article sur le yoseikan budo - karate 139 - 09-1987

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  • 8/3/2019 Article sur le Yoseikan Budo - Karate 139 - 09-1987

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    T emple-sur-Lot, juiUet 87. Unecentaine de pratiquants d' Aikibu-do suivent le s explications d' AlainFloquet, 7e dan Kyoshi, qui demontreune technique de defense sur saisie ; puisle s e le ve s tentent de mettre le mouve-ment en application deux par deux. Lemaitre Minoru Mochizuki va de stagiai-res en stagiaires, rectifiant un detail parci, une position de main par la. Soudainil fait stopper le cours en voyant deuxe le ve s ex ecu te r le mouvement. Avec l'ai-de de I'interprete, maitre Mochizuki ex-plique que ron doit se defier du brasgauche de l'adversaire pendant qu'onagit sur son bras droit. IImontre com-ment se placer de facon a eviter tout ris-que de contre : Sinon, ce mouvementne sert a rien : iIperd toute efficacite encombat reel . Ce souci du detail, cetteexigence d'efficacite caracterisent bien lepersonnage.Ne en 1907 a Shizuoka, Minoru Mochi-zuki pratique les arts martiaux depuis ...75 ans ! Tres haut grade dans de nom-breuses disciplines, il a ete l'eleve directde Jigoro Kano, Ie fondateur du judo,et de Morihei Ueshiba, createur de l'ai-kido. U etudia egalement la pratique desarmes traditionnelles de I'ecole KatoriShinto, la plus ancienne et la plus re -nomrnee du Japon, avant d'ouvrir sonpropre dojo, le Yoseikan, en 1931. Agede 80 ans, le maitre Mochizuki continuea enseigner et a diriger des stages a tra-vers le monde. Venu en France cet etesur l'invitation de son fils Hiroo et deson eleve Alain Floquet, maitre Mochi-zuki nous a accorde une serie d'entre-tiens. Avec lui, nous avons essaye demieux comprendre Ie sens du budo, dontil est I'un des derniers grands maitres,Karate: .MailreMocbuuki, j'eimersisque vous nous parliez d'abord un peude la fafon doni vous avez dibuti lesarts msrtisux,Minoru Mochizuki: Je suis ne en 1907a Shizuoka. Man grand-perc etait Ie der-nier descendant d'une lignee de samou-rais etablie a Tokaido, dans une auber-ge. Ilenseignait l'art du sabre et faisaitpartie de la classe superieure des sam ou-rais, en tant que maitre d'armes. Monperc, Miozo Mochizuki, n'etait qu'unsimple paysan. Mais mon grand-perc,qui l'avait accepte comme eieve, l'a prispour gendre en raison de ses qualitesmorales et techniques: c'etait un tresbon combattant. Plus tard, mon pere estvenu s'etablir a Tokyo. C'est la que j'aicommence a pratiquer Ie judo en 1912,chez maitre Takebe : j'avais 5 ans. Puismes parents ont demenage et a 17 ansje me suis inscrit au Kendokan, le dojodu grand maitre de judo Sanbo Toku.Toku Sensei etait celebre, entre autres,pour avoir battu 165 adversaires en li-gne, alors qu'il n'etait qu'adolescent !28

    Deux ans plus tard, ie suis entre au Ko-dokan, le dojo du maitre Jigoro Kano.J'y ai obtenu man 1e dan en juin 1926,a 19 ans. L'annee suivante, j'ai passemon 2 e dan, et maitre Kyuzo Mifunem'a choisi comme assistant.K. : Comment avez-vons ett! emene s fpratiquer d'autres disciplines que Jeju-do?M.M. : Le maitre Kano, qui etait un vi-sionnaire, ayah pressenti le besoin depreserver les arts martiaux traditionnels.Aussi, des 1928, iI a cree la KobudoKenkyukai, section de recherche sur lesarts martiaux traditionnels anciens. Cet-te section, dom je faisais partie, regrou-pair au depart une trentaine de rnem-b re s, to us champions de judo. Deux foispar mois, sur la demande de Kano sen-sei, qui payait les cours, quatre profes-seurs du Tenshin Shoden Katori ShintoRyu venaient specialement de Narita aTokyo pour nous enseigner leur art.L'ecole Katori, qui remonte au 15e sie-cIe, est la plus ancienne tradition mar-tiale du Japon. Elle a d'ailleurs ete clas-see Tresor National, Son enseignementcomprend notamment Ie Ken-jitsu, l'artdu sabre, Ie bo-jitsu (baton), la nagina-ta (hallebarde), le yari (lance) ... Les ju-dokas detestaient ca ! Au bout de 3mois, ilne restait plus que moi commeeleve. Voyant cela, maitre Kano m'a de-mande de former une nouvelle section.J'ai reussi a reunir 10 personnes en choi-sissant des petits gabarits : leur consti-tion ne les avantageait pas dans la pra-tique du judo ou, a technique egale, leplus lourd l'emporte. Par contre, celan'avait pas d'influence pour le travaildes armes.La situation de I'ecole Katori ShintoRyu etait assez curieuse. Le 18e Soke(descendant du fondateur et chef d'eco-le), Morisada Iizasa, mort en 1897,n'avait pas laisse d'heritier male, 11 yavait done 9 professeurs differents, Ieprincipal enseignant etant le Shihan Ya-maguchi. A la mort de Yamaguchi, en1918, les huit professeurs qui restaientavaient de 38 a 70 ans. Chacun ensei-gnait de facon differente suivant son ageet sa morphologie, Des 4 experts venusau Kodokan, Tamai sensei, 70 ans, Ku-boki sensei, 50 ans, Ito sensei, 45 ans,et Shiina sensei, 38 ans, chacun avait unetechnique differente. J'etais bien ernbe-teo Je suis alle trouver maitre Kana enlui demandant: Que dois-je faire ? II a eclate de rire et m'a repondu : Tudois tout rejeter et trouver toi-rneme tapropre voie .C'est alors que l'on m'a propose de de-venir le 1g e Soke en epousant une des-cendante de Morisada Iisaza. Mais j'airefuse cette offre, car cela m'aurait obli-ge a quitter maitre Kano. En 1929, unnouveau Soke a ete nornme par maria-

    ge. II a pris le nom de Kinjiro Iisaza. Unde mes condisciples du Kodokan, Sugi-no sensei, a abandonne le judo pour seconsacrer a I'etude du Katori ShintoRyu. II a ete forme pendant 10 ans parmaitre Shiina. Les 8 Shihan ont conti-nue a enseigner ; ainsi Otake sensei, l'ac-tuel responsable technique du Katori, futI'eleve de maitre Hayashi. De nos jours,le 20e Soke est Ie fils de Kinjiro. Touteela explique les differences techniquesque l' on peut rencontrer au sein de cet-te ecole, d'un expert a un autre.K. : Comment s 'e st e iie ctn ee v otr e r en -contte avec le maitre Uesbib ?M.M. : Les maitres Kano et Ueshiba seconnaissaient bien. Kana sensei ad'abord demande a Ueshiba sensei d'en-voyer des professeurs au Kodokan, maiscelui-ci a decline sa proposition. Alors,en 1930, Kana sensei m' a envoye pren-dre des cours aupres d'Ueshiba sensei.Le prix de ces cours etait de 30 Yens parmois, alors qu'un eleve du Kodokanpayait seulement 3 Yens par mois pourapprendre le judo! C'est le maitre Kanoqui reglait ces cotisations pour moi. Dela meme facon, il m'a fait etudie leShindo Muso Ryu Mo Jutsu aupres deShimizu sensei, et l'art du sabre avec Iemaitre Hakudo Nakayama.Ueshiba sensei s'etait installe a Tokyo\US 1922. II etait vite devenu populairedans le milieu des arts martiaux, car ile nse ig nait le Dalto Ryu Aiki Ju Jutsu.II e ta it l'ele ve du maitre Sogaku Take-da, probablernent l'expert le plus redou-te du Japon. Sogaku Takeda etait un sa-rnourai, un vrai combattant ne a l'epo-que feodale et qui vivait a l'ere de Mei-ji. Cet homme avait la trempe d'unMiyamoto Musashi. IIavait dispute denombreux combats a mort, car ilfaisaitoffice de garde du corps aupres de ju-ges ou de chefs de la police. IIavait misau pas un clan entier de yakusas, des sa-mourais trans formes en gangsters. Lors-qu'il arrivait dans une ville, deux ca-deaux l'attendaient : un offert par la po-lice locale, car on savait que la ville se-rait calme durant son sejour ; et unoffert par les yakusas, qui voulaient evi-ter tout ennui.Un jour, en 1935, maitre Takeda a ren-du visite a son eleve, maitre Ueshiba.Comme Ueshiba sensei etait absent, j'aiaccueilli maitre Takeda a sa place. Je I'aifait entrer dans la maison, et je lui aipropose du the. Ila refuse et m'a de-mande de l'eau bouillante ; lorsque j{ :lui ai amene l'eau, it a sorti sa tasse ets'est fait son propre the. J'ai voulu luioffrir des gateaux: ila refuse et a man-ge ses propres gateaux qu'il portait surlui. En fait, il refusait toute boisson,toute nourriture qui n'aurait pas ete pre-paree par son eleve Ueshiba en person-ne, car il craignait d'etre empoisonne.

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    Ilvivait constamment sur ses gardes,merne a 80 ans !Ueshiba sensei avait recu du maitre Ta-keda I'autorisation d'enseigner le DaltoRyu Aiki Ju Jutsu. Maitre Ueshibachangea plusieurs fois Ie nom de sonecole: Takemusu Aiki, Aikibu jutsu ...Je suis devenu son assistant, et j'ai en-seigne a ses cotes. En 1933, Ueshiba sen-sei m'a remis un diplome, le Daito RyuAiki Ju Jutsu Okuden lnka, la plus hau-te distinction de eette ecole.et m'a don-ne l' autorisation d'enseigner. MaitreUeshiba m'avait propose d'epouser safille et de devenir son sueeesseur, rnaiseamme pour le Katori Shinto Ryu j'airefuse, car je ne desirais pas quitter Iemaitre Kano.K. :De qU911ddate Ie terme d'Aikibu ..do?M.M. : Des 1922, les maitres Takeda etUeshiba employaient ceterme. En 1931,je suis tornbe malade, un probleme depoumon. J'ai dli etre hospitalise, et mai-tre Kano apaye les frais de man sejoura l'h6pital. Je suis retoume a Shizuokaet j'y ai ouvert une salle en novernbre1931, leYoseikan dojo. J'enseignais Iejudo, l'aiki Ju Jutsu et Ie Katori ShintoRyu. Apres Ia seconde guerre mondia-Ie, Ueshiba sensei n'employait plus le

    terme de ju jutsu pour designer sa me-thode: il prefera celui d'aikido. J'aidone p ris Ie terme d'aikido ju jutsu pourmon enseignernent. Mais bien sur, laforme enseignee par le maitre Ueshiban'etait plus celle que j'avais apprise vers1930. L'Aiki Ju Jutsu es t une formemartiale visant le combat reel, au l'as-pect realiste doit toujours derneurer pre-sent. L'Aikikai disait que l'arkido Yo-seikan ri'etait pas de l'aikido, Alms,pour eviter les problemes de federation,un de mes eleves francais, Alain Flocquet, a repris Ie terrne d' Aikibudo avecson accord, mettant ainsi fin a touteconfusion.K. : Une precision: ies sutemis (mou-vements sacrifice, o u r on chute pour en-tralller la chute de l'adverseaire) que l'ontrouve en Aikilnuio sonti1s votie creu-lion?M.M. : Oui, c'est moi qui Ies ai mis aupoint en combinant mes connaissancesen judo et en aiki ju jutsu.K. : Pendant la guerre, vous svez se-joume en Mandchourie. Pouvez-vonsnous parler de cette piriode ? Et avez-vous e M iailueuc par Ies techniques chi-noises?M.M. : Effectivement, en 1938, je suisparti m'installer en Mongolie avec rna

    famille .. J'ai d'abord ete directeur dulycee de Paou To pendant 2 ans. Les ele-yes mongols venaient parfois de tresloin, et nous Ies gardions souvent a Iamaison : c'etaient comme nos propresenfants. Puis j'ai e t e nomme sous-prefetdu departement chinois de Sei Sui Gapar I e gouvernement mongol. A l'epo-que, 1a p ol iti qu e d u Japan en Chine con-sistait a nornmer des prefers chinois etdes sous-prefets japonais : Ie paste deprefer etait surtout honorifique, le pou-voir reel se trouvait entre les mains dusous-prefet,1 1 faut savoir que cette region e ta it c on -voitee 1 1 la fois par les Sovietiques et Ie sJaponais, En 1905, la Russie vaincue parIe Japan avait dil ceder la base de Port-Arthur. En 1931, les J aponais ont en-vahit la Mandchourie, au nord-est de laChine, et en ont fait un etat indepen-dant sous controle nippon .. Un desbuts de cette operation etait de contenirI'expansion des Soviteiques, En 37, leJapan a declare la guerre a la Chine. Eten 41, la ville au je me trouvais a ete as-siegee par le s communistes c hin ois, le stroupes de Mao Zedong. J'ai organisela defense en faisant placer des gueris-tes garnies de soidats tout autour de laville, de facon a pouvoir tres vile don-ner ]' alerte en cas d' attaque. Ainsi nousavons pu repousser toutes les tentativesdes communistes, qui ri'ont jamais reus-si a prendre la ville. Petit a petit, notrecercIe s'est agrandi, et j 'ai recu Ia plushaute decoration du gouvernernentmongol.Parallelement aces activites militaires,je me suis occupe de grands travauxd'amenagement, J'ai developpe Ies canaux d'irrigation sur Ie Fleuve Jaune :on est passe de 70 a 200 kilometres decanaux, ce qui a permis de multiplier parlOla production agricole. J'ai fait cons-truire une ecole et deux pants de 200 me-tres, qui existent toujours. Enfin, j'aiforme une equipe medicale chargee deI'hygiene et de la sante des militaires etdes policiers,Je suis retoume en Chine en juin de cetteannee, L'ecole et le s 2 ponts servent en-core, et les Chinois ant developpe lesysteme d'irrigation. Mais ce qui m'afait Ie plus plaisir, c'est de revoir ceuxque j' avais connus enfants. Au-jourd'hui, ils ant 50 ou 60 an s ! lism'ont reconnu et m'ont dit : Maitre,vousetes comme notre pere ! Nousavons pleure ensemble, et its m'ont de-maude de. revenir le s voir l'annee pro-chaine,K. :Et les arts mertisax durantcette pi-riode ?M.M. : J'ai enseigne le judo, Ie kendoet l'aiki ju jutsu aux Mongols. Ala ga-re de Saatchi, le chef de gare, Kudaka,etait originaire des Ryu-Kyu, I'archipel

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    P r es e nt s u r le s t a t a m i s d e s 7 h d u m a t in , m a i otre M och izu k i, 8 0 a n s .a d lr ige 6 h e u re s d es ta ge p ar jo ur e n c om p agn ie d 'A la in F lo qu et.d'Okinawa, II etait 3e dan de judo, ettres fier de sa technique, A Pepoque,j'avais le grade de 5e danvaussi ilvenaittous les jours s'entrainer avec moi. Unsoir, ilm'a dernande : connaissez-vousIe karate? J'ai repondu par la negati-ve, et il m'a fait une demonstration.C'etait Ie fils du roi Kudaka, de l'archi-pel des Ryu-Kyu, et il avait de formea cet art depuis I'enfance, Je suis deve-nu son eleve, et c'est lui qui m'a ensei-gne le karate. II pratiquait un style pro-che du Shurite. Je me suis base sur samethode pour creer le kata Happoken,qui enseigne les 8 formes fondamenta-les des techniques de poings. Par ail-leurs, a TokYQ,j'ai suivi pendant 3 moislesconrs de GichinFunakoshi sensei,mais je ne me considere pas reellementcomme son eleve,:K. : A vez-vous en des contacts avec lesarts mettisux chinois ?M.M. : Qui, a plusieurs reprises, J' ai eul'cccasion de faire des combats avec desexperts chinois, a mains nues et avec ar-me, au baton notammenL J'ai toujoursgagne, Les techniques japonaises sont

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    tres directes, alors que les techniques chi-noises ernploient davantage de mouve-ments circulaires. .I'ai eu Ie sentimentque les arts martiaux japonais etaientplus proches de la realite du combat, en-tre la vie et Ia mort, alors que les artsrnartiaux chinois m'ont semble mainsrealistes, Pour tout dire, j'ai trouve leTai Chi Chuan tres ennuyeux !K. : Que s'est-il passe apres la Chine?M.M. : Je SULS retourne au Japon en1947. La, j'ai reconstruit un dojo Yo-seikan a Shizuoka. Puis je suis venu enFrance en 1951. J'etais envoye par I'As-sociation des Universites J aponaisespour renouer les contacts, rompus pen-dant la guerre, entre le Japon et 1'Euro-pe.Je suis reste en France pendant 3 ans,mais j'ai tourne dans toute l'Europe.J'ai enseigne Ie judo, j'ai demontre l'ai-kido ju-jutsu (le maitre Ueshiba venaitjuste de denomer son art Aikido). 1'aiegalement donne des cours de lai, desbases de kendo et de karate. Je croispouvoir dire que j'ai ete Ie premier pro-fesseur de karate reellernent qualifie itetre venu en France. J'ai forme quelquespersonnes, mes premiers eleves francais.Moi-meme, je me suis initie it la boxeanglaise et it la boxe francaise. Puis en1953 je SUlS reparti au J apon.K. - Actuellement, quels sont les gensenFrance qui peuvent se redamer de vo-tre enseignement ?M.M. - Outre, bien sur, man fils, Hi-roo Mochizuki, je considere Alain Flo-quet comme celui qui perpetue mon en-seignement. II vient travaiIler au Yosei-kan tous les ans depuis 1970. Sa techni-que est la meme que celie que j'enseigne.La particularite du Yoseikan, c'est quel'eleve recoit une formation dans plu-sieurs disciplines: judo, aikibudo, ka-rate, Katori Shinto Ryu ... Simplement,32

    la technique de Floquet est un peu plusdure que la mienne, moins souple. Maisc'est normal, ilest jeune. IIsuit Ia m e -me Vale que moi, et je considere AlainFloquet comme mon fils spirituel.K. - De toutes Jesdisciplines que vousavez pmtiquees, Jaquelleprefirez-vous ?M.M. - D'abord j'ai prefere Ie judo,puis Ie kendo, enfin I'aikido (l'aiki ju-jutsu, si vous preferez).K. - Est-ce que l'esperience du com-bat reel, pendant t guerre, a modifievotre conception des arts msrtisux ?M.M. - Les pratiquants d'arts mar-tiaux detestent la guerre. Kano sensei,Mifune sensei, Ueshiba sensei... Tousces grands malt res avaient Ia guerre enhorreur. Mal aussi. Je detestais la guer-re, mais j'ai ete mobilise, et je n'avaispas le choix.Le fait de m'etre trouve face it la mortpendant la guerre m'a aide it sentir cequ'etait Ja veritable voie. J'ai avant toutrecherche l'efficacite. C'est pour celaque je considere la voie du sabre com-me l'art martial numero un. Le vraicombat, c' est le sabre, et toutes les tech-niques en sont issues. Pendant la guer-re, dans Ie combat reel, j'ai appris cequ'etait l'efficacite.K. - Que/Ie est, d'apres vous, la djffe-renee entre sport et art martial ?M.M.- C'est justement l'efficacite. Unsport do it pouvoir se pratiquer sans dan-ger, done on elimine toutes les techni-ques dangereuses. Prenons le kendo :autrefois, on pouvait frapper aux jam-bes, aux coudes, par en-dessous ... Main-tenant, il n'y a plus que 4 frappes auto-risees, done on s'est eloigne de l'effica-cite. La vraie efficacite, c'est de tuer Ieplus rapidement possible. Un sport n'estpas efficace .:ila pour seul but la com-petition. Etant jeune, j'aimais beaucoupla competition, en judo. Un jour, j'ai

    remporte deux tournois dans la mernejournee. Le soir, maitre Kano m'a re-primande ! II m'a fait comprendre queje n'avais rien gagne, Je pratiquais Ie ju-do uniquement pour Ia competition,alors qu'en fait ce doit etre l'inverse. Lacompetition do it aider a com prendre lesens de l'art martial. C'est cerise etre larepresentation d'un duel it mort, et dansce sens elle peut apporter quelque cho-se a un pratiquant : celui qui a la foi degagner aura la foi de vivre,Maitre Kano etait avant tout un intel-lectuel, un universitaire brillant. Le ju-done representait qu'une infime partiede ses activites, Comme maitre Ueshi-ba, il etait frele de constitution. Pourque leur technique soit efficace, ces mai-tres devaient trouver le point faible deleur adversaire. Comme leur niveau etaittres eleve, ils Ie voyaient tout de suite.Le moyen de vaincre ne consiste pas aopposer la force it la force : ilfaut trou-ver le point faible de l' adversaireet agirdessus.K. - A le fin de cheque cours, vous fai-tes le geste de la priere, le Gasho, lesmains [ointes, et vous frappez dans vo smains. Quelle est la Signification de cesgestes ?M.M.- Avec une seule main, on esttres faible. Les deux mains reunies, pau-me centre paume, c'est comme la char-pente d'un toit : I'union fait la force.C'est le celebre principe du judo enon-ce par ligoro Kano : entraide et pros-perite mutuelle. Au niveau technique,des qu'on utilise les 2 mains, que ce soitpour bloquer un coup ou se degager, onest tres fort.Quand on frappe les paumes rune con-tre l'autre et qu'on tape dans ses mains,ily a un degagernent de chaleur : les 2mains se rassemblent, elles ont envie dese reunir , ce sont 2 forces qui se rejoi-gnent. IIy a une autre signification auniveau du Shinto, la religion japonaise :on chasse les mauvais esprits et l'on agiten harmonie avec la nature, etant 50i-merne une infime partie de I'univers.K. - Ungrand maitre de sabre a ditunjour: J'etape supreme des artsmurtieux,c'est le stsuie de celui qui n'e plus be-soia de sabre. Qu'en pensez-vous ?M.M.- Pour agir, ilfaut le corps, latechnique et le cceur, I'esprit. Le cceurse trouve dans le corps. II faut d'abordavoir un cceur et un corps fort. Le corpsjoue un role important, la techniqueaussi, done Ie sabre est important. Per-sonnellement, je pense que le sabre et lekeikogi (tenue d'entrainernent) me sontencore necessaires, et qu'ils Ie seront jus-qu'a la fin.Je voulais vous Ie dire : j'ai vu dans vo-tre journal des articles sur les Ninjas. Orles samourais meprisaient les Ninjas.Pour Ie 1e r dan, un Ninja doit savoir

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    Pour les besoins de la photo, W M o chiz uk ia a cc ep te d e d efo um e r son r e ga r d .

    imiter les errs des anirnaux : des Ie de-but, ilcommence a duper les gens, LesNinjas mentent, on ne peut pas leur faireconfiance : ils se cachent pour eviterd'etre vus ... Le Ni-Jutsu ne forme patdes hommes, D'ailleurs, ceux qu prati-quenl reellement cette discipline ne s 'envantent pas: un Ninja fie dira jamais laverite Meme s'Il est expert dan I' an dusabre, .ilpretendra ne pas connaitrr. cet-te technique.K. - Quelitait I'idea/des samofll'ais ?M.M. - Un sarnourai ri'a pas ne hut,il ne fait qu'obeir. Son ideal. cesr servir. Un peu comrne os chevahers te S3-mourai ne tue que sur ordre de SOIl sei-gneur. n u'a pas de notion de bren oude mal. Celui qui pratique l'ar! du sa-bre comprend tout de suite I'essence desarts rnartiaux, Pourquoi ? Pareeqnavec le sabre, on coupe [Out drorr,Le samourai va droit comme te sabre.Etymologiquement, samourai vient desaburo. celui qui rnarche derriere ungrand personnage, C'esr cela, un samou-rai : ilrecoit un ordre et l'execure II nepense pas a Ia morale.K. - Vne ttemiere question, sensei;pour VOUS,quelle. eSI "essence des artsma.ruaux?M.M. - En temps de paix, l'essence desarts martiaux, c'est l'ensetgnement.Dans ryu, ilya l'Idee de courant. Do.la VOle, c'est quelque chose qui passe,un enseignement qu'on transrnet S, l'onarrete denseigner, c;a n'est plus nnevoie, c'est seulement une technique. Apartir du moment au ilest entre dam leseccles, Ie ju-jutsu s'est transforme. AI'oppose, maitre Kano a cree le Jude apartir du ju-jutsu. La technique mania-le vise uniquement a tuer, alms que liebut des arts rnartiaux est de former Iapersonnalite.Le principe de Ia voie consiste a trans-mettre un easeignement, un peu cornmeun courant qui passe. A I'ongine 1atransmission sefaisait de pere en filsIlfaut avoir la meme relation de maitrea eleve, Le vrai pratiquant d'arts mar-tiaux, le budoka, [1 est pas celui qui secontente de maitriser une technique,mais celui qui enseigne ce qu 'on lui a ap-pris, Celui qui ne veut pas enseignern'est pas un budoka '. ilprend Ia tech-nique. maisil ne suit pas 1a voie }}

    Propos recueillls par P. Y. .Benoliel:Traduction ; Olivier ChabotPhotos : A. Tran Van

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