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Virologie 2007 – A.I.M. 124 13 D eux nouvelles études, l'une au Kenya et l'autre en Ouganda, viennent de confirmer les ré- sultats d'une première étude randomi- sée, menée en Afrique du Sud entre juillet 2002 et février 2004, sur le rôle protecteur de la circoncision contre la transmission sexuelle du VIH. Dans un commentaire publié dans le même numéro du Lancet, Ne- well et Bärnighausen rappellent les résultats de l'étude sud-africaine, dans laquelle 3 274 hommes âgés de 18 à 24 ans ont été randomisés pour subir une circoncision immédiate (n = 1 617) ou différée (n = 1 657). L'étude avait été arrêtée après qu'une analyse intermédiaire ait montré une réduction relative significative de 60 % du risque de transmission du VIH grâce à la circoncision. Dans un essai randomisé au Ke- nya, Bailey et coll. ont trouvé des ré- sultats similaires. Dans cette étude, 2 784 hommes de 18 à 24 ans ont été randomisés pour subir une circonci- sion immédiate (n = 1 391) ou différée (n = 1 393) et suivis pendant 2 ans. L'essai a été interrompu à la 3e ana- lyse intermédiaire. En effet, selon une analyse en intention de traiter, une réduction (53 %) significative (p = 0,0065) du risque de transmis- sion liée à la circoncision a été trou- vée. Cette réduction du risque atteint 60 % selon une analyse d'après le « traitement » réellement reçu. Gray et coll. dans leur essai réa- lisé en Ouganda retrouvent également des résultats très proches. Un nombre plus important de patients (n = 4 996), âgés de 15 à 49 ans, a été randomisé pour subir une circoncision immé- diate (n = 2 474) ou différée (n = 2 522). Comme lors des essais précédents, cette étude a été interrom- pue prématurément après une analyse intermédiaire qui a montré une effica- cité supérieure significative de la circoncision : réduction du risque de transmission du VIH de 55 % se- lon une analyse en intention de trai- ter (p = 0,0006) et de 60 % selon une analyse d'après le « traite- ment » réellement reçu (p = 0,003). Dans leur commentaire, Newell et Bärnighausen mettent l'accent sur la nécessité de redonner à la préven- tion toute sa place pour lutter contre le VIH, malgré l'essor actuel et les progrès accomplis avec les traite- ments antirétroviraux. Ils rappellent que la circoncision ne protège pas à 100 % et que les préservatifs res- tent un moyen important de pré- vention contre le virus. Cependant, étant donné que l'utilisation de ces derniers reste inconstante ou d'accès difficile dans certaines parties du monde, la circoncision peut s'avérer utile à condition qu’elle n'encourage ou n'amplifie pas les comportements sexuels à risque et qu'elle soit accep- tée par les populations cibles. Dr Khodor Chatila Coup de frein sur la transmission du VIH avec la circoncision: la preuve par 3 Trois publications récentes du Lancet corroborent une étude plus ancienne selon laquelle la circoncision est une méthode utile dans la prévention de la transmission sexuelle du VIH. Toutefois, les auteurs mettent l’accent sur le fait que ces résultats ne doivent pas influencer les comportements à risque : le préservatif restant le moyen le plus efficace de prévention contre le virus. Références 1- Newell ML et Bärnighausen T : « Male circumcision to cut HIV risk in the general population ». Lancet 2007 ; 369 : 317-318. 2- Bailey R et coll. : « Male circumci- sion for HIV prevention in young men in Kisumu, Kenya : a randomised controlled trial. » Lancet 2007 ; 369 : 643-656. 3- Gray R et coll. : « Male circumci- sion for HIV prevention in men in Ra- kai, Uganda : a randomised trial. » Lan- cet 2007 ; 369 : 657-666. Virus VIH responsable du SIDA. Le VIH est un rétrovirus dont le diamètre est de 100 nm. Sur l’image on distingue un groupe de plusieurs virus dont le matériel génétique (ARN) est visible (en forme de cône) dans les virus. © BSIP/CAVALLINI JAMES -60% -53% -55% Afrique du sud Rôle protecteur de la circoncision vis-à-vis du risque de transmission sexuelle du VIH 0 -10 -20 -30 -40 -50 -60 Ouganda p = 0,0006 Kenya p = 0,0065 Réduction du risque relatif

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  • Virologie

    2007 A.I.M. 124 13

    Deux nouvelles tudes, l'une auKenya et l'autre en Ouganda,viennent de confirmer les r-sultats d'une premire tude randomi-se, mene en Afrique du Sud entrejuillet 2002 et fvrier 2004, sur le rleprotecteur de la circoncision contre latransmission sexuelle du VIH.

    l Dans un commentaire publidans le mme numro du Lancet, Ne-well et Brnighausen rappellent lesrsultats de l'tude sud-africaine, danslaquelle 3274 hommes gs de 18 24 ans ont t randomiss pour subirune circoncision immdiate(n = 1617) ou diffre (n = 1657).L'tude avait t arrte aprs qu'uneanalyse intermdiaire ait montrune rduction relative significativede 60 % du risque de transmissiondu VIH grce la circoncision.

    l Dans un essai randomis au Ke-nya, Bailey et coll. ont trouv des r-sultats similaires. Dans cette tude,2784 hommes de 18 24 ans ont t

    randomiss pour subir une circonci-sion immdiate (n = 1391) ou diffre(n = 1393) et suivis pendant 2 ans.L'essai a t interrompu la 3e ana-lyse intermdiaire. En effet, selon uneanalyse en intention de traiter, unerduction (53 %) significative(p = 0,0065) du risque de transmis-sion lie la circoncision a t trou-ve. Cette rduction du risque atteint60 % selon une analyse d'aprs le traitement rellement reu.

    l Gray et coll. dans leur essai ra-lis en Ouganda retrouvent galementdes rsultats trs proches. Un nombreplus important de patients (n = 4996),gs de 15 49 ans, a t randomispour subir une circoncision imm-diate (n = 2474) ou diffre(n = 2522). Comme lors des essaisprcdents, cette tude a t interrom-pue prmaturment aprs une analyseintermdiaire qui a montr une effica-cit suprieure significative de lacirconcision : rduction du risquede transmission du VIH de 55 % se-

    lon une analyse en intention de trai-ter (p = 0,0006) et de 60 % selonune analyse d'aprs le traite-ment rellement reu (p = 0,003).

    l Dans leur commentaire, Newellet Brnighausen mettent l'accent surla ncessit de redonner la prven-tion toute sa place pour lutter contrele VIH, malgr l'essor actuel et lesprogrs accomplis avec les traite-ments antirtroviraux. Ils rappellentque la circoncision ne protge pas 100 % et que les prservatifs res-tent un moyen important de pr-vention contre le virus. Cependant,tant donn que l'utilisation de cesderniers reste inconstante ou d'accsdifficile dans certaines parties dumonde, la circoncision peut s'avrerutile condition quelle n'encourage

    ou n'amplifie pas les comportementssexuels risque et qu'elle soit accep-te par les populations cibles. n

    Dr Khodor Chatila

    Coup de frein sur la transmission du VIHavec la circoncision: la preuve par 3

    Trois publications rcentes du Lancet corroborentune tude plus ancienne selon laquelle la circoncisionest une mthode utile dans la prventionde la transmission sexuelle du VIH.Toutefois, les auteurs mettent laccent sur le faitque ces rsultats ne doivent pas influencerles comportements risque : le prservatif restant lemoyen le plus efficace de prvention contre le virus.

    Rfrences

    1 - Newell ML et Brnighausen T : Male circumcision to cut HIV risk inthe general population . Lancet 2007 ;369 : 317-318.2 - Bailey R et coll. : Male circumci-sion for HIV prevention in young menin Kisumu, Kenya : a randomisedcontrolled trial. Lancet 2007 ; 369 :643-656.3 - Gray R et coll. : Male circumci-sion for HIV prevention in men in Ra-kai, Uganda : a randomised trial. Lan-cet 2007 ; 369 : 657-666.

    Virus VIH responsable du SIDA.Le VIH est un rtrovirus dont le diamtre est de

    100 nm. Sur limage on distingue un groupe deplusieurs virus dont le matriel gntique (ARN)

    est visible (en forme de cne) dans les virus.

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