titre : le familistère godin–guise (aisne) france · 2013. 10. 15. · jean-baptiste andré...

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1 Le Familistère Godin–Guise (Aisne) France A- adresse du site : Familistère Godin 262 Cité Familistère droite 02120 Guise France Tel. 33 (0)3 23 61 35 36 33 (0)3 23 05 08 88 33 0)3 23 62 68 28 34 B- contact : - Frédéric Panni, conservateur en chef du patrimoine, directeur du syndicat mixte du Familistère Godin. - Alexandre Vitel, chef du service des publics et de la communication. [email protected] - Elise Coquelle, chargée de communication. elisecoquelle@familistère.com C- brève description (à l’origine) : Étymologiquement " lieu de réunion des familles ", le terme Familistère, a été inspiré par le modèle du Phalanstère de Charles Fourier, impliquant la notion de communauté et de coopérative ouvrière. Le Familistère Godin de Guise est un site exceptionnel, qui témoigne d’une expérience sociale unique. Jean-Baptiste André Godin n’est pas un patron comme les autres. À la tête d’une entreprise célèbre jusqu’à aujourd’hui pour la fabrication de poêles et de cuisinières en fonte, Godin est un fouriériste qui a décidé de mettre ses actes en cohérence avec ses idées. En construisant son propre Phalanstère, chez lui à Guise, il crée, à partir de 1858, une cité idéale, destinée aux employés de son usine, toutes classes confondues, dans laquelle il résidera lui-même au milieu de ses ouvriers. La cité de Godin, ce sont des pavillons collectifs reliés par des coursives et des passages, mais aussi des écoles, une crèche, des magasins, un théâtre et même une piscine et des jardins. Corollaire de cet habitat collectif : l’imposition d’un règlement strict et la surveillance de tous par tous, dans une architecture où chacun est exposé au regard des autres. En cette seconde partie du XIX e siècle, le Familistère de Guise constitue une expérience unique au monde, qui définira bien avant Le Corbusier des principes architecturaux ayant pour but l’amélioration des conditions de vie des classes laborieuses. Aujourd’hui encore, le Familistère de Guise reste un exemple mythique pour les architectes, le rêve de changer le monde par l’architecture. L’ensemble formé par le Familistère –trois immenses bâtiments en brique et des édifices annexes– impressionne par sa masse, par sa conception avant-gardiste et sa maîtrise des détails. D- localisation : Le Familistère Godin est situé à Guise, petite ville du département de l’Aisne, d’environ 7000 habitants, distante de 28 km de la ville de Saint-Quentin, appartenant à la région Picardie dans le nord de la France. E- datations et architectes : Vers le milieu du XIX e siècle, Jean-Baptiste-André Godin, nourri des pensées de Fourier et de Saint-Simon, met en pratique la première expérience d'utopie sociale à grande échelle en associant à un lieu de travail - l'usine Godin - un Palais social : habitation collective très originale avec un ensemble de structures

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    Le Familistère Godin–Guise (Aisne) France

    A- adresse du site :Familistère Godin262 Cité Familistère droite02120 GuiseFrance

    Tel. 33 (0)3 23 61 35 36 33 (0)3 23 05 08 8833 0)3 23 62 68 2834B- contact :- Frédéric Panni, conservateur en chef du patrimoine, directeur du syndicat mixte duFamilistère Godin.- Alexandre Vitel, chef du service des publics et de la communication.

    [email protected] Elise Coquelle, chargée de communication.

    elisecoquelle@familistère.com

    C- brève description (à l’origine) :Étymologiquement " lieu de réunion des familles ", le terme Familistère, a été inspirépar le modèle du Phalanstère de Charles Fourier, impliquant la notion de communautéet de coopérative ouvrière.Le Familistère Godin de Guise est un site exceptionnel, qui témoigne d’une expériencesociale unique. Jean-Baptiste André Godin n’est pas un patron comme les autres. À latête d’une entreprise célèbre jusqu’à aujourd’hui pour la fabrication de poêles et decuisinières en fonte, Godin est un fouriériste qui a décidé de mettre ses actes encohérence avec ses idées. En construisant son propre Phalanstère, chez lui à Guise, ilcrée, à partir de 1858, une cité idéale, destinée aux employés de son usine, toutesclasses confondues, dans laquelle il résidera lui-même au milieu de ses ouvriers. Lacité de Godin, ce sont des pavillons collectifs reliés par des coursives et des passages,mais aussi des écoles, une crèche, des magasins, un théâtre et même une piscine etdes jardins. Corollaire de cet habitat collectif : l’imposition d’un règlement strict et lasurveillance de tous par tous, dans une architecture où chacun est exposé au regarddes autres. En cette seconde partie du XIXe siècle, le Familistère de Guise constitueune expérience unique au monde, qui définira bien avant Le Corbusier des principesarchitecturaux ayant pour but l’amélioration des conditions de vie des classeslaborieuses. Aujourd’hui encore, le Familistère de Guise reste un exemple mythiquepour les architectes, le rêve de changer le monde par l’architecture. L’ensemble formépar le Familistère –trois immenses bâtiments en brique et des édifices annexes–impressionne par sa masse, par sa conception avant-gardiste et sa maîtrise desdétails.

    D- localisation :Le Familistère Godin est situé à Guise, petite ville du département de l’Aisne,d’environ 7000 habitants, distante de 28 km de la ville de Saint-Quentin, appartenantà la région Picardie dans le nord de la France.

    E- datations et architectes :Vers le milieu du XIXe siècle, Jean-Baptiste-André Godin, nourri des pensées deFourier et de Saint-Simon, met en pratique la première expérience d'utopie sociale àgrande échelle en associant à un lieu de travail - l'usine Godin - un Palais social :habitation collective très originale avec un ensemble de structures

    mailto:alexandrevitel:@familistere.commailto:elisecoquelle:@familist�re.com

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    complémentaires destinées à promouvoir de nouveaux rapports entre capital, travail,logement, au sein d’une communauté soudée par les intérêts communs. Cetteexpérience durera, sous une forme coopérative, jusqu'en 1968.

    Dans les années 1970/ 1980, l’usine Godin, rachetée par la société Le Creuset acontinué son activité mais le Familistère a été séparé de l’usine et a connu unepériode très difficile (manque d’entretien, départ progressif de ses habitants, etc.). En2000, un grand projet de réhabilitation et de mise en valeur de l’ensemble du site avu le jour. Ce projet, qui a pris le nom d’Utopia a consisté à donner au Familistère uneambition culturelle, touristique, économique et sociale. Un vaste chantier démarré àpartir de 2001, a été mis en œuvre par le Conseil général du Département de l’Aisneet la Ville de Guise qui portent ensemble ce projet au travers d'un syndicat mixte avecle concours financier de l'Etat, de la Région Picardie et de l'Union Européenne.De nombreux architectes et paysagistes ont participé ou participent à la rénovation duFamilistère Godin. Citons les principaux :- Thierry Algrin (restauration des édifices classés Monuments historiques)- Frédéric Beauclair (anciens économats)- Luca Lotti (appartement Godin et buanderie-piscine).- Atelier Frisque (théâtre)- Julien et Catherine Frenak (pavillon central)- Atelier Lab (éléments bâtis du jardin d’agrément et du jardin de la presqu’île)- H2O et Michel Desvigne (place du Familistère)- Agence Base : paysagistes (jardin de la presqu’île)

    F- analyse typologique du site :Le familistère Godin de Guise est un domaine très particulier comprenant à la fois unensemble de logements collectifs pour une population ouvrière de 2000 personnesenviron travaillant dans l’usine située à environ 200 mètres sur la rive opposée del’Oise et plusieurs bâtiments annexes à caractère social. L’originalité du Familistèretient au fait que le domaine est désormais intégralement la propriété publique duSyndicat mixte qui a la charge de la conservation, de la valorisation et de la gestiondu site. L’établissement public assume aussi provisoirement la gestion locative desappartements occupés.

    G- étendue du site :L’ensemble du domaine du Familistère de Guise s’étend sur presque20 ha (usine comprise). À partir de 1846, les premiers bâtiments de l’usine, se sontorganisées autour d’une cour ouvrant sur la rue. Cependant, le développement de laproduction et la mécanisation de la fabrication ont entraîné d’importantes campagnesde construction à l’est de cette cour. Dès 1861, les usines occupent ainsi unesuperficie de 3 hectares. Des ateliers spécifiques ont été édifiés pour le moulage,l’émaillerie, l’ajustage et le montage, la menuiserie ou l’emballage. Les bâtiments et lacour d’entrée de l’usine se situent dès lors dans l’axe du pont construit sur l’Oise pourrejoindre le Familistère élevé sur l’autre rive.Les éléments bâtis du Familistère occupent une superficie de plusieurs hectares. Ilscomprennent un nombre important de bâtiments dont les principaux, ceux consacrésau logement des ouvriers ont trois étages, plus combles, disposés en U autour d’unetrès vaste place.S’ajoutent à l’ensemble, deux jardins, le jardin d’agrément, d’environ 2 hectares et lejardin de la presqu’île, d’environ 10 hectares.

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    H- composition du site :La construction du Familistère s’est étendue sur une période d’une trentaine d’années.L’implantation des édifices, tout près de l’Oise, suit le plan d’ensemble du Palais socialarrêté vers 1858, vraisemblablement par Jean-Baptiste André Godin lui-même.Repères chronologiques :

    - 1817 : Naissance de Jean-Baptiste André Godin à Esquéhéries dans l’Aisne. Ilest le fils d’un serrurier.

    - 1837 : Godin ouvre un petit atelier de fabrication de poêles en fonte de fer dansson village natal.

    - 1842 : Godin découvre les théories de Charles Fourier philosophe utopiste.

    - 1846 : Transfert à Guise de ses ateliers. L’usine prend vite de l’importance.

    - 1853 : Création d’une succursale de l’entreprise de Guise dans la banlieue deBruxelles, à Laeken en Belgique.

    - 1855 : Godin participe financièrement à l'expérience du Phalanstère de LaRéunion de Victor Considerant, au Texas. Il y perd la moitié de sa fortune personnelle.

    - 1856 : Aménagement d’un jardin d’agrément sur la rive droite de l’Oise entrel’usine et le futur Palais social, jardin qui sera intégré au Familistère deux ans plustard.

    - 1859-1860 : Construction du premier bâtiment correspondant à l’aile gauche duPalais Social. Il s’agit d’un édifice en brique rouge avec cour intérieure couverte d’uneverrière, pour une centaine d’appartements (~350 habitants) ouverts sur descoursives suspendues, accessibles grâce à des escaliers d’angles. A chaque niveausont installés des distributions d’eau courante, des sanitaires et des vide-ordures. Lacour couverte est un espace collectif à caractère domestique. Construction des premiers magasins ou économats.

    - 1862 : Godin met en œuvre l’émaillage multicolore de la fonte. Cela lui permetde proposer une gamme nouvelle composée de produits décorés dont l’attrait exercésur le consommateur devient très supérieur à celui des appareils en fonte brute de sesconcurrents. Il expose sa production à l’Exposition Universelle de Londres, en 1862. Ildéclare alors que son entreprise “n’est pas seulement aujourd’hui la première deFrance dans son genre mais bien la première du monde”.

    - Entre 1862-1864 : Construction de la partie centrale du Palais social dont lesdispositions sont identiques à celles de l’aile gauche primitive mais encore plus vastes.Elle comprend 150 appartements et sa cour intérieure couvre une superficie de 900m2 (+de 500 habitants). Une horloge et un belvédère, souvenir du Phalanstère,dominent la façade sur la place qui prend forme. Godin y réside personnellement, encompagnie de Marie Moret, sa collaboratrice, qui deviendra sa seconde épouse en1886, occupant un confortable appartement de sept pièces où il a également installéses bureaux.

    - 1863 : L’usine occupe désormais 900 personnes et produit 60 000 appareils dechauffage et de cuisson par an.Création de la fête de l’enfance (en septembre)

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Phalanst%E8rehttp://fr.wikipedia.org/wiki/La_R%E9union_(phalanst%E8re)http://fr.wikipedia.org/wiki/La_R%E9union_(phalanst%E8re)http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Consideranthttp://fr.wikipedia.org/wiki/Texas

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    - 1866 : Construction d’un bâtiment élevé à l’arrière du Palais social entièrementdestiné à la petite enfance : la nourricerie-pouponnat. Conçue pour les enfants âgésde 15 jours à 4 ans, cette construction en brique est accessible de plain-pied et àcouvert depuis la cour du pavillon central. Création de la Fête du Travail le premier dimanche de mai.

    - 1870 : Inauguration du théâtre et des écoles. La construction du théâtre,absent du projet primitif de Jean-Baptiste André Godin, est décidée dès 1865, aprèsl’achèvement du pavillon central du Palais social. Cet ensemble, situé sur la borduresud de la place est sans équivalent dans le Phalanstère de Fourier. Il complète, avecla nourricerie-pouponnat, la composition globale du Familistère.Cette même année, construite sur les rives de l’Oise, la buanderie-piscine comportequatre espaces distincts. Le rez-de-chaussée accueille une buanderie. A l’aplomb decelle-ci, un vaste séchoir à linge ventilé grâce à des ouvertures à claustras, est installésous les combles. La façade nord du bâtiment est flanquée de cabines de bains.Situées à mi-chemin de l’usine et du Palais social, elles facilitent l’usage des bains parle personnel de la fonderie. Mais l’élément le plus spectaculaire de cet ensemble est lapiscine. Son bassin de 50 m² et profond de 2,50 m est équipé d’un plancher mobile encaillebotis, qu’un treuil permet de relever jusqu’à la surface de l’eau. Les enfants desdifférentes classes d’âge peuvent ainsi apprendre à nager sans danger et s’adonner àla baignade.

    - 1871 : Godin est élu député du département de l’Aisne et le restera jusqu’en1876.

    - 1878 : Construction de l’aile droite du Palais social (environ 100 appartementspour 350 habitants). Le familistère compte alors 1200 habitants.Fondation par Godin d’un périodique : « Le Devoir, journal de la Science Sociale ».

    - 1880 : Fondation de l’Association coopérative du Capital et du Travail dont lesouvriers familistériens se partagent le capital constitué des actifs de l’entreprise et duPalais social. Les buts de l’Association, constituée pour 99 ans, sont économiques :organiser la solidarité entre ses membres et l’appropriation du capital par lestravailleurs. Mais ils sont aussi culturels et politiques : offrir les conditions durables del’émancipation des classes populaires et régler l’exercice de la démocratie sociale àl’échelle de la communauté familistérienne.De plus, une parcelle contiguë au jardin d’agrément est acquise par l’Association pourformer un ensemble paysager de 1,2 hectare entre l’usine et le Palais social. Leshabitants peuvent s’y détendre librement. A cette époque, l’entreprise est florissante.Elle domine le marché des produits domestiques en fonte pour le chauffage, lacuisson, etc. Plus de 2000 appareils sortent chaque semaine des ateliers de l’usinequi possède une installation de moulage mécanique préfigurant l’organisationscientifique du travail à la chaîne.

    - 1882 : Construction de deux bâtiments supplémentaires pour les écoles, édifiésen retrait des précédents et abritant d’autres salles de classes permettant d’organiserun enseignement élémentaire spécialisé suivant les tranches d’âge. Les écolesaccueillent les enfants des deux sexes de 4 à 14 ans.

    - 1883 : Construction sur un terrain, le long de la route de Cambrai, au sud-ouestdu Palais social d’un nouvel édifice, le Pavillon Cambrai prévu pour 150 appartementset plus de 500 habitants sur quatre niveaux. Ce nouvel ensemble, qui reprend laplupart des dispositions du Palais social s’en distingue néanmoins par sa cour à cielouvert préfiguration de l’immeuble collectif du XXe siècle.Construction du Familistère de Laeken (Belgique)

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    - 1888 : Mort de Jean Baptiste André Godin.- 1889 : Inauguration du monument Godin. La statue primitive en bronze estl’œuvre d’Amédée Doublemard. Elle montre Godin en sa double qualité d’industriel etde réformateur. Par un geste accueillant du bras gauche, la figure désigne le Palaissocial et sa manufacture. Le Familistère compte alors 1748 habitants.

    - 1908 : Mort de Marie Moret, compagne, secrétaire, collaboratrice et secondefemme de Jean-Baptiste André Godin. Cette femme très instruite, parlant plusieurslangues, fortement impliquée dans les pédagogies nouvelles et la laïcité, a joué unrôle considérable dans l’animation des services de l’enfance et des écoles duFamilistère dont elle est devenue directrice.

    - 1914 : Aile gauche primitive incendiée le premier jour de l’occupationallemande de Guise, le 24 août 1914.

    - 1918 : Destruction de la nourricerie-pouponnat qui ne sera pas reconstruite. Unbâtiment des écoles, du côté des économats est reconverti en bibliothèque-musée.

    - 1922 : Installation du nouveau monument Godin car l’original a été envoyé à lafonte par l’armée allemande pendant la Grande Guerre. Cette réplique de la statue estdue au sculpteur Félix Charpentier. Le piédestal est orné de deux bas-reliefs : Godinexposant à son personnel les plans concernant la fondation du Familistère de Guise etGodin nommé Chevalier de la Légion d’honneur et Officier d’Académie. Sur la façadearrière du piédestal, est gravé le plan de la partie centrale du Familistère avecl’implantation du monument sur la place.

    - 1923-1924 : Reconstruction de l’aile gauche primitive. La nouvelle architectureest en apparence différente de l’originale. Des pavillons d’angle sont ajoutés à l’édificeau sud, les façades se hérissent de balcons de pierre, des tuiles vernisséespolychromes couvrent la toiture, la charpente et les coursives de la cour intérieuresont métalliques et son sol est orné d’une mosaïque.- 1929 : grève à l’usine Godin, alors florissante. Le conflit creuse le fossé quiexiste entre les non associés, parmi lesquels se recrutent les grévistes, et les associésde la coopérative, majoritairement non-grévistes. La grève se solde par un échec.

    - 1968 : Dissolution de l’Association coopérative du Capital et du Travail. L’écolematernelle (à l’est) et l’école élémentaire (à l’ouest) deviennent écoles communales.Elles accueillent aujourd’hui près de 180 enfants de Guise.L’entreprise Le Creuset rachète les établissements Godin qui deviennent une sociétéanonyme sous le nom de de Godin S/A.

    - 1970 : Vente des logements aux occupants ou à la municipalité. Les bâtiments annexes du Palais social sont repris par la ville de Guise.

    - 1988 : La société Cheminées Philippe rachète à l’entreprise Le Creuset lesétablissements Godin S/A.- 1989 : Pour tenter de faire survivre le Familistère, des passionnés de l’œuvre deGodin, créent l’Association pour la Fondation Godin.

    - 1991 : Classement du Palais social au titre de la loi sur les Monuments historiques(excepté le Pavillon Cambrai).- 1992 : Un état des lieux est dressé pour tenter d’évaluer le montant desdépenses à effectuer pour sauver l’ensemble du Familistère dont certaines parties ontété complètement délaissées.

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    I- promoteurs et motivations :Ce site était presque à l'abandon à la fin des années 1960, après avoir subi desdommages importants (manque d’entretien généralisé, squats, incendie, etc.).L’Association pour la Fondation Godin, Jean-Pierre Balligand, député de l’Aisne etConseiller général ainsi que Daniel Cuvelier, maire de Guise, se mobilisent à partir de1990 pour tenter de sauver le familistère. Grâce au soutien de la Direction des Muséesde France et de Jack Lang, ministre de la Culture, la démolition d’une partie du siteest évitée. Le Conseil général du département de l’Aisne accepte alors de lancer uneétude pour le sauvetage du site.En 1995, la mairie de Guise et la DMF (Direction des Musées de France) décident decharger un bureau d’ingénierie culturelle, le BICFL (Bureau d'Ingénierie Culturelle duTourisme, de la Fête et des Loisirs), de proposer un programme de réhabilitation duFamilistère. La future utilisation du site fixée par la mairie, est alors d’en faire unmusée consacré à Godin et à son œuvre, en aménageant les anciens économats pouraccueillir ce musée et en restaurant des bâtiments du Familistère pour en faire deslieux de visite. Au départ, seule la préservation du bâti est donc envisagée (le Palaissocial, les économats, le théâtre et les écoles, le lavoir-piscine). Après réflexion, leBICFL élargit la proposition en vue d’exploiter au maximum le potentiel culturel duFamilistère, afin qu’il représente pour la ville plus qu’un simple musée mais un siteglobal capable de générer une réelle offre touristique et culturelle pour la ville deGuise.

    En 1996, la volonté politique de réaliser ce projet nommé UTOPIA est prise par Jean-Pierre BALLIGAND. Il défend les propositions du rapport du BICFL au sein du ConseilRégional de Picardie pour faire inscrire le projet au Contrat de Plan État-Région. Jean-Pierre BALLIGAND, devenu président du Conseil général en 1998, devient l’un desprincipaux porteurs du projet au niveau de la région mais aussi de l’Europe puisqu’ilcontribue également à ce que ces institutions soient parties prenantes du projet.En 2000, les statuts d’une structure administrative chargée de la mise en route duprojet sont rédigés : le Syndicat mixte du Familistère Godin représentera désormais àla fois la mairie de Guise et le département.

    J- état de la reconversion :Où en est-on en 2013 ? Le travail accompli est considérable. Une grande partie destravaux prévus dans le cadre du projet Utopia a été réalisée et tout devrait êtreterminé en 2014 /2015.

    Chronologie des travaux :- 2001 : Début de la rénovation du Familistère. Projet Utopia 1.- 2002 : le Familistère obtient le label Musée de France.- 2003 : Début de la réunification foncière du Palais social.- 2006 : réouverture au public des économats et du jardin d’agrément d’origine,réaménagé.- 2007 : réhabilitation du kiosque à musique dans son état de 1921.Aménagement des 9 hectares du jardin de la presqu’île.- 2008 : réhabilitation de la buanderie-piscine et début de la restauration del'ensemble des façades et toitures du théâtre et des écoles.- 2009 : Projet Utopia 2. Ouverture au public de l’appartement Godin.- 2007/2010 : Campagne de restauration du Pavillon central, concentrée sur lacour intérieure et sa couverture vitrée. Réouverture de l’unité d’habitation du Pavilloncentral en 2010. Parallèlement, aménagement muséographique du Familistère : lapremière partie du parcours d’exposition permanente est réalisée sur une surface utilede 1600 m2.- 2011 : Réouverture au public du théâtre du Familistère. D’autre part,

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    la Fondation du Patrimoine, grâce au mécénat de la Fondation Crédit Coopératif,décide d’apporter un soutien à la création de la section d’exposition « Les Fabriquesde l’Utopie » dans le Pavillon central (ouverture prévue fin 2013/début 2014), quiprésentera aux visiteurs un panorama des expérimentations sociales et utopiespratiquées en Europe et en Amérique à partir du XIXe siècle.- 2012/2014 : deuxième phase de travaux dans le Pavillon central qui doitpermettre d’ajouter 1800 m2 de salles d’exposition permanentes et temporaires, unauditorium et un espace de 140 m2 dédié à la présentation « Les Fabriques del’Utopie ».- Juillet 2013 : inauguration, après dix-huit mois de travaux, de la place centraledu Familistère. Sur 11.000 m2, un grand tapis de 400.000 briques de couleuranthracite a été déployé pour relier l'habitat social aux différents édifices del’ensemble architectural (économats, théâtre, écoles, etc.). La place centraleconstituait au XIXe siècle l'unité du Familistère de Guise.Poursuite des travaux de rénovation de l’aile droite du Familistère.- Des travaux de restauration de l'aile gauche du Familistère, destinée à devenirun établissement hôtelier multi-standards avec restaurant, doivent débuter àl'automne 2013.Activités économiques:L’usine Godin S/A est en activité. Elle produit outre les poêles en fonte traditionnelsGodin, des poêles contemporains en fonte ou en tôle d’acier, des inserts, des tablesde cuissons, des cuisinières et toute une série d’objets en fonte. Elle est visitable surrendez-vous.

    Activités tertiaires:Administration du Familistère Godin

    K-mémoire du monde du travail :Musés de la mémoire:Le circuit de visite guidé permet de découvrir : un appartement ouvrier témoin,l’appartement de Jean-Baptiste André Godin, les espaces d’exposition, les courscouvertes des différents pavillons, l’ancienne buanderie–piscine magnifiquementréhabilitée où sont exposés des documents et photographies de la vie au Familistèredu début du XXe siècle, le théâtre. La visite se poursuit de façon autonome par ladécouverte des jardins : le jardin d’agrément avec le mausolée de Godin et de MarieMoret ainsi que le jardin de la presqu’île (une dizaine d’hectares) qui constituent desespaces de détente très appréciés des visiteurs.La boutique, installée dans les anciens économats, qui sert également de billetterie etd’espace d’exposition avec maquettes du site, propose de nombreux ouvrages surl’histoire du Familistère et sur son fondateur ainsi que des ustensiles en fonte, desjouets et souvenirs, etc.Activités muséalesOutre les espaces muséographiques déjà ouverts au public, un nouvel espace, « LesFabriques de l’Utopie » est en préparation dans le Pavillon central.Activités culturellesExpositions temporaires, spectacles, concerts, conférences. Chaque année, la grandefête du 1er dimanche de mai dans l’enceinte du Familistère, rappelant la fête duTravail organisée chaque année par Godin, attire des milliers de visiteurs, de mêmeque la fête des enfants en septembre. Saison théâtrale chaque année. Animationsdiverses durant les vacances.

    Nouvelles collectionsLe noyau des collections est formé du fonds constitué par le musée municipal,principalement issu du musée Godin créé par la Société du Familistère au début duXXe siècle. Le fonds lié au Familistère réuni par Jean-Baptiste André Godin comprend

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    une très belle collection de photographies du Familistère et de l'usine, des objetspersonnels du fondateur, des appareils domestiques produits par l'usine Godin et desdocuments sur la vie du Familistère et de ses habitants. Outre ces nombreuxtémoignages de la vie du Familistère présents sur le site, les Archivesdépartementales de l’Aisne, à Laon, possèdent le Fonds Godin-Moret (53 J, 1850-1945) et le CNAM (Conservatoire des Arts et Métiers-Paris) le Fonds Godin /Moret-Prudhommeaux.

    L- réussites et/ou échecs :On peut considérer qu’en une douzaine d’années le pari d’UTOPIA 1 et 2 a été gagné.La découverte du Familistère Godin est une expérience étonnante et passionnantepour la plupart des visiteurs. Les investissements ont été considérables et la réussiteest au rendez-vous. La qualité des restaurations, les partis-pris muséographiquesnovateurs et l’offre touristique globale font du Familistère Godin l’un des tout premierssites du patrimoine industriel et social français.Le chiffre du nombre de visiteurs payants est chaque année en hausse avec 53 473 en2012 contre 17 000 en 2001, le site du Familistère est classé premier musée del'Aisne, troisième de la région Picardie.Le prix d'entrée à 8,50 €, la vente de livres, d'objets en fonte et de souvenirs ainsique la buvette, représentent un panier moyen du visiteur de 16 € ; ce qui permetd'équilibrer le budget et de payer les salaires des 29 salariés (équivalent à 21 tempspleins).Le seul échec actuel est le fait qu’au gré d'aménagements successifs le familistères’est peu à peu vidé de ses habitants et n’en compte plus qu'une trentaine (excepté lePavillon Cambrai toujours occupé). La fin des travaux du Pavillon central et laréhabilitation des appartements de l’aile droite, devrait pouvoir faire revenir denouveaux locataires.

    M-coûts et investissements :. Financements de la réhabilitation du Familistère Godin UTOPIA 1 : Période 2001-2008 Union européenne 2 838 065 € 11% État 6 870 169 € 26% Région Picardie 3 191 647 € 12% Conseil Général de l’Aisne et Syndicat mixte du Familistère Godin 13 774. 002 € 51% TOTAL : 26 673 885€ UTOPIA 2 : Période 2009-2013 État 5 999 800 € 34% Région Picardie 5 974 848 € 34% Conseil Général de l’Aisne et Syndicat mixte du Familistère Godin 5 591 752 € 32% TOTAL : 17 566 400 €

    TOTAL Général 2001-2013 : 44 240 285 € Exemples de dépenses :Aménagement du parc de la presqu’île livré en 2007 : 1 500 000€- Appartement Godin : réfection et aménagement livré en 2010 :558 000 € (dont Etat 33% et Europe 38%)- Réfection de la place en 2012/2013 : 2 700 000€- Deuxième tranche : réhabilitation du pavillon central, 6 500 000€ (dont40 000€ de la Fondation du Patrimoine). Travaux en cours.- Réhabilitation de l’aile gauche du Palais Social : 1 700 000€. Travaux en cours.- Réhabilitation de l’aile droite du Palais Social : 1 800 000€.

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    N-bibliographie :Jean-Baptiste André Godin a écrit de nombreux ouvrages (consultables sur le site dela BNF Gallica (Bibliothèque nationale de France). Citons en particulier :- Solutions sociales, Le Chevalier éditeur, Paris 1871.- Mutualité sociale et association du capital et du travail ou extinction du paupérismepar la consécration du droit naturel des faibles au nécessaire et du droit destravailleurs à participer aux bénéfices de la production, Guillaumin et Cie éditeurs,Paris 1880.- Le gouvernement, ce qu’il a été et ce qu’il doit être et le vrai socialismeen action, Guillaumin et Cie éditeurs, Paris 1883.-Mutualité nationale contre la misère, pétition et proposition de loi à la chambre desdéputés, Guillaumin et Cie éditeurs, Paris, 1883.DELABRE, Guy, GAUTHIER, Jean-Marie, Vers une république du travail, Jean-BaptisteAndré Godin, 1817-1888, Editions de la Villette, coll. « Penser l’espace », 196 p.PAQUOT, Thierry, BEDARIDA, Marc, Habiter l’Utopie, le Familistère Godin à Guise,Editions de la Villette, coll. « Penser l’espace », 2004, 312 p.GODIN, Jean-Baptiste André : Lettres du familistère, textes choisis, établis et annotéspar Frédéric PANNI, photographies d’Hugues Fontaine, Guise, Les Editions duFamilistère, 2008, 160 p.Supplément du journal Libération paru avec le n°9139 du jeudi 30 septembre 2010,80 pages – Publication collective. Très complet. A télécharger sur le site Web dufamilistère Godin :www. familistère.comLALLEMENT, Michel, Le Travail de L'utopie: Godin et le Familistère de Guise, EditionsLes Belles Lettres, Paris 2009, 511p.De nombreux films ou émissions ont été réalisés sur le familistère Godin.Certains peuvent être visionnés sur Internet.

    O -Auteur et date d’élaboration de la fiche :Geneviève DufresneMaître de Conférences d’histoireVice-présidente du CILACAoût 2013

    Triangle de survie

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    Photo 1 : Plan du site (© Familistère Godin)

    Photo 2 : Place du Familistère (© Ph. Chalmeau)

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    Photo 3 : Statue de Godin sur la place du Familistère (© G. Dufresne)

    Photo 4 : Cour couverte du Pavillon central en travaux en 2009 (© G. Dufresne)

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    Photo 5 : Cour couverte du Pavillon central restaurée, 2013 (© AGL Familistère)

    Photo 6 : Pavillon central, scène d’intérieur de 1867 reconstituée (© Familistère Godin)

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    Photo 7 : Aile droite du Familistère, appartement Godin (© L. Lesieur)

    Photos 8 : Aile gauche du Familistère reconstruite en 1922/1923 (© G. Dufresne)

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    Photos 9 : Aile gauche du Familistère reconstruite en 1922/1923 (© G. Dufresne)

    Photo 10 : Les économats (© GF Familistère)

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    Photo 11 : Le théâtre et les écoles (© G. Dufresne)

    Photo 12 : La statue de Marie Moret à l’extérieur des écoles (© G. Dufresne)

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    Photo 13 : La buanderie-piscine, entrée (© G. Dufresne)

    Photo 14 : La buanderie-piscine, chevet (© G. Dufresne)

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    Photo 15 : La buanderie-piscine, les combles (© G. Dufresne)

    Photo 16 : La buanderie-piscine, la piscine (© G. Dufresne)

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    Photo 17 : Le pavillon Cambrai (© G. Dufresne)

    Photo 18 : Entrée du Jardin d’agrément (© G. Dufresne)

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    Photo 19 : Jardin d’agrément (© AGL Familistère)

    Photo 20 : Jardin d’agrément, mausolée Godin (© G. Dufresne)

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    Photo 21 : L’usine Godin S/A (© G. Dufresne)

    Photo 22 : L’usine Godin S/A (© G. Dufresne

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    Photo 23 : Poêle Godin (© G. Dufresne)

    Photo 24 : Petite cuisinière Godin (© G. Dufresne)

    Le Familistère Godin–Guise (Aisne) FranceLe Familistère Godin–Guise (Aisne) FranceDELABRE, Guy, GAUTHIER, Jean-Marie, Vers une république du travail, Jean-Baptiste André Godin, 1817-1888, Editions de la Villette, coll. « Penser l’espace », 196 p.