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Histoire de la psychologie Cours de M. Samuel Berthoud 2008 Introduction et Brève histoire du terme « psychologie : voir résumé donnés sur claroline par le professeur

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Histoire de la psychologie

Cours de M. Samuel Berthoud 2008

Introduction et Brève histoire du terme « psychologie :

voir résumé donnés sur claroline par le professeur

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La notion d’âme dans la pensée grecque archaïque

L’âme = PSUCHE :

L’âme est le souffle froid de la vie, le souffle ultime s’échappant de la bouche du mourant. Elle est souvent représentée par un papillon, car celui-ci est le symbole de l’immortalité ! métaphore du papillon sortant de sa chrysalide comme l’âme sortant du corps. En grec : papillon = PSUCHE (! contamination de la sémantique)

Le papillon est également le symbole de l’âme chez les Aztèques et certains peuples du Congo ! archétype de l’âme quasi universel.

Chez Homère, l’âme n’existe qu’après la mort ou sur le point de mourir, lorsque l’on s’évanoui.

Fonction de la PSUCHE : quitter le corps

Chez les grecs, l’âme est quelque chose de volant, poussant des cris plaintifs avant de rejoindre les enfers (pas tout à fait semblable au principe d’animation du corps). L’âme est, pour les grecs, le double de l’individu, sans énergie ni force ni consistance. C’est donc quelque chose semblable à un spectre.

L’Iliade d’Homère fait apparaître cette notion d’âme dans le chant 23.

Le principe de vie, pour les grecs, se nomme AION : c’est un fluide chaud et humide, semblable à de la sève. Les émanations de ce fluide provoquent les humeurs etc.

La conception homérique distingue deux « âmes » dans l’homme (conception matérialiste):

1) Le THUMOS : d’où provient toutes les émotions et la pensée parfois ! réalité matérielle (mais pas toujours) désignant assez souvent le courage, la conscience à qui l’on peut parler

2) Le PNEUMA : souffle, masse vaporeuse (cf évanouissement de Cerpadon), plus tard, PEUMA = esprit

La vie après la mort :

La vie après la mort, selon les grecs, est une vie sans force et sans énergie, sauf pour les héros. Cette conception est à rapprocher à celle de la vie des morts chez les hébreux : SCHEOL : lieu gris, sans lumière où les âmes survivent de manière léthargique.

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La psychologie chez les penseurs présocratiques

La période présocratique s’étend sur de nombreux siècles. Elle qualifie la série de philosophes antérieurs à Socrate (470-399), mais également des auteurs ayant « survécu » à Socrate, par exemple Démocrite.

Classement des penseurs dans différentes écoles en fonction de leur géographie ou de la pensée des auteurs qui la constitue :

• Les Milésiens ou Ioniens : venant de Ionie, plus précisément de Milet (côte turque)

Thalès de Milet (625-546): premier représentant et fondateur de cette école

Anaximandre (611-547), Anaximène (590-528), Héraclite d’Ephèse (567-480, a sa propre école, mais est souvent rattaché aux milésiens) : disciples de Thalès.

On retrouve encore des représentants de cette école plus tard vers 420.

Les milésiens sont considérés comme les penseurs de l’occident. Question qu’ils se posent : Qu’il y a-t-il derrière les choses qui changent ? Qu’il y a-t-il de permanent ? Ceci est appelé PHUSIS ou PHYSIS par les grecs : nature des choses (les personnes intéressées par la nature sont appelés des physiologues : ils recherchent ce qu’il y a derrière les apparences).

Les premiers philosophes recherchent donc le principe des choses = ACHÊ. Ils ont cru le trouver dans un élément unique devant être homogène et très répandu.

- Pour Thalès : cet élément est l’eau ! toute chose viendrait d’eau transformée

- Pour Anaximène : cet élément est l’air

- Pour Anaximandre : cet élément est quelque chose d’indéterminé et d’infini, en grec : APEIRON

- Pour Héraclite : cet élément est le feu

Pour tous ces auteurs, l’âme est de même nature que toutes les autres choses. Une telle explication peut paraître simpliste, mais si l’on prend l’exemple de l’eau pour Thalès, cette eau est animée, elle est une force, une énergie, ayant la particularité de se mouvoir d’elle-même. Il en est de même pour l’âme, d’ailleurs « âme » signifie « qui se meut soi-même », être animé = être qui se meut par lui-même, se mouvoir = non seulement bouger, mais également grandir, croître.

(Aristote rapporte cette opinion plus tard ! âme= principe d’animation, de la vie. Il reprend également les éléments traditionnels : Eau, Air, Feu, sauf la Terre)

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• Les pythagoriciens : Italie du Sud ou Sicile

Pythagore (570-480) : fondateur et premier représentant de l’école

Alcméon : disciple de Pythagore, vient de Crotone, vers 500 = années les plus productives

Pour les pythagoriciens, l’âme est envisagée comme un double ressemblant à celle des poètes. L’âme est assimilé à un être démoniaque emprisonné dans le corps à cause d’une faute ! le corps est donc le tombeau de l’âme : SOMA (corps) = SÊMA (tombeau). La vrai patrie de l’âme est le ciel et n’entretient aucun lien d’intimité avec le corps. N’importe quelle âme peut s’insinuer dans n’importe quel corps = METEMPSYCOSE (= transfert de l’âme dans des corps différents, origine probablement orientale – Perse et Inde – car Pythagore a voyagé en Perse).

L’âme doit donc se délivrer pour retrouver son lieu d’origine.

Alcméon : considéré comme le fondateur de la psychophysiologie expérimentale. Alcméon a pratiqué la dissection, a distingué les veines des artères. Il fut le premier à reconnaitre que l’organe central de l’activité sensorielle était le cerveau ! il a effectué plusieurs recherches sur les sens et a réussi à mettre en évidence certains nerfs (par exemple la relation œil-cerveau). Il fut également le premier à distinguer des différentes fonctions de l’âme ! conception génétique de la pensée.

Pensée sensible ! mémoire ! représentation (opinion) ! intelligence

• Les Eléates : viennent d’Elée

Parménide : fondateur et premier représentant de l’école

Zénon d’Elée : disciple de Parménide

Pour les Eléates, le monde n’est pas en mouvement, il est immobile et il n’est qu’un. Le monde n’est donc qu’une illusion ! va à l’encontre du bon sens. Zénon d’Elée a inventé un certain nombre de paradoxes pour le prouver, par exemple : Achille qui ne rejoint jamais la tortue, la flèche qui ne rejoint jamais son but. Il y en a 4 en tout. Ces paradoxes donnent la priorité à la raison et non au bon sens.

• Les Atomistes

Leucipe : créateur de l’école (vers environ 500)

Democrite : disciple de Leucipe (460-370)! pas vraiment présocratique

Les atomistes sont une sorte de réponse à la conception éléaste, c’est une sorte de chaîne de pensée (présente dans différents endroits, chez différents auteurs ! correspond aux schèmes premiers des enfants)

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Les atomistes sont divisés en trois groupes : celui de Leucipe et Démocrite, celui d’Epicure et celui d’autres auteurs latins.

Pour les atomistes, les êtres sont formés de particules insécables ! LES ATOMES

Etre un = atome, non être = vide ! le monde est fait d’atomes en mouvement dans le vide (alors que pour les éléates : être = un, non être = n’est pas) et les atomes peuvent se mettre ensemble.

L’âme est formée d’atomes également.

Démocrite : pour lui, les atomes n’ont - aucunes qualités sensibles (pas d’odeur, pas de couleurs, pas de son, pas de goût)

- ne se distinguent que par leur forme

- ne se voient pas car ils sont imperceptibles (très petits, même le plus gros des atomes ne se voit pas.

Démocrite est le premier à avoir conceptualisé un univers sans finalité : loi = loi des chocs entre atomes ! pas de direction privilégiée, univers anisotrope sans haut et sans bas naturels. C’est un univers indéterminé, la seule raison des êtres, c’est d’être.

Epicure : défend que les atomes ont quand même du poids. Il a introduit dans le système des atomes la liberté. Les atomes, sans aucune raison, peuvent changer de trajectoire ! homme = libre !

(Ecclès, un auteur contemporain, attribue la liberté au cerveau…)

Ame = atomes très subtiles, rapides, petits, dispersés dans l’air. Epicure et Lucrès les appellent « sphéroïdes ambiants » ! tout être qui respire avale des atomes d’âme.

La mort pour les atomistes :

La mort est la cessation de la respiration car l’expiration est le rejet d’atomes d’âme, donc lors de la mort, il y a une rupture de l’équilibre entre inspiration et expiration.

La perception pour les atomistes : Théorie des émanations

Les corps émettent continuellement des effluves matérielles composées d’atomes. Il existe 2 types d’effluves :

1) Le DIFFUSA : provenance interne des objets (particules dissociées) : explique les odeurs, les goûts etc., mais qui ne gardent pas la forme du corps.

2) Le SIMULACRE : provenance de la surface des corps, qui gardent leur forme : explique la vision ! question : comment peuvent-ils entrer dans la pupille s’ils gardent exactement leur forme ?

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• Empédocle d’Agrigente

Théorie qui a survécu pendant de nombreux siècles, a été repris par Platon, puis au Moyen-âge pour finalement arriver jusqu’au XVIème siècle. Cette théorie s’appuie sur une pluralité limitée d’éléments : L’eau, la terre, l’air et le feu. Ces éléments sont les quatres éléments classiques, les mêmes que l’on peut retrouver dans l’astrologie. (On peut noter ici une coïncidence avec les théories de Thalès, Héraclite etc.)

Ces éléments se mélangent pour donner naissance aux choses.

On retrouve dans trois de ces éléments les trois états de la matière, respectivement : la terre = solide, l’eau = liquide, l’air = gazeux. Le feu est un élément un peu à part, il correspond à un processus chimique : la combustion. (on peut constater une sorte de « pré-chimie » chez Empédocle).

Les qualités sensibles des choses dépendent de la composition en quantité dans la solution. (Métaphore du peintre et des couleurs fondamentales).

Pour Empédocle, les éléments sont statiques et pour les transformer, il faut des forces, des principes antagonistes. Ces derniers sont en quelque sorte des fluides, des âmes. Ils se trouvent au nombre de deux :

1) L’Amour (que l’on peut assimiler à la libido de Freud) : force qui unit les éléments dissemblables, cause de l’unité de tous les êtres.

2) La Haine : cause de la multiplicité des êtres.

Les quatre éléments et les deux forces sont éternels et impérissables. (Influence considérable chez Platon, la médecine antique, Aristote et jusqu’au XVIème siècle, nous l’avons déjà dit.) Les deux principes font penser à la conception freudienne des pulsions de vie et de mort, sauf que Freud les applique à la personne alors qu’Empédocle les applique au cosmos.

Cosmogonie: Etapes

1) Sphère totale mélangeant les quatre éléments. Dans cette sphère règne l’Amour. (sphère homogène)

2) La Haine entre en jeu et désunit ce qui avait été uni. La Haine a tendance à unir le semblable avec le semblable. Au bout d’un certain temps, le cosmos a quatre sphère homogènes : La sphère de la Terre est imbriquée dans celle de l’Eau, celle-ci étant imbriquée dans celle de l’Air, cette dernière étant elle aussi imbriquée dans celle du Feu.

3) L’Amour recommence le processus d’homogénéisation etc.

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Théorie de la connaissance :

- Le semblable connaît le semblable ! sympathie entre les éléments

- La rencontre entre les éléments extérieurs et les éléments du corps propre relève de la sensation : effluves de l’extérieur ou du corps propre qui entre dans son corps propre.

- Il y a dans le corps une substance qui unifie, il s’agit du sang car c’est l’élément dans le corps qui est considéré comme état le plus homogène ! les qualités de l’homme dépendent de la qualité du sang : l’homme sage est l’homme ayant le sang le plus homogène. Le sang définit également le caractère et l’intelligence d’une personne.

MAIS le lien qu’Empédocle établit ici ne constitue pas le propre de sa philosophie, on retrouve du moins ceci dans les rituels, les sectes (échange de sang pour signifier son appartenance) etc. On retrouve également ce lien entre le sang et l’âme chez les nazis par exemple.

Léone Bourdel (auteur contemporain) lie le tempérament des individus aux groupes sanguins : A = les harmonies, B = les rythmiques, O = les mélodies et AB = les complexes.

Il y a également eu au japon des études liant le sang à des groupes de consommation particuliers.

Voir tableau récapitulatif ci-après

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Ecole de philosophie Eléments du monde Ame

Les Milésiens ou Ioniens (Qu’il y a-t-il de permanent ! principe des choses = ARCHE, élément unique)

Thales de Milet (625-546) Eau Eau

Anaximandre (611-547) Indéterminé et indéfini (APEIRON)

Anaximène (590-528) Air Air Héraclite d’Ephèse (567-

480) Feu Feu (raisonnable, logos)

Les Pythagoriciens

Pythagore (570-480) Nombre comme mesure

Âme envisagée comme un double emprisonnée dans le

corps à cause d’une faute. Pas d’intimité avec le corps

Métempsychose L’âme doit se libérer pour retrouver son lieu d’origine

(ciel)

Alcméon (vers 500) Le cerveau est l’organe de

l’âme (conception génétique de la pensée)

Les Eléates

Parménide (540/515-470/450)

Le monde est immobile, est une illusion et n’est qu’un Être et penser ne sont qu’un

Zénon d’Elée (490- ?) Paradoxes de Zénon

Les Atomistes Leucippe (500- ?) Les Êtres sont formés de

particules insécables (atomes) qui son en

mouvement perpétuel dans le vide.

Les atomes n’on pas de qualités sensibles, ne se distinguent que par leur

forme et ne se voient pas. Univers sans finalité, loi des

chocs entre les atomes

L’âme est formée d’atomes très petits et très véloces, dispersés dans l’air. Tout être qui respire avale des

atomes d’âme. L’assemblage des atomes se dissout à la mort. Sensation et pensée sont expliquées

par la théorie des émanations :

- Diffusa : provenance interne des objets ne

gardant pas la forme du corps (odeurs, gouts etc)

- Simulacre : provance de la surface des corps gardant leur forme

(vision)

Démocrite (460-370)

Continuateurs (ne sont pas des présocratiques :

Epicure (341-270) Les atomes ont du poids, introduit dans le système des

atomes la liberté : sans raison, les atomes peuvent

changer de trajectoire. Lucrèce (93-53 ?)

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Empédocle d’Agrigante Quatre éléments : Eau, Terre, Feu, Air. Ces éléments se

mélangent pour donner naissance aux choses (= trois états de la matière)

Les qualités sensibles des choses dépendent de leur composition en quantité dans la solution.

Pour les transformer, 2 principes antagonistes : - Amour : qui unit

- Haine : qui désuni ! Cosmogonie

Âme-sang : Les qualités de l’homme dépendent de la

qualité du sang (caractère et intelligence aussi)

L’homme sage est l’homme qui a le sang le plus

homogène

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La psychologie de Platon

Platon : considéré comme l’un des plus grands philosophes. La notion d’âme est centrale chez lui, mais il n’a pas écrit de livre uniquement sur l’âme il faut donc reconstituer sa psychologie à partir de différents dialogues (le Phédon, le Phèdre, La République, le Timée). Attention, il faut également tenir compte de l’évolution que la pensée de Platon a subi au long des années.

Chez Platon, il y a deux genres de discours sur l’âme :

1) Allégorique : discours très imagé, par exemple dans Phèdre : l’âme est un attelage ailé.

2) Scientifique : qui s’apparente au mythe ! essaie d’expliquer la constitution de l’âme, on trouve ceci dans le Timée.

Ces deux genres ne sont pas contradictoires, mais complémentaires.

Grandes thèses :

- Il existe une Ame du monde façonnée par un Démiurge (Dieu constructeur, ouvrier) - Les âmes des hommes ont également été façonnées par le Démiurge et par ses

« aides » - L’âme de l’homme est multiple : il possède 3 voire 4 âmes - L’une d’elles est dite l’âme « raisonnable » : elle est immortelle - Cette âme immortelle peut migrer d’un corps à l’autre : c’est la METEMPSYCOSE

Corps humain ! animal ! humain, mais jamais humain ou animal ! végétal - L’âme raisonnable peut connaître la vraie réalité, c'est-à-dire les Idées.

L’Ame du Monde : Idée de création du monde « divine » : Le Démiurge a besoin d’un matériau de départ, désorganisé. Le Démiurge est un être intelligent, qui calcule et réfléchit. Sa pensée est tournée vers le monde des Idées, le monde des formes intelligibles, le « vivant en soi ». La tâche du Démiurge est de fabriquer le monde sensible sur le modèle du monde intelligible et celui-ci a fait le meilleur des mondes possible selon Platon. Notons au passage que le Démiurge est lui aussi doté d’une âme car il peut voir les Idées. Il y a donc 3 causes du Monde : Les Idées, le Démiurge et le matériau (ce dernier étant nécessaire pour expliquer la différence entre les Idées et le monde sensible) Le matériau : milieu spatial surtout formé de triangles pouvant se mettre les uns avec les autres pour former par exemple un cube (qui est la forme de la terre) ou un tétraèdre (qui est la forme du feu ! pointu donc peut passer partout) " chacun des polyèdres réguliers correspondent à un élément puisque 4 éléments. Le 5ème polyèdre correspond à des choses du domaine des astres. L’Âme du Monde a elle aussi été fabriquée : elle est ce qui met en mouvement notre univers ! explique le mouvement des étoiles et des planètes ! en relation avec l’astronomie (=

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quelque chose qui se meut soi-même). Pour la fabrication du monde, le Dieu aurait coupé deux bandes repliées sur elles-mêmes ! équateur et elliptique (planètes + signes du zodiaque) L’Âme de l’Homme : Dans Phèdre : Il y a dans l’homme deux âmes mortelles représentées par deux chevaux, un noir, un blanc, et un cocher. Il y a au fait trois âmes. Le cheval noir : non obéissant, âme des désirs, âme des concuspicides (manger, boire, sexualité débridée, richesse). Cette âme est logée dans le ventre, enchaînée entre le diaphragme et le nombril. Elle est comparée à une bête sauvage et elle est la cause des plaisirs, des douleurs, de la sensualité et de la sexualité. Le cheval blanc : obéissant, âme irascible, courageuse (THUMOS), localisée dans la poitrine, son organe est le cœur et est responsable des mouvements de courage et d’ardeur. Ces deux âmes sont crées par les « aides » du Démiurge. Le cocher : 3ème âme, logée dans la tête, son organe est donc le cerveau. C’est l’âme raisonnable forgée par le Démiurge avec le reste du matériau ayant servi à l’Âme du Monde. ! permet la connaissance intellectuelle par la parenté. Dans La République, les trois âmes sont mises en relation avec les trois classes de la « cité idéale ». Âme concuspicide : âme dominantes chez les producteurs, les agriculteurs et les artisans. Ame irascible : THUMOS, âme dominante chez les gardiens de la cité. Ame raisonnable : âme dominante chez les rois philosophes, régisseurs de la cité. (Cette typologie se retrouve chez Sheldon (1889-1977) dans sa morphopsychologie : trois types de « morphologies », trois somatotypes :

1) L’endomorphe : type mou et rond 2) Le mésomorphe : type dur et musculaire – triangle à l’envers 3) L’ectomorphe : type linéaire, fragile, peu musculaire – forme de i

Ces trois types sont liés à trois composantes de tempérament :

1) La viscérotonie : goût du confort, amour de la bonne chaire 2) La somatotonie : goût de l’aventure, ardeur, compétition 3) La cérébrotonie : introversion, goût pour l’abstraction, faible sociabilité

Pour mesurer ceci, Sheldon se réfère à un questionnaire de personnalité et montre qu’il existe de bonnes corrélations ces types et ce tempéraments.)

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Les Idées :

Platon assimile le réel aux Idées. Les Idées sont les idées objectives existantes en dehors de la pensée, de l’âme. Le Dieu qui fabrique le monde regarde les Idées ! elles ne sont pas dans le Dieu. Idéalisme platonicien = réalisme ontologique ! l’homme appartient aux Idées, ce ne sont pas les Idées qui appartiennent à l’homme.

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La psychologie d’Aristote

Aristote :

Créateur du vocabulaire philosophique, sa psychologie est liée à sa vision du monde. La pensée d’Aristote est la pensée dominante jusqu’en 1600. La psychologie d’Aristote a fait l’objet d’un double traitement :

1) Naturaliste : développé dans une série de traités regroupés en deux livres : - De l’Âme, PERI PSUCHE - Les petits traités d’histoire naturelle, PARVA NATURALIA – parle de sensations,

de mémoire, de réminiscence, de sommeil, de veille, de songes etc.

Ces deux écrits parachèvent l’ensemble des écrits d’Aristote consacrés à la biologie, ceux-ci faisant partie des traités consacrés à la physique (la sphère de l’âme est comprise dans celle de la biologie, qui est elle-même comprise dans la sphère de la physique – la psychologie s’enracine dans la biologie.)

2) Ethique : porte sur l’agir humain, sur l’action. On trouve ceci dans des ouvrages appelé Ethique. Ils définissent comment bien se conduire.

L’Âme pour Aristote :

C’est un principe de mouvement, une forme, la forme d’un corps, d’une qualité déterminée, c'est-à-dire d’un corps naturel organisé(= qui a la vie en puissance) (EIDOS)

Définition : Ame : réalisation première (entéléchie) d’un corps naturel qui a potentiellement la vie. L’âme est la détermination qui fait essentiellement de telle sorte (corps naturel pourvu d’organes) de corps ce qu’il est.

Analogie : Si l’œil était un animal, la vue serait son âme. Si la hache était un animal, son essence, sa détermination serait son âme (le fait qu’elle soit tranchante).

Il y a trois sortes d’âmes : distingué selon leur engagement dans le corps.

1) Âme végétative : responsable de la croissance et de la reproduction

2) Àme sensitive

3) Âme intellectuelle

Introduction à la pensée aristotélicienne :

Notions de substance, d’essence, d’accident, de matière, de forme, d’acte, de puissance, de privation.

- Notion de changement : tous les philosophes essaient de rendre compte du changement dans le monde. (comment ceci – être – peut-il devenir cela – un autre ?)

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Pour les Eléates : le changement est un scandale pour la pensée : non être #! être ! impossible. Le changement serait un mensonge, un défaut de notre pensée.

Question de l’attribution : attributs attribués à un sujet (S est A ; S est B). Comment se fait-il que S puisse être A et B en même temps, alors que A est différent de B ??

Antisthène, Parménide et Zénon : nie l’attribution ! un chat est un chat, point.

Solution d’Aristote :

1) Il ne faut pas rejeter que les choses (naturelles ou non) sont, par nature, mues ! par induction, évident

2) Le changement a toujours eu lieu entre des confrères. Par exemple : un corps coloré peut devenir blanc (non coloré) ! le changement a toujours lieu entre deux termes : acquis et initial, par exemple la couleur. DISPOSITION.

Le changement pour Aristote

Il y a dans la nature du changement : processus entre 2 termes, par ex : blancheur (interne acquis) et coloré (interne inné). L’objet coloré possédait la blancheur en puissance : possède la faculté, la capacité de devenir blanc. ! le changement n’est plus considéré comme le passage du non être (néant, comme le pensait Parménide) à l’être, mais un passage de l’être en puissance à l’être en acte.

Par ex : l’homme lettré, qui dort, n’est pas devenu illettré. Il garde la capacité de lire en puissance. Quand il lit, il devient lettré en acte. La détermination reçue, par ex la blancheur, est appelée FORME (détermination de qqch), l’absence de cette dernière est la PRIVATION.

Le changement n’a pas lieu n’importe comment : il est réglé. (la blancheur ne provient jamais de l’illettrisme) Il faut tjrs que ce changement ait lieu dans le même genre.

Le changement présuppose un lien entre les contraires : pour Aristote, changer c’est devenir autre, mais également rester le même, sous certains rapports.

Le support, le substrat, le sujet = ce qui ne change pas = MATIERE

Donc le changement suppose une sujet qui change (la matière), une détermination (la forme), l’absence de cette détermination (la privation)! tout réel est un composé de matière, et de forme! HYLEMORPHISME (hyle =matière, morphisme = forme).

DEFINITIONS :

La forme : ce que la chose est, les déterminations de cette chose en l’état actuel. C’est le correspondant dans le réel du pensable de cette chose, du concept. La forme est dans le réel. Elle peut être conçue de 2 façons :

1) Sorte d’activité toute prête à passer à l’acte! tendance à, disposition à, faculté : HEXIS (le géomètre qui cuisine, mais qui sait faire de la géométrie)

2) Forme pleine et complète : ENTELECHIE (le géomètre qui fait de la géométrie)

Autre type de forme :

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1) la forme substantielle : ce qui fait que cette chose est cette chose et pas une autre. Ce qui rassemble les déterminations essentielles (qui appartiennent à la définition de cette chose) de la chose

2) la forme accidentelle : ce qui correspond à qqch qui peut changer sans que la nature de la chose change (on peut colorer un pull, ce sera toujours le même pull)

Cette distinction permet de distinguer 2 types de changements :

1) la génération ou corruption absolue : transformation d’une chose en une autre, transubtantation. (touche la forme substantielle ) (buche mise dans l’atre qui se transforme en fumée)

2) la génération ou la corruption relative : suppose la permanence du support (porte sur les accidents)

La matière :

1) la matière seconde : substrat lui-même composé de matière et de forme (le bronze d’une statue a une couleur, une dureté, une forme première, coule à telle température!déterminations).

2) La matière première : n’a pas de détermination : pure indétermination. Qqch que l’on ne peut que concevoir. C’est la pure puissance, pure virtualité, ce qui peut devenir n’importe quoi. Elle est informe, elle est un objet de la pensée. On ne peut donc rien en dire, puisqu’elle n’a pas de détermination (constitue la limite de la pensée)

4 Causes du mouvement:

1) forme

2) matière

3) la cause efficiente (celle qui meut, cause motrice)

4) la cause finale (le but)

La science contemporaine n’admet qu’une seule cause : la cause motrice ou efficiente, celle qui agit.

Psychologique :

3 types d’âmes :

1) Ame végétative : la cause de la génération et de l’accroissement des êtres vivants. Ces fonctions sont de transmuer des substances étrangères en substance propre à ce corps. Fonction d’accroissement, de maintien de l’équilibre de cet organisme et de génération. Elle est liée à des organes particuliers, très engagée dans la corporalité, la matière, car elle réceptionne des matières (par ex : l’arbre réceptionne des sels trouvés dans la terre). Ces matières sont absorbées puis corrompues absolument. Cette âme est donc commune à tous les êtres vivants.

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2) Ame sensitive : âme commune aux animaux et aux hommes. A pour fonction de recevoir des formes du monde extérieur, sans leur matière. (par ex : si j’entends le son d’une trompette, je réceptionne le son, mais pas la trompette en elle-même. LA cire reçoit la forme du sceau sans recevoir la matière du sceau). Cette âme s’irradie en 5 sens : Vue : couleur, Ouie : son, Gout : saveur, Odorat : odeur, Tact : chaleur et humidité. L’acte de percevoir dépasse la simple réceptivité des organes des sens : ce que l’on perçoit, c’est un cheval! pas un ensemble de sensation, mais un tout. Distinction : sensibles propres (lié à un seul sens) et les sensibles communs (liés à plusieurs sens). Le sensible commun est capable de porter des jugements car ce que je perçois est un « cela », un « tout ». ! les animaux sont capables de jugement, sont dotés d’une certaine intelligence (ce ne sont donc pas des machines, cf Descartes) Prolongements de l’âme sensitive: les désirs, la locomotion, l’imagination, la mémorisation (les animaux sont capables de toutes ces choses)

3) Ame intellective : Ame propre à l’homme. Fonction : atteindre les notions générales, l’universel, elle est capable de science. Cette âme permet à l’homme d’atteindre les essences, ce que les choses sont. Cette âme est capable d’abstraction des essences incorporées dans les choses sensibles. Elle peut saisir l’essence d’objet non sensible : par ex la vérité, l’idée de nombre, de Dieu etc. Composée de matière et de forme, comme toute chose. Aristote distingue dans l’âme intellective :

1) Un intellect patient (qui pâtit): joue le rôle de la matière, lieu des formes intelligibles, capable de devenir forme

2) Un intellect agent : qui agit, qui abstrait, qui fait être les formes

Cette distinction a fait bcp discuté durant le Moyen Age et provoque des bagarres interminables car Aristote a affirmé sans vraiment développer que l’intellect agent était séparé du corps. Dans le monde arabe, Averoes (commentateur arabe d’Aristote)a défendu qu’il y avait un seul intellect agent, un seul acte pur : Dieu, et même plus loin en affirmant qu’il n’y avait qu’un lieu, qu’un intellect patient. Saint Thomas d’Aquin (commentateur chrétien) s’est élevé contre la pensée d’Averoes. Cette bagarre a duré jusqu’à la Renaissance.

Ces trois âmes ne sont pas superposées, l’homme a une âme unique, mais l’âme végétative est en puissance dans l’âme sensitive et cette dernière est en puissance dans l’âme intellective, cette dernière décidant de tout chez l’homme.

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Histoire du tempérament et du caractère

Typologie du tempérament d’Hypocrate (médecin) :

Cette conception a été reprise par un médecin grec : Galien (130-201). Son savoir a été transmis au monde arabe et par celui-ci, au Moyen-Age ; ce savoir s’est retrouvé dans l’empire byzantin. Cette typologie repose dur la théorie des humeurs. Pour les médecins de cette école, les humeurs = constituants des parties liquides du corps, puis par généralisation, toutes les parties du corps. Ces humeurs se trouvent au nombre de 4 :

1) Le sang

2) Le flegme ou lymphe ou pituite

3) La bile jaune (CHOLE en grec)!colère

4) La bile noire (MELANCHOLE en grec) ! mélancolie (atrabile)

Pour les médecins grecs, la santé était une combinaison bien tempérée de ces 4 humeurs. La maladie provient d’un excès ou d’une insuffisance d’une humeur ou s’isole dans une partie du corps et devient prédominante! maladie = rupture d’équilibre des humeurs. Les causes de maladies : peut etre de nature interne ou l’influence d’éléments externes, par ex des changements dans l’atmosphère, dans le milieu, dans le régime du sujet.

Le cycle des saisons a tendance à agir sur les humeurs : par ex l’eau : prédomine dans le flegme car il est de même nature, froid et humide. L’air prédomine dans le sang car, comme lui, il est chaud et humide. Le feu prédomine dans la bile car, comme elle ,il est chaud et sec, la terre prédomine dans la mélancolie car, comme elle, elle est froide et sèche. (présence des 4 éléments, ayant 2 propriétés opposée –chaud/froid, sec/humide-)

Hiver : froid et humide! le flegme augmente dans le corps, puis s’écoule provoquant le rhume.

Printemps : humide, mais chaud ! surabondance du sang (montée de sève et d’hormones)

Été : chaleur domine, mais sec ! bile jaune prédomine

Automne : sec et froid! mélancolie prime

A ce cycle des saisons, des auteurs ont ajouté le cycle des âges de la vie qui se superpose à celui-ci.

Enfance = printemps

Adolescence = bile, été

Adulte = bile noire, automne

Vieillesse = flegme, hiver

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Organes associés également : mélancolie = rate, flegme = cerveau ou hypophyse, bile= foie, sang = cœur

Galien :

Galien a systématisé ce rapport entre humeurs et caractères (froid, chaud sec, humide…)

Type flegmatique : reveur, pacifique, docile, sujet aux habitudes, lâches, paresseux

Type sanguin : optimiste, expansif, irritable, superficiel, suit facilement ses instincts

Type bilieux : porté à l’action, ardent, rapide, violent, hardi, tenace et ambitieux

Type mélancolique : profond renfermé, peu social pessimiste, excitable, cupide et méfiant.

Ptolémée :

Dès le 13 ème siècle, ce schéma s’enrichi avec des correspondances astrologique, dues à Ptolémée (astronome, toute l’astronomie jusqu’à Kepler s’appuie sur Ptolémée). TETRA BIBLOS : Le soleil a la vertu de chauffer (colérique), Saturne = mélancolie etc. Signes du zodiaque : feu : bélier, scorpion et sagitaire, eau : poisson etc.

Ce qui est remarquable, c’est la longévité de cette typologie, de ce schéma. Lorsque les humeurs sont abandonnées, on maintien tout de meme le schéma quaternaire. Pourquoi ?

- schéma archétypique (extrêmement riche permettant de créer bcp de correspondances à base de 4)

- Au 15ème-16ème siècle, l’astrologie joue un grand rôle dans la vie des Etats (Jules II, Léon X)

- Tempérament mélancolique : destinée particulière : texte attribué à Aristote (Problème 30.1), dans lequel il dit que la mélancolie est liée au génie. ! les auteurs de la Renaissance se sont tous dits, à un moment ou un autre, mélancoliques.

- Les tempéraments ont été représentés par des allégories, fixées par exemple sur des cathédrales, et donc dans la pensée commune. Michel Ange par ex, a fixé dans le tombeau des Médicis des représentations des tempéraments (statues). On trouve également des représentations dans des ouvrages pour artistes. Iconographie ! les tempérament appartiennent aussi à l’histoire de l’art.

- Il est également probable que cela décrive une certaine réalité des caractères.

Kant :

On retrouve bien après la Renaissance cette théorie des 4 tempéraments chez Kant (1724 – 1804) dans l’Anthropologie du point de vue pragmatique. Il y distingue les tempéraments du sentiment et les tempéraments de l’activité.

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1) Tempérament du sentiment : Lié à la faculté de sentir

2) Tempérament de l’activité : Lié à la faculté de désirer

Ces deux genres, Kant les lie à la qualité du sang. Le sang est une cause concomittente du tempérament. Chacun des 2 genres peut être lié à une certaine excitabilité ou à une non-excitabilité. Les mélancoliques sont du coté du sentiment non excitables, les sangins à l’opposé, les colériques sont de l’activité excitable, et les flegmatiques de l’activité non- excitable.

Sanguin : insouciant, rempli d’espoir, inconstant irréfléchi, incapable de tenir sa parole, mauvais débiteur, de bonne compagnie, aime le jeu

Mélancolique : soucieux, profond, ne donne pas sa parole facilement, soucieux, pensif, misanthrope

Colérique : ardent, affairé, aimant donner des ordres, passionné, orgueilleux, avide

Flegmatique : négatif : indolent, inactif positif : non émotif, stable, raisonnable, conciliant, retor

Pour Kant, il n’y a pas de tempérament composé, on est l’un ou l’autre. Lié à la qualité du sang : voir schéma annexe.

Environ 70 ans plus tard, on ne croît plus aux qualités de chaud - froid et aux qualités vitales.

Lavoisier a démontré qu’il n’y avait pas de chaud ni de froid, et Helmolz a montré que l’énergie vitale n’était pas différente de l’énergie matérielle. Mais on garde toujours le schéma quaternaire.

Henlé (physiologiste allemand 1809 -1985) a montré que l’humain a une tonicité propre et une capacité à réagir avec plus ou moins d’intensité et de rapidité.

Wundt reprend la théorie de henlé et refait un schéma quaternaire. L’excitabilité versus la tonicité (faible ou forte) et promt et peu durable (retentissement primaire) versus lent et durable (retentissement secondaire). ! colérique : tonicité forte et promt, mélancolique : lent et tonicité forte, flegmatique : tonicité faible et lent, sanguin : promt et tonicité faible.

Le schéma quaternaire est si prévalent, que même Eysenck (1916-1997) n’a pas réussi à s’en débarrasser. Modèle bipolaire de la personnalité :

1) Introversion versus Extraversion

2) Stabilité émotionnelle versus instabilité émotionnelle

Voir schéma ! on y retrouve les 4 tempéraments avec les descriptifs par qualificatifs proches de ceux de Kant ou Galien.

Voir schéma récapitulatif

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Sanguin Flegmatique Colérique Mélancolique

Liquide Sang Flegme ou lymphe ou

pituite Bile jaune Bile noire

Elément Eau Air Feu Terre

Saison Printemps (chaud et humide)

Hiver (froid et humide)

Eté (chaud et sec)

Automne (sec et froid)

Age de la vie Enfance Vieillesse Adolescence Adulte

Organe Cœur Cerveau ou hypophyse Foie Rate

Planète Jupiter et Vénus Lune Soleil, Mars et

Mercure Saturne

Caractéristiques selon Galien

Optimiste, expansif, irritable,

superficiel, suit facilement ses instincts

Rêveur, pacifique, docile,

sujet aux habitudes,

lâche, paresseux

Porté à l’action,

ardent, rapide, violent, hardi,

tenace et ambitieux

Profond, renfermé, peu

social, pessimiste,

excitable, cupide et méfiant

Caractéristiques selon Kant (lié

au sang)

Côté du sentiment excitable,

Sang léger, Insouciant,

rempli d’espoir,

inconstant, irréfléchi,

incapable de tenir sa parole,

mauvais débiteur, de

bonne compagnie, aime le jeu

Côté de l’activité non-excitable,

Sang froid, indolent, inactif,

non-émotif, stable,

raisonnable, conciliant, retor

Côté de l’activité

excitable, Sang chaud,

Ardent, affairé, aimant donner

des ordres, passionné, orgueilleux,

avide

Côté du sentiment non

excitable, Sang lourd, Soucieux,

profond, ne donnant pas sa

parole facilement, pensif,

misanthrope

Caractéristiques selon Wundt

Prompt et tonicité faible

Lent et tonicité faible

Prompt et tonicité forte

Lent et tonicité forte

Caractéristiques selon Eysenck

Stable et extraverti

Stable et introverti

Instable et extraverti

Instable et introverti

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Le Moyen-âge

Cette période reprend toutes les grandes conceptions philosophiques, mais essentiellement une période platonicienne au départ, puis aristotélicienne, et à nouveau platonicienne.

Platonisme :

Le platonisme du Moyen-âge est un platonisme christianisé ! néoplatonisme : dominant en occident jusqu’au 13ème siècle. Il sera remplacé par la pensée d’Aristote à ce moment là, mais fera un retour à la Renaissance à Florence avec les Médicis grâce à Ficin (1433-1499).

Saint-Augustin : Premier penseur à thématiser explicitement l’idée que l’homme ne se réduit pas à appartenir à l’ordre naturel, et qu’il appartient à un autre ordre, celui du monde historique. ! l’homme appartient à l’histoire. Pour lui, et les chrétiens, l’histoire a un début = création de l’homme, a une fin = le retour du christ glorieux, a un intermédiaire = l’incarnation. L’homme appartient à ce cycle historique. La nouveauté de Saint-Augustin: mettre au sein de son anthropologie l’homme en tant que personne.

Ce qui intéresse St-Augustin c’est la conscience d’être soi, le moi, l’âme en tant que personne. ! « je suis une âme », « mon âme »

St-Augustin pense montrer que ce que je suis, je ne le connais pas, celui qui sait, c’est Dieu. Ce qui compte pour lui, c’est le rapport direct avec Dieu, Dieu étant un dieu personnel et on peut donc s’adresser directement à lui en lui disant « vous » ou « toi ». Dans le livre Les Confessions, St-Augustin s’adresse à Dieu et ce livre est le premier livre autobiographique connu.

Aristotélisme :

L’aristotélisme n’est pas connu par le Moyen-âge avant le 13ème siècle. Il commence à la fin du 12ème par les écrits logiques d’Aristote jusqu’à sa métaphysique (pénétration lente). Cette pénétration a suivi 2 voies :

1) Voie espagnole : traduction de ses textes en arabe 2) Voie de la ville de Salerme.

L’aristotélisme ne s’est pas imposé facilement car il n’est pas en accord avec le dogme, mais malgré les condamnations, sa philosophie s’impose, particulièrement à travers St Thomas d’Aquin (1225-1274) : principal artisan d’une synthèse de la pensée d’Aristote et du christianisme.

La pensée d’Aristote restera dominante à l’université et chez les professeurs jusqu’au 16ème siècle, sa physique s’effondre avec les travaux de Gallilée et Copernic! arrivée d’une physique nouvelle, et sa philosophie avec l’apparition de celle de Descartes.

15ème -16ème : néoplatonisme revient en dehors de l’université.

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René Descartes (1596-1650)

(et ses successeurs)

(Pour Descartes, voir aussi résumé donné sur claroline !)

A essayé de clairement distinguer l’âme et le corps ! 2 substances totalement hétérogènes. L’âme n’est donc plus la forme du corps (Aristote)

L’âme = substance dont l’attribut principal est la pensée, RES COGNITAS : la chose pensante.

Le corps = substance dont l’attribut principal est l’étendue, RES EXTENSA

Définitions :

Substance : toute chose dans laquelle réside immédiatement comme en son sujet ou par laquelle existe qqch que nous concevons, c'est-à-dire quelque propriété, qualité ou attribut! substrat des propriétés que nous pouvons concevoir.

Attribut : toute propriété d’une substance (sens large) : - attribut principal : ce qui constitue l’essence de la substance (ce qui fait que la substance est telle chose et non telle autre)! pensée : attribut principal de l’âme, l’étendue : attribut principal du corps. (matière première chez Aristote)

La substance elle-même n’est pas connue, nous ne connaissons que les attributs.

A la question QUI SUIS-JE ? Descartes réponds : je suis une chose qui pense c'est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison. Qu’est ce qu’une chose qui pense ? c’est une chose qui doute, conçoit, affirme, nie, veut, ne veut pas, imagine et sent. ! la pensée n’est pas ramenée complètement à la raison.

Corps : Descartes ne lui reconnait qu’un seul attribut principal = l’étendue. La physique cartésienne ramène toute la réalité du monde à l’espace et au mouvement. ! il n’y a pas de qualités dans les corps, il n’y a que de la quantité (les 3 dimensions, le mouvement)

" Il n’y a donc que 2 choses dans le monde réel, les corps et l’âme.

Descartes, par sa philosophie, suscite de vives réactions car il vide le monde de toutes ses qualités ! monde désenchanté. Le monde vécu est un monde quasi illusoire et n’a de réalité que par la rencontre entre la chose pensante (le sujet) et les objets (choses extérieures sans qualités, étendues et en mouvement, QUANTITATIF). Par cette rencontre naissent les qualités. ! l’herbe n’est pas verte, le ciel n’est pas bleu etc. PAS DE QUALITES DANS LE MONDE.

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Descartes ne fait que systématiser la pensée moderne (amené par Galilée) et introduit une rupture radicale entre 2 mondes : les monde des phénomènes d’un côté et le monde des nous-mêmes de l’autre. Une physique est donc possible : celle de la mécanique.

Le monde de la rencontre (entre les infos du monde et du corps propre) est un monde de signification et sa connaissance est nécessaire pour l’action. La connaissance sensible nous renseigne sur ce qui est utile, sur le monde, mais ne nous enseigne rien sur le monde. ! philosophie et physique cartésienne en rupture complète avec celles des anciens, sépare l’idée de la chose, de sa signification. C’est Dieu qui a institué ces effets.

Descartes a inventé un subterfuge pour expliquer comment le sujet entre en relation avec les objets : les objets transmettent des « esprits animaux », des fluides qui passent jusque dans la glande pinéale (siège de l’âme, se trouvant au centre du cerveau, voir schémas) et ces « esprits animaux » viennent informer l’âme à travers les tuyaux qui sont les nerfs. Problème : la glande pinéale a une étendue, alors que l’âme pensante n’a aucune étendue… Descartes n’a jamais pu résoudre ce problème, il est donc obligé de constater que l’âme est tout de même liée au corps…

" La philosophie de Descartes est un dualisme interactionniste : action du corps sur l’âme et vice versa.

Comment Descartes en est venu à distinguer les 2 substances :

Au départ : le doute. Il a essayé de voir quel était un premier principe qui se trouvait hors du doute, c’est le « je pense donc je suis », le critère utilisé est celui des idées claires et distinctes. L’existence de Dieu est prouvée et garanti l’existence du monde extérieur ! garanti le critère de vérité : les idées claires et distinctes (celles à l’œuvre dans les maths et la géométrie) : la clarté d’une idée : toute idée et manifeste un esprit attentif est dit idée claire, c’est une évidence, ce qui saute aux yeux. La distinction est le contraire de la confusion, une idée est dite distincte lorsqu’une idée est tellement précise et différente de toute autre et qui comprend en soi que ce qui parait manifeste à celui qui la considère comme il faut. ! une idée distincte est toujours claire, mais pas forcément l’inverse. Par ex : la douleur est une idée claire mais confuse.

Dieu étant le garant de la vérité, toute chose conçue clairement et distinctement sont produites par Dieu et il les produit tel que nous les concevons dans la réalité ! Dieu n’est pas trompeur.

Tout ce que je reconnais appartenir à une chose, lui appartient., or l’âme en tant qu’être pensant n’a pas besoin pour être conçue de l’étendue, de même que je n’ai pas besoin de la notion de pensée pour concevoir l’étendue ! la pensée et l’étendue sont en réalité distincte, il y a donc deux plans : celui de la pensée et celui de l’étendue.

Tout le raisonnement de Descartes repose sur les pensées claires et distinctes et sur l’existence de Dieu.

Conception Réel

Pensée – Etendue : distinctes ! institué par Dieu, garant de la vérité, ne peut donc pas

Pensée – Etendue : distinctes dans le réel également

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me tromper.

Comment se fait-il qu’une substance peut agir sur l’autre, s’il n’y a rien de commun entre les 2 ? ! problématique centrale de tous les post-cartésiens.

Chaque substance a un attribut principal, il n’y a que 2 principaux attributs chez Descartes.

Solutions proposées au dualisme :

1) Maintenir la thèse du dualisme des substances, mais refuser l’interactionnisme. ! solution des causes occasionnelles défendue par le père Nicolas Malebranche (contemporain de Louis XIV, 1638-1715). Surtout défendu en France par un physicien : Lamétrie : L’homme machine ; et par le Baron d’Holbach : Systèmes de la Nature

2) Supprimer le dualisme au profit d’un monisme (= dire qu’il n’y a qu’une seule substance). Il peut prendre différentes formes : - on peut supprimer l’âme ! monisme matériel (matérialisme) – on peut supprimer la matière, le corps ! le spiritualisme ou l’immatérialisme, défendu par Georges Berkeley (1685-1753)

3) Supprimer l’âme et le corps comme substance et dire qu’il n’y a qu’une substance dont l’âme et le corps ne sont que des manifestations. Il n’y a donc qu’une substance, c’est Dieu ou la Nature ! solution panthéistique, défendu par Spinoza (1632-1677)

4) Supprimer le dualisme au profit d’un pluralisme des substances ! solution de Leibniz (1646-1716), infinité de substances sans interactions.

5) Se détourner de la question, penser qu’elle est mal posée, penser que si l’on tombe dans un dilemme c’est à cause de la notion de substance ! critique de la notion de substance, essayer de comprendre en premier lieu d’où viennent nos idées, essayer de savoir comment l’on construit notre savoir. ! philosophie de John Locke (1632-1704). Locke ne se laisse donc pas enfermer dans la problématique cartésienne.

// les différentes solutions rivales proposées au 18ème et au 17ème siècle ne sont pas un point de l’histoire, elles sont encore discutées actuellement et se trouvent derrière certaines conceptions contemporaines. Par exemple, Piaget : parallélisme psycho-physiologiste dans un chapitre du traité de psychologie expérimentale ou un neurologue américain, Damasio, a écrit 2 livres : L’erreur de Descartes et Spinoza avait raison, cette problématique refait surface avec les travaux de neuropsychologie contemporains.

Piaget établit une liste des différentes solutions. Pour lui, il n’existe que 2 groupes de solutions possible : - l’interactionnisme, obligatoirement dualiste ! solution cartésienne – le parallélisme, non interactionniste, que l’on pet subdiviser en 2, soit parallélisme dualiste ! solution Malebranche, soit parallélisme moniste, qui peut être spiritualiste, organiciste ou matérialiste en encore neutre.

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Donc :

1) interactionnisme ! dualiste

2) parallélisme ! dualiste ou moniste, si moniste ! spiritualiste, organiciste ou matérialiste, neutre (on ne prend pas directement position sur les substances)

Piaget : paralléliste, moniste, neutre. ! critique la position interactionniste (l’estime incompréhensible), la solution est donc un parallélisme de structure (voit un isomorphisme entre la structure de la pensée et les structures neurologiques)//

Père Malebranche :

Accepte le dualisme, accepte le mécanicisme, et pense que cette explication s’applique également à la vie, au corps (nous sommes plein de rouages, automate), refuse l’idée que l’âme puisse agir efficacement sur le corps et vice versa. Dit que l’expérience nous apprend qu’a l’occasion que qqch qui se passe dans l’âme, qqch se passe dans le corps et vice versa. Pour lui, les corps ne sont qu’étendue en mouvement, sans force en eux-mêmes et ne peuvent donc pas agir les uns sur les autres. Les idées non plus ne peuvent pas agir les unes sur les autres. ! aucune idée ne peut agir sur un corps et vice versa. Selon lui, seul Dieu est cause, seul d’efficacité, c’est donc lui qui agit et qui provoque selon des lois immuables un processus corporel à l’occasion d’une modification dans mon âme et à l’inverse. Donc quand je veux saisir qqch, c’est Dieu qui agit dans mon corps, pour qu’à l’occasion du désir qui se produit dans mon âme, je puisse saisir l’objet convoité. « Dieu exécute tjrs comme cause véritable (cause efficiente) ce que les créatures font comme cause occasionnelle auxquelles Dieu a communiqué sa puissance selon certaines lois générales. » ! en retirant tte efficacité au corps, Malebranche ouvre la voie à :

David Hume :

A proposé l’analyse qui a fait date de la notion de causalité (centrale chez lui) « nous constatons seulement que la boule A met en mouvement la boule B, mais l’expérience n’indique pas que la boule A a en elle-même une force pour causer le mouvement de la boule B » ! supprime la notion de causalité.

Mais ces visions ne sont pas incompatibles avec la recherche de lois. Malebranche a essayé d’établir des lois de choc. ! La pensée est également régie par des lois, notamment celles d’association des idées : elles ont tendance à s’assembler par contiguïté, contraste et ressemblance. Malebranche introduit encore une différence avec Descartes : l’âme n’est pas connue en elle-même, elle est seulement connue à travers ses manifestations « nous ne savons de notre âme que ce que nous sentons passer en nous » Si l’on ne se connait pas suffisamment ! psychologie empirique pour nous dire ce qui se passe en nous-mêmes. Pour Descartes, comme pour Malebranche, les animaux n’ont pas d’âme, ce ne sont que des automates, il n’y a que les hommes qui possèdent une âme, car doués de langage.

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Spinoza :

Il n’y a qu’une seule substance se manifestant par 2 attributs : la pensée et l’étendue. La différence avec Descartes : 2 substances, pour Spinoza 1 substance.

La substance elle-même a une infinité d’attributs que nous ne percevons pas. On en perçoit que 2. Cette substance est Dieu ou la Nature dite naturante. Par ex : l’arbre que j’ai dans mon jardin n’est pas Dieu.

Dans ce système, chaque attribut correspond à un attribut dans l’étendue. (Solution paralléliste, tout ce qui arrive dans la pensée a un correspondant dans l’étendue ! 2 versions en 2 langues d’un même texte, par exemple)

Leibniz :

Distingue le monde des apparences, des phénomènes, monde sensible, d’un monde véritable. Ce dernier est inaccessible à la sensibilité, mais l’est par la pensée. Le monde véritable est formé de substances simples, indivisibles, sans parties, en nombre infini : il les appelle les « monades » (substrats du monde réel). Elles ne sont pas des atomes matériels, mais n’ont pas de dimension, elles ne sont pas non plus des points géométriques (n’ont pas de réalité, alors que les monades oui). Les monades! atomes spirituels, caractérisés par 2 propriétés (attribuées communément aux hommes et aux animaux) : la perception et l’appétition.

Perception : état passager qui enveloppe et représente une multitude dans l’unité (dans la substance simple)

Appétititon : désir qui correspond au passage d’une perception à une autre (aspect dynamique)

" Chaque monade reste une, tout en changeant.

Leibniz distingue la perception de l’aperception.

L’aperception : possibilité de se rendre compte de ce que l’on perçoit !on l’identifier à la conscience

Les monades sont hiérarchisées dans une infinité de degrés, en fonction de la clarté de leur perception et de leurs désirs, cependant, Leibniz distingue trois classes de ces monades :

1) Les monades nues : qui ont un minimum de perception et un minimum de désirs, ces monades sont appelées également FORMES ! ce que nous percevons comme matière

2) Les âmes : monades capables de mémoire, de sentiments et d’attention. Elles sont au fondement de l’animalité (les plantes pour Leibniz ne sont que des animaux imparfaits)

3) Les esprits : monades capables d’aperception (de conscience) et de raison ! correspondent aux hommes (anges…)

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Chaque monade, quel que soit son degré, perçoit l’univers entier et Dieu perçoit les esprits également. Aucune monade n’a le même point de vue, elles sont toutes différentes, l’univers Leibnizien n’admet pas la notion d’identité. Les monades percevant toutes le même univers, elles sont donc accordées et il y a entre elles une harmonie pré-établie.

Harmonie pré-établie : provient de Dieu qui dans sa sagesse a tout calculé de manière que le monde soit le meilleur possible, toutes les monades du mondes sont arrangées de telle façon qu’elles sont en harmonie et qu’elles se développent de manière parallèle.

La notion de perception = paradoxe chez Leibniz : les monades sont des substances simples ! pas de possibilité de communiquer entre elles, elles sont seulement réglée entre elles. « Les monades n’ont point de fenêtres par lesquelles quelque chose y puisse entrer ou sortir » On peut se représenter les monades sous la forme de sphères fermées. La monade ne peut être altérée que dans son intérieur et ne peut être changée par une autre monade. Tout ce qui lui advient provient de son fond propre. La perception chez Leibniz est donc un processus interne. Il défend l’idée que chaque monade contient en elle-même non seulement son passé, mais aussi l’ensemble de son avenir, ce qui veut dire que chaque concept de chaque monade contient toutes les déterminations qui peuvent lui advenir. ! tout est analytique (genre de « destin »)

Pourquoi un être capable d’aperception n’est pas capable de prédire son avenir ?

C’est parce que l’esprit humain est limité, l’avenir appartient à Dieu.

Cette conception de la perception joue un rôle dans la solution que Leibniz apporte à la relation avec le corps : L’apparence est une connexion infinie de monades, comme toutes les monades diffèrent, il y a une monade dans notre corps qui perçoit le mieux, qui a le meilleure appétition que les autres, et cette monade, c’est moi. Leibnitz qualifie les monades de passives ou d’actives les monades selon leurs qualités de perception.

Une monade est plus parfaite qu’une autre quand elle peut rendre compte de ce qui se passe dans l’autre et dans ce cas, cette monade est digne d’agir sur l’autre! l’âme est plus parfait quand elle a des perception claires, et dans ce cas elle agit sur le corps. En revanche, l’âme est imparfaite lorsqu’elle a des perceptions obscures, confuses, voire inconscientes, dans ce cas l’âme pâtit et est soumise au corps, aux passions. ! Leibniz peut être considéré comme l’un des philosophes qui a introduit la notion d’inconscient. Suiveur :Christian Wolff : Introducteur du ton

Monisme matérialiste

Du temps de Descartes, cette position est défendue par Thomas Hobbes (1588-1679). Pour lui toute chose est matière, est corps en mouvement. Tout mouvement ayant sa cause dans un autre mouvement, la science de l’âme se réduit à la mécanique. Hobbes est partisan d’un déterminisme universel (différent de Leibniz, extérieur). La liberté est l’absence d’obstacle à l’action. Cette manière de penser va perdurer, il faut attendre la deuxième moitié du 20ème

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siècle pour que ressurgisse un monisme matérialiste cartésien. Au 18ème, défendu par Lamétrie (1709-1751), plus tard, par Le baron D’holbach (1723-1789) pour ce qui concerne la relation entre l’âme et le cerveau.

Lamétrie :

Pour lui on ne peut pas connaitre l’âme par son essence, en revanche ses propriétés peuvent être étudiées à partir des propriétés du corps. Il généralise à l’homme la théorie des animaux-machines de Descartes, car il pense que l’homme est inséparable du reste de la nature, il est donc lui aussi une machine. Renversement de la thèse cartésienne. Chez Descartes, l’homme a un privilège unique (le fait de ne pas être une machine, être le seul à penser), il n’y a donc entre l’homme et l’animal aucune commune mesure. La théorie de l’homme machine chez Lamétrie : dépassement du dualisme pour aller vers le monisme.

Lamétrie s’appuie sur 2 courants médicaux de son époque :

1) La tromécanisme : Boerhaave (1668-1738) : conception médicale d’inspiration cartésienne qui défend le mécanisme en médecine. !« le mouvement des fluides et la différence de résistance des solides sont les deux principes de la constitution du corps humains »

2) La physiologie : Albrecht Haller (1708-1777) – physiologiste suisse ! penser le corps comme un ensemble d’organes articulés dont l’unité de base est la notion de fibres. Il y a deux sortes de fibres : - le muscle caractérisé par l’irritabilité ; - le nerf caractérisé par la sensibilité.

Lamétrie a dédié son livre L’homme machine à Albrecht Haller.

3) Les automates de Vaucanson (1709-1782): avait fait des automates, par exemple, le joueur d’échec (autre inspiration)

Avec ces trois sources, Lamétrie pense l’homme comme une machine perfectionnée.

D’Holbach :

Essayer de comprendre comment la matière s’organise pour constituer l’acte de pensée. Il pense pouvoir résoudre la question en étudiant le rôle du cerveau. « Ceux qui ont distingué l’âme du corps, ne semble avoir fait que distinguer son cerveau de lui-même. En effet, le cerveau est le centre où tous les nerfs arrivent. (…) » Le cerveau réagit, agit, devient capable de produire au-dedans de sa propre enceinte des facultés intellectuelles. Le cerveau = 2 fonctions : centre de transmission des messages de l’extérieur – centre de stockage des infos reçues. Il a également la faculté d’apercevoir en lui-même ou de sentir les modifications qu’il a recues et est capables de les combiner, de les séparer! il est donc actif.

Cette faculté d’apercevoir est une sorte d’œil intérieur (DEUS EX MACHINA de l’histoire), mais D’Holbach ne dit rien sur la conception de cet organe capable de voir en lui-même. ! un lecteur proteste contre ceci.

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Le baron d’Holbach passe tout de même pour un précurseur du behaviorisme, par la constance qu’il a mis pour expliquer l’homme par des mouvements (ouverts ou cachés)

John Locke (1637-1734)

Ouvrage : Essai philosophique concernant l’entendement humain

Ce qui intéresse Locke dans cet ouvrage est la connaissance ! intention épistémologique : dire comment nous pouvons connaitre. L’objectif philosophique final de Locke est de fonder la tolérance religieuse, politique (conditions pour la paix civile, période ou il a vécu très mouvementée politiquement). Il désire combattre les préjugés source d’intolérance et pense que les préjugés ont leurs fondement dans les différentes doctrines défendant l’innéité des connaissances, de certains principes moraux ou logiques. (pour Descartes, il y a quantité d’idées qui sont innées).

Les auteurs que Locke combat sont les cartésiens et les platoniciens.

Si les principes de la connaissance ne sont pas innées, elles proviennent de l’expérience ! Locke = empiriste. Il n’y a rien dans l’entendement qui ne provienne des ses. Au départ, notre esprit est une TABULA RASA = l’esprit est vide de toute idée. A l’origine, notre esprit est aussi passif : il n’est pas en son pouvoir de refuser ou d’accepter des impressions (à l’origine seulement)

Locke distingue 2 sortes d’idées :

1) Les idées simples : idées irréductibles, pas analysables, l’esprit ne peut pas les modifier (idées de froid, de couleur, de mollesse, de sucré, etc.). Ces idées ne proviennent pas seulement des sensations. Elles ont trois origines possibles :

- les sensations : à partir d’un seul sens ou à partir de plusieurs sens (idées d’espace, de mouvement)

- la réflexion : idées reçues lorsque l’homme tourne son regard à l’intérieur de lui-même. 2 types : idée de perception (puissance de réflexion) et idée de la volonté (puissance de vouloir) ! les idées de nos facultés mentales

- La sensation + la réflexion : les idées de plaisir, douleur, inquiétude, puissance.

" Stock de marchandises sur lesquels l’esprit peut travailler, mais ce n’est pas l’esprit qui les forme. Une fois que ces idées sont introduites en lui, il ne peut pas faire sans.

L’esprit n’est pas seulement passif, il combine les idées simples pour former des idées complexes.

2) Les idées complexes : idées simples combinées. Par exemple idée de substance.

En affirmant que tout nous vient des sens, Locke peut être qualifié d’empiriste, mais ce n’est pas un réaliste car l’objet de nos perceptions n’est pas les choses, ce sont les idées. Nous ne percevons pas les choses mais les idées.

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Idée : tout ce qui est l’objet de notre entendement lorsque nous pensons. Tout ce que l’esprit aperçoit en lui-même.

Pour Locke, avoir des idées et avoir des perceptions = la même chose ! les idées sont dans l’esprit, mais ne sont pas l’esprit.

Alors, puisque l’esprit n’aperçoit que ses propres idées, comment sait-il que ces idées correspondent aux choses ?

Locke soutient qu’il existe des corps et retient la définition classique de la vérité : conformité des idées et de la réalité. Alors, comment faire pour savoir qu’il y a adéquation, puisque nous ne connaissons que les idées ? Pour Locke, les idées simples ne peuvent être produites que par les choses et représenter certaines qualités des choses.

Qualités des idées qui correspondent aux choses : reprend une distinction de Robert Boyle (chimiste) entre les qualités premières et les qualités secondes. Ceci recouvre la distinction de Locke entre idées simple provenant d’un seul sens (qualité seconde), et idée simples provenant de plusieurs sens (qualité première).

Les idées de qualités premières ont des correspondants dans la réalité : elles sont inséparables des corps (la forme, l’espace, le mouvement, la solidité etc.)

Les idées des qualités secondes n’existent pas dans l’objet : elles sont des pouvoirs de produire des sensations (le vert, le rouge, le sucrés etc.) ! il n’y a pas de couleur réelle dans l’objet, il n’y a que dans l’objet une capacité de produire la sensation de la couleur. ! ces qualités cessent d’exister lorsque nous ne les percevons plus.

Pour Locke et tous les empiristes suivants, les choses extérieures ne sont que des assemblages de qualités habituellement associées dans la perception. Les corps produisent les idées dans l’esprit par l’action sur nos organes au moyen de corpuscules insensibles ! philosophie atomistique. (la matière noire n’existe pas dans la nature, elle est seulement présente dans mon esprit, par contre la forme et les dimension d’une table, par exemple, sont présentes dans la nature)

Locke semble accepter la distinction classique entre 2 formes de substances (corps-esprit), mais il ne pense pas que nous puissions connaître l’essence de notre corps ni celle de l’âme. Ce que nous pouvons connaitre se ne sont que les activités, par exemple pour l’âme, l’activité de pensée. Il admet qu’il n’est pas impossible que Dieu ait donné la possibilité de penser à un tas de matière ! pas très clair dans ce qu’il admet…

Ce qui intéresse Locke est surtout le problème de l’identité personnelle. L’homme n’est pas seulement un organisme, il est une personne, il est une conscience (premier à utiliser ce terme). Pur lui être la même substance et être la même personne n’est pas la même chose. Par exemple, être le même homme = (enfant, adulte) on doit conclure que c’est la même personne car il y a une histoire continue entre l’enfance et l’adulte de celui-ci ! On affirme cette identité bien que toute la matière ait changé. ! le support matériel ne crée pas l’identité de l’homme. Une personne est un être pensant, intelligent, capable de raison et de réflexion et qui se peut consulter soi-même comme le même. (la personne se pense même en différents temps et en différents lieux, ! différent des animaux !) Ce qui fait l’identité pour Locke, c’est la conscience et la mémoire.

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« La conscience accompagnant toujours la pensée, c’est la qui fait que chacun est ce qu’il nomme soi-même et par où il se distingue de tout autre chose pensante et aussi loin que cette conscience peut s’étendre sur ses actions ou pensées, aussi loin s’étend l’identité de cette personne. »

Locke dissocie l’identité personnelle de l’identité d’une chose pensante et refuse la liaison entre ego et substance (contrairement à Descartes). Locke admet qu’une même personne puisse être attachée à des substances différentes, qu’une même personne puisse persister à travers les variations importantes d’une substance à la condition que la conscience reste la même. Il admet aussi que différentes personnes puissent être associées à une substance (personnalité multiple), il admet encore une transmigration d’une personne (incarnation).

" Hume (1711-1786) : fait de l’identité du moi une fiction qui provient d’une opération de l’imagination qui comble les vides de nos impressions. (par exemple, on doit se ressouvenir que c’est moi qui me suis endormi hier soir et que c’est la même personne qui se réveille le matin ! amnésie totale)

Identité personnelle : question importante, même actuellement discutée par les philosophes de l’esprit.

La postérité de Locke est importante aussi. Tous les empiristes se réclament de lui, 2 principaux descendants :

Berkeley (1685-1753) évêque anglican :

à partir de l’empirisme, il cherche à donner une solution nouvelle à la problématique cartésienne. Thèse centrale : il n’existe à proprement parler que des personnes, des êtres conscients. Toutes les autres choses ne sont que des manières d’exister des personnes. ! L’immatérialisme

Démonstration de Berkeley :

- les idées ne peuvent renvoyer qu’à des idées, toutes les choses ne sont que des collections d’idées groupées d’une certaine façon (bureau = rectangle, bois etc.). Les idées n’existent que pour un moi qui est distinct des idées. Pour Locke, tout le monde s’accorde pour dire que passion, image, pensées, n’existent que dans un esprit. Pour Berkeley les sensations ne se trouvent également que dans la pensée. Exister pour Berkeley, c’est être perçu. ! Affirmer que les objets ont une existence hors de l’esprit n’a aucun sens.

- Rejet de la distinction entre qualités premières et qualités secondes, pour lui toutes les qualités sont de même types soit des qualités secondes.

- Idée de matière comme substrat : inutile. Qu’est ce que ce support des qualités sans qualités et qui est donc inconnaissable ? ! il n’y a donc pas de matière.

Comprendre comment un corps peut agir sur un esprit ? (le corps n’étant qu’une connexion d’idée) ! cette question est réglée !

Les trois substances affirmées par Locke, Berkeley n’en retient que deux : moi et Dieu. Il n’y a donc que les personnes et Dieu. Maintient de Dieu parce qu’il est la cause de mes sensations et de mes idées (c’est pour cela qu’elles ne dépendent pas de moi et des autres)

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« Les idées des sens se produisent dans une séquence ou une série régulière dont l’enchainement admirable témoigne suffisamment de la sagesse et de la bienveillance de son Auteur. Les règles fixes ou les méthodes établies selon laquelle l’esprit dont nous dépendons sont appelés les sens »

Condillac (1714-1780) :

Essaie de corriger les erreurs de Locke en restant encore plus conséquent dans la philosophie empirique. Prolonge et rectifie onc Locke. Rejette la distinction entre sensation et réflexion. Pour lui, toutes nos idées proviennent de l’expérience, c'est-à-dire de la sensation. Toute son œuvre consiste à montrer comment les sensations se complexifient, se transforment en mémoire, en raisonnement, en culture, en morale etc. ! tente de construire l’édifice des processus supérieurs à partir des sensations.

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Génèse de la psychologie expérimentale

Volonté d’aborder la psychologie comme une autre science (physique, chimie, biologie)

Méthodes : l’observation, l’expérimentation, la mesure

Pourquoi cette nouvelle psychologie nait-elle en Allemagne ? :

- Climat philosophique créatif, complexe : Kant(1724-1804) : A nié qu’une psychologie scientifique fondée puisse être possible. (à l’encontre de Wolff). Il ne peut y avoir de science de ce genre que pour des phénomènes appréhendés (pour lui il y a deux mondes : celui des noumènes et celui des phénomènes, de ce qui apparait. Entre les deux, il y a des filtres qu’il appelle « les formes apriori de la sensibilité » qui sont le temps et l’espace - Les noumènes nous sont toujours donnés dans le temps et dans l’espace - Le deuxième filtre est celui des catégories de l’entendement, se sont des concepts apriori qui sont liés à la logique. Celui-ci est le filtre de la raison. Le monde tel qu’il est devant nous est le monde des phénomènes) Pour Kant, la physique par exemple, s’intéresse à des phénomènes abordées par les notions de temps et d’espace. Or, les phénomènes psychiques ne présentent aucun caractère spatial, ils ne sont que temporels, ils se succèdent. Donc il ne peut pas y avoir de science des phénomènes psychiques car ils échappent à l’espace. Toutefois, pour lui, un savoir est possible, celui s’appuyant sur l’observation externe des conduites des hommes, des signes corporels (cf physiognomonie ! connaître les gens selon la forme de leur visage). Il pensait aussi que l’on pouvait connaitre les hommes à partir de leurs caractères physiologiques " Psychologie descriptive, basée sur la physiologie (anthropologie du point de vue

pragmatique)

Auguste Comte : a également nié qu’une psychologie scientifique fut possible. Pour lui, c’est parce qu’on ne peut pas s’observer. Herbart (1776-1841) : Influencé par Kant, mais remet en cause la conviction de Kant qu’il n’est pas possible de créer une psychologie scientifique. Si les phénomènes psychiques ne se présentent pas dans l’espace, ils ont néanmoins toujours un aspect quantitatif. Les émotions sont toujours plus ou moins fortes, vives, claires, douloureuse ! quantifiable. Par conséquent, si l’expérimentation n’est pas possible, en revanche, les phénomènes psychiques peuvent être soumis aux calculs, à la mathématique. ! lois reliant les représentations, décrivant le passage des représentation les unes aux autres ! psychologie mathématique. Concept clé : concept de seuil de conscience, repris par Fechner et par Freud.

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Trois philosophes ont proposé des systèmes philosophiques : systèmes absolus qui prétendent dire des choses sur le monde des noumènes : Fichte (1762-1814), Schelling (1775-1854), Hegel (1770-1831). A la mort de Hegel : crise. Les systèmes absolus (surtout celui de Hegel) sont des systèmes impérialiste rendant compte de la totalité c'est-à-dire de la nature, de l’esprit, de l’histoire et de Dieu. ! tâche monumentale pour un seul homme. Mais malheureusement pour Hegel, son absolu n’est pas aussi absolu qu’il le voulait car 2 autres philosophes avaient à peu près les mêmes prétentions. ! trois systèmes philosophiques complets sensés révéler ce monde des noumènes (beaucoup sur une période de 30 ans) ! la philosophie universitaire ne va plus être prise au sérieux par les savants. Les scientifiques purs avaient de la peine que leur savoir soit régenté par des philosophes.

Buchner (1824-1899): « messieurs les philosophes idéalistes sont des gens étranges, ils parlent de la création du monde comme s’ils y avaient assisté (…) et ils le font avec assurance (…) avec un jargon insolent et assommant. » ! la philosophie entre en crise et y a survécu en cherchant à reformuler les questions philosophiques. L’une des réponses à consisté à mettre la psychologie au centre de l’édifice du savoir, car la psycho paraissait être la science charnière entre les sciences extérieures et les sciences de l’esprit.

Une autre réponse a été de mettre les savoirs positifs au centre et à la place de la philosophie (physiologie) ! revanche sur le mépris des philosophes idéalistes.

Le romantisme philosophique : ne joue que peu de rôle sur la création de la psychologie expérimentale, mais plus grand rôle sur la psychanalyse.

- Progrès des connaissances en physiologie et en neurophysiologie :

Principales découvertes sont :

1) Mesure des seuils sensoriels ! H. Weber : à la base des recherche en

psychophysique 2) Mesure de la vitesse de l’influx nerveux ! Helmolz 3) Il y a une énergie spécifique des nerfs ! J.Müller (1801-1858) : maître de

Helmolz (voir dans histoire de la psychologie) Travaux de Weber : Esthésiomètre : compas à pointe sèche La sensibilité n’est pas la même selon les différentes régions du corps.

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Seuil différentiel : on demande à la personne si elle ressent 2 poids différents. Pour qu’il y ait une différence, il faut que le poids diffère d’une fraction de 1/30 à 1/50 du poids du plus léger (100g/110g on distingue, mais 1kg/1kg10 on ne distingue pas) D’autres expériences sur les longueurs ont donnés les mêmes résultats. Ces résultats et bien d’autres ont amené Weber à énoncer une loi : la plus petite différence perceptible (seuil différentiel) est dans un rapport constant avec l’étalon à comparer ou avec l’excitant. K = différence de l’excitant / l’excitant = constante Fechner (1801-1887): Va reprendre les travaux de Weber ! quantifier les sensations en prenant le seuil différentiel (plus petit changement perceptible) comme unité de mesure et a postulé que cette unité de mesure restait constante tout au long de l’échelle sensorielle. L’ensemble de ses recherches à donné lieur à son livre : les éléments de psychophysique paru en 1860, cet ouvrage inaugure toutes les autres recherches de la psychophysique ! Fechner créateur de la psychophysique. Partisan du parallélisme entre l’âme et le corps et donc était à la recherche d’une règle liant ce qui se passe dans le monde physique et dans le monde psychique et a formulé la loi rendant compte de l’accroissement de l’énergie mentale, la sensation, en fonction de l’accroissement de l’énergie corporelle liée à l’excitation matériel, corporel). Il a donc cru trouver cette loi qui lie le mental au matériel. La loi de Fechner résulte d’une intégration au sens mathématique de la loi de weber. Il postule qu’à tout accroissement de l’énergie de la stimulation (BETA ! physique) doit correspondre un accroissement de la sensation (d GAMMA ! psychique), proportionnellement d GAMMA = K d BETA/BETA (K : constante qui dépend des unités choisies pour BETA). Ceci constitue la loi fondamentale. Diffère un peu de la loi de Weber, celui ne disant que K était constant. Fechner intègre de part et d’autre et trouve GAMMA = k log BETA + C Cette formule énonce que l’intensité de la sensation (psychique) croît comme le logarithme de la stimulation (physique). EN posant cette loi, Fechner pense avoir trouvé l’équation mathématique du lien entre le corps et l’esprit. Mais l’intégration mathématique n’a été possible que par la supposition que tous les petits accroissements perceptibles sont égaux (tous les deltas GAMMA). Il a préféré écrire encore autrement la même loi de telle manière que la constante C prenne un sens psychologique et essaie de montrer que cette constante est le seuil absolu. GAMMA = k (log BETA – log b), finalement cette formule est : GAMMA = k log BETA/b Si la stimulation BETA est égale au seuil absolu b (la plus petite stimulation perceptible), nous avons une sensation qui vaut GAMMA = k log b/b = k log 1, or le log 1 = 0, donc dans ce cas là, il n’y a pas de sensation. Par ceci, Fechner donne un sens à la constante C en devenant le seuil absolu. Que se passe-t-il si la stimulation physique est plus petite que le seuil absolu ? Dans ce cas-là, B/b devient un nombre fractionnaire et son log devient négatif. Dans ce cas-là, la sensation serait négative aussi (plus petite que 0) ! il s’agirait là de

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sensations qui seraient inconscientes. Avec cette idée, Fechner rejoint Leibniz qui avait pensé aux petites sensations inconscientes. Fechner a ouvert la voix à toute une pensée que l’on retrouve en psychanalyse (Freud admirait les travaux de Fechner). Comme cette formule le montre, nous avons besoin de déterminer le seuil absolu et les seuils différentiels. Toute la psychophysique de Fechner repose là-dessus. Il a proposé 3 méthodes pour trouver ces seuils qui sont toujours en vigueur aujourd’hui :

1) Méthode des plus petites différences perceptibles : cette méthodes est actuellement appelée méthode des limites lorsque l’on veut mesurer les seuils absolus et méthode des séries pleines et ordonnées lorsque l’on recherche les seuils différentiels. Méthode des limites : consiste à présenter au sujet d’abord un stimulus nettement perceptible puis à le diminuer à intervalles successifs et égaux jusqu’à ce que le sujet déclare qu’il ne le perçoit plus ! série décroissante Dans un second temps, on présente au sujet un stimulus nettement infraliminaire et on augmente le stimulus à intervalles successifs et égaux jusqu’à ce que le sujet déclare qu’il le perçoit ! série croissante Et on recommence alternativement. On calcule un seuil pour les valeurs croissantes et décroissantes. Généralement on constat que le seuil est plus élevé pour les valeurs croissantes que décroissantes. Pour calculer le seuil, on prend les médianes des seuils croissants et décroissants puis on prend leur moyenne. Méthode des séries pleines et ordonnées : on prend un stimulus variable nettement plus grand que le stimulus étalon, on fait décroitre le stimulus variable jusqu’à ce que la différence n’est plus perçue ! série décroissante Puis le contraire jusqu’à ce que le sujet dise que c’est égal ou plus grand ! série croissante

2) Méthode des cas vrais et faux : que l’on appelle aussi méthode des constantes. Utilisé pour la mesure des seuils différentiels. Présenter dans un ordre des stimuli variables à comparer à un stimulus fixe qui est l’étalon. A chaque fois, le sujet doit répondre si c’est plus grand ou plus petit ou égal à l’étalon. On compte le nombre de jugements corrects et incorrects. A partir de cela on crée un graphique avec les pourcentages de bonnes réponses et on obtient une courbe qui va jusqu’à 100%. A partir de là, plusieurs façon de calculer les seuils différentiels. On prend le seuil différentiel inférieur et le seuil différentiel supérieur, on les soustrait et les divise par 2 pour trouver le seuil différentiel. Fechner ne prenait pas 50%, mais 75% des cas où le stimulus était considéré comme différent.

3) Méthode des erreurs moyennes : appelée actuellement méthode d’ajustement ou parfois méthode de reproduction. Théodule Ribault donne quelques chiffres pour les seuils absolus de l’époque :

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- Seuil absolu pour le toucher : la pression de 2 mg à 50 mg selon les régions du corps - Seuil absolu pour le température : chaleur de la peau à 18,4 degré : 1/8 ème de

centigrade - Seuil absolu pour le son : boule de liège de 1 mg tombant de 1mm sur une plaque de

verre l’oreille étant à 9,1 mm " Psychophysique externe, pour Fechner elle doit être complétée par une

psychophysique interne qui a pour but d’étudier quantitativement les rapports entre les processus psychiques et les processus cérébraux.

Au moment de cette proposition : psychophysiologie pas vraiment développée, mais malgré cela, Fechner a tenté tout de même de remplir ce programme de psychophysique. Il l’a fait en transposant ses 3 éléments de psychophysique externe à la psychophysique interne (loi de Weber, loi logarithmique et la le fait qu’il existe des seuils perceptibles) Helmolz En 1850 a pu pour la première fois mesurer la vitesse de l’influx nerveux (sur une grenouille). En pratiquant cette mesure, il a ouvert le champ des temps de réactions. Pour mesurer cette vitesse, il a excité le nerf sciatique d’une grenouille au moyen d’une bobine à induction à proximité du muscle gastro-cnémien. Au moment ou l’on stimule le muscle, il se contracte et Helmolz mesurait le temps écoulé entre la stimulation et la réaction. Dans un second temps, il recommençait l’expérience et appliquait la stimulation en un point plus éloigné et constate que le temps de réaction est plus long. A partir de ces 2 mesures, il reporta la différence à temps à la différence de lieu et donc V = e1-e2 / t1-t2 et il a vu que cette vitesse se trouvait être égale à 30m/seconde ! nettement moins rapide que la vitesse du son. A cette époque, certains pensaient que l’influx nerveux était plus rapide que la lumière. Après la grenouille, il a travaillé sur l’homme et a pris le mollet comme zone d’application et a trouvé que la vitesse était plus élevée que chez la grenouille. On sait maintenant que cela dépend du type de muscle.

" Découverte importante : introduit le temps à l’intérieur de l’homme. Il y a donc un

intervalle temporel entre la pensée et le mouvement, entre la volonté et l’action. Cela a poussé plusieurs expérimentateurs à mesurer la durée des actes psychiques (durée d’un choix) C’est ce qu’à fait Donders (1818-1889), physiologiste oculiste allemand : un sujet est prévenu qu’il va recevoir un choc électrique au pied droit et doit réagir avec sa main droite en pressant un levier. ! mesure du temps entre la stimulation et le moment où il a pesé. Ce temps est le temps de réaction simple et est d’environ 1/7 de seconde. On recommence l’expérience, mais le sujet ne sait pas sur quel pied il va recevoir la stimulation. Si c’est le pied gauche, il doit réagir avec la main gauche. ! le temps physiologique s’allonge d’ 1/15 de seconde. Il a donc soustrait le premier temps au second et a déterminé que c’était le temps de l’acte psychique de choix.

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Une quantité d’auteurs se sont intéressés à ces temps de l’acte psychique. Wundt (1832-1920) : Créateur de la psychologie scientifique surtout par son rôle dans l’institutionnalisation de la psychologie. Il a créé le premier labo de psychologie expérimentale en 1879 à Leibzig. Cette création amène beaucoup d’étudiants du monde entier à Leibzig pour se familiariser avec les nouvelles techniques :

- Stanley Hall : 1883 : premier labo de psychologie aux USA à l’uni de Baltimore - James Mckeen Cattell : assistant de Wundt 1888 et 1891 : création de 2 labos aux

USA (américain) - James Marc Baldwin : crée le premier labo au canada à Toronto puis d’autres aux

USA (américain) - Edouard B. Titchener (1867-1927) : défend la méthode de Wundt jusqu’à la fin de sa

vie et son école aux USA est appelée structuraliste (anglais) - Charles Spearmann : (1863-1945) : a travaillé au moins 7 ans chez Wundt et connu

pour l’analyse factorielle de l’intelligence (anglais) - Théodore Flournoy (1854-1920) : introducteur de la psychologie scientifique à l’uni de

Genève, oncle de Taparel : initiateur de l’institut de JJ Rousseau devenu l’uni de Genève (suisse)

- Benjamin Bourdon : 2ème labo de France à l’uni de Rennes (français)

Pour en revenir à Wundt, son objectif était de transformer la psychologie du descriptif en science expérimentale. Elle doit devenir une science naturelle. Il faut ajouter à l’introspection la mesure et l’expérimentation. Ce qui vaut dire que pour travailler elle doit être traitée comme science naturel et on doit rajouter à l’introspection l’expérimentation et la mesure, pour qu’elle soit une science.

Wundt dit : « Le point de vue de notre science n’est pas celui de nos expériences internes, nous expériences vont de dehors pour pénétrer au-dedans ».

Wundt a la conviction que l’expérimentation nous ouvre la voie sur le processus interne. L’expérimentation est donc un processus ou l’on modifie les conditions de faits, les variables indépendantes (cause), pour voir les effets de ses modifications sur les variables dépendantes (effet).

Wundt est critique sur la méthode de l’introspection. L’introspection doit être, selon lui, soumise à un contrôle sévère. Elle doit être vérifiable et dirigeable. Les sujets du laboratoire de Wundt étaient des sujets exercés, de plus les réponses qu’ils donnaient étaient quantifiables. Il critiquait donc l’introspection, mais en gardait une certaine forme d’utilisation.

Wundt était d’abord philosophe et il était conscient des limites de l’expérimentation. Celle-ci ne serait applicable qu’à l’étude des processus inférieurs (sensation, perception,…). Les processus supérieur (pensée, langage, production artistique) ne sont pas observables en laboratoire. Pour les étudier, il fait appelle à la méthode de observation, de comparaison et historique. Les méthodes d’observation et de comparaison sont aussi utiliser pour l’étude d’autre science de la nature.

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La méthode d’observation consiste à recueillir des faits observés, les classer et les comparer pour en tirer des relations constantes (lois). Pour cela, il recommande l’étude des bébés, dans malades mentaux, des différentes races et des animaux comparer à l’homme normal « civilisé ».

La méthode comparative à deux formes :

1. Individuelle : elle prend pour sujet d’étude un seul individu ou un groupe d’individu et réunis le plus d’observation possible sur le sujet ou le groupe.

2. Génétique : en pratiquant cette méthode, on choisit un phénomène psychique particulier (faculté " intelligence, langage,…) et de l’observer dans un plus grand nombre de sujet appartenant à des groupes de sujet différents (enfant – adulte,…).

Dans la méthode historique cherche dans les sciences de l’histoire (histoire des religions,…) des sources d’informations psychologiques.

La psychologie peut s’appuyer sur les données de l’anthropologie, de la sociologie et des autres sciences de la nature.

L’étude des formes élevées de l’esprit a été centrale dans les 20 dernières années de sa vie. Le couronnement de ces recherches est la publication de 10 volumes sur l’étude des processus supérieurs « Psychologie des peuples ».

Ebbinghaus (1850 – 1909) :

Pour lui, la méthode expérimentale est également applicable au phénomène psychique supérieur. Il teste cela sur la mémoire. Sur des faits objectifs, il fait un certain nombre d’affirmations communément admises :

• « Les représentations nombreuses sont nécessaire pour former un certain contenu. » • « Celui qui apprend vite oublie vite. » • « Les suites d’idées longues s’apprend plus vite que les suites d’idées courtes. » • « Les personnes âgées oublient plus vite les choses apprises nouvellement. »

Il n’a aucune donnée spécifique concernant ces affirmations et sur le fonctionnement de la mémoire. Il va donc mettre un certain temps pour trouver un matériel et une procédure pour l’objet de son étude.

Le matériel utilisé est une série de syllabe sans signification (consonne – voyelle – consonne). Il ne faut pas que son matériel donne prise à des associations parasites. Un grand nombre de syllabe permet des listes tirés au hasard.

Il écrit un ouvrage « Sur la mémoire » ou il présente ses travaux. Il y décrit deux méthodes :

1. La méthode d’acquisition, d’apprentissage ou encore de reproductions successives. Son objectif est de faire parvenir le sujet à la maîtrise complète du matériel mémorisé. Le critère de réussite est atteint à la première récitation complète, sans faute après un laps de temps défini depuis la lecture des syllabes. Le critère de réussite peut être plus sévère si l’on décide qu’il est atteint seulement après deux récitations, de suite, sans faute. Il existe deux mesures :

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a. Le nombre d’essais qu’il faut au sujet pour parvenir au critère de réussite b. La durée de présentation nécessaire à l’acquisition de la tâche.

Ceci permet de construire une courbe d’apprentissage.

2. La méthode d’économie : mesure l’évolution de l’oubli. On soumet le sujet à une tâche de réapprentissage. Les critères de maîtrises et la liste de mot sont les même que pour la méthode d’acquisition. On mesure l’économie absolue d’exercice. Pour faire cela, on fait la différence entre le nombre d’essai appris avec le nombre d’essai réappris. Cependant, cela n’a pas beaucoup car si le sujet a 20 – 16 ou 12 – 8 cela reviendrait au même. On calcule donc l’économie relative : 12 – 8/12 ou 20 – 16/20 ces calcules donnent des réponses en pourcents.

En 1902, Ebbinghaus met au point une troisième méthode :

3. La méthode d’anticipation ou de soufflage. Elle consiste à répété une liste de mot/chiffre) après une lecture. On fourni au sujet, après un temps, les éléments qu’il n’a pas retenus.

Ces trois méthodes sont encore utilisées dans des recherches sur la mémoire.

Ebbinghaus à essentiellement travaillé sur lui-même. Son expérience la plus célèbre est l’affaiblissement de la répétition (avec la courbe d’apprentissage). Economie de temps pour réapprendre : 20min : 58.2% 24h : 33,7% 6jours : 25.4%

Ces expériences montrent que la psychologie ne se réduit pas à l’étude des phénomènes conscients. Le modèle d’économie de temps ne peut s’expliquer qui si nos expérience s’enregistrent ou s’épanouissent dans notre cerveau même si elles ne sont plus disponible à la conscience.

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FIN DU XIXème, DEBUT DU XXème

La Denkt psychologie ou la pensée en psychologie :

Oswald Kulpe fonde en 1896 l’école de la pensée, école rivale de celle de Wundt. Voici quelques personnes faisant partie de cette école :

K. Marbe (1869 – 1953) Henri Jackson Watt (1879 – 1925, anglais)

August Messer (1867 – 1937) Karl Buhler (1879 – 1963, gestaltiste)

N. Ach (1871 – 1946)

L’objectif de ces personnes est d’étudier la pensée qui est le jugement et le raisonnement. La méthode utilisée est l’introspection dirigée et l’expérimentation systématique accompagnée de la mesure du temps de réponse. Leurs travaux portaient sur les associations particulières d’idée dirigées ou le sujet ne peut pas répondre comme il le veut à un stimulus.

Dans une expérience de ce type, on mesuré le temps de réaction de la personne et on lui demandait comment le mot lui est venu (à l’esprit). Les personnes qui menaient ce type d’expérience étaient entrainées.

Ces mêmes expériences effectuées par des chercheurs comme Binet (en France) ont montré qu’il existe « la pensée sans image », constat malheureux pour la méthode d’introspection dirigée (école en impasse), le plus important des études de la pensée échappe à leurs méthodes. Résultat, Kulpe modifie sa pensée et se rapproche de la phénoménologie expérimentale avec Stumpf.

F.BRENTANO :

Prêtre qui a quitté l’église après le concile du Vatican I, proche d’Aristote (spécialiste) et pensées médiévales. Influence considérable sur le développement de la nouvelle psychologie.

Élèves : Christian Ehrenfels (1859-1932): précurseur de la gestalt théorie

Carl Stumpf (1848-1936): promoteur phénoménologie expérimentale. Il est surtout intéressé par la musique.

Ces deux disciples de Brentano étaient les professeurs de Wertheimer, Koffka et de Köhler (fondateur de la gestalt).

Cette théorie de la gestalt dominera, en Europe, toutes les théories de la perception jusqu’en 1950. Les auteurs de cette théorie devront migrer aux USA pendant la deuxième guerre. La gestalt va donc se confronter au behaviorisme. Les behavioristes étant atomiste et les gestaltiste polystique.

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Brentano a influencé une autre école maintenant oubliée : l’école autrichienne dont le « chef » était A. Menong. C’est une école de la gestalt un peu différente de celle de Berlin (Berlin = école moniste, Grass = école dualiste).

Mais, l’apport de Brentano ne se limite pas à la psychologie. Beaucoup de philosophe très important se sont inspirés de lui (E. Husserl (phénoménologie), M. Heidegger (1889 – 1976), Jean-Paul Sartre (1859 – 1938) (accorde beaucoup d’importance à la notion central de la psychologie de l’acte " l’intentionnalité)). Ces philosophes ont eu de l’influence surtout sur la psychopathologie de certains psychiatres.

Brentano a publié un ouvrage sur sa psychologie « Psychologie du point de vue empirique » en 1874.

Brentano reproche à Wundt (la nouvelle psychologie) de limiter son étude à la représentation et de passer à côté de l’essentiel. La nouvelle psychologie oublie de définir l’objet de l’étude. Elle ne différencie pas l’objet de la psychologie et l’objet qui relève des autres sciences.

Brentano, cherche un critère qui peut les différencier. Selon lui, le caractère propre aux objets physiques est de se rapporter à un autre objet que lui. De plus, l’être physique est identique à l’addition de ces composantes. Un être psychique n’est pas la somme de ses composants. Il faut comprendre qu’un objet physique est bêtement ce qu’il est, il est là sans raison. Un objet psychique, on peut s’y rapporter et il est ouvert, il emprunte la notion d’intentionnalité qu’il met ou centre.

L’intention au sens étymologique du terme est l’action de tendre vers. La présence intentionnelle (objet psychique dans l’esprit) est in-existanz, il existe dedans.

Selon Brentano, il y a pour les objets deux façons d’exister (reprend les thèses thomiste et aristotélicienne) :

1. Existe effectivement (exemple : le pupitre) 2. Existe intentionnellement dans ma pensée.

A travers cet objet intentionnel, la pensée s’ouvre sur quelque chose d’autre qu’elle-même. Sinon nous n’aurions à faire qu’à nos propres représentations " soluptisme (seul avec ma pensée).

Lorsque je pense un arbre, l’objet de ma perception ce n’est pas l’objet pensé, mais l’arbre que je vois. Ceci ouvre l’esprit sur le monde réel, ça ne le ferme pas sur lui-même.

Cependant, tous les phénomènes psychiques ne sont pas seulement caractérisés par la conscience de l’objet, mais aussi par la conscience de soi. On est soi-même son propre objet. Celui qui entend un son à conscience de l’entendre, celui qui a mal le sait. Ceci nie le psychisme et la conscience. Brentano nie une pensée psychique inconsciente.

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Diffusion de la psychologie expérimentale en France :

La psychologie expérimentale naît dans les pays germaniques, mais elle s’est rapidement implanté en France puis aux USA. En France, c’est un philosophe, Théodule Ribot, qui a introduit la nouvelle psychologie dans le monde universitaire avec deux livres :

1. Présente les théories d’un certain nombre de philosophes anglais : « Psychologie contemporaine ». Ce livre reste toujours très théorique.

2. « Psychologie allemande contemporaine » : il y introduit les travaux d’Holbach et de Wundt.

3. Entre à la Sorbonne par la petite porte six ans après le succès de ces deux livres. Il y donne un cours complémentaire sur les doctrines de la psychologie expérimental. Ribot est soutenue par le directeur du « Collège de France » et le « Ministre d’éducation national », lui permettant accéder ainsi au collège de Chaine et d’y donner un cours: « psychologie expérimental et comparée ». En 1902, prend sa retraite et est remplacé par Pierre Janet (1859-1947) qui assure ce poste jusque à 1934.

4. Ribot n’est pas expérimentaliste mais il a une formation de philosophe. Il crée un laboratoire de psychologie et de physiologie (comme Wundt) installé dans les locaux de la Sorbonne.

5. Un de ces directeurs, Binet, donne à la psychologie française une orientation à la méthodologie plutôt particulière. Il s’appuie sur les méthodes pathologiques, il donc a intérêt pour les processus intérieur.

Les ouvrages de Ribot sont dans la tendance de la psychologie française : Les maladies de la mémoire, de la volonté, de la personnalité, la psychologie des sentiments etc. Bibot ne cherchait pas lui-même des données, mais travaillait sur des données prises par ses confrères, c’est pourquoi il poussait ses élèves à suivre une double formation : médecin et philosophe. Pierre Janet a suivi ce conseil, ainsi que J.Dumas, Charles Gandell, H. Wallon etc. Il n’y a qu’Alfred Binet qui n’a été ni philosophe, ni médecin, ce qu’il paya cher car il n’a pas été nommé au collège de France ni affecté à des chairs de l’école Française. Henri Pierron (1881-1964) : considéré comme le promoteur de la psychologie scientifique francaise (il domina ce domaine pdt plus d’un demi siècle – 64 ans - ). Il a organisé les études de psyhcologie en France pour qu’elles débouchent sur la carrière académique, mais sur une professionalisation. Pour lui, la psycho est une science biologique qui étudie le comportement. (il le fait avant Watson, donc behavioriste avant l’heure). Il n’y a donc pas de psychologie sans physiologie qui la fonde et en cela il se distingue des behavioriste. Il n’était pas médecin, mais ses connaissances étaient telles que pdt la guerre, il a été affecté comme chef de clinique. On crée une chaire de physiologie des sensations et dans ce domaine, il énonce au moins deux lois qui portent son nom. Il réorganise tous les labos dont il avait la direction, et crée l’INOP juste après la guerre. A publié un très grand nombre de livres, dont un sur l’étude des évaluations. Avec J.Piaget, a publié le traité de psychologie expérimentale.

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Pavlov (1849-1936) et Watson (1878-1958)!!

La psychologie expérimentale du XX ème siècle ne serait pas devenue ce qu’elle est sans ces deux personnes.

Pavlov :

Physiologiste et faisait des recherches sur les chiens. Au cours de cette expérience, il constate que les éléments extérieurs et sans liens directs avec la nourriture agissaient comme un signal sur les glandes salivaires du chien ! réflexe conditionné.

Tout organisme réagit de manière réflexe à des excitants que l’on nomme stimuli inconditionnel (SI). La réaction à ses excitants est appelée réaction inconditionnelle (RI). Si l’organisme réagi de la même manière à d’autres stimuli que le SI, c’est que ces derniers se sont substitués au SI, ils deviennent stimuli neutre (SN). L’apprentissage pavlovien consiste à assimiler le SN à SC en faisant précéder le SC du SN. Lorsque SN provoque RI avant la présence de SI, on peut supprimer SI et on aura SN ! RC (assimilable mais pas égale à RI). Le schéma de conditionnement classique montre que plusieurs composantes entrent en jeux :-

- Le SN : on ne peut pas faire un conditionnement avec n’importe quoi. Il doit susciter une réaction d’attention de la part de l’organisme. (bruit de pas)

- L’intensité du SN entre également en jeu - Temps de latence entre SN (bruit de pas) et SI (viande) - Nombre de répétions (combien de fois SI et SN ont été associés) - Mesure des RI et RC (on constate que RC est de moindre amplitude) (salivation) - La force de la RI (si l’animal est affamé, la RC est plus facilement élaborée que si

l’animal est déjà repus)

Les études de Pavlov ont permis d’énoncer des lois du conditionnement :

- Loi de la contigüité temporelle SN-SI : le réflexe ne s’établit que si le laps de temps est relativement bref (les pavloviens ont établis des temps minimaux)

- Loi de répétition de la Sn-SI : il faut plusieurs répétitions pour provoquer le réflexe conditionné

- Loi d’extinction du conditionnement : avec le temps, la réponse conditionnée diminue puis disparait.

- Loi de la généralisation : on peut établir ce type de loi avec la hauteur du son en hertz (voir graphique), si l’on fait des sons différents, le chien réagit quand même, mais avec une intensité différente.

Watson :

Né en Caroline du Sud et fait ses études ds sa ville natale et rejoint Chicago où enseigne J Dewey (1859-1952). Dewey est l’un des fondateurs avec W.James (1842-1910) et S. Hall (1844-1924) du courant fonctionnalisme en psychologie. Ce courant sera bien développé à l’uni de Chicago au moment ou Watson étudie. Article : critique l’approche atomistique de l’arc réflexe et ce qui constitue celui-ci c’est l’acte adapté, ce qui est primordial c’est la fonction, la totalité de l’arc réflexe est important.

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A chercher à rapidement les intégrer dans son cadre théorique, le behaviorisme, mais il a du également faire avec d’autres traditions. Aux USA, les 2 traditions majeures étaient : la psychologie fonctionnelle et la psychologie animale.

W.James :

Médecin, psychologue et philosophe. S’est familiarisé avec les techniques de la psycho expérimentale. Nommé à Haward et fait porter son enseignement sur le lien psycho-philo et crée un petit labo à des fins de démonstrations. (ce qui anticipe quelque peu sur Wundt)

Du pt de vue de la méthode, 3 piliers :

- L’introspection

- Les techniques expérimentales

- La méthode comparative entre le normal et le pathologique

En 1890, il publie les principes de psychologie, 1892 : résumé de ses principes de psychologie, traduit en francais le précis des principes de psychologie de James.

Après avoir publié ces 2 ouvrages, il confie son labo à un allemand, Hugo Münsterberg, et constate que la psychologie ne satisfait plus sa curiosité et se tourne de plus en plus vers la philosophie et sa pensée marquera la quasi-totalité de la pensée américaine du début du XX ème siècle et cela se nomme pragmatisme.

2 contributions majeures :

- théorie périphérique des émotions :

La conception de ces émotions dit périphérique va à l’encontre du schéma classique (émotion en tant qu’état psychique qui générerait un état corporel physiologique). Pour James, c’est l’état physiologique en tant que perception qui cause l’émotion. Nous ne pleurons pas parce que nous sommes tristes, mais nous sommes tristes parce que nous pleurons. C’est la mise en mouvement qui est première.

- Pour qqn d’autre : conception centraliste des émotion : activation simultanée du corps et de l’émotion

- Théorie de la conscience : considérée comme la forme la plus achevée de la méthode introspective. « en regardant en nous meme et en reportant ce que nous découvrons » nous y trouvons des états de conscience que J a nommé des pensées ou des sentiments. Ce sont ces états de conscience qui sont l’objet de la psychologie.

J rejette le pt de vue atomistique tel que Locke et dit « personne n’a jms éprouvé une simple sensation isolée, depuis le jour de notre naissance, notre conscience est une multiplicité de sensations, etc.) Ce qui est premier ce n’est pas les sensations… L’introspection nous montre que nos etats de conscience est un flux (tjrs utilisé auj).

5 caractéristiques importantes :

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1) Chaque état de pensée tend à s’intégrer à une conscience personnelle :

Une même pensée ne peut jamais appartenir à plusieurs consciences personnelles ! le fait élémentaire premier = ma pensée

2) Ds toute conscience personnelle, la conscience est en perpétuel devenir :

Aucun état de conscience, une fois disparu, ne peut revenir de manière identique à ce qu’il a été.

3) Ds te conscience personnelle, la pensée est continue :

A l’intérieur d’une conscience, il n’existe aucune rupture malgré des temps vides. La conscience personnelle se sent continue, bien que les éléments de conscience s’écoulent à des allures très différentes. (idée de franges autour des éléments de la conscience, il n’y a donc jms de rupture)

4) La pensée semble tjrs préoccupée d’objets qui ne dépendent pas d’elle :

Idée d’intentionnalité

5) La conscience s’intéresse à certains éléments de ces objets et se désintéresse des autres, elle ne cesse d’accueillir ou de rejeter, ne cesse de faire des choix :

La conscience s’intéresse inégalement aux divers éléments de son contenu, et se faisant, elle danse.

Revenons à Watson :

Il s’intéresse à la psychologie animale car les aspects introspectifs et physiologiques lui sont totalement étrangers. Par là, il va pouvoir acquérir ces connaissances.

L’américain C. Morgan avait mit fin à l’interprétation antérieure des animaux, mettant l’accent sur l’intention des animaux. Lui pense qu’il ne faut pas faire appel à des facultés supérieures lorsque l’on peut expliquer la conduite par des processus appartenant à des niveaux inférieurs. (le canon de Morgan remet en cause les propos de Darwin)

Watson adopte ce pt de vue, mais est également attiré par les propos de Loeb : il a développé une explication mécaniciste s’apparentant à une explication sur les tropisme (plantes).

Thorndike (1874-1949):

Travaillait sur des poulets et puis sur des chats et d’autres animaux. Dans sa thèse de doctorat, il énonce les premières lois de l’apprentissage par essai et erreurs.

1) Loi de l’exercice : apprentissage est un processus associatif caractérisé par la connexion de deux éléments en contiguité spatiale. 1er élément : élément de la situation (boite à problème avec le chat- le loquet) 2ème élément : la réponse (le levé du loquet)

L’association est fixée par la répétition, elle est affaiblie si l’on diminue les essais

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2) Loi de l’effet : l’association est renforcée ou affaiblie par l’effet de ses conséquences. La réduction d’un besoin est une récompense qui va consolider la connexion, une punition affaibli cette connexion et tend à la faire disparaître.

Pense que ces lois sont généralisables à l’homme.

Watson s’intéresse à ces travaux, mais sera rejeté plus tard par Watson (et les behavioristes) car il rejette les explications mentalistes.

Thèse de Watson : maturation neurologique et psychologique du rat blanc (considérée comme l’une des meilleures jamais soutenue à l’époque). Lui ouvre les portes de la carrière académique et est considéré comme un spécialiste de la psychologie animale.

Ensuite, place d’assistant à l’uni de Baltimore, mais qq temps plus tard, le chef de chair doit quitter sa place et il reprend cette place. Son premier geste est le rattachement de la psychologie à la biologie.

1913 : article : la psychologie telle que le behaviorisme la voit (manifeste du behaviorisme9 et marque son opposition à la psycho structurale, fonctionnelle et traditionnelle.

Pour W, la psycho doit tre strictement objective, son but est d’établir, à partir d’observations des lois de comportement permettant de le prédire et surtout et également de le controler. Le behaviorisme n’est pas seulement théorique, mais également pragmatique et manipulatoire.

A ses débuts, le behaviorisme ne nie pas les données subjectives, mais considérées comme inutiles. ! behaviorisme méthodologique, qui évoluera vers une behaviorisme ontologique (qui nie complétement la conscience en tant que réalité)

Le comportement selon Watson :

Ce qu’un observateur peut voir faire ou entendre dire d’un organisme. Tous les mouvements, gestes. La pensée n’est rien d’autre que du langage silencieux, étant lui-même que des mouvements de la langue et des cordes vocales. Deux types de mouvement :

-explicites et observable directement

- implicites, que l’on ne peut observer que par l’intermédiaire d’instruments, se déroulant qu’à l’intérieur de l’organisme (sécrétion glandulaires etc)

Watson développe une vision mécaniciste de la vie. Le comportement a tjrs une cause, c’est une réponse à qqch qui oblige l’organisme à l’action. Ce qui est premier est donc la situation. Ce qqch est appelé stimulus (étymologiquement : aiguillon). Le comportement est donc une liaison entre un stimulus (situation physique objectivement observable provenant du le milieu externe, éventuellement du le milieu interne) et une réponse (de l’organisme, provenant de l’int ou de l’ext du sujet, objectivement mesurable et observable). Les comportements ont une valeur adaptative.

La psychologie est l’étude de ces liaisons S ! R, R= f(S), elle doit mettre en évidence des lois permettant de prédire R lorsque S est connu ou l’inverse. Les lois sont établies selon la théorie du conditionnement classique de Pavlov.

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Ce n’est qu’après avoir eu connaissance des travaux de Pavlov et de Bechterev que Watson centre son approche sur le comportement humain. C’est ds le cadre de ses travaux sur les émotions qu’il faut situer son article intitulé Le petit Albert (cosigné avec Rosalie Reimer). Dans cet article, ils décrivent comment ils ont réussi à conditionner un petit enfant à être effrayé par un petit rat blanc. Le stimulus servant au conditionnement était un fort bruit qui se produisait quand le petit voulait toucher le rat. Cette réaction a été généralisée à d’autres animaux. L’expérience fut interrompue lorsque la mère retira l’enfant de la nurserie.

1920 : fin de la carrière de Watson car il tombe amoureux de son étudiante et a divorcé et a donc du quitter l’université. Après son mariage avec Rosalie, il se lance dans la pub tout en donnant des cours en recherche en sciences sociale et continua à diffuser son pt de vue en psychologie.

1924 : publication des cours donnés dans cette école et le nomma Behaviorisme. Il a su vendre cet ouvrage, au pt que l’un des critiques du New York Times a dit qu’il s’agissait d’une étape intellectuelle de l’humanité. Il restreint au minimum le rôle de l’hérédité au profit de celui de l’éducation.

1929 : Robert Woodworth (1869-1962) propose d’introduire une troisième variable dans le schéma S-R. Variables de type O pour Organisme et qui se place S-O-R. Ces variables regroupent tous les facteurs individuels de l’organisme. R=f(situation, organisme). Ce schéma sera repris par Tolman (1886-1959) et par Hull (1884-1952). Ces deux psychologues vont admettre qu’il y a des variables intermédiaires non directement observables (l’attente, le but à atteindre, l’intention, etc.) Ces variables intermédiaires sont inférées à partir de l’observation du comportement, mais pas observables directement.

Cette notion ouvre la voie au cognitivisme. Tolman a été formé ds une cadre behavioriste, mais a passé du temps chez Kofka en Allemagne. Ce séjour a marqué Tolman qui adopte certains points de vue de la Gestalt. Il se distincte des behavioristes strictes en trois points :

- L’organisme n’est pas seulement réactif, mais cognitivement actif et anticipe

- Tolman s’oppose à l’approche élémentariste « moléculaire », qui ne voit que S-R et propose une approche « molaire ». Pour lui, la réponse doit être envisagée comme un tout et non comme une somme de réactions partielles. C’est un tout, une gestalt.

- L’apprentissage n’est pas une réponse automatique mais c’est la construction d’une structure mentale et les apprentissages de labyrinthes chez le rat ont montré qu’il se construisait une sorte de carte cognitive du labyrinthe. Ces expériences ont pu montré le concept d’apprentissage latent.

Expériences de Tolman :

- Labyrinthe en croix. Deux groupes de rats. Groupe Hull, Groupe Tolman. Groupe Tolman : La nourriture se trouve toujours en N1. Une fois N1 est à droite, une autre fois à gauche. Groupe Hull : la nourriture se trouve toujours à droite.

Résultats : le groupe Tolman a un meilleur score ! les rats ont appris un lieu, plutôt que de tourner à droite.

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- Expérience sur l’apprentissage latent : labyrinthe. Le rat explore le labyrinthe. Il a des portes et une fois que le rat a passé la porte, elle se ferme. 3 groupes de rats. Ils reçoivent la nourriture. On mesure le nombre de fois où ils vont dans une impasse. Le groupe ne recevant pas de la nourriture pendant 11 jours et ensuite oui ! on voit qu’ils ont tout de même appris le labyrinthe car leurs performances rejoignent celles du groupe qui a recu de la nourriture dès le début.

Hull : a réagit contre les conceptions simplistes des behavioristes en introduisant des variables intermédiaire. Veut construire une théorie générale de l’apprentissage. A proposé un système de lois du comportement. Repose sur 3 principes essentiels :

- Introduction de variables intermédiaires destinées à représenter les mécanismes qui génèrent la relation S-R.

- Nécessité de relier chaque variable intermédiaire à des observables. Garanti que les variables intermédiaires ne sont pas des concepts spéculatifs, mais des hypothèses

- Il faut que les relations entre variables intermédiaires soient mathématisables, mais les relations entre variables observables et variables intermédiaire aussi

Théorie associationniste conservée, contrairement à Tolman

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La gestalt

A partir des années 30, les psychologues américains, qu’ils soient fonctionnalistes, watsonniens, behavioristes etc, ils doivent tous se confronter à une nouvelle psychologie allemande : La Gestalt

Gestaltistes : Kofka (dès 1927), Köhler, Wertheimer

L’école de la Gestalt est relativement ancienne. Ses principes viennent de Wertheimer.

Expérience avec des stimuli lumineux A et b, ABABABAB. Si le temps entre les deux stimuli diminuent ils perçoivent deux stimuli simultanés ! phénomène PHI. Ce mouvement dépend de la situation d’ensemble ! le tout est plus que la somme des parties.

Une Gestalt : unités délimitées par rapport à ce qui les environne composées de parties solidaires.

Le domaine privilégié des gestaltistes : la perception ! lois de l’organisation des formes, mais aussi à l’intelligence et à la pensée créatrice.

Köhler a étudié l’intelligence des chimpanzés et a montré que le chimpanzé trouve tout à coup la solution à un problème. ! INSIGHT : illumination par réaménagement de la situation.

Wertheimer : s’est intéressé à la résolution des problèmes. Il montre que la solution à un problème passe par la restructuration de la situation.

Lewin - Assistant de Köhler - (1890-1947): A cherché à étendre la gestalt à la psychologie de groupe (psycho sociale). A essayé de prendre en compte l’individu isolé, mais surtout l’individu en situation de groupe. ! va former le concept de champ psychologique, réduction de tension et a représenté géométriquement les aspects de la vie sociale.

Conseil pour l’examen :

Lire les deux lectures obligatoires, mais si vous ne lisez que l’un des deux livres, lisez le Braunstein (livre rose) car il commence bien plus tôt dans l’histoire et l’autre livre ne fait que répéter plus ou moins ce qui est dit dans le premier.