valorisation des competences professionnelles des
TRANSCRIPT
VALORISATION DES COMPETENCES PROFESSIONNELLES
DES TRAVAILLEURS HANDICAPES DâESAT :
LE DEFIS DE LA MUTUALISATION DE MOYENS
Claire SELLIER
<2018 >
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
R e m e r c i e m e n t s
Ce mĂ©moire sâest construit sur deux ans durant lesquels des personnes mâont apportĂ©
confiance et soutien.
Je tiens Ă remercier :
La Directrice Générale pour son appui et son investissement à mon égard,
LâĂ©quipe de lâESAT pour son travail au quotidien,
Les travailleurs handicapĂ©s de lâESAT, pour leur sympathie, leurs marques dâintĂ©rĂȘt, pour
leur travail et lâinvestissement dont ils font preuve dans leurs projets,
Mon guidant de mémoire pour ses retours constructifs, sa patience et ses
encouragements,
Mes parents pour leur soutien inconditionnel, leur organisation et leur disponibilité,
Mon mari pour les soirées de travail dans nos deux formations, la qualité des échanges et
les discussions passionnées de travailleurs sociaux,
Mon fils, toujours content et interrogateur de nous voir partir pour lâĂ©cole des adultes,
jâespĂšre lui avoir donnĂ© lâenvie dâapprendre, le goĂ»t de sâinvestir et de persĂ©vĂ©rer, de
sâengager, et lui avoir inculquĂ© de belles valeurs,
Mon bĂ©bĂ© qui a ponctuĂ© ces deux annĂ©es dâune douce prĂ©sence et dâun grand bonheur.
Claire SELLIER- Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
S o m m a i r e
Introduction ............................................................................................................... 1
1 Les ESAT en mouvement dans la recomposition du paysage médico-
social .................................................................................................................... 3
1.1 Le poids de lâhistoire du handicap en France, un impact positif ? ................. 3
1.1.1 Le terme handicap : une Ă©volution nĂ©cessaire Ă travers lâhistoire ......................... 3
1.1.2 Cadre législatif : une évolution à deux vitesses .................................................... 7
1.2 LâintĂ©gration par le travail ou travail au service de lâintĂ©gration ? ............... 10
1.2.1 Lâhistoire du travail en France et ses rĂ©percussions actuelles sur le travail
protégé ............................................................................................................... 10
1.2.2 Le travail en ESAT comme facteur dâinsertion .................................................... 11
1.3 Les ESAT en plein changement ...................................................................... 14
1.3.1 Histoire des CAT aux ESAT : une politique dâemploi centrĂ©e sur les travailleurs
handicapés......................................................................................................... 14
1.3.2 Le fonctionnement des ESAT : un dispositif alliant travail et accompagnement .. 15
1.3.3 LâĂ©volution du profil des travailleurs en situation de handicap en ESAT : trois
enjeux majeurs ................................................................................................... 19
2 La mutualisation des activités de deux ESAT : Diagnostic, conséquences
et opportunités .................................................................................................. 24
2.1 Une gouvernance associative dynamique, ancrée sur le territoire .............. 24
2.1.1 Présentation du contexte institutionnel ............................................................... 24
2.1.2 Questionnement autour de la dynamique de ressources humaines .................... 28
2.1.3 Budget, la particularitĂ© des ESAT : risques et points dâamĂ©lioration liĂ©s Ă la
productivité......................................................................................................... 34
2.2 Etat des lieux de lâoffre de service au regard des nouveaux besoins du
public ................................................................................................................ 36
2.2.1 Données concernant le public accueilli ............................................................... 36
2.2.2 Volet accompagnement social ............................................................................ 40
2.2.3 Volet production : positionnement stratégique des activités ................................ 44
2.3 Une problématique et des objectifs stratégiques co-construits avec la
dirigeance ......................................................................................................... 45
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
3 Un projet à double dimension : réorganisation des activités productives
et valorisation des compétences des travailleurs ......................................... 49
3.1 Conception et organisation du projet ..............................................................49
3.1.1 La programmation et la structuration du projet ....................................................50
3.1.2 Le management du projet ...................................................................................53
3.1.3 La communication du projet ................................................................................55
3.2 Une rĂ©organisation des activitĂ©s de lâESAT pour une reconnaissance des
compétences professionnelles des travailleurs .............................................58
3.2.1 La rĂ©organisation des ateliers en pĂŽles dâactivitĂ©s. .............................................58
3.2.2 Le management des compétences du personnel ................................................67
Objectif général : Le management du changement ........................................................67
3.2.3 Le dĂ©veloppement de lâoffre de service en direction des travailleurs ...................72
Objectif gĂ©nĂ©ral : redimensionner le service social en service dâinsertion socio-
professionnelle ...................................................................................................72
3.3 La dĂ©marche dâĂ©valuation ................................................................................75
Conclusion .............................................................................................................. 79
Bibliographie ....................................................................................................... - 81 -
Liste des tableaux, schémas et Graphiques .................................................... - 86 -
Liste des annexes ...................................................................................................... I
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s Ă© s
A AFPA Association pour le Formation Professionnelle des Adultes
ANDICAT Association Nationale des DIrecteurs et des Cadres des esaT
ANESM Agence Nationale de lâEvaluation et de la qualitĂ© des
Ă©tablissements et Services sociaux et Medico-sociaux
ARS Agence Régionale de Santé
ASP Agence de Services de Paiement
B BAPC Budget Annexe de Production et de Commercialisation
BPAS Budget Principal de lâActivitĂ© Sociale
C CAFDES Certificat dâAptitude aux Fonctions de Directeur
dâEtablissement ou de Service dâintervention sociale
CAFERUIS Certificat dâAptitude aux Fonctions dâEncadrement et de
Responsable dâUnitĂ© dâIntervention Sociale
CAP Certificat dâAptitude Professionnel
CAT Centre dâAide par le Travail
CBMA Certificat de branche Moniteur dâAtelier
CDAPH Commission des Droits et de lâAutonomie des Personnes
handicapées
CIF Congé Individuel de Formation
CNSA Caisse Nationale de SolidaritĂ© pour lâAutonomie
COPIL COmité de PILotage
CPOM Contrat Pluriannuel dâObjectifs et de Moyens
CQFMA Certificat de Qualification aux Fonctions de Moniteur
dâAtelier
CVS Conseil de la Vie Sociale
D DUD Document Unique de Délégation
E ESAT Etablissement et service dâAide par le Travail
ESSMS Etablissements et Services Sociaux et MĂ©dico-Sociaux
ETP Equivalent Temps Plein
ETS Educateur technique Spécialisé
F FAM Foyer dâAccueil MĂ©dicalisĂ©
FDV Foyer de Vie
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
FFAIMC FĂ©dĂ©ration Française des Associations dâInfirmes
Moteurs Cérébraux
FH Foyer dâhĂ©bergement
G GPEC Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences
H HAS Haute Autorité de santé
HPST HÎpital Patient Santé Territoire
I IMC Infirmes Moteurs Cérébraux
IME Institut MĂ©dico-Educatif
J ---
K ---
L ---
M MA Moniteur dâAtelier
MAS Maison dâAccueil SpĂ©cialisĂ©e
MDPH Maison Départementale des Personnes Handicapées
N ---
O ---
P PACQ Plan dâAmĂ©lioration Continue de la QualitĂ©
Q ---
R RH Ressources Humaines
RQTH Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé
RSFC Reconnaissance des Savoir-Faire et des Compétences
S SAVS Service dâAccompagnement Ă la Vie Sociale
SESSAD Service dâEducation SpĂ©ciale et de Soins Ă Domicile
SSIAD Service de Soins Infirmiers A Domicile
T TH Travailleurs Handicapés
U UNAPEI Union Nationale des Association de Parents, de
Personnes Handicapées
UNIFAF UNIon du Fond dâAssurance Formation de la branche
sanitaire et sociale
V VAE Validation des Acquis et de lâExpĂ©rience
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 1 -
Introduction
Mon expĂ©rience professionnelle commence en 2007 au sein dâun Etablissement et
Service dâAide par le Travail (ESAT). Je dĂ©couvre alors le milieu du travail protĂ©gĂ© dans
sa complexité. Un travail à la fois diversifié et accessible pour des personnes présentant
diffĂ©rents types de handicap : des travaux dâartisanat et dâautres demandant de la force
physique comme lâentretien des espaces verts ou demandant de la minutie comme la
soudure. Je dĂ©couvre Ă©galement les notions de rentabilitĂ©, de cadence, de productionâŠ
câest un choc de culture pour moi qui suis formĂ©e Ă lâaccompagnement social.
Ayant exercĂ© pendant onze ans sur plusieurs ESAT, en tant quâassistante de service
sociale, cheffe de service puis directrice adjointe, jâai pu observer lâorganisation et le
fonctionnement des établissements au fil des années avec des changements significatifs.
Le secteur médico-social se redessine depuis les années 2000. De nombreuses
avancées ont vu le jour en termes de reconnaissance des droits des usagers et
dâintĂ©gration. ParallĂšlement, des politiques plus restrictives ont Ă©mergĂ©es demandant aux
établissements une rationalisation des dépenses. Le passage obligatoire au Contrat
Pluriannuel dâObjectifs et de Moyens (CPOM) induit dans lâorganisation des changements
nécessaires visant une économie de moyens.
Dans le cadre des ESAT cela questionne car la recherche de moyens est liée à un
impératif de production. En effet, au regard du contexte économique, les ESAT sont plus
compétitifs, orientant leurs activités sur des missions plus rémunératrices et nécessitant
plus de productivitĂ©. Mais quâen est-il de la place de lâaccompagnement social en ESAT ?
A lâheure oĂč les directeurs dâESAT sâinterrogent sur leurs missions dans ce contexte en
recomposition, ils doivent mettre en place des projets adaptés aux personnes accueillies.
Depuis quelques années le profil des travailleurs accueillis en ESAT tant à se diversifier.
Des travailleurs en situation de handicap psychique intĂšgrent les structures de travail
protĂ©gĂ© en raison dâhandicaps et dâaptitudes reconnues. Se pose alors la question de la
cohabitation des handicaps aux troubles distincts, mais Ă©galement de lâaccompagnement
social personnalisĂ©. Dans ce contexte, il devient nĂ©cessaire dâaccompagner les
professionnels au changementâŠ
Lâancrage du mĂ©moire se situe dans une association Varoise. Directrice de deux ESAT, je
suis sensibilisée aux conséquences des évolutions du secteur. La commande de la
directrice générale, en lien avec le CPOM prévu en 2019, est de mutualiser les ateliers
productifs des deux établissements. Cette démarche a débuté en 2017 avec la
mutualisation des ateliers « espaces verts ». Nous en dressons le bilan avant de
poursuivre la démarche en 2018, à travers les ateliers de production et les projets des
travailleurs handicapĂ©s. Une problĂ©matique Ă©merge, relative Ă lâaccompagnement des
travailleurs vers lâinsertion professionnelle dans ce contexte de transformation. En effet,
- 2 - Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
nous sommes confrontés à des travailleurs handicapés en demande de
professionnalisation et de contact avec le milieu professionnel ordinaire mais notre offre
de service ne propose que partiellement cette possibilité via les mises à disposition.
Dâautre part, nous sommes confrontĂ©s Ă une non-conformitĂ© au niveau lĂ©gale en termes
dâinsertion en milieu ordinaire. En effet, les derniĂšres lois se veulent plus intĂ©gratives dans
le cadre de lâemploi des personnes en situation de handicap. Les projets individuels ont
amené les travailleurs à se positionner, à émettre des demandes dont certaines relÚvent
du dĂ©sir de travailler en milieu ordinaire et dây ĂȘtre accompagnĂ©s. Nous devons donc
mettre en place des actions visant lâorientation en milieu professionnel ordinaire des
personnes que nous accueillons, que nous formons, que nous accompagnons.
En formation CAFDES depuis octobre 2016, je mâinterroge sur lâĂ©volution des
établissements et des publics et trouve particuliÚrement intéressante la question de
lâobligation de mutualisation amenant un changement dans lâorganisation.
En poste de directrice depuis juin 2017 sur deux ESAT, je souhaite conduire une Ă©tude
approfondie du fonctionnement des établissements pour proposer un projet cohérent
visant à la fois la nécessaire mutualisation des activités et la mise en conformité de
lâESAT avec les Ă©volutions du secteur. Ce projet nĂ©cessite un accompagnement des
Ă©quipes dâencadrement et une redĂ©finition des missions de lâĂ©quipe de direction. Je
souhaite Ă©galement ouvrir dâavantage lâĂ©tablissement Ă la clientĂšle et aux partenaires.
La premiĂšre partie de ce travail est un Ă©tat des lieux du contexte. Jây expose les
évolutions législatives et les concepts clefs liés au travail, aux ESAT ainsi que les
Ă©volutions du public de travailleurs en situation de handicap. Je livre une analyse du
contexte et du regard de la société sur le travail protégé.
La seconde partie est un diagnostic de lâESAT au sein de lâorganisme gestionnaire. Je
relate ici le fonctionnement des ESAT avant le projet de mutualisation, lâimportance des
activitĂ©s de production pour les travailleurs, et lâinvestissement dans leurs projets
individuels. Je travaille en étroite collaboration avec la directrice générale et une équipe
de direction. Ensemble, nous Ă©laborons des axes stratĂ©giques pour la mise en Ćuvre
dâun projet rĂ©pondant Ă la commande initiale et aux besoins des travailleurs identifiĂ©s
dans le diagnostic.
Dans la troisiĂšme partie, je prĂ©sente le projet que jâai envisagĂ©. Jâai travaillĂ© avec une
Ă©quipe de direction pour amorcer la refonte du projet dâĂ©tablissement avec la volontĂ© dây
associer lâĂ©quipe dâencadrement et les travailleurs. Ainsi jâexpose un projet de
mutualisation des activitĂ©s productives de lâESAT en pĂŽles impliquant une nĂ©cessaire
rĂ©organisation des missions des Ă©quipes de direction et dâencadrement. Jâaborde
Ă©galement la crĂ©ation du service dâinsertion socio-professionnel visant lâintĂ©gration en
milieu ordinaire des travailleurs sur la base de leurs projets individuels.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 3 -
1 Les ESAT en mouvement dans la recomposition du paysage
médico-social
1.1 Le poids de lâhistoire du handicap en France, un impact positif ?
1.1.1 Le terme handicap : une Ă©volution nĂ©cessaire Ă travers lâhistoire
Le mot « handicap » vient de lâanglais « hand in cap » : la main dans le chapeau, jeu
pratiqué au XVIÚme siÚcle en Grande-Bretagne. Puis, cette expression est attribuée à un
tirage au sort lors de courses de chevaux permettant de rajouter des difficultés pour les
jockeys. Peut-ĂȘtre existait-il dĂ©jĂ dans cette expression une notion de dĂ©savantage due
au hasard ?...
Lâintroduction du terme handicap en France est passĂ©e par diffĂ©rents chemins. Ce mot est
venu remplacer des vocables péjoratifs : « infirme », « invalide ».
Si au moyen ùge les personnes infirmes représentaient une punition divine, la période de
la Renaissance fera preuve de charitĂ© auprĂšs de ces derniĂšres. En 1905, lâassistance
aux infirmes est obligatoire.
La premiÚre guerre mondiale a pour conséquence un nombre important de blessés et
amÚne la société à développer un réseau associatif pour les prendre en charge. A partir
de là , la considération des personnes présentant un handicap dans la société évolue.
Le mot « handicap » sâinscrit dans la loi du 23 novembre 19571 avec la volontĂ© de
reconnaitre la personne atteinte de handicap. Elle organise sur le territoire la mise en
place des Centres dâAide par le Travail. En 1960, lâassociation UNAPEI se crĂ©er.
Progressivement, lâEtat passe dâune prise de conscience Ă une volontĂ© dâassister. Puis,
quelques dĂ©cennies aprĂšs Ă une volontĂ© dâintĂ©grer les personnes porteuses dâun
handicap. LâaccĂšs Ă lâemploi de ces derniĂšres trouve ici toute son importance et depuis,
ne cessera dâĂȘtre amĂ©liorĂ©. Il est important de connaĂźtre cette histoire afin de trouver du
sens dans la pratique. En effet, aujourdâhui, les Ă©tablissements et les Ă©quipes, nâont pas
pour mission dâassister les personnes prĂ©sentant un handicap, mais bien de les
accompagner. Câest pourquoi je favorise la formation en cours dâemploi, les analyses de
la pratique, lâaccueil de stagiaires afin que les Ă©quipes dâencadrants et lâĂ©quipe de
direction soient dans un processus de veille et de réactualisation des connaissances.
Dans le cadre de mon projet il est important dâamener les Ă©quipes Ă rĂ©flĂ©chir sur la notion
dâaccompagnement Ă la professionnalisation car cela est au cĆur des ESAT aujourdâhui.
1 Loi n°57-1223 du 23 novembre 1957 sur le reclassement des travailleurs handicapés [en ligne]
journal officiel du 24 novembre 1957 [visité le 10/06/2017] disponible sur internet :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte...categorieLien=cid
- 4 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Avec cette prise de conscience, lâĂ©volution des lois et de la sociĂ©tĂ©, Ă©mergent des
modĂšles de pensĂ©e en faveur dâune recherche sur le handicap.
Le handicap entraĂźne une forme de marginalisation, une stigmatisation. Selon E.
GOFFMAN2, il existe des stigmates visibles et des stigmates non visibles : « lorsquâun
inconnu se présente à nous, ses premiÚres apparitions ont toutes chances de nous mettre
en mesure de prĂ©voir la catĂ©gorie Ă laquelle il appartient et les attributs quâil possĂšde :
son identité sociale.» Nous sommes donc en mesure de juger un individu sur ce qui le
caractérise, voire, lui attribuer une étiquette qui le rendra différent des autres membres de
la société. En ESAT, les personnes accueillies peuvent présenter des stigmates
physiques visibles, dâautres comportementaux. Il est important dâĂȘtre attentifs aux
diffĂ©rentes problĂ©matiques afin dâidentifier les besoins dâaccompagnement particuliers. Le
fait dâen rĂ©fĂ©rer aux cadres, Ă la psychologue de lâESAT permettra dâajuster
lâaccompagnement des travailleurs. Câest pourquoi au sein de lâESAT, les cadres de
direction et cadres techniques soutiennent les Ă©quipes dans la mise en Ćuvre des
accompagnements.
Ainsi, pour E. GOFFMAN, « Un tel attribut est un stigmate. Le mot stigmate servira donc Ă
dĂ©signer un attribut qui jette un discrĂ©dit profond. » Cela est important dans le sens oĂč en
tant que directrice je me dois de donner aux Ă©quipes les informations et formations
nĂ©cessaires pour accompagner aux mieux les personnes accueillies. Câest Ă dire dâaffiner
le plan de formation, recruter des salariés ayant une bonne connaissance du handicap et
ses consĂ©quences, mettre Ă disposition les Ă©crits de lâAgence Nationale de l'Evaluation et
de la qualitĂ© des Ă©tablissements et Services sociaux et MĂ©dico-sociaux (ANESM)âŠ.
Si je mâen rĂ©fĂšre aux Ă©volutions du cadre lĂ©gal que jâaborderai ci-dessous, mon rĂŽle est de
traduire auprĂšs des Ă©quipes ces derniĂšres en termes dâintĂ©gration, de prise en compte,
dâaccompagnement et aujourdâhui de valorisation des compĂ©tences professionnelles.
Dans le mĂȘme sens, S. SAUSSE3 explique que « la prĂ©sence dâune personne atteinte
dans son intĂ©gritĂ© physique ou morale, apparaĂźt pour lâĂȘtre valide comme une mĂ©taphore
du manque, de la perte, renvoyant Ă une image du corps morcelĂ© », un corps oĂč il
manque quelque chose. Par conséquent, pour les personnes « valides », il manque chez
les personnes malentendantes, lâaudition ; il manque chez les personnes atteintes de
cĂ©citĂ©, la vue, etc. Câest ainsi que trivialement, on parle « dâun trisomique », « dâun
2 GOFFMAN Erwing, 1975 Stigmate, les usages sociaux des handicaps, Paris, Les Ă©ditions de
minuit, 175 p. p. 11-12 3 SAUSSE.S mars à juin 2001, « Sourds et malentendants, entre intégration et droit à la
diffĂ©rence, un conflit dâobjectif ? Les enjeux de lâintĂ©gration chez les personnes atteinte de surditĂ© » Les cahiers de lâactif : n° 298/299 300/301 p.14
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 5 -
psychotique »⊠soit autant dâabus de langage que lâon retrouve aussi chez les
professionnels du médico-social du type : « on accueille des sourds » ou encore dans le
cas des ESAT oĂč lâon accompagne des « TH » (Travailleurs HandicapĂ©s)âŠ. Ces abus de
langage ne sont pas anodins et peuvent choquer les personnes en situation de handicap.
Je considÚre le respect comme préalable à tout accueil et accompagnement de qualité.
Je constate que les personnes travaillant en ESAT ont besoin de reconnaissance pour
supprimer cette « étiquette », ce « discrédit ». Aussi, ce que nous pouvons apporter en
termes dâoffres de service en ESAT doit ĂȘtre en concordance avec les besoins des
travailleurs handicapés dans la société et pas seulement au niveau du travail. La loi 2002-
24, réaffirme que tout accompagnement doit se recentrer sur les besoins de la personne.
Le fait que la personne soit au centre de tout projet change le regard sur les situations.
Ainsi, la personne n'est plus handicapée, mais porteuse de handicap. Cette nuance prend
tout son sens dans lâaccompagnement proposĂ© par les services sociaux en ESAT et
notamment en parlant de citoyennetĂ©, dâaccompagnement au projet de vie. Câest lĂ un
des objectifs de la loi 2005-1025 qui tend à changer les mentalités à ce sujet.
NĂ©anmoins, la reprĂ©sentation que lâon a du handicap reste une barriĂšre difficile Ă franchir.
Malgré une sensibilisation collective depuis les lois 2002- 2 et 2005-102 il existe toujours
des reprĂ©sentations sociales liĂ©es Ă lâĂ©tat de handicap. Georges BONNEFOND6 dit Ă ce
propos : «la représentation sociale du handicap a toujours conditionné la vie de la
personne handicapĂ©e au sein dâune sociĂ©tĂ© qui a du mal Ă accepter la diffĂ©rence
nĂ©gative» Ce stigmate rendant lâindividu diffĂ©rent engendre lâexclusion de ce dernier.
Par exclusion jâentends lâexclusion sociale due Ă un handicap. Elle est diffĂ©rente de
lâexclusion due au chĂŽmage, Ă la prĂ©caritĂ©. Elle concerne les relations sociales entre
individus et plus particuliĂšrement « lâincapacitĂ© Ă participer efficacement Ă la vie
Ă©conomique, sociale et culturelle [âŠ]7».
4 LOI n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale [en ligne] journal
officiel n° 2 du 2 janvier 2002 [visité le 5 juillet 2017] disponible sur internet : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000215460&categorieLien=id 5 LOI n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyennetĂ© des personnes handicapĂ©es [en ligne] Journal officiel du 12 fĂ©vrier 2005 [visitĂ© le 5 juillet 2017] disponible sur internet : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647&categorieLien=id 6 BONNEFOND G., 2006, de lâinstitution Ă lâinsertion professionnelle : le difficile parcours des
jeunes dĂ©ficients intellectuels, Ramonville Sainte-Agne, Ed Ă©rĂšs, 288p., p185. 7 KLASEN. S Lâexclusion sociale, les enfants et lâĂ©ducation : concepts et mesures [en ligne]
dĂ©partement dâĂ©conomie UniversitĂ© de Munich, [visitĂ© le 6 juillet 2017] disponible sur internet : http://www.oecd.org/fr/education/innovation-education/1855909.pdf
- 6 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
En ESAT, lâobjectif est lâinsertion par le travail, Ă©galement lâinclusion sociale des
personnes. Si lâon se rĂ©fĂšre Ă la loi 2005-102, nous avons pour mission, en tant que
citoyens, dâĂ©viter cette exclusion sociale, de favoriser lâintĂ©gration. Pour les acteurs du
secteur MĂ©dico-social et notamment dans le champ du handicap câest notre cĆur de
mĂ©tier. Il est primordial dâavoir dans les Ă©quipes des personnels formĂ©s, en capacitĂ©
dâaccueillir et dâaccompagner les personnes en situation de handicap. Quand jâĂ©voque la
formation, jâentends bien entendu une formation initiale dans le secteur mĂ©dico-social
mais Ă©galement la formation continue, les Ă©tablissements disposant dâun budget formation
chaque année, il est de ma responsabilité de veiller à la formation réguliÚre du personnel,
liĂ©e aux Ă©volutions lĂ©gales, sociĂ©tales, budgĂ©tairesâŠ
AprĂšs avoir abordĂ© lâhistoire du handicap il me parait important dâen Ă©noncer une
dĂ©finition. La dĂ©finition mĂȘme de handicap a subi des Ă©volutions. Celle de lâOrganisation
Mondiale de la SantĂ© sâest appuyĂ©e sur le travail du docteur Philip WOOD ; je fais le choix
de retenir celle de la loi 2005-102 du 11 février 2005 qui donne une version juridique, trÚs
attendue par les professionnels et les associations : « constitue un handicap au sens de
la prĂ©sente loi8 toute limitation dâactivitĂ© ou restriction de participation Ă la vie en sociĂ©tĂ©
subie dans son environnement par une personne en raison dâune altĂ©ration substantielle,
durable ou dĂ©finitive, dâune ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales,
cognitives ou psychiques, dâun polyhandicap ou dâun trouble de santĂ© invalidant ». Elle
me semble plus appropriée dans le cadre de mon projet.
Cette Ă©volution des termes, cette recherche sur la prise en charge du handicap me
questionne car elle se fait en parallÚle avec une évolution législative. Cela traduit selon
moi une Ă©volution dans la conscience collective de lâaspect subit, non dĂ©sirĂ©, non contrĂŽlĂ©
du handicap par la personne et donc de la nĂ©cessitĂ© Ă lâaccompagner. Cette prise de
conscience est étayée par les associations de parents qui subissent alors également le
handicap et réclament donc cette évolution. Cela aura un impact fort sur les orientations
des politiques publiques et ainsi sur les associations et leurs Ă©tablissements qui les
appliqueront. Cela a une incidence sur mon travail en tant que directrice dâĂ©tablissement
mĂ©dico-social dans le sens oĂč aujourdâhui, lâensemble des problĂ©matiques soulevĂ©es se
situent autour des publics accueillis et les réponses apportées doivent se faire en
corrélation avec les besoins des publics.
8 Loi n°2005-102 du 11 février 2005 op. cit.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 7 -
1.1.2 Cadre législatif : une évolution à deux vitesses
Les fondements de lâaccompagnement des personnes handicapĂ©es en France ont Ă©tĂ©
posĂ©s par la loi dâorientation du 30 juin 19759 qui a amenĂ© un certain nombre de mesures.
Une deuxiĂšme loi, votĂ©e le mĂȘme jour, concerne les Ă©tablissements privĂ©s et publics qui
mÚnent des actions à caractÚre social ou médico-social : La loi n° 75-535 du 30 juin
197510.
Ces deux lois ont organisé les structures sociales et médico-sociales et ont promu la
qualitĂ© des soins et de lâĂ©ducation des enfants handicapĂ©s. Elles vont servir dâappui et de
rĂ©fĂ©rence pour lâensemble des Ă©tablissements pendant plusieurs annĂ©es. Puis, dans notre
champ dâaction oĂč travail et accompagnement se mĂȘlent, plusieurs Ă©volutions voient le
jour et imposent une rĂ©flexion quant Ă la qualitĂ© de lâaccompagnement proposĂ©.
Il faudra attendre aprĂšs les annĂ©es 2000 pour quâune nouvelle avancĂ©e lĂ©gislative soit
envisagée. En effet, les lois 2002-2 et 2005-102 ont eu un effet de « bouleversement »
dans le secteur du handicap, en quelque sorte un changement de culture qui sâest opĂ©rĂ©
en quelques annĂ©es. Je garde nĂ©anmoins Ă lâesprit que de lâensemble des lois, circulaires
et dĂ©crets dâapplication, dĂ©coulent nos rĂ©centes lois et notamment pour les ESAT qui
verront leurs missions et orientations renforcées au fur et à mesure de ces textes.
La loi 2002-2 sera un premier bouleversement dans tous les Etablissements et Services
Sociaux et Médico-Sociaux (ESSMS). Le terme « rénovation » dans cette loi est
important, car le but est de sâadapter aux besoins des personnes qui sont accueillies et
accompagnées en établissements. Ce que je retiens de cette loi est le changement de
point de vue sur les situations, dĂ©sormais celui de lâusager et non plus de lâĂ©tablissement,
ou de lâintervenant. Jâen retiens une rĂ©elle avancĂ©e en termes dâaccompagnement
mĂ©dico-social. En tant que directrice dâĂ©tablissement cela traduit pour moi une analyse et
un changement de pratiques professionnelles pour les Ă©quipes, des dispositifs Ă mettre
en Ćuvre en les adaptant et une Ă©valuation des pratiques en Ă©tablissements en lien avec
les recommandations des bonnes pratiques de lâANESM afin dâassurer un
accompagnement de qualitĂ© avec lâusager. Câest Ă©galement depuis la loi 2002-2 que dans
le secteur médico-social on parle du concept de bientraitance qui a conduit de nombreux
directeurs dâĂ©tablissements Ă consulter lâANESM.
9 Loi n° 75-534 du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées [en ligne]
journal officiel du 1er
juillet 1975 [visité le 8 juillet 2017] disponible sur internet : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000333976 10
Loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales[en ligne] journal officiel du 1
er juillet 1975 [visité le 8 juillet 2017] disponible sur internet :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000699217&categorieLien=id
- 8 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
La loi 2005-102 énonce des principes forts tels que : non-discrimination, égalité des droits
et des chances, libre choix du projet de vie, compensation du handicap⊠ce que je
retiens de cette loi en général est la notion de projet de vie ayant des incidences directes
en établissement ou service, se déclinant en projet personnalisé, réévalué chaque
année ; ce qui implique une notion du suivi individuel, du parcours de la personne. Ce
parcours est important dans le cadre de mon projet car dans une volonté de mise en
conformitĂ© avec les politiques publiques je vais mâappuyer sur les projets individuels, sur
la mobilisation des compétences professionnelles des travailleurs handicapés, mettre en
Ćuvre des dispositifs dans lâobjectif de rĂ©pondre aux besoins identifiĂ©s dans le diagnostic
en partie 2 et en lien direct avec la commande de la direction générale à savoir la
mutualisation des services productifs des ESAT. Cela représente un enjeu dans ma
fonction de direction.
En parallĂšle de ces avancĂ©es en faveur des personnes handicapĂ©es, dâautres lois,
dâautres textes, se veulent plus contraignants quant Ă lâoffre mĂ©dico-sociale sur le
territoire, et induisent une notion de restriction budgĂ©taire. Lâobjectif nâest pas de
restreindre lâoffre de service sur le territoire mais de la requalifier. Ainsi les ARS ne
devraient plus créer des places supplémentaires en établissement mais devraient
proposer lâouverture de services « hors les murs » Ă lâimage des Services de Soins
Infirmiers Ă Domicile (SSIAD), Services dâEducation SpĂ©ciale et de Soins Ă Domicile
(SESSAD), Services dâAccompagnement Ă el Vie Sociale (SAVS)âŠ. Plus tournĂ©s vers le
suivi en extérieur et à partir du domicile, suivant un courant de désinstitutionalisation.
Aussi, il est important que je sois force de proposition dans notre association quant Ă
lâoffre de service de type « hors les murs », ce qui me permettra de diriger mon projet en
conformitĂ© avec les attentes de lâAgence RĂ©gionale de SantĂ© (ARS). Aujourdâhui, les
ESAT sâorientent de plus en plus vers des projets en lien avec le milieu ordinaire, dâautant
plus si cela correspond à la demande des travailleurs handicapés. Nous devons ouvrir
nos Ă©tablissements, y faire entrer le public, les clients, les fournisseurs, et amener les
travailleurs à en sortir, à valoriser leurs compétences professionnelles auprÚs des clients,
en entreprisesâŠ
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 9 -
La Loi du 21 juillet 200911 a crĂ©Ă© les ARS. Elle modifie en profondeur lâorganisation des
Ă©tablissements en crĂ©ant la procĂ©dure dâappel Ă projet. « lâARS, instaurĂ©e dans chaque
rĂ©gion, rĂ©gule lâoffre dâaccompagnement mĂ©dico-social, gĂšre les procĂ©dures
dâautorisations, les investissements, les appels Ă projet, veille Ă la qualitĂ© et lâefficience
des Ă©tablissements mĂ©dico-sociaux12.» Par ailleurs, on assiste ces derniĂšres annĂ©es Ă
une recomposition du secteur médico-social: mise en concurrence des associations,
appel à projet et recherche de qualités professionnelles...
Pour illustrer : je dirais que nous sommes passĂ©s dâun systĂšme de « tutelle » Ă un autre
mode de financement imposant la contractualisation des Ă©tablissements avec leurs
autorités de tarification et de contrÎle. Présenté comme un pacte de confiance entre les
deux instances, ce nouveau cadre juridique transforme totalement les procédures
usuelles. PrÚs de 9 000 CPOM13 seront signés dans les prochaines années. Ces derniers
intĂšgrent progressivement notre secteur. Ils sont aujourdâhui obligatoires et entraĂźnent des
changements importants dans le dialogue avec les financeurs. Si la loi n° 2002-2 du 2
janvier 2002 (article 36) rĂ©novant lâaction sociale et mĂ©dico-sociale a donnĂ© la base du
CPOM, le processus sâest accĂ©lĂ©rĂ© avec la loi HĂŽpital Patient SantĂ© Territoire (HPST).
Le CPOM est un outil, un contrat entre les ESSMS et leurs autorités de tarification. Il vise
Ă donner des moyens sur cinq ans suite Ă une nĂ©gociation stratĂ©gique sur lâensemble des
établissements relevant du CPOM. Cela implique la gouvernance et donne une liberté de
gestion pour le directeur dâĂ©tablissement qui aura pour objectif de dĂ©velopper son offre de
service sur le territoire en adéquation avec les besoin identifiés du public. Au sein de
lâassociation gestionnaire, le CPOM est anticipĂ© et cette logique de territoire, de
conformitĂ© et dâĂ©valuation des besoins du public tient une place prĂ©pondĂ©rante.
Du cĂŽtĂ© de lâaccompagnement des travailleurs handicapĂ©s je constate une nette avancĂ©e.
Ils ont aujourdâhui des droits reconnus et les Ă©tablissements se voient imposer une
logique dâindividualisation des parcours, la mise en place de projets personnalisĂ©s
nĂ©cessitant plus que jamais un accompagnement mĂ©dico-social renforcĂ©. Câest
11 LOI n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hÎpital et relative aux patients, à la santé
et aux territoires [en ligne] journal officiel n°0167 du 22 juillet 2009 [visité le 8 juillet 2017] disponible sur internet : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020879475&categorieLien=id 12
GUEYE Isaac, les coopĂ©rations dans le secteur social et mĂ©dico-social : forme, modalitĂ© et contrainte, XIVe rencontres du rĂ©seau interuniversitaire de lâĂ©conomie sociale et solidaire, du 21 au 23 mai 2014, Lille, 21p. P. 8, 13
DGCS, Communiqué de presse, « Publication des textes réformant la contractualisation et le financement des établissements et services médico-sociaux pour personnes ùgées et handicapées » 20 janvier 2017, Paris,
- 10 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
aujourdâhui un enjeu majeur pour lâensemble des ESAT. NĂ©anmoins, ce dernier est couplĂ©
avec un enjeu financier : celui de faire de la qualité avec des moyens constants.
AprĂšs analyse du contexte lĂ©gal jâen dĂ©duis un axe important dans le processus de
problématisation : le cadre évoluant d'une politique publique centrée sur la place de
l'usager Ă une logique de rationalisation des coĂ»ts, mon rĂŽle est dâenvisager des
transformations en profondeur dans les organisations, dâanticiper les changements, les
optimiser pour trouver de nouveaux moyens afin de répondre à la fois à la commande des
politiques publiques et aux besoins des travailleurs handicapés.
1.2 LâintĂ©gration par le travail ou travail au service de lâintĂ©gration ?
1.2.1 Lâhistoire du travail en France et ses rĂ©percussions actuelles sur le travail
protégé
A travers les siÚcles, le travail est passé de quelque chose de nécessaire à la survie à un
moyen de bien vivre. Des sociologues et philosophes ont étudié le travail, son
organisation dans nos sociétés, sa capacité à engendrer de la richesse, sa valeur.
Hegel, par sa dialectique du maĂźtre et de lâesclave14 explique que celui qui travaille
devient celui qui a un certain savoir. Ainsi la société ne serait-elle pas finalement
dĂ©pendante de ses travailleurs ? Si lâon compare Ă notre Ă©poque et Ă lâĂ©chelle dâun ESAT,
la production est totalement dépendante des compétences de ses travailleurs
handicapĂ©s. Ainsi mon projet trouve du sens dans la volontĂ© dâaccroĂźtre les compĂ©tences
professionnelles des travailleurs handicapĂ©s, afin de dĂ©velopper lâoffre de service.
A partir du siĂšcle des lumiĂšres, le travail est signe de croissance. Les machines
permettent Ă lâhomme de produire. Des moyens de rentabilisation se dĂ©veloppent :
mécanisation des tùches, des usines et des conditions de travail largement décriées par
Emile ZOLA dans lâassommoir15 et par Charlie Chaplin dans son film « Les temps
modernes » en 1936. M. FRIEDMAN16 dit que lâouvrier dâusine est « victime de la division
du travail, du travail en miette [âŠ] assujetti Ă la chaĂźne ». Cela mâinterpelle car en ESAT,
le travail en atelier peut ĂȘtre divisĂ©, fractionné⊠afin de rĂ©pondre aux besoins dâun ou
plusieurs travailleurs. Par exemple, aprĂšs une analyse de la tĂąche, les Ă©ducateurs
techniques spécialisés ont pour mission de la décomposer pour la rendre accessible aux
travailleurs en ESAT. Cela peut se traduire en atelier par un « travail à la chaßne » qui est
alors parfaitement adaptĂ© et donne une place dâacteur Ă chacun. Ici le terme nâa pas de
14 VERGEZ A, HUISMAN D, 1990, nouvel abrégé de philosophie, Paris, Nathan, 222 p. p. 153
15 ZOLA E. 1971, Lâassommoir, paris, le livre de poche, 576p.
16 VERGEZ A, HUISMAN D, op. cit. P. 154
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 11 -
connotation pĂ©jorative, car dans le cadre de lâESAT cela revĂȘt plus une notion de
coopĂ©ration, de travail en Ă©quipe, oĂč chacun a son rĂŽle, sa tĂąche, son importance dans la
chaine de production et oĂč le terme mĂȘme de production a toute son importance.
Karl MARX met en avant une activité plus spirituelle du travail. Pour lui, la lutte entre le
patronat et le salariat doit permettre lâĂ©panouissement de lâhomme, car lâhomme salariĂ©
est aliéné par son travail. A cette époque, nous sommes dans une image du travail
comme nécessité pour vivre et faire vivre sa famille mais avec une image dévalorisée. Le
travail est synonyme de salaire mais aussi dâusure, de difficultĂ©sâŠ
Câest alors quâĂ partir du XIXĂšme siĂšcle, lâindustrialisation et le droit du travail vont
cohabiter entre luttes ouvriÚres et grandes avancées du droit du travail : semaines de
congĂ©s payĂ©s, rĂ©duction du temps de travail, protection sociale, salaire minimum lĂ©galâŠ
Le droit du travail est toujours en mouvement. La récente « Loi travail17 » renforce la prise
en compte du handicap et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap.
Elle instaure « lâemploi accompagnĂ© » pour favoriser un soutien Ă lâinsertion
professionnelle et un suivi médico-éducatif. Elle constitue une avancée pour les
travailleurs handicapĂ©s. En effet, elle prĂ©voit un dispositif dâemploi accompagnĂ© dont les
travailleurs en ESAT peuvent ĂȘtre bĂ©nĂ©ficiaires. Lâemploi accompagnĂ© est un dispositif
dâaccompagnement et de soutien pour les personnes en situation de handicap leur
permettant dâobtenir un emploi ou de le garder. Ainsi, ce dispositif permettrait Ă certains
travailleurs dâESAT dâavoir un service de soutien supplĂ©mentaire dans le cadre de leur
projet professionnel. Jây trouve en rĂ©el intĂ©rĂȘt en termes de moyens, de partenariat Ă
crĂ©er dans lâintĂ©rĂȘt du suivi du parcours des personnes accompagnĂ©es en ESAT, car
aujourdâhui, faute de moyens suffisants, les personnes ne sont pas ou peu
accompagnĂ©es vers le milieu ordinaire de travail si ce nâest par la possibilitĂ© de stages ou
de pĂ©riodes de mise Ă disposition dâentreprises.
1.2.2 Le travail en ESAT comme facteur dâinsertion
Pour dĂ©finir le « travail » les romains utilisaient le mot « labor » tandis quâen France on
utilisait le mot « peine ». Il vient du latin « tripalium18 » qui voulait dire «instrument de
torture à trois pieux ». Cette définition restrictive du travail comme quelque chose de
17 Loi 2016-1088 du 08 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la
sécurisation des parcours professionnels [en ligne] journal officiel n°0184 du 9 août 2016 [visité le 24 août 2017] disponible sur internet : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032983213&categorieLien=id 18
Dictionnaire de la langue française, le petit Robert, Paris, 2003.
- 12 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
difficile est trÚs réductrice. En effet, le mot travail veut dire19 : « ensemble des activités
humaines organisées coordonnées en vue de produire ce qui est utile ». Cette définition
se rapproche tout Ă fait du travail en ESAT car la notion de production y est
prépondérante.
Le travail contribue Ă la construction de lâidentitĂ© sociale de la personne. Bruno FLACHER
explique : « la fonction exercĂ©e et lâemploi occupĂ© participent Ă la reconnaissance et Ă
lâexistence sociale des individus. Avoir un mĂ©tier, une qualification, câest disposer dâune
identité professionnelle20 ».
Le travail quâil soit adaptĂ© ou non permet dâĂȘtre acceptĂ© comme porteur de valeur. En
effet, logiquement, le travail va de pair avec un logement, un niveau de consommation,
des relations sociales, un accĂšs Ă certains droitsâŠ. La personne qui travaille participe Ă la
sociĂ©tĂ©. Cette participation suppose dâĂȘtre intĂ©grĂ©. En effet, on ne peut dissocier
participation et intĂ©gration, car lâintĂ©gration suppose dâĂȘtre en relation avec dâautres. La loi
2005-102 insiste sur cette notion de participation à la société sans en faire un parallÚle
obligatoire avec le travail. Câest notamment par une socialisation dans les diffĂ©rents lieux,
environnements, contextes, Ă lâintĂ©rieur desquels le travailleur handicapĂ© Ă©volue (ESAT,
Foyer dâHĂ©bergement, domicile, entourage familial et amicalâŠ.) que celui-ci va intĂ©rioriser
des normes, des valeurs, des conduites qui lui permettront de sâintĂ©grer. En ESAT les
interactions sont nombreuses, que ce soit dans le groupe de pairs ou entre le travailleur et
lâencadrement. Jâincite les Ă©quipes Ă instaurer une relation respectueuse amenant les
travailleurs Ă un esprit dâĂ©quipe. Dans le cadre de mon projet, je souhaite amener les
travailleurs Ă se positionner, Ă travailler en Ă©quipe dans le sens dâun projet collectif.
On peut donc penser quâon peut sâintĂ©grer par le travail mais penser le travail comme
seule source dâintĂ©gration est erronĂ© ; pour exemple le nombre peu Ă©levĂ© de « travailleurs
handicapĂ©s ». Quelques chiffres21 me permettent dâaller dans le sens de cette hypothĂšse.
Le rapport du sĂ©nat de 201522 stipule quâen 2011 seulement 3,1% de travailleurs
handicapés sont embauchés en entreprise sur un total de 100100 établissements. En
19 Le Robert de poche 2010, dictionnaire, 2009, Malesherbes 1074p., p. 730
20 FLACHER B., 2008, Travail et intégration sociale, thÚmes et débats, 2
Úme édition, Bréal, 127p,
p77. 21
Le COAREGUER C., LENOIR A, 2017 « tableau de bord emploi et chÎmage des personnes handicapées » AGEFIPH, n° 2016-4 décembre 2016 P. 2 22
BOCQUET E, sĂ©nateur, Rapport dâinformations fait au nom de la commission des finances sur les Ă©tablissements et services dâaide par le travail (ESAT) n° 409, Paris, EnregistrĂ© Ă la PrĂ©sidence du SĂ©nat le 15 avril 2015, 74 p. p.14
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 13 -
2012 : « le taux dâemploi global des personnes handicapĂ©es demeure nettement infĂ©rieur
Ă celui de lâensemble de la population active (35%contre 65%)23. »
Quelques annĂ©es plus tard, mĂȘme constat : « En 2015, 2,6 millions de personnes ont une
reconnaissance administrative de leur handicap, soit 6% de la population totale [âŠ] le
taux de chÎmage reste prÚs de 2 fois supérieur au tout public (18% contre 10%) ».
DâaprĂšs la Caisse Nationale de SolidaritĂ© pour lâAutonomie (CNSA)24 8% de ces
personnes en emploi travaillent en ESAT. Si jâanalyse ces chiffres, Ă travers lâaspect
« travail » je peux me dire que les personne handicapées ne sont pas intégrées dans
notre société actuelle, ou alors à hauteur de 36%. Mais cela serait restrictif et ne prendrait
pas en compte les autres moyens dâintĂ©gration et Ă un niveau global toute autre forme de
participation à la vie en société.
Le marché du travail, et son évolution au fil des années, a supprimé des métiers
manuels ; lâaccĂšs Ă lâemploi est donc devenu de plus en plus difficile pour les personnes
handicapĂ©es. Aussi, la Commission des Droits et de lâAutonomie des Personnes
HandicapĂ©es (CDAPH) oriente dâavantage les personnes handicapĂ©es vers lâemploi
protégé. En effet, dans ces circonstances, obtenir un emploi et le conserver est plus
rassurant dans ce secteur protĂ©gĂ© quâest lâESAT. Cette structure offre un emploi et un
accompagnement global de la personne en tenant compte des difficultés liées au
handicap de la personne. Elle est donc une des réponses à l'intégration. En ce sens, ce
que lâESAT propose en termes dâaccompagnement est essentiel pour favoriser
lâintĂ©gration des personnes handicapĂ©es dans leurs lieux de vie et rĂ©pondre Ă leurs
besoins, leurs projets de vie, car le travail nâest pas la seule source dâintĂ©gration, ni le seul
besoin des travailleurs de lâESAT.
Mon propos est renforcé par la lecture du rapport OPUS 3 de 2009 qui place le travail, la
production au service des actions médico-sociales des ESAT : « réaffirmation de sa
mission médico-sociale pour laquelle, rappelons-le, le volet économique est un
moyen25» En 2015, le sĂ©nat sâest appuyĂ© sur ce rapport afin dâĂ©laborer un rapport
dâinformations sur les ESAT en France. Il insiste sur ce point et donne des indications sur
les enjeux actuels.
23 Rapport dâinformations fait au nom de la commission des finances, ibid, p. 15
24 CNSA, 2015, les chiffres clefs de lâautonomie, sipa presse, 16p. p.5 25 DGCS, 2009, Rapport opus 3 Appui des services de lâĂ©tat Ă la modernisation et au dĂ©veloppement des Ă©tablissements et services dâaide par le travail dans leurs missions mĂ©dico-sociale et Ă©conomiques, Paris, 82 p. p. 30
- 14 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Ainsi, lâESAT nâest pas un Etablissement qui se limite Ă lâaspect productif mais plus
largement un Ă©tablissement disposant dâune offre de service Ă destination dâun public
porteur de handicap leur permettant Ă travers le travail (comme un moyen) et autres
actions mĂ©dico-sociales de participer Ă la sociĂ©tĂ©. Câest cette idĂ©e de travail au service
dâune action mĂ©dico-sociale que je retiens et dĂ©fends dans ma pratique au quotidien. Cela
va ainsi guider mon projet dans le sens oĂč il va rĂ©pondre aux projets individuels des
travailleurs. Bien quâils aient une visĂ©e professionnelle, ils ont une composante sociale,
culturelle, psychologique⊠et sont travaillés en lien avec le service social. Le service
social en ESAT a une importance capitale dans lâaccompagnement des travailleurs.
Aussi, si le travail est un des moyens dâinsertion, le travailleur social a dâautres moyens
pour Ćuvrer dans lâinsertion des personnes en situation de handicap.
1.3 Les ESAT en plein changement
1.3.1 Histoire des CAT aux ESAT : une politique dâemploi centrĂ©e sur les
travailleurs handicapés
Les ESAT ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par le dĂ©cret du 2 septembre 1954 et portaient alors lâappellation
de centre dâassistance par le travail. La loi n°57-1223 du 23 novembre 1957 introduit le
terme de «travailleurs handicapés ».
La circulaire 60 AS du 08 décembre 197826 définie le travail en milieu protégé en
Ă©nonçant clairement : « les Centre dâAide par le Travail ont une double finalitĂ© : faire
accéder grùce à une structure et des conditions de travail aménagées, à une vie sociale
et professionnelle des personnes handicapées momentanément ou durablement,
incapables dâexercer une activitĂ© professionnelle dans le secteur ordinaire de production
ou en atelier protĂ©gĂ© ; permettre Ă celles dâentre ces personnes qui ont manifestĂ© par la
suite des capacitĂ©s suffisantes de quitter le centre et dâaccĂ©der au milieu ordinaire de
travail ». Elle devient une référence pour les professionnels du secteur. Le texte interpelle
sur le risque de dérive trop « occupationnel » ou au contraire « trop marchand ». Les
Directeurs ont Ă cĆur de se tenir dans cette double finalitĂ© sans glisser vers les extrĂȘmes,
les Centre dâAide par le Travail (CAT) ne sont pas des foyers de vie, ni des entreprises
adaptĂ©es. Cette dĂ©finition dâun CAT et les risques de dĂ©rives nous imposent de rester
vigilants quant aux glissements possibles. Il nâen est pas moins vrai aujourdâhui. Je suis
vigilante aux conditions de travail des usagers et ne considĂšre pas lâaspect rentabilitĂ©
comme seul facteur de bonne santĂ© de lâESAT. Aussi, dans le cadre du projet de
mutualisation des moyens des deux ESAT, je vais axer mon travail sur le respect de leurs
projets individuels.
26 Circulaire 60 AS du 8 dĂ©cembre 1978 relative aux centres dâaide par le travail
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 15 -
NĂ©anmoins, depuis la crĂ©ation des CAT, un point a manquĂ© cruellement dâĂ©tayage ; celui
de lâinsertion en milieu ordinaire de travail. Si une des finalitĂ©s de ces Ă©tablissements Ă©tait
Ă terme dâorienter un travailleur handicapĂ© en milieu ordinaire de travail, force est de
constater que peu dâentre eux ont eu la possibilitĂ© dâacquĂ©rir lâautonomie et les
compĂ©tences nĂ©cessaires pour ce faire. Manque dâaccompagnement ? De projets ?
DâopportunitĂ©s ? Les politiques publiques en matiĂšre dâinsertion des personnes
handicapĂ©es dans lâemploi ont compris les enjeux liĂ©s Ă ce problĂšme et ont innovĂ© par
dâautres textes quelques annĂ©es aprĂšs.
Dans lâobjectif dâencourager les employeurs Ă embaucher des personnes en situation de
handicap, la loi n°87-517 du 10 juillet 1987 en faveur de lâemploi des travailleurs
handicapĂ©s a innovĂ© par lâobligation dâemploi. Plus tard, la loi 2005-102 a prĂ©vu
lâobligation pour toute entreprise de prendre des mesures nĂ©cessaires pour aider les
personnes handicapées à accéder ou conserver un emploi qui corresponde aux
qualifications : (aménagement de postes, horaires de travail, formation).
Concernant les ESAT, la loi 2005-102 transforme les Centres dâAide par le Travail en
Ă©tablissements et Services dâAide par le Travail. La vocation mĂ©dico-sociale est ici
rĂ©affirmĂ©e tout comme le statut dâusager des travailleurs en ESAT. Ainsi, les 2 dimensions
économique et médico-sociale sont omniprésentes plus de 60 ans aprÚs la création des
CAT. La circulaire du 1er aoĂ»t 200827 Ă©voque lâaccueil des personnes en ESAT et pose
comme principe lâaccueil de tout handicap afin dâoffrir un travail et le soutien nĂ©cessaire Ă
ce dernier : « il faut veiller à ce que les ESAT restent largement ouverts à tout type de
handicap et proposent des activités accessibles ». Cette circulaire ouvre clairement la
porte Ă un changement de public que nous aborderons plus loin.
1.3.2 Le fonctionnement des ESAT : un dispositif alliant travail et
accompagnement
La double mission des ESAT : un aspect social trÚs affirmé
LâESAT est une structure mĂ©dico-sociale Ă double mission depuis la crĂ©ation des CAT :
«[âŠ] une structure de mise au travail et une structure mĂ©dico-sociale dispensant les
soutiens requis par lâintĂ©ressĂ© et qui conditionnement pour lui toute activitĂ©
27 MinistÚre du travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité, Circulaire DGAS
du 1er aout 2008 relative aux Ă©tablissements et services dâaide par le travail et aux personnes handicapĂ©es qui y sont accueillies [en ligne], [visitĂ© le 12 aoĂ»t 2017] disponible sur internet : http://www.handipole.org/IMG/pdf/circulaire_2008-259.pdf
- 16 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
professionnelle. Aucun de ces deux aspects ne saurait disparaĂźtre sans que la vocation
des établissements ne soit gravement altérée.28 »
Le pilotage de ces établissements a été confié aux Agences Régionales de Santé par la
loi HPST du 21 juillet 2009.
GĂ©rard ZRIBI, dans « lâavenir du travail protĂ©gĂ©29 », explique le fonctionnement des ESAT
en France. Il les qualifie de structures médico-sociales proposant une mise au travail et
des activités de soutien. Il insiste sur la double mission de ses établissements : offrir une
insertion professionnelle et sociale adaptée aux besoins des personnes handicapées
adultes et assurer le soutien nĂ©cessaire Ă chacun afin dâacquĂ©rir le maximum
dâautonomie. Cette double mission est rĂ©affirmĂ©e par la loi 2005-102 du 11 fĂ©vrier 2005.
L'association ANDICAT (Association Nationale des Directeurs et Cadres d'ESAT) a publié
en 2011 des fiches pratiques Ă destination des professionnels en ESAT visant Ă
repositionner les pratiques en direction des personnes accueillies. L'ESAT y est défini
comme une structure médico-sociale dont « l'objectif prioritaire est de viser la plus grande
autonomie possible de la personne accueillie, tant sur le plan professionnel que sur le
plan social, afin de favoriser la meilleure insertion possible. Les ESAT offrent Ă ces
personnes la possibilité d'exercer une activité professionnelle dans des conditions
aménagées et de bénéficier d'un soutien médico-social et psycho-éducatif. 30 » Cette
approche définit également le travail comme un moyen. Je suis en accord avec cette idée
dâutiliser le travail comme vecteur dâinsertion, de se servir du travail comme un moyen
dâamener la personne Ă vivre dans son environnement. A mon sens, cette approche me
permet de respecter le cadre lĂ©gal et les missions de lâESAT.
Les ESAT accueillent des personnes orientĂ©es par la CDAPH et titulaire dâune
Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) Ces travailleurs
handicapĂ©s nâont pas de contrat de travail. NĂ©anmoins, La signature du «contrat de
soutien et dâaide par le travail » assure aux travailleurs handicapĂ©s le versement dâune
rĂ©munĂ©ration composĂ©e du salaire de lâESAT et dâune « aide au poste » versĂ©e par lâEtat.
Lâallocation Adulte HandicapĂ©e « Ă taux partiel » sâajoute Ă leur salaire.
LâESAT a pour mission de leur proposer : Des activitĂ©s Ă caractĂšre professionnel, des
activités de soutien les aidant dans leurs pratiques professionnelles et des activités de
soutien ayant pour but de les intégrer socialement.
28 Circulaire 60 AS du 8 dĂ©cembre 1978 relative aux Centres dâAide par le Travail 29 ZRIBI G., 2008, lâavenir du travail protĂ©gĂ© : les ESAT dans le dispositif dâemploi des personnes handicapĂ©es, 3
Ăšme Ă©dition, Rennes, EHESP 115p.
30 ANDICAT, rÚglementation législation des ESAT : fiches pratiques n°2, Paris, ANDICAT , 190 p., p. 7
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 17 -
Un service productif
Afin dâexpliquer le « travail » en ESAT je dirais que la plupart des ESAT en France se
composent dâun service productif, permettant de proposer aux travailleurs handicapĂ©s
diverses activitĂ©s qui dĂ©gagent des bĂ©nĂ©fices pour lâESAT et dâun service administratif,
social, Ă©ducatif, permettant aux travailleurs handicapĂ©s dâobtenir un soutien au niveau
professionnel, social, pendant ou hors temps de travail.
Le réseau GESAT31 nous éclaire sur le fonctionnement du service productif des ESAT
avec les entreprises : Les ESAT reçoivent majoritairement leurs commandes de PME
« 66% des ESAT travaillent avec des structures de moins de 250 salariés », entreprises
privĂ©es majoritairement, situĂ©es pour 85% dâentre elles sur le dĂ©partement. Concernant
lâapproche commerciale, les ESAT ont une approche plus offensives afin de sâouvrir sur
de nouveaux marchés : « les démarches commerciales pro-actives (prospection,
salons...) progressent largement [âŠ] Les rĂ©ponses Ă appels dâoffres progressent surtout
pour les ESAT (+19%). »
Les activités sont variées et souvent en lien avec le territoire plus ou moins rural. Parmi
les activitĂ©s pratiquĂ©es en ESAT32, lâactivitĂ© conditionnement arrive en tĂȘte pour 82% des
ESAT, suivi de lâentretien dâespaces verts pour 81% puis la restauration, lâentretien des
locaux et la blanchisserie sont autour de 50%. Ces activités sont aussi les plus
rĂ©munĂ©ratrices. Lâartisanat concerne environ 30% des ESAT.
Parmi les nouvelles crĂ©ations dâactivitĂ©s en lien avec les entreprises locales et les appels
dâoffres, le nettoyage de vĂ©hicules et la gestion de conciergerie en entreprise sortent du
lot pour environ 20% des ESAT.
Ces donnĂ©es contrastent avec lâimage des anciens CAT tournĂ©s exclusivement vers des
productions artisanales (confiture, huile dâolive, fabrication de savonâŠ) et laissent voir des
activitĂ©s proches de celles dâune entreprise.
Toujours selon le réseau GESAT la principale motivation33 des entreprises au travail avec
les ESAT est à 76% la qualité du travail rendu.
Ces donnĂ©es me renseignent quant Ă lâimportance de la dominante Ă©conomique dans ce
type dâESSMS et lâimportance du travail de partenariat avec les entreprises.
31
Observatoire Ă©conomique du travail protĂ©gĂ© et adaptĂ©, 2015, Ă©lĂ©ments dâanalyse des relations Ă©conomiques entre EA & ESAT et leurs donneurs dâordres, 2Ă©me Ă©dition Paris, rĂ©seau GESAT, 43p., p. 17 ; le rĂ©seau GESAT est constituĂ© de directeurs dâESAT et dâentreprises adaptĂ©es ( 2000 Ă©tablissements) dĂ©sireux de faciliter lâintĂ©gration sociale et professionnelle des travailleurs handicapĂ©s. Il permet le lien entre les entreprises et les Ă©tablissements et a crĂ©Ă© une base de donnĂ©es concernant lâoffre sur le territoire. 32
Observatoire économique du travail protégé et adapté 2015, ibid, P 21 33
Observatoire économique du travail protégé et adapté 2015, ibid, P 28
- 18 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Lâimage des ESAT en France
Lâimage vĂ©hiculĂ©e par ces Ă©tablissements a considĂ©rablement Ă©voluĂ© depuis les annĂ©es
80. Dans le secteur médico-social, ils sont reconnus et soutenus comme des
Ă©tablissements pouvant fournir un travail aux personnes provenant dâInstituts MĂ©dico-
Educatifs (IME) par exemple et pourquoi pas les orienter en milieu ordinaire Ă terme. Puis,
la multiplication des structures pour adultes de type foyer de vie, donnent dâautres
opportunitĂ©s Ă des personnes prĂ©sentant un handicap qui nâont pas les compĂ©tences
nĂ©cessaires au travail en ESAT. Aussi, les orientations dâenfants issus dâIME ou de
secteurs protĂ©gĂ©s sont rĂ©flĂ©chies dans une globalitĂ© et le choix de lâESAT nâest pas
toujours fait. En effet, les projets Ă©ducatifs visent parfois plus lâĂ©panouissement des
jeunes adultes handicapĂ©es dans des structures appelĂ©es aujourdâhui foyer de vie plutĂŽt
que lâorientation immĂ©diate en ESAT. De plus, il existe de plus en plus de passerelle entre
ces deux Ă©tablissements pour adultes. Ainsi le parcours classique dâun enfant dâIME
orientĂ© Ă lâĂąge adulte en ESAT nâest plus aussi Ă©vident et renforce donc ce changement
de population énoncé plus haut. De ce fait, postulent en ESAT des personnes plus ùgées,
venant dâautres horizons : milieu ordinaire, mission locale, psychiatrie, domicileâŠ
Georges BONNEFOND34 explique que les ESAT étaient auparavant un « échec » de
lâinsertion, le travail proposĂ© en ESAT Ă©tant peu valorisants, proposant principalement des
activitĂ©s Ă lâintĂ©rieur de lâESAT, de sous-traitance ou de petite production locales. Ce
modĂšle de « lâancien CAT » a Ă©tĂ© peu Ă peu rĂ©volutionnĂ© depuis la loi du 11 fĂ©vrier 2005.
Par la suite les ESAT ont proposé des travaux plus valorisants tels que : entretien en
espaces verts, menuiserie, restauration, etc. Les ESAT sont davantage ouverts au public.
On voit des ESAT se renouveler en crĂ©ant un espace restauration dâentreprise dans des
zones dâactivitĂ© ou ouvrant des magasins Ă destination dâune clientĂšle. Des partenariats
sont mis en place et reconnus dans le tissu local des entreprises.
De plus en plus de portes ouvertes voient le jour dans ces établissements. Ayant participé
Ă ce type dâĂ©vĂšnement, jâen retire une plus-value en termes de communication et
dâintĂ©gration des travailleurs handicapĂ©s. Les ESAT proposent Ă©galement des prestations
de services, des mises Ă disposition de travailleurs en entreprises, concourant ainsi Ă
faire Ă©voluer les regards sur les ESAT.
LâESAT a aussi une image « dâentreprise » oĂč les personnes vont « au travail ». Ils sont
de plus en plus tournés vers la production et subissent la concurrence. La notion de
production tient une place importante dans le discours des moniteurs dâateliers et des
34 BONNEFOND G., op. cit.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 19 -
travailleurs handicapĂ©s oĂč il est question de « travail », dâ « accĂ©lĂ©ration de la cadence »,
de « qualitĂ© », de « compĂ©tences »âŠ
Par ailleurs, les droits des travailleurs dans les Ă©tablissements sont Ă©galement
revalorisés. Les ESAT sont en train de changer au niveau politique et économique,
laissant la place Ă lâexpression des Usagers, Ă leurs projets, Ă lâindividualisation des
parcours⊠notamment depuis la loi 2005-102 plaçant la notion de service comme une
priorité.
Les ESAT sont à la fois des structures de travail ouvertes sur les entreprises extérieurs,
productives, concurrentielles, formant des travailleurs dont les compétences sont
reconnues, et des structures mĂ©dico-sociales ayant rĂ©volutionnĂ© leur mode dâaccueil,
répondant aux lois, développant des procédures, évaluant leurs dispositifs.
1.3.3 LâĂ©volution du profil des travailleurs en situation de handicap en ESAT :
trois enjeux majeurs
Enjeux 1 : conserver le statut dâusager en ESAT
Les travailleurs handicapĂ©s en ESAT nâont pas le statut de salariĂ©, mais dâusager
dâĂ©tablissement mĂ©dico-sociaux. Ils sont orientĂ©s par la CDAPH Ă partir de 18 ans jusquâĂ
leur retraite. Ainsi, ils relĂšvent du Code de lâaction sociale et des familles en tant
quâusagers dâĂ©tablissements spĂ©cialisĂ©s. Le code du travail est applicable pour les
questions, dâhygiĂšne, de sĂ©curitĂ© et la mĂ©decine du travail.
La loi 2005-102 a élargi les droits des travailleurs handicapés en ESAT en leur affirmant
le droit de suivre une formation qualifiante, le recours Ă la Validation des acquis et de
lâexpĂ©rience (VAE) et une dĂ©marche de reconnaissance des savoirs faire. Câest un
premier pas en direction de la valorisation des compétences professionnelles des
travailleurs handicapĂ©s. Mon projet prend tout son sens au travers de lâesprit de cette loi.
En effet, je mâen saisis par le biais du partenariat avec le Fond dâassurance formation de
la branche sanitaire, sociale et mĂ©dico-sociale Ă but non lucratif (UNIFAF) et lâagence
nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) dans le cadre de la (VAE)
et des modules de reconnaissances des savoirs faire et des compétences (RSFC). En
2017 plusieurs travailleurs des équipes espaces verts et cuisine ont bénéficié de ces
dispositifs, lâobjectif Ă©tant pour certains dâentre eux dâacquĂ©rir des compĂ©tences leur
permettant Ă terme, une intĂ©gration en milieu ordinaire, via une embauche ou une mise Ă
disposition. Pour dâautres, il sâagit dâune reconnaissance leur permettant le maintien en
ESAT dans de bonnes conditions. Ces dispositifs ambitieux sont accompagnés par des
professionnels au sein de lâESAT (projets individuels, projets de formation, recherches
thĂ©oriques, apprentissages pratiques, accompagnement Ă la certificationâŠ) Ainsi, ce droit
- 20 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Ă la formation fait partie de lâoffre de service que nous proposons en direction des
travailleurs de lâESAT et que nous devrions dĂ©velopper.
La circulaire du 1er aout 2008 précise les droits aux congés et le maintien de la
rĂ©munĂ©ration en cas de maladie. Le contrat dâaide et de soutien par le travail,
reconductible chaque annĂ©e, est signĂ© Ă lâadmission en ESAT et remplace le contrat de
travail classique. Ce contrat dâaide et de soutien mentionne lâoffre de service en termes de
réalisation du projet de vie et de soutiens socio-medio-éducatifs. Ce statut est particulier
et entraine des questionnements au niveau juridique quant Ă la place de lâusager.
Enjeu 2 : sâadapter Ă lâĂ©volution des profils des personnes admises en ESAT
GĂ©rard ZRIBI, dans son livre consacrĂ© aux ESAT fait Ă©tat dâune modification des
caractéristiques du public accueilli en ESAT apparue au début des années 80. Selon lui
elle est principalement due Ă la sectorisation de la psychiatrie Ă partir des annĂ©es 70 et Ă
lâaugmentation de places en ESAT.
Il fait le constat35 que les ESAT accueillent 30% « des personnes affectées de handicaps
psychiques » 3% de handicap sensoriel et 3% de handicaps moteurs, « ce sont donc 64%
de personnes handicapées mentales qui sont accueillies dans les ESAT. Pour cette
derniÚre population, une part non négligeable présente des tableaux mixtes : un handicap
mental (ou déficience intellectuelle) accompagné de troubles plus ou moins graves de la
personnalité ». Ces affirmations datent de 2008. En 2009, le rapport OPUS 336 révÚle une
prédominance de personnes présentant des déficiences intellectuelles en ESAT à 66%
dont 23% avec handicap associé. Les personnes présentant un handicap psychique
reprĂ©sentent quant Ă elles 19% des travailleurs dâESAT.
Autant de problématiques qui ne se traitent pas dans les services de production mais par
les services administratifs, sociaux et grĂące au travail de partenariat mis en place par les
travailleurs sociaux de ces Ă©tablissements. Aussi, ce rapport pose le renforcement de
lâaction mĂ©dico-sociale en ESAT comme un enjeu. Se rajoute Ă lâaction mĂ©dico-sociale, la
nĂ©cessitĂ© de consolider lâaccompagnement Ă lâemploi. En ESAT, la formation des
travailleurs handicapĂ©s, lâacquisition de compĂ©tences permet dâapporter un choix
dâactions, de rĂ©ponses adaptĂ©es aux travailleurs. Ainsi, mon projet est autant en lien avec
lâĂ©volution lĂ©gale quâavec lâĂ©volution contextuelle. En 2015, le rapport du sĂ©nat reprend
cette Ă©tude avec attention afin dâen tirer des conclusions et prĂ©coniser des actions
concrĂštes.
35 ZRIBI G., op. cit. 36 Rapport OPUS 3, op.cit
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 21 -
Dans cette partie je souhaite attirer lâattention sur le handicap mental et les troubles
psychologiques, car ils sont majoritaires au sein des 2 ESAT.
Le terme de handicap mental sâest vulgarisĂ© et fait rĂ©fĂ©rence Ă plusieurs dĂ©ficiences
quâelles soient lĂ©gĂšres, moyennes ou profondes, chacune nâimpliquant pas le mĂȘme
degrĂ© dâautonomie de la personne. Le handicap mental est la consĂ©quence dâune
déficience intellectuelle.
LâUNAPEI donne sa propre dĂ©finition37 : « La personne en situation de handicap mental
éprouve des difficultés plus ou moins importantes de réflexion, de conceptualisation, de
communication et de dĂ©cision. Elle ne peut pas ĂȘtre soignĂ©e, mais son handicap peut ĂȘtre
compensĂ© par un environnement amĂ©nagĂ© et un accompagnement humain, adaptĂ©s Ă
son état et à sa situation. » En effet, la déficience intellectuelle elle ne se guérit pas, ne se
traite pas en tant que telle par des mĂ©dicaments, par contre elle se soigne et le soin est Ă
la fois social, Ă©ducatif et thĂ©rapeutique favorisant lâĂ©volution de la personne au regard de
ses capacitĂ©s (apprentissageâŠ), et apportant un bien-ĂȘtre et une qualitĂ© de vie plus
autonome. Les personnes atteintes de déficience intellectuelle ont des troubles du
dĂ©veloppement cognitif peu ou prou importants ainsi que des troubles de la relation Ă
lâautre ou de la communication. Lâensemble de ces troubles associĂ©s Ă des situations
plurielles engendrent de lâangoisse, des incomprĂ©hensions⊠qui mettent Ă mal et
provoquent des comportements inadaptés.
LâUNAPEI donne Ă©galement sa dĂ©finition du handicap psychique38 : « Le handicap
psychique est, quant Ă lui, la consĂ©quence dâune maladie mentale. Comme le dĂ©finit
lâUnafam, la personne malade mentale est un individu « qui souffre de troubles dâorigines
diverses qui entachent son mode de comportement dâune façon momentanĂ©e ou durable
et inégalement grave » »
Lâorigine de ces troubles est multiple : traumatisme, gĂ©nĂ©tique, condition de vieâŠDe
maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les premiers troubles peuvent se dĂ©clarer Ă lâadolescence. Ainsi, ces
personnes, Ă la diffĂ©rence des personnes atteintes de handicap mental, nâont pas ou peu
connu le parcours institutionnel. Le diagnostic est difficile Ă poser dâautant plus si la
personne nâest pas dans le parcours institutionnel classique et ne souhaite pas rencontrer
de professionnels.
La personne atteinte de maladie mentale, de troubles psychiques ne peut que trĂšs
rarement vivre correctement sans soins. Les manifestations de ces pathologies sont
37Disponible sur http://www.unapei.org/Le-handicap-mental-sa-definition.html, lâUNAPEI est lâUnion
nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis, anciennement : Union nationale des associations de parents d'enfants inadaptés 38
ibid
- 22 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
changeantes et se caractĂ©risent par lâabsence de stabilitĂ© Ă©motionnelle. Cette instabilitĂ©
peut se traiter par voie mĂ©dicamenteuse, mais lâon observe des effets secondaires et
parfois un ralentissement moteur. Ces troubles se manifestent essentiellement par :
angoisse, stress, troubles de la personnalité, dépression⊠et entrainent un absentéisme
frĂ©quent (pĂ©riodes dâhospitalisation, de soins) ainsi quâune modification de lâefficacitĂ© de la
personne dans son poste de travail liĂ©e Ă lâĂ©tat psychique.
Cela nĂ©cessite une adaptation de lâESAT, un accompagnement personnalisĂ© en fonction
du trouble de la personne et implique un retentissement sur lâactivitĂ© de lâESAT. En effet,
la modification des traits psychologiques de la personne, lâapparition de symptĂŽmes, la
multitude de soins passant par des essais, les pĂ©riodes dâabsentĂ©isme (hospitalisation)
les potentielles « crises », ralentissent parfois la productivitĂ© de lâatelier sur un temps
donnĂ©, impactant ainsi lâensemble du groupe et Ă plus grande Ă©chelle, tout le processus
de production de lâESAT. Si lâon va plus loin en parlant des traitements qui « contiennent »
les personnes, en dehors de ces moment de « crises » , on note que les personnes sont
présentes et travaillent mais que les traitement médicaux sont parfois lourds et apportent
leurs lots dâeffets secondaires (altĂ©ration de la comprĂ©hension, lenteur, troubles de la
mĂ©moireâŠ). Je note Ă©galement une difficultĂ© dâencadrement pour les Ă©quipes qui se
retrouvent parfois confrontĂ©es Ă des comportements pour lesquels ils nâont pas de relais,
je pense notamment Ă des problĂšmes dâaddictologie par exemple, nĂ©cessitant une
formation du personnel. La difficulté pour ces personnes de consulter des professionnels
ainsi que de poursuivre leur traitement dénote un certain déni de la maladie et implique
des phases de non prise de traitement et la discontinuitĂ© du parcours de soin ; dâoĂč la
nĂ©cessitĂ© dâun travail en partenariat entre lâESAT et les structures de soins.
Enjeux 3 : Le vieillissement des personnes handicapées ne doit pas devenir un
sur-handicap
Le dictionnaire Larousse définit le vieillissement comme le « Fait de devenir vieux,
ensemble des phénomÚnes qui marquent l'évolution d'un organisme vivant vers la mort »
ou encore : « Affaiblissement naturel des facultés physiques et psychiques dû à l'ùge ».
Le vieillissement des personnes handicapées est devenu une préoccupation de ces
derniĂšres annĂ©es car les progrĂšs de la mĂ©decine et lâamĂ©lioration des conditions de vie
font que les personnes en situation de handicap ont une espérance de vie qui se calque
sur celle des personnes dites « valides ». Médicalement parlant, ce fait est un grand
progrÚs. Néanmoins, on note toujours une certaine fatigabilité qui reste trÚs présente
dans le discours des professionnels en ESAT. Selon le rapport OPUS 3 note bas de
page« 23% des usagers seraient fatigables » ce qui implique une incidence sur le rythme
de production. En effet, le rythme de travail, les conditions de vie, lâalimentation, un
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 23 -
environnement social et familial carencé sont autant de facteurs de fatigabilité constatés
par les services sociaux des ESAT.
Le rapport du sĂ©nat39 conclu : « Ce vieillissement, qui sâopĂšre depuis plusieurs annĂ©es
entraßne une fatigabilité accrue des travailleurs, ce qui implique pour les ESAT de
procéder à des aménagements en termes de temps de travail, notamment par la
facilitation des temps partiels et par le développement de solutions alternatives de prise
en charge »
Aujourdâhui la rĂ©ponse apportĂ©e par une majoritĂ© dâESAT est lâinstauration de temps
partiel. Une autre rĂ©ponse serait dâamĂ©liorer le travail avec le rĂ©seau de partenaires pour
faciliter les passerelles avec dâautres structures proposant dâavantage de temps de repos
tel que des foyers de vie.
Conclusion intermédiaire :
Ce travail de recherche mâa amenĂ©e Ă approfondir les textes de lois et concepts inhĂ©rents
au handicap et au travail en ESAT, à les mettre en parallÚle avec les réalités de terrain et
lâaccompagnement proposĂ© aux travailleurs handicapĂ©s en ESAT. Aujourdâhui les ESAT
doivent prendre en compte le contexte actuel de mutation allant dans le sens de
rationalisation mais aussi dâinnovation, de mutualisation, de coopĂ©ration. La
contractualisation des CPOM amĂšne gouvernance et dirigeance Ă travailler main dans la
main de maniĂšre Ă se projeter dans un avenir oĂč les Ă©tablissements et services seront en
quelque sorte des plateformes au service des usagers. Il en va de mĂȘme pour les ESAT
qui seront amenés à développer leur offre de services pour accompagner les travailleurs
handicapĂ©s dans leurs projets professionnels en sâadaptant Ă leurs besoins, dans une
démarche volontairement tournée vers le milieu ordinaire de travail.
En seconde partie, un diagnostic approfondi mâemmĂšnera Ă Ă©valuer les besoins des
travailleurs handicapés de nos deux ESAT du VAR, lesquels à court terme devront, afin
dâanticiper la signature du CPOM, mutualiser pleinement leurs moyens afin de maintenir
leurs activitĂ©s. Cââest ainsi que jâĂ©valuerais leurs forces et points dâamĂ©lioration dans leurs
organisations, Ă travers le personnel, lâĂ©quipe de direction, lâoffre de serviceâŠ
39 Rapport dâinformations fait au nom de la commission des finances op. cit. p. 18
- 24 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
2 La mutualisation des activités de deux ESAT : Diagnostic,
conséquences et opportunités
2.1 Une gouvernance associative dynamique, ancrée sur le territoire
2.1.1 Présentation du contexte institutionnel
Lâassociation gestionnaire a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1975, initialement par des parents ayant des
enfants Infirmes Moteurs Cérébraux (IMC). Puis elle a diversifié ses actions. Son siÚge
social se situe Ă Toulon. Lâassociation est Ă but non lucratif, selon la loi de 1901. Elle est
affiliĂ©e Ă la FĂ©dĂ©ration Française des Associations dâInfirmes Moteurs CĂ©rĂ©braux
(FFAIMC) reconnue dâutilitĂ© publique. Aujourdâhui, elle gĂšre huit Ă©tablissements et
services sur le territoire du Var, accueillant 360 personnes accompagnées par 230
professionnels. Le schĂ©ma ci-dessous permet de connaĂźtre lâorganisation de lâassociation:
SchĂ©ma n°1 : organigramme de lâassociation :
Lâassociation a pour mission de gĂ©rer et promouvoir des Ă©tablissements dâhĂ©bergement et
de travail afin dâaccueillir des adultes prĂ©sentant des handicaps. Les valeurs40 de
lâassociation sont : « le respect de lâhomme, de sa pensĂ©e, et la possibilitĂ© de chacun Ă
une joie de vivre (âŠ) car dĂšs les origines, son objectif va ĂȘtre dâanticiper et de construire
un devenir à ces jeunes au plus prÚs des normes sociales, et leur offrir la possibilité de
suivre une formation et de travailler. »
40 Projet associatif
Association
gestionnaire
SiĂšge
PĂŽle
administratif
PĂŽle travail
PĂŽle
hébergement
Service
comptabilité
Service RH
ESAT 1
ESAT 2
1 MAS
1 FAM
2 FDV
1 SAVS
1 FH
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 25 -
Deux ESAT dans lâassociation : sĂ©parĂ©s de quelques kilomĂštres
LâESAT A, ouvert en 1980, 78 places, situĂ© en pĂ©riphĂ©rie de Toulon dans une
grande zone commerciale, facilement accessible. LâĂ©tablissement dispose dâune
implantation gĂ©ographique sur deux sites : Lâannexe I indique lâorganisation des ateliers.
Schéma n° 2 : ESAT A
LâESAT B : ouvert en 1997, 80 places, sur Toulon. LâĂ©tablissement dispose dâune
implantation géographique sur trois sites : CF annexe 1
Schéma n° 3 : ESAT B
organisation de la gouvernance ou comment la gouvernance se saisie des
opportunités liées au contexte
Dans le cadre des Ă©volutions qui interagissent dans notre secteur, notre gouvernance est
revalorisĂ©e dans ses missions stratĂ©giques. Elle va sâorienter vers une gestion plus
politique de ses Ă©tablissements « La gouvernance41 pose les bases dâun management
qui, fondĂ© sur les notions de systĂšmes, de projets, de synergie, dâinteractions, correspond
bien aux enjeux de pilotage des organisations associatives.» La création du siÚge et
lâorganisation en pĂŽles dâactivitĂ©s trouvent un sens dans lâĂ©volution du contexte citĂ©e en
partie I. La volontĂ© de solliciter les directeurs dâĂ©tablissement pour la contractualisation
des CPOM, selon le calendrier prévu, montre une gouvernance qui évolue en lien avec
les politiques publiques et son territoire. A ce propos, Patrick LEFEBVRE énonce42 : « les
41
BATIFOULIER F, 2014, Manuel de direction en action sociale et médico-sociale, Paris, Dunod, 493 p. p. 369 42
LEFEVRE P., 2016, Guide du directeur en action sociale et médico-sociale, 4eme édition, Paris, Dunod, 406 p., p. 31
ESAT A
Site A :
PĂŽle espaces verts
- Ateliers espaces
verts
- Atelier voirie
Site B :
-atelier entretien des locaux
- atelier couture, production de sacs et
cabas
- atelier imprimerie façonnage
- atelier tri postal
ESAT B
Site A :
PĂŽle espaces verts
- Ateliers espaces
verts
- Atelier voirie
Site C :
-atelier restauration cuisine
centrale
- mise Ă disposition
- atelier repassage
Site D :
-atelier pĂątisserie
-atelier traiteur
- 26 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
CPOM sont lâexpression dâune gouvernance affirmĂ©e » : Ces CPOM permettent de
« penser les Ă©volutions Ă partir dâune plus grande mutualisation de ressources et de
moyens et de favoriser ainsi une démarche qui soutient le changement et le
dĂ©cloisonnement institutionnel », ceci est lâexpression de la volontĂ© de lâassociation : la
mise en place dâun CPOM entre ses deux ESAT, mutualisant les moyens et Ă©valuant les
besoins des publics, permettant ainsi une offre de service plus organisée.
Tableau n°1 : les enjeux de lâassociation
association assurer une gouvernance - travail en lien Ă©troit avec la dirigeance- refonte du projet associatif en lien avec les diffĂ©rentes Ă©volutions - formalisation dâun CPOM
politique inscription, rayonnement sur le territoire - conformité (CPOM)
territoire instauration dâun partenariat inter association - adaptation de lâoffre au contexte
management Ressources Humaines
faire Ă©voluer lâorganisation - adaptation Ă lâĂ©volution des lois et des publics - formation des professionnels - dĂ©veloppement/adaptation des compĂ©tences - accompagner lâĂ©volution dâune culture interne
Ă©conomique mutualisation des moyens - atteinte de lâĂ©quilibre budgĂ©taire
Usagers adaptation de lâoffre Ă lâĂ©volution des besoins
Le tableau des enjeux ci-dessus me permet dâavoir une vision dâensemble des enjeux liĂ©s
Ă cette mutualisation des moyens. Aussi, je constate quâils sont nombreux et variĂ©s,
reliant lâorganisme gestionnaire aux usagers.
Des liens Ă©troits entre gouvernance et dirigeance ou comment la
dirigeance fait du contexte une force
La mise en Ćuvre des CPOM va avoir des incidences directes sur les missions et les
relations dirigeance/gouvernance associative43. Ainsi elles sâĂ©quilibrent dans une certaine
mesure, lâassociation gestionnaire se positionnant sur un plan « politique », la dirigeance
assurée par un siÚge, un directeur général, centrée sur des missions : développement
gestion de projet, ressources humaines (RH), analyse financiÚre. Encadrés par des
services spécifiques de ressources humaines ou gestion administrative et financiÚre, «ces
services44 crĂ©ent un niveau dâautoritĂ© intermĂ©diaire nouveau (dâexpertise fonctionnelle ou
hiĂ©rarchique) entre le directeur gĂ©nĂ©ral et les directeurs dâESMS ».
Ces nouvelles formes dâorganisation multi-activitĂ©s/services/Ă©tablissements vont amener
des Ă©volutions en termes dâharmonisation des pratiques et une redĂ©finition des postes de
direction (directions gĂ©nĂ©rales, siĂšges, Ă©quipes de direction RH..). Signe dâouverture, câest
aussi un changement de posture pour les directeurs, qui devront travailler en lien avec
dâautres Ă©tablissements et une association plus prĂ©sente.
Lâintention de la gouvernance est ici de confier le pilotage de lâensemble de lâorganisation
au siĂšge, ce lieu qui centralise les fonctions supports telles la directrice des ressources
43 F. BATIFOULIER, op. cit. P. 156
44 F. BATIFOULIER, op. cit. P. 159
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 27 -
humaines, le directeur administratif et financier et plus rĂ©cemment lâensemble des
comptables des Ă©tablissements. Une recherche de locaux est en cours afin dâagrandir
lâespace de travail et de concertation au niveau des directions dâĂ©tablissements.
La directrice gĂ©nĂ©rale a un rĂŽle de conseil, est responsable de la mise en Ćuvre de la
politique associative. Elle a un rĂŽle dâappui dans la gestion financiĂšre, les RH et la
communication. Courant 2016, dans lâoptique de la signature dâun CPOM entre les deux
ESAT de lâassociation, Elle demande que les deux ESAT mutualisent leurs activitĂ©s
productives. Afin dâamorcer la dĂ©marche, elle propose la mutualisation des deux ateliers
dâespaces verts sur lâannĂ©e 2017 avant dâenvisager de poursuivre en 2018 avec les
autres activités. «La mutualisation45 est une question de bon sens, elle vise à redéfinir
lâorganisation globale des deux ESAT, dans le sens dâune meilleure offre de service pour
les travailleurs que nous accompagnons. Il faut le voir comme une opportunité et non
comme une contrainte. Câest Ă nous Ă©quipe de direction, de concevoir cette organisation
et de transmettre aux équipes un message rassurant et structurant..»
Directrice dâĂ©tablissement ; mon rĂŽle de pilotage du changement, de
traduction de la politique associative dans un contexte de remaniement
Le Document Unique de Délégation (DUD) définit précisément les missions qui me sont
transmises. Le rĂŽle de directrice dâESAT est particulier. Il sâinscrit dans la complexitĂ© oĂč
les dimensions « social » et « productivité » se cÎtoient : entre accompagnement des
personnes et mise au travail, entre apprentissage professionnel et impératif de production
impliquant les notions de rendement, chiffre dâaffaire, satisfaction du client⊠mais aussi
de travail. Le schéma en annexe II est explicite quant à ma vision du poste.
Jâillustre ce schĂ©ma en prenant modĂšle sur le programme EuropĂ©en EQUAL46, nĂ© de
lâinitiative de 24 ESAT visant à « reconnaitre et dĂ©velopper les compĂ©tences acquises par
les travailleurs [âŠ] valoriser, avec les entreprises, les acquis dâexpĂ©rience [âŠ] » cette
expĂ©rience datant de 2002, nombreux sont les ESAT qui ont multipliĂ© ce type dâinitiatives.
Ces derniers éléments traduisent un changement de culture, dans la continuité de la loi
2002-2. Cela impose des changements dans lâorganisation. Aujourdâhui, je demande aux
équipes de construire les projets à partir de la demande de la personne accompagnée, de
ne pas rĂ©flĂ©chir en tant que moniteurs dâateliers mais dâabord en tant que travailleurs
sociaux. Je demande de sortir des ateliers, dâĂȘtre en contact avec les clients. Cela
implique parfois de changer la maniĂšre de travailler, de faire appel Ă des partenaires,
dâadapter les postes et la cadence. Le bĂ©nĂ©fice recherchĂ© pour les travailleurs Ă©tant la
45 Entretien avec Mme Ia directrice générale en janvier 2018
46 BRIERE G. 2006 ANDICAT, « Programme Européen EQUAL en Bretagne » Les cahiers
dâANDICAT prĂ©parer lâexcellence des ESAT pour lâavenir ou de lâutilitĂ© des bonnes pratiques, n° 5 p. 53-60, p.53
- 28 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
qualitĂ© de lâaccompagnement proposĂ© et lâadaptation de lâoffre de service Ă leurs besoins.
Ici il sâagit de la valorisation des compĂ©tences professionnelles comme axe de travail.
Outre un changement dans les pratiques, cela amĂšne des changements organisationnels,
que nous, équipe de direction, devons conduire. Patrick LEFEVRE47 dit à ce sujet : « le
changement est au fond associĂ© Ă lâidĂ©e de progrĂšs et de marche en avant ».
Note mĂ©thodologique : lâannexe III synthĂ©tise lâensemble des forces, faiblesses, risques et
opportunités relatifs aux différentes parties de ce diagnostic, élaborés selon la méthode
dâanalyse SWOT. Cet outil permet dâĂ©tudier une organisation et de comparer les Ă©lĂ©ments
du diagnostic afin dâen faire ressortir des points stratĂ©giques. Aussi un renvoie en annexe
sera proposĂ© Ă chaque fin de partie, invitant le lecteur Ă sây rĂ©fĂ©rer.
2.1.2 Questionnement autour de la dynamique de ressources humaines
Dans cette partie je souhaite aborder les ressources en personnels ainsi que
lâaccompagnement au changement proposĂ© dans le cadre de la rĂ©organisation prĂ©vue.
158 travailleurs handicapés sont accompagnés par 16 équivalents temps plein (ETP)
moniteurs dâateliers (MA) et 3 ETP moniteurs principaux, lâensemble des Ă©quipes des
deux ESAT représentant 30.50 ETP. Un service administratif est également présent ainsi
quâune assistante de service social et une psychologue, toutes deux Ă mi-temps sur les
deux Ă©tablissements. Lâannexe IV permet de mieux se reprĂ©senter la rĂ©partition des ETP.
En ce qui concerne lâĂ©quipe de Direction, je collabore avec deux chefs de services qui
managent leurs Ă©quipes respectives. NĂ©anmoins, cette organisation favorise les clivages
entre les deux ESAT tant au niveau du personnel quâau niveau des travailleurs. Les
rĂ©unions de direction nous permettent dâaborder et de valider ensemble toute dĂ©cision
concernant le management dâĂ©quipe, la production, lâaccompagnement des travailleurs.
Jâai dĂ©lĂ©guĂ© aux chefs de service, lâorganisation fonctionnelle des ateliers productifs.
Nous avons estimĂ© important, en rĂ©union de direction, dâharmoniser les pratiques des
deux chefs de services. Aussi, des temps dâĂ©changes sont actĂ©s lors des rĂ©unions
fonctionnelles et lors de certains repas ou manifestations afin de créer du lien avec les
Ă©quipes.
Nous sommes réguliÚrement en lien avec le siÚge en ce qui concerne la RH et la gestion
financiÚre. Dans le cadre de la mutualisation totale des activités, des réunions sont mises
en place auxquelles lâensemble de lâĂ©quipe de direction est associĂ©e.
47 LEFEVRE P., op. cit. P. 134
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 29 -
Au niveau des Ă©quipes dâencadrement, lâensemble des MA est titulaire Ă minima dâun
Certificat de Branche Moniteur d'Atelier (CBMA) ou Certificat de Qualification aux
Fonctions de Moniteur d'Atelier (CQFMA, ancienne appellation). Quatre ont fait une
formation dâĂ©ducateur technique spĂ©cialisĂ© (ETS) dont un, chef de service de lâESAT A, a
poursuivi avec le Certificat d'Aptitude aux Fonctions d'Encadrement et de Responsabilité
d'Unité d'Intervention Sociale (CAFERUIS). Les deux établissements ayant ouvert avec
17 ans dâĂ©cart, certaines disparitĂ©s sont constatĂ©es :
Tableau n°2 : Age et ancienneté du personnel
Les moniteurs dâatelier sont en poste depuis
environ 15 ans sur lâESAT A, 22 ans pour le plus
ancien. La diffĂ©rence dâĂąge est marquĂ©e sur les 2
ESAT avec une moyenne de 38.72 ans chez les
moniteurs dâatelier de lâESAT B. Une Ă©quipe moins
ancienne ayant mis en place la démarche de
reconnaissance des savoirs faire et des compĂ©tences des travailleurs sur lâatelier
restauration et partie prenante dans le travail de plan dâamĂ©lioration continue de la qualitĂ©
instauré depuis la fin des évaluations internes et externes. La mutualisation semble une
suite logique au regard des Ă©volutions en cours dans le secteur. Deux moniteurs dâatelier,
récemment diplÎmés, étaient informés de ces évolutions. La démarche, débutée en 2017
au niveau des espaces verts, a Ă©tĂ© bien accueillie par lâensemble de cette Ă©quipe48.
A contrario, les MA en espaces verts de lâESAT A prĂ©sentent une augmentation des
absences liĂ©es Ă la maladie sur les trois derniĂšres annĂ©es. LâannĂ©e 2017 est la plus
significative avec une augmentation de 21% de lâabsentĂ©isme. Sur cette mĂȘme annĂ©e, fait
dâordinaire exceptionnel, trois accidents du travail ont eu lieu. Cela montre un certain
Ă©puisement professionnel.
Ici, lâĂąge et lâanciennetĂ© sont plus marquĂ©s. Il y a peu de turn-over. Cette Ă©quipe est
installée dans des habitudes de travail, une organisation immuable au fils des années. La
création du pÎle espaces verts a essuyé des contestations et des résistances du fait du
48 MinistÚre du travail, des relation sociale, de la famille, de la solidarité et de la ville, Décret n°
2009-565 du 20 mai 2009 relatif Ă la formation, Ă la dĂ©marche de reconnaissance des savoir-faire et des compĂ©tences et Ă la validation des acquis de l'expĂ©rience des travailleurs handicapĂ©s accueillis en Ă©tablissements ou services d'aide par le travail, [en ligne] journal officiel n°0118 du 23 mai 2009, [consultĂ© le 23 mars 2018] disponible sur internet : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020645029&categorieLien=id Les travailleurs handicapĂ©s bĂ©nĂ©ficient dâun accompagnement de lâESAT pour la formation et lâacquisition de titres, reconnaissant leurs savoirs faire Ă travers leur travail. Cela leur permet de sâinscrire dans un parcours de professionnalisation, la VAE Ă©tant lâune des possibilitĂ©s. Cette dĂ©marche nĂ©cessite un travail de la part des moniteurs dâatelier de lâESAT, la formation Ă lâaccompagnement et lâĂ©valuation des candidats.
personnel ESAT A
ESAT B
moyenne dâĂąge du personnel
48.8 42.3
moyenne dâĂąge des MA
46.36 38.72
ancienneté du personnel
16.75 10.30
ancienneté des MA 14.50 10.20
- 30 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
dĂ©mĂ©nagement de lâactivitĂ©. Le plan dâamĂ©lioration continue de la qualitĂ© est vĂ©cu comme
une contrainte: sur lâannĂ©e 2017 le chef de service a rappelĂ© au personnel que les
réunions se passent sur le temps de travail et requiÚrent la présence des membres de
lâĂ©quipe, trois moniteurs ont Ă©taient absents pour raisons mĂ©dicales lors de plusieurs
rĂ©unions, une rĂ©union sâest terminĂ©e sur un dĂ©saccord important entre les deux Ă©quipes
dâespaces verts quant au mode dâorganisation des chantiers.
Aussi, je prĂ©vois dâassocier le service RH dans cette rĂ©organisation, de prendre en
compte les éléments liées à la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences
(GPEC) : plan de formation, entretiens individuels... afin dâen faire un levier de
changement. La GPEC49 est « la conception, la mise en Ćuvre et le suivi de politiques et
de plans dâactions cohĂ©rents : -visant Ă rĂ©duire de façon anticipĂ©e les Ă©carts entre les
besoins et les ressources humaines [âŠ] en fonction de son plan stratĂ©gique [âŠ] en
impliquant le salariĂ© dans le cadre dâun projet dâĂ©volution professionnelle ». Cette
dĂ©finition de la GPEC est Ă mon sens reprĂ©sentative du dĂ©sir dâune montĂ©e en
compétences des salariés dans une optique de changement organisationnel. Ayant
demandĂ© les perspectives de dĂ©parts en retraite et lâĂ©tat des formations au service RH,
jâai une vision des dĂ©parts prĂ©visionnels sur cinq ans Ă compter de 2019, annĂ©e de
signature du CPOM, ainsi que les perspectives de formation. Outre les formations
obligatoires et collectives, des formations diplÎmantes sont sollicitées.
Les tableaux ci-aprĂšs laissent entrevoir lâopportunitĂ© Ă plus ou moins long terme de cinq
dĂ©parts indiquant un potentiel remaniement des fonctions de lâĂ©quipe de direction lors de
la mutualisation avec la visée de deux diplÎmés CAFERUIS et la perspective du départ en
retraite dâun chef de service.
Tableau n° 3 : prévisionnel départs sur 5 ans
ES
AT
A
-1 homme dâentretien
-1 moniteur dâatelier
-1secrétaire
2021
2019
2019 ES
AT
B
-1 moniteur dâatelier
-1 moniteur dâatelier
2020
2022
Tableau n° 4 : état des formations
Formations se
terminant en 2017 sur
les deux ESAT
- 1MA en formation ETS (CIF) - 1 chef de services en formation CAFERUIS - 1 moniteur dâatelier en formation CBMA
Formations demandées pour 2018
sur les deux ESAT
- 1 demande de formation ETS (CIF) :1 monitrice dâatelier, responsable des projets individuels.
- 1 demande de formation CBMA dâun moniteur dâatelier
49
CARLEUX F, DEBIEUVRE P, 2011, Direction(s) hors série N° 6, batir une GPEC, Thiron, édition Direction(s) 135pages, p. 20
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 31 -
Ainsi la mutualisation des moyens humains prend tout son sens dans le cadre de ce
projet et permettra une réorganisation non seulement des services, mais aussi des postes
de cadres afin dâapporter une nouvelle dynamique.
Jâentrevois diffĂ©rents enjeux. Dâabord en termes de management dâĂ©quipe et de gestion
des ressources humaines, oĂč il sera primordial Ă la fois, de dynamiser lâĂ©quipe pour
amorcer le changement et dâapaiser le climat social, en tension depuis lâannonce de la
mutualisation.
Un autre enjeu pour moi en tant que directrice dâĂ©tablissement ; est dâassurer une
cohĂ©sion dans lâĂ©quipe de direction, visant Ă nous adapter aux changements, Ă ĂȘtre en
conformité avec les politiques publiques et élaborer des stratégies cohérentes, me
permettant de piloter lâESAT dans sa globalitĂ©.
Lâimportance de la communication dans lâorganisation du changement
Jâenvisage le changement comme un progrĂšs, un mouvement non subit, comme un levier
amenant des questionnements et la mobilisation des Ă©quipes. P. LEFEVRE affirme :
«Changer50 câest anticiper, se prendre en charge, agir sur le dĂ©terminisme et faire de
lâincertitude un moyen de mobilisation et de transformation. », « le changement51 vient
tester la résistance humaine et sociale, il vient perturber des équilibres conscients et
inconscients, des positions ou des comportements acquis et reproductibles. »
Nous avons démarré la démarche de mutualisation des services par les ateliers espaces
verts en 2017. Pour préparer ce changement et lui donner une dimension institutionnelle,
la Directrice gĂ©nĂ©rale a organisĂ© une rĂ©union avec lâensemble du personnel.
Le chef de service de lâESAT B et certains MA Ă©taient absents (congĂ©s, arrĂȘt maladie..).
Aussi, la communication a Ă©tĂ© biaisĂ©e par lâabsence de certains et le relais de
lâinformation par dâautres. La communication informelle a pris le relais et en quelques
semaines, cette mutualisation des espaces verts a créé angoisses, stress, inquiétudes et
résistances dans le personnel.
Les réunions fonctionnelles suivantes ont permis de rétablir les objectifs de cette
mutualisation pour les aborder ensuite avec les travailleurs de maniĂšre plus sereine.
Néanmoins, ces étapes ont été chronophages et nous avons dû affronter des tensions.
Dans le cadre de sa formation CAFERUIS, le chef de service de lâESAT A, a Ă©laborĂ© six
mois plus tard, un questionnaire Ă destination des moniteurs de ce pĂŽle. Les constats
principaux montrent : des équipes investies et motivées, ayant intégré la nécessité de
mutualisation des activités. Des regrets quant à la phase préparatoire et les
conséquences sur la communication avec les ouvriers.
50 LEFEVRE P. op. cit., P. 134
51 LEFEVRE P. op. cit, P. 135
- 32 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Lâenjeu que je dĂ©gage ici en termes de communication avec les Ă©quipes se situe dans le
partage de lâinformation, des axes stratĂ©giques visant lâaccompagnement aux
changements. Aussi cela conforte la nĂ©cessitĂ© de concevoir et mettre en Ćuvre un plan
de communication efficient.
Une culture commune aux deux ESAT ? une rencontre difficile
La culture dâentreprise52 « englobe lâensemble des systĂšmes de repĂšres conventionnels
tacites [âŠ] qui guident le comportement des agents » «La culture dâentreprise est plus
que de lâinformation partagĂ©e : Ă travers des pratiques et des habitudes de pensĂ©e
partagĂ©es, elle fournit la mĂ©thode, le contexte, les valeurs, et le langage dâapprentissage
et dâĂ©volution des compĂ©tences individuelles et de groupe ».
Ainsi les cultures dâentreprise de lâESAT A et de lâESAT B se diffĂ©rencient par leurs
historiques, publics et personnels. Chaque établissement a évolué différemment, sans
lien avec lâautre. Si le souhait de la gouvernance est de regrouper les activitĂ©s des deux
ESAT et les diviser en pĂŽles dâactivitĂ©s, la notion de culture commune est importante. Or,
je constate quâil nâest pas aisĂ© de mettre en commun les deux cultures. Pour exemple, la
nouvelle dynamique du pĂŽle espaces verts implique le partage, la redistribution des rĂŽles
et tùches, un remaniement des équipes mélangeant celles existantes sous forme de
volontariat. Il existe encore, un an aprĂšs, une certaine forme de scission entre les Ă©quipes
de travailleurs de lâESAT A et B. Chez les moniteurs dâatelier, la rĂ©gulation est faite par le
moniteur principal qui note une bonne participation et une dynamique dâĂ©quipe, mais
quelques tensions peuvent apparaitre quant Ă lâorganisation sur les chantiers respectifs.
Ainsi il semble important de fĂ©dĂ©rer les Ă©quipes, de parler dâun ESAT, dâune Ă©quipe afin
de créer une dynamique commune.
Lâenjeu est ici en termes de management autant pour les Ă©quipes que les travailleurs
handicapĂ©s. Nous devons faire Ă©voluer lâorganisation par la mise en commun des deux
cultures en valorisant autant que possible les compétences des travailleurs de chaque
Ă©quipe. Le fait de « mixer » les Ă©quipes sur la base du volontariat nâest peut-ĂȘtre pas
suffisant ; je demande au chef de service et au moniteur principal de réfléchir à une autre
organisation des Ă©quipes dâespaces verts permettant Ă chacun de trouver une place dans
cette organisation. Au-delĂ de ce pĂŽle, cette dĂ©marche sera Ă gĂ©nĂ©raliser Ă lâensemble
des Ă©quipes afin dâamener les moniteurs dâatelier Ă sâadapter aux Ă©volutions du secteur.
Le projet dâĂ©tablissement me parait lâoutil adaptĂ© pour ce faire.
52 COHENDET P, DIANI M, 2003, « Lâorganisation comme une communautĂ© de communautĂ©s
croyances collectives et culture dâentreprise », Revue d'Ă©conomie politique, Vol. 113, p. 697-720. P. 713
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 33 -
Une faiblesse dans lâorganisation
Lors dâune rĂ©union fonctionnelle, il mâa Ă©tĂ© rapportĂ© la difficultĂ© des Ă©quipes Ă travailler
avec 2 chefs de services. La situation des MA en espaces verts est singuliĂšre. Les deux
Ă©quipes anciennement dĂ©pendantes de lâESAT B sont aujourdâhui sous la gestion
technique dâun moniteur principal (ESAT A) et hiĂ©rarchique dâun nouveau chef de service
(ESAT A). Cette nouvelle configuration est difficile à appréhender : « on sait plus à qui on
doit se rĂ©fĂ©rer53, une fois câest lâun qui fournit les plannings, une fois câest lâautre qui vient
les modifier ». Ce sentiment dâincomprĂ©hension se gĂ©nĂ©ralise Ă lâensemble des Ă©quipes
courant 2017. Si dans lâESAT B la configuration dâun pĂŽle amenait peu de changement,
dans lâESAT A, parallĂšlement Ă la crĂ©ation du pĂŽle espaces vert, la formation du chef de
service amenant des absences récurrentes. Le renforcement du rÎle du moniteur principal
par délégations de tùches a rajouté une composante : une interface dans la
communication quotidienne amenant un certain « flou ».
Par ailleurs, la faiblesse de cette organisation rĂ©side dans lâabsence de gestion du service
social. Pour accompagner les travailleurs dans leurs projets liĂ©s Ă lâinsertion
professionnelle une monitrice dâatelier est dĂ©tachĂ©e du temps de production pour exercer
au service social sur un temps partiel. Le chef de service me fait part du fait que ce
roulement nâest plus nĂ©cessaire au regard de lâorganisation en pĂŽle dâactivitĂ©, de la
prĂ©sence quotidienne dâun moniteur dâatelier et de lâacquisition des compĂ©tences des
travailleurs du pĂŽle mise Ă disposition, les rendant quasi autonomes.
Cette derniĂšre prend une place particuliĂšre Ă mi-chemin entre la production et le travail
social. Or, cette organisation ne me satisfait pas car lâaccompagnement est morcelĂ©, sans
repÚres et sans coordination. Il y a là un risque identifié de perte de qualité dans
lâaccompagnement proposĂ©.
De plus, lors de plusieurs réunions fonctionnelles, des salariés se sont exprimés de
maniÚre négative concernant cette organisation, ne comprenant pas le bien fondé des
nouvelles attributions de cette personne. Lors de son entretien professionnel, elle exprime
un manque de légitimité mais une détermination et une motivation pour suivre la formation
ETS et gagner en compĂ©tences. LâopportunitĂ© du financement de sa formation par un
congĂ© individuel de formation (CIF) fait quâelle dĂ©butera en 2018. Il est ici impĂ©ratif de
lĂ©gitimer le rĂŽle de ce personnel, et dâencadrer les missions de chaque personnel
notamment au service social.
Dans le cadre de la mutualisation, une nĂ©cessaire redistribution des missions va sâopĂ©rer
entre les chefs de services. Je vois la possibilité de déléguer certaines tùches et
53 Monsieur M, moniteur dâatelier au pĂŽle espaces verts, rĂ©union fonctionnelle de mars 2017
- 34 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
responsabilitĂ©s Ă cette monitrice dâatelier, permettant ainsi de lĂ©gitimer sa place dans
lâĂ©quipe, dans le suivi des projets individuels et la valorisation des compĂ©tences des
travailleurs handicapĂ©s. Ce projet demande Ă ĂȘtre Ă©laborĂ© et dĂ©veloppĂ©. Cette salariĂ©e en
est partie prenante.
Lâenjeu managĂ©rial est fort en termes dâaccompagnement des Ă©quipes Ă lâĂ©volution de
lâorganisation afin de limiter le risque de rĂ©sistance aux changements. Je demande Ă
lâensemble de lâĂ©quipe de direction de faire preuve de cohĂ©sion avec un projet de
direction, traduit auprĂšs des Ă©quipes, visant Ă rassurer et rassembler le personnel.
Je vous invite Ă aller consulter le SWOT de cette partie en annexe III.
2.1.3 Budget, la particularitĂ© des ESAT : risques et points dâamĂ©lioration liĂ©s Ă la
productivité
Les ESAT bĂ©nĂ©ficient dâune double tarification. VersĂ© jusquâen dĂ©cembre 2016 par lâARS
sous forme de dotation globale, le budget principal de lâactivitĂ© sociale (BPAS) est
aujourdâhui versĂ© par lâassurance maladie. Il permet le paiement des frais dâencadrement
et de soutiens.54 A ce propos, les derniÚres circulaires recommandent des « efforts de
rationalisation de la gestion des ESAT55 » prĂ©cisant la nĂ©cessitĂ© de plafonner des tarifs Ă
la place. Lâoptimisation des dĂ©penses est recherchĂ©e par une mise en cohĂ©rence des
performances des Ă©tablissements au regard des attendus des politiques publiques.
LâESAT bĂ©nĂ©ficie Ă©galement dâun budget annexe de production et de commercialisation
(BAPC), complĂ©tĂ© par lâagence de service et de paiement (ASP) qui verse lâaide au poste.
Il permet la rĂ©munĂ©ration des travailleurs handicapĂ©s et les investissements liĂ©s Ă
lâactivitĂ©, « le paiement des charges sociales et fiscales, des achats de matĂ©riel destinĂ© Ă
la production56) ». Or, depuis plusieurs annĂ©es, le chiffre dâaffaire de lâESAT permet de
combler le BPAS qui ne couvre ni les augmentations de masse salariale, ni les cotisations
de prĂ©voyance et de formation des travailleurs. Cela est vrai pour lâensemble des
Ă©tablissements et impacte la vision de la dirigeance quant au profil des travailleurs
accueillis. Comme cité en partie 1, il y a un risque important de dérives vers une
surproduction visant Ă augmenter le chiffre dâaffaire au dĂ©triment de lâaccompagnement
des travailleurs et un risque de sĂ©lection Ă lâintĂ©gration de nouveaux profilsâŠ
54 Rapport OPUS 3, op. cit. p. 13
55 MinistĂšre du travail, de lâemploi et de la santĂ©, MinistĂšre de lâĂ©ducation nationale de la jeunesse
et de la vie associative, MinistĂšre de la solidaritĂ© et de cohĂ©sion sociale, MinistĂšre de la ville, ministĂšre des sports, Circulaire n° DGCS /SMS3b/2011/260 du 24 juin 2011 relative Ă la campagne budgĂ©taire des Ă©tablissements et services dâaide par le travail pour lâexercice 2011[en ligne] disponible sur internet : http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2011/07/cir_33402.pdf 56
Rapport OPUS 3 op. cit. p. 13
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 35 -
Le directeur administratif et financier de lâassociation a mis en lumiĂšre la nĂ©cessitĂ© de
faire des Ă©conomies, les deux Ă©tablissements Ă©tant en dĂ©ficit dâannĂ©es en annĂ©es sur le
BPAS. (Cf./ annexe V). Pour exemple, en fin dâexercice 2017 : - 40715⏠pour lâESAT A et
- 8534.18⏠pour lâESAT B. En cause principalement le groupe II : masse salariale
supérieure au budget accordé.
En prévision du passage en CPOM en 2019, la Direction Générale a initié dans ses
établissements une démarche de mutualisation des services visant une économie de
moyens humains, financiers et techniques.
En ce qui concerne les 2 ESAT, il est question de mutualiser dans un premier temps les
ateliers productifs. Aussi, je mâattarderai plus sur la production dans ce diagnostic.
Je donne ici un graphique en pourcentage du chiffre dâaffaire de lâensemble des ateliers
des deux ESAT permettant de rendre compte du poids financier de chaque atelier. En
annexe V se trouve un comparatif chiffré par ateliers entre 2016 et 2017.
Graphique n°1 :Chiffre dâaffaire
LâESAT a globalement de bons rĂ©sultats et se distingue notamment par les ateliers
cuisine/traiteur qui représente 36.75% du CA.
Un des points forts réside dans la mutualisation des ateliers espaces verts
(21.66% du chiffre dâaffaire) ayant eu lieu en 2017. Outre le bĂ©nĂ©fice de 62812⏠par
rapport Ă lâexercice 2016, des Ă©conomies importantes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es en 2017. Dâun
montant de de 71154⏠elles sont explicitées en annexe VII.
Un point de vigilance pour lâactivitĂ© tri postal qui, malgrĂ© la mobilisation dâun
nombre important de travailleurs (28), ne rĂ©alise que 3.48% du chiffre dâaffaire (CA). Un
CA en baisse dâannĂ©e en annĂ©e liĂ© Ă la baisse dâactivitĂ© de notre seule client, constitue un
risque potentiel pour cette activité. Les travailleurs de cet atelier nécessitent des postes
adaptĂ©s. La plupart ont besoin dâĂȘtre assis, certains sont Ă mi-temps pour des questions
de fatigabilitĂ©. La majoritĂ© des travailleurs prĂ©sente des difficultĂ©s importantes, câest
pourquoi ce travail de tri rĂ©pĂ©titif et de rangement sur un rythme rĂ©gulier correspond Ă
leurs capacités. Aussi, cette activité étant adaptée à une partie importante de notre public,
il est difficile dâenvisager de la supprimer. NĂ©anmoins, si certaines pĂ©riodes sont propices
22% 3%
3%
6%
6%
37%
5% 3%
11% 4% chiffre d'affaire
pĂŽle espaces vertstri postalcouture/sacsimprimerieentretien des locauxcuisine /traiteurpatisseries/chocolatsrepassagecafeteria
- 36 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Ă des flux de courriers (fĂȘtes, avis dâimpositionâŠ), dâautres pĂ©riodes sont plus calmes
amenant bien souvent des travailleurs Ă ĂȘtre inoccupĂ©s. Ce point est soulevĂ© en Conseil
de la Vie Sociale (CVS) par des travailleurs se plaignant dâennui et dâinactivitĂ©. Une
restructuration de cet atelier parait nécessaire.
Un point dâamĂ©lioration pour les ateliers couture et repassage, reprĂ©sentant
respectivement 3.06% et 2.76% du CA. Le chiffre dâaffaire est encourageant si lâon prend
en compte la taille et lâeffectif des ateliers. Un potentiel est identifiĂ© sur ces deux activitĂ©s
(cf annexe VIII) mais lâorganisation actuelle entrave un Ă©ventuel dĂ©veloppement. Aussi un
regroupement de ces activités permettrait de dégager du temps et des moyens humains
pour accroitre la production et développer le show-room peu investi actuellement.
Lâenjeu qui se dĂ©gage ici est dâordre Ă©conomique, il dessine les contours dâune nĂ©cessitĂ©
relative Ă la mise en Ćuvre du projet : celle de lâĂ©quilibre budgĂ©taire.
2.2 Etat des lieux de lâoffre de service au regard des nouveaux
besoins du public
Pour cette partie je mâappuie essentiellement sur lâĂ©valuation externe pour en extraire des
donnĂ©es chiffrĂ©es, ainsi que sur le projet dâĂ©tablissement, lâĂ©tude des projets individuels,
les rapports dâactivitĂ© des deux ESAT, ainsi que des entretiens semi-directifs.
2.2.1 Données concernant le public accueilli
Quelques données statistiques concernant le public accueilli sur les deux
ESAT
Le rapport dâactivitĂ© 2017 donne des prĂ©cisions sur le public accueilli. Sont prĂ©sents sur
lâensemble des deux Ă©tablissements, 158 travailleurs handicapĂ©s rĂ©partis comme suit :
69% dâhommes pour 31% de femmes. Quant aux types de handicaps prĂ©sentĂ©s par les
travaillerus des ESAT, le graphique suivant donne un apperçu :
graphique n°2 : pourcentage type de handicap
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 37 -
Ces éléments sont en concordance avec les données citées en partie I, avec une
prédominance de personnes présentant une déficience intellectuelles, nuancée par une
part importante du public présentant un handicap psychique soit environ 18%, dépassant
aujourdâhui les 16.26% de personnes prĂ©sentant des difficultĂ©s motrices, public pour qui
lâESAT A a Ă©tĂ© crĂ©Ă© Ă lâorigine. Un glissement de population donc plus hĂ©tĂ©rogĂšne.
Je note une diffĂ©rence marquĂ©e quant Ă la moyenne dâĂąge et lâanciennetĂ© des travailleurs
sur les deux Ă©tablissements :
Tableau n° 5 : ancienneté des travailleurs :
Tableau n°6 : moyenne dâĂąge
moyenne dâĂąge ESAT A ESAT B
18-25 ans 25% 25%
26- 40 ans 35% 50%
41- 50 ans 25% 19%
51-60 ans 15% 6%
Je situe globalement une population jeune ayant moins de problĂ©matiques liĂ©es Ă lâĂąge,
qui peut ĂȘtre dans une dynamique de projet professionnel. Au sein de lâESAT B 50% des
travailleurs ont de 26 Ă 40 ans, une tranche dâĂąge oĂč nous considĂ©rons quâils ont acquis
une certaine maturitĂ© et oĂč nous constatons en croisant avec les projets individuels une
plus grande demande liĂ©e Ă lâinsertion professionnelle.
Sur le plus ancien Ă©tablissement, lâESAT A, je note que 15% des travailleurs ont plus de
50 ans, et 43% travaillent Ă lâESAT depuis plus de 20 ans. Sur lâESAT B, les travailleurs
sont majoritairement présents depuis moins de 10 ans ayant moins de 40 ans. Cela se
justifie de par lâĂąge de lâESAT et par un turn-over important des ouvriers.
Les donnĂ©es du service social me permettent de me concentrer sur les sorties dâeffectif.
Le Tableau ci-aprĂšs est reprĂ©sentatif des sorties dâeffectif sur plusieurs annĂ©es :
Tableau n°7 : Causes de sortie d'effectif de l'ESAT A et B
causes de sortie dâeffectif ESAT A ESAT B
inadaptation de lâĂ©tablissement
40.47% dont : 32.71% raison médicale ou invalidité
52.34% dont : 48.71% raison médicale ou invalidité
emploi en milieu ordinaire 2.1% 1.04%
DĂ©cĂšs 6.1% 0
RĂ©orientation en foyer de vie 23.85% 4.23%
Changement de région ou département
16.04% 12.68%
Retraite 2,38% 0
retour Ă domicile sans explications
9.06% 29.67%
ancienneté ESAT A ESAT B
depuis 5 Ă 10 ans 20% 75%
depuis 11 Ă 15 ans 20% 25%
depuis 16 Ă 20 ans 17% 0
depuis 21 Ă 25 ans 30% 0
depuis 26 Ă 30 ans 10% 0
depuis 31 Ă 36 ans 3% 0
- 38 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
ESAT A : depuis lâouverture en 1980, nous comptabilisons 84 sorties dâeffectifs. Cela est
peu au regard de lâĂąge de lâĂ©tablissement (38 ans) soit une moyenne de 2.2 dĂ©parts par
ans. LâĂ©tude montre une Ă©volution dans les besoins des travailleurs handicapĂ©s : santĂ©,
Ă©volution des pathologies, vieillissement ou encore orientation inadaptĂ©e âŠ
ESAT B : depuis lâouverture en 1997, nous comptabilisons 71 sorties dâeffectifs. Soit une
moyenne de 3.38 dĂ©part par ans sur 21 ans. A la diffĂ©rence de lâESAT A,
lâaccompagnement a Ă©tĂ© plus difficile Ă maintenir du fait de problĂ©matiques liĂ©es aux
troubles psychiques et addictions au sein de cet Ă©tablissement. Aussi, lâadaptation au
poste de travail demandant une assiduitĂ© et un comportement au travail ainsi quâun
rythme soutenu, certains ouvriers ont quittĂ© lâĂ©tablissement. En effet, lâĂ©volution des
besoins des travailleurs handicapés se situe sur le versant des accompagnements de
type « soins ». Le nombre de retour au domicile sans explication mâinterpelle. Toutefois, il
semble en corrĂ©lation avec les caractĂ©ristiques dâun public porteur dâhandicap psychique.
Il ressort globalement une difficulté à accompagner les demandes liées aux soins, ces
derniĂšres relevant plus dâun changement dâorientation. Mais, si je croise ces donnĂ©es
avec les projets individuels, en recentrant sur mon objet dâĂ©tude, je me rends compte dâun
« fossĂ© » entre les souhaits dâaccompagnement liĂ©s au milieu ordinaire de travail
(présents dans 68% des projets individuels) et le nombre de personnes orientées. Cela
mâinterroge quant Ă la qualitĂ© de lâaccompagnement proposĂ© au-delĂ des activitĂ©s et la
faisabilité de cette orientation en milieu ordinaire, car il y a le désir des travailleurs, ce
quâils veulent faire, et leurs capacitĂ©s au travail, ce quâils peuvent faire, en lâoccurrence
répondre aux exigences du milieu ordinaire.
Nous le verrons plus loin, le travail dâaccompagnement social tient une place importante
au sein des Ă©tablissements mais ne serait-il pas pertinent dâĂ©valuer notre
accompagnement sur le versant professionnel ?
Etude des Projets individuels
Je choisis dâĂ©tudier les statistiques rĂ©alisĂ©es Ă partir des projets individuels de 2017 sur
lâensemble des travailleurs des 2 ESAT. Ces donnĂ©es sont prĂ©cieuses car elles relatent
les demandes des travailleurs, mais je constate quâune grande majoritĂ© des projets est
peu accompagnĂ©e. Lâensemble des projets individuels ne se situent pas sur un seul
domaine et peut revĂȘtir Ă la fois une forme « professionnelle » et une autre plus tournĂ©e
vers le soin ou lâaccompagnement social.
Lâassistante de service social ayant Ă©tudiĂ© les projets individuels (PI) explique : « on est
face Ă une confrontation de 2 publics lâun plus ancien prĂ©sentant une dĂ©ficience
intellectuelle, pour qui lâESAT apporte un Ă©quilibre et dont les demandes vont se situer
plus sur la prise en compte de leur fatigabilitĂ©. Pour eux lâaccompagnement est global.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 39 -
Vient ensuite un public plus récent, jeune, qui présente de bonnes capacités cognitives.
Ils nâont pas besoin de lâESAT pour avoir une vie sociale, et nous sommes vite limitĂ©s
dans ce que nous pouvons proposer au niveau professionnel ».
Le graphique suivant montre que 65% des projets individuels sont tournés vers la
professionnalisation regroupant bien entendu le désir de travailler en milieu ordinaire ou
de sâen approcher par le biais des stages et mises Ă disposition, mais aussi par la
démarche RSFC et VAE.
Graphique n°3 projets individuels
A ce constat, la psychologue explique : « la différence est aussi marquée par des
capacités intellectuelles différentes. Pour certain, la possibilité de passer une RSFC est
un tremplin pour accéder potentiellement au milieu ordinaire. Ce qui peut entraver ce
projet vient plus du comportement et de lâattitude au travail. »
La dĂ©marche RSFC est progressive et ne concerne quâune partie des ouvriers. En 2017,
8 travailleurs ont passé un certificat. 12 autres sont prévus en 2018.
En ce qui concerne la mise Ă disposition, elle sâeffectue de maniĂšre collective, en
entreprise. Il y a peu de turnover étant donné les activités proposées. Aussi, je
mâinterroge sur les moyens Ă mettre en Ćuvre pour permettre aux travailleurs de se
confronter au milieu ordinaire de travail et dây trouver un sens.
Concernant lâESAT B, les PI sâorientent majoritairement sur lâaspect professionnel. Cela
confirme les précédentes données : un public plus jeune, globalement moins ancien,
ayant de bonnes capacités à travailler et une image valorisante du milieu ordinaire. Je
constate sur lâESAT A, les mĂȘmes demandes de nouveaux arrivants.
Le chef de service de lâESAT B Ćuvre depuis plusieurs annĂ©es sur la recherche de
partenariats avec les entreprises locales. Essentiellement basées sur la restauration, les
activitĂ©s de lâESAT B imposent un rythme de travail soutenu similaire Ă celui en milieu
ordinaire : «A la cafeteria ils sont sollicitĂ©s en permanence, ils sont soumis au mĂȘme
stress, aux mĂȘme exigences que les restaurateurs du milieu ordinaire. Le public que nous
accueillons est jeune et dynamique, câest un plus. »
22
43
8
37
58
43
4
emploi stage en milieu ordinaire
mise Ă disposition
mi-temps
soins
loisirs
soutien social
réorientation
projets individuels en pourcentage
- 40 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Parmi les projets individuels tournĂ©s vers lâemploi certains sont axĂ©s sur les objectifs de
mutualisation des activitĂ©s : 43% dĂ©sirent se former sur dâautres ateliers ,26% demandent
un changement de poste liĂ© au showroom et Ă lâĂ©largissement possible de ses activitĂ©s.
Ainsi, je note une responsabilisation des ouvriers, un intĂ©rĂȘt et un certain engagement
notamment dans les perspectives annoncées pour le showroom. Ce dernier est un grand
magasin de sacs et cabas fabriquĂ©s sur place. Lâespace restant inexploitĂ© permettant de
crĂ©er dâautres espaces de ventes ou de dĂ©coration, les travailleurs ont proposĂ© (via des
boites Ă idĂ©e dans lâĂ©tablissement) de dĂ©corer le showroom pour le dynamiser et vendre
Ă©galement dâautres productions liĂ©es Ă leurs travaux. Certains proposent des pancartes
publicitaires sur les compĂ©tences dĂ©veloppĂ©es en ESAT. Beaucoup dâidĂ©es donc Ă
étudier pour permettre aux travailleurs de se saisir de cet espace (qui représente la vitrine
de lâESAT) et pourquoi pas de le gĂ©rer. Ainsi, en mars 2017 je donne la possibilitĂ© aux
travailleurs de formaliser des groupes de travail sur la base du volontariat, visant
lâamĂ©lioration du showroom. 3 travailleurs sâinscrivent. Le chef de service a pris lâinitiative
de communiquer dans les ateliers de façon plus dynamique pour susciter lâinscription de 5
personnes supplémentaire.
Durant lâannĂ©e Ă©coulĂ©e et Ă lâoccasion de lâĂ©laboration des PI, nous avons interrogĂ© les
travailleurs handicapĂ©s sur la rĂ©organisation en pĂŽle dâactivitĂ©. Lâassistante de service
social a relevé que : 34% des travailleurs se disent inquiets de leur avenir et 11% disent
ne pas avoir compris en quoi consiste la mutualisation.
Cela montre un besoin important dâaccompagnement des travailleurs dans cette phase de
changement. Malgré une premiÚre communication opérée par le siÚge, il semblerait
quâune communication plus formalisĂ©e au sein des ateliers soit plus adaptĂ©e aux
travailleurs que nous accueillons. Cf annexe III : SWOT partie 2.2.1
2.2.2 Volet accompagnement social
Les deux établissements sont ouverts toute l'année en semi-internat de semaine. Les
travailleurs handicapés des deux établissements sont accompagnés durant leurs journées
de travail par des moniteurs d'atelier. Ils bénéficient également d'un accompagnement
psycho-social et d'un soutien professionnel.
La vision du directeur
Bien que lâessentiel de lâaccompagnement quotidien se fasse Ă partir du travail, cela ne
place pas la « production » avant le « social » mais vise au contraire lâacquisition de
compĂ©tences comme un tremplin. Les travailleurs ont dâailleurs une forte estime pour leur
travail. Lors de la prĂ©paration du tournage dâun documentaire ayant une visĂ©e de
communication pour lâassociation, jâai interrogĂ© de maniĂšre informelle certains travailleurs
et ainsi rĂ©coltĂ© des informations quant Ă lâimplication de ces derniers dans leur travail :
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 41 -
« Jâaime ce que je fais57. Il faut apprendre, pendant longtemps. Quand jây arrive, je suis
trĂšs content de moi, jâapprends un mĂ©tier. » Cela tĂ©moigne dâune certaine reconnaissance
et dâune valorisation. A ce propos, une autre jeune femme58 dit : « je fais la
reconnaissance des savoirs faire en espaces verts. Mon handicap ne me gĂȘne pas pour
travailler. » Lâobjectif de ce documentaire Ă©tant de valoriser les compĂ©tences
professionnelles des travailleurs de lâESAT, jâai particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© les propos de
Mlle C, mise Ă disposition dâune grande entreprise nationale : « qui peut voir mon
handicap ? Je travaille dans une grande entreprise, je croise plein de monde, je suis Ă
lâaccueil et je fais ça bien. Jâai des compĂ©tences qui sont plus importantes que mon
handicap et jâai pas peur de dire que je travaille pour lâESAT A. En plus câest faux, je
travaille pour moi. » Ces tĂ©moignages sont une vĂ©ritable force pour lâESAT, la preuve que
nous allons dans le sens dâune intĂ©gration rĂ©ussie pour les travailleurs.
Ainsi, quel que soit l'objectif individualisé de l'accompagnement, l'acquisition de
compĂ©tences techniques est visĂ©e. Le travail est utilisĂ© comme vecteur dâintĂ©gration,
c'est-Ă -dire que la mise en situation de travail et les apprentissages professionnels ont
pour objectif lâintĂ©gration du travailleur handicapĂ©. Les apprentissages se font sous forme
de formations, dâaccompagnements sur le poste de travail par le moniteur dâatelierâŠ. Ce
soutien professionnel est obligatoire et inclus dans le temps de travail en atelier. Jâinsiste
sur ce point qui me parait crucial dans lâaccompagnement des travailleurs en ESAT. Le
travailleur en ESAT nâest pas un ouvrier dâentreprise, ses capacitĂ©s de travail sont
moindres comme le souligne le Guide Néret59 des personnes handicapées. Néanmoins, il
travaille et acquiĂšre des savoirs techniques, lui permettant, Ă terme dâĂȘtre plus autonome
au niveau professionnel. Câest ainsi que je me positionne en tant que directrice
dâĂ©tablissement, dans une volontĂ© de conformitĂ© avec les missions des ESAT et les
recommandations60 des bonnes pratiques professionnelles. Tout ceci est une question
dâĂ©thique professionnel soulevĂ© par Agence Nationale de l'Evaluation et de la qualitĂ© des
Ă©tablissements et Services sociaux et MĂ©dico-Sociaux (ANESM) aujourdâhui intĂ©grĂ©e Ă la
Haute Autorité de Santé (HAS) ainsi que par le Sénat dans son rapport en 201561.
57 Monsieur V, travailleurs sur lâatelier pĂątisserie (chocolats fins)
58 Mlle I, travailleuse sur le pĂŽle espaces verts
59 Guide NERET, 2009, droit des personnes handicapées, Rueil Malmaison groupe liaison 479p.P.
100 60
ANESM, 2013, Adaptation de lâaccompagnement aux attentes et besoins des travailleurs handicapĂ©s en Esat, Recommandations des bonnes pratiques professionnelles, 90 p. 61
Rapport dâinformations fait au nom de la commission des finances op.cit.
- 42 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Une Ă©quipe pluridisciplinaire au service social
La garantie des droits et la participation des usagers sont instaurés ne serait-ce que par
les outils de la loi 2002-2. Au-delà du respect rÚglementaire, ils sont considérés par la
direction et les Ă©quipes comme des outils, des supports incontournables de
lâaccompagnement des usagers. Ils sont explicitĂ©s, adaptĂ©s en fonction des capacitĂ©s de
chacun et présentés sous des formes accessibles.
Ainsi, dĂšs lâentrĂ©e en ESAT lâassistante de service social, accueille et prĂ©sente la
personne Ă lâĂ©quipe. Un moniteur dâatelier rĂ©fĂ©rent est alors nommĂ© en atelier et
détermine avec elle à terme, un projet individuel, aprÚs évaluation des compétences.
Des réunions de projet (en présence du travailleur) sont organisées visant à préparer les
projets individuels de chaque ouvrier une fois par an et les revisiter si nécessaire. La
psychologue de lâĂ©tablissement se tient Ă disposition des travailleurs que ce soit pour des
demandes ponctuelles ou pour un suivi. Ainsi, il nây a pas de clivage entre une Ă©quipe
« sociale » et une Ă©quipe « production » ; lâensemble du personnel travaille dans le mĂȘme
sens pour garantir lâaccompagnement des travailleurs handicapĂ©s quâil soit opĂ©rĂ© par le
travail pour par un accompagnement plus social.
Les données recueillies présentés plus haut démontrent un accompagnement social par
une Ă©quipe pluridisciplinaire que je qualifierais de performant. Je peux Ă©tayer mon propos
par le rapport dâactivitĂ©s de lâassistante de service social. Ce dernier met en lumiĂšre les
actes professionnels réalisés auprÚs des travailleurs (accompagnements individuels et
collectifs, orientations, partenariats avec les services administratifs et de soins, données
chiffrĂ©esâŠ.). Par ailleurs, une enquĂȘte de satisfaction datant de 2016 fait Ă©tat de 84% de
satisfaction quant Ă lâaccompagnement mĂ©dico-social.
Jâen conclu un accompagnement social de qualitĂ© et prĂ©conise dâaccorder une autre
importance Ă lâaccompagnement ayant une visĂ©e professionnelle.
Les soutiens
LâĂ©quipe de direction impulse une dynamique donnant une place aux soutiens. Ces
derniers comprennent autant les activités immédiatement liées à la production (gestes et
postures, formations au poste, consignes de sĂ©curitĂ©,âŠ) que celles liĂ©es au suivi de
l'hygiĂšne corporelle et vestimentaire ; les stages internes et externes en entreprise ; la vie
en collectivité dans l'atelier; les apprentissages professionnels, dans l'objectif de se
rapprocher autant que possible des conditions dâune entreprise, mais aussi parce que les
activitĂ©s dĂ©veloppĂ©es par les deux ESAT supposent dâĂȘtre de plus en plus en contact
avec la clientÚle. AprÚs évaluation des compétences de chaque nouvel entrant, il lui est
proposĂ© un choix de formation en interne, en lien avec lâactivitĂ©. Les MA sont
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 43 -
responsabilisĂ©s et garants de lâacquisition de compĂ©tences par les travailleurs. La
psychologue intervient en appui technique.
Il est Ă noter que les ESAT ont un devoir de formation envers les ouvriers. Ainsi, la
formation interne ne suffit pas. Programmer des stages et modules de formation externes,
dispensés par des organismes, aprÚs recueil des besoins et demandes des usagers est
plus pertinent et engagent lâESAT ainsi que les travailleurs dans une dĂ©marche
dâapprentissage et de reconnaissance. Nous avons mis en place un partenariat
intĂ©ressant avec lâAFPA (organisme de formation) et lâUNIFAF (organisme financeur).
Ainsi, 8 travailleurs bénéficient déjà de la démarche RSFC.
Si je mâen rĂ©fĂšre Ă la loi travail62, cette dĂ©marche va dans le sens de lâemploi
accompagnĂ©. Un partenariat avec des structures proposant lâemploi accompagnĂ© sera
une valeur ajoutée pour nos services.
Concernant les soutiens extra professionnels, nous nous intéressons à la socialisation
globale des usagers et encourageons l'inscription à des activités ordinaires (type
sportives, loisirs, culturelles....). A ce titre, et sur justificatif, les travailleurs bénéficient
d'une autorisation dâabsence pour se consacrer Ă ces loisirs. Cela fait partie de leurs
projets individuels: (formations, accompagnement individuel, loisir, sport...) cette formule
recueille lâadhĂ©sion de 43 travailleurs pratiquant un sport, 17 autres de la musique...
Cette formule permet aussi Ă dâautres personnes de bĂ©nĂ©ficier dâun suivi par un
thérapeute ou des soins médicaux. : 22 personnes sont suivies de maniÚre accrue et en
lien avec la psychologue de lâESAT. En complĂ©mentaritĂ© de lâautonomie professionnelle,
l'autonomie dans la vie personnelle est également travaillée, notamment dans les
domaines du logement, de la mobilité et des démarches administratives. Ces
compétences sont travaillées en lien avec le service social qui suit de maniÚre plus
assidue 38 personnes. Ainsi, lâaccompagnement est globalisĂ© et permet aux travailleurs
dâavoir un Ă©tayage, de sâappuyer sur des professionnels qualifiĂ©s et soutenant dans
lâacquisition de leurs compĂ©tences.
Un partenariat développé
Nous mettons un point dâhonneur Ă dĂ©velopper un partenariat actif afin de pouvoir
apporter des réponses individualisées. Par exemple, aprÚs consultation du Conseil
d'Administration et de la Direction Générale, des passerelles entre établissements de la
62 LOI n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la
sécurisation des parcours professionnels [en ligne] journal officiel n°0184 du 9 août 2016, visité le 5 mars 2018, disponible sur internet : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032983213&categorieLien=id
- 44 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
mĂȘme association se mettent en place : les projets personnalisĂ©s sont Ă©tablis en
concertation avec le foyer dâhĂ©bergement et le SAVS ; des actions communes sont
menées ainsi que des mutualisations de moyen (travaux, journaux, formations...)
AprÚs un travail de communication sur plusieurs années avec les entreprises, clients,
fournisseurs, ces derniers sont sensibilisés aux missions premiÚres de l'établissement.
Ainsi, 11 conventions de partenariat ont été établies, à la fois pour accroitre la
reconnaissance de savoir faire des ouvriers, et pour offrir de plus amples opportunités de
débouchés en milieu ordinaire. A la faveur des contacts commerciaux avec les clients et
fournisseurs, il leurs est proposé de prendre des ouvriers en stage quand cela répond à la
pertinence d'un projet individualisé. Trois stages ont été effectués avec des retours
positifs bien que ne permettant pas Ă ce stade une orientation en milieu ordinaire ou une
embauche. Néanmoins, ces expériences valorisantes ont permis aux ouvriers concernés
de se projeter et de réévaluer leurs projets individuels. Je note aussi la réactivité de
lâĂ©quipe : la MA dĂ©tachĂ©e au service social a pris lâinitiative de la recherche de partenariat,
les MA référents ont engagé les démarches de stage. Cf annexe III : SWOT partie 2.2.2.
2.2.3 Volet production : positionnement stratégique des activités
En ce qui concerne les ateliers professionnels et commerciaux des deux ESAT, les
personnes sont réparties sur dix activités. (CF. annexe I)
Au regard de la précédente analyse je peux affirmer que les établissements sont ouverts
et évoluent avec les contraintes liées à leurs activités et leurs publics : financement,
partenariat, concurrence.... dans une démarche d'ouverture vers l'extérieur et de
communication. Les deux ESAT ont su créer un réseau autour des ouvriers et ont un
fichier de clientÚle rempli. Néanmoins, il est nécessaire de continuer à les développer
pour poursuivre la dĂ©marche. Dans le mĂȘme sens, la mutualisation des moyens, des
financements, des compétences... sera un moyen de répondre à ces évolutions.
Si je me réfÚre uniquement au poids financier des activités, cela limite mon analyse et
influence mes choix au regard des projets des travailleurs. Aussi, dans la phase de
diagnostic, je choisi de prendre en compte dans mon analyse, lâintĂ©rĂȘt de lâactivitĂ©, le bien
ĂȘtre des travailleurs, les projections possibles. Lâannexe VIII permet une lecture plus
complÚte des ateliers et des perspectives envisagées pour chacun. Trois principaux axes
se dessinent :
La poursuite de la création des différents pÎles par étapes : Le plus urgent étant à mon
sens le pÎle linge qui demande un travail de communication et de création important
nĂ©cessitant lâimplication des Ă©quipes autant que celle des travailleurs. Les activitĂ©s
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 45 -
repassage et couture fonctionnement mais ne sont pas valorisées. Les autres pÎles ne
nĂ©cessitant pas le mĂȘme investissement, seront crĂ©Ă©s par la suite, respectant ainsi la
temporalitĂ© des travailleurs. Ainsi la crĂ©ation des pĂŽles dâactivitĂ©s permettra aux diffĂ©rents
ateliers de travailler autant sur lâentraide et la communication, sur la formation des
travailleurs et la possibilité de recherche de marchés
Lâaspect commercial dĂ©coule de cette analyse et relĂšve notre incapacitĂ© matĂ©rielle et
humaine Ă vendre nos produits. Il manque aujourdâhui non seulement du personnel pour
faire un travail de communication, de recherche, de prospection, de vente mais aussi des
techniques commerciales. Une démarche plus offensive en termes de communication
externe devient impérative et indispensable.
La valorisation des compétences professionnelles des travailleurs handicapés est
recherchĂ©e dans les ateliers. Elle se met en place par lâĂ©valuation des compĂ©tences en
atelier, par les formations et les projets individuels. Cette démarche est aussi appuyée par
la démarche RSFC récemment engagée et doit se poursuivre pour une meilleure insertion
professionnelle des travailleurs. Mais au-delà de ces démarches qui demandent de
lâorganisation, que pouvons-nous proposer dans notre offres de services afin
dâaccompagner plus efficacement les travailleurs Ă aller vers le milieu ordinaire ? Cf
annexe III SWOT partie 2.2.3
2.3 Une problématique et des objectifs stratégiques co-construits
avec la dirigeance
⹠Expression de la directrice générale
La démarche de mutualisation des activités est co-construite avec la dirigeance et
lâĂ©quipe de direction. Lâannexe IX retrace lâexpression de la directrice gĂ©nĂ©rale quant Ă
cette mutualisation et ses perspectives lors dâun entretien en janvier 2018.
Les axes principaux se dégageant de cet entretien sont :
La nĂ©cessaire redĂ©finition des missions de lâĂ©quipe de direction, dĂ©lĂ©gations de fonctions,
rĂŽle des moniteurs principaux.
La mutualisation des activitĂ©s axĂ©e prioritairement sur le pĂŽle linge avec lâĂ©largissement
des missions du showroom.
La valorisation des compétences des travailleurs par une poursuite de la politique de
formation et la recherche de nouveaux partenaires mais aussi par la valorisation de nos
activités.
- 46 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
⹠La problématique :
Les deux prĂ©cĂ©dentes parties mettent en avant lâĂ©volution des politiques publiques envers
les usagers dâESAT dans une volontĂ© de rapprochement avec le milieu ordinaire de travail
tout en Ă©tant dans le champ du travail protĂ©gĂ©, et prĂ©sentent lâorganisme gestionnaire en
évolution dans le champ des politiques publiques dans une volonté de rationalisation des
activités.
Mon questionnement tourne autour de la conciliation entre la volonté intégrative des
personnes en situation de handicap en milieu ordinaire de travail et la réorganisation des
activités des deux ESAT répondant ainsi à la commande de la direction générale.
En croisant lâensemble des donnĂ©es des deux prĂ©cĂ©dentes parties, je peux Ă©noncer une
problĂ©matique qui mâamĂšnera Ă envisager des choix stratĂ©giques dans lâorganisation du
projet :
Dans un contexte de rationalisation des activitĂ©s au sein dâune association dont la
commande est de mettre en place un CPOM impliquant la mutualisation des
services de deux ESAT, comment dynamiser les interactions entre mission
dâinsertion sociale et production visant Ă diversifier lâoffre de service ?
Lâobjectif est ici de rĂ©pondre Ă une commande de la Direction GĂ©nĂ©rale et dâamĂ©liorer les
services proposés en direction des travailleurs handicapés.
Mon intention est dâamĂ©liorer dâune part, lâorganisation des pĂŽles dâactivitĂ©s, pour assurer
une santĂ© financiĂšre, et dâautre part dâindividualiser lâaccompagnement professionnel, le
renforcer en y intĂ©grant dâautres dispositifs, permettant ainsi dâĂ©toffer lâoffre de service.
En lien avec la directrice gĂ©nĂ©rale, en janvier 2018, jâannonce la mise en place dâun
comité de pilotage (COPIL). Je collabore avec les deux chefs de services et la directrice
générale qui se joint au COPIL pour les premiÚres séances afin de déterminer les axes
stratĂ©giques du projet. Puis, elle sera tenue informĂ©e trĂšs rĂ©guliĂšrement lors dâentretiens
ou par mail aprÚs chaque séance. Elle permettra ce lien avec la gouvernance dans la
construction de ce projet.
Ce projet revĂȘt plusieurs dimensions :
Une dimension organisationnelle : à travers la réorganisation à la fois des activités
productives mais aussi des RH : missions, rĂŽles, fonctionsâŠ
Une dimension RH par la conduite du changement dans la visĂ©e dâacquisition dâune
culture commune et lâharmonisation des pratiques.
Une dimension financiĂšre par le dĂ©veloppement des pĂŽles dâactivitĂ©s visant une
rationalisation des coĂ»ts, une augmentation du chiffre dâaffaire.
Une dimension commerciale en utilisant la prospection et la rĂ©ponse aux appels dâoffres.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 47 -
Une dimension sociale par une nĂ©cessaire amĂ©lioration de lâoffre de service adaptĂ©e aux
besoins dâun nouveau public et la participation de celui-ci Ă la dĂ©marche. Mais aussi par
lâĂ©laboration dâun portefeuille de compĂ©tences pour les travailleurs dâESAT visant Ă
répondre à leurs demandes de professionnalisation.
Une dimension partenariale visant Ă proposer une palette de partenaires possibles dans
lâaccompagnement des projets individuels des travailleurs notamment sur le volet
professionnel.
Au regard de ces dimensions, nous définissons les axes stratégiques qui guideront le
projet :
Premier axe : La rĂ©organisation des ateliers en pĂŽles dâactivitĂ©s : sa conception,
son inscription dans la zone commerciale, et le sens donné pour les travailleurs
handicapés.
DeuxiÚme axe : Le management et la gestion RH dans la volonté de redéfinir les
missions de lâĂ©quipe de direction, de dĂ©lĂ©gation et de responsabilisation des moniteurs
dâateliers et moniteurs principaux, adaptĂ© Ă lâĂ©volution des besoins identifiĂ©s des
travailleurs.
TroisiĂšme axe : Le dĂ©veloppement de lâoffre de service en direction des
travailleurs handicapés avec toujours une valorisation de compétences affirmées et avec
un partenariat Ă©tendu sâinspirant des avancĂ©es en termes de lĂ©gislation.
Conclusion intermédiaire :
Les deux ESAT ont évolué séparément avec des directions différentes pendant plusieurs
annĂ©es. Il est aujourdâhui question de les regrouper et de construire avec le personnel et
les usagers, une culture commune. De cette culture commune, il est envisagĂ© dâengager
une dynamique de réorganisation des activités, la création de sens pour des travailleurs
handicapés, professionnels, dont les compétences sont reconnues et transférables dans
le milieu ordinaire de travail, et dâen faire Ă©merger une offre de service rĂ©pondant aux
besoins dâun public ayant des attentes nouvelles.
Aussi, le projet dĂ©veloppĂ© dans la troisiĂšme partie va sâappuyer sur les axes stratĂ©giques
Ă©noncĂ© ci-dessus. Pour satisfaire autant la demande de lâorganisme gestionnaire que les
besoins des travailleurs handicapés. Par ce projet, la mutualisation des moyens via le
regroupement des activitĂ©s en pĂŽles, rendra possible lâaccompagnement des travailleurs
Ă travers un certain nombre dâoutils afin dâassurer une intĂ©gration en milieu ordinaire de
travail.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 49 -
3 Un projet à double dimension : réorganisation des activités
productives et valorisation des compétences des travailleurs
Mon objectif est de réorganiser le travail en ESAT tout en valorisant les compétences des
travailleurs. En effet, il est impĂ©ratif pour les deux ESAT de lâassociation dâĂ©voluer dans le
cadre dâun rapprochement. Ma mission est dâoptimiser cette commande, de mâen servir
comme un outil au service de la rĂ©organisation des activitĂ©s. Celle-ci nĂ©cessite dâĂȘtre
accompagnĂ©e, acceptĂ©e pour ĂȘtre bien vĂ©cue par les Ă©quipes et par les travailleurs. En
effet, je pars du principe quâune Ă©quipe managĂ©e avec bienveillance sera une Ă©quipe
accompagnante et bientraitante envers les travailleurs de lâESAT.
Par ailleurs, mâappuyer sur les compĂ©tences professionnelles des travailleurs pour rĂ©ussir
cette mutualisation est un incontournable. Comme cité en partie 2, les travailleurs sont
investis et participent Ă lâeffort de rĂ©flexion autour de la rĂ©organisation des ateliers
productifs. Aussi, il est primordial de valoriser leurs compĂ©tences, dâutiliser diffĂ©rents
outils leurs permettant Ă terme dâaccroĂźtre leurs performances, de diversifier leurs
apprentissages et de les amener Ă lâautonomie par le travail.
Il sâagit ici de crĂ©er des leviers de changement afin de garantir lâautonomie et les droits
des travailleurs handicapés en ESAT.
3.1 Conception et organisation du projet
«Un projet63 se définit comme une démarche spécifique qui permet de structurer
méthodiquement et progressivement une réalité à venir.» La notion de progression traduit
pour moi une volontĂ© dâavancer par Ă©tape mais aussi de faire progresser les Ă©quipes dans
le projet.
Cette partie représente un pré-projet. Les axes de travail développés ci-dessous ne font
pas partie du plan dâaction mais sont transversaux. La programmation, la communication,
le projet dâĂ©tablissement⊠sont autant dâĂ©lĂ©ments permettant la construction du projet.
Câest un prĂ©alable qui mâamĂšnera Ă Ă©laborer le plan dâaction.
Ce projet consiste dâune part Ă mutualiser les activitĂ© productives, câest Ă dire crĂ©er des
pĂŽles dâactivitĂ©s visant Ă les regrouper pour une gestion plus efficiente des ressources en
moyens matĂ©riels, personnels et financiers, et dâautre part Ă dĂ©velopper, valoriser les
compétences professionnelles des travailleurs afin de les amener vers une insertion
professionnelle.
63
DES LAURIERS T., 2016, Manager un projet, définir, concevoir, piloter, Paris, Eyrolles, 144 p. ; p. 11
- 50 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Tout comme la double mission des ESAT recouvrant les champs social et productif, ce
projet revĂȘt un aspect commercial, Ă©conomique et organisationnel ainsi quâun aspect
social et professionnel alliant lâinclusion sociale des travailleurs dâESAT et insertion
professionnelle. Cette derniĂšre est en lien avec les objectifs de mutualisation des ateliers,
car si la valorisation des compétences des travailleurs permet une reconnaissance des
savoirs faire, de la part de nos clients et donneurs dâordres, la mutualisation des ateliers
productifs est un tremplin Ă cette acquisition de savoir-faire permettant aux travailleurs de
tendre vers une intégration en milieu ordinaire de travail.
Ce projet se veut dynamique, en lien Ă©troit avec une dirigeance qui anticipe les Ă©volutions
lĂ©gislatives et territoriales et lâancrage politique de notre gouvernance. Il prend appui sur
le cadre lĂ©gal, accordant une place dâacteur au travailleur dâESAT, acteur de son projet
individuel, de son Ă©volution, dans lâacquisition et la reconnaissance de ses compĂ©tences,
dans son projet professionnel. Cela impose Ă lâESAT de diversifier son offre de service,
de revoir son organisation, aux Ă©quipes encadrantes de modifier leurs pratiques
professionnelles. Aussi, ces changements sâaccompagnent. La volontĂ© est ici dâimpliquer
les Ă©quipes et travailleurs dans ce projet afin quâils puissent se lâapproprier et en faire
Ă©merger des innovations autant que des points dâamĂ©lioration.
3.1.1 La programmation et la structuration du projet
Lâobjectif ici est de donner le cadre gĂ©nĂ©ral du projet. La premiĂšre Ă©tape est de
programmer les actions dans le temps. Le Diagramme de GANTT est un outil précieux
permettant dâordonner et de visualiser dans le temps les diffĂ©rentes Ă©tapes du projet. Son
élaboration se situe en annexe IX. Le prévisionnel construit pendant la phase de
diagnostic peut ĂȘtre amenĂ© Ă Ă©voluer suivant les alĂ©as de la vie de lâorganisation.
La constitution du COPIL et des groupes de travail ayant pour finalitĂ© lâĂ©laboration du
projet dâĂ©tablissement, sâorganisent en amont. LâĂ©laboration du projet, le travail de
rĂ©flexion, sa rĂ©daction se fait en parallĂšle des actions mises en Ćuvre pour le projet. En
effet, les trois axes du projet se construisent au fur et Ă mesure, le projet dâĂ©tablissement
prenant appuis sur lâexistant autant que sur la prospective.
Un projet dâĂ©tablissement commun
Selon lâANESM64, le projet est « une dynamique tant par le processus de production qui
associe les parties prenantes que par sa mise en Ćuvre qui stimule les Ă©quipes. Produit
64
ANESM, 2010 « recommandation de bonnes pratiques professionnelle » Elaboration, rĂ©daction et animation du projet dâĂ©tablissement ou de service, 80 p.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 51 -
et diffusĂ©, câest un document de rĂ©fĂ©rence pour les Ă©quipes et lâensemble des
destinataires. Câest un document Ă©volutif, car suivi et rĂ©visĂ© rĂ©guliĂšrement » Le projet
dâĂ©tablissement est Ă mon sens un guide, un outil Ă disposition des salariĂ©s pour
accompagner au mieux les personnes accueillies. Or, avec les changements de publics
Ă©voquĂ©s en partie 2, les contraintes liĂ©s aux ESAT ainsi que lâĂ©volution du cadre lĂ©gal,
notre projet dâĂ©tablissement nâest plus tout Ă fait en conformitĂ© avec lâĂ©volution du secteur
et le projet mĂȘme de mutualisation. Aussi il paraĂźt judicieux pour anticiper le changement
et prĂ©parer le travail dâĂ©criture du nouveau projet,
En janvier 2018, En COPIL, nous avons réfléchi aux orientations à donner à ce projet :
Le projet associatif nous sert de socle Ă lâĂ©mergence dâune culture commune.
Lâorganisme gestionnaire Ă©tant prĂ©sent dans ses Ă©tablissements et montrant une
ouverture, un engagement fort des salariés est ressenti, mesuré lors des assemblées
générales auxquelles ces derniers sont invités et se montrent présents et participatifs
dans les débats.
Lâorganisation des groupes de travail sur les diffĂ©rentes thĂ©matiques mixant les membres
du personnel des deux ESAT ainsi que les travailleurs permet une cohĂ©sion dâĂ©quipe et
ainsi lâintĂ©gration dâune culture commune, sâappuyant sur les valeurs associatives. Le
projet dâĂ©tablissement est «un moyen dâidentification et de renforcement de la culture
interne65». Il permet aux diffĂ©rents groupes dâindividus de tisser des liens, dâĂ©laborer un
discours et des pratiques partagés.
Ma volontĂ© est dâintĂ©grer au projet dâĂ©tablissement, lâimpĂ©ratif dâĂ©valuer les compĂ©tences
des usagers ainsi que leurs besoins afin dâĂ©laborer avec eux leurs projets individuels. Ce
dernier dĂ©terminera lâaccompagnement socio-professionnel qui leur sera proposĂ©. Aussi,
cela changera lâangle de vue du travail, le projet individuel Ă©tant lâessence de tout
accompagnement social ou professionnel. LâĂ©quipe pluridisciplinaire sâappuiera sur ce
dernier pour dĂ©terminer, avec le travailleur, le projet dâaccompagnement quâil soit en lien
avec le service social ou avec les activitĂ©s productives comme outils dâaccompagnement.
Jâoriente Ă©galement sur lâimportance de faire apparaitre dans le projet une dimension
commerciale nĂ©cessaire Ă la pĂ©rennisation des activitĂ©s, mais Ă©galement lâĂ©laboration du
projet du service dâinsertion socio-professionnelle.
Cet outil me sert de rĂ©fĂ©rence dans le management des Ă©quipes. Lâorganisation des
groupes de travail est effective aprĂšs lâannonce faite Ă lâensemble des personnes
concernées en février 2018.
65 LEFEVRE P., op. cit, P. 239
- 52 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Elargissement du comité de pilotage
En mars 2018, aprĂšs le dĂ©part de la directrice gĂ©nĂ©rale, mobilisĂ©e sur dâautres missions,
je dĂ©cide dâouvrir le COPIL pour une pluridisciplinaritĂ© dans les dĂ©bats. Jâassocie la
psychologue des ESAT en tant que cadre fonctionnel pour son rĂŽle dâappui technique et
sa vision centrĂ©e sur les usagers ainsi que la monitrice dâatelier en charge des PI pour
son expertise et son implication future au sein du projet ( CF plan dâaction) je demande
également la coopération des moniteurs principaux du fait de leurs expertises au niveau
technique et de par le projet de rĂ©organisation des fonctions cadres ( Cf plan dâaction)
Le COPIL a pour missions de dĂ©finir et dâorganiser les diffĂ©rentes phases du projet par
lâutilisation du diagramme de GANTT proposĂ© en annexe IX, piloter avec mĂ©thode la
dĂ©marche dâĂ©laboration du projet dâĂ©tablissement en dĂ©lĂ©gant des missions prĂ©cises aux
groupes de travail et en en contrĂŽlant lâavancĂ©e des travaux. Le travail dâĂ©criture du projet
dĂ©coule des retours fait par les groupes de travail aprĂšs validation du COPIL. Lâobjectif
est de prĂ©senter le projet dâĂ©tablissement en Conseil dâAdministration de lâorganisme
gestionnaire pour validation en septembre 2018.
La formation de groupes de travail
Selon les axes de travail dĂ©terminĂ©s par le comitĂ© de pilotage, je sollicite lâensemble des
salariĂ©s et des travailleurs lors dâune rĂ©union en fĂ©vrier 2018. Je souhaite des groupes de
travail associant des membres des Ă©quipes encadrantes des deux ESAT ainsi que des
travailleurs invités à participer au travail réflexif, relatif à des thématiques définies, et ce
dans une dynamique, à la fois collaborative et coopérative, pour éviter les résistances au
changement, évoquées en partie 2.1.2 relative aux RH.
Mobiliser les personnels et les travailleurs nécessaires pour chaque thématique de travail
ne fut pas aisé. Le volontariat a fonctionné amenant seulement des personnes habituées
Ă ce type de travail, toujours volontaires. Pour les autres, plusieurs sollicitations des chefs
de services et une présence dans les ateliers de la psychologue ont été nécessaires afin
de mobiliser plus de monde.
La crĂ©ation de groupes de travail permet de travailler dans un mĂȘme temps sur plusieurs
thĂ©matiques. Le terme dâĂ©laboration collective66, employĂ© dans le manuel de direction, me
parait tout Ă fait appropriĂ© Ă la dĂ©marche : « une institution suffisamment bonne, câest une
organisation oĂč professionnels et usagers disposent dâespaces oĂč ils peuvent prendre la
parole. » Selon Philippe BERNOUX, sociologue, cela a une incidence sur la « capacitĂ© Ă
travailler ensemble, sur la qualité de la coopération entre professionnels et donc sur la
fonction dâinnovation des associations67 ».
66 F. BATIFOULIER, op. cit. p. 390
67 ibid
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 53 -
Ici la coopĂ©ration entre les acteurs professionnels et usagers est indispensable et lâĂ©quipe
de direction vise un objectif de partage, dâappropriation dâune culture devenant commune,
afin dâavoir une seule et mĂȘme visĂ©e : lâamĂ©lioration de lâoffre de service en terme de
professionnalisation des travailleurs et le dĂ©veloppement des activitĂ©s de lâESAT.
Je trouve intĂ©ressant de ne pas faire intervenir lâĂ©quipe de direction dans les groupes de
travail afin de laisser une parole libre et non dirigée. Le COPIL ayant déterminé les axes
de travail au préalable, je délÚgue ce travail de réflexion aux équipes et aux travailleurs
pour mobiliser une intelligence collective et un travail en Ă©quipe permettant une meilleure
appropriation du projet dâĂ©tablissement.
Le travail ainsi Ă©laborĂ© fait lâobjet de recadrages au niveau de la temporalitĂ© et dâun
contrÎle par le COPIL au rythme des réunions de travail, visant la validation pour
intĂ©gration dans le projet dâĂ©tablissement.
Ce travail est organisĂ© sur les temps de rĂ©unions fonctionnelles Ă raison dâune sĂ©ance sur
deux. Rajouter un temps de réunion pour les groupes de travail aurait été chronophage.
Aussi, se servir du temps de rĂ©union oĂč tous les acteurs concernĂ©s sont prĂ©sents permet
dâoptimiser les temps de travail. Il est nĂ©anmoins avancĂ© dâune heure afin que les
travailleurs puissent y ĂȘtre prĂ©sents Ă tour de rĂŽle et sur inscription pour une meilleure
rĂ©partition dans les groupes de travail. Ainsi cela permet Ă©galement aux MA dâanticiper
sur les chantiers et lâorganisation auprĂšs des clients.
3.1.2 Le management du projet
Si pour JM MIRAMON68, la fonction de direction se conjugue avec la notion de projet, le
directeur doit Ă©galement composer avec une Ă©quipe de direction. Elle est un lieu
dâĂ©changes, de collaboration, de coopĂ©ration qui insuffle une dynamique auprĂšs des
équipes, qui donne du sens, une légitimité, des valeurs au projet. Aussi, je propose un
management délégatif au niveau des cadres de direction : délégation de missions,
objectifs, Ă©valuation, communication sont autant dâĂ©lĂ©ments me permettant de manager
lâĂ©quipe de direction dans la mise en Ćuvre du projet. « DĂ©lĂ©guer, câest reconnaitre la
compĂ©tence dâautrui69 ». Je collabore avec une Ă©quipe de cadre aux multiples
compĂ©tences, Ă laquelle je dĂ©lĂšgue lâorganisation des services et activitĂ©s ainsi que la
gestion du personnel. Aussi, les profils de fonctions, lâentretien annuel et les rĂ©unions de
direction me permettent à la fois de mettre en place des délégations mais aussi de
mâassurer dâun retour, de contrĂŽler lâatteinte des objectifs.
68 MIRAMON JM, 2009, Manager le changement dans les Ă©tablissements et servies sociaux et
mĂ©dico-sociaux, 3 Ăšme Ă©dition, Rennes, Presses de lâEHESP, 152 p. p 67-102 69
LEFEBVRE P. op. cit. P 169
- 54 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Ensuite, auprĂšs de lâĂ©quipe dâencadrement, je propose que les chefs de service abordent
lâĂ©laboration du projet dâĂ©tablissement sous lâangle du management participatif, visant le
travail autour dâune culture commune en lien avec le projet associatif et assurant aux
chefs de service reconnaissance et légitimité, dans cette transition. Selon Jean-René
LOUBAT, «la participation70 vise Ă responsabiliser dâavantage les acteurs [âŠ] Ă amĂ©liorer
leurs forces de proposition et dâamĂ©lioration de lâaction [âŠ]. » les notions de proposition et
dâamĂ©lioration sont ici centrales. Le fait de laisser les groupes de travail autonomes dans
la rencontre autour de thĂ©matiques y participe. Je souhaitais favoriser lâautonomie des
salariĂ©s pour quâils sâapproprient le projet. La formation des groupes de travail amĂšne une
participation avec les travailleurs, une implication leur permettant de créer des éléments
du projet relatifs notamment Ă la procĂ©dure des projets individuels, lâamĂ©nagement des
pĂŽles dâactivitĂ©s, la relation avec la clientĂšle, la participationâŠ.
Jean-RenĂ© LOUBAT met lâaccent sur le fait que le directeur reste le « pilote » du projet, le
décisionnaire, cette concertation avec les équipes favorisant la prise de décision.
Néanmoins, comme le souligne Patrick LEFEVRE : « le management participatif peut
avoir des limites qui sont liées à la résistance du personnel [...]71 » Aussi, il me faut
composer entre différents styles de management et inclure un management transitionnel.
En effet, dĂšs lâannonce du projet, jâai associĂ© les Ă©quipes par groupe de travail en me
référant à un calendrier précis. Le changement a été clairement explicité lors de la
constitution des groupes de travail qui ont ainsi pris la mesure du travail Ă accomplir. Ils
ont par ailleurs bĂ©nĂ©ficiĂ© dâinformations (revues, note dâinformation de la Directrice
gĂ©nĂ©rale) sur le CPOM et la mutualisation des activitĂ©s ainsi quâune rĂ©union dâinformation
suivie dâun dĂ©bat sur lâaccompagnement des travailleurs dans une phase de transition ;
ceci dans lâobjectif de les prĂ©parer. Ainsi, informations, explications, calendrier dâĂ©tapes
du projet, gestion du temps⊠sont autant dâĂ©lĂ©ments favorisant une transition, un
changement au fur et Ă mesure pour une meilleure appropriation.
Le management participatif pouvant ĂȘtre chronophage, un style plus persuasif devra ĂȘtre
adopté visant à mobiliser plus rapidement le personnel et accompagner ce dernier par
une approche plus individuelle. Des temps de rĂ©gulation avec lâensemble de lâĂ©quipe de
direction me permettent de composer dans lâavancĂ©e du projet et de dĂ©lĂ©guer aux cadres
intermĂ©diaires un travail de proximitĂ© avec les Ă©quipes quand cela sâavĂšre nĂ©cessaire.
Dans une visĂ©e dâacquisition dâune culture commune concernant lâamĂ©lioration de lâoffre
de service, je mâappuie en premier lieu sur lâassociation et ses valeurs. Le fait dâinformer
70 LOUBAT JR, 2012, Ă©laborer un projet dâĂ©tablissement ou de service en action sociale et mĂ©dico-
sociale, 3Ăšme
Ă©dition, paris, Dunod, 403 p., p. 141 71
LEFEBVRE P., Op cit P 118
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 55 -
le conseil dâadministration de toute dĂ©marche est important, cela donne de la lĂ©gitimitĂ© au
projet. Ainsi, la directrice gĂ©nĂ©rale, est informĂ©e de lâavancĂ©e du projet, via les comptes
rendus du comitĂ© de pilotage envoyĂ© par mail une fois par mois. De la mĂȘme maniĂšre,
elle informe les membres du conseil dâadministration.
Il Ă©tait Ă©galement important dâinformer les dĂ©lĂ©guĂ©s du personnel au dĂ©marrage du comitĂ©
de pilotage afin de conserver un climat social sain, en rassurant les membres du
personnel sur les objectifs de cette mutualisation. Il ne sâagit pas ici de regroupement
amenant des licenciements et un plan social, mais dâune mutualisation de moyens, visant
certes des Ă©conomies sur lâensemble des Ă©tablissements mais surtout une amĂ©lioration
des pratiques, une diversification de nos services.
3.1.3 La communication du projet
Je dois faire passer deux messages :
- obligation de mutualisation avec un enjeu financier
- valorisation des compĂ©tences des travailleurs handicapĂ©es de lâESAT avec un
enjeu de conformité et de reconnaissance sur le territoire
Nous sommes dans lâobligation de mutualiser les activitĂ©s productives dans le cadre du
CPOM, câest une commande Ă laquelle nous devons rĂ©pondre pour des raisons
financiĂšres.
Nous devons profiter de cette réorganisation pour valoriser les compétences
professionnelles des travailleurs de lâESAT. Cela reprĂ©sente une double plus-value pour
eux et pour nous ainsi quâune rĂ©ponse au schĂ©ma rĂ©gional de santĂ© qui apporte des
prĂ©conisations : « lâaccompagnement vers le milieu ordinaire des adultes en ESAT devra
concerner 10% des personnes accueillies72 ». Ainsi jâopte pour un plan de communication.
communiquer en interne :
susciter la coopĂ©ration de lâĂ©quipe de direction : elle est initiĂ©e depuis la
mutualisation des espaces verts en 2017 oĂč les Ă©quipes avaient Ă©tĂ© informĂ©es de ce
projet par la directrice générale. Ainsi je maintien une communication entre les membres
de lâĂ©quipe de direction autour de ce projet par :
- les rĂ©unions hebdomadaires de lâĂ©quipe de direction.
- la réflexion commune autour de la redéfinition de leurs postes
- le projet que je leur présente en janvier 2018.
72
Agence RĂ©gionale de SantĂ©, SchĂ©ma rĂ©gionale de santĂ© 2018-2023 Provence Alpes CĂŽte dâAzur, 351 p, p. 276
- 56 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
aborder le changement avec lâĂ©quipe dâencadrement :
- Dâordinaire, la communication avec lâĂ©quipe encadrante passe par les moniteurs
principaux et les chefs de service. Mais, dans le cadre de ce projet à double visée,
jâaborde les changements attendus lors dâune rĂ©union fonctionnelle en fĂ©vrier 2018. Ceci
dans lâobjectif de rassurer les Ă©quipes, les impliquer et solliciter leurs participations aux
groupes de travail par thĂ©matique dans le projet dâĂ©tablissement.
- La directrice générale se joint à moi pour donner à cette communication un caractÚre
plus officiel dans ce contexte de transition.
- La communication verbale ne permettant pas de véhiculer toutes les informations et
pour que ces derniĂšres soient entendues par tous, jâutilise un power point plus une
version papier Ă distribuer. Les objectifs du projet, sa double dimension, ainsi que le
calendrier prévisionnel y sont explicités.
recueillir lâavis et lâadhĂ©sion des travailleurs :
La volontĂ© de les inclure dans nos projets est pertinente dans le sens oĂč ils vont pouvoir
ĂȘtre en balance avec la vision des professionnels et Ă©galement apporter un autre regard
sur les situations. LâESAT reprĂ©sente leur lieu de travail mais aussi, des outils
dâaccompagnement dont ils peuvent se servir pour avancer dans leurs projets. Aussi, leur
satisfaction doit ĂȘtre mesurable et nous devons prendre en compte leur parole.
- Jâorganise une rĂ©union dâinformation, par atelier (en fĂ©vrier 2018, avant lâorganisation en
pole dâactivitĂ©) sur leur lieu de travail, afin de les informer du projet. Les chefs de service
ont pour mission dâexpliquer avec pĂ©dagogie les objectifs du projet en termes de
dâorganisation du travail et de professionnalisation ainsi que les Ă©chĂ©ances, en adaptant
le discours aux travailleurs afin de sâassurer dâune bonne comprĂ©hension. La prĂ©sence du
moniteur principal et des moniteurs dâatelier de lâactivitĂ© est requise afin de pouvoir
rĂ©pondre Ă des questions dans lâaprĂšs. Il y a lĂ une volontĂ© de les impliquer et de les
amener à participer aux groupes de travail par thématique.
- ParallĂšlement, lâinformation sera relayĂ©e par une prĂ©sentation orale du chef de service
lors de la réunion CVS en avril 2018.
- Dans le cadre de la participation des travailleurs et pour pérenniser le travail en amont
fait par les groupes de travail, des rĂ©unions sont mises en place a raison dâune fois par
trimestre, Ă compter dâavril 2018 favorisant lâexpression, la participation des travailleurs
quant Ă lâorganisation du travail et lâoffre de service de lâESAT. Car si lâĂ©tude des projets
individuels est Ă lâorigine du projet de transformation des ateliers en pĂŽles dâactivitĂ© afin
de dĂ©velopper lâinsertion professionnelle, il est important de continuer Ă entendre les
besoins des travailleurs pour y rĂ©pondre au mieux dans lâavenir.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 57 -
- un questionnaire de satisfaction sera également diffusé en décembre 2018 aprÚs une
annĂ©e dans cette dĂ©marche puis Ă chaque fin dâannĂ©e visant Ă rĂ©colter les dolĂ©ances et
point positifs de la nouvelle organisation.
LâĂ©valuation externe a relevĂ© un systĂšme de communication efficace (compte rendu de
rĂ©union, affichage, note dâinformation, mail, Ă©changes informels lors des rĂ©partitions
quotidiennesâŠ) quâil faudra pĂ©renniser et dĂ©velopper.
réorganisation des temps de réunion :
Au terme des groupes de travail, Ă compter du dernier trimestre 2018, le chef de service
organise des temps de rĂ©union formalisĂ©s et prĂ©vus Ă lâannĂ©e. Lâannexe X ; donne une
vision synthĂ©tique de cette organisation. Lâorganisation prĂ©cĂ©dente ne me satisfait
pas dans le sens oĂč les rĂ©unions nâĂ©taient que peu organisĂ©es ou formalisĂ©es et donc
peu préparées.
Aussi, la nouvelle organisation, prĂ©visible Ă lâannĂ©e, permettra une lisibilitĂ© pour
lâensemble des acteurs ainsi quâune prĂ©paration et une responsabilisation de chacun.
Je demande au chef de service dâĂ©laborer un tableau prĂ©visionnel des rĂ©unions qui sera
affiché et envoyé par mail (sur mail professionnel) à chacun des salariés via le secrétariat.
communiquer en externe :
La communication externe vise en priorité nos partenaires sociaux : autres
établissements, collectivités, Maison Départementale des Personnes Handicapées
(MDPH) et nos clients afin de les informer du projet. Du cÎté de la production, les pÎles
dâactivitĂ© auront pour mission dâĂȘtre plus concurrentiels, plus axĂ©s sur la production en
utilisant les compétences techniques des travailleur comme un gage de qualité.
AuprĂšs des clients la communication se situera Ă deux niveaux :
la promotion par lâimage de marque.
Faire la promotion du projet de lâESAT tant dans sa conception marketing que dans la
valorisation des compétences des ouvriers semble intéressant. Les notions de savoirs
faire, de compétences, de valorisation, de spécialisation sont largement utilisées en
interne avec les travailleurs, nous pensons les utiliser en externe afin de donner le
message suivant : lâESAT dispose de compĂ©tences spĂ©cifiques utilisĂ©es par des
travailleurs formĂ©s et encadrĂ©s par des professionnels susceptibles dâintervenir sur
différents champs. Nous accueillons certes des personnes porteuses de handicap, mais
elles prĂ©sentent des capacitĂ©s de travail, un niveau de formation et dâexpĂ©rience que
nous mettons à dispositions des clients, pour un rendu de qualité.
- 58 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Cette promotion passe par un discours professionnel. Aussi je sensibilise le personnel
lors dâune rĂ©union afin quâils continuent dâavoir un discours adaptĂ© envers les clients en
associant les travailleurs.
La publicité :
Je mets lâaccent sur la diversitĂ© des activitĂ©s proposĂ©es Ă lâESAT ainsi que la mise Ă
disposition.
A partir dâavril 2018, date dâouverture du pĂŽle linge, je sollicite le moniteur dâatelier de
lâactivitĂ© imprimerie pour la constitution de prospectus numĂ©riques dans une visĂ©e de
communication publicitaire pour le pĂŽle linge. Ils sont envoyĂ©s par mail Ă lâensemble de
notre fichier clients via le secrĂ©tariat. Je charge Ă©galement lâensemble du personnel de
faire la mĂȘme dĂ©marche avec leurs partenaires. Cela regroupe ainsi plus de 340
destinataires et nĂ©cessite peu dâinvestissement. Certains moniteurs nâĂ©tant pas Ă lâaise
avec lâaspect publicitaire sont relayĂ©s par un chef de service dans cet exercice.
- Je sollicite Ă©galement le secrĂ©tariat pour lâenvoi dâun courrier explicatif du nouveau projet
de lâESAT Ă nos partenaires sociaux.
- Je sollicite lâorganisme gestionnaire pour lâutilisation du film publicitaire tournĂ©e en 2017.
Ce dernier, utilisĂ© lors de lâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale en juin 2017 est dĂ©sormais disponible sur
le site internet de lâassociation.
- Lâorganisation dâune premiĂšre journĂ©e portes ouvertes en 2017, prĂ©sentĂ©e par les
travailleurs eux-mĂȘmes, avait permis dâinsister sur lâaspect compĂ©tence (en situation de
travail). En juin 2018, lors dâune rĂ©union de direction, je demande aux chefs de service de
prĂ©voir lâorganisation dâune nouvelle journĂ©e portes ouvertes courant 2019. Je souhaite
que chaque pĂŽle soit reprĂ©sentĂ© et que les travailleurs eux-mĂȘmes prĂ©sentent leurs
activités.
3.2 Une rĂ©organisation des activitĂ©s de lâESAT pour une
reconnaissance des compétences professionnelles des
travailleurs
Le plan dâaction se structure en 3 parties, 3 axes stratĂ©giques ayant leurs propres
objectifs.
3.2.1 La rĂ©organisation des ateliers en pĂŽles dâactivitĂ©s.
Objectif gĂ©nĂ©ral : rĂ©organiser lâensemble des ateliers en pĂŽles dâactivitĂ©s.
Le choix stratĂ©gique se pose sur la crĂ©ation de pĂŽles dâactivitĂ©s par Ă©tapes. Le pĂŽle
espaces verts a servi dâexpĂ©rimentation sur une annĂ©e. Les retours positifs sont en
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 59 -
quelques sortes un enseignement et nous poussent Ă aller dans le mĂȘme sens pour les
autres activitĂ©s. Lâannexe VII, citĂ©e prĂ©cĂ©demment, SynthĂ©tise les apports de cette
expérience. Néanmoins, que ce soit pour le personnel autant que pour les travailleurs, la
transition doit se faire en douceur et ĂȘtre Ă©laborĂ©e en fonction des contraintes existantes.
Parler de pĂŽles dâactivitĂ©s impose un langage diffĂ©rent et redimensionne les activitĂ©s
commerciales et productives de lâESAT. Ainsi lâESAT nâest plus un Ă©tablissement, mais un
ensemble de services proposés aux travailleurs handicapés. Les travailleurs, à travers
ces pĂŽles proposant des activitĂ©s diversifiĂ©es et un travail dâacquisition de compĂ©tences
professionnelles, accompagnĂ©es, valorisĂ©es, ne sont plus seulement usagers dâESAT,
mais biens des travailleurs, en cours de professionnalisation.
A ce sujet, un travailleur du pĂŽle espaces verts mâa demandĂ© : « maintenant on travaille
un peu comme dans une grande entreprise, câest ça ? » au-delĂ de lâeffet de surprise de
sa question cela amĂšne ma rĂ©flexion quant Ă la place dâacteur quâil se donne dans ce
projet.
Le fonctionnement par pĂŽles dâactivitĂ©s est plus ouvert, permet des Ă©changes, une
autonomie, et une valorisation de parcours des travailleurs. Ainsi, ils peuvent sâexprimer
en tant quâusagers mais aussi en tant que professionnels, forts de formations,
dâexpĂ©riences et de reconnaissances de leur savoir-faire; intervenant sur des chantiers
dâespaces verts, domaine dans lequel ils sont spĂ©cialisĂ©s.
Ainsi, aprĂšs une phase dâessai du pĂŽle espaces verts, la structuration par pĂŽle dâactivitĂ©
démarre avec la création du pÎle linge en avril 2018. Puis nous structurons les trois autres
pĂŽles par Ă©tapes, rĂ©pondant Ă des logiques de lieux, dâactivitĂ©s communes,
A lâintĂ©rieur de ces pĂŽles, les anciens ateliers ne sont pas physiquement modifiĂ©s (hormis
pour le pĂŽle linge oĂč il est question dâun dĂ©mĂ©nagement) mais ils sâorganisent
diffĂ©remment. LâactivitĂ© en elle-mĂȘme ne change pas, mais son organisation interne se
modifie. DĂ©sormais, un moniteur principal coordonne une Ă©quipe de moniteur dâateliers et
des Ă©quipes de travailleurs. Les clients sont toujours prĂ©sents mais lâorganisation
mutualisĂ©e permet dâaccueillir de nouveaux clients et de rĂ©pondre Ă de nouvelles
demandes. ParallĂšlement Ă lâactivitĂ© commerciale, la mutualisation des ateliers amĂšne
plus de disponibilité des MA qui organise des temps de formation, de préparation des
travailleurs, proposant ainsi une pluralitĂ© de tĂąches ainsi quâun accompagnement Ă la
mise au travail, Ă lâacquisition de compĂ©tences professionnelles, Ă la formation.
Les compĂ©tences techniques des moniteurs dâateliers sont valorisĂ©es Ă des fins de
«maĂźtres dâapprentissage» dans lâoptique dâun processus de formation du travailleur
facilitant ainsi son parcours. Si cela fait partie des missions du moniteur dâatelier, le
manque de temps, dâorganisation a pu laisser de cĂŽtĂ© cet aspect du travail. DĂ©sormais,
sur leurs fiches de poste je fais apparaitre les compétences mobilisées dans
- 60 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
lâaccompagnement des travailleurs en fonction de leurs mĂ©tiers et formations techniques
initiales. Des temps dâapprentissages sont aussi dĂ©tachĂ©s de la production. Le relais est
pris par dâautres moniteurs, lâactivitĂ© Ă©tant mise en suspens le temps dâune demi-journĂ©e
selon lâorganisation interne de chaque pĂŽle en fonction de la charge de travail et des
demandes de la clientÚle. Les chefs de services restent vigilent quant à la faisabilité de
ces missions, le risque Ă©tant de se laisser dĂ©border par lâorganisation de la production.
Les formations, mutations de poste, diversifications de tùches⊠serviront de bases
dâacquisition des compĂ©tences des travailleurs.
Objectif opérationnel 1 : créer le pÎle linge
Lâurgence se situe sur la construction de ce pĂŽle dâactivitĂ©. Lâobjectif est dâaugmenter les
rendements de ces activités, développer des savoir-faire techniques afin de renforcer les
Ă©quipes.
Il sera composĂ© de lâactivitĂ© couture/confection de sacs et cabas, du show-room
prĂ©sentant les rĂ©alisations de cet atelier et de lâactivitĂ© repassage.
Action 1 : changement de locaux
Cette action est prioritaire et vise une opérationnalité rapide du pÎle. Des travaux financés
sur lâexercice 2017 ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s pour installer des cloisons et du matĂ©riel Ă©lectrique
dans une salle vacante Ă lâĂ©tage de lâESAT A. Cet espace permet dâaccueillir les deux
ateliers couture et repassage dans un environnement plus spacieux et mieux agencé pour
lâaccueil des machines de lâatelier repassage, ainsi que les machines Ă coudre. Un
espace bureau est également prévu ainsi que des vestiaires. Le déménagement des
ateliers sâest fait en avril 2018. Celui-ci nâentraĂźna pas de coĂ»t supplĂ©mentaire car prĂ©parĂ©
par les travailleurs et moniteurs dâatelier et effectuĂ© par les moniteurs dâatelier avec lâaide
de lâhomme dâentretien. Ce fut un moyen de prĂ©parer lâensemble des travailleurs Ă ce
changement, dâenvisager les rĂ©sistances Ă©ventuelles (changement de lieu de travail,
transport, horairesâŠ). MalgrĂ© cette prĂ©paration, nous avons eu deux travailleurs en arrĂȘt
de travail sur le premier mois.
Action 2 : lâamĂ©nagement de lâespace showroom
Suite Ă des sollicitations des travailleurs, nous envisageons dâamĂ©nager le showroom
rattachĂ© au pĂŽle linge car lâactivitĂ© principale est la vente de sacs et cabas. En effet, une
boite Ă idĂ©e Ă disposition des travailleurs a laissĂ© libre court Ă lâimagination de ces
derniers : « Le showroom pourrait servir aussi pour le repassage. Aussi nous avons
Ă©tudiĂ© la possibilitĂ© dâoptimiser cet espace afin dây inclure dâautres espaces de vente.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 61 -
Le showroom se situe dans lâenceinte de lâESAT A Ă lâentrĂ©e du bĂątiment. Un espace de
37 mÂČ, semblable Ă un magasin, avec un accueil, un standard, et derriĂšre un espaces
amĂ©nagĂ© et dĂ©corĂ© pour prĂ©sentation de sacs conçus par lâatelier couture.
Ce grand hall dispose dâun espace vacant. Aussi, en mai 2018, je demande au chef de
service et Ă la monitrice dâatelier en charge de lâactivitĂ© couture dâĂ©valuer les
investissements Ă prĂ©voir pour lâoptimisation du showroom afin de savoir sâil est possible
Ă court terme dâorganiser ces espaces de vente :
Nous ne prĂ©voyons pas dâinvestissements supplĂ©mentaires pour lâespace de vente
des sacs car il est accueillant, esthétique et spacieux.
Nous envisageons lâespace repassage comme un accueil clientĂšle. Ainsi, le
montant des investissements est estimĂ© par la monitrice dâatelier Ă 267⏠pour un bureau
ainsi quâun meuble de rangement et diverses dĂ©corations. Elle y ajoute un panneau dĂ©jĂ
existant, avec les outils de planification de lâactivitĂ© repassage facilitant ainsi le travail des
travailleurs en charge de cet accueil.
En COPIL, la possibilitĂ© dâun espace de vente pour la pĂątisserie est Ă©voquĂ©e par le chef
de service. NĂ©anmoins, cela demanderais lâinvestissement dans du matĂ©riel professionnel
ainsi quâune liaison froide pour lâapprovisionnement. Nous estimons que cela nâest pas
judicieux à cette étape de la mutualisation des activités. Par contre, commencer avec la
vente des chocolats fins déjà conditionnés est possible. Cette activité fonctionne bien et
demande peu de logistique. Ainsi, le montant des investissements est estimé à 303⏠pour
des Ă©tagĂšres ainsi quâun un meuble bar et diverses dĂ©corations
Le montant de ces investissements est pris sur le budget commercial et nous
aménageons les espaces de ventes en juillet 2018.
DĂšs le mois de juin, la perspective dâamĂ©nagement du showroom semble motiver les
travailleurs du pÎle linge qui se montrent plus présents, demandeurs et observateurs des
Ă©changes avec la clientĂšle.
Objectif opérationnel 2 : développer le pÎle restauration
Tacitement, ce pÎle était déjà formé de par les échanges entre les 2 moniteurs principaux
de lâactivitĂ© cuisine, la formation des professionnels et lâautonomie des travailleurs. Je
prévoie peu de changement pour ce pÎle. Il concerne donc les ateliers cuisine centrale,
traiteur et pĂątisserie.
Le dĂ©mĂ©nagement des deux ateliers du pĂŽle linges ouvre des opportunitĂ©s dâespaces en
termes commercial et de confort pour le pĂŽle restauration.
- 62 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Action 1 : la rĂ©alisation dâun espace confort
Cette action est prioritaire pour le confort des travailleurs de ce pĂŽle.
Comme citĂ© ci-dessus, le dĂ©mĂ©nagement de lâatelier repassage libĂšre un espace de 23
M2 dans lâenceinte du pĂŽle restauration. Lâagencement du pĂŽle Ă©tant dĂ©jĂ rĂ©alisĂ© la
question de lâamĂ©nagement de cet espace vide se pose Ă partir dâavril 2018.
Aussi, dans une optique de valoriser les travailleurs de ce pĂŽle qui oeuvrent sur un rythme
soutenu sur lâannĂ©e, le chef de service propose, lors dâune rĂ©union dâatelier
lâamĂ©nagement dâun espace confort pour favoriser la dĂ©tente pendant les pauses. Il leur
demande ainsi de rĂ©flĂ©chir Ă lâamĂ©nagement de leur salle. En avril 2018 il reçoit un mail
avec des propositions :
- PremiÚre proposition: la récupération de meubles dans une démarche de « recyclage »
Ă lâinitiative dâun travailleur, sur le foyer dâhĂ©bergement (un canapĂ© et un fauteuil en bon
Ă©tat). Cette demande singuliĂšre mâamĂšne Ă me rapprocher de mes collĂšgues directeurs
dans lâobjectif de favoriser les Ă©changes inter-Ă©tablissements. Lors dâune rĂ©union au siĂšge
de lâassociation en mai 2018 il est dĂ©cidĂ© de favoriser ces Ă©changes et ces initiatives
Ă©manant des usagers.
Câest ainsi que nous rĂ©cupĂ©rons ces meubles. Le chef de service fĂ©licitant le travailleur
dans sa dĂ©marche lors dâun point fait en atelier, cela soulĂšve le dĂ©bat dâune dĂ©marche de
recyclage sur lâensemble des Ă©tablissements. Effectivement cela participe une continuitĂ©
du tri sélectif dans chaque atelier mis en place en 2015.
Nous rĂ©cupĂ©rons ainsi dâautres objets de dĂ©coration et inaugurons notre salle en aoĂ»t
2018.
- DeuxiĂšme proposition : lâachat dâun distributeur Ă cafĂ©. Cette proposition ne me satisfait
pas. Dâune part parce que les travailleurs doivent avoir une vĂ©ritable pause au mĂȘme titre
que leurs collĂšgues, un espace de dĂ©tente et de socialisation, et dâautre part pour une
question dâhygiĂšne. Si les contrĂŽles au niveau des normes dâhygiĂšne ne relĂšvent aucune
faute, le fait de boire le cafĂ© au sein de ateliers, suppose de se mettre Ă lâaise et peut ĂȘtre
dâenlever gants et charlottes. Cela nĂ©cessite donc de disposer dâun autre espace que la
salle de restauration. Par ailleurs, la qualité de cette pause est importante tout comme le
cafĂ© quâils produisent eux mĂȘme au service traiteur. Le chef de service leur propose ainsi
de rĂ©aliser leur espace cafĂ© dans la salle confort puisquâils ont tout le matĂ©riel et les
denrées de base pour le faire.
Action 2 : la location dâune salle de rĂ©union avec prestation traiteur dans un
objectif de renforcement du chiffre dâaffaire
Lâatelier couture une fois vidĂ©, libĂšre une salle en parfait Ă©tat de 34 M2. Je propose Ă la
directrice gĂ©nĂ©rale dâen faire un lieu propice au dĂ©veloppement de lâatelier traiteur : une
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 63 -
salle de rĂ©union pour les membres de lâassociation ainsi que les directions de diffĂ©rents
Ă©tablissements de lâassociation.
Lâemplacement de lâESAT, en pleine zone commerciale dans lâagglomĂ©ration toulonnaise
nous donne des opportunités pour proposer nos services en louant cette salle.
Aussi, je demande Ă notre homme dâentretien dâinstaller le rĂ©troprojecteur acquis en 2015
dans cette salle. Lâachat de 9 tables de rĂ©union et 35 chaises pour un montant de 2345âŹ
est budgĂ©tisĂ© sur lâexercice 2019.
Je prĂ©vois un retour sur investissement dâune part pour une coopĂ©ration
interĂ©tablissement parce que lâensemble des Ă©tablissements de lâassociation pourra en
bĂ©nĂ©ficier et dâautre part pour un CA annuel prĂ©vu de 6000⏠pour la premiĂšre annĂ©e
2019.
Je propose la location de la salle de réunion pour 30 personnes à 80⏠la prestation pour
lâaccueil dâassociations ou entreprises environnantes Ă la journĂ©e. Ce tarif est alignĂ© sur
les offres du territoire et nous sommes concurrentiels dans notre originalité car nous
proposons aux entreprises extérieures de venir dans notre ESAT. Cela servira notre
image de marque et fera de la publicité pour les activités des différents pÎles.
Une prestation supplĂ©mentaire de 4âŹ/ personne permettra de fournir boissons et
pùtisseries avec le service des travailleurs. Cette offre de service sera assurée par le
service traiteur qui planifiera les prestations sur le modÚle de celles proposées sur la
conciergerie en termes de tarif et de qualité de service.
Dans une optique de mutualisation des activitĂ©s, Je dĂ©lĂšgue lâorganisation et la gestion de
cette salle au chef de service en charge du commercial. Il organisera les prestations en
lien avec les différents services. Pour exemple, la remise en état de la salle sera assurée
par le service entretien ménager en fin de journée.
Lâinauguration de la salle de rĂ©union est prĂ©vue pour janvier 2019.
Objectif opérationnel 3 : recherche et création sur le « pÎle divers »
Ce pĂŽle concerne lâatelier tri postal, lâimprimerie ainsi que lâentretien mĂ©nager.
Lâatelier tri postal nous pose question quant Ă sa continuitĂ©. Dans le cadre de la
réorganisation des activités je fais le choix de ne pas me séparer de cette activité car elle
permet aux personnes ayant des difficultĂ©s plus importantes, dâĂȘtre valorisĂ©es par leur
exercice. Ces personnes ont les capacités de réaliser des tùches simples, leur permettant
de travailler en autonomie.
Par contre il est important de rechercher dâautres activitĂ©s dans la perspective dâune
réduction de celle-ci à long terme. La prospection ainsi que notre réseau de partenaire
- 64 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
nous amÚnent réguliÚrement des sollicitations des entreprises environnantes. Une activité
de type conditionnement conviendrait Ă ce public.
Par ailleurs, nous nous questionnons quant au conditionnement des chocolats fins prévus
pour lâespace de vente. En effet, lâatelier pĂątisserie manque dâeffectif pour remplir cette
mission.
Action 1 : une diminution des effectifs sur lâactivitĂ© tri postal
Etant trop nombreux sur cette activité par rapport à la « masse » de travail en déclin
fournie par le client et par égard aux ouvriers, il est nécessaire de continuer à les
mobiliser, les accompagner dans une transition vers une nouvelle activité de
conditionnement, tout autant adaptée à leurs capacités. Pour cela, je procÚderais par un
allĂšgement des effectifs, et la constitution dâune nouvelle Ă©quipe dâouvriers. Cette derniĂšre
sâeffectuera dâabord par un appel au volontariat, mais sera Ă©galement appuyĂ©e par une
évaluation et autoévaluation de leurs capacités à exercer une activité nouvelle, mais dont
les actions sont identifiĂ©es et Ă©laborĂ©es, notamment par lâETS qui aura su identifier et
séquencer les diverses tùches.
Par ailleurs, lâĂ©tude des PI de 2017 pour cet atelier mâest prĂ©sentĂ©e par lâassistante de
service sociale en avril 2018.
Je conclus Ă la possibilitĂ© de restreindre lâactivitĂ© de 28 travailleurs Ă 18. Soit une unitĂ© de
10 travailleurs pouvant ĂȘtre rĂ©partis sur dâautres ateliers ou travailler sur des travaux de
conditionnement selon leurs capacités et besoins.
Action 2 : la rĂ©partition sur dâautres ateliers
En avril 2018, en rĂ©union dâatelier, je demande aux moniteurs dâatelier de recenser sur le
pÎle divers, les travailleurs intéressés pour travailler sur le développement du showroom.
Trois travailleurs sont intĂ©ressĂ©s pour travailler Ă lâaccueil et Ă la vente : 1 travailleur en
imprimerie, 2 sur lâactivitĂ© entretien des locaux.
Plus spĂ©cifiquement sur lâatelier tri postal, 4 personnes souhaitent changer dâactivitĂ© mais
ne souhaitent pas ĂȘtre en lien avec la clientĂšle sur le showroom. Il leur est alors proposĂ©
de dĂ©marrer lâactivitĂ© de conditionnement sur la mise sous plis de chocolat.
Ainsi sur le showroom regroupant les 3 espaces commerciaux, le chef de service Ă©labore
un roulement favorisant les trois travailleurs concernés à partir de juillet 2018.
Action 3 : recherche dâactivitĂ©s de conditionnement.
En fĂ©vrier 2018 je sollicite le chef de service afin quâil prospecte pour des offres sur du
long terme pour dĂ©velopper lâactivitĂ© conditionnement. Lors de la rĂ©union de direction du
mois de juin, nous envisageons le dĂ©marrage de lâactivitĂ© de conditionnement par
lâemballage de chocolats (provenant du pĂŽle restauration) avec 4 travailleurs volontaires Ă
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 65 -
compter de septembre 2018. Cette activitĂ© nĂ©cessitant peu dâespace, sâeffectuera au sein
de lâatelier traiteur, pour des raisons dâhygiĂšne, de contrĂŽle et dâaccompagnement du MA,
à raison de deux jours par semaines. Par ailleurs, je donne un délai de trois mois
supplĂ©mentaires pour la mise en place dâune nouvelle activitĂ© de conditionnement
permettant ainsi dâĂ©toffer lâĂ©quipe et de varier les compĂ©tences mobilisĂ©es soit dĂ©cembre
2018. LâactivitĂ© de conditionnement mobilisera le moniteur de lâactivitĂ© tri postale, dans
une salle vitrĂ©e attenante Ă lâactivitĂ© principale. Quelques points de tension liĂ©s Ă cette
annonce. Le moniteur dâatelier exprimant son inquiĂ©tude quant Ă la gestion de deux
activitĂ©s. NĂ©anmoins, si je mets en balance sa charge de travail, lâimpossibilitĂ© de
recrutement dâun MA supplĂ©mentaire sur le BPAS et le bien ĂȘtre des travailleurs, je
dĂ©cide dâaller dans le sens de ce projet. Par ailleurs, la structuration en pĂŽle dâactivitĂ©
amĂšnera du relais.
Objectif opĂ©rationnel 4 : individualiser lâaccompagnement sur le pole « mise
à disposition » :
Deux Ă©quipes de travailleurs interviennent en entreprise (gestion dâune cafĂ©tĂ©ria + gestion
dâune conciergerie) ils constituent le pĂŽle « mise Ă disposition ». Lâaccompagnement est
assurĂ© Ă la cafĂ©tĂ©ria par une monitrice dâatelier. Quant Ă la conciergerie, regroupant 6
travailleurs, ils Ă©taient accompagnĂ©s de 2 monitrices dâatelier dont lâune en renfort Ă
temps partiel (la MA détachée de la production pour le suivi des projets individuels).
Action 1 autonomisation des travailleurs de la conciergerie.
DĂ©jĂ amorcĂ© en janvier 2017, lâautonomisation des travailleurs est en bonne voie.
Le travail sâest fait de maniĂšre progressive, la prĂ©sence dâune MA (en renfort dâĂ©quipe)
ayant permis une responsabilisation et une répartition des tùches entre les travailleurs
dâabord par lâutilisation de fiches techniques et de sĂ©quences dâapprentissages, puis par
un systĂšme de tutorat mis en place entre les travailleurs. Ainsi les plus autonomes guident
les personnes ayant plus de difficultĂ©s. Lâorganisation du travail est alors gĂ©rĂ©e par la
deuxiĂšme monitrice dâatelier qui a mis en place une rotation Ă la semaine sur les diffĂ©rents
postes. Progressivement cette derniÚre aura la consigne de laisser les travailleurs gérer
la conciergerie, intervenant en renfort et soutien quand cela sâavĂšre nĂ©cessaire.
Action 2 : recherche dâautres contrats de mise Ă disposition
Lâassociation ANDICAT73, dans ses fiches pratiques nous renseigne sur la mise Ă
disposition : « la mise à disposition en milieu ordinaire de travail a pour objectif de
73
ANDICAT, 2016, RÚglementation et législation des ESAT, les fiches pratiques, 4Úme édition, Paris, ANDICAT, 201 p., p.92
- 66 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
favoriser lâĂ©panouissement personnel et professionnel du travailleur handicapĂ© »,
«pendant toute la mise à disposition, les travailleurs handicapés restent juridiquement
rattachĂ©s Ă lâESAT dont ils demeurent les usagers. » La notion dâĂ©panouissement est
donc intimement liée au travail, nous le vérifions auprÚs des travailleurs véritablement en
immersion en entreprises depuis plusieurs années.
Aussi, lors de la réunion de direction de juin 2018, je délÚgue au chef de service en
charge de la partie commerciale la nĂ©gociation dâautres contrats individuels de mise Ă
disposition. Car en effet, si la mise Ă disposition fonctionne bien avec un
accompagnement du MA puis une autonomisation progressive des travailleurs, nous
nâavons pu Ă©valuer quâun seul mode de mise Ă disposition. Les contrats collectifs nâont
pas la mĂȘme souplesse que les contrats individuels. CF annexe XII.
Aussi, la MA détachée de la production, aura, dans le cadre de ses nouvelles fonctions, la
mission dâaccompagner les personnes Ă lâinsertion en emploi par ce type de dispositif.
Les mises à disposition individuelles devraient débuter à partir de janvier 2019, au rythme
des accompagnements des PI par le service dâinsertion socio-professionnel.
Lâannonce de cette perspective fait naitre des inquiĂ©tudes dans lâĂ©quipe dâencadrement.
Câest pourquoi je laisse ce temps, visant lâappropriation de la dĂ©marche par la monitrice
dâatelier. Elle sera en charge dâĂ©valuer les compĂ©tences des personnes en demande
dâimmersion en milieu ordinaire et en lien avec le chef de service pour la recherche de
contrat de mise à disposition correspondant aux désirs et capacités des personnes.
Objectif opĂ©rationnel 5 : repenser lâorganisation du pĂŽle espaces verts :
Nous lâavons vu ce pĂŽle a donnĂ© des rĂ©sultats encourageants mais Ă©galement des
difficultĂ©s dâorganisation et de relation. Aussi je prĂ©conise de poursuivre la dĂ©marche en
se concentrant sur lâorganisation des chantiers, la recherche de clients, donneurs dâordres
et en favorisant la mobilité des ouvriers entre les différentes équipes.
Action 1 : mobiliser le moniteur principal par la délégation de missions.
Le chef de service a démarré un travail en étroite collaboration avec lui en janvier
2017 dans lâoptique dâasseoir son rĂŽle dans la rĂ©gulation des Ă©quipes et dans
lâorganisation des chantiers. Le moniteur principal et le chef de service ont partagĂ©
certaines missions de mars 2018 à août 2018 : devis clientÚle, élaboration des plannings
dâintervention des 6 Ă©quipes, organisation et animation des rĂ©unions, recueil des
demandes de matĂ©riel, gestion des congĂ©s MA et travailleursâŠ. Depuis aoĂ»t 2018, le
moniteur principal est autonome dans la conduite de ses équipes, dégageant du temps au
chef de service pour dâautres missions. Ce dernier constate une nette amĂ©lioration du
climat social au sein de lâĂ©quipe mais toujours des conflits importants chez les travailleurs.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 67 -
3.2.2 Le management des compétences du personnel
Objectif général : Le management du changement
Dans le cadre de projet de rĂ©organisation des activitĂ©s et de dĂ©veloppement de lâoffre de
services, le changement est avant tout conceptuel dans le sens oĂč il est rĂ©flĂ©chit comme
permettant une transformation de lâoffre de service existante. Elle est sur deux niveaux :
Une transformation dans lâorganisation existante, par la crĂ©ation des pĂŽles
dâactivitĂ©s amenant des liens entre les diffĂ©rents services, autonomes. Pour Patrick
LEFEVRE « le pĂŽle74 est un concept autant quâune pratique de direction » qui favorise « la
coopération et le décloisonnement ».
une transformation de lâoffre de service, encouragĂ©e par le schĂ©ma rĂ©gional de
santĂ© 2018-2023 en Provence Alpes CĂŽtes dâAzur75 qui prĂ©conise une « Facilitation de
lâinsertion professionnelle en milieu ordinaire ». Cela renvoie Ă une logique de
décloisonnement, de désinstitutionalisation, allant vers des dispositifs de type « hors les
murs » A ce propos, le rapport du sĂ©nat76 sâappuie sur les publications du chercheur
Dominique VELCHE, pour expliquer la vision dâautres pays quant Ă la question de
lâinsertion par lâemploi, qui « en ont fait une prioritĂ© » avec accompagnement en milieu
ordinaire et aides financiĂšres pour les employeurs. En France, le rapport relate que de
nombreux ESAT expĂ©rimentent diverses actions, divers dispositifs, quâils crĂ©ent parfois
pour aller dans le mĂȘme sens. Nous en faisons partie en accompagnant les travailleurs Ă
travers le dispositif de mise Ă disposition.
Les professionnels vont ĂȘtre amenĂ©s Ă considĂ©rer les travailleurs handicapĂ©s autrement,
câest Ă dire que les changements dans leurs pratiques professionnelles par
lâharmonisation, la mutualisation et les formations, vont les conduire Ă intĂ©grer dâautres
normes dans lâaccompagnement des travailleurs, Ă considĂ©rer leurs droits, Ă encourager
les travailleurs Ă bĂ©nĂ©ficier de la mobilitĂ©, de formations diplĂŽmantes, dâun plan de
formation, de reconnaissanceâŠ. dâun statut dâusager en Ă©tablissement mĂ©dico-social
ayant des compétences professionnelles affirmées.
Piloter le changement va impliquer les points suivants :
Objectif opérationnel 1 : un projet de direction au sein de cette nouvelle
organisation
Travailler en lien avec la directrice générale implique une collaboration avec le siÚge,
utilisant les fonctions supports comme une aide à la décision. En tant que pilote du projet,
je vais également déléguer des missions aux chefs de services, ce qui implique un
74 LEFEVRE P. op. cit. P. 279
75 Schéma régional de santé 2018-2023 PACA
75 op. cit. p.61
76 Rapport dâinformations fait au nom de la commission des finances op.cit p.48
- 68 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
contrĂŽle, afin de garder en vue lâorganisation. Ce management par la dĂ©lĂ©gation favorise
la montĂ©e en compĂ©tences des membres de lâĂ©quipe de direction mais aussi, des
moniteurs principaux et des moniteurs dâatelier.
Les délégués du personnel sont sollicités dans cette démarche dans le cadre de réunions
et les groupes de travail sont pilotĂ©s Ă distance, permettant lâautonomie et la
responsabilisation de ces derniers. Les diverses réunions permettent des temps
dâĂ©changes et dâinformations. «Tout changement est acceptĂ© dans la mesure oĂč lâacteur
pense quâil a des chances de gagner quelque chose77.» Ainsi, la communication du projet
mais aussi la participation des acteurs sont essentiel dans la valorisation de ces derniers.
Concernant les travailleurs handicapés associés à la démarche, le CVS a consacré du
temps pour Ă©changer autour du projet.
Ainsi la parole nâest pas verrouillĂ©e et lâinformation nâest pas seulement descendante. La
participation de tous au projet est fortement solliciter avec une prise en compte des
acteurs ressources de ce projet.
Mon rĂŽle en tant que guide est alors dâamener vers lâobjectif en faisant des choix, en
arbitrant, en prenant les décisions faisant avancer le projet. J M MIRAMON, donne des
repĂšres Ă la conduite dâun projet Ă destination des directeurs dâĂ©tablissements. Ainsi, le
directeur78 doit prendre les dĂ©cisions qui sâimposent. La consultation des Ă©quipes est un
prĂ©alable Ă un travail de rĂ©flexion mais lâaction de dĂ©cider, de choisir une stratĂ©gie plutĂŽt
quâune autre me revient.
Action 1 : une redéfinition des missions des chefs de service :
Le chef de service anciennement de lâESAT A est en formation CAFERUIS. ETS de
formation initiale il gardera un lien avec les travailleurs et les Ă©quipes. Garant de
lâorganisation des services, il sera plus particuliĂšrement en charge de la gestion du
personnel, de la planification et des congĂ©s ainsi que du service dâinsertion socio-
professionnel.
Le chef de service anciennement de lâESAT B Ă©tant issu du monde de la restauration
avant dâentrer Ă lâESAT, sera en charge des Ă©changes avec la clientĂšle, de la partie
production et organisation des pĂŽles, de la prospection et de la communication externe.
Garant de la production il assurera le dĂ©veloppement commercial des pĂŽles dâactivitĂ©s par
un travail de partenariat avec la clientĂšle. Les nouvelles attributions sont effectives depuis
juin 2018, légitimées par des fiches de poste rédigées par la directrice des ressources
humaines (mise en conformité des documents de délégation, de fiche de poste)
77
BERNOUX P., 1985, la sociologie des organisations, initiation théorique suivie de douze cas pratiques, Paris, seuil, 360p., p. 206 78
MIRAMON JM, COUET D, PATURER JB, 2005, le mĂ©tier de directeur, technique et fiction, Rennes, presses de lâEHESP, 272p. p. 83 Ă 91
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 69 -
Ainsi, ces deux membres de lâĂ©quipe de direction, en lien direct avec les Ă©quipes et les
travailleurs, ne sont plus rattachés à un lieu ou à des ateliers mais sont sollicités en
fonction de leurs compétences et leurs missions. Un travail de communication à ce sujet
était nécessaire. En effet, un sentiment de « flou » était rapporté par les délégués du
personnel depuis la mutualisation des espaces verts en 2017. Les chefs de services Ă©tant
mobilisĂ© sur le travail de rĂ©organisation Ă©taient peu disponibles, les moniteurs dâateliers et
les travailleurs ne savaient pas qui interpeller.
Aussi, sur des temps formels tels les rĂ©unions et dâautres temps plus informels laissant
plus de temps et de liberté à la parole, ces nouvelles attributions ont été abordées autant
avec les salariĂ©s quâavec les travailleurs pour quâils identifient leurs rĂ©fĂ©rents en fonction
du travail ou de lâaccompagnement social⊠NĂ©anmoins, la pĂ©riode estivale et son lot de
dĂ©parts en conges nâa pas facilitĂ© la disponibilitĂ© et la communication. Aussi, une
régulation sera nécessaire en réunion de direction en septembre 2018.
Forte de ces outils, jâassure aux cadres intermĂ©diaires une lĂ©gitimitĂ©. Le maintien des
rĂ©unions de direction facilite la cohĂ©sion de lâĂ©quipe cadre.
Action 2 : Donner un rÎle identifié aux moniteurs principaux
Dans le cadre de lâorganisation du pĂŽle linge, et suite Ă la redistribution de mission des
chefs de service, nous avons Ă©laborĂ© le mĂȘme schĂ©ma pour les moniteurs principaux en
juin 2018. Seconder les chefs de services et dĂ©velopper leurs pĂŽles dâactivitĂ©s constituent
leurs principales missions avec un rĂŽle dâinterface entre lâĂ©quipe et la direction, de
planification et de liens avec la clientÚle. Les chefs de services seront secondés par
quatre moniteurs principaux dont trois déjà en poste:
1 moniteur principal au pĂŽle EV,
1 moniteur principal au pĂŽle restauration : jusquâĂ prĂ©sents, la restauration
bĂ©nĂ©ficiait de 2 moniteurs principaux mais la rĂ©organisation en pĂŽle dâactivitĂ© amĂšne Ă
redéfinir les postes. La restauration aura alors un moniteur principal en capacité de gérer
lâensemble du pĂŽle restauration. Le deuxiĂšme moniteur principal auparavant sur lâatelier
traiteur (en lien avec lâactivitĂ© de mise Ă disposition en cafeteria) sera transfĂ©rĂ© sur le pĂŽle
mise Ă disposition.
1 moniteur principal au pĂŽle mise Ă disposition.
Il est nécessaire de créer un poste de moniteur principal sur le pÎle linge. En effet,
ce pĂŽle manque de personnel encadrant et notamment dâun personnel en capacitĂ© de
gérer à la fois les ateliers couture, repassage et la vente au showroom tout en étant
garant de la production, de lâapprentissage et de la partie commerciale. Aussi, je propose
Ă la MA 1Ăšre classe couture, le poste de monitrice principale pour janvier 2019 car outre le
diplĂŽme dâETS, elle a la connaissance des partenaires clients et maĂźtrise lâatelier couture
autant que le showroom (crĂ©Ă© sur son initiative) ainsi que lâatelier repassage dans lequel
- 70 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
elle a effectuĂ© des remplacements. Ainsi lâaspect commercial (dĂ©marchage, vente Ă
lâextĂ©rieur, devisâŠ) sera assurĂ© par ce personnel. Le surcoĂ»t liĂ© Ă son Ă©volution de poste
est demandé au BPAS 2019, pour un montant de 976,44⏠(ancienneté de sept ans, 557
points dans la convention collective 66).
- Elle sera secondée par une ouvriÚre de production anciennement remplaçante dans les
ateliers couture, repassage pour un montant de 18357,96⏠pour lâannĂ©e 2019, pris sur le
budget commercial. NĂ©anmoins, la plus-value rĂ©side dans la prĂ©sence dâun personnel
supplĂ©mentaire permettant ainsi de dĂ©velopper lâactivitĂ©, de valoriser le showroom et de
former les travailleurs. Câest un gain de temps, de technicitĂ©s et de compĂ©tences pour les
travailleurs comme pour le pĂŽle.
Action 3 : légitimer le poste de la MA responsable des projets individuels
Dans lâobjectif de valoriser les compĂ©tences des travailleurs handicapĂ©es de lâESAT, un
travail de coordination sâimpose dans lâorganisation des PI comprenant les Ă©valuations,
les suivis de projets, les recherches de partenariat⊠Ainsi, elle sera garante de
lâorganisation, de lâĂ©laboration et du suivi des PI, en lien autant avec les pĂŽles dâactivitĂ©s
quâavec le service social. Elle aura une attention particuliĂšre pour les PI en lien avec le
domaine professionnel.
Auparavant détachée du temps de production sur un temps partiel, elle sera à temps plein
en octobre 2018. Augmenter son temps de travail au servie social permettra de repartir
les missions entre les membres de lâĂ©quipe lors de lâorganisation et lâĂ©valuation des PI.
Durant sa formation, sa gille salariale restera inchangée MA 2Úme classe, ancienneté de 9
ans. Mais en juillet 2021, Ă lâobtention de son diplĂŽme, il est envisagĂ© un poste de MA
1Ăšre classe, Ă 11 ans dâanciennetĂ©. Soit une Ă©volution 1952.94⏠demandĂ© sur le budget
2021, 3905.88 ⏠demandé sur le budget 2022.
Objectif opĂ©rationnel 2 : lâoutil GPEC au service du changement
Action 1 : déterminer les profils de poste en fonction de mes attentes.
Dans le cadre de la réorganisation des activités des changements importants vont
influencer le rĂŽle des chefs de services, des moniteurs principaux et moniteurs dâatelier.
Mes attentes pour les postes de chefs de service sont dâavoir deux personnels ayant des
compĂ©tences et des missions bien distinctes, lâun en charge de lâorganisation des
conditions de travail du personnel et des travailleurs, le second ayant pour mission
principale lâaspect commercial de lâESAT, la communication externe et la recherche de
clients.
Je demande Ă©galement une attribution de certaines tĂąches aux moniteurs principaux ;
organisation des activités respectives, gestion des congés des ouvriers, gestion clientÚle.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 71 -
Aussi, les moniteurs dâateliers devront eux aussi inclure dans leur organisation, la
formation des travailleurs.
Câest ainsi que je dĂ©termine avec la directrice des ressources humaines, des profils de
poste : les besoins en compétences, en formation, les fiches de postes pour les deux
chefs de service, les moiteurs principaux, les MA. Je la mobilise de janvier Ă mars 2018
sur lâĂ©laboration des fiches de poste et les dĂ©lĂ©gations de missions.
Action 2 : lâentretien professionnel comme support au changement
Ce dernier permet la prise en considĂ©ration du salariĂ© ainsi quâun temps donnĂ© au salariĂ©
pour sâexprimer et questionner aussi bien que de se projeter.
Jâai reçu individuellement les membres de lâĂ©quipe de direction en janvier 2018 dans la
perspective des changements envisagés. Cela a permis de déterminer ensemble
certaines de leurs missions et des délégations à transmettre aux moniteurs principaux.
Le chef de service chargé du personnel démarrera les entretiens professionnels de
lâĂ©quipe encadrante dĂ©but 2019, offrant ainsi au salariĂ© un Ă©change valorisant et
sécurisant dans le cadre de leur parcours professionnel. La volonté est ici de motiver les
salariĂ©s, dâutiliser lâentretien professionnel comme un outil de remobilisation des Ă©quipes
dans ce contexte de changement. Ainsi les salariés pourront exprimer leurs désirs
Ă©ventuels dâĂ©volution, de formation afin de rĂ©pondre aux enjeux liĂ©s Ă cette nouvelle
organisation dans lâintĂ©rĂȘt des travailleurs.
Action 3 : la formation continue des personnels
LâĂ©volution du public, lâarrivĂ©e des CPOM dans notre secteurs, le droit du travail, sont
autant de thĂšmes Ă aborder avec les professionnels. Bien que ces derniers soient tous
formĂ©s dans le champ du mĂ©dico-social, pour certains la derniĂšre formation remonte Ă
plusieurs années. Aussi, le CPOM ayant pour objectif de mutualiser les moyens, il
apparaĂźt une possibilitĂ© de formation Ă thĂ©matique visant lâensemble du personnel. Dans
le cadre de la formation continue, des sessions de formations thématiques, collectives
seront proposés, en lien avec les partenaires connus de la formation. Des formations
ayant pour thĂšme : les troubles psychologiques, les addictions, la gestion de la violence,
le CPOM, les droits des travailleurs handicapĂ©sâŠ..seront inscrites aux plans de
formations à compter de 2018. Entre 400 et 600⏠par personnes, elles seront étalées sur
plusieurs années en fonction des demandes et des priorités. Ces formations, tout comme
les formations qualifiantes sont nécessaires pour accroßtre les connaissances et
compĂ©tences des Ă©quipes. Cela participe Ă lâeffort collectif dâadaptation des pratiques aux
Ă©volutions du champ dâaction.
Le service RH, ayant la maßtrise des dispositifs de formation, sera associé à cette
démarche, dans la recherche de fonds et la planification.
- 72 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
Les outils usuels de financement : CIF, CPF, plan de formation⊠seront étudiés pour
chaque demande, notamment les formations qualifiantes. Les demandes seront
transmises au service RH, ainsi quâaux IRP pour consultation.
3.2.3 Le dĂ©veloppement de lâoffre de service en direction des travailleurs
Objectif gĂ©nĂ©ral : redimensionner le service social en service dâinsertion socio-
professionnelle
La réorganisation des activités va amener des sollicitations de la part des moniteurs
dâatelier dans le cadre de rĂ©partitions, et des demandes des ouvriers pour des essais, ou
changements de poste entre Ă©quipes ou entre pĂŽles. En effet, elle va amener une
nouvelle dynamique dans les ateliers, en parallĂšle du travail fait par le service social sur la
valorisation des compétences. Travailler sur les compétences suppose de mobiliser les
travailleurs dans les activités, diversifier les apprentissages, les étayer par de la formation
et récompenser cette démarche par ces certifications. Cela légitime les reconnaissances
en tant que professionnels et va dans le sens de lâĂ©volution du contexte. Redimensionner
le service social en service dâinsertion socio-professionnelle apparaĂźt nĂ©cessaire dans ce
processus de valorisation à travers une redéfinition des missions, une recherche de
partenaires et une valorisation des compétences des travailleurs. Ce service aura pour
vocation lâaccompagnement des travailleurs sur le volet social en y ajoutant le volet
insertion professionnelle, organisĂ©, dĂ©veloppĂ© afin de garantir lâinsertion en milieu
ordinaire de travail des travailleurs de lâESAT.
Objectif opérationnel 1 : organiser le service en interne
Action 1 : un service dâinsertion socio-professionnelle
DĂšs le premier trimestre 2019, une Ă©quipe pluridisciplinaire regroupant lâassistante de
service sociale, la psychologue et la monitrice dâatelier responsable des PI, en lien avec
lâĂ©quipe de direction et lâĂ©quipe encadrante aura pour mission dâassurer un
accompagnement des projets individuels sur les volets social, psychologique et
professionnel. Je laisse volontairement un temps dâadaptation et dâorganisation de quatre
mois (dâoctobre Ă janvier) Ă la monitrice dâatelier responsable des PI ainsi quâĂ lâassistante
de service sociale et la psychologue pour élaborer ensemble leurs procédures et leurs
organisation du travail avant de redimensionner ce service.
Le lien avec lâĂ©quipe encadrante se situera sur lâĂ©valuation des compĂ©tences, les
formations, la démarche RSFC que nous mettons en place depuis 2017. Le Décret n°
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 73 -
2009-565 du 20 mai 200979 constitue une avancée pour les travailleurs handicapés,
lâArticle D. 243-15 stipule :« La dĂ©marche de reconnaissance des savoir-faire et des
compétences et la validation des acquis de l'expérience visent à favoriser, dans le respect
de chaque projet individuel, la professionnalisation, l'Ă©panouissement personnel et social
des travailleurs handicapés et leur mobilité au sein de l'établissement ou du service d'aide
par le travail qui les accueille, d'autres Ă©tablissements ou services de mĂȘme nature ou
vers le milieu ordinaire de travail»
Cette Ă©quipe sera chargĂ©e entre autre de dĂ©velopper le partenariat afin dâobtenir des lieux
de stage ou de mise Ă disposition et de travailler Ă lâĂ©laboration dâun projet professionnel
avec les travailleurs en ayant les capacités.
La crĂ©ation de ce service ne signifie pas quâil y aura plus de sorties dâeffectif ou de mises
à disposition. Les PI seront étudiées avec attention, les compétences professionnelles
seront Ă©valuĂ©es afin dâorienter les personnes vers des projets qui leur sont accessibles.
La volontĂ© est ici de limiter les moments de difficultĂ©s, de sâassurer de la cohĂ©rence dâun
projet et dâencadrer les mises Ă disposition ou possibles orientations en milieu ordinaire.
Aussi, le point de vigilance se situe dans la qualitĂ© de lâĂ©valuation faite par lâĂ©quipe
pluridisciplinaire. Le chef de service devra veiller Ă un fonctionnement, une organisation
permettant lâexpression du travailleur mais aussi son accompagnement dans des projets
réalisables.
Action 2 : faciliter la mobilité dans le parcours du travailleur
la mobilité en interne : le fait de faciliter la mobilité est un préalable à une insertion
en milieu ordinaire car les changements dâactivitĂ©s demandent Ă la personne des
capacitĂ©s dâadaptation au travail, Ă un nouvel environnement, aux autres opĂ©rateurs,âŠLa
mobilitĂ© dans le parcours du travailleurs entraine ce que lâon nomme la polyvalence
dâactions. Les Ă©changes entre activitĂ©s, les changements de tĂąches, de poste, sont
encouragés et envisagés par les MA selon les souhaits des travailleurs. En rajoutant de la
mobilité entre les différents pÎles, cela donne une autre dimension et favorise une
acquisition de compĂ©tences. La visĂ©e est bien ici lâintĂ©gration en milieu ordinaire de
travail. Cette démarche est déjà engagée de maniÚre tacite mais la communication autour
de ce projet favorisera une remobilisation des Ă©quipes. Ainsi Ă partir du premier trimestre
2019, la mobilité sera facilitée au sein des différents pÎles.
79 Décret n° 2009-565 du 20 mai 2009 relatif à la formation, à la démarche de reconnaissance des
savoir-faire et des compétences et à la validation des acquis de l'expérience des travailleurs handicapés accueillis en établissements ou services d'aide par le travail [en ligne] journal officiel n°0118 du 23 mai 2009 [visité le 24 mai 2017] disponible sur internet : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020645029&categorieLien=id
- 74 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
la mobilité dans le milieu ordinaire : le service insertion socio-professionnelle aura
pour objectif de tendre vers le milieu ordinaire Ă travers : des rencontres, des rendez-vous
se rapprochant de lâentretien dâembauche, des stages ou mises Ă disposition seront
organisés suite à une évaluation et élaboration du PI.
Action 3 : la dĂ©marche dâune montĂ©e en compĂ©tences :
Cette dĂ©marche se veut dynamique, rapprochant autant le service dâinsertion socio-
professionnelle que les pĂŽles dâactivitĂ©s. Elle regroupe diffĂ©rents outils : offres de
formation, de RSFC et de stage, de mobilité dans les ateliers, de mise à disposition en
entreprise, ainsi que lâĂ©tude approfondie des PI et leur suivi. La dĂ©marche RSFC
contribue à renforcer la valorisation des compétences des travailleurs ainsi que celles de
lâĂ©quipe encadrante qui participe Ă la formation, Ă la prĂ©paration des certifications sur site,
des travailleurs.
Aussi, je prĂ©vois que les moniteurs dâatelier communiquent sur cet axe visant une
mobilisation des travailleurs. Lâinformation donnĂ©e aura pour objectif de susciter leur
adhésion et une réflexion visant à anticiper leurs PI. En effet, si la premiÚre expérience de
RSFC a connu un engouement certain sur le pĂŽle espaces verts, nous avons peu de
demande sur les autres activités, mais des compétences identifiées. Aussi, les moniteurs
dâatelier devront ĂȘtre vigilent, dans un travail de proximitĂ© afin dâengager cette dĂ©marche.
Action 4 : la continuitĂ© dâun plan de formation pour les travailleurs handicapĂ©s:
Le plan de formation mis en place Ă lâESAT Ă destination des travailleurs mobilise chaque
annĂ©e 1,6 % de la rĂ©munĂ©ration garantie ainsi quâun abondement de lâĂtat. Nous nous
appuyons sur UNIFAF, partenaire financeur afin de mettre en place des actions de
formation telles que les RSFC en lien avec lâAFPA. Ces derniers Ćuvrent dans le cadre
dâun partenariat pĂ©renne pour favoriser la montĂ©e en compĂ©tences des travailleurs sur les
différents pÎles en visant essentiellement les formations collectives.
Ă compter de 2019 la dĂ©marche RFSC sâappuiera sur les projets individuels des
travailleurs Ă travers le service dâinsertion socio-professionnel, afin dâorganiser et prĂ©voir
au budget les actions de formation. ConcrĂštement il sâagira de recenser les PI
mentionnant la volonté de passer une RSFC. Cela implique que les PI soient élaborés de
maniĂšre rigoureuse afin dâorienter les personnes Ă bon escient.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 75 -
Objectif opérationnel 2 : développer le service en externe
Action 1 : la recherche de partenariat permettant le développement du service
La recherche du partenariat passera dâabord par notre fichier clients et donneurs dâordres,
notamment les entreprises proches de notre zone commerciale ainsi que les clients de
longue durĂ©e. Pour exemple, une Ă©quipe dâespaces verts intervient pour une mairie
depuis plusieurs années. Les relations avec le responsable des EV nous ont permis
dâorganiser un stage pour un travailleur en juin 2018.
Dans un deuxiĂšme temps nous nous concentrerons sur la recherche dâautres partenaires
en fonction des projets individuels. La MA responsable des PI prospectera les entreprises
et expliquera notre démarche.
Par ailleurs, le partenariat ne concerne pas seulement le secteur marchand. La réussite
de ce projet repose sur diverses associations ou organismes nous permettant de
renseigner les travailleurs ou les faire entrer dans un dispositif dâaccompagnement. Je
pense notamment aux missions locales, Cap Emploi ou encore les autres associations du
secteur pour un partage dâexpĂ©riences.
La signature de convention de partenariat sera un gage de rĂ©ussite dans la crĂ©ation dâun
réseau à mobiliser rapidement pour les travailleurs et selon leurs projets individuels.
3.3 La dĂ©marche dâĂ©valuation
LâamĂ©lioration continue de la qualitĂ© :
Tout établissement doit évaluer la qualité des prestations en direction du public accueilli.
La dĂ©marche dâĂ©valuation est prĂ©vue par la loi 2002-2. Lâarticle L. 312-8 est explicite :
« Les établissements et services mentionnés à l'article L. 312-1 procÚdent à l'évaluation
de leurs activitĂ©s et de la qualitĂ© des prestations qu'ils dĂ©livrent [âŠ] »
Cette Ă©valuation est issue dâune part, par lâĂ©valuation interne dont les conclusions sont
envoyĂ©es Ă lâautoritĂ© de tarification. Dâautre part, lâĂ©valuation externe est rĂ©alisĂ©e par un
organisme extĂ©rieur, habilitĂ© et dont les conclusions sont Ă©galement envoyĂ©es Ă lâautoritĂ©
de tarification.
Au terme de cette procĂ©dure, une dĂ©marche dâamĂ©lioration continue de la qualitĂ© est
Ă©laborĂ©e, par un plan dâamĂ©lioration continue de la qualitĂ© : le PACQ visant Ă remĂ©dier
aux points dâamĂ©lioration soulevĂ©s par les Ă©valuations prĂ©cĂ©demment citĂ©es.
Selon Jean-RenĂ© LOUBAT80, lâamĂ©lioration de la qualitĂ© se situe sur trois niveaux :
80 LOUBAT JR, 2004, « Ăvaluation de la qualitĂ© : La particularitĂ© des Ă©tablissements sociaux et
médico-sociaux » in lien social [en ligne] dossier n° 719 [visité le 2 août 2018] disponible sur internet : https://www.lien-social.com/Evaluation-de-la-qualite
- 76 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
« La qualité des prestations délivrées, qui porte sur les effets avantageux générés
par lâĂ©tablissement en matiĂšre de service rendu auprĂšs des populations bĂ©nĂ©ficiaires » oĂč
lâon va sâintĂ©resser plus particuliĂšrement Ă la satisfaction des usagers quant Ă la qualitĂ©
des prestations
La qualitĂ© de « la relation quâentretient lâĂ©tablissement prestataire avec ses
bĂ©nĂ©ficiaires » oĂč lâon va mesurer la qualitĂ© des Ă©changes, le rapport entre le service et
les bénéficiaires.
« La qualitĂ© de lâorganisation, de la mise en Ćuvre des dispositifs et de lâutilisation
des ressources permettant de rendre le service » relatif au mangement, aux outils
proposés.
Cette évaluation multidimensionnelle se pose à un moment donné et implique de de
suivre les conclusions visant une amélioration. Les évaluations réguliÚres et obligatoires
induisent un processus dynamique de continuité des actions visant la qualité de
lâensemble des prestations dispensĂ©es. Ainsi je pendrai appui sur le modĂšle PLAN DO
CHECK ACT (PDCA) ou « roue de Deming »81 illustrant cette dĂ©marche par lâimage
dâune roue en mouvement continue symbolisant lâavancĂ©e de la dĂ©marche dans le temps,
un enchainement de quatre étapes dépendantes les unes des autres.
Le principe de cette roue est quâelle tourne plusieurs fois, autant de fois nĂ©cessaire Ă
lâamĂ©lioration de lâaction.
PLAN : planifier lâaction
DO : mettre en Ćuvre lâaction
CHECK : contrĂŽler lâaction
ACT : rĂ©ajuster lâaction
Schéma N° 4 : roue de Deming
Au-delĂ de lâillustration, cette dĂ©marche implique une volontĂ© de lâĂ©quipe de direction de
collaborer avec les salariĂ©s Ă lâamĂ©lioration de la qualitĂ© de lâoffre de service, Ă ĂȘtre dans
81
LECLET H., VILCOT C., 2003, Construire le systĂšme qualitĂ© dâun Ă©tablissement de santĂ©, in GRAU C. 2003, Construire un outil dâĂ©valuation interne propre Ă un centre dâaide par le travail. LâentrĂ©e dans une dĂ©marche qualitĂ© par lâautoĂ©valuation, mĂ©moire de lâĂcole Nationale de la SantĂ© Publique 82 p., p. 15
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 77 -
un processus dâamĂ©lioration au fur et Ă mesure des services proposĂ©s aux travailleurs
handicapĂ©s de lâESAT.
Dans le cadre de la derniÚre évaluation externe (2014), un PACQ avait été mis en place
sollicitant la participation des travailleurs et du personnel. Les groupes de travail mixés
(travailleurs et personnels) Ă©taient efficaces, lâensemble des acteurs sâĂ©tant appropriĂ© la
dĂ©marche. Ceci est encourageant pour la prochaine dĂ©marche dâĂ©valuation continue de la
qualitĂ© prĂ©vue aprĂšs lâĂ©valuation externe de 2019.
LâĂ©valuation se dĂ©fini comme un outil permettant de visualiser la cohĂ©rence et la
pertinence des actions ainsi que leurs efficacitĂ©s, lâefficience des moyens utilisĂ©s et
lâimpact des actions. La performance, nouveau mots dans lâaction sociale et mĂ©dico-
sociale est de plus en plus visĂ©e. LâANAP82 a dâailleurs mis en place un tableau de bord
visant lâaide au pilotage des Ă©tablissements.
Lors des sĂ©ances de COPIL nous dĂ©terminons une dĂ©marche dâĂ©valuation du projet. Le
projet devra ĂȘtre Ă©valuĂ© selon une mĂ©thode quantitative et qualitative. Des Ă©lĂ©ments de
lâĂ©valuation finale sont concrĂ©tisĂ©s dans un tableau en annexe XII Ă titre indicatif. Lâoutil
dâĂ©valuation sera Ă©laborĂ© et suivi par un collectif que nous avons dĂ©terminĂ© en COPIL.
Ce collectif sera constituĂ© de moi-mĂȘme, la psychologue, un moniteur principal et deux
moniteurs dâatelier. Je dĂ©sire Ă©galement intĂ©grer Ă ce collectif, deux travailleurs. Par
ailleurs, lâĂ©valuation se fera aussi sur diffĂ©rents temps, interrogeant la phase prĂ©paratoire,
la stratĂ©gie, les actions mise en Ćuvre au fur et Ă mesure. Cela donnera lieu Ă des
remédiations.
LâĂ©valuation qualitative :
Concernant lâaccompagnement socio-professionnel des usagers
Le projet individuel sera le premier outil dâĂ©valuation qualitative. En effet, Ă chaque PI, une
date dâĂ©valuation du projet est actĂ©e visant Ă mesurer les Ă©carts entre le projet initial et les
actions rĂ©alisĂ©es. La monitrice dâatelier responsable des PI a la charge de ce travail
dâĂ©valuation des PI.
ParallĂšlement une enquĂȘte de satisfaction sera rĂ©alisĂ©e au bout dâun an de ce nouveau
fonctionnement, par le collectif en charge de lâĂ©valuation, visant Ă mesurer la qualitĂ© de
services proposés aux usagers. Les critÚres et indicateurs évalués seront : la démarche
RSFC, la formation, les mises en stage, les mises Ă disposition, les accompagnements
réalisés au niveau social, la conduite des PI, En ce qui concerne les rapports avec les
82
ANAP, 2012, Piloter la performance dans le secteur mĂ©dico-social ExpĂ©rimentation dâun tableau de bord de pilotage,Paris, ANAP, 56 p.
- 78 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
partenaires, le suivi du parcours de lâusager sera Ă©galement Ă©valuĂ© en termes de relation
de travail, respect des contraintes de la part du travailleur mais aussi en termes
dâaccompagnement de lâentreprises (accueil du travailleurs, phases de rĂ©gulationâŠ.)
lâorganisation en pĂŽles dâactivitĂ©s mise en place.
Le critĂšre dâĂ©valuation concernera pour les usagers, la satisfaction de lâorganisation
proposée. Les boites à idées mises à disposition nous donneront des points
dâamĂ©liorations.
La clientÚle, par le taux de fréquentation, les contrats, seront un bon outil de mesures de
la qualité de services.
Au niveau du personnel, la mesure du climat social sera un critÚre déterminant pour
sâassurer de la qualitĂ© du fonctionnement de lâorganisation mise en place. Au bout dâun
an, nous pourrons utiliser diffĂ©rents indicateurs : mouvements dans lâeffectif, absentĂ©isme,
arrĂȘts maladie, mais aussi, les comptes rendus des rĂ©unions DP, et rĂ©unions
fonctionnelles.
Par ailleurs, les modes de communications seront également analysés quant à leur
utilisation et leur efficacitĂ© (circulation de lâinformation, disponibilitĂ© des cadresâŠ)
LâĂ©valuation quantitative
Pour les travailleurs, cette évaluation portera bien entendu sur la réalisation de
lâensemble des PI dans lâannĂ©e et sur le nombre dâactions rĂ©alisĂ©es dans le cadre des PI.
Sâil sâagit dâorientation vers le milieu ordinaire, le nombre de stage, de mises Ă disposition,
dâactions entreprises seront mesurĂ©s.
Par cette Ă©valuation je souhaite Ă©galement mesurer lâimpact du projet sur le personnel.
Leur taux de participation sera mesurĂ© Ă travers les listes dâĂ©margement en rĂ©unions,
lâimpact du projet par les entretiens annuels menĂ©s par les chefs de service ainsi quâun
questionnaire.
Conclusion intermédiaire :
Au terme de cette projection, je peux affirmer quâil sâagit lĂ dâun projet ambitieux
nécessitant du temps et la coopération des équipes autant que des travailleurs. Des
étapes nécessaires à la construction de ce projet permettent de respecter la temporalité
des acteurs. Lâenjeu est ici de rĂ©ussir la rĂ©organisation tout en garantissant un parcours
professionnel, lâESAT devenant un service au service de lâaccompagnement des
travailleurs.
LâĂ©valuation du projet ainsi que le processus dâamĂ©lioration continue permettront de
soulever les points dâamĂ©lioration et dâainsi perdurer dans cette construction de sens.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 79 -
Conclusion
Ce projet Ă double dimension amĂšne Ă lâESAT et son association gestionnaire une
dynamique nouvelle, mobilisant chaque acteur. Les usagers, dâabord par leur participation
Ă lâamĂ©lioration de lâorganisation des activitĂ©s productives, mais aussi par leur
responsabilisation Ă travers leurs projets individuels permettent dâaller vers une ouverture
sur le milieu ordinaire de travail. LâĂ©quipe de direction, par une redĂ©finition des missions
des cadres intermédiaires impliquant des délégations de tùches pour les moniteurs
principaux, participent à la montée en compétences des acteurs y compris des moniteurs
dâatelier.
Les moniteurs dâateliers, de par cette organisation, auront une latitude pour exercer leurs
missions de production, mais aussi de participation Ă la professionnalisation des
travailleurs.
Si auparavant la mission dâinsertion en milieu ordinaire Ă©tait peu Ă©voquĂ©e au profit dâun
accompagnement au travail en atelier, lâorganisation en pĂŽle dâactivitĂ© et un renforcement
du service social par une dimension professionnelle a vocation à développer la démarche
de montée en compétence et de recherche de terrain de professionnalisation.
Ce projet reprĂ©sente une triple valeur ajoutĂ©e, dâune part pour lâESAT en termes de
communication, dâimage de marque, dâautre part pour le personnel en termes de
formations, dâintĂ©rĂȘt et de pratiques professionnelles, et enfin pour les travailleurs de
lâESAT en termes de projets, de formations, de compĂ©tences.
Le projet dâĂ©tablissement constitue de fondement de ce projet, travaillĂ© en collaboration
avec les membres de lâĂ©quipe et les travailleurs.
AprĂšs lâĂ©laboration du projet, dans le cadre de lâamĂ©lioration continue de la qualitĂ©, il
serait intĂ©ressant de rĂ©flĂ©chir au nouveau dispositif dâemploi accompagnĂ©. La loi 8 aoĂ»t
201683 dite « Loi travail » a introduit le dispositif dâemploi accompagnĂ©. Ce dernier est
« un dispositif dâappui pour les personnes en situation de handicap destinĂ© Ă leur
permettre dâobtenir et de garder un emploi rĂ©munĂ©rĂ© sur le marchĂ© du travail. Sa mise en
Ćuvre comprend un soutien et un accompagnement du salariĂ© ainsi quâun appui et un
accompagnement de lâemployeur84 »
Ce dispositif est encouragĂ© par lâARS qui a officialisĂ© un appel dâoffre sur le dĂ©partement
du Var. Une autre association ayant un rayonnement sur le territoire important a remporté
83 LOI n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la
sécurisation des parcours professionnels JORF n°0184 du 9 août 2016 84
MinistÚre du travail, Emploi et handicap [visité le 15 juin 2018] disponible sur internet : https://travail-emploi.gouv.fr/emploi/emploi-et-handicap/article/emploi-et-handicap-le-dispositif-de-l-emploi-accompagne
- 80 - Claire SELLIER - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2018
cet appel dâoffre et prĂ©voit donc la crĂ©ation de 15 places dâaccompagnement dâici 2019.
Ce dispositif sera ainsi expérimenté puis développé dans le département. Aussi je projette
un rapprochement du service dâinsertion socio-professionnel de cette association pour
connaĂźtre le dispositif et orienter les travailleurs dans un premier temps. Dans un second
temps et afin de développer notre action sur le territoire tout en poursuivant notre mission
dâintĂ©gration par lâemploi, jâenvisage de rĂ©pondre aux futurs appels Ă projets pour ce type
dâoffre de service. En effet, les actions proposĂ©es au service dâinsertion socio-
professionnelle peuvent ĂȘtre Ă©quivalentes. Aussi, un tel projet nous doterait en moyens
supplémentaires pour remplir notre mission.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 81 -
Bibliographie
Ouvrages consultés :
ANDICAT, 2016, RÚglementation et législation des ESAT, les fiches pratiques, 4Úme
Ă©dition, Paris, ANDICAT, 201 p.
BATIFOULIER F, 2014, Manuel de direction en action sociale et médico-sociale, Paris,
Dunod, 493 p.
BERNOUX P., 1985, La sociologie des organisations, initiation théorique suivie de douze
cas pratiques, Paris, seuil, 360p,
BONNEFOND G., 2006, De lâinstitution Ă lâinsertion professionnelle : le difficile parcours
des jeunes déficients intellectuels, Ramonville Sainte-Agne, Ed ErÚs, 288p.
BUCOLO E, EYNAUD P, HAERINGER J, 2014, La gouvernance des associations en
pratique, Paris, Le mouvement associatif, 38p.
CARLEUX F, DEBIEUVRE P, 2011, Direction(s) hors-série N° 6, Bùtir une GPEC, Thiron,
Ă©dition Direction(s) 135 p.
CODE de l'Action Sociale et des Familles, 2018, Dalloz, 14Ăšme Ă©dition, 2002 p.
CONJARD P., DEVIN B., 2009, Guide : "Acquérir et transmettre des compétences : et si
on se formait au travail ?" RĂ©seau ANACT, 34 p.
DES LAURIERS T., 2016, Manager un projet, définir, concevoir, piloter, Paris, Eyrolles,
144 pages
FLACHER B., 2008, Travail et intégration sociale, thÚmes et débats, 2Úme édition, Bréal,
127p.
GOFFMAN E., 1975 Stigmate, les usages sociaux des handicaps, Paris, Les Ă©ditions de
minuit, 175 p.
Guide NERET, 2009, Droit des personnes handicapées, Rueil Malmaison groupe liaison
479 p.
LEFEVRE P., 2016, Guide du directeur en action sociale et médico-sociale, 4eme édition,
Paris, Dunod, 406 p.
LOUBAT JR, 2012, Elaborer un projet dâĂ©tablissement ou de service en action sociale et
médico-sociale, 3Úme édition, paris, Dunod, 403 p.
LOUBAT J.R., 2011, "Penser le management en action sociale et médico-sociale", B-
Herstal : Dunod, 2001, 391 p.
MIRAMON JM, 2009, Manager le changement dans les Ă©tablissements et services
sociaux et mĂ©dico-sociaux, 3 Ăšme Ă©dition, Rennes, Presses de lâEHESP, 152 p.
- 82 - Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
1MIRAMON JM, COUET D, PATURER JB, 2005, le métier de directeur, technique et
fiction, Rennes, presses de lâEHESP, 272p.
VERGEZ A, HUISMAN D, 1990, Nouvel abrégé de philosophie, Paris, Nathan, 222 p.
ZOLA E. 1971, Lâassommoir, paris, le livre de poche, 576p.
ZRIBI G., 2008, Lâavenir du travail protĂ©gĂ© : les ESAT dans le dispositif dâemploi des
personnes handicapées, 3Úme édition, Rennes, EHESP 115p.
Revues :
ANDICAT, 2016, RÚglementation législation des ESAT : fiches pratiques n°2, Paris,
ANDICAT,190 p.
BRIERE G. 2006 ANDICAT, « Programme Européen EQUAL en Bretagne » Les cahiers
dâANDICAT prĂ©parer lâexcellence des ESAT pour lâavenir ou de lâutilitĂ© des bonnes
pratiques, n° 5 p. 53-60
COHENDET P, DIANI M, 2003, « Lâorganisation comme une communautĂ© de
communautĂ©s croyances collectives et culture dâentreprise », Revue d'Ă©conomie politique,
Vol. 113, p. 697-720
LOUBAT JR, 2004, « Ăvaluation de la qualitĂ© : La particularitĂ© des Ă©tablissements sociaux
et médico-sociaux » in lien social [en ligne] dossier n° 719 [visité le 2 août 2018]
disponible sur internet : https://www.lien-social.com/Evaluation-de-la-qualite
SAUSSE.S mars à juin 2001, « Sourds et malentendants, entre intégration et droit à la
diffĂ©rence, un conflit dâobjectif ? Les enjeux de lâintĂ©gration chez les personnes atteinte de
surditĂ© » Les cahiers de lâactif : n° 298/299 300/301 p.14
Dictionnaire :
Dictionnaire de la langue française, le petit Robert, Paris, 2003.
Le Robert de poche 2010, dictionnaire, 2009, Malesherbes 1074p.
MĂ©moires :
LECLET H., VILCOT C., 2003, Construire le systĂšme qualitĂ© dâun Ă©tablissement de santĂ©,
in GRAU C. 2003, Construire un outil dâĂ©valuation interne propre Ă un centre dâaide par le
travail. LâentrĂ©e dans une dĂ©marche qualitĂ© par lâautoĂ©valuation, mĂ©moire de lâĂcole
Nationale de la Santé Publique 82 p.
CHEPPIO JF, 2014, Promouvoir une filiÚre ESAT en réponse aux besoins de
dynamisation des parcours des travailleurs handicapĂ©s en Var est, mĂ©moire de lâĂcole
Nationale de la Santé Publique 90 p
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 83 -
Rapports :
ANAP, 2012, Piloter la performance dans le secteur mĂ©dico-social ExpĂ©rimentation dâun
tableau de bord de pilotage, Paris, ANAP, 56 p.
ANESM, 2013, « Recommandations des bonnes pratiques professionnelles », Adaptation
de lâaccompagnement aux attentes et besoins des travailleurs handicapĂ©s en ESAT, 90 p.
ANESM, 2010 « Recommandation de bonnes pratiques professionnelle » Elaboration,
rĂ©daction et animation du projet dâĂ©tablissement ou de service, 80 p.
Agence Régionale de Santé, Schéma régionale de santé 2018-2023 Provence Alpes CÎte
dâAzur, 351 p.
BOCQUET E, sĂ©nateur, Rapport dâinformations fait au nom de la commission des
finances sur les Ă©tablissements et services dâaide par le travail (ESAT) n° 409, Paris,
Enregistré à la Présidence du Sénat le 15 avril 2015, 74 p.
CNSA, 2015, Les chiffres clefs de lâautonomie, sipa presse, 16p.
Conseil Général du Var, Schéma des solidarités départementales enfance autonomie
insertion 2014-2018, 172 p.
Communauté Européenne, 2007, "Compétences clés pour l'éducation et la formation tout
au long de la vie, 16 p., [visité le 6 janvier 2018] Disponible sur Internet :
https://competencescles.eu/sites/default/files/attachements/keycomp_fr.pdf
DGCS, 2009, Rapport opus 3 Appui des services de lâĂ©tat Ă la modernisation et au
dĂ©veloppement des Ă©tablissements et services dâaide par le travail dans leurs missions
médico-sociale et économiques, Paris, 82 p
DGCS, Communiqué de presse, « Publication des textes réformant la contractualisation
et le financement des établissements et services médico-sociaux pour personnes ùgées
et handicapées » 20 janvier 2017, Paris
GUEYE Isaac, Les coopérations dans le secteur social et médico-social : forme, modalité
et contrainte, XIVe rencontres du rĂ©seau interuniversitaire de lâĂ©conomie sociale et
solidaire, du 21 au 23 mai 2014, Lille, 21p.
GUILLOT D., CNCPH, 2018, Rapport, Tome 1 : "Personnes handicapées, sécuriser les
parcours, cultiver les compétences" 139p. [visité le 5 avril 2018] Disponible sur Internet :
http://handicap.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_gillot_-_tome_1.pdf
Observatoire Ă©conomique du travail protĂ©gĂ© et adaptĂ©, 2015, ElĂ©ments dâanalyse des
relations Ă©conomiques entre EA & ESAT et leurs donneurs dâordres, 2Ă©me Ă©dition Paris,
réseau GESAT, 43 p.
KLASEN. S Lâexclusion sociale, les enfants et lâĂ©ducation : concepts et mesures [en ligne]
dĂ©partement dâĂ©conomie UniversitĂ© de Munich, [visitĂ© le 6 juillet 2017] disponible sur
internet : http://www.oecd.org/fr/education/innovation-education/1855909.pdf
LE COAREGUER C., LENOIR A, 2017 « Tableau de bord emploi et chÎmage des
personnes handicapées » AGEFIPH, n° 2016-4 décembre 2016
- 84 - Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
Textes de Lois - DĂ©crets â RĂšglementation
Lois :
Loi n°57-1223 du 23 novembre 1957 sur le reclassement des travailleurs handicapés,
journal officiel du 24 novembre 1957
Loi n° 75-534 du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées, journal
officiel du 1er juillet 1975
Loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales, journal
officiel du 1er juillet 1975
LOI n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale, journal officiel
n° 2 du 2 janvier 2002
LOI n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées, Journal officiel du 12 février
2005
LOI n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hÎpital et relative aux patients, à la
santé et aux territoires journal officiel n°0167 du 22 juillet 2009.
LOI n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social
et à la sécurisation des parcours professionnels JORF n°0184 du 9 août 2016
Circulaire :
Circulaire n° DGCS /SMS3b/2011/260 du 24 juin 2011 relative à la campagne budgétaire
des Ă©tablissements et services dâaide par le travail pour lâexercice 2011
Circulaire DGAS du 1er aout 2008 relative aux Ă©tablissements et services dâaide par le
travail et aux personnes handicapées qui y sont accueillies
Circulaire 60 AS du 8 dĂ©cembre 1978 relative aux centres dâaide par le travail
DĂ©crets :
Décret n° 2009-565 du 20 mai 2009 relatif à la formation, à la démarche de
reconnaissance des savoir-faire et des compétences et à la validation des acquis de
l'expérience des travailleurs handicapés accueillis en établissements ou services d'aide
par le travail, journal officiel n°0118 du 23 mai 2009,
Sites internet :
http://handicap.gouv.fr
www.has-sante.fr
www .legifrance.fr
https://www.lien-social.com
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 - 85 -
http://www.unapei.org
www.paca.ars.sante.fr
MinistĂšre du travail, Emploi et handicap: https://travail-emploi.gouv.fr
Documents internes :
Projet associatif
Projet dâĂ©tablissement 2015-2019
Evaluation externe 2015
Rapports dâactivitĂ©s 2017
Comptes administratifs 2017
- 86 - Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
Liste des tableaux,
schémas et Graphiques
Tableaux :
Tableau 1 : Les enjeux de lâassociation p.26
Tableau 2 : ùge et ancienneté du personnel p.29
Tableau 3 : prévisionnel départ sur cinq ans p.30
Tableau 4 : Ă©tat des formations p.30
Tableau 5 : ancienneté des travailleurs p.37
Tableau 6 : moyenne dâĂąge p.37
Tableau 7 : causes de sorties dâeffectif p.37
Schémas :
Schéma 1 : organigramme p.24
Schéma 2 : ESAT A p.25
Schéma 3 : ESAT B p.25
Schéma 4 : roue de DEMING p.76
Graphiques :
Graphique 1 : chiffre dâaffaire p.35
Graphique 2 : pourcentage type de handicap p.36
Graphique 3 : projets individuels p.39
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 I
Liste des annexes
Annexe I : organisation des ateliers de production ESAT A et B II
Annexe II : posture de directeur dâESAT III
Annexe III : Analyse SWOT du diagnostic IV
Annexe IV ; répartition des effectifs par ETP VI
Annexe V : Ă©lĂ©ments budgĂ©taires / chiffre dâaffaire des ESAT VII
Annexe VI : synthÚse des enseignements tirés de la démarche
de mutualisation des ateliers espaces verts IX
Annexe VII : description et analyse des ateliers de production XI
Annexe VIII : discours de la Directrice Générale XIV
Annexe IX : Temporalité du projet XV
Annexe X : organisation des réunions XVII
Annexe XI : Mises Ă dispositions XVIII
Annexe XII : Ă©valuation du projet XIX
II Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
Annexe I : organisation des ateliers de production des ESAT A et B
Ateliers mutualisés ESAT A et B
Atelier restauration : pour lâensemble des
ouvriers et du personnel de lâESAT A
ESAT A Atelier tri postal
Traitement et renvoie de courriers non distribués aux expéditeurs dans toute la
France
Atelier entretien des locaux :
Entretien de surfaces dans les entreprises et
bureaux
Atelier imprimerie : Tous travaux dâimprimerie + travaux de façonnage
ESAT B
Atelier sous-traitance/ mise Ă disposition : 27 ouvriers mis Ă
disposition dâune grande entreprise dans un snack
et espaces café + gestion du courrier
+ gestion des salles de réunion
+ service conciergerie
Atelier restauration : Préparation de repas
pour diverse structures et entreprises
Atelier pĂątisserie/chocolat Fabrication et vente de
chocolat fins
Atelier traiteur Fabrication pour le snack
+ entreprises et particuliers
PĂŽle espaces verts : 4 Ă©quipes 3 Ă©quipes ESAT A ESAT B Intervention chez des particuliers et
entreprises (Entretiens et créations)
Atelier couture/production de cabas :
Création, fabrication et vente de sac /showroom
Atelier repassage Repassage du linge de
particuliers + Contrat annuel
entreprise en lien avec la conciergerie
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 III
Annexe II : Posture de Direction
Directeur d'ESMS
référence au cadre légal: - politiques publiques
- droit du travail
- recommandations de bonnes pratiques professionnelles
- code de l'action sociale et des familles
démarche qualité
usagers
directeur d'entreprise
référence au cadre légal: - droit du commerce
- droit du travail
normes sanitaires
normes qualités
clients
Cadres
intermédiaires
Personnel
Travailleurs
handicapés
Partenaires
Posture de directeur :
La référence au travail Accompagnement social Accompagnement par le travail :
Production
Budget BPAS
Budget BAPC
Moniteurs dâatelier
Travailleurs sociaux
Accompagnements, actions de soutien, formations, apprentissages, savoir-faire, savoir ĂȘtre, bientraitance, pĂ©dagogie, hygiĂšne vestimentaire, travail social, projet individuelsâŠ.
Responsables dâĂ©quipes
Production, assiduitĂ©, ponctualitĂ©, tenue de travail, respect des dĂ©lais, chaine de travail, comportement au travail, formations professionnelles, compĂ©tences, formations qualifiantes, relation de travailâŠ
Service social
Usagers Travailleurs handicapés
IV Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
Annexe III : Analyse SWOT du diagnostic
Vous trouverez ici un résumé de chaque partie du diagnostic, élaboré selon la méthode
SWOT
SWOT partie 2.1.1 Présentation du contexte institutionnel
inte
rne forces faiblesses
Gouvernance organisĂ©e, enjeux identifiĂ©s Dirigeance : pilotage de pĂŽles dâactivitĂ©s Direction affirmĂ©e : usagers partie prenante
nombreux changements Ă conduire bouleversements dans les pratiques professionnelles
exte
rne opportunités menaces
CPOM mutualisation offre de services diversifiée
plusieurs sites : circulation de lâinformation, harmonisation des pratiques, rĂ©sistances aux changements
SWOT partie 2.1.2 Questionnement autour de la dynamique de ressources humaines
inte
rne forces faiblesses
personnel qualifié, mobilisable politique RH : GPEC
signes dâĂ©puisement professionnel, de rĂ©sistances aux changements, absence de culture commune, confusions autour de lâĂ©quipe de direction
exte
rne
opportunités menaces
départs prévisible recrutement missions équipe de direction mutualisation de services
changement
SWOT Partie 2.1.3 Budget, la particularitĂ© des ESAT : risques et points dâamĂ©lioration
liés à la productivité
inte
rne forces faiblesses
budget commercial compense budget social budget pÎle espaces verts aprÚs mutualisation signe de réussite
équilibre budgétaire en questionnement
exte
rne opportunités menaces
optimisation des dépenses performance commande politiques publiques CPOM
budget accordé insuffisant sur masse salariale surproduction /sélection
SWOT partie 2.2.1 Données concernant le public accueilli
inte
rne forces faiblesses
public dynamique, en demande dâinsertion professionnelle dĂ©marche RSFC, mises Ă disposition
demandes dâinsertion professionnelle peu satisfaites
exte
rne opportunités menaces
mutualisation partenariat
confrontation des publics
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 V
SWOT Partie 2.2.2 Volet accompagnement social
inte
rne forces faiblesses
valeur travail, partenariat, soutien, service social, Ă©quipe pluridisciplinaire
e
xte
rne opportunités menaces
dispositifs de valorisation des compétences, la formation
changement du statut des travailleurs handicapés en questionnement disparition dimension sociale en ESAT
SWOT partie 2.2.3 Volet production : positionnement stratégique des activités
inte
rne forces faiblesses
chiffre dâaffaire pole espaces verts et ateliers restauration
activités tri postal
exte
rne opportunités menaces
expérimentation mutualisation pole espaces verts showroom
clientĂšle
VI Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
Annexe IV : répartition des effectifs par ETP
FONCTIONS
ESAT A ESAT B
total ETP
par fonction
directrice 0.5 0.5 1
chef de service 1 1 2
agent administratif 0.25 0.25 0.50
secrétaire 1 1 2
comptable 1 1 2
psychologue 0.50 0.50 1
assistante de service social
0.50 0.50 1
moniteur dâatelier 11 5 16
moniteur principal 1 2 3
homme dâentretien 1 1 2
total ETP 17.75 12.75 30.50
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 VII
Annexe V : Ă©lĂ©ments budgĂ©taires / chiffre dâaffaire des ESAT
Eléments du PBAS ESAT A
En 2017, sur lâESAT A, la dotation globale est de 957687.08⏠sur le budget social pour un
Cout Ă la place de 12941.71âŹ. Le rĂ©sultat comptable en fin dâexercice prĂ©sente un dĂ©ficit
de 40715âŹ.
Lâanalyse du budget fait ressortir les points suivants : Ce dĂ©ficit est dĂ» principalement au
groupe II : masse salariale supĂ©rieure au budget accordĂ©. De plus, un taux dâabsentĂ©isme
important des travailleurs handicapés entraßne un dépassement sur le groupe I.
ElĂ©ments du BAPC : Chiffre dâaffaire ESAT A
Ateliers Chiffre dâaffaire 2017 diffĂ©rence annĂ©e 2016
EV 388755⏠+62812âŹ
tri postal 62408⏠-3691âŹ
couture/confection sac 54834⏠+14895âŹ
entretien locaux 101155⏠+27955âŹ
imprimerie 116721⏠+8721âŹ
mise Ă disposition ponctuelle dâune Ă©quipe
34034⏠+34034âŹ
total 757907âŹ
Eléments du PBAS ESAT B
En 2017, sur lâESAT B, la dotation globale est de 951995.08⏠sur le budget social pour un
Cout Ă la place de 11899.93âŹ. Le rĂ©sultat comptable prĂ©sente un dĂ©ficit de 8534.18âŹ.
Lâanalyse du budget fait ressortir le mĂȘme constat concernant la masse salariale
ElĂ©ments du BAPC : Chiffre dâaffaire ESAT B
Ateliers Chiffre dâaffaire 2017 diffĂ©rence annĂ©e 2016
cuisine / traiteur 659595⏠+133395âŹ
cafeteria
(nouvelle activité)
192359⏠+162359âŹ
pĂątisserie / confiserie / chocolat
89232⏠-32768âŹ
repassage 49488⏠+1288âŹ
mise Ă disposition collective
46566⏠-2171âŹ
total 1037240âŹ
VIII Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
Chiffre dâaffaire en pourcentage sur lâensemble des deux ESAT :
ATELIERS pourcentage du chiffre dâaffaire sur
lâensemble des ateliers en %
pĂŽle espaces verts
21.66
tri postal
3.48
couture /sac
3.06
entretien locaux
5.64
imprimerie
6.51
mise Ă disposition ponctuelle dâune
Ă©quipe
1.90
cuisine / traiteur
36.75
cafeteria
10.72
pĂątisserie / confiserie / chocolat
4.97
repassage
2.76
mise Ă disposition collective
2.60
total chiffre dâaffaire : 1795147âŹ
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 IX
Annexe VI : synthÚse des enseignements tirés de la démarche de mutualisation
des ateliers espaces verts sur lâexercice 2017
Au niveau Ă©conomique : une Ă©conomie de 71154 âŹ
actions économies réalisées
conséquences
charges liées au
personnel 47200âŹ
+ de moniteurs dâateliers sur le pĂŽle = absence de besoin de remplacement. Les congĂ©s sont Ă©chelonnĂ©s et organisĂ© en mĂȘme temps que ceux des travailleurs
entretien matĂ©riel 7254âŹ
rĂ©organisation du temps de travail = dĂ©gagement de 3 jours par mois dĂ©diĂ©s Ă lâentretien des machines = diminution des frais liĂ©s Ă lâentretien
vĂ©hicules 15200âŹ
prĂ©sence de 2 vĂ©hicules non utilisĂ©s sur lâESAT A = report dâachat de 3 ans pour un vĂ©hicule dâespaces verts + utilisation dâune voiture pour la rĂ©alisation des devis
matĂ©riel EV 1500âŹ
1 broyeur + une dĂ©broussailleuse sur ESAT B dĂ©sormais utilisĂ©s par lâensemble des Ă©quipes = nul besoin de location pour ces matĂ©riels
total 71154âŹ
Ainsi des Ă©conomies importantes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es dâun exercice sur lâautre du fait de la
mutualisation qui positionne lâactivitĂ© espaces verts juste derriĂšre la restauration en
termes de chiffre dâaffaire.
Au niveau organisationnel :
Le nombre dâĂ©quipes plus important permet de revoir totalement les plannings
dâintervention chez les particuliers et les entreprises. Lâobjectif Ă©tant de dĂ©gager du temps
de coordination au moniteur principal, de procĂ©der Ă lâentretien du matĂ©riel, de diminuer
des remplacements, de favoriser le prĂȘt de gros matĂ©riel entre Ă©quipes...
un premier semestre difficile quant Ă lâorganisation avec des plaintes rĂ©currentes
des moniteurs dâatelier concernant les modifications de planning
un second semestre encourageant avec des retours positifs des clients quant Ă la
fiabilitĂ© de lâorganisation des chantiers
Ceci est dĂ» Ă un travail de communication et un travail en Ă©quipe entre le chef de service
et le moniteur principal, une délégation progressive de certaines tùches et des points
dâĂ©tapes visant Ă rĂ©guler lâorganisation.
Au niveau de lâintĂ©rĂȘt professionnel pour les travailleurs :
La mutualisation des Ă©quipes permet une responsabilisation des moniteurs dâateliers et
des travailleurs quant Ă leurs conditions de travail et une mobilisation des savoirs faires.
Les MA en espaces verts ont chacun des savoirs faires technique du fait de leurs
premiÚres formations (architecte du paysage, élagage, petite maçonnerie, spécialiste du
X Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
systĂšme dâarrosage et irrigation..) lors du soutien professionnel organisĂ© sur le temps de
travail, le moniteur principal a pour mission de veiller Ă lâapprentissage des travailleurs
notamment dans le cadre de la (RSFC).
Ainsi le moniteur principal prĂ©voit dans lâorganisation mensuelle :
3jours pour lâentretien du matĂ©riel nĂ©cessitant la mobilisation dâune Ă©quipe avec
prĂ©sence dâun MA, Ă tour de rĂŽle.
1 jour par mois dĂ©diĂ© Ă lâaccompagnement des RSFC (concerne les travailleurs
qui, à travers leur PI, envisagent de passer des titres de RSFC). Cela nécessite la
présence du moniteur principal, sur le temps de coordination : liens avec les
moniteurs dâateliers, liens avec lâassistante de service sociale, liens avec lâAFPA
pour contenu, préparation, présentation du module⊠et la présence du moniteur
référent.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 XI
Annexe VII : description et analyse des ateliers de production
ateliers
chiffre dâaffaire
en %
descriptif
points forts
points dâamĂ©lioration
perspectives
esp
aces v
ert
s 21.66% 6 Ă©quipes de 6 travailleurs + 1 moniteur
dâatelier entretien des espaces verts et voieries clientĂšle diversifiĂ©e et fidĂ©lisĂ©e : entreprises, collectivitĂ©s, particuliers travaux variĂ©s sâadaptant Ă diffĂ©rents niveaux de capacitĂ©s possibilitĂ©s dâapprentissages
CA en augmentation mutualisation effectuée
communication dans les équipes réponses aux offres de marchés à réorganiser
pĂŽle dâapprentissage RSFC + VAE uniformiser les tarifs arrĂȘt de plusieurs « petits chantiers » pour obtenir des chantiers annuels favorisant ainsi une organisation Ă lâannĂ©e
cu
isin
e
tra
ite
ur
36.75% confection des repas pour lâensemble des ESSMS de lâassociation locaux adaptĂ©s Ă la restauration collective confection de plateaux repas destinĂ©s Ă la cafĂ©tĂ©ria (entreprise) + viennoiseries et approvisionnement cafĂ© Ă©laboration des repas en fonction des commandes
dynamique dâĂ©quipe motivation, apprentissage travail en lien avec lâatelier mise Ă disposition dynamique de partenariat augmentation CA par le dĂ©veloppement de la partie traiteur
rythme de travail trĂšs soutenu semblable milieu ordinaire qui ne convient pas Ă tous les usagers. Beaucoup de turnover dans lâĂ©quipe traiteur
engager une dĂ©marche RSFC offrir aux usagers un espace dâapprentissage et de formation crĂ©ation du pĂŽle restauration regroupant cuisine traiteur et pĂątisserie : permettrait un turnover des travailleurs et de mutualiser les outils de travail et les temps de formation. dĂ©veloppement des activitĂ©s
pĂąti
sse
rie 4.97% création et production de chocolats fins
+ pùtisseries destinés à la vente (cafÚterait)
MA maitre chocolatier espace de formation, dâapprentissage technique
manque de ressources humaines pour valoriser lâactivitĂ© et la dĂ©velopper (prospection, vente)
permettre aux travailleurs de la cuisine et traiteur de tourner sur cet atelier dĂ©velopper lâaspect commercial
en
tre
tie
n
des
lo
ca
ux 5.64% Entretien des locaux en entreprises et collectivités + églises du département travail pendant les horaires de bureau
reconnaissance sĂ©rieux qualitĂ© des prestations nĂ©cessite peu dâinvestissement
organisation des plannings Ă revoir
travail sur les plannings dâintervention pour limiter les frais de dĂ©placements et de repas
XII Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
ateliers
chiffre dâaffaire
en %
descriptif
points forts
points dâamĂ©lioration
perspectives
mis
e Ă
dis
po
sit
ion
15.22% travail en autonomie des travailleurs sur 2 activités distinctes :
- Gestion cafĂ©tĂ©ria dâentreprise - Gestion dâune conciergerie :
planning, salle de réunion, accueil, standard téléphonique, prestation repassage
ne nécessite aucun investissement activité valorisante satisfaction de la clientÚle
travail sur les compĂ©tences, lâautonomie, le savoir ĂȘtre
frĂ©quentation de la cafeteria en augmentation demandant un possible renforcement de lâĂ©quipe de travailleurs
rep
as
sag
e 2.76% repassage du linge du personnel dâune
grande entreprise (lien avec lâatelier mise Ă disposition) + quelques particuliers
1 client principal en contrat annuel, ancrĂ© dans la conciergerie nĂ©cessite peu dâapprentissage
peu dâĂ©volution peu de turnover dans cette Ă©quipe
dynamique dans les contacts avec la clientĂšle mutualisation avec lâatelier couture envisagĂ©e : permettrait un turnover dans les Ă©quipes, de lâĂ©toffer et de rĂ©pondre Ă des demandes de nouveaux clients
co
utu
re / s
ac
s 3.06% confection et vente de sacs et cabas fait
main, de qualité, sur base de tissus récupérés. partenariat CE entreprises : commandes annuelles + clients de forums et autres manifestations vente en showroom
qualitĂ© des produits showroom ouvert en 2015 reprĂ©sentant la vitrine de lâESAT augmentation constante du CA
compĂ©tences spĂ©cifiques en couture Ă©quipe en difficultĂ© lors dâabsences de la MA manque de ressources humaines pour valoriser les produits et trouver des clients
travail de communication au niveau commercial augmenter le rendement, les contrats. dĂ©veloppement de lâactivitĂ© dĂ©veloppement du showroom en lien avec les ateliers repassage et pĂątisserie
tri
po
sta
l
3.48% tri et redistribution du courrier non distribué provenant de toute la France et retour aux expéditeurs. 28 ouvrier 1 MA
activitĂ© historique de lâESAT demandant peu de compĂ©tence, adaptĂ©e Ă lâaccompagnement des personnes prĂ©sentant peu dâautonomie, des difficultĂ©s motrices. travail rĂ©pĂ©titif
non maitrise du trafic postal CA en baisse dâannĂ©es en annĂ©es gros atelier mobilisant beaucoup dâouvriers dont certains sont parfois sans travail
questionnement quant Ă la pĂ©rennitĂ© de cet atelier opportunitĂ© dâun gain de place (ancienne salle de rĂ©union) augmente notre capacitĂ© de stockage et la possibilitĂ© dâavoir du courrier Ă traiter ou crĂ©ation dâune autre activitĂ©
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 XIII
ateliers
chiffre dâaffaire
en %
descriptif
points forts
points dâamĂ©lioration
perspectives
imp
rim
eri
e
6.51% impression, reliure, façonnage⊠imprimerie modernisée nécessite savoirs faire et expériences attrait pour les travailleurs contact direct avec la clientÚle
autre activitĂ© historique travail riche en termes dâapprentissages techniques augmentation du CA
communication en zone commerciale inexistante manque de moyen humain pour valoriser et dĂ©velopper commercialement cet atelier. Lâatelier ne fonctionne quâavec les clients fidĂ©lisĂ©s lâatelier est Ă lâarrĂȘt lors des absences du MA car nous ne trouvons pas de remplaçant ayant ses compĂ©tences
travail sur la communication et lâimplantation en zone commerciale
XIV Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
Annexe VIII : expression de la directrice générale
thÚmes abordés
Ă©lĂ©ments dâentretien (mars 2018)
les objectifs Mutualiser lâensemble des activitĂ©s productives des deux ESAT : enjeux financiers et de qualitĂ©
RĂ©organiser les postes de direction notamment les chefs de services au regard de la nouvelle organisation souhaitĂ©e : rĂ©organiser le travail des moniteurs dâatelier, donner une place aux moniteurs principaux, dĂ©tacher du personnel sur lâaccompagnement professionnel.
Etre plus offensif envers la clientĂšle : dĂ©velopper le showroom, rĂ©pondre Ă des appels dâoffres.
Associer les travailleurs handicapés à ces démarches afin de nous adapter à leurs besoins notamment en termes de valorisation des compétences professionnelles.
CPOM Une opportunitĂ© de rationalisation des activitĂ©s qui aura des incidences au niveau du personnel, des travailleurs et de lâoffre de service. cette rĂ©organisation doit ĂȘtre valorisĂ©e pour ĂȘtre acceptĂ©e.
bilan mutualisation des espaces
verts
RĂ©sultats financiers encourageants.
Une premiÚre expérience réussie sur le pÎle espaces verts.
le personnel Compétent et qualifié, en demande de responsabilisation.
Des axes de travail autour du rĂŽle de moniteur principal, du recrutement des personnels, du poste de moniteur dâatelier dĂ©tachĂ© pour lâaccompagnement des PI.
Des axes de travail sur les missions des chefs de services.
Vigilance quant Ă la communication afin dâamĂ©liorer la conduite du changement pour les prochaines phases de mutualisation
les travailleurs handicapés
NĂ©cessitĂ© dâaccompagner chaque PI. Ceux relatif Ă une dĂ©marche de professionnalisation doivent ĂȘtre Ă©tudiĂ©s avec attention afin dây apporter une rĂ©ponse en lien avec les capacitĂ©s des personnes.
Une remontĂ©e des demandes exprimĂ©es : celles de « sâoccuper du magasin » plusieurs travailleurs ont signifiĂ© lors des PI vouloir travailler au showroom pour le dĂ©velopper, pour vendre les sacs, pour ĂȘtre en relation avec les clients⊠La directrice gĂ©nĂ©rale y voit lâopportunitĂ© dâun show-room reprĂ©sentatif des prestations de lâESAT avec des produits divers Ă la vente : sacs, chocolats, pĂątisseries, des services proposĂ©s : repassage du linge, lavage de vĂ©hicule, une promiscuitĂ© avec la clientĂšle amenant Ă proposer nos services et une inclusion dans la zone commerciale favorisant la promotion de notre savoir-faire. Le tout reprĂ©sentĂ© par les travailleurs de lâESAT, motivĂ©s, intĂ©ressĂ©s et compĂ©tents.
les activitĂ©s La structuration en pĂŽle dâactivitĂ© doit se poursuivre, en respectant la temporalitĂ© des acteurs et doit ĂȘtre rĂ©flĂ©chie dâun point de vue stratĂ©gique.
Le travail fourni par les travailleurs de lâatelier couture et leur implication est remarquable. Câest une vĂ©ritable opportunitĂ© de crĂ©er ce pĂŽle et de leur laisser Ă©laborer eux mĂȘme des stratĂ©gies tout en apportant notre regard bienveillant et notre expertise.
Dans un premier temps, le pÎle linge parait indiqué, regroupant les ateliers couture création de sacs et repassage. Cela englobe bien évidemment le showroom qui sera géré par les ouvriers.
Ensuite le pĂŽle restauration qui est naturellement en mouvement du fait de lâorganisation fonctionnelle et matĂ©rielle. LâESAT B nâabritera alors que le pĂŽle restauration qui aura une annexe pour la pĂątisserie.
Le pĂŽle divers regroupera Ă terme le tri postal, lâimprimerie, et lâentretien des locaux. LâactivitĂ© tri postal prĂ©sentant une baisse en continue du chiffres dâaffaire nous poussent Ă envisager Ă terme de dĂ©velopper une activitĂ© de conditionnement rĂ©pondant Ă la fois aux difficultĂ©s dâun public ne pouvant pas travailler sur les autres ateliers, et Ă des appels dâoffres intĂ©ressantes.
La gestion des mises Ă disposition constitue Ă elle seule un pĂŽle. Lâorganisation, la gestion, la recherche sera dĂ©volue au chef de service.
Pour le pÎle espaces verts le bilan amÚne à une continuité de nos actions en améliorant les points soulevés par les équipes et les travailleurs.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 XV
PROJETS OBJECTIFS
OPERATIONNELS ACTIONS
2017 2018 2019
juin oct./nov. dec 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12
phase de pré projet
phase de cadrage
entretien avec la DG
création COPIL
groupe de travail
Ă©largissement COPIL
validation projet d'Ă©tablissement par CA
communication
interne
réunion de présentation équipe
RĂ©union Ă©quipe
Réunion de présentation aux travailleurs
CVS
réunions trimestrielles des travailleurs
questionnaire de satisfaction pour les travailleurs
Réorganisation temps de réunion
communication externe
film sur internet
communication publicitaire
journée porte ouverte date à définir
Axe 1 : La réorganisation des
ateliers en PÎle d'Activités
création pÎle linge ouverture pÎle linge
aménagement show-room
développer pÎle restauration
réalisation espace "confort"
location salle de réunion + prestation
janvier
création pÎle divers
réduction effectif tri postal
répartition sur autres ateliers
démarchage + démarrage atelier conditionnement
individualiser accompagnement pĂŽle
MAD
autonomisation des travailleurs
démarchage nouveaux contrats
réorganisation pÎle EV délégation missions au moniteur
principal
An
ne
xe IX
: Tem
pora
lité d
u p
roje
t
XVI Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
PROJETS OBJECTIFS
OPERATIONNELS ACTIONS
2017 2018 2019
juin oct/nov dec 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12
Axe 2: Le management des compétences du
personnel
Un projet de direction
redéfinition missions du CDS redéfinition rÎles des MA création poste moniteur
principal
janvier embauche d'une ouvriĂšre de
production
légitimer poste de MA responsable PI
L'outil GPEC au service du changement
déterminer les profils de postes entretiens professionnels équipe
de direction
entretiens professionnels Ă©quipe
encadrante
janvier formation continue personnels
Axe 3: Le développement de
l'offre de service en direction des
travailleurs handicapés
Organiser le service en interne
création du service d'insertion professionnelle
premier trimestre
faciliter la mobilité des travailleurs
démarche de montée en compétences
poursuite du plan de formation des ouvriers
développer le service en externe
recherche de partenariats
EVALUATION
Travail Ă©valuatif tout au long du projet
Ă©valuation terminale (fin du projet)
décembre
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 XVII
Annexe X : organisation prévisionnelle des réunions
A compter du dernier trimestre 2018, une nouvelle organisation est définie pour
lâensemble des rĂ©unions :
La réunion de direction hebdomadaire regroupant la directrice et les deux chefs de
services sera maintenue.
Le temps de réunion fonctionnelle hebdomadaire sera remplacé par une organisation sur
un roulement de 3 semaines, Ă©laborĂ© et planifiĂ© Ă lâannĂ©e par les chefs de service :
Les rĂ©unions de pĂŽles dâactivitĂ© remplaceront les rĂ©unions fonctionnelles.
Organisées par les deux chefs de services avec participation des moniteurs
principaux, de la MA en charge de lâaccompagnement des PI, de lâassistante de
servie sociale et de la psychologue. Ceci favorisera la communication montante et
descendante entre la direction et les différents pÎles. Cela permettra de donner
une lĂ©gitimitĂ© aux moniteurs principaux, chargĂ©s de faire redescendre lâinformation
sous forme de compte rendu élaboré par les chefs de service, de valoriser les
compĂ©tences des acteurs et dâouvrir lâĂ©quipe de direction sur dâautres
compétences.
Une rĂ©union dâĂ©quipe organisĂ©e au sein des diffĂ©rents pĂŽles entre le moniteur
principal et les MA permettant de rĂ©guler lâorganisation des activitĂ©s et la remontĂ©s
des informations concernant les travailleurs.
lâanalyse des pratiques professionnelle laissant place aux Ă©quipes, sans la
prĂ©sence des cadres, de sâexprimer, de verbaliser des difficultĂ©s liĂ©s Ă
lâaccompagnement.
En ce qui concerne lâexpression des travailleurs, une organisation est Ă©galement mise en
place.
Des rĂ©unions dâatelier mensuelles, regroupent les moniteurs dâateliers avec les
travailleurs et le moniteur principal. Lieu de convivialitĂ© et dâĂ©change, ce temps
favorisera la communication au sein des Ă©quipes, lâamĂ©lioration des conditions de
travail, la mĂ©diation ainsi que lâorganisation des activitĂ©s.
Les rĂ©unions de projets individuels sâorganisent une fois par an, en prĂ©sence du
travailleur. En prévision de cette réunion, le travailleur fait son autoévaluation et
son moniteur rĂ©fĂ©rent Ă©labore lâĂ©valuation des compĂ©tences techniques. Les
donnĂ©es sont croisĂ©es lors de la rĂ©union de PI. La prĂ©sence de lâassistante de
service social et de la psychologue, favorise un regard plus distancié des
situations et une élaboration des projets individuels balayant différents champs.
XVIII Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
Annexe XI : les mises Ă disposition (MAD)
« La mise à disposition85 en milieu ordinaire de travail a pour objectif de favoriser
lâĂ©panouissement personnel et professionnel du travailleur handicapĂ©. »
Ce dispositif ne peut ĂȘtre mise en Ćuvre quâavec accord du travailleur handicapĂ© et sous
contractualisation entre lâESAT et lâentreprise.
Il permet aux entreprises dâobtenir des ressources en personnel supplĂ©mentaire tout en
sâacquittant de lâobligation dâemploi.
Il permet aux travailleurs handicapés de travailler dans une entreprise ordinaire en
bĂ©nĂ©ficiant de la protection du statut dâusager dâESAT.
Il permet aux ESAT dâĂȘtre en conformitĂ© avec mes missions dâinsertion en milieu
ordinaire.
La MAD collective : nâa pas de limite de temps. Un contrat est Ă©laborĂ© entre
lâentreprise et lâESAT pour une mission. Ainsi, une Ă©quipe de travailleurs avec ou sans
encadrement, intĂšgre lâentreprise pour y travailler en immersion avec les salariĂ©s de
lâentreprise.
La MAD individuelle a un maximum de deux ans. Les mises Ă disposition
individuelles nécessitent une certaine autonomie du travailleur (voiture, permis, gestion
des horaires), un accompagnement en amont par le service social dans le cadre du PI
(CV, comportement au travail, autonomieâŠ) et un soutien des services de lâESAT
pendant la mission.
Les missions ne nĂ©cessitent pas la prĂ©sence dâun moniteur dâatelier. Le travailleur est
alors seul en immersion en entreprise ; câest pourquoi ce type de mise Ă disposition
mobilise tout de mĂȘme les services de lâESAT en termes dâaccompagnement et de
préparation.
85 Les cahiers dâANDICAT, 2016, fiches pratiques rĂšglementation et lĂ©gislation des ESAT : mise Ă disposition collective, 4Ă©me Ă©dition, ANDICAT, 201 p.
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 XIX
Annexe XII : Ă©valuation du projet :
LâĂ©valuation du projet se fait au travers de trois parties :
1/ Evaluation du projet de rĂ©organisation des ateliers en pĂŽles dâactivitĂ©s
objectifs
opérationnels
actions critĂšres indicateurs
1 : créer le pÎle
linge
changement de
locaux
opérationnalité du
pĂŽle
respect des délais
mise en fonction du pĂŽle
aménagement de
lâespace showroom
présence des 3
espaces de vente
lieu accueillant pour le
public
espaces identifiés
CA en augmentation pour
chaque espace de vente
investissements rentabilisés
distinction du produit phare
augmentation nb clients
augmentation nb visiteurs
augmentation CA
questionnaire de satisfaction
(tablette Ă disposition de la
clientĂšle)
2 : développer le
pĂŽle restauration
réalisation espace
confort pour les
travailleurs
amĂ©nagement dâune
salle de repos
fonctionnelle
investissement de la salle
fréquentation de la salle
nombre de propositions
dâamĂ©lioration
qualité des temps de pause
climat social
location dâune salle
de réunion avec
une prestation
traiteur
impact clientĂšle
diversification clientĂšle
diversification des
compétences des
travailleurs
augmentation CA
nb de demandes dâentreprises
nb de demandes
dâassociations
dĂ©termination dâun client cible
utilisation de la salle par
lâassociation gestionnaire
augmentation des
commandes au service
traiteur
Ă©valuation professionnelle des
compétences acquises
XX Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
3 : recherche et
création sur le
pĂŽle divers
diminution des
effectifs sur activité
tri postal
rationnaliser la main
dâĆuvre en fonction
de la charge de travail
fonctionnalité de
lâatelier
nb de volontaires pour rester
au tri
nb de travailleurs prenant en
charge dâautres taches de
travail
évaluation des capacités
charge de travail répartie
répartition sur
autres ateliers
motivation des
travailleurs Ă investir
leur nouvelle activité
ponctualité
absentéisme
bon dĂ©marrage de lâactivitĂ© de
conditionnement
bonne intégration sur les
autres ateliers
nb de volontaires pour
changer dâatelier
intĂ©rĂȘt pour les nouvelles
activités
satisfaction Ă se sentir actif
recherche activités
de conditionnement
mise en place dâune
activité de
conditionnement
nb de travailleurs sur lâactivitĂ©
de conditionnement
nb de partenaire clients
CA réalisé
4 : individualiser
lâaccompagnement
sur le pĂŽle MAD
autonomisation des
travailleurs sur la
conciergerie
autonomie des
travailleurs
climat social
retour positif des travailleurs
satisfaction client
nb de clients
fréquentation
recherche de
contrat de mise Ă
disposition
individuel
mise en place de
MAD individuelle
nb de travailleurs intéressés
par une MAD
nb de personnes en situation
nb de clients
5 : repenser
lâorganisation au
pĂŽle EV
mobiliser le
moniteur principal
pour une
délégation de
mission
moniteur principal
autonome sur la
gestion du pĂŽle
organisation des chantiers
planification
gestion des congés
réalisation effective de
lâensemble de ses missions
Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018 XXI
2/ Evaluation du projet de management des Ă©quipes
objectifs
opérationnels
actions critĂšres indicateurs
1 : un projet de
direction au
sein de cette
nouvelle
organisation
redéfinition des
missions des chefs
de services
missions identifiées par
lâensemble du personnel
légitimité
fiches de poste
délégation
communication
référence
qualité des échanges
réunion de direction
donner un rĂŽle
identifié aux
moniteurs
principaux
rĂŽle dâinterface /
seconder le chef de
service
crĂ©ation dâun poste de
monitrice principale sur
le pĂŽle linge
allĂšgement de la charge de
travail des CDS
répartition des taches en lien
avec leur responsabilité
Ă©volution du poste
Ă©volution des missions
légitimer le poste
de la MA
responsable des PI
réponse à la nécessité
de la réorganisation du
service
temps plein sur le service
insertion socio-professionnel
qualitĂ© de lâorganisation et
planification des PI
nb dâaccompagnements sur
les projets professionnels
nb de PI réalisés
2 : outil GPEC déterminer les
profils de poste
concordance des
compétences des
salariés avec les
missions attendues
qualité du rapport à la RH
fiches de poste
délégation
besoins en compétences
identifiés
entretiens
professionnels
application dâune
stratégie RH
identification des
besoins en formation
des salariés
climat social
satisfaction des salariés
plan de formation
formation continue
des personnels
suivre les Ă©volutions du
secteur
nb de formations
nb de personnes inscrites
XXII Claire SELLIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2018
3/ Evaluation du projet de dĂ©veloppement de lâoffre de services
objectifs
opérationnels
actions critĂšres indicateurs
1 Organiser le
service en interne
un service dâinsertion
socio-professionnel
accompagnement
diversifié
démarche RSFC
reconduite
apparition de divers
champs dâintervention
possibilitĂ© de rĂ©pondre Ă
plus de besoins
nb de personnes inscrites
faciliter la mobilité des
travailleurs
polyvalence des
travailleurs
changement dâatelier
nb de personnes en
demande de changement
changements de pĂŽle
démarche de montée
en compétences
développement des
compétences
nb de personnes en
formation
nb de RSFC
nb de stages
nb de MAD
satisfaction des
travailleurs
continuité du plan de
formation
corrélation entre plan
de formation et PI
nb de formations
nb dâinscriptions
nb de demandes sur les
autres activités
2 : développer le
service en externe
rechercher des
partenaires
acquisition de terrain
de stage ou de mise
Ă disposition
nb de partenaires
sollicités
nb de conventions
signées
nb de réponses positives
SELLIER Claire Novembre 2018
Certificat dâaptitude aux fonctions de directeur dâĂ©tablissement ou de service dâintervention sociale
ETABLISSEMENT DE FORMATION : IRTS PACAC Marseille
Valorisation des compĂ©tences professionnelles des travailleurs handicapĂ©s dâESAT : le dĂ©fi de la mutualisation de moyens
Résumé :
Les ESAT Ă©voluent dans un contexte de transformations du secteur mĂ©dico-social depuis quelques annĂ©es amenant une amĂ©lioration de la qualitĂ© des services et une rationalisation. De ma fonction de directrice en ESAT, jâobserve lâĂ©volution des pratiques professionnelles en lien avec les Ă©volutions des publics. En prĂ©paration du CPOM, la commande est de mutualiser les activitĂ©s productives des ESAT de lâassociation. Mon diagnostic interroge la plus-value dâun tel projet pour les travailleurs handicapĂ©s dont les besoins Ă©voluent vers une professionnalisation. Je me saisis de cette commande pour orienter le changement vers une organisation des ateliers en pĂŽles dâactivitĂ©s et une diversification de lâoffre de service au bĂ©nĂ©fice des travailleurs handicapĂ©s, incluant un volet professionnel dans leur accompagnement. le projet ainsi Ă©laborĂ© comprend trois axes stratĂ©giques : La rĂ©organisation des ateliers en pĂŽles dâactivitĂ©s. Le management des compĂ©tences du personnel Le dĂ©veloppement de lâoffre de service en direction des travailleurs
Mots clés :
ESAT, handicap, travailleurs handicapĂ©s, projet professionnel, valorisation, compĂ©tences, pĂŽles dâactivitĂ©s, insertion professionnelle, mises Ă disposition, participation, partenariat, dĂ©lĂ©gation, COPIL.
L'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions
Ă©mises dans les mĂ©moires : ces opinions doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme propres Ă leurs auteurs.