141218 les enseignants malades des reformes 24 heures

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4 Suisse 24 heures | Jeudi 18 décembre 2014 des travaux administratifs tou- jours plus importants. Les professeurs souffrent en outre de la mauvaise image publi- que de leur profession. Cet as- pect-là figure dans le «top 3» des plus mal notés, avec une moyenne de 3,7 seulement. Les choses se gâtent encore lorsque l’on parle rémunération. En com- paraison avec des métiers aux exi- gences comparables, les salaires et les évolutions salariales des en- seignants sont, avec une moyenne de 3,6, considérés comme insatisfaisants. Les ensei- gnants jugent en outre que les charges de travail supplémentai- res ne sont suffisamment rétri- buées. En queue de peloton de l’échelle de satisfaction figure éga- lement, avec un petit 3,2 de moyenne, les réformes scolaires. «Les enseignants ne sont généra- lement pas hostiles au change- ment, souligne Beat Zemp. Ce qui pose problème, c’est le rythme de ces réformes et leurs exigences. Ce qu’ils veulent, c’est qu’on leur donne le temps et les moyens né- cessaires pour les appliquer.» Profs surchargés Cette complainte s’étend à l’ensei- gnement en général. Plans d’étu- des surchargés, augmentation du nombre d’élèves en difficulté, charges administratives, gestion des parents: «Les enseignants, surtout lorsqu’ils viennent de commencer, tiennent vraiment à faire progresser leurs élèves, ex- plique l’auteur de l’étude, Charles Landertshammer. Mais ils sont confrontés à la réalité: il est im- possible de tout faire!» Ainsi, après dix ans d’exercice, la moitié des jeunes enseignants se tournent vers un autre métier. Près de 70% du corps enseignant réduit son temps de travail. Ce qui pose d’autres problèmes, autant au niveau organisationnel qu’en terme de places de travail. «Si cha- que professeur travaillait à temps plein, la pénurie des enseignants serait résolue!» assène Beat Zemp. En outre, cela réduit évidem- ment la masse salariale. La LCH propose de réduire la charge de travail à temps plein. En primaire, une semaine devrait comprendre 26 leçons au lieu de 28 à 30, es- time la LCH. «Les enseignants sont enclins au burn-out, ajoute Beat Zemp. C’est un danger auquel nous devons être extrêmement at- tentifs.» Ils aiment leur job Le tableau n’est pas entièrement noir. Lorsqu’on leur demande s’ils referaient ce métier s’ils en avaient à nouveau l’opportunité, 82% des enseignants répondent par l’affirmative. Fondamentale- ment, les professeurs aiment leur métier, notamment en raison de la reconnaissance qu’ils reçoivent des élèves et pour l’opportunité de transmettre savoir et valeurs. «Les enseignants aiment leurs élè- ves, même lorsque certains sont difficiles, assure Beat Zemp. Ils veulent simplement qu’on leur donne les moyens de faire les cho- ses correctement.» Beat Zemp a conscience que les choses ne changeront pas du jour au lende- main, mais il se dit certain que la Suisse saura investir dans ce qui constitue «l’avenir du pays»: «On ne peut pas gravir le Matterhorn avec des talons hauts, conclut-il avec humour. Tout du moins, pas rapidement.» La moitié des enseignants ne sont pas satisfaits de leurs conditions de travail. Une étude détaille le malaise de la profession Lucie Monnat Zurich Morosité dans le corps ensei- gnant. Lorsqu’on demande aux pédagogues leur degré de satisfac- tion dans leur travail, sur une échelle de 1 à 6, une faible moyenne de 4,3 en ressort. L’as- sociation faîtière des enseignantes et enseignants de Suisse alémani- que (LCH) a mené une large en- quête auprès des professeurs, in- terrogeant plus de 15 000 collabo- rateurs. Les résultats ont été pré- sentés la semaine passée à Zurich. L’étude permet de chiffrer un mal-être connu depuis long- temps. «Les résultats montrent clairement que, dans certains do- maines, les préoccupations sont urgentes», annonce le président de la LCH, Beat Zemp, l’air som- bre. Ainsi, sur les 68 aspects de la profession interrogés, seuls sept obtiennent une moyenne supé- rieure à 5. Les enseignants esti- ment par exemple que «la tâche est à la hauteur de leurs attentes», bien que celle-ci soit alourdie par- Ecoles Les enseignants malades des réformes Les enseignants se sentent mal aimés du public. KEYSTONE U «Prenez le pouvoir sur votre métier!» C’est l’intitulé d’une vaste enquête menée ces derniers mois en Suisse romande par plusieurs associations professionnelles d’enseignants. Actuellement en cours de dépouillement, l’étude invitait chaque prof, du primaire ou du secondaire, à remplir un questionnaire en ligne divisé en quatre thèmes principaux: sens du métier, satisfaction dans le travail, équilibre entre vie privée et vie professionnelle, aspira- tions pour l’avenir. Plus de 3000 enseignants ont répondu, parmi lesquels 1500 Vaudois (20% de participation). A noter que ni les Genevois ni les Valaisans ne se sont associés à cette démarche. Les résultats seront publiés début 2015. Au vu des premières tendances, la photo n’est pas trop sombre, estime Yves Froidevaux, secrétaire général de la Société pédagogique vaudoise. En dépit de quelques points noirs relatifs à leurs conditions de travail, la majorité des sondés ne regrettent pas leur choix professionnel. JO.F. Enquête romande «Les enseignants tiennent vraiment à faire progresser leurs élèves. Mais ils sont confrontés à la réalité: il est impossible de tout faire!» Charles Landertshammer Auteur de l’étude

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4 Suisse 24 heures | Jeudi 18 décembre 2014

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des travaux administratifs tou-jours plus importants.

Les professeurs souffrent enoutre de la mauvaise image publi-que de leur profession. Cet as-pect-là figure dans le «top 3» desplus mal notés, avec unemoyenne de 3,7 seulement. Leschoses se gâtent encore lorsquel’on parle rémunération. En com-paraison avec des métiers aux exi-gences comparables, les salaireset les évolutions salariales des en-se ignants sont , avec unemoyenne de 3,6, considéréscomme insatisfaisants. Les ensei-gnants jugent en outre que les

charges de travail supplémentai-res ne sont suffisamment rétri-buées.

En queue de peloton del’échelle de satisfaction figure éga-lement, avec un petit 3,2 demoyenne, les réformes scolaires.«Les enseignants ne sont généra-lement pas hostiles au change-ment, souligne Beat Zemp. Ce quipose problème, c’est le rythme deces réformes et leurs exigences.Ce qu’ils veulent, c’est qu’on leurdonne le temps et les moyens né-cessaires pour les appliquer.»

Profs surchargésCette complainte s’étend à l’ensei-gnement en général. Plans d’étu-des surchargés, augmentation dunombre d’élèves en difficulté,charges administratives, gestiondes parents: «Les enseignants, surtout lorsqu’ils viennent decommencer, tiennent vraiment àfaire progresser leurs élèves, ex-plique l’auteur de l’étude, CharlesLandertshammer. Mais ils sontconfrontés à la réalité: il est im-possible de tout faire!»

Ainsi, après dix ans d’exercice,la moitié des jeunes enseignantsse tournent vers un autre métier.Près de 70% du corps enseignantréduit son temps de travail. Ce quipose d’autres problèmes, autantau niveau organisationnel qu’enterme de places de travail. «Si cha-que professeur travaillait à tempsplein, la pénurie des enseignants

serait résolue!» assène Beat Zemp.En outre, cela réduit évidem-

ment la masse salariale. La LCHpropose de réduire la charge detravail à temps plein. En primaire,une semaine devrait comprendre26 leçons au lieu de 28 à 30, es-time la LCH. «Les enseignants sontenclins au burn-out, ajoute BeatZemp. C’est un danger auquelnous devons être extrêmement at-tentifs.»

Ils aiment leur jobLe tableau n’est pas entièrementnoir. Lorsqu’on leur demandes’ils referaient ce métier s’ils enavaient à nouveau l’opportunité,82% des enseignants répondentpar l’affirmative. Fondamentale-ment, les professeurs aiment leurmétier, notamment en raison dela reconnaissance qu’ils reçoiventdes élèves et pour l’opportunitéde transmettre savoir et valeurs.«Les enseignants aiment leurs élè-ves, même lorsque certains sontdifficiles, assure Beat Zemp. Ilsveulent simplement qu’on leurdonne les moyens de faire les cho-ses correctement.» Beat Zemp aconscience que les choses nechangeront pas du jour au lende-main, mais il se dit certain que laSuisse saura investir dans ce quiconstitue «l’avenir du pays»: «Onne peut pas gravir le Matterhornavec des talons hauts, conclut-ilavec humour. Tout du moins, pasrapidement.»

La moitié des enseignants ne sont pas satisfaits de leurs conditions de travail. Une étude détaille le malaisede la profession

Lucie Monnat Zurich

Morosité dans le corps ensei-gnant. Lorsqu’on demande auxpédagogues leur degré de satisfac-tion dans leur travail, sur uneéchelle de 1 à 6, une faiblemoyenne de 4,3 en ressort. L’as-sociation faîtière des enseignanteset enseignants de Suisse alémani-que (LCH) a mené une large en-quête auprès des professeurs, in-terrogeant plus de 15 000 collabo-rateurs. Les résultats ont été pré-sentés la semaine passée à Zurich.

L’étude permet de chiffrer unmal-être connu depuis long-temps. «Les résultats montrentclairement que, dans certains do-maines, les préoccupations sonturgentes», annonce le présidentde la LCH, Beat Zemp, l’air som-bre. Ainsi, sur les 68 aspects de laprofession interrogés, seuls septobtiennent une moyenne supé-rieure à 5. Les enseignants esti-ment par exemple que «la tâcheest à la hauteur de leurs attentes»,bien que celle-ci soit alourdie par-

Ecoles

Les enseignants malades des réformes

Les enseignants se sentent mal aimés du public. KEYSTONE

U «Prenez le pouvoir sur votre métier!» C’est l’intitulé d’une vaste enquête menée ces derniers mois en Suisse romande par plusieurs associations professionnelles d’enseignants.

Actuellement en cours de dépouillement, l’étude invitait chaque prof, du primaire ou du secondaire, à remplir un questionnaire en ligne divisé en quatre thèmes principaux: sens du métier, satisfaction dans le travail, équilibre entre vie privée et vie professionnelle, aspira-tions pour l’avenir. Plus de 3000 enseignants ont répondu, parmi lesquels 1500 Vaudois (20% de participation). A noter que ni les Genevois ni les Valaisans ne se sont associés à cette démarche.

Les résultats seront publiésdébut 2015. Au vu des premières tendances, la photo n’est pas trop sombre, estime Yves Froidevaux, secrétaire général de la Société pédagogique vaudoise. En dépit de quelques points noirs relatifs à leurs conditions de travail, la majorité des sondés ne regrettent pas leur choix professionnel. JO.F.

Enquête romande

«Les enseignants tiennent vraiment à faire progresser leurs élèves. Mais ils sont confrontés à la réalité: il est impossible de tout faire!»Charles Landertshammer Auteur de l’étude