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Pierre Castagnos

Richelieu face à la mer

EDITIONS OUEST-FRANCE

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L'histoire aux Editions Ouest-France:

« De mémoire d'homme: l'histoire» (collection dirigée par Lucien Bély) : A la rencontre des Etrusques (1. -R. Jannot)

Les Animaux sacrés dans l 'antiquité (J . Prieur)

A rchives du corps (J. Léonard)

Bagnards à Brest ( P. Henwood)

La Civilisation celtique (C.-J. Guyonvarc'h et F. Le Roux)

La Cour de Henri III (J . Boucher)

Les Druides (C.-J . Guyonvarc'h et F. Le Roux)

Le Fer contre laforêt (F. Domic)

La Grande époque de la marine à voile (M. Acerra et J . Meyer)

La Mort dans l 'antiquité romaine (J. Prieur)

Pêcheurs d'Islande (J . -L. Avril et M. Quéméré)

Les Petites écoles sous l 'Ancien Régime ( B . Grosperrin)

Les Religieux en Bretagne sous l 'Ancien Régime (G. Minois)

Richelieu face à la mer (P. Castagnos)

La Rue au Moyen Age (J .-P. Leguay)

Saint Bruno, le premier chartreux ( B . Bligny)

Saint Jacques à Compostelle (J . Chocheyras)

Les Sépulcres flottants (P. Masson)

Les Terroristes russes (1. Fenner)

Les Vikings et la Normandie (1. Renaud)

Histoire de la Bretagne (collection dirigée par André Chédeville) :

Préhistoire de la Bretagne (P.-R. Giot , J. L'Helgouach, J . -L. Monnier)

Protohistoire de la Bretagne (P. -R. Giot , J. Briard, L. Pape)

La Bretagne des saints et des rois (A. Chédeville, H. Gui llotel)

La Bretagneféodale (A. Chédeville, N . -y. Tonnerre)

Fastes et malheurs de la Bretagne ducale /213-/532 (J . -P. Leguay, H. Martin)

La Bretagne de 1939 à nos jours (1. Saincl iv ier)

Histoire de la Provence (collection dirigée par Jean-Pierre Leguay) :

La Provence des origines à l 'an mil (M. Bats, G. Camps, P. -A. Février, M. Fixot,

J . Guyon, J . Riser)

Histoire de la Savoie (collection dirigée par Jean-Pierre Leguay) :

La Savoie des origines à l'an mil (1. Prieur, A. Bocquet, M . Colardelle, J . -P.

Leguay, J. Loup, J. Fontanel)

La Savoie de l 'an mil à la Réforme (R . B rondy, B. Demotz, J . -P. Leguay)

La Savoie de la Réforme à la Révolution (R. Devos, B. Grosperrin)

La Savoie de la Révolution à nos jours (A. Palluel-Gui liard, C . Sorrel, G Ratt i ,

A . Fleury, J . Loup)

© OUEST-FRANCE - 1989 ISBN : 978-2-73-735197-6

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Portrait du Cardinal de Richelieu (in « testament politique »,

Ed. Robert Lafont, 1947).

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A Pauline, Marianne et Gaspard

Mes remerciements vont à tous ceux qui m'ont apporté leur encoura­gement et leur aide, et particul ièrement à ma femme et à mes enfants, Mar i e , Marguer i t e et George s , I sabe l l e et Anne , à mes a m i s de l 'Association amicale du Commissariat de la M arine, au commissaire général Griot, à l ' ingénieur E.T.T. M. Pras, à mademoiselle Dubeme de la bibliothèque universitaire de Bordeaux.

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« L'empire de cet élément ne fut jamais assuré à personne ... En un mot les vrais titres de cette domination sont la force et non la raison »

(Cardinal de Richelieu - Testament politique Chapitre neuvième - Section cinquième)

C HAPITRE PREMIER

AU POUVOIR

LA PLACE ET LE TITRE

Richel ieu entre au Conseil du roi , de seconde et définitive manière, le 29 avril 1 624. Et avant cette date ? Ce gent i lhomme poitevin 0), cet évêque de Luçon, ce cardinal de fraîche date , avait-i l eu quelque contact avec la mer et les hommes de mer ?

Le bisaïeul de Richelieu, Guyon le Roy du Chillou, était v ice-ami­ral de Bretagne du temps de Louis XII et de la duchesse-reine, i l avait combattu les Anglais , les Espagnols et les Turcs , il est un des fondateurs du Havre ( 1 5 1 7) . Le grand-père , François II du Plessis , était capitaine de marine, le père, François I I I , armait en course, participa à la reprise du

Havre sur les Anglais (563) et était en 1 586 le propriétaire d'un des rares bâtiments français armés, une « roberge ». Quatre ans plus tard il était mort et ce grand-prévôt de l 'Hoste l , fidèle et valeureux c ompagnon d'Henri III et d 'Henri IV, n 'avait guère eu le temps d'exercer une grande influence sur Armand.

Toutefois il est diffici le d' imaginer que lorsque l 'enfant de neuf ans entre en 1 594 au col lège de Navarre aucune trace du passé maritime de

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ses ancêtres ne l 'a marqué. S i l 'on est cependant en droit de parler d' in­fluences , i l est très probable qu'el les v iennent surtout de son oncle mater­nel , Amador de la Porte, commandeur de Malte, v ieux marin, et de son frère aîné, Henri , qui avait fai t part ie de l 'expédition de Maranhao au Brés i l avec La Revardière et les Razi l ly, François et Isaac .

Pendant la jeunesse et au début de la vie publique rien ne semble indiquer de préoccupations part icu l ières pour la vie maritime . Il faut reconnaître que l 'évêché de Luçon, channante petite v i l le qui était alors « l 'évêché le plus crotté de France », pas plus que les Etats Généraux de 1 6 1 4 , où les quere l les de c lans et l ' av idité des factions n'étaient pas absentes , n'étaient de nature à ouvrir l 'esprit sur les vastes horizons de la mer et du monde. L'administrateur exact de son diocèse, l 'orateur du cler­gé aux Etats ne songe apparemment qu'à monter en faveur, dans l 'ombre imposante de la reine-mère. Dans ce monde où i l vi t , à la Cour dominée par les Concini, qui est informé et qui se soucie de notre domaine ? Lui peut-être qui est tout de même membre du Consei l et secrétaire d 'Etat. Dans ce cas, voici ce qu'il apprend : la piraterie sévi t jusque sur les côtes , la pêche est paralysée, le commerce maritime est faible et d'ailleurs large­ment aux mains des étrangers , nos tentat ives outre-mer échouent . Champlain lui-même, au Canada, connaît une profonde détresse . Enfin, cause et effet tout à la fois , la marine de combat est quasi inexistante . 1 6 1 7 : deux dates intéressantes à rappeler cette année-là . Le 24 avril Louis XIII se débarrasse de Concini et en conséquence Richelieu quitte le Conseil où il semblai t la créature de ce favori de la reine-mère qui l 'avait fait maréchal d'ancre, et qui briguait le bâton de connétable. I l n'est plus que le conseiller de Marie de Médicis , elle-même momentanément en d isgrâce. Le 30 j uin, des pirates protestants de La Rochel le et de Marennes , qui pratiquaient tranqui llement l 'embuscade navale à l 'embou­chure de la Gironde, sont enfin écrasés par le v ice-amiral Jaubert de Barrault qui a réussi à sortir de Bordeaux avec quelques vaisseaux à peu près en état de combattre .

B rigandage naval , guerre c iv i le navale, guerre de rel igion navale, on se bat de la Bretagne à l 'Aquitaine et aussi en Manche, et aussi en Provence, tous les prétextes et toutes les causes sont bonnes pour arra­cher un avantage. L'autorité de l 'Etat est bafouée , le roi sauve pénible­ment la face grâce à de rares bonnes volontés, à quelques chefs accep­tables , à la valeur d'une poignée de marins et auss i hélas ! à l 'aide étran­gère , hollandaise ou espagnole, mesurée, contradictoire et, bien enten­du, intéressée .

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Richelieu s 'accroche à la « balourde » reine-mère, il subit un semi­exil en Avignon, i l court après le chapeau de cardinal parce que ce peut être un marchepied du pouvoir, i l l 'arrache en 1 622 grâce à un jeu de pres­s ions et d ' influences quas i inex tr icable . Il se rapproche enfi n des médiocres ministres , Luynes, pu i s l e s autres.

Surtout il s'arrange pour que sa personne soit toujours dans le champ des regards que le sphinx torturé qui porte la couronne jette sur son royau­me déchiré. L'image et l ' idée s'imposent peu à peu mais la répulsion date de l 'époque Concini-Galigaï. Les raisons de se tourner vers le pré lat sont solides mais les souvenirs amers. Enfm le roi , mi-convaincu, mi-débordé par quelques cri ses hystériques de la Florentine, appelle au Consei l , le 29 avril 1 624, celui avec qui il partagera dix-huit ans et demi de rancœur, d'amitié, de méfiance, d'admiration, de souffrance et de gloire.

C'est la deuxième entrée au Consei l , la vraie, la bonne. En quelques semaines le masque tombe, les déguisements, les intrigues disparaissent. Certes i l y en aura bien d'autres . Mais, si les premiers ont pour but la conquête du pouvoir, les nouveaux seront ceux du pouvoir lui-même car désormais le pouvoir c 'est lui : tout sera bon pour l ' identifier à sa per­sonne en même temps qu'à l ' intérêt du royaume. Une seule réserve , mais capitale : i l ne perdra jamais conscience que lui , « le plus grand servi ­teur » , ne peut rien sans « le mei l leur des maîtres » . C'est à la foi s le ri sque et la garantie de tous les instants de cet homme qui va devenir, souvent au sens propre, la c ible d ' innombrables ennemis .

Dans l ' immédiat, toute la charge de l 'Etat tombe sur lui : quel le place y tient la marine ?

Observons tout d'abord que ce n'est que le 20 octobre 1 626 que, par un édit de Saint-Germain, le roi lui donnera le t itre nouveau et bientôt célèbre de « grand maître et surintendant général de la navigation et du commerce » et que le titre officiel de « principal ministre » ne lui sera attribué qu'en 1 629.

Pourtant il suffit de feuil leter la très remarquable édition des Papiers

de Richelieu (2) pour trouver dès 1 624- 1 625, au fil de la correspondance, de nombreuses traces des préoccupations maritimes du Cardinal : e l les sont fragmentaires , nous dirions « ponctuelles » . Pas de grands objectifs affichés mais un effort pour recueil l ir l ' information et, déjà, des décisions.

Les informateurs ? On pourrai t dire , n ' importe qui : un c ardinal archevêque de Bordeaux , Franço i s de Sourd i s , un gouverneur de province , un « lieutenant » de place forte, des magistrats , des ecclésias­tiques de rang modeste, de simples particuliers .

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Et soudain , en janvier et février 1 625 , le Cardinal se trouve brusque­ment en face de sa première affaire navale . Soubise, principal chef du parti protestant, tente un coup de main à B lavet, dans le décor, toujours fami lier pour nous , de la c itadel le de Port-Lou i s et de l a batterie de Larmor (3) : il essuie un échec relatif et s'en tire grâce à la complicité du duc de Vendôme, amiral et gouverneur de B retagne . Cossé-Bri ssac , gou­verneur de la forteresse, rend compte en s' indignant violemment de la per­fidie de Vendôme et, s'adressant à celui qui n'est encore rien officielle­ment pour ce genre d'affaires, s 'exprime ains i : « Si j 'espère un meilleur traitement à l 'avenir, Monsieur, je l 'attends de votre protection seule . . . » ( 1 5 février 1 625) (4 et 5) .

L'acte de rébel lion ouverte de Soubise n 'empêche nullement, le 19 du même mois , les autorités de La Rochel le , port d'armement et soutien logistique dudit Soubise, d'adresser à Richelieu une supplique pour qu'il intervienne contre les vexations qu'elles disent subir, notamment dans l 'af­faire de la construction du Fort-Louis qui sera la cause immédiate du grand siège de 1 627- 1 628.

Ces simples exemples de correspondances (6), parmi bien d'autres, montrent que chacun a su très vi te quel était le vrai interlocuteur cepen­dant que le flot de renseignements, de routine ou d ' importance , fai t prendre conscience au Cardinal que les forces à briser ont une composan­te maritime.

Les grands : quelques représentants de l ' ancienne féodalité mais le plus souvent de nouvelles puissances issues du siècle précédent, bâtards royaux de diverses l ignées, fi l s de ligueurs absous, anciens ministres intri­gants, anciens favoris bien dotés , dynastes des parlements , sans parler de la famille royale .

Or, préci sément certains de ces inquiétants personnages ont des postes clés aux armées et aux frontières et auss i dans la marine et sur les cô tes : Vendôme en B retagne , d 'Epernon en Aqui ta ine , Gu i se en Provence.

Les protestants : la tendance à l'autonomie tourne de plus en plus à la revendication d'une quasi-indépendance. Il en est de très fidèles, i l en est de franchement rebelles mais dès qu'ils se présentent en corps et malgré la phraséologie officielle, l ' impression d'avoir affaire au fameux « Etat dans l 'Etat » ne cesse de peser. D'ailleurs, depui s 1 6 1 0, le roi a signé plusieurs traités avec eux, locaux ou rég ionaux. Ici la composante maritime s'appelle évidemment La Rochelle, capitale ouverte sur le large, pour ceux qui rêvent de nouvelles « provinces-unies » taillées dans le corps du royaume.

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L'étranger, et pas seulement la mai son d'Autriche . Commençons cependant par elle. En Méditerranée , ains i que le montrent de désa­gréables inc idents en juin 1 625 (7) nous ne pouvons bouger sans qu'el le montre les dents pour la moindre querelle côtière entre la Savoie, Gênes et autres . Les l ignes de communications qui joignent les ports espagnols aux ports d 'Italie sont un des arcs du formidable cercle qui entoure la France . Tout se tient, c ar, au fond des Alpes, dans l 'obscur canton des Grisons, on est en pleine affaire de la Valteline, cette vallée-couloir par laquelle le Milanais espagnol donnait la main à l 'Autriche et sur laquelle des troupes françaises s 'étaient jetées dès août 1 624. Par ai lleurs, dans le Nord, la guerre des Pays-Bas (8) dure l' 'ujours , prat iquement depui s cinquante ans . I l convient d e soutenir le, ',èrlandais e n sous-main sans rompre avec l 'Espagne c ar, avec el le , les relations sont officiellement excel lentes : cet héritage de la Régence est conservé à la Cour par le puissant parti hispano-ultramontain, dit « le parti dévot ».

Passons à l 'Angleterre : toujours offic ie l lement , paix et amit i é .

Char l e s 1 e r a épousé H enriet te , sœur de Lou i s X I I I . En fa i t l e s

Britanniques , malgré leur v ieil le al l iance objective avec Henri I I I e t Henri IV, poursuivent imperturbablement leur politique éternelle : oppo­sition à toute tentative d'hégémonie en Europe. Selon leurs bonnes habi­tudes, i l s pensent non seulement à la tendance hégémonique du moment, les Hasbourg, mais auss i à la suivante possible. De plus leur sympathie pour les huguenots peut fort bien devenir active et l 'expérience a prouvé que les réconcil iations ou accommodements avec leur ennemi naturel , l 'Espagne, n e leur font pas peur. Ils arment des centaines d e vaisseaux. Les Espagnols aussi . Les Hollandais auss i .

Avec ces derniers , l 'amitié est traditionnelle : nous les avons souvent aidés par terre, ils vont nous aider par mer . . . mais ils sont protestants et « républ icains » .

Sur qui faire fond ? S ur soi-même d'autant plus que le quatrième élé­ment du dessein cardinal ice , celui dont on ne parle jamais et qui a abouti en fin de règne à son contraire, le « soulagement des peuples », passe dans l 'esprit du ministre par la résurrection du « commerce » c'est-à-dire de toute l 'activité marit ime civile . Or celle-ci est si largement aux mains des étrangers qu'à l 'échel le internationale , la France ne compte pratique­ment pas à cet égard .

Devant la situation du pays, il faut un énorme effort de pensée et d'action. Le Cardinal travaille autant et plus qu'aucun homme d'Etat de notre histoire malgré d ' innombrables maux physiques qui l 'assai l lent dès

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la trentaine et d'affreuses crises de dépression dont il sort toujours pante­lant mais debout ; la domination de la volonté chez cet homme confond. C'est en mai 1 625 qu'il produit le premier, semble-t- i l , de ces fameux « Mémoires pour le Roi » , vastes tours d'horizon où, pour chaque pro­blème, est présenté un choix de décisions mais où la bonne est toujours discrètement indiquée au souverain. Ce mémoire-ci pourrait se résumer par la formule : l 'argent et la détermination ne nous font pas défaut, allons de l 'avant. Par parenthèse, si on a de l 'argent c 'est , entre autres rai­sons, pour avoir fait rendre gorge dès 1 624 à quarante ou cinquante financiers publics ou privés , dont trois trésoriers et un contrôleur de la marine (9).

Donc, et sans tarder, l 'effort de redressement général va commencer. Pour notre affaire i l faut d'abord courir à l ' immédiat et l ' immédiat

c 'est Soubise. Le Cardinal fait montre, dans ses interventions au Conseil et dans son action directe, de ce qu' i l appellera souVènt lui-même une « diligence incroyable » ; i l fait sommer Soubise de rcndrc les vaisseaux du roi capturés à Blavet, déploie un rideau de troupes dans la zone de La Rochelle, lance de nombreux agents de renseignements aux trousses du rebelle , enfin, puisque c'est nécessaire, appelle à l 'aide les Anglais et les Néerlandais pour en finir.

Le 1 4 septembre c'est le succès : Montmorency écrase la flotte de Soubise pendant que Ré et Oléron sont occupées par les troupes du roi . Naturellement l 'aide anglo-hollandaise a été réticente et son retrait préma­turé n ' a pas permis de sa is i r l 'occasion pour abai sser La Rochel le . Toutefois la puissance protestante a subi un premier choc matériel e t sur­tout moral en la personne de son chef le plus prestigieux et probablement le plus ouvertement « séparatiste ».

L'anonyme auteur (qui ne devait pas l 'être pour le destinataire) de 1'« Avi s à Monsieur le Cardinal de Richelieu » , de fin septembre 1 625 commence ainsi son propos : « Le bon succès de la batail le navale qui est deu au bonheur de notre Roy et aux sages consei l s de vous et de M. de Schomberg, fai t cognoistre à tout le monde et à vos ennemis mêmes combien vos sentiments sont religieux et combien vous êtes utile au public » Cl 0) .

Cet ami sincère, le reste de son « Avis » le prouve, jugeait bien pour l'utilité et fort mal pour les sentiments rel igieux, lesquels n 'ont rien à voir avec l ' action politique. Richelieu a écrit : « Bien des hommes sauve­raient leur âme comme particuliers qui se damnent comme personnes publiques. »Cette phrase est d'un homme de foi profonde et certainement

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torturé mais parfaitement étranger à toute haine d'origine religieuse. Sa passion personnelle, bien souvent dévorante, c 'est l e pouvoir, une passion où l 'amour de son pays, la volonté de sa grandeur, le dévouement à son roi et le souci de sa propre gloire forment un tout indissociable.

Il lui fallait un pouvoir précis, établi, à exercer sur la vie maritime ; i l va l 'obtenir en 1 626. Ce titre de « grand maître et surintendant général de la navigation et du commerce », certains textes ajoutent « chef » avant sur­intendant, étant couramment abrégé par les contemporains en celu i de « grand maître », nous ferons comme eux ( 1 1 ) . Attribué en mars il n'est érigé en office qu'en octobre et les enregistrements au Parlement et « ser­ments accoustumés » n'auront lieu qu'en mars 1 627 ( 1 2) .

On n'est jamais pressé dans l 'administration du XVIIe siècle e t de plus chaque étape marque des résistances à vaincre. Richelieu est assez homme de son temps pour suivre les solennelles procédures traditionnelles mais il l 'est aussi assez peu pour passer à l'application, aux « réels effets » qui lui sont chers, sans attendre d'avoir dans ses tiroirs tous les brevets officiels.

Non seulement, nous l 'avons vu, il a déjà agi sans titre mais encore il a préparé son action dans ses nouvelles fonctions. Dès la fin de 1 625 il s'est informé auprès de la duchesse de La Trémoille qui lui fait parvenir copie des documents des « charges d'amiral de Guyenne et de Bretagne qui . . . estoient dans le trésor de cette maison » ( 1 3 ) . La même année paraît le « Règlement pour la mer » qui s'attache aux problèmes méditer­ranéens ( 1 4) : le roi veut quarante galères dont trente à construire tout de sui te , l ' armement, au double sens du mot , est prévu , la crise de l a Valteline et l ' insurrection napol i taine sont évoquées pour expliquer la nécessité d'être fort sur l 'axe Espagne-Ital ie, l e financement, par des taxes sur le sucre et le « petun » (alias le tabac) , est établi .

Quelque temps plus tard un autre mémoire descend dans le détail de l 'administration des galères.

Cependant Montmorency se tient toujours en survei l lance dans les parages de La Rochelle et les courriers ne perdent pas de temps entre le ministre et l 'amiral . C'est dans Je même moment (5 février 1 626) que sont promulgués les « Articles de paix » octroyés à la cité semi-rebelle ; tout en limitant l 'autonomie des Rochelais, i ls marquent une volonté très nette de retour au calme.

Enfm il faut s'arrêter à ce texte essentiel qu'est 1 '« Advis sur les affaires présentes qu'à le Roy en février 1 626 » ( 1 5) : « Il y a c inq ou six affaires en même temps sur Je tapis dont la moindre est capable de donner bien à penser et occuper un conseil » dit, en ouverture, le Cardinal .

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De ce remarquable instantané politique nous retiendrons la nécessité des forces du Ponant ( 1 6) dont la démonstration vient d'être faite car Sa

Majesté peut juger « combien la prévoyance qu'elle a eu en faisant armer les vaisseaux de Bretagne a été utile et nécessaire et comment es grandes affaires il faut voir de loing, n'espargner point la despence et avoir toujours deux cordes en son arc comme plusieurs ancres en son vaisseau ». Belle image en vérité et, comme i l faut voir aussi bien « de loing » que de près, dans le même « Advis » le Cardinal expose qu'il faudra tirer « c inq cens mil écus » de l'Assemblée du clergé qui est sur le point de se séparer et ceci « nonobstant la paix » .

S i Richelieu prépare par tous les moyens la grande action maritime des années suivantes, il ne perd pas de vue certaines initiatives à la limite du farfelu dont le meilleur exemple est l 'affaire de « l'Ordre de la milice chré­tienne ». Le duc de Nemours, le capitaine Jacques Pierre, le père Joseph et quelques autres têtes brûlées se sont lancés depuis 1 624 dans cette aventure dont le récit détaillé ( 1 7) vaut la lecture : elle tient de la compagnie de commerce, de la croisade anti-Turc, animée d'une amitié romantique pour les grecs et de la création d'une zone d'influence en Méditerranée . Elle mobilise les bonnes volontés de la Sicile à la Moscovie en passant par l 'Allemagne, Naples et Venise le tout au milieu des intrigues et des actions alternativement hostiles et favorables de l 'Espagne. Détail plaisant, la reine­mère avait mis 1 200 000 livres dans l 'affaire.

Enfin, les diverses expéditions ayant échoué, c 'est l a flotte de la Milice chrétienne, rachetée par le roi, que Soubise avait capturée dans les parages de Blavet en 1 625 .

Cette agitation pittoresque et brouillonne, parfois héroïque, permet­tait au Cardinal de recueil lir une moisson d'informations , de repérer des hommes, d'étudier des moyens d'action . I l allait fal loir canali ser ces initia­tives, les centraliser et auss i briser les résistances pour une récupération efficace de ces forces dispersées.

LE GRAND MAITRE

Evidemment, comme le rappelle Henri Hauser ( 1 8) , les distinctions , chères à notre époque, entre mer guerrière , mer commerciale, mer écono­

mique n'existaient pas dans la première moitié du XVIIe siècle. Pour que ses nouvelles fonctions puissent prendre leur plein effet le

Cardinal doit d'abord obtenir du roi la suppression des autorités anciennes

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" - BROUAGE (Ch.-lnI) - Lu Fortjfication.s. côté Eu - L. C.

Brouage, erreur technique et réussite esthétique . On reconnaît sur le

plan comme sur la photographie le style dir pré-Vauban, d'inspiration

iralo-espagnole .

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à savoir es sent ie l lement l e s amirautés , de France , de B retagne, de Guyenne ainsi que de Provence pour la Méditerranée ; tractations com­plexes et onéreuses malgré les édits royaux puisqu' i l faut d 'abord négo­cier le rachat des charges : 1 200 000 l ivres à Montmorency pour le Ponant, 900 000 livres à Guise pour le Levant. I l faudra aussi jouer d 'astuce par exemple en se faisant plus tard nommer gouverneur de Bretagne puisque, selon certains opposants , l 'amirauté n'y était pas coif­fée par celle de France et était attachée à la personne du gouverneur.

B ien entendu parmi ce s opposants on compte l e s parlements , notamment celui de Rennes , peu soucieux d e perdre des causes impor­tantes , les Etats provinciaux qui se reconnaissent un droit d ' intervention générale , les municipal ités portuaires , horrifiées qu'on puisse toucher à leurs privi lèges , et auss i un certain nombre de seigneurs qui exercent sur telle partie du l ittora l , sur tel port, des fonctions d'origine féodales ou d'attribution monarchique assorties de droits financiers concédés au fil des siècles . Comment s 'étonner que certaines de ces questions juri­diques épineuses aient été encore en suspens à la mort du Cardinal ?

Tous les procédés lui seront bon pour en finir avec les réticences et les oppositions et éliminer les débris des pouvoirs précédents : flatteries aux uns, menaces aux autres , indemnités justes ou à la l imite du pot-de­vin, création de nouvel les instances ne dépendant que de lui pour vider les anciennes de leur contenu , étouffement progressif des charges survi­vantes comme le généralat des galères dont Gondi , de guerre lasse, finit par se défaire .

On peut dire que dans une large mesure i l a réussi . Les soubresauts qui, dans ce domaine comme dans tous les autres, ont marqué la Fronde sont restés sans portée , la voie, de Colbert à nos jours , était tracée . L 'admini stration mi l i ta ire et c iv i le de la mer et des ports dépendra désormais du pouvoir central quelles que soient les nuances et les élé­ments de déconcentration qu'ont pu apporter les sièc les suivants . I l n 'a fal lu que l ' inte l l igence et l 'énergie d'un ministre , la volonté d 'un chef d'Etat et seize ans d'effort s .

Nature l l ement l a cons truction nouve l l e a commencé en même temps que cet énorme travai l de l iquidation du passé. Elle a porté simul­tanément sur trois domaines : le commerce maritime, les ports et côtes , la marine de combat.

Nous examinerons ces points successivement sans j amais oublier que pour le Cardinal ils constituent une l igne de front et non une l igne de fi le .

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C'est dans cette année 1 626 qu' i l lance trois grandes compagnies maritimes munies de larges privi lèges et dans les contrats desquelles il apparaît avec tout le prestige de ses fonctions, l 'appui du roi et bien enten­du ses propres deniers : ce sera le 3 1 mars la compagnie des Cent Associés ou du Morbihan plutôt orientée vers le Canada, le 1 9 mai la compagnie de la Nacelle de Saint-Pierre Fleurdelysée et le 3 1 octobre la compagnie de Saint-Christophe, plus tard des îles d'Amérique ( 1 9) .

Il est vrai que les historiens sont unanimes : ces compagnies ont assez vite échoué. Toutefois i l faut souligner que c'est la première fois qu'apparaît en France, sur impulsion d 'Etat, la grande entreprise « mixte » dans le domaine de l 'armement maritime. Nous y reviendrons mais il convient de noter dès maintenant que les entreprises de ce type étaient astreintes à des obligations et à des contrôles de la part de l 'Etat alors que les compagnies simplement approuvées gardaient une autonomie beaucoup plus large même si elles jouissaient de certains privilèges. Il est incontestable que les premières ont tendance à échapper au maximum à leurs obligations et que les avantages qui leur étaient consentis n'ont guère été compensés notam­ment en ce qui concerne le peuplement des colonies. Par ailleurs leur esprit étroitement administratif a été souvent une cause de sclérose. Ceci étant, les réalisations de Richelieu serviront de modèles à toutes les « compagnies

coloniales » des XVIIe et XVIIIe siècles et, sous une forme moins voyante, à bien des créations ultérieures à fmancement public, privé ou précisément mixte.

Si l ' individualisme des Français les a fermés aux perspectives trop grandioses ouvertes par le grand maître, le réalisme de ce dernier n'a pas pour autant cessé d'appuyer leurs initiatives ; armateurs, navigateurs, com­merçants, colonisateurs se verront constamment aidés et soutenus. Il y avait quelque mérite, particulièrement en ce qui concerne les marchands, lesquels se détournaient des compagnies qu'il patronnait cependant que l'ensemble de la nation ne comprenait rien, à l 'évidence, à ses projets. Il a d'ailleurs compris au bout d'un certain temps que ce qui avait fait le succès des com­pagnies et des marines marchandes hollandaises et anglaises c'était moins des recettes d'organisation que l'esprit d'entreprise, assorti d'une mental ité communautaire, d'excel lentes méthodes commerciales et d 'une grande per­sévérance.

Il ne se faisait aucune i l lusion sur ce dernier point et partageait entière­ment l 'opinion exprimée par son fidèle commissaire de la Marine Gamier : « Le Français n'est pas capable de grands desseins où il faut de la patience et de la persévérance » (20). Toutefois, comme il était de son naturel de

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toujours essayer de surmonter les obstacles , i l ne se découragea jamais , et nous le verrons lancer des tentatives à la vei l le de sa mort comme i l le faisait au début de son min istériat.

Ec lairé dès 1 626 par le remarquable mémoire d ' I saac de Razi l ly, informé par le père Joseph du Tremblay et son réseau international de capucins, le Cardinal ne va négliger aucun secteur. I l donne l 'appui le p lus énerg ique à Cham p l ain , Rois sey, Be lain d 'Esnambuc dans les Amériques, i l améliore les relations avec la Porte ( 2 1 ) , i l favori se la colonisation du Sénégal , i l signe un traité de commerce avec le Maroc , encourage de toutes les manières le trafic levantin de Marsei l le .

Plus tard, l 'année même de sa mort, i l lancera la « Compagnie fran­çaise des Indes Orientale s » première d'une longue série , qui outre ses

priv i lèges commerciaux reçoit celui de coloniser l 'île Dauphine et ses dépendances (Madagascar) .

Si certaines des voies de développement choisies nous paraissent clas­siques, encore que le Cardinal y soit souvent le premier en date, l 'original ité de certaines autres laisse rêveur même s ' i l y a eu échec dans l ' immédiat. Ainsi i l a l 'idée d'améliorer les relations commerciales avec l 'empire nais­sant de Moscovie, non seulement pour leur intérêt en soi , mais aussi pour atteindre la Perse en tournant le bloc ottoman . Telle est l 'ampleur de l ' imagi­nation géopol itique d'un homme d'Etat qui , par ailleurs, l ivrait un combat quotidien à l ' intérieur : la maîtrise des « quatre pieds carrés du cabinet du Roy » n'en était pas le moindre aspect.

Les ports et les côte s . Dès l 'origine, nous l 'avons di t , les informa­t ions s ' accumulent chez R iche l i eu , s e s secrétaire s l e s c lassent , l e Cardinal annote les documents, dicte les réponses. Qu 'est-ce qui nous interdit de nous le représenter dans son l it , puisqu'i l y travail lait la moi­tié de la nuit , appl iquant toute son inte l l igence à l 'étude des comptes rendus , états , rapports , lettres officiel les et personnelles que lui adres­sent marins et administrateurs, gouverneurs et consei l lers et aussi ses agents, officiels ou secrets . Quelques-uns de ces informateurs et enquê­teurs émergent de la masse : Lauson, ancien bri l lant gouverneur de la Nouve l le-France, esprit original et i ngénieux, Raz i l l y déj à nommé, Leroux d'Infrevi l le qu i en 1 629 recevra une mission d ' information pour toutes les côtes du Ponant , Henri de Séguiran qui en recevra une ana­logue pour le Levant en 1 63 1 .

Les rapports de ces deux enquêteurs ne feront que confirmer ce que le Cardinal a su très vi te par des informations partiel les et par ses obser­vations personnel les dans sa province d 'orig ine (22).

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CHAPITRE IV : PERILS

* Espagne, Allemagne, Alpes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 5 * Le Pas de Suze . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 7 * Paix ou guerre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 * Le Grand Orage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1 Notes du chapitre IV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

CHAPITRE V : LES MARINES

* La création de la flotte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 * Les vaisseaux du roi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 * Les galères de Méditerranée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 03 * Le commandement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 07 * Les équipages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 0 * La pêche et la marine de commerce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 2 Notes du chapitre V . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 20

CHAPITRE VI : LE MONDE

* Champlain au Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 25 * Dans les Caraibes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 27 * Orient et Russie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 30 * Du Maghreb à l 'océan Indien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 33 * Afrique et Arctique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 36 Notes du chapitre VI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 44

CHAPITRE VII : LA MARCHE A LA GUERRE

* La conspiration de 1 632 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 47 * Croquants et lanturlus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 53 * « La montée aux extrêmes » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 55 * Les misères de la guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 60 * Nordlingen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 63 * La guerre fratric ide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 65 * La France en guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 70 Notes du chapitre VII . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 74

CHAPITRE VIII : LES ANNEES TERRIBLES

* Le Jusant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 77 * Lérins et Leucate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 83 * Le front intérieur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 89 Notes du chapitre VIII . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 96

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CHAPITRE IX : L'ETA L E

* Sur le Rhin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 1 * Gênes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 * Guétaria et Fontarabie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207 * Quatre fronts terrestres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 1 4 * Laredo et Douvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 1 6 Notes d u chapitre I X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222

CHAPITRE X : LE FLOT

* Du levant au Ponant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227 * Victoire à Cadix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 * Insurrection en Catalogne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 * Devant Tarragone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236 * L'affaire Sourdis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240 * La prise d'Arras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 1 * Nouvelles crises du dedans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244 Notes du chapitre X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250

CHAPITRE XI : LA VICTOIRE ET LA MORT

* Cinq-Mars . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255 * Barcelone et Perpignan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 1 * Douce et amère victoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266 Notes du chapitre XL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273

CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275 Notes de la conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 1

TABLE DES CARTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284

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