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Des solutions pour demain 2021 Un réseau d’essais de 26 agriculteurs en Dordogne Un nouveau vaccin pour la filière Oie L’agriculture, un acteur incontournable Le Périgord, terre d’innovation Miscanthus, switchgrass Stockage du carbone AGRICULTURE BIOLOGIQUE Revue annuelle de la Chambre d’agriculture de Dordogne DOSSIER SPÉCIAL

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Des solutions pour demain

2021

Un réseau d’essais de 26 agriculteurs en Dordogne

Un nouveau vaccin pour la filière Oie

L’agriculture, un acteur incontournable

Le Périgord, terre d’innovation

Miscanthus, switchgrass

Stockage du carbone

AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Revue annuelle de la Chambre d’agriculture de Dordogne

DOSSIER SPÉCIAL

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2 Innov’A 2021 - Chambre d’agriculture Dordogne

Contact : 05 53 35 88 [email protected]

dordogne.chambre-agriculture.fr

Pour votre rendez-vous PACappelez le 05 53 35 88 92

Pour réussir votreDÉCLARATION PAC,

Avec la Chambre d’agriculture, vous faites le choix d’une déclarationconforme et sécurisée.

Rejoignezles 1700

agriculteursqui nous ont fait

2020

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3 Innov’A 2021 - Chambre d’agriculture Dordogne

p.13 à 41

éditorialJean-Philippe GRANGER,président de la Chambre d’agriculture de Dordogne

Le Périgord : terre d’innovation

Ce slogan prend tout son sens aujourd’hui face aux nombreux défis que la société a le devoir de relever dans les années à venir.

De plus en plus l’agriculture est au centre des débats car tout le monde en convient, l’agriculture apporte de nombreuses solutions.

Les expérimentations, les innovations travaillées au quotidien par nos conseillers et les agriculteurs amènent des réponses techniques, scientifiques, et orientent celles et ceux qui s’engagent tous les ans dans ce magnifique métier d’agriculteur.

Dans cette 13ème édition, vous découvrirez des pistes d’espoir et d’avenir, je pense en particulier au vaccin NHEO et à notre publication technique consacrée au stockage du carbone dans les fermes.

Pour la deuxième année consécutive, un dossier spécial bio dans cette édition montre d’une part l’évolution de ces pratiques dans notre département et d’autre part toutes les difficultés qu’il reste à franchir pour que les agriculteurs puissent maîtriser ces pratiques.

Tous les travaux que nous menons en matière de recherches et d’expérimentations sur notre département se font avec et pour les agriculteurs. N’hésitez pas à nous faire remonter des idées ou à partager simplement votre expérience !

Je remercie toutes celles et ceux qui sont engagés à nos côtés sur ces thématiques.

La Chambre d’agriculture est fière de ses agriculteurs.

Ont participé à la rédaction technique : Jérôme Allègre, François Ballouhey, Bernadette Boisvert, Laurent Colombier, Christophe Deffarges, Camille Ducourtieux, Laura Dupuy, Nicolas Fédou, François Hirissou, Amandine Legros, Christine Lobry, Nastasia Merceron, Didier Méry, Dominique Plassard, Richard Raynaud, Laurence Vigier, Amélie Villette.Responsable de la publication : Michel Campagnaud.Coordination technique et rédactionnelle : Amandine Legros et Maryse Gounaud.Mise en page et graphisme : Maryse Gounaud.Impression : Société d’Éditions Rurales Périgourdines (SERP).Photos : Chambre d’agriculture Dordogne et réseau des Chambres d’agriculture (sauf mention spéciale).Reproduction interdite sans l’accord préalable de la Chambre d’agriculture Dordogne.

sommaire

p.8. Switchgrass et miscanthus une expérimentation pleine de perspectives

p.11. Le test bêche un diagnostic de sol simple et rapide

p.43. Stockage du carbone dans les sols l’agriculture, acteur de premier plan

p.47. Les surfaces pastorales une ressource variée pour compléter les apports des animaux

p.49. Agroforesterie le retour des arbres dans les exploitations

p.4. Vaccin NHEO un espoir pour les élevages d’oie

p.6. « Initiative Remarquable » deux exploitations de dordogne obtiennent le label

Le Périgord, terre d’innovation

Expérimenter et analyser

Adapter ses pratiques

AGRICULTURE BIOLOGIQUE DOSSIER SPÉCIAL

Aime Ton Agri

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Vaccin NHEO

La néphrite hémorragique entérite de l’oie (NHEO) est une maladie virale extrêmement contagieuse et mortelle : jusqu’à 50 % voire 80 % dans l’élevage. Fin 2019, un vaccin fait son apparition pour lutter contre cette maladie.

70 % de la production nationale d’oie en Dordogne, soit 120 000 oies.

EN CHIFFRES

UN ESPOIR POUR LES ÉLEVAGES D’OIE

C’est l’aboutissement de 20 ans de travaux depuis que le virus a été isolé et identifié.

Les premiers cas ont été révélés à la fin des années 70 et le virus a été identifié en 1998/1999.

La NHEO peut faire des ravages parce qu’elle est contagieuse, l’animal pouvant être infecté à l’âge de deux ou trois semaines et déclarer la maladie à sept ou huit semaines. En attendant, il aura

contaminé d’autres congénères. C’est pour cette raison que le taux de mortalité peut s’avérer très élevé et que la NHEO est compli-quée à combattre.

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●Un sérum efficace

Elle sera une préoccupation ma-jeure durant les années 2000 et le professeur Jean-Luc Guérin de l’Ecole vétérinaire de Toulouse, va passer ces dix dernières années à trouver des moyens de lutter contre la maladie. Une première avan-cée sera obtenue avec la mise au point d’un sérum fabriqué à partir des anticorps prélevés chez les oies survivant à la maladie. Le sérum est curatif et nécessite d’identifier rapi-dement la maladie, qui est donc présente dans l’élevage.Pour aller plus loin, il fallait trouver le moyen d’empêcher la maladie de se propager et d’entrer dans les bâtiments d’élevage. La seule solu-tion est alors un vaccin sur lequel travaille le professeur Guérin depuis 2006.Si le CIFOG (Comité interprofession-nel des palmipèdes à foie gras) n’a pas ménagé ses efforts pour soute-nir les travaux de Jean-Luc Guérin, un élément supplémentaire va per-mettre d’avancer plus vite. La Dor-dogne est une terre de tradition de l’oie puisqu’elle concentre environ 70 % de la production nationale, soit environ 120 000 animaux. Or, le Conseil départemental de la Dordogne veut relancer cette filière emblématique à travers un plan spé-cifique, qui comprend justement un volet contre la NHEO. Ce plan, lan-cé en 2017, a permis dans un pre-mier temps de reconstituer les stocks de sérum contre la maladie. Alors que les travaux de Jean-Luc Guérin sont en train d’aboutir, le laboratoire Filavie accepte de se lancer dans le développement du produit. Ce qui n’avait rien d’évident compte tenu de la petite taille de ce marché.

La vaccination massive est impérativeParallèlement, tous les acteurs de la filière en Périgord, de l’amont à l’aval, ont adressé un courrier commun au CIFOG pour obtenir une autorisation sur ce vaccin. Un

dossier est donc monté pour deman-der à l’Agence nationale du médi-cament vétérinaire une autorisation temporaire d’utilisation (Atu), en s’appuyant sur l’urgence sanitaire, l’impact économique de la mala-die et la volonté des professionnels de pérenniser la filière. Cette Atu est obtenue en mars 2019 et les 50 000 premières doses sont dispo-nibles depuis novembre 2019.Comme pour toute campagne de vaccination, pour qu’elle soit effi-cace, il faut qu’elle soit massive. Á terme toutes les oies doivent être vaccinées. Pour la stratégie, il est nécessaire de commencer par les reproducteurs, puis les oisons issus de ces der-niers. Pour les éleveurs, y compris fermiers, il faut se rapprocher de son vétérinaire sanitaire pour prendre connaissance des modalités de vaccination. Se lancer dans ce pro-cessus est un enjeu majeur, écono-mique et sanitaire pour développer la filière…

Contact

Votre conseillère palmipèdes :

Dominique [email protected]él. 05 53 45 47 67

2019 Année d’obtention de l’autorisation temporaire d’utilisation du vaccin en Périgord.

EN CHIFFRES

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Initiative France enrichit son programme avec le lancement du label Initiative Remarquable et d’une série d’appels à projet et de prix thématiques. Le réseau a l’ambition de soutenir 1200 nouveaux entrepreneurs labellisés Initiative Remarquable d’ici fin 2022.

97 %

de réussite pour les installations «Initiative Agri Nouvelle-Aquitaine» en 2019, sur 143 installations agricoles

EN CHIFFRES

DEUX EXPLOITATIONS DE DORDOGNE OBTIENNENT LE LABEL

L’activité agricole fait partie de ces secteurs d’activité qui allient efficacité économique

et engagement de leurs dirigeants en matière sociétale, environne-mentale et territoriale et de les

fédérer au sein d’une communauté composée de plusieurs centaines d’entrepreneurs à impact. Les 4 critères remarquables retenus dans le cadre du label sont les sui-vants : la dynamique territoriale,

le volontarisme social et sociétal, l’engagement environnement et l’innovation dans la démarche entrepreneuriale ou dans le projet.Ces critères sont détaillés dans l’encart page suivante.

"Initiative Remarquable"

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EN DÉTAIL

Les 4 critères retenus pour obtenir le label Initiative Remarquable

• La dynamique territorialeL’entreprise « Remarquable » ouvre de nouvelles voies sur son territoire, renforce des filières exis-tantes ou retrouve des savoir-faire disparus. Elle peut aussi contribuer au rayonnement du territoire en France, en Europe et dans le monde.

• Le volontarisme social et sociétalL’entreprise Initiative Remarquable crée des em-plois, valorise son capital humain et développe une gouvernance partagée. Elle apporte sa contribution aux grands enjeux de société. Elle implique ses fournisseurs, ses clients et les tiers dans sa démarche.

• L’engagement environnementalL’entreprise Initiative Remarquable s’inscrit dans une logique de préservation des ressources et de la biodiversité, de maîtrise et de valorisation des déchets, de lutte contre le réchauffement clima-tique

• L’innovation dans la démarche entrepre-neuriale ou dans le projetL’entreprise Initiative Remarquable est porteuse d’une conception novatrice : organisation, mar-ché, gestion, technologie, modèle social.

Le fonds Initiative Agri Nouvelle-Aquitaine a 10 ans ! En 10 ans, le bilan est plus que positif pour Initiative Agri Nouvelle-Aquitaine qui est passé de 4 dossiers par an en 2010 à 143 en 2019.Si l’on remonte dix ans auparavant, l’idée aurait sem-blée saugrenue ; faire bénéficier les agriculteurs de prêt d’honneur proposés par Initiative France jusque-là ac-cessibles aux porteurs de projet affiliés aux Chambres de métiers et d’artisanat ou Chambres de commerce et d’industrie. C’est en Dordogne que nait cette volonté, avec Ini-tiative Périgord, la Région Nouvelle-Aquitaine et la Chambre d’agriculture de Dordogne.Deux agriculteurs périgordins décrochent le label : François Pianezze, producteur de spiruline, et Christelle Régnier, bergère en pastoralisme, sont lauréats du label Initiative Remarquable.

François Piannezze s’est vu attribuer le label Initiative Remarquable pour sa production de spiruline en 2019. Après bon nombre de formations dispensées par la

fédération des spiruliniers, il a souhaité constuire un projet avec une production atypique, d’une façon éco-logique et responsable : utilisation de panneaux photo-voltaïques afin d’être autonome sur l’aspect énergie et avoir un impact carbone le plus bas possible. Il a aussi créé son propre laboratoire afin de pouvoir analyser régulièrement le milieu aquatique dans lequel se déve-loppent les micro-algues. Il veille sur les bassins où croissent les micro-algues pui-sant des éléments nutritifs dans l’eau et l’air. Les eaux sont brassées régulièrement par les pompes alimentées par les panneaux solaires.Sa production est vendue à travers la France grâce à un réseau de consommateurs végans et sportifs.

Christelle Régnier s’est installée en décembre 2018 avec quelques 200 brebis en conversion bio et vente directe. La caractéristique de cette installation est le pastoralisme. L’éleveuse ne possède pas de terres, ni même de bâtiments. Elle bénéficie de la mise à dispo-sition d’environ 300 hectares par l’association foncière pastorale libre (AFPL) de Condat-sur-Vézère.De par ce mode d’élevage en Dordogne, Christelle a bénéficié du label Initiative Remarquable.

« C’est une source de nourriture efficace qui répond aux besoins actuels, encore plus en cette période de pandémie qui démontre que l’on a besoin d’une alimentation de qualité et bienfaisante en matière de défense immunitaire. »

Témoignage de François Pianezze, producteur de spiruline

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ContactsChambre d’agriculture :Christophe [email protected]él. 05 53 35 88 61

Initiative Périgord :Anne [email protected]

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Switchgrass et miscanthus UNE EXPÉRIMENTATION PLEINE DE PERSPECTIVES

Depuis 2019, la Chambre d’agriculture étudie la possibilité d’implanter deux nouvelles cultures en Dordogne, en partenariat avec l’association Périgord Élevage Énergie, Terres du Sud et Cer-France Dordogne. Le switchgrass et le miscanthus ouvrent des perspectives intéressantes pour l’économie et l’autonomie des fermes. L’achat des plants et semences est cofinancé par le Conseil départemental. L’agence de l’eau participe financièrement au suivi de l’expérimentation.

C es graminées rhizomateuses pérennes, respectivement ori-ginaires d’Amérique du Nord

et d’Asie, sont utilisées en paillage pour la litière des animaux (essen-tiellement palmipèdes et bovins). D’autres usages potentiels seront étudiés dans le cadre du projet : paillages horticoles, biomasse pour la production d’énergie (biogaz,

chaudières à biomasse…), maté-riaux bio-sourcés (emballages, com-posites…).En deux ans, 33 parcelles ont été implantées (10 ha en miscanthus et 60 ha de switchgrass), chez 26 agriculteurs. En 2021 pour la dernière année d’implantation des essais, une douzaine d’agriculteurs supplémentaires et une quinzaine

de parcelles ont été sélectionnées.Les parcelles sont situées sur l’en-semble du département, pour repré-senter des secteurs pédoclimatiques variés et ainsi pouvoir observer les conditions de culture les plus favorables. Par ailleurs, plusieurs parcelles ont été choisies sur des secteurs à enjeux pour la qualité de l’eau (zones vulnérables, cap-

26 agriculteursimpliqués dans les essais d’implantation sur la Dordogne en 2 ans.

EN CHIFFRES

Switchgrass en été 2020 (parcelle implantée en 2019)

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« conférence »), afin de valider la pertinence de ces alternatives de cultures pour des secteurs sensibles aux intrants chimiques.

Carte du réseau des parcelles implantées en 2019 et 2020.

En rouge : semis/plantation 2020En vert : semis/plantation 2019

Une étude de faisabilité en cours : premiers résultatsL’objectif de ce projet est d’apporter des réponses concrètes aux ques-

la biomasse produite et donc d’aug-menter potentiellement la matière organique dans le sol.

De nombreux autres paramètres ont été suivis et seront synthétisés à partir de 2021 pour l’ensemble des parcelles du réseau : évaluation des accidents de culture (maladies, ravageurs, épisodes climatiques aty-piques...) ; rendements et teneur en matière sèche ; périodes de semis, gestion des adventices et de la fer-tilité, modalités d’implantation et de récolte, calcul des IFT…Sur les parcelles pilotes, c’est-à-dire une quinzaine de parcelles au total, sélectionnées pour leur représenta-tivité ou leur localisation, les suivis seront plus nombreux et complets : diagnostic de sol, caractérisation des levées, dates d’apparition des différents stades de culture, nota-tions adventices, analyses myco-toxines, suivi biodiversité, suivis de la consommation d’eau, analyse d’eau en sortie de parcelle si pré-sence fossé/exutoire.

Premières observations et résultats

Paramètres observés 2019 2020 Références

« bibliographiques »

Dates de semis

Miscanthus : entre le 20/04 et le 31/05/2019Switchgrass : entre le 20/04 et le 05/06/2019

Miscanthus : 05/05/2020Switchgrass : entre le 05/05 et le 20/06/2020

Température du sol > 8-10°C

Matériel utiliséM : planteuse à tabacSG : semis à la volée (quad ou Delimbe) ou en ligne avec écartement de 15 à 21 cm

M : Plantation à 10-15 cm SG : Semis à 1-2 cm de profondeur

Temps nécessaire à la plantation pour le miscanthus

Entre 12 et 40 h/ha (à 3 ou 4 personnes). -

Désherbage en première année

15 parcelles ont été désherbées uniquement mécaniquement (avant et/ou après implantation).11 parcelles ont été désherbées chimiquement avant le semis (ou après la levée pour le miscanthus).

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(M = Miscanthus ; SG = Switchgrass)

Focus sur quelques retours d’expérience (2019/2020)Lors de la journée « rallye décou-verte » du 5 août 2020, plusieurs agriculteurs du projet ainsi que des techniciens ont eu l’occasion de visiter des parcelles d’essais du département et d’échanger sur leurs

premières observations et retours d’expériences.

Pour le miscanthus

• La préparation du sol sur 10 à 15 cm est importante. Comme l’ob-jectif de peuplement final est de 12 à 15 000 plants /ha, il faut prévoir

pour la plantation une densité de 15 000 à 20 000 plants.• Le précédent cultural joue un rôle important sur la pression des adventices en première année. Il faut choisir une parcelle « propre », avec si nécessaire un labour et plu-sieurs faux semis pour faire lever les

tions des coûts d’investissement, de la conduite des cultures, de l’adap-tation à nos sols et climats, et des débouchés possibles. Une étude de faisabilité technique et financière est en cours pour juger de la pertinence de l’implantation de ces cultures et de leurs atouts environnementaux.En 2020, les parcelles ont donc fait l’objet d’analyses de sols, qui seront reconduites d’ici la fin du projet en 2024. En plus de caractériser les spécificités de chaque parcelle, ces analyses permettront de voir si une évolution de certains paramètres est constatée. Par exemple, le taux de matière organique du sol sera particulièrement observé car son évolution est un indicateur du po-tentiel de stockage de carbone du sol. En effet, des études antérieures indiquent que ces plantes, qui ont un mécanisme de photosynthèse en « C4 », ont une meilleure capacité à capter le CO2 de l’air que d’autres plantes. De plus, le fait de ne récol-ter que les tiges sèches permet de restituer au sol une grande partie de

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ContactsVos conseillères spécialisées :

Christine [email protected]él. 06 45 00 68 83

Laura [email protected]él. 06 02 19 62 07

Avec l’aide financière :

dépassé 2,5 m à 3 m de hauteur de végétation.

Pour le switchgrass • Pour le switchgrass aussi, le pré-cédent cultural revêt une importance particulière pour la gestion des ad-ventices. Ceci d’autant plus qu’à ce jour, contrairement au miscanthus, aucun herbicide n’est homologué pour le switchgrass. Il faut donc jouer sur plusieurs leviers complé-mentaires : un précédent non « sa-lissant », de nombreux faux-semis, une bonne préparation du semis et un semis au bon moment (sur sol réchauffé pour que la levée se fasse rapidement).• Au niveau du précédent, les pre-mières observations révèlent que les prairies et cultures de printemps sont plutôt défavorables au switchgrass qui est peu concurrentiel à la levée. Les cultures d’hiver ou luzerne en précédent seraient plus favorables.• Concernant la préparation du sol, il est conseillé de labourer les parcelles sales, pour gérer une par-tie des adventices (sachant que la culture restera en place au moins dix ans). Il est important de réa-liser plusieurs faux semis, à la fois à l’automne et au printemps, pour faire lever et détruire (déstockage) un maximum d’adventices avant de semer. Ensuite, la préparation d’un lit de semences très fin et régulier permettra aux petites graines de switchgrass de mieux lever. Il est conseillé de semer au maximum de la densité, soit 10 à 12 kg/ha.• Au semis le sol doit être bien ré-chauffé (> 12°C) et avec une pluie annoncée dans les 3 à 4 jours maximum. Un écartement faible est à privilégier pour que le switchgrass « occupe » rapidement le terrain. Si le semis « à la volée » est choisi, il faudra veiller à la bonne régularité de la densité. Enfin un à deux « rou-lages » sont préconisés pour un bon contact « sol-graine » sachant que celles-ci sont de petite taille.• En 2019 et 2020, les levées ont été échelonnées (observation de

levées jusqu’en octobre) et plutôt lentes selon les parcelles. Il faudra confirmer ces observations pour discerner les facteurs déterminants : météo, densité de semis, concur-rence des adventices. Lors des visites d’août 2020, des éleveurs ont évoqué l’opportunité de tester l’utilisation du switchgrass pour un fourrage « en vert » en le récoltant en fin d’été. Cette pratique pourrait présenter des avantages pour l’élevage, mais il faut en étu-dier l’intérêt réel (qualité du four-rage ? appétence ? ) et les risques potentiels pour la suite de la culture (baisse de productivité ? de la ferti-lisation ? ).

2021 : poursuite des obser-vations et anticipation des débouchés En 2021, en plus de l’implantation de nouvelles parcelles, les observa-tions et suivis techniques sont pour-suivis. Les premières pesées de bio-masse seront réalisées en fin d’hiver 2021, permettant de relier les pra-tiques culturales et contextes des par-celles à des résultats de rendements. Pendant cette année, un voyage d’étude est prévu pour que les agriculteurs qui testent ces cultures puissent comparer leurs résultats à ceux d’autres régions et pour que les débouchés complémentaires hors paillages d’élevage soient étudiés.Les contacts établis avec plusieurs collectivités locales du département seront aussi approfondis pour étu-dier des débouchés locaux et éco-nomiquement valorisants pour les agriculteurs.

adventices avant l’implantation (des-tockage des graines). Une implan-tation tardive est à préférer car le sol sera mieux réchauffé. Pour la gestion des adventices les opéra-tions qui ont bien fonctionné sont 1 à 2 passages de herse étrille avant la levée à 5-10 jours d’intervalle, et le binage en post-levée entre les rangs.• Le stockage des rhizomes au frais et à humidité constante est impor-tant pour préserver leur capacité de germination. Il faut pouvoir disposer d’environ 100 m3 de stockage « au frais » pour 20 000 rhizomes (1 ha). Le chantier de plantation doit aussi tenir compte de cette contrainte, en durant le moins longtemps possible et en stockant les rhizomes de ma-nière adéquate pour éviter qu’ils ne sèchent avant leur plantation.• Le chantier de plantation nécessite de la main d’œuvre et du temps : en-viron 40 h/ha à 3 ou 4 personnes, soit une durée totale de chantier de 1,5 jour/ha environ pour 4 per-sonnes mobilisées.La première année n’est pas forcé-ment représentative pour évaluer la réussite de l’implantation. Les agriculteurs ayant planté en 2019 avaient des avis mitigés (adventices nombreuses, hauteur de pousse inférieure à 2 m), mais en 2020, après un broyage en fin d’hiver, le miscanthus a bien « pris le dessus », et les parcelles observées ont toutes

Miscanthus implanté en 2019, photo prise en juillet 2020

Avec la contribution financière du Compte d’Affectation Spéciale

« Développement Agricole et Rural »

[CASDAR]

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Le test bêcheUN DIAGNOSTIC DE SOL SIMPLE ET RAPIDE

Pour se développer, les racines des cultures ont besoin d’un sol en bon état structural. Le test bêche permet de réaliser un diagnostic rapide de l’état physique et biologique du sol.

L e test bêche consiste à pré-lever un bloc de sol à l’aide d’une bêche pour établir un

diagnostic de l’état physique et bi-logique du sol. Cette méthode est rapide et demande peu de matériel. Elle est moins destructive que le profil cultural ou le mini profil 3d mais elle ne permet pas d’observer la struc-ture et l’enracinement des horizons profonds au delà de 25 à 30 cm. Il existe de nombreuses méthodes

de réalisation et d’interprétation des test bêche. Une méthode simple, rapide et facilement disponible a été développée par l’ISARA, l’Institut supérieur d’agriculture Rhône-Alpes.

Quels sont les intérêts et avantages de ce test ? • Pour analyser : en cas d’accident visible sur la culture, le test permet d’identifier si l’accident est lié à un problème de structure du sol.

• Pour décider : le test permet de prendre une décision en interculture afin de savoir si un passage d’outil est nécessaire pour fragmenter le sol.• Pour évaluer l’impact des pra-tiques de travail du sol, d’un couvert végétal sur la structure du sol.• Pour observer l’activité biologique du sol avec par exemple les traces visibles de bioturbation des vers de terre.

30 min pour réaliser le diagnostic

EN CHIFFRES

Etude du sol

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Contacts

François [email protected]él. 05 53 28 60 80Richard RAYNAUD [email protected]él. 06 29 53 70 30

Quel est le matériel nécessaire ?• Une bêche pour extraire le bloc de terre à observer (en sol caillou-teux préférez la fourche-bêche).• Une bâche pour observer le bloc de sol extrait.• Un couteau pour rafraîchir le bloc prélevé. • Un mètre pour mesurer la profon-deur du prélèvement.

Les étapes clés du protocoleEtape1Choisir le lieu de prélèvement le plus pertinent en fonction de l’objectif du test. Soit sur une zone homogène et représentative de la parcelle si le test a pour objectif de qualifier l’état structural moyen, soit sur des zones spécifiques de la parcelle si le dia-gnostic a pour but de comparer des zones pour expliquer des accidents de culture. On prendra soin de déli-miter le lieu de prélèvement pour éviter de le piétiner. Le sol ne doit être ni trop sec ni trop humide le jour du test.Etape 2Observer l’état de surface : pré-sence ou non de résidus de culture, croûte de battance, présence d’élé-ments grossiers, cail-loux, fentes de dessi-cation.Etape 3 Extraire un bloc de sol avec la bêche de 20 cm x 20 cm sur 25 cm de profon-deur. La réalisation d’une pré-tranchée à l’aide de la bêche facilite l’opération.Etape 4Après avoir extrait le bloc de sol, obser-ver la tenue du bloc de sol sur la bêche. S’il ne se tient pas sur la bêche, compter le nombre de sous-blocs formés. Regarder également la présence éventuelle de racines et de résidus. Rafraîchir à l’aide du couteau, ob-server et mesurer la profondeur des différents horizons visibles à l’œil.

Etape 5Déposer le bloc sur la bâche, obser-ver s’il se tient sur la bâche. Si c’est le cas, compter le nombre de fissures présentes (il faut appli-quer une légère pression sur le bloc pour les mettre en évidence). Caractériser l’état structural des mottes de chaque horizon en les fractionnant manuellement pour ob-tenir des mottes plus petites (3 à 5 cm). On distingue 3 catégories de mottes :1• Les mottes arrondies contenant une surface rugueuse/grumeleuse avec une porosité importante visible à l’œil, contiennent de la terre fine agglomérée et sont appelées mottes gamma (Γ).2• Les mottes ayant une surface lisse, plane et sans porosité visible à l’œil, appelées mottes delta (Δ).3• Les mottes intermédiaires ayant une surface plane et lisse mais avec quelques macropores d’origine bio-logique. Les macropores et les élé-ments de bioturbation sont créés par l’activité des organismes du sol, et notamment des vers de terre. Elles seront notées Delta b (Δb).

Mottes Δb, perforations biologiques (3)

Mottes Δ. (2)

Dominance terre fine et Γ (1)

Dominance terre fine et/

ou mottes

Domminance Δb, terre fine ou Γ > Δ

Domminance Δb, terrefine

ou Γ < Δ

Dominance Δ, terre fine ou Γ

> Δb

Dominance Δ, terre fine ou Γ < Δb

Se tient sur la bêche

Se tient sur la bâche

Présente des fissures

Nombre de fissures >1 Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 3 Classe 4

Nombre de fissure <=1 Classe 2 Classe 3 Classe 3 Classe 4 Classe 4

Ne présente pas de fissures Classe 2 Classe 3 Classe 4 Classe 5 Classe 5

Ne se tient pas sur la

bâche

Nombre de sous bloc > 1 Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 3 Classe 4

Nombre de sous bloc <=1 Classe 2 Classe 3 Classe 3 Classe 4 Classe 4

Ne se tient pas sur la

bêche

Nombre de sous bloc > 1 Classe 1 Classe 1 Classe 2 Classe 2 Classe 3

Nombre de sous bloc <=1 Classe 1 Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4

n Classe 1: structure du sol ouverte, très poreuse, aucun tassement n Classe 2 : léger tassementn Classe 3 : tassement modéré, à surveillern Classe 4 : tassement, à surveiller, envisager une action correctiven Classe 5: structure compactée, peu de porosité, tassement sévère, action corrective nécessaire

Pour les deux dernières classes un profil cultural peut permettre d’établir un diagnostic plus précis.

Grille de décision en 5 classes

Etape 6Pour établir le diagnostic, observer également le mode d’assemblage des mottes. L’interprétation finale est ensuite réalisée à l’aide d’une grille de décision.

Page 13: Des solutions pour demain

13Innov’A 2021 - Chambre d’agriculture Dordogne

p.16. L’agriculture biologique en Dordogne les chiffres clés

p.14. Quel rôle joue la Chambre d’agriculture dans le développement de l’agriculture biologique ?

p.15. Les personnes référentes en AB à la Chambre d’agriculture Dordogne

p.17. PNPP en viticulture évaluation des «préparations naturelles peu préoccupantes»

p.21. Gérer les adventices principales étapes à suivre en grandes cultures bio

p.25. Pâturage ovin sous les noyeraies conduites en ab

p.28. Pâturage des chèvres optimiser l’ingestion pour produire du lait à moindre coût

p.30. La culture du houblon dans le sud-ouest une filière à développer

p.33. Prairies à flore variée retour sur 3 années de suivi en dordogne

p.37. Colza et lentille bio zoom sur leurs cultures

p.39. Noix : mouche du brou protéger la récolte sans impacter l’environnement

le mot des élusMarie Griffaton, présidente du Comité d’orientation régional de l’ABHugues Bonnefond, président de la Commission Bio départementale et de la Commission régionale Bio

L’agriculture biologique (AB) poursuit son développement en Dordogne avec près de 1 200 fermes engagées en AB en 2021. Les productions les plus représentées restent les sur-faces fourragères, les grandes cultures et les fruits.

Près du quart des surfaces viticoles du département est enga-gé en AB et la Dordogne est le 1er département français en terme de surfaces arboricoles engagées en AB (un tiers des vergers périgourdins sont en bio !).

En 2019, plus de la moitié des installations aidées (avec DJA) se réalisent en AB, et ce chiffre est en progression constante depuis 5 ans.

Ce développement de l’AB répond à une demande crois-sante des consommateurs pour des produits bio et locaux mo-tivée par plusieurs enjeux : la préservation de leur santé et de leur environnement, la consommation de produits qualitatifs et gustatifs, le respect du bien-être animal et une plus grande dis-ponibilité de produits bio dans leurs lieux d’achat habituels.

En 2021, la Chambre d’agriculture renforce encore son équipe mobilisée pour l’agriculture biologique. 13 conseil-lers couvrent l’ensemble des filières du département et œuvrent pour vous apporter des références technico écono-miques, assurer des suivis techniques, vous accompagner de manière collective et individuelle (notamment pour passer le cap de la conversion) et tester des pratiques innovantes. Notre équipe est au service de l’ensemble des producteurs et porteurs de projets intéressés par les modes de productions et techniques culturales bio.

A l’heure de la dématérialisation, la Chambre d’agriculture informe régulièrement les producteurs engagés en AB via ses bulletins d’information qui relaient les actualités techniques, économiques, administratives et réglementaires des filières. Ce contact régulier s’avère fructueux, et nous continuerons d’envoyer ces Flash Info Bio.

Ce dossier spécial bio illustre nos actions dans différentes fi-lières de production en AB et témoigne de notre engagement pour le développement d’une agriculture biologique rémuné-ratrice qui maintienne nos territoires vivants.

Nous vous souhaitons une bonne lecture !

Chiffres cités et motivations achat produits bio : source Agence Bio & ORAB

sommaire du dossier spécial bio

Des solutions pour demain AGRICULTURE BIOLOGIQUE DOSSIER SPÉCIAL

« Soutien aux actions de développement de l’agriculture biologique en Nouvelle-Aquitaine. »

UNION EUROPÉENNEFONDS EUROPÉEN AGRICOLE

POUR LE DÉVELOPPEMENT RURAL

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QUEL RÔLE JOUE LA CHAMBRE D’AGRICULTUREDANS LE DÉVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE ?

La Chambre d’agriculture de Dordogne intervient auprès des agriculteurs sur les questions de conversion, d’appui technique et de formation. Pour apporter ces services, elle est organisée en réseau régional avec les autres Chambres d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine (mutualisation des infor-mations, des résultats d’essai et de la communication). Elle adhère à l’interprofession (Interbio) qui regroupe amont et aval, ce qui lui permet d’être informée des attentes des entreprises et des coopératives impliquées dans l’agriculture biologique.En juillet 2017 au niveau régional, l’Etat, Interbio Nouvelle-Aquitaine, Bio Nouvelle-Aquitaine (anciennement FRAB), la Région, la Chambre d’agriculture régionale ont signé le Pacte d’ambition régionale pour l’agriculture biologique en vue de mener des actions de développement concertées.

Dans ce cadre, la Chambre d’agriculture développe les actions suivantes :Les actions collectives • Essais cultures et fourrages en partenariat ponctuel avec

les instituts techniques (Arvalis et Terres Inovia) : essais variétés (blé, maïs, soja), fertilisation, désherbage, test de cultures annuelles innovantes pour un fourrage estival de qualité (lablab, cow pea, betterave fourragère...), sur-semis de prairies...

• Journées techniques et d’échanges : tours de parcelles, visites de fermes, démonstrations de matériel…

• Participation à l’opération « Mois de la Bio » (en novembre) : portes ouvertes sur des fermes ou des entreprises en AB

• Mise en lien avec les entreprises en recherche de produc-teurs en AB

• Réalisation de guides et fiches techniques (caprin lait, conduite du vignoble...), notice PAC bio annuelle, rédac-tion du Mémo conversion AB

• Formations : stages conversion, stages perfectionnement (conduite grandes cultures, élevage, biodynamie, maraî-chage, viticulture, aromathérapie…), collaboration avec le lycée agricole (formation BTS) et le CFPPA

• Participation au réseau OAB (Observatoire agricole de la biodiversité)

• Appui aux collectifs d’agriculteurs engagés dans la baisse

de l’utilisation des produits phytos : GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental), Groupe 30 000, réseau DEPHY.

Les actions individuelles • Informations sur l’agriculture biologique • Prestations d’appui individuel : diagnostic pré conver-

sion, conseil post conversion (prise en charge dans le cadre de l’appel à projets régional « Soutien aux ac-tions de développement de l’agriculture biologique en Nouvelle-Aquitaine »)

• Réalisation de dossiers PAC Bio

La coordination • Membre du Comité d‘orientation régional de l‘agricul-

ture biologique (CORAB) pour le développement de l’AB en Nouvelle-Aquitaine

• Réseau bio des Chambres d’agriculture (régional et national) via une commission

• Interprofession bio (INTERBIO Nouvelle-Aquitaine)L’organisation technique • 13 conseillers engagés en AB • 1 relais d’information par antenne (Périgord Pourpre Val-

lée de l’Isle, Périgord Noir et Périgord Vert)• Des conseillers spécialisés : viticulture, légumes/maraî-

chage, arboriculture, grandes cultures, fourrage, bovin et ovin viande, caprin et ovin lait, volailles...

Diffusion d’informations techniques et réglementaires ciblées • Des comptes rendus et résultats d’essais par filière dis-

ponibles en ligne sur notre site internet• Des bulletins techniques par filière envoyés via des

newsletters ciblées• Contribution à la revue régionale trimestrielle ProfilBio1

• Des mails «Flash Infos Bio2» donnant les principales in-formations techniques, administratives et réglementaires

• Organisation d’événements pour des agriculteurs bio

1 Abonnement gracieux mais obligatoire, à réaliser sur https://nouvelle-aquitaine.chambres-agriculture.fr/filieres-et-territoires/agricul-ture-biologique/publications/formulaire-profilbio/2 Pour vous inscrire, envoyez un mail à [email protected]

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La Chambre d’agriculture Dordogneet l’Agriculture Biologique

Contact : Département Filières et Productions - 05 53 45 47 65dordogne.chambre-agriculture.fr

Nos partenaires financiers :

UNION EUROPÉENNEFONDS EUROPÉEN AGRICOLE

POUR LE DÉVELOPPEMENT RURAL

« Soutien aux actions de développement de l'agriculture biologique en Nouvelle-Aquitaine »

Organisation technique : quelles sont les personnes référentes ?

SARLAT

THIVIERS

Ribérac

COULOUNIEIX-CHAMIERS

BERGERAC

Douville

> Des référents dans chaque antenne, pour donner les premières infos bio

> Deux élus référents ABHugues Bonn�ond et Marie Gri�aton

> Des conseillers techniques,spécialisés en AB

Arboriculture : Didier Mery • 06 43 48 47 51

Bovin viande (et dispositifs d’aide) :Elodie Pe�at • 07 86 00 40 64

Caprin et ovin lait :Amélie Ville�e • 06 78 03 77 42

Grandes cultures :Laura Dupuy • 06 02 19 62 07

Fourrages et Ovins viande : Camille Ducourtieux • 05 53 45 47 56

Machinisme : Jérôme Allègre • 06 89 93 31 34

Maraîchage : Nathalie Deschamp • 07 86 00 40 81

Volailles : Dominique Plassard • 05 53 45 47 50

Viticulture : Laurent Colombier • 07 86 00 50 48et François Ballouhey • 07 86 00 50 53

Laurence Vigier

François HirissouNastasia Merceron(Référente questions PAC bio)

> Une animatrice départementale Laura Dupuy • 06 02 19 62 07

05 53 28 60 8005 53 63 56 50

Secrétariat antenne Périgord Pourpre Vallée de l’Isle • C�inne Dessalles •

05 53 55 05 09Secrétariat antenne Périgord Vert

• Paule�e Puybonnieux •

Secrétariat antenne Périgord Noir • Fabienne Gareyte •

https://dordogne.chambre-agriculture.fr/toutes-les-publications/agriculture-biologique/

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... et de l’élevage*3687 vaches

dont 713 laitières

6725 brebis dont 2460 laitières

3399chèvres

1807 ruches

282 156 volailles(208 025 poulets de chair

et 74 131 poules pondeuses)

Les chiffres des cultures...

24 182

1339 haViticulture

975 haAutres

PPAM*

*Plantes à parfum, aromatiques et médicinales

14 756 ha Surfaces

fourragères

4460 haGrandes cultures

195 ha

2136 haFruits

34 ha

Sources : Agence Bio,OC 2019

Légumes frais

11 022 hectares en conversion AB

*animaux engagés �

en AB.

L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE en Dordogne

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PNPP en viticulture

Dans le cadre de la recherche participative, la Chambre d’agriculture de Dordogne et le Domaine de la Brie à Monbazillac, en collaboration avec Jean-François Lyphout, ont souhaité étudier les intérêts des applications de produits naturels peu préoccupants (PNPP) sur la réduction des intrants phytosanitaires (cuivre).

760 gde cuivre métal au total pour la modalité biostimu-lant, soit 2 traitements

EN CHIFFRES

ÉVALUATION DES « PRÉPARATIONS NATURELLES PEU PRÉOCCUPANTES »

Cette expérimentation corres-pond à des besoins actuels exprimés par les profession-

nels de la viticulture ou leurs re-présentants, sur la diminution des produits phytosanitaires et l’opti-misation du volet économique de l’exploitation. Le Domaine de la Brie est membre du réseau de Fermes DEPHY por-

té par la Chambre d’agriculture de Dordogne. Le protocole mis en place doit évaluer l’impact de préparations à base de plantes macérées sur les maladies cryp-togamiques (mildiou, oïdium et Black rot) et évaluer le rôle qu’elles peuvent avoir dans la réduction des doses de produits phytosanitaires. Les préparations de plantes appli-

quées ont été fabriquées par la so -ciété Fortiech. Le mélange est com-posé de quatre plantes en extraits fermentés. La prêle des champs et la sauge officinale (Salvia officina-lis) ont été choisies afin de renforcer la cuticule de la plante puis la bar-dane et la consoude pour stimuler la végétation.

La consoude, une des plantes utilisées pour les PNPP

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● Rappel réglementaire

Les « substances naturelles à usage biostimulant » (SNUB) relèvent de la rubrique règlementaire « matière fertilisante et support de culture fran-çaise » (MFSC). Leur dénomination a été reconnue par le décret n°2016-532 d’avril 2016 et ces substances sont précisément listées par l’arrêté du 27 avril 2016. Elles sont évaluées par l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

Dispositif expérimentalCaractéristiques de la parcelle• Surface : 0,7 ha• Âge : 10 ans• Mode de culture : conversion AB• Densité : 2,5 x 1m• Cépage : Sauvignon blanc• Type de sol : limono argileux

Dispositif de la parcelleL’essai regroupe 3 modalités :• Rangs témoins non-traités (TNT) : cette modalité permet de connaître la pression parasitaire sur la parcelle tout au long de la saison. Ces rangs ne subissent aucun traitement.

en saison à 5 stades phénologiques : floraison, nouaison, fermeture de grappe, véraison, avant vendange.

Contextualisation du millé-sime 2020 Après des conditions hivernales et un début de printemps relativement pluvieux et doux, le débourrement a été précoce à la date du 25 mars avec plus de 15 jours d’avance. Le printemps a connu une période plus froide du 26 au 31 mars avec des gelées nocturnes les 26 et 27 mars.

• PNPP seul : les rangs de cette mo-dalité sont traités avec le mélange de PNPP seul associé à du soufre. Les extraits végétaux ont été appli-qués par le lycée agricole.• Traitement viticulteur : les rangs de cette modalité sont traités avec une quantité de cuivre et soufre définie par l’exploitation du lycée.

Afin d’effectuer un suivi sanitaire de la parcelle et des différentes modali-tés, il a été réalisé une évaluation de la situation mildiou, oïdium, black rot

Situation climatique

0,0

5,0

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15,0

20,0

25,0

30,0

35,0

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11-m

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16-m

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ai4-

juin

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29-ju

in4-

juil.

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août

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-aoû

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sept

.12

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-sep

t.

Tem

péra

ture

s °C

Préc

ipita

tions

mm

dates

PrécipitationsTempératures moyennesTraitements

Date de traitement Produit utilisé

Référence vitiDate de

traitementProduit utilisé

Mélange PNPPDose de

produit utilisé (kg/ha)

Dose de cuivre et soufre (kg/ha)

Dose de produit utilisé

(kg/ha ou %)

Dose de cuivre et soufre (kg/ha)

20/04/2020 BB RSR Dispress Kumulus

0,754

0,153,2 20/04/2020 PNPP

Kumulus 7 %4

-3,2

29/04/2020 BB RSR Dispress Kumulus

14

0,23,2 29/04/2020 PNPP

Kumulus 7 %4

-3,2

06/05/2020 Champ Flo Kumulus

0,84

0,2883,2 06/05/2020 PNPP

Kumulus 20 %

4-

3,2

12/05/2020 Champ Flo Kumulus

0,856

0,3064,8 12/05/2020 Champ Flo

Kumulus 0,85

60,306

4,8

26/05/2020 Champ Flo Kumulus

1,17

0,3965,6 26/05/2020 PNPP

Kumulus 7 %7

-5,6

02/06/2020 Scaldis OH Kumulus

0,87

0,45,6 02/06/2020 PNPP

Kumulus 7 %7

-5,6

09/06/2020Scaldis OH

Nordox Sulfojet

0,60,27

0,30,155,6

09/06/2020Scladis OH

Nordox Sulfojet

0,60,27

0,30,155,6

15/06/2020 Scaldis OH Sulfojet

0,87

0,45,6 15/06/2020 PNPP

Sulfojet 7 %7

-5,6

26/06/2020 BB RSR Dispress Kumulus

25

0,44 26/06/2020 PNPP

Kumulus 7 %5

-4

TOTAL Cuivre métal 2,84 TOTAL Cuivre métal 0,76

TOTAL Soufre pur 40,8 TOTAL Soufre pur 40,8

Calendrier des traitements 2020

Page 19: Des solutions pour demain

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●Le mois d’avril a été exceptionnel-

lement doux avec des températures supérieures en moyenne de 2°C aux normales. Les précipitations ont été supérieures aux valeurs moyennes sur l’ensemble du territoire avec un gra-dient d’ouest en est. Le mois de juin a été caractérisé par des températures moyennes en dessous des valeurs historiques. Cette période de fraî-cheur a été marquée entre le 4 et 19 juin. Le mois de juillet s’est caracté-risé par des températures supérieures aux normales avec un déficit de précipitation très important. Le mois d’août a connu des températures moyennes nettement supérieures aux valeurs historiques. Les pluies ont été essentiellement enregistrées au cours des orages du 12, 21 et 28 août. La station de Monbazillac enregistrait 64,9 mm.La protection a débuté le 20 avril avant les contaminations annoncées par la modélisation Potentiel Systè me® (IFV). Les cumuls des pluies sur la période du 29 avril au 5 mai ont été supé-rieurs à 50 mm. Au 6 mai, le niveau du risque mildiou, sur une grande partie du Bergeracois, était de ni-veau très fort et la zone sud-est du bergeracois de niveau fort.Les fortes précipitations du 10 mai ont favorisé une évolution à la hausse du niveau de risque potentiel de mildiou pour atteindre le niveau très fort. Début juin, la modélisation indiquait un risque sur le secteur Sud

Bergeracois moyen à fort. Le dernier traitement a été appliqué au 26 juin.

Modalité référence viticulteur 9 traitements ont été réalisés soit 40,8 kg/ha de soufre pur utilisé dans la protection contre l’oïdium ainsi que l’application de 2,840 kg/ha de cuivre métal pour la pro-tection contre le mildiou. On enre-gistre un IFT biocontrôle de 4,1 et un IFT hors biocontrôle de 3,92.

Modalité PNPP 9 traitements ont été réalisés dont 7 traitements sans cuivre effectués avec le mélange de biostimulant utilisé à une dilution de 7 % et 2 trai-tements avec du cuivre afin de ren-forcer la protection à l’annonce d’un fort cumul de précipitations et d’op-timiser la protection à la floraison. 40,8 kg/ha de soufre pur uti-lisé dans la protection et 756 g/ha de cuivre métal. On enre-gistre un IFT biocontrôle de 4,1 et un IFT hors-biocontrôle de 0,93.

A la fin de la campagne, aucune divergence significative n’est mise en évidence sur les intensités entre les modalités PNPP et la référence viticulteur. Seule la fréquence d’at-taques du mildiou sur feuille de la modalité PNPP est statistiquement supérieure à la modalité référence viticulteur. La fréquence d’attaque sur feuille est plus importante sur la modalité TNT. Concernant les inten-

Mildiou Oïdium Black-rot Botryris

Fr é q u e n c e e n %

Feuilles Grappes Feuilles Grappes Feuilles Grappes Feuilles Grappes

TNT 36 21,25 0 1 2,5 29,75 0 0

PNPP 13,25 0,25 0 0 1,75 11,5 0 0

Référence (viti) 6 0 0 0 2,25 5,5 0 0

I n t e n s i t é e n %

Feuilles Grappes Feuilles Grappes Feuilles Grappes Feuilles Grappes

TNT 1,36 20,98 0 0,35 0,06 1,35 0 0

PNPP 0,47 0,25 0 0 0,04 0,36 0 0

Référence (viti) 0,19 0 0 0 0,05 0,15 0 0

Moyennes par modalité au 21/08/2020

sités sur grappe, la modalité TNT se distingue des autres modalités par un taux de destruction de 21% des grappes. Après deux pics de sorties de mildiou début mai et mi-juin, la suite de la campagne a été stable.Les traitements statistiques des nota-tions mildiou ont été réalisés avec le logiciel « R ».

L’hypothèse H0 selon laquelle les moyennes sont significativement dif-férentes, est acceptée lorsque la p-value renvoyée est inférieure au seuil alpha fixé à 5%. Les p-value sont données respectivement pour une comparaison entre les modalités.

ConclusionDans les conditions de cette pre-mière année d’expérimentation sur une seule parcelle avec une pression mildiou moyenne à très forte, nous constatons que la stratégie PNPP est très encourageante pour l’avenir. Aucun dégât important n’est consta-té avant les vendanges. La stratégie PNPP se démarque nettement de la modalité TNT. Avec seulement 2 applications de cuivre pour 760 g/ha de cuivre métal les résultats sont aussi performants que la moda-lité référence viti qui correspond à 9 applications de cuivre pour 2,840 kg par hectare. Cet essai soulève également plu-sieurs questions. Les 2 applications de cuivre seules

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dordogne.chambre-agriculture.fr

Parce que les mieux placés pour parler d’agriculture ce sont celles et ceux qui la font.

Ils s’appellent, Olivier, Camille, Isabelle, Guy, Landry, Valérie, Alain, Cyril, Florent, Joël et Simon. Ils sont agriculteurs en Dordogne et vous expliquent leur métier.

Retrouvez les portraits d’agriculteurs sur notre chaîne YouTube > https://youtube.com/playlist?list=PL4Zf6MkfVWnX-JCFsow2d3UIdWqzTf17p

Aime Ton Agri

ContactVotre conseiller viticole :Laurent COLOMBIER [email protected]él. 07 86 00 50 48

Avec le concours de :

Merci au Lycée agricole de la Brie, propriétaire de la parcelle, à Jean-François Lyphout pour la réalisation de ces essais dans de bonnes conditions expérimentales et à Sébastien Graziani, chef de culture du Domaine de la Brie.

auraient-elles permis les mêmes résul-tats ? Quelle synergie existe-il entre le cuivre et les extraits végétaux ? Jusqu’où peut-on baisser les doses de cuivre grâce aux extraits végétaux ?

PerspectivesEn 2021, il sera intégré un témoin de vraisemblance afin d’évaluer plus précisément l’effet du mélange de biostimulants au sein de la stratégie.

L’application PNPP débutera plus tôt sans prendre en compte l’estimation du risque. Dans le protocole seront in-tégrés les analyses de baies avant ré-colte (pH, sucres, TAV, acidité totale, acide malique, azote assimilable) et de pesées de vendanges. Paral-lèlement à cet essai, une seconde expérimentation a été mise en place avec la même stratégie biostimulant dès les premières années d’une par-

celle de merlot afin de stimuler sa résistance.Le mélange est identique quelle que soit la météorologie. Cependant, chaque plante a un rôle différent et doit être appliquée ou pas à des périodes différentes, en fonction des conditions de l’année et à des répétitions variables, suivant la pres-sion maladies, la physiologie de la vigne.

« Soutien aux actions de développement de l’agriculture biologique en Nouvelle-Aquitaine. »

UNION EUROPÉENNEFONDS EUROPÉEN AGRICOLE

POUR LE DÉVELOPPEMENT RURAL

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Gérer les adventices

La gestion des adventices en grandes cultures est source de multiples questions. Elle est d’autant plus importante sur les parcelles conduites en AB, sur lesquelles la lutte est en grande partie préventive. Retour sur les principales étapes à suivre pour établir votre stratégie de gestion des adventices dans vos parcelles.

- 5 %C’est la baisse du potentiel de rendement du blé, occasionné par la présence de 5 folles avoines par m²

EN CHIFFRES

PRINCIPALES ÉTAPES À SUIVRE EN GRANDES CULTURES BIO

1. Connaître la flore pré-sente dans vos parcelles et cibler les adventices à gérer en priorité> Identifier les plantes présentes Vous pouvez pour cela vous aider

de l’application PlantNet® (à télé-charger gratuitement sur les smart-phones, il suffit ensuite de prendre une photo, d’indiquer la partie de la plante photographiée [feuille/fleur/fruit] et l’application vous pro -

pose plusieurs identifications). Plu-sieurs guides adventices existent. Vous trouverez sur la page suivante le lien pour en télécharger un qui détaille les principales « mau-vaises herbes » que l’on trouve en

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● Nouvelle-Aquitaine : https://

nouve l l e -aqu i ta ine.chambres -ag r icu l t u re. f r/ac t ua l i t e s/de -t a i l - de - lac t ua l i t e/ac tua l i t es/guide-adventices-les-reconnaitre -pour-mieux-les-gerer-1/

> Estimer les densités d’adventices Une fois identifiées les principales adventices présentes dans votre parcelle, il est important d’estimer leurs densités respectives. Pour cela, commencez par vous éloigner des bordures. Visualisez un cadre de 1 m² dans 4 zones représentatives de votre parcelle et comptez le nombre d’adventices pour chaque espèce. La densité est extrêmement importante pour les espèces que la stratégie de gestion doit prioriser.Le tableau ci-contre détaille les nuisibilités directes (impact sur le rendement) et indirecte (nombre de graines produites par pied d’ad-ventice) pour plusieurs adventices rencontrées dans nos parcelles. Ces adventices ont été classées en trois classes de nuisibilité. On visualise bien avec ce tableau qu’à densité de présence équiva-lente sur une parcelle, il vaut mieux établir une stratégie de gestion ci-blée sur la folle avoine et le gaillet gratteron que sur les véroniques… Car là où moins de 2 pieds de gaillet par m² font chuter le rende-ment du blé de 5 %, il faudra plus de 44 pieds de véronique à feuille de lierre pour faire chuter le rende-ment du blé de la même manière.

Le stade des adventices est éga-lement un critère à prendre en compte : la présence de folles avoines à floraison dans un blé pour-ra vous motiver à faire un passage d’écimeuse pour limiter l’augmenta-tion du stock semencier dans le sol

Espèce adventice

Nuisibilité directe(Nb pieds/m²*)

Nuisibilité indirecte(Nb graines/pied)

Cla

sse

de

nu

isib

ilit

é 1Gaillet 1,8 50 à 3 000

Folle avoine 5,3 500 à 2 000

2

Coquelicot 22 50 000 à 200 000

Matricaire 22 30 000 à 100 000

Ray-grass 25 3 000 à 20 000

Vulpin 26 1 500 à 10 000

Véronique de Perse 26 1500 à 8 000

3

Véronique à feuille de lierre 44 200 à 2 000

Lamier 44 2 000 à 6 000

Myosotis 66 500 à 5 000

Pensée 133 7 000 à 20 000

D’après A. Rodriguez – ACTANuisibilité de différentes adventices

* suffisants pour faire chuter le potentiel rendement du blé de 5%.

(il est alors conseillé de faire 2 pas-sages à 10 jours d’intervalle pour garantir l’efficacité de gestion des folles avoines).

Estimer la densité des adventices peut paraître fastidieux, mais une vingtaine de minutes vous suffiront à avoir les principales informations nécessaires pour ajuster votre straté-gie de gestion.La période idéale pour faire ce « bilan adventices » qui combine type d’adventices, densité, stade et nuisibilité, est le mois de juin. Vous pourrez en effet faire le bilan de l’ensemble de vos parcelles, cultures de printemps, d’été et d’hiver. Pen-sez tout de même à vous rappeler des adventices présentes dans les céréales à paille en sortie d’hiver et qui ont terminé leurs cycles (comme les véroniques).Les adventices présentes sur les parcelles reflètent les pratiques de ceux qui les cultivent et/ou les ont cultivées. Les agriculteurs qui conver-tissent des parcelles qui étaient en monoculture de maïs auront ainsi plutôt à régler de fortes pressions de flore estivale (datura, xanthium, morelle, chénopodes, panics, sé-taires et digitaires). A contrario, des parcelles très souvent cultivées en cultures d’hiver seront plus sujettes à un fort stock de semences de ray

grass, vulpin, folle avoine. La diver-sité des plantes qui se succèdent sur la parcelle garantit un équilibre entre ces adventices. Si aucune d’entre elle n’est favorisée, aucune ne sera dominante, et leur contrôle sera facilité.

2. Connaître les leviers de gestion adaptés aux ad-ventices cibléesLe premier élément permettant de gérer les adventices est la rotation (ajustement de la succession des cultures), clef de voûte des systèmes de cultures bio. Les autres leviers de gestion des adventices sont (par ordre d’importance) : le travail du sol en interculture, les choix de conduite culturale (cultures en pure ou associées, dates et densités de semis, écartements…), et en der-nier lieu le désherbage mécanique. La réalisation de désherbage mécanique efficace dépend de nombreux facteurs notamment cli-matiques : il ne faut donc pas uni-quement compter sur de potentiels passages pour maîtriser des adven-tices dont la gestion doit s’anticiper à l’échelle de la rotation. Enfin, l’objectif n’est pas d’avoir une parcelle entièrement exempte d’adventices, mais de les maîtriser pour les maintenir en dessous d’un seuil de tolérance, à un niveau

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●compatible avec l’objectif de pro-

duction et l’équilibre économique du système. Ce seuil dépend du type d’adventices présentes, puisque chaque adventice a une nuisibilité qui lui est propre (impact sur le rendement, la qualité et faci-lité de récolte…).Le site internet Infloweb recense les principaux éléments de biologie des adventices et compare l’effica-cité des différents leviers de gestion pour les adventices rencontrées le plus fréquemment. Ci-dessous, vous trouverez un exemple de synthèse des leviers de gestion de plusieurs adventices.

GÉRER LES LEVÉES D’ADVENTICES EN CULTURELes maîtres mots : anticipation et réactivité ! Lorsque de jeunes adventices sont présentes dans les cultures, le plus important à retenir est la nécessité de passer rapidement avec un outil de désherbage mécanique pour les gérer : l’efficacité du passage d’outil dépend des conditions météo et du sol, mais surtout du stade des adventices ciblées. Une règle générale est d’essayer de passer avant le stade 2-3 feuilles. Le plus efficace est le passage d’outil au stade « fil blanc », c’est-à-dire développement des premières racines. Pour anticiper l’apparition de ce stade « fil blanc » dans la parcelle, vous pouvez placer à un endroit facile d’accès et représentatif de vos parcelles, un petit morceau de plexiglas transparent sur le sol nu. Cette zone sera plus vite réchauffée, et les graines d’adventices germeront plus rapidement que dans la parcelle : cela vous aidera à anticiper vos passages d’outil de désherbage mécanique en culture, pour assurer une efficacité optimale.

Rotation LabourDéchaumage/

faux semisDécalage date

de semis

Folle avoine = Avena fatuaRay grass

Gaillet gratteron

Coquelicot

Brome stérile

Vulpin des champs

Vulpie queue de rat

Digitaire sanguine

Panic pied de coq

Sétaire glauque

Chénopode blanc

Mercuriale annuelle

Renouée liseron

Datura stramoine

Morelle noire

L’efficacité des différents leviers dépend de la biologie des adventices : mode de reproduction (sexuée ou par multiplication végétative), période préférentielle de levée, profondeur de germination, production grainière et durée de vie du stock semencier, phénomènes de dormance… Le site Infloweb présente ces éléments.Ce tableau rappelle bien l’intérêt d’avoir ciblé les adventices à gérer en priorité.

Efficacité nulle ou technique non pertinente

Efficacité insuffisante ou très aléatoire

Efficacité moyenne ou irrégulière

Efficacité bonne

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3. Établir votre plan prévisionnel de gestion adapté à vos parcelles

Graminées (sauf folle avoine)

Dicotylédones à période de germina-

tion marquéeété - printemps - hiver

Dicotylédones germant toute l’année ou à

levée étalée

Vivaces = 3 ou 4 pas-sages en interculture (dans l’idéal décompacteur puis déchaumeur à ailettes)

Labour (de préférence tous les 3 ou 4 ans, profondeur 20 cm)

Alternance des pé-riodes de semis via la rotation des cultures

Faux semisStratégie d’épuisement (et dents d’extirpation pour

chiendent)

Source : Chambre d’agriculture du Gers

Vous pouvez créer un tableau dans lequel vous entrerez en face de la liste de vos parcelles, des colonnes avec en en-tête les principales adventices à gérer. Cela vous aidera à établir un plan prévisionnel de gestion, et de notam-ment prévoir l’assolement des années à venir.Ce plan prévisionnel de gestion intégrera forcément des compromis, dus peut-être à une flore très diversifiée, des impératifs économiques, des contraintes de main d’œuvre, outils disponibles… La présence de chardon sur l’ensemble des parcelles ne conduira par exemple pas à implanter la totalité des surfaces en luzerne !

Le schéma ci-dessous présente une synthèse des leviers préventifs à actionner selon le type d’adventices présentes, à adapter en vous aidant du site Infloweb et de vos connaissances.

• Des fiches techniques sur les principaux outils de désherbage mécanique (herse étrille, houe rotative et bineuse), réalisées en 2020 par Jérôme Allègre et Laura Dupuy, téléchargeables sur le site internet https://dordogne.chambre-agriculture.fr, qui détaillent comment régler au mieux ses outils, comment les choisir, quelques références de coût et les aides disponibles.

• Un conseil technique ciblé pour établir un plan de gestion des adventices sur vos parcelles, financé dans le cadre de l’appel à projet bio régional.

•Les sites Internet et applications cités dans l’article : PlantNet®, Infloweb, guide d’identification : https://nouvelle-aquitaine. chambres-agriculture.fr/actualites/detail-de-lactualite/actualites/guide-adventices-les-reconnaitre-pour-mieux-les-gerer-1/

Contacts

Laura DUPUYConseillière grandes cultures bio [email protected]él. 06 02 19 62 07Jérôme ALLEGREConseiller spécialisé machinisme [email protected]él. 06 89 93 31 34

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Pâturage ovin

L’herbe qui pousse à l’ombre des noyers, a fortiori lorsqu’ils sont irrigués, est une ressource alimentaire de bonne qualité pour les brebis. Le pâturage limite l’enherbement et le nombre de broyages.

SOUS LES NOYERAIES CONDUITES EN AB

L’intérêt pour l’éleveur ovin : de l’herbe au printemps et en été.

les noyeraies uniquement entretenues mécaniquement. Dans la mesure où l’herbe est courte et feuillue, la valeur alimentaire de l’herbe présente sous les noyers est de bonne qualité et similaire à celles des prairies. Cette ressource convient ainsi à tous les stades physiologiques, y compris les

brebis qui allaitent leurs agneaux. Les règles de pâturage sont les mêmes que celles des prairies : un niveau de chargement instantané (densité d’ani-maux à un moment donné) d’environ 80 brebis par ha, un temps de séjour par parcelle entre 5 et 8 jours, et une hauteur de sortie de 5 cm au moins.

2 à 3 broyages en moins

EN CHIFFRES

©idele

Une ressource fourragère liée à la frondaison des arbres La présence d’ovins sous les noyers va améliorer la qualité de l’enher-bement : le pâturage favorise les graminées et légumineuses en ré-duisant la proportion des plantes à rosettes souvent très présentes sous

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Témoignage de Jean-Louis Sardan, producteur de noix à Cenac-et-St-Julien (24)

L’avis d’un spécialisteDidier Mery, conseiller spécialisé arboriculture fruitière à la Chambre d’agriculture Dordogne

Traitements contre la mouche du brou : les précautions à prendre

Traitement 48 h (mg/kg de MS) 7 jours

En plein (Success 4) 2,3 0,25

Localisé (Synéïs) 0,003 0,004

Teneur en molécule spinosyn dans l’herbe ana-lysée sous verger de noyer après traitement

La mouche du brou du noyer « Rha-goletis completa » ravageur parti-culièrement nuisible peut réduire à néant la production de l’année. Le traitement peut se faire soit par pié-geage soit par traitement insecticide autorisé en AB en plein ou en loca-lisé. L’inquiétude des éleveurs quant à la présence éventuelle du produit de traitement dans l’herbe a été sou-levée. Pour y répondre, des analyses de résidus pesticides dans l’herbe pâtu-rée ont été réalisées à 48 h puis à 7 jours après traitement. Pour limiter les risques d’absorption des insecti-cides par les ovins, il est préférable de traiter avec un produit en loca-lisé : la matière active Spinosad ne se retrouve qu’à 0.003 mg/kg de MS d’herbe 48 h après traitement. Il est donc impératif de caler les

Pâturage d’animaux non AB en verger ABLa réglementation actuelle spécifie que « des animaux non biologiques peuvent utiliser des pâturages bio-logiques pendant une période de pâturage limitée chaque année et qui ne peut excéder 4 mois par par-celle » (un cahier de pâturage doit être tenu).

périodes de pâturage avec celles des traitements des noyers. Le temps d’attente avant l’entrée des brebis sur la parcelle varie de 2 jours avec un traitement localisé à 3 semaines avec un traite-ment en plein.

« La technique d’hyperlocalisation du traitement utilisé de juin à août conduit à une réduction des doses à 5 litres de bouillie par hectare (contre 600 à 800 litres en méthode traditionnelle). La dérive par chute du produit au sol est alors quasiment nulle. »

« Il y a 8 ans, j’ai proposé à un éleveur d’entretenir mes noyeraies par le pâturage. Tous les ans, une centaine de brebis pâture 25 ha, de fin mars à mi-septembre. J’économise en moyenne 7 heures de tonte par hectare. Pour 25 hectares, ça représente 175 heures et environ 1 000 litres de gasoil, sans compter l’usure du matériel. En plus, je ne mets plus d’engrais en complément du compost. »

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●L’intérêt pour le nuciculteur : économiser des passages de broyeur

Pour limiter la compétition entre les arbres, l’enherbement doit être maîtrisé au cours du printemps et de l’été. Lorsque la pluviométrie est régulière et a fortiori si la noyeraie est irriguée, les brebis peuvent pâturer à 4 ou 5 reprises en 5 mois. Au printemps et en été, seulement un ou deux broyages des refus sont ainsi nécessaires. Cela représente une économie de 80 % du temps de broyage par rapport à une noyeraie non pâturée.

Pâturage et structure des solsLe passage des brebis sous les noyers n’induit pas de tassement du sol. Au contraire, leur présence offre un couvert plus dense qui protège du tassement via un système racinaire prairial structurant de manière homogène les premiers hori-zons de sol. Comparativement, certains vergers entretenus uniquement mécani-quement présentent un tassement de sol lié aux passages de roues où s’y déve-loppe une flore caractéristique à racines pivotantes.

Peu compatible avec certains systèmes d’irrigationSi tous les systèmes d’irrigation en micro aspersion suspendue (qui sont les plus courants) ne posent pas de problème, le pâturage des brebis n’est pas compatible avec les sprinklers. Les brebis se frottent dessus et finissent par plier les cannes. Les systèmes de goutte à goutte risquent également d’être endommagés.

Protéger les jeunes arbres et la prochaine récolteLes arbres recottés (jeunes arbres en remplacement dans un verger) sont im-pérativement à protéger avant l’entrée des brebis dans la noyeraie (photo ci-contre). De plus, il est obligatoire de sortir les brebis 3 semaines à un mois avant la récolte pour éviter que les crottes ne salissent les noix. Certains ca-hiers des charges « acheteurs » peuvent l’exiger.

L’avis d’un spécialisteFrançois Hirissou, chargé de mission agronomie à la Chambre d’agriculture Dordogne

« Des profils à la bêche réalisés en juin 2020 sous noyeraies pâturées et non pâturées montrent que même sur les zones de couchage sous les arbres, les brebis ne provoquent pas de tassement. Le sol observé est classé 1 dans le protocole bêche ISARA donc poreux et ouvert. D’autre part, la présence d’ovins sous les noyers améliore la qualité de l’enherbement : le pâturage favorise les graminées et les légumineuses en réduisant la proportion des plantes à rosettes souvent très présentes sous les noyeraies uniquement entretenues mécaniquement. »

Contact

Camille DUCOURTIEUXChargée de mission ovin - fourrages [email protected]él. 05 53 45 47 56

Calendrier de pâturage des noyeraie

MOIS > JAN. FEV. MARS AVR. MAI JUIN JUIL. AOÛT SEPT. OCT. NOV. DÉC.

Pâturage des brebis EN RÉSUMÉ, LES POINTS CLÉS DE LA TECHNIQUE

• Des vergers enherbés de plus de 7-8 ans,• Des périodes de pâturage à adapter en fonction des traitements de

la noyeraie,• Une protection indispensable pour les arbres recottés,• Des brebis sorties des noyeraies 3 semaines avant la récolte pour

éviter le salissement des noix.

Rédaction Camille Ducourtieux (article issu d’un document rédigé

dans le cadre du projet Brebis_link)

Protéger les jeunes arbres est une obligation

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Pâturage des chèvres

18 % des exploitations caprines françaises ont recours au pâturage. Obligatoire pour la production bio, cette pratique peut correspondre à un choix technique pour limiter le coût de la ration. Cependant un suivi rigoureux est nécessaire pour mettre une herbe de qualité à disposition des animaux et maîtriser le risque parasitisme afin de ne pas pénaliser la production.

OPTIMISER L’INGESTION POUR PRODUIRE DU LAIT À MOINDRE COÛT

La première question qui se pose aux éleveurs qui sou-haitent commencer à pâturer

est souvent celle du dimension-nement de la surface pâturable. Celle-ci va dépendre de nombreux facteurs : durée de pâturage souhai-tée (sur l’année et dans la journée),

rendement des prairies, niveau de production des chèvres, sans ou-blier de prendre en compte la ges-tion du parasitisme gastro-intestinal qui limite le chargement et impose la mise en place de rotations. La surface nécessaire varie selon les contraintes prises en compte mais

on considère en général que pour un pâturage sur une saison entière avec des prairies à bon potentiel, il faudra prévoir 15 à 20 hectares accessibles pour 100 chèvres.Pour contenir le niveau d’infestation parasitaire des parcelles, il est re-commandé de diviser cette surface

71 %d’autonomie alimentaire massique en moyenne pour les éleveurs pâturants.

EN CHIFFRES

Le pâturage au fil permet de stimuler l’ingestion des chèvres par l’accès à de l’herbe régulièrement renouvelée.

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●en blocs. Un bloc est un groupe

de parcelles utilisées sur une même période et pour lesquelles le temps de retour entre deux tours de pâtu-rage est inférieur à 60 jours (21 à 45 jours en moyenne). Il est utilisé pendant une période de 3 mois maximum dans l’année avant d’être laissé au repos pour 9 mois pen-dant lesquels les parcelles ne seront pâturées ni par des caprins, ni par des ovins afin de laisser aux prai-ries un temps d’assainissement (elles peuvent être fauchées ou pâturées par des bovins).

Renouveler l’herbe pour maximiser l’ingestionLes blocs peuvent ensuite être amé-nagés pour être valorisés en pâtu-rage tournant ou au fil. Le pâturage tournant repose sur l’utilisation de parcelles de dimensions fixes sur lesquelles les animaux passeront 2 à 4 jours maximum en fonction de l’herbe disponible (plus le temps de séjour sera court et le chargement instantané important, moins il y aura de refus, mais le nombre de pad-docks nécessaires et le temps de déplacements des animaux seront plus importants.) Le pâturage au fil consiste à mettre à disposition des chèvres chaque jour (ou à chaque sortie), la quantité d’herbe néces-saire. L’éleveur déplace chaque fois un fil délimitant une nouvelle surface à pâturer. Cette technique repose sur un chargement instantané plus élevé et permet d’éviter le retour des animaux sur des surfaces pâturées les jours précédents, limitant le sur-pâturage et les risques de parasi-tisme. La chèvre se lasse très vite et une fois qu’elle a parcouru l’espace offert une première fois, sa vitesse d’ingestion diminue. Il ne faut donc pas hésiter à renouveler régulière-ment l’herbe offerte. La chèvre a la particularité d’avoir une capacité de tri importante, qu’elle exerce aussi au pâturage (préférence pour les feuilles). Pour li-miter ce tri, il convient de supprimer l’accès à la chèvrerie pendant le pâturage et limiter les quantités de foin et concentrés offertes. De plus,

l’appétit de la chèvre varie au cours de la journée, avec 3 pics d’inten-sité : le matin après la traite, en fin d’après-midi et le soir après la traite.

Trois stratégies selon le temps de pâturage offertOn estime que 9 à 12 h de pâtu-rage par jour seraient nécessaires pour permettre aux chèvres de satu-rer leur capacité d’ingestion avec de l’herbe pâturée. En dessous, une complémentation en fourrage est nécessaire, proportionnellement au temps d’accès donné.Pour une chèvre de 60 kg, en pleine lactation avec un niveau de produc-tion annuel de 800 litres de lait (besoins estimés à 2 kg de MS de fourrage par jour) on peut distinguer 3 stratégies de rationnement théo-riques, selon le temps d’accès au pâturage (tableau ci-dessous).

Contact

Votre conseillère caprinAmélie VILLETTE [email protected]él. 06 78 03 77 42

Source : d’après le livre « Le pâturage en élevage caprin » - Parution prévue en juin 2021, à disposition

sur Acta Editions via le site www.idele.fr

Part de l’herbe pâturée dans la ration 100 % 75 % 50 %

Temps d’accès minimum à la pâture Entre les 2 traites + après la traite (> 9 h)

Entre les 2 traites (7 h) 4 h

Quantité d’herbe offerte accessible (kg MS/chèvre/jour) 3 2,3 1,5

Herbe ingérée estimée (kg MS/chèvre/jour) 2 1,5 1

Foin à offrir (kg MS/chèvre/jour) 0 à 0,05* 0,5 1

* Ce foin est une garantie en cas d’aléas sur la pâture mais n’est pas nécessaire à l’équilibre de la ration.

La distribution d’un peu de concen-trés (0 à 700 g de concentrés/jour) favorisera l’ingestion totale et ne pénalisera pas l’ingestion d’herbe. Cependant, à partir de 700 g de concentrés/jour, lorsqu’on aug-mente la complémentation en concentrés, le taux de substitution est de plus en plus important et l’in-gestion d’herbe diminue.

ESTIMER LA QUANTITÉ D’HERBE DISPONIBLE

La densité de l’herbe varie entre 200 et 250 kg MS/cm de hauteur/ha, selon l’état de la prairie et les espèces la composant. Sur une parcelle de 1 ha avec une hauteur de 10 cm (hauteur cheville), la hauteur d’herbe pâturable est de 5 cm (les 5 premiers cm sont non pâturables). L’herbe offerte est de 5 cm pâturable x 250 kg MS/cm = 1250 kg MS.

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La culture du houblon dans le sud-ouest

Malgré des investissements élevés à l’implantation, la culture du houblon peut être une solution intéressante pour se diversifier en raison de la forte demande et à des prix rémunérateurs en agriculture biologique.

UNE FILIÈRE À DÉVELOPPER

mières (orge, houblon) produites à proximité du lieu de brassage. En Dordogne, on recense 26 brasse-ries artisanales en activité dont 10 qui produisent des bières bio. La plupart d’entre elles commercialisent leurs bières en vente directe sur les marchés locaux, dans les magasins de producteurs ou les magasins spé-cialisés et même les restaurateurs de

proximité. Le houblon ne représente que moins de 5 % de la matière pre-mière utilisée pour faire de la bière, pourtant il a un rôle crucial car c’est lui qui va apporter le pouvoir aro-matique ou amérisant à la bière. En France, les surfaces en houblon représentent 550 hectares dont seu-lement une cinquantaine d’hectares certifiés en AB pour l’année 2020.

1 à 1,3 tonnes de houblon bio produit par hectare en moyenne

EN CHIFFRES

Depuis ces cinq dernières années, le nombre de bras-series artisanales a explosé

en France avec 1 850 brasseries répertoriées sur l’ensemble du ter-ritoire début 2020, dont 520 qui produisent des bières certifiées bio. Les brasseurs veulent offrir des bières locales et de qualité en se fournissant avec des matières pre-

Lignes de houblon

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●Avec seulement 2 hectares de hou-

blons plantés dans le Sud-Ouest, la production locale de cônes est loin de satisfaire la demande des nombreux brasseurs présents sur le territoire. Actuellement, les Etats-Unis et l’Allemagne produisent plus de la moitié du houblon mondial. La plu-part du houblon utilisé par les bras-seurs en France est importé. L’Austra-lie et la Nouvelle-Zélande sont bien positionnées dans la production de houblon en AB.

Mise en place d’une houblonnière et conditions de réussiteConsidéré comme une culture pé-renne, le houblon est une plante vivace herbacée grimpante dont la partie aérienne, la liane, meurt et repousse chaque année et dont la partie souterraine, le rhizome, peut rester en terre pendant plus de 20 ans. Les lianes sortent de terre à par-tir du mois de mars et vont croître jusqu’à 8 à 10 mètres de hauteur. La plantation des rhizomes a lieu à l’automne (octobre-novembre) ou au printemps (mars-avril) et se fait manuellement. Il faut compter entre 2 500 et 3 000 plants par hectare. Au préalable, une structure solide qui supportera les lianes doit être installée. De part et d’autre des rangs de houblon, des poteaux de 8 mètres sont enfoncés dans le sol. De solides câbles sont tirés entre les poteaux au-dessus du rang, puis des ficelles sont suspendues depuis les câbles en hauteur et enfoncées dans le sol. Ces dernières serviront à atta-

cher les lianes de houblon au fur et à mesure de leur croissance lors de la mise au fil. Les lianes atteignent leur croissance maximale vers la fin juin lorsque débute la floraison. Après la floraison, les fleurs femelles se transforment en cônes. Ce sont les glandes de lupuline, situées à l’intérieur des cônes, composées de résine et d’huiles essentielles, qui vont apporter les arômes et l’amer-tume à la bière. Il est recommandé d’implanter cette culture sur des parcelles dont la surface est relativement plane par rapport au risque de prise au vent de la structure. Le houblon appré-cie les sols profonds et drainants : sablo limoneux ou limoneux argileux (< 40 % d’argile). Pour obtenir de bons rendements, il est nécessaire d’irriguer les plants l’été (juin-juil-let) pendant le développement des cônes. Le houblon peut être sensible au mil-diou, à l’oïdium et à la verticiliose, en fonction des conditions clima-tiques de l’année, et aux pucerons et araignées rouges.

Itinéraire technique de la culture de houblonLa conduite du houblon peut être comparée à celle de la vigne.Au mois de mars, avant que la plante sorte de sa dormance et ne recom-mence à pousser, la souche est tail-lée et mise à nue pour éliminer les repousses de l’année précédente et limiter l’expansion horizontale.Durant la première quinzaine de mai, les 6 meilleures pousses de chaque plante sont enroulées sur 2 ficelles (3 lianes par ficelle) lors de la mise au fil. Les lianes supplémen-taires sont éliminées.Au cours de l’année, plusieurs but-tages des souches sont nécessaires pour recouvrir les nouvelles pousses de houblon et enfouir les adventices. Au mois de juin, sur les variétés sen-sibles aux maladies, un défanage thermique ou manuel peut s’effectuer pour permettre une meilleure aéra-tion et limiter les pressions fongiques et parasitaires.Selon les variétés et les conditions

climatiques, la récolte se fait entre mi-août et mi-septembre. Pour cela, les lianes sont coupées au ras du sol puis extraites de la structure en « tirant » dessus à l’aide d’un bras de récolte installé à l’avant du tracteur et chargées sur une remorque pour être exportées de la parcelle. C’est grâce à une trieuse, généralement une batteuse fixe, que les cônes seront séparés des feuilles sur les lianes. Ils doivent être séchés rapi-dement après la récolte à des tem-pératures inférieures à 60°C pour conserver leur qualité aromatique. Les cônes sont ensuite stockés en ballot dans une chambre froide. Pendant l’hiver, la plante rentre en dormance jusqu’au printemps sui-vant. En AB, le temps de travail total estimé sur l’année représente 350 heures par hectare.

Utilisation et certification Les cônes séchés peuvent être com-mercialisés tels quels ou transformés en pellets. Le processus de pelletisa-tion du houblon consiste à broyer et compresser le houblon séché en gra-nulés à basse température. Dans les 2 cas, il est nécessaire de

Matériel de récolte : bras de récolte installé sur le tracteur et remorque dans une houblonnière (photo HOPEN terre de houblon).

Cônes de houblon juste avant la récolte.

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Contacts

Vos conseillères AB :

Laura DUPUY [email protected]él. 06 02 19 62 07Nastasia MERCERON [email protected]él. 07 71 26 46 11

SOURCES DOCUMENTAIRES. HOPEN, terre de houblon https://www.hopenhoublon.fr/ . FranceAgriMer https://www.franceagrimer.fr/Autres-filieres/Houblon . Emmanuel Gillard La bière en France http://projet.amertume.free.fr/bbf.htm

fournir un certificat car les cônes de houblons doivent respecter la règle-mentation européenne par rapport à des critères d’humidité, de pro-portion de tiges, de feuilles et de déchets. En France, cette certifica-tion est réalisée par FranceAgriMer et doit se faire avant la vente, avant la transformation et avant tout recon-ditionnement. Il faut transmettre une déclaration des surfaces et des va-riétés plantées et fournir les résultats d’analyses d’échantillons réalisées par un laboratoire accrédité. Seul le houblon vendu en frais (non séché), récolté sur des parcelles appartenant à une brasserie pour son usage, ou vendu à des particuliers pour leur usage privé n’est pas soumis à cette certification.

Rendements et rentabilité En AB, les rendements espérés peuvent atteindre 1 à 1,3 tonnes par hectare. Une récolte de cônes de houblon peut se faire dès la pre-mière année après la plantation et atteindre 20 % à 30 % du rendement final. Le houblon sera en pleine pro-duction à partir de la troisième ou quatrième année après la plantation.

La mise en place d’un atelier de houblon sur sa ferme peut être inté-ressante pour diversifier ses ateliers. Cependant, elle nécessite des inves-tissements élevés à l’implantation, entre 25 000 et 40 000 euros en prenant en compte la plantation, la mise en place de la structure (poteaux, câbles, fils, coût du mon-tage...) et l’installation de l’irrigation (goutte-à-goutte).

Les coûts de production annuels vont représenter 10 000 à 11 000 euros pour produire des cônes de hou-blons. Le retour sur investissement se fera à partir de la sixième ou sep-tième année avec une marge brute de 8 000 à 10 000 euros par hec-tare. En raison de la forte demande en houblon bio, les prix du houblon sont actuellement élevés.

CULTURE D’ORGE BRASSICOLE

L’orge est une culture rustique, couvrante, peu sensible aux maladies foliaires et moins exigeante en azote que le blé. Attention néanmoins à la JNO (jaunisse nanisante de l’orge), maladie véhiculée par les pucerons, et qui peut entraîner de forte perte de rendement. Les principaux leviers de lutte contre cette maladie sont : le choix variétal (préférer une variété tolé-rante) et la date de semis (ne pas semer trop précocement – à partir du 20 octobre – permet de réduire fortement le risque de contamination). La variété choisie doit également présenter une bonne aptitude à la transformation : les malteurs et brasseurs de France éditent ainsi chaque année des recommandations (liste de variétés préférées par les brasseurs, et des spécificités techniques souhaitées)*.

Les grains d’orge maltés ne doivent pas avoir de taux de pro-téines trop importants : il conviendra donc de choisir une par-celle au précédent pas trop riche en azote, en deuxième paille par exemple. Pour les autres éléments de l’itinéraire technique, la conduite d’une orge brassicole est similaire à celle d’une orge d’hiver ou printemps « classique ». La gestion adventice doit s’anticiper le plus possible : place de la culture dans la rotation, déchaumages d’été et faux semis, et en dernier recours le désherbage mécanique en culture (herse étrille et/ou houe rotative éventuellement en post semis pré levée, et entre les stades 2-3 feuilles et début montaison).

* https://www.lgseeds.fr/data/medias/1484/style/default/Varietes_pre-ferees_Malterie-Brasserie_2021.pdf

« Soutien aux actions de développement de l’agriculture biologique en Nouvelle-Aquitaine. »

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POUR LE DÉVELOPPEMENT RURAL

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Prairies à flore variée

Une prairie à flore variée est un mélange semé complexe, de pérennité supérieure à 3 ans, constitué de plus de 6 espèces (et variétés) d’au moins 3 familles botaniques pour les prairies pâturées (2 familles pour les prairies de fauche). La composition de ces prairies durables, productives dans des systèmes à bas intrants, est issue d’un travail initié par l’INRA AGIR de Toulouse.

RETOUR SUR TROIS ANNÉES DE SUIVI EN DORDOGNE

Concevoir des mélanges d’espèces adaptés L’outil d’aide à la déci-

sion Capflor® offre une aide aux conseillers agricoles et aux éleveurs pour concevoir de tels mélanges d’espèces adaptés à leurs besoins et au pédoclimat local. Cet outil a

été conçu de manière participative avec des collectifs d’éleveurs afin de faciliter son adoption par les pro-fessionnels. Pour enrichir cet outil, 3 parcelles inclues dans le projet européen LegValue, ont été suivies sur 3 années.

Pourquoi implanter une prairie à flore variéeLa composition de ces prairies doit offrir plus de souplesse d’exploita-tion avec une durée de pousse plus longue en période estivale qu’avec un mélange ray grass anglais/trèfle blanc. Les variétés de ray grass

10 à 11espèces semées pour les 3 prairies à flore variée suivies.

EN CHIFFRES

Lotier corniculé, pimprenelle, chicorée, plantain lancéolé, pâquerette, pâturin des prés, ray grass anglais, fétuque élevé et trèfles blanc et violet

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anglais disponibles couramment sont adaptées à des zones océa-niques ; elles ne poussent plus au-delà de 25°C et mettent du temps à redémarrer à l’automne avec le re-tour des pluies. Dans les mélanges Capflor sont introduites d’autres gra-minées comme la fétuque élevée et le dactyle qui poussent l’été ou le pâturin et la fétuque rouge qui conti-nuent leurs pousses plus longtemps que les RGA. Cela n’enlève pas que la gestion de la prairie en pé-riode de diminution de pousse doit préserver le potentiel des plantes, en évitant le surpâturage.

Retour d’expérience d’agri-culteurs de Dordogne sur l’implantation de prairie à flore variée• Certaines espèces sont absentes alors qu’elles devaient prendre une place importante dans l’équilibre du mélange. Certaines espèces sont très appétantes pour les limaces : c’est le cas notamment du plantain et de la chicorée au stade plantule (pensez à mettre de l’antilimace si les conditions sont favorables à leur

Prairie pâturéesemis automne 2016Montaut d’Issigeac

Prairie de fauchesemis automne 2016Montaut d’Issigeac

Prairie pâturéesemis automne 2016

Capdrot

activité, il en existe des utilisables en AB). D’autre part des semis trop tardifs pour les luzernes (sensibles au stade plantule aux gelées, c’est-à-dire avant le stade 5 folioles for-mées) peuvent également être un élément d’explication. • Réussir l’implantation reste quel-que chose de difficile, et l’on peut s’interroger sur la bonne période (automne ou printemps). Ces der-nières années, les implantations d’automne ont été tardives ce qui, compte-tenu de la sécheresse de fin d’été, n’a pas favorisé leur pleine réussite. • La bonne gestion du pâturage et/ou de la fauche est un élément influençant beaucoup sur la péren-nité de la prairie.• Pour un bon démarrage de la prairie, pensez à la fumure de départ. En sol argilo-calcaire, la mi-néralisation de l’humus est souvent insuffisante pour assurer l’implan-tation de prairies (besoin de 30 à 40 unités). D’autre part un manque de phosphore disponible pour les plantes réduit l’activité photosynthé-tique et racinaire et peut entraîner

une nanification des plantes, et une moins bonne résistance à la séche-resse. L’épandage de fumier permet d’apporter du phosphore et de la potasse en quantités importantes.

Résultats des suivis sur trois parcellesParmi les parcelles semées par les agriculteurs du GIEE, 3 parcelles sont suivies depuis le printemps 2018 selon le protocole INRA. Deux fois par an, au printemps avant première utilisation et à l’au-tomne après dernière utilisation, les notations suivantes sont réalisées :- relevé botanique (4 quadrats, 25 points par quadrat, notation des espèces présentes sur chacun des points) ;- biomasses : 10 cadres de 0,5 x 0,5 m par parcelle ;- analyses valeurs alimentaires (en cours).Le tableau ci-dessous présente ces 3 parcelles. Les semis ont été faits fin septembre 2016 et ont tous été suivis d’1 à 2 passages de rouleau pour bien rappuyer et favoriser un bon contact terre/graines.

Localisation Type de sol Valorisation Nombre d'es-pèces semées

% graminées semées

% légumineuses semées

Parcelle 1 Montaut d'Issigeac Argilo calcaire séchant l'été Pâture 14 70 23

Parcelle 2 Montaut d'Issigeac Argilo calcaire séchant l'été Fauche précoce 11 70 26

Parcelle 3 Capdrot Argilo calcaire Mixte précoe 12 64 36

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mars 18 nov-18 mars-19 nov-19 mars-20

Parcelle 3 Evolution de la proportion graminées/légumineuses/flore non semée

% graminées semées % légumineuses semées% flore non semée

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100%

mars 18 nov-18 mars-19 nov-19 mars-20

Parcelle 2 Evolution de la proportion graminées/légumineuses/flore non semée

% graminées semées % légumineuses semées % flore non semée

0%

50%

100%

150%

mars 18 nov-18 mars-19 nov-19 mars-20

Parcelle 1 Evolution de la proportion graminées/légumineuses/chicorée-plantain/flore non semée

% graminées semées % légumineuses semées

% plantain et chicorée semés % flore non semée

Principaux résultats d’observation pour les 3 parcelles, avec en commentaires les atouts et contraintes

Globalement sur les 3 parcelles suivies, la diversité des espèces est présente 3 ans après semis, en de-hors de la luzerne qui pour les 3 mélanges semés n’a pas été observée. Cela reflète bien sa faible agres-sivité à l’implantation. L’abondance de présence de chaque espèce varie selon les saisons : cela met bien en évidence l’intérêt d’un mélange diversifié pour as-surer une production tout au long de l’année.

Disparition de la diversité semée au profit des 2 graminées : fétuque élevée (62%) et dactyle (16%)

Forte diminution de la présence de picris épervière

Augmentation forte de la part de flore non semée (en majorité de la fétuque rouge)Diminution de la part des légumineuses (-20 %), surtout le trèfle de Micheli et le trèfle violet qui ont une durée de vie courte

Cette diminution de la part des légumineuses est partiellement compensée par le trèfle blanc

Forte contribution de la flore non semée, et ce depuis la première année de suivi soit 18 mois après l’implantation

Flore « équilibrée » au cours du temps

Les espèces semées et les densités associées sont détaillées dans le tableau ci-dessous :

Densité semis [kg/ha]

Espèces Parcelle 1 Parcelle 2 Parcelle 3

Brome SitkaDactyle"Festulolium (croisement RGA*fétuque élevée)"Fétuque élevéeFétuque rougePaturin des présRGA (50 % précoce ; 50 % tardif)RGHLotier corniculéLuzerne (50 % flamand ; 50 % méditerr)Trèfle blanc géantTrèfle blanc intermédiaireTrèfle blanc nainTrèfle de MicheliTrèfle violetPlantain lancéoléChicorée

--49474262-11--12

123-

10-5-2-81-1-22-

-248-353-7-112---

Densité totale de semis 43 46 36

* Ray-grass anglais

0

10

20

30

40

50

60

70

mars 18 nov-18 mars-19 nov-19 mars-20 oct-20

Festulolium (F. élevée) Fétuque élevéeFétuque rouge Paturin des présRGA (50%précoce.50%tardif) RGHLotier corniculé Luzerne (50%flamand.;50% méditerr.)TB intermédiaire TB nainPlantain lancéolé Chicorée

Nom

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Evolution de la fréquence d’apparition des espèces semées - Parcelle 1

Le graphique ci-dessus présente l’évolution de la flore au cours des 6 notations (mars 2018, novembre 2018, mars 2019, novembre 2019, mars 2020 et octobre 2020). Le plantain semé sur la parcelle 1 tire bien son épingle du jeu (voir graphique). La chicorée (semée à 2kg/ha) semble bien s’implanter. On note sur cette parcelle 1 une forte présence de pâquerettes (peut être due à un léger surpâturage notamment estival).

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ContactsCamille DUCOURTIEUX [email protected]él. 06 74 08 84 34

Laura [email protected]él. 06 02 19 62 07

CONSEILLER • EXPÉRIMENTER • FORMER • INNOVER

dordogne.chambre-agriculture.fr

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POUR LE DÉVELOPPEMENT RURAL

Les préconisationsGrâce aux retours d’expériences des différents groupes d’éleveurs ayant testé l’implantation de prairies à flore variée, des préconisations ont pu être établies concernant l’im-plantation et la gestion des prairies multi-espèces :• Pour l’implantation d’une prairie derrière prairie, ou culture : l’expé-rience montre que contrairement à ce qui s’est dit largement, semer une prairie sur un précédent céréale pré-senterait plus d’inconvénients que d’avantages. La céréale mobilise l’azote disponible et la non cou-verture du sol en interculture dans l’été laisse la porte ouverte à l’im-plantation d’adventices (notamment Picris). Il est préférable d’implanter en précédent un mélange de trèfles bien couvrant sur un an (trèfles vio-let, d’Alexandrie et de Perse par exemple) qui va limiter le dévelop-

pement d’adventices, apporter de l’azote dans le sol, produire un peu de fourrage, et qui est éligible à l’aide « légumineuses ».• La fumure est indispensable sur les prairies de fauche (4 ans/5), et sur prairies de pâture (1 an/5) pour maintenir la productivité ! Un exemple chez un éleveur du Lot-et-Garonne : un apport de fumier sur prairies (2 tonnes de fumier par tonne de MS exportée) a permis de passer de 7 à 10 tonnes de MS par hectare.• Irrigation des prairies : l’expé-rience a été menée à l’INRA de Tou-louse sur des prairies à flore variée semées en 2010 et fertilisées de la même manière. La parcelle irriguée l’a été de telle manière que l’eau ne soit pas un facteur limitant du rende-ment. Le différentiel de rendement lié à l’irrigation est le suivant : produc-tion de 8 à 10 tonnes de MS par

hectare en non irrigué, production de 10 à 12 tMS/ha en irrigué. Cela justifie-t-il le coût de l’irrigation (souvent 300 €/ha), soit 150 €/t de MS gagnée ? A savoir que cer-taines espèces répondent mieux à l’irrigation, en particulier les festulo-lium (exemple Festulolium matrix) ou des fétuques rouges.• Les semis d’automne semblent de plus en plus délicats à réussir. Ac-tuellement, il lui semble préférable de viser un semis de printemps sous couvert de céréales ou de méteil semés à faible densité (sous couvert de triticale ou blé à 60 kg/ha ou avoine à 40 kg/ha par exemple). Une autre alternative est le surse-mis de prairies, moins risqué. Les graines sursemées ne germeront pas forcément toutes en première année, mais permettront de régénérer une prairie sans mettre à mal la produc-tion fourragère.

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Colza et lentille bio

En 2020, les oléoprotéagineux sont à l’honneur avec le lancement de deux projets gérés par l’institut technique des oléoprotéagineux Terres Inovia et auxquels participe la Chambre d’agriculture de Dordogne. Focus sur les cultures de colza et lentille, conduites en bio, qui vont donner lieu à des suivis et des tours de parcelles !

ZOOM SUR LEURS CULTURES

culture de lentille mais aussi de soja et vise à combiner les leviers pour maîtriser l’enherbement et adapter leur conduite aux contextes pédocli-matiques de l’Ouest de la France. Les objectifs de ces deux projets qui ont débuté en juillet 2020 pour une durée de 3 ans sont similaires : sé-

curiser la production de ces cultures en affinant les itinéraires techniques. Des fiches techniques spécifiques à la culture du colza et de la lentille dans nos contextes pédoclimatiques seront l’aboutissement de ces pro-jets. Pour y arriver, plusieurs travaux seront combinés : essais poussés sur

288 ha de légumes secs bio (pois chiche et lentille) cultivés en 2019 en Dordogne, soit 2 fois plus qu’en 2018

EN CHIFFRES

La lentille comme le colza sont deux cultures à bonne valeur ajoutée, intéressantes dans les

rotations, mais aussi très techniques. Le projet SeColBio a pour objectif de sécuriser la conduite du colza biolo-gique au sein des territoires. Le projet W SoLent s’intéresse quant à lui à la

Colza bio associé avec lentille et sarrasin, au 12/10/2020

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● des thématiques spécifiques (choix

variétal, gestion du peuplement, positionnement de la fertilisation pour le colza, cultures associées…), suivis de parcelles d’agriculteurs, enquêtes nationales… Pour la len-tille, deux thématiques spécifiques seront creusées : gestion de la verse et de la récolte. Une des pistes étu-diées pour sécuriser la récolte sera le fauchage andainage (intérêt tech-nico économique, stade/date de réalisation, atouts/contraintes). Pour limiter les risques de verse, ce sont les associations de culture qui seront testées.

La culture de lentilleLa lentille, légumineuse de printemps semée en février/mars sur des ter-rains propres, se récolte en juillet. Elle valorise bien les terrains à ten-dance superficiels, n’est pas adap-tée aux sols hydromorphes et très séchants. C’est un bon précédent. Contrairement au soja, il n’est pas nécessaire d’inoculer les graines. Sa récolte proche du sol rend sa

culture compliquée sur des parcelles très riches en cailloux, et renforce l’intérêt d’un sol bien nivelé. Il est important de respecter un délai de retour de 5 ans entre deux cultures de lentille sur une même parcelle, notamment pour limiter les risques maladies. La maîtrise de l’enher-bement et de la récolte sont deux points clefs de l’itinéraire technique. Les faux semis permettent de gérer une partie des levées d’adventices. Il est conseillé d’éviter les précédents tournesol. Pour la récolte, il faut aller dans les parcelles tôt le matin avant l’arrivée de trop fortes chaleurs et ré-gler lentement le batteur, pour limiter l’égrenage des gousses et la casse des graines.

La culture du colzaLe colza est une culture peu rassu-rante en bio, notamment du fait des ravageurs qui peuvent l’affecter. Pourtant, elle présente de nombreux atouts : diversifier sa rotation avec une famille peu cultivée (crucifère) et une date de semis décalée, valori-

ser l’azote à l’automne (derrière une luzerne par exemple), permettre une bonne rentabilité. On peut implanter un colza et décider en sortie d’hiver selon son état, de garder la parcelle ou de la travailler pour implanter une culture d’été : dans ce cas, le colza aura joué le rôle d’un couvert CIPAN et permis d’assurer la cou-verture du sol et de valoriser l’azote du sol ! La demande est forte pour une huile alimentaire et des tour-teaux de qualité pour l’alimentation des monogastriques. Les points clefs pour réussir cette culture sont : assurer une bonne disponibilité en azote à l’automne, choisir la bonne variété, réussir l’im-plantation (respect des dates et den-sités de semis) et récolter à maturité complète avec de bons réglages machines.Ces deux cultures encore peu pré-sentes dans les assolements néces-sitent de sécuriser leur valorisation : assurez leurs débouchés avant de semer !

En Dordogne, des essais seront conduits sur la lentille bio en 2021 et 2022, et des parcelles de colza bio seront suivies en 2020, 2021 et 2022. Si vous êtes intéressés pour tester l’une de ces deux cultures, ou partager vos connaissances parce que vous les cultivez déjà, contactez la référente du projet Laura Dupuy, conseillère grandes cultures AB.

Contact

Laura DUPUY [email protected]él. 06 02 19 62 07

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Noix : mouche du brou

Présente depuis 2011 en Dordogne, la mouche du brou fait partie des ravageurs capables de causer de très fortes pertes de récolte. Détruire les mouches sans induire des effets indésirables sur la faune auxiliaire est un objectif prioritaire pour la culture de la noix qui nécessite par ailleurs un nombre très réduit d’interventions phytosanitaires. Le recours à l’hyper-localisation des traitements est une piste prometteuse.

PROTÉGER LA RÉCOLTE SANS IMPACTER L’ENVIRONNEMENT

est le dilemme auquel sont confron-tés les nuciculteurs durant la période estivale puisque l’unique vol de la mouche du brou débute vers fin juin pour s’achever vers la mi-septembre si les conditions climatiques d’arrière saison sont favorables. Á l’heure

actuelle, la nuciculture convention-nelle dispose de plusieurs méthodes pour maîtriser la mouche du brou :• Les adulticides à base de phos-met, de rynaxypyr ou de spinosad qui doivent être pulvérisés sur la totalité de la végétation pour être

40 % de dérive en moins

5 l/ha avec le traitement hyperlocalisé au lieu de 800 l/ha habituellement

EN CHIFFRES

Protéger la récolte sans nuire à l’environnement Le défi est majeur : intervenir

pour limiter les pertes potentielles dues à la mouche du brou mais en même temps induire des effets colla-téraux les plus réduits possibles, tel

Appareil de traitement localisé (capacité 30 litres) chez Thierry GRAVE

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● efficaces. Ces produits ont tous des

effets secondaires plus ou moins mar-qués sur la faune auxiliaire et doivent être utilisés avec discernement. De plus, leur mise en œuvre nécessite le recours à des atomiseurs et tracteurs de fortes puissances pour atteindre le haut de la canopée des noyers ; ces derniers peuvent dépasser 14 à 16 m dans certaines zones de pro-duction. Enfin, le recours à ces pul-vérisateurs arboricoles peut parfois induire des nuisances sonores et des risques de dérive vers le voisinage et constitue toujours une forte contrainte de coût et de temps de travail pour les nuciculteurs. • L’utilisation de barrière physique par l’emploi de produit à base d’argile calciné est une deuxième méthode qui présente l’avantage de ne pas avoir d’incidence majeure connue sur l’environnement et ne pas être dangereuse pour l’utilisateur.Elle permet également de limiter, par constitution d’un écran, les risques de brûlures des noix lors des épisodes caniculaires. Cependant, là encore, il est indispensable de disposer d’atomiseurs performants et d’un temps d’intervention long pour cou-vrir correctement la totalité de la fron-daison des noyers. Par ailleurs, l’ar-gile n’agissant que par effet répulsif, les mouches ne sont pas détruites et risquent de se reporter pour pondre sur des zones ou des parcelles non protégées. • Le recours au piégeage massif est également possible avec le mise en place avant le début du vol de la mouche de pièges à raison de 100 pièges par ha. Le coût élevé de ces pièges ( plus de 450 € /ha) constitue un frein à leur utilisation. Par ailleurs, ils ne peuvent pas être utilisés sans accompagnement chimique dans les parcelles très infestées l’année précé-dente. Aussi, ils sont essentiellement employés dans les noyeraies de sur-face réduite.• L’emploi conjoint d’un attractif ali-mentaire et d’un insecticide utilisé en quantité très réduite et de manière très localisée sur une toute petite partie de la canopée des noyers est la troisième voie expérimentée

Limiter les investissementsA l’heure où les cours de la noix ne semblent pas s’orienter à la hausse et que les prix payés aux nuciculteurs ont chuté de plus de 30 % depuis 2017, la limitation des investissements peut permettre de continuer de dégager une marge sur cette culture. Ainsi, les tarifs des atomiseurs destinés à intervenir

dans des noyeraies peuvent varier de 8 000 € HT à 25 000 € HT selon les marques, capacités, équi-pements, etc. Bien entendu, ces appareils ne sont pas uniquement destinés à la lutte contre la mouche du brou et sont parfaitement utiles pour lutter contre d’autres maladies (bactériose, anthracnose, collétotri-chum…) et ravageurs ( carpocapse essentiellement). Cependant, si une acquisition est nécessaire pour une lutte spécifique contre la mouche du brou, une réflexion s’impose compte-tenu de la modicité du coût des ap-pareils de localisation : 1 600 € HT pour un appareil de 30 litres de capacité à 3 100 € HT pour celui ayant une cuve d’une contenance de 120 litres.

Réduire les nuisances sonores et supprimer la dérive Ces appareils à localiser ne pos-sèdent pas de turbine et donc né-cessitent une très faible puissance de traction. Ceci va bien-entendu réduire considérablement les nui-sances sonores. De plus, compte-tenu des volumes de bouillie mises en oeuvre, les potentielles nuisances liées aux dérives de produits phyto-sanitaires sont supprimées.Rappelons qu’en condition nor-male d’utilisation, lorsque les noyers sont en pleine végétation, pour des volumes de bouillie de 800 à 1000 l/ ha, la dérive globale (pertes par dérive aérienne et pertes par retombées sur le sol) peut dé-passer 40 % du volume de bouillie mis en oeuvre. Pour les appareils à localiser, le volume de bouillie utili-sée par hectare est de 5 litres (soit 1,5 l de produit commercial + 3,5 l d’eau). Etant donné que le déclen-chement de l’impulsion qui permet d’envoyer le produit est manuel, la totalité des 50 cc utilisés pour traiter 1 arbre (cas de figure d’une planta-tion à 100 noyers par hectare) est déposée sur la végétation. La dérive est supprimée. Afin d’être plus précis et plus rapide, le traitement d’une seule face des noyers est conseillé. Cette hyper-concentration de la bouillie conduit à une nécrose sans conséquence des feuilles dans la zone d’impact qui représente une surface de quelques feuilles de pa-pier A3.

Pulvérisateur 800 litres/ha.

depuis quelques années. Cette der-nière aurait un impact très limité sur l’environnement.

Des moyens de lutte plus restreints en ABEn agriculture biologique, seul le spi-nosad sous forme de traitement en plein ou sous forme d’appât et l’ar-gile calcinée sont autorisés. L’emploi des pièges n’est plus auto-risé depuis la campagne 2019.

Nécrose des feuilles suite à la localisation du traitement.

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●Expérimenter pour confir-

mer les résultats obtenus sur d’autres exploitationsAfin de préciser les conditions d’uti-lisation de cette pulvérisation hyper localisée du spinosad sous forme d’appât et de tester différentes stratégies de lutte, des démonstra-tions ont été mises en place par la Chambre d’agriculture, durant la campagne 2020, en partena-riat avec la Station expérimentale de la Noix de Creysse (46) et les techniciens(iennes) des organisa-tions de producteurs (CoopCerno, PerlimNoix, Promonoix). Les condi-tions de températures exception-nellement chaudes et l’absence de pluies durant le mois de juillet 2020 (le plus chaud depuis 1961) ont été très défavorables aux pontes et donc à la prolifération de la mouche du brou. Aussi, il n’a pas été possible de voir des différences de résultats compte-tenu du très faible taux de contamination constaté durant les journées de comptages de dégâts réalisées du 15 au 18 août sur les 4 exploitations réparties sur le département (Chavagnac, Peyrillac-et-Millac, Saint-Cyprien, Saint-Seurin de Prats).

En conclusionDans l’attente de nouveaux retours d’expérience suite à de nombreux projets d’utilisation dans les pro-chaines années, il est d’ores-et-déjà possible d’indiquer que cette mé-thode de maîtrise de la mouche du brou présente plusieurs avantages : mise en oeuvre simple et rapide, investissements réduits, efficacité prouvée, impacts environnementaux minimes.Des points devront être précisés très rapidement concernant la résis-tance au lessivage et la persistance d’action afin de pouvoir réduire ou adapter le nombre d’interventions.

« Conscient du fort pouvoir d’attaque de la mouche du brou et des pertes de récolte que ce redoutable ravageur peut induire, je souhaitais intervenir avec une méthode la plus respectueuse possible de l’environnement en général. L’utilisation d’une pulvérisation classique d’insecticide sur la totalité de la végétation, avec tous les risques de probèmes liés à la dérive et de nuisances auprès du voisinage, ne me satisfaisait pas du tout. Lors d’échanges dans le cadre des rencontres avec les autres membres du Réseau DEPHY Noix Dordogne auquel je participe depuis 2017, Claire PICARD m’a fait part de sa totale satisfaction concernant une nouvelle méthode d’application du SYNEIS Appât utilisé dans la lutte contre la mouche du brou. Sur ses noyeraies, alors que les pertes de récolte atteignaient plus de 30 % en 2018, 4 applications durant la campagne 2019 de juillet à septembre avec 5 l/ha de bouillie avaient donné d’excellents résultats puisque qu’il n’a pas été constaté de dégâts en 2019. Guidé par les techniciens de la coopérative CoopCerno, je me suis équipé en juillet 2020 du plus petit modèle d’une capacité de 30 litres qui permet de traiter 6 ha en 2h (en prenant en compte le temps de préparation et de rinçage des bidons).Utiliser un appareil classique de pulvérisation est vraiment pour moi une corvée alors qu’atteler ce petit équipement n’est pas une contrainte car on ne perd pas de temps à préparer, à pulvériser avec un tracteur de forte puissance, avec les nuissances liées au bruit et aux risques de dérive, puis à nettoyer. Espérons que les travaux de recherche vont pouvoir rapidement trouver une solution identique pour la maîtrise du carpocapse de la noix ! »

Témoignage de Thierry Grave, nuciculteur à St-Cyprien

Thierry GRAVE devant la parcelle de Fernor ayant fait l’objet d’essais en 2020.

Contact

Votre conseiller arboriculture fruitière :Didier MÉ[email protected]él. 06 43 48 47 51

< Mouche du brou adulte

Larves et dégâts

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RISKAQUASOIL PRÉVOIR, SUIVRE ET GÉRER LES ALÉAS CLIMATIQUES

Risk AquaSoil est un projet de coopéra-tion transnationale financé par l’Union européenne dans le cadre du programme Interreg Espace Atlantique qui vise à dé-velopper un plan global et des initiatives partagées pour une gestion efficiente des risques et une amélioration de la résilience des régions rurales de l’Arc Atlantique.

Au travers d’une coopération internationale, 8 par-tenaires européens issus de 5 pays se sont penchés pendant 3 ans, de 2017 à 2020, sur les effets négatifs du changement climatique, en particulier dans les espaces agricoles.

LES OBJECTIFS DU PROJET

• Partager entre pays des méthodes de détections précoces des risques climatiques principaux et notamment des risques de crues et d’érosion.

• Informer sur les scénarios climatiques futurs et leurs impacts.

• Etablir des méthodes d’accompagnement des po-pulations, territoires et agriculteurs au changement climatique et à son impact sur leurs activités.

LES ÉTAPES DU PROJET

Alerte précoce et diagnostic De nouvelles méthodes de télédétection à bas coût pour mesurer, suivre et prédire l’impact local de différents aléas climatiques ont été testées de manière à proposer un meilleur service de détec-tion précoce des risques climatiques en zones ru-rales. Cette activité de diagnostic a été élargie en s’appuyant sur des scénarii climatiques futurs et en améliorant les services d’information en temps réel aux agriculteurs.

Application et adaptationDes actions pilotes ont été mises en oeuvre dans des zones agricoles dans le but d’améliorer la ges-tion des sols et de l’eau tout en prenant compte des risques associés au changement climatique présent et futur.

Capitalisation et diffusionAu travers des formations et du partage des nou-velles connaissances, en coopération entre com-munautés locales et agriculteurs, les nouveaux sys-tèmes d’informations et de diagnostic élaborés au cours de ce projet visent à améliorer la gestion des risques et à proposer des systèmes de com-pensation.

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Stockage du carbone dans les sols

Les sols mondiaux contiennent trois fois plus de carbone dans leur matière organique que l’atmosphère et sont une des clefs de voûte de la maîtrise des excédents de CO2 rejetés par les activités humaines. L’agriculture est un secteur majeur à mobiliser pour répondre aux enjeux du réchauffement climatique à partir de son potentiel de séquestration du CO2 qui est important.

L’AGRICULTURE, ACTEUR DE PREMIER PLAN

Les sols participent en effet à la régulation du climat en stoc-kant 3 fois plus de carbone

(C) dans le premier mètre de sol (2 400 Gt) que l’atmosphère (800 Gt) ou 4,2 fois plus que la végétation

terrestre (560 Gt) (Lal et al, 2004). Le rapport entre les émissions an-thropiques annuelles de carbone (9,4 milliards de tonnes) et le stock de C des sols (2 400 milliards de tonnes) est de l’ordre de 4 ‰, ce

qui suggère qu’une augmentation de 4 ‰ par an du stock de C des sols permettrait théoriquement de com-penser les émissions anthropiques de CO2 pendant plusieurs dizaines d’années, le temps d’arriver à la

0,1 % de MO stockée/ha/an = 210 €.

EN CHIFFRES

Les sols, stockeurs de carbone

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● neutralité carbone des activités hu-maines. Sur cette base de calcul la France a porté l’initiative 4/1000 lors de la COP 21 en 2015, « Les sols pour la sécurité alimentaire et le climat », qui vise à promouvoir les pratiques agricoles permettant le stockage additionnel de carbone dans les sols. Au-delà des enjeux climatiques, les matières organiques assurent des fonctions essentielles : elles sont une composante majeure de la fertilité chimique des sols, car leur minéralisation libère les éléments nutritifs qu’elles contiennent (N, P, K...) ; elles augmentent la rétention d’eau et améliorent sa structure et sa résistance à l’érosion ; elle jouent un rôle de filtre vis à vis de polluants tels que les pesticides ou les éléments traces métalliques et renforcent donc le rôle de tampon que le sol a vis à vis des autres compartiments de l’en-vironnement : l’eau, l’atmosphère et le vivant. Enfin, elles sont la ressource trophique des organismes vivants du sol et soutiennent ainsi la très grande biodiversité qu’il héberge.

Analyse de sol et matière organiquePour comprendre comment les pra-tiques agricoles peuvent permettre le stockage du carbone dans les sols, il faut donner les éléments de calcul qui sont utilisés pour évaluer la te-neur de ce carbone dans les sols. Dans une analyse de sol classique, la matière organique est donnée en pourcentage de la masse de sol analysé. Ainsi, un taux de matière organique de 2 % signifie qu’il y a 20 g/kg de sol de matière orga-nique. Ce taux est calculé à partir du dosage du carbone organique par réaction d’oxydation totale et il représente 58 % de la matière organique (MO). En appliquant un coefficient de 1.72 à ce carbone organique on obtient le taux de ma-tière organique. Il suffit de reporter ces chiffres à la masse de sol prise en compte sur 1 ha, (profondeur de 25 cm, densité de 1.3), soit 3 250 tonnes, pour avoir la quantité de matière organique : 3 250 t x 0.02 = 65 t. Ainsi un sol à 2 % de MO

contient environ 65 t d’humus ou 38 t de carbone organique (C). Cette masse n’est pas homogène et est en équilibre dynamique entre la matière organique fraîche à C/N élevé, constituée de grosses parti-cules riches en carbone et énergie qui sert de carburant aux micro-or-ganismes, et la matière organique stable (humus) à C/N bas, plus pauvre en énergie mais source de nutriments pour les plantes par sa mi-néralisation. Ces deux composantes participent à la structuration des sols et à leur réserve en eau. Pour traduire en masse de CO2 stocké, il suffit d’appliquer le coefficient 3.7 (masse de CO2/masse de C), qui est le nombre par lequel il faut multiplier le carbone organique pour obtenir le CO2. Ainsi 38 tonnes de carbone organique, équivalent à 65 tonnes de matière organique, soit 2 % sur l’analyse de sol, correspondent à 38 x 3.7 = 140 t de CO2 stocké ! On

peut ainsi se donner un chiffre simple à retenir : pour chaque 1 % de MO, le sol stocke 70 t de CO2. Nous re-viendrons sur ce chiffre pour montrer qu’il est fondamental dans le calcul de la rémunération possible des ser-vices écosystémiques rendus par le stockage du carbone par les agricul-teurs. Nous savons que la quantité de matière organique d’un sol est la résultante des phénomènes d’humifi-cation et de minéralisation. Si le pre-mier terme est supérieur au second, il y a augmentation du taux d’humus et donc stockage de carbone, s’il est inférieur, le renouvellement est insuffisant et il y a déstockage de carbone. On sait aujourd’hui que l’augmentation du stockage de car-bone dans les sols se fera en évitant sa sur-minéralisation, notamment par l’arrêt du travail intensif, mais sur-tout par l’accroissement des entrées de matière organique et l’utilisation intensive de la photosynthèse.

Les bactéries et champignons mycorhiziens des sols pour-voyeurs de carbone organique stable par les systèmes racinaires des plantes

La stabilité et la vie des sols dépendent de l'apport permanent de résidus végétaux.

La photosynthèse est la réaction bio-chimique la plus importante sur la planète car c’est elle qui convertit l’énergie solaire en énergie chimique à l’origine de tous les processus du vi-vant, par l’intermédiaire des plantes. Cette énergie permet la production de biomasse végétale et animale et doit donc être considérée comme un élément central dans la fonction agricole. Le carbone minéral de l’air

(CO2) est réduit en carbone orga-nique dans les feuilles et devient la brique fondamentale du vivant (58 % de la MO). Il va servir à :• produire la biomasse aérienne des plantes et leur système racinaire ;• être le carburant de la respiration ;• produire des exsudats racinaires qui vont alimenter l’ensemble du microbiote (bactéries, champignons)

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●indispensable au fonction-nement de la plante. Cette troisième part de la distribu-tion de carbone n’est pas toujours prise en compte et pourtant elle peut représen-ter jusqu’à 20 % de la pro-duction photosynthétique totale.

Une découverte majeure faite par les chercheurs dans les deux dernières décennies montre que les molécules résultant des biosynthèses microbiennes (polysaccharides) à partir des sucres issus des exsu-dats racinaires ainsi que les matières organiques issues des racines constituent la majorité des matières organiques du sol (Leh-mann & Kleber, 2015). Les bac-téries et les champignons de la rhi-zosphère (partie du sol au contact des racines) sont donc des éléments essentiels pour la production de car-bone organique stable.

Encore faut-il que ce carbone orga-nique soit protégé et pour cela qu’il soit incorporé et à l’intérieur des micro-agrégats de sol qui sont les assemblages élémentaires de par-ticules minérales (argiles, limons, sables) et de résidus organiques. Ces éléments sont essentiels dans la structure des sols et fournissent les habitats des bactéries et cham-pignons humificateurs. Leur assem-blage en macro-agrégats est permis par les colles des polysaccharides bactériens les réseaux mycéliens des mycorhizes. Il faut souligner ici le rôle majeur de la glomaline qui est une substance émise par les cham-pignons mycorhiziens (glycoprotéine) et qui peut constituer jusqu’à un tiers du carbone des sols.

Pour maintenir ces agrégats et donc stocker du carbone, il est indispen-sable d’approvisionner en perma-nence les sols en résidus végétaux et organiques et de bannir les interven-tions mécaniques de retournement et de pulvérisation.

Le carbone de la rhizodéposition des racines est à la base de la matière organique stable des sols.

Les légumineuses indispensables au stockage du carbone dans les sols Un autre facteur important à prendre en compte pour augmenter le taux de matière organique des sols est le couplage nécessaire entre le cycle du carbone et celui de l’azote. Le rapport Carbone/Azote est une valeur propre à chaque maillon organique du sol (résidus végétaux, micro-organismes, protozoaires, ma-tière organique, …) et intervient dans le stockage du carbone. En effet, les résidus végétaux et les exsudats raci-naires qui sont à la base de la pro-duction de matière organique ont des rapports C/N élevés (C/N de 30 à 200) et donc beaucoup plus de car-bone que d’azote, alors que la ma-tière organique des sols est dans un rapport C/N = 10 tout comme les bactéries et champignons. On com-prend que pour atteindre les taux de C/N = 10 de la matière organique, il faut beaucoup d’azote en partant d’un composé à transformer à C/N = 100, en sachant qu’environ 60 % du carbone est utilisé pour la respira-tion par les micro-organismes. Il reste 40 C pour 1 N et donc un déficit de 3 N. C’est ce qui est appelé la faim d’azote lorsque l’on laisse les pailles

sur un chaume par exemple. On cal-cule ainsi que pour remonter de 1 % le taux de matière organique d’un sol en 10 ans, il va falloir immobi-liser 2 500 kg d’azote au total, soit 250 kg d’azote par an, pour le sol et pas pour la culture ! Cet azote doit provenir en premier lieu des légumi-neuses qui grâce à leur nodosités et leur bactéries associées fixatrices de l’azote de l’air assurent un couplage fort entre le cycle de l’azote et celui du carbone, sans perte dans le mi-lieu. L’apport exogène d’azote orga-nique par les fumiers et les composts de déchets verts complète le disposi-tif et permet avec la restitution de ré-sidus de cultures et couverts végétaux très carbonés (sorghos par exemple) de remonter les taux de matière orga-nique et donc de fixer le carbone. Si l’azote provient d’engrais de syn-thèse, il en résulte des effets négatifs sur les émissions de Gaz à Effet de Serre (CO2, N2O) du fait des coûts énergétiques liés à leur fabrication. Il faut souligner ici que les engrais azo-tés minéraux entrent pour une part importante dans le bilan carbone d’une exploitation.

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● Les pratiques culturales favorables au stockage du carbone dans les sols Hormis dans les régions d’élevage où les prairies permanentes sont bien pourvues en matière organique (18 % de la surface agricole en France), les stocks de carbone des autres surfaces agricoles (grandes cultures, arboriculture, viticulture) sont déficitaires par rapport au niveau qu’ils devraient avoir pour remplir leur multiples rôles dans la fertilité des sols : structuration, énergie pour le fonctionnement microbiologique, réservoir de nutriments, protection contre l’érosion, atténuation du stress hydrique, puits à CO2…). Pour remonter rapidement les stocks de matière organique dans ces sols, il faut des apports massifs de car-bone associé à la fourniture d’azote organique. Ces impératifs fixent les pratiques agricoles à mettre en œuvre et qui sont aujourd’hui vali-dées par la recherche et les résultats obtenus par un nombre croissant d’agriculteurs pratiquant l’agriculture de conservation des sols.• Le maintien et l’intensification d’une couverture végétale permanente, et en premier lieu les prairies naturelles qui ont un système racinaire qui ali-mente en continue les micro-orga-nismes et produit du carbone stable• Les cultures et les couverts végétaux d’interculture à forte biomasse dont les exsudats racinaires seront transfor-més en humus stable par les micro-organismes• L’introduction massive des légu-mineuses dans les rotations pour remplacer l’azote minérale très dé-pendante des énergies fossiles par l’azote organique• Les apports massifs de matière organique végétale à C/N élevé (compost de déchets verts, broyats de bois, feuilles mortes, paille, foin..) avec des sources d’azote organique pour assurer leur humification sans pénaliser les cultures par la faim d’azote• Les pratiques agricoles fondées sur le travail minimum du sol pour éviter la destruction des agrégats

• Le retour des animaux sur les ex-ploitations pour boucler les cycles du carbone et de l’azote• L’agroforesterie régénérative

Rémunérer le stockage du carbone par les agriculteurs, un calcul de coin de table Les agriculteurs ont tout à gagner à pratiquer ce type d’agriculture et notamment par le paiement compen-satoire des services écosystémiques qu’ils assurent.Il y a aujourd’hui des pays comme l’Autriche ou la Suisse qui com-mencent à mettre en œuvre des dis-positifs de compensation carbone qui permettent à leurs agriculteurs d’être rémunérés au pourcentage de matière organique stockée dans leur sol et donc de carbone, grâce à l’agriculture de conservation dont les principes sont présentés ci-dessus.Sur la base de 30 €/t qui est actuellement le prix moyen inter-

Contacts

François [email protected]él. 05 53 28 60 80Richard RAYNAUD [email protected]él. 06 29 53 70 30

national rémunérant le stockage du CO2, on peut ainsi évaluer les rémunérations des surface agricoles qui s’engageraient à augmenter les taux de matières organiques sur leur parcelles lorsqu’elles sont défici-taires. En prenant une augmentation moyenne de 0,1 % de MO/ha soit 1 % de gain de MO en 10 ans, on traduit ce chiffre en CO2 à 7 t/ha/an, soit 210 €/ha/an. Pour cela, il faut mettre en place un cahier des charges listant une série de pratiques favorables au stockage du carbone, élaborer un protocole de mesure de l’évolution des taux de matières organiques (obligation de résultats) et développer collectivement des références en situations agricoles diverses pour rendre cette approche rassurante pour ceux qui contractent et financent la séquestration mais aussi pour l’agriculteur qui peut me-surer ainsi l’impact de ses change-ments de pratiques.

Apport massif de matière organique

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Les surfaces pastorales

Les surfaces pastorales sont constituées d’une grande diversité de milieux que sont les bois, les landes, les pelouses calcaires, les friches agricoles… L’herbe, les broussailles et les arbres s’y côtoient, mêlant ainsi plusieurs strates de végétation. Plus adapté aux ovins, le pâturage permet d’entretenir ces milieux à l’abandon tout en renforçant l’autonomie fourragère du troupeau.

UNE RESSOURCE VARIÉE POUR COMPLÉTER L’ALIMENTATION DES ANIMAUX

L’atout principal pour les éleveurs est économique, ces surfaces étant mises à disposition gratui-

tement dans le cadre de démarches collectives. Le pâturage par des bre-bis, vides, en lutte ou en milieu de gestation, suffit à la couverture de leurs besoins alimentaires. L’apport

de fourrage sec ou de concentré est alors inutile, ce qui n’est pas le cas avec des animaux à plus forts be-soins. Le niveau de chargement est, bien sûr, adapté à la ressource dispo-nible. Comptez entre 0,3 et 1 brebis par hectare et par an, selon le poten-tiel et la période d’utilisation. De plus,

il est nécessaire d’adopter un mode de pâturage tournant. Les tailles des parcs sont ainsi conçues pour une semaine de pâturage afin que les brebis ne surpâturent pas. L’alter-nance de zones de bois et de zones plus ouvertes est également conseillée pour diversifier la ressource.

0,3 à 1brebis par hectare et par an.

EN CHIFFRES

Déplacement du troupeau à Borrèze. Photo M. Labrunie.

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● Clôtures mobiles et accès à l’eauLa charge de travail inhérente à la pose/dépose de clôtures mobiles, a fortiori avec les pentes et les brous-sailles, reste le principal inconvénient de ces parcours. Le gardiennage s’impose lorsque cette tâche est trop compliquée voire impossible.

L’accès à l’eau est la seconde contrainte pour les éleveurs, d’au-tant plus que les abreuvoirs doivent se situer à proximité des aires de couchage, des zones plutôt ouvertes dans lesquelles les brebis se sentent en sécurité.

Petite histoire du pastoralisme en Dordogne

On utilise plus les surfaces de l’AF-PL l’été et en basse saison. L’été parce qu’on est dans les bois et qu’il y reste de la verdure. Et par respect pour les enjeux environnementaux sur certains secteurs, on ne peut pas faire pâturer au moment de la floraison d’espèces protégées. C’est un très bon complément et ça nous fait plaisir de participer à empêcher la fermeture des paysages ».

MOIS > JAN. FEV. MARS AVR. MAI JUIN JUIL. AOÛT SEPT. OCT. NOV. DÉC.

Pelouses * * *

Landes * * *

Bois

Friches

* pâturage déconseillé en présence d’espèces floristiques protégées pâturage conseillé pâturage possible

Témoignage de Christophe Bacoup, éleveur ovin à Coly-St-Amand

En raison de la déprise agricole particulièrement visible en Périgord Noir, des pentes autrefois cultivées, en vigne notamment, et parcourues par les troupeaux domestiques se sont progressivement refermées ; les petites clairières finissent, elles aussi, par disparaître, tandis que les vallées secondaires tendent à se refermer.La fermeture des milieux accroît le risque d’incendies, banalise les pay-sages, réduit la biodiversité… sur un territoire très orienté vers le tourisme. Pour toutes ces raisons, le pastora-lisme est réhabilité grâce à l’impli-cation d’élus locaux, de la Chambre d’agriculture et de propriétaires convaincus et motivés, qui se sont mobilisés pour structurer le foncier.La zone pastorale de Dordogne, reconnue par arrêté préfectoral depuis 2013Elle regroupe 181 communes.Elle autorise la création d’AFPL.Elle permet de sensibiliser les pou-

Calendrier de pâturage

voirs publics, de mobiliser des pro-grammes d’aides (mesures agro- environnementales) et programme ré- gional de mise en valeur des es-paces pastoraux (tra-vaux et équipements).Un potentiel pour conforter les élevages en place et installer de nouveaux éleveursLe pastoralisme contri-bue à l’autonomie fourragère des trou-peaux et véhicule une image positive valori-sable dans les circuits courts. La zone pastorale de Dordogne accueille 4 installations récentes en élevage ovin pastoral, en partena-riat avec des AFPL. Elles contribuent à redynamiser le territoire local. L’accompagnement des collectivités locales est nécessaire pour consti-tuer des unités foncières viables et pérennes.

Contact

Bernadette BOISVERTChargée de mission [email protected]él. 05 53 28 60 80

5 AFPLconstituées en Dordogne.

3 000 hade bois, landes, pelouse sèches, friches

EN CHIFFRES

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Agroforesterie

L’agroforesterie au sens large est l’association d’arbres et d’une production, qu’elle soit végétale ou animale, sur une même parcelle agricole, que ce soit à l’intérieur de celle-ci ou en bordure. L’arbre peut être présent sous forme d’alignements intra parcellaires encadrant des bandes cultivées ou pâturées, sous formes de bosquets, d’arbres dispersés sur des parcours de volailles, organisé en haies ou en alignements en bordures de parcelles.

LE RETOUR DES ARBRES DANS LES EXPLOITATIONS

Traditionnellement, les systèmes agroforestiers prenaient la forme de systèmes de types

bocagers ou de prés-vergers de pom-miers et de poiriers dans l’ouest de la France. Leur vocation première était la production d’alcool (cidre, poiré, eau

de vie) sous une pâture de vaches. Une grande diversité de couples arbre/production existait selon les régions avec par exemple les Joualles en pays de Garonne (vignes et arbres fruitiers). En Périgord, le noyer était associé avec des céréales, etc.

En France, ces systèmes ont périclité après la Seconde Guerre mondiale en raison des objectifs agricoles de relances de l’époque avec une pro-gression de la mécanisation, de la spécialisation des cultures notamment.

50 à 100arbres par hectare en intraparcellaire.

EN CHIFFRES

Parcelle agroforestière, association noyer et orge

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Contacts

Nord Dordogne :Laurence VIGIER [email protected]él. 05 53 55 05 09/06 81 44 89 13

Sud Dordogne :François BALLOUHEY [email protected]él. 05 53 63 56 50/07 86 00 50 53

Coût total par arbre :

de 15 à 20 €

EN CHIFFRESVers une agroforesterie revisitée A partir des années 1990 des par-celles expérimentales agroforestières ont été installées pour l’acquisition de connaissances pratiques et de références techniques. Une agrofo-resterie revisitée et davantage adap-tée aux pratiques culturales actuelles se développe ces dernières années et s’inscrit pleinement dans les prin-cipes de l’agroécologie.Désormais, il existe de nombreuses configurations et associations avec des arbres fruitiers ou forestiers, as-sociés à des prairies, à des cultures de céréales, à des vignes ou à du maraîchage, les arbres pouvant être implantés autour ou à l’intérieur des parcelles. De nombreuses interactions sont donc en jeu. On rencontre des phé-nomènes de compétition (vis-à-vis des ressources) et des phénomènes de facilitation (amélioration de l’utili-sation de ressources). Généralement, les aménagements agroforestiers profitent tant aux cultures qu’aux arbres. Les arbres poussent plus vite que leurs cousins forestiers. Les cultures bénéficient pour leur part d’une amélioration des sols et de conditions micro-climatiques protectrices. Lors de l’association arbres-cultures, il est indispensable que les phénomènes de facilitation dominent les phéno-mènes de compétition. De nom-breux intérêts pour l’exploitant :• Diversification économique pour l’exploitation, avec la production de bois sous plusieurs formes : bois d’œuvre, bois énergie (bûches, pla-quettes, granulés…), production de biomasse (bois raméal fragmenté : BRF).• Amélioration des aptitudes agro-nomiques des sols et de leur ferti-lité. La décomposition des feuilles et des racines fines enrichit le sol en matière organique, les racines des arbres se développent sous les racines des couvertures végétales, elles vont aller plus en profondeur et assurer des remontées d’éléments minéraux. La structure des sols est améliorée ce qui favorise son aéra-

tion, la rétention en eau, l’activité biologique. L’érosion est limitée par la diminution de la vitesse des écou-lements d’eau en surface.• Augmentation de la biodiversité et de la fréquentation par les auxi-liaires de cultures. Des connexions sont réalisées entre les aménage-ments mis en place (haies, aligne-ments d’arbres, bosquets…) et les éléments naturels et semi-naturels environnants (bois, ripisylve…). Ces aménagements arborés fournissent gîte et couvert aux auxiliaires et aux pollinisateurs. Ils permettent égale-ment leur répartition dans les par-celles cultivées. Les distances entre des zones réservoirs ne doivent pas dépasser 200 m pour une efficacité optimale.• Diminution des excès climatiques (par la création de micro-climats par les arbres) et stockage du carbone (effet sur le réchauffement).• Amélioration du bien-être animal avec des effets brise-vent, l’ombrage apporté par la cime des arbres. • Fourniture d’alimentation pour les animaux. Les feuilles et les fruits constituent un complément fourrager notamment en périodes sèches (fin d’été) ou en automne avec les fruits.Différents résultats expérimentaux concluent à une rentabilité des sys-tèmes agroforestiers en grandes cultures sur le long terme, atteinte au moment de la récolte des arbres. Au niveau des cultures, si le système a été bien réfléchi en amont, les ren-dements ne diminuent pas ou peu durant la première moitié de vie des arbres (pendant 15 à 20 ans), Lors de la seconde moitié de vie des arbres, les rendements peuvent baisser, mais cela ne signifie pas toujours une perte de rentabilité. Á ce stade, la valeur d’avenir du peuplement arboré se dessine. La rentabilité finale des parcelles agro-forestières est atteinte par la vente du bois. La valeur de ce bois est alors proportionnelle à sa qualité dans le cas de bois d’œuvre. Il est donc pri-mordial de soigner la plantation et d’assurer des entretiens (tailles, éla-gages) réguliers et soignés.

La Chambre d’agriculture de Dor-dogne accompagne et conseille les porteurs de projets Agroforestiers de-puis 2016 notamment dans le cadre du dispositif PCAE des aides de la Ré-gion Nouvelle-Aquitaine. Pour 2021 et 2022, le dispositif d’aide « Plantons des haies ! » est mis en place dans le cadre du Plan de Relance.Les techniciens de la Chambre d’agri-culture peuvent réaliser les études tech-niques, vous conseiller sur le choix des essences adaptées, sur l’implantation et l’entretien des arbres.

https://dordogne.chambre-agriculture.fr/etre -agriculteur/je-gere-mon-entre -prise/les-dispositifs-daide-par-filieres/les-aides-regionales/

Dispositifs d’aides (PCAE)

Parcelle agroforestière, 2 mois après plantation

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CHAMBRE D'AGRICULTURE DORDOGNE

• Le site Internet Une précieuse source d'INFORMATIONS• La présence sur les réseaux sociaux L'info au plus vite ! • Des publications sur des innovations locales Pour avancer ENSEMBLE

• Des vidéos L'agriculture et les agriculteurs valorisés

• Conseils techniques, • Démarches administratives,• Développement de nouveaux projets, • Questions juridiques, • Formations...

Un accompagnement sur mesure

Une communication forte

dordogne.chambre-agriculture.fr

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Document imprimé par une entreprise Imprim’Vert qui garantit la gestion des déchets dangereux dans des filières agréées et sur du papier issu de forêts gérées durablement - certification PEFC. Par ailleurs, afin d’optimiser la diffusion de ce document, le nombre d’exemplaires “papier” a été limité. Une version électronique est consultable sur notre site : dordogne.chambre-agriculture.fr

Adresse physique du siègePôle Interconsulaire295 boulevard des Saveurs - Cré@Vallée NordCOULOUNIEIX-CHAMIERSAdresse postale CS 10250 - 24060 PÉRIGUEUX CEDEX 9

Tél. 05 53 35 88 88 [email protected]

Antenne Périgord VertMaison des Services - Rue Henri Saumande 24800 THIVIERSTél. 05 53 55 05 09 [email protected]

Antenne Périgord Pourpre Vallée de l’IslePôle Viticole - 237 rue Bridet - 24100 BERGERACTél. 05 53 63 56 50 [email protected]

Antenne Périgord NoirPlace Marc Busson - 24200 SARLATTél. 05 53 28 60 [email protected]

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