temps forts - sonnenhof - fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions...
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Mai 2014#38
La revue annuelle de la Fondation Sonnenhof
Temps forts...
“Chaque vie est une lumière”www.fondation-sonnenhof.org
DOSSIER• La spiritualité• Les Soins
DOSSIER la spiritualité
DOSSIER les soins
Temps forts 2o14Edito. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 3
Jean-Claude GIRARDIN
Interview d’Anne-Caroline BINDOU . . . . . . . . p 4-5
Thème de l’année . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 6-7
La relation entre « Dieu et moi »
Introduction au dossier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 8-11
La Confirmation, le sacrement de l’Eucharistie, la Profession de foi : des étapes dans la Vie Chrétienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 12
Témoignage d’un parent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 13
La Spiritualité et le handicap
La communication non-vebale au service de ma Foi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 14-15
Accompagner jusqu’au bout . . . . . . . . . . . . . . p 16-17
Interview avec Cathy Vix
La Vie Spirituelle des Personnes Âgées . . . . . p 18
La réorganisation d’un service de soins de la Fondation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 19-24
La recherche de Fonds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 25
Les dons et legs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 27SOM
MAI
RE
Une œuvre diaconale
protestante fondée sur la
foi en Jésus-Christ : c’est en ces
termes qu’est définie la Fondation
protestante SONNENHOF, dans
l’article premier de ses statuts.
Dans le monde qui nous entoure,
en profonde mutation, devant
l’inquiétude que provoque en nous le
manque d’éthique, le délitement voire
la rupture dans les relations entre les
personnes, dans les familles, dans
les entreprises, dans la société
en général, la défiance des uns
envers les autres qui se traduit par
de l’agressivité, nous avons besoin
de repères, d’un socle commun
solide, de donner du sens à nos
actions, de partager un projet
collectif.
OUI, dans ce contexte, nous
réaffirmons notre vocation chrétienne,
fidèles à l’héritage vivant reçu de nos
Fondateurs et transmis à travers les
générations, et restons à l’écoute
des interpellations nouvelles du
temps présent : nous voulons être
un lieu d’accueil marqué par la
spiritualité et être une institution
qui porte témoignage.
Nous voulons vivre notre spécificité
protestante tout particulièrement
à travers l’attachement à la Bible
comme vecteur de la Parole de Dieu
et au salut offert à tout homme par
pure grâce : Dieu a un projet pour
chacun de nous.
La spiritualité constitue une des
dimensions importantes de toute vie.
Au SONNENHOF, la dimension
spirituelle s’inscrit explicitement
dans l’approche globale de la
personne, elle est inscrite dans
notre projet institutionnel et dans les
différents projets d’établissement,
elle est indissociablement liée
aux dimensions : éducatives,
thérapeutiques, culturelles et
sociales. Elle est animée par
la pasteure Léa LANGENBECK,
entourée d’une équipe œcuménique
pastorale et d’un conseil
d’accompagnement.
Le Conseil d’adminitration, la direction
générale et la direction de chaque
établissement de la Fondation en
sont également les garants. Je vous
invite, au fil des contributions et des
témoignages de ce nouveau
numéro de « Temps Forts », à vous
laisse imprégner des valeurs qui
nous animent, à découvrir les
innombrables facettes de notre
spiritualité qui parle à l’âme
et au corps, ces moments
extraordinaires comme le culte de la
fête annuelle, les cultes mensuels,
les fêtes religieuses, les moments
de communion et de prière, les temps
de catéchèse hebdomadaires ou
encore la célébration commune de
la Confirmation, du sacrément de
l’Eucharistie et de la Profession de
Foi avec le pasteur et le prêtre. Tous
ces temps forts sont vécus comme
des repères qui donnent sens à la vie,
qui permettent d’exister ensemble
devant Dieu, qui nourrissent la
qualité des relations à soi-même, aux
autres et à Dieu.
Jean-Claude GIRARDIN, Président du Conseil d’administration
EDITO : Temps forts 2o14
3
Interview de Anne-Caroline BINDOU, nouvelle Directrice Générale de la Fondation.
• Mme BINDOU, pouvez-vous vous présenter ?Mon nom est Caroline BINDOU, j’ai
46 ans, je suis mariée et maman de
3 enfants. Ma formation initiale est
juridique avec une Licence en Droit
à l’Université de Strasbourg, puis
une spécialité en Achats à l’ESAP
(Ecole Supérieure des Acheteurs
Professionnels) et enfin un troisième
cycle en école de commerce fait à
l’ESSEC. J’ai rejoint en janvier 2009
le Conseil Presbytéral de la Paroisse
Protestante d’Eckbolsheim, où je
réside, à l’invitation de notre
Pasteure. J’y œuvre de mon mieux,
en qualité de vice-présidente.
• Quel a été votre parcours professionnel ?J’ai travaillé durant plus de 20
années, au sein de groupes
industriels dans le secteur de
l’agroalimentaire, dans la fonction
Achats. J’ai notamment été en
charge des achats indirects des
Brasseries Kronenbourg, puis suite
à la cession de l’entreprise à un
groupe brassicole Ecossais, j’ai été
nommée adjointe au Directeur
des Achats du Groupe Scottish &
Newcastle.
Durant près de cinq années j’ai
œuvré à la mise en place de synergies
“
“
Le 5 avril 2014, le Conseil d’Administration a nommé Madame Anne-Caroline BINDOU comme Directrice Générale de la Fondation.
C’est l’aboutissement d’une longue démarche de recrutement engagée dès l’élection de Monsieur ALBECKER comme Président de l’EPCAAL, en octobre dernier.
Je suis particulièrement heureux que vous puissiez faire sa connaissance au travers des réponses qu’elle a données à cette interview de «Temps forts».
Confiant dans ses grandes qualités humaines et ses compétences pour diriger notre Fondation, je lui souhaite de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice de ses responsabilités au service de nos résidents.
Sous le regard bienveillant de notre Seigneur !
Jean-Claude GIRARDIN, Président du Conseil d’administration
4
au niveau du groupe, étant basée à
Edimbourg, tout en vivant à
Strasbourg et en étant présente
dans cinq pays de mon périmètre
de responsabilité. Suite au
démantèlement du groupe ayant
subi un rachat par deux Brasseurs
Européen de premier plan, j’ai
eu l’opportunité de réorienter ma
carrière vers une activité me
permettant une plus grande présence
auprès de ma famille. J’ai ainsi repris
mes études et à l’issu de 18 mois de
formation, j’ai créé une entreprise de
conseil à Strasbourg. Dans ce cadre,
j’ai notamment dirigé le programme
de marketing territorial de la Région
Alsace : la marque partagée Alsace.
• Pourquoi avoir voulu que votre carrière prenne un nouveau virage ?C’est à la faveur de la pause
professionnelle liée à l’arrivée de
notre troisième enfant et d’échanges
avec des personnes ayant choisies
de mettre leur vie professionnelle plus
en harmonie avec leur convictions
personnelles, qu’a germé en moi
le projet de mettre mes savoir-faire
et connaissances au service d’une
structure plus petite et plus orientée
sur des problématiques locales et
humaines.
• En quoi votre expérience professionnelle passée pourra apporter quelque chose à la Fondation protestante Sonnenhof ?Mes différentes expériences de
management, acquises au fil de
précédents postes seront précieuses
pour engager l’ensemble des
personnes, individuellement et
collectivement, dans les
nécessaires processus de changement.
Ma philosophie de management
d’équipes issue de ces expériences
est basée sur un relationnel de
qualité, sur l’écoute et la
compréhension des moteurs et freins
individuels. J’ai appris à prendre
le temps nécessaire à connaître
et comprendre les parties
prenantes, à m’assurer de la bonne
compréhension des enjeux par tous.
Mon expérience d’optimisation sera
également transposable au sein
du Sonnenhof, où tout doit
concourir au mieux vivre des
résidents, dans le respect du
travail réalisé quotidiennement par
l’ensemble des collaborateurs.
• Qu’est-ce qui vous a attiré au Sonnenhof ?« Chaque vie est une Lumière » .
C’est par cette affirmation
réjouissante que j’ai découvert
l’univers du bien nommé
SONNENHOF. C’est cette phrase
simple et belle, résumant ma
recherche de sens dans mon projet
professionnel, qui m’a amenée à venir
œuvrer avec vous aujourd’hui. Cette
Lumière c’est bien plus qu’un mot,
bien plus qu’un concept, c’est ici une
réalité, que j’ai eu la grande chance
de voir. D’abord dans les yeux,
le regard et le rayonnement des
résidents que j’ai pu rencontrer,
ensuite dans l’enthousiasme de
celles et ceux qui chaque jour
les accompagnent, enfin dans
l’énergie reçue à l’occasion d’un
culte que je ne suis pas prête
d’oublier.
Ce jour-là, la Lumière partout
présente m’a confortée dans ma
démarche.
• Que peut-on vous souhaiter ?Si j’ai un vœu à formuler, c’est de
toujours agir en Vérité, que mon
action soit guidée par la
Lumière, afin d’écrire ensemble,
avec tous les acteurs concernés :
collaborateurs, administrateurs,
familles, une nouvelle page de
l’histoire du SONNENHOF qui rende
la vie meilleure à tous nos résidents.
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Thème de l’annéeLa relation entre « Dieu et moi »« Je me tourne vers toi, Seigneur, au matin,
tu écoutes ma voix » (Psaume 5)
« Maintenant, l’Eternel, qui t’a créé, ô peuple
de Jacob, et qui t’a façonné, ô Israël, te
déclare ceci : ‘’Ne sois pas effrayé car je t’ai
délivré, je t’ai appelé par ton nom, tu es à
moi !’’ » (Esaïe 43, 1)
Ces deux extraits d’un côté du livre des
Psaumes, de l’autre du Prophète Esaïe,
montrent très bien que l’existentielle de la
foi est la relation directe et personnelle de
l’homme avec Dieu et de Dieu avec l’homme.
Ce n’est pas pour rien que le premier récit de
la création raconte que Dieu a fait l’homme
pour avoir un vis-à-vis :
« Puis Dieu dit : “Faisons l’homme à notre
image, à notre ressemblance !’’ »
Pour l’homme, Dieu est relation, Dieu
est dialogue dès le début.
C’est pour cela qu’après quelques
années où des « objets » ou images très
concrets servaient de fil conducteur lors
des célébrations et partages (comme la
montagne ou la lumière), l’Equipe Pastorale
Œcuménique a choisi pour l’année 2013/14
le thème « Dieu et moi » : la relation.
Ce thème n’est pas seulement un thème
central de la foi mais aussi de l’être humain.
Pour entrer dans ce thème, j’aime bien faire
référence au philosophe Martin Buber. Il
est pour moi un témoin incontournable car il
a développé cette pensée de relation et y a
consacré une partie de son œuvre.
Né le 8 février 1878 à Vienne dans une famille plutôt assimilée juive, il sera très influencé par son grand-père qui était un érudit de grande renommée en matière de tradition et de littérature juives. Parmi les œuvres de Martin Buber se trouveront plus tard, entre autres, des livres sur le hassidisme ou encore une traduction de la Bible hébreux en allemand (traduite par Franz Rosenzweig), qui essaie de rester le plus proche possible du texte et de l’hébreux.
L’homme est un être de dialogue, de relation
Il rédigera son chef-d’œuvre philosophique
et théologique en 1923 : « Je et Tu ». Une
œuvre théologique car le « Tu » éternel et
absolu est Dieu.
C’est ici qu’apparaît l’idée que l’homme
est par essence « homo dialogus ». Il
n’existe donc pas en soi mais qu’en
vertu d’une relation. La vie véritable
se constitue donc d’une relation qui
s’instaure entre deux êtres qui se font
face. Si les deux êtres se considèrent
mutuellement comme personnes – et pas
comme choses - ils instaurent entre eux un
dialogue.
Le dialogue dans le langage de Buber
n’est pas le simple échange entre deux
personnes, mais une attitude existentielle,
un résultat de la rencontre et l’expression
d’une relation.
Enfant juif, Martin Buber se penche sur
les écritures de l’Ancien Testament. Il trouve
dans les récits bibliques une vaste illustration
de rencontres, de relations et de dialogues.
Il décrit l’Ancien Testament comme « rempli
d’un dialogue entre le ciel et la terre ». *
Ce dialogue « entre le ciel et la terre » à
travers différents récits bibliques et sous
différents aspects, était déjà et sera encore
abordé cette année.
Ce dialogue prend des formes
très différentes :
Il y a l’appel de Dieu et la réponse de
l’homme, par sa parole ou par ses actes.
C’est l’exemple d’Abraham (Genèse 12,
1ss) qui fut l’histoire du culte de rentrée :
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Dieu appelle Abraham pour lui dire de
quitter son pays. Abraham ne répond pas
par la parole (selon le récit biblique) mais
par l’acte et par son attitude : la confiance.
En fait la réponse de l’homme est plus qu’un
simple mot, elle est la mise à disposition de
sa personne pour le projet de Dieu.
Il y a aussi ce qui devient plus qu’un
dialogue : la présence de Dieu parmi les
hommes en la personne de Jésus : « Dieu
tout près de moi ».
C’est ainsi que nous avons intitulé le culte
de l’entrée dans le temps de l’Avent, après
le récit de l’annonce de la naissance de
Jésus à Marie (Luc 1, 26ss). Dieu se découvre
aux hommes et se livre à une existence
humaine et aux humains jusqu’à la dernière
conséquence, jusqu’à la mort.
Ce qui est abstrait peut devenir palpable
Ce qui semble à première vue comme un
thème très abstrait, peut pourtant se vivre
de façon très concrète et même palpable :
• Jésus s’invite chez Zachée pour partager
le repas avec lui (Luc 19, 1ss). Nous aussi,
nous partageons ainsi, lors du culte, un petit
gâteau. Tout le monde est invité au partage,
les justes et les injustes, les croyants et les
non-croyants.
• Le prophète Elie (1 Rois 19,9ss) a besoin de
ressentir la présence de Dieu pour retrouver
le courage de vivre, Dieu passe devant lui
dans un souffle léger. Nous faisons sentir
à l’autre, ce à quoi pourrait ressembler la
présence et la tendresse de Dieu en lui
caressant la joue avec une plume.
Suivant la pensée de Martin Buber et son
affirmation que la relation est la raison d’être
de l’homme, nous allons élargir la réflexion
et continuons l’année prochaine avec le
thème « Dieu, moi et l’autre ».
La relation avec Dieu doit forcément
avoir un impact sur ma relation avec
l’autre et sur notre vie commune.
Léa LANGENBECKPasteure aumônier
* cf. «Découvrir Dieu dans l’expérience humaine» selon Martin Buber par Annick Vanderlinden ; Conférence donnée à Strasbourg le 13 mars 2001 dans le cadre des conférences de l’Union Protestante Libérale, publiée dans les « Annales 2001 » de l’UPL, pages 21 à 29
7
Introduction• Le regard qui traverse le paysage à partir
du sommet d’une montagne.
• Le son de l’orgue qui fait vibrer les fibres
de mon corps.
• Le chant de l’alouette tôt le matin.
• Un moment de silence absolu dans une
église.
• Un train entre en gare et ramènera enfin
l’être aimé…
• Des moments de grandes émotions ou
d’une paix profonde.
• Des moments en dehors du temps et
du lieu, des impressions qui se gravent
profondément dans ma mémoire…. ou
dans mon âme ?
... ne sont-ils pas des vécus spirituels ?
Pour pouvoir parler de la spiritualité je
cherche d’abord l’endroit où ce vécu,
cette émotion, cet état particulier
est ancré dans notre être humain.
On le nomme souvent « âme », et pas
seulement dans un contexte chrétien.
Parler de l’âme, c’est essayer de parler de
quelque chose qui dépasse mon corps,
le matériel et peut-être même le mortel.
Parler de l’âme, ou de l’esprit, c’est parler
de l’élément en moi qui crée le lien avec
le transcendant et ramène le transcendant
dans ma vie. La poète polonaise Wisława
Szymborska a écrit un poème qui décrit
magnifiquement le caractère de l’âme. En
voici quelques extraits :
L’âme, on l’a parfois.
Personne ne la possède pour toujours
Et sans interruption
….
Elle fait seulement son nid plus durablement
Dans l’enthousiasme
Et les peurs de l’enfance,
Parfois seulement dans l’étonnement de voir que nous avons vieilli.
Elle nous accompagne rarement
Dans nos actions pénibles,
Comme déplacer des meubles,
Traîner des bagages,
Ou faire de longs trajets avec des chaussures trop petites,
Quand nous remplissons des formulaires
Ou hachons la viande
Elle prend congé, généralement.
(L’original publié en «Odra» Nr. 1/2000, Wrocław)
DOSSIER La spiritualité
8
On entend bien par les mots de la poète,
que l‘âme est d’un côté une partie de mon
être, mais qu’elle garde de l’autre côté son
indépendance. Je n’en dispose pas et je ne
la maîtrise pas entièrement. Elle semble être
en outre d’une autre époque car elle n’arrive
pas à suivre ou refuse de suivre le rythme et
les occupations de notre vie moderne.
L’image de l’âme de Wisława Szymborska
rejoint en ce premier aspect celle donnée
par la Bible, particulièrement par l’Ancien
Testament. L’âme peut être un deuxième
« Je » qui est en nous et avec qui on peut
dialoguer. Dans le Psaume 42, le Psalmiste
demande son âme : « Pourquoi donc, ô
mon âme, es-tu si abattue et gémis-tu sur
moi ? Mets ton espoir en Dieu ! Je le louerai
encore, car il est mon Sauveur. »
Autant l’âme garde une certaine
indépendance de l’homme à qui elle
« appartient », autant l’âme est, dans
la tradition judéo-chrétienne, la relation
indestructible avec le divin.
Le mot qui est traduit par âme dans le
Psaume 42 dans la Bible hébraïque est
« Nefesh ».
« Nefesh » apparaît également dans le récit
de la création de l’homme dans Genèse
2,7 : « Le Seigneur Dieu prit de la poussière
du sol et en façonna un être humain. Puis il
lui insuffla dans les narines le souffle de vie,
et cet être humain devint vivant. » Il faut
donc le souffle de Dieu pour vivre, pour
que l’âme devienne vivante.
Mais le champ de signification de ce mot est
large. Il va de la force qui fait vivre – dans le
sens de la création - jusqu’au synonyme de
« l’être » en soi et pour sa vie.
L’homme est lié à Dieu par ce souffle qui le
fait vivre et qui crée ce lien particulier avec
son créateur.
La conception de l’âme, dans l’Occident
chrétien, n’est pas seulement un héritage de
la tradition juive. Elle est probablement plus
imprégnée par la philosophie antique et plus
particulièrement par Platon.
L’âme et le corps sont, selon leur constitution
et leur sort, deux entités complètement
différentes. Une grande différence entre les
deux c’est que l’âme est immortelle. Il est
souhaitable, selon Platon, de séparer les
deux. Il appelle le corps même « tombeau
de l’âme ».
Pendant des siècles l’âme était le sujet d’une
riche discussion entre les théologiens.
Malgré d’autres voix, ce dualisme platonique
a laissé ses traces jusqu’à la réformation :
la mort signifie encore pour Jean Calvin la
libération du corps et avec lui du péché.
La spiritualité au Sonnenhof
Aujourd’hui nous essayons de retrouver
une spiritualité qui n’oppose pas l’âme
et le corps, mais qui soit une spiritualité
complémentaire.
Le défi, plus particulièrement au Sonnenhof,
est de retrouver une spiritualité qui se base
sur le témoignage biblique et qui permette de
redécouvrir une spiritualité qui parle à l’âme
et au corps, avec tous les sens et tous les
moyens qui sont nécessaires et possibles.
Quand nous parlons de « Spiritualité » dans
le contexte du Sonnenhof, il vaudrait mieux
employer le terme du « vécu transcendantal »
ou « rencontre avec Dieu ».
Nous pouvons nous référer à un Psaume
qui montre que cette mise en relation ne se
limite pas à l’esprit :
« Mon âme, bénis l’Eternel ! Que tout ce
qui est en moi bénisse son saint nom ! Mon
âme, bénis l’Eternel, et n’oublie aucun de
ses bienfaits ! C’est lui qui pardonne toutes
tes fautes, qui guérit toutes tes maladies.
C’est lui qui délivre ta vie de la tombe, qui
te couronne de bonté et de compassion.
C’est lui qui rassasie de biens ta vieillesse,
qui te fait rajeunir comme l’aigle. »
(Psaume 103)
DOSSIER La spiritualité 9
La spiritualité chrétienne peut être pratiquée
de façon individuelle ou en communauté.
C’est alors que nous pourrons :
• aller à la rencontre de Dieu et de sa Parole,
• lui faire une place en nous,
• entrer en dialogue avec Dieu au travers de
la Parole de la Bible,
• exprimer nos joies et nos peines, par la
louange ou par la plainte,
• nous laisser guider et inspirer par la vie,
par le message et l’exemple de Jésus
Christ et chercher en lui le visage visible de
Dieu le Père,
• accueillir en nous la présence de Dieu, ce
que nous appelons aussi le Saint Esprit,
• nous laisser « inspirer » de nouveau par ce
souffle vivant qui fait vivre.
La communauté est le lieu où
la spiritualité se vit d’une façon
exemplaire, dans la prière pour les
autres, le partage et la solidarité.
Jésus-Christ lui-même nous appelle à
la communion les uns avec les autres en
disant : « En effet, là où deux ou trois sont
rassemblés en mon nom, je suis au milieu
d’eux. » (Matthieu 18, 20)
Vivre une spiritualité au Sonnenhof,
avec des hommes et femmes
d’horizons et avec des capacités très
différentes, signifie utiliser divers
moyens pour préparer un moment de
rencontre avec Dieu. Nous savons que
nous ne serons pas maître de ce qui se
passera ou pas, de ce que percevront les
résidents.
Certaines circonstances nous rendent
plus ou moins disposés à l’écoute, nous
encouragent à laisser derrière nous
l’agitation et les préoccupations de notre
vie quotidienne. Il y a des gestes qui parlent
à notre raisonnement, mais aussi à notre
ressenti. Il y a des sons, des odeurs, des
mélodies qui font ressortir des souvenirs et
donnent place à des émotions.
Musique et spiritualité
La musique joue un rôle important, pas
seulement ici, mais en général lors des
célébrations. Elle touche en nous une
souche pré-cognitive, presque prénatale.
Dans le ventre, l’enfant à naître entend la
voix de sa mère, mais aussi les voix des
autres. Il ne les perçoit pas comme une
langue, avec des mots qui ont un sens,
mais comme une mélodie. C’est comme
de la musique. Par la mélodie de la langue,
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la mère transmet aussi des émotions. Le
nouveau-né va reconnaître ces « mélodies »
de la langue après sa naissance et elles
provoqueront en lui aussi des émotions. Un
nouveau-né reconnaîtra aussi la musique
qu’il a entendu avant sa naissance.
Consciemment ou inconsciemment
nous utilisons des mélodies et des
chants pour transmettre des émotions,
pour créer une ambiance particulière
ou pour faire revivre un souvenir. C‘est
un langage qui touche profondément et
qui est accessible même à ceux qui ne
comprennent pas le sens des mots. La
musique crée souvent cette disponibilité
en nous qui permet le vécu spirituel, la
rencontre avec le divin.
Pour conclure : la spiritualité ne se vit
pas seulement dans le cadre d’une
célébration, d’une prière ou d’un
partage biblique. La spiritualité se vit
tous les jours, parfois à l’imprévu. Vivre
la spiritualité, c’est faire vibrer et chanter
son âme et devenir conscient du lien avec
le divin, le transcendant, de ce qui dépasse
ma personne, ma vie, mon temps.
Vivre la spiritualité, c’est faire une place à
l’extraordinaire, à l’infini, à l’éternel dans ma
vie de tous les jours, dans ma vie banale,
éphémère et limitée.
Les célébrations et les partages rythment la
vie spirituelle de chacun et chacune d’entre
nous, ils donnent des impulsions et ouvrent
de nouveaux horizons.
Le théologien Dietrich Bonhoeffer, (parrain
de notre nouvelle maison à Soultz
sous Forêts) écrivait, dans « De la vie
communautaire », en particulier au sujet
de la prière des Psaumes en communauté:
« Cela me permet de m’élever au-dessus
de ma situation personnelle et de prier en
faisant abstraction de moi-même. »
Ces moments de prière sont des
moments de ressourcement où nous
ne nous enrichissons pas seulement
grâce à la Parole de Dieu mais aussi
grâce à la présence de chacun et
chacune d’entre nous.
Léa LANGENBECKPasteure aumônier
DOSSIER La spiritualité 11
Le Baptême fait de nous des enfants
de Dieu. Nous entrons dans la
communauté Chrétienne, communauté
autour du Christ pour célébrer sa gloire
et accueillir son amour.
Dans la communauté de vie de la Fondation
Protestante Sonnenhof, chacun est invité
à vivre sa relation au Christ selon ses
possibilités. Ainsi, nous proposons aux
parents et aux enfants, de préparer et de
célébrer la Confirmation, le sacrement de
l’Eucharistie et la Profession de Foi au sein
de la Fondation.
Pourquoi cette proposition de
célébration dans la Fondation ?
Les enfants qui nous sont confiés participent
aux temps spirituels proposés à la
Fondation : un temps de catéchèse une fois
par semaine et un temps de célébration une
fois par mois. Leurs particularités demandent
une adaptation dans la transmission de la
Bonne Nouvelle. La Fondation devient alors
en quelque sorte leur paroisse, un lieu où
la Foi peut se construire et s’exprimer en
toute sécurité pour eux et leurs familles.
Dans la mesure du possible et du souhait
des parents, nous accompagnons aussi les
enfants dans leur paroisse d’attachement.
Comment se fait la préparation ?
La préparation est œcuménique en
respectant les spécificités de chaque
confession. Nous nous retrouvons une fois
par semaine à la chapelle, lieu de référence
pour les enfants, «la maison de Jésus»
pour un temps de catéchèse. En début
de préparation, le groupe est présenté à la
communauté lors d’un grand culte.
Déroulement de la séance :
• Allumer la bougie : signe de la présence de
Dieu parmi nous.
• Chant : choisi en début de parcours et
conservé tout le long et utilisé lors de la
célébration.
• Temps de découverte d’une étape de la
préparation : cette année le parcours est
basé sur les Perles de la Foi.
• Temps de réalisation pratique : cela peut
être un coloriage ou un bricolage en lien
avec l’étape du jour.
• Prière personnelle où chacun peut
exprimer ce qu’il porte en lui.
• Prière du « Notre Père » : cette année, il
est gestué. Tous les enfants n’ayant pas la
même capacité d’expression orale.
• Chant de fin de séance : chant de l’année
commun à toute la Fondation.
La célébration
A lieu particulier, célébration particulière : La
célébration de la Confirmation, du sacrement
de l’Eucharistie et de la Profession de Foi se
fait lors d’une célébration unique avec la
présence du Prêtre et du Pasteur.
Cette célébration nécessite une préparation
commune avec tous les participants pour
garantir le respect des spécificités. Cette
célébration est toujours un temps fort où la
grâce de Dieu est palpable.
« Quiconque se rendra humble comme cet
enfant sera le plus grand dans le royaume
des cieux. »
Sylvie BORSCHNECKResponsable pédagogique
La Confirmation, le sacrement de l’Eucharistie, la Profession de foi : des étapes dans la Vie Chrétienne
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Témoignage d’un parentLa spiritualité et le handicap Ils sont si handicapés ! Que vont-ils
comprendre du culte ?
On entend souvent cette réflexion des
personnes qui ne connaissent pas nos
enfants !
« Comprendre » : Intellectuellement, cela
sera sans doute difficile pour certains
comme Adrien, notre fils, polyhandicapé…,
mais qui peut me dire qu’il a saisi le fin
mystère de l’incarnation de Dieu en Jésus ?
Les théologiens y travaillent et y réfléchissent
pour nous.
Il y a pourtant une chose qu’Adrien
comprend très bien, c’est le don de
l’amour de Dieu et l’action vivifiante de
l’Esprit qui lui sont donnés comme un
cadeau ! Lors des cultes à la Fondation
Sonnenhof, il y a du bruit, oui, mais il y a aussi
des moments de grâce et de silence, habités
par la présence furieuse de nos jeunes et
l’encouragement de Dieu. S’ils n’ont peut-
être pas bien vu les images bibliques que
le pasteur, Léa Langenbeck projette sur un
grand écran, tous se sentent interpellés par
la lumière de la bougie qui passe de l’un
à l’autre. Quand Léa les nomme tous en
chantant, des visages se lèvent, comme
happés par l’appel, et certains se risquent
même à une réponse discrète, avec un
sourire qui déborde de leur visage. D’autre
rugissent en un cri de satisfaction qui traduit
que chacun est pris en compte, chacun est
unique et qu’on le reconnaît.
Alors non, ils ne pourront jamais écrire une
thèse ou un mémoire bien composé sur
tout ce qu’ils ressentent, mais ces moments
de rencontre dans les cultes, nous fortifient
tant dans notre foi que j’ai bien envie de
simplement vous inviter à venir voir et vivre
avec nous la joie que nos jeunes ont à nous
proposer ! Ils vous donneront courage.
Laissez-vous offrir quelque chose d’eux,
vous verrez, ils ont beaucoup à partager.
Ils sont lumières, comme vous !
Isabelle BEYROUTHY
DOSSIER La spiritualité 13
Le langage du cœur ne ment jamais, le
langage du cœur ne trompe jamais, le
langage du cœur plein de simplicité se
reconnaît partout quelle que soit la langue
parlée, le langage du cœur n’a pas de
frontières.
L’accompagnement concerne toutes les
dimensions de la vie des résidents :
physiologique, affective, fonctionnelle,
spirituelle...
L’accompagnement spirituel fait partie
intégrante de notre démarche d’accom-
pagnement : une forme de relation
d’aide qui implique à la fois l’affectivité,
la vie relationnelle et la spiritualité.
Les résidents et usagers du FAS / FAM
(Foyer d’Accueil Spécialisé / Foyer d’Accueil
Médicalisé) Gustave Stricker peuvent
solliciter un accompagnement spirituel avec
des questionnements sur le sens de la vie,
avec ses joies et ses peines.
Comment répondre à un tel besoin?
Quelle approche complémentaire
proposer ?
Les formes de l’accompagnement spirituel :
• une démarche qui vise une expression de
son intériorité, de son intimité « celle qui
vient du fond du cœur » (expression d’un
résident). Elle concerne ses croyances,
sa vie de prière, la compréhension des
textes bibliques, ses rapports avec les
autres, l’autre (Jésus-Dieu) : les échanges
entretenus avec...
• le développement de son « intelligence
émotionnelle » par une approche psycho-
logique des émotions, des sentiments dans
une recherche d’harmonie spirituelle.
Je voudrais rappeler qu’étymologiquement
les termes « communier » et « communiquer »
viennent du latin communicare, mettre en
commun ou recevoir en commun.
Communier a le sens de partager,
recevoir, éprouver avec d’autres
tandis que communiquer signifie faire
partager, donner une part de ce qu’on
possède.
C’est avant tout une expérience de vie, un
cheminement spirituel partagé avec « Jésus
au milieu de nous » au rythme de chacun. Il
m‘importe de soutenir la personne dans son
aspiration à se relier à ... quelque soient ses
handicaps, ses pathologies, ses limites.
Comment développer ce lien
essentiel ?
Le langage parlé ne suffit pas toujours
pour rendre audible le message que je
tente de transmettre. La communication
non-verbale avec les aides visuelles
montre qu’il y a moyen de communiquer
autrement que par la parole : par le
toucher, tous les sens, les gestes, les
attitudes corporelles, les images ; la
danse, la musique, le chant gestué...
pour que Sa parole puisse s’incarner en
tout homme.
Les temps de rencontre suivent un
cheminement, un déroulement qui rappelle
toujours la présence de cet Autre, invisible et
indicible pour qu’il n’y ait pas de confusion,
marqués par des objets symboliques, lecture
de textes bibliques, temps de prière
(spontanés ou non), de partage, de chants
avec des aides visuelles.
De plus en plus, j’intègre des supports
visuels projetés sur grand écran dans
une dynamique interactive : on peut
s’approcher, toucher, suivre les lignes, imiter,
se reconnaître, se parler, écouter, regarder...
Cette approche m‘ouvre à une écoute
différente et m‘interroge davantage sur :
mes propres convictions, mes croyances,
pour éviter tout jugement et toute démarche
prosélyte ; ma place entre cet entre-deux
La communication non-verbale au service de ma Foi
14
(l’accompagné - Dieu) dans sa quête
individuelle, ce mouvement vers... pour que
la liberté de chacun soit respectée. Quelle
responsabilité !
Le temps de la bénédiction gestuée,
partagée avec son voisin, avec la «pasteure
Léa», reste un moment important car
il concentre le message d’amour, de
confiance qui nous est délivré. Le silence de
ces mots-là nous imprègne parfois plus que
les paroles énoncées.
Le langage symbolique (des pictogrammes)
se trouve souvent confronté à des concepts
difficiles à «imager».
Comment se mettre à l’écoute du langage
symbolique de la Bible ? Double difficulté !
Le « codage pictographié » de la prière
commune adressée à « Notre Père » nous
a confronté à cette difficulté d’imaginer
une langue visuelle commune avec un
sens partagé afin qu’il reste un langage
« universellement » parlant.
Aujourd’hui une documentation qui s’enrichit
au fil du temps à partir des thématiques
annuelles abordées est disponible. Elle
est constituée de textes bibliques codés,
de versions progressives, adaptées du
« Notre Père », d’une introduction à la
vie de Jésus sous forme de diaporama
interactif, d’un calendrier de l’avent, d’un
dossier pour un accompagnent au deuil,
d’un vocabulaire de mots pictographiés, de
posters personnalisables... mais là encore
rien n’est figé.
L’harmonie, le bien être réside dans la
recherche d’un accord profond entre
pensée, parole, actions mais aussi de son
cadre de vie tout entier (les autres, les
hommes, son habitat, la nature)... cultiver
le bien-vivre ensemble. L’accompagnement
spirituel consiste à ramener la paix,
l’harmonie et l’équilibre dans un
cheminement personnel, intime et unique.
La communication non-verbale comme
une approche multimodale, participe au
développement de la spiritualité, avec
authenticité et simplicité.
Présence, écoute, relation, partage, sont des
mots clefs qui guident mon action avec ce
que je suis aujourd’hui. Pour le reste, je
laisse le Saint-Esprit parler à votre cœur.
Audrey BOBBÉEducatrice spécialisée
avec mes remerciements à Sylviane GUESNON
pour les visuels Guimel
DOSSIER La spiritualité 15
Accompagner jusqu’au bout…
Interview avec Cathy Vix (Aide medico-psychologique à Marie Durand)
Quelle est la place et l’importance
des cultes d’enterrement et de souvenir
dans le vécu des résidents et des
accompagnateurs de la Résidence
Marie Durand (Foyer d’Accueil Médi-
calisé pour personnes âgées) ?
Le Foyer d’Accueil Médicalisé pour
personnes agées Marie Durand est
évidemment le plus souvent touché par le
décès d’un de ses résidents.
Comment est-ce que les résidents
vivent le décès d’un d’entre eux,
est-ce que la mort est thématisée,
est-ce qu’on en parle, posent-ils des
questions ?
Cathy Vix : Les résidents sont touchés
chacun à sa manière par le décès de
l’un des leurs. Tout dépend si la personne
était malade avant ou non.
Certains parleront de leur propre souhait de
fin de vie. C’est souvent le moment de se
rendre compte qu’ils prennent de l’âge et
que la mort fait partie de la vie.
Les premières questions sont toujours :
« Ira-t-il au ciel ? », « Va-t-il rejoindre ceux qui
sont partis avant ? », « Sera-t-il crématisé ? »,
« Où sera-t-il enterré ? », « Le culte aura lieu
où ? »
Lors d’un décès nous avons l’habitude
de procéder à la toilette mortuaire avec
les infirmières et de préparer la chambre
de la personne décédée pour qu’elle
puisse recevoir les dernières salutations.
Les résidents sont alors libres de faire une
dernière visite. Pour certains, cela se fera
en groupe et on en profitera pour faire
une prière et chanter un cantique que la
personne appréciait. Il est alors rassurant
pour tout le monde que le pasteur participe
à ce moment de partage.
Une résidente disait : « Lors du décès d’un
ami je pense particulièrement à Dieu qui
l’accueillera. »
Pour Lydie il est très important que lors
de son décès, on fasse un moment de
recueillement autour de son lit avec un
maximum de copines pour chanter les
chants qu’elle a choisi. Son souhait le plus
cher est que son amie Mme L. M. vienne à
la cérémonie d’enterrement.
La cérémonie est préparée en équipe
avec le pasteur et la famille, s’il y a lieu.
Nous avons dans le projet personnel
individualisé, un item qui relate les choix
16
de la personne si elle s’est exprimée au
sujet de ses dernières volontés. Nous
essayons, dans la mesure du possible, de
respecter leurs demandes. Pour certains,
ils choisissent les chants et les prières pour
le culte, ainsi que l’endroit et le mode de la
mise en terre. Certains vœux peuvent être
farfelus comme par exemple, A. qui voudrait
un cercueil en verre. Elle attendra le prince
charmant qui viendra la réveiller telle Blanche
Neige. Elle ajouta : « Je l’ai attendu toute ma
vie et il n’est pas venu ! »
Comment est-ce que les résidents et
les accompagnateurs participent à la
préparation du culte et au culte même ?
Cathy Vix : Pour Lydie par exemple il est très
important de célébrer un culte. Il faut parler
et penser aux personnes décédées étant
donné qu’on a passé du temps et partagé
des moments de joie et de peine avec eux.
Même si l’enterrement a lieu ailleurs qu’au
Sonnenhof, il est très important de faire ce
moment de culte, de souvenir, pour tous
ceux qui le désirent. Lorsque la cérémonie a
lieu en famille, cette dernière vient en général
assister à ce moment de partage.
Il est plus facile pour les résidents de
comprendre et de faire le deuil quand ce
moment de souvenirs a eu lieu.
Lors de nos célébrations de souvenir
ou d’enterrement quel est le moment le
plus important pour toi et/ou pour les
résidents ?
Cathy Vix : Pour moi personnellement, le
moment fort lors d’un enterrement, c’est
la lecture d’un texte que je choisis ou que
je compose en fonction de la personnalité
du résident. Les résidents sont toujours
interpellés pour le choix des chants,
des prières et du verset biblique qu’ils
connaissent. Ils sont libres de participer ou
d’aller au cimetière.
Certains résidents ne vont jamais aux cultes
de l’année ou aux échanges bibliques
mais ils iront à tous les enterrements de la
résidence.
Après la cérémonie, peu importe si c’était
un enterrement en bonne et due forme ou
juste un moment de souvenir, il y a toujours
une collation.
Est-ce que tu as des souvenirs
particulièrement forts et/ou touchants ?
Cathy Vix : Oui, bien sûr ! J’ai des souvenirs
très forts et des moments de grandes
émotions. Après un accompagnement de fin
de vie, les enterrements sont particulièrement
émouvants.
Un constat qui m’a profondément marqué,
c’est lors du premier enterrement au
cimetière de Bischwiller : la mise à l’écart
dans le cimetière, de la partie réservée à
la Fondation Sonnenhof qui est séparée
par une grosse rangée d’arbres ; comme
si le handicap pouvait être contagieux et
ce même une fois enterré. La tempête a eu
raison de briser cette haie qui séparait les
deux parties.
S’il y a encore de la famille, est-ce
qu’elle participe aussi à la célébration
à la chapelle du Sonnenhof ? Comment
est-ce qu’ils ressentent ce moment de
souvenir ?
Cathy Vix : Les familles sont bien sûr
les acteurs principaux pour le choix de
l’inhumation et de la célébration. Il est
rassurant pour les familles de savoir que
nous sommes à l’écoute et près à nous
occuper de leur parent jusqu’au bout.
En règle générale, les familles participent
bien sûr à ces moments de partage
ainsi qu’à la collation qui suit toujours les
enterrements.
Propos recueillis par Léa LANGENBECK Pasteure Aumônier
DOSSIER La spiritualité 17
La Vie Spirituelle des Personnes AgéesVaste programme, aurait dit un célèbre et
grand Général ! Car s’il n’y avait que 200
centenaires en France en 1950, il y en avait
20.000 en 2008 et il pourrait y en avoir
150.000 en 2050. De fait on a gagné 30 à
40 ans d’espérance de vie en un siècle. Mais
en même temps le mode de vie a changé :
les familles sont souvent dispersées
géographiquement, parfois éclatées. De ce
fait, la personne âgée se retrouve seule.
La vieillesse, c’est l’heure du bilan de
toute une vie, où les succès des enfants
et petits-enfants tant dans la vie privée
que professionnelle donnent joie et
sérénité et aident à porter les difficultés
de l’âge.
Inversement, les échecs -voire les décès-
des jeunes sont inacceptables parce que
non-conformes à la chronologie normale.
Il est, dès lors, essentiel que les seniors
soient accompagnés médicalement, mais
aussi spirituellement.
Je suis frappé par tout ce qui peut se
passer lors d’une visite. De considération
sur les joies et peines de la journée, on va
très vite passer au bilan d’une vie ; avec
l’évocation des grandes joies et/ou des
profondes douleurs. Et souvent alors, quand
l’aumônier évoque Dieu, le vieillard peut de
lui-même citer le Psaume 22 « Mon Dieu,
Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »
ou au contraire dire la reconnaissance par le
chant d’un « Grosser Gott wir loben dich »
ou encore exprimer la confiance par le
Psaume 23 : « Le Seigneur est mon berger,
je ne manquerai de rien ». Autant de fruits
d’un catéchisme de jadis où il fallait parfois,
avec peine, apprendre beaucoup par cœur !
Mais ces temps de partage et d’échange
sont essentiels. Il ne s’agit pas de bonnes
ou gentilles paroles -fussent-elles pieuses-
mais d’un partage de la Parole qui permet
de faire monter tous les sentiments, quels
qu’ils soient, vers Dieu : la violence verbale
face à l’approche de la mort, suivie souvent
d’un deuxième mouvement où s’expriment
la gratitude et la louange pour ce qui a été
vécu, et parfois le lâcher-prise.
Dès lors la « consolation » n’est pas un
échange de pieuses paroles mais, au sens
étymologique, « cum solo », la présence de
quelqu’un auprès de celui ou celle qui est
seul.
Être avec quelqu’un qui est seul, c’est
transformer une situation, briser la puissance
du malheur pour inaugurer un temps, sinon
de joie, du moins de paix et d’espérance.
Je pense à cette femme qui me disait,
évoquant sa vie conjugale, qu’elle avait
beaucoup péché. Elle a accepté le temps de
prière que je lui proposais et où j’ai évoqué le
Pardon de Dieu.
C’est les larmes - de reconnaissance - aux
yeux qu’elle m’a dit « Merci ».
Geoffroy GOETZPasteur Aumônier de la Maison de Retraite
Le Diaconat (Bischwiller) et la Maison Bethèl (Oberhausbergen)
18
DOSSIER Les soins
La plupart des structures médico-sociales
sont centrées essentiellement sur les
dimensions éducatives et occupationnelles,
mais la problématique des soins médicaux
devient de plus en plus prégnante. En effet,
les besoins en soins de la population
accueillie évoluent. Ainsi, la Fondation
Sonnenhof a fait le choix de mutualiser les
effectifs infirmiers dédiés aux soins de ses
établissements des sites de Bischwiller
et Oberhoffen, afin de mettre en place un
service de soins capable de prendre en
charge 24h/24h les problèmes de santé
de ses usagers. En théorie le concept de
la mutualisation est intéressant et répond
à l’objectif principal fixé par l’ARS dans le
cadre du PRSA (Plan Régional de Santé
Alsace). Il consiste à répondre aux besoins
en soins et à assurer la continuité de la prise
en charge de la personne handicapée.
Qui peut bénéficier des soins
prodigués par le service de soins ?
Il s’agit de personnes déficientes
intellectuelles. Ces déficiences peuvent
être plus ou moins sévères. Par ailleurs, le
handicap mental est souvent accompagné
d’un handicap physique, qui lui aussi, se
décline à des degrés très divers en terme de
gravité.
La catégorie d’âge des personnes
accueillies est également très diversifiée
puisque toutes les catégories sont
représentées au sein de la Fondation.
Le service de soins prend en charge tous les
usagers hébergés dans un établissement
de la Fondation. Les usagers ne résidant
pas dans un établissement (personnes en
accueil de jour, relevant des SESSAD, les
externes de l’ESAT, du SAVS,…) sont suivis
à leur domicile par leur médecin traitant pour
ce qui relève de leur pathologie chronique ou
intercurrente. Pour eux, le service de soins et
les médecins de la Fondation n’interviennent
qu’en cas d’urgence médicale. Toutefois,
les traitements prescrits par un médecin
extérieur à la Fondation pourront être
administrés par le personnel de la Fondation,
après accord du médecin référent, sur
présentation de l’ordonnance du médecin
traitant et préparés par les infirmières du
service de soins.
Mais les champs d’action du service de soins
sont bien plus vastes.
(suite page 21)
La réorganisation d’un service de soins de la Fondation :
« Le changement de l’organisation du travail pour répondre aux besoins spécifiques des usagers accueillis »
DOSSIER Les soins 19
Un peu d’histoire…des besoins en soins qui évoluent dans le tempsLa Fondation a été créée en 1876. Son
objectif était alors la prise en charge
des enfants handicapés mentaux.
Cependant, au regard de la lourdeur de certains handicaps, aux difficultés, voire aux carences du milieu familial, la Fondation a élargi ses missions. Elle
propose aujourd’hui une prise en
charge adaptée à tous les âges et à
toutes les dépendances. Ainsi, de l’enfant à la personne vieillissante, en passant par la possibilité d’exercer une activité professionnelle et jusqu’à la fin de vie, les personnes accueillies au sein de la Fondation se voient offrir un lieu de vie adapté tout au long de leur parcours de vie.
Les évolutions ont vu apparaître la nécessité d’une offre en soins de plus en plus importante et diversifiée. C’est ainsi, qu’en 1959 la Fondation fait le choix de créer l’infirmerie. C’est un lieu où les usagers peuvent consulter un médecin. L’accroissement de la demande en soins et l’augmentation constante du nombre de personnes accueillies en lien avec la complexité des pathologies nécessitent de revoir ce fonctionnement.
C’est en 2006 que naît l’idée du SASP (1). La création de 4 lits SASP avec un statut de MAS (2), avec une dérogation pour les enfants à partir de 6 ans, voit le jour en 2009. La fusion de l’infirmerie et du SASP permet en outre une présence 24h/24h de personnels infirmiers et une présence médicale en journée (une astreinte téléphonique la nuit). En outre, cette fusion a permis la création de 4 lits
supplémentaires destinés à prendre en charge les usagers de la Fondation ou d’autres établissements médico-sociaux dont l’état de santé n’est pas compatible avec un maintien en unité de vie (soins de suite, rééquilibration thérapeutique, problème infectieux, soins palliatifs,…).
En 2011, une réflexion sur la centralisation des soins est menée. L’augmentation des soins techniques, l’évolution des obligations liées au circuit du médicament mais également la nécessité d’un suivi régulier et d’un accompagnement des équipes éducatives font apparaitre l’idée d’infirmière coordinatrice sur les différents pôles.
(1) SASP : Service d’Accompagnement et de Soins Permanents(2) MAS : Maison d’Accueil Spécialisée Document d’Analyse du Risque Infectieux
20
Pourquoi réorganiser le service de
soins ?
L’enjeu majeur est la perspective d’une
prise en charge globale, de qualité,
visant le bien être des usagers accueillis.
Cette dimension est très importante en
raison de la nature des troubles associés au
handicap mental des personnes prises en
charge. En effet, les problèmes somatiques
accentuent les troubles du comportement
alors que l’usager est souvent incapable de
le verbaliser ou de le faire comprendre. La
prévention et le suivi de certains éléments
(par exemple l’élimination des selles,
l’hydratation, la nutrition, l’observance des
traitements,…) deviennent des facteurs
essentiels permettant d’améliorer la qualité
de vie de l’usager. Par ailleurs, la réduction
des troubles comportementaux influe
fortement sur les conditions de travail des
différents personnels. En effet, ceux-ci se
trouvent souvent confrontés à des situations
difficiles, parfois violentes (agressivité
physique ou verbale, refus et opposition,…)
dont l’origine est quelquefois un problème
somatique.
Par ailleurs, les obligations règlementaires
dans le domaine du soin en établissement
médico-social évoluent. En effet, ces
règlementations se multiplient et deviennent
de plus en plus exigeantes, le DARI
(document d’analyse du risque inféctieux)
en est un exemple concret. L’enjeu est
également d’ordre économique. In fine,
l’objectif est bien de réduire les coûts
affectés aux soins en agissant sur les
hospitalisations, les complications,… Par
conséquent, il s’agit de réduire les coûts au
niveau des différents pôles en améliorant la
qualité, la sécurité et la continuité des soins
au sein de chaque structure et donc de
l’ensemble de la Fondation.
L’évolution de l’offre de soins au niveau
de la Fondation semble incontournable.
Elle doit répondre aux besoins en soins de
la population accueillie en proposant une
organisation des soins pertinente et efficace
compatible avec l’activité socio-éducative
des établissements.
Dans les établissements médicalisés,
cette réorganisation est passée par
la mise en place d’une infirmière
coordinatrice.
Au niveau des services, cela se traduit par
la redéfinition des rôles et des missions du
service de soins et de ses professionnels,
en collaboration avec les professionnels
et le médecin responsable du service. Les
tâches ont été redéfinies, les outils simplifiés
et harmonisés. C’est ainsi que chaque
personnel doit pouvoir situer son
activité avec un cadre de responsabilité
bien défini : qui fait quoi et qui est
responsable de quoi.
Cela implique aussi de construire
ensemble, autour d’une vision
commune, en respectant la zone
d’expertise de chacun, et en cherchant
et reconnaissant les ressources de
l’autre, professionnel ou usager.
DOSSIER Les soins 21
Répondre aux besoins des usagersCette organisation doit pouvoir répondre
aux besoins en soins de près de 800
usagers répartis sur 4 pôles mais également
permettre d’assurer :
• la prise en charge des 4 usagers accueillis
dans le cadre du SASP. L’accueil peut
être temporaire (quelques mois) ou
définitif (jusqu’au décès de la personne
accueillie ou son transfert dans un autre
établissement) ;
• la prise en charge des usagers accueillis
dans les 4 autres lits financés par les
différents pôles destinés à accueillir les
usagers de la Fondation dont l’état de
santé ne permet pas le maintien en unité
de vie. La durée d’accueil est très variable,
elle peut être de quelques heures à
quelques semaines en fonction du motif
d’admission ;
• l’activité polyclinique qui concerne tous les
usagers de la Fondation. Il peut s’agir de
soins réguliers ou ponctuels programmés
ou non (pansements, prises de sang,
accidents,…) ;
• la gestion des traitements médicamenteux
et la préparation des médicaments pour
les établissements médicalisés MAS
(Maison d’accueil spécialisée), FAM (Foyer
d’accueil spécialisé), IME (Institut médico-
éducatif) ;
• une fonction économat pour les produits
destinés aux soins et à l’incontinence ;
• l’accompagnement des personnels édu-
catifs dans les différents groupes de vie ;
• l’adaptation et personnalisation des prises
en charge en fonction des établissements
et des usagers ;
• la continuité, la sécurité et la qualité des
soins des usagers.
La particularité de l’activité Service
d’Accompagement et de Soins
Permanents :
Le SASP permet d’accueillir des
personnes atteintes de handicap
mental avec polypathologies sévères
surajoutées nécessitant des soins
techniques et continus, qui ne
pourraient pas être pris en charge dans
le cadre d’une activité habituelle pour
des établissements de type MAS ou
FAM. C’est par conséquent une alternative
à des hospitalisations à répétition pour ces
usagers.
Les personnes relevant de ce service sont :
• des adultes et enfants polyhandicapés,
• des personnes atteintes de maladies
génétiques, d’aberrations chromosomi-
ques ou de maladies dites « orphelines »,
L’offre de soins permet :• d’assurer l’accès aux soins de tous les usagers de la Fondation ;• de prévenir les complications liées aux handicaps des usagers pris en charge dans la Fondation ;• de mettre en place des actions d’éducation visant à limiter l’apparition de ces complications ;• d’accompagner, former et encadrer les équipes éducatives lors de la prise en charge d’usagers ayant des problèmes de santé graves et chroniques (insuffisance respiratoire, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, diabète,…) ;• de garantir la sécurisation du circuit médicament ;• d’assurer la prise en charge des urgences vitales ;• d’assurer la coordination de la prise en charge des usagers avec :- Le lieu de vie de l’usager ;- L’ensemble des services transversaux ;- Les structures hospitalières environ-nantes (service des urgences, les différents services hospitaliers,…).
22
• des personnes atteintes de maladies
neurologiques dégénératives,
• des résidents atteints de cancers avancés
ou de toute autre pathologie évolutive et
invalidante,
• de manière générale, toute personne
handicapée mentale de notre institution
ou d’un autre établissement, dont l’état
de santé n’est plus compatible avec un
maintien dans un groupe de vie et qui
nécessite des soins soutenus et au long
cours. Cet accompagnement inclut les
« soins palliatifs » nécessaires en fin de vie.
Une prise en charge globale par une équipe pluridisciplinaire
Tous les usagers accueillis dans le
cadre du SASP bénéficient d’une prise
en charge globale grâce à une équipe
pluridisciplinaire. Ces prises en charge
sont individualisées, holistiques et
adaptées quotidiennement en fonction
de l’état de santé de la personne.
Pour les usagers accueillis au long cours,
une synthèse annuelle reprend l’évolution de
la situation de la personne et permet de fixer
des objectifs individuels en termes de prise
en charge.
Pour les usagers accueillis à court terme,
des réunions pluridisciplinaires ponctuelles
nous permettent d’optimiser le séjour en
apportant des réponses rapides comme
par exemple l’adaptation du matériel au
handicap ou de guider certaines familles en
difficulté dans ce domaine.
La présence d’un kinésithérapeute permet
certaines prises en charge notamment
dans les cas de troubles respiratoires
récurrents mais également dans le cadre de
l’adaptation du matériel pour des personnes
atteintes d’importantes déformations
physiques évoluant dans le temps. Son
activité est complétée par celle des autres
kinésithérapeutes, d’une ergothérapeute ou
d’une orthophoniste. Ainsi des améliorations
peuvent être apportées notamment pour les
usagers ayant des troubles de la déglutition.
Par ailleurs, la psychologue affectée au SASP
effectue une prise en charge personnalisée
pour chaque personne accueillie. Les
usagers bénéficient ainsi de séances
Snoezelen régulières mais également
d’outils non verbaux de compréhension
des soins mis en place par la psychologue
(pictogrammes, photos, etc.) en lien avec le
groupe pilote de la Fondation. Des entretiens
individuels sont également possibles dans le
cadre d’un accueil pour séjour de rupture
notamment.
Concernant l’activité des infirmières et des
aides-soignantes, la prise en charge de la
douleur avec la mise en place d’échelles
de la douleur, l’adaptation des soins au
quotidien et une attention toute particulière
concernant les soins de confort, sont des
éléments importants dans toutes nos prises
en charge.
DOSSIER Les soins 23
Nos projets pour 2014 L’année 2013 a vu l’infirmerie se transformer
en service de soins. Nous sommes passés
d’un fonctionnement où l’ensemble de
l’activité de soin était centralisée sur un
service à une organisation transversale,
ouverte sur les établissements. Aujourd’hui,
il n’y a plus d’engorgement au niveau du
service de soins, les délais d’attente sont
acceptables et les dysfonctionnements
moins nombreux. Cette réorganisation de
l’activité de soins est une première étape,
il s’agit maintenant de travailler sur les
dysfonctionnements restants pour s’inscrire
dans une démarche d’amélioration continue
de la qualité du service.
En 2014 nous avons dégagé plusieurs axes
d’amélioration. Ceux-ci s’échelonneront
certainement sur plusieurs années.
Il s’agit d’améliorer l’organisation du
travail du service de soins afin de
répondre aux besoins en santé de
l’ensemble des usagers accueillis dans
le service et dans les établissements.
Pour cela il faudra :
• rédiger les différentes procédures liés à
l’organisation des soins et plus particu-
lièrement celui du circuit médicament,
• poursuivre les audits DARI (Document
d’Analyse du Risque Infectieux) sur les
établissements notamment le FAM Valdo
et ensuite l’IME,
• rédiger les protocoles et les instructions
exigés par le DARI sur le service de soins,
• poursuivre et développer le travail en
collaboration avec les différentes directions
et les personnels des établissements pour
améliorer la qualité des soins dispensés
aux usagers,
• revisiter le dossier de soins du résident
(dit D3i) afin de répondre aux exigences
règlementaires dans ce domaine et
d’améliorer les transmissions entre
soignants et équipes éducatives.
En conclusion L’arrivée d’un nouveau cadre dans un service
ou un établissement est souvent synonyme
de changements car c’est un regard neuf,
souvent différent, parfois difficile à accepter
en raison des questionnements et des
remises en question que cela peut susciter.
Néanmoins, le changement d’organisation
du service de soins amorcé en 2012 et
conforté durant toute l’année 2013 porte ses
fruits. Nous sommes fiers des améliorations
apportées à nos usagers dans le domaine
du soin. Nous devons poursuivre nos
efforts et le projet 2013-2017 du Pôle
Thérapeutique nous permet de suivre
les objectifs que nous nous étions fixés.
Chistine FERNBACH, Cadre de Santé
24
Un des 6 axes de travail que le Conseil
d’Administration a retenu dans son
projet institutionnel « Sonnenhof 2016 »,
prévoit l’augmentation des ressources
et le développement de la notoriété de
la Fondation. L’accroissement des dons
et legs est un moyen de répondre à cet
objectif.
2013 a été l’année de démarrage des
campagnes de recherche de fonds. Après
avoir défini une cible et une stratégie,
différentes actions ont été déployées.
Nous avons souhaité que les donateurs
soient impliqués et informés sur les actions
qui peuvent être menées grâce aux dons
collectés.
En 2013, ce sont 1 693 donateurs différents
qui ont soutenu les actions du Sonnenhof.
Le montant des dons collectés s’élève à
364 400 €. Voici un bilan des actions qui ont
pu être engagées grâce à leur générosité :
• Une socio-esthéticienne a été embauchée
à mi-temps pour une durée d’un an, au
centre de vacances adapté et au Foyer
d’Accueil Spécialisé Théodore Monod
d’Erckartswiller. Elle est également à
disposition des autres établissements.
Les soins qu’elle prodigue apportent
du bien-être et participent à redonner
de l’estime de soi à des personnes en
souffrance.
• Une quarantaine de résidents de la
Fondation a participé à la manifestation
« Protestants en Fête » à Paris fin
septembre. Une occasion pour beaucoup
d’entre eux de découvrir la capitale et de
vivre des moments privilégiés.
• La campagne de recherche de fonds
auprès des personnes susceptibles d’être
redevables de l’ISF, a permis de collecter
près de 100 000 €. Cette somme a été
investie dans l’achat d’équipements
2013, une année de démarrage pour la recherche de fonds au Sonnenhof
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favorisants le bien-être pour les rési-
dents de la nouvelle Maison d’Accueil
Spécialisée Dietrich Bonhoeffer de Soultz
sous Forêts. Ce nouvel établissement a
accueilli les premiers résidents au mois
de mars 2014.
• Une cuisine pédagogique a été installée au
foyer Amélie de Bergheim de Reichshoffen
pour permettre aux travailleurs handicapés
d’améliorer leurs connaissances et leurs
compétences culinaires.
• De nombreux particuliers ont souhaité
donner à nos résidents, une partie de leur
récolte de pommes sous forme de jus
fraîchement pressé.
• Une ludothèque va pouvoir être installée
pour les résidents au Foyer d’Accueil
Médicalisé Pierre Valdo de Marmoutier.
Le lancement du Club des Ambassadeurs,
le 6 septembre 2013, a marqué l’engage-
ment d’une vingtaine de particuliers et/
ou chefs d’entreprises qui souhaitent se
mobiliser d’une façon ou d’une autre pour
le Sonnenhof.
Investis d’une mission « d’ambassadeur »
de la Fondation, leur soutien prendra
différentes formes ; tout reste encore à
inventer, à imaginer. L’aide n’est pas que
financière, mais peut aussi se manifester
différemment telles que le mécénat de
compétence, le don en nature, le produit-
partage, le produit solidaire ou le don en
nature.
En 2014, nous voulons continuer la mission
qui nous a été confiée en proposant aux
résidents et aux travailleurs handicapés des
conditions d’accueil et d’accompagnement
adaptés :
• Il reste de nombreux achats à réaliser
pour équiper le nouvel établissement de
Soultz sous Forêts.
• Le bassin thérapeutique du Foyer
d’Accueil Spécialisé Stricker est en cours
de rénovation.
• Des chemins devraient être aménagés aux
abords du bâtiment de l’établissement de
Marmoutier et de celui d’Oberhoffen sur
Moder afin de faciliter l’accès aux fauteuils
roulants.
Nous savons que nous pouvons continuer
à compter sur votre générosité et votre
soutien. Grâce à vous, nous pourrons
soulager les souffrances et proposer un
accompagnement adapté aux besoins des
personnes qui nous sont confiées.
Club des ambassadeurs
Cécile CLEMENTResponsable Recherche de
Fonds et Communication
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Fiscalité des dons et legsLa Fondation Sonnenhof étant reconnue d’utilité publique, elle peut percevoir des dons et établir des reçus libératoires permettant aux entreprises et aux particuliers de bénéficier des avantages fiscaux en vigueur.• Don manuel pour les particuliers :
ils donnent droit à une réduction d’impôts sur le revenu de 66% de la valeur du don, dans la limite de 20% du revenu imposable du donateur.
• Mécénat d’entreprise : les opérations de mécénat ouvrent droit à une réduction d’impôts de 60% des versements effectués par les entreprises, dans la limite de 5‰ du chiffre d’affaires.
• Don sur ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune) : le contribuable peut déduire 75% du don effectué sur le montant de son impôt.
• Les donations et legs des particuliers sont exonérés de droits de mutation.
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“ Seigneur,Tu me parles de bien des manières.
Donne-moi de comprendreTon silence,
Ce que tu attends de moi aujourd’hui,
Donne-moi de comprendre Les personnes que tu places sur ma route,
Celles qui n’ont que le regardEt les gestes pour exprimer :Leurs attentes, leurs besoins
Tu connais mes faiblessesFortifie-moi pour entendre, comprendre et agir
Selon ta volontéPar mon service et mon témoignage
Eclaire mon chemin de ta lumière”
Jean-Claude GIRARDIN
22 rue d’Oberhoffen - CS 80041 - F - 67242 Bischwiller CedexTél. 03 88 80 23 00 - Fax 03 88 80 23 10
E-mail : [email protected]