Évaluation oncogeriatrique - oncopaca-corse
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ÉVALUATION ONCOGERIATRIQUE dans le cadre des soins de support en cancérologie
Apports du gériatre à l’oncologue et/ou spécialiste d’organe
Dr Laure POUDENS, Praticien Hospitalier GériatreCentre hospitalier Aix-en-Provence
Nice Le 24.11.2016
Pas de conflit d’intérêt à déclarer
Fil conducteur
• Préambule : des UPCOG aux UCOG
du choc au rapprochement de 2 univers…
• L’évaluation gériatrique et gérontologique
• Score G8 : principes et limites
• Expériences au Centre hospitalier d’Aix-en-Provence
• Cas clinique
Préambule 1/4 : un mot d’historique• La grande avancée : plan cancer 2003-2007 et les directives de
l’INCA marquent le début de l’oncogériatrie avec la naissance des UPCOG en 2006
• Des UPCOG aux UCOG : reconnaissance
du travail accompli par et dynamique lancée
par les UPCOG
• En pratique: rencontre de l’ « univers » oncologique et du
« monde » gériatrique: 2 domaines que tout semble opposer
Préambule 2/3 : 2 visions si différentes ,,,
L’ « evidence based medecine » Manque d’essais cliniques chez les P.A.
Reconnaissance très récente de la gériatrie en tant que spécialité médicale
… et pourtant si complémentaires
Préambule 3/4 : les clés de la réussite
La volonté de travailler ensemble
Importance des Formations communes pour oncologues et gériatres: EFEC, DIU, DU avec des stages d’immersion +++
Se rallier à l’UCOG de référence: travail sur Charte oncogériatrique; programmes de recherche; RCP en visio conférence…
Rejoindre les sociétés savantes SoFOG et aller au congrès
S’ouvrir aux autres, créer des passerelles comme l’exemple de ce 2ème Congrès paca corse des soins de support en cancérologie
L’oncogériatre ne peut pas être une et seule même personne
Préambule 4/4: grande hétérogénéité de la population âgée
L’évaluation gériatrique standardisée
Définition : tout sauf une batterie de tests avec des scores…avoir un fil conducteur logique (standardisée=/ automatisée )
Préambule: établir une relation de confiance avec le patient et expliquer le pourquoi du comment…
1er objectif :
évaluer tout ce qui concerne le patient en parallèle de sa pathologie K et savoir ce que le patient sait de son problème de santé actuel
2ème objectif : avoir des critères objectifs pour une prise de décision adaptée et pour ne pas s’arrêter à l’âge …et prendre en compte l’avis du
patient
Dr Laure POUDENS le 24.11.2016
L’ évaluation gériatrique et gérontologique (EGS/CGA)les syndromes gériatriques
Habitus
Autonomie
B- ADL
I- ADL
Autonomie
fonctionnelle
/ intercures
Nutrition
fragilité gériatrique
ou liée au cancer
Chutes: risque fracturaire
Autonomie fonctionnelle
DOULEUR
Déficits neurosensoriels
Appareillage ?
Cognition
Dépression:
Autonomie
décisionnelle
Co morbidités
bilan des Co
évolutives
Iatrogénie
Médicamenteuse
Dr Laure POUDENS le 24.11.2016
L’évaluation onco gériatrique spécifique 1/2• Fragilités de FRIED: force de préhension, vitesse de
marche, activité physique altérée, perte de poids,
épuisement
• Estimation de l’espérance de vie sans cancer selon l’INSEE
• Echelle de sévérité des comorbidités: index de CHARLSON /risque opératoire
• Score de HURIA : évaluation du risque de toxicité grade 3 à 5 lors d’une chimiothérapie
• … et bien d’autres encore : le principe étant de ne pas faire tous les scores mais d’en faire une sélection selon les t thérapies envisagées
L’évaluation onco gériatrique spécifique 2/2
• Les critères biologiques: Hb VGM coefficient saturation sidérophiline, taux lymphocytes, DFG albuminémie couplée à la CRP
• +/- Qualité de vie ?
• Classification BALDUCCI : gold standard oui mais
• Avis du patient+++
• Avis du gériatre et propositions
B1 robuste B2 vulnérable B3 fragile B4
Ttt idem patient jeune Adaptation « poso » Soins de support Soins palliatifs
Problématiques en pratique quotidienne
• L’EGS est très chronophage (en moyenne 1 heure 15min)
• La population âgée qui présente un cancer est en augmentation exponentielle
• Il n’y a pas assez de gériatres et de gériatres formés
• Tous les patients âgés ne peuvent pas être vus
• Appel à projets des UCOG par l’INCA
ONCODAGE : SCORE G8
P. Soubeyran et al., Validation of the G8 screening tool in geriatric oncology:The ONCODAGE project. J Clin Oncol 29: 2011
Items Score
Le patient présente-t-il une perte d’appétit ? A-t-il mangé moins ces 3 derniers mois par manque d’appétit, du fait de problèmes digestifs, de difficultés de mastication ou de déglutition ?
0 : anorexie sévère
1 : anorexie modérée
2 : pas d’anorexie
Perte récente de poids (< 3 mois)
0 : perte de poids > 3 kg
1 : ne sait pas
2 : perte de poids entre 1 et 3 kg
3 : pas de perte de poids
Motricité
0 : Du lit au fauteuil
1 : Autonome à l’intérieur
2 : sort du domicile
Problèmes neuro-psychologiques
0 : démence ou dépression sévère
1 : démence ou dépression modérée
2 : pas de problème psychologique
Indice de masse corporelle (IMC)
0 : IMC < 18,5
1 : IMC = 18,5 à IMC < 21
2 : IMC = 21 à IMC < 23
3 : IMC = 23 et > 23
Prend plus de 3 médicaments0 : oui
1 : non
Le patient se sent-il en meilleure ou moins bonne santé que la plupart des personnes de son âge?
0 : moins bonne
0,5 : ne sait pas
1 : aussi bonne
2 : meilleure
Age
0 : >85
1 : 80-85
2 : <80
SCORE TOTAL 0 – 17
SCORE ONCODAGE
Score SEUIL ≤ 14
Risque de mauvaise tolérance d’un traitement anticancéreux
Vulnérabilité ou
fragilité gériatrique ?
P. Soubeyran et al., Validation of the G8 screening tool in geriatric oncology: The ONCODAGE project. J Clin Oncol 29: 2011
Orientation du patient vers un gériatre pour réaliser une évaluation gériatrique approfondie
SCORE G8 : étude Oncodage
AVANTAGES
Outil de screening indispensable
LIMITES
Forte sensibilité > 80% Mais
spécificité intermédiaire < 60%
Travaux en cours pour améliorer spécificité : vers un score G6 ou autre optimisation ?
En pratique : le gériatre doit connaître quel est le questionnement posé
par l’oncologue et/ou spécialiste d’organe
En pratique au CHIAP
• L’outil de screening : score G8 + la question posée au gériatre +++
la fiche de demande d’avis oncogériatrique
• Les RCP: présentations ciblées seulement
pas de crédits ciblés pour l’onco gériatrie
• Quid du suivi ?
méta analyse EGS : importance capitale du suivi
en oncogériatrie: suivi à la demande de l’oncologue ou spécialiste
d’organe
Items
Le patient présente-t-il une perte d’appétit ? A-t-il mangé moins ces 3 derniers mois par manque d’appétit, du fait de problèmes digestifs, de difficultés de mastication ou de déglutition ?
0
1
2
Perte récente de poids (< 3 mois)
0
1
2
3
Motricité
0
1
2
Problèmes neuropsychologiques
0
1
2
Indice de masse corporelle (IMC)
0
1
2 : IMC = 21 à IMC < 23
3 : IMC = 23 et > 23
Prend plus de 3 médicaments0
1
Le patient se sent-il en meilleure ou moins bonne santé que la plupart des personnes de son âge?
0
0,5
1
2
Age
0
1
2
SCORE TOTAL
Demande Consultation
Oncogériatrique
RDV : 5560 Fax: 9967
Nom:
Prénom:
date:
Tel patient:
Score G8 < 14/17
Expériences au CHIAP: fiche OG verso
Nom et prénom du patient : âge:
Pathologie cancéreuse et stade:
La question posée au gériatre:
chimiothérapie : OUI NON
laquelle : IV: PO:
thérapie ciblée OUI NON
laquelle:
radiothérapie: OUI NON
Chirurgie: OUI NON
quel geste:
Dr Laure POUDENS 24.11.2016
En conclusion
• L’évaluation oncogériatrique n’est pas du soin de support
• Collaboration évidente entre gériatres et oncologues et/ou spécialistes d’organes
• Nécessité d’un suivi ciblé
Dr Laure POUDENS
Cas clinique : Mr M. 76 ans
Monsieur G., 76 ansIl s’agit d’un homme de 76 ans qui consulte pour une toux persistante, pour laquelle le médecin traitant a prescrit à 2 reprises en 2 mois une
antibiothérapie sans succès, la radiographie thoracique révèle une opacité suspecte du lobe supérieur gauche.
Monsieur G., 76 ans• Environnement socio-familial:
• veuf• 2 enfants dont une fille
habitant à 300 mètres
• Tabagique stop 2006 :70 AP,
• Pas d’exposition professionnelle
• PS selon l’OMS : 0
• 1m78 . 75 kg: amaigrissement de 3 kg en 3 mois, IMC = 24
• Patient non algique
• Bilan biologique: • Clairance créatinine = 80
ml/min
Comorbidites: • Hypertension artérielle
bien contrôlée (120/80)• Diabète non
insulinodépendant
Traitements
• Irbésartan 150mg/j
• Metformine 850 mg x 2/j
Mr M. 76 ans
Dr Laure POUDENS
Une fibroscopie bronchique est réalisée. Les prélèvements montrent un adénocarcinome bronchique, R-EGF non-mutéLe scanner thoracique met en évidence une tumeur du lobe supérieur gauche avec adénopathie pré-trachéale et inter-trachéo-bronchiqueAu TEP Scan , il existe un nodule hépatique du segment VI et une lésion osseuse au niveau de la vertèbre L3, confirmée par une IRM du rachis (sans recul du mur postérieur)
Au total : adénocarcinome non muté de stade IV
Score G8 = 14 avis oncogériatrique
indication de chimiothérapie+/- Avastin
Evaluation gériatrique standardiséeStatut nutritionnel: perte de 3kgs, IMC= 24 , dégout de la viande
Score MNA= 23.5 , albuminémie= 33g/l préalbuminémie= 0,19
dénutrition modérée pas de sarcopénie, (penser aux troubles du transit, mycose buccale+/- associés)
mise en place d’un programme nutritionnel avec apports hypercaloriques et hyperprotéinés (par enrichissements en calories et protéines alimentation habituelle; refus des Cplts HP par patient)
Ev. de la marche et du risque fracturaire
pas d’ATCD de chute ni de fracture
cliniquement bonne vitesse de marche, pas de déficit neuro focalisé , pas de trouble d’équilibre
Test de station unipodale normal
Get up and go test réussi parfaitement
biologie: calcémie , phosphorémie normales et vitamine D effondrée
Au total: risque fracturaire sur méta vertébrale , recharge en vitamine D , discussion indication biphophonates ou cimentoplastie?
Evaluation gériatrique standardiséeEvaluation de la douleur:
pas de plainte algique alléguée mais douleur déclenchée à la pression en regard du rachis
port d’un lombostat et discussion biphosphonates (panoramique dentaire!)
Iatrogénie médicamenteuse:
Fonction rénale conservée avec clairance créat = 80ml/min selon Cockroft
Pas d’anémie: Hb= 12g/d
Penser à arrêter la METFORMINE 48H avant et après tout examen avec injection +++ L’évaluation des fonctions cognitives (MMS, test horloge, test des 5 mots de Dubois) chez ce patient ancien ingénieur à la DDE est normale, pas de déficit neuro sensoriel autonomie décisionnelle conservéeEvaluation de l’humeur: pas de signe de dépression, ni de démotivation (score GDS= 7) humeur conservéeEvaluation des comorbidités:HTA suivi cardio annuel, dernière écho coeur il y a 3 mois: pas d’ICS ni ICD , tensiomètre à domicile! DNID sans suivi par diabéto: cs° ophtalmo+ doppler MI et TSAo demandés + bilan lipidique UN DIABETIQUE QUI A UN CANCER EST A SUIVRE COMME L’HUILE/ LE FEU
Evaluation gérontologique
Patient autonome pour les activités de la vie courante (ADL), ni pour les activités instrumentales (IADL), en effet il gère son budget, conduit encore sa voiture, et assure pleinement ses prises de médicaments et utilise bien son téléphone portable Autonomie fonctionnelle conservée
Au niveau situationnel, le patient habite une maison individuelle de plain pied, proche des commerces, une de ses filles habite à 300 mètres, une femme de ménage 2h par semaine pas d’isolement social, si asthénie pendant intercure possibilité d’aller chez sa fille
SCORES ONCOGERIATRIQUES
• Fragilités de FRIED: perte de poids, force de préhension, vitesse de marche et activité physique conservées
• Espérance de vie sans cancer: 11 ans
• Score de Lee = 10 soit 42% de risque de décès à 4 ans (autoquestionnaire)
• Score de HURIA = 4 soit 32% de risque de toxicité grade 3-5
• BALDUCCI B2 vulnérable qui pourra avec correction dénutrition « remonter » à B1 : dénutrition + en lien avec cancer
Dr Laure POUDENS
RCP
Application référentiel par bithérapie ?
Pour les cancers non-épidermoides
le choix carboplatin-pemetrexed semble plus judicieux
car il semble offrir le profil le moins toxique
+M.Zukin, C.H Barrios, J.R Pereira, R De Albuquerque Ribeiro et al. Randomized Phase III Trial of
Single-Agent Pemetrexed Versus Carboplatin and Pemetrexed in Patients With Advanced Non–Small-Cell Lung Cancer and Eastern Cooperative Oncology Group Performance Status of
2. J Clin Oncol 2013; 31: 1-5
R.Gervais, G Robinet, C Clement-Duchêne, F Denis et al .Pemetrexed and carboplatin, an active option in first-line treatment of elderly patients with advanced non-small cell lung
cancer (NSCLC): a phase II trial. Lung Cancer 2013; 80:185-90
R.Corre et al Présentation de l’étude ESOGIA à l’IASLC 2013
Quelle bithérapie?
Ce patient peut-il être traité par bevacizumab?
Effets secondaires attendus et mesures préventives mises en place :
poussée hypertensive : patient se prend TA si céphalées, acouphènes… et consultation avec le médecin traitant
Recherche de protéinurie avant chaque cure
Avis du patient: acceptation bi thérapie
Un traitement par Carboplatine-Pemetrexed plus Bevacizumab est instauré.
Après 3 cycles un bilan scannographique est réalisé mettant en évidence une réponse partielle très significative
Le patient bénéficie d’un 4ème cycle puis d’une maintenance par bevacizumab pendant 7 cycles
Après ces 7 cycles le traitement est stoppé du fait d’une hypertension devenue instable et de l’apparition d’une protéinurie
mesurée à 3 g ,le patient étant toujours en rémission partielle.
Le patient a repris son poids habituel.
5 mois plus tard le patient rechute avec apparition de métastases hépatiques et osseuses multiples.
Le patient présente une perte de 5 kg et un PS à 2
Les métastases osseuses sont douloureuses et nécessitent un traitement par OXYCONTIN 20mg matin et soir
Un nouvel avis gériatrique est demandé
Que faire à la rechute?
Evaluation gériatrique 2Ciblée sur les points d’appel
1, Évaluation douleur devenue globale physique et psychique
répercussion sur les activités de la vie quotidienne avec épisodes de somnolence et troubles du sommeil par pics douloureux nocturnes
Titration OXYCONTIN et OXYNORM ORO en interdose
Syndrome anxio-dépressif avec retentissement sur alimentation et sommeil : mise en place soutien par psychologue des 3C + ttt par antidépresseur
2, diabète insulinorequérant:
introduction INSULINE et passage IDE avec carnet de suivi
Evaluation gériatrique 2
3, Dénutrition protéino énergétique sévère :
Portage des repas + compléments HP acceptés par patient
prévention constipation par laxatif / morphinique
4, Risque de chute et risque fracturaire :
Limitation de la marche par douleur et risque de chute par somnolence / morphinique et troubles du sommeil / dépression
réajustement ttt antalgique : douleur prédominante en L3, pas de recul du mur post : discussion radiothérapie ciblée sur cette localisation
4 choix:
Reprise pemetrexed vu les résultats de la 1 ère ligne
2ème ligne par gemcitabine
Ou par Erlotinib malgré l’absence de mutation BSC
Place de la radiothérapie sur localisation hyperalgique
Traitement par Denausumab ( Xgeva)
Présentation en RCP oncogériatrique de recours