super connard et moi (grand lake stories t. 1)...
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ContenusSuperConnardetMoi!CopyrightRésuméCitationDédicaceDéfinitions1-IZZY2-SHAWN3-IZZY4-SHAWN5-IZZY6-SHAWN7-IZZY8-SHAWN9-IZZY10-IZZY11-IZZY12-SHAWN13-IZZYUnderniermotDésirsArdentsSentinelleLÄTTProchainementNotes
©Copyright2016ClémenceLucas©Illustrations:WilliamSalvatore
TousdroitsréservésRelectureetcorrections:TeamC&C
SuperConnardetmoi...
Àbientôt22ans,Izzyestunejeunefemmemaladroitemaisterriblementattachante.Rick,luiestleSuperConnard.Lebeaugosseàl'étatpurquiusedesoncharmepourtouteslesfairetomberetneseprendpaslatête.Touslesdeuxjouentauchatetàlasourispendantplusieursmoisjusqu'aujouroùIzzyselaisseattraper.Maistelestprisquicroyaitprendre,lerôleduchatn'estpasforcémenttenuparceluiquel'oncroit.
Leseulmoyendesedélivrerdelatentationc’estd’ycéder.OscarWilde
ÀtouslesSuperConnardsquenousavonscroisédansnosvies,Sansvosfauxpas,nousn’aurionsjamaisrencontrénotretypebien.
Qu’est-cequ’unconnard?D’aprèsleLarousse,connardestunnommasculinouunadjectifquireprésenteunimbécile,un
crétin.Selonnous,lesfilles,ils’agitavanttoutdutypebeaucommeundieu,quilesaitetenjoue–seservir d’une pauvre fille étant un bonus non négligeable. Le connard par excellence s’assume entoutescirconstances.MaisilyaaussileSuperConnard…Ilneveutpasd’unerelationavecvousmaisrevientàlachargedèsquevousessayezdel’oublier.
Quediredutypebien?C’estlemecquin’estpasforcémentleplusbeauouleplusintelligent,maisquivousrespectera,
vousaimeraetnevoustrahirapascarilneveutquevotrebonheur,quitteàlefairepasseravantlesien.Ilestsouventreléguéaurangdemeilleurpote.
1
IZZY
—Non,maisarrêteunpeudeleregardercommeça,ondiraitquetesyeuxvontsortirdeleursorbites!
—Hein,quoi?C’estàmoiquetuparles?—Pfff,tuespathétique!Reprends-toi,ilarrive.Commetous lesmatins,RickDiamondvientauJoe’sCoffeepourcommandersonéternelpain
aux raisins - cappuccino avant de retourner à son salon de tatouages. Comment je le sais ? Toutsimplement parce que j’en pince pour ce type depuis l’adolescence et qu’ilmetmes hormones enébullition. Il a tout du sex-symbol : grand, à la carrure d’un combattant deMMA, brun aux yeuxmarrons, toujoursunebarbedequelques jourssur levisage,multiples tatouagessur lesbrasetunsourireàfairesedésagrégerinstantanémentvotrepetiteculotte.Croyez-moi,j’exagèreàpeine.J’aicetteimpressiontouslesjoursqueDieufaitquandilpassecetteporteetqu’ilmesourit.
—Jepeuxavoirmonespressomaintenant?Je sursaute etm’excuse auprès du client que j’avais complètement oublié en regardantRick se
mettredansmafiled’attente.Bettyabeauavoirmoinsdepersonnesàsonguichet,ilpassetoujourssacommandeaumien.Jenesaispassic’estvolontaireous’ilaimejustemeprovoquerou–maislàjerêve,j’ensuiscertaine–sijel’attireunpeu.Nousneparlonspasbeaucoup,mais…Ahhhhhh!Cesregardschargésdesous-entendusetcessourirescoquins…Bref,j’ail’impressionquenousjouonsaujeuduchatetdelasouris.
—Deux dollars quarante-cinq, dis-je en tendant le café avec mon plus beau sourire au clientmécontent.
Je sers rapidement les deux autres personnes puis c’est au tour de Rick. Il s’accoudenonchalammentàmoncomptoir.
—Salutbeauté.—Salut,Rick,commentçavaaujourd’hui?—Plutôtpasmalettoi?—Malpartoutàcausedemonfootingmatinal,maisçava.Ilm’offresonplusbeausourireetjesenslerougememonterauxjoues.Non,maisquelleidiote!
Ilfaudraitvraimentquemoncerveaufiltrecequipeutsortirounondemabouche,çachangeraitunpeu.JesuisMissCatastrophe,lareinepourcasserdesobjets,mettrelespiedsdansleplat–oudanslecasprésent,parlersansréfléchir.
—Dommageque j’ai une tonnede rendez-vous, je t’auraisbienproposéunmassage, dit-il enm’adressantunclind’œil.
—Jesauraim’ensouvenir.Non,maisquellemouchemepique?!Jerougisdeplusbelleetluitendssacommanded’unemain
hésitante.Rickl’attrapeetdéposesamonnaiesurlecomptoir.—J’ycomptebien.Puisilmelancesonfameuxsourireenpleinefigureetquittelecafé.Jerestequelquessecondes
figée, les bras ballants, les yeux hagards lorsque je reçois une claque derrière la tête quime faitreveniràlaréalité.Jeclignedesyeux,hébétée.
—Tubavesunpeu,là,aucoindelalèvre,meditmacollègueetmeilleureamieenmetendantsontorchond’ungesteironique.
—OharrêteBetty,t’esnulle.—Cen’estpasmoiquisuiscomplètementaccrodeSuperConnard.—Tusaisbienquejedétestequandtul’appellescommeça!luireproché-je.—Izzy,jet’adorevraiment,maiscemecs’esttapélestroisquartsdesesclientesetlamoitiéde
GrandLake,sicen’estplus.Ilsaitqu’ilplaîtetilenjoue,cen’estpasungarspourtoi.—PasdetoutGrandLake,protesté-je.Iln’estjamaissortiavecmoi,nitoi,nimêmemacousine
Wendy.—Ilsel’esttapéedanssacabinedetatouages.—N’importequoi!Wendyn’enaaucund’abord.—C’estparcequ’ilsnesontpasvisibles...Interdite,jefixeBetty.Commentest-cequ’ellesaitça,elle?Joesortdescuisinesetnouscoupe
dansnotreconversation,m’empêchantd’enapprendreplus.—Jenevouspaiepaspourjacasser,maispourservirlesclients.Allez,auboulot!dit-ild’unton
bougon.—Bienpatron!crions-nousdansunbelensemble.Joe est un amour. Âgé d’une bonne cinquantaine d’années et doté d’un certain embonpoint, il
passesontempsàrâlerpourunrien;maissoussesairsd’oursmalléché,c’estunhommeenor.Trèsprochedesesemployés,ilestunpeuunsecondpèrepourchacundenous.
Bettyetmoinousremettonsautravailetlamatinéepasseàtouteallure.
Quinzeheures. Jequitte enfin le restaurant et aperçoisRick en trainde fumerune clope sur letrottoir.Calme-toi,respire,sourisetmarchelatêtehaute.Neluimontrepascombienilteperturbe.Jesors une cigarette demon sac et l’allume. J’essaie deme donner une contenance et ne pas laisserparaîtremesémotions.Jeperdsdéjàsuffisammentmesmoyensquandjeleserschaquematin!
J’arrive à sa hauteur. Il me salue d’un signe de main et m’adresse son légendaire sourireséducteur.Bienévidemment ébranlée, j’essaie tantbienquemalde rester imperturbable et le saluesanspourautantm’arrêterenroute.
—Jevoisqueçaal’aird’allermieux,dit-ilaumomentoùjeledépasse.Je m’arrête net et manque de trébucher en coinçant mon talon entre deux pavés. Je chancèle
légèrement…me stabilise en levant les bras – tel un funambule sur sa corde – etme retourne enpriantintérieurementpourqueRickaitloupélascène.
—Jolirattrapage.Merde!Siseulement jepouvaisêtremoinsmaladroite…Etpuisd’abord,qu’est-cequ’il fait là,
lui?—Dis-moi,tunedevraispasêtreentraindetravailler?—Mon rendez-vous a été annulé auderniermoment. Finalement, j’aurais eu le tempspour ce
massage…,dit-ild’unevoixtraînante.—Pa…pardon?—Tuasbienditquetuavaismalauxjambes?demande-t-ilenlevantunsourcilnarquois.Seigneur ! Il ne plaisantait donc pas tout à l’heure ! Je ne le pensais vraiment pas sérieux, et
maintenantjesuismuette,intimidée…C’estlacata,jesuissûrequejeressembleàSimplet,maisenversionféminine!
—Euh…oui…désolée.J’étaisailleurs…lafinduserviceettoutça.Çavamieux,ilfallaitjustequeçapasse.
—T’essûre?J’aiuneheureàtireravantmonprochainclient,insiste-t-ilenmelançantunregardlourddesous-entendus.
Jemesenstelleunesourispriseaupiège.Deuxsolutions:soitjefoncetêtebaissée,soitj’esquiveetjemelajoueingénue.Ouais,l’ingénuec’estbien.
— Certaine, affirmé-je d’une voix exagérément enjouée. C’est gentil de proposer Rick. Uneprochainefoispeut-être?
Iltireunedernièreboufféedesacigaretteetl’écrasedanslecendrierdevantsaboutique.—Quandtuveux,beauté,dit-ilenmefaisantunsignedelamain.Puisilretourneàl’intérieur.Je secoue la tête et me remets à marcher, un petit sourire aux lèvres. Ce type me rend
complètementdingue!Jem’explique:Rickreprésentemonidéalmasculinetjesuiscertainequ’illesait. Après tout, je ne connais pas beaucoup de personnes, hommes ou femmes, qui ne soient pastombéssoussoncharme.Déjà,aulycée,ilétaitcemeccooldonttoutlemondevoulaitêtrel’ami.Àlafac,ilétaitmembredesSigmaPhiOmega,c’était l’emmerdeur,lepirecauchemardesnouvellesrecrues.Capitainedel’équipedesBuffaloes,ilavaittoutletempsderrièreluiunearméedegroupiesquiattendaitqu’ildaigneleurjeterunregard.C’étaittoutsimplementlastardeGrandLake.
Aujourd’hui,ilaterminésesétudesets’estlancédanslestatouages.Cequin’apasétéaugoûtdetout le monde. Du jour au lendemain, Rick a annoncé à ses parents qu’il ne serait pas architectecomme ils l’avaient prévu et qu’il avait décroché son diplôme afin qu’ils lui fichent la paix. Justeaprès,illeurapprenaitqu’ilavaitsuiviuncursusartistiqueenparallèlequ’illuipermettraitdevivredesapassion.L’heuresuivante,ilseretrouvaitàlarue.Commentjelesais?Toutsimplement,caràl’époquej’habitaischezmesparentsetnotremaisonjouxtaitlasienne.Cejour-là,commesouvent,jeguettaislesfaitsetgestesdeRick,etj’avaissurprisleurdispute.
Maisrevenonsàmonattirancepourlui.Jen’aijamaisressentiçapourpersonned’autre.Biensûrj’aieuplusieurspetitscopains,etmêmedessentimentspourcertains,maisrienquiressembleàça.Là… il n’est pas question d’amour, je dirais plutôt que c’est physique, une attirance qui dépassel’entendement.JesaispertinemmentqueBettyaraison:RickDiamondutilise lesfillescommedeskleenex.Justeunbonpouruneseuleutilisationet ilpasseà lasuivante.Lepire,c’estqu’ilnes’encachemême pas.Dès le départ, il annonce la couleur : pas d’attache, juste un plan baise et quandSuperConnardenamarre…ehbien,ilsebarre!Pourtant,àchaquefoisquejesuisensaprésence,j’ai l’impression d’avoir quinze ans.Mon cerveau arrête de réfléchir,mes jambes tremblent,moncœur tambourine dans ma poitrine et lorsque Rick me parle, c’est simple : je ne respire plus.D’habitude,j’aibeauessayerdemasquermontrouble,mesjouesetmesyeuxbrillantsmetrahissent,parconséquentmonsieurenprofitepourenjoueretmedéstabilisedavantage.Saufqu’aujourd’hui,pour la première fois, les rôles ont été inversés et j’en suis plutôt fière.Malgré tout, il reste unproblème et de taille : si seulement je pouvais rencontrer un mec bien, avec une situation, del’humour…untypenormal,toutsimplement.
J’entre dans mon immeuble et monte au premier étage. Lorsque j’arrive devant ma porte, jecroiseShawn,monvoisindepalierqui, luiaussi,rentrechezlui.Ilestsympa,serviableetpourneriengâcher,plutôtbeaugarçon.Jem’entendsbienaveclui,mêmesi jen’iraispasjusqu’àdirequenoussommesamis–potes,àlarigueur.
—Salut,Izzy,tuasfinitajournée?—Ouietmaintenantplaceauxrévisions!dis-jed’unairfaussementenjoué.—Situasbesoind’uncoupdemain,surtoutn’hésitepas.J’aitoujoursenmémoirelescoursde
MrGrant,dit-ilavecunsourirechaleureux.
—C’estgentilShawn,maisçaira,merci.—Commetuveux.BonaprèmIzzy.Qu’est-cequejedisais?DuShawntoutcraché:toujourslàpourrendreservice.J’ouvre la porte et pénètre dans mon petit appartement. Sitôt le seuil franchi, je retrouve ma
sérénité.C’estunpetitduplex,lachambresetrouveenmezzanine,lavuedonnesurlelacetmêmes’ilnefaitquecinquantemètrescarrés,jem’ysensvraimentenpaix.Jemesouvienslejouroùjel’aitrouvé:jefeuilletaisdistraitementlejournalenprenantmonpetitdéjeuneretj’aiaperçul’annonce.Je suis tombée littéralement amoureuse de l’appartement alors j’ai cherché un job et j’ai postulécomme serveuse chez Joe. Deux jours plus tard, je commençais à travailler et quittais le coconfamilial.
J’adoremesparentsetmesquatrefrèresetsœurs:Peterestl’aîné,Derekestentroisièmepositionetenfin,lesjumellesJosieetDebbiequin’ontquedouzeans.Notremaisonestrarementsilencieuseet réussir à travailler dans ce brouhaha incessant tient dumiracle. Je suis en fin de premier cycleuniversitaireetmêmesijen’aipasencored’idéeprécisedecequejeveuxfaire–unMBApeut-être–jejouemonavenir.Ilmefautlesmeilleuresnotespossiblesetsipourmedonnertoutesleschancesd’yarriver, jedois faire trente-troismilespouralleràBoulderehbien,ça lesvaut largement !Etpuis…j’aibientôtvingt-deuxans,jeressenslebesoindem’émanciper,devivremaviecommebonmesemble,sansjugement.J’aimeinvitermesamispourboireunverreoupourréviserengroupeetpeut-êtremêmequ’un jour, j’oserai inviterRick.Etvoilà ! Ilyavait longtempsqu’ilne s’étaitpasimmiscédansmespensées,celui-là.Mêmesij’aitoujourscraquésurlui,iln’ajamaisautantenvahimonespritquedepuisquejelevoispresquetouslesjours,lorsquejebossechezJoe.Ilfautvraimentquej’arriveàmelesortirdelatête,masantémentaleendépend!
Commetous lesvendredissoirs, je retrouvemabandedepotespourboireunverre.Desmond,Jed,Ripley,NolanetRickformentavecmoilenoyaudurdenotregroupedepuisl’écolematernelleet,malgrénosemploisdutempschargés,nousnousefforçonsdenousvoirauminimumunefoisparsemaine.Cesoir,nousavonschoisid’allerauJoe’sCoffeeetj’avouequel’idéevientdemoi.Jesuisraidedinguedemavoisined’enfaceetilsetrouvequ’ellebosseicidèsqu’ellen’estpasencours.Nousn’avonsquequelquesannéesd’écartor,jusqu’àcequ’elleentreàl’université,jenelavoyaisuniquement comme la petite Izzy, sœur de Peter Young, le quaterback des Buffaloes. Trèsfranchement,jenesaispascommentj’aifaitpournepaslaremarquerplustôt.Elleestblondeauxyeux bleus, une fille dont la beauté naturelle vous coupe le souffle et elle ne sait même pas quej’existe.Enfin,non,cen’estpasvrai.Jesuissonvoisindepalier,nousavonsgrandidanslemêmequartier,maisellenemevoitpasdelamêmemanièreque,moi,jelavois.
Desmond,JedetRipleys’installentàunetablependantquejechercheIzzyduregard,maispourlemomentjenelavoispas.Elledoitsûrementprendresapausecigarette–mauvaisemaniequ’ellen’arrivepasàarrêter.Comment je lesais?Toutsimplementparceque j’aidéjàsurprisunedesesconversationsavecsonamieBetty.
—J’aicommandénosboissons,ellesnedevraientpastarder,ditNolanennousrejoignant.—EtRick?Quelqu’unadesnouvelles?demandeJed.—Cepetitconest leplusprochedubar,mais il sedébrouilleencorepourêtre ledernieràse
pointer,ditDesmond.—Ildoitsûrementsetapersadernièreclientedansl’arrière-boutique,dis-jeenriant.Soudain,devantmoi,jevoispasserunbrasquidéposevivementmonverredewhiskysurlatable.
Entournantlatête,jedécouvreIzzy,lesjouesrougesetlessourcilsfroncés,visiblementdemauvaisehumeur.
—Merci,Izzy,dis-jeavecunsourireauquelellerépondparunegrimacecrispée.—Jeprendraisbienunscotch,sansglace,s’ilteplaît,beauté.Rick,quejen’avaispasvuarriver,caresseduboutdesdoigtslachutedereinsd’Izzyets’installe
àmescôtés.Elledéglutitpéniblementetacquiesced’unsignedetêteavantdeluilancerunsourireàfaire se damner un saint. Je ne comprendrais jamais rien aux femmes ! Que peuvent-elles toutestrouveràRick?J’attrapemonverreetlevideculsecavantqu’ellereparteetluicommandelamêmechose.Moiquiaichoisicetendroitpourlavoiretpasserunebonnesoirée,jesuismaintenantsurlesnerfs.Jesaisqu’iln’yajamaisrieneuentreIzzyetRick,mêmesimonpoteestlepiredesconnardsaveclesnanas,ilrespectenotrecode:onnetouchepaslesmeufsquiintéressentlespotes.
—T’asbaiséquipourarriverencoreledernier?demandeRipley.—Tusaisquejenefaispasquebaiser?J’aiunboulotaussi,luirépondRickenricanant.—Sérieusementmec?—JeremplissaisledragondeHankLudwig.Pasbesoindepréciserquej’auraispréférématerle
ventreden’importequellenanaplutôtquedevoirlegrasdecegars.J’observecetéchangesansriendire,tropoccupéàrepenserauxdoigtsdeRicksurledosd’Izzy.
Lesmecslèventleurverreetboiventunegorgéedeleurbière.Aumêmemoment,IzzysematérialiseànoscôtésetdéposelesboissonsqueRicketmoiavonscommandées.Ellen’arrêtepasdejeterdescoupsd’œilfurtifsendirectiondeRickalorsqu’ellenemelancepasunseulregard…Jedevraisêtrehabituéàvoirdesnanas le lorgnerde lasorte,maisquand ils’agitd’elle, j’aienviedemettreunedroiteenpleinegueuledemonami,alorsqu’iln’yestpourrien…Enfin,pasvraiment…
—Mercibeauté.Aufait,toujourspasbesoindemassage?Je fixe attentivement Izzy et vois le rouge lui monter aux joues. Passablement énervé, je bois
encoreunefoismondeuxièmeverre,culsec,avantdelereposerbrutalementsurlatable.L’alcoolbrûlant toutmonœsophage, jememetsà tousserbruyamment.Izzysursaute,commesiellen’avaitpluseuconsciencedumondequil’entouraitetmeregardeenfronçantlessourcils.
—ÇanevapasShawn?—Si,si,trèsbien,jerépondssèchement.Unebière,s’ilteplaîtIzzy.—Tuneboisjamaiscommeçad’habitude!s’exclame-t-elleensondantmonregard.—Donc,cemassage?nouscoupeRick.Non,maisilvaunpeuarrêtersonmanège,lui!Àquoiiljoue,bonsang?!Jelefusilleduregard.—Çaneserapaspouraujourd’hui,dit-elleenrougissantunpeuplus.—Quandtuveux,beauté,tusaisoùmetrouver,conclut-ilenluiadressantunclind’œil.Çamerendfou,jebouslittéralement.Jen’attendsqu’unechose:qu’ellelerembarre.Mais,Izzy
éclated’unrirelégeretquittenotretablepourallerenserviruneautre.JedévisageRick.—Quoi?medemande-t-ild’unairinnocent.—C’estquoi,cettehistoiredemassage?—Unpetitjeu,maist’inquiète,ellen’entrerajamaisdedans:elleesttropcoincéepourça.—Faisgaffe!Nefaispastonconnardavecelle,jetepréviensRick…—Sinonquoi?s’emporte-t-ilsoudain.SérieuxShawn,jesaisquetuenpincesgravepourelleet
je ne comprends pas ce que tu attends pour te lancer. Je joue, ni plus nimoins que ce que je faisd’habitudeetjenetetrahiraipas,mec.
—Ohlesgonzesses!Vousêteslàpourcomploterouvousvousmêlezànous?Onn’arrivepasàsemettre d’accord…Qui a les plus gros seins ? PamelaAnderson ouCarmenElectra ? demandeRipleyenriant.
C’est du Ripley tout craché. Il n’y a que lui, pour sortir ce genre de trucs improbables. Nouséclatons de rire et nous mêlons aux conversations débiles de nos potes. Malgré les années, lesdisputes, lesbagarres aussi ; et bienquenosvies aientprisdes cheminsdifférents ; nous sommestoujours aussi soudés. Jed estmenuisier,Desmond, conseiller dansunebanque ;Nolan, peintre enbâtiment quant à Ripley, il est tatoueur comme Rick. Moi ? Je suis manager d’une société detélécommunications.Unefoismesétudesterminées,jesuisrentrédanslasociétéSlyasafox1entantquesimpleopérateur,etce,malgrémondiplôme.Toutefois,j’aisurapidementgravirleséchelons.
Aujourd’hui,jegèreuneéquipedetrentepersonnes.Notrerôleconsisteàdémarcherlesgensàdomicile et leur proposer des devis que ce soit enmatière d’assurance, d’économie d’énergie oud’eau.Les boîtes avec lesquelles nous travaillons ont les prix les plus compétitifs dumarché et sivousêteschanceux,nouspouvonsvousfaireéconomiserquelquescentainesdedollars.Cen’estpasle métier de mes rêves, seulement une solution temporaire permettant de payer les factures enattendantdemettresuffisammentdecôtépourmontermapropreentreprise.
J’aimeraisracheterl’hôtelTheSunset,situésurlesbergesduGrandLake.IlappartientauvieuxMcMillanqui l’acomplètement laisséà l’abandonalorsquece lieudisposed’uncadremagnifiqueavecvuesurlelacd’uncôtéetdel’autre,lesmontagnes.LarégiondeGrandLaketrèstouristique,nous avons la chance de vivre dans une ville où il fait soleil presque trois cents jours par an etlorsqu’en hiver, il neige, cet endroit est tout simplement incroyable. Quoi qu’il en soit, je suisconvaincuquecethôtelpourraitcartonnersionprenaitletempsdeluirendredesasuperbe.
Deuxheuresplus tardetaprèsplusieurs tournées,JedetRipleys’amusentàpariersur le tempsqu’ilfaudraàRickpourrepartiravecsanouvelleproie.Depuisunquartd’heure,ilajetésondévolusurunegrandeblondeàgrosseinsquidoittoutjusteavoirdix-huitans,maisqu’importe,àpartirdumomentoùelleacequ’ilfaut,làoùilfaut.Franchement,sijeneleconnaissaispasdepuistoutescesannées,jenesuispassûrqu’aujourd’huinousserionsamis.Jenesupportepassoncomportement,safaçon d’entrer dans une pièce comme s’il était en terrain conquis ou d’user de ses charmes sansjamaispenserauxsentimentsdesautres,nimêmeauxconséquences.Iln’ajamaisétéamoureuxetjenesaisd’ailleurspass’ilsecaseraunjour.Mêmesinoussommesjeunesetquenousavonsencorelargementletempsavantdepenserànousmarieretfonderunefamille,j’estimequ’ilfautrespecterl’autreunminimum.Biensûr,j’aidéjàeudesplansculs,maisjen’aijamaisagisciemmentcommeunconnard.JenesuispascommeRicketnecomptejamaisl’êtreunjour.
—Encorecinqminutesetilrepartavecelle.—Tudisn’importequoi,Jed,jeluidonnesoixantesecondespourfranchirlesportes.Jeregardeattentivementlascènesejouerdevantmoi.Lananaestaccoudéeaucomptoir,ellefait
tourner unemèchede ses cheveux entre ses doigts pendant queRick lui chuchote quelque chose àl’oreille.Jenesaispascequ’il lui raconte,maisquelques instantsplus tard, lablonde terminesonverred’unetraiteetembrasseRickàpleinebouche.Moinsdetrentesecondesplustard,ilglissesamaindanslapochearrièredujeandelafilleetilsquittentlebar,collés–serrés.
—File-moitesvingtbillets,Jed.—Pourquoiçatombetoujourssurmoi?selamente-t-ilavecunegrimacecomique.—ParcequetuesassezbêtepourparieravecletypequibosseavecRicketlevoittouslesjours
draguer,dis-jeenlevantmabière.Je prends une grande lampée de ma boisson et lance un regard vers le bar. J’aperçois Izzy
chuchoteràl’oreilledeBettypuisellesortdurestaurant.Sansréfléchiruneseuleseconde,jemelèveetlasuis.
—HeyShawn,oùtuvas?T’asmêmepasfinitabière!Je ne réponds pas àDesmond– si tant est que ce soit lui qui parle – et sors àmon tour. Sans
grande surprise, je trouve Izzy en train de fumer une cigarette, adossée au mur. Elle sembleterriblementénervéeet regardevers leciel.Jesorsmonpaquetetenprendsune, faisantexprèsdelaissermonbriquetdansmapocheafindepouvoirentamer,l’airderien,uneconversationavecelle.
—Salut,dis-jeenmemettantdevantelle.Izzybaisselesyeuxetmeregarded’unairsurpris.—Oh…Salut,Shawn…—Tuauraisdufeu?Ellemetendsonbriquetetaspireuneboufféedesacigarettepuiselleexhalelafuméeenfaisant
des cercles.Nous restons quelquesminutes sans parler, chacun fumant en silence, le regard perdudanslefirmament.Finalement,jeprendsmoncourageàdeuxmainsetessaiedelafairesortirdesonmutisme.
—Çan’apasl’aird’aller?—Pa…Pardon?—Tum’asl’airénervée,alorsquecematintoutsemblaitallerbien.Tusaisquesituasbesoinde
parler,jesuislà?—C’estgentilShawn,mais…çaneméritemêmepasd’enparler,enfait.—Tuenessûre?— J’sais pas, dit-elle en recrachant la fumée et écrasant sa cigarette. Est-ce que… non, laisse
tomber.Jevaisyaller.Bettydoitsûrementpéteruncâble,seuleavectoutcemonde.
—Jesuissûrqu’ellepeuttrèsbiens’ensortirencoredeuxminutes.Allez,Izzy,posetaquestion,lapoussé-jegentiment.
Elle prendune profonde inspiration et regarde sonmégot au sol.Devinant qu’elle en fumeraitbienuneautre,jeluitendsmaclopequ’elleaccepte.Elletirequelquestaffesdessus.
—OK,tuasraison.Bon,jemelance…as-tudéjàétéattiréparunechosetoutensachantqu’ellen’estabsolumentpasfaitepourtoi?
—Toutdépenddequelgenredechosesnoussommesentraindeparler,avancé-je,soudainementsuspicieux.
—Disonsquec’estunefille…OK…terrain…miné,jenepeuxpaslalaissercontinuer.—Si tu parles deRick, tu feraismieux de te trouver un autremec sur qui fantasmer, lâché-je
brutalement.—Wouah!Jenem’attendaispasàcetteréponse.—DésoléIzzy,maisilsautetoutcequibougeettuneseraisqu’unnumérodeplusàajouteràsa
listedeconquêtes.—Et si j’avais envieden’êtrequ’unnumérodeplus ? s’emporte-t-elle.Qui te dit que je rêve
d’êtrecellequileferachanger?—C’esttoiquivois,maistuferaismieuxd’enparleravecBetty,jesuiscertainqu’ellesaurate
conseillermieuxquemoi.—Ellem’adéjàditlamêmechose,jevoulaisjusteavoirunavismasculin,mais…—Laisse-moideviner:commejesuissonpote,tupensaisquej’allaistepousserdanssesbras?—Untrucdanslegenre,avoue-t-elleenrougissant.—Tu vaux bienmieux que toutes ces filles qui ne voient pas plus loin que son physique. Tu
méritesunmecbien.Ellemeregardedroitdanslesyeuxetm’offreenfinlesourirequejedésiraistantdepuisledébut
delasoirée.Unvéritablesourire,venudufondducœur,illuminantsonvisageangélique.—DommagequeRicknesoitpascommetoi,Shawn.T’esvraimentunmecbien…Elleavanced’unpasetm’embrassesurlajouepuisretournedanslebar,melaissantcommeun
adochambouléparseshormones.Commentsefait-ilqu’ellenevoiepascombienjesuisfoud’elle?J’aimeraistantqu’ellecomprennequ’untypecommeRickn’estpasfaitpourelleetquemoi,jesuistoutdisposéàêtreceluidontelleabesoin.
3
IZZY
Jedétestelesamedimatin.Commed’habitude,laveille,RicketsabandesontvenuschezJoepourleursoiréebeuverie,etcommeàchaquefoisSuperConnardestrepartiavecunenana.Celanedevraitpasmemettresurlesnerfs,pourtantjesuisàfleurdepeaualorsqu’ilesttoutjuste…neufheuresdumatin!Jemelève,enfileunetenuedejogging,attachemescheveuxetquittemonappartementenuntempsrecord.J’aibesoind’évacuerlapressionetriendetelqu’unfootingpourseviderlatête.Endescendantlesescaliers,jecroiseShawn–uncafédechezJoeàlamain.Jelesalueavecunsourireetun petit signe de la tête, mais ne m’arrête pas. Hier soir, pendant ma pause, nous avons eu uneconversation bizarre. Il semblait furieux que je puisse être intéressée par Rick et m’a dit que jeméritaismieuxqueluialorsquec’estl’undesesplusvieuxamis.Jamaisauparavant,iln’avaitfaitderemarquedecegenreetcelam’avraimentlaisséunedrôled’impression.
Je prends mes écouteurs, mets en route ma playlist spécial samedi et m’élance dans la rue,d’abordenpetitesfouléespendantquejetraverselarueprincipale,puisbifurquesurlepetitsentierquilongelelac.J’accélèrepeuàpeulerythme,mesenjambéessontdeplusenplusfluidesaufuretàmesure que la musique classique s’envole dans mes écouteurs. Préférant habituellement la pop,lorsquejesuisd’unehumeurdechieniln’yaqueMozart,ChopinouBeethovenpourmeremonterlemoral ainsi que le panorama qui s’étend devant moi. Il n’y a pas à dire, Grand Lake avec sesmontagnesRocheuses,sonlacetsonbeautempsomniprésent,estunpetitcoindeparadis.Lesoleilbrilleaumilieudulac,lesoiseauxchantent,lesmontagnesentourentlaforêt.Seuleombreautableau,cettevieillebâtissequepersonnen’oserénover.C’esttellementdommagedevoirTheSunsetcommeça,alorsqu’ilaunsibeaupotentiel.
La sonnerie d’un SMS interrompt momentanément le Prélude N°1 en do majeur de Bach, jem’arrêteuninstantpourlelireetreprendremonsouffle.
Betty:SoiréeprévuecesoirchezlesSigmaPhiOmega.Jepasseteprendreà20heures. Moi:J’aidespartielsàréviser. Betty:Aucuneexcuse,tubossespasdetoutleweek-end.Réviseenjournée!
C’esttoutBetty!Mameilleureamieestunefêtardequineratejamaisuneoccasionet–quejeleveuilleounon–ellearrivetoujoursàm’entraîneravecelle.
Jerangemonsmartphonedansmapocheetfaisdemi-tour.J’augmentelevolumedelamusiqueetreprends mon footing. Il ne manquait plus qu’une soirée dans une fraternité et pas n’importelaquelle !Pourquoi tout se réfère toujoursàRick?Quand il était étudiant, il faisaitpartiedecettefraternitéetiln’estpasrarequ’ilsoitencoreinvitédetempsentemps.Ets’ilétaitlàcesoir?Ilnemanquerait plus que je le voie repartir une fois de plus avec une nouvelle fille. Je préfère encorerévisermescoursd’économiejusqu’àenmourird’ennui.
Jebifurquedanslagrand-rueetmeprendslespiedsdansunpavémalenfoncé,merattrapantinextremisaubrasd’untypequipassaitparlà.
—Ehbien!Décidément,tuvasfinirpartomberundecesjours,dit-ilenriant.Jerelèvelatêteetdécouvrequeletypeenquestionn’estautrequeRick.Maisc’estpasvrai!Le
sorts’acharnesurmoiouquoi?
—Lamairiedevraitvraimentrefairelarue,dis-jeenm’écartantvivementdeluicommesij’avaisétébrûléeàsoncontact.
—Ladernièrefoisquetuasfaitunfootingmatinal,tuavaismalpartout.Dois-jeterappelermaproposition?dit-ilenm’offrantunclind’œilcoquin.
—Tusaisquoi?Undecesjours,jevaisvraimententrerdanstonjeuetjevaisdébarqueràtonsalonpourl’avoircemassage,dis-jeenluisouriant.
—J’aihâtequecejourarrive,beauté.Et sans me laisser le temps de lui répondre que ça n’arrivera jamais, il reprend son chemin.
Troublée,jeleregardes’éloignerendirectiondesonsalonetsecouelatête.Moiquifaistoutdepuismonréveilpourlechasserdemespensées,ilfallaitquejetombesurlui!
Il est presque vingt heures.Betty ne devrait plus tarder à arriver et je suis toujours devantmapenderie,attendantquemesvêtements sautentde l’armoire–commeparmagie–pouratterrir surmonlit.Jenesaispasquoimettreetàvraidire,jen’aivraimentpasenvied’alleràcettesoirée.J’ensuismême à espérer que Joem’appelle pour faire des heures supplémentaires au café, j’aimêmehésitéuninstantàl’appeleretleluiproposer;maisjecroisqueBettyauraitétécapabledevenirmechercheretmefairesortirmanumilitari!Lasonnettedelaported’entréeretentitetjecriedepuismachambre:
—Entre!J’entendslaportes’ouvrir,maissansserefermer.QuefaitBetty?—Jesuisdanslachambre,crié-jeencore.J’entendssespasdans lecouloirpuisunraclementdegorge.Masculin.Jemefigeuninstant…
Non… C’est pas vrai ! Je me retourne lentement et me retrouve nez à nez avec mon voisin,visiblementautantgênéquemoi.
—Ohmerde.Jesuisdésolé,dit-ilenseretournantvivement.—Euh…non,c’estmoi…jepensaisquec’étaitBetty,dis-je,rougecommeunetomate.Restezen,faiscommesiriennes’étaitpassé.Iln’yapasmortd’homme.T’espasàpoil,nonplus.
J’attrapeàlahâteunT-shirtetunjeanetlespasserapidement.—TupeuxteretournerShawn,dis-jeaprèsm’êtreéclairci lavoix.Tuavaisbesoindequelque
chose?—Ehbien…je…euh…,dit-ilencherchantsesmots.Jeremarquequesonvisageestécarlateetsepassenerveusementunemaindanssescheveux.—Izzy?LavoixdeBettyprovenantdel’entréeinterromptcemomentétrange.—Danslachambre!crié-jeavantdem’adresseràShawn.Jesuisdésolée,maisjesuispressée,
Bettyvametuerquandellevavoirque…—MonDieu!T’esmêmepasprête!dit-elleenentrant.Euh,salut…Shawn!Qu’est-cequetufais
là?J’interrompsquelquechoseou…?—JesuisvenudemanderàIzzysielleavaitdusucreàmedépanner.—Dusucre…biensûr,continuemonamie.—Oui,j’enaiplusetjeviensdemefaireuncafé,sejustifie-t-ilencore.—Évidemment,dit-elled’unairsceptique.—Bettyarrêtedenouscharrier,onestdéjàassezàlabourrecommeça.Tupeuxdonnerdusucre
àShawnpendantquejemeprépare?
—OK,dépêche-toiunpeuetnet’habillepasenmodemémère.Enlèvecejeanetmetsunerobe!—Bienm’dame,luidis-jeenfaisantunsalutmilitaire.Maintenant,sorteztouslesdeux!Jeregardeunedernièrefoismapenderieetdécidedesuivrelesconseilsdemameilleureamie.
J’attrapeunerobecouleurframboiseetunepaired’escarpinsnoirs.Jemechangerapidement,vérifieunedernièrefoismonmaquillage,passeunemaindansmachevelurepourluiredonnerduvolumeetquittemachambre.
Je retrouve Betty en grande discussion avec mon voisin voleur de sucre dans la cuisine.Lorsqu’ilsmevoientarriver,tousdeuxs’arrêtentimmédiatementdeparler.
—Ah,enfin !Tues superbemachérie.PasvraiShawn? luidemande-t-elled’un ton lourddesous-entendus.
—Euh…oui…Tues…magnifiqueIzzy,dit-ild’unevoixlégèrementrauque.—Bon,Shawn,désoléemonvieux,maisondoityallermaintenant,ditBettyen lui faisantune
bisesurlajoue.OnsevoitchezlesSigmaPhiOmega?—Sûrement,répond-ilenselevant.Bonnesoiréemesdemoiselles.Puisilmelanceundernierregardénigmatiqueetquittemonappartement.C’étaitquoi,ça?—Ilestvraimentvenuchercherdusucreoutumecachesquelquechose?medemandemonamie
sitôtlaportefermée.—Betty,tusaisbienquejenetecacheriendutout!protesté-je.Shawnestjustemonvoisinetles
voisinss’entraident,non?—Entouscas,jesuissûrequeluineseraitpascontre.Ilenpincepourtoi.—N’importequoi!C’estunpote,riendeplus!—Unpotequiétaitdanstachambrependantquetuétaisensous-vêtements…—Jecroyaisquec’était toiquand il a tapé.Etpuis,merde ! J’aipasàme justifier, lâche-moi,
Betty!— Mouais. Ben, en attendant, c’est dommage, car il n’a pas l’air d’être un connard, lui,
contrairementàl’autre.Jelèvelesyeuxaucieletsoupire,passablementagacée.—OnpeutéviterdeparlerdeRick,làtoutdesuite?Ellehausselesépaulesetsortsonsmartphonedesonsac.Ellesemetàcôtédemoiettourneson
téléphoneversnousafindefaireunselfie.Jejouelejeuenenvoyantunbisouimaginaireetquelquessecondesplustard,laphotoseretrouvesurlesréseauxsociaux.C’esttoutBetty,ça!Dèsqu’ellefaituntruc,ellelepostedirectementsurFacebook:nouvellecoupedecheveux,nouvelletenue,unresto,unciné…Toutestsoigneusementmisàjoursursonmuralorsquej’éviteunmaximumdemettredesphotosdemoi.Personnellement,jenemetrouvepasphotogéniqueetj’aimeavoirmonjardinsecret.
Nous quittons mon appartement et montons à bord de la Shelby GT 500 de Betty. Mon amieallumelecontactetessaiedemettreenroutelemoteur.Savoituren’étantplustoutejeune,ellepeineàdémarrer.
Jevousensupplie,Seigneur,faitesquecetacottombeenrade!C’estpromis,jenepenseraisplusàRicketréviseraisàfondmespartiels.Pitié!
Malheureusement,laguimbardecracheuneépaissefuméenoireetlemoteurvrombit.—Jesaiscequet’étaisentraindefaire!dit-elleensetournantversmoietmelançantunregard
torve.Jelaregarded’unairingénuetluioffremonplusbeausourire.—Jenevoispasdequoituparles…—Matitineestplusvaillantequecequetucroisetcesoir,onvafairelafête!C’estcompris?Sansajouterunmot,j’acquiesced’unsignedetête.Satisfaite,Bettys’insèredanslacirculationet
metlaradio.Commeunsignedudestin,noustombonssurletubedeSia,CheapThrills,jesuisfandecettechanson.Nouschantonsàtue-tête,cequimemetfinalementdansl’ambiancepourm’amusercesoir.RickDiamondoupas,jecomptebienprofiterunpeudemesvingt-etunans.JevaisessayerdefairecommeBettyetarrêterdemeprendrelatête,aumoinspourunesoirée.YOLO2!
4
SHAWN
Putain!Jen’avaisfranchementpasenvied’alleràcettesoirée.Maislorsquej’aivuIzzyaveccetterobeserendrechezlesSigmaPhiOmega–SPO–…impossibledenepasm’yrendre.Lesmecsdelafraternitésonttousdesconnardsetquandilsvontlavoirhabilléedecettefaçon,ilsvontàtourderôle, essayer de lamettre dans leur lit.Rien que d’y penser, j’en ai la nausée et les poings qui secrispent–jesuis limiteprêtàendécoudre.Jefranchis lesportesdeSPOetdécouvresansgrandesurprise des gars jouer au beer pong, certains « en chasse » – entendez par là qu’ils sont à larecherchede leur coupdu soir– etd’autres, en trainde simulerdes combatsdeMMA, sous l’œilamusé de Rick et la bande. Je les rejoins autour du billard en prenant au passage une bière etm’installeàcôtédeJed.
—Tiens,t’eslàtoi?!Jecroyaisquetunevoulaispasvenircesoir,ditRipleyenlevantsaBudpourtrinquer.
—J’aichangéd’avis.—Uneraisonparticulièreàcerevirementdesituation?mequestionne-t-ilenarquantunsourcil.—Qu’est-cequeçapeuttefoutre,Ripley?Jesuislà,onnevapasenfaireuneaffaired’État.—Àmonavis,çaaunlienavecIzzy,intervientDesmondquienrajouteunecouche.—C’estclair,surtoutquandonvoitcommentelles’esthabillée,c’estunvéritableappelausexe,
renchéritRipley.—Pardon?dis-jeend’untonmenaçant.—Oh!Ducalme,Shawn!Ildisaitçapourplaisanter,pasdequoifouetterunchat…—…Ouunechatte,ajouteRickgoguenard.Je boisma bière d’une traite et cherche Izzy du regard. Vu commemes propres amis parlent
d’elle, je n’ose imaginer ce qui peut bien se passer dans la tête des autres gars ici présents. Jen’entends plus les conneries que débitentmes potes, nimême lamusique qui braille à travers lesenceintesdissimuléesunpeupartoutdanslamaison,tropconcentréàrechercherl’objetdemondésiraumilieudelafoule.Soudain,j’aperçoisl’épaissechevelureroussedeBettyvirevolteraumilieudesdanseurset jedécided’aller la rejoindre.Si jenesuispasenmesurede trouver Izzy, sameilleureamiepourracertainementm’yaider.
Jemefaufiletantbienquemalaumilieudesdizainesd’étudiantsdéjàfortalcoolisésetlorsquej’arriveàhauteurdeBetty,jevoisIzzyentraindedansercollé-serréaveccetabrutideSanders.CetypenevautpasmieuxqueRickenmatièredefillesetIzzynereprésentequ’unecroixdeplussursontableau de chasse. Instinctivement, mon sang ne fait qu’un tour et sans réfléchir, je les rejoins.Lorsqu’ellem’aperçoitenfin,Izzysejettedansmesbrasetpasselessiens–menusetdoux–autourdemoncou.
— Tiens, salut voisin, dit-elle d’une voix traînante, un grand sourire aux lèvres et empestantl’alcool.
—Jecroisquequelqu’unadéjàtropbupourcesoir,dis-jeenfronçantlessourcils.—Etmoi,jecroisaucontrairequetun’aspasassezbu.—Tudevraisfaireunpeuplusattentionàtoi,Izzy.Ellemelanceunregardnoir,retiresesbrasdederrièremanuqueetessaiedesedégageralors
quejeraffermismaprisedanssondos.—Izzy…—Lâche-moi,Shawn.Jen’aipasbesoind’unchaperon,dit-elleenmerepoussant.—OK,c’estcomme tuveux.Maisnevienspasmedireque jene t’aipasprévenuequand,dès
demain,tuferaslaunedesragotsducampus.—C’estquoitonputaindeproblème?!s’emporte-t-elle.—J’enaipas.Aprèstout,situaimestetournerenridicule,çateregarde.Etlà,sansquejen’aierienvuvenir,ellem’envoieunegiflemagistraleenpleinefigure.Jereste
parfaitementstoïquealorsqu’elleposesamainsursaboucheetreculed’unpas,lesyeuxécarquillésdestupeur.
—Merde…Jesuisdésolée,Shawn.—J’imaginequejenel’aipasvolée,dis-jeironique.Puis sans rien ajouter, jeme retourne et traverse la pièce d’un pas décidé. Je rejoins les gars.
J’attrapeaupassageleverredewhiskydeRipleyetleboisculsec.—Netegênepassurtout.—LafermeRipley!Mespotesmedévisagent.Jesuisgénéralementlepluscalmedetousetnepètequerarementles
plombs.Maislà,sijem’écoutais,jecroisquejepourraislâchermesnerfssurn’importequiettrèsfranchement,Ripley,làtoutdesuite,feraittrèsbienl’affaire.
—OK,Shawn.Tupassesunemauvaisesoirée,commenceDesmond.—Wouah,t’astrouvéçatoutseul?réponds-jesarcastique.—OK,OK.Seuleunefillepeuttemettredanscetétat.Alors,écoutemonpote.Tuveuxl’énerver
?Tuveuxqu’ellesoitautantenrognequetoi?intervientRick,leregardpleindedéfi.Jeregardemonverrevideettoutàcoup,touteslesboissonsdemespotessematérialisentsous
monnez.JeprendslabièredeJedetenboisunegrandelampée.—Sitantestqueçal’énervevraiment,pourquoipas!C’estquoitonplan?—Cesoir,mec…Tufaistoutcommemoi,meraille-t-il.—Rick…—Aucuneobjection,Shawn,m’interrompt-il.Ce soir,monvieux, tu n’es plus le type normal,
maisunconnard!
Le lendemain matin, je me réveille avec une gueule de bois carabinée et ouvre les yeux. Jeregarde lapièce– le litdans lequel je suisn’estpas lemien.Merde!Jeme redressed’unbondetdécouvre une jeune femme endormie à mes côtés. Soudain, la soirée de la veille me revient enmémoire. J’ai accepté le challenge de Rick et j’ai passé la majeure partie de la fête à boire et àdraguer toutes lesfilles,célibatairesounon,faisant toutmonpossiblepourqu’Izzyremarquemonpetitmanège.J’aifinalementjetémondévolusurMindy…Cindyouuntrucdanslegenre.
Putain!JenevauxpasmieuxqueRicksurcecoup-là.Jemelèveenfaisantlemoinsdebruitpossibleetattrapemesvêtementséparpillésausol.Ilme
manqueencoreunechaussette,maisWendy–oupeuimportesonnom–estentraindeseréveiller.Jem’habilleàlahâtepuisjefileàl’anglaise.Iln’yapasàdire,j’aibienapprismaleçond’hiersoir:jesuis un parfait connard et je déteste ça. Je dévale les escaliers et ouvre en trombe la porte del’immeuble.Jemeretrouveenpleinmilieudesrésidencesdesfraternitésétudiantes.Jeregardetoutautour demoi afin de repérer ma voiture, mais visiblement je l’ai laissée chez les Sigma.Foutu
Karma!C’estbienmavaine,jemetrouveàaumoinstroismilesdelà.Çadoitêtremapunition,enplusdumaldecrâne,pouravoirétéaussistupide.Moiquivoulaisénerver Izzy, jemeretrouve ledindonde la farce. Je suis certainqu’ellen’amêmepas remarquéceque j’ai fait, tropabsorbéeàdanseravecl’autrecondeSanders.
Au bout d’une interminable demi-heure, j’arrive enfin àma voiture. Les bizuts des Sigma PhiOmegasontentraindenettoyerlesdégâtsencorevisiblessurlapelousependantquelerestedelamaisondortencore.Jelesregardeuninstant,repensantàmesannéesétudiantesdésormaisderrièremoi. J’ai eu la chance de n’être jamais un bizut puisquema famille est une des fondatrices de lafraternitéetj’ensuisbiencontentquandjevoisdequellemanièreilssonttraités.
JemonteàborddemaMustangetcherchemeslunettesdesoleilrangéesdanslaboîteàgants.Ilesttoutjustedixheuresdumatin,lesoleilculminedéjàhautdanslecieletsesrayonsm’aveuglentàcausedecette fichuegueuledebois.Je rentrechezmoienrespectant la limitationdevitesseetmegaredevantmonimmeubleunebonnetrentainedeminutesplustard.Jecoupelecontactpuissorsdemavoiture.Lorsquejerefermelaportière,jetombenezànezavecIzzyqui,commetouslesmatins,s’apprêteàfairesonfooting.
Prudent,jetenteuneapprocheenfinesse.—Salut!Pourlafinesse,onrepassera.Ellehochesimplementlatêteetmetenplacesesécouteurssurlesoreilles.OK,messagereçu!Elles’élancedanslaruesansmêmemelancerunregardpuisbifurquesurlesentierlongeantle
lac. J’entre dans l’immeuble et monte les escaliers menant à mon appartement. Je regardemachinalement la porte d’Izzymême si je viens tout juste de la croiser dehors et entre chezmoi.Quandjepensequ’hiersoirellem’agifléetqu’aprèscela,jemesuisbourrélagueulejusqu’àfinirdanslelitd’unefilledontjen’aimêmepasretenuleprénom…
Finalement,enyrepensant,jen’aipaseubesoindeRickpouragircommeuncrétinfini!Jen’aiaucundroitsurIzzyetàchaquefoisquejel’aivue,soitelletravaillait,soitellesortaitavecsacopineBetty sans jamais allerdans l’excès. Je l’ai traitéecomme l’unedecesvulgaires fillesqui courentsansarrêtaprèslesmecscommeRick,alorsqu’elleatoujoursétéunefillebien.Ellem’enveutpeut-êtrepourçaoualorselleavumonpetitjeudelaveilleetj’airéussiàlacontrarier.Mêmesilaraisondesonagacementestladeuxièmehypothèse,jeneressenspaslebien-êtrequejepensaiséprouverenayantréussi.Aucontraire,jemesenscommeunparfaitconnard!
5
IZZY
Maispourquoi faut-il toujoursque jesoisunaimantàconnards?Quand jepenseà lamanièredonts’estcomportéShawnhiersoir,jesuistoutsimplementdégoûtée.Monvoisindepaliernevautpas mieux que Rick et les autres mecs dans son genre.Moi qui croyais que c’était un type bien,visiblement jemesuisbien trompéesursoncompte.Jenesaispaspourquoicelametoucheautantpuisquec’est àpeine sinous sommespotes.Mais…la façondont ilm’aparlé le regardqu’ilm’alancéaprèslagiflemonumentalequejeluiaimisenpleinmilieudelapistededanse,meperturbentplusquejenel’auraiscru.
Jel’aicroisétoutàl’heureenallantfairemonfooting.Ilestencorehabilléavecsesvêtementsdelaveille,lescheveuxhirsutes,ilavaitlatêtedeceluiquiseréveilleavecunegueuledeboiscarabinéeetc’estbienfaitpourlui!DirequeBettypensaitqu’ilenpinçaitpourmoi…sitelavaitétélecas,iln’auraitpasdraguétoutcequibougesousmesyeuxenbuvantplusquederaison.Etaprès,çajoueaupèremoralisateurenmedisantquejemetourneenridicule!Maispourquiilseprendàlafin?Etpourquoicelam’énerve-t-ilàcepoint?Après tout, jem’attendaisàquoi,au juste?Legarsest lemeilleuramideRickdepuisl’écolematernelle,commentai-jepuêtreassezstupidepourpenserqu’iln’estpascommelui?Décidément,monjugementenmatièred’hommesestcomplètementàcôtédelaplaque.Jevaisfinirvieillefilleavecdouzechatsetonmeretrouveramorteplusieursjoursaprès!
Ilfautquejemeressaisisse.Lesexamensdefind’annéearriventàgrandspasetensuitej’auraideuxmoispourmeposerdesquestionsexistentielles.Pasquestiondefoutreuneannéeenl’air,toutçaàcausedemeshormonesquimejouentdestours.J’étaisdéjàbienembêtéedenepenserqu’àRickà longueur de temps,me voilàmaintenant en train de songer sans cesse àmon voisin en train defourrersalanguedanslabouchedel’autreandouilledeMelody!Beurk!
J’attrape mes cours de management et décide de me plonger dedans. Avec un peu de chance,quandj’auraisterminéderéviser,jeseraitellementassomméequejenepenseraisplusàrienetquetoutecettehistoireseraderrièremoi.
Je regardemesnotes avecunair las.Cela fait quatre interminablesheuresque jebûche sur cepartieletpourtant,c’estcommesijen’avaisrienfait.J’aibeaulireetrelireplusieursfoislesmêmespassages–rienàfaire–mamémoiren’imprimepas.Impossibledemeconcentrer.MespenséessetournentindéniablementversRickouShawn.L’un,carilreprésentemonfantasmemasculinàl’étatpur, allez comprendre pourquoi j’ai toujours eu une préférence pour le genre bad boy plutôt quemonsieur tout le monde. L’autre, est un gars plutôt pas mal, gentil et serviable, mais j’aimalheureusementconstatéqu’ilpouvait,luiaussi,êtreuncrétindepremière.
Siseulementjepouvaisêtreunpeumoinscompliquée!Jevoispresque tous les joursRickaubar,quantàShawn, je lecroisequasimentautant,c’està
croirequ’ilslefontexprès!Etpuisc’estquoi,cettefaçonqu’ontlesmecsdetoujoursjoueravecnosémotions?Fuis-moi,jetesuisousuis-moi,jetefuis,onnesaitjamaissurquelpieddanser!
Jedécided’arrêterlesfraisavecmesrévisionsetvaisdanslacuisinemeservirunverred’eauetgrignoterunpetiten-cas.Avectoutça,j’aicomplètementoubliédemangeretjecommenceàavoirletournis.Ilnemanqueraitplusquejetombedanslespommes,et,mavisiondelavieilledameseuleretrouvéemorteplusieurs joursplus tard, refaitsurfacedansmatête.Avec lachanceque j’ai,si jem’évanouissais,j’heurteraisaupassagelecoindelatablebasseet…adieuIzzy!Lorsquejenemepointerai pas au Joe’s Coffee, Betty essaiera de m’appeler et comme je ne décrocherai pas, elleaccourraàmarescousse,mais troptard…MonDieu!J’aivraimentungrainpouravoirdes idéespareilles.
Jefaisuncrochetpar les toiletteset lorsque jecommenceàbaissermonpantalon, j’entendsunplouftrèssignificatifquejeneconnaisquetropbien.Non…Dites-moiquecen’estpas,ceàquoijepense.Jeregardelacuvetteaveceffroietdécouvremonsmartphonesousl’eau.Non,maisc’estpasvrai, ils’estprispourNémoouquoi?! Je lesors immédiatementetaccoursdans lasalledebains.Cecin’étantpasmapremièreexpérienceaquatiqueavecmontéléphone,jesorsmonsèche-cheveuxetcommence à le sécher. Pourvu qu’il marche encore… Pourvu qu’il marche encore, prié-jeintérieurement.J’aiéconomisépendantquelquetempspourmel’offriretvoilàqu’ilfinitcommeleprécédent,noyéaufonddelacuvette.Auprixoùl’onpayecesmachins,ilsferaientmieuxdelesfaireétanches!Oualors,ilfaudraityfaireunpetitplusattention…Unefoislemodeséchageeffectué,jeretire la carte SIM et vais dans la cuisine. J’attrape un paquet de riz et immergemon téléphone àl’intérieur. Il ne me reste plus qu’à espérer qu’il ressortira indemne de cette mésaventure. Siseulementjepouvaisarrêterd’êtrelareinedesgaffeuses!
Lelendemainmatin,montéléphonenes’esttoujourspasremisdesonplongeondanslestoiletteset je suis d’une humeur de chien. J’arrive au Joe’s Coffee avec un quart d’heure de retard, maislorsquemon patron aperçoit mamine défaite, il s’abstient de tout commentaire. Je dois vraimentavoirunetêteàfairepeurpuisquemêmeBettyneditpasunmot.
Lelundimatinestlejouroùilyaleplusdemondeetjesuisheureusedenepasavoiruneminutederépitpourruminer.Soudain,jeressenscommeunlégerpicotementsurmanuquependantquejeprépare un Latte glacé et je sais ce que cela signifie. Rick vient d’arriver. Je ne comprends pascomment il est possible que mon corps réagisse en sa présence même quand je ne le vois pas.Toujours est-il qu’il est bien là quand jeme retourne et que je tends son gobelet àAndy, l’agentimmobilier du coin de la rue. Rick avance nonchalamment jusqu’àmon comptoir etme lance unsouriremalicieux.
—Salutbeauté,dit-ilenmefaisantunclind’œil.Agacée par la réaction demon corps et n’ayant pas envie de rentrer dans son habituel jeu de
séduction, j’attrape la pince pour lui servir ses viennoiseries en espérant qu’il comprenne lemessage.
—SalutRick.Commed’habitude?—Tum’asl’airdemauvaispoil.Tuveuxenparler?Jelâchesèchementsonpainauxraisinsdevantlui.—Parcequeçat’intéresse,peut-être?—Oula,dit-ilenlevantlesmainsdevantlui,commes’ilétaitmisenjoue.Pasbesoindepassertes
nerfssurmoi,jevoulaisjusteêtresympa.Si je n’étais pas autant à cran, la scène aurait pu être comique. Rick Diamond qui cherche
seulementàêtregentil,sansaucunearrière-pensée…j’aivraimentdumalàycroire.Pourtant,faceà
sonairdéconfit,lapressionquim’habitaitdepuisquejemesuislevéecematinretombed’uncran.—Désolée, je ne voulais pas être aussi désagréable, dis-je d’une petite voix, dans un sourire
contrit.—C’estpasgrave,çaarriveàtoutlemonde.Tusaiscequiteferaitdubien?—Laisse-moideviner…unmassage?hasardé-jeenhaussantlessourcils.—Pour une fois, ce n’est pas ce que je t’aurais proposé, dit-il en riant. Je pensais plutôt à un
tatouage.—Un…tatouage?—Pourquoipas?Jetrituremontabliersansoserleregarder.Çapeutparaîtreridicule,maisj’aiunepeurpanique
des aiguilles, rien qu’à l’idée deme faire tatouer – imaginer le bruit duLiner semettre en route,l’aiguille faire pression surma peau juste avant de la transpercer – j’en ai lesmainsmoites et lanausée.
—Je…Jenesaispas…Untatouagenem’ajamaisbranchée.—C’estdommage.Jesuissûrqueçapourraitmettreenvaleurcertainsdetesatouts,dit-ilenme
reluquantsansaucunevergogne.Etpuis,quandontefaituntatouage,tunepensesàrien.Çapourraitêtreunbonmoyenpourtechangerlesidées.
J’essaieun instantd’imaginer la scène…Moi, installéedans lacabinedeRick.Lui, en traindepréparer sonmatériel.Le fameuxmatérielqui semetenmarche…L’aiguillequi trouemapeau…Euh…Non!C’estsûr,jerisqueraisdefaireunecrisedepaniqueetjemeferaisencoreremarquer.Ilfautquejechangedesujet!
—Jecroisquejepréfèreraislemassagealors,dis-jed’unairespiègle.Uneétincellepassedanssesyeuxetsalanguehumidifieseslèvrespendantqu’ilnelâchepasles
miennesduregard.Oh.Mon.Dieu.Rick,SuperConnard,refaitsurfaceetilsaittrèsbiens’yprendrepourretournerenunclind’œillasituationàsonavantage.Cen’estpasjuste…toutmoncorpsestenalerte!
—C’esttoiquivois,beauté.Danstouslescas,monsalonn’estqu’àquelquesmètresdelà.Tusaisoùmetrouver.
Ilm’offre sonsourirepulvérisateurdepetitesculotteset sortducafé.Commeàchacundenoséchanges, j’ai les jambes tremblanteset l’impressiond’êtreuneadopré-pubèreamoureusedu typecanondulycée.
—Tubavesencore!—Laferme,Betty!
Quinze heures. J’arrive à la fac et rencontre plusieurs nanas qui me dévisagent sans mêmeprendrelapeinedelefaireencachette.JetraverselecampusetrejoinsKenton,monsecondmeilleurami,qui,commed’habitude,m’attendàl’ombred’unarbreenfumantdiscrètementunjoint.Quandest-cequ’ilvaarrêtersesconneries?Ilacommencéàfumerquandilafaitsoncomingout–soi-disantleseulmoyenqu’ilaittrouvépourfairefaceàlasituation.Maisdeuxansplustard,maintenantqu’ils’assume,ilnes’esttoujourspasdébarrassédecettemauvaisemaniealorsqueçaadéjàfailliluivaloiruneexclusiontemporaireautrimestredernier.
—Tu feraismieux d’arrêter,Kent. Si tu te fais choper, c’est le renvoi assuré, surtout avec tesantécédents,dis-jeenluifaisantunebisesonoresurlajoue.
—Aumoins,jen’auraiplusàsupportertouscesfilsàpapabourrésdetestostérone.Siaumoins
jen’étaispasleseulhomoducoin,mavieseraitplussimple.—Arrêteunpeudeteplaindre,deshomosyenadestonnes.Tuesjuste…compliqué,fais-jeen
luitirantlalangue.—Ettoi?ÇaavanceavecSuperConnard?Oualors,devrais-jeplutôtparlerdetonvoisin?—Quoi?—Bettym’aexpliquéqu’ellel’avaittrouvécheztoiavantd’alleràlasoiréedesSigma…—Jet’arrête toutdesuite.Tunevaspas t’ymettre, toinonplus.Shawnetmoi,sommespotes,
riendeplus,OK?—OK,paslapeinedemontersurtesgrandschevaux.Ungroupedefillespassentànoscôtés,medétaillentdelatêteauxpiedsetcontinuentleurroute
enriantauxéclats.Depuisquejesuisarrivéesurlecampus,cen’estpaslapremièrefoisquejefaisl’objetdecegenred’attention.C’esttrèsétrange.
—Maisqu’est-cequ’ellesonttoutesaujourd’hui?demandé-jeàKentonenluimontrantlesfillesauloin.
Ilregardesespieds,tireuneboufféedesonjointpuislèvelesyeuxauciel,commes’ilévitaitlesujet.
—Kent…?Tusaisquelquechose?—Hein?—KentonMayerDaligan,jet’ordonnedemedirecequetusaissurlechamp!—PourquoituneregardesjamaistoncompteFacebook?gémit-il.Çam’éviteraitdeterapporter
cegenredechoses.—Quelgenredechoses?—Sandersamisuntrucsurlatoile,dugenreque…luiettoi…—Luietmoi?—Putain,Iz,tum’aidesvraimentpas,là.—Iln’apasosé?hurlé-jeenlevantlesbrasenl’aircomplètementexaspérée.—Euhsi.Etjetepasselesdétailsgraveleux,dit-ilenfaisantunemouedésolée.—Putainjevaisletuer!Jetournelestalons,prêteàallerrefaireimmédiatementleportraitdecetenfoirédeSanders,mais
Kentonm’arrêteenm’attrapantparlebras.—Çaneserapasnécessaire.Visiblement,tun’espaslaseulepersonnequececonaénervée.Je
l’aivutoutàl’heurealleràl’infirmerieaveclenezensang.—Tusaisquiafaitça?—Non,j’airienvu.Jel’aiseulementcroiséquandjesuisarrivé.—Dommage…J’auraisbienremerciéleresponsable.—Jepeuxenquêtersituveux?—Non,çairaKent.Aurythmeoùvontlesragots,nouslesauronsbienasseztôt.—Entouscas,celuiquil’afracassénel’aloupé.Enplus,j’aibienl’impressionqu’illuiapétéle
nez.—C’estbienfaitpourlui!Ilrécoltecequ’ilsème.
6
SHAWN
Me voilà de retour au boulot, la main droite légèrement bleue et enflée, mais avec l’intimeconvictiond’avoirfaitcequ’ilfallait.Putain!Jecroisquejemesuispétélamainenfrappantl’autreabrutideSanders.Cetespèced’enfoirés’estamuséàraconterqu’ilavaitcouchéavecIzzydanslestoilettesdesSigmaPhiOmegaetilapostéunephotod’ellequ’ilavaitprisependantqu’elledansait.Bienquelaphoton’eûtriendesexuel–Izzyavaitlesbrasenl’airetsaroberemontaitunpeusursescuisses–lalégendequ’ilarajoutée:«Etc’estqui,quis’esttapécepetitcul?»m’afaitpéterunedurite.Jen’aipasréfléchiuneseulesecondeetj’aiquittémonboulotpourmerendreimmédiatementsurlecampus.Sandersfanfaronnaitaumilieudesespotesetquelquesgroupiesdel’équipedefoot.Jelesai rejointsenquelquesenjambéeset l’instantd’après, je luimettaisunedroiteenpleinegueulepuisils’écroulaitausol–sespotesn’ayantmêmepaseuletempsderéagir.J’aijouéaucon,carilsétaientbienplusnombreuxquemoietauraienteu largement ledessuss’ilsavaientvouludéfendreleurami,maisl’avantagequandonestunanciendelafraternité,c’estquelesplusjeunesn’osentpasmoufter.
Àlafindelajournée,jesuisincapabledebougerlamain.Elleadésormaistriplédevolumeetsacouleurvireauvioletfoncé.Jedécided’allerdirectementchezledocteurensortantdutravail.Unedemi-heureplustard,leverdictesttombé.Mamainn’estpascassée,néanmoinsjemesuisfracturédeuxdoigtsetvaisdevoirporteruneattellependantplusieursjours.Jetraversel’avenueprincipaleetarrive devant mon immeuble. Je lève les yeux en l’air et je suis surpris de découvrir quel’appartementd’Izzyesttoujoursplongédanslenoir.Ilestpresquevingtheuresetgénéralementelleestdéjàchezelleàcetteheure-ci.J’aiparfoisl’impressiond’êtreunpsychopatheàconnaîtrepresquelemoindredesesfaitsetgestes,maisquandl’objetdevosdésirshabitejustelaported’enface,ilestdifficiledenepasremarquercegenrededétails.
J’entre dans le hall et monte rapidement les escaliers. La lumière du couloir est allumée etlorsquej’arrivesurlepalier,jetombenezànezavecIzzyentraindesebattreavecsonsacàmain.
— Non, mais comment je peux réussir à mettre autant de merdes là-dedans ?! peste-t-elle enfouillantàl’intérieur.
Amusé, je la regardeun instant,sansmanifestermaprésence.Elleestàmoitié repliéesurelle-même,latêteplongéedanssabesace.Jenel’aipluscroiséedepuislaveilleetelleétaitenrogne.Lemessagequ’ellem’aenvoyéà cemoment-là était onnepeutplus clair. J’inspireungrandcoupettenteunenouvelleapproche.
—Salut!Question gros balourd, on fait pas mieux… c’est quand déjà la prochaine session de cours de
communication?Au son dema voix, elle sursaute et en se redressant, elle se cogne violemment la tête dans la
poignéedeporte.
—Çava?m’empressé-jededemanderpendantqu’ellesefrottelescheveuxenrâlant.—Àtonavis?—Pasterrible,dis-jeavecunsourirenavré.Désolé,jenevoulaispastesurprendre.—C’est pas grave, t’y es pour rien si je suis une catastrophe ambulante, dit-elle en faisant la
moue.—Tuveuxuncoupdemainpourretrouvertesclés?—Siçanet’ennuiepas,jeveuxbienquetumetiennesmonsac.J’avanceversellepuisellemetendlesansesets’arrêtenetenapercevantmonattelle.—Qu’est-cequiestarrivéàtamain?—Ohça?dis-jed’unairdésinvolte.Çanevautpaslecoupd’enparler.Elleme dévisage quelques instants en fronçant les sourcils d’un air légèrement suspicieux. Je
viens de tenter lamême réponse qu’elle – il y a quelques jours – pour éviter le sujet, et j’espèrequ’ellesaisira lemessage.Jen’aipasenviede luiexpliquermaintenantpourquoi j’aipété lenezàMikeSanders.
—Commetuveux,dit-elleaprèsd’interminablessecondesenhaussantlesépaules.J’attrapeunedesansesettiredessusafind’ouvrirsonsacengrand.Elleletientd’unemainetde
l’autre,seremetenquêtedesesclés.Auboutdequelquessecondes,ellecommenceàs’énerveretàrâlerentresesdents.Elleest toutemignonnequandelles’énerve,c’estvraiment tropcomique! Jesens un fou rire irrépressiblemonter enmoi et serre les lèvres afin de ne pas craquer. Izzy perdpatienceetfinalement,ellem’arrachel’ansedesmainsets’agenouilleausol.
—Si tu crois que c’est unputainde sacqui va faire la loi, c’estmalme connaître, dit-elle ens’adressantauditsac.
Soudain,ellevidelecontenuausolavantdeseremettreàrangerminutieusementchaquechoseàl’intérieur,sanstoutefoisretrouversesclés.
—Non,mais c’est pas possible ? Je les ai forcémentmises dedans. Jeme revois lesmettre àl’intérieuretneplusytoucherjusqu’àceque…
Elles’arrêteetglissesamaindanslapochearrièredesonjean.Ellerougitviolemmentetavecunrirenerveux,sortdesapochesontrousseaudeclés.Lerirequej’essayaisdecontenirdepuistoutàl’heureexplosesoudain.Izzymelanceunregardnoir,maistrèsviteelleritavecmoi.
—MonDieu…J’aihonte,dit-elleunefoiscalmée.—Maisnon,cen’estquemoi.Etpuis,çaarriveàdestasdegens.—Çat’estdéjàarrivé?demande-t-elleavecunenoted’espoir.—Euh…non.Aucasoùtunel’auraispasremarqué,jesuisunmec.Jenemebaladepasavecun
sacàmain.Elle ritencoreune fois– j’adoreentendreceson–et lorsqu’ellearriveenfinàsecalmer,elle
m’offreunsouriresichaleureuxquej’enailesoufflecoupé.—Bon,benjevaisrentrermaintenantquecespetitesmalignesontrefaitleurapparition,dit-elle
enagitantsesclésenl’air.Mercidetonaide.Bonnesoirée,Shawn.—Bonnesoirée,Izzy.J’attendsqu’elleaitrefermélaportederrièreelleetentrechezmoi.Jerécupèreunebièredansla
cuisinepuis je vais dans le salonm’affaler surmoncanapédevant unmatchdebaseball.Après lajournéeque jeviensdepasser, cepetit interlude avec Izzym’a fait unbien fou.Cette filleme faitcomplètementcraquer.Quejelavoiemaladroite,ousansmaquillagequandellevacourir,auboulot,danslarue,ouencorequandelleestapprêtéepoursortir…j’ensuisdingue!Habitantlaported’enfaceetlacroisantaussirégulièrement–sanscompterlesfoisoùjelavoieauJoe’sCoffee–jenevoispascommentjepourraismelasortirdemelasortirdelatête.
7
IZZY
Encorecinqpetitesminutesetjemelève.Justecinqpetitesminutespendantlesquellesjesuisbienauchaudaufonddemonlitetquimedonnentl’impressionquerienneviendraternircettenouvellejournée.Laveilleaétéunvéritablecalvaire.Premièrement, jesuis toujoursaussiniaise lorsque jesuisenfacedeRicketjesuiscertainequ’ilressentl’attirancequej’éprouvepourlui.Deuxièmement,j’ai fait l’objet de ragots graveleux à cause de cet enfoiré de Sanders. Troisièmement, j’ai étécomplètementridiculefaceàShawnenrentranthiersoir.J’aicherchépendantunbonquartd’heuremesclésalorsqu’ellesétaientdanslapochearrièredemonjeandepuisledébut.Maisquellegourde,bonsang!JevoyaisbienqueShawnfaisaittoutpournepasexploserderireetplusjelevoyaissecontenir, plus je m’énervais. Je pense qu’à l’heure qu’il est, mon voisin doit se dire que je suiscomplètementcinglée.
Monréveilsonnepourlatroisièmefoisetjedécidequ’ilestenfintempsdemelever.
Une heure plus tard, j’arrive sur le campus enmême temps queKenton. Ilm’embrasse sur lefront,meprenddanssesbraspuisnousnousrendonsànotrecoursd’économieenparlant.
—Dis-moiquetuesaucourant?commence-t-il.—Quoi?Sandersadéjàtrouvédesnouvellesconneriesàracontersurlesréseauxsociaux?—Donct’espasaucourant?Je roule des yeux agacés. Pourquoi faut-il toujours qu’il passe par quatre chemins pour
m’annonceruntruc?—Maisdequoituparlesàlafin?—Est-cequetuasvutonvoisinhier?—Jel’aijustecroisé,pourquoi?Cettefois,c’estluiquimeregardebizarrement.—Ilnet’ariendit?—Maisditquoi,bonsang?!FranchementKenton,jeneconsultepasmabouledecristaltousles
jours.D’ailleurs,j’enaimêmepas,dis-jeexcédée.—Enfait,si.Tuenpossèdesune,ças’appelleunsmartphoneetsituétaisunpeuplusconnectée,
jen’auraispasbesoindetoutteraconter.—Pfff!T’esnul,dis-jeenluidonnantunetapederrièrelatête.Bonalors,t’accouche?—Ben…àcequ’ilparaît,ceseraitluiquiauraitpétélenezdeSanders.—Shawn?Vraiment?Jerepensesoudainàsonattelleàlamaindroite…Quandjel’aiquestionnéàcesujetilm’adit
quec’étaitsansimportance.Biensûr…Maispourquoiaurait-ilfrappéMike?Seseraient-ilsdisputés?Oubien…Non!?Ilneluiauraitquandmêmepascassélafigurepourmoi…si?
— Je ne sais pas si c’est vrai, continueKenton.C’est juste ce que j’ai lu sur le net. Enmêmetemps,tusaistrèsbienqu’onnepeutpassefieràcequ’onpeutytrouver.
Ausouvenirdelarumeurdelaveille,jegrimace.—Cen’estpasmoiquidiraislecontraire.Nousarrivonsdansl’amphietprenonsplaceaupremierrangcommenouslefaisonstoujours.Le
professeurStevensarrivequelquesminutesplustardetmalonguejournéed’économiecommence.
Seizeheures.Lajournéedecoursestenfinterminéeetjenesuispasmécontentedepartird’ici.Àchaque pause, j’ai senti le poids des regards des autres étudiants ou entendu leurmesse basse dèsqu’ils passaient près demoi et cela a eu le don demettremes nerfs à rude épreuve. J’ai toujoursréussiàéviterd’êtrelecentred’attentionetcettenouvellesituationmemetvraimentmalàl’aise.
JemarcheavecKentjusqu’auStarbucksafindeprendreunen-casetespèrenepascroiserJoeenchemin– avec la chanceque j’ai,même s’il y a plus de trentemiles deGrandLake àBoulder, jepourrais tomber sur lui.Monpatronne comprendpasqu’onpuisse enrichirdes chaines tel que leStarbucksplutôtquelespetitscommerçantsetd’habitudejesuisplutôtd’accordaveclui,maispourcela,ilfaudraitquejeprennemavoiturepourrentrerdansmapetitevilleetcourirlerisquedepasserdevantlesalondetatouagesdeRick.Etlàtoutdesuite,jen’enaitoutsimplementpaslaforce.
Nous arrivons et nous installons à une table en retrait puis commandons un café et un donut.Depuisquenoussommessortisdecours,monamiessaiedefairelaconversationetdemeremonterunpeulemoral,maisjenel’écoutequed’uneoreille.Jen’arrêtepasdemeposerdesquestionssurlesmotivationsquiontpousséShawnàfrapperMike.Jen’aijamaisenvisagéuneseulesecondequejepuisse l’attirer–et jene l’ai jamaisvudecettemanière-lànonplus–,maissicen’estpaspourcetteraison,jenevoispaspourquoiill’auraitfait.
Aaaahhhh!Cesmecsmerendentdingue!UngroupedefillesentrentdansleStarbucksetmeregardentd’unairdédaigneuxtoutenavançant
dansnotredirection.Kentonsuitmonregardetposeunemainrassurantesurlamiennepar-dessuslatableenreconnaissantCharity, lacapitainedesCheerleadersetaccessoirement, lapesteducampus.Cette fille correspond à tous les clichés que l’on peut voir dans les films qui parlent descheerleaders;blonde,belle,peste,aduléeetdétestée!
—Tiens, tiens,maisregardezquiest là,dit-elledesavoixhautperchée.Neserait-cepasnotrechèreIzzyYoung?
JefaiscommesielleétaittransparenteetreprendsmaconversationavecKenton.—Tuallaismeparlerdutypequetuasrencontréàlabibliothèquehiersoir,jecrois.—Ouais,Ian.Ilestenquatrièmeannée.Onvoulaitemprunterlemêmelivre…—Dis-donc Izzy, tu ne devrais pas faire un dépistage deMSTplutôt qu’être ici ? coupe-t-elle
Kenton.Connasse!—Siyenabienunedenousdeuxquiferaitmieuxdefairecegenredetest,çaseraitplutôttoi,
Charity,dis-jeavecunsourirenarquois.Ilyatellementdecolèrecontenueenmoidepuiscesderniersjoursque,pourlapremièrefoisde
mavie,j’oseenfindireàcettepimbêchecequejepensed’elleetjenecomptepasm’arrêterensibonchemin.
Samâchoire sedécrocheun instant,mais fidèle à sa réputation, elle affichebientôt sonairdepétassehautaine.
—Tupeuxrépétercequetuviensdedire?—Quoi?Tuasunbesoind’unORL?Jen’aipasparléassezfort?Aucasoùtunel’auraispas
remarqué, jesuisoccupée làet j’enai rienà fairede tesconneries.Grandisunpeu,onestplusaulycée!
—Non,maispourquituteprends?Çayesttut’esenfinfaitebaiséeparuntypepopulairealorstunetesensplusc’estça?
Jemelèved’unbondetrenverselafindemoncafé,tachantaupassagemonpantalon.Putain!—Tusaisquoi?Jen’aipascouchéavecSanderset jen’aipascouchénonplusavec les trois
quarts du campus, contrairement à toi ! Alorsmaintenant, fousmoi la paix, Charity, reprends tesgroupiesetvatechercherunenouvellevictimeàemmerder.
Nousnousjaugeonsduregarddurantdelonguessecondes,maisellecomprendbienvitequejesuisunebombeàretardementetqu’ilnevautmieuxpasmepousseràbout.Ellehausselesépaulesettourne les talons en claquant des doigts. Ses copines, ou devrais-je dire ses toutous, la suivent enrepartant la tête haute, comme si rien ne venait de se passer. J’attrape des serviettes et essuierageusement lecafé surmon jeanpendantqueKentons’occupede la tableenme lançantquelquescoupsd’œilfurtifs.
—Quoi?—Rien.Rappelle-moidenejamaistemettreenrogne,OK?Cartufaisvraimentpeurquandtute
transformesenUrsula?—Ursula?—Laméchante dansLa Petite Sirène ! dit-il en levant les yeux au ciel. Révise tes classiques,
Darling.Nouséclatonsderireetpourlapremièrefoisdepuisquej’aiouvertlesyeuxaujourd’hui,jesens
enfinlapressionretomber.
Deuxheuresplustard,Kentonmeramènejusqu’àmonappartement.AprèsmapetitealtercationavecCharity,nousavonsbuquelquesbièresetrefaitlemonde.DommagequeKentsoitgay,cetypeauraitpuêtremonâmesœur.Ilestd’unebeautéàcouperlesouffle,unpeucommeletypequel’onvoit dans les pubs de magazines en maillot de bain. S’il ne réussit pas dans le Marketing etManagement,ilpeutsansaucunsoucisereconvertirenmannequin.Etpourcouronnerletout,cemecestlapersonnelaplusintelligentequejeconnaisseet–malgrésonincartadelemoisdernier, ilvaquandmêmeêtrepromuMajordePromotionàlafindel’année.Nousnousarrêtonsdevantlaported’entréedel’immeubleetjeprendsmonamidanslesbras.
—Pourquoifaut-ilquetusoisgay?—Jenel’aipaschoisi,Iz.—Jesais,jesais…Mais,nousaurionspuavoirdebeauxenfantstouslesdeux.—Jecroisquequelqu’unnesupportepasbienl’alcoolcesoir.—N’importequoi,dis-jeenriantbêtement.—Ouais,c’estça.Viens,jeteraccompagnejusqu’àtaporte.—Çavaaller,Kent,vraiment.C’estjusteque…J’aimeraistombersurunmeccommetoipour
unefois.Unmecbiensurtoutelaligne.—Onestencorejeunes,Iz.Onatoutelaviedevantnouspournouscaser.—Ouais,maistumeconnais.Jenesuispaslegenredefillesàchangerdemecschaquesoirée.—Etpourquoipas?—Parceque jenepeuxpasKent. J’aimesétudesà terminer,des facturesàpayer,unboulot à
assumer…
—Etunevieàvivre,putain!Tavieestordonnée,millimétréemême.Tunefaisjamaisriensuruncoupdetête.Bonsang,Iz!Tun’asjamaiseuenviedefaireuntrucdefou?Genre…arrêterdetecomportercommeuneadulteetdevivrecommeunejeunedenotreâge?
—Biensûrquesi,mais…—Pasdemais,m’interrompt-ilenposantson indexsurmes lèvres.Cite-moiun trucque tuas
toujourseuenviedefaire,maisquetun’asjamaisosé?—Mefairetatouer.—OK,onestpartis,dit-ilenattrapantmamainetsemettantàmarcher.—Kenton!Tun’espassérieux?!Jenevaispasallermefairetatouer!—Ohsi,Izzy,jesuisonnepeutplussérieux.—Cen’estpasunedécisionqu’onprendsuruncoupdetêteetencoremoinsquandonabuquatre
bières.—Justement,c’estlemeilleurmomentpourfairequelquechosed’irresponsableetirréfléchi.Ilavanced’unpasdécidéetjedoispresquetrottinerpourresteràsahauteur.—Kent,gémis-je lorsqu’il s’arrêtedevant ladevantureduScorpioTattoo.Jen’aipasenviede
voirRick.—TupourrastoujourstefairetatouerparRipley,Izzy,dit-ilenpassantlepasdelaporteetme
tirantàl’intérieur.Bonsoir,lademoisellevoudraituntatouage,Ripleyauraitdelaplace?Forcément,ilfallaitquecesoitSuperConnardquisoitàl’accueilaumomentoùmonsoi-disant
meilleuramim’entraînedanscemerdier.—Iln’yaquemoi,répond-ilennemequittantpasdesyeux.Salutbeauté,tut’esenfindécidée?—Jenesaispastrop.—Tuasuneidéedecequetuaimerais?Jefaisnondelatêteetchancèlelégèrement.—Izzy…,tuasbu?demande-t-ilenfronçantlessourcils.—Uneoudeuxbières,répondKentàmaplace.—Cen’estpasàtoiquej’aiposélaquestion,lerembarre-t-ilfroidement.—Unpeuplusquecequ’ilraconte,avoué-jeenrougissant.—OK,danscecas rentrechez toi.Lorsque tuaurascomplètementdessaoulé, tu reviendrasme
voiretonreparleradecetatouage,d’accord?—Mais…—Jesaisquetuaspeurdesaiguilles,maissefairetatouerpourlapremièrefoisenétantbourrée
est une trèsmauvaise idée. Je ne veux pas être responsable de ça. Tu n’as aucun tatouage pour lemoment,cen’estpasunedécisionàprendreàlalégère.Mêmesionpeutlesfaireeffacerplustard,cen’estpasuneraisonpourfairen’importequoisuruncoupdetête.
Jesuis incapabledeprononcerunmotethochesimplementde la tête. J’avais toujoursvuRicksous ses airs de Super Connard et je ne m’attendais pas à ce qu’il agisse de manière aussiprofessionnelleavecmoicesoir.Jenesaispaspourquoi,jemel’imaginaisplutôtenprofiterpourme tatouerun truc sur les fessesou les seinsafinde tireravantagede la situationetvoilàqu’il secomporteenparfaittypebien.
Merde!Ilnemanquaitplusqueça.RickDiamondaliasSuperConnardpeutaussi,parfois,êtreunmecbien…çaalors!
J’avaisdéjàdumal àme le sortir de la tête,mais avec cettenouvelle information sur lui, celarisqued’êtreencorepluscompliqué.Etsi…Ets’ilpouvaitchanger?Etsi,jepouvaisêtrecellequileferaitchanger?
Ehoh,onsecalmeIzzy.Ilestprofessionnel,oui,maisfautpasnonplusquetutemettesàespérertoutetn’importequoi!OnparledeRick,là!
Heureusementquemêmebourrée,maconsciencearriveàmefairegarderunpeu lespiedssurterre.Mêmes’ilsepassaitunjourquelquechoseaveclui, jesais trèsbienàquoim’attendre, jenesuispassidébilequeça.
Nousrepartonsenmarchant,cettefois,pluslentement.Kentonsembleautantabasourdiquemoiquant à la réaction de Rick et ne dit plus un mot pendant tout le trajet qui nous ramène à monappartement. Nous nous quittons en nous serrant dans les bras et je rentre dans le hall. Je monterapidementlesescaliersetarriveàmonétageaumomentoùlaported’entréedeShawnsereferme.Dommage.Étantdonnélafindelasoirée,j’auraisbienaimétombersurluietluidemanders’ilavaitvraimentfrappéSanders…
Etpuismerde!Aupointoùj’ensuis…
8
SHAWN
Ilestprèsdevingt-et-uneheurestrenteetjerentretoutjusteduboulot.Ilfallaitbiencompenserlesheuresquej’avaispriseshierpourallerpéterlagueuleàSandersetmerendrechezledocteur.Jerécupèretoutjusteunebièredanslefrigolorsquelasonnettedelaported’entréeretentit.Jetraverselacuisineetregardeparlejudasavantd’ouvrir.Izzy?!Quepeut-ellebienvouloiràcetteheure?Jepasseunemainnerveusedansmescheveuxetouvrelaporteenluioffrantmonplusbeausourire.
—Salut,Izzy,tuasbesoindequelquechose?Elle ne répond pas tout de suite et triture ses mains nerveusement. Je fronce les sourcils et
remarqueaussitôtqu’ellealesjouesrougesetlesyeuxlégèrementvitreux.—Izzy…Tutesensbien?—Euh,oui…désolée.J’aiquelquechoseàtedemander,maisc’estcomplètementabsurde.—Maintenantquetueslà,siturentrais?Tupourrastoujoursmeposertaquestionoujusteboire
unverred’eau.Elle acquiesced’un signede tête et entredansmonappartement.C’est la première fois qu’elle
vienticietunpeucommemoilapremièrefoisoùjesuisalléchezelle,elleregardetoutautour.Àcemoment-là, je suis bien content d’avoir fait appel à Emmanuelle pour refaire la déco de monappartement.CettejeuneFrançaisetoutdroitdébarquéedesaterrenataleafaitdemagarçonnièreunvéritablehavredepaixenoptantpourdescamaïeuxdecouleurtaupeetapparemmentlerésultatplaîtà Izzy. Je la laisse s’installer sur le canapé pendant que je vais lui chercher une boisson dans lacuisine.Jen’aimepaslavoircommeça.Lesragotsqu’abalancésSandersontdûlatoucherbienplusquejenelepensais.Si j’avaisceconnardenfacedemoi, je luipèteraisbienunedeuxièmefois lagueule.
JereviensdanslesalonetIzzyselèveenmevoyantarriver.—Jesuisdésolée.C’étaitunemauvaiseidée,jen’auraisjamaisdûtaperàtaporte,Shawn.—Maintenantquetueslàetquejet’aiapportéàboire,resteaumoinscinqminutes,Izzy.—Aprèslagifle,l’incidentdesclésetmaintenantça…Tuvasvraimentmeprendreunecinglée.—Tunesaisvraimentpascequejepensedetoi,dis-jeenm’asseyantsurlesofa.—Queveux-tudireparlà?dit-elleencroisantsesbrassursonventre.—Cingléeestunadjectifquejen’emploieraijamaispourtequalifier.—Pourtanttupourrais,dit-elleenserasseyant.Ellepousseunsoupirlasenbaissantlatêteetregardemesmains.—PourquoituasfrappéMike?Merde!Celle-làjenel’avaispasvuvenir!Jepensaisavoirétédiscret?—Quit’aditça?—Jet’aiposélaquestionenpremier.—Jenel’aijamaisaimé.Cemecn’estqu’uncrétin.—Etc’étaituneraisonsuffisantepour luicasser la figuredevantdes témoins,enplus?Ets’il
portaitplainte?—Non.Maisvucequ’ilaosédiresurtoi,illeméritaitamplement.—Donc,tul’astapéàcausedemoi?
—Tunecomprendsdonctoujourspas?dis-jeenplongeantmonregarddanslesien.—Shawn…,souffle-t-elleensecouantlatête.Soudain,l’expressiondesonvisagechangeetelleserelève.Ellecommenceàmarcherdelongen
largedanslapiècesansmelancerunregard.Cettefillen’estpascinglée,non,elleestdéroutante.Elleneserendpascomptedupouvoirdeséductionqu’elledégageetmalgrélessignesévidents,ellenevoittoujourspasàquelpointjesuisfoud’elle.
—Maisqu’est-cequevousaveztousaujourd’huiàvouscomporterenmecbien?D’abordRick,ensuite,toi.Jepensaisvousrangertouslesdeuxdanslacatégorieconnard,maisvousnemefacilitezpaslatâche.
—JepeuxsavoircequeRickvientfairelà-dedans?m’exclamé-jecomplètementdésarçonnéparletournantdeladiscussion.
—Ilarefusédemetatouercesoir,carj’avaisbuquelquesbièresavantd’yaller.—Tuvoulaistefairetatouer?Jecroyaisquetuavaispeurdesaiguilles?—Commentsais-tucela?Jenetel’aijamaisdit.Oups…Jepasseunemainnerveusedansmescheveux.JetienscetteinformationdeRickpuisqu’ilsaitque
toutcequitouchedeprèsoudeloinàIzzym’intéresse,maisjenepeuxdécemmentpasleluiavouer.—J’aidûl’entendreaucoursd’unesoirée.Ellesondemonregardàlarecherchedumoindreindicetrahissantmonmensongepuishausseles
épaules.—Je savaisbienquec’étaitunemauvaise idéedevenir. Je rentrechezmoi. Je suisdésoléede
t’avoirdérangé,Shawn.Elle traverse aupasde course le salon. Jeme lèved’unbondet la rattrape aumomentoù elle
saisitlapoignéedelaported’entrée.Jeposemamainsurlasienneetelletournelatêteversmoi.Jeneréfléchisplus.Pourlapremièrefoisdepuisdeslustres, j’agisaulieudeparler.Jepasseunbrasautourdesa tailleet l’attireversmoipuis jeposemes lèvressur lessiennes.Sid’abordelle resteimmobile à leur contact, elle me rend ensuite mon baiser avec la même fougue avant de merepousser. Elle a les joues rouges, sa respiration est aussi saccadée que lamienne, son regard estlégèrementvoiléetcettefois-ci,jesaisqueçan’arienàvoiravecl’alcool.Elleposesamainsurseslèvresetattrapeànouveaulapoignée.Cettefois,jenel’empêcheraipasdepartir.
Celafaittroisjoursquej’aiembrasséIzzyetautantquejenel’aipasvue.Jepensequ’ellem’éviteet à sa place, je ferais sûrement pareil. J’ai vraiment était trop con de lui avouer que j’avais bienfrappéSandersàcaused’ellepuisdeluifairecomprendrequejeressentaisdeschosespourelle,et,pour couronner le tout je l’ai embrassée. Bon pour cette partie, je ne regrette pas du tout – aucontraire, ce baiserm’a donnéun avant-goût de ce qui pourrait être entre nous et désormais, celam’obsède.
JerejoinslesgarschezJedpournotresoiréeentrepotes.IlsontproposédeserefaireuneviréeauJoe’sCoffee,maissilasemainedernièrej’étaisàl’initiativedecettesortie,aujourd’huiiln’enestpasquestion–mêmesijemeursd’enviedevoirIzzy.J’aialorssuggéréunesoiréeXboxOne.Nousavonsbeauêtreadultes,avoirunmétieret toutça,celanenousempêchepasd’adorer,commedesados, nos soirées console et bière. J’arrive en bas de l’immeuble demon ami et repère toutes lesvoituresdemespotesdéjàgaréesdevant.J’entredanslehall,letraverseetsonneàlaporte.Quelquessecondes plus tard, Desmondm’ouvre, une cigarette vissée aux lèvres etm’offre une bière. Je la
prendsettrinquedanslasiennetoutenentrantdansl’appartement.—T’esenretard,mec.—J’avaisdestrucsàfiniravantdepartirduboulot.J’aivuenbasquetoutlemondeestdéjàlà.—Yep!Ripleyrâledéjà,cartun’espasàl’heureetquec’esttoiquiamèneslejeu.—Tupeuxmedirequandilnerâlepas?—Unpointpourtoi,dit-ilenriant.Nousarrivonsdanslesalonetjesaluelesautresentapantdansleurpoingavecmamainvalide.—T’astrouvéqu’aujourd’huipourproposerunesoiréeconsole?Tuvasfairecommentavecta
main?demandeJed.—D’ailleurs,onnesaittoujourspascommenttut’esfaitça,renchéritDesmond.—Àmoinsquelesrumeursducampusn’ensoientpas,insinueRick.— C’est vrai que les commérages disent toujours la vérité, dis-je en portant ma bière à ma
bouche.—Non,maissansdéconner,Shawn.Tunepètes jamais lesplombspour rien.Qu’est-cequi t’a
prisàallercasserlenezàSanders?demandeàsontourNolan.Ilscommencentvraimentàmetapersurlesnerfs,ceux-là!—Jecroyaisqu’onétaitlàpourjouer,paspourfaireunesoiréepapotageentregonzesses.—Jeveuxbienéclairervoslanternes,proposeRicksansprêterattentionàmadernièreremarque.
Sionencroitcequ’ontrouvesurlesréseauxsociaux,Sandersaracontéqu’ils’étaittapéIzzysamedisoirdanslestoilettesdesSigmaPhiOmega.
—Ilnes’estrientapédutout,lecoupé-je.—EttoutlemondesaitqueShawnenpincepourelle,continue-t-ilcommesijen’avaisriendit.—Laferme,Rick!grondé-jed’unevoixsourde.—Ilaenquelquesortejouéaupreuxchevalier.—J’espèreaumoinsquegrâceàça,tuasréussiàmettreIzzydanstonlit,ditRipleyenlevantsa
bière.Je lui lance un regard noir et il la repose instantanément.La pièce est remplie de testostérone,
l’ambiance est lourde et pesante. La soirée qui devait être un bonmoment entre potes a pris pourl’instantune toutautre tournure.Chacunboitunegorgéed’alcoolensedévisageantà tourderôle.Soudain, Ripley lâche un rot monumental et nous explosons tous de rire avant de le charrier.L’avantagequandonestunmec,etpasunefille,c’estquenousnefaisonspaslagueulelongtempsetencoremoinspourunehistoiredenanas.Jedselèveetallumelatélé,Nolanattrapelejeuvidéoets’occupedelaconsole,DesmondpartdanslacuisinechercheràboirependantqueRickcommandelespizzas.Çayest,lasoiréepeutenfincommencer.Halo5,nousvoilà!
9
IZZY
—Iln’estpasquestionquej’ailleàcettesoirée,Betty!grondé-je,lespoingssurleshanches.Celafaitunebonnevingtainedeminutesquenousnousdisputonsdansmonsalon.Monamieveut
absolumentalleràlasoiréeorganiséecesoirchezlesKappaTauGama,maisvucequis’estpassépasplustardquelasemainedernière,ellenemetraînerajamaisdelavielà-bas.
—Çaferaunbeaupieddenezàtesdétracteurs,continue-t-elle.—Putain,Betty!Çasevoitquecen’estpastoiquiaétél’objetdetouslesragotscettesemaine.—Parceque,selontoi,çanem’estjamaisarrivé?Biensûrquesi,maisavectoutescesconneries
d’internet, faut savoir vivre avec et continuer à avancer. Tu ne vas pas rester cloitrée chez toiindéfiniment?
—Indéfinimentnon,maisletempsquetoutecettehistoiresetasseunpeu,oui!—Tunevasquandmêmepasmelaisseryallertouteseule,gémit-elle.—Tun’asqu’àappelerKenton.Jesuissûrequ’ilseferaunplaisirdesejoindreàtoi.—Mouais...Çaneserapaspareilsanstoi…—Jesuiscertainequetuysurvivras,Betty.Oualors,onpeutrestericietsefaireunesoiréefilm,
pizzaetglace,dis-jeenluifaisantunclind’œil.Ellemeregardeets’amuseàbalancersesmainsenl’aircommesiellepesaitlepouretlecontre.—Unesoiréeà3000caloriesouunesoiréeavecoptionbaise.Wouah!Lechoixestdur!dit-elle
enfaisanttomberlasoiréefillesavecsamain.Jeluilanceuncoussindanslafigureengrognant.—Désoléemavieille,maist’espaséquipéepour.Nouspartonsenfourireetavonsdumalàretrouvernotresérieux.—Ettuvasfairequoi,toi,cesoir?—Jenesaispasencore,maisKentm’amisuneidéeentêteilyaquelquesjoursetjemetâteàme
lancer.—Ehbien,pourunefoisarrêtederéfléchiretagis.—Tunesaismêmepasdequoiils’agit!—Jem’enfoussiçaimpliquequetucessesdeteposerunetonnedequestions,jesuisd’accord
avecKentetluiferaisavoir.D’ailleurs,jevaisl’appelerdecepasetrentreràlamaisonmepréparer.Ellese lèveetmeprenddanssesbraspuisrécupèresonsac.Lorsqu’ellesortdel’appartement,
ellecrie«Lâcheuse!»puisclaquelaportederrièreelleenriant.Siellesavaitquej’hésiteàcontacterRick pour me faire un tatouage, je ne suis pas certaine qu’elle aurait autant été pour cette idée,quoiquelaconnaissant,ellem’yauraitsûrementemmenéeàcoupsdepiedsauxfesses!
Jevérifiel’heuredemamontre,ilesttoutjuste17heuresetlesalonesttoujoursouvert.Jeprendsmon courage à deuxmains, attrapemon sac et mes clés puis quitte mon appartement. Je sors del’immeuble etmemets àmarcher rapidement – plus vite je serai arrivée là-bas, plus vite je seraidébarrassée.Sij’yvaisnormalement,jerisquedemedégonfleretfairemachinearrière.
J’arrivequelquesminutesplustarddevantleScorpioTattooetentresansréfléchir.—Hey,salutIzzy!Quenousvauttavisite?—SalutRipley.Est-cequeRickestlà?
—Riiick!hurle-t-ilensetournantverslescabines.—Quoi?—Quelqu’unpourtoi!—Tusaisbienquej’aifiniRip,bordel!Jesuisnerveuseetlasituationmemetterriblementmalàl’aise.SiRickadéjàterminésajournée
detravail,mieuxvautquejerevienneunautrejour.—Euh…c’étaitunemauvaiseidée,jevaisyaller,dis-jeenfuyantleregarddeRipley.— Ne dis pas de bêtises, ma belle, m’encourage-t-il gentiment dans un sourire avant de se
remettreàvociférer.Ramènetesfessesicietvite,sinonjevienstechercher!Uneporteclaquebruyammentunpeuplusloindanslesalonetquelquesinstantsplustard,Rick
arrivedanslehall.Ilporteunjeantroué,unT-shirtcolenVquiluimouleletorse,faisantressortirsesmusclesetdévoilantsestatouagesauxbras.
MonDieu!Pourquoifaut-iltoujoursqu’ilsoitàsonavantage?—J’croisque tuoubliesunpeuvitequic’est lepatron,ditRickenpénétrantaupasdecharge
danslapièce.Ilmarqueunarrêtlorsqu’ilm’aperçoit.—Hey,salutbeauté…—Salut,réponds-jeentriturantmesmains.—Tuesvenuepourlemassageouletatouage?—Hein?Euh…letatouage…Jesuislàpourletatouage,répété-jetroublée.Iléclatederireetcesimplesonmeprendauxtripes.Merde!Ressaisis-toiIzzy,tuvasencorepasserpourunefolle!—T’asuneidéedecequetuvoudrais?J’acquiesceenhochantlatêteetilm’inviteàallerdanssacabine.—Donc,onfaitquoietoù?—J’aimeraisunephrasedansledosavecdesfleursdecerisierquicommencentauniveaudela
nuqueetquifinirontaussilaphrase.—Hum…Disdonc,c’estassezprécispourunenanaquin’ajamaisvouludetatouages,dit-ilen
haussantunsourcil.—Cen’estpasparcequej’aiunetrouillebleuedesaiguillesquejen’yaijamaispensé.—Jevoisça!dit-ilenm’adressantunclind’œil.Ils’assoitsursontabouretetattrapeunbloc-notespuiscommenceàfaireuncroquisens’aidant
demesidées.—J’imaginequetusaisdéjàquellephrasetuveux.—Oui:«Alwaysbelieveinyourdreams».—Pasmal,etquelssonttesrêves,beauté?Embarrassée,jehaussesimplementlesépaulesenguisederéponse.—Onn’écritpascegenredephrasesansraison,tusais?insiste-t-il.—Onneracontepasforcémentàsontatoueurlasignificationdestatouagesquel’onchoisit,si?—Unpointpourtoi.Donc,onpartsuruneidéecommeça?dit-ilenmemontrantsondessin.—Wouah!C’estmagnifique,Rick!Pourtantenvoyantsonesquisse,jesuisadmirative.Lesboutonsdecerisiersemblentsurlepoint
d’éclorequantàlacalligraphiedelaphrase,elleestdéliée,aérienne…J’imaginedéjàl’effetsurmapeauunefoislescouleursajoutées.Jen’imaginaispasqu’ilpuisseexisterenluiunetelledélicatesse.C’esttoutsimplementsublime.
—Merci,maiscen’estqu’unbrouillon,celuiquetuaurasserabienplusbeau.Maintenant,situesprête, je vais mettre le fauteuil en position allongée. Enlève ton T-shirt et mets-toi sur le ventre,
ensuitejesortirailerestedumatériel.Commetuaspeurdesaiguilles,j’attendraiquetusoisinstalléepourquetunelesvoiespas.
—Merci,dis-jed’unevoixfébrile.Décidément,leRick«tatoueur»n’arienàvoiravecleRick«SuperConnard»,ilestprévenantet
trèsprofessionnel,etj’aimebeaucoupcettefacettedelui.J’ailesjambesquitremblentetlesmainsmoites.Jesenslasueurperlersurmanuque.Jesuisau
borddelacrisedepanique.Maisqu’est-cequim’aprisdevouloirmefairetatouer?Jen’avaismêmepasréfléchiaufaitqu’ilallaitfalloirquejemedéshabilledevantRicketrienque
d’ypenser, jerougiscommeuneécolière.Putain! J’attraped’unemainhésitante lebasdemonT-shirtetl’enlèveenfermantlesyeux.Jeprendsuneprofondeinspirationetlorsquejelesrouvre,Rickme regarde etm’offre son fameux sourire désintégrateur de petites culottes.Ehmerde !Pourquoifait-ilcela?Ilnevoitpasquejesuisdéjàcomplètementdéstabilisée?Biensûrqu’illevoit!Etcesalopardenjoue,toutsimplement.Ilsaitlepouvoirdeséductionqu’ilasurlesfemmesetjenesuispasl’exceptionquiconfirmelarègle.Jesuiscommetouteslesautres,incapabledenepasêtreattiréeparlui.Parcequ’ilestlatentationincarnée.
Je m’allonge sur le fauteuil et prends plusieurs inspirations. Rick se met à ma hauteur, marespiration s’accélère et je peux sentir son regard surmon corps. Puis ses doigts repoussentmescheveuxsurlecôtéetdescendentlelongdemondospours’arrêteràhauteurdemonsoutien-gorge.
—Çaseraplusfacilesansça,dit-ilenledégrafantd’ungesteexpert.Désormaisjenerespireplus.Commentlepourrais-je?RickDiamondestentraindecaresserma
peaunueetmoncorpstoutentierendemandedavantage.J’ail’impressiond’êtreencombustion,mapeaumebrûleauxendroitsoùsesdoigtssontpassés.Jetrembledetousmesmembres.
—Chut…Tu peux encore te rétracter…, je n’ai pas encore commencé…, chuchote-t-il contremonoreille.
—J’ailatrouille…,avoué-jeàvoixbasse.—Jesaisettupeuxsoitlacombattre,soitlalaissergagner.Parfois,pourvaincreunepeur,ilfaut
savoirl’affronter,murmure-t-il.MaisoùestpasséRick–SuperConnard?OK,j’aicompris.Onestdansunecaméracachéeet lesgarsd’uneémissionde télédébilevont
bientôtpousserlaportepourdirequ’ilsm’ontbieneue.Ilnepeutenêtreautrement,non?Cartrèsfranchement,jamaisjen’auraisimaginéqueRickpuissetenircegenredepropossensésd’unevoixsiensorcelanteetsexy.Sesparolesrésonnentdansmonespritetjeprendsuneprofondeinspirationenacceptantdelâcherprise.
—OK,tum’asconvaincue.Onyva!—Sûre?—À100%,affirmé-je.—OK, c’est parti, dit-il d’une voix enjouée. Tu vas ressentir de légers picotements, peut-être
mêmeunesensationdebrûlure.Sic’esttropdifficileàsupporter,tun’asqu’àmeledireetonferaunepause,OK?
—OK.Jevaismourir…IlmetenrouteleLineretlebruitrésonnejusquedansmesos.Seigneur!Dansquoimesuis-jeembarquée?L’aiguilletouchemapeauetjetressaillelégèrement,maisladouleurn’estpasaussivivequeje
l’auraiscru.Rickneprononcepasunmotpendantl’heurequisuitetjen’aipasencoreeubesoind’unepause.Si
au tout début, je ne ressentais pas grand-chose, à force des passages répétés de l’aiguille, jecommenceàavoirunmaldechien,maisjetiensbon.
—C’estbientôtfini,beauté.Ausondesavoix,jesursautelégèrementetlapiqûredel’aiguilleestbienplusdouloureuseque
lesautresfois.Jesenssoudaindessueursfroides,matêtetourne,lesoldevientflou.Marespirationestdeplusenplussaccadéeetj’essaietantbienquemaldemecalmer,mais…Troptard!L’obscuritém’envahit.
—Izzy.Izzy,s’ilteplaîtouvrelesyeux!Allezmabelle,tupeuxyarriver!PourquoiRickmeréveille-t-il?Et.Pourquoi.Rick.Me.Réveille…Toutcourt?J’ouvrelesyeux
etmeredresse,maisj’ailatêtequitourne.Jefroncelessourcilsetregardetoutautourdemoi.Génial…jesuistombéedanslespommespendantletatouage.—Hey,salutbeauté…!Tum’asfaitpeur!Çava?—Sionpassesurlefaitquej’ailahontedemavie,çava.IlmesourittendrementtoutenmetendantmonT-shirtafinquejepuissemerhabiller.C’estpas
vrai!Jen’auraispaspumefairetatouersurlebras?Nonmaisc’estpaspossible…J’aipassé,jenesaiscombiendetempsàmoitiéàpoildevantRick!Jesuisvraimentunecalamité!
—Tun’espaslapremièreàt’évanouirettuneseraspasnonplusladernière,crois-moi.Maisjenem’yattendaispas,carj’avaisterminé.
—C’estvrai?Tuasdéjàfini?—Oui,regarde.Ilmetendsonsmartphoneetmemontreunephoto.Jesuiscomplètementsubjuguéeparsontalent.
Letatouageestcommeje l’avaisrêvé, lesfleursdecerisierssont trèsréalisteset l’écriture, fineetféminine,commejelesouhaitais.Iln’yapasàdire,Rickabienfaitd’écoutersoncœuretvivredesapassion,carilestvraimenttrèsdouépourça.
—C’estencorerougeetunpeugonflé,maisd’iciquelquesjours,çarendradéjàmieux.Etquandla croute sera complètement partie, tu auras le résultat final. Ça ne prendra pas très longtemps.Alors…?Tunedisrien.Tun’aimespas?
—Aucontraire,jel’adoreRick!Merci!—Avecplaisir.Jemeredresseetilm’offresamainpourm’aideràmelever.—Tuasquelquechosedeprévucesoir?—Non,jeresteàlamaison.—Çatediraitdepasserchezmoi?Jen’aimepastroptesavoirseulealorsquetuviensdefaire
unmalaise.—C’estgentilRick,maisc’estsamedi,tudoisavoirdesplansdeprévusetjenevoudraispas…—ÇamefaitplaisirIzzy,mecoupe-t-il.Jepréfèrepasserlasoiréeavectoi.Savoixestplussensuelle,plusténébreuseetjedevinefacilementlefonddesespensées.Laraison
me dicte de repousser ses avances et de rentrer chezmoi – surtout après les ragots colportés parSanders–,maislorsquejesuisàsescôtés,jen’aiplusaucunepenséerationnelle.Moncorpsentiermehurledefoncer.Et,quem’ontditmesamis,déjà?Qu’il fallaitque jecessederéfléchiretquej’agisse,non?
—OK,c’estd’accord,dis-jed’unevoixsûre.Unelueurilluminesespupillesetilmesouritinsolemment.
—Laisse-moijusteletempsdemettredel’ordreetonyva.J’acquiesce d’un hochement de tête et il semet à ranger ses affaires puis quitte la pièce pour
avertir Ripley que nous avons terminé. Je viens d’accepter d’aller chez RickDiamond et quelquechosemeditquecen’étaitpasuneinvitationpourmaterunfilmenmangeantdupopcorn.Moncœurtambourinedansmapoitrine,mesjambestremblent…
—Prêtebeauté?
10
IZZY
Pendant tout le trajet qui nous mène chez Rick, j’ai l’impression de n’entendre que lesmartèlementsdemoncœurdansmapoitrine,tantjesuisstressée.Vais-jevraimentcoucheravecluicesoir?
Ehoh,ducalme,iln’arienproposédetel.C’estvraiqu’ilaseulementditqu’ilvoulaitpasserlasoiréeavecmoietnepasmelaisserseule
aprèsmonmalaise,maisils’agitdeRickDiamond,leSuperConnarddeGrandLake,ilnefaitjamaisriendefaçoncomplètementdésintéressée.
NousarrivonsdansunepetiteimpasseetRicksegaredevantuneportedegaragepuiscoupelemoteur.
—Onestarrivé,beauté.Ilouvresaportièreetjeprendsuneprofondeinspirationavantdel’imiter.Jeregardetoutautour
de moi, je n’étais jamais venue ici jusqu’à aujourd’hui, et découvre que Rick vit dans une petitemaison.Nouspénétronsàl’intérieuretimmédiatementjememetsàlacompareràl’appartementdeShawn. Ces deux-là sont amis depuis de nombreuses années, pourtant ils n’ont vraiment rien encommun et leurs domiciles en témoignent. L’appart de Shawn est bien rangé, les couleurs sontapaisantes, j’ai ressenti instantanémentunecertainesérénitéà l’intérieuralorsqu’ici…jesuisdansune vraie garçonnière.Des bouteilles de bière, des boîtes de pizza, des vêtements, traînent un peupartout dans lamaison, une odeur de tabac froid embaume la pièce, des photos de tatouages sontencadréesaumur.Iln’yapasàdire,cesdeux-làsontàdesannées-lumièrel’undel’autre.
—Tuveuxboireunebière ?demande-t-il en retirantun sweat à capuche sur le canapépouryfairedelaplace.
—Jepréfèreraisunverred’eau.—OK,jeteramèneçadesuite.Je le regarde ramasser encore quelques habits éparpillés au sol et se rendre dans la cuisine
pendant que j’essaie de calmer les battements erratiques de mon cœur. On dirait réellement unegaminedontleshormonessontenébullitionensaprésence.Sijecontinueainsijevais,unefoisdeplus,meridiculiser.Jem’assoisconfortablementsur lecanapéetgrimaceenressentantune légèredouleurdansmondos.
Rickrevientetmetendmonverred’eaupuiss’installeàl’autreboutdudivan.Ilportesabièreàseslèvrestoutennemequittantpasduregardetjemesensrougirjusqu’àlaracinedescheveux.Ilm’offrealorssonéternelsourireàvousfairevousembraseràlaseconde…jenerespireplus.
—Tusais,Izzy,jen’auraisjamaiscrutevoirunjour,ici,assisesurmoncanapé.—Ah…oui…?couiné-jed’unevoixàpeineaudibleendéglutissantdifficilement.—Oui.Jepensaisseulementquetuaimaisentrerdansmonjeumaisjenetevoyaispasallerplus
loin.Jeboisunegorgéedemoneauetregrettedenepasavoirdemandéunebièreouunalcoolfort
pourmedonnerducourage.—Ilnesepasseriendemalpourtant?dis-jed’unairfaussementingénu.—Pour lemoment…maisvoyons,beauté, tudoisbien tedouterque jene t’aipasproposéde
veniricijustepourt’offrirunverre?—Non,seulementpournepasquejeresteseuleaprèsêtretombéedanslespommes,minaudé-je
cettefois.Je sais trèsbienpourquoi et j’enai terriblement envie,mais, çapeut paraîtrebête, je n’aurais
jamaiscruqu’untypecommeRicks’intéresseàunefillecommemoi,alorsj’aibesoindel’entendredirequ’ilmedésire.
—Ça…cen’étaitqu’unprétexte.Tumeplaisbeaucoup,Izzy.C’estunetorturedemefaireservirpar toi tous les jours et d’imaginermesmains sur ton corps ou, songer à tes joues rouges dansd’autrescirconstances.
Là,c’estofficiel:moncœurvientdes’arrêteretjevaisfaireunecrisecardiaque.Unetorturedemevoirtouslesjours?Iln’estpassérieux?!Ilse tape toutcequibougeetosemedirequ’iladumalàsefaireservirparmoi,alorsqu’il
pourrait passer avec Betty. À d’autres !Mais j’avoue qu’il est fort, car je ne suis plus enmesured’avoirdespenséescohérentesmaintenantquej’imaginesesmainspartoutsurmoncorps.
Merde!Jesuisfaible…Trèsfaible.Il se rapproche lentementdemoi sans jamaisquittermon regard, passeunbras autourdemes
épaulestoutendécouvrantmanuque…moncorpsestparcourud’unagréablefrisson.—Mmmm…Tusensbon,murmure-t-ilcontremonoreille.Jetournelégèrementlatêteetnoslèvresserencontrent.Cebaisern’arienàvoiravectousceux
quej’aipudonnerjusqu’àmaintenant.Rickestsûrdelui,pressé,autoritaire,unpoildominantettoutmonêtreréagitàcetteétreinteentremblantcommeunefeuille.Ledésirquejeressenspourluiàcetinstantestàsonparoxysme,commesidesdizainesdemilliersdepapillonss’éveillaientdansmonventre, et, jamaisavant lui, jen’avais ressentiunbesoinaussi impérieuxd’envouloir encoreplus.Commes’ilentendaitmespensées,samaindroites’ancreàmanuque,raffermissantsonempriseetnotrebaisers’intensifie,noslanguess’emmêlent,nossoufflessemélangent…Puis,samaindescendlelongdemoncou,effleureunseinets’arrêtesurmahanche.Ilm’entraînesurluietjemeretrouveassisesursescuisses.SesmainsattrapentlebasdemonT-shirtetd’ungestefluideillefaitpasserau-dessusdematête,interrompantmomentanémentnotrecontact.Rickmesouritinsolemmentencoreetdétaillemapeaunue.
—Putain,Izzy,tuesmagnifique…Ilestfort…trèsfort…jesuisfoutue…Normalement, faceàcesparoles jedevrais rougir,mais ledésirquibrûledansmesveinesme
rendplusconfiantequejenel’aijamaisété.Jemesensforteetadorecettesensation.J’attrapeàmontoursonT-shirtetils’avanceafindem’aideràleluienlever.Seigneur!RickDiamondestuntypecanonhabillé,mais là…Sontorse…musclé…tatoué…aussiprèsdemoi…jene trouveaucunmotpouvantrendregrâceàsamusculature.J’aisoudainlagorgesècheetmoncœurfaituneembardée.Seslèvresreprennentpossessiondesmiennesetlatempératureaugmenteencoreunpeuplusdanslesalon.Rickpassesesmainssousmesfessesetsansquejenem’yattende,ilnousrelèveducanapé.Jepassemesjambesautourdeseshanchesafindenepastomberetilnousentraînedanssachambre.Jen’aipas le tempsdem’attardersur lapièce,Rickromptnotrebaiseretmedéposesur le litpuis ils’installe à genoux entre mes jambes. Il ancre son regard au mien et d’une main experte, ildéboutonnemonjean,lefaitdescendrelelongdemesjambesetlejetteausol.Ilseredresseetretiresonpantalonàsontour,dévoilantl’ampleurdesonexcitation.
Terriblementgriséeparlasituation,jemedécouvreuneâmejoueuseetpassemalanguesurmeslèvresenregardantsonérection.Rickhausseunsourcilinsolentenpassantsesdoigtssousl’élastiquedesonboxerpuisilleretire.
Putain!Maiscemecn’adoncaucundéfaut?
Jeparlebiensûrdesonphysique,cen’estpaslemomentdepenserquedesdéfauts,ilenaplein,àcommencerparêtreuncoureurdejuponsinvétéré.
—Jetetrouvebientrophabillée,toutàcoup,dit-ilenrevenants’installerentremescuisses.Seslèvresseposentsurmongenouetremontentlentementversmonintimité,maisnes’yarrêtent
pas.Sabouchecontinuesonascensionsurmonventre,sesmainspassentdansmondosetdégrafentmonsoutien-gorgepuisilmeleretire.
—C’estdéjàmieux,dit-ilcontremapeau.Seslèvresembrassentmapoitrinenueet jegémissoussescaresses.Ilpassesesmainssurmes
hanches,attrapel’élastiquedemonstringetd’ungestesec,ledéchire.Merde!Jel’aimaisbiencelui-là!Enplus,j’enaipasderechange!Super,lejeansansculotte…
après le sexe,çavaêtre tip-top !Etbiensûr, Izzy,c’est lemomentdepenseràcegenredechosesalorsquetuasundieuvivantsoustesyeux,maugréé-jeintérieurement.
Rickparsèmemonbustede légersbaisers,meramenantsoudaindanscettevagueeuphorique–Mon.Dieu.Je.Vais.Coucher.Avec.Rick!–puisnoslèvresseretrouventdansunecaressedesplussensuelles.
—Jemeursd’enviedetoi,beauté.—Pré…Capote?demandé-je,hésitante.Il s’assoit entremes jambes et tend son bras pour ouvrir le tiroir de sa table de chevet. Il en
ressortplusieurspréservatifsqu’ildéposedessus.Plu…sieurs?Ilcroitqu’onestcombien,là?Ilseraitpasunpeuprésomptueux,legarçon?Ilancresonregardaumienetpasselefinboutdelatexsursonsexe.Ils’allongeàcôtédemoiet
nousrecommençonsànousembrasser.Ilpressemahanche,entremêlesesjambesauxmiennespuisd’ungestedesreinsmefaitm’assoirsurlui.Ilmelancesonfameuxsourireets’amuseàfrottersonsexecontremonpetitbouton.Cetypen’estpasencoreenmoiqu’ilmerenddéjàfolle.Soudain,sespupillessedilatentdedésiretilmepénètrelentement.Jemelaissehapperparcettevaguedeplaisiretm’abandonnecomplètementdans lesbrasdeRick,SuperConnardet tantpis, sidemain je regrettemeschoix!
11
IZZY
Aprèsavoircouchéensemble–troisfois,dontladernièresousladouche–Rickaproposédemeramenerchezmoietnousavonsfaittoutletrajetdansunsilencepesant.
Cela faitdeuxbonnesheuresque je suisallongéesurmon lit en trainde fixer leplafondetderepasserenbouclelasoirée.Lafaçonqu’ilavaitdemeregarder,sesmainssurmoi,sonsoufflesurma peau. J’avais déjà dumal à ne pas penser à lui etmaintenant que j’y ai goûté, cela risque des’avérerencorepluscompliqué,mêmesijesaisquepourlui,jenesuisqu’unénièmeplanculetriend’autre.
Monréveilmesortdemespenséesetdansuneheure,jedoisprendremonposteauJoe’sCoffee.JeserviraiRickcommetouslesmatins…etcommesiderienn’était.
Seigneur!Achevez-moi!Quinzeminutesplustard,j’aienfiléunjoggingetunepairedebasketsetmevoilàprêtepourmon
petitfootingmatinal,quijel’espèremeremettralesidéesenplace.J’ouvrelaported’entréeettombenezànezavecShawnquejen’aiplusvudepuisqu’ilm’aembrassée.EtdirequemavieressemblaitaudésertduSaharaetqu’enl’espacedequelquesjours,j’aiembrassédeuxhommesetcouchéavecl’und’entreeux!
Jerefermelaportederrièremoietentendsunraclementdegorge.—Salut…Izzy.Euh…çafaitunpetitmomentquejenet’avaispluscroisée.—Salut.J’aiétéunpeudébordéeavecl’approchedesexamens,réponds-jeunpeuabruptement.—Oui.Euh,c’estsûr.Ilmetsesmainsdanssespochesetnousnousregardonsquelquessecondesavantdedescendreles
escaliersensilence.Lorsquenousfranchissonsleseuildel’immeuble,Shawnposesamainsurmonavant-brasetnousnousarrêtons.
—Çatediraitqu’onmangeensembleundecesquatre?—Ehbien…,jevaisentrerendernièrephasederévision,jenevaispasavoirbeaucoupdetemps
devantmoidanslesprochainsjours.—Ilfaudrabienquetumangespendantcetemps-là,non?tente-t-ilavecunsouriretimide.—C’estsûr,dis-jeenluirendantsonsourire.—Alors,trouveunjourettumedis,OK?Jesuisdésolé,maisjedoisfiler,jesuisdéjàenretard.Ilm’embrassesurlajouesansmelaisserletempsderépondreetpartàtouteallurerécupérersa
voiture.Jeleregardes’enallerenrestantplantéelàplusieurssecondesavantdemerappelerquesijeneparspasmoiaussi toutdesuite fairemon joggingautantnepasyallerou je risqued’êtreà labourre.
J’arriveavecdixminutesderetardauJoe’sCoffee,mais,commeàl’accoutumée,monpatronnemefaitaucuneremarque.J’embrasseBettysurlajoueetmemetsàmoncomptoir.
—Tuasquelquechosedechangé,ditmonamieentredeuxclients.
—Euh…non,Betty.Jelèvelesyeuxauciel.Commes’ilyavaitécritsurmonfront«j’aicouchéavecSuperConnard
hiersoiretjenepenseplusqu’àçadepuis».—Si.Ilyaquelquechosededifférentcheztoi,insiste-t-elleenvenantsemettrederrièremondos.
C’estquoiquidépassesurtanuque,MissYoung?—Ahça!Rien.C’estriendutout,réponds-jeenpréparantuncappuccinol’airderien.—Non?!Tuasosé?Dis-moiquecen’étaitpaspourrien,dit-elleimpatiente.Jerougisjusqu’àlapointedesoreillesetm’affaireàservirlesclientsafindenepasrépondreà
macasse-pieddemeilleureamie.Ilestbientôt9heuresetRicknedevraitplustarder,jenevoudraispasqu’ilsurprennenotreconversation.
—Pasmaintenant,Betty.—Iz,jeveuxvoircetatouageetj’exigetouslesdétails!—Quelsdétails?dis-jeenfeignantd’êtreimbécile.—Del’après,banane!Nousn’entendonspasJoevenirderrièrelecomptoiretpoussonsunpetitcriaigulorsqu’ilnous
claquelesfessesavecsontorchon.—Allezauboulot!Jenevouspaiepaspourjacasser,vousdeux!—Chef!Oui,Chef!NouséclatonsderireetcontinuonsnotreservicesansqueBettyreprenne
son interrogatoire. Comme chaque matin, je sers les mêmes clients : Andy l’agent immobilier,Emmanuelle,notrepetitefrenchie,MrsStuart,monancienprofesseurdematernelleetbiend’autres,maisàmidi,toujoursaucunetracedeRick.Depuissixmoisquejetravailleici,ilesttoujoursvenuàlamêmeheurecommandersonpainaux raisinset soncappuccinoetvoilàque le lendemainaprèsavoir couché avec lui, il n’osemême plus venir ici. Je savais que c’était un connard, mais je necomprendspaspourquoiilabesoindemefuir.Commesij’allaisluicouriraprèsouencoremieux,tiens,memettreàpleurercommeunbébépourqu’ilmereprenne!Jesavaisàquoim’attendreenacceptantsapropositionhiersoir,maisjenepensaisquandmêmepasqueçaallaitautantm’affecter.Jemesensstupide,moche,honteuseetvraimenttropconne.
Non,maisjem’attendaisàquoi,exactement?Àcequ’ilarriveiciavecsonsourireallumeurdepetitesculottesetqu’ilm’embrassedevanttoutlemonde?
Maisbiensûr,Izzy,etpourquoin’irais-tupasensuitefaireuncoursd’aqua-poneytantquetuyes?Etpuismangeruneglaceavectescopineslicornes,aussi?
Jesuisridicule,jesaistrèsbienqu’ilnes’afficherajamaisavecmoietquejen’étaisqu’uncoupd’unsoir,maisj’espéraisaumoins,qu’ilcontinueraitàveniricietquenousreprendrionsnotrejeudu chat et de la souris, sans prise de tête.Au lieu de quoi, je suis juste une croix de plus sur sontableaudechasseetajoutéeàlatrèslonguelistedefillesmisesdanslacase«neplusjamaisrevoir».
Quinzeheures.JesuissurlepointdequitterleJoe’sCoffeeafinderentrerchezmoipourrévisermespartielsquandBettym’attrapeparlebras.
—Oùcomptes-tuallercommeça?—Chezmoi,oùd’autre?—Jesaispasmoi…ChezSuperConnard,parexemple?—N’importequoi,Betty.—Onpeuttoujoursespérer,non?Bondetoutefaçon,ilesthorsdequestionqueturentreschez
toi.KentonnousattendauSatyns.
—Non,maisjerêve!TuasappeléKent?dis-jeenlevantlesyeuxauciel.—Non,jeluiaienvoyéuntextoetilestaussiimpatientquemoiquetunousdisestoutcequis’est
passé.Tucomprendsbienquejenemecontenteraipasdupeuquetuasbienvoulumelâcher.— Vous êtes bien trop curieux tous les deux. Rappelle-moi pourquoi je vous ai choisis pour
meilleursamis?—Parcequetunousaimestropetquetunepeuxplusvivresansnous,répond-elleenmetirantle
braspourquejelasuive.Nousmarchonsdanslaruepourrejoindresavoitureetpassonsdevantlesalondetatouagesde
Rick.Jesuisàlafoisdéçueetheureusedenepasletrouverdehorssurletrottoirentraindefumersaclope.Aumoins,jeneseraispasridiculedevantluiaprèscequis’estpasséentrenoushiersoir,et,quiplusest,enprésencedeBetty.
Durant le trajet en voiture,Betty n’a pas arrêté deme poser des questions,mais au bout de lavingtièmefois,elleaenfincomprisquejeneluidirairientantquenousneseronspasavecKenton.Jevaisdéjàavoirdumalàleurracontercequis’estpassé, jen’aipasenviedelefairedeuxfois!NousentronsdansleSatynsetrejoignonsKenton,entraindenousattendreàunetablefaceaulac.
—Salut lesgirls,ditnotreamiquandnousnousinstallonsàsescôtés.Alorscommeça, tut’esenfindécidéeàfaireunefolie?continue-t-il.
—Onpeutlevoirmaintenant?demandeBetty.Jeregardeautourdenousetmemetsdefaçonàcequepersonned’autrenepuissemevoirpuisje
remontemonT-shirtdansledosenrougissant.—Wouah!s’exclament-ilsencœur.—MonDieu,Izzy,ilestmagnifique!ditBetty,émerveillée.Jerabaissemonhautetmeréinstallenormalement.—Merci.Rickm’aditqued’iciquelquesjours,ilseraencoremieux.—IlabeauêtreunSuperConnard,jereconnaisqu’ilfaitvraimentdubonboulot,continuema
meilleureamie.—Bon,raconte-noustout,Darling,ditKenton.—Ehbien…votrechèreamie,iciprésente,aétéfidèleàelle-mêmeetaeulahontedesavie.—C’est-à-dire?continueKent.—Ben…jesuistombéedanslespommesalorsqu’ilallaitfinir.—Non!lâchent-ilstouslesdeuxàl’unisson.—SérieuxIzzy,iln’yavraimentquetoipourtoujourstemettredansdessituationspareilles…—Oui,surtoutquejusque-làtoutavaitétéparfaitementnormal.—Normal?AvecSuperConnard,jenepensepas,non,railleBetty.—Maistuasdit«jusque-là»,ditKentonenmimantdesguillemets.—Ehbien,àlasuitedeça,ilm’aproposéd’allerchezluipournepasquejeresteseule.—Et tu as cru à cette excuse ? s’exclameBetty enme regardant comme s’ilme poussait une
troisièmetête.— Bien sûr que non, je ne suis pas débile à ce point ! Je savais très bien dans quoi je
m’embarquaisenacceptant.—Ettuyesalléequandmême!Ehben…franchement,aprèstoutescesannéespendantlesquelles
tuasbavédevantlui,jen’auraisjamaiscruquetuosesfaireça…Celle-là,jenel’auraispasvuvenir,continueBetty.
—Oh putain ! Dis-nous que tu as couché avec Super Connard, s’te plaît, s’te plaît. Tu seraséternellementmadéesse,ditKenton.
Jem’empourpreimmédiatementauxsouvenirsdelanuitdernièreetmesamissemettentàcriercommesinousétionsseulsdanslebar.
—J’hallucine,elles’estfaitRickaliasSuperConnard!crieBetty.—Tupeuxbaisserd’unton,jenesuispasvraimentfièredemoi,là.—Donne-nousdesdétails,Iz.—Tun’aspaslechoix.—Est-cequ’il estbienmonté?Ça serait tellementdécevant si cen’étaitpas le cas,ditKenton
théâtralement.—Ilestdoué?renchéritBetty.Jesuiscertainequecemecsaitcequ’ilfaitdansunpieu!—Vousl’avezfaitplusieursfois?Làencore,jerougisetjedoistrèscertainementressembleràunetomate,tellementmesjouesme
brûlent.—Putain,j’ycroispas!Tuasbaiséplusd’unefoisavecRick!?—Tuveuxunmégaphone?Jesuispassûrequelesgensaufonddelasallet’ontentendu.Elleseretournepourjeterunregardautourdenousetlorsqu’elleseréinstallenormalementdans
sachaise,ellefaitunedrôledetête.—Jesuisdésolée,Izzy…vraiment…Jenecomprendspaspourquoimonamies’excusejusqu’aumomentoùj’aperçoisRick,Shawnet
leurbandeàquelquesmètresdenous.LeregarddeShawnpasseplusieursfoisdesonamiàmoietsoudain,ilenvoiesonpoingencorevalidedanslatêtedeRick.Unebagarrecommenceentrelesdeuxhommes.
—Tuterendscomptequ’ilssonten traindesebattreàcausede toi?murmureKentonàmonoreille.
Je suis incapable de répondre. Je trouve la scène qui se passe devant moi complètementsurréaliste.Shawnvientvraimentdemettreunnouveaucoupdepoing,àRick,undesesmeilleursamis,ettoutçaàcausemoi…?
12
SHAWN
ToutjustearrivéauSatyns,aveclabande,j’aperçoisIzzyencompagniedesesamis.Nousallonsdroitverseuxetaufuretàmesurequenousavançons,leurconversationvientànosoreilles.Nousnesommesplustrèsloinettoutàcoup,Bettylâcheunebombe.
—Putainj’ycroispas!Tuasbaiséplusd’unefoisavecRick!?Jem’arrêtenetetregardecomplètementabasourdiIzzypuisRick.J’hallucine!Ilapasosé? Je
luiaidemandédenepastoucheràuneseulefille,putain!Uneseule…etcecons’estquandmêmedébrouillépourlamettredanssonlit.Jevaisluipétersagueule,luicouperlescouillesetlesluifairebouffer,àcetespèced’enfoiré!Rickmelanceunregardmi-penaud,mi-je-suis-comme-ça-qu’est-ce-tu-veuxetc’est lagoutted’eauqui faitdéborder levase.Sans réfléchirunesecondedeplus, je luibalancemonpoinggaucheenpleinemâchoire.Rickchancèlelégèrementetreculed’unpas,maisjen’en ai pas encore fini avec lui. Je lui lance un autre coup,mais, cette fois, il le pare tout enmebalançantuncrochet.Commetoujoursquandunebagarreéclateauseindenotrebande,lesgarsnouslaissentnousbattrequelquesinstantspuisnousséparent.
—Çasuffitmaintenant!intervientDesmond.Vousavezquelâge?Quinzeans?—Cemecestunenfoiré!dis-je,encorefouderage.—Etc’estmaintenantquetut’enrendscompte?Ilatoujoursétécommeça,Shawn.C’esttoiqui
pètesuncâblequandils’agitd’Izzy.JefrottemonmentondouloureuxetlanceunregardfurieuxàDesmond,mêmes’ilaraison.Rick
estmonamidepuistoujours,maisenmatièredefilles,ilatoujoursétécon.Jem’attendaisàquoi,aujuste?!Enfait,cequim’énerveleplus…c’estelle.Commenta-t-elleputomberaussibas?Celaneluifaitrienden’êtrequ’unecroixdeplussuruntableaudechasse,unjeu?Alorsquemoi,jesuislà…Putain!
J’aibesoind’air.Jepousselesmecsautourdemoi,traverselasalleaupasdechargeetsorsdanslarue.Jepasse
unemain rageuse surmon visage et grogne de douleur. Il nemanquait plus que ça ! J’ai pensé àdonnerlepremiercoupdemamainencorevalide,maisdanslefeudel’action,jen’aipluspenséàmablessureetmaintenantellemefaitunmaldechien.
Jesensunelégèrepressionsurmonépauleetmeretournevivement,prêtàmeretrouverfaceàRickoul’undesgarsvenusmefairelamorale,maisjemeretrouvenez-à-nezavecIzzy.
—Désolée,jenevoulaispastesurprendre.Çava?demande-t-elled’unevoixhésitante.—J’aiconnumieux,réponds-jeabruptement.—Jepeuxsavoircequivientdesepasser?—Deshistoiresdemecs.—Vraiment?J’aipourtantl’impressionqueçaaunrapportavecmoi.—Ahoui?Tucroiscela?demandé-jeenavançantd’unpasverselle.—Ehbien…tuavaisl’airplutôtcontrariéparlesproposdeBetty,avoue-t-elleenrougissant.—Jetel’aidéjàdit,Izzy,situaimespasserpouruneconne,c’esttonproblèmepaslemien!—Ahoui,hein?Vraiment?!Alorspourquoituviensdetebattreavectonmeilleurami,sit’enas
rienàfoutre?s’emporte-t-elleenponctuantchacundesesmotsdesonindexcontremontorse.
—J’aipasenvied’avoircettediscussionavectoimaintenant.Je recule d’un pas en la repoussant et passe une main nerveuse dans mes cheveux. Elle ne
comprendvraimentpaspourquoij’aifaitça?Sérieusement?Cettefillemerendfou.Sesquestionsm’exaspèrentautantquesesdécisionsetpourtant,laseulechosequej’aimeraisfairepourqu’ellesetaiseestdel’embrasser.Ilmefautuserdetoutmonself-controlafindenepascéderàlatentationdeses lèvresdont legoûtm’obsèdeencore. Izzycroise lesbrassursonventreetme lanceunregardnoir.
—Jenetecomprendspas.D’abordSanders,alorsquelaveilletunet’espascomportémieuxqueluiavecMelody,etmaintenantRick!C’estquoi,tonputaindeproblème?
—Laissetomber,Izzy.Je me retourne et m’apprête à partir le plus loin possible d’ici, mais elle m’en empêche en
m’attrapantlebraspourm’obligeràluifairefaceànouveau.—Shawn…Cettefois,jesuisincapablederésister.L’attractionqu’elleexercesurmoiesttropforte.Jel’attire
dansmesbrasetl’embrasseenlaissantexprimerl’ampleurdelacolèreetdudésirqu’elleéveilleenmoi.Commelapremièrefois,ellehésited’abordavantdemerendremonbaiser,mais lorsqu’elles’apprêteàs’abandonnercomplètementànotreétreinte,elles’arrêtebrusquementetmerepoussedetoutessesforces.
—Non,maisçavapas?!—Tuvoulaissavoir…Maintenant…Tusais.Sansluilaisserletempsdemerépondre,jetournelestalons,mais,cettefois,ellen’essaiepasde
m’arrêter.Jemarchedanslarueenruminantcequivientdesepasser.Izzym’aenfinaidéàretrouverlenomdecettefille…Melody!J’étaisincapabledem’ensouvenir,maisIzzy,elle,s’enestrappelée.Pourquoisesouvient-elleduprénomdecettenanasiellecouchequelques joursaprèsavecRick?J’aibien sentiquecela l’avait contrariée alorsque jamais auparavant, ellen’avaitprêté attentionàmesconquêtes.
J’arrivedevantmonimmeubleetregardelafenêtred’Izzyenpoussantunsoupirexaspéré.Jenecomprendraijamaisrienauxfemmes.J’entredanslehalletreçoisunSMS.
Jed:T’esoù? Moi:Chezmoi. Jed:J’arrive! Moi:Non. Jed:Àtoutdesuite.
C’esttypiquementduJedtoutcraché!Ilsaittrèsbienquesijesuisparti,c’estpourêtreseuletmêmesi les autres respectentmonchoix, lui,n’ena rienà foutre.Nous sommesunebandede sixpotes,maisluietmoisommeslesplusproches.
J’entredansmonappartetlaisselaporteouvertederrièremoi.Jevaisdanslacuisineetprendsunpackdebièresdanslefrigopuism’installesurlecanapé.Quelquesminutesplustard,Jedarriveetclaquelaportederrièrelui.
—Monhéros!dit-ilthéâtralementenentrantdanslesalon.—Tagueule,Jed…,dis-jeenluitendantunebière.—Sérieusementmec,Ricknel’apasvolé!Toutlemondesaitqu’Izzyestintouchable.—Ellen’estpasintouchable!OnparledeRick,là!Çaauraitétéquelqu’und’autre,jen’aurais
pasréagicommeça.—Arrêtetonchar!Siçaavaitétémoiquil’avaitbaisée,tuauraiseulamêmeréaction!J’imagineJedavecIzzyet…Putain!Qu’est-cequejepeuxrépondreàça?
JegrogneetboisunegrandegorgéedemaBudtoutenréfléchissantàladernièrephrasedeJed.D’habitude,jesuislavoixdelasagesse,celuiquidonnedesconseils,quineperdpassoncalmeetlà,ça fait deux fois que mes potes ont raison. Lorsqu’il s’agit d’Izzy, je perds tout mon sang-froid.D’abord, j’aicassé lenezdeSanders.Puis, jem’ensuisprisàRick.Mais,àbienyréfléchir, jenepeuxquem’avouerquesiçaavaitétén’importequelgarsdelabande,j’auraiseulamêmeréaction.
—T’ascettefilledanslapeau,Shawn,etd’unemanièreoud’uneautre,ilvabienfalloirquetuluidisescequeturessenspourelle.
—Depuisquandtut’estransforméenpsy?dis-je,unbrinsarcastique.—Depuisque tuparsenvrille. Il fautbienque l’undenous tienne lesautres, lâche-t-il leplus
sérieusementdumondeenportantsabièreàseslèvres.Jeleregarde,incrédule.Faceàmonétonnement,ilexplosederireetjelerejoins.J’avaisenvie
d’êtretoutseulaprèscequivenaitdeseproduire,maisJedestceluidontj’avaisbesoinàmescôtéspourévacuerlapression.Etunefoisdeplus,ilaraison!IlvafalloirquejediseenfinàIzzycequej’éprouvepourelle.Aprèstout…Quinetenterienn’arien,non?
13
IZZY
—Lesmecssonttousdesconnards!Kentonmeregardeenfaisantlamoue.—Sauftoi,Kentonchéri,dis-jeenluifaisantunebisesurlajoue.—Ils’estpasséquoidehors?demandeBetty.Jefaissigneàlaserveuseetellevientaussitôtprendremacommande.—UnwhiskysecetuneBud.Ellemelanceunregarddubitatif,maiss’abstientdetoutcommentaire.—Alors?Ilt’aditquoi?demandeBetty.—Rien!Cecrétinnem’arienditetn’aétécapablequedem’embrasser,dis-jehorsdemoi.—Ilt’aembrassé?s’écrieKenton,éberlué.—C’estcequej’aidit.—Çafait justedeuxtypesàqui ilcasse lagueuleàcausede toi,mefait–il remarquerd’unair
entendu.—Maispourquoiàlafin?—Ilt’adanslapeau,Darling.Ilponctuesaphrased’unhochementdetêtetoutenmelançantunregardsatisfait.—N’importequoi!Siçaavaitétélecas,ilneseseraitpastapél’autreniaisedeMelody!Laserveusedéposeensilencemacommandeetrepartencatimini.J’attrapemonverreetlebois
culsec.Labrûluredel’alcoolmefaitdubienmêmesijesaistrèsbienqu’ellenecalmerapasmesnerfspourautant.Jereposemonwhiskyetfaisl’échangeaveclabière.
— Je ne voudrais pasm’attirer tes foudres,mais, s’il s’est tapéMelody, c’est peut-être un peuparcequetul’asgiflé,avanceprudemmentBetty.
Jelafusilleduregard.—Dequelcôtétues?— Et au risque d’en prendre aussi pour mon grade, qu’est-ce que ça peut bien te faire s’il a
couchéaveccettenana?renchéritKenton.Jenevoispaspourquoiçatetoucheautant,alorsqueturépètesàquiveutbienl’entendrequevousêtessimplementdespotes.
Je les dévisage à tour de rôle tout en buvant une gorgée de Bud. Voilà qu’en plus d’avoir laréputationdelanouvelle«Mariecouche-toilà»deGrandLake,jeconcourspourletitredepilierdebardel’annéeavec,toutescesconneries!IlnemanqueraitplusqueçaàajoutersurmonCV!Jevoisbienle truc,à lacaseLoisirs :«Baiseraveclepremiervenu»,suivide«Saitenquiller lesbièrescommepasdeux».Super!Çaneferapasdutoutmauvaisgenre.
Je laisse échapper un rire amer tout en continuant de sifflerma bouteille, alors quemes amisattendentuneréactiondemapart.Maisquepourrais-jeleurrépondre?
Oui,j’aigifléShawn,carilétaitallétroploindanssespropos.Oui,j’ailesnerfsqu’ilaitagienSuperConnardaprès.Oui,j’ailesnerfsparcequeçafaitdeuxfoisqu’ilm’embrasseetquepourjenesaisquellesraisons,jesuisincapabledelerepousserdeprimeabord.Etoui,jesuissurlesnerfs,carj’aicouchéaveclevraiSuperConnardetqu’ilaagientantquetel.Iln’apasfailliàsaréputationetmêmesij’étaisprévenue,jenepeuxm’empêcherd’êtredéçue.Alors,oui,jesuisgraveencolèreet
je ne sais pas ce quim’énerve le plus ! Et le pire dans tout ça ?C’est que si je suis dans tout cemerdier,cen’estquelefruitdemesdécisionsdébiles!
Non,enfait,c’estdelafautedeBettyetKentonavecleursconseilsàdixcents.Jelesaiécoutés,onvoitlerésultat!Quoi?Jemerassurecommejepeux.
Soudain,jesenslelourdpoidsdecesderniersjourss’abattresurmesépaules,telleunechapedeplomb.Jesuisexténuée.
—Jevaisrentrer.J’aibesoind’êtreseule,dis-jeenattrapantmonsac.—Ahnon!Iln’estpasquestionqu’ontelaisseaprèslesderniersévènements!protesteKenton.—C’esttrèsgentil,Kent,maislà…tuvois,j’enairaslacasquetteetj’aienvied’allermeterrer
dansmonlitpourlerestedelajournée.Onparlerademain,OK?—Jeteraccompagne,ditBetty.—Non,laissetomber.Jevaismarcherunpeu,çameferadubien.—Maisc’estloin…—Sij’enaimarre,jehéleraiuntaxi.C’estpascommes’iln’enpassaitpasfréquemmentdansle
coin.—Tuessûre?J’acquiesced’unsignedetêteetmelève.JelesembrassetouràtouretquitteleSatynsd’unpas
las. J’arrive à l’extérieur et allume immédiatement une cigarette puis je me mets à marcher endirection de chezmoi. Pendant les dix premièresminutes, je repasse en boucle dansma têtemonaltercationavecShawnouplutôt,mesaltercationsaveclui.CetypemerenddingueautantqueRick,maispourdesraisonsdifférentes.
Pendantlesdixminutessuivantes,jerepenseautatouage,àmasoiréechezRicketàcettefaçonquej’aideperdretoutepenséecohérenteensaprésence.Lorsquejel’aivuaubar,avantqueShawnluisautedessus,lapremièreréactionquej’aieueaétédel’imaginernudevantmoi.Bonsang!Cemecvamerendrecomplètementnymphomane!Maismaintenantquej’yaigoûté,jecomprendslesautres filles.Rick est une véritable tentation, un peu comme lorsque vous êtes au régime et qu’onvousmetdevantlesyeuxunetablettedechocolatquevousn’avezpasledroitdetoucher.Vousvoyezcequejeveuxdire?Ehbien,RickDiamondreprésentecettefrustration.Jepensaisqu’encédantàlatentationaumoinsunefois,jepourraiscocherlapetitecasementale«coucheravecmonfantasme:check»,maisenplusd’avoircochécettecase,unenouvelleestdésormaisapparue:«coucheruneautrefoisavecRick».Non,maisfranchement…!Jesuiscomplètementtaréecommefille,ouunpeumaso,oubienmêmelesdeux…sûrementça.
Et en même temps, les réactions de Shawn me poussent à me poser de nouvelles questions.Pourquoi réagit-il comme ça ? Kenton a-t-il raison ? En pince-t-il réellement pour moi ? Maispourquoialorsn’avoir jamais rien tenté?Noussommesvoisins,pourainsidireamis, ilestplutôtbeaugossemêmes’iln’arienencommunavecRick.L’unestlefantasmeàl’étatpur,brun,musclé,tatoué,arrogant,que l’onpeutclasserdans lacatégorieconnard sansaucunehésitation.L’autreestplutôtpasmal,gentil,bienfoutumêmes’iln’apaslacarrured’unathlète…Shawnestletypebien,bon à marier et à présenter à ses parents. Pourquoi faut-il que je sois attirée par deux mecs sidiamétralementopposésetquiplusest,amisdepuisl’enfance?Sérieusement,lesmecsontpeut-êtreungrain,maispourlecoup,j’avouequemoiaussi,j’entiensunesacréecouche!
J’arrive devant la porte de mon appartement et recherche activement mes clés dans mon sac.Soudain,laportedeShawns’ouvreetsonamiJedsortsurlepalier.Ilmelanceunregardétonnépuis
ditquelquechoseàShawnetpartenmefaisantunsignedelamain.—Tuasdeuxminutes,Izzy?Jeneluirépondspasetcontinueàchercherfarouchementdansmonsac.—Izzy,pourtoutàl’heure…jevoulaistedirequejesuisdésolé.Tuveuxbiendiscuteruninstant
?Jerelâchemonsacetlefaistomberlourdementausoltoutenlefusillantduregard.—Jevoulaisparler toutà l’heure,maisvois-tu?Tun’aspasvoulu.Ehbien,maintenant, c’est
moiquin’enaipasenvie,lâché-jeencroisantlesbrassousmapoitrine.—Jesais…jesais,mais…—Iln’yapasdemais,Shawn.Jusqu’àiln’yapassilongtemps,tuétaisdanslacase«typebien»,
maistoncomportementdepuispeumefaitpenserquejemesuistrompéesurtoi…—Situmelaissaisletempsdet’expliquer…Deplusenplusencolèreetfatiguée,j’ignoresessuppliques.—Non,pasmaintenant!J’enaiplusqu’assezdetoutesceshistoiresetjeveuxqu’onmelaisse
tranquille,tucomprends?—OK,jevoulaisjustequetusachesque…—Tuesdésolé,c’estbonj’aicompris.Bonnefindejournée,Shawn.Jerécupèremonsacausoletplongemamainàl’intérieur.Miraculeusement,j’ensorsmesclés
du premier coup et déverrouille la porte le plus vite possible sansme retourner. Je peux sentir lepoidsdesonregardsurmoi,etilesthorsdequestionquejemelaisseavoirparsesyeuxdechienbattu.J’ouvrelaporteetaumomentoùjepénètreàl’intérieurdemonappartement,jemeprendsleschaussuresdanslabarredeseuiletm’étaledetoutmonlongsurlecarrelage.
—Izzy,tu…Nonrien,démerde-toi.Derrière moi, la porte de l’appartement de Shawn se referme brutalement. Pour une fois, je
voulaisjouerlesfemmesfortes,maismamaladressem’ainévitablementrattrapée…Autempspourmadignité!J’aiétéunefoisdeplusridicule…Putain!FoutuKarmademerde!
ÀSUIVRE…
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DésirsArdentsTome1
Propose-moi
En quittant sa Provence natale pour s’installer à Paris avec sameilleure amie, Lisa avait pouruniquebutderéussirsesétudesafind'ouvrirsapropreentreprised'événementiel.Septansplustard,sesrêvesprofessionnelsn'onttoujourspasabouti.L'amour?ElleneveutplusypenserdepuisqueJulienluiabrisélecœur,deuxansauparavant.C’étaitsanscomptersurledestinquimetentraversdesarouteJoshua,dontlemagnétismelafascine.Ilvaluifairedécouvrirunmondedevoluptédontelleignoraitl’existence.LepassédeLisarefaitalorssurface,laconfrontantavecsessouvenirs.L’histoiredeLisaetJoshuapourra-t-ellesurmontersesépreuves?Leuramourrésistera-t-il?
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écritdesromansérotiquespoursonplaisirdansleplusgrandsecret.ElletombesouslecharmedeNico,trentenairecélibatairehabituédumilieuBDSMetréfractaireàl'amour.Lehic?Ellenesupportepascetypederelationetpréfèrelequitter.Entredésillusionetespoir,Annasejetteàcorpsperdudanssontravailetlefootingpourtenterdel'oublier.MaisNiconel'entendpasdecetteoreilleetferapourtoutpourreconquérirsabelle.Yparviendra-t-il?
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CléaarriveàBandoloùellevadevoirsefaireàunenouvellevie.Dèslepremierjour,elleestcaptivéeparlacarrureetlesourireenjôleurdeVincent,legarçonlepluspopulairedulycée.Enpriseàsespremiersémois,ellevatomberlittéralementsoussoncharmeetvivresatoutepremièrehistoired’amour. Malheureusement, la vie nous inflige parfois bien des épreuves et leur histoire seramenacéeparundrameterrible. Sentinelle,c’estl’histoirequenousavonstoujoursrêvédevivreaumoinsunefois.CléaetVincentsauront-ilsprendrelesbonnesdécisions?
LÄTT
Deuxmondesenconflit…CeluidesTénèbrescontreceluidelaLumière.Aucentredecetteguerre,l’avenirdel’humanitéquiignoretoutdececombat.LaprincesseLättagrandietaétééduquéeparmileshumains.Ellenelesaitpasencore,maissadestinéereposesurunelégende… «LorsquelalumièreuniverselleetcelleduValds’uniront,lapaixetl’amourrègnerontenfinsurleFörtrolladVärldpourl’éternité.»
Unnouveaudépart
CassandraLacourestunejeunefemmeaulourdpassé.Àvingt-deuxans,elleentredanslavieactiveenfaisantunstagechezDesign&Co,entreprisedirigéed'unemaindemaîtreparNoahBeckham,àquilaviesourit.Chaquenuit,sesvieuxdémonslahantentdanssonsommeilet,chaquematin,elles'efforcedevivreavecunfardeauinsupportable.PourtanttrèsprochedesonfrèreMattéoetdesonamieBarbara,ellen'ajamaisréussiàseconfieretn'accordesaconfianceàpersonne.Néanmoins,soncharismatiquepatronvabouleversersavie,fissurantpeuàpeulacarapacequ'elles'étaitforgéeaufildesannées.Laviel'aabattue,maisCassieadécidédeserelever.Trouvera-t-ellesonsalutdanslesbrasdeNoah,pourra-t-elleprendreunnouveaudépart?
Notes
1.Slyasafoxsignifierusécommeunrenard2.YOLO:Youonlyliveonce:Onnevitqu’uneseulefois