran ms de lo que decan vii.


1- Une rinvention de la tradition.

Dans le premier ditorial de juillet 1981, PdeV sinscrit explicitement dans une tradition

intellectuelle :

Existe una tradicin argentina que los que hacemos Punto de Vista reconocemos: una lnea

crtica, de reflexin social, cultural y poltica que pasa por la generacin del 37, por Jos

Hernndez, por Martnez Estrada, por FORJA, por el grupo Contorno. Descubrimos all no

una problemtica identidad de contenidos, sino ms bien una cualidad intelectual y moral.

Quels sont les rfrents de cette ligne critique ? Dans un article voquant les premires runions

clandestines qui voient natre le projet ditorial, B. Sarlo crit : Con una ingenuidad y un

voluntarismo que no excluan la irona, llamamos a estas reuniones el Saln Literario viii. Le choix

de qualifier ces runions de Saln Literario est significatif. Le terme fait directement rfrence aux

runions de lane de la tradition revendique par la revue : la Generacin del 37. Les membres les

plus minents de cette socit furent J. B. Alberdi, E. Echeverra et M. Sastre. la victoire de Juan

Manuel Rosas en 1838, le groupe entre dans la clandestinit, puis plusieurs membres optent pour

lexil. La question nationale est au centre des dbats de cette jeune gnration influence par le

romanticisme franais. Il est intressant de noter quavant mme la cration de PdeV, travers ce

choix smantique, le noyau dur de la future publication sinscrit (non sans ironie certes) dans cette

tradition critique.

Jos Hernndez, avant mme dtre essayiste et journaliste, est lauteur du Martn Fierro ,

luvre de rfrence de la posie gauchesqueix. Tradition littraire et tradition intellectuelle se croisent

donc dans cette ligne critique. On ne peut voquer cette uvre sans relever une autre uvre

fondamentale du 19me sicle : Facundo o civilizacin y barbarie de Domingo Faustino Sarmientox.

Le dbat de la critique littraire passe ncessairement par ces deux pierres angulaires de la littrature

argentine. Mais Jos Hernndez est aussi un intellectuel engag, et lauteur de Vida del Chacho ,

un texte longtemps oubli que les membres de FORJA rditrent en 1943xi. Selon David Vias, ce

pamphlet est le premier dune srie de textes reprsentant des moments-clefs de la relation entre

politique et littrature argentine. Le second est une description signe Roberto Arlt dans ses clbres

Aguafuertes Porteas xii, de lexcution de lanarchiste Di Giovanni en 1931. Le suivant est

Operacin Masacre de Rodolfo Walshxiii. Selon D. Vias, ces trois textes reprsentent

chronologiquement la liquidation du gaucho rebelde , llimination de l imigrante peligroso et

le massacre d obreros subversivos . A cette squence de textes, lauteur ajoute le dernier crit de R.

Walsh, Carta abierta de un escritor a la junta militar xiv, qui cette fois-ci ne dnonce pas mais

annonce lassassinat del intelectual heterodoxo . Selon le critique, ces quatre moments


corroboran las complejas y mediadas pero decisivas relaciones entre la poltica argentina y el

espacio textual xv. Rappelons que D. Vias est collaborateur de PdeV et fondateur avec son frre

Ismal de la revue Contorno. Avant PdeV, FORJA et Contorno revendiquaient donc dj lhritage

intellectuel de Jos Hernndez.

Avant de nous arrter sur FORJA et Contorno, nous relverons un autre maillon de cette gnalogie

intellectuelle : Ezequiel Martnez Estrada (1895-1964). La trajectoire de ce pote et essayiste est

complexe du fait de ses mauvaises relations la fois avec le pronisme et avec la Revolucin

libertadora. Si dans cette gnalogie, PdeV place Martnez Estrada avant le groupe FORJA (1935-

1945), cest en partie en raison dun essai de lauteur publi en 1933 et intitul Radiografa de la

pampa . Lintellectuel, travers le paysage national, dresse un bilan critique et pessimiste de la

construction et de la consolidation de la nation. La parution de cet essai sera un vnement important

et polmique au sein du champ intellectuel. Cest le premier texte de Martnez Estrada qui sinscrit

dans la tradition des crits sur le Ser nacional . Dans le n4 de PdeV, apparat un article revenant

non pas sur cet essai majeur sinon sur un autre essai de lintellectuel : Muerte y transfiguracin de

Martn Fierro xvi. Les auteurs de larticle, C. Altamirano et B. Sarlo, sinterrogent : Por qu el

Martn Fierro y su crtica desempearon la funcin de una especie de filosofa de la nacionalidad y

su correlativa teora de la cultura ? xvii. Les auteurs ne se proposent pas de rhabiliter toute luvre

de Martnez Estrada, selon eux trop essentialiste, mais reconnaissent nanmoins la perspicacit et la

validit de certaines propositions. La critique littraire a longtemps construit une analogie entre le

Facundo et le Martn Fierro . Le mrite de Martnez Estrada, selon les auteurs, cest de voir

dans le pome dHernndez un anti-Facundo . En effet, sous la plume de Martnez Estrada, le

Martn Fierro nest plus considr comme une culmination quasi naturelle de la posie

gauchesque, mais comme une insubordination contre cette dernire et une rbellion idologique et

sociale. Lintellectuel crit contre une tradition critique ayant considr le Martn Fierro comme

larchtype du gaucho, comme un canon de la posie gauchesque. Le systme critique de Martinez

Estrada permet de librer la posie dHernndez du canon, et de la reconsidrer en tant quuvre

actuelle. Et PdeV se reconnat dans lavant-gardisme critique de Muerte y transfiguracin de Martn

Fierro :

Pona axial en prctica un modo de leer el Martn Fierro que, excepcional hace treinta

aos, sigue siendo inusual todava hoy. En efecto, considerar significativamente las

omisiones, detenerse largamente en los eufemismos, captar las fracturas de un texto

aparentemente liso y homogneo, analizar sus enunciados contradictorios y relacionar todo

ello con la articulacin ideolgica del poema, eran un hecho singular en el panorama de la

crtica argentina .xviii


FORJAxix est un mouvement qui surgit en 1935 suite la crise de la Unin Cvica Radical, aprs le

dcs du fondateur du parti, Hiplito Yrigoyen. En plus de son action politique, FORJA dveloppe un

mouvement de rvisionnisme historique, contre-courant de lhistoire officielle. Les deux principales

figures du mouvement sont R. Scalabrini Ortz et A. Jauretche. Le premier crit louvrage de rfrence

du rvisionnisme historique des annes 1930 : Historia de los ferrocarriles . En faveur dune

nationalisation du rseau ferr argentin, il y critique vivement la politique librale douverture aux

capitaux anglais mise en place par Mitre et Sarmiento au 19me sicle. A. Jauretche, la seconde figure de

FORJA, malgr une position critique face au pronisme, devient en 1946 prsident de la Banque de la

Province de Buenos Aires, sur proposition du bras droit de Pern et admirateur de FORJA Domingo

Mercante. A. Jauretche dmissionne et se retire de la fonction publique lorsque D. Mercante, passant

de bras droit concurrent potentiel de Pern, est expuls du parti en 1953. Dans un premier temps

accept par les dirigeants de la Revolucin Libertadora en raison de cette dmission, il devra

nanmoins sexiler Montevideo aprs la parution en 1956 dun essai fustigeant le plan conomique de

la CEPAL : El plan Prebisch : retorno al coloniaje .

Contorno (1953-1959) est le rfrent qui mrite le plus notre attention pour plusieurs raisons.

Premirement, cest la seule revue entrant dans la tradition critique revendique par PdeV. Mais cest

aussi le rfrent temporellement le plus proche de la publication. Comme nous allons le constater, le

projet critique de Contorno se rapproche sur plusieurs points de celui de PdeV. Enfin, cest une

publication qui mrite une attention particulire au sein du corpus darticles de la premire tape de

PdeV (1978-1983). En effet, on note de nombreuses rfrences la publication, un article de B. Sarlo

revenant sur les mrites et limites du projet contornista, ainsi que la rdition de deux articles de la

revue.xx Cette dernire est prsente brivement par B. Sarlo, qui crit :

() la validez del programa de Contorno respecto de la revisin crtica del pensamiento,

la literatura y la poltica nacionales (), sigue vigente. Punto de Vista ha recopilado para

este cuarto de siglo que nos separa y nos enlaza con Contorno ()

Quest-ce qui unit le programme de Contorno et le projet de PdeV ? La publication apparat en 1953,

durant le second mandat de Pern. Les deux principales signatures de la revue sont celles des frres

Vias, suivies de celles des collaborateurs : R. Alcalde, L. Rozitchner, A. Prieto, J. J. Sebreli, A. Gigli,

N. Jitrik et O. Masotta. Le maigre corpus de la publication (seulement 10 numros et deux cuadernos

en six ans) contraste avec lattention toute particulire accorde par la critique la revuexxi. La

publication revendique explicitement linfluence de Sartre et de la revue Les temps modernes, et se

reconnat dans une tradition critique allant de la Generacin del 37 Martnez Estrada. B. Sarlo

synthtise cette double influence dans le titre de son article : Los dos ojos de Contorno xxii. Ce

dernier me parat essentiel, la fois pour comprendre le legs de Contorno, mais aussi pour mettre en


lumire le projet critique de PdeV. Car en soulignant les mrites et limites du projet contornista, PdeV

dfinit son propre projet :

La revista Contorno es un punto de viraje en la historia cultural argentina. Une docena de

jvenes universitarios, que sern luego escritores y polticos, irrumpen con violencia,

dispuestos a ajustar cuentas con los bandos que dividan a la ideologa argentina :

peronistas y anti-peronistas, nacionalistas y liberales, oportunistas y profetas. Se los llamo

parricidas, pero junto a la consideracin crtica del pasado y de los maestros, elaboraron

las lneas de un programa de sntesis, que mostrara sus aciertos y sus lmites en las dcadas

posteriores .xxiii

Les intellectuels de Contorno se dfinissent en tant que nosotros en opposition avec ellos. Ce qui

fait dire B. Sarlo que ese nosotros existe en primer lugar como negatividad : no es un nosotros de

vanguardia . Ainsi, ds le premier numro J-J Sebreli crit un article intitul Los martinfierristas :

su tiempo y el nuestro , dans lequel il positionne clairement la publication par rapport au mouvement

avant-gardiste des annes 1920xxiv. Contorno ne nie pas la tradition critique mais la rinvente en

rglant ses comptes avec ses maestros, ayant oubli leur devoir de compromis. Le dualisme excluant

nest pas un attribut originel de la socit argentine, mais une construction historique : la verdad no

esta all en el origen, sino aqu, en la historia ; pasa de la teleologa a la causalidad xxv. Cette

rupture est essentielle pour comprendre la fois le projet de Contorno et celui de PdeV. Ce nest pas un

hasard si PdeV ne revendique pas son exprience antrieure au sein de LL. Lavant-gardisme

structuraliste de la publication niait en effet la problmatique historique.

Comment Contormo lit-elle la littrature argentine ? Et que lit-elle ? R. Arlt est une rfrence

importante de la publication, qui lui ddie un numro entier. Borges, quant lui, brille par son

absencexxvi. A linverse, PdeV consacre de nombreux articles Borges et boude R. Arlt, un rfrent

littraire pourtant important dans les annes 1980. Comme lindique de manire perspicace B. Sarlo :

Un sistema de lectura es a la vez una mquina para descubrir, y una mquina para ocultar xxvii.

Quelle est donc le systme de lecture de Contorno ? Selon la critique traditionnelle, Arlt est un pitre

crivain : son style est jug mdiocre. Contorno, sans pour autant lever cette accusation, define en

cambio la novedad y el valor de su obra en la literatura argentina: ese dialecto bastardo y catico

convertido en idioma xxviii. La littrature est lue depuis lhistoire : Lo importante para Contorno

son los cruces, los encuentros, las tramas, donde la poltica revela a la literatura y la literatura

puede ser metfora de la poltica xxix. Pour B. Sarlo, le strabisme de Contorno explique en partie

labsence de Borges. En effet, la perspective thorique la fois rhabilite Arlt et dplace Borges.

Quelles sont les composantes communes de cette ligne critique ? Jen relverais deux, qui bien que

sappliquant plus nettement au rfrent Contorno, sont valides pour toute cette tradition critique.


Dans un premier temps, une relation de tension entre politique et littrature. Cette dernire ne peut se

lire sans la politique, mais ne peut pas non plus tre rduite un sous-produit dune superstructure de

phnomnes politiques qui lenglobent et la dterminent. La littrature peut se lire dans la politique,

qui elle-mme peut se lire dans la littrature. Mais il nexiste pas de relations dinclusion ou

dimplication entre lune et lautre sphre : on peut parler dautonomie relative. Cette tension

constante sobserve nettement dans Contorno, mais aussi chez Martinez Estrada ou la Generacin del

37. La seconde coordonne sapplique tous les rfrents sans exceptions : la morale de la critique.

Jutilise ici volontairement le titre dun article de B. Sarlo, se penchant sur la rdition du premier

volume de Literatura argentina y realidad poltica xxx de D. Vias. Le volume auquel nous avons

dj fait rfrence dans ce point est le deuxime volet de ce travail, qui dbute avec Lugones et se

termine avec Walsh. Le premier volet sattache la production littraire du 19me sicle. Pour B. Sarlo,

ce premier volume est un ensayo sobre la Argentina, en el cual la literatura no es un pretexto sino

un revelador xxxi. D. Vias parat confirmer cette analyse (qui elle-mme confirme notre premire

coordonne) ds lpigraphe : () hay que quitar a la literatura su aire sacramental y liberarla de

sus tabes sociales aclarando el secreto de su poder xxxii. En conclusion, B. Sarlo crit : Porque, en

definitiva, para Vias, como para los hombres de Contorno, la crtica tiene una funcin xxxiii ; et

jajouterais sociale. Ce qui runit cette tradition critique, cest la conception de lexercice dune critique

comme mode dintervention publique. La critique comme ethos. La critique doit soccuper des textes

qui mritent dtre lus, tre attentive aux textes relevant de cette tension entre politique et littrature.

Ces conceptions de la littrature et de la critique sont essentielles pour cerner la manire dcrire

de PdeV.

2- La mise jour de la critique

Quel est ce quart de sicle qui spare PdeV de Contorno ? Roxana Patio, dans son tude sur

diffrentes revues culturelles argentines des annes 1980, crit propos du discours critique de PdeV :

Hay en este trabajo interpretativo una voluntad de lectura de la tradicin literaria hecha a

partir de obras y autores que operaron como revulsivos en la literatura nacional. De este

modo, hay una clara relectura de Sarmiento, Borges y las vanguardias, una puesta en valor

de temas demonizados por la crtica literaria de izquierda desde que la revista Contorno le

haba arrebatado la hegemona crtica a la cultura liberal representada por Sur. En otras

palabras, Punto de Vista completa aquello que Contorno no haba podido leer, revisa y

ordena lo que un nuevo paradigma de lectura posibilita una vez reprocesadas claves

ideolgico-polticas que operaron como barreras para la ampliacin de la mirada crtica en


las dcadas anteriores .xxxiv

Quel est donc ce nouveau paradigme de lecture permettant PdeV dlargir son spectre critique ? Et

en quoi reprsente-t-il la fois une possibilit de discours et une rsistance culturelle face lEtat

autoritaire ? La mise jour de la critique conjugue la fois la rvision du corpus thorique utilis

durant les annes antrieures, et limportation de nouvelles thories non dogmatiques. En effet,

limportation de nouvelles thories rpond et conjointement entrane une autocritique de lancien

corpus thorique utilis dans LL. Ainsi, les deux oprations que nous analysons se ralisent

conjointement et sont interdpendantes. La mise jour de la critique influe sur la redfinition de la

tradition critique et vice versa. Ces oprations rpondent au contexte politico-culturel de la dictature,

mais aussi une volont de repenser le socialisme indpendamment du concept de rvolution.

Penchons-nous dans un premier temps sur deux nouvelles sductions thoriques de PdeV : P.

Bourdieu et R. Williams. Du premier, les critiques importent des instruments thoriques pour penser

la culture, mais aussi pour se situer eux-mmes au sein de cette dernire. Limportation de luvre du

britannique est la plus audacieuse et la plus significative de la mise jour de PdeV.

La diffusion de P. Bourdieu se ralise principalement au sein de la revue sous la forme de

traductions du sociologue franais. Cette importation est dans un premier temps dconcertante pour le

chercheur pour deux raisons. En effet, le sociologue de tradition weberienne est loin dtre un rfrent

de la critique marxiste de la New Left britanniquexxxv. De plus, il est surprenant que PdeV, qui entame

une rvision du legs structuraliste de lcole franaise, se tourne nouveau vers un auteur franais. En

ralit, P. Bourdieu tait dj connu des cercles intellectuels argentins dans les annes 1970, travers

quelques traductions. Cependant, cette premire tape du sociologue tait fortement marque par le

structuralisme. Et lorsque P. Bourdieu commence laborer une sociologie des intellectuels, les

conditions de la dictature militaire ne sont pas des plus propices pour la diffusion de son uvre.

Campo del poder y campo intelectual , la premire dition argentine de P. Bourdieu, parat en

1983xxxvi. La traduction est signe M.T. Gramuglio, membre du conseil de direction de la publication.

Mais avant cela, cette dernire traduit et publie deux articles du sociologue dans PdeV. Dans le n8,

apparat Los bienes simblicos, la produccin del valor xxxvii et dans le n15, El oficio del

socilogo xxxviii. A partir de 1980, les concepts de biens symboliques et de champs sont les nouveaux

instruments de la critique de PdeV. Ces traductions sinscrivent,bien entendu, dans une stratgie de

divulgation mais aussi de rsistance culturelle. En effet, P. Bourdieu permet la publication de parler

en interstice de la violence symbolique de lEtat autoritaire. La publication dun article dAlain

Touraine en dcembre 1983 sur la mthode de lintervention sociologique semble confirmer lintrt

de la revue pour la sociologie franaise.xxxix

En 1979, B. Sarlo voyage en Angleterre et rencontre Raymond Williams et Richard Hoggartxl. Les


deux intellectuels sont avec Stuart Hall et Edward P. Thompson, les fondateurs des Cultural Studies,

un courant qui se matrialise avec la cration du CCCSxli en 1964. Cependant, la fin des annes 1970,

si le mouvement est bien implant en Angleterre, il est pratiquement inconnu sur le continent

europen et aux Etats-Unis. Ce nest en effet qu partir du milieu des annes 1980 que leurs travaux

sont diffuss et que le courant connat un essor mondial. Dans lentretien avec R. Williams, B. Sarlo

revient sur deux uvres majeures du britannique : Culture and society et Marxism and

Literature xlii; et notamment sur le concept de structure of feelingxliii. R. Hoggart est un auteur moins

prolifique en terme thorique qui naura pas tant dinfluence sur la publication. Lentretien porte sur

son uvre principale, The uses of Literacy xliv, considre comme pionnire des Cultural Studies.

Par la suite, PdeV se concentrera sur R. Williams, tel point que C. Altamirano crit :

Y nos convertimos en algo as como williamsianos en la Argentina, una de esas mezclas

medio estrambticas que el eco de una obra, a la vez sugestiva y culturalmente lejana, suele

producir en nuestro pas () .xlv

Un nouvel article lui est ddi en mars 1981, et dans le n19, C. Altamirano crit une critique sur la

parution de Cultura, sociologa de la comunicacin y del arte xlvi. Enfin, en 1988 parat un

hommage R. Williams dans lequel C. Altamirano sinterroge : Cmo se llega a ciertos autores y a

ciertas obras ?xlvii. On note dans ce geste la fois didactique et autocritique linfluence

bourdieusienne. En effet, ce geste rappelle les concepts dobjectivation participante et dobjectivation

de lobjectivation diffuss par le sociologue. Durant toute la dcennie, PdeV importe luvre de R.

Williams, justifie cette importation et la fois questionne ces justifications.

Quelles sont ces justifications ? B. Sarlo prsente dans le n6 R. Williams et R. Hoggart comme

insularmente independientes de las modas culturales . Au premier rang de ces modes culturelles,

el estructuralismo de Barthes, Todorov o Kristeva diffus par la revue Tel Quel, et aspirant

ocupar el campo de la crtica literaria como nica forma de la modernidad terica . B. Sarlo

dnonce en particulier la linguistique oprant comme ciencia piloto sobre las disciplinas sociales .

R. Williams et R. Hoggart reprsentent donc en premier lieu des alternatives face aux modes

thoriques .

Limportation de luvre williamsienne signifie avant tout un retour au sujet, lhistoire et

lexprience, vacus par le formalisme de la ideologa francesa . posteriori, PdeV ajoute cette

justification thorique une justification politique. En pleine dictature, les propositions de R. Williams

reprsentaient une esprance : celle de pouvoir continuer penser des connexions entre la culture et la

politique, et donc penser la critique comme mode dintervention dans le dbat public. M. Dalmaroni,

dans un article intitul la moda y la trampa del sentido comn , analyse ce quil nomme

la operacin Williams et relve dautres significations. Selon le chercheur, importar a Williams

era un modo de de ejercitar una esttica vanguardista de la teora, porque era importar un


repertorio terico nuevo xlviii. Le chercheur relve un point qui me parat essentiel pour comprendre

plus en profondeur cette opration Williams . Selon M. Dalmaroni, la justification politique

voque par PdeV dpasse le seul contexte de la dictature militaire :

PdeV necesitaba encontrar un foco terico novedoso que, sin abandonar del todo el

programa de crtica de la cultura elaborado poco antes en la revista LL, permitiera

abandonar el marco poltico que haba funcionado como justificacin de ese programa, es

decir, abandonar un socialismo indefectiblemente dependiente del concepto de revolucin

sin abandonar del todo el socialismo .xlix

Le concept de structure of feeling entendu comme expriences sociales en solution permet

donc PdeV dentrevoir une issue sur le plan politique. Mais aussi et surtout, il permet de reconsidrer

le socialisme dans un cadre dmocratique, garant du libre jeu de relations entre les formes de culture

dominante, rsiduelle et mergente. Si la politique influe sur les formes de la culture, ces dernires, en

tant que productions matrielles produisent du politique. Sur le plan thorique, devenir

williamsiano implique pour PdeV labandon des thories dogmatiques des annes 1970.

Notons que les articles concernant lopration Williams sont tous et sans exception signs par B.

Sarlo ou C. Altamirano. En 1980 disparaissent deux grandes figures intellectuelles franaises : J-P

Sartre et R. Barthes. Au numro suivant sont publis divers hommages. Lcrivain Juan Jos Saer crit

Sartre : contra entusiastas y detractores , dans lequel il critique la fois ses dtracteurs et ses

admirateurs pour leur ignorance de luvre de lintellectuel franais, produisant des simplifications

telles que la formule de Borges : Hablar de literatura comprometida sera como hablar de

equitacin protestante l. PdeV traduit galement un hommage de Rossana Rossanda, dans lequel

lamie de lintellectuel salue lengagement moral du philosophe franaisli. La nord-amricaine Susan

Sontag, grande admiratrice et amie de R. Barthes, crit Recordar a Barthes , dans lequel elle dresse

le portrait dun Barthes avant-gardiste et passionnlii. On constate que les fondateurs de PdeV sont

absents de ces hommages. Cette absence contraste avec lhommage R. Williams crit par C.

Altamirano en 1988 et publi en premire page du numro. Que signifient ces diffrents traitements de

faveur ? PdeV reconnat la qualit intellectuelle de Sartre et Barthes sans pour autant revendiquer leur

hritage. En ce qui concerne Sartre, PdeV rappelle, malgr les erreurs dapprciations de lintellectuel,

la qualit morale du philosophe. En ce qui concerne Barthes, PdeV ne peut la fois revendiquer son

uvre et rejeter la ideologa francesa . Cependant, il faut distinguer deux Barthes : le Barthes

formaliste de Tel Quel et le Barthes essayiste de Mythologies ou de Critique et vrit . Ce

Barthes aura une influence majeure sur la publication.

Les trois premiers articles traitant de philosophie sont consacrs Martin Heidegger et Walter

Benjamin, deux philosophes allemands opposs thoriquement et politiquement. Les deux articles se


rfrant Heidegger voquent son adhsion au national-socialisme, en tant que recteur de luniversit

de Fribourgliii. Ral Beceyro relve la marginalit et lexcentricit de la figure de W. Benjamin et le

caractre fragmentaire et priphrique de son uvre philosophique.

La situation dans laquelle se trouvait W. Benjamin en Allemagne puis en France, a de nombreuses

similitudes avec le contexte politico-culturel dans lequel opre PdeV. Ainsi, en traitant la marginalit

de W. Benjamin et sa perscution, la publication parle delle-mme et de la situation politique

argentine. De mme que M. Heidegger lui permet de faire un parallle avec le Proceso de

Reorganisacin Nacional et de rfuter toute ide dun ser nacional , oppos dans le discours

autoritaire au subversif . Lintgrit intellectuelle attribue par R. Beceyro W. Benjamin, est

diffrente de la conception sartrienne de lintellectuel. Le philosophe, qui na jamais milit

politiquement, conoit la critique mme comme politique. Malgr les nombreuses divergences entre

Heidegger er Benjamin, il existe un parallle important entre ces derniers. W. Benjamin opre une

distinction entre lexprience quotidienne, immdiate (Erlebnis) et lexprience authentique ou

philosophique (Erfahrung), et M. Heidegger distingue lexistence authentique de lexistence

inauthentique. Toute luvre de W. Benjamin a pour objectif de transformer le Erlebnis en Erfahrung,

ce qui signifie chercher lextatique dans le quotidien, l histoire dans le fait ou lobjet historique,

pour rcuprer les nergies rprimes du pass et ainsi construire un futur meilleur. Cette tension

constante entre pass et prsent dans luvre de Benjamin se retrouve dans le projet critique de PdeV.

La perspective latino-amricaine nest pas une priorit de la revue durant cette premire tape.

Nanmoins, PdeV est attentive aux transformations et volutions de la critique culturelle sur le

continent. Cette volont de mise jour de la critique, base sur le rejet du structuralisme et un retour

au sujet, lexprience et lhistoire, sinscrit dans un mouvement, bien quencore difficilement

identifiable, rgional. En mars 1980, PdeV publie des entretiens avec trois critiques latino-amricains :

Antonio Candido, Angel Rama et Antonio Cornejo Polarliv ; rencontrs lors dun colloque au Brsillv. A.

Rama propose de sortir de la dfinition europenne de littrature, en incorporant des matriaux non-

littraires comme le document historique ou le conte oral, dans le but de construire une littrature

latino-amricaine, fonctionnant avec ses propres techniques narratives. Le brsilien Antonio Candido

quant lui interroge la relation entre politique et littrature : De qu modo la realidad psicolgica y

social se transforma en algo que la expresa admirablemente pero que es otra cosa : una estructura

de palabras ?lvi. linstar de R. Williams, il met laccent sur lautonomie de la fonction sociale du

texte littraire par rapport sa fonction idologique. Dans le numro suivant, A. Rama publie

Argentina : crisis de una cultura sistemtica lvii, o il analyse la culture argentine en tant que

cultura suratlntica . Gographiquement, cette dernire englobe les rgions pampennes de

lArgentine, de lUruguay et du sud brsilien. Il propose de qualifier cette culture sud-atlantique de

cultura de la modernidad , qui diffre du terme de cultura trasplantada propos par

lanthropologue Darcy Ribeiro. La culture sud-atlantique est une culture de la modernit du fait dune


caractristqiue essentielle : son avant-gardisme, cuya potencialidad deriva de que explora

territorios desconocidos, los inventa con audacia, los suea y an planifica y los convierte

progresivamente en su propia realidad lviii. Cette culture de la modernit, par essence bourgeoise,

entre en collision partir des annes 1930 en Argentine avec les groupes sociaux mergents. partir

de la fin de la suprmatie culturelle bourgeoise, la socit argentine va se dfinir en terme

dopposition. Cette visualisation dichotomique de la socit, malgr de nombreuses redfinitions tout

au long dun demi-sicle, perdure en 1980. Selon A. Rama, la modernidad vanguardista a conduit

lexclusion de tout autre forme culturelle oppose ou alternative. Cette planification est

caractristique de la culture sud-atlantique. En effet, si lon traverse les Andes, on observe de multiples

formes de cultures rgionales. Et outre-atlantique, les pays gnrateurs de la modernit conservent de

nombreux particularismes rgionaux. La modernit se manifeste donc diffremment selon les

conditions structurelles de chaque nations. A. Rama juge la thorie de la conjuration, du dmon

extrieur, propose par le rvisionnisme historique des annes 1930, trop simpliste. Cette

planification fut luvre de linteligentsia argentine, que le critique compare aux amautas , qui

selon la lgende dessinrent lEmpire Inca. Cette culture systmatique est caractristique, selon

lauteur, non seulement dintellectuels comme Sarmiento ou Lugones mais aussi dintellectuels tels

Echeverra, Martinez Estrada ou Vias. Rappelons que ces trois derniers font partie de la ligne

critique revendique par PdeV. Cependant, au regard du projet critique de la publication, bas sur un

retour au sujet, lexprience et lhistoire, et sur le rejet de tout systme thorique ferm, on note

une volont de se dfaire de la culture systmatique de ses prdcesseurs.

En 1952, R. Barthes crivait : Nous en saurons davantage sur la littrature et sur la gauche, le

jour o nous expliquerons pourquoi un crivain peut-tre de gauche autrement quen le disant lix. Il

semble que cest ce dfi qui caractrise la nouvelle critique latino-amricaine. Ce dfi nest pas

seulement littraire, il est culturel. PdeV se propose ainsi dexplorer la culture argentine, la fois pour

comprendre cette crise que signale A. Rama et tenter dy remdier, en rcuprant les nergies

rprimes du pass. En revendiquant la fonction sociale de la critique, PdeV place lethos au centre de

sa pratique.


i N en 1984, Baptiste Gillier est doctorant en cotutelle au CRAL (EHESS) et l'UNLP.

Nacido en 1984, Baptiste Gillier es doctorando en cotutela en el CRAL (EHESS) y en la UNLP.

iiSarlo (Beatriz), Final , PdV, n90, p. 2. iii Ibidem (la traduction est mienne). iv Abrviation de Punto de Vista. vLos Libros apparat en juillet 1969, sous forme de tablod. Jusquau n23, le mensuel est dirig par le sociologue et smiologue Hector Schmucler. partir de ce numro apparat un conseil de direction form par ce dernier, C. Altamirano et R. Piglia,. Peu aprs, ce conseil de direction slargit et incorpore deux psychanalystes, Miriam Chorne et Germn Garca, ainsi que B. Sarlo. partir du n29 de mars 1973, H. Schmucler quitte la publication qui se politise et sidentifie de plus en, plus explicitement au maosme. Le comit de direction (un glissement smantique significatif) est alors intgr par les trois futurs fondateurs de PdeV. Durant deux annes conscutives, le comit reste le mme jusquau dpart de R. Piglia en mars 1975 pour des raisons politiques. En effet, le soutien du Partido Comunista Revolucionario (B. Sarlo et C. Altamirano) au gouvernement dIsabel Pern est fortement critiqu par Vanguardia Comunista (R. Piglia). Ainsi, jusqu la disparition de la revue dbut 1976, C. Altamirano et B. Sarlo se partagent le comit de direction. vi Abrviation de Los Libros viiVoir entretien paru dans La Nacin du dimanche 14 dcembre 2003. viiiSarlo (Beatriz), Punto de Vista : Una revista en dictadura y en democracia , dans Sosnowski (Saul), La cultura de un siglo. Amrica latina en sus revistas , Buenos Aires Alianza, 1999, p. 526. ix La premire dition du Martn Fierro date de 1872. x La premire dition de Facundo o Civilizacin y barbarie date de 1845. Rappelons que Sarmiento fut prsident de la rpublique entre 1868 et 1874, la suite de Bartolom Mitre. xiHernandez (Jos), Vida del Chacho , Edicin del ncleo Mar del Plata, Coleccin Folletos Forjistas, Mar del Plata, 1943. xii Arlt (Roberto), Aguafuertes porteas , Edicin Victoria, Buenos Aires, 1933. xiiiLa premire dition de Operacin masacre date de 1957. xiv Walsh (Rodolfo), El violento oficio de escribir, obra periodistica (1953-1977) , Espejo de la Argentina, Planeta, Buenos Aires, 1995. xvVias (David), Literatura Argentina y poltica , 2 tomes, Editorial Sudamericana, Buenos Aires, 1996, p. 215. xviLa 1re dition de Muerte y transfiguracin de Martn Fierro date de 1948. xviiSarlo (Beatriz) et Altamirano (Carlos) [sign Washington Victorini], Martnez Estrada: de la crtica a Martn Fierro al ensayo sobre el ser nacional , PdeV, n4, nov. 1978, p. 3. xviii Ibid, p. 6. xixFuerza de Orientacin Radical de la Joven Argentina. xxVias (David) [sign Gabriel Conte Reyes], La mentira de Arlt , PdeV, n4, nov. 1978, p. 7-8. Vias (Ismal) [sign Marta C. Molinari], Manuel Glvez : el realismo impenitente , PdeV, n4, nov. 1978, pp. 9-10. xxi A ce sujet, Marcela Croce crit : () una atencin desusada por parte de la crtica que no vacil en concederle dimensiones mitolgicas y en atriburle fundaciones metodolgicas . Voir Croce (Marcela), Contexto, compromiso, contestacin. Contorno : situacin en el mundo intelectual dans Sosnowski (Sal), La cultura de un siglo. Amrica latina en sus revistas , Buenos Aires, Alianza, 1999, p. 444. xxii Sarlo (Beatriz), Los dos ojos de Contorno , PdeV, n13, nov. 1981, pp. 3-8. xxiii Ibid, p. 3.


xxiv La revue Martn Fierro (1924-1927) va runir de jeunes artistes avant-gardistes. Dirige par Evar Mendez, la publication, ultraste, nie toute tradition antrieure et fait du scandale son cheval de bataille. J-L Borges a lui aussi eu une poque ultraste au sein de la revue Prisma dans les annes 1920. Il abandonne le mouvement a partir de la cration de Sur. xxvIbid, p. 4. xxvi Contorno sintresse nanmoins dans le dernier numro Borges. Roxana Patio explique ce subit intrt du fait de la publication de Borges, admir par Sartre, dans Les temps modernes. xxvii Sarlo (Beatriz), Los dos ojos de Contorno , PdeV, n13, nov. 1981, p. 7. xxviii Ibid. xxixIbid. xxx Vias (David), Literatura argentina y realidad poltica , CEAL, Buenos Aires, 1982, 1re d. 1964. xxxiSarlo (Beatriz), La moral de la crtica , PdeV, n15, aot 1982, pp. 21-22. xxxii Signe Robert Escarpit. xxxiiiSarlo (Beatriz), La moral de la crtica , art. cit., p. 22. xxxivPatio (Roxana), Intelectuales en transicin. Las revistas culturales argentinas (1981-1987) , Cuadernos de Recienvenido, n 4, So Paulo, Universidad de So Paulo, 1997, p. 12. xxxvLes Cultural Studies vont adopter les instruments thoriques de Bourdieu tardivement dans les annes 1980. En 1992, la New Left Review publie un entretien entre Terry Eagleton et le sociologue. Voir Bourdieu (Pierre) et Eagleton (Terry), Doxa and common life , New Left Review, n191, fv. 1992, pp.111-129. xxxvi Bourdieu (Pierre), Campo del poder y campo intelectual , Gandhi/Folio Ediciones, Buenos Aires, 1983, trad. M.T. Gramuglio. xxxviiBourdieu (Pierre), Los bienes simblicos, la produccin del valor , PdeV, n8, mars 1980, pp. 19-23. Il sagit de l extrait dun article paru initialement dans Actes de la Recherche en sciences sociales, n13, fv. 1977. xxxviiiBourdieu (Pierre), El oficio del socilogo , PdeV, n15, aot 1982, pp. 16-18. Il sagit dextraits de la leon inaugurale du Collge de France, prononce par le sociologue le 23 avril 1982. xxxixTouraine (Alain), La intervencin sociolgica , PdeV, n19, dc. 1983, pp. 27-35. xl Il semble que lintermdiaire entre B. Sarlo et les deux intellectuels britanniques fut John King, qui lpoque prpare sa thse doctorale sur linstitut Di Tella luniversit de Cambridge. Dans le cadre de sa recherche, ce dernier rencontre les membres de PdeV au tout dbut de laventure ditoriale en 1978. Voir King (John) Editors preface dans [Sarlo (Beatriz), Jorge Luis Borges : A Writer on the Edge , Verso, London, 1993, pp. 9-10] xliCentre for Contemporary Culturals Studies. xliiWilliams (Raymond), Culture and Society , Hogarth Press, London, 1958 et Marxism and Literature , Oxford University Press, Oxford, 1977. xliiiArmand Mattelard et Erik Neveu rsument ainsi le concept phare du britannique : Les notions, les pratiques et formes culturelles cristallisent des visions et des attitudes qui expriment des systmes de perception et de sensibilit (structure of feeling) attachs la temporalit historique . Mattelard (Armand) et Neveu (Erik), Cultural studiess Stories : la domestication dune pense sauvage ? , Rseaux, n80, 1996, p. 46. xliv Hoggart (Richard), The uses of literacy , Chatto & Windus, London, 1957. xlv Altamirano (Carlos), Raymond Williams : 1921-1988 , PdeV, n33, sept. 1988, p. 1. xlviAltamirano (Carlos), Mnima , PdeV, n19, dc. 1983, p. 51. xlviiAltamirano (Carlos), Raymond Williams : 1921-1988 , art. cit., pp. 1-2. xlviii Dalmaroni (Miguel), La moda y la trampa del sentido comn. Sobre la operacin Raymond Williams en Punto de Vista dans Orbis Tertius, n5, centro de Teria y Crtica Literarias, Facultad de Humanidades, UNLP, 1997, p. 15. xlixDalmaroni (Miguel), La moda y la trampa del sentido comun , art. cit., p. 15.


lSaer (Juan Jos), Sartre: contra entusiastas y detractores , art. cit., p. 12. li Rossanda (Rossana), Nuestro amigo, nuestro maestro , art. cit. lii Sontag (Susan), "Recordar a Barthes , PdeV, n9, pp. 16-19. liiiSarlo (Beatriz) [sign Miguel Sinecura], Releer a Heidegger , PdeV, n3, juillet 1978, p. 15. Dotti (Jorge E.) [sign Fulvio Carpano], El sndrome heideggeriano , PdeV, n7, nov. 1979, pp. 30-35. livAntonio Candido, brsilien, est prsent comme socilogo, a la vez que crtico e historiador de la literatura . Antonio Cornejo Polar, pruvien, est lpoque directeur de la Revista de critica literaria latinoamericana. Angel Rama, uruguayen, est en 1980 exil Caracas, directeur de la bibliothque Ayacucho et de la revue littraire Escritura. Le critique est un collaborateur de PdeV (voir Encuesta sobre sociologia de la lectura , PdeV, n2, mai 1978, pp. 12-15). En 1981, A. Rama est nomm professeur titulaire de littrature latino-amricaine de lUniversit de Maryland, et devient un rfrent des tudes littraires latino-amricaines aux Etats-Unis. Suite sa disparition tragique, PdeV publie deux hommages en mai 1984. lvIntitul Jornadas de Literaturas latinoamericanas , le colloque sest droul du 28 janvier au 1er fvrier 1980 lUniversit de Campinas, Etat de Sao Paolo. lviIbid, p. 5. lvii Rama (Angel), Argentina : crisis de una cultura sistemtica , PdeV, n9, juillet 1980, pp. 3-10. lviii Ibid, p. 4. lix Barthes (Roland) Ecrivains de gauche ou littrature de gauche , lObservateur, 27 nov. 1952.

punto de vista naissance d'une nouvelle critique

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