urbanisation en périphérie de meknès (maroc) et devenir
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Urbanisation en périphérie de Meknès (Maroc) etdevenir des terres agricoles. L’exemple de la coopérative
agraire Naïji.Elodie Valette, Jean Pierre Chery, Marta M. Debolini, Judicaël Azodjilande,
Marie Francois, Mohammed El Amrani
To cite this version:Elodie Valette, Jean Pierre Chery, Marta M. Debolini, Judicaël Azodjilande, Marie Francois, et al.. Ur-banisation en périphérie de Meknès (Maroc) et devenir des terres agricoles. L’exemple de la coopérativeagraire Naïji.. Cahiers Agricultures, EDP Sciences, 2013, 22 (6), pp.535-543. �10.1684/agr.2013.0656�.�hal-01321143�
Urbanisation en périphérie de Meknès (Maroc)et devenir des terres agricoles :
l'exemple de la coopérative agraire Naïji
L es enjeux de preservation desterres agricoles sont particulie-rement vifs sur la rive sud de la
Mediterranee, ou les espaces agricoleset forestiers les plus productifs sontsitues au sein d’espaces de plainefavorables a l’urbanisation (Paillardet al., 2010). Ces terres agricoles
constituent ainsi des reserves foncie-res pour la croissance urbaine (Jouveet Padilla, 2007) et les peripheries desgrandes villes apparaissent comme lesfronts d’urbanisation les plus dynami-ques (Cattedra, 2010).Le Maroc, au sein du Maghreb, est lepays ou le monde rural et l’agriculture
RésuméL’article presente et analyse les changements de l’usage du sol en peripherie urbaine deMeknes au Maroc, dans un contexte de consommation de terres agricoles pourtantreputees fertiles et productives. La question de la preservation des terres agricoles situees aproximite du front d’urbanisation, si elle a ete identifiee par les pouvoirs publics au Maroc,qu’ils soient nationaux ou locaux, n’est pas une preoccupation premiere de l’actionpublique, davantage centree sur le developpement economique et le logement des plusdemunis. A Meknes, dans un contexte foncier complexe, la croissance urbaine s’opere surdes terres de haute qualite agronomique, au sein d’un marche tres speculatif. En guised’illustration, l’article presente le cas particulier de la cooperative de la reforme agraireNaıji et des strategies foncieres de ses agriculteurs.
Mots cles : agriculture urbaine ; Maroc ; politiques foncieres ; urbanisation ; usage du sol.
Themes : economie et developpement rural ; territoire, foncier, politique agricoleet alimentaire.
AbstractUrbanization of the peripheral areas of Meknès (Morocco) and the conversion ofagricultural land: Case study of the Naïji agricultural cooperative
This paper presents and analyses land use changes in the periurban areas of Meknes,Morocco, focusing on disappearing fertile and productive farmland. Although identified bythe Moroccan public policies, the concern for periurban farmland protection is not thegovernment’s first priority. It remains behind economic development and housing of low-incomes. In Meknes, where land tenure remains very complex, urban growth is impactinghigh-quality-soil farmland while the land market is characterised by increasing farmlandvalues and weak public policy regulation. As an example, this paper focuses on the casestudy of the Naıji cooperative stemming from the land reform and on the land strategies ofthe farmers.
Key words: land policy; land use; Morocco; urban agriculture; urbanization.
Subjects: economy and rural development; territory, land use, agricultural and foodproduction policy.
Élodie Valette1
Jean-Pierre Ch�ery2
Marta Debolini3,4
Judicaël Azodjilande1
Marie Francois1
Mohamed El Amrani5
1 CiradUMR TETISTA-C-91/MTDF-34398 Montpellier cedex 5France<[email protected]><[email protected]><[email protected]>2 AgroParisTechUMR TETISMaison de la T�el�ed�etection500 rue Jean-Francois BretonF-34000 MontpellierFrance<[email protected]>3 InraUMR 1114 EMMAH INRA – UAPVDomaine St Paul Site AgroparcF-84914 Avignon cedex 9France<[email protected]>
4 Istituto di Scienze della VitaScuola Superiore Sant'AnnaVia Santa Cecilia 356127 PiseItalie5 École nationale d'agriculture de MeknèsKm 10Route Haj KaddourBP S/40MeknesMaroc<[email protected]>
doi: 10.1684/agr.2013.0656
Pour citer cet article : Valette É, Chéry JP, Debolini M, Azodjilande J, François M, El Amrani M,2013. Urbanisation en périphérie deMeknès (Maroc) et devenir des terres agricoles : l'exemple dela coopérative agraire Naïji. Cah Agric 22 : 535-43. doi : 10.1684/agr.2013.0656
Tirés à part : É. Valette
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Étude originale
occupent la place la plus importante(Hervieu et al., 2006), avec 33 % del’emploi en 2006 (FAOSTAT). Ce payss’efforce de preserver ce qui estpresente comme une force en memetemps qu’un ferment de l’identitenationale, dans un contexte marquepar une urbanisation croissantecomme dans nombre de pays duSud. Le rythme de croissance urbaine,s’il a connu un inflechissement aucours des dernieres annees, est estimea 2,1 % pour la periode 1994-2004 etla part de la population urbaine a60 % en 2009. Ainsi, le territoire a etemarque par une extension des villes,et notamment des grandes metropolescomme Casablanca, depuis les annees1960. En reponse a une demandecroissante de logements, le processusde croissance urbaine, qu’il procedede constructions legales ou illegales,s’est accru et la concurrence entreperimetres urbains et espaces agrico-les s’est exacerbee. Le rythme d’arti-ficialisation des terres est relativementeleve1, la superficie totale des terresagricoles consommees par l’urbanisa-tion etant evaluee a l’horizon 2025a pres de 90 000 hectares, avec unrythme moyen d’environ 4 500 hecta-res par an (INAU, 2005).Ainsi, l’action du gouvernement maro-cain semble s’inscrire dans une diffi-cile contradiction, observable dansd’autres contextes nationaux, au Nordcomme au Sud (Elloumi et al., 2011).D’une part, l’agriculture est definiecomme priorite nationale, de longuedate, et le gouvernement s’efforce desoutenir et proteger l’activite agricole,ce dont temoigne notamment le PlanMaroc Vert (PMV), nouvelle strategieagricole lancee en 2008 (ministere del’Agriculture, 2008 ; Akesbi, 2012).D’autre part, une autre priorite natio-nale, celle du logement, particuliere-ment mise en avant depuis le debutdes annees 2000 conduit a la miseen place de dispositifs en faveurde l’urbanisation des peripheriesdes villes, au detriment des terresagricoles.L’objectif de cet article est de s’inter-roger sur l’impact sur les terresagricoles des politiques publiques de
liberation du foncier et d’analyserleurs effets en peripherie urbaine atravers l’exemple de Meknes. Cetteagglomeration de 599 555 habitantsen 2004 a une population estimeeaujourd’hui a pres de 750 000 habi-tants. Situee au nord-est du pays,Meknes presente un interet particulierpour l’etude : elle est d’abord consi-deree comme l’un des principauxpoles agricoles du Maroc. Elle a parailleurs connu un etalement urbainmarque pendant les dernieres annees.Pour cela, nous montrons dans unepremiere partie les resultats d’uneanalyse diachronique de l’usage dusol a Meknes, afin de degager lesprincipales formes et dynamiques del’urbanisation affectant les terres agri-coles. Dans une deuxieme partie, nouscentrons l’analyse sur le devenir desterres collectives des cooperatives dela reforme agraire, issues de la redis-tribution du patrimoine foncier recu-pere a l’Independance (KorachiTaleb, 1998). Bien que celles-ci, etnotamment celles qui sont situees aproximite de la ville aient longtempsconstitue un frein a l’urbanisation, dufait de leur statut collectif, celles-cisont depuis 2005 touchees par defortes transformations foncieres a lafaveur de l’application de la loi dite dela mainlevee, permettant aux agricul-teurs beneficiaires des terres descooperatives de devenir proprietairesen melk, propriete privee de droitmusulman. S’inscrivant dans le droit-fildes preconisations des institutionsinternationales et des principaux bail-leurs de fonds, reposant sur la convic-tion d’un lien de causalite direct entreaccession a la propriete privee, inten-sification agricole et developpement(Chauveau, 2007), ce dispositif a etemis en place dans le contexte d’unepolitique economique liberale pourfavoriser les investissements et l’inten-sification agricoles, face au constatd’un certain immobilisme des syste-mes de production et des pratiquesagricoles dans le contexte descooperatives. Il a certes favorise latransformation de certains systemes deproduction, mais aussi la vente etl’achat de terres, et contribue aujour-d’hui au mitage de l’espace ruralperipherique. L’exemple des transfor-mations de l’usage du sol dans lacooperative de Naıji, commune ruralede Majjate, permet de rendre comptede ces dynamiques de concurrences
d’usage du sol et de l’impact de lapression urbaine sur les strategies desagriculteurs. Ces changements et leuranalyse font l’objet de la troisiemepartie de cette etude.
Consommationdes terres agricolesà Meknès :analyse satellitaire etdynamiques spatiales
Le constat d’une consommation desterres agricoles situees en peripherieurbaine se heurte souvent a uneincapacite a quantifier et a qualifierla forme de ce changement d’usage dusol. L’etude menee a Meknes a ainsinecessite en premier lieu un diagnosticquantitatif.Le travail a consiste en la realisationd’une cartographie par teledetectionde l’occupation et de l’utilisation dusol de la zone de Meknes a deux dates(2001 et 2011), suivie d’une analyse del’evolution spatiale de l’occupationdu sol entre ces deux dates. Lateledetection est une methodologieperformante pour l’analyse des dyna-miques spatiales de changementsd’usage de sol, qu’il s’agisse de ladetection des dynamiques agricoles(Martınez et Mollicone, 2012) ou del’evaluation spatiale des conversionsdes sols agricoles/urbains (Dupuyet al., 2012). En outre, le recours ades images satellitaires s’est avereparticulierement adapte dans ce casd’etude ou les informations spatiali-sees disponibles sur le terrain sont peunombreuses et non exhaustives.Le choix des images a releve deplusieurs options methodologiques.En premier lieu, le choix de la decennie2001-2011 permet d’aborder des chan-gements recents et lies a l’introductionde dispositifs reglementaires ayant unimpact sur les formes et l’ampleur del’urbanisation, tels la derogation ou lareforme de la mainlevee, consideresplus loin. D’autre part, cette periodepermet de disposer d’images a haute ettres haute resolutions spatiales, assu-rant une qualification plus aisee destypes d’occupation du sol, une verifica-tion sur le terrain permettant de valider
1 Pour une mise en perspective, notons qu’enFrance, la surface d’artificialisation des terres ausage agricole etait, entre 2006 et 2009, de93 000 hectares par an en moyenne (ministerede l’Agriculture, Agreste Primeur, 2010).
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la derniere annee. Les variationsphenologiques et les changementsintersaisonniers ont ete pris en comptepar le choix de deux images par anneeretenue. Enfin, l’utilisation des deuxmodes d’acquisition des images pourunememedate a ete privilegiee :modepanchromatique, adapte a la descrip-tion des formes spatiales grace a la fineresolution disponible, et mode multi-spectral, adapte a la description destypes et natures des surfaces. D’autrescriteres ont ete enfin consideres pourchaque scene : faible couverture denuage, angle d’acquisition et geo-referencement.Le traitement et la classification desimages ont ete realises selon lamethode de la classification orienteeobjet, methode consideree comme laplus adaptee pour l’analyse satellitairede territoires complexes comme lesterritoires periurbains (Forster et al.,2009). Les informations recueillies ontete completees par des donnees SIG2
(limites administratives, reseau routier,hydrographie) issues de bases opensource. Enfin, une validation des resul-tats a ete effectuee selon une serie de
260 points de controle acquis sur leterrain par releves GPS3, validationmontrant un niveau eleve de precisionglobale (91 %). Cette validation apermis de produire la carte des usagesdu sol pour 2011 (figure 1). L’analysedes changements, a partir des deuxcartes d’usage de sol avec la classifica-tion simplifiee (figure 2), est presenteeen termes de surfaces par classed’usage des sols dans le tableau 1,sous la forme d’une matrice de transi-tion entre 2001 et 2011.Dans l’espace retenu pour l’analyse4,2,4 % des zones agricoles caracteriseesen 2001 etaient urbanisees en 2011,tandis qu’un pourcentage plus eleve(6,1 %) etait passe dans la categorie desols nus, changement qui peut etreconsidere comme la premiere etapedans le processus d’urbanisation.En une decennie, l’espace urbanise a
progresse d’un tiers, passant de 3 084 a4 087 hectares, soit un taux annuelmoyen de variation de + 2,86 % (envi-ron 100 hectares par an). Parmi toutesles zones de changement, celles mon-trant un passage de l’agricole versl’urbain ou vers du sol nu ont eteisolees et sont visibles sur lafigure 3 : laplupart des surfaces urbanisees ou enphase d’urbanisation sont localiseesautour du centre-ville, et en particulierdans la frange ouest de la ville, concer-nant principalement la partie sud-ouestde la commune de Meknes ainsi quela commune de Majjate, liees a laconstruction d’un centre commercial,et plus recemment a la realisation denouveaux programmes de logementssociaux. Dans le meme temps, sontidentifies des axes d’urbanisation prin-cipaux, correspondant, d’une part, ala route nationale reliant Meknes etle Sud du Maroc, appelee « la routedu desert », et, d’autre part, a la routenationale joignant Meknes et Fes, lesdeux principales villes de la regionMeknes-Tafilalet. Dans ce dernier cas,les constructions sont liees surtout a larealisation du nouveau centre urbainde Ouislane, en partie sur des terrescollectives appartenant a la tribu guich5
de Dkhissa.
Occupation du sol (2011)Espace bâti
Céréaliculture et sols nus agricoles
Sols nus
Forêt
Eau
Autoroute
Autres routesRoutes principales
Végétation naturelle
Arboriculture
Autres
CommunesPas de donnéesdisponibles
0 5
N
Km
Maraîchage et fourrage
Sources : (c) CNES 2010-2011, ANCFCCRéalisation : J. Azodjilande, J.-P. Chéry
Tanger
Casablanca RABAT
Kénitra Fès
MEKNES
Marrakech
Population (2010)
3 350 000
646 000
Salé
100 km
Figure 1. Occupation du sol en 2011 dans la commune de Meknès et les communes périphériques.
Figure 1. Land use in 2011 in Meknes and peripheral municipalities.
2 SIG : systeme d’information geographique.
3 GPS : Global Positioning System.4 L’emprise des images satellitaires, centree surla ville de Meknes, ne se superpose pasexactement avec les unites territoriales utiliseesdans la suite de l’etude. L’occupation du sol adonc ete etudiee seulement dans les dixcommunes de l’agglomeration de Meknes, dontdeux sont en partie couvertes par cetteinformation.
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Une analyse plus qualitative sur lesformes spatiales des changements aete egalement effectuee. Une analyseradiale a permis d’etablir des gradientsd’evolution de surfaces construitesselon la distance depuis le centre-villede Meknes et des gradients d’evolutionde surfaces agricoles. Entre les deuxdates, les terres agricoles sont consom-mees pour l’urbanisation de manieretres contrastee selon les communes,pour lesquelles la position relativeau centre de Meknes est un facteurevidemment tres fort : en dix ans, c’estla commune de Ouislane qui a eule transfert des terres agricoles versl’urbain leplus eleve (26,1 %), suiviedeMeknes (22 %),Boufekrane (10,4 %) etToulal (7 %). Hormis Boufekrane, quiapparaıt comme un centre urbainen relais vers le sud, sur la margede la zone intercommunale, les deuxcommunes de Ouislane et Toulalsupportent une grande partie de lapression de l’urbanisation sur l’agricul-ture. Les autres communes, a superficieplus grande et plus peripheriques sontmoins touchees : Dar Oum Soltan et
Dkhissa, au nord, voient peut etre leursituationd’accessibilite plus difficile, encontrebas de l’escarpementdeMeknes,jouer un role de frein dans l’urbanisa-tion (a part la partie sud-est deDhkissa,proche de Ouislane), tandis queMajjate et Sidi Slimane Moul Kifane,sur la plaine du Saıs, n’ont que l’auto-route comme frein a l’expansionurbaine. Concernant l’evolution desformes de croissance du bati, uneanalyse de la typologie texturale dubati montre que 20 % des nouvellesconstructions en 2011 peuvent etreconsideres comme relevant d’unedensification du tissu urbain existant,par « infiltration » dans les intersticesdisponibles. La tres grande majorite(80 %) de la progression du bati estainsi caracterisee par une extensionperipherique.
Ressorts législatifsde l'urbanisationdes terres agricolesà Meknès
La croissance urbaine de Mekness’opere ainsi au detriment de terres
agricoles reputees fertiles dans cetteplaine du Saıs. Differents elementspermettent de mettre en perspectiveles donnees presentees dans cettepremiere partie : ils ont trait aucontexte reglementaire relatif a l’urba-nisme, ainsi qu’a la structure et a laspecificite du foncier agricole maro-cain et meknassi.En premier lieu, la preservation desterres agricoles vis-a-vis de l’urbanisa-tion n’est pas la preoccupationpremiere des politiques publiquesmarocaines. Ancienne, la crise dulogement se prolonge au debut duXXI
e siecle : le besoin en logementsest mal couvert, notamment pour lespopulations a faibles revenus. L’exoderural, bien que moins intense quepost-Independance, est evalue a106 000 personnes par an entre 1994et 2004 (Recensement general de lapopulation, 2004). Les projets deresorption des bidonvilles et quartiersclandestins lances au debut desannees 1980 sont revenus sur ledevant de la scene a la faveur despolitiques de lutte contre la pauvreteinstaurees depuis 1998 (Le Tellier,2010). La construction de logementssociaux est devenue l’une des prioritesnationales. La mise a disposition deterres agricoles pour l’urbanisation sejustifie ainsi, meme si les operations de
Évolution de l’espace bâtiExtension du bâti entre 2001 et 2011
Bâti existant en 2001
Autres types artificialisés
Communes
DkhissaOued Jdida
MeknèsAït Oualal
Majjate
Boufekrane
Sidi SlimaneMoul Kifane
Toulal
Ouislane
Dar OumSoltan
Axes principaux d’urbanisation
Pas de donnéesdisponibles
0 5
N
KmSources : (c) CNES 2010-2011, ANCFCCRéalisation : J. Azodjilande, J.-P. Chéry
Figure 2. Évolution de l'espace bâti entre 2001 et 2011 et principaux axes de l'urbanisation.
Figure 2. Artificial surface changes (2001-2011) and the main orientations of urbanization.
5 Le statut foncier guich correspond a des terresappartenant a l’Etat ayant ete attribuees enjouissance perpetuelle, par les sultans du Maroc,a certaines tribus, en recompense de servicesmilitaires rendus.
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relogement engagees tendent de fait amasquer la recuperation de terrains ahaute valeur fonciere et certainespratiques speculatives de la part desautorites locales (Navez-Bouchanine,2003).Dans ce contexte peu favorable, lemaintien de terres agricoles demeuretoutefois une preoccupation majeure.Le soutien et le developpementde l’agriculture constituent l’un desautres piliers des politiques publiquesmarocaines (Hervieu et al., 2006). Laconsommation ou l’artificialisation des
terres agricoles, bien que peu quanti-fiees (CRTS, 1998 ; INAU, 2005), estpointee comme un probleme reel et ledevenir de terres fertiles dans uncontexte de retour en force de laquestion de la securite alimentaire estsujet a inquietude (Abouhani, 1996 ;Abis, 2010).Un ensemble de lois et reglementslies a l’urbanisme integrent ainsi lapreservation des terres agricoles. Al’echelle nationale, la loi 12/90 relativea l’urbanisme stipule la necessite de« preservation de terres agricoles et des
zones forestieres lors de la determina-tion par le Schema Directeur d’Ame-nagement Urbain (SDAU) des zonesnouvelles d’urbanisation ». Pour cela,les commissions d’elaboration desSDAU ainsi que celles realisant ulte-rieurement les Plans d’Amenagementet siegeant pour l’attributiondespermisde construire ou de lotir comprennentobligatoirement un representant duministere de l’Agriculture a traversun agent de la Direction provincialede l’agriculture (DPA) ou de l’Officeregional de mise en valeur agricole
Tableau 1. Changement d'usage du sol et évolution des surfaces entre les années 2001 et 2011.Table 1. Land use changes and surface evolution (2001-2011).
Usage du sol 2011 (ha)
Usage du sol 2001 (ha) Surfaces agricoles Espaces urbanisés Végétation naturelle Sols nus Non classé Total
Surfaces agricoles 33 263 922 564 2 286 696 37 731Espaces urbanis�es 0 2 090 0 376 458 3 084V�eg�etation naturelle 597 69 1 475 188 164 2 494Sols nus 2 155 841 220 1 284 458 4 958Non class�e 271 334 45 119 1 335 1 943
Total 36 285 4 087 2 474 4 253 3 111 50 210
Dkhissa Oued Jdida
Meknès
17
16
1514
13
12
1110
20
1918
1 23
4
5
6
78
9
Aït Oualal
Majjate
Boufekrane
Sidi SlimaneMoul Kifane
Toulal
Ouislane
Dar OumSoltan
Coopératives agricoles
dont la coopératives de Naïji
Zone urbanisée en 2011
Liste des coopératives agricoles
Communes
1 - Massari 2 - Sakia Hamra 3 - Wad Eddahab 4 - Lakbira 5 - Al Widad 6 - Zwawqa 7 - Naïji 8 - Enasr 9 - Chorfa10 - Saada11 - Wislane12 - Izdihar13 - Ettifak14 - Fath15 - Menzeh16 - Najah17 - Sidi Chellah18 - Niya19 - Amal20 - Aït Chaou
0 5
N
KmSources : (c) CNES 2010-2011, ANCFCCRéalisation : J. Azodjilandem J.-P. Chéry
Figure 3. Localisation des coopératives agricoles et état de l'urbanisation en 2011.
Figure 3. Location of agricultural cooperatives and status of urbanization in 2011.
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(ORMVA). Dans le cadre d’une ces-sion ou d’une location de terreagricole, la commission est tenue de« veiller a la preservation des terrainsa hautes potentialites agricoles (. . .)contre toute autre utilisation nonagricole ». La determination de cesterres a « haute potentialite », passeulement motivee par la problema-tique de l’urbanisation, fait l’objetd’une etude menee depuis 1988 parl’Inra marocain et visant a cartogra-phier la valeur agricole des terres, etce, sur l’ensemble du Maroc (Osghiriet al., 2005). Elle n’est pas encoreelaboree pour la ville de Meknes.A Meknes, la question de la preserva-tion des terres agricoles est bienpresente dans l’elaboration et le suivides documents de planification etd’urbanisme. Le SDAU de 1992, valideen 2001, integre ainsi une zone dite« d’agriculture intensive », qui corres-pond a une vaste ceinture verte au sudde la ville. Il planifie l’extensionurbaine dans des limites precises etoriente l’urbanisation vers les zonesagricoles lesmoinsproductives. L’urba-nisation peripherique observee sedeveloppe notamment dans 12 zonesd’urbanisation nouvelles (ZUN) ouver-tes a l’urbanisation sur 1 303 hectaresde terrains publics ou collectifs en vuede la construction de programmes delogements sociaux. Dans la pratiquecependant, la construction de loge-ments sur des terrains non aedificandiest courante. Cette urbanisation n’estd’ailleurs pas seulement le fait deconstructions non reglementaires, ceque nous detaillons plus loin.Dans le meme temps, la relative raretedu foncier disponible pour l’urbanisa-tion, en raison de l’importance desstatuts fonciers collectifs (35,4 %),accroıt la pression sur les terres melket tend a renforcer un processus despeculation bien connu en peripherieurbaine (Elloumi et Jouve, 2003). Larecherche de terres pour l’urbanisa-tion s’est ainsi operee dans uncontexte de forte contrainte fonciere,contexte libere a la faveur de deuxlois : la derogation (1999) et lamainlevee (2005).Voulant dynamiser le marche foncierpour realiser les objectifs de develop-pement economique et de construc-tion de logements sociaux, la loi de laderogation aux lois 12-90 et 25-90 quiregissent l’occupation des sols auMaroc traduit la volonte du gouverne-
ment de promouvoir l’investissementen accelerant les procedures relativesa l’attribution de permis de cons-truire. Elle vise plus clairement adebloquer les dossiers « en souf-france », le plus souvent, a cause del’incompatibilite avec les dispositionsdes documents d’urbanisme. Elle per-met ainsi la construction de logementsen peripherie urbaine dans descontextes reglementaires pourtantinitialement defavorables. Nombred’acteurs locaux, impliques dans lesdecisions d’urbanisme et membresdes commissions de derogation, fontpartie du jeu de speculation fonciere.A Meknes, comme ailleurs au Maroc,l’usage de la derogation, loin d’etreexceptionnel, est devenue la regle,« moyen regulateur des infractionsurbanistiques » (Agence urbaineMeknes, 2005). Si la derogation apermis de debloquer des projetsd’investissement, ses effets negatifssont nombreux. D’une part, chaqueprojet de derogation etant etudie demaniere isolee, on constate une formede mitage de l’espace rural periphe-rique. D’autre part, le nombre impor-tant de projets deroges tend a affaiblirla legitimite des documents d’urba-nisme reduits a de simples documentsconsultatifs. Malgre la circulaire de2010 visant a privilegier les projets delogement social, la dynamique dederogation reste forte a Meknesou 103 projets ont ete soumis pourexamen en 2011. Le logement socialsemble constituer aujourd’hui uneopportunite et une justification pourles promoteurs prives afin de cons-truire des logements autres quesociaux et une maniere de legitimerleurs projets immobiliers.En second lieu, la volonte du gouver-nement marocain de stimuler l’inves-tissement agricole s’est traduite parune liberation du foncier agricole descooperatives de la reforme agraire.Mise en place pour favoriser l’intensi-fication agricole face au constat d’uncertain immobilisme de ces coopera-tives, cette loi de la mainlevee a eu unimpact notable pour la ville de Mekneset sa peripherie, ou 32 cooperativescouvrent une superficie totale de presde 14 979 hectares et une surfaceagricole utile (SAU) potentielle de14 010 hectares (figure 3). Ce dispo-sitif a produit des effets non souhaites,en favorisant notamment la vente etl’achat massif de terrains.
Sur les terres en cooperatives agricoleslocalisees dans les dix communesde la zone d’etude (representant en2008 environ 8 772 hectares), l’analysedes changements d’occupation du solconcerne 6 691 hectares : en dix ans(2001-2011), les surfaces agricoles etles sols nus associes sont passees de 99a 98,2 % de la superficie totale de cescooperatives, tandis que les espacesurbanises passaient de 29 a 85 hecta-res. La cooperative de Sidi SlimaneMoul Kifane, au sud-est du terrainmilitaire de Meknes, represente letiers de ces changements ; elle rejointainsi la cooperative agricole de Naıjicomme cooperative a l’emprise urba-nisee notable.Derogation et mainlevee ont permis laliberation acceleree de terres agrico-les pour l’urbanisation. Ces dispositifsont ete saisis principalement parles acteurs de la promotion urbaine,dans une dynamique de constructiondepassant les besoins en logementidentifies pour Meknes (Observatoireregional de l’habitat, 2008). La pres-sion sur les terres agricoles situees enperipherie urbaine decoulant de cetteliberation du foncier, et le prix elevedu foncier a batir ont occasionnede nombreuses transformations del’activite agricole en peripherie deMeknes : vente certes, mais egale-ment transformation des systemesde production dans une perspectived’attente, ou encore modification despratiques afin de mieux resister auxevolutions. Selon nos observations,fondees sur les prix declares par lesagriculteurs, le prix pratique lors decessions de terres de la reformeagraire situees dans l’immediate peri-pherie de Meknes varie entre 150 et300 dirhams (DH ; 100 DH = 8.9429euros) le metre carre. Dans descooperatives plus eloignees, commeSakia Hamra, les prix varient entre 40et 60 DH. Mais la distance au centren’est pas le seul critere : pour Niya,eloignee du centre urbain mais situeea proximite de la route principale,d’activites industrielles et du centrede Boufekrane, les prix varient entre250 et 300 DH. Pour mieux rendrecompte des strategies differencieesd’acteurs agricoles face au change-ment impose par l’urbain, nous nousinteressons a une cooperative agrairesituee a l’immediate peripherie sud-ouest de Meknes, dans la communerurale de Majjate.
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Mainlevée etstratégies foncièresdes agriculteurs dansla coopérative deNaïji, commune ruralede MajjateLa cooperative Naıji (figure 3) permetd’evoquer les strategies foncieres desagriculteurs. La cooperative regroupe39 attributaires, dans deux zones : lazone principale et le sous-centre, quicorrespond a la zone industrielle de lacommune de Majjate. Sur la partieprincipale de la cooperative, sur 31lots d’une superficie moyenne de 10hectares, 7 ne sont pas encore vendus,et 5 sont vacants. Cinq agriculteursmaintiennent une activite agricolealors que deux sont en arret d’exploi-tation dans l’attente d’une cession desterres. Chaque attributaire a negocieindividuellement avec le ou les pro-moteurs, sans que la cooperative neserve d’interlocuteur collectif dans lesdiscussions prealables a la vente. Lesstrategies des agriculteurs temoignentd’une prise en compte du marchefoncier en peripherie urbaine (Laraki,2012) et d’un positionnement vis-a-visde ce marche. La croissance urbaineest percue comme une menace directeportee sur l’activite agricole, en memetemps qu’une opportunite reelled’accroıtre le revenu, faible pour laplupart des agriculteurs, par le biais dela vente des terres plutot que par lechangement des pratiques agricoles.Une analyse des strategies des 31attributaires montre toutefois la diver-site des motivations a la vente ou aumaintien (figure 4). Une large majoritedes attributaires a opte pour la vente de
leurs terres suite a leurmelkisation. Si lavente peut etre motivee par le profit(agriculteurs pauvres, activite a faiblerendement ; agriculteurs ages, heritiersnombreux ou non motives par l’agri-culture ; agriculteurs seduits par larente elevee possible), et etre syno-nyme de sortie de l’agriculture, ellepeut egalement s’inscrire dans unevolonte d’investissement dans l’agri-culture, sur place ou ailleurs (rachatde terres meilleures, d’une plus vastesuperficie, plus loin, associant uninvestissement dans le materiel etl’irrigation). Le maintien, concernantici cinq agriculteurs seulement,regroupe lui-meme deux types destrategies : volonte de conserver l’acti-vite agricole, se limitant ici a un seulattributaire, ou strategie speculatived’attente, ou l’activite agricole seconcentre sur des cultures maraıcheresoucerealieres. Ce typede strategiepeutmeme se decliner en un fractionne-ment de la vente endeuxphases afindemaximiser le profit, permettant ainsi,pour le cas du lot 7 de cette coopera-tive, de voir le prix de vente a l’hectarepasser de 1,6 a 3 millions de dirhams.Les strategies observees dans le casde cette cooperative ne nous ont paspermis de rencontrer des cas de ventepartielle, associee a des investisse-ments (achat de materiel agricole)et des innovations techniques (irriga-tion par goutte a goutte) permettantd’ameliorer rendements et revenussur les terres restantes. Dans ces cas,le maintien en agriculture, qu’il soitpartiel ou total, s’inscrit dans unestrategie d’intensification de la pro-duction sur la partie restante des terreset va de pair avec un changement deproduction agricole, en lien avec lesaides accordees par le PMV.Les adaptations des systemes de pro-duction au changement introduit parl’avancee du front urbain sont, dans le
cas de cette cooperative, inexistantes.La question se pose ainsi de ladurabilite de cette agriculture. Agri-culture urbaine ? Il apparaıt qu’il s’agitdavantage d’une agriculture prochede l’urbain, prise dans les jeux despeculation fonciere et de concur-rence d’usages usuels. La consomma-tion des terres agricoles periurbainesest percue comme logique, bien queregrettable par les agriculteurs, tandisque les acteurs de la gestion urbaine,utilisant les dispositifs reglementairesa leur disposition, mettent en avant lesbesoins (reels ou fictifs) de foncierpour la construction de logements,comme cela a pu etre observe ailleurs(Jouve et Vianey, 2012).
Conclusion
La consommation des terres agricolesen peripherie de Meknes est notable.Au-dela de la disparition de terresfertiles, l’urbanisation reconfigure lesstrategies des agriculteurs, dans lecadre d’un marche foncier ou le prixdes terrains a batir incite les agriculteursa une cession des terres, source d’unerente elevee, d’autant plus bienvenuequ’elle vient supplanter des revenusissus de l’agriculture souvent faibles. Ladurabilite de l’agriculture urbaine estcompromise par ces pratiques, igno-rant leur impact negatif eventuel surl’activite agricole et le territoire en sonensemble. Pour autant, c’est bienl’absence de regulation foncierepublique qui est motrice des change-ments observes (Jacobs, 2008).L’artificialisation des terres s’opere viades dispositifs reglementaires natio-naux detournes de leur objectif initial :derogation et mainlevee, marqueesd’une orientation politique liberale etutilisant la ressource fonciere pour
Vente (19)
Non-vente (7)
Types de stratégies foncières
Arrêt de l’activité agricole
Arrêt de l’activité agricole (2)
Maintien de l’activité agricole (5)
Reprise activité agricole sur des terres plus éloignées (6)
Pluriactivité : activité urbaine et activité agricole sur de nouvelles terres (4)
Retraite (5)
Changement d’activité (commerce ; immobilier) (4)
Investissement technique sur l’exploitation (1)
Cultures d’attente : céréales, maraichage (4)
Figure 4. Stratégies foncières des attributaires de la coopérative de Naïji.
Figure 4. Land strategies of farmers of the Naïji cooperative.
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stimuler l’investissement, concourenta un mitage de l’espace peripheriqueau mepris de documents d’urbanismeelabores localement tels le SDAU. Cedernier, dont on ne peut que constaterla faible efficience des mesures deprotection des terres agricoles qu’ilproposait, est quant a lui fonde surune « idee duale de preservation del’agriculture seulement la ou elle peutetre productive, et de son effacementprogressif ailleurs au profit d’autresusages » (Vianey et al., 2006), iciresidentiels et industriels.Une gouvernance fonciere locale,integrant l’agriculture dans les plansd’amenagement urbain et s’assurantde l’efficacite des mesures et zonagespreconises, fait defaut a Meknes. Ceconstat renvoie au difficile dialogueentre instances urbaines et agricoles,mais egalement au succes mitige de lamise en place de la decentralisation auMaroc (Planel, 2009).Ainsi, si l’on peut observer, en Europemais aussi dans des pays du Sud,l’emergence d’initiatives formelles ouinformelles qui concourent a integrerl’agriculture au developpement urbain(Soulard et al., 2011) et a mettre enavant la multifonctionnalite de l’acti-vite agricole, ce n’est pas le cas aMeknes. L’emergence d’une agricul-ture inseree dans l’urbain, adaptantproduction et commercialisation a unmarche specifique, ou reconnue dansses fonctions non productives, est peuperceptible. La demande elle-memepour le developpement d’une telleagriculture urbaine est ambigue. Lesservices agricoles ne reconnaissentpas de specificite aux agriculturesurbaines et periurbaines et se posi-tionnent meme en rejet de l’agricultureintra-urbaine se developpant dansl’une des trois vallees qui sillonnentla ville, agriculture diversifiee (maraı-chage, arboriculture, elevage) maismarginalisee et peu inseree dans unedynamique de modernisation et demecanisation, et consideree de ce faitcomme une non-agriculture.Certains acteurs de la gestion urbainepourraient cependant commencer aporter un regard neuf sur l’agricultureurbaine, dans un contexte favorable ala mise enœuvre d’un developpementurbain durable, qui occupe une placecroissante dans les politiques publi-ques urbaines marocaines (Philifert,2011). A Meknes, la prise de cons-cience, par l’Agence urbaine en pre-
mier lieu, du role potentiel del’agriculture au sein de l’espace urbaina ainsi mene a une reflexion surl’amenagement possible de l’une desvallees intra-urbaines en reference auxmodeles de trame verte promus enEurope et particulierement en France,et s’inspirant par ailleurs des modelesde parcs multifonctionnels incluantl’agriculture (Duvernoy et al., 2005).Ce changement de regard porte surl’agriculture urbaine et periurbaine,prealable necessaire a un changementdes pratiques, n’en est cependantqu’au stade d’ebauche : le rapportdiagnostic prealable a l’elaboration dunouveau SDAU de Meknes realise en2012 ne mentionne ainsi ni l’agricul-ture urbaine ni ce projet paysagerprometteur porte un temps parl’Agence urbaine. &
Remerciements
Cette recherche a ete financee par l’Agencenationale de la recherche (ANR) via leprojet DAUME n˚ ANR-2010-STRA-007-01.Les donnees sont issues d’entretiens rea-lises en 2011 et 2012 aupres des services dela DPA de Meknes, de l’agence urbaine deMeknes, et d’agents du Centre de travauxagricoles, emanation locale du ministerede l’Agriculture, de Majjate, ainsi qu’aupresde 30 agriculteurs attributaires de lacooperative Naıji.
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