suceveanu barnea la doubrodja romaine

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  • ALEXANDRU ALEXANDRU SUCEVEANU BARNEA

    LA DOBROUDJA ROMAINE

    (1) ~

    . " EDITURA ENCICLOPEDICA www.cimec.ro

  • ALEXANDRU SUCEVEANU ALEXANDRU BARNEA

    LA DOBROUDJA ROMAINE

    EDITURA ENCICLOPEDIC BUCAREST, 1991

    www.cimec.ro

  • Traduit du roumain par MIHAI PLATAREANU Rdacteur: ELENA LAZAR

    Coltverture: IULIANA BARNEA

    Dessins, plans et cartes, Juliana Barnea ; ~hotographies d-es au~: \-trs-et cre-l"TfiSfitur'&chologie de Bucarest ; photographies

    \_~~ri~nnes du Mu~e d'Histoire de la Roumanie,_ B~carest. - --~ -----

    1 S B N 973-45-1017-7

    www.cimec.ro

  • Alexandru SUCEVEANU, Alexandru BARNEA,

    La Dobroudja Romaine, Bucarest, 1991

    ADDENDA et CORRIGENDA

    1. ADDENDA: Ce livre fut arrt ds 1987 ) aprs la fin de sa rdaction, au but dun contrle idologique) la Section de Propagande du Parti Communiste

    Roumain qui devait controler toute lidologie et premirement la philosophie et lhistoire. Ce ntait pas du tout le seul cas.

    2. CORRIGENDA: La publication de ce livre a t possible peu aprs la rvolution

    anti-communiste de dcembre 1989; or,

    en 1990-1991, la rvolution de la presse

    crite tait une vraie explosion. Par la

    suite, la demande du papier laissait moins

    dimportance aux livres. Ce fait reel xplique ce quil sest pass avec ce livre aussi: le retard de sa publication, la

    qualit douteuse du papier etc. A noter, en

    suivant les pages:

    - p.4, page de garde: photographies perdues dans la typographie (peut-tre par

    la hte dexcuter une commande moins bien paye dans les conditions spciales

    de lpoque;

  • - p.17, 3-e l.bas; p.295; 2-e l. bas; p.298; 1-ere l.bas; p.301

    - p.40, 12-e l. bas, il sagit de pieds et, par la suite, dans les paranthses, de resp. 300,

    600 et 710 m;

    - p.77, 10-e l. haut, villae; - p.81, 26-e l. haut: ISM V. 111 (au lieu de

    11);

    - p.179, 23-e l. haut: taient; - p.255, 3-e l. haut: littraires; - p.256, 19-e l.bas: identifis; - p.259, 20-e l.haut: Brtanion; - p.305, n. 136, Barnea, MPR, p.156-157;

    n.145, Byzantina, 10, 1980, - p.307, n.199: A ajouter - p.317, n.551: IGLR, 211 = MPR, 75; - p.318, 1-re l. dr., Aelius Marcianus,

    Lucius;

    - p.319: Alphenus Argnotus: a liminer; Antonius Claudius,94, 101;

    - p.320: Auxonius; - p.326: iugerum: 40, 75, 77, 78: (

    liminer iugum, 40);

    - p.331: Saraiu.

    Al. B.

  • TABLE DES MATIERES

    Allant-propos (Al. Suceveanu) .............................. "-.-. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Abrviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

    Chapitre premier. LE CADRE GOGRAPHIQUE (Al. Suceveanu) . . . . . . . . . . . . . . . 19 Chapitre II. LA DOBROUDJA AUX 1er -Ille SICLES n.. (Al. Suceveanu) . . . . . . 22

    A. L'histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 B. L'organisation administrative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 C. L'organisation militaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 D. L'conomie et les classes sociales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 E. La culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

    Chapitre III. LA DOBROUDJA AUX Iv-vn SICLES n.. (Al. Barnea) . . . . . . . . . . 154 A. L'histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 B. L'organisation administrative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178 C. L'organisation militaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 D. L'conomie et les classes sociales .. . .. . . . . . . . . . . . . . . .. .. . . .. . . . . . . .. .. . . . 221 E. La culture ................................. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267

    Chapitre IV. LE ROLE DE LA DOBROUDJA DANS L'HISTOIRE DES ROUMAI~S ET DU SUD-EST DE L'EUROPE AL. Barnea) .............................. 298

    Index alphabtique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318

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  • AVANT- PROPOS

    Si l'on pense aux nombreux ouvrages consacrs la vie de ce coin de notre pays pendant l'Antiquit, d'abord par Grigore Tocilescu, ensuite par V asile Prvan et Radu Vulpe, aux excellents chapitres ddis l'histoire de la Dobroudja par Emil Condurachi, Dionisie M. Pippidi, Gheorghe ~tefan et lon Barnea dans l'Histoire de la Roumanie, publie en 1960 et, surtout, au IP volume de la suite intitule De l'histoire de la Dobrouja (R. Vulpe et I. Barnea), sans parler des synthses portant sur l'arme romaine en Dobroudja (Andrei Aricescu), sur la vie conomique de la contre (le signataire de ces lignes) ou sur la vie rurale en gnral (Victor Heinrich Baumann), ainsi que des recueils d'inscriptions ds successivement Emilian Popescu, Emilia Dorutiu-Boil, D. M. Pippidi et, trs rcemment, Iorgu Stoian et :>ans oublier non plus toute une srie de monographies caractre local, comme celles concernant la ville de Tropaeum Traiani (I. Barnea et collaborateurs), le! thermes romains d'Histria (Al. Suceveanu et collaborateurs) ou la ncropole romano-byzantine de Callatis (Constantin Preda), l'utilit du prsent volume pourrait tre mise en doute. Si, d'autre part, on tient compte du fait que plus de 60 atmes se sont coules depuis la parution du dernier ouvrage de vulgarisation sur ce thme (V. Prvan, Les commencements de la vie romaine aux bouches du Danube, Bucarest, 1923) et que les grandes mutations politiques, conomiques et sociales intervenues depuis lors ont accru non seulement la soif d'information, mais aussi les connai~sances des gnrations plus jeunes, la proposition qui nous a t faite par les di-tions Encyclopdiques d'crire un livre sur la Dobroudja romaine nous semble fort opportune. D'autant plus que, par contraste avec la rserve g-nralement manifeste par les historiens et les archologues lorsqu'il s'agit d'crire des ouvrages de vulgarisation, rserve jusqu' un point justifie par la modicit et la perptuelle rinterprtation des documents, autrement dit par un profond res-pect du lecteur (il est bien significatif, ce propos, que le grand savant Radu Vulpe se contenta, en 1975, de mettre, par des notes, jour le texte de l'uvre dj cite de V asile Prvan), plusieurs ouvrages ont, ces derniers temps ,t publis l'tranger, dont les auteurs insuffisamment familiariss avec le thme ou renonant dlibrment aux principes de la recherche scientifique, ont mis en circulation une srie d'ides contraires la vrit historique. C'est donc sous une forme accessible et en faisant de nombreuses rfrences l'Antiquit romaine en gnral, que le prsent ouvrage se propose de mettre en vidence le phnomne de la symbiose daco-romaine et le rle jou par la Dobroudja dans le processus de cristallisation de l'ethnie roumaine. Le livre a t conu et crit l'intention du grand public sans pour autant renoncer aux coordonnes de la mthode d'investigation historique ou ses modalits d'expression spcifiques (appareil critique avec les opinions controverses, citations de sources antiques, planches, cartes et indices).

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  • Dans cette entreprise, les auteurs ont rencontr une srie de difficults, inh-rentes, comme on le verra, tout livre de vulgarisation scientifique. Il est bon que le lecteur en soit, ds maintenant, averti.

    Il s'agit tout d'abord qe l'individualit mme de la Dobroudja du point de vue historique et gographique. Foyer de civilisation prhistorique et, ensuite, gto-dace, le territoire situ entre le Danube et la mer Noire fut, ds le 1er sicle n.., englob dans la province romaine de Msie Infrieure, limite au nord par le Danube, l'est par la mer Noire, au sud par les Balkans et l'ouest par la rivire Tibrita. Traiter sparment la Dobroudja aux J"-Jn sicles n.., lorsqu'elle faisait partie de ladite province pourrait - en dpit des nombreux ouvrages sus-mentionns - tre considr comme une erreur si l'on ne tenait pas compte de la constitution, ds la fin du IIP sicle n.., de la province de Scythia Minor dont les limites correspondent peu prs celles de la Dobroudja actuelle et du fait que les documents grecs mmes l'appellaient Scythia, certes, par suite de l'infil-tration, ds le IV" sicle av.n.., de certaines tribus scythiques dans la rgion. partir du IV" sicle n.., la Dobroudja, devenue Scythia Minor, recouvra son indi-vidualit historique et gographique qu'elle conserva aussi bien aprs la perte du contrle romano-byzantin au VII" sicle et jusqu'au rtablissement de celui-ci aux X"-XII" sicles que, surtout, du temps du prince' Mircea le Vieux, pour tre dfinitivement runie, en 1877, au territoire auquel elle a depuis toujours appar-tenu.

    C'est galement la priode des 1 "'- IIP sicles n.. que se rattache une deuxime difficult dans l'tablissement de l'conomie de l'ouvrage. En effet, si au IV" sicle n.. la Dobroudja entrait dfinitivement et avec toutes les con~qucnces connues, dans la sphre d'influence de Constantinople, ce qui entrana l'unification des statuts de toutes les villes - officiellement latinophones, en fait grcophones, civiles, mais aussi militaires - la contre situe entre le Danube et la mer pr-sentait, par contre, aux Ier-111" sicles de notre re, un contraste frappant entre les vieilles villes de la cte, naturellement grcophones et, du moins au d6but essentiellement civiles, et les villes romaines tablies sur le Danube, videmm,:;-:t latinophones et ayant une origine incontestablement militaire. Nous avons, de ce fait, estim qu'il tait prfrable de traiter tous les problmes ayant trait aux pr_III" sicles n.. distinctement pour les villes grecques et romaines. Le lecteur aura ainsi la possibilit de suivre le processus de militarisation des villes grecques, le littoral tant, par suite des nombreux raids maritimes des peuples migrateurs, devenu une partie intgrante de la frontire provinciale (limes) et, en mme temps, le processus d'hlnisation des villes du Danube d notamment aux nombreux marchands orientaux, c'est--dire le dbut du processus d'unification administra-tive, militaire, socio-conomique et, bien sr, culturelle. Car, en dpit des diffi-cults qu'on prouve suivre parallllement les deux zones, difficults partiellement cartes par les considrations finales de chaque chapitre, la distinction susmen-tionne doit tre maintenue tant que la ligne de dmarcation entre les zones orien-tale et occidentale de l'Empire romain passe par la Dobroudja. Il rsulte donc que la difficult dont nous parlions dcoule de l'originalit mme de la rgion, qui ne semble pas avoir toujours t bien comprise.

    La troisime question que nous aimerions prciser est celle de la succession des sous-chapitres dans les deux chapitres principaux. On s'aperoit, en consultant la table des matires, que tant pour la priode des J-IIP sicles n.. (dite du Principat) que pour celle des IV"-VII" sicles n.. (le Dominat), les vne-ments historiques sont prsents avant l'organisation administrative et militaire et avant la vie conomique, sociale et culturelle. Le lecteur pourrait, de nos jours, tre surpris par cette succession, les vnements historiques - considrs, juste

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  • titre, comme une consquence des phnomnes conomiques et sociaux - tant dans les ouvrages rcents voqus la fin. Si nous avons quand mme maintenu l'ordre traditionnel, c'est parce que les auteurs ont dj crit une Vie conomique de la Dobroudja (celle ayant trait aux pr_IIle sicles n.., rdige par nous-mme a t publie ds 1977 et celle concernant les IVe-VII e sicles n.. a t acheve par AI. Barnea en 1983), ce qui rend sans objet tout ventuel reproche de ne pas avoir tenu compte de l'ordre logique des phnomnes. La prsentation pra-lable des vnements historiques n'aurait par consquent, nos yeux, et ceci nous amne au deuxime argument, que la valeur d'un paradigme pouvant englober les phnomnes sociaux, conomiques et culturels dans toute leur complexit. En troi-sime lieu, il ne faut pas oublier qu'ayant fait, sept sicles durant, partie intgrante de l'Empire romain, la Dobroudja a t le thtre d'vnements qui ne trouvent pas toujours leur explication dans ses ralits conomiques, mais dans celles, beaucoup plus complexes, de la formation tatique dont elle faisait partie. Le lecteur voudra bien tre d'accord avec nous pour prter la mme valeur paradigmatique aux sous-chapitres consacrs aux structures administratives et militaires reprsentant les

    \rsultats directs de l'impact romain. Nuisible, au dpart, cet impact se trouvera l'origine du nouvel ordre romain, l'abri duquel la cellule rurale gto-dace qui existait avant lui et qui lui a survcu, recevra le sceau de la romanit et donnera, ensuite, naissance la nouvelle ethnie daco-romaine, base ethnogntique du peuple roumain. Le processus de romanisation des autochtones gto-daces de la Dobroudja, qui devint un foyer essentiel pour la poursuite du phnomne chez la population vivant au nord du fleuve, aprs l'abandon officiel de la Dacie, et l'un des berceaux du peuple roumain constituera, bien entendu, le fil rouge du prsent ouvrage, fil dont le bout serait difficile saisir sans les paragraphes du dbut des chapitres II et III.

    Quelques mots enfin sur le ton adopt par cet ouvrage. Nous avons voqu plus haut certaines tendances nuisibles qui se sont manifestes, au sujet de la Do-broudja romaine, dans quelques ouvrages historiques trangers. Qu'il nous soit permis de concentrer ce propos, notre attention sur les opinions formules par deux auteurs, le premier tant le rput historien et archologue bulgare, Velizar Velkov, et le deuxime un chercheur anglais, Andrew G. Poulter.

    V. Velkov, signe dans une Histoire de la Dobroudja, parue en 1984, Sofia, les chapitres III et IV, c'est--dire exactement ceux qui correspondent la priode couverte par notre ouvrage. Sans gard pour le manque d'information dont l'auteur fait preuve - en contraste avec les auteurs des premiers chapitres - et qui justifie partiellement certaines omissions, inadvertances, voire erreurs, surprenantes de la part d'un rudit comme lui, analysons, malheureusement sur la base du rsum seulement (p. 192-193), ce qui ne veut pas dire de faon superficielle, les ides fondamentales du livre. Nous apprenons ainsi tout d'abord que les Gtes ont oppos une rsistence opinitre aux conqurants romains, qui les ont crass au prix de durs combats, celle-ci tant l'une des raisons de l'annexion tardive, inter venue seulement vers la fin du 1er sicle et le dbut du II e sicle n.. de la Dobroudja au systme provincial romain. La population autochtone (thracique et non pas gtique) a conserv son caractre ethnique en dpit du processus de romanisation qui n'a pas eu - selon l'auteur bulgare - une trop grande ampleur cause du nombre rduit des villes de type romain, ainsi que des nombreux colons orientaux et balkaniques. La restauration accomplie sous Diocltien et Constantin a renforc la frontire danubienne l'abri de laquelle se dveloppa notamment une intense vie religieuse, mais les invasions du ve sicle provoqurent d'amples mutations ethniques, les autochtones rarfis et de toute faon htroclites faisant toujours davantage place des enclaves barbares (Carpes, Goths, Huns, Sarmates, Slaves,

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  • Koutrigures, etc.). La vieille culture (romaine?) disparut en se barbarisant gra-duellement ( l'exception des monuments religieux et des fortifications urbaines), de telle l}lanire que l'installation des Protobulgares en Dobroudja s'effectua -iuivant le mme auteur - dans une zone compltement dpersonnalise du point de vue ethnique.

    Sachant quoi s'en tenir, le lecteur de bonne foi pourra se rendre compte en parcourant notre livre que l'action militaire romaine en Dobroudja, n'a pas t aussi sanglante qu'on voudrait le faire croire, aucun affrontement important n'ayant, de toute faon, plus t signal aprs la campagne de Crassus de 29/28 av.n.; que l'annexion de la Dobroudja n'a pas t si tardive, puisqu'elle eut lieu du temps de Vespasien au plus tard - un contrle romain existait, en tout cas, dans la zone ds l'poque d'Auguste-; que le processus de romanisation n"a nullement t limit, puisque la culture romaine a pntr dans les plus humbles villages de la rgion; que le nombre des villes romaines n'a pas t si rduit, moins d'oublier les deux municipes, de Troesmis et de Tropaeum Traiani, auxquels il convient d'ajouter maintenant Noviodunum et, enfin, que les lments coloniss, fussent-ils d'origine orientale ou balkanique, n'ont pas moins contribu- de par leur statut social mme- la profonde et irrversible romanisation des Gtes qui constituaient la population majoritaire de la Dobroudja par rapport laquelle les Thraces du sud (Bessi, Lai) font tout au plus figure de groups minoritaires. quel point les considrations de Velkov sur la physionomie ethnique de la Do-broudja, aux IVe_ VIP sicles, sont-elles dprourvues de tout fondement docu-mentaire et, en fin de compte de logique, peine est-il besoin de le souligner. Le recul prsum du V e sicle - pierre angulaire de la thorie susmentionne - ne peut plus tre invoqu, comme on le verra bien, la lumire des nouvelles fouilles, qui tmoignent, au contraire, que la Dobroudja tait au VIe sicle une province profondment romanise et densement habite par une population o l'on rencon-trait rarement des lments allognes. Et, de toute faon, ce n'est pas ces l-ments que l'on pourrait attribuer - en citant le savant bulgare - la construction des forteresses urbaines et, encore moins, des difices religieux! Les Protobulgares n'ont donc pas pntr dans un vacuum ethnique, comme semble le souhaiter, faute de le prouver, l'auteur dont nous parlons, la population romane urbaine menace par eux ayant cherch refuge dans les agglomrations rurales, ainsi que le rvlent les tmoignages toujours plus nombreux dont nous disposons prsent. Encore faut-il se demander - la question dpasse, il est vrai, le cadre chronologique de cet ouvrage - dans quelle mesure les Protobulgares se sont rellement tablis en Dobroudja, puisqu'ils n'y ont laiss la moindre trace. La

  • Studien zu den Militiirgrenzen Roms III, 13 internationaler Limeskongress, Aalen, 1982, Stuttgart, 1986, p. 519-528), le jeune chercheur anglais a, d'une part, russi nous convaincre que la langue de Cicron garde pour lui encore bien des secrets, sans parler de la langue grecque et, d'autre part, qu'il est assez malhabile lorsqu'il adopte, sans les citer, des ides qui ne lui appartiennent pas, lorsqu'il en attribue la paternit d'autres auteurs que ceux qui les ont mises ou quand il limine tout simplement, de faon arbitraire, les documents qui ne lui conviennent pas.

    C'est en faisant la preuve de ces qualits que Poulter nous offre une variante quelque peu diffrente et considrablement enrichie des thses de Velkov.

    Ainsi donc, en reprenant l'ordre chronologique des vnements, prcisons, ds le dbut, que Poulter n'accepte, lui non plus, l'intgration de la Dobroudja au systme provincial romain du temps de Vespasien. Il ignore ainsi, sciemment ov non, les preuves de l'existence, ds l'poque des Flaviens, de garnisons de troupes auxiliaires Durostorum (cohors II Flavia Brittonum), Altinum ou Sucidava (cohors II Gallorum), Carsium (une ala ou une cohorte, avant l'ala II Hispa-norum et Aravacorum), Arrubium (l'ala 1 Vespasiana Dardanorum), Troesmis (l'ala 1 Pannoniorum) et, trs probablement, Salsovia (peut-tre l'une des cohort~ Gallorum), sans parler de l'inscription d'Aegyssus, ddie l'empereur Titus, li-mine de la discussion parce que le monument a disparu (? !). Il ne reste plus q111' se demander comment la station fluviale de Noviodunum, la seule accepte par Poulter, a-t-elle, ds cette poque, pu functionner au milieu d'une zone de plusieurs milliers de kilomtres carrs, qui n'tait dfendue par aucune autre troupe romaine?

    Et ceci indpendamment du fait que toute la problmatique de l'annexion de la Dobroudja par les Romains, traite par nous ds 1971 et adopte depuis lors par plus d'un chercheur authentique, chappe entirement l'auteur anglais. Une fois limine cette profonde source de romanisation que fut, de toute vidence, l'arme romaine prsente dans la Dobroudja de Vespasien Trajan, Poulter se penche sur l'lment autochtone, qu'il voit rarfi, inconsistant et se trouvant encore dans la phase de transhumance (et c'est sans doute ainsi que devaient se prsenter ses yeux, les choses ds lors que les tribUs mentionnes par Ptolme ne sont vo-ques que partiellement et que l'on ne retient des tmoignages d'Ovide que l'ins-curit provoque par les attaques des Gtes), situation qui a oblig les Romains crer de nouveaux villages (vici) pour assurer l'approvisionnement de la frontire (limes). Sans parler du fait que la plupart des vici se trouvent le long du littoral-l o on ne nous parle pas d'une ligne de dfense - et quelques-uns seulement proximit du Danube, nous nous demandons pourquoi une telle innovation aurait t ncessaire prcisment en Dobroudja et non pas tout au long du limes rhno-danubien? Ne serait-ce pas plus logique d'admettre qu' ct des villages portant des noms romains (peut-tre depuis les premiers colons), la Dobroudja a connu une intense vie rurale prromaine, ainsi que le confirment les villages de Buteridava,

    6 ( Scenope(n)sis, Verg[ob]rittiani (et non pas Vero[ br ?]ittiani, Sc[apt]ia et non pas Scaptia), Turris Muca[poris?] Amlaidina, Asbolodina, Kei, Sardes, sans omettre

    . non plus, comme le fait Poulter, Arcidava? La chose ne doit pas nous surprendre ds lors que son intransigeance antigte va encore plus loin lorsqu'il supprime la preuve la plus claire de la dualit d'habitation dans la zone du Bas-Danube, celle de Troesmis (d'une part les baraques- canabae -,d'autre part la cit gtique - chitas Troesmensium) judicieusement tablie, ds 1953, par R. Vulpe, sur la base de l'inscription honorifique de 159 n.., rige par L. Licin(ius), Cleme(n)[sJ, q(uin) q(uennalis) [c]anab( ensium) ( = quinquennal dans les canaba(f) et dec(urio) Troesm( ensium) (=et, en mme temps, dcurion des habitants de la ville gtique e Troesmis) et lorsqu'il affirme, ni plus ni moins, que le snat des canabae se serait nomm ordo Troesmensium, d'o l'on pourrait conclure qu'il i'agissait d'une

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  • seule et mme unit administrative et que,_ par consquent, une cit gtique n'aurait pas exist. On ne peut certainement pas exiger d'un tel chercheun> de savoir que la dualit en question a t thoriquement dmontre, ds 1926, par le savant alle-mand O. Bohn, qu'elle a pu tre vrifie tout au long de l'artre danubienne, ainsi que le prouvent les recherches plus anciennes ou plus rcentes et qu'elle est con-firme de faon premptoire par l'inscription cite. S'il se ft pench avec plus d'attention sur la mme inscription, il aurait vu que le snat des canabae tait nomm curia, la distinction entre le snat des canabae ( curia) et celui de Troesmis (ordo) s'tant d'ailleurs maintenue dans tout le lot pigraphique troesmen.

    Enfin, en faisant un saut par-dessus les sicles (pour ma part je n'ai os faire un tel saut qu'aprs plus d'une dcennie de recherches sur place et non pas aprs une ou plusieurs visites en Dobroudja), Poulter expdie tout aussi promptement la question de la fin de la domination romano-byzantine en Dobroudja qu'il place l'poque de Hraclius au plus tard. En ralit, les choses sont, comme on le verra, beaucoup plus compliques, mais pour l'instant qu'il nous soit permis de noter la manire superficielle dont fut examin notre rapport sur les fouilles effec-tues en 1971 Histria (rdig de concert avec C. Scorpan) dans lequel nous pr-cisions clairement qu'au-dessus d'un niveau dat entre 560-591 j2 n.., il y avait deux autres niveaux d'habitation et non pas un seul (celui des huttes), la mcon-naissance des importantes contributions numismatiques de Gh. Poenaru Bordea (qui font aussi tat de monnaies frapres sous l'empereur Constantin IV Pogonat, totalement ignores par Poulter), enfin les maladroites tentatives de mystification visibles sur la carte qu'il a annexe notamment dans le cas de Sacidava et d'Histria

    Au terme de cette longue, mais peut-tre pas inutile digression - ne serait-ce que pour avertir le lecteur du danger des possibles dnaturations historiques -il est clair que le but le plus instamment poursuivi par ledit professeur et son lve - est celui d'infirmer toutes les preuves attestant l'existence des Gtes dobroudjans, de retarder le plus possible et de minimiser le processus de romanisation, de faire croire l'existence d'une population dpersonnalise du point de vue ethnique et, enfin, de prcipiter le retrait de l'administration romano-byzantine de la Dobroudja, pour faire place nette aux Protobulgares. Et si le savant bulgare Velkov nous a jadis offert des pages d'une haute tenue scientifique, nous devons avouer que les dmonstrations de Poulter constituent pour nous une source relle d'in-quitude dans l'ventualit de la publication d'une histoire de la Msie Infrieure et des provinces diocltiannes qui se sont succd sur son territoire.

    De pareilles thories trouveront bientt une riposte adquate dans l'une de nos publications scientifiques et nous serions heureux de voir une partie au moins de nos lecteurs suivre ce dbat. Quant ce livre, il ne se propose pas de commenter plus amplement, des fins polmiques, les thories de cette espce. En for-mulant des opinions vridiques ou tout au moins vraisemblables, nous esprons faciliter au lecteur de bonne foi - auquel nous nous adressons en premier lieu -le contact av~c les ralits. historiques de la Dobroudja pendant les sept premiers &icles de notre re, tant persuads que la vocation de l'historien est de servir, en toute circonstance, la vrit.

    Dans quelle mesure aurons-nous russi la faire, c'est nos lecteurs d'aujourd' hui et de demain d'en juger. En attendant leur verdict, les auteurs tiennent expri-mer leur gratitude la direction des ditions Encyclopdiques pour l'initiative qu'elle a eue de faire publier cet ouvrage et pour les efforts consentis cette fin, au dr. Constantin Preda et au dr. Gheorghe Poenaru Bordea pour leurs obser-vations et, enfin, mais pas en dernier Jieu, luliana Barnea qui nous devons l'illustration du prsent vo}ume.

    ALEXANDRU SUCEVEANU Bucarest, le 14 janvier 1987

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  • AARMSI Accame, Dominio

    A. Arh. AEM Alexandrescu, Necropola

    AMN An. Dobr. Aricescu, Armata Arh. Mold. AUB Ist. AUI Bamea, ACR Bamea, DID Barnea, MPR

    Barnea, Rumiinien

    Baumann, FerTTIJl B(C)MI B Benes, Auxilia Bengtson, Grundriss

    Be,evliev, SSIB

    ROR Bordenache, Sculture

    Botzan, Ape/e BSH BSNR Bucovala, Sticlti Byzantina BZ CIL

    CNA Danov, PE

    Deltion DEMS Dinogetia,

    DIVR

    ABREVIATIONS

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    13

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  • DOC DOP DOS Duncan-Jones, Economy

    FHDR Filow, Legionen Fitz, Statthalter

    Florescu, Monumentul

    Florescu, Capidava

    Fluss, Moesia Forni, Limes

    Gag, Classes sociales Gerov, Besitz

    Giacchero, Edictum

    Gren, Ostbalkan

    Grosse, RM

    Hampartumian, CCET

    Handwerk Hayes, Pottery Heichelcheim, AEH

    Histria, 1

    Hoffmann, SRB

    IBAI lconomu, Opaite 1GB

    IGLR

    IGR

    ILS

    IR

    lrimia, Bronzuri lsings, Glass

    ISM, 1

    ISM, II

    ISM, V

    IV AD JAI Jonei, LRE

    JRS

    = Dumbarton Oaks Collection. = Dumbarton Oaks Papers. = Dumbarton Oaks Studies. '= R. Duncan-Jones, The Economy of the Roman Empire. Quanti-

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    14

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  • Kovrig, Fibeln

    Ktema

    De Laet, Portorium

    Limes IX

    Mac Mullen, Soldier

    Magie, Asia Minor

    Marquardt, OER

    Marquardt, OF

    De Martino, Costituzione

    Materiale ND NEH NMESM

    Nubar, Histria

    OGIS

    Ostrogorsky, HEB Prvan, Salsovia Prvan, Contributii

    Prvan, Scythia Minor

    Prvan, Ulmetum

    Prvan, Zidul Prvan, Gerusia Prvan, lnceputurile

    Prvan, Getica Patsch, Festsetzung

    Patsch, Kampf

    Petit, Paix Pflaum, Carrires

    Pick, Mnzen

    Pippidi, Contribufii Pippidi, DID

    Pippidi, Studii Pippidi, Parerga

    PIR

    Popilian, Ceramica Preda, Callatis von Premerstein, Moesien

    RAC

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    .15

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  • Rldulescu, Monumn~te

    RE

    RG Regling, Mnzen

    REL Relations

    Rmondon, Crise

    RSEE Rev.Arch Rev.Hist. Rev.Muz. RIAF RIR RMMMIA

    Robert, Gladiateurs Robinson, Pottery

    Rostovtev, SEHRE

    Roug, Commerce

    RRH Sanie, Civilizafia Smpetru, Tropaeum, Il SCIA SCIV(A) SCN Scorpan, Cav.tr. Scorpan, Rep. bach. Sherwin-White, Citizen-

    ship Sov. Arh. St. Cl. Stein, Legaten Stein, HBE

    Stud. Baie. Studien, 1977 Suceveanu, VEDR

    Suceveanu, Histria

    Syll 1

    Teodor, Romanitatea

    Teodor, Teritoriul

    TIR, L 35 Toci1escu, Fouilles

    Tocilelicu, Monumelfte Tropaeum, 1

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  • Velkov, Cilies

    Venedikov, Zemedelieto

    Vermaseren, CIMRM

    Vulpe, HAD Vulpe, DID Wagner, Dislokation

    Weiss, Dobroudscha

    White, lmplements

    White, Farming

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    =M. J. Verrnaseren, Corpus Inscriptionum et Monumentorum Reli-gionis Mithriacae, 1-11, La Haye, 1956-1960.

    = R. Vulpe, Histoire ancienne de la Dobroudja, Bucarest, 1938. = R. Vulpe, Din istoria Dobrogei, II, Bucarest 1968, p. 11-365. = W. Wagner, Die Dislokation der romischen Auxiliar/ormationen in

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    =K. D. White, Agricultural lmplements of the Roman World, Carn-bridge, 1967. .

    =K. D. White, Roman Farming, Londres, 1970.

    * Nous prcisons que, pour conomiser l'espace, les chiffres qui accompagneront les recue!~s de documents indiqueront le nombre des documents respectifs dans le volume (par ex. ISM, 1, 28 signifie ISM, 1, no. 28), tandis que les pages seront notes par l'abrviation usuelle (p.). Nous ajoutons, en mme temps, que les termes grecs seront translitrs dans l'alphabet latin, mais porteront, pour tre distingus des termes latins, l'abrviation gr. (par ex.: gr. agoranomos), qui ne prcdera cependant pas les titres des ouvrages antiques, lesquels seront conventionnel-lement latiniss (par ex.: Hrodote, Historiae, ou Arrien Anabasis Alexandri).

    Enfin, nous mentionnons que pour ne pas surcharger les notes, les sources antiques, telles que les inscriptions et les textes (pour lesquelles nous avons utilis le recueil Fontes historiae Daco-Romanae, 1-11, Bucarest, 1964-1978, dit par Gh. ~tefan, VI. Iliescu, V. C. Popescu, R. Hncu etH. Mihaescu) seront, lorsqu'elles ne sont pas trop nombreuses, cites directement dans le texte. Le lecteur pourra, d'autre pal't, trouver dans les notes, part lesdites sources lorsqu'elles sont plus abondantes, la littrature moderne du sujet, y compris les ventuelles controverses -nous le rptons - strictement scientifiques.

    EXPLICATION DES VIGNETTES

    L'inscription ISM, II, 48, de Tomis p. 22 Mtope du monument triomphal de Tropaeum Traiani p. 35 L'inscription funraire ISM, V, 77 (Ulmetum) de C. Iulius Quadratus p. 35 L'inscription ISM, II, 141, de Tomis p. 56 Mtope du monument triomphal de Tropaeum Traiani p. 56 Mtope du monument triomphal de Tropaeum Traiani p. 72 Mtope du monument triomphal de Tropaeum Traiani p. 72 Relief de Capidava p. 116 Relief de Tomis reprsentant le Cavalier Thrace p. 116 Frise du monument triomphal de Tropaeum Traiani p. 141 Monnaie de Diocltien trouve Dinogetia p. 154 Inscription de Tropaeum Traiani p. 177 Monnaie de Constantin 1er trouve Dinogetia p. 178 Brique estampille d'Anastase avec le nom d'Altina, dcouverte Dinogetia p. 208 Fibule dl! IVe sicle de Callatis p. 209 Boucle de ceinture du VIe sicle de Beroe p. 221 Fer de charrue de Dinogetia p. 221 Moule pour des bijoux de Tropaeum Traiani p. 266 Fragment de mosaque de Tomis p. 267 La basilique D de Tropaeum Traiani p. 295 Boucle de ceinture de Callatis p. 291 , Dtail de la peinture d'une tombe de Tomis p. J8t

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  • Chapitre I cr

    LE CADRE GEOGRAPHIQUE

    Lorsque nous dcrivi>ns pour chaque territoire citadin le cadre gographique du chapitre destin l'analyse de l'agriculture en Dobroudja, nous estimions ncessaire. . . de prsenter les conditions naturelles actuelles, mme si leur utili-sation pour l'Antiquit est discutable)).1 prsent, mme si d~s micro-fluctuations climatiques insaisissables faute de documents, ont pu rellement exister, le doute est largement dissip grce aux conclusions qui se dgagent d'une tude rcente et documente.2 Nous apprenons ainsi de cette tude portant sur les 5 000 dernires annes, que le climat de notre pays a t selon toute probabilit relativement chaud, donc peu prs semblable celui d'aujourd'hui. La brve priode de refroi-dissement des VIlle-xe sicles ne peut, certes, tre compare celle, beaucoup plus longue, des XIII 8 -XVIIe sicles, o le climat fut constamment froid.

    Et pourtant d'importantes diffrences d'ordre physico-gographique existent entre la Dobroudja actuelle et celle de l'Antiquit. Ainsi, pour nous en tenir deux exemples, les limites d'Histria (ISM, 1, 67 -68) taient fixes, en l'anne 100 n.., sur des cours d'eau dj difficilement identifiables du temps de Prvan et prsent pratiquement mconnaissables, d'autre part, un auteur du ve sicle n.., Ioannes Cassianus (Conlationes, XXIV, 1, 2-3) parle avec nostalgie de la beaut de son pays natal, la Scythie Mineure, voquant non seulement l'abondance des forts, mais aussi la source de nourriture qu'elles taient, forts qui subsistent peine aujourd'hui dans la partie nord de la rgion. Le fait donc que, dans des conditions climatiques quasi-identiques, la Dobroudja de nos jours ait - semble-t-il - subi un puissant processus de steppisation pourrait s'expliquer, selon l'auteur de l'tude mentionne, par les dboisements intenses pratiqus l'poque de la domination ottomane et mme plus rcemment. Il s'agit donc d'un processus anthropique et non pas naturel, qui en dit long sur le danger que comporte toute tentative de dtruire l'quilibre cologique.

    Ayant toujours l'esprit cette explication qui est aussi un avertissement, dcrivons brivement le cadre physico-gographique actuel de la Dobroudja 3, en prcisant d'emble que l'on peut y distinguer en gros trois zones importantes, savoir la zone littorale, la zone danubienne et la zone centrale.

    Dans la zone littorale on constate l'existence de plusieurs bandes de terre larges de 5 JO km qui font monter graduellement le niveau du sol, depuis la mer vers la terre ferme, jusqu' environ 100-200 m. Les cours d'eau sont trs rares, mme si, comme nous le disions, la situation a pu tre toute autre dans l'Antiquit. L'eau est en gnral difficile trouver. Le sol est reprsent par diffrents types de tcherno-zioms, les sols salins tant prdominants surtout dans la partie nord de la zone. C'est ici que l'on trouve aussi des forts d'orme et de chne, la faune y tant repr-

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  • sente par le loup, le chevreuil, le renard et le livre. Cette zone est, pour la plupart, favorable l'agriculture et les principales cultures que l'on y pratique sont celles du bl, de l'orge, du millet, du lin, du chanvre et de la vigne. Parmi le btail, il y a lieu de mentionner surtout les bufs, les chevaux et les porcs. Une importante richesse de la zone est constitue par l'levage des ovids et des abeilles, tandis que les lagunes autour d'Histria auront t dans l'Antiquit, comme elles le sont de nos jours, un immense rservoir piscicole (esturgeons, carpes, silures, morges, maque-reaux, gobies), La zone est gnralement pauvre en prcipitations (350-400 mm par an) et la temprature oscille entre -3 (janvier) et au moins +23 (juillet), mais des tempratures de +38-39 peuvent tre parfois enregistres. Dans la partie sud de la zone, le terrain devient nettement plus aplati, ce qui rend la faune plus monotone (renard, livre), mais offre des conditions beaucoup plus propices l'agri-culture, ainsi qu'en jouissaient, comme nous le savons, dans l'Antiquit, les terri-toires des villes de Tomis et de Callatis.

    La zone danubienne prsente certaines particularits notamment dans le Delta du Danube, o, part le roseau, poussent aussi des peupliers, des saules, des ormes et des frnes. La fameuse faune du Delta est reprsente par des oiseaux d'une varit exceptionnelle, par une grande richesse en poissons (carpe, silure, maquereau, esturgeon, sterlet, esturgeon toil), ainsi que par des loups, des renards, des livres et des sangliers. Cette zone (qui comprend les territoires des villes anciennes d'Ar-gamum, d'Halmyris, de Salsovia et partiellement d'Aegyssus) n'est, elle non plus, riche en prcipitations et les tempratures y oscillent entre -2 en hiver et +22" en t. Pour le reste, la zone - plus nettement individualise dans sa partie centrale, c'est--dire autour des villes antiques de Carsium, Capidava et Axiopolis - res-semble, dans une certaine mesure, celle littorale en ce que le caractre de steppe s'accentue. Le sol (brun clair de steppe ou tchernoziom) est gnralement propice l'agriculture et la viticulture et la vgtation est, elle aussi, typiquement de steppe avec des associations de canche et des petits bocages de chnes pubescents, d'ormes, d'rables et de frnes. La faune est reprsente par le loup, le renard,le livre et l'outan;le, tandis que le poisson du Danube et des tangs voisins constitue une importante richesse. La zone se prte bien galement l'levage des moutons, des chvres et des chevaux. Le climat est caractris par des ts arides et des hivers doux, gnralement sans neige.

    La zone Centrale prsente, elle aussi, certaines diffrences entre le nord avec les Monts de Pricopan et les plateaux de Babadag et de Casimcea (territoires des villes de Noviodunum, d'Arrubium et de Troesmis et, bien sr, de Libida) et le sud (territoire de la ville de Tropaeum Traiani).

    Ainsi, dans le nord o les Monts de Pricopan, les plus vieux du pays atteignent des hauteurs de jusqu' 400-450 m., on rencontre le sol brun forestier avec la faune (loup, chevreuil, renard) et la flore (rouvre, tilleul, orme, chne) caractristiq~es. Assez peu favorable l'agriculture, cette partie de la Dobroudja est, par contre, grce ses pturages, propice l'levage des moutons, la viticulture et, en raison des forts de tilleul, l'apiculture. Le climat est, en gnral, semblable celui des autres zones, mais la quantit de prcipitations est lgrement plus leve (550 mm par an). Bien plus aride est le plateau mridional de la Dobroudja, lequel tant beaucoup plus plat (jusqu' 200 rn), prsente maintes caractristiques sylvo-steppiques. La vgtation y est reprsente par des herbes, des arbustes, des buissons, des forts de chne par endroits et le sol - tchernoziom dans les parties plus basses, sols bruns forestiers dans celles plus hautes - n'est que partiellement favorable l'agriculture, se prtant par contre la culture de la vigne et l'levage des moutons, des chvres et des chevaux. Le climat est en gnral aride - 350-400 mm par an,

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  • mais pouvant parfois descendre 200-250 mm, avec les variations de temprature dj signales (-r en hiver, + 23 o en t).

    Il ressort de ce qui prcde que la Dobroudja, o il existe pratiquement toutes les formes de relief (depuis la plaine littorale ou danubienne jusqu'aux plateaux et mme aux montagnes) avec les consquences qui en dcoulent quant au sol, au climat, la flore et la faune, reprsente une rgion partiellement favorable l'agriculture (elle l'aura t moins pendant l'Antiquit, lorsque, comme on l'a vu, elle tait beaucoup plus boise), dont le poisson, les ovids, les bovins et les chevaux reprsentent, aujourd'hui, comme jadis, de grandes richesses naturelles.

    Nous avons vu au dbut de ce chapitre introductif les diffrences qui existent entre l'image de la rgion l'poque ancienne et celle qu'elle offre de nos jours. D'autre part, le lecteur pourra trouver dans les paragraphes consacrs l'agri-culture, certaines similitudes frappantes qui se dgagent, pour n'en citer que deux exemples, des lamentations d'Ovide sur l'infertilit de la zone et de l'adoration assez frquente de Zeus Ombrimos (qui donne la pluie) 4, comme un rflexe, certes, du climat aride.

    Cette contradition, moins de supposer qu'il y avait, dans l'Antiquit aussi, une diffrence entre la fertilit du nord de la rgion et l'aridit de sa partie mridio-nale, ne pourra tre lucide que par de minutieuses recherches paloclimatiques ou palofaunistiques, qui- tout au moins pour l'poque romaine- n'en sont qu'au dbut.

    NOT ES 1 Suceveanu, VEDR, p. 79. ! M. Circiurnaru, Anuaru/ muzeu/ui judefean Suceava, IX, 1982, p. 469-477. 3 En gnral, voir M. Ha~eganu et coll., Geografia economicii a R.P.R., Bucarest, 1957;

    Mono6rafia geograficii a R.P.R., 1-11, Bucarest, 1960; Botzan, Apele. ' Al. Bamea, SCPI, 20, 1969, 4, p. 599, nr. 2.

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  • Chapitre II

    LA DOBROUDJA KUX pr_IIIe SIECLES n..

    A. L'HISTOIRE

    L'espace si limit dont nous disposons ne nous permet videm-ment pas de nous attar-der sur l'histoire de la Dobroudja grecque.1 Il suffit de rappeler ici que les mentions sur l'histoire des formations politiques locales sont rares. Il s'agit en fait du

    fameux pisode de la rsistance des Gtes, les plus braves et les plus justes parmi les Thraces, l'incursion de Darius en 514 n.. (Hrodote, Historiae, IV, 93), d'un rex lstrianorum du IV sicle av. n.., voqu au sujet du conflit entre Philippe II, roi de Macdoine et Ateas, roi des Scythes (Justinus, Historiae Philippicae, IX, 2, 2), moment partir duquel certaines enclaves scythiques, diriges galement par des rois 2 apparatront aussi en Dobroudja, ainsi que d'une mention sur Argedava, le sige d'un dynaste local avant la campagne de Lucullus.3 Aussi l'histoire de la Dobroudja grecque signifie-t-elle avant tout l'histoire des colonies grecques tablies sur le littoral occidental de la mer Noire. propos de ces colonies, fondes par les Milsiens (Histria au VII sicle av.n.., Tomis pas beaucoup plus tard) ou par les Doriens d'Hracle Pontique (Callatis, peut-tre ds le VI sicle av.n..), nous savons qu'au vc sicle av.n.. elles avaient fait partie (Histria et probablement Callatis) de la Ligue athnienne de Dlos 4, moment o l'intrieur de la Dobroudja semble avoir t contrl par le royaume thracique des Odryses (dont le centre se trouvait au sud de la Bulgarie d'aujourd'hui), qu'eles ont, dans la seconde moiti du IVe sicle av. n.., connu les effets de la domination du royaume macdonien de Philippe II et d'Alexandre le Grand 5 que leur sort aurait, aux III"-Ilc sicles av.n.., d-pendu de la bonne volont de certains chefs gtes nord-danubiens comme Zalmode-gikos (ISM, 1, 8) ou Rhemaxos (ISM, 1, 15) - moment o l'on connat aussi des alliances ou des conflits entre ces cits (ISM, 1, 64 et 112; Memnon, De Heracleia, 13 (21) etc.) et, enfin, que lorsque_ les armes romaines sont parvenues au Danube et la mer, ces villes faisaient constamment partie de l'alliance antiromaine dirige par Mithridate VI Eupator, roi du Pont. 8 L'existence d'une telle disproportion

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  • en ce qui concerne la quantit d'informations ne saurait surprendre ds lors que l'histoire des colonies ouest-pontiques est largement crite sur la base d'un riche matriel pigraphique et de textes anciens. Nos lecteurs comprendront donc sans peine que, d'une part l'historiographie actuelle est en grande partie tributaire des points de vues exprims par les Grecs du littoral ou par les auteurs grecs - coordon-ne valable, bien sr, aussi pour les sources d'poque romaine - et que, d'autre part, c'est la ville (gr. polis) qui, l'poque de la domination grco-romaine, consti-tuait l'unit politique et administrative de base et, en mme temps, le point de dpart ferme pour toute expansion. Une fois assure la domination des villes, l'arrire-pays n'aura pas pos des problmes partiCuliers et nous verrons tout l'heure que les Romains se sont, eux aussi, naturellement conforms ce principe. C'est ainsi que, ds le II c sicle av.n.., mais surtout pendant le premier quart du sicle suivant, plusieurs gnraux romains 7, invoquant sans exception le prtexte de la pacification des populations indignes qui auraient mis en danger la scurit des provinces ro-maines rpublicaines (en l'espce la Macdoine, cre en 148 av.n..), mais visant en ralit soumettre tout le territoire jusqu'au Danube, la future frontire de l'Em-pire, parvinrent jusqu'en Dobroudja, poussant mme jusqu' l'intrieur de celle-ci, sans toutefois que leurs actions aient eu un effet durable. La premire incursion avoir donn des rsultats un peu plus tangibles aura t celle de Lucullus, dans la mesure o l'un de ses principaux objectifs aura prcisment t de
  • Si l'on ajoute cela que l'analyse du document mme ne rvle pas que le trait ait t conclu aussitt aprs la campagne de Lucullus, mais trs probablement aprs celle de Crassus, comme on le verra plus loin, il rsulte que la plupart des villes grec-ques ouest-pontiques auront t dsormais annexes sous une forme que seules les recherches ultrieures pourront bien preciser 12 Quels avaient pu tre les ~ allis t qui chassrent le nouvel gouverneur de la Macdoine, C. Antonius Hybrida, qui se trouvait pendant l'hiver de 62/61 av.n.. Dionysopolis (1GB, J2, 13), de la Dobroudja (Titus Livius, Periochae, 103; Cassius Dio, Historia Romana, XXXVII, 10, 3) c'est une autre question laquelle il est difficile de rpondre avec prcision. On a avanc l'opinion qu'il s'agissait des villes ouest-pontiques 13, mais nous avons vu qu'elles ne pouvaient pas avoir port le titre d' allies,>. Il s'agit, peut-tre, plutt de cer-tains dynastes locaux 14, parmi lesquels a pu se trouver celui d'Argedava, localit vers laquelle se dirigeait avant les annes 72/71 av.n.., un citoy
  • visant protger les villes grecques de la zone gto-dace, ce qui fournit un argu-ment de plus en faveur de l'unit de ce monde.

    Les avatars politiques de la Dobroudja se poursuivent aprs ces vnements. Continuant de faire l'objet de l'attention de Rome - il suffirait d'voquer l'intrt port la rgion par Brutus et Cassius 21 - la Dobroudja allait entrer dans la zone attribue officiellement Marc Antoine aprs la bataille de Philippes de 42 av.n.. L'activit du triumvir dans cette rgion semble s'accrotre de pair avec la dtriora-tion des relations avec Octavien, le futur empereur Auguste. Nous le voyons ainsi essayer de resserrer les liens avec certains dynastes sud et nord-danubiens et envoyer mme des gnraux pour effectuer des recrutements dans ces contres 22 Le sort lui fut cependant contraire et le territoire situ entre le Danube et la mer changea, l'issue de la bataille d'Actium en 31 av.n.., une fois de plus de maitre- elle le fit bien souvent en quelques dtc~nnies ! - pour dpendre dfinitivement dsormais des dirigeants du nouvel Empire romain. Les Gtes et les Grecs du Bas-Danube, lis depuis des sicles par tant d'intrts conomiques, mais aussi, comme on l'a vu, politiques, entraient prsent dans une nouvelle phase de leur existence dont la coordonne essentielle sera leur raction - dans le sens ambivalent du mot - la nouvelle autorit romaine.

    2. De Crassus Nron

    Prenant comme nouveau prtexte les attaques des Daces et des Bastarnes contre les Dentheltes, tribu dacique allie de Rome, le gouverneur de la Macdoine, Marcus Licinius Crassus, franchit en 29 av.n.. les Balkans et, se faisant aider par Rholes, le roi de certaines tribus gtes, dfait lesdits Bastarnes. Rpondant, l'anne suivante, l'appel du mme Rholes, il russit vaincre successivement deux autres dynastes gtes - Dapys et Zyraxes 23, cette fois srement de Dobroudja. Et si Lucul-lus ne s'tait, comme on l'a vu, souci, en 72j7l av.n., que des villes grecques du littoral, Crassus par contre pntre profondment en Dobroujda (la rsidence de Zyraxes, Genucla, se trouvait au nord, sur le Danube), tablissant ainsi un con-trle romain sur tout le territoire situ entre le Danube et la mer Noire. Comme nous allons voquer plus loin les modalits concrtes ayant permis d'assurer ce contrle, nous passerons brivement en revue les progrs de la conqute romaine de la Pninsule Balkanique, progrs qui ont abouti la constitution de la province de Msie dans laquelle la Dobroudja fut plus tard englobe. La province de Macdoine, cre ds 148 av.n.. avait longtemps constitu la seule base d'action romaine dans les Balkans. C'est seulement dans la seconde moiti du pr sicle av. n.. que fut cre la grande province de l'Illyricum dont se dtacheront par la suite la Pannonie et la Dalmatie 24 Des gnraux capables comme Cn. Cornelius Lentulus ou Sextus Aetius Catus - gouverneurs de l'Illyrie et, respectivement de la Macdoine -jettent, au cours des premires annes.de notre re, les fondements de la nouvelle province de Msie dont le premier gouverneur, A. Caecina Severus 25 est attest en l'an 6 n.. Le noyau de la nouvelle province doit tre cherch l'origine vers l'ouest, dans la valle de la Morava et du Timoc o se trouvait la zone d'opration de la IVe lgion Scythica et de la ve Macerionica. La rgion danubienne allant d'Arcar (Ratiaria) Guiguen (Oescus) tait confie au praefectus ( civitatium Moesiae et Treballiae), un de ces commandants dont les comptences s'exeraient spcifiquement dans des zones qui allaient tre officiellement annexes (CIL, V, 1838 =ILS, 1349). Au bout d'un certain temps, lesdites lgions jusqu'au Danube (elles sont men-tionnes, en 33 j34 et en 43 n.., propos de travaux visant corriger le cours du fleuve), tandis qu'aprs 46 n.. une nouvelle lgion- la VIII" Augusta- est instal-

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  • le Svi~tov (Novae) sur le Danube.26 La frontire orientale de la province de Msie tait ce moment la rivire Iantra et il faudra attendre le rgne de Vespasien pour voir les premires troupes auxiliaires romaines s'installer durablement en Dobroudja.

    Aussitt aprs la campagne de Crassus, l'intrieur de la rgion dobroudjane est transform en royaume clientlaire, confi probablement d'abord au nouvel alli de Rome, Rholes et, ensuite, aux dynastes odryses 27 A la mort de l'ancien alli de Marc Antoine, Rhoemetalces Ier, qui Auguste avait confi toute la Thrace (Dobroudja comprise) non sans lui avoir dit qu'

  • se contenter d'un statut tant soit peu avantageux qui leur permit de poursuivre une vie conomique normale. Nous avons vu plus haut qu'il n'est gure possible de parler d'un statut prfrentiel (celui de ville allie ou libre et exempte d'impts*) aprs la campagne de Lucullus. Et mme si - abstraction faite des documents dont nous disposons aujourd'hui - elles eussent obtenu un tel statut, il est certain que les volutions politiques ultrieures, notamment les nombreuses convulsions internes qui ont d se produire dans ces villes, en auraient pratiquement diminu la porte. Par contre, aprs la campagne de Crassus - lorsque rien ne pourra plus changer le cours de l'histoire- il est possible que des accords aient t conclus ou que des statuts aient t tout simplement prciss pour une plus longue priode. Malheu-resement, la raret des documents et la modicit des informations qu'ils fournis-sent rendent bien difficile la tche du chercheur qui se propos de faire lumire sur ces vnements.

    Ainsi, tout en pouvant noter qu'un temple, ddi, de son vivant, Auguste (ISM, 1, 146), donc entre 27 av.n. et 14 n.., a t rig Histria, et que, beaucoup plus tard, entre 47 et 68 n.., les gouverneurs de la Msie (de Tullius Geminus Pomponius Pius) rivalisrent de gnrosit l'gard de la ville (ISM, 1, 67, 68), rien ne nous permet d'en prciser le statut 32 Bien plus, les multiples interventions des gouverneurs au sujet de l'tendue du territoire histrien et des droits de la ville par rapport ceux des concessionnaires de la douane du Bas-Danube- inconcevables si Histria avait eu un statut juridique suprieur- pourraient faire croire qu'elle n'a bnfici que du statut de ville (stipendiaria) 33

    Il convient d'ajouter enfin que la premire lettre contenue dans l'horothsie, celle de Tullius Geminus, de 47-50, ne marque pas aussi la date de constitution de la douane romaine dans la zone, qui existait ds les premires annes de notre re, faisant seulement tat d'un pisode des conflits entre celle-ci et les Histriens, qui se prolongrent jusqu' l'poque de Trajan 34 C'est ainsi que disparat galement le dernier argument des partisants de l'annexion de la Dobroudja ds l'an 46 n..

    Tomis semble avoir t, comme Histria (Strabo, Geographia, VII, 6, 1) une petite ville>} (polihnion), mais son volution vers la future mtropole du littoral occidental du Pont Euxin fut vraiment impressionnante. Notons tout d'abord, ce propos, qu' la diffrence d'Histria et de Callatis, les ateliers spcialiss dans la frappe de la monnaie y reprirent leur activit ds le temps d'Auguste 35, ce qui rend tout fait explicable la relgation d'Ovide Ternis, entre dfinitivement dans l'orbite romaine. Ce n'est, certes, ni le cas, ni le lieu de nous attarder ici sur les mentions faites par Ovide au sujet de la vie mene Ternis, au dbut de notre re (8 n..-18 n.). Certaines d'entre elles ont dj t cites plus haut, d'autres le seront par la suite, car elles contiennent, toutes, un haut degr de vraisemblance, malgr des exagrations visibles 38 Notons pour l'instant propos des informations qu'il nous donne sur l'inscurit qui rgnait dans la zone en gnral et Tomis en parti-culier - thme qu'il voque le plus souvant et de la rigueur des conditions cli-matiques - que l'on ne pouvait s'attendre plus de scurit avant que des troupes romaines stables ne fussent installes en Dobroudja. Des situations vraiment dra-matiques comme celles voques dans la clbre inscription tomitaine concernant la mise en place de la garde de la ville ont d, de ce fait, se produire (ISM, II, 2). Malgr cela, la vie continue, comme Histria, son cours normal; une ddicace en l'honneur d'Agrippine, en qualit de mre de Nron, plutt qu'en tant qu'pouse de Claude (ISM, II, 37), prouve que le culte imprial gagnait, l aussi, toujours plus d'adeptes. Une mention spciale mrite cependant d'tre faite au sujet de l'in-formation fournie par l'horothsie histrienne (ISM, 1, 67, 68) selon laquelle une nom-breuse dlgation, envoye en mission par la ville situe sur la rive du lac Sinoe est arrive Tomis pour y rencontrer le gouverneur de la Msie, C. Terentius Tullius

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  • Geminus ( 47-50 n..). Tomis serait-elle dj devenue la rsidence du gouvernem de la province que l'on fixait d'habitude dans une cit ,libre"? Une rponse ne sau-rait tre clairement formule, mais comme la ville allait devenir la mtropole du litto-ral occidental du Pont Euxin, on peut le supposer 37

    S'agissant, enfin, de la ,ville" (selon Strabo, loc. cit.) de Callatis, il n'existe point de doute quant son statut juridique: il s'agit bien d'une :ille

  • le sige principal de la flotte t1avienne de Msie (classis Flavia Moesica), date du temps des Flaviens 41 Il est tout aussi sr que l'inscription d' Aegyssu3 en l'honneur de Titus (ISM, V, 286) prouve non seulement que les premiers lments militaires romains apparaissent en Dobroudja, mais que les bases mmes de (gr. gerousia), association destine avant tout la clbration du culte imprial. Tout cela ne fait que souligner l'ampleur de l'im-pact romain dans les vieux centres grecs. Il ne serait peut-tre pas inutile d'ajouter, dans cet ordre d'ides, tout en anticipant un peu sur ce qui suit, que l'hydronimie histrienne subit un processus de romanisation accentu (il y avait ainsi des rivires comme Picusculus, Turgiculus en l'an 100 n..; cf. ISM, 1, 67, 68).

    Par contre, le mme texte de Sutone - lequel, comme on l'a vu, se rapporte fort probablement l'annexion de la Dobroudja - nous rappelle aussi que l'empe-reur Vespasien a retir pour des raisons la fois politiques et conomiques, le statut de ,ville libre" maintes cits. Les enqutes pigraphiques et numismatiques vien-nent confirmer l'ampleur de cette mesure 45 Aurait-elle affect aussi les villes du lit-

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  • tora! occidental de la mer Noire? Dans le cas de Callatis nous ne disposons d'aucun lment certain ce propos. Pour Histria cela n'aurait mme pas t ncessaire; notons cependant que les ,gnreuses" lettres annexes l'horothsie histrienne cessent aprs Pomponius Pius, donc en 67 j68 n., ce qui veut dire que la ville a srement perdu, si elle l'a jamais eu, le statut de libera et que, de toute faon, elle tait devenue au dbut du II e sicle n., une ci vit as stipendiaria. Tomis, par contre, les effets de ladite mesure semblent pouvoir tre constats l'aide des documents pigra-phiques. Nous songeons tout d'abord au fait qu'Hadrien fut honor du titre de
  • Commenons donc par la ville de Callatis, en prcisant qu'elle semble avoir t, elle aussi, remise en bon tat (en l'espce l'enceinte,) ainsi que le suggre une inscrip-tion locale et le confirment les recherches archologiques 49 La dlimitation locale-problablement contemporaine celle d'Histria et rvlant que l'on procdait alor-s la resystmatisation des territoires ruraux de toutes les villes - prsente, nan-moins, certaines particularits (il s'agit d'un lotissement appel centuriatio) dans la terminologie des arpenteurs romains, qui semblent donner crdit l'opinion gn-ralement accepte suivant laquelle la ville avait conserv son statut d' (stipendiaria); Hadrien lui rendit la libert et, l'poque d'Antonin le Pieux, elle tait constamment appele Metropolis (ISM, Il, 54, 58, 59, 61, 72-70, 82, 85, 91-92, 96-97, 101, 105, 108, 110, 116, 398), signe qu'elle tait devenue officiellement la capitale de la partie grecque de la province. D'autre part, les recherches archologiques, rendues bien plus difficiles par les constructions ef-fectues dans la Constanta d'aujourd'hui, nous permettent seulement de supposer que les origines de l'enceinte romaine se situent vers le commencement du 11 8 sicle n..5I .

    Des donnes beaucoup plus nombreuses nous sont fournies sur Histria, tu-die de faon systmatique depuis plus de sept dcennies. L' horothiie (ISM, 1, 67, 68), mise le 25 octobre de l'an 100 n.. - et sur les incidences de laquelle nous reviendrons dans les paragraphes suivants - nous montre le gouverneur Manius Laberius Maximus fixer lui-mme les limites du territoire rural histrien, action in-concevable dans une ville jouissant d'un rgime juridique prfrentiel 52 L'intense activit dploye dans le domaine des constructions, materialise par l'rection de nouvelles enceintes et de plusieurs difices dont deux caractre thermal 53, ainsi que la remise en place de la grousie locale (ISM, 1, 193), toujours sous le rgne d'Hadrien, ont amen les Histriens a y voir- ainsi qu'en tmoigne un document local (ISM, 1, 199)- une deuxime fondation de la ville 54 *

    En poursuivant notre ,voyage", vers le nord, nous rappellerons seulement que la mme dlimitation histrienne (ISM, 1, 68) fait mention de la ville d' Arga-mum (Cap Dolojman, commune d'Unirea), peut-tre la mm que celle signale quelque part par Hecataios (VIe sicle av.n..) et sur laquelle nous n'avons plus de nouvelles jusqu' l'poque de Justinien 55 Les nouvelles recherches que nous avons entreprises Independenta (autrefois Murighiol, l'ancienne Halmyris) nous permet-tent non seulement de dduire que l'on peut, ds le dbut du ne sicle n.., parler d'un camp fortifi de terre, mais aussi que celui-ci a probablement t construit par une vexillation (unit composite) des lgions F ltalica et XP Claudia Pia Fidelis, datable ds le temps de Trajan 58 (avant l'arrive en Dobroudja de la ve lgion Macedonica?). Les fouilles plus rcentes effectues Aegyssus (Tulcea) permettent de dater, ds le Ile sicle n..57 , certaines constructions ayant appartenu soit aux baraques ( canabae) du camp, soit, plutt, l'ancienne agglomration indigne ( civitas). Cette questk>n - particulirement importante pour saisir les implications juridico-administratives du processus de romanisation - ne peut, la lumire des documents dont nous disposons prsent, tre lucide pour les villes-camps fortifis du dbut du II sicle n.., de Noviodunum 58 (Isaccea), Dino-getia 59 (Garviin) ou Arrubium 6 (Miicin). On peut, par contre, le faire pour Trocs-mis (Iglita), o, peu de temps aprs l'arrive de la ve lgion Macedonica, on voit apparatre les canabae de celle-ci, ct de la vieille civitas indigne de Troesmis, attestes simultanment par une inscription de 159-160 n.. (ISM, V, 158). Les doutes persistent aussi dans le cas du camp fortifi du ne sicle n.. de Carsium 61

    (Hr~ova), mais non pas dans celui de Capidava 62 - o l'ancien habitat indigne a t identifi une certaine distance du camp, juxtapos d'habitude aux canabae -

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  • ou, hypothtiquement, Axiopolis 83 (Cernavoda), vu l'importance de la vieille ville grco-indigne qui s'y trouvait. Enfin, rien de prcis ne peut tre affirm ce propos sur Sucidava (lzvoarele), peut-tre la plus importante cit du sud-ouest de la Dobroudja, mme si d'autres camps fortifis de la zone, tels celui de Sacidava (Mu-zait) furent srement btis au commencement du ne sicle 84

    Par contre, on peut affirmer prsent, en toute certitude, que la ville (et non pas, comme on l'a longtemps soutenu, le village, l'hypothse ayant mme t rcem-ment formule, qu'il s'agissait d'un municipium ds l'poque de Trajan et, en tout cas, de Marc Aurle 65) de Tropaeum Traiani a t fonde du temps de Trajan, srement en troite relation avec le monument triomphal du voisinage 66

    \

    ooDDDDOD 00000 DO DODO

    -- ==:.:...... 0 Sm

    Fig. 1. Tropaeum Traiani, Adamclissi, le monument triomphal de Trajan (reconstitution M. Sm-petru).

    -Quant l'artre danubienne, nous n'avons, comme on a pu le constater/pris en considration que les villes-camps fortifis qui ont, coup sr, t construites au dbut du II e sicle n.. Et, comme il est possible que d'autres villes aient t fondes au cours de ce mme sicle, on peut raliser que la vie romaine avait acquis l'poque une grande ampleur, la faveur d'un mcanisme dont nous dcrirons plus loin les rouages administratifs, socio-conomiques et culturels.

    La paix assure par Trajan allait continuer durant les rgnes d'Hadrien et d'Antonin le Pieux. Le choc produit par les attaques de la grande coalition barbare qui, l'poque de Marc Aurle, branla les fondements mmes de l'Empire romain fut d'autant plus durement ressenti. Prfigurant la grande crise qui allait clater

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  • au III" sicle, les guerres de l'poque de Marc Aurle, mirent au jour, pour la premi-re fois, le dsquilibre qui s'tait cr entre l'Empire- accul une dfense dses-pre des propres frontires- et le monde barbare, qui connaissait une vraie bul-lition. Aussi certains historiens estiment-ils que l'Empire tait, d'ores ct dj, entr dans une crise irrversible 6 7.

    Lesdites attaques contre la Dobroudja peuven-t tre situes vers l'an 170 n.. JI s'agit d'une part des incursions terrestres des Costobc-1n~s (peuplade dace) qui paraissent avait affect ks localits d'Jndependenta, Ncviodunum, Dinogetia, Capidava et surtout le municipe de Tropaeum Traiani 68 et, d'autre part, des raids lancs partir de la mer par d'autres peuplades (les Bastarnes r:-:-rmaniques?), qui ont caus de graves dgts aussi bien Histria (l'enceinte, les m~numents mention-ns) qu' Tamis ou Callatis 69 (dont les enceintes urbaines semblert avoir t srieu-sement endommages).

    5. De Afarc Aurle Gallien Le redressement de la Dobroadja romaine, comme d'ailleurs de l'Empire

    en gnral, commence toujours sous le rgne de Marc Aurle pour atteindre l'apoge sous celui de Septime Svre et de ses fils. Les nouvelles structures socio-conomiqucs de l'Empire rompent, dan~ une grande mesure, avec les traditions antrieures, an-nonant bien des gards, celles de l'poque de Diocltien et de Constantin le Grand.

    Nous reviendrons avec plus de dtails, mais pour l'instant notons - dans-l'ordre dont nous parlions - la rtection de l'enceiGte callatienne l't'poque de M. Valerius Dradua 70, gouverneur de la Msie en 171-172 n.., et de l'nceinte de Tamis (ISM, II, 21, 22), o furent construits plus tard, peut-tre l'poque des Svres, de grands difices, tel celui mosaque (centre commercial de la cit-si l'on en juge d'aprs l'inscription place sur le fronton de l'une des votes des magasins situs sous la salle pave de mosaque; ISM, Il, 387), ainsi que le Len-tiarion (en fait le vestiaire des thermes publics; ISM, II, 389). Notons aussi l'in-tense activit de reconstruction dploye Histria, reflte par les vestiges archo-logiques de l'enceinte et des deux difices thermaux 71 et par des pigraphes (remise en tat du port et du gymnase local; ISM, 1, 179, 178, 181). Ajoutons que l-aussi, comme Callatis, la dlimitation trajane fut recopie l'poque des Svres (ISM, I, 67, 68). Les mesures adoptes n'ont pas tard s'avrer efficaces du moment que les villes de Tomis (ISM, II, 92, 96, 97, 105) et d'Histria (ISM, 1, 89-93,. 99, 141), mais non pas aussi celle de Callatis, ont pu s'attribuer elles-mmes le tite de (gr. lamprotatai), dans la premire partie du III e sicle n..

    Passant maintenant l'artre danubienne - mise, elle aussi, durement l'preuve par les guerres du temps de Marc Aurle - signalons la recoP-struction du camp d'Independenta 72, du sige de la flotte danubienne de Noviodunum, cit devenue peut-tre, au mme moment, t!n municipit-m'3, de la localit de Dino-getia et du camp fortifi de Capidava 74 D'autres documents pigraphiques du limes (Arrubium, Carsium, Axiopolis) ' 5 confirment cette restauration dont les effets contriburent l'lvation, peu de temps aprs, de la ville de Troesmis au rang de municipium 76 La Dobroudja comptait dsormais au moins trois viiies ayant accd ce rang (Je municipe de Tropaeum Traiani tait, lui aussi, reconstruit), ce qui prouve l'intensit du processus de romanisation, poursuivi par cette voie galement.

    Cette nouvelle priode de calme relatif s'achve vers la fin de la quatrime dcennie du III sicle. C'est alors que commence, ainsi qu'en tmoigne une source ancienne (Historia Augusta, Maximus et Balbinus, 16, 3), la guerre scythique (bellum Scythicum) qui continua, sous les empereurs Gordien et Philippe l'Arabe, pour culminer avec le dsastre subi par Decius, le premier empereur romain tomb

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  • sur le champ de bataille, en affrontant les Goths de Kniva, quelque part dans le sud de la D~broudja (251 n..). La priode d'inscurit se prolonge, ainsi qu'en t-me>igncnt les textes, pendant les rgnes de Valrien et d! Gallien, cause des nom-breuses incursions, effectues surtout partir de la mer, par la peuplade germanique des Goths 77

    D'une faon gnrale, l'Empire fut branl jusque dans ses fondements, clans la priode 238-269, lorsque tous les grands centres urbaines de la Dobroudja subiront, tour tour, de graves destructions. Plus difficiles Estimer dans le cas de Callatis et de Tomis, elles furent les pires dans celui d'Histria qui fut tout simple-ment rase. Le terme employ~ dans Historia Augusta que nous venons de mentionner est celui d'excidium, ce qui prouve que l'vnement a d fortement impressionner les contemp~rains 78 Des destructions semblables ont pu tre constates dans les locaEts d'Independenta, Noviodunum, Dinogetia, Capiclava, Sacidava et Tropaeum Traiani 79 Le fait, pour les autres villes, de ne pas figurer sur cette liste est d, sans doute, l'absence de recherches archologiques systmatiques. Les armes romaines ayant pratiquement perdu, dans cette prioje, le contrle de la zone, comme d'ailleurs des autres provinces europennes de l'Europe, la D.)broudja devint une vraie via gentium. Nous insistons ds maintenant sur cet aspect qui permettra de mieux: saisir l'essence de la crise de l'organisme tatique romain, due partielle-ment aux co:1tradictions inter:1es, mais aussi, comme on le verra, dans une mesure pas du tout ngligeable, des facteurs extrieurs.

    6. De Claude il Numrien

    Il a fallu l'intervention nergiq..1e de Cl!lude II pour contenir temporairement la pression des Goths. C'est aa cours de la b:ltaille qui a cu lieu, en 269 n.., Naissus ( pr.':sent Ni5), que l'empereur crasa un.e immense coalition de barbares germaniques, ce qui lui valut d'entrer \lans l'histoire sous le nom de Claude II le Gothique)).

    En ce qui concerne la D0broudja, cette victoire portera des fruits plus tard, l'poque des empereurs Aurlian et Probus. C'est pendant cette priode que l'ence!nte callatienne fut reconstruite 80, comm;: d'ailleurs aussi celle de Tomis 81 Les Histriens, si peu nombreux qu'ils restassent, se virent obligs de construire une nouvelle enceinte, mesurant s~ulement 7 hectares, alors que l'ancienne enceinte romaine en mesurait 30. On co;1statera un peu plus tard, dans l'espace devenu extramural, l'apparition de tombeaux appartenant une ncropole qui s'tendra, avec le temps, jusque sous les murs de la nouvelle cit. Impresionnante s'avre la nouvelle enceinte mme -pour laquell: on n'a plus creus des fondations-, qui s'taie sur les colonnes de vieux difices, disposes de travers et qui fut cons-truite en utilisant aussi des spolia (inscriptions, fragments architectoniques, restes d'difices antrieurs) 82

    la lumire des dcouvertes faites par nous-mme Independenta - o la reconstruction, sous la forme aujourd'hui vi>ible du camp fortifi, date coup sr de cette priode- comme de celles de Noviodunum, Dinogetia, Capidava, Sacidava et, le cas chant, de Trop:1eum Traiani 83, on peut se dem:1nder si l'ensemble des cits qui s'enchanaient sur le D:tilube au Iv sicle, n'a pas eu ses origines en cette mme fin du IIP sicle n.. Mais il faudra attendre des temps meilleurs, ceux de Diocltien, de Constantin le Grand et, beaucoup plus tard, de Justinien, pour que les constructions nouvelles puissent se rapprocher du point de vue de la qualit de celles des II"-Illc sicles n.. En dpit d'un dclin qualitatif donnant mme parfois l'impression de ruralisation- la priode des IV"-VII" sicles sera

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  • marque par les effets nuisibles des invasions incessantes plutt que des faibles~es internes-, le nouvel ordre tabli par Diocltien et, eGsuite, par Constantin le Gr~nd a jet les fondements durables de l'Empire romano-byzantin dont l'eff:cacit et 1~ solidit se rvleront au fil de ph.: sieurs sicles.-

    n. L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE

    ~~~-~'-------" _;,- .... _ "\. ------\

    .-------\ CIVLCF< l\1\\)l, '\ MEMORIAM SI

    ~~:~fi~E~E~Ni ~ IVGl SVAE SEV!I \\ VOPfRliBf OS SVO SFfC't T lio 1 , CIPRINCEP ~ \ \ OVINOVEN~'~ ALISTEI\1'':'-''-'' 1 ~~ 1 ! CAPIDAVEN51 j \

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    /

    part l'intrt d'ordre gnral, les con-sidrations qui vont suivre ont aussi une va-leur paradigmatique dans la mesure o les structures administratives de l'Empire romain pourront, la lumire des documents locaux, tre identifies aussi en Dobroudja. Cela exige de prciser tout d'abord les stntuts juridiques des villes ct de leurs territoires ruraux, ainsi que des localits de moindre importance qui en faisllient partie.

    Le sous-chapitre prcdent contient des rfrences cette question, mais le thme n'y fut qu'nonc sans d'autres explications, l'int-rt tant surtopt attach aux mutations inter-venues dans les statuts juridiques. Prcisons pour l'instant que les villes grecques dont l'ancienne organisation tait pratiquement main-tenue, taient considres dans le droit romain des villes trangres)) (civita tes peregrinae). Certaines d'eDtre elles bnficiaient d'un trait>> (foedus), pcrtant de ce fait le nom de ciritates foederatce. leur S!;=ttut dpendait des clauses des traits (le cas lie Callatis) qui pouvaient a.voir ln (arac1Cre d'15alit (foedera

    aequa)-ou d'ingalit (foedera iniqua). Plus explicite sfmb!e avoir t la situation des villes libres ou libres et exemptes d'impts>, (ciritates libt:rae ou liberee et

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  • immunes), mme si, comme on le verra (dans le cas de Tomis), seules les villes ayant obtenu le droit italique (ius ltalicum), pouvaient jouir d'une exemption relle. Ces deux catgories de villes chappent au contrle du gouverneur de la province, tant considres extrieures (exterae). Par contre, la troisime cat-gorie de viiies prgrines, celle des villes soumises au paiement de J'impt>) ( civi-tates stipendiariae, le cas d'Histria) dpend des dcisions du gouverneur 84

    Quant aux villes romaines, elles ont, comme on l'a vu, une origine on peut dire militaire, car auprs des units militaires stables on installait les baraques du camp ( canabae), qui constiturent les noyaux d'agglomrations de type urbain. Dan; certains cas, les vieilles civita/es indignes - pas toujours faciles identifier - c >ntigus elles aussi, aux units militaires, contribueront la constitution des ainsi-dites doubles communauts ( canabae fcivitates) dont la fusion donnera naissance aux villes de droit romain, les numicipia (le cas de Troesmis et, probablement, de Noviodunum). Il existe, nanmoins, aussi d'autres modalits, non-militaires, de promotion municipale, telles que l'lvation, au rang de municipe, de certaines cMtates (le cas de Tropaeum). Nous dfinirons, en temps voulu, les caractristiques municipales, mais, il convient de rappeler ds maintenant que les municipes des provinces de l'Empire reprsentaient un chelon intermdiaire entre les cits indi-gnes et les colonies romaines, qui taient, du point de vue de la juridiction romaine, des villes dans toute l'acception du terme. Le fait que de telles villes ( coloniae) n'aient pas exist en Dobroudja, ne doit point faire croire que l'urbanisation romaine y a t plutt limite. Il y a aussi, notamment dans la zone orientale de l'Empire, d'autres provinces dans lesquelles les villes de ce type n'existaient pas, sans que l'on puisse dire que la paix romaine n'y ait pas runi, dans le mme creuset, Jes villes grecques et romaines 85

    Il convient de retenir, enfin, que les territoires de toutes ces villes connais-saient une intense vie rurale, stimule par l'existence de nombreux villages (vici), terme plurivalent dans la hirarchie administrative romaine, qui dsignait aussi bien des agglomrations prurbaines (le cas d'Ulmetum), que des communauts villageoises (le cas de Buteri::lava). Ce coin de province qu'est la Dobroudja comptait un plus grand nombre de vici que toute autre province romaine. Aux explications absurdes - mentionnes dans l'avant-propos - que certains ont voulu donner cc phnomne, on peut opposer l'argument, bien plus solide, de l'exis-tence d'une vic rurale florissante avant t'arrive des Romains. On a vu et on verra par la suite, dans le d:!tail, que la toponymie des villages de la Dobroudja permet une telle explication. Ajoutons, dans cet ordre d'ides, le rle jou par la consti-tution de semblables collectivits auprs des possessions, d'abord isoles, des premiers colons romains 81i.

    Pour ce qui est d(!s units administr.ttives plus amples dont la Dobroudja fai'5ait partie, il convient de mentionner tout d'abord lapraefectura (ripae Thraciae). Son existence est, comme on l'a vu, atteste e,1tie 12-50/57 n.., mais elle peut tre prolonge jusqu' la fin de la dynastie julio-claudienne. La prfecture tait limite l'ouest par la rivire Iantra, au sud par les Balkans, l'est par la mer Noire et au nord par le Danube 87

    Nous n'insisterons pas sur les particularits d'une province romaine, vu que la Dobroudja ne reprsentait, aux 1"-111" sicles n.., qu'une partie de la province de Msie Infrieure. Prcisons seulement propos de cette-dernire qu'il s'agissait d'une province impriale, autrement dit militaire ( la diffrence des provinces snatoriales o les trOltpes sont attestes occasionnelkment), dirige par un ancien consul ayant le titre (traditionnel) de dlgu de l'Empereur, ancien prteur>) (legatus Augusti pro praetore). Directement subordonns celui-ci taient les corn-

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