ARCHIVES 78 + 92

PLAN STRATÉGIQUE 2018 - 2022

INTRODUCTION

Investis depuis plus d’un an dans une démarche de rapprochement professionnel, les services d’Archives départementales des Yvelines et des Hauts-de-Seine ont proposé de structurer leur réflexion et leurs projets communs autour d’un plan stratégique pour la période 2018-2022, précédant la mise en service et l’investissement d’un nouvel équipement culturel dédié aux archives, à Saint-Cloud.

Ce dernier objectif symbolique, aujourd’hui considéré comme commun, clôturera une démarche innovante à de nombreux égards : si elle a permis aux deux équipes de s’investir dans une réflexion professionnelle de fond permettant de repenser des pratiques cœurs de métier comme la collecte et l’évaluation, elle a également, d’un point de vue fonctionnel, interrogé le modèle de la première décentralisation qui avait confié aux départements la « compétence archives ». Aujourd’hui en effet, les récentes réformes territoriales et celles à venir, les contraintes budgétaires et l’articulation de différents acteurs sur une même compétence, fournissent un contexte favorable à l’émergence de propositions ou de projets visant à donner aux collectivités responsables un rôle actif dans la définition de l’exercice de cette compétence, la contribution de celle-ci aux politique publiques, et à façonner un ou plusieurs modèles en phase avec les réalités territoriales.

Ainsi la réflexion déclinée dans ce document a essentiellement pris pour point de référence la diversité de nos territoires, l’évolution de la demande sociale au regard des missions de service public qui sont celles des archives départementales, et la prégnance croissante des technologies numériques dans les usages et les pratiques.

D’un point de vue méthodologique, s’inscrivant dans une démarche de recherche-action, les deux équipes des archives départementales des Hauts-de-Seine et des Yvelines ont partagé leur réflexion et leur expertise au cours de six séminaires auxquels ont été associés de nombreux acteurs de l’Education nationale, de la société civile, de l’université, ainsi que des opérateurs culturels ou des experts du développement territorial.

Enfin cette démarche collaborative a permis de commencer à construire, au-delà d’un esprit d’équipe, une intelligence collective qui contribuera, nous l’espérons, à définir les archives départementales de demain.

NOTRE VISION

Nous serons garants d’un écosystème territorial d’accès aux ressources les plus référentielles documentant l'histoire du territoire et de ses habitants.

NOS AXES STRATÉGIQUES

Nous développerons une approche territoriale différenciée.

Nous mettrons les publics et les usagers au centre de notre action.

Nous participerons à la construction d’un territoire apprenant.

Nous relèverons le défi de la fusion des archives départementales des Hauts-de-Seine et des Yvelines.

AXE STRATÉGIQUE 1 : NOUS DÉVELOPPERONS UNE APPROCHE TERRITORIALE DIFFÉRENCIÉE

L’ensemble Yvelines-Hauts-de Seine agrège des territoires aux caractéristiques géographiques et socio-économiques contrastées : (territoires ruraux, urbains, axe Seine). Cette variété engendre des besoins, suscite des opportunités, cristallise des initiatives et rassemble des acteurs, tous différents selon les territoires.

Façonnés par des communautés, des collectivités et des institutions qui n’ont cessé d’évoluer à travers les siècles et dont la reconfiguration s’accélère, les territoires vécus ne se confondent pas forcément avec les limites territoriales des communes ni des intercommunalités. Ils ont une épaisseur historique, laquelle donne sens à la présence et à l’action de chacun, ici et maintenant.

Bâtir une approche territorialisée, c’est:

- prendre en compte les dimensions géographiques et sociologiques qui, sur chaque territoire, compliqueraient ou, au contraire, permettraient de faciliter l’accès à nos ressources ;

- fournir les ressources qui permettront à chacun de mesurer et de réinterroger à l’aune de ses propres préoccupations l’histoire de son territoire.

Face à ces enjeux, on constate que jusqu’à présent, nous n’avons guère tenu compte de la logique territoriale et nous n’avons guère de partenaires qui nous permettraient de nous l’approprier rapidement. Au rang des points faibles, on notera aussi le positionnement géographique de nos services, excentrés par rapport au territoire.

Des opportunités s’offrent cependant à nous :

nos deux départements ont déjà été amenés à bâtir des politiques territorialisées. Au-delà de la diversité de leurs méthodes, on constate que la mise en place de partenariats avec les communes, les intercommunalités, les associations, etc., constitue pour chacune des deux collectivités de puissants leviers d’action, dès lors que ces partenariats se bâtissent au plus près des besoins des habitants;

l’existence d’un réseau des archivistes communaux, qui pourrait servir de point de départ pour un partenariat avec certaines communes;

l’importance de notre offre numérique et notre capacité à l’enrichir encore, qui pourraient constituer une réponse à la problématique de l’accès à distance, à condition de penser à des modalités d’un accompagnement souvent indispensable.

AXE STRATÉGIQUE 1 : NOUS DÉVELOPPERONS UNE APPROCHE TERRITORIALE DIFFÉRENCIÉE NOS OBJECTIFS COMMENT NOUS ALLONS LES ATTEINDRE

• Nous mettrons nos ressources au service de la construction de la connaissance et de l’identité de leurs territoires par les habitants.

• Nous garantir à chacun, en tout point du territoire, l’accès à l’information qui l’intéresse.

• Nous valoriserons et capitaliserons les ressources de

partenaires, notamment les autres collectivités territoriales.

• Nous donnerons à chacun, en tout point du territoire, des occasions de se confronter à des documents originaux, en tant que traces sensibles du passé.

Nous identifierons les axes d’enrichissement, de traitement et de

mise en ligne des collections départementales (tous supports, toute nature, toute origine) les plus pertinents à cet égard.

Nous collaborerons avec les sociétés savantes pour rendre

accessibles aisément leurs travaux sur internet.

Nous rassemblerons sur le site des Archives départementales les moyens d’accéder à toutes les archives communales décrites.

Nous proposerons un partenariat aux communes pour la numérisation et la mise en ligne de leurs documents phares (registres de délibération par exemple).

Nous proposerons une approche territorialisée de la présentation de nos ressources.

Nous imaginer un système de circulation de documents originaux (réseaux de points relais, dépôts /prêts de documents) et identifierons des fonds d’intérêt local.

Nous susciterons accompagnerons des projets locaux de valorisation.

AXE STRATÉGIQUE 2 : NOUS METTRONS LES PUBLICS ET LES USAGERS AU CENTRE DE NOTRE ACTION.

La mission in fine des Archives départementales consiste à mettre à disposition de tout un chacun les informations dont elles assurent la collecte et la conservation. Servant depuis leur création quelques typologies bien définies de publics (chercheurs, généalogistes, publics scolaires notamment), elles ont en quelque sorte et en conséquence figé leur offre en termes de diffusion et de valorisation, sans toujours interroger la pertinence de celle-ci au regard d’un certain nombre de facteurs d’évolution à la fois politiques, sociaux, et technologiques.

De même, elles ne proposent que depuis peu de temps des initiatives de projets collaboratifs associant d’autres partenaires que des professionnels, portant essentiellement sur de l’indexation.

Or il est essentiel aujourd’hui de prendre en compte, pour répondre aux enjeux actuels de diffusion:

la modification des usages et des usagers des archives avec une baisse du lectorat individuel et physique, une attente et une appétence du public pour les questions mémorielles et d’histoire locale ;

le souci des services d’archives de mieux articuler leur offre aux politiques publiques départementales, notamment dans le champ social, éducatif et culturel;

la transition numérique avec la collecte et la conservation d’archives nativement numériques, et la diffusion par la numérisation ;

le développement de projets participatifs, la mise en place d’outils de recherche et de visualisation partagés ;

l’open data, la réutilisation des données publiques et la protection des données à caractère personnel ;

la prise en compte de la diversité culturelle mais également la co-construction d’une politique culturelle partagée avec les territoires et leurs habitants, sont des pistes à creuser.

Une réflexion sur les archives-équipements culturels comme tiers-lieux, espaces d’échanges, de construction et de transmission du patrimoine, de la mémoire et de savoir-faire.

AXE STRATÉGIQUE 2 : NOUS METTRONS LES PUBLICS ET LES USAGERS AU CENTRE DE NOTRE ACTION. NOS OBJECTIFS COMMENT NOUS ALLONS LES ATTEINDRE

• Nous veillerons à la qualité de l’accès (mise à disposition des sources à distance ou sur place) et de l’offre de services.

• Nous mettre les archives au service du citoyen.

• Nous mettrons les archives sous l’œil du citoyen (objectif de transparence).

• Nous rencontrerons et susciterons le désir chez les nouveaux publics dans le respect de leurs droits culturels.

Nous recueillerons les besoins des usagers et des partenaires en

termes de diffusion et de services, et les associerons systématiquement à l’évolution des outils internet et des services.

Nous mettrons en place une démarche qualité en associant

systématiquement les usagers.

Nous clarifierons et enrichirons l’offre de services à distance.

Nous mettrons en place un « guichet des savoirs » et accompagnerons le citoyen dans la localisation et l’accès aux documents administratifs.

Nous développer les outils d’accompagnement des usagers en

mettant en ligne un état des fonds et adaptant nos instruments de recherche, en proposant des tutoriels et conformant nos données au web sémantique.

Nous rendrons publics nos programmes d’action, les évaluerons

régulièrement et publierons nos rapports d’activités. Nous associerons nos publics à notre politique de collecte. Nous articulerons diffusion avec collecte et traitement pour une

mise à disposition aussi rapide que possible des fonds. Nous repenserons les usages de nos salles de lecture.

AXE STRATÉGIQUE 3 : NOUS PARTICIPERONS À LA CONSTRUCTION D’UN TERRITOIRE APPRENANT.

En matière d’éducation, les services d’archives départementales ont une longue expérience forgée depuis les années 50, s’appuyant notamment sur les activités à destination des publics scolaires, qui leur a donné légitimité dans ce domaine.

Pour autant, si elles ont développé une politique de l’offre qui trouve toujours preneur, on est en droit de s’interroger sur sa pertinence: en terme de cibles, celle-ci en effet ne prend pas en compte l’éducation tout au long de la vie ; en terme de méthode, il faut sans doute évoluer pour se mettre au service d’une pédagogie innovante; si l’on se réfère aux contenus, ne peut-on mettre les archives non plus uniquement au service de disciplines scolaires (en général l’histoire), mais d’approches pluridisciplinaires, citoyennes, professionnalisantes? On se rend compte enfin que l’institution est capable de contribuer de manière pertinente à la formation de profils très différents et pas forcément liés directement au monde des archives: médiateurs, métiers juridiques, greffiers de notaires, agents d’accueil, métiers de la numérisation, agents administratifs…

Ce constat est à articuler avec le concept de territoire apprenant, en cours de construction, qui nourrit et donne du sens à la réflexion dans ce domaine. Il nous intéresse tout particulièrement:

• parce qu’il s’appuie sur une synergie des acteurs pour construire des parcours de formation, alliant scolaires et non scolaires, et sur leur capacité à mettre en chantier leur intelligence collective afin d’élaborer ensemble des réponses adéquates aux besoins de ce territoire ;

• parce qu’il propose une philosophie qui intègre nos deux axes stratégiques précédents : le public au centre de nos préoccupations (respect des droits culturels, co-construction, pas de légitimité des savoirs) et l’approche territoriale.

Les enjeux de cet axe portent tout à la fois sur un renouvellement de notre vision en termes de pédagogie, mais aussi sur une juste articulation avec nos partenaires institutionnels et avec des communautés développant des relations et des projets qui sont à identifier.

AXE STRATÉGIQUE 3 : NOUS PARTICIPERONS À LA CONSTRUCTION D’UN TERRITOIRE APPRENANT. NOS OBJECTIFS COMMENT NOUS ALLONS LES ATTEINDRE

• Nous investirons le champ de l’éducation informelle tous âges confondus.

• Nous nous enracinerons dans les territoires sur

lesquels nous sommes implantés.

• Nous favoriserons l’échange des savoirs multiples,

hors institutions et expertises reconnues. • Nous ferons contribuer nos institutions à la

formation professionnalisante. • Nous soutiendrons les acteurs de l’innovation

pédagogique et travaillerons avec eux.

Nous identifierons les acteurs avec lesquels on veut/on devrait

travaillerons. Nous accompagnerons la création des réseaux des acteurs des

territoires. Nous définirons le niveau institutionnel le plus pertinent pour

développer les actions à mener et intégrer les cadres/structures/initiatives les plus pertinents par rapport aux objectifs.

Nous intégrerons des formations existantes et proposerons des

formations ad hoc et des échanges d’expertises.

Nous développerons/co-construirons des outils de partage et les mettrons à disposition des habitants/usagers.

Nous valoriserons nos savoir-faire et pas seulement nos collections. Nous capitaliserons les résultats des recherches, qu’il s’agisse de

celles que nous effectuons, ou de celles des usagers.

AXE STRATÉGIQUE 4 : NOUS RELÈVERONS LE DÉFI DE LA FUSION DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES 78 ET 92

La réflexion portée aujourd’hui par les Archives départementales des Hauts-de-Seine et des Yvelines sur leur rapprochement s’inscrit dans un projet politique qui s’appuie sur une vision renouvelée des territoires, de leur aménagement, de leur développement et des relations partenariales qui en découlent. Elle doit également prendre en compte un contexte budgétaire contraint.

Pour les Archives départementales, dont l’organisation est issue du modèle de la première décentralisation, et dont les missions fixées par le législateur n’ont que peu évolué dans leur mise en œuvre, il s’agit d’une opportunité unique de remise en question et de réflexion sur ce que pourraient être les Archives départementales de demain. Aussi bien, cette réflexion et la mise en œuvre des solutions et projets qui en seront le fruit bénéficieront aux deux services, quel que soit le mode de collaboration, de la fusion institutionnelle à la simple coopération.

L’une des principales échéances de ce processus, à l’horizon 2023, est la livraison d’un nouvel équipement culturel à Saint Cloud, qui accueillera en partie les nouvelles Archives départementales. Sans être le seul ou principal objet de la fusion, l’équipement de Saint Cloud est une opportunité pour réussir le rapprochement à travers la définition de son identité. A l’inverse, le rapprochement est une opportunité pour réussir l’investissement de St-Cloud, en lui donnant une dimension et un positionnement plus ambitieux, et en mettant au service du projet une somme d’expertises et de compétences professionnelles complémentaires.

Mobilisatrice d’énergies, cette collaboration doit s’inscrire dans une démarche progressive, cumulative, au service des autres axes stratégiques. Si elle reste modeste quant à ses objectifs, notamment dans des domaines plus mal maîtrisés, elle s’ouvre cependant à des champs d’expérimentation et nourrit plus largement des réflexions professionnelles portées au niveau national.

AXE STRATÉGIQUE 4 : NOUS RELÈVERONS LE DÉFI DE LA FUSION DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES 78 ET 92 NOS OBJECTIFS COMMENT NOUS ALLONS LES ATTEINDRE

• Nous construirons et mettrons en œuvre une vision commune ;

• Nous mettrons en place une équipe ; • • Nous organiserons le fonctionnement sur 2 sites

d’égale importance, en attendant et dans la perspective de l’équipement de Saint-Cloud, tout en maintenant la qualité de service ;

• • Nous investirons ensemble l’équipement de Saint-

Cloud dans les meilleures conditions et en maintenant la qualité du service.

Nous organiserons les fonctions « métier » et les fonctions

« support » dans une approche mutualisée. Nous proposerons à nos équipes des formations collectives et

ciblées. Nous ferons converger nos systèmes d’information. Nous préparerons la répartition des collections en mettant le public

au centre de la réflexion. Nous réaliserons le chantier des collections en vue du

déménagement. Nous réfléchirons ensemble à une politique de réévaluation des

fonds.