cela vient d'en haut -...

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H ebdomadaire Illustré des Petits Bretons l i r i o n s nos bardes...) 7- Ml 1 , RÀPEÀU BRETON Au clocher de St-Pol, sur le ciel bleu d'été Flottait un blanc drapeau semé d'hermines noires. C'était jour de pardon dans la vieille cité. Des étrangers passaient, ignorants de nos gloires Et disaient : "Quel est ce drapeau ?". Un homme aux longs cheveux, venu de la montagne. Répondit : "Vous pouvez ôter votre chapeau. C'est le drapeau de la Bretagne!". Les siècles ont passé, mais, au coeur des Bretons. Un amour est resté pour la vieille bannière ; Leurs monuments toujours sont ornés d'écussons Où l'hermine est sculptée et peinte sur la pierre. Ainsi qu'au temps d'Alain Fergent, L'église de nos bourgs, la vaste basilique, Se parent de drapeaux d'argent, Semé d'hermines d'Armorique. Joseph POUSSE (.Chants d'un Celte) 106 2 FRANCS 11 JUILLET 1943 REDAGTION-ADHIN.: 7, Rue hafavette Lander neau (fin ABONNEMENTS : 6 mois 22 f r. ; 3 mets 12 fr. Chèques postaux : Mlle LECLERC 28556 Rennes Rédacteur en chef : Herri CAOUISSIN £a mebilllè deé ptix. de te&ienl ne natté pezmel pitié de ptendte deé ahûnnemenlé d'un an. Provisoirement bi-mensuel V Des Loups font leur promesse au tombeau de Cadoudal En chantant le chant de ralliement d'Ololê (1), les Bleidi Kerleano, fanion en tête se sont rendus au tombeau de Georges Cadoudal, le jour de la st- Hervé. Devant l'autel élevé dans le mau- solée où repose l'illustre chouan, les Bleidi, la main tendue vers la Croix, ont fait leur promesse de la St Yves. « Jamais, nous disent-ils, nous) n'ou- blierons ,ce bel après midi, passé près du glorieux Georges devant lequel, nous avons renouvelé notre promesse de fidélité à notre devise « Doue ha Breiz ». En entendant ces jeunes Bretons proclamer avec foi leur volonté de servir et de défendre la Bretagne, et d'être toujours fier de leur titre de Breton, l'ombre du grand Cadoudal a dû tressaillir de joie... Le mausolée de Georges Cadoudal, élo_ vé à Kerleano son village natal. Les Olole'z de Guiscriff ont créé leur équipe qui porte le nom valeureux de : AR GELTED (Les Celtes) ; leur patron est saint Gwenael, disciple d'i grand saint Gwénolé, et leur fière de- vise : War raok ! (En avant). Nos Kelted Guiscriff soat nombreux : 46. Par ce ichiffre, c'est notre plus forte équipe de Loups. Je lui souhaite un développement encore plus grand p»t surtout du bon travail. (1). Voie Olole de la St Yves 1943. CELA VIENT D'EN HAUT Le pauvre petit Pierre était orphe- lin, il gagnait sa vie en chantant de porte en porte, et ses chants étaient si doux, si jolis, que personne n'avait le courage de le renvoyer sans lui fai- re un don. Il menait ainsi, par suite des circonstances, une vie de paresse et de misère, mais personne ne lui avait appris à faire autrement. Il avait pris l'habitude singulière de dire en toute occasion : « Cela vient d'en haut ». Il gagnait sa vie en chantant Voici pourquoi : Sa mère était morte à sa naissance, et son père, qui l'avait élevé, n'avait survécu à sa femme que sept années. Avant de mourir à son tour, il avait appelé son petit garçon et lui avait dit : Mon pauvre petit, tu vas désor- mais être tout seul sur la terre, et tu auras beaucoup de misère, de peines et de difficultés ; mais souviens-toi que tout vient d en haut, et alors, il te sera facile de tout endurer avec pa_ tience. Pierre avait écouté attentivement son père, et pour ne pas oublier ses dernières paroles, il les répétait sou- vent à haute voix. Lorsqu'il allait, Les Loupn de St-Erblon (I. et V.) poursuivent leur activité et se réu- nissent désormais tous les dimanches. Us préparent leur « offensive d'été » à savoir : lo) recruter un loup par semaine, 26) l'équipement des Bleidi y compris un matériel de camping, peur entreprendre sur un parcours de 8f; kJ!ométres au centre de la Breta- gne, une Croisade ! « La Croisade des Loups » n'et pas, comme on le voit, un roman qu'on lit tranquillement chez soi : c'est mieux que cela ! mendier, si quelqu'un lui faisait l'au- mône, il ne manquait pas de dire, après avoir remercié : — Cela vient d'en-haut. Quand Pierre fut un peu plus âgé, il se prit à réfléchir à ses paroles fa- vorites, et chercha ce qu'elles pou- vaient signifier ; il comprit que puis- que ,Dieu, que son père lui avait appris à connaître, gouverne l'univers, on peut dire avec raison de tout ce qui arrive : « Cela vient d'en haut ». Cette foi simple de 1 orphelin suffi- sait pour le rendre heureux. Un jour qu'il passait dans une rue, un coup de vent emporta d'un toit une tuile qui lui tomba sur l'épaule et le jeta à terre tout étourdi. Les premiers mots qu'il prononça en revenant à lui furent ceci : « Cela vient d'en haut », ce qui ne manqua pas de provoquer les rires des personnes présentes. Mais Pierre ne répondit pas, car lui savait bien ce qu'il avait voulu dire. Un autre jour, un monsieur le char- gea d'aller porter à la ville une lettre très pressée. Sur sa route, l'enfant rencontra un fossé large et profond qu'il voulut franchir ; mais il y tomba et faillit se noyer. La lettre, perdue dans la vase, ne put se retrouver. Dès aue Pierre fut sorti de ce mauvais pas, il s'écria : — Cela vient d'en haut. Il alla honnêtement raconter ce qui s'était passé au monsieur qui lui avait remis la missive. Celui_ci, injustement irrité contre le pauvre petit commis - - "Cela vient d'en haut", dit-il avec ferveu > sionnaire, le chassa à coups de canné". Néanmoiris, Pierire se contenta de ré- péter t — Cela vient d'en haut. — Petit sot ! petit idiot ! cria le monsieur furieux. Mais le lendemain, il fit appeler Pierre : Mon enfant, tu avais raison, lui dit-il ; c'eût été un grand malheur pour moi si tu avais porté ma lettre à destination. Voici 10 francs pour toi. Pierre avait treize ans et commen- çait à être triste et honteux de la fa- çon dont il vivait, quand un riche com- merçant, qui avait entendu parler de lui, le fit appeler. Lorsque l'orphelin se présenta; il; lui dît : i— Pierre, sais-tu pourquoi je t'ai fait venir ? Non, répondit l'enfant ; m a i 3 ce- la vient certainement d'en haut. Cette réponse plut beaucoup au corn, merçant, qui était bon chrétien. — Pierre, lui dit-il, je désire te prendre à mon service et pourvoir à tous tes besoins ; y consens-tu ? Oh ! oui, répondit l'enfant cha- leureusement, car cela vient d'en haut certainement. Le commerçant le prit dans sa mai- son, le traita fort bien, lui apprit le commerce et lui assura auprès de lui, plus tard, une position avantageuse. Un jour, il lui annonça qu'il l'asso- ciait à ses affaires : — Cela vient d'en haut, dit le jeune homme avec ferveur. Et jusqu'à la fin de sa vie, il ne ces- sa de répéter cette phrase si simple et si significative, qui avait été pen_ dant son enfance misérable et aban- donnée une si puissante source de paix, de confiance et de consolation. VALDOR. o4&ez-&auâ... leé petits drapeaux d'Olûlê ? En papier : Dimensions (Sem'Xsem) L'unité : 0. 50 Les oO : 22 Fr. Les 10 : 4. b'O Le 100 : 40 Fr. Les 20 : 8. 80 TU NE VEUX PAS ETRE PRIVE DE TON JOURNAL ? Alors, réabon- ne-toi, dès que tu reçois un N0 por- tant une BANDE ROUGE. Elle t'an- nonce la fin de ton abonnement. Combien sont victimes de leur étourderie ou de leurs négligences et se désolent de voir leur collection Olo- lê dépareillée. R É A B O N N E Z - V O U S A U S S I T O T !

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Page 1: CELA VIENT D'EN HAUT - Archives-finistere.frmnesys-viewer.archives-finistere.fr/accounts/... · RESUME. — Sur le vœu d'une « Hermine » tuée dans le bombardement de Rennes, les

H ebdomadaire

Illustré des Petits Bretons

l i r i o n s

n o s bardes.. .)

7-

M l 1 ,

R À P E À U B R E T O N Au clocher de St-Pol, sur le ciel bleu d'été Flottait un blanc drapeau semé d'hermines noires. C'était jour de pardon dans la vieille cité. Des étrangers passaient, ignorants de nos gloires Et disaient : "Quel est ce drapeau ?". Un homme aux longs cheveux, venu de la montagne. Répondit : "Vous pouvez ôter votre chapeau. C'est le drapeau de la Bretagne!".

Les siècles ont passé, mais, au cœur des Bretons. Un amour est resté pour la vieille bannière ; Leurs monuments toujours sont ornés d'écussons Où l'hermine est sculptée et peinte sur la pierre. Ainsi qu'au temps d'Alain Fergent, L'église de nos bourgs, la vaste basilique, Se parent de drapeaux d'argent, Semé d'hermines d'Armorique.

Joseph POUSSE (.Chants d'un Celte)

№ 1 0 6 2 F R A N C S 11 J U I L L E T 1 9 4 3 REDAGTION-ADHIN. : 7 , R u e h a f a v e t t e Lander n e a u (fin

A B O N N E M E N T S : 6 m o i s 2 2 f r. ; 3 m e t s 12 fr. C h è q u e s p o s t a u x : M l l e LECLERC 2 8 5 5 6 R e n n e s

R é d a c t e u r e n c h e f : H e r r i C A O U I S S I N

£a mebilllè deé ptix. de te&ienl ne natté pezmel pitié de ptendte deé ahûnnemenlé d'un an.

P r o v i s o i r e m e n t b i - m e n s u e l

V

Des Loups

font leur promesse

au tombeau de Cadoudal

En chantant le chant de ralliement d'Ololê (1), les Bleidi Kerleano, fanion en tête se sont rendus au tombeau de Georges Cadoudal, le jour de la st-Hervé.

Devant l'autel élevé dans le mau­solée où repose l'illustre chouan, les Bleidi, la main tendue vers la Croix, ont fait leur promesse de la St Yves. « Jamais, nous disent-ils, nous) n'ou­blierons ,ce bel après midi, passé près du glorieux Georges devant lequel, nous avons renouvelé notre promesse de fidélité à notre devise « Doue ha Breiz ».

En entendant ces jeunes Bretons proclamer avec foi leur volonté de servir et de défendre la Bretagne, et d'être toujours fier de leur titre de Breton, l'ombre du grand Cadoudal a dû tressaillir de joie...

Le mausolée de Georges Cadoudal, élo_ vé à Kerleano son village natal.

• Les Olole'z de Guiscriff ont créé

leur équipe qui porte le nom valeureux de : AR GELTED (Les Celtes) ; leur patron est saint Gwenael, disciple d'i grand saint Gwénolé, et leur fière de­vise : War raok ! (En avant). Nos Kelted Guiscriff soat nombreux : 46. Par ce ichiffre, c'est notre plus forte équipe de Loups. Je lui souhaite un développement encore plus grand p»t surtout du bon travail.

(1). Voie Olole de la St Yves 1943.

CELA VIENT D'EN HAUT Le pauvre petit Pierre était orphe­

lin, il gagnait sa vie en chantant de porte en porte, et ses chants étaient si doux, si jolis, que personne n'avait le courage de le renvoyer sans lui fai­re un don. Il menait ainsi, par suite des circonstances, une vie de paresse et de misère, mais personne ne lui avait appris à faire autrement.

Il avait pris l'habitude singulière de dire en toute occasion : « Cela vient d'en haut ».

Il gagnait sa vie en chantant

Voici pourquoi : Sa mère était morte à sa naissance,

et son père, qui l'avait élevé, n'avait survécu à sa femme que sept années. Avant de mourir à son tour, il avait appelé son petit garçon et lui avait dit :

— Mon pauvre petit, tu vas désor­mais être tout seul sur la terre, et tu auras beaucoup de misère, de peines et de difficultés ; mais souviens-toi que tout vient d en haut, et alors, il te sera facile de tout endurer avec pa_ tience.

Pierre avait écouté attentivement son père, et pour ne pas oublier ses dernières paroles, il les répétait sou­vent à haute voix. Lorsqu'il allait,

Les Loupn de St-Erblon (I. et V.) poursuivent leur activité et se réu­nissent désormais tous les dimanches. Us préparent leur « offensive d'été » à savoir : lo) recruter un loup par semaine, 26) l'équipement des Bleidi y compris un matériel de camping, peur entreprendre sur un parcours de 8f; kJ!ométres au centre de la Breta­gne, une Croisade ! « La Croisade des Loups » n'et pas, comme on le voit, un roman qu'on lit tranquillement chez soi : c'est mieux q u e cela !

mendier, si quelqu'un lui faisait l'au­mône, il ne manquait pas de dire, après avoir remercié :

— Cela vient d'en-haut. Quand Pierre fut un peu plus âgé,

il se prit à réfléchir à ses paroles fa­vorites, et chercha ce qu'elles pou­vaient signifier ; il comprit que puis­que ,Dieu, que son père lui avait appris à connaître, gouverne l'univers, on peut dire avec raison de tout ce qui arrive : « Cela vient d'en haut ».

Cette foi simple de 1 orphelin suffi­sait pour le rendre heureux. Un jour qu'il passait dans une rue, un coup de vent emporta d'un toit une tuile qui lui tomba sur l'épaule et le jeta à terre tout étourdi. Les premiers mots qu'il prononça en revenant à lui furent ceci : « Cela vient d'en haut », ce qui ne manqua pas de provoquer les rires des personnes présentes.

Mais Pierre ne répondit pas, car lui savait bien ce qu'il avait voulu dire.

Un autre jour, un monsieur le char­gea d'aller porter à la ville une lettre très pressée. Sur sa route, l'enfant rencontra un fossé large et profond qu'il voulut franchir ; mais il y tomba et faillit se noyer. La lettre, perdue dans la vase, ne put se retrouver. Dès aue Pierre fut sorti de ce mauvais pas, il s'écria :

— Cela vient d'en haut. Il alla honnêtement raconter ce qui

s'était passé au monsieur qui lui avait remis la missive. Celui_ci, injustement irrité contre le pauvre petit commis -

- "Cela vient d'en haut", dit-il avec ferveu >

sionnaire, le chassa à coups de canné". Néanmoiris, Pierire se contenta de ré­péter t

— Cela vient d'en haut. — Petit sot ! petit idiot ! cria le

monsieur furieux.

Mais le lendemain, il fit appeler Pierre :

— Mon enfant, tu avais raison, lui dit-il ; c'eût été un grand malheur pour moi si tu avais porté ma lettre à destination. Voici 10 francs pour toi.

Pierre avait treize ans et commen­çait à être triste et honteux de la fa­çon dont il vivait, quand un riche com­merçant, qui avait entendu parler de lui, le fit appeler.

Lorsque l'orphelin se présenta; il; lui dît :

i — Pierre, sais-tu pourquoi je t'ai fait venir ?

— Non, répondit l'enfant ; m a i 3 ce­la vient certainement d'en haut.

Cette réponse plut beaucoup au corn, merçant, qui était bon chrétien.

— Pierre, lui dit-il, je désire te prendre à mon service et pourvoir à tous tes besoins ; y consens-tu ?

— Oh ! oui, répondit l'enfant cha­leureusement, car cela vient d'en haut certainement.

Le commerçant le prit dans sa mai­son, le traita fort bien, lui apprit le commerce et lui assura auprès de lui, plus tard, une position avantageuse.

Un jour, il lui annonça qu'il l'asso­ciait à ses affaires :

— Cela vient d'en haut, dit le jeune homme avec ferveur.

Et jusqu'à la fin de sa vie, il ne ces­sa de répéter cette phrase si simple et si significative, qui avait été pen_ dant son enfance misérable et aban­donnée une si puissante source de paix, de confiance et de consolation.

VALDOR.

o4&ez-&auâ... leé petits drapeaux d'Olûlê ?

En papier : Dimensions (Sem'Xsem) L'unité : 0. 50 Les oO : 2 2 F r . Les 10 : 4. b'O Le 100 : 40 Fr. Les 20 : 8. 80

TU NE VEUX PAS ETRE PRIVE DE TON JOURNAL ? Alors, réabon­ne-toi, dès que tu reçois un N 0 por­tant une BANDE ROUGE. Elle t'an­nonce la fin de ton abonnement.

Combien sont victimes de leur étourderie ou de leurs négligences et se désolent de voir leur collection Olo-lê dépareillée.

R É A B O N N E Z - V O U S A U S S I T O T !

Page 2: CELA VIENT D'EN HAUT - Archives-finistere.frmnesys-viewer.archives-finistere.fr/accounts/... · RESUME. — Sur le vœu d'une « Hermine » tuée dans le bombardement de Rennes, les

71A CROISADE DES LOUPS Roman de Gilles Le Denays et Herri Caouissin

RESUME. — Sur le vœu d'une « Hermine » tuée dans le bombardement de Rennes, les « Bleizi et Er-minigou Brei/ » ont organisé un pèlerinage aux Sept i a m t s de Bretagne pour implorer leur protection sur

le pays breton. Mais un compagnon de collège, Ma­rins Beccafigues considère d'un œil hostile l'initiative ce ses camarades bretons et se fait mouchard... Cam­pant sur le Champ de bataille de Ballon, Philbert qui gardait le Drapeau est victime d'une agression... Deux hommes tentent de briser la « Croisade des Loups »...

LES LOUPS POURSUIVENT LEUR ROUTE En f'.opit des émotions de la soiiée les LMips se re­

trouvèrent au matin pieins d'ardeur pour continuer leur route vers Vannes. Au point du jour, les Loups je rassemblèrent autour du mât sur lequel flottait leur Drapeau qu'on aVait voulu leur ravir. Hervé dit quelques mots bien sentis :

— « Bleizi, on a tenté de nous enlever notre em-Hème et par cet acte, porter atteinte à notre idéal. Plus que jamais, soyons-lui fidèles et jurons de le défendre »

Les Loups levèrent la main et tandis que le biniou jouait le Dalc'h sonj ô Breiz Izel (Souviens-toi O Bretagne), le pavillon à la croix celtique descendait lentement du mât.

Puis les tentes furent pliées, et les bécanes véri_ fiées pour l'étape.

Avant de donner l'ordre de lever le camp, Hervé s'entretint avec Alan, Isidore, les frères Bureau, Philbert Cochetel, l'abbé Thurian et quelques autres pour discuter la marche à suivre, car sans aucun doute, leurs ennemis reviendraient à la charge :

— « Si seulement nous les connaissions, ce serait plus facile, dit Hervé soucieux car il avait charge d'âmes. — Nous en connaissons un tout au moins, puisque Jean de Gautrel a reconnu Beccafigues, dit Alan. — Il travaille pour d autres. — Il faudrait sa­voir pour qui. — Qui a-t-il pu voir à St_Brieuc quand tu l'as fait suivre ? — II est entré dans une maison louée par appartements, un des locataires m'a pa­ru suspect, c'est un méridional arrivé chez nous pour .•n truc de ravitaillement. Celui-là a une auto. — Une auto ? rien que cela ! fit Philbert avec admi­ration car son père à lui, quoique médecin, manquait souvent d'essence. C est un gros bonnet, on pourra savoir ce qu'il fait. Comment s'appelle-t-il ? — Bor_ des, il est inspecteur de quelque chose. »

Au son du biniou, le pavillon à la Croix celtique iiescendit lentement du mât...

Louis Cochetel souleva le morceau de toile ser­vant de porte :

— « Voici ce que je viens de trouver là où il* Se «ont battus. » Après l'avoir essuyée à sa culotte, il présenta à Hervé, une sorte de médaille qui évidem­ment avait été piétinée.

La bel Hère était cassée, mais on voyait encore distinctement d'un côté des initiales, un J et un B habilement entrelacés, de l'autre des signes caba-i.j<tiques dans lesquels 1 abbé Thurian reconnût sans ^eine des emblèmes francs-maçons...

—: « Cette breloque, si elle ne nomme pas son pro. )jriétaire, indique au moins ce qu'il est, dit-il. — Un l'ranc-mhçon, confirma Alan brutalement. — Rien ti'étonnant à ce qu'il nous cherche noise, constata J.̂ idore, notre programme est contraire du sien. •— llésurrions notre discussion, dit Hervé, vous êtes \ous bien d'accord n'est-ce pas ? Nous continuons rotre route tout en prenant quelques précautions. Lei gardes seront de trois ou de quatre au lieu de .1«,»r< ; les Louos on la montant seront armés à la bretonne rie solides penn-baz. Le camp sera moins •"•tendu et nous ohoisirons soigneusement nos haltes. Ententet eo ? (D'accord ?) — En ton tel eo ; dirent

[ les Loups. — Alors on route pour Osened avec arrêt

illustrations de Le Rallie

à Redon pour y honorer saint Convoyon et la me. moire du grand roi Nomihoe. — Si tu veux, Hervé, eu timidement Louis Cochecel resté près rie la por­te, on pourrait demander à descendre dans le sou­terrain de St-Sauveur, on pourrait boire de l'eau de la fontaine où burent les soldats de Nomanoe. — Il y a donc un vrai souterrain à St-Sauveur ? — Cer­tes, e, un qui est bien conservé, tous les élèves le connaissent. — Bon, on demandera à le voir. » dit Hervé qui savait l'intérêt des vieux souvenirs et des souterrains mystérieux.

Le temps pressait, car de Ballon à Redon, il y a une certaine distance et labbé Thurian devait dire sa messe, donc, il résuma très briève'ment la situa­tion : « Loups voua savez ce qui s'est passé hier soir, notre camarade Cochetel malgré sa blessure peut reprendre la route. Cet incident en présage d'autres, peut-être plus graves, nous avons des enne­mis qui nous suivent au moins depuis Nantes, pour les dépister, il faudra beaucoup de vigilance et de discipline, je compte sur vous. Maintenant en route vers Redon, sur les рад même de* Nominoe, le roi

Vainqueur,- allons prier St Convoyon pour qu'il nous guide, après la messe, nous irons tous boire Геаи à sa fontaine, dans son monastère. »

L'équipe s'ébranla joyeusement suivant Isidore le Premier Loup, dont la bécane étai ornée du grand fanion vert.

LES LOUPS EN PAYS GWENED

L'étape devait être relativement dure car Hervé voulait traverser Vannes et aller passer la nuit près de Ste Anne, sur le Champ de Bataille pour y évoquer les grands souvenirs nationaux. Une cinquantaine ne kilomètres ne sont pourtant pas une très grande af_ faire pour des jeunes gens bien entraînés, ils feraient de bonne heure dans l'après-midi leur entrée à Van­nes, iraient directement à la cathédrale prier Saint Patern et plus tard escortés sans doute par des Loups Vannetais iraient camper à Auray.

Si tous les jeunes pédalaient gaiement suivant le fanion vert porté par Isidore, les chefs eux étaient soucieux car la menace se précisait. Jean de Gautrel en entrant à l'Abbaye avait vu une auto stationner à un coin de rue, curieux, il avait voulu voir son nu­méro et à son grand étonnèment, avait lu un numéro de C. D. N., la chose lui parut étrange ca,r rares sont les voitures qui peuvent circuler d'un département à un autre, il s'était approché pour tâcher d'en con­naître l'heureux propriétaire, mais toutes les portiè­res étaient fermées, les stores baissés, précaution que ne légitimait pas le temps assez gris ce matin-là.

Rejoignant le groupe, 1 esprit hanté par les inci­dents des nuits précédentes, il avait confié ses soup­çons à Hervé. Profitant de ce que ses L&ups s'épar. pillaient dans le souterrain de saint Convoyon, le Chef avait rapidement tenu conseil et Jean avait re­çu l'ordre de faire l'éclaireur avec Morvan comme aide de camp.

Tous deux étaient donc partis en avant ; mainte­nant arrêtés à un carrefour, fis disbutaient en étu­diant les traces de la voiture qu'ils pistaient, avec une compétence puisée dans leurs lectures.

— « Tu vois, affirmait Morvan oenché sur la rou­te, ces traces là sont bien celles de l'auto que nous suivons, trois pneus Dunlop neufs et le quatrième, celui de gauche arrière, un Michelin usé. Si seule­ment ils crevaient, nous aurions un point de repère précieux. — On pourrait au besoin leur offrir notre aide, ils ne savent pas que nous les suspectons ' ? — Et si Marius mettait le nez à la portière, on lui di­rait bonjour ? — Pourquoi pas ? Il ne sait pas que nous l'avons reconnu à Ballon. — Ils vont continuer à nous précéder car ils savent que nous allons à Van­nes, je voudrais bien savoir ce qu ils mijotent ! - -Moi aussi, affirma Gautrel avec énergie, mais sa­voir ce que nous savons est déjà quelque chose", allons mon vieux, enfourche ta bécane et droit vers Vannes.

Deux heures plus tard, Morvan et Gautrel entraient en ville et selon leurs instructions prenaient contact avec Ivy Perrien, Tyern des Bleizi Gwened auquel ils confiaient leurs récentes aventures.

« Si je comprends bien, il nous faut retrouver et surveiller une voiture suspecte ? C'est facile, j'ai deux ou trois Loups anciens scouts ^ïïi ont fait des patrouilles, je vais leur expliquer ce qui se passe et pas une voiture C. D. N. ne quittera Vannes sans que nous le sachions. Comment est cette fameuse voiture ? — C'est un coupé de couleur brune, une Renault 1940. les pneus sont des Dunlop neufs, sauf celui de la roue arrière gauche qui est un vieux Mi chehn, son No est E A 9 - 1313. — Et vous êtes gûrb q4ie ce sont eux les ennemis ? — Pas absolu­ment, avoua Gautrel, mais nous savons que les gens qui nous ont attaqués à Ballon étaient' en auto, nous suspectons un certain Bordes qui a une auto dont je rie sais pas le signalement, or cette auto-ci était stationnée, rideaux fermés près de St Sauveur, elle nous a dépassés, juste à la sortie de Redon après nous avoir vus prendre la route de Vannes, elle s'est arrêtée à plusieurs reprises sur le bord de la route, mais naturellement, nous n'avons pu la rejoindre, il doit y avoir un homme et un grand garçon brun dedans^ — C'est évidemment étrange, admit Per­rien, je vais alerter mes hommes, et je communique­rai au Mac htyern tout .ce quej'apprendrai. Mainte­nant, rejoignons les Loups nour aller au devant des Croisés. » (A suivre)

NOS

PROCESSIONS au 4V

Prières

en marene iSìk

Procession dans les blis à la Iromeniè de Locronan.

( P h . L e Doaré , Chateau l in )

L'autre dimanche, notre Curé, parlant de la digni­té que l'on doit avoir dans les processions eut une très jolie expression : « Une procession, c'est une prière en marche ! »

C est vrai, et en Bretagne, terre des Pardons, les processions revêtent particulièrement bien ce carac­tère :

Que ce soit dans les troménies de plusieurs lieues comme Locronan, Landeleau, ou dans les pèlerinages de la Palud, du Folgoat, de Ste Anne, de Tréguier, ou enfin, dans les modestes pardons de chapelles, où le circuit de la procession se limite aux trois tours traditionnels de l'humble sanctuaire, ce sont toujours des « prières en marche »...

Nous devons y participer avec respect, dignité, et en n'ayant aucune honte de manifester nos senti­ments profondément chrétiens !

Ne soyons pas comme certains jeunes égarés qui

Parents, envoyez vos « En lisant le nouveau roman, je vou„

drai être parmi ces Loups... Je voudrais en faire partie, si ce n était pas une his­toire, de cette Croisade... Je me vois, le soir, , quand tous les autres Loups dor­ment, gardant le Drapeau de Bretagne. Alors, je me sens envahi par un grand enthousiasme et je voudrai que cela soit vrai ! » nous écrit un Ololê.

Mon gars, ce rêve tu le vivras au Camp d'Ololê ! Là-bas aussi, les « Loups » veilleront sur l'Etendard de l'Ordre de l'Espérance de Bretagne, qui sera salué chaque matin aux accents du biniou... Là-bas, nous découvrirons ensemble le Tré­sor d'Anne de Bretagne, et nous appren­drons à le protéger...

A la suite de lettres que nous avons reçues, voici quelques précisions :

Le camp n'est pas uniquement ouvert

J O I E S . . . Germaine, Raymond, Jean-Bap­

tiste, André Gaie, de Flessala, an­noncent la naissance de leur petite sœur Yvette. Papa et Maman crient avec leurs quatre aînés vi­ve la Bretagne et les familles bre_ tonnes.

Annick et Joëlle Micheau-Ver-nez sont heureuses de vous faire part de la naissance de leur petit frère MikaePPatrik, au Mans.

Alexis et Jean Chauvel, des Blei­zi Drefféac ont la joie d'annoncer la naissance de leur petite sœur Anne-Marie.

. . . e t DEUILS Nous avons appris avec peine, la

mort d'une de nos premières lec­trices, Suzanne Grignou, de Lan-derneau, enlevée à l'affection des siens, au printemps de sa vie, à 14 ans, le 29 juin 1943.

A sa famille, Ololê présente ses" sincères condoléances.

Ololê a la d part de la me Grade!, l'une crétaires, rappi vingtième anné

Au service d mjière heure, difficultés et dant deux ann fruit d'un tra^ désintéressé.

Elle demanc Faider à suppe ses souffrance Dieu pour elle elle édifia son signation chré

Ololê et son à ses parents i léances attrist

Les Ololeiz prier pour l ' a n disparues. Don

Troiou Pontig hag Bistrakig ar c'hon

— Ouz an hini goz man e ran-kimp slourm. Pontig ! Sorserez eo ! An droug a zo ganti !

•— Voilà celle que nous aurons Ô p p r r i b n t t r e ! C'est la. sorcière...

— Stagomp — Accroc;

Vl fcNT D E P A R A I T R E : L E S C O N T E S D E L ' H

32 pages illustrées FRANCO : 35 Fr. Co

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ardent passer une procession avec une indifférence aie ou quelquefois avec ironie ! Ololê nous a in, que un idéal qui fortifie notre foi et nous y attache.

Na kaer é drem me fobl a pen dé saùet tréma ué ! » (Que le visage de mbn peuple est beau, md il est levé vers Dieu !), disait Calloc'h. îravons dahs notre cœur ces paroles du cantique : ( Da feiz hon Tadou koz, ni paotred Breiz-Izel ii /aie'ho mat atao ; Vit Feiz bon tadou koz hag en dro d'he banniel, M holl en em stardo, feiz karet hon tadou, morse ni ho nac'ho, (entocfr ni a varvo ! » A la foi de nos aieux, nous les gars de Bretagne -us tiendrons toujours - Pour la foi de nos aieux, et our de sa bannière - Tous, nous nous grouperons ! -

aimée de nos Pères, jamais nous ne vous renie-s ! Plutôt nous mourrons !) YVON ET ANNAIG

enfants au f amp d'Ololê ! à ceux et celles qui ont déjà formé une équipe, mais à tous les Ololeiz qui dési­rent parfaire leur formation culturelle bretonne avec l'intention de devenir par la suite des apôtres de notre idéal.

Outre la documentation qui est adres­sée à tous ceux qui en font la demande, des renseignements complémentaires sui_ vant le cas de chacun sont ensuite four­nis.

Les inscriptions doivent nous parvenir pour le 25 juillet. Ne tardez pas à pren­dre une décision car les adhésions arri­vent chèque jour...

Le camp, est ouvert gratuitement aux Ololeiz sinistrés. Qu'ils nous écrivent.

- Venez à Bonnefontaine, vous y passe­rez une quinzaine agréable dans un site majestueux oui vous transportera dans le cadre des « Loups de Coatmenez »...

! vous faire Blé Alberte évouées se-ieu dans sa juillet 1943. dès la pre-

icipa à se& uccès, Pen-r apporta le siencieux et

re Yves de ageusement les offrir à ant perdue,

Î par sa ré-

$1 adressent eurs condo-

ont pas de deux jeunes ono

P R̂DPAO AND ï STfcS Notre prochain numéro sera celui de

la Ste Anne qui paraîtra le 25 Juillet

Propagandistes, commandez dés au­jourd'hui vos numéros supplémentaires.

Noua spécifions que tous les abonnés et acheteurs réguliers à la quinzaine le recevront comme d'habitude.

Mais profitez de la fête de Ste Anne, patronne de la Bretagne, pour faire une intense propagande en faveur de votre journal 1

es aventures de Pontig et de Bistrakig le Korrigan

E

I t e l i man !

;t écriteau

NE a couleurs

Ait SORSEREZ : — Met, aotro-ned aricherien, ne gomprenan ket !

— Asa oic'h ober goap emaoc'h. Alo, d'an toull-bac'h !

La sorcière : Mais fAM. les gen­darmes, je ne comprend pas-

Comment ça ? Vous vous mo_ quez de nous ! Allons, ouste, au poste !

o n e r i , l e f i l l e u l d e C a d

Texte de HERVE 6L0AREC Illustrations de LE RALLIC RESUME. — Au cours d'un conseil des Chouans, Georges Cadoudal déci­

de d'aller implorer le secours des Princes français émigrés, en fafveur de ses compagnon^, dont la situation est de plus en plus critique. En rentrant de cette réunion, le petit Gonéri append que l'homme qui livra Julien Ca­doudal, le frère de Georges, n'était autre que le père Lemoing, surnom­mé le « vieux parrain ».

LA MORT D'UN TRAITRE A Kerleano, le père Lemoing dort encore lorsqu'un groupe de chouans

dirigé par Boulom Uisant, enfonce Ba porte, « envahissent sa chambre, le jettent hors de son lit, l'entraînent au dehors, malgré ses cris, ses larmes et ses supplications » ( 1 ) . . . Attiré par ce tumulte, le père de Julien Ca­doudal qui est le voisin de Lemoing, tente d'obtenir grâce pour l'assassin de son fils martyr ! « Nann, n'eus ket a drue eit er Judas milliget-man ! »

Le père Lemoing est entraîné au dehors, malgré ses supplications... (Non, pas de pitié pour ce Judas maudit !) réplique Bouloni Uisant avec dureté ! « D'er marû ! d'er ma rû ! » (A mort ! à mort !) hurlent les autres. Le mi­sérable Lemoing est traîné derrière un tas de paille.... « Il fallut aux vengeurs trois décharges pour abattre le vieux traître » (2). - ABANDONNE ! - _

A Londres, le Secrétaire d'Etat à la guerre, Wyn-dham, vient annoncer à Lord Pitt, Chancelier de l'E­chiquier, que Cadoudal est arrivé à Jersey : — Qu il y reste, s'écrie Pitt, avec un geste qui laisse entendre qu'il ne veut pas le voir pour le moment ! L'heure n'est guère indiquée ! — Oui, fait Wyndham, c'est bien aussi mon opinion. Nous traitons avec Bonapar­te, alors. — ...Sachons ménager ce « Cromwell fran­çais » dit Pitt. Quant à Cadoudal, ne l'abandonnons pas encore : qu'il se tieine « au moins à dix milles de Londres » et surtoi t recommandons-lui le silen­ce ! Après nous verron: ! »

Pendant ce temps, à Jersey, Georges ronge son frein et manifeste uns anxiété croissante. Il lui tarde de s entretenir avec le comte d'Artois pour l'aider à sauver la situation de ses malheureux compagnons... Bien que n'ayant plus d'armée, abandonné, vaincu, renié même par la plupart des chefs royalistes, le hardi Breton ne désarme pas : il poursuivra seul la lutte s'il le faut.

*

Là-bas, en Bretagne, au pa"? vannetais, on attend avec angoisse et impatience t es nouvelles du chef chouan... Réunis chez la grand mère de Gonéri, Guille­mot et quelques autres s'interrogent, désemparés : Le « roi de Bignan » est de fort mauvaise humeur, de_ puis deux jours, il ne cesse de grommeler : « Gonéri tarde bien à venir. Quel gamin !... — Allons, protes­te Uisant, je voudrai bien que tous nos gars aient son cran ! C'est pas de sa faute après tout, s'il ne nous apporte pas de courrier ! ». Quelques instants après, le filleul de Cadoudal apparaît dans le vieux chemin. Il court et semble radieux. « Ca y est ! cette fois, par Ste Anne, il nous apporte quelque cho­se ! s'écrie Uisant en levant les bras au ciel — Mau­vaises nouvelles sans doute, rétorque Guillemot. — Jamais content ! » réplique Uis.r t.

Gonéri quand il est entré da;<r la chaumière port de son gilet un pli froissé : « Voici une lettre de parrain ! dit-il — On dirait qu elle a traîné dans bien des pochdî, fait le « roi de Bignan » avec une gri­mace — Et puis après, si les nouvelles sont bonpes, c'est tout ce qu'il nous faut », lui répond Gonéri avec un sourire. Mais Guillemot ne se déride pas et fai­sant sauter les cachets rouges, il prend connaissan­ce de la lettre. Sa lecture est entrecoupée de jurons formidables. « Et bien mes gaillards, dit-il, ce, que je vous disais hier se confirme... Georges nous ap­prend une belle. Tenez, écoutez ; « Pour nous sous» traire aux fureurs de Bonaparte, les Anglais ont en­visagé de nous déporter au Canada ! » Des cris d'in­dignation, des jurons bretons accueillent ces paroles. « Bandenn hoe'h ! hurle Uisant en tapant du poing

sur la table. — Aller en exil, proteste Gonéri, plutôt mourir dans nos landes ! »

Cependant les événements semblent se précipiter. En rentrant, un soir, Gonéri dit à sa sœur Noluen : « Ecoute, ne le dis pas encore à Mamm goh, mais tu sais, je vais quitter le pays pour ne plus y revenir peut-être. — Que dis-tu là ? — Oui, ce n'est que trop vrai, répond Gonéri avec un soupir, et il sort de sa poche une lettre : mon parrain a ajouté ce mot pour mpi, dans son dernier courrier. Voici ce qu'il me dit : « Mon cher Gonéri, toi aussi, tu dois suivre mes com­pagnons, car j'ai appris que tu es également très compromis, et si tu étais arrêté, il t'arriverait certai­nement malheur... D'un autre côté, ta présence me réjouira et même me sera utile ! 5Je te sais coura­geux ! Aies ponfian.ee, nous reviendrons en Bretagne. Ton parrain, Georges.

Noluen regarde son frère, toute angoissée : « Tu vas certainement courir bien des dangers ! J'ai peur pour toi, Gonéri ! » Puis se resaisissant : « Que la volonté de Dieu soit faite ! Il te protégera et Ste

i

Noluen angoissée regarde son frère

Anne aussi ! — Veux-tu, demande le filleul de Ca­doudal avec gravité, m'accompagner sur la tombe de notre mère ! Ensuite, j'irai me confesser pour corn, munier demjain avant lè départ. »

Les deux enfants s'en vont ensemble s'agenouiller dans le petit cimetière.,; Gonéri ne veut pas le lais­ser paraître, mais il a l'âme déchirée comme la plu­part des compagnons de Cadoudal à la pensée de quitter la Bretagne pour une destinée inconnue...

(A suivre) (1 et 2) Lenôtre.

• UNE ASSOCIATION DES BI­NIOUS" BRETONS a été fondée lors du Congrès de mai de l'Insti­tut Celtique sous le nom de « Be-dadeg af Sônerlôn » dont la pré sentatiôS eut Heu au palais du Parlement dé Bretagne.

H LA VAILLANTE REVUE VANNETAI8E Dihurîamb ( Réveil-lons-nol*») qni avait dû cesser sa publication, son Imprimerie ayant été détruite dans la destruction de Lorient, vient de reparaître. Amis d'Ololê, soutenez Dihunamb, Hen-neboht, C. C. P 241.18 Nantes.

£e£ êebû* d'Ololê |

• LA CATHEDRALE DE CO­LOGNE, merveille d'art gothique que l'Eglise eatholique allemande considérait comme un de ses jo­yaux les plus précieux depuis des siècles, et qui recevait la visite de millions de- icroyants chaque année a été détruite par l'aviation britan­nique.

• LE GAELIQUE DOIT REDE­VENIR la l a n g u e du Peuple, et re­trouver son éiclât d'autrefois, a dé­claré M. de Valëra, Président de l'Etat libre d'Irlande (Eire).

ESKEMM LIZIRI

( Echange de correspondance)

Roger Aubrée, Tiern des Bleizi St-Erblon, (I. et V.) 16 ans, dési­re correspondre avec un autre tiern.

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mBSSBsm

un l i n n L a c h a n s o n

Biskoaz ne c'hoarzis kemend ail Evel am oa grêt en deiz ail ! O welet ar bleiz o prena per

Jamais je rie ris tarit, Comme je le fis l'autre jour ! En voyant le loup acheter, des poires

Hag al louarn o werza yef. Me 'm eus gwelet eun ounner vloaz A zouge Kemper war he skoaz Brest ha Rekourans, war he lost Ha c'hoaz ez ae ganto d'ar post. Et le renard vendre des poules. J'ai vu une génisse d'un ari

Qui portait Quimper sur son dos, Brest et Recouvrance sur sa queue, Et de plus, elle les emmenait à la poste!

y : g g N ' X W y - ? j . ' . p w . i w

— Annaig je veux avoir la croix de l'U.G.B.

— Quant / tu auras bien répondu aux ques­tions de l'examen d'Ololê, allons dépfchc-toi, Hervé !

la

Cette année-là, le hasard d'uni vo yage m'avait permis de passe? quel ques heures à Saint Pol de Léon, h ville de m|on enfance et j'en avais pro_ fité pouf aller salue? un ami d'autre­fois.

Dix années pétaient écoulées de­puis mon départ et en dix ans il se passe tant de choses. — plus de mau­vaises que de bonnes, hélas —. J'écou­tais mon hote évoquer pour moi le souvenir de tous les disparus, de tous ceux qui, maintenant, reposaient pour toujours dans le cimetière, autour de la chapelle Saint Pierre. _

Soudain, après tant d'autres, il pro­nonça un nom.

— La vieille Louise Derrien, elle aussi n'est plus... Elle est morte, il y a déjà longtemps, peu de temps après ton départ.

— Louise Derrien ? Ce nom ne me disait plus rien. Comme du regard j'interrogeai mon

ami, il insista. — Mais oui, tu sais bien, celle que

nous nommions Ja vieille aux chats. La vieille aux chats ! Oui, cette

fois, ma mlémoire venait à mon se­cours. D'ailleurs l'autre ajoutait aus­sitôt :

— Tu sais bien, cette vieille qui habitait toute seule une petite maison! sur la route de Roscoff... Elle y éle_ vait cinq ou six chats et c'est ce qui lui jivait valu son surnom... Tu ne peux pas l'avoir "oubliée, car bien sou­vent, tu t'es associé aux niches b;ue nous lui faisions, le soir, en rentrant de l'école.

— C'est vrai... Brusquement, je demeurais silen­

cieux... C'est que, tout à coup, je ve­nais, par la pensée, de revivre une de ces journées d'autrefois et que, mal­gré moi, je ne pouvais l'évoquer sans-éprouver un certain malaise.

Cola remonte à l'époque où chaque jour, en compagnie de quelques gai mins de mon âge, je courrais les rues de Saint Pol de Léon à la recherche de quelque amusement.

Seule et sans défense, la vieille Louise Derrien était souvent la victi­me de nos jeux: stupides. Nous la pour­suivions en criant, en nous moquant d'elle, parfois aussi, en lui jetant des cailloux pou? lui faire peur...

Or, une fois, comme nous passions auprès de sa maison, l'idée nous vint d'entrer chez elle et de profiter de son absence pour visiter son modeste lo­gis.

QuslçueS instants plus tard, jgui_ dés par les plus audacieux, nous étions chez la vieille et nous mettions en fui­te les malheureux chats.

I l l

Cet exploit accompli, nous allions nous retirer quand soudain, l'un de nous découvrit, caché sur le haut d*une armoire, un petit cheval de bois.

Un cheval de bois chez la « mère aux chats » ! Que pouvait-elle faire de ce jouet ?

Vous devinez la suite. Aïï bout de quelques minutes, le fhalheu?eux che­val gisait sur le sol, brisé et ayant pe?du la moitié de sespattes...

C'est à ce moment que l'un de nos camarades, qui ^faisait le guet, noub signala le retour de notre viefime. Alors, comme une volée de moineaux, nous déguerpîmes nous cacher derriè­re le plus proche talus.

EfT arrivant à sa porte, la vieille Louise Derrien comprit ce qui venait de se passe?. Sans dire un mot, elle ramassa le jouet brisé qu'elle enfouit dans son tablier puis, en baissant la tête pou? cacher les larmes oui cou­laient su? son visage tout ridé, elle rentra chez elle...

A v?ai_di.re, nous n'étions plus très fiers de nous. Je devais l'être encore beaucoup moins le lendemain ouarid !e hasard d'une conve?sation me fit com­prendre ce que j'avais ignoré jusou

Dans sa, jeunesse, Louise Dërnen avait été une femfme comme les autres heureuse comme les autres...

Et puis, subitement, le malheur s'*5-tait_ abattu sur son foye?. Le mê^" jour. aïï_ cours d'un naufrage, elle avait perdu son mari et son fils, un jeune garçon de douze ans.

Le coup avait été si dur que la mal­heureuse n'avait pu le supporter. Ja_ mais elle n avait voulu croire que son petit Pol — c'était Te prénom de l'en­fant — était mOrt. Et comme on n'a­vait pas retrouvé le cadavre de l'en­fant, elle était persuadée qu'il était vi­vant et qu il allait revenir.

Depuis des années, elle vivait tou­jours avec cet espoir. Chaque jour, à l'heure du repas, elle plaçait sur la ta­ble le couvert de celui qu'elle' atten­dait... Chaque année aussi, à la veille de la St Pol, elle lui achetait le jouet qu'elle voulait lui offrir pour sa fête.

Et cette année, en se privant, car elle n'était pas riche, elle venait pré_ cisément de lui acheter cë petit che­val de bois, toute heureuse qu'elle était de pouvoir lui faire plaisir, s'il allait enfin revenir...

Pauvre Louise Derrien ! Elle aussi, elle était morte. Et seu­

le, la mort avait pu lui donner la sa­tisfaction de retrouver dans un monde meilleur, celui qu elle avait attendu pendant si longtemps.

JOB DE ROINCE.

La Consigne de Juillet 1

Entrez dans l 'Ordre de « ...tfe ne saurais te dire, la joie que

me cau^e l'idée magnifique que tu nous a communiquée : Urz Goanag Breiz ! C ' e s t u n e c h o s e i n o u ï e , un trésor dans le genre de celui qui a été trouvé par « Les Loups de Coatmenez », écrivait à Ololê, la semaine dernière, une Her­mine nantaise.

Oui, l'Urz Goanag Breiz apparaît comjme quelque chose de merveilleux, presque légendaire. Et pourtant si vous le voulez tous, ce sera bientôt une chose bien vivante, qui s'étendra à toute la Bretagne.

Commencez tous par en faire partie. do) Si vous avez fait vstre sreraes-

ÏÎG de la St Yves, passez votre examen culturel (envoi contre un timbre ê> 1 , 50 ) . MENTIONNEZ VOTRE AGE.

l 'Espérance de la Bretagne 2o) La St Yves est passée, mais ne

mettez pas en application le proverbe suivant : F in i e la f ê t e , fini le s a i n t 1

Un Ololê ne raisonne pas ainsi. La promesse de la St Yves peut se faire n'importe quand, notre idéal n'étant pas la chose d'un jour. Donc que e-îu et celles qui n'ont pas fait cette oro-messe ne tardent plus et passent on même temps leur examen culturel.

Après quoi, si vous en êtes jugé di­gne, vous serez autorisé à porter !*?»• signe spécial do l'Ordre de l'Espé­rance de Bretagne, et une carte d'ad­hérent à l'U, G. B. vous «era délivrée Ce ne sera pas tout, car il y aura e n ­core bien d'autres choses ! Commen­tez d'abord par mériter la Croix cel­tique herminéc.

un ini imi • • • d o s m e n s o n g e s

Me 'm eus gwelet eun ounner vriz O kas ar bed-man war e giz.

J'ai vu une génisse tachetée Qui faisait reculer le Monde,

Me 'm eus gwelet eun ounner zall O kas ar bed-man d'ar bed. all*

J'ai vu une génisse aveugle, Qui envoyait ce monde-ci dans l'autre.

PROPOSITION

Avec ces neuf figures géométriques, nous vous demandons de faire la sil_ houette d'un insigne bien connu de vous ; réfléchissez et vous trouverez facilement la curieuse solution.

La dir.-gérante : Vefa de Bellaing.

ïmpf. OLOLE - Laudefneau Po 413.

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N* 1 0 7 2 F R A N C S 2 5 J U I L L E T 1 9 4 3 RED ACTION-AD WIN.: 7, R u e L a l a v e l i e L a n d e r n e a u (tla

A B O N N E M E N T S : 6 m o i s 2 2 ! P. ; 3 m a i s 12 fr . C h è q u e s p o s t a u x t M l l e LEGLERC 2 8 5 5 6 R e n n e s

R é d a c t e u r e n c h e f : H e r r i C A O U T S S I N

Santez Anna, goarnet ho Pretoned. Sainte Anne, gouvernez vos Bretons.

O Ai ère de la Patrie,

sois le salut des Bretons ! 26 Juillet /1/aïeule du Christ est fêtée par les Bretons, petits et grands, car elle

est aussi leur Mamm-goz, leur souveraine...

Sainte Anne - Bretagne ! Deux noms qui sont liés depuis des siècles, par des marques d'affection toutes particulières ! Elle-a montré combien elle aimait notre pays et voulait en faire son fief, lorsqu'elle pria le pieux Nicolazig de rebâtir son sanctuaire là où elle était honorée mille ans auparavant... Et le vieux peuple breton a répondu à cette marque d'affection, en manifestant pour sa vrotectrice un amour non moins grand. « Quel est celui qui chez nous n'aime pas SteAnnef Celui-là n'est point de Bretagne, affirme le vieux dicton... ».

o Confiez-vous en Dieu et en moi et des miracles vous en verrez bientôt en abondance ». Depuis 300 ans Ste Anne tient sa promesse.

Aimons, vénérons notre grande Patronne, gardienne de l'Arvor... P7"ions-la avec ardeur et sincérité en ces jours d'angoisse.

« O Mère de la Patrie, Anne toute puissante, sois le salut de tes Bretons, garde leur foi, et accorde leur la paix par ta puissante intercession ».

I K L - - - ^ v . • jvotf j^ANfi.

o m m e n t Messire Jehan Bourdichon, Imagier, peignit ensemble

Madame A n n e de la T e r r e , et Madame A n n e du Ciel Un grand atelier de peintre, par le vitrage

duquel entre à flots toute la lumière ardente d ' u n splendide jour d'été.

Et avec cette lumière fine, fraîche et claire, c'est tout un paysage qui pénètre, un des plus d o u x , des plus gracieux, des plus élégants de cette molle et exquise vallée de la Loire : le paysage de Blois, de son château, de ses ter­rasses, de ses jardins... paysage enchanté que le soleil baigne de ses plus étincelants rayons, tandis que montent des prés, des bois, des bosquets, des parterres et du fleuve même, toutes les fortes senteurs de l'Août triom­phant...

— C'est beau, n'est-ce pas, mon petit La phrase prononcée soudain derrière lui,

fait sursauter et arrache à sa contemplation, le gamin qui, bouche bée, yeux larges ouverts et esprit perdu dans une admiration silencieu­se, regardait le délicat panorama en oubliant de continuer sa besogne : broyer, triturer, malaxer au pilon sur une lourde plaque de verre les couleurs végétales dont messire Je­han Bourdichon, peintre ordinaire de ifbnsei-gneur le Roi et de Madamie la Heine, attend un plein godet afin de continuer sa besogne de Ja journée.

Et Jacquinet, empourpré subitement jus_ qu'aux oreilles, bal'jutie, ne sachant comment s'excuser :

— Oh ! maître... maître... pardonnez-moi... Mais quand je regarde le château, le fleuve, et le pays... je... je... ne sais plus où j'en suis... moi...

Le peintre est resté le pinceau levé, et il hoche la tête :

— Mais je ne t'en veux pas, gamin... J'ai­me, a u Contraire, que toi, mon petit élève, t'émeuves ainsi devant la beauté de la Nature aué renforce Ta beauté de l'Art... Cette vallée et ce château se complètent l'un l'autre. Et tu vois bien qu'ici, dans cette œuvre* que j achè­ve pour notre Dame Souveraine, je m'efforce justement de lui complaire en évoquant nour elle et autour d'elle ce paysage qu'elle aime, et qu'elle m ' a donné ordre de reproduire avec tous ses détails, jusqu'à peindre ici toutes les plantes, toutes les fleurs, tous les fruits, tous les oiseaux et tous les insectes de ce pays de Touraine où elle airrie et possède ces deux merveilles : Blois et Amboise...

Du bout de son pinceau, Jehan Bourdichon désigne, en un geste à la ronde, les dizaines d'e feuillets enluminés, historiés, enrichis de lettrines, de petites figures, de demi-encadre-mtonts, de bordures, de bande* aux vives cou­l e u r s , t o u t e u n e gamme éclatante, parmi la­quelle se détachent plus de quarante grandes miniatuftïss^DersonnageB, et qui, les unes ter. m i n é e s i f l e g aVtres e n achèvement,_ attendent le m o M f t n t «tf_l ouvrage entier sera prêt à

re ref^

ANNE DE BRETAGNE EN PRIÈRE Min, des Grandes Heures d'Anne de "Bretagne, far/. "Bourdichon

Paris, "Bibliothèque Nationale, Cl. Gitacdon

L'enfant Jacquinet joint les mains dans un geste d'admiration spontané qui fait sourire l'artiste, et il s'exclame :

— Le Livre d'Heures de Madame Anne, du­chesse de Bretagne et Reine de France : Ja­mais personne n'aura rien vu de plus beau sous le ciel, maître ! E£ voilà un manuscrit qui va faire rnburir de maie rage ces artisans aux doigts tâchés d'encre et de graisse qui, sous le nom baroque de livres imprimés, es­saient de fabriquer des ouvrages qui jamais... au grand jamais des grands jamais, ne vau­dront un tel et si précieux ouvn

Petit flatteur. ! sourit BoH a^ Tu exagères...

.— Non, maître : je dis à peine vrai. Il n'y a qu'à regarder cette miniature que vous ter­minez... Personne, nulle part, n'a rien fait de si Vrai, de si beau... On dirait que Madame Anne va parler, vraiment, et prononcer tout haut les mots de la prière latine que ses lèvres murmurent sous la protection des trois bien­heureuses qui la présentent à Monseigneur Jé_ sus...

Sur la table légèrement obliquée pour la commodité du travail de l'artiste, la page ina­chevée s'étale : La Duchesse-Reine, main^

• jointes, le regard fi xe, est à genoux, drapée dans sa longue robe aux manches de velours ; le collier de l'Ordre de la Cordelière au cou, sur la tête la cape à bordure orfévrée, elle prie dans un vivant élan de passion pieuse, et les1 saintes qui l'escortent se penchent sur elle, souriantes et attendries... Sous le regard admtratif de Jacquinet, Bourdichon a repris son pinceau et, d'une touche délicate, il ca­resse les figures qu'il achève.

Et soudain, du jardin proche, montent des abois clairs, un brouhaha de voix, de paroles... Jacquinet a couru au vitrage, et il jette un grand cri :

— Madame Anne... Madame Anne qui vient ici... tout droit... maître.

Jehan Bourdichon s'est redressé, un flot d'î sang aux joues, un éclair aux yeux ; mais il n'a pas le terrins d'arracher sa souquehille de travail, dé jeter son bonnet et d'essuyer ses doigts tâchés de couleurs... Car, aux mains ds deux pages à costume rouge et jaune, cou­leurs favorites de leur maîtresse, la "porte s'ouvre. Et tenant d'une main la laisse de son chien Grenoble, appuyée de l'autre au bras de l'une de ses filles d'honneur,. Katherine de Coectjvy, Anne de Bretagne _est apparue, si parfaitement pareille au portrait en achève­ment que, d'un coup d'œil apercevant le vélin historié, la Souveraine sourit i

— En vérité, messire Bourdichon,_ je vous croirais volontiers sorcier de m'ayoir si bien protaicturée que je_ pense me voir en un mi­roir... n'est.il pas exact, vous tous ? Et voyez én ouellé haute compagnie, jè suie céans...

Elle a, du regard et de la phrase, consulté les vingt ou vingt-cinq dames et courtisans, forment cortège à leur souveraine et qui, à fort juste titre d'ailleurs, s'eSclament àj vi. Et certains demandent des eSplicatioi l'artiste donne avec un peu d'orgueil

— Qui sont ces damés bienheureu­ses. ?... Mais tout rïatùrellerrient, deux" crandes dames de haut par âge, saint* Marguerite avec la croix procession­nelle et sainte Ursule portant le pen^ non de Bretagne, toutes deux7 en U nues de princesses royales avec, corn] me il sied, le manteau de cour et, couronne d'orfèvrerie.

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F a i s a n t p a r t i e d ' u n e é q u i p e d e d é -b i a y e m e n t d a n s u n p o r t b a s - b r e t o n , j ' a i t r o u v é , à l a s u i t e d ' u n r é c e n t b o m b a r d e m e n t , c e s q u e l q u e s f e u i l l e t s é p a r s d a n s l e s d é c o m b r e s . . .

12 Juillet. A v a n t c h a q u e e s c a l e , a u t r o p i q u e

d u C a n c e r , c^ëst t o u j o u r s l a m ê m e c h o S e . O n f a i t p a s s e r l a v a p e u r p a r l e s g r o s t u y a u x d e l a c o u r s i v e , q u i l o n g e n t n o t r e s a l l e à . m a n g e r , pour. a H m e n t e r l e s t r e u i l s .

C ' e s t u n s u p p l é m e n t d e t e m p é r a t u ­r e d o n t n o u s n o u s p a s s e r i o n s b i e n . N o u s m a n g e o n s d é j à d a n s u n e é t u v e , m a l g r é l e s v e n t i l a t e u r s t o u r n a n t à p f e i n r e n d e m e n t , e t n o u s f u l m i n o n s t o u s , c o n t r e l e m a n a u e d e m o e f e r n i s m e d.^ n o t r e b a t e a u l e S S D e l a s a l l e .

S i s e u l e m e n t n o u s a v i o n s l e s b e a u x ' t r e u i l s é l e c t r i q u e s d u « J a p o n a i s » q u e n o u s a v o n s q u i t t é t o u t à l ' h e u r e à C r i s t o b a l !

N o u s l ' a i m o n s q u a n d m ê m e n o t r e u x m i x t e . C ' e s t l e d e r n i e r c l a s s é d e

1 « T r a n s a t » e n t a n t q u e « p a s s a ­g e r s » , m a i s , c e l u i q u i t i e n t l e m i e u x l a m e r . I l f a u t q u e ç à d a n s e r u d e m e n t p o u r qu ' i l d a i g n e r e m u e r .

17 Juillet. L e m a n œ u v r e p r é p o s é à l ' e n t r e t i e n

d e s t r e u i l s e s t u n e é p a i s s e b r u t e v e l u e c o m m e u n g o r i l l e , à l a t ê t e e t a u x b r a s c u i t s c o n ï m e u n r ô t i d e v e a u . D é ­g o u t t a n t d ' h u i l e e t d e c a m b o u i s , i l e s t t o u j o u r s s e u l à s e s a p p a r e i l s . O h n e p e u t l u i d o n n e r u n a i d e s a n s q u ' a u I l u t d ' u n e d e m i . h e u r e il y a i t b a g a r r e . A v a n t h i e r e n c o r e , i l e n a à m o i t i é e s t r o p i é u n . C ' e s t * u n « C a b o c h a r d », d e n t s e u l l e l i e u t e n a n t d ' e n t r e t i e n p e u t v e n i r à b o u t . L e c a p i t a i n e e n s e ­c o n d p a r l e d e l e m e t t r e a u x f e r s à l a p r o c h a i n e i n c a r t a d e .

Il a u n e d e u x i è m e f o n c t i o n , q u ' i l e x e r c e h e u r e u s e m e n t a s s e z r a r e m e n t . C ' e s t l u i q u i e x p é d i e p a r d e s s u s b o r d c e u x q u i m e u r e n t « e n m e r ». I l s e m ­b l e a v o i r u n f a i b l e p o u r c e s s o r t e s d e c é r é m o n i e s qu i l e m e t t e n t e n v u e , e t s a c h a n t q u e p e r s o n n e n e v e u t l e f a i r e à s a p l a c e , il e n é p r o u v e u n e c e r t a i n e f i e r t é . L e r e s t e d e l ' é q u i p a g e , e t l e p e r s o n n e l h ô t e l i e r s o n t d e s b r a v e s t y p e s , p o u r l a p l u p a r t N a z a i r i e n s ; q u a n t a u c o m m a n d a n t , n o u s l ' a p p e ­l o n s « l e P è r e », e n t r e n o u s . . . ç a v e u t t o u t d i r e , e t q u e l n a v i g a t e u r !

21 Juillet. Nous quittons Fort-de-France pour]

rentrer vers la métropole. Il y a tel­lement de passagers que nous autres, les musiciens du bord, avons été re­légués aux « contagieux » sorte de carré isolé sur le pont arrière, juste au dessus des hélices, une vraie ba­ratte, mais salle de bain avec eau douce s'il vous plait, ce qui est tout de même une compensation.

Alors que le bateau part de la Mar„ tinique, |'ai été très ému par un grou­pe de religieuses près du bastingage, q u i c h a n t a i e n t à m i - v o i x « A v e M a r i a Stella ». Elles sont toutes très âgées, et rentrent après plus d'un demi-siè­cle de dévouement et d'abnégation" dans leur Patrie. Un Père rriis-sionnnaire est là aussi. On ne saura jamais assez quel exemple de piété et de charité ont été ces élus de Dieu.

22 Juillet. En dehors des « Matines » quoti­

diennes pour les Religieux, il y a mes­se à dix heures tous les dimanches pour tout le monde. C'est le règle­ment quand il y a un prêtre à bord. A cet effet, on transforme la salle à manger des premières classes en cha_ pelle et les fidèles sont appelés à l'aide d'un beau carillon enregistré sur disque que diffusent des hauts-parleurs placés un peu partout sur le bateau.

Tous y viennent sur leur « 31 », les dames avec leurs plus beaux cha­peaux. C'est un spectacle agréable qui rompt la monotonie de ces dix jours de pleine mer.

23 'Juillet. L'homme des treuils a été à la vi­

site médicale ce matin pour la pre­mière fois de sa vie. Il est plein de boutons sous cutanés de la tête aux pieds. Le mjédecin du bord, craignant une épidémie de rougeole, le consigne en ob>?ervation à l'infirmerie. Celle-ci adossée à la chaufferie est une vraie bouilloire. La diète et la solitude par dessus le marché, rien de tel, pour créer une atmosphère de cafard.

Un de ceux qui passaient la visite avec lui, et qu'il avait un jour mal­mené, lui a dit : « A force de faire passer les autres par dessus bord, ton tour viendra ! »

24 Juillet. L'infirmier m'a dit que l'homme des

treuils s'ennuyait tout seul. Il croit, du fait que le « toubib » le garde à l'infirmerie, qu'il est foutu et la phra-du camarade l'a frappé. « A force de faire passer les autres par dessus bord, ton tour viendra ! »

ill la répète souvent tout haut. Il est évident que dans une solitude for­cée, le souvenir de certains mots prend des proportions extraordinaires.

26 Juillet. Le médecin a diagnostiqué une urti_

caire généralisée et autorise les vi­sites à l'homme des treuils qui n'a rien compris. Il a peur de mourir, et personne n'est venu le voir.

— C'est y qu'ils me laisseraient tous tomber ? Vont-ils me laisser cre­ver comme un chien ? a-t-il demandé inquiet a l'infirmier.

— Eh ! mon gars ! a répondu celui-ci. C'est aujourd'hui la Ste Anne, pa­tronne de notre chère Bretagne. C'est la fête de la mère de la Vierge Marie. Tout l'équipage la célèbre en bons chrétiens bretons, qu'ils sont tous ; et ils savent quel mécréant tu es !

Il parait qu'après avoir entendu ce_ la, le visage de l'homme des treuils a exprimé sucessivement toutes les émo­tions. D'abord son naturel a pris le dessus, la tête de brute s'est crispée comme une vieille figue et des éclairs mauvais jaillirent de ses yeux, puis, peu à peu, le calme est revenu faisant ensuite place à une expression on ne peut plus désolée. Il regarda l'infir­mier avec une telle douceur que celui-ci n en revenait pas et lui dit : « Va demander au rrassionnaire passager, s'il veut bien venir me voir ! »

Le Père missionnaire vint, et trouva l'homme des treuils pleurant comme un enfant.

— Q'u'avez-youst mon fils ? — Mon Père, Mon Père ! s'écrie

l'homme des treuils en ti­rant son porte-feuille de sous le tra­versin, et en sortant tout son argent, tenez ! tenez ! prenez ton*: ce que j'ai pour les œuvres de Stè Anne, moi aus_ si, je suis chrétien, je suis même Bre­ton, je m'appelle Mahé, et si j'ai été un mécréant, les quelques jours que je suis resté seul ici m'ont fait regar­der en dedans de moi, je regrette toute ma_yie de mauvais sujet, maïs je ne veux pas mourir seul comme le dernier des chiens. -*» Et après un temps : « Etant petit, ma mère me conduisait souvent au Pardon de Ste-Anne ! » Et le voilà pleurant de plus belle.

Le prêtre, d'abord un peu interdit, comprit vite qu'il avait affaire à une brebis égarée cherchant à rega­gner le troupeau ; quelques mots jglis-sés à son oreille par l'infirmier lui ap­prirent que le « moribond » n'avait que de l'urticaire, et il répondit :

— Gardez votre argent mon fils, votre geste a suffi à Stë Anne, peut-être même en est-elle l'instigatrice ? Et vous allez guérir.

Cependant que l'infirmier ramenait quelques gars| de l'équipage qu'il, avait été chercher.

1— Tenez, voyez, dit le pfêtre, vous n'êtes pas abandonné !...

Le visage de Mahé s'épanouit, il pleurait et riait en même temps. Il paya à boire à tout le monde et de_ puis est le plus doux et le meilleur homme du bateau. Oui, depuis le 26 juillet.

ALAIN DARMOR

De/f omb hiniu c

Comment Messire Jehan Bourdïchon Imagier, peignit ensemble

Madame Anne de la Terre, et Madame Anne du Ciel (SUITE DE

P u i s ce l l e qui es t à la fois , M i d a m e , v o t r e p a t r o n n e > e r s o n n e l l e et c e l l e d e v o t r e p a y s de B r e t a g n e , M a d a m e

A n n e qui vo ' i s pré sen t e de ?a m a i n o u v e r t e a M o n ­s e i g n e u r s o n pet i t - f i l s , J é s u s n o t r e S e i g n e u r . . .

— H é q u o i ? s ' e x c l a m e é t o u r d i m e n t l a d e ­m o i s e l l e d e R o h a n - G u é m é n é e , s i s i m p l e . n o t r e g r a n d e s a i n t e ?. . . u n v o i l e e t p o i n t d e c o u r o n , n e ! l a g r a n d - m è r e d u C h r i s t ! l a s a i n t e d e n o ­t r e s o u v e r a i n e !

M a i s a v a n t q u e B o u r d i c h o n a i t p u r é p o n d r e , l a D u c h e s s e - R e i n e a r é p l i q u é :

— M a f i l l e , v o u s p a r l e z à l ' é t o u r d i e . . . A n n e d u C i e l , p a t r o n n e d e A n n e d e l a T e r r e , é t a i t u n e s a i n t e p e r s o n n e q u i n e p o r t a i t p a s d 'or e t f a i s a i t fi d e s b i e n s d e c e m o n d e . . . M e s s î r e T e h a n B o u r d i c h o n T a t r è s b i e n p e i n t e a i n s i ,

- r è s d o u c e , t r è s c a l m e e t t r è s s i m p l e ; e t j e l ' e n r e m e r c i e ' , c a r j e s u i s f i è r e d ' ê t r e , p o u r l e s s i è c l e s f u t u r s q u i v e r r o n t c e L i v r e , a u x p i e d s •Je celle q u i p r o t è g e à l a f o i s e t l a B r e t a g n e , . n o n D u c h é , e t m o i - m ê m e . . .

LA PAGE 1) Puis appelant un personnage discrètement

immobile à récart : — Messire Raoul Hurault, notre conseiller

et trésorier général des finances, vous nous fe­rez signer ce soir même, un mlandement par lequel vous paierez à maître Jehan Bourdi­chon mille cinquante livres tournois en six cents écus d'or pour qu'il connaisse notre con­tentement d'être ainsi, nous Anne de Bretagne et de France, représentée au vrai pour Péter, nité aux pieds de /Madame Anne, notre pa­tronne et protectrice de nous et de notre Du­ché... et vous daterez de ce jour, pour nous de bonheur : Quatorzième de mars de l'an de grâce mil cinq cent et sept... Maître, notre peintre ordinaire, soyez le très remercié !

Et, adressant à l'artiste- radieux, son sou­rire le plus reconnaissant, Anne de Bretagne, son grand chien à ses côtés, reprend sa pro­menade un instant interrompue.

GEORGES G. TOUDOUZE

/mpr. OLOLE - Landerneau Pc 413. La dir.-gérante : Vefa de Bellalng.

Jeunes Btetons et Bretonne* «ou» le «igné de la Croix Celtique de nos Saints et de l'Hermine de nos Ducs :

adhérez â

I'URZ G 0 \ N A G BRE1Z L'Ordre d e l ' E s p é r a n c e

d e B r e t a g n e Association culturelle

Bretonne

(déclarée le 27 Mal 1943) fondée par

O l o l e

Le Dai d é .

On était au 25 juillet et au Ciel se prépa belle fête C'était la veillle de la Ste Anne, saints, depuis les vieux patriarches à barbe c jusqu'aux jeunes angelots à la robe baptisrru prêtaient à célébrer, dignement les louai l'aieule du Sauveur.

Comme bien on pense, les élus bretons ét plus zélés. Il s'agissait de leur patronne, de h raine. Pouvaient-ils être en reste ? On ne si quoi cette année-là, ils avaient prétendu choses de façon plus solennelle. Une idée le été inspirée par l'un des leurs, l'idée d'offri: deau de fête à la bonne grand'mère. Une facile à trouver quand on a l'imagination < tons. Il en va autrement, lorsqu'il s'agit de 1 en pratique. On a beau être au Ciel, l'espr par quelque bout. Tous les Bretons se réunir résoudre la question... Depuis qu'il y avait on n'avait vu assemblée plus nombreuse-prairie à l'herbe douce, qu'arrosaient les ea grâce divine, qu'éclairait de ses rayons le la miséricorde infinie, qu'ombrageaient dei au vert feuillage, dans lesquels gazouilla merveilleux oiseaux du Ciel, ceux de chez nou gi oupés.

Leur foule était aussi pressée que les es* abeilles qui s'échappent des ruches, aux sourires de l'aurore, pour aller folâtrer pj fleurs de blé noir. Us étaient là, des jeune vieux, des grands et des petits, des riches ei des pauvres, des moines en cagoule, des prii tant couronne, des prêtres revêtus de leurs tiques, des chevaliers ceints de l'épée, Dor Rogatien avec leurs palmes de martyrs ; avec son bœuf ; Nennok avec sa biche ; avec son cerf ; Salaun le fol avec le lys f sa tombe, Corentin avec sa mître d'or et son On discutait ferme. St Yves y fut d'un éloq cours, Gildas le Sage donna les conseils d'ui avisé. Finalement le roi-martyr Salomon r namité des suffrages à sa proposition...

Pour fêter dignement Ste Anne on charj barde de lui chanter en guise de complimen1

tique breton de sa composition, que la foule heureux reprendrait en chœur et qui aura: motif les joies du Paradis... Lorsque l'on cl barde, on n'est pas en peine en Bretagne, plein les routes. On ne l'est pas davantage car il n'est pa*3 de profession mieux app: haut. Le plus glorieux de tous, saint Hervé, aveugle, offrit ses services. Il avait une v santé, et la harpe la plus mélodieuse. Il eut vé son travail. Jamais oreilles de bienheu vaient entendu de si suaves accents. Ce'. bon la fleur du pays, l'ajonc aux boutons c algues vertes. Ceux de Bretagne étaient n oui ! ils avaient raison d'être fiers de lei cher aveugle, et d'avancèT ils se réjouis.* songeant combien leur patronne serait dar Cependant, Madame Anne qui d'ordinaire, d mière heure, venait bonjurer les siens, s« par hasard en retard ce jour-là. Elle avait nue plus longtemps que de coutume au pa Trinité, et les Bretons commençaient à s « Peut-être quelque grave affaire qu'on lui portée de chez nous au dernier moment, il les vieux en hochant la tête, peut-être î suppliques à présenter plus nombreuses que de, la veille de sa fçte ». Enfin elle appari lieu d'un cortège de chérubins, de séraphins chant des yeux ses B r e t o n s . « Dréman ta, c 'itron » ( P a r ici donc, par ici donc,-Mad£

U N N O M ? A v e c la première l e t t re de

c h a c u n d e s su je t s r e p r é s e n t é s , formez l« n o m d'un B r e t o n fidèle s e r v i t e u r de Ste A n n e .

M a i s a t tent ion , les sujets s o n t b r o u i l l é s

Page 7: CELA VIENT D'EN HAUT - Archives-finistere.frmnesys-viewer.archives-finistere.fr/accounts/... · RESUME. — Sur le vœu d'une « Hermine » tuée dans le bombardement de Rennes, les

jeranna ! Péh ur Joé !

El agent h/m tad eu koh,

Dell omb fidèl per pet,

O Roaannez, de ranteia d'oh

En inonr deliet

i

Goarnet hun haloneu,

Goarnet er Vretoned,

Iieit d'hun bugaligcu,

Dont lies d'hon kuélet !

Rak ma hues, é Keranna,

Diskoet hou karanté,

Breih abéh amen e za

De laret t ru géré.

lie breton Vannefaise)

une voix. Elle se retourna, et elle aperçut derrière elle, comme un poussin derrière sa mère, Salaun le fol qui, sans plus de façon, agitait ses bras avec de grands gestes et lui montrait ses compatriotes, atteu_ dant anxieusement son arrivée dans la prairie où coulaient les eaux de grâce.

Anges et archanges eurent un franc éclat de rire devant la mimique du pauvre fol et te. bonne grar/d 'mère elle-même, ne put retenir un accès de douce gaité. « Oui, oui mon bon Salaun, répondit-elle. Je les vois, je te suis ». Sous l'arbre le plus touffu, un trône était érigé. Le lys, la rose, la marguerite et la violette lui formaient une gracieuse couronne. Sainte Anne s'y assit et les Bretons se prosternèrent à ses pieds. « Reine de l'Arvor, nous te saluons ! dit en s'avançant devant elle le patriarche de la troupe, saint Clair, le premier évêque de Nantes, grâce vous soit rendue d'avoir bien voulu venir recevoir nos vœux à la veille de votre pardon. Puissions-nous trou­ver des. accents qui plaisent à votre cœur... >

Le vieux pontife parla, et messire saint Yves s'in­clina à son tour. Son discours fut le plus éloquent panégyrique qui jamais sortit de lèvres humaines. L'auditoire retenait son souffle. Dans les arbres, les oiseaux du Ciel avaient cessé leurs ramages ; le cortège des chérubins et des séraphins battait de? ailes en signe d'admiration. Quant à Ste Anne, des larmes de joie coulaient de ses yeux. Lorsque Yves eut fini, sur son front pali par les mortifications, elle déposa un baiser maternel.

En vérité, les Bretons s'entendaient à faire admi­rablement les choses. Et pourtant leur program|me était loin d'être épuisé. Tout à coup, du milieu de la foule, s'éleva le son d'une harpe et ce son était s"i mélodieux qu'on avait cru qu'un ange jouait sur les cordes. Hervé préludait à son cantique. Ce que fut ce cantique, les annales du Ciel le racontent encore. Le barde chantait, en breton, mais ses paroles étaient si claires, sa musique si émouvante que tous les bien­heureux les saisissaient à merveille, et répétaient les couplets après lui. Tout le monde unissait oa voix à celle du barde, jusqu'au Père Eternel sur son trône d'azur. Le bruit produit par ce chœur immense, qui montait depuis les degrés inférieurs jusqu'aux sphè_ res célestes les plus hautes, était tel que des mil­lions de tonnerres réunis n'en auraient pas donné une idée. Il en arriva un écho jusque sur la terre. Les pèlerins qui déjà, la veille du Pardon, commen­çaient à se grouper dans la basilique de Ste-Anne-d'Auray, le perçurent distinctement. Ils prêtèrent l'oreille, saisirent les paroles au vol et les répétèrent* à leur tour. Cette année-là, on ne chanta pas autre chose pendant le PardcwnT de Ste Anne, que le can­tique du Paradis,..

C'était la première fois sans doute que résonnaient sous les voûtes du Ciel ces cantiques bretons d'une douceur si pénétrante, d'un accent si saisissant, d'une poésie si intense !... Tandis que le vaste chœur se renvoyait d'un bout à l'autre les strophes ailéeb, Ste Anne restait immobile et silencieuse. On aurait dit qu'elle buvait cette mélodie radieuse, ses yeux Il n'y manque plus qu'une chose. > « Il ne manque plus qu'une chose pour que le bonheur de la grand 'mère soit parfait >. En un instant, le mot courut de bouche en bouche dans l'assemblée des élus bre­tons. Quelle était donc cette chose ? pleuraient de joie, ainsi que des fontaines d'eau vi­ve. Cependant comme elle s'éloignait vers le palais de la Trinité, après avoir pris congé de ses fidèles, il sembla à quelques assistants l'entendre murmurer doucement : « Mon bonheur est à peu près complet.

{Suite page -4)

SAINTE ANNE, PELERINE DE ST-THELEAU Jqachim Keramanac'h, du bourg de Saint-Theleau,

est cet heureux mortel qui fut un jour — du moins, on le raconte — rappelé à son devoir paroissial par Sainte Anne en personne. Il y a de cela de longues,, très longues années...

Si la Troménie de Locronan est presque univer­sellement connue, le « Tro ar relegou » (Tour des Reliques), de Landeleau, l'est" certainement beaucoup moins, quoique fort célèbre dans la région patronnée par St Theleau. Comment le grand évêque de Llan-daff, au pays de Galles, vint-il en notre Bretagne ?... Comment acquit-il, monté sur un cerf miraculeux, 1 emplacement de son monastère ?... Ce sont là mo­tifs à récits qui nous entraineràient trop loin de l'a­venture à Chim Keramanac'h. Qu'il nous suffise de savoir que, le dimanche de la Pentecôte, une grande procession — que l'on doit avoir faite au moins une fois dans sa vie, tout c o m m e la T r o m é n i e de St Ro-nan — entraîne sur un parcours de plusieurs kilo­mètres, des milliers de pèlerins. Aussi bie*n, puisqu'il en vient de très loin, est-ce un devoir, pour tout pa­roissien de Landeleau, d'y assister à chaque Pente­côte.

^iSJîan.^^ le p a u v r e C h i m était t o m b é à g e n o u x . . .

Or, il arriva que Joachim Keramanach, fort sou­cieux d'une grâce à obtenir, en oublia complètement la date, au moment de promettre à Ste Anne, de se rendre en son sanctuaire de Ste Anne d'Auray, s'il était exaucé. Imprudemment, il fixa la réalisation de son voeu au dimanche de la Pentecôte.

Ce fut, avec au coeur un grand regret, qu'il enten­dit dès la « jeunesse du jour », le formidable branle des cloches annonçant la solennité et prit la route de Vannes. Tandis que ses pas l'éloignaient du par­cours traditionnel, ce regret s'accroissait, d autant que les nombreux groupes, se dirigeant vers Lande­leau, l'interpellaient, sans aménité aucune.

« C'est comrrie ça que tu tournes le dos à St The­leau, alors donc, le jour de sa fête ? Ce n'est point pour te porter chance. »

Troublé, notre homme continue sa route. Voici en­fin franchies les limites de la paroisse. Il avance d'un pas rapide sur la voie, maintenant à peu près soli­taire. Mais qui sont ces deux vieillards qui se pfo_

filent là-bas, appuyés sur leurs bâtons de voyage, vêtus à la mode orientale, tels que Chim se souvient d'avoir vu les indigènes, alors qu'il « faisait son temps dans les pays chauds » ? La femme est enve­loppée de ses voiles, l'homme se drape dans les plis de son manteau. Tous deux ont grand air.

Joachim, passant près d'eux, touche instinctive­ment le large bord de son chapeau. A cet instant, une voix douce et harmonieuse frappe son oreille. C'est la femme qui a parlé :

« Où allez-vous ainsi, brave homme ? Vous vous êtes mis en route de bonne heure et vous marchez bon pas.

— C'est que j'ai du chemiin à faire avant d'être rendu à Ste Anne d'Auray.

— D'où êtes-vous donc ? interroge la voix douce. D'un geste, Chim indique unjpoint éloigné de l'ho­

rizon. — De Landeleau. — De Landeleau ? Mais n'est-ce point aujourd'hui

le pardon de Saint Theleau ? — Oui bien, mais j'ai fait vœu à Ste Anne d'aller

à son sanctuaire aujourd'hui même. • .— Eh bien, croyez-moi, brave homme, retournez à Landeleau, faites avec les autres le « Tro ar feele_ gou » et vous y gagnerez plus; d'indulgences qu'en faisant Je pèlerinage de Sainte Anne, c'est moi qui vous le dis. »

Le tout était prononcé d'un ton d'autorité et les derniers mots étaient particulièrement appuyés. Le bonhomme en fut quelque peu ébranlé. Mais depuis quand, lui, Chim Keramanac'h, bien connu pour n'en faire qu'à sa tête, obéirait-il à un inconnu et, qui de plus est, à une femme ?... Il continua donc sa route, poursuivi par le souvenir de la rencontre, car il éma­nait de cette « Ancienne » une étrange attraction.

En abordant la terre sanctifiée par la présence de PAieule du Sauveur, le premier soin de Chim fut de purifier sa conscience par une bonne confession. Contrition et ferme propos étaient, chez lui, des plus sincères, car depuis l'étrange rencontre, il se sentait disposé à user, mais point abuser, de tous les dorfs du Créateur, sans en exepter celui de la liqueur, d'o?, exaltée par le poète de la Chanson du Cidre... De fait, tout au long du rude parcours, il n'avait point cédé à la tentation d'y rafraîchir" plus que de raison, son gosier, généralement altéré... Mais voici qu'avant d'entendre ses aveux, le prêtre l'interroge sur l'en­droit d'où il vient. Et quand il a nommé Landeleau :

« Eh bien, retournez-y, votre recteur vous absoudra lui-même. C'est jour de Pardon du grand St Theleau. Vous devriez y être.

i— On me l'a déjà dit, répond piteusement le péni­tent évincé.

— Que n'avez-vous, reprend le prêtre, regardé bien en face ceux qui vous ont donné ce conseil. Vous l'auriez certainement suivi. »

Cette fois, l'esprit indépendant de Chim est dompté. Il reprend le chemin si tôt parcouru. Or, lorsque, dans*le lointain, se devine le clocher de Landeleau il aperçoit à nouveau les mêmes pèlerins. C'est enco­re la femme qui interroge :

« Eh bien, avez_vous fait bon voyage ? '— Ma foi, non ! A Ste Anne le confesseur m'a re­

fusé l'absolution, me disant que j'eusse mieux agi en suivant votre conseil. »

Alors un éclair d'indulgente malice passa dans les yeux si bons de la voyageuse :

« Ne vous en étonnez pas, mon ami, si à Ste-Anne vous avez été si mal accueilli, c'est qu'aujourd'hui ni Saint Joachim votre Patron, ni Ste Anne, votre Mam-Goz, n'étaient chez eux. »

Sur ces mots, comme les pèlerins d'Em'maus, au geste de Jésus, les yeux de Joachim Keramanac'h s'ouvrirent, et attachant son regard ' aux nobles vi­sages tendrement abaissés vers lui, il reconnut les traits de Ste Anne et de St Joachim, dont il venait de voir les statues à Sainte-Anne, et qui tous deux, avaient honoré de leur présence, le Pardon de Saint Theleau. . . _

Confus et *en même temps saisi d'une joie inexpri­mable, le pauvre Joachim était tombé à genoux.

;« Consolez-vous, mon cher Fils, lui dit doucement la bonne Sainte Anne, il ne vous en coûtera rien pour, cette fois d'avoir délaissé la fête de votre Saint Pa­tron, mais que la leçon vous serve, car les plus gran. des grâces s'obtiennent aux pieds des saints de son pays. »

MARTHE LE BERRE.

Y Fêtes solennelles de Sainte Anne v * Les 25 & 26 Juillet 1943 *

tous la Présidence de S, Exc. Monseigneur ROQUES, Archevêque de RENNES

assisté de L. L. E. E. Monseigneur LE BELLEC, évêque de Vannes, DUPARC, évêque de Quimper, COGNEi\U, évêque de Thabraca, RICHAUD, évêque de Laval, et desRévérendis-limei Pères Dom Dominique-Nogues, abbé de N. D. de Thymadeuc, Bernard, abbé de Ste-Marie de Maguzzano.

Dimanche 25 Juillet Pèlerinage de Locmiquélic, à 10 heures - Messe basse à Midi

A 1S h. Vêpres solennelles. Cette année il n'y aura ni veillée de prière, ni proces­

sion aux flambeaux, la Basilique sera fermée à partir de 21 h.

Lundi 26 Jui l let Messes à partir de 6 heures

Messe au monument au Morts à 9 h. à 11 h. Procession avec la statue miraculeuse - Grand'

Messe Pontificale chantée par le Rd. Père Dom Domini-que-Nogues, abbé de Thymadeuc.

SERMON, par Mr. le Chanoine COURTET, Curé-Ar-chiprêtre de St-Louis de Brest

À 14 h. 30 Chapelet à 15 h. Vêpres Pontificales - Allocution, par S. Exc.

Mgr. RICHAUD, évêque de Laval • Procession au monu­ment des Morts.

Tous les pèlerins peuvent gagner une indulgence plé-nière aux conditions ordinaires.

Une Messe pour demander à Sainte Anne de proléger ses Bretons contre le fléau de la ..guerre, sera célébrée le 26 juillet, de la part d'Ololê, à Ste Anne d'Auray-

Une nouvelle édition d'Ololê vient de paraître :

FRANCO 35 fr. C o n t e s d e l ' H e r m i n e

sous uns belle couverture on couleurs (Format 28X38)

Page 8: CELA VIENT D'EN HAUT - Archives-finistere.frmnesys-viewer.archives-finistere.fr/accounts/... · RESUME. — Sur le vœu d'une « Hermine » tuée dans le bombardement de Rennes, les

( S U I T E E T F I N )

Les Bretons devançant l'aurore, étaient déjà réunis dans la prairie enchantée, èt se «préparaient à répéter devant leur patronne le cantique qui avait eu tant de succès la veille. Us s'abordaient les uns les autres avec des airs mytérieux, chacun s'imagina nt avoir découvert le secret désir de celle-ci.

La cérémonie commença. Ste Anne, avec Jésus et Ma.rie à ses côtés, s'assit sur son trône, et les élus s'avancèrent pour lui offrir leurs hommages. Quand e e fut le tour des Bretons, tous les yeux se tournèrent vers eux. « Ont-ils deviné ? > se demandait-qn. Les uns et les autres apportèrent leurs emblèmes, ce qui faisait leur principal titre de gloire. St Corentin offrit le poisson qui l'avait nourri ; ' saint Pol de Léon, l'étole qui avait appréhendé le Dragon de l'île dé Batz ; saint Judikael, sa couronne royale ; Salaun, son lys marqué des mots : Ave Maria en lettres d'or ; le vénérable Nicolazig, la statue miracu leuse dé Keranna. Pour chacun, la Bonne grand'mère avait un sourire aimable. Elle était touchée jusqu'au fond du cœur des hommages sincères de ses fidèles. On sentait néanmoins, à je ne sais qu'elle expression dè son visage, que ce n'était pas encore ce­la, qu'elle attendait toujours autre chose. Déjà la cérémonie touchait à sa fin. St Hervé, le barde aveugle, qui fermait le cortège, présentait sa harpe mélodieuse, lorsque, à la porte du Paradis, il se fit un bruit insolite.

Une main impatiente secouait l'huis avec force : « Ouvrez, Monsieur St Pierre, implorait une petite voix douce, c'est moi, Noluen ! Je voudrais bien assister à la fête. » Et l'on» entendait le portier céleste qui répondait sévè­rement : « Comment, vous, Noluen, la vierge timïde ! Vous êtes sortie cette nuit du Paradis et vous rentrez si tard ? J'ai bien envie de vous lais­ser dehors ! — Ouvrez toujours, monsieur saint Pierre, vous gronderez après. » La clé grinça dans la serrure, et l'on vit apparaître, toute essouf­flée, ses cheveux blonds flottant sur les épaules, et humides encore de la rosée du matin, Ste Noyale la gracieuse martyre qu'un tyran cruel avait jadis décapitée, pour avoir refusé de l'épouser. A la main, elle tenait un bouquet de bruyère sur lequel avaient coulé quelques gouttes de son sang. Elle le présenta à Ste Anne. « Acceptez le, ma bonne marraine, dit.elle ! Je suis allée le cueillir à la première heure en Bretagne aujourd'hui, au lieu même où je rendis mon âme au Sauveur, en la Terre de Noyai. » Ste Anne se leva, et dans ses bras, elle saisit la douce vierge qu'elle embrassa longuement. Son vœu avait été deviné. Elle voulait une fleur de Bretagne, et on lui apportait la plus bretonne des fleurs, la fleur de bruyère em­pourprée du sang d'une vierge bretonne martyre.

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Krelz b i ù h a d e u g o s t è m a r ù ? R E S P O N T : U r jao é t r é e n

o a l l e n . E l e i h a d u d e v é d o h m e g o u l e n H a v a d e b r a n , a p e n d a n ; H a n e o a h , a p ' e m g u é l a n t , P o n a p I é h a c h a p a n t ? R E F O N T : E r g l a ù .

p r é s i u s a n P e h a n i é e r m a e n t a l v o n d u s a n a r u n d r o

R E S P O N T : E r maeri mblirî. P e t r a e v è g u é l e t b i ù , e v è g u é l e t

m a r ù h a g e v é g u é l e t b i ù a r l e r h é

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h a g e a l u m é r e n d r o . P e r a k e hourfvé u r v u o h ? R E S P O N T : R a k n e h e l k e t a z é e t .

P i ù e n d e s d e n t h o a r n , h a g e n ù r c h u k e l n e g r i b e p r e d , h a g e g r o g l i é s

e r a d e h o n d a z è b r e i n ? U n h e s k e n .

P e t r a e n e m l u e h a g e n e m d i a s ?

R E S P O N T :

( T e n n e t

s k a r h d r é e r p e n g a r g d r é é b e n n

Ur puns. e u s Dihunamb)

d'e l d ' e n

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