SEQUENCE 03

LES TROIS FONCTIONS ECONOMIQUES

LA PRODUCTION ET LE SYSTEME PRODUCTIF ......................................................................................40

INTRODUCTION .......................................................................................................................40

I. LA PRODUCTION MARCHANDE ET LA PRODUCTION NON MARCHANDE....41

A. LA PRODUCTION...................................................................................................................... 41

1. La définition de la production par l’INSEE.......................................................................... 41

2. Typologie des biens produits ................................................................................................. 41

B. LA PRODUCTION MARCHANDE .......................................................................................... 42

1. Définition ................................................................................................................................ 42

2. Schéma de synthèse ................................................................................................................ 42

C. LA PRODUCTION NON MARCHANDE ET L’INTERVENTION DE L’ETAT

DANS LA PRODUCTION.......................................................................................................... 42

1. Définition ................................................................................................................................ 42

2. La notion de services publics ................................................................................................. 42

3. Le cas particulier de la France : de la nationalisation à la libéralisation............................. 44

4. Schéma de synthèse ................................................................................................................ 45

II. LA MESURE DE LA RICHESSE ET SES LIMITES .....................................................45

A. LA RICHESSE CREEE PAR L’ENTREPRISE EST LA VALEUR AJOUTEE.................... 45

1. La notion de valeur ajoutée.................................................................................................... 45

2. Le calcul de la valeur ajoutée................................................................................................. 47

3. Comment est répartie la valeur ajoutée ? .............................................................................. 47

B. LA SOMME DES VALEURS AJOUTEES CORRESPOND DONC A LA

RICHESSE CREEE SUR UN TERRITOIRE............................................................................ 48

1. L’intérêt de la notion de valeur ajoutée pour calculer le PIB .............................................. 48

2. Schéma de synthèse ................................................................................................................ 49

C. LA MESURE DE LA PRODUCTION PAR LE PIB ET SES LIMITES ................................ 49

1. Le PIB...................................................................................................................................... 49

2. Les limites de la mesure de la richesse par PIB.................................................................... 52

3. La prise en compte des limites du PIB : l’Indice de Développement Humain................... 52

4. Schéma de synthèse : les limites de la mesure de la production ......................................... 53

D. LES AUTRES AGREGATS DE MESURE DE RICHESSE D’UNE NATION..................... 53

1. Qu’est-ce qu’un agrégat ? ...................................................................................................... 53

2. Les principaux agrégats de mesure de richesse .................................................................... 53

III. LE SYSTEME PRODUCTIF .............................................................................................54

A. CARACTERISTIQUES DU SYSTEME PRODUCTIF ........................................................... 54

1. Les 3 grands secteurs.............................................................................................................. 54

2. Les branches et les filières ..................................................................................................... 56

B. LA STRUCTURE DU MARCHE............................................................................................... 57

1. Concurrence, oligopole, monopole........................................................................................ 57

2. Processus de concentration pour modifier la structure du marché ...................................... 57

C. L’INTERNATIONALISATION DU SYSTEME PRODUCTIF.............................................. 57

1. La réalité et les causes de l’internationalisation des entreprises.......................................... 57

2. Les délocalisations.................................................................................................................. 58

CONCLUSION DE LA SEQUENCE ........................................................................................60

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0040

LES TROIS FONCTIONS ECONOMIQUESLA PRODUCTION ET LE SYSTEME PRODUCTIF

Objectifs

1. Distinguer les notions de production marchande et non marchande et montrer le rôle de l’Étatet du secteur public productif. (I) (1 h)2. Définir les principaux agrégats de la comptabilité nationale et repérer les limites de la mesurede la production. (II) (1 h 30)3. Définir les notions de secteurs et de branches, repérer leur évolution et mettre en évidencel’internationalisation de la production. (III) (1 h 30)

MOTS CLEFS

Partie I : Production marchande et non marchande, biens de consommation et de production, servicespublics.Partie II : Valeur ajoutée, produit intérieur brut, agrégat.Partie III : Système productif, secteurs économiques, branches, filières, structure du marché,internationalisation du système productif.

INTRODUCTION

Entrée en matière : Nous avons vu au cours de la séquence 01 que la consommation de biens nouspermettait de satisfaire nos besoins. Or, comme le dit si bien Fourastié, « nous travaillons pour produireafin de pouvoir consommer » car, à l’état brut, la nature est « une dure marâtre pour l’humanité ».

Définition et intérêt du sujet : Produire, c’est créer des biens qui ne sont pas naturellement etimmédiatement disponibles. Nous verrons qu’il y a une typologie des biens produits et que la production estune activité économique organisée pour créer des biens et services.

Problématique : Comment est organisée la production, donc le système productif ?

Plan : Pour y répondre, nous verrons :– une définition complète de la production en présentant la production marchande sans négliger

l’importance de la production non marchande (I).– que la production est la fonction économique de base pour créer, mesurer la richesse par le PIB, et ce

malgré certaines controverses (II).– comment est concrètement organisée et répartie la production. C’est le système productif (III).

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0041

I. LA PRODUCTION MARCHANDE ET LA PRODUCTION NON

MARCHANDE

A. LA PRODUCTION

1. La définition de la production par l’Insee

« La production est l’activité économique socialement organisée consistant à créer des biens etservices s’échangeant habituellement sur le marché ou obtenus à partir de facteurs de productions’échangeant sur le marché. »

Cela signifie que la production est une création du travail humain pour proposer des biens deconsommation et de production. Cette organisation du travail humain combine donc les facteurs deproduction (nous verrons au cours des séquences 04 et 05 que ce sont le travail rémunéré et les machines).

Mais attention : seules les activités qui donnent lieu à un travail rémunéré sont considérées comme desproductions. Ainsi tous les travaux domestiques, d’éducation des enfants et d’entraide ne sont pas considéréscomme des activités productives. Cependant, on distingue la production marchande et la production nonmarchande.

2. Typologie des biens produits

Question

Trouvez un exemple pour chacun des types de produits énoncés sur la droite du schéma.

Les différents types de produits

Marc MONTOUSSÉ,« Comprendre l’économie, concepts et mécanismes », Cahiers français, n° 315, p. 24

Le fonctionnement de l’économie, la production, fruit du capital et du travail

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0042

Réponse

Biens de consommation– biens durables : une maison ou un livre,– biens non durables : une orange ou un cours,– services marchands : une nuit d’hôtel ou une heure de leçon de conduite,– services non marchands : un cours à l’école ou un match organisé par un club.

Biens de production– biens intermédiaires : des planches de bois pour une table ou un processeur d’ordinateur,– services intermédiaires : un service de maintenance pour l’entretien des machines ou un service

d’ingénierie,– biens d’équipement : une fraiseuse ou une chaîne de production,– investissements immatériels : achat d’un brevet ou lancement d’un programme de recherche.

B. LA PRODUCTION MARCHANDE

1. Définition

La production marchande mesure la valeur des biens et services vendus sur le marché au prix qui couvre lescoûts de production.

La production marchande est mise sur le marché par les entreprises ; elle est surtout le fait desentreprises qui mettent sur le marché près de 90 % de la production marchande vendue.

2. Schéma de synthèse

PRODUCTION MARCHANDE– Création du travail humain par une

combinaison de facteurs de production– Entreprises privées mais aussi

entreprises publiques

MARCHÉ DES BIENS ET SERVICES– Échange de l’offre et de la demande

contre un prix– Prix de vente supérieur au coût de

production

C. LA PRODUCTION NON MARCHANDE ET L’INTERVENTION DE L’ETAT DANSLA PRODUCTION

1. Définition

Ce sont les biens proposés par les administrations gratuitement ou à un prix inférieur aux coûts deproduction. Le plus souvent, ce sont des services qui sont proposés par l’État.

Par exemple, nous pouvons citer les services d’enseignement de l’Éducation nationale car il s’agit d’uneproduction réalisée par des salariés rémunérés.

2. La notion de services publics

Le service public regroupe les activités économiques d’intérêt général que gère l’État (communication,énergies, transport).

L’État prend aussi en charge les biens indivisibles appelés aussi biens collectifs. Ce sont les biens dont laconsommation faite par un consommateur ne réduit pas ou n’interdit pas la consommation faite par un autre

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0043

consommateur. Ex. : l’éclairage public : nous pouvons tous profiter de l’éclairage public, la consommationen éclairage d’un citoyen dans la rue ne fait en aucun cas de l’ombre à un autre citoyen. De plus, on ne peutinterdire à de nouveaux consommateurs citoyens de ne pas profiter de cet éclairage.

Question

Pour quelles raisons l’État gère-t-il les services publics ? (réponse succincte)

Le service public repose sur l’idée que le marché ou l’initiative privée ne peuvent pas satisfairedans de bonnes conditions des besoins aussi essentiels que la sécurité intérieure, la défensenationale, la protection de l’environnement, la cohésion sociale et territoriale, ou, plusgénéralement, les libertés de base. L’égalité des citoyens ne signifierait pas grand-chose si, malgréle droit de vote reconnu à tous, certains Français, ne pouvant téléphoner, se déplacer ni se chauffernormalement, se sentaient « exclus » par des tarifs trop élevés ou par l’insuffisance deséquipements et des infrastructures (habitations non raccordées au réseau téléphonique du fait deleur isolement, par exemple). La « péréquation » des tarifs publics, qui consiste à fixer des prixégaux pour différentes catégories d’usagers, indépendamment des coûts de revient, rend possiblel’égalité au quotidien et donne un sens aux libertés fondamentales.

Bien au-delà de la simple satisfaction des besoins individuels, le service public a donc aussi pourmission de répondre à des besoins d’intérêt général, comme le sentiment d’appartenir à une nationet d’y être citoyen à part entière quels que soient son revenu, ses diplômes ou son lieu d’habitation.De même, il permet théoriquement une meilleure utilisation des ressources humaines et matériellesdu pays grâce au réseau ferré, à la poste, aux hôpitaux, à l’état civil, au contrôle aérien, àl’enseignement. Ces « biens communs » facilitent les initiatives individuelles, l’activité desentreprises et, finalement, la croissance économique et l’emploi. Les enjeux sont là tellementimportants qu’ils relèvent de l’autorité publique.

Dictionnaire d’économie, Larousse et le Monde, p. 515

Votre réponse

Réponse

– Le marché est défaillant pour assurer l’égalité des citoyens quant à la satisfaction de certains besoins : lasécurité intérieure et extérieure, la protection de l’environnement, la cohésion sociale et territoriale, leslibertés fondamentales comme le droit à l’enseignement par exemple.

– Le service public répond mieux à la notion d’intérêt général, participe à la cohésion sociale et territoriale,permettant ainsi une amélioration du niveau de vie économique et social.

– Les services publics concourent à une meilleure attractivité des territoires, donc à la création de richessespar de nouvelles activités productives et à la croissance et à l’emploi.

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0044

En 2005, le gouvernement lance une nouvelle et importante vague de privatisations : sont concernées lessociétés concessionnaires d’autoroutes ASF (Autoroutes du Sud de la France), APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône), et SANEF (Société d’Autoroutes du Nord et de l’Est de la France) pour une recette totale de14,8 milliards d’euros mais aussi France Télécom (3,4 milliards d’euros), Gaz de France (2,5 milliardsd’euros) et EDF (1 milliard d’euros).

3. Le cas particulier de la France : de la nationalisation à la libéralisation

La France, contrairement à ses homologues européens, a une longue tradition de services publics. En plusdes services que nous venons de voir, elle détenait de nombreuses entreprises publiques ou monopolesd’État, qui ont toutes été privatisées, hormis EDF, GDF, la SNCF, La Poste. Si cela vous intéresse, vouspouvez lire ce texte.

Pour ceux qui veulent aller plus loin :

L’économie française 2004-2005, OFCE,coll. Repères, éd. La Découverte, p. 63-64

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0045

4. Schéma de synthèse

PRODUCTION NON MARCHANDEProduction gratuite ou inférieure au coût de production

QUI ?1. Les institutions sans but lucratif auservice des ménages.2. Les administrations publiques :– les administrations centrales commel’État, ses ministères, le CNRS, lesuniversités,– les collectivités territoriales : régions,départements, communes,– les administrations de la Sécurité sociale.

RÔLES

POURQUOI ?1. Assurer les services économiques car le marché estdéfaillant :– sécurité, justice,– prendre en charge les biens indivisibles.2. Contribuer au développement social :– accéder à l’éducation et aux soins médicaux,– solidarité.3. Favoriser la cohésion sociale et territoriale pour quel’attractivité de l’économie améliore les conditionséconomiques et favorise la croissance.

La production marchande et la production non marchande produisent de la richesse.Comment est-elle mesurée ? Quelles sont les limites de cette mesure ? (II)

II. LA MESURE DE LA RICHESSE ET SES LIMITES

A. LA RICHESSE CREEE PAR L’ENTREPRISE EST LA VALEUR AJOUTEE

1. La notion de valeur ajoutée

Pour comprendre ce qu’est la valeur ajoutée, nous lirons attentivement le texte en page suivante.

(Voir pages suivantes).

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0046

J-Y. CAPUL et O. GARNIER,Dictionnaire d’économie et de sciences sociales,

éd. Hatier, p. 447-448

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0047

La valeur ajoutée, c’est la valeur qu’une entreprise ajoute du fait de sa propre production à partir d’uneautre production. Elle est donc égale à la production à laquelle il faut soustraire les consommationsintermédiaires. C’est la différence entre la valeur de la production et la valeur des consommationsintermédiaires nécessaires à cette production.

2. Le calcul de la valeur ajoutée

Question

Dans l’exemple du texte ci-dessus, quel est le montant de la valeur ajoutée de notre entreprise d’esquimos,sachant qu’elle produit 500 000 esquimos vendus 2 la pièce et que ses charges sont les suivantes ?

– 200 000 de matières premières– 100 000 d’emballages– 50 000 de transport– 50 000 de publicité

Votre réponse

Réponse

La production est égale à 500 000 glaces à 2 l’unité, soit 1 000 000 .

Consommations intermédiaires :– 200 000 de matières premières– 100 000 d’emballage– 50 000 de transport– 50 000 de publicité,soit un total de 400 000 de consommations intermédiaires.

Donc la valeur ajoutée pour notre entreprise est de 600 000 (1 000 000 – 400 000).

3. Comment est répartie la valeur ajoutée ?

La valeur ajoutée permet donc de rémunérer les facteurs de production qui ont contribué à la création decette richesse additionnelle.

La valeur ajoutée doit permettre de financer :– les salaires des travailleurs ;– les administrations publiques :

• les administrations centrales, en payant l’impôt sur les sociétés ou sur le revenu de la propriété pour lespetites entreprises (ce qui est logique car c’est l’État qui finance l’éducation et la formation descitoyens, qui offre des infrastructures, une attractivité du territoire…),

• les collectivités territoriales (taxe professionnelle),• la Sécurité sociale (charges sociales) ;

– les financeurs de l’activité :• les actionnaires qui ont pris le risque de financer l’entreprise en souscrivant des parts sociales

(dividendes),• les banques (intérêts) à qui il faut rembourser les prêts consentis pour le financement du cycle

d’exploitation ou des immobilisations comme des machines, des locaux ;

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0048

– l’épargne de l’entreprise (amortissement et autofinancement) :• les amortissements permettent de financer le renouvellement du matériel (c’est une somme d’argent que

l’entreprise met de côté tous les mois pour se prévenir contre l’obsolescence du matériel et pour pouvoirle changer sans que cela occasionne de difficultés financières),

• l’autofinancement permet d’épargner pour pouvoir financer de nouveaux investissements productifs.

B. LA SOMME DES VALEURS AJOUTEES CORRESPOND DONC A LA RICHESSECREEE SUR UN TERRITOIRE

1. L’intérêt de la notion de valeur ajoutée pour calculer le PIB

PIB = produit intérieur brut

Utilisation de la valeur ajoutée

J-Y. CAPUL et O. GARNIER,Dictionnaire d’économie et de sciences sociales,

éd. Hatier, p. 449

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0049

2. Schéma de synthèse

La création et la répartition de la valeur ajoutée

Les organisations coordonnent les facteurs de production

Capital technique / Capital humain / Capital financier

pour produire

des biensde consommationpour les ménages

des biens de productionpour les entreprises

Valeur ajoutée = Chiffre d’affaires – Consommations intermédiaires

Elle est répartie pour le paiement suivant

les salariés :salaires

l’État :charges sociales, impôts

les actionnaires,les banques

l’épargne del’organisation

C. LA MESURE DE LA PRODUCTION PAR LE PIB ET SES LIMITES

1. Le PIB

Le produit intérieur brut est égal à la somme des valeurs ajoutées des secteurs institutionnels.

Pour 2004, il était donc de 1 648,4 milliards d’euros en France, et celui de 2005 de 1 710 milliards d’euros.

Question

Calculez l’évolution du PIB entre 2004 et 2005. D’après vous, à quoi correspond cette évolution ?

Le résultat de la ventedonne le chiffre d’affaires

La richesse créée estla valeur ajoutée

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0050

Denis CLERCDéchiffrer l’économie, éd. La Découverte, p. 21

Votre réponse

Réponse

– Calcul du taux d’évolution : (Valeur d’arrivée – Valeur de départ / Valeur de départ) 100soit PIB 2005 – PIB 2004 / PIB 2004 = (1 710 – 1 648,4 / 1 648,4) 100 = 3,73 %

– Cette évolution correspond à l’indicateur privilégié de la conjoncture économique. On considère qu’il y acroissance quand le PIB augmente de 3 % par rapport à l’année précédente. En revanche, sil’évolution du PIB est en baisse on parle de récession, et quand cette évolution est négativel’économie est en crise.

Question

À quoi sert le PIB ?

(Voir schéma page suivante).

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0051

« La distribution des revenus », Alternatives économiques, hors-série n° 66, p. 15

Votre réponse

Réponse

Le PIB représente la richesse qui a été créée et qui permet :– aux ménages de consommer (près de la moitié du PIB),– aux secteurs institutionnels d’investir,– le financement des administrations publiques par les prélèvements obligatoires qui, à leur tour, offriront

des biens et des services publics (État et organismes sociaux).

Un PIB important est donc facteur de richesse et joue un rôle central dans le circuit économique car ilrépartit des richesses. Un PIB en augmentation d’une année sur l’autre entretient la croissance. Le PIB estdonc un indicateur important de la conjoncture économique.

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0052

2. Les limites de la mesure de la richesse par PIB

Pour comprendre pourquoi le PIB est un indicateur de richesse partielle, je vous propose de lire l’extraitsuivant.

Jean-Marie ALBERTINI,Des sous et des hommes, coll. Virgule, éd. du Seuil,« Chapitre 2 – Perdre sa vie à la gagner », p. 37-38

3. La prise en compte des limites du PIB : l’indice de développement humain

Suite aux travaux de l’économiste indien Amartya Sen, prix Nobel d’économie, le PNUD (Programme desNations unies pour le développement) propose depuis 15 ans un nouvel indice qui permet d’intégrer non pasencore la dimension environnementale mais la dimension sociale de la création de richesse et de progrès.

Cet indice composite s’appelle indice de développement humain (IDH). C’est un indice synthétique quiprend en compte, pour chaque nation, l’espérance de vie, le niveau d’éducation par le taux de scolarisation etd’alphabétisation, et enfin le PIB. Il est compris entre 0 (développement humain très faible) et 1(développement humain élevé).

Pour information, l’IDH des pays occidentaux est de 0,9 alors que celui des PMA (pays les moins avancés)est de 0,4.

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0053

L’analyse de l’IDH est intéressante car elle permet de dissocier la richesse générée par la production de laqualité de vie des citoyens. Par exemple, pour 2006, les PIB des États-Unis, du Japon et de l’Allemagne sontles trois premiers mondiaux, ce qui permet d’admettre que ce sont les trois plus grandes puissances. Alorsque, selon l’indicateur IDH, ils ne se classent que, respectivement, au 8e, 9e et 19e rang mondial.

Parallèlement, certains économistes s’attachent, dans le cadre du développement durable, à l’étude d’un PIBvert (produit intérieur brut qui prend aussi en compte l’évaluation monétaire des problèmesenvironnementaux, sociaux, des nuisances sonores…).

4. Schéma de synthèse : les limites de la mesure de la production

Limites de la mesure de la richesse issue de la production par le PIB :

PRODUCTION SURÉVALUÉE

non-prise en compte :– des déséquilibres de la production intensive :chômage, précarité, exclusion ;– des nuisances sonores de l’industrialisation et del’urbanisme ;– du mal-être collectif : stress, accidents de la route,accidents du travail ;– du non-renouvellement des ressources, de l’effetde serre.

Ces éléments devraient réduire le PIB car ils neconstituent pas de la richesse.

PRODUCTION SOUS-ÉVALUÉE

non-prise en compte :– du travail et du bricolage domestique ;– de l’éducation des enfants ;– du bénévolat ;– de l’économie souterraine (travail au noir) ;– de la totalité de la production marchande réaliséepar l’État car certains des prix de vente sont équiva-lents aux coûts de production.

Ces éléments ne sont pas évalués dans le PIB alorsqu’ils pourraient l’augmenter car ils permettent decréer de la richesse.

D. LES AUTRES AGREGATS DE MESURE DE RICHESSE D’UNE NATION

1. Qu’est-ce qu’un agrégat ?

Un agrégat est une grandeur globale qui, par sommation (addition), rend compte des résultats de l’activitééconomique nationale. Par exemple, les niveaux d’investissement, de consommation, d’épargne, deproduction sont des agrégats.

2. Les principaux agrégats de mesure de richesse

L’agrégat privilégié pour rendre compte des résultats d’une économie nationale est le PIB dont nous venonsde parler.Il existe d’autres agrégats qui mesurent la richesse créée grâce à l’activité productive :– le produit national brut (PNB) correspond à la somme des valeurs ajoutées de tous les secteurs

institutionnels français ; il prend donc aussi en compte la valeur ajoutée des entreprises françaises àl’étranger. Cet indicateur est intéressant, notamment pour les petites entités économiques, pour mesurer laréalité de leur production nationale ;

– le revenu national brut disponible (RNBD) ou revenu national est la somme des revenus des agentséconomiques issus de leurs activités de production. Ce sont les revenus primaires avant impôts etredistribution.

En France, pour 2005 :– le PIB était de 1 710 milliards d’euros (données 2005),– le PNB était de 1 347 milliards d’euros (données 2003),– le RNBD de 1 170 milliards d’euros (données 2003).

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0054

Ces chiffres sont plus significatifs quand ils sont rapportés par habitant. Ainsi le PIB par habitant était enFrance en 2004 de 26 511 E, le RNB de 17 138 . La différence s’explique par l’épargne de l’entreprise(autofinancement, amortissement) et les prélèvements obligatoires (taxes, impôts, charges sociales).

Maintenant que nous avons vu ce qu’est la production (I), comment la mesurer mais aussi quelles en sontles limites (II), nous allons nous intéresser au système productif qui est l’organisation et la répartition desentreprises en fonction de leur production (III).

III. LE SYSTEME PRODUCTIF

Cette partie est transversale avec le cours d’économie d’entreprise sur la typologie des entreprises, donc jevous propose des explications sommaires et quelques chiffres. Votre objectif est de comprendre comment,d’un point de vue macroéconomique, l’organisation et la répartition de la production contribuent à analyserl’économie.

A. CARACTERISTIQUES DU SYSTEME PRODUCTIF

Le système productif est donc l’organisation et la répartition des entreprises en fonction de la nature de leurproduction.

1. Les 3 grands secteurs

C’est Colin Clark, un économiste australien, qui, dans les années 1940, a proposé un regroupementhomogène des activités économiques en fonction de leur nature.

Il a mis au point un découpage en 3 secteurs :– le secteur primaire : agriculture, mines biens issus de la terre ;– le secteur secondaire : biens matériels transformés biens issus de l’industrie (énergie, industries

agroalimentaires, industries de biens de production et de consommation, bâtiments et travaux publics) ;– le secteur tertiaire : services biens immatériels (commerce, banques, transports et télé-

communications, tourisme, services aux entreprises et aux ménages, santé, éducation).

Répartition des entreprises entre les 3 secteurs(en 2005, en France, toutes tailles et toutes structures juridiques confondues)

Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire

PIB 2,7 % 24,5 % 72,8 %

Emploi 4,4 % 22,5 % 73,1 %

Nombre d’entreprises 2,7 % 20,7 % 76,6 %

d’après les tableaux de l’Économie française, Insee 2006

Cette répartition est le résultat des transformations de l’économie, notamment du tissu productif. Voicil’évolution de la répartition de l’économie depuis un siècle.

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0055

Question

D’après vous, pourquoi le secteur primaire et le secteur secondaire se sont-ils amoindris progressivement aubénéfice du secteur tertiaire ?

Évolution de la répartition par secteur d’activité

Denis CLERCDéchiffrer l’économie, éd. La Découverte, , p. 88, 2004

Votre réponse

Réponse

L’évolution de la répartition des emplois en économie s’explique par l’évolution des activités économiques.

Au XIXe siècle, la population était embauchée au travail de la terre (l’agriculture) mais aussi dans les mines(l’extraction minière).

Puis, avec la mécanisation, l’avènement de l’électricité, etc., ces secteurs, ayant besoin de moins de main-d’œuvre, se sont appauvris au bénéfice du secteur industriel, notamment à partir de la Première Guerremondiale et jusqu’aux années 1970. L’industrie de l’équipement, de l’automobile, les chantiers navals, laconstruction sont alors florissants et expriment un tel besoin en main-d’œuvre que se produit un mécanismede « déversement » des salariés du primaire vers le secondaire (Alfred Sauvy).

Enfin, avec la concurrence internationale, la crise de 1973, les entreprises du secteur secondaire ont de plusen plus de difficultés. Les activités tertiaires « du monde moderne » se développent : commerce, transport,finances, télécommunications, services aux personnes, éducation, santé…

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0056

2. Les branches et les filières

Une branche regroupe l’ensemble des entreprises ou des fractions d’entreprises qui produisent le mêmeproduit. Par exemple, les activités de Bouygues sont réparties en plusieurs branches : la communication, laconstruction…

Voici les branches d’activité en France aujourd’hui :– agriculture ;– industrie : industrie agroalimentaire, biens de consommation, industrie automobile, biens d’équipement,

biens intermédiaires, énergie, construction ;– services marchands : commerce, transports, activités financières, activités immobilières, services aux

entreprises, services aux particuliers ;– services non marchands : éducation, santé, action sociale.

Une filière comprend toutes les entreprises qui participent en amont ou en aval à la production d’un mêmebien final. Par exemple, la filière du textile comprend aussi bien les fabricants de tissu que les distributeurscomme Zara.

Question

Reconstituez la filière automobile.

Votre réponse

Réponse

La filière automobile

Industries d’extraction

Industries de la mécanique, de la plasturgie, du verre, de la sidérurgie, de l’électronique

Équipementiers

Production d’automobile : conception, assemblage

Distribution, crédit, assurance

Réparation

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0057

B. LA STRUCTURE DU MARCHE

1. Concurrence, oligopole, monopole

Bien souvent tous les secteurs d’activité sont concurrentiels, c’est-à-dire qu’il y a beaucoup d’entreprises (denombreux offreurs, de producteurs) pour beaucoup de demandes (de nombreux demandeurs, d’acheteurs).Par exemple, le secteur des industries agroalimentaires est concurrentiel.

Cependant, la structure du marché peut être oligopolistique. L’oligopole est caractérisé par la coexistence dequelques offreurs pour de nombreux demandeurs. C’est le cas par exemple des industries aérospatiale ouaéronautique. Seuls Boeing ou Airbus vendent des avions pour affréter par air les personnes et lesmarchandises, alors qu’il y a beaucoup de compagnies aériennes. Mais c’est aussi le cas de la téléphoniemobile, aujourd’hui, en France : seuls 3 opérateurs peuvent fournir le service à tous les consommateurs(Orange, SFR, Bouygues).

Enfin, le marché peut être monopolistique. Il y a monopole quand une seule entreprise fournit un bien ouservice pour tout un marché. C’est le cas des entreprises publiques, comme la SNCF. Mais cela peut aussiêtre le cas des entreprises privées. Par exemple, Microsoft est, de facto, en situation de monopole pour leslogiciels de traitement de texte.

2. Processus de concentration pour modifier la structure du marché

La décennie 1990 a été fortement marquée par le processus de fusion-acquisition. Ce processus est qualifiéde « concentration » car, en fin de compte, le nombre d’entreprises diminue sans pour autant disparaître.

Dans le cadre des fusions, pour répondre à une logique de filière ou de pouvoir de marché, plusieursentreprises se sont « mariées » pour ne faire qu’une entreprise. C’est par exemple le cas de BNP et Paribasqui aujourd’hui ne forment qu’une entité « BNP Paribas ».

Le deuxième processus est celui des acquisitions : une entreprise, en général la plus forte, achète unconcurrent moins fort qu’elle. Par exemple, Hewlett Packard a acheté Compact.

C. L’INTERNATIONALISATION DU SYSTEME PRODUCTIF

1. La réalité et les causes de l’internationalisation des entreprises

Les entreprises s’internationalisent, c’est-à-dire achètent, vendent mais aussi produisent à l’étranger bienentendu, essentiellement pour réduire les coûts et augmenter les bénéfices. L’ouverture à grande échelle dusystème productif français sur le monde est relativement récente, comme l’atteste le graphique ci-après.

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0058

L’économie française 2004-2005, OFCE,coll. Repères, éd. La Découverte, p. 68

2. Les délocalisations

Les entreprises délocalisent pour différentes raisons. On peut citer :

– Le coût du travail beaucoup moins élevé et plus flexible qu’en Europe :• salaires très bas ;• peu de charges sociales et donc peu ou pas de contribution à la protection contre les risques sociaux

(retraites, chômage, maladies et accidents du travail, famille) ;• absence de contraintes juridiques de production : droit du travail quasi inexistant, flexibilité des horaires

et docilité des salariés à cause de la pauvreté et du chômage, absence de syndicats de travailleurs,absence de contrôle sur les cadences de production au sein des entreprises.

– Impôts beaucoup plus faibles qu’en France.– Coûts de transport assez faibles et possibilité de communication en temps réel avec les entreprises sous-

traitantes (ce qui minimise les problèmes liés à la distance).

Jusqu’ici, seules les entreprises de type taylorien ou fordien (organisation scientifique du travail avec unemain-d’œuvre très nombreuse) délocalisaient leur production, notamment en Asie du Sud-Est, en Chine et enInde. C’est le cas dans l’industrie du textile mais aussi des biens d’équipement simple. Par exemple, IBM neproduit aucun ordinateur sur le sol américain et Adidas, qui initialement était une marque française, nefabrique pas une paire de baskets en France.

Mais aujourd’hui la délocalisation ne concerne pas seulement les entreprises industrielles qui fabriquent desproduits à la chaîne, mais aussi les entreprises de services. Par exemple, lorsque nous téléphonons à uncentre d’appel, il y a de fortes chances que notre interlocuteur se trouve dans un pays de l’Est, au Maroc ou àDakar !

Les délocalisations concernent donc toujours les entreprises industrielles mais aussi certaines activitéstertiaires.

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0059

Lisez donc le texte suivant :

SEQUENCE 03

8 3506 TG PA 0060

CONCLUSION DE LA SEQUENCE

RésuméNous savons maintenant pourquoi la France est une grande nation. C’est la 4e puissance mondiale car elleobtient un PIB de 1 557 milliards d’euros après les États-Unis, le Japon, l’Allemagne. Le PIB est l’agrégatprivilégié qui mesure la contribution à la richesse de chaque production, y compris celle des administrationspubliques, donc de l’État. Le PIB a aussi des limites, notamment du fait qu’il enregistre aussi les activités quigénèrent des productions mais qui diminuent le bien-être des citoyens.La production est structurée par type d’activités en secteurs, branches, filières. Dans un contexte deconcurrence, l’organisation de la production des entreprises se complexifie par le jeu des fusions-acquisitionset s’internationalise.

OuvertureDésormais que nous savons comment est organisée la production, nous allons étudier quels sont les moyensutilisés pour la créer : ce sont les facteurs de production, dont un nous concerne tous, quel que soit notrestatut : le travail (séquence 04).