secheresse · 2019-09-19 · photo 1. un tronc d'arbre posé en travers du puits... gation....

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SECHERESSE .:;. i ACHIROUDADDYGAOH UniversitéA. M. de Niamey Niamey, Niger AlAIN DASSARGUES Universitéde Liège laboratoire de géologie de l'ingénieur, d'hydrogéologie et de prospection géophysique BâtimentB 19 4000 Liège, Belgique Sécheresse n° 3, vol. 6, septembre 95 Étudeoriginale Sécheresse 1995 ; 6 : 257-63 Exploitation delanappealluviale dudallol Maouri pourdescultures irriguées auNiger La recherche de l'autosuffisance alimentaire au Sahel implique le développement de cultures irriguées dans les vallées. Par conséquent, la satisfaction des besoins en eau pour la consommation et l'irrigation nécessite une sollicitation croissante des nappes aquifères. Les études hydrologiques et hydrogéologiques préalables à la mise en oeuvre de tels projets ont pour objectif de rechercher les lieux favorables à l'implantation de nouveaux forages, à prévoir les effets dus aux pompages cumulés (à courte et longue échéance) et à identifier des solutions optimales. L e Niger est un vaste pays sahélien de 1 267 000 km2 dont les trois cin- quièmes sont semi-désertiques et dé- sertiques. L'alimentation est essentielle- ment à base de céréales et de quelques lé~umineuses (mil, sorgho, maïs, riz, niebé...). La culture du riz se pratigue presque exclusivement au bord du fleu- ve Niger, sur quelques centaines d'hec- tares aménagés. La production annuelle que permettent ces aménagements hydro-agricoles étant loin de satisfaire les besoins du pays, une bonne partie du riz consommé au Niger est importée. Le mil, le maïs, le sorgno, le niéIJé, etc. sont des cultures saisonnières pratiquées pendant la saison des pluies. Les ré- coltes ne répondent plus, depuis une trentaine d'années, à l'attente des culti- vateurs. La sécheresse est caractérisée non seulement par une baisse marquée de la pluviométrie mais aussi par une mauvaise répartition des précipitations dans le temps. Les conséquences en sont, entre autres: - une ag,gravation des phénomènes de la désertitication ; - la dégradation des terres cultivables, d'où une forte diminution des récoltes des produits vivriers qui deviennent dan- gereusement insuffisants pour nourrir une population dont l'effectif croît rapi- dement. La sous-alimentation, la malnutrition ainsi que l'exode rural sont alors deve- nus des menaces permanentes dans beaucoup de régions et l'appel à l'aide internationale est très fréquent. La recherche de l'autosuffisance alimen- taire passe alors nécessairement par l'exploitation des nappes d'eau souter- raines pour pouvoir irriguer les cultures. Une gestion saine de ces ressources na- turelles est indispensable afin d'éviter leur dégradation. Dans certaines régions, notamment sur le plateau, la profondeur des nappes aquifères (souvent plus de 50 m) et les moyens archaïques d'exhaure n'autori- sent pas l'utilisation de l'eau pour l'irri- 257

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SECHERESSE

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ACHIROUDADDYGAOH

UniversitéA. M. de NiameyNiamey, Niger

AlAIN DASSARGUES

Universitéde Liègelaboratoire de géologie de l'ingénieur,d'hydrogéologie et de prospectiongéophysiqueBâtimentB 194000 Liège, Belgique

Sécheressen° 3, vol.6, septembre95

ÉtudeoriginaleSécheresse 1995 ; 6 : 257-63

Exploitationdela nappealluvialedudallolMaouripourdesculturesirriguéesauNiger

La recherche de l'autosuffisance alimentaire au Sahel impliquele développement de cultures irriguées dans les vallées. Parconséquent, la satisfaction des besoins en eau pourla consommation et l'irrigation nécessite une sollicitation croissantedes nappes aquifères.Les études hydrologiques et hydrogéologiques préalables à la miseen œuvre de tels projets ont pour objectif de rechercher les lieuxfavorables à l'implantation de nouveaux forages, à prévoir les effetsdus aux pompages cumulés (à courte et longue échéance)et à identifier des solutions optimales.

Le Niger est un vaste pays sahéliende 1 267 000 km2 dont les trois cin-quièmes sont semi-désertiques et dé-

sertiques. L'alimentation est essentielle-ment à base de céréales et de quelqueslé~umineuses (mil, sorgho, maïs, riz,niebé...). La culture du riz se pratiguepresque exclusivement au bord du fleu-ve Niger, sur quelques centaines d'hec-tares aménagés. La production annuelleque permettent ces aménagementshydro-agricoles étant loin de satisfaireles besoins du pays, une bonne partiedu riz consommé au Niger est importée.Le mil, le maïs, le sorgno, le niéIJé, etc.sont des cultures saisonnières pratiquéespendant la saison des pluies. Les ré-coltes ne répondent plus, depuis unetrentaine d'années, à l'attente des culti-vateurs. La sécheresse est caractériséenon seulement par une baisse marquéede la pluviométrie mais aussi par unemauvaise répartition des précipitationsdans le temps. Les conséquences ensont, entre autres:

- une ag,gravation des phénomènes dela désertitication ;- la dégradation des terres cultivables,d'où une forte diminution des récoltesdes produits vivriers qui deviennent dan-gereusement insuffisants pour nourrirune population dont l'effectif croît rapi-dement.La sous-alimentation, la malnutritionainsi que l'exode rural sont alors deve-nus des menaces permanentes dansbeaucoup de régions et l'appel à l'aideinternationale est très fréquent.La recherche de l'autosuffisance alimen-

taire passe alors nécessairement parl'exploitation des nappes d'eau souter-raines pour pouvoir irriguer les cultures.Une gestion saine de ces ressources na-turelles est indispensable afin d'éviterleur dégradation.Dans certaines régions, notamment surle plateau, la profondeur des nappesaquifères (souvent plus de 50 m) et lesmoyens archaïques d'exhaure n'autori-sent pas l'utilisation de l'eau pour l'irri-

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Photo1. Un troncd'arbre posé en traversdu puits...

gation. Seules les nappes alluviales sontaccessibles dans ces cas et doiventdonc faire l'objet d'études approfondiesafin d'éviter les conséquences que peutengendrer une trop forte sollicitation.L'i ntensification de l'exploitation desnappes alluviales.est indispensable pourles deux raisons suivantes:- les besoins en eau de consommation

s'accroissent rapidement car la démo-graphie est galopante. Les sécheressesont pour conséquence une sédentarisa-tion accrue des peuples nomades dansles vallées (où 1eau est facilement ac-cessible). Dans ces zones, le taux d'ac-croissement de la population est de2,4 % par an et les taux d'accroisse-ment pour le bétail sont du mêmeordre;- l'insuffisance et la mauvaise réparti-tion des pluies de ces trois dernières dé-cennies, auxquelles viennent s'ajouterles effets dévastateurs des prédateurs(sauterelles, criquets, oiseaux mange-mil, autres vers ou larves d'insectes), ontengendré une forte baisse de la produc-tion agricole entraînant un déficit ali-mentaire pour la population. Selon lesdonnées du ministère de la Santé pu-blique du Niger, plus de 30 % de lamortalité infantile est imputable à la mal-nutrition.Pour réduire le déficit alimentaire et

améliorer l'alimentation par un apportde légumes frais et variés, l'intensit-Îca-tion des cultures maraîchères (culturesde contre-saison) dans les régionÇoùl'eau est facilement disponible (vallées)est encouragée.Actuellement, l'irrigation se fait par as-persion sur plus de 95 % des sites deculture de contre-saison. L'eau est p'uiséedans des puits ou puisards de faibleprofondeur (inférieure à 20 m) et dediamètre 140 à 180 centimètres. Lesmoyens d'exhaure sont rudimentaires

258

Photo2. La tractionse fait sansaucunappui...

(photos 1 et 2). Ces systèmesd'exhaureet d'irrigation n'autorisent pas la miseen valeur de grandes étendues de terre.Actuellement, l'utilisation de moto-pompes ou d'électro-pompes n'est pas àla portée des paysans dont le revenu estfaible. En revanche, la traction animaledevrait permettre la mise en valeur àbas prix de grandes superficies grâce àl'irrigation gravitaire. Pour ce type d'irri-gation, les besoins en eau des culturesde contre-saison (après la saison despluies) sont évalués à 25 000 mètrescubes par hectare au maximum pour lapériode allant d'octobre à mars.Lesobjectifs de l'étude (1990-1993) ontconsisté à obtenir les données quantita-tives relatives aux caractéristiques hy-drogéologiques de la nappe alluvialedu aallol Maouri en relation avec lesnappes aquifères des plateaux. Ensuite,les potentialités de ces aquifères et leseffets prévisibles dus à des pompagesadditionnels (cumulés sur plusieurs an-nées) ont été analysés et quantifiés parla réalisation d'un modèle mathéma-tique de ,l'ensemble de la zone concer-née.

Situationgéographiqueet climatique

La partie occidentale du Niger (figure 1)est occupée par un vaste bassin sédi-mentaire, le bassin des Lullemmeden[1]. Les dallols Maouri, Bosso et Fogasont des vallées sèches. Ce sont despaléo-affluents du fleuve Niger quiconstitue, aujourd'hui, le seul élémentpermanent du réseau hydrographiquede cette région. S'étendant du nord ausud sur une distance de plus de 250 ki-

.

lomètres, dans le département deDosso, le dallol Maouri couvre un.esu-perficie de plus de 1 500 kilomètrescarrés dans une région semi-désertigue.Lestempératures moyennes varient t-orte-ment au cours de l'année. Elles sontmaximales en avril-mai (40 à 42°Cpour les maxima, près de 30 °C pourles minima). Les plus basses sont enre-gistrées en décembre et janvier (moinsde 35°C pour les maxima, entre 15 et20 °C pour les minima).Au Niger, les pluies s'observent généra-lement de mai à septembre. Leshauteursmaximales des précipitations sont at-teintes aux mois de juillet et août. Ellesvarient du nord au sud, passant demoins de 100 millimètres par an aunord à près de 800 millimètres par anau sud.Depuis quelques décennies, on observeune forte baisse de la pluviométrie.Ainsi, si on compare les cartes descourbes isohyètes de la décennie 1960-1969 et celles de la décennie 1980-1989, on constate un déplacement im-portant des courbes isohyètes du nordvers le sud (figure 2). La courbe isohyète500 millimètres, par exemple, qui étaitau nord de Dogondoutchi pendant lapremière décennie, se retrouve au sudde Dosso pendant la seconde. Leslignes isohyètes 800, 850 et 900 milli-mètres ont complètement disparu de larégion.Mais cette baisse n'est pas constantedans une même décennie. Ainsi, si onconsidère les données annuelles de ladécennie 1980-1989 comparées à unemoyenne sur dix à trente ans, on consta-te que:- à Gaya, par rapport à la moyennedes trente dernières années (780 mm/an), les années 1982, 1983, 1984,1987 et 1990 ont été fortement défici-taires (années sèches), les années

"

Sécheressen" 3, vol. 6, septembre95

1980, 1981, 1986 et 1988 ont été ex-cédentaires (années humides), alors que1985 et 1989 sont des annéesmoyennes;- à Dosso, par rapport à la moyennesur trente ans (515 mm/an), les années1981, 1982 et 1990 sont moyennes,1983, 1984 et 1987 sèches, 1985,1986, 1988 et 1989 humides.L'évapotranspiration potentielle (ETP)moyenne annuelle est légèrement supé-rieure à 2 000 millimètres au sud, àGaya ; elle est de près de 2 450 milli-.mètres à Tahoua (station située au nordde Do~ondoutchi) et légèrement infé-rieure a 2 400 millimètres à Niamey.L'ETPmoyenne mensuelle est d'environ200 millimètres.

:

Cadregéologiqueethydrogéologique

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Ledallol Maouri est l'une des vallées oùla disponibilité de l'eau (la nappe allu-viale est à moins de 25 mètres de pro-fondeur) permet d'envisager un bon dé-veloppement d~s cultures irriguées,après la saison des pluies et avant l'arri-vée des grandes chaleurs des moisd'avril et mai.La géologie des aquifères du Continen-tal terminal [2-5] dans la région a étéreconstituée essentiellement à partir desdescriptions lithologiques des forages,des résultats de sonâages électriques etdes données bibliographiques. Lafigure 3 illustre les schémas interprétatifsrégionaux qui ont pu être établis sur la

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base de toutes les données collectées etqui mettent en évidence les différentsaquifères présents sous les plateauxdans les formations du Continental ter-minaI.

Dans la vallée du dallol Maouri, la géo-logie est caractérisée par des sablesalluvionnaires plus ou moins grossiers,parfois argileux.Au nord du profil électrique P8(figure 7), on a pu déterminer que cesalluvions sont séparées des grès et dessables argileux du Continental terminal(0) par un niveau conducteur (de 1 à30 ohm/m de résistivité). En revanche,au P5 et au sud de P8 (Figure 7), la dis-parition du terrain conducteur montrequ'il existe des zones où les alluvions nesont séparées des séries sableuses ousablo-argileuses du Continental terminalpar aucun niveau franchement argileuxet peu perméable.On peut considérer que la nappe allu-viale appartient, de ce fait,' au systèmehydraulique supérieur (SA1)du 0 et faitpartie de la napp'e phréatique. La pro-tondeur de sa surface piézométrique di-minue du nord au sud, passant d'unevingtaine de mètres à zéro dans cer-taines dépressions où elle alimente desmares permanentes. Sur base de nom-breux pompages d'essai avec mesuresau puits et partois dans des piézomètresde contrôle/ des transmissivités de 10- 4à 10- 2 m2/ s ont été déterminées, ce quicorrespond à des perméabilités com-prises entre 10- 4 et 10- 5 mis [5]. Laporosité efficace est très importante, del'ordre de 0,20.La nappe phréatique Aql forme, avec lanappe Aq2 sous-jacente, le système hy-draulique supérieur. La surface piézomé-

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trique d'Aq], plus élevée que celled'Aq2' suggère une réalimentationd'AQ2 par Aq . Mais lorsquel après sonexploitationl 1a surface piézométriqued/Aql se retrouvera plus basse que celled'Aq2( le drainage sera inversé en fa-veur d'Aq].Si on compare l'ETPmensuelle aux hau-teurs de pluie, on remarque que, théori-quementl seules les pluies du moisd'août peuvent donner lieu à une infiltra-tion, donc à la réalimentation de lanappe.Un réseau piézométrique datant de1970 dans le dallol Maouri, un piézo-mètre et cinq puits villageois (depuis1990) nous ont servi pour la surveillan-ce des mouvements de la surface piézo-métrique d'Aq]. On observe générale-ment une baisse progressive desniveaux piézométriques de février àjuillet. L'arrivée dans la nappe des eaux(J'infiltration et la diminution de l'exhau-re sont marquées par un relèvement duniveau piézométrique d'août à octobre.Le mois de novembre marque le débutd'une baisse de la piézométrie consécu-tive à l'arrêt des pluies en septembre, àl'accentuation de l'exhaure et à l'évapo-ration.Sur le plateau, le niveau piézométriquevarie plus faiblement que dans les val-lées.L'année 1990 est considérée commesèche dans toutes les stations météorolo-giques de la région du dallol Maouri.Mais les calculs, dans presque toutesces stations, révèlent un volume d/eauutile appréciable, donc quiune rechargede la nappe a été possible. Ceci estconfirmé par une remontée de la surfacepiézométrique au niveau de tous les pié-

NIGERIA

BÉNIN50 km

Figure 1. Le bassin des Lul/emmeden constitue la partie sud-ouest du Niger. Limitesde la zone étudiée et implantation des profils de prospection électrique P5et PBdans le dal/ol Maouri (à droite).

Sécheresse n' 3, vof. 6, septembre 95 259

Références

1. Greigert J. Description des formationscrétacées et tertiairesdu bassin des Lul/em-meden, Niger. Orléans: BRGM, 1966 ;236 p.

2. Abdoulkarimou T. Détermination géolo-gique des réservoirs du Continental terminalà l'ouest du dal/ol Bosso. Mémoire DEA, Ins-titut de géodynamique de Bordeaux III,1988; 61 p.

3. Dubois D, Lang J. Étude lithostratigra-phique et géomorphologique du CI et du Cé-nozoïque inférieur dans le bassin des Lullem-menden, Niger. Bul//FAN 1981 ; T. 43,série A, 1-2.

4. Armand C. Évaluation des ressources en

eau du dal/ol Bosso. Rapport de factibilitéhydrogéologique. Orléans: BRGM, 1986 ;83 p.

5. Daddy GA. Étude des nappes aquifèresdu Continental terminal entre les daI/ois

00550 et Maouri, département de 00550, Ré-publique du Niger. Thèse de doctorat.Liège: Faculté des Sciences, 1993; 258 p.

6. Castany G. Traité pratique des eaux sou-terraines. Paris: Dunod, 1963 ; 657 p.

7. McDonald GM, Harbaugh AW. A modu-lar three-dimensional finite differenceground-water flow model. VI - ModeJingtechniques. ln : US Geological Survey Open-File Report 83-875. Washington: ScientificSoftware Group, 1988; 547 p.

260

Isoyètes de ladécennie

1980-1989 ..

Figure 2. Comparaison des courbes isohyètes pour les décennies 1960-1969 et 1980-1989.

zomètres, généralement dès le mois dejuillet et jusqu'en septembre. La rechar-!;Jede la napr:>ealluviale, en 1990, aeté évaluée a 1,05.105 m3/km2. Ses ré-serves, estimées sur base de la méthodeétablie par Castany ~6] seraient del'ordre de 3.105 m3/~m [5].

Chimiede l'eau

L'utilisationde l'eau dépend, en grandepartie, de sa composition chimique. Uneétude hydrochimique détaillée a été réa-

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Nap~ephréatique7/1 ~

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Niveaux imperméables

!!III confirmés par diagraphies. Calcaire paléocène

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Sables Argiles

Grès sableuxou silieux

Très argileux: mis enévidence par les cuttings'\ Émergence

Figure 3. Schéma géologique interprétatif des couches supérieures dans la zone centrale entre les dal-lois Maouri et Oosso.

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_LIft III!

-

lisée. Rappelons que la nappe alluviale,qui est en connexion avec la nappephréatique du 0, peut être consideréecomme une extension de celle-ci dansles alluvions des dallols.

Le tableau 1 donne, par élément chi-mique et propriété physique, les valeursminimales et maximales rencontréesdans la nappe phréatique. Sans entrerdans les détails décrits par Daddy Gaoh[5L les résultats d'analyses portés endiagrammes de Piper et de Schoeller mon-trent que les eaux de la nappe phréa-tique sont tantôt bicarbonatées calciques,tantôt bicarbonatées sodiques. Leur ré-sistivité, supérieure à 5 000 ohm/cm,indique des eaux très peu minéraliséeset leur titre hydrotimétrique (ThL inférieurà 15 oF, caractérise des eaux douces.

:

f

Capacitéde la nappeà supporteruneexhaureimportante

En agronomie, les paramètres les plusimportants sont la conductivité et le so-dium adsorption ratio ISAR). Générale-ment, pour l'irrigation, on classe leseaux en cinq catégories (C" C2, C3, C4,Cs) selon leur conductivité et en quatrecatégories (S" S2' S3' S4) selon leur SAR(figure 4).

Si nous considérons les normes amé-

ricaines généralement admises, avec unSAR maximum de 3 et une conductivitéinférieure à 250 IJSi/cm, les eaux dela nappe phréatique se classent dans lacatégorie C -SI' c'est-à-dire celledes eaux à faible risque alcalin etfaible risque salin pour les sols. Ellesconviennent donc parfaitement pourl'irrigation.

C2-S4

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Conductivité (micro-siemens/cm)

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Faible

Figure 4. Classification des eaux d'irrigation (normes américaines).

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La réaction de la nappe phréatique àune exhaure importante dans le dallolMaouri a été étudiée grâce à une modé-lisation mathématique [51. Le program-me utilisé est le MODFLOW (a modularthree-dimensional finite differenceground-water fIow model) mis au pointet décrit par McDonald et Harbaugh [71e~disponible à l'Université de Liège (Ber-glque).[a région étudiée a été divisée enmailles carrées de 10 kilomètres decôté. Lesfrontières de cette zone ne cor-respondant pas à des limites hydrogéo-logiques, des conditions latérales dehauteurs piézométriques imposées ontété reportées au moins à 30 kilomètresde la zone étudiée de manière à réduireleur influence sur la surface piézomé-trique calculée dans la zone sollicitéepar les pompages.Le calibrage du modèle a consisté àajuster les valeurs et la répartition desparamètres hydrauliques (perméabilitéset porosités efticaces) de manière à véri-fier les mesures piézométriques de1990. Cet ajustement a été effectuélJour les conditions de pompage de1990, en tenant compte de toutes lesdonnées géologiques à disposition etdes valeurs mesurées pour ces para-mètres en différents puits.Le modèle étant mono-couche, l'effet dudrainage vertical entre la nappe phréa-tique et l'aquifère sous-jacent a été prisen compte par l'introduction d'un débitsupplémentaire de recharge. Une re-charge constante a été considérée et es-timée égale à la recharge évaluée en1990.Pour la mise en valeur de la vallée dudallol Maouri, la répartition des pom-pages a été prise en compte pour at-teindre un total de pompage estimé à0,049 m3/s sur les zones de plateau età 0,423 m3/s dans le dallol Maouripour l'alimentation et l'irrigation.Il ressort des résultats obtenus dans cesconditions que l'exploitation de lanappe alluviale pour l'irrigation de4 000 hectaresde maïs devrait peu in-fluencer la surface piézométrique de lanappe phréatique si I? rec~arge d~celle-cI est au mOins egale a1,6.108 m3/an (figure 5). La figuremontre la stabilité des isopièzes calcu-lées par rapport à la situation initiale de1990.Il faut signaler que des variations plusimportantes peuvent être attendues loca-lement. Elles ne sont pas sensiblementvi-sibles sur le modèle actuel compte tenude la longueur des côtés de ses mailles.Il ne s'agit ici que d'une approche ré-gionale relativement globale où les phé-

261

Il èi) 1 1

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11

100

C2 C3 C4 Cs

Moyen Fort Très fort Extrême

Risque salin

nomènes locaux sont « lissés» au profitdes tendances régionales.En revanche, selon les résultQts des si-mulations, l'exploitation de 10000 hec-tares dans le dallol Maouri engendreraitun rabattement non négligeable de lasurface piézométrique après deux sai-sons culturales (figure 6).Il demeure possi51e de mettre en valeur4 000 hectares de terres morcelées ensites de cultures de contre-saison de 5 à20 hectares bien répartis dans le dallol.l'aménagement de sites de 10 hectaresau minimum, accompagné de mesuresadéquates ayant pour effet de réduireles dépenses hydriques dues aux phéno-mènes de l'advection dans un environ-nement si aride serait plus pratique.Par ailleurs, la mise en valeur de10 000 hectares serait peut-être réali-sable en affectant une moins grande su-perficie cultivable aux cultures dont lesbesoins hydriques sont importants(maïs...) et en diminuant les dimensions

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Figure 5. Résultats de la simulation par le modèle mathématique de l'exploi-tation de la nappe pour l'irrigation de 4 000 hectares, avec une rechargede 7,6.708 m3/an; situation piézométrique à la fin de la période des cul-tures de contre-saison (trait tireté) par rapport à la situation initiale de 1990(trait plein).

262

Figure 6. Résultats de la simulation par le modèle mathématique de l'exploi-tation de la nappe pour l'irrigation de 7a 000 hectares dans le dal/olMaouri ; situation piézométrique après deux saisons culturales (trait plein)par rapport à la situation précédente (4 000 ha, trait tireté).

Sécheresse n' 3, vol. 6, septembre95

Tableau 1. Propriétés physico-chimiquesdes eaux du SA1

Éléments ou MinimUm Maximum Unité Nombreprqpriété d'échantillons

HCO; 6,10 94,55 mg!1 57CI- 0,30 33,00 mg!1 148SO- 0,00 17,00 mg!1 148

CO; 1Î50 102,00 mg!1 91NO; 0,00 > 132,00 mg!1 148N02 0,00 > 0,66 mg!1 148Cat'" 0,60 157,00 mg/I 148Not 0,70 31,50 mg/I 57Mg++ 0,00 16,03 mg/I 148K+ 0,20 7,20 mg/I 148NH:; 0,00 1,70 mg/I 148FeH 0,00 4,40 mg!1 148Th 0,50 47,90 OF 148TAC 0,25 7,75 oF 40Résistivité 430 71 428 ohm/cm 148pH 5,5 7,8 148

t

des terrains à mettre en valeur pendantles années sèches. Il faut, dans cesconditions, installer un plus grandnombre de pluviomètres (ou de P.luvio-graphes) dans toute la région afin demieux suivre les variations dans le tempset dans l'espace de la pluviométrie.En outre, une (faible) partie de l'eau uti-lisée pour l'irrigation retournera, par in-filtration, à la nappe. La quantificationprécise de ce volume est très délicate etdépend fortement des conditions d'éva-potranspiration durant les périodes d'ir-rigation. Elle n'a pas fait l'objet de re-dierches dans le cadre de cette étude.Par conséquent, pour nous placer ducôté de la sécurité, aucune recharge dece type n'a été imposée lors de la mo-délisation.L'intensification de l'irrigation pendantplusieurs années consécutives dans lavallée entraînerait une baisse régionalesupérieure à 10 mètres de la surfacepiezométrique de la nappe phréatiqueet un « assèchement» de certains pointsd'eau, surtout sur le plateau. Il convien-drait, de ce fait, de multiplier les pié-zomètres pour mieux surveiller lesfluctuations de la nappe. Quelques pié-zomètres installés au centre du plateaupermettraient de bien surveiller ceszones sensibles et d'élaborer un pro-gramme optimum de mise en valeur desterres sans pour autant « assécher»d'autres zones.La connaissance des caractéristiquesgéologiques et hydrogéologiques detous les aqu ifères de la rég ion et deleurs relations devrait permettre la réali-sation d'un modèle mathématique multi-couche des aquifères de la région guidevrait prendre en comf?te toutes lesinteractions entre les diHérents aqui-fères. Il permettrait, après calibrageadéquat sur les mesures, une bonne ges-tion des ressourcesen eau de la région.

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.;Conclusion

Les couches du Continental terminal auNiger constituent un ensemble hydro-géologique très épais composé de deuxgrands systèmes multicouches compre-nant des aquifères sableux et des aqui-tards silteux ou argileux. De nombreusesdonnées provenant de forages, de dia-graphies et de campagnes géophy-siques ont été collectées, auxquelless'ajoutent les résultats de sondages élec-triSjues réalisés en supplément. De cesinformations, une interprétation hydro-géologique a pu être tirée, concluant àla possibilité d'intensifier l'exhaure del'aquifère supérieur pour irriguer les cul-

Sécheressen° 3, vol. 6, septembre 95

tures de contre-saison. Cette éventualité

a été ensuite étudiée avec plus de précksion en envisageant les aspects qualita-tifs et quantitatits. L'étude hydrochimiquea conclu à la f?arfaite faisabilité du pro-jet vu la très faible minéralisation deseaux rencontrées dans cet aquifère su-périeur. Le modèle mathématique quan-titatif régional simulant les écoulementsdans cet aquifère a permis de conclureque l'irrigation de surfaces supérieuresà 4 000 hectares dans le dallol Maouririsquerait de f?rovoquer une surexploita-tion de l'aquifère. Il faut donc être pru-dent dans son exploitation quantitativeet des dispositifs supplémentaires de me-sure et de surveillance sont, dans tousles cas, requis

Résumé

La sécheressesévissant au Sahel a pro-voqué on déficit agricole endémique etune crise alimentaire. Une des solu-tions préconisées par la population etcertains organismes internationaux(FAO, e mondiale...) est, dans

possible, la pratique decultures irriguées de contre~saison.Parconséquent, une étude rigoureuse desressources en eau et des quantités né-cessaires, actuelles et futures doit êtremenée. Lesaspectsquantitatifs et quali-tatifs sont à considérer.Après un synthèse des condi-tions géo s, tiques, géo-logiques et. gé ques préva-lant dans le département de Dosso(Niger), les caractéristiques hydrochi-miques et la capacité du systèmeaqui-fère supérieur du continental terminal,en y incluant les aquifères alluviauxdes dallols, sont étudiées et décrites.L'irrigation intensifiée dans les vallées(du fait de la croissance démogra-phique) a été prise en co dansl'élaboration d'un modèle théma-tique simulant I~évolution piézomé.trique des aquifères supérieurs en fonc-tion de ces nouvelles contraintes.

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Remerciements

Les auteurs remercient tout particulièrement lesprofesseurs A. Monjoie (Université de Liège), P.Schroeter (Assistance technique Suisse auprèsdu ministère de l'Hydraulique et de l'Environne-ment du Niger et a l'Université de Niamey) etS. Dautrebande [Faculté des Sciences agrono-miques de Gembloux) qui ont permis, par leuraide et leurs conseils, de' mener à bien cetteétude.

Summary

The drought in the Sahel has resultedboth in endemic agricultural deficitand food crisis. One of the solution re-commended by the population concer-ned and by international organisations(FAO, World Bank, etc.) wh en andwhere the situation allows, is out-of-season irrigated farming. A thoroughsurvey of present water resources, andpresent and future requirements, takingquantitative and qualitative aspectsinto account, is thus required.The paper begins with a brief summaryof the geographical, climatic, geologi-cal and hydrogeological conditions inthe department of Dosso (Niger). Follo-wing this, the hydrochemical characte-ristics and capacity of the Continentalterminal' s upper aquiferous system (in-cluding the dallols alluvial aquifersjare described. Taking intensified irri-gation the valleys resutting from po-pulation growth into account, a mathe-matical model was drafted, simulatingthe piezometric patterns of upperaquifers according to these newconstraints.

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